24
BELGIQUE - BELGÏE P .P . BUREAU DE DÉPÔT 5000 NAMUR 1 P .P . 7 583 P 401154 Décembre 2008 - Janvier - Février 2009 Université de Paix asbl De la prévention à la gestion positive des conflits Trimestriel n ° 105 iStockphoto.com/suemack/UP iStockphoto.com/kativ/UP iStockphoto.com/ matejmm/UP c c c S’interroger Se former Être acteur

105 Trimestriel n° Décembre 2008 - Janvier - Février 2009 NAMUR 1 P.P. 7 583 P 401154 ... Ces deux exemples positifs constituent un formidable argument contre le racisme, ... Imaginons,

  • Upload
    dinhthu

  • View
    219

  • Download
    2

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: 105 Trimestriel n° Décembre 2008 - Janvier - Février 2009 NAMUR 1 P.P. 7 583 P 401154 ... Ces deux exemples positifs constituent un formidable argument contre le racisme, ... Imaginons,

BELGIQUE - BELGÏEP.P.

BUREAU DE DÉPÔT5000 NAMUR 1

P.P. 7 583

P 401154

Déc

embr

e 20

08

-

Janv

ier

- Fé

vrie

r 20

09

Université de Paix asblDe la prévention à la gestion positive des conflits

Trim

estr

iel n

°10

5

iStockphoto.com/suemack/UP

iStockphoto.com/kativ/UP

iStockphoto.com/ matejmm/UP

c

c

c

S’interroger

Se former

Être acteur

Page 2: 105 Trimestriel n° Décembre 2008 - Janvier - Février 2009 NAMUR 1 P.P. 7 583 P 401154 ... Ces deux exemples positifs constituent un formidable argument contre le racisme, ... Imaginons,

2

SOMMAIRE

n°105 Décembre 2008 - Université de Paix asbl

Les articles publiés n’engagent que leurs auteurs respectifs

> ÉDITORIAL3 Yes we can!

> 50e ANNIVERSAIRE4 Colloque “Le dialogue interculturel comme outil de prévention

et de gestion positive des conflits” par François MANIQUET

> DE NOS CORRESPONDANTS À L’ÉTRANGER...7 Promouvoir la paix, ici et ailleurs...

par Charlotte de BUSSY

10 Des conflits ? Parlons-enpar Silvia CASANOVAS

12 Réflexions sur la division de la Terre en payspar Noé LECOCQ

> CAUSERIE15 Entretien avec Patricia PATFOORT

propos recueillis par Christine CUVELIER

> NOUVELLES15

> AGENDA21

Nous vous informons que nos bureaux seront exceptionnellement fermés du jeudi 25 décembre 2008 au jeudi 1er janvier 2009.

Ils seront à nouveau ouverts à partir du vendredi 2 janvier 2009 dès 9h.

76 9 18 215

Page 3: 105 Trimestriel n° Décembre 2008 - Janvier - Février 2009 NAMUR 1 P.P. 7 583 P 401154 ... Ces deux exemples positifs constituent un formidable argument contre le racisme, ... Imaginons,

3

Au moment de rédiger ces quelques lignes, BarackObama s’apprête à prendre possession de la MaisonBlanche. Né d’un père kenyan et d’une mèreblanche, il est devenu le premier président noir desEtats-Unis. Son succès électoral traduit la profondevolonté de changement des électeurs américains.Son message politique, qui parle de valeurs et d’unitédes peuples, était nécessaire pour une Amériquemeurtrie par les attentats du 11 septembre 2001 etécoeurée par sa guerre en Irak. Le nouveau présidentdes Etats-Unis ne répondra sans doute pas à toutesles formidables attentes que son immense popularitéa suscitées, et ce bien au-delà de son pays. J’ai pum’en rendre compte lors d’un récent séjour au Gabon où un peu partout des «Clubs Obama»ont vu le jour. Mais Barak Obama incarne sans nul doute le rêve d’un monde plus solidaire.

Changement profond aussi en Bolivie. Pour la première fois depuis cinq cents ans, un indienEvo Morales, a été élu démocratiquement à la présidence, avec 53% des voix. Après tous lesmassacres, toute l’aliénation, il a réussi, en six mois, à changer les contrats de toutes les so-ciétés pétrolières, gazières et minières. Avant, 95% des revenus allaient aux sociétés multi-nationales et 5% à l’Etat bolivien. Aujourd’hui, 18% vont aux sociétés étrangères et 82% àl’Etat bolivien. Alors que la Bolivie était le deuxième pays le plus pauvre d’Amérique Latine,derrière Haïti, avec 46% de la population sous-alimentée, l’Etat peut enfin payer des pro-grammes ambitieux de lutte contre la malnutrition et d’équipement sanitaire. Tout cela sur labase de la mobilisation de la mémoire identitaire, silencieuse durant des siècles, mais deve-nue force politique. Là aussi, le slogan «Yes we can !» se vérifie.

Ces deux exemples positifs constituent un formidable argument contre le racisme, contre lacroyance d’une suprématie de l’Homme blanc sur les autres races. Dominique Pire a été undes grands militants dans ce domaine. Le livre «Vivre ou mourir ensemble» reprend en annexela «Déclaration sur la race et les préjugés raciaux» auquel le lauréat du Prix Nobel de la Paixa été associé. On peut y lire : «Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et endroits. Ce principe démocratique universellement proclamé est en péril partout où les rela-tions entre groupes humains sont marquées par des inégalités d’ordre politique, économique,social ou culturel. Parmi les obstacles qui s’opposent à la reconnaissance de l’égalité en dignitéde tous les êtres, le racisme apparaît comme particulièrement redoutable. En tant que phé-nomène social de première importance, il doit retenir l’attention de tous ceux qui étudient lessciences de l’homme.»

Durant mon séjour au Gabon – où j’ai pu visiter Lambaréné, le lieu ou travaillait AlbertSchweitzer, grand ami de Dominique Pire (ils ont correspondu pendant quinze ans et se sontrencontrés deux fois) – je me suis demandé si le rêve réalisé aux Etats-Unis et en Bolivie n’apas sa place en Afrique subsaharienne. Imaginons, à titre d’exemple, que les formidables res-sources du sous-sol congolais soient enfin exploitées au service de la population. La Répu-blique Démocratique du Congo pourrait devenir, en quelques années, un des pays les plusflorissants du Continent noir. Mais pour cela, il faut que les ingérences extérieures cessent. Ilfaut aussi que se lèvent des leaders de grande envergure, poursuivant un objectif de justice,de développement et de paix. A ce moment le slogan «L’Afrique est mal partie» se changeraen «Yes we can !».

YES WE CAN !

n°105 Décembre 2008 - Université de Paix asbl

Manfred PetersPrésident du Conseild’administration

Éditorial

Page 4: 105 Trimestriel n° Décembre 2008 - Janvier - Février 2009 NAMUR 1 P.P. 7 583 P 401154 ... Ces deux exemples positifs constituent un formidable argument contre le racisme, ... Imaginons,

4

ANNIVERSAIRE

L’Université de Paix a organisé, le vendredi 7 novembre dernier, un colloque«Le dialogue interculturel comme outil de prévention et de gestion positive desconflits». Celui-ci a offert à la centaine de participants présents des clés decompréhension en matière de prévention et de gestion non-violente des conflits. Lepublic était composé d’acteurs de terrain, professionnels du milieu socio-éducatif,représentants du monde de la culture et de la société civile,... qui interviennent quoti-diennement avec des jeunes (enfants et adolescents).

Vous trouverez ci-dessous un extrait de l’allocution de François Maniquet(1).

Le dialogue interculturel comme outil de prévention et de gestion positive des conflits

n°105 Décembre 2008 - Université de Paix asbl

Ce colloque s’inscrit à l’intersection dedeux événements qui marquent 2008.Tout d’abord, l’année 2008 a étéproclamée année européenne du dia-logue interculturel par le Parlement eu-ropéen, et, d’ailleurs, cette journée a reçule label de cette année, que lui a conféréla Commission Culture de la Commu-nauté française. Ensuite, 2008 est l’annéedu cinquantième anniversaire de laremise du Prix Nobel de la Paix àDominique Pire, fondateur de 4 organisa-tions (le Service d’Entraide Familiale,l’Aide aux Personnes Déplacées et les Ilesde Paix) dont l’Université de Paix.

Si l’Université de Paix s’appelle depuis sacréation «Université», c’est entre autresparce que les actions qu’elle mène sonttoujours ancrées dans une réflexion, uneréflexion qui tire son inspiration premièrede l’oeuvre de Dominique Pire et en par-ticulier de ses leçons sur le DialogueFraternel qui consiste, pour chacun, àmettre provisoirement entre parenthèsesce qu’il est, ce qu’il pense, pour essayerde comprendre et d’apprécier positive-ment, même sans le partager, le point devue de l’Autre.

La réflexion de l’Université de Paix,notamment à propos du Dialogue Fraternel,s’est constamment nourrie d’abord de ses

propres pratiques de formation et d’inter-vention, mais aussi de courant de penséeset de pratiques venant d’autres horizons.C’est ainsi que le Conseil académique del’Université de Paix, organe de sages parexcellence, a ouvert la porte de l’intercul-turel il y a déjà 5 ans, en entamant uneréflexion de fond sur les relations entremusulmans et non-musulmans dans notresociété, dans le but de déceler les valeurscommunes et les méthodes d’éducationsur lesquelles peuvent être fondées unecompréhension et une appréciation ré-ciproques, ainsi qu’une action construc-tive de paix.

Ce colloque s’inscrit dans la réflexioncontinue menée par l’Université de Paix,et constitue une étape importante quoiqueassez naturelle dans l’histoire de l’institution.

Au nom de la Communauté française deBelgique, Monsieur Charles-Yvon Gérard,Directeur du service jeunesse, s’est plu àrappeler que dans sa jeunesse il a eucomme enseignants, Messieurs JeanDefays et Paul Duchesne(2) commeenseignants qui l’ont sensibilisé à la paix.Il a insisté également sur l’importance dela démarche de dialogue proposée parl’Université de Paix : un échange depoints de vue ouvert et respectueux entreles personnes au sein de leurs quartiers, à

Page 5: 105 Trimestriel n° Décembre 2008 - Janvier - Février 2009 NAMUR 1 P.P. 7 583 P 401154 ... Ces deux exemples positifs constituent un formidable argument contre le racisme, ... Imaginons,

travers les frontières et les cultures, entreles professionnels, entre tous celles et ceuxqui participent à la construction d’unmonde plus humain et tolérant.

Pour les membres de l’Université de Paix,experts en Dialogue Fraternel, nous de-mandons ce que peut nous apporter ledialogue interculturel. Ce n’est pas seule-ment une question théorique : dans lesactivités de formation que nous pro-posons, dans les méthodes de nos inter-ventions, en quoi le dialogue interculturelpeut-il nous aider ? Bien sûr, à un niveauabstrait et général, on sent bien que con-cevoir le dialogue comme mettant enprésence deux acteurs qui seraient, parhypothèse, porteurs de cultures différentesvoire même conflictuelles, ce n’est pas lamême chose que concevoir par hypothèseque ces deux acteurs sont frères. Quoique !Mais s’agit-il simplement d’insister sur cequi différencie plutôt que sur ce qui unit ?Parle-t-on de dialogue interpersonnel ouintercommunautaire ? Le conflit inter-communautaire existe-t-il ? N’avons-nouspas, fondamentalement, des personnesengagées dans des conflits ? Plus que laculture, n’est-ce pas la perception subjec-tive de leur culture qui anime les acteurs ?D’ailleurs, peut-on réduire un acteur à saculture ? Mais, d’un autre côté, n’est-onpas trop réducteur, ou trop individualiste,en omettant de replacer le dialogue, ou,plutôt, l’absence de dialogue, le conflit,dans son contexte interculturel ?

C’est pour voir plus clair dans ce genre dequestions que nous avons réuni quatrepersonnalités de convictions et de culturesdiverses, actives à des degrés divers dansle dialogue interculturel et ses variantes. Il s’agit de :

� Monsieur Ahmad Aminiam (Centre Culturel Omar Khayam) (3)

� Monsieur Etienne Chomé (UCL) (4)

� Monsieur Ababacar Ndaw (Centre d’Action Laïque) (5)

� Madame Patricia Patfoort (De Vuurbloem – asbl) (6)

n°105 Décembre 2008 - Université de Paix asbl 5

A chacune de ses personnalités, nousavons posé la question : Quelle analyse faites-vous du dialogue in-terculturel comme outil de prévention etde gestion des conflits au regard de la no-tion de Dialogue Fraternel telle queconçue par Dominique Pire ?

Si ces quatre personnalités ont étéconviées à ce colloque, c’est parce quenous sommes prêts à étudier en quoi ledialogue interculturel et toute la sagessequ’elles ont accumulée en le pratiquantremettent en question nos pratiques et nosoutils et/ou nous permettraient de lesaméliorer.

Chaque orateur a disposé de 15 minutespour présenter sa réponse à la questionqui lui a été posée. A l’issue de ces 4 in-terventions, la parole a été donnée à deuxautres invités, que nous avons choisispour leur lien avec l’Université de Paix :Messieurs Jean Faniel, chargé derecherche au CRISP et Gérard Pirotton,chargé de cours à la FOPES.Etant donné leur connaissance de ce quenous faisons, nous leur avons confié latâche de questionner, de manière aussicritique que possible, les 4 intervenants.A l’issue de ces questions et interpella-tions, la parole a été donnée à la salle, etchacun a eu la possibilité de questionnerà son tour, les 4 intervenants.

Page 6: 105 Trimestriel n° Décembre 2008 - Janvier - Février 2009 NAMUR 1 P.P. 7 583 P 401154 ... Ces deux exemples positifs constituent un formidable argument contre le racisme, ... Imaginons,

6

A ce moment, le colloque n’est pas ter-miné. Après le lunch, la parole a été don-née à l’Université de Paix, et, plusprécisément, aux formateurs de l’institu-tion, eux qui pensent, conçoivent etutilisent les outils de formation et d’inter-vention. La parole leur est offerte sous laforme suivante : une série d’outils, de réa-lisations et de documents ont été exposésà la salle Lucia de Brouckère, au 4e étagedes bâtiments du Ministère de la Commu-nauté française. C’est là que les partici-pants ont été invités à visiter cetteexposition dans un esprit de dialogue,c’est-à-dire que les formateurs ontexpliqué le pourquoi et le comment dechacune des pièces exposées, dansl’espoir que les participants commententet questionnent, à partir du point de vuequ‘ils représentent.

Merci à tous ceux qui ont rendu possiblecette journée !!

Vous pouvez recevoir, dès leur parution, les Actesde ce colloque.Université de Paix : +32(0)81 55 41 40 ou [email protected]

(1) C’est Monsieur François Maniquet qui a intro-duit les travaux de réflexion de ce colloque.

(2) Jean Defays et Paul Duchesne ont coordonné etanimé les premières sessions de formation de l’Uni-versité de Paix, dès 1960

(3) Ahmad Aminiam - Philosophe et historien desreligions. Il préside le Centre culturel Libre penseuret humaniste , dont le travail consiste essentiellementen la création d'espaces constructifs de dialogues,de contacts, de compréhension mutuelle etd'échanges socioculturels.

(4) Etienne Chomé – Philosophe et théologien. Au-teur d'une méthode novatrice qui articule une com-munication vraie et une négociation efficace pourmieux gérer nos conflits, il est le fondateur et leresponsable de l'École Internationale CommunicAc-tions. Il est professeur à l'Institut International LumenVitae, à Bruxelles.

(5) Ababacar Ndaw - Responsable de formation ausein de Bruxelles Laïque.

(6) Patricia Patfoort – Formatrice et médiatrice. Ellefait entre autres des interventions dans des conflitsinterethniques (hutus - tutsis, tchétchènes - russes,israéliens - palestiniens…). Pour en savoir plus, cf.la Causerie en page 15 de ce Trimestriel.

50e anniversaire de la remise du Prix Nobel de la Paix à Dominique Pire

Concert en hommage à Dominique PireRécital de piano par Jo AlfidiDimanche 14 décembre 2008 à 11hMusée d’Art Moderne - 4000 Liège - Infos : 04 252 07 01

Exposition dédiée à l’oeuvre de Dominique Pire“L’homme qui hier a pensé demain” du 13 décembre 2008 au 1er mars 2009Ancien couvent des Frères mineurs de Huy.

L’Université de Paix tient à remercier le SEF, l’APD et les Iles de Paix qui, financièrement, ont permis la réalisation de cette exposition.

Quelques

événementsà épingler

n°105 Décembre 2008 - Université de Paix asbl

François Maniquet,Docteur en économie (UCL),

Membre du Conseil d’administration de l'Université de Paix

Page 7: 105 Trimestriel n° Décembre 2008 - Janvier - Février 2009 NAMUR 1 P.P. 7 583 P 401154 ... Ces deux exemples positifs constituent un formidable argument contre le racisme, ... Imaginons,

7n°105 Décembre 2008 - Université de Paix asbl

Après l’article écrit par Philippe Lesnedans le trimestriel n°102 de l’Universitéde Paix, c’est à notre tour, l’autre rive, detémoigner du partenariat entre l’Univer-sité de Paix, le CISP, et les associationsAFAK (1) et LPSJE (2).

Je suis coordinatrice du projet Citoyennetéet reconstruction du dialogue pour leCISP, ce qui m’a permis d’être en lien di-rect avec l’Université de Paix, qui vientdepuis juillet 2006 dispenser des forma-tions, et depuis peu, superviser des jeunesformateurs algériens…

Nous avons eu le plaisir d’accueillir enAlgérie 6 formateurs de l’Université de Paix (3),et petit à petit, trois sont devenus plus«accros» à ces déplacements. Il s’agit deFrançois Bazier, Cécile Denis et PhilippeLesne.

Lors de leur toute première venue, Cécileet Philippe ont eu à travailler avec desresponsables de l’orientation scolaire unejournée, puis ont traversé les vertes mon-tagnes de Kabylie pour présenter leur tra-vail à des militants associatifs participant àune Université d’été sur la Citoyenneté à

Tigzirt, ville côtière, aux charmantespetites criques. Par la suite, les modules de formation sesont mis en place, parfois à Tizi Ouzou,parfois à Si Mustapha, parfois à Alger, enfonction des aléas organisationnels et dela proximité des associations partenairesque sont la LPSJE et AFAK. Nos amisformateurs se sont adaptés à des lieux detravail différents, du confort d’une maisondiocésaine à Alger au froid des salles detravail mal isolées et non chauffées deKabylie, logeant tantôt dans un apparte-ment du CISP à Alger centre, tantôt dansnotre maison-bureau de Tizi Ouzou, et cetoujours dans la bonne humeur !

Les objectifs que nous nous étions fixésdans le cadre du projet Citoyenneté et re-construction du dialogue ont été atteints,voire même dépassés.La formation d’animateurs au programmeGraines de médiateurs faisait initialementpartie d’un volet d’activités intitulé «Edu-cation aux droits de l’Homme». Au fil dutemps, le programme Graines de média-teurs, que nous appelons plus facilementici «Gestion positive des Conflits», a prisune telle ampleur qu’il a émergé en tantque volet à part, avec une identité propre.Une soixantaine d’animateurs du milieuassociatif principalement, et d’institutionsdépendant du Ministère de la Jeunesse etdes Sports, ont bénéficié de deux modulesde formations (Initiation puis appro-fondissement) à la Gestion Positive desConflits et à la Communication nonviolente.

DE NOS CORRESPONDANTS À L’ÉTRANGER...

Il nous faut imaginer la paix. L'imaginer, c'est-à-dire non la rêver ou l'halluciner,

mais la concevoir, la vouloir et l'espérer.Paul Ricoeur

Promouvoir la paix, ici et ailleurs...

Page 8: 105 Trimestriel n° Décembre 2008 - Janvier - Février 2009 NAMUR 1 P.P. 7 583 P 401154 ... Ces deux exemples positifs constituent un formidable argument contre le racisme, ... Imaginons,

8n°105 Décembre 2008 - Université de Paix asbl

Les personnes en formation (animateurs,éducateurs, psychologues, militants asso-ciatifs,…) ont parfois exprimé à l’Univer-sité de Paix des attentes de clefs decompréhension de la violence généraliséequi a marqué l’Algérie ces dernières an-nées, et de recherche de solution. Les outils proposés par Lysiane, Françoisou Cécile ne pouvaient apporter deréponses à la crise politique que connaîtl’Algérie. Ils pouvaient par contre en ap-porter pour le quotidien, pour le bien-êtreque chacun d’entre eux veut distillerauprès des enfants et des jeunes avec quiils travaillent.La graine a pris ! et nous avons accompa-gné une vingtaine de ces «animateurs» àmettre en place des séances de jeux decoopération dans des écoles primaires.Grâce à l’accord du Ministère de l’Educa-tion Nationale, convaincu que la préven-tion de la violence en milieu scolaire estaujourd’hui bien nécessaire, une quin-zaine d’écoles ont ouvert leurs portes ànos animateurs, qui souvent, profitaientde l’heure d’éducation physique oucivique non utilisée par défaut de pro-fesseur spécialisé.En parallèle, 16 animateurs sont sur lepoint de devenir Formateurs en GestionPositive des Conflits. Aujourd’hui, et biensûr dans les mois à venir, ils organisentdes modules de formation sous la super-vision d’un formateur de l’Université dePaix.

A la fin du mois d’octobre 2008, aprèsplus de 2 années de partenariat, le CISP,AFAK et la LPSJE sont grandement satis-faits de la collaboration qui est née avecl’Université de Paix. Nous entamons une nouvelle année sco-laire, et continuons les activités dans lesécoles primaires. François Bazier est venu début novembre,accompagner 4 jeunes formateurs dans unlycée de Bab El Oued, à Alger. Souad Al-louane (5), animatrice de AFAK rentre de 3semaines de stage à Namur , et va cédersa place à Boualem Mouheb, de la LPSJE.

Nous venons d’apprendre il y a peu que laCommission Européenne finance de nou-veau le CISP pour la prolongation du pro-jet, qui va débuter en 2009. Le défi : quenos 16 formateurs diffusent la pratique dela non violence à un public plus large (lemonde de l’éducation nationale et de lajeunesse et des sports), sur un territoireétendu (Alger, Boumerdes, Tizi Ouzou,Bejaïa). Nos amis de l’Université de Paixseront de nouveau invités pour accompa-gner ces jeunes formateurs, mais égale-ment pour en former de nouveaux, quiauront été initiés par la première promo-tion de formateurs algériens.

Je me dois également de rendre hommageaux contagions positives.Des idées, des projets ont émergé ici enAlgérie suite à la rencontre avec l’Univer-sité de Paix. François Bazier a été invitépar la Ligue Algérienne de Défense desDroits de l’Homme (LADDH) à l’Univer-sité d’été de juillet 2007 Un regardalgérien sur l’Universalité des droits del’Homme (6) pour intervenir sur la nonviolence. L’invitation a été renouveléepour le 13 novembre où il est proposé àFrançois d’animer un café philosophie surle thème de la Laïcité, sujet bien sensibleici.La venue de Azzedine Daid, responsablede l’association AFAK, à l’Université dePaix, a été l’occasion d’une rencontreavec Michel Sasseville (7), et séduit par sontravail, il nous a convaincu (sans peine)d’intégrer les activités de la pratique de laphilosophie pour enfants dans le projetqui démarrera en 2009. Enfin, un projet de randonnée dans lesmonts du Hoggar, grand sud algérien, réu-nissant des enfants belges et les enfants duHoggar, est en gestation… projet qui estle fruit de la rencontre de Cécile et dePhilippe avec Faysal, notre correspondantà Tamanrasset, lors de ses passages àAlger. Que ce partenariat se poursuive !

Charlotte de BussyCoordinatrice de projets CISP

Page 9: 105 Trimestriel n° Décembre 2008 - Janvier - Février 2009 NAMUR 1 P.P. 7 583 P 401154 ... Ces deux exemples positifs constituent un formidable argument contre le racisme, ... Imaginons,

9n°105 Décembre 2008 - Université de Paix asbl

(1) AFAK (qui signifie Horizon), c’est l’histoire d’un groupe de jeunes qui, en pleine tourmente terroriste, acru en ses idéaux et à la nécessité de sauver leur commune d’un anéantissement annoncé. La lucidité des membres a été d’avoir compris que pour assécher le terreau dans lequel viennent «puiser» lessemeurs de la mort, il fallait occuper l’espace laissé vacant et offrir aux jeunes une autre alternative, quel’embrigadement idéologique moyenâgeux. Pour ce faire, il a fallu mettre à leur disposition le cadre appro-prié. C’est ainsi que naquit AFAK (en 1998, agrément obtenu en 2000). Ce volontarisme de départ et cette folle rage de vie resteront intacts et se transformeront au fil des ans en uneespèce de bouillonnement dont AFAK puisera constamment sa sève et son énergie et qui fait que ses ani-mateurs ne sont jamais à court d’idées, mais au contraire toujours à l’affût d’une idée neuve, d’un projet no-vateur ou d’un pari prometteur.

(2) LPSJE - Ligue de Prévention et de Sauvegarde de la Jeunesse et de l’Enfance

(3) Il s’agit de François Bazier, Cécile Denis, Julie Duelz, Philippe Lesne, Laurent Marchesi et LysianeMottiaux, formateurs à l’Université de Paix.

(4) Suite à la bonne implantation des activités dans les régions de Boumerdes et Tizi Ouzou, le CISP adéveloppé l’activité de Gestion positive des conflits sur le territoire de Bab El Oued, où Selma Khellif etBouchra Kessai, collègues du CISP, organisaient déjà des formations au travail thérapeutique de réseau.

(5) Dans le cadre d’un projet d’observation en milieu de travail du programme «Jeunesse en action» de laCommunauté européenne, l’Université de Paix - du 3 au 24 octobre 2008, a accueilli Souad, jeune algérienne, animatrice de l’association AFAK. Cetteassociation algérienne, implantée sur la commune de Si Mustafa, propose aux jeunes de 6 à 14 ans desactivités créatives (activité musique, théâtre,…). - du 14 novembre au 5 décembre 2008, accueille Boualem, jeune algérien, trésorier et animateur del’association LPSJE. Cette association algérienne est implantée sur le territoire de la Wilaya de Tizi–Ouzoudont l’activité générale est la prévention des fléaux sociaux (sida, toxicomanie, violence,…) et la prise encharge des enfants et des jeunes en difficulté. L'objectif que nous poursuivons grâce à ce projet d'observation en milieu de travail est d'offrir à Souad et àBoualem la possibilité d'apprendre davantage sur les diverses activités de l’Université de Paix.Ce projet a permis à Souad de :- découvrir et vivre diverses activités proposées par l’Université de Paix (par exemple des ateliers duprogramme de formation «Graines de médiateurs», des formations «Il n’y a pas que les mots pour le dire»,«Adapter son attitude face au conflit»- faire de nouvelles rencontres (associations, acteurs de terrain,…) : visite du 15ième Salon de l’Education deNamur, participation aux activités scolaires d’élèves d’une école secondaire de Namur, échange avec unreprésentant du BIJ à Bruxelles,… - acquérir de nouveaux outils, connaissances et compétences à transférer dans ses activités en Algérie(animations dans les écoles, formations pour enseignants,…).

(6) L’Université d’été est une activité du projet Citoyenneté et reconstruction du dialogue, et la LADDH estun partenaire du CISP.

(7) Michel Sasseville - Professeur à l'Université Laval (Canada). Président du Conseil international derecherches philosophiques avec les enfants. Auteur, entre autres, de “L’estime de soi, passeport pour la vie”,“La philosophie avec les enfants”.Plus de détails : Boutique du site www.universitedepaix.be

Témoignage de Souad

«Mon rêve en venant en Belgique dans le cadre de ce projet est d’acquérir des techniques de formation et des outils d’animation que l’Université de Paix propose.

Je souhaite pouvoir les mettre en œuvre dans mes activités futures avec les enfants et les enseignants dès mon retour en Algérie.Je tiens à remercier vivement les secrétaires, formateurs et responsables de l’Uni-versité de Paix ainsi que les divers partenaires qui ont rendu possible ce stage.»

”Avec le soutien du programme «Jeunesse en Action»

Page 10: 105 Trimestriel n° Décembre 2008 - Janvier - Février 2009 NAMUR 1 P.P. 7 583 P 401154 ... Ces deux exemples positifs constituent un formidable argument contre le racisme, ... Imaginons,

10n°105 Décembre 2008 - Université de Paix asbl

DE NOS CORRESPONDANTS À L’ÉTRANGER...

Lors de la remise du Prix du Bon Savoir-Faire dans la Convivialité 2007, octroyé par leMinistère espagnol de l’Éducation, le relais barcelonais de l’Université de Paix a étémis à l’honneur dans un projet de formation.

Des conflits ? Parlons-en

La Galeria de Mediació (1), relais àBarcelone de l’Université de Paix, a réa-lisé au cours de trois années scolaires(2004-2007) la formation en convivialitéet médiation scolaire dans une école com-munale d’enseignement primaire, l’EscolaSant Jordi, située à Sant Pau d’Ordal, à 40 kmde Barcelone.

Pendant l’année scolaire 2007-2008, cetteécole a présenté son projet et reçu le Prixannuel du Ministère de l’Éducation du Gou-vernement espagnol sur le «Bon Savoir-Faire dans la Convivialité».

En tant que conseillère et formatrice de ceprojet, il m’importait que l’un des piliersfondamentaux, l’implication de toute lacommunauté éducative (élèves, parents,moniteurs et enseignants) soit réalisé. Eneffet, la participation de tous permet decréer un trait d’union et une identité del’école.

Le projetÀ la fin de l’année 2004, les institutrices del’école Sant Jordi ont constaté que le climatrelationnel n’était pas aussi agréable qu’ellesle souhaitaient. Elles se sont alors fixéescomme objectif de le modifier pour le rendreplus agréable et authentique.

Elles ont souhaité que les élèves soient àla fois protagonistes et responsables decette convivialité, tout en apprenant àrésoudre leurs différends de manièrepositive.

Ce projet est articulé en trois moments-clés :

1) Le travail systématique avec les élèvesUne première assemblée générale a dé-cidé du choix de la thématique à travailleren lien avec la convivialité. À la suite decette rencontre, se sont tenues desséances hebdomadaires dans toutes lesclasses pour travailler sur ladite théma-tique. Les résultats de ces travaux ont étéexposés lors d’une deuxième assembléegénérale. Chacun a pu en prendre con-naissance, échanger et partager.

2) La formationToute la communauté éducative a été for-mée et est toujours en formation continuevia des ateliers, des lectures, des con-férences,… Elle bénéficie encore actuelle-ment du tutorat offert par la Galeria deMediació.

De gauche à droite:Coordinatrice du projet : Gemma Nebot

Ministre de l’Éducation Nationale : Mercedes CabreraMembre de l’équipe éducative : Gemma Massana

Conseillère et formatrice : Silvia CasanovasMembres de l’équipe de l’Association des Parents

Directrice de l’École : Nuria Massana

Page 11: 105 Trimestriel n° Décembre 2008 - Janvier - Février 2009 NAMUR 1 P.P. 7 583 P 401154 ... Ces deux exemples positifs constituent un formidable argument contre le racisme, ... Imaginons,

11n°105 Décembre 2008 - Université de Paix asbl

3) La résolution de conflits� Pour négocier, les élèves disposent,dans chaque classe, de l’outil Bâton deParole.(2)

� Les Médiateurs de récréation (élèves etinstituteurs) aident à résoudre les conflitsqui s’y produisent par des médiationsrapides et informelles.� Le Service de médiation, créé par uneéquipe constituée d’élèves et d’instituteurset, si nécessaire, de parents, aide à la ré-solution des conflits plus délicats ourépétitifs.

«Quelles sont les clés de succès de ce pro-jet ?», me demande-t-on régulièrement.Pour ma part, il y a eu convergence demultiples facteurs qui, regroupés pour at-teindre l’objectif fixé par ce projet, ontconstitué cet effet magique :

� Je connaissais déjà l’école pour y avoirtravaillé, en tant que conseillère, il y a dixans.� J’y ai noué très rapidement une relationde confiance avec l’ensemble de l’équipepédagogique de cette école.� La formation sur mesure proposée arépondu aux besoins exprimés par lesmembres de cette école. � Le temps de formation accordé par leDépartement de l’Éducation du Gou-vernement de Catalogne est de 30 heuresannuelles. Or, un tel projet nécessite plusque ce quota d’heures. Pour pallier à cemanque, j’ai proposé l’implication de laGaleria de Mediació dans ce projet. Surce, je n’ai guère ménager mes efforts (hu-main et financier), mon implication per-sonnelle et professionnelle et ce, tout lelong des trois ans. � Il faut également souligner le dévoue-ment et le dynamisme de la coordinatricede ce projet, qui a su maintenir l’intérêt etl’enthousiasme de toute la communautééducative, travail pas toujours aisé.

� L’école a bénéficié du savoir-faire et desoutils pédagogiques de la Galeria deMediació, qui, en tant que centre-relais,dispose également de tout le matérieldiffusé par l’Université de Paix.

Pour conclure, je souhaite partager avecvous le dernier paragraphe de l’allocutionde l’équipe des instituteurs de l’École SantJordi de Sant Pau d’Ordal, lors de laremise de ce Prix :

“Ce prix a été pour nous très satisfaisant.Il récompense les efforts fournis par untrès grand nombre de personnes. Il recon-naît le travail d’une école communale qui,comme tant d’autres, accomplit jour aprèsjour sa tâche sans bruit, sans publicité. C’est surtout une reconnaissance pourtous ceux qui, comme Jacques Delors,croyons que les piliers qui structurent l’é-ducation sont apprendre à être, appren-dre à vivre ensemble, apprendre àconnaître et apprendre à faire.”

Avoir accompagné l’équipe éducative decette école tout au long de ce projet a étépour moi, ainsi que pour la Galeria deMédiacio, un véritable moment de plaisir !

(1) La Galeria de Mediació est un centre deressources et d’outils pédagogiques situé àBarcelone. Tél. +34 93 459 01 02

(2) Le «Baton de parole» est outil qui s’inscrit dans lapédagogie de la parole (extrait du guideméthodologique du livre «Jeux coopératifs pour bâtirla paix», éd. Chronique sociale et Université de Paix).S’exprimer en groupe de même que gérer des dis-cussions de groupe ne sont pas toujours chosesaisées. Le bâton de parole est n’importe quel objetchoisi par l’animateur et qui sera tenu par celui quia le droit à la parole. Ainsi, de manière symbolique,il matérialise le droit à la parole de chaque partici-pant. Tour à tour, les participants, animateur com-pris, s’expriment ou non jusqu’à ce que chacun aiteu l’occasion de dire ce qu’il souhaitait.

Silvia Casanovas,Directrice de la Galeria de Mediació

Page 12: 105 Trimestriel n° Décembre 2008 - Janvier - Février 2009 NAMUR 1 P.P. 7 583 P 401154 ... Ces deux exemples positifs constituent un formidable argument contre le racisme, ... Imaginons,

12n°105 Décembre 2008 - Université de Paix asbl

DE NOS CORRESPONDANTS À L’ÉTRANGER...

Noé Lecocq, 29 ans, a fait le choix de découvrir un petit bout du monde autrement.Il est parti cette année pour Pékin, en Chine.

Nous recevons régulièrement de ses nouvelles et nous vous en faisons part ici. Voici un témoignage qui prend la forme de réflexions.

Réflexions sur la division de la Terre en paysPour une disparition des états souverains au profit d’une politique mondiale

La notion artificielle d'état souverain

L'existence des états souverains est - pourla plupart d'entre eux - assez récente. Leurgénéralisation à l'échelle mondiale datede la décolonisation et de la fin des em-pires. Leur émergence a représenté uneforme de reconnaissance du droit despeuples à disposer d'eux-mêmes (1).

Cependant, la notion même de peuple nepeut être définie clairement. Elle désignegénéralement un ensemble d'individuspartageant une même langue ou unemême culture. Un peuple est donc uneentité plus ou moins vague dont les con-tours varient avec le temps. Cette entitévague est relativement peu compatibleavec la notion d'état souverain, défini no-tamment par des frontières permanentesqui délimitent sa zone de souveraineté.Les peuples bougent et les sociétés évo-luent, les territoires nationaux restent figés.Même si au moment de leur création, lesétats avaient parfaitement épousé la ré-partition des peuples sur Terre, le carac-tère mobile des êtres humains rendrait vitel'adéquation obsolète. De plus, nom-breuses sont les régions du monde oùplusieurs peuples cohabitent. Même uneadéquation initiale, momentanée, n'estpas réalisable.Il est donc doublement impossible de dé-couper la Terre en pays de façon à obtenirune correspondance entre peuples etétats. Cette impossibilité géométrique deréaliser le rêve des états-nations (2) est lacause d'innombrables guerres et conflits.

Les états apparaissent comme des divi-sions artificielles, conventions humainesrésultant de rapports de force historiquesgelés à un moment donné.

L'existence des états souverains est-elle utile ?

Même si la correspondance entre peupleset états n'est pas réalisable, on peut se de-mander si le système mondial fondé surl'existence des états souverains ne restepas pertinent à l'heure actuelle. Chaqueétat ayant abandonné l'idée d'état-nationabriterait au mieux les différents peuplesqui vivent sur son sol, formant ainsi unétat multinational. La division des états estcertes arbitraire, mais on pourrait ima-giner qu'elle soit universellement acceptéeune fois pour toutes et même utile àl'établissement d'un certain équilibre dansun monde pacifié.

Il y a cependant plusieurs écueils, tant auniveau des individus, qu'au niveau desétats et au niveau de la planète.

1) Au niveau des individusPartons du principe énoncé dans lepréambule de la Déclaration universelledes droits de l'homme que pour atteindreune paix mondiale juste, tous les hommesdevraient être égaux, notamment endignité et en droits :«Considérant que la reconnaissance dela dignité inhérente à tous les membres de la

Page 13: 105 Trimestriel n° Décembre 2008 - Janvier - Février 2009 NAMUR 1 P.P. 7 583 P 401154 ... Ces deux exemples positifs constituent un formidable argument contre le racisme, ... Imaginons,

n°105 Décembre 2008 - Université de Paix asbl

famille humaine et de leurs droits égaux etinaliénables constitue le fondement de laliberté, de la justice et de la paix dans lemonde (...) l'Assemblée Généraleproclame la présente Déclaration uni-verselle des droits de l'homme commel'idéal commun à atteindre par tous lespeuples et toutes les nations.»

On s'aperçoit que l'existence d'états sou-verains, possédant le droit exclusifd'exercer l'autorité politique (législative,judiciaire et exécutive) sur un pays et seshabitants, pose problème. En effet, l'éga-lité proclamée ci-dessus est d'abord uneégalité face à la loi et à la justice. Seuleune justice et une loi supranationale -mondiale - peut y prétendre.

Cette justice mondiale a commencé à êtreconstruite depuis la Déclaration uni-verselle des droits de l'homme, notam-ment grâce aux Tribunaux pénauxinternationaux (temporaires) et à la Courpénale internationale (permanente).Cependant, ces exemples restent limitésaux «crimes les plus graves ayant uneportée internationale» (Statut de la Courpénale internationale, Art. 1), tels que lesgénocides, les crimes de guerre et lescrimes contre l'humanité. Cet embryon dejustice mondiale devrait donc se dévelop-per fortement pour être en mesure d'as-surer des droits fondamentaux égaux pourtous les être humains. Cela ne pourra sefaire sans un transfert de souverainetédepuis les états vers des instances supra-nationales.

2) Au niveau des étatsDans la majorité des pays, lorsqu'undirigeant politique prête serment, il jure

13

de servir au mieux les intérêts de son pays.En imaginant qu'il le fasse effectivement,ce dirigeant sera tôt ou tard amené à pren-dre des décisions qui sont dans l'intérêt deson pays, mais nuisent, parfois beaucoupplus gravement, aux citoyens d'autrespays. Par exemple, le dirigeant d'un paysA peut décider d'envahir un pays B pourassurer à ses citoyens un approvision-nement à une ressource naturelle impor-tante. Les citoyens du pays A ont doncune vie un peu plus confortable pendantque les citoyens du pays B sont tués oudéportés.

Dans le système des états souverains,seuls les rapports de force entre états peu-vent, dans certains cas, dissuader ce typed'action. Le système des états souverainsnécessite donc le maintien, par chaqueétat, d'une armée suffisante pour dis-suader les autres états de rechercher leurspropres intérêts à ses dépends. La créationd'alliances entre états ne change fonda-mentalement rien à cette situation.

On mentionnera, à juste titre, l'influencebénéfique de l'ONU pour adoucir etciviliser les relations entre états, mais onsoulignera aussitôt sa grande faiblesse etson impuissance actuelle à imposer lerespect d'un droit international. Faut-ilrappeler que le Conseil de Sécurité del'ONU est incapable de prendre la moin-dre résolution contre l'avis d'un seul deses cinq membres permanents (USA,Russie, France, Chine, Royaume-Uni) etque même lorsqu'une résolution estadoptée, il est courant qu'elle reste lettremorte ?

iStockphoto.com/suemack/UPiStockphoto.com/kativ/UP iStockphoto.com/ matejmm/UPc c c

LA TERRE

en mouvement perpétuel,nous renvoit au concret

et à l’essentiel

L’OLIVIER

symbole de forceet de sagesse

LA COLOMBE

symbole de paixet d’harmonie

Le sigle de l’Université de Paix est riche de symboles qu’il nous a semblé pertinent de décliner :

Page 14: 105 Trimestriel n° Décembre 2008 - Janvier - Février 2009 NAMUR 1 P.P. 7 583 P 401154 ... Ces deux exemples positifs constituent un formidable argument contre le racisme, ... Imaginons,

14n°105 Décembre 2008 - Université de Paix asbl

3) Au niveau de la planèteDe plus en plus de défis se posent àl'échelle de la planète. La protection del'environnement et la lutte contre leréchauffement climatique demandent desréponses globales. Il en va de même pourles pénuries alimentaires, les catastrophesnaturelles et les épidémies qui ne con-naissent pas les frontières.

La mondialisation économique produitdes entreprises toujours plus grosses etplus puissantes, capable de mettre enplace des stratégies pour contourner lasouveraineté des états (système des filialeset des délocalisations) ou même d'in-fléchir la souveraineté en leur faveur (lob-bying). La mondialisation financièrepermet l'existence de flux financiers ca-pables de déstabiliser bien des états.

L'échelle des états a pu suffire par lepassé. Elle n'est aujourd'hui plus suf-fisante pour assurer au pouvoir politiquele poids nécessaire pour faire face à cesnouveaux défis.

Vers un gouvernement mondialUne diminution importante de la sou-veraineté des états au profit d'une entitéplus large, idéalement mondiale, estsouhaitable à bien des égards. Cettediminution de souveraineté ne signifie pasla disparition des états, mais bien leurtransformation en entités dont le pouvoirpolitique interne n'est plus aussi radical.La fédération des États-Unis d'Amériqueest ainsi constituée d'états à souveraineté

limitée, ce qui garanti une assez bonneéquité de droits entre un citoyen du Mas-sachusetts et un citoyen d'Arizona. Cecin'empêche en rien la coexistence deplusieurs langues, de plusieurs cultures,de plusieurs religions. Cela n'empêchepas non plus ceux qui le souhaitent derester fier de leur pays, de leur région oude leur ville, en y associant un sentimentd'identité collective.Un gouvernement mondial serait bienmieux à même de prendre des décisions dans de multiples domaines, tantéconomiques, que sociaux ou environ-nementaux. Si l'on poursuit le raison-nement, on peut imaginer des avancéesqui semblent incroyables aujourd'hui,telles qu'une atténuation drastique de laviolence des rapports de force entre états.Ceci mènerait à la disparition des guerreset des conflits interétatiques, et donc aussià la possibilité de réduire de manière ex-trême les dépenses militaires. On arrive àun monde où les seules forces de policesuffisent pour assurer la sécurité du nou-veau citoyen mondial.

La construction d'un gouvernement mon-dial se heurterait bien entendu à de nom-breux obstacles et devrait répondre à desimpératifs multiples dont l'analyse de serapas entreprise ici. Néanmoins, la condi-tion fondamentalement nécessaire à lalégitimité de tout pouvoir politique estque son fonctionnement et son actionsoient dictés par la recherche permanentedu bien commun.

(1) Le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes est un principe selon lequel chaque peuple dispose d'unchoix libre et souverain pour déterminer son statut politique et assurer son développement économique, so-cial et culturel. Le concept de droit des peuples, apparu au XIXème siècle, est aujourd'hui critiqué par cer-tains qui y voient surtout une entrave au droit des individus, « car il implique le droit du peuple à disposerdes individus qui le composent ».http://www.quebecoislibre.org/001028-10.htm

(2) Ce rêve est toujours bien présent dans les esprits en Europe. Il bénéficie largement de l'élan de sympa-thie qui existe envers les minorités régionales. Voir notamment : http://www.communautarisme.net/Minorites-et-regionalismes-en-Europe-le-dossier-de-l-Observatoire-du-communautarisme_a333.htmlL'Alliance Libre Européenne, dont les membres sont des partis politiques régionalistes, propose une carte del'Europe redessinée selon les nationalismes régionaux : http://www.e-f-a.org/kaartje.php Le résultat obtenu est une balkanisation presque totale de l'Europe.

Noé Lecocq,Membre du Conseil d’administration de l’Université de Paix

Page 15: 105 Trimestriel n° Décembre 2008 - Janvier - Février 2009 NAMUR 1 P.P. 7 583 P 401154 ... Ces deux exemples positifs constituent un formidable argument contre le racisme, ... Imaginons,

15n°105 Décembre 2008 - Université de Paix asbl

CAUSERIE

L’Université de Paix est en réseau avec divers organismes tant en Belgique que dans lemonde.

Rencontre avec Patricia Patfoort, co-fondatrice et présidente de l’asbl, De Vuurbloem(La Fleur de Feu).

Entretien avec Patricia Patfoort

Bonjour, Patricia. Si nous te demandonsde te présenter brièvement ainsi que De Vuurbloem, que dirais-tu ?

Je me vois comme une femme heureuse, quiest arrivée à faire dans la vie, et en parti-culier dans sa profession, ce qu’elle voulaitet veut. Même si j’ai aussi eu des momentsdifficiles dans le courant de ma vie d’envi-ron 60 ans maintenant. Je me sens main-tenant encore toujours en plein milieu decette vie très active et pleine de projets. Jesuis une personne optimiste, énergique,volontaire, persévérante et auto-disciplinée. Je suis aussi une mère comblée, avec mesdeux fils d’une trentaine d’années, avec quij’ai une belle relation qui m’émeut souvent.Je suis aussi une belle-mère comblée : les re-lations avec mes deux belles-filles me ren-dent souvent particulièrement heureuse. Etpuis il y a comme cerises sur le gâteau mesdeux petites-filles de 3 ans, des jumelles,avec qui je construis une relation qui mesatisfait beaucoup et me donne beaucoupde joie.Et puis bien sûr, il y a aussi ma profonderelation avec mon mari, qui me donneénormément de satisfactions et de bonheur.Je fais régulièrement du sport (alpinisme,marche en montagne, cyclisme), et je jouetrès régulièrement de la musique (je viens decommencer l’accordéon il y a un peu plusd’une année, après avoir fait du piano toutema vie). J’aime beaucoup la nature et lesanimaux (nous en avons pas mal à la mai-son), et je trouve l’écologie très importante.Mon activité professionnelle, sur le thèmede la prévention, gestion nonviolente

et transformationdes conflits, estcont inuel lemententremêlée avec mavie privée. Il est très important pour moi demettre en pratique ce à quoi je crois et ceque j’offre aux autres. Ce n’est que commecela que je peux me sentir bien, en paixavec ma conscience. Mais à côté de cela jevois aussi tous les résultats fabuleux quecela apporte dans toutes mes relationsautours de moi, même avec le papa de mesenfants (qui n’est plus mon mari depuispresque 30 ans), sa femme et leur fils ado-lescent. Avec eux on a aussi construit unetrès belle relation d’affection et de confiance.

Je ne sais pas si cette présentation est assezbrève, mais j’ai le sentiment qu’il y a telle-ment dans ma vie, qu’il m’est difficile de lafaire plus courte...

Et puis De Vuurbloem. C’est un centre àBruges que j’ai créé en 1991, avec JosianeBurrick. Nos chemins de nonviolence sesont rencontrés à un moment, et nous avonsdécidé de travailler ensemble. Maintenant,nous sommes environ une vingtaine, en-gagés sur base de bénévolat, car nous avonspeu de finances. Nous ne sommes pas sub-sidiés. Je constate que nous avons unénorme potentiel humain dans notre centre :plein de bonne volonté, plein d’initiatives,plein d’activités.Nous travaillons beaucoup dansl’éducation (familles, élèves de tous âges,enseignants, éducateurs, adolescentsdans des situations difficiles), dans des

Page 16: 105 Trimestriel n° Décembre 2008 - Janvier - Février 2009 NAMUR 1 P.P. 7 583 P 401154 ... Ces deux exemples positifs constituent un formidable argument contre le racisme, ... Imaginons,

16n°105 Décembre 2008 - Université de Paix asbl

prisons (avec des groupes de dix détenus,souvent des gens qui ont tué), avec des gensqui s’occupent de personnes âgées, des sec-tions de police, des religieux, etc. (1). Nousdonnons des conférences, des formations,faisons des médiations, accompagnons despersonnes dans des situations de conflits oudes équipes qui fonctionnent difficilement.En fait, nous cherchons à offrir une réponse,une aide à n’importe quelle demande enrapport avec la prévention, gestion et trans-formation des conflits.

Je travaille comme conférencière, formatriceet médiatrice au sein de De Vuurbloem. Endehors de cette association, je fais aussiencore des formations dans des situations deconflits inter-ethniques, par exemple auKosovo, dans le Caucase, dans différentspays d’Afrique.

Tu as participé, il y a de nombreusesannées, aux formations proposées parl’Université de Paix. Quel impact cesformations ont-elles pu avoir dans tonquotidien privé, professionnel ?

Ces formations ainsi que les nombreux con-tacts personnels et d’amitié que j’ai eu avecles différents formateurs m’ont énormémentapporté sur mon chemin de la nonviolence.Cela m’a beaucoup inspiré pour lesméthodes et techniques de travail pour nosformations. Cette période a été une base im-portante tant pour mon travail que pour lacréation De Vuurbloem, et aussi, de lamanière dont j’ai construit la nonviolencedans ma vie privée.

Auteure, conférencière, formatriceet médiatrice dans le domaine de latransformation des conflits et la gestionnonviolente des conflits, tu as mis aupoint un cadre théorique original, le cadreMmE. Peux-tu nous le décrire ?

C’est difficile de faire cela en quelqueslignes. Et surtout sans schémas. Car c’estjustement cela qui est important dans cecadre. En fait il y a deux colonnes :celle de gauche est celle du modèle

Majeur-mineur, qui est à la base des mé-canismes de la violence, et celle de droiteest celle du modèle de l’Equivalence, qui està la base de la nonviolence. Ce sont desmodèles très simples, et surtout très re-connaissables, car ils permettent aux gensde mieux situer ce qu’est la violence, de voirtout ce qui est contenu dans la violence, etdonc comment ils y contribuent aussi eux-mêmes. Ensuite, ces modèles permettent dedéduire clairement à quoi ressemble l’alter-native à la violence, la nonviolence. Ils of-frent à la fin de ce parcours un schéma d’unprocessus pour résoudre les conflits defaçon équivalente et nonviolente.Ce cadre explique la nonviolence d’unefaçon logique, presque mathématique, etainsi irréfutable. Cela peut être assez con-frontant, mais utile pour développer la non-violence.Bien sûr ce cadre est tout à fait en concor-dance avec toutes les autres façons deprésenter et travailler la nonviolence et degérer les conflits de façon constructive. C’estune autre façon de le faire, avec certainsavantages particuliers.

Comme l’Université de Paix, tu as participéà la conférence internationale clôturantla première phase de la recherche-actioneuropéenne Daphné II sur la préventionde la violence en maternelle. Tu y asprésenté ton modèle de transformationdes conflits «majeur mineur». (2)

Que peut-il apporter dans le cadre del’élaboration d’un programme européend’éducation à la paix pour les enfants, lesenseignants,… ?

Je pense que ce programme peut être trèsutile pour aider les enseignants à clarifierchez les enfants ce qu’est exactementla violence, comment elle naît et sedéveloppe, et donc comment les enfants y participent, souvent sans qu’ils nele veuillent ou ne l’ont cherché. Un pro-blème est que les enfants veulent et ontbesoin de se défendre et de se protéger, etque souvent ils ne savent pas comment lefaire autrement qu’en utilisant de la vio-lence. Il n’est donc pas seulement important

Page 17: 105 Trimestriel n° Décembre 2008 - Janvier - Février 2009 NAMUR 1 P.P. 7 583 P 401154 ... Ces deux exemples positifs constituent un formidable argument contre le racisme, ... Imaginons,

17n°105 Décembre 2008 - Université de Paix asbl

que les enfants comprennent mieux cequ’est la violence et se rendent comptequ’ils y participent et de quelle manière,mais aussi qu’ils sachent comment sedéfendre d’une autre façon. Il faut que ceque nous leur proposons soit réaliste et ac-ceptable pour eux. Je crois que les modèlesMmE peuvent beaucoup aider dans cecheminement.

Quels sont tes projets pour l’avenir ?

Ce que je veux surtout, c’est continuercomme je suis en train de faire. Je suis trèssatisfaite de ce que je fais, de la vie que jemène, tant personnelle que professionnelle.Mais il y a certainement encore un tas degroupes et de personnes avec lesquelles jevoudrais travailler, à qui je voudraisapporter les modèles MmE. Surtout des per-sonnes qui ont du pouvoir dans la société,des responsables, des politiciens. J’ail’impression que souvent ces personnes-làne prennent pas le temps de réfléchir à etd’étudier ce genre de situations. J’ai aussi plusieurs projets de livre. J’ai en-core tellement d’idées et d’histoires que jeveux mettre sur papier. Je pense aussiéventuellement à un film pour lequel jevoudrais écrire le scénario. Et puis, il est im-portant pour moi qu’il y ait de plus en plusde groupes qui travaillent sur les exercicesde mon dernier livre. Il y a déjà plusieurs deces groupes de lecture/travail, aussi àl’étranger (mes livres sont parus en plusieurslangues). Et puis il est aussi important pourmoi que De Vuurbloem se développe lemieux possible, donc je veux soutenir nosnouveaux formateurs/formatrices et autrescollaborateurs. Enfin, un grand souhait que j’ai, c’est depouvoir travailler en profondeur, sur du long

terme, avec des groupes de différentesethnies en conflit les uns avec les autres, ettravailler jusqu’à élaborer des solutions.

Quel est le meilleur compliment que nous puissions te faire ?

Quelle belle question... En cherchant à terépondre, je me dis d’abord que je reçoissouvent et beaucoup de compliments, cen’est pas vraiment que cela me manque. J’aide la chance. Parce que c’est très agréablede recevoir un compliment. Mais un de plusfait naturellement encore toujours plaisir...Un des plus beaux compliments que desgens peut me faire, c’est quand j’ai géré unesituation complexe dans une formation, unesituation non préparée, et j’arrive à or-chestrer de telle façon que tout le monde sesente bien. Alors je suis fière de moi-même,quand d’autres s’en sont rendus compte, mele disent, et me félicitent pour cela.

En quelques mots et en guise de conclusion,le mot de la fin pour toi, ce serait…

Je suis très heureuse que l’Université de Paixm’ait demandé cette interview, car j’ai tou-jours beaucoup apprécié l’Université dePaix, son travail et son œuvre ; elle m’abeaucoup donné, j’ai toujours gardé lecontact avec elle et avec différents de sescollaborateurs. Alors je suis très heureusequ’aujourd’hui elle se soit intéressée à montravail sous cette forme, et aussi le fasseconnaître de cette façon dans la partiefrancophone du pays. Je vous en suisreconnaissante.

Merci beaucoup Patricia pour cettecauserie…

Propos recueillis par Christine Cuvelier,Chargée des relations publiques

(1) Voir liste exhaustive des groupes avec lesquelles nous avons travaillé sur www.devuurbloem.be etwww.patpatfoort.be

(2) cf. article «Conférence internationale – Projet européen de prévention de la violence en maternelle» parudans le trimestriel n°104

Page 18: 105 Trimestriel n° Décembre 2008 - Janvier - Février 2009 NAMUR 1 P.P. 7 583 P 401154 ... Ces deux exemples positifs constituent un formidable argument contre le racisme, ... Imaginons,

18n°105 Décembre 2008 - Université de Paix asbl

NOUVELLES

L’Université de Paix place la prévention etla gestion non-violente et créative des con-flits au cœur des préoccupations de notresociété.

Avec les enfants et les adolescents, en parte-nariat étroit avec leurs enseignants, anima-teurs, parents, éducateurs, puéricultrices,…nous travaillons au jour le jour aux change-ments des comportements pour une sociétéplus ouverte basée sur le dialogue, latolérance et le respect de chacun.

En 2007, plus de 479 journées de formationont été réalisées par l’Université de Paix.Plus de 500 enfants, soit 24 classes répartiesdans 11 écoles primaires en Communautéfrançaise, ont bénéficié du programme deformation La Médiation par les Pairs.Plus de 1.258 bourses de formation ont étéoctroyées à des participants ayant des diffi-cultés financières.

L’Université de Paix souhaite poursuivre cetélan de solidarité : cette campagne derécolte de fonds servira à de plus en plus debourses de formation.

Malgré la crise financière qui secoueaujourd’hui notre société et qui rend lagénérosité plus réfléchie mais combiennécessaire à l’action de l’Université de Paix,nous savons que nous pouvons compter survous…

Dès à présent, nous vous invitons àcompléter le virement bancaire ci-jointou à verser votre don sur le compte523 080177649.Tout versement de 30 euros ou plus, versé en uneou plusieurs fois au cours de la même année civile,donne droit à une attestation d’exonération fiscale.

Nous tenons vraiment à vous remercier trèschaleureusement de votre soutien et devotre générosité.

Ensemble, faisons bouger

notre société !

Viennent de paraître...

Qui fuyons-nous ? Où courons-nous ? A quoi servons-nous ? de Thomas d’AnsembourgLes éditions de l'Homme - 288 pagesLivre conseillé

Les Cahiers de l’Université de Paix

� Cahier 6 :Comprendre la violence… pour en sortirde Cathy Van DorslaerPrix : 7 € - port non compris

� Cahier 7 :Actes du groupe de travail issu du Conseilacadémique de l’Université de Paixsur «Les relations entre musulmans et nonmusulmans» de Charles van der VaerenPrix : 10 € - port non compris

Jeux coopératifs à partir de 8 ans…

MICMAC est un jeu collaboratif pourtoute la famille, un outil de préven-tion aux violences, mettant l’accentsur les relations égalitairesgarçons/fille.

Lancés dans une quête collective, lesjoueurs vivent des aventures faisantimplicitement appel à des compétences et àdes comportements susceptibles de favoriserou au contraire de freiner la violence. Ensemble, ils devront récupérer les 6symboles de paix et rejoindre le tipi avantque leurs ennemis n’aient déterré leurs 6haches de guerre.

Infos : 02 515 04 02 www.latitudejunior.be

Page 19: 105 Trimestriel n° Décembre 2008 - Janvier - Février 2009 NAMUR 1 P.P. 7 583 P 401154 ... Ces deux exemples positifs constituent un formidable argument contre le racisme, ... Imaginons,

19

Nom : ...........................................................................................................................

Prénom : .......................................................................................................................

Adresse : ..........................................................................................................................

Code Postal : ............................................ Ville : .......................................................

Tél : .............................................................................................................................

Fax : .............................................................................................................................

E-mail : ........................................................................................................................

BON DE COMMANDE

A (photo)copier et à renvoyer à : Université de Paix - 4, Bd du Nord - 5000 NAMURTél. : +32(0)81-55 41 40 - Fax : +32(0)81-23 18 82 - Mail : [email protected]

n°105 Décembre 2008 - Université de Paix asbl

Oui, je m'abonne et choisis� un Abonnement ordinaire 10 €� un Abonnement Membre adhérent 20 €

Oui, je commande Histoire à lire…

� La fée sans ailes 5 €� Gigi la girafe au pays des animaux 13,50 €

Estime de soi� L’estime de soi des 6-12 ans 10,60 €� L’estime de soi des adolescents 10,60 €� Favoriser l’estime de soi à l’école 14,20 €

Prévention� Pour une éducation non-violente 18 €� Questions de discipline à l’école et ailleurs... 10,70 €

Coopération� Jeux coopératifs pour bâtir la paix (nouvelle adaptation) 18,90 €� Jeux de coopération pour les formateurs 27,60 €� Le parachute (matériel d’animation, diamètre de 6 mètres) 150 €

vendu avec un sac de rangement en nylon

Comprendre et agir…� Silence, la violence! 7,80 €� Se défendre sans attaquer 20 €� Que se passe-t-il en moi ? Mieux vivre ses émotions au quotidien 6,60 €

Cahiers de l’Université de Paix� Cahier 6 : Comprendre la violence… pour en sortir 7 €� Cahier 7 : Actes du groupe de travail issu du Conseil académique

de l’Université de Paix sur «Les relations entre musulmans et non musulmans» 10 €

Page 20: 105 Trimestriel n° Décembre 2008 - Janvier - Février 2009 NAMUR 1 P.P. 7 583 P 401154 ... Ces deux exemples positifs constituent un formidable argument contre le racisme, ... Imaginons,

20n°105 Décembre 2008 - Université de Paix asbl

Communication� Savoir communiquer avec les adolescents 19,30 €� L’Affirmation de Soi 24,30 €� Comment leur dire... La Process Communication 26,90 €

Des solutions…� Négocier, ça s’apprend tôt ! 15 €� Graines de médiateurs... Médiateurs en herbe : le livre 19,50 €� Graines de médiateurs... Médiateurs en herbe : le dvd 22 €� Graines de médiateurs... Médiateurs en herbe : kit (livre + dvd) 35 €� Semillas de Mediadores, Mediadores en ciernes 19,50 €

Les prix indiqués sont valables jusqu'au 30 juin 2009 et ne tiennent pas compte des frais de livraison

Oui, je m'inscris à la (aux) session(s) de formation suivante(s) de l'Université de Paix� 2901 – Adapter son attitude face au conflit� 2902 - Adapter son attitude face au conflit - Luxembourg� 2903 – Conférence : Il n’y a pas que les mots pour le dire� 2904 – Contes et conflits� 2905 – Pratique de négociation� 2906 – Mieux communiquer en osant s’affirmer� 2907 – Comment gérer ses émotions ?� 2908 – J’ai un nuage gris dans le coeur� 2909 – Conférence : L’argent, quelle importance ?� 2910 – Prévenir l’agressivité en développant l’estime de soi chez les enfants� 2911 – Il n’y a pas que les mots pour le dire� 2912 – Comment prévenir les conflits avec le adolescents? - Luxembourg� 2913 – Le dialogue comme outil de travail� 2915 – Stage pour jeunes : Des jeux sans bleus� 2916 – Introduction à la Communication Nonviolente

Et, j’effectue mon paiement par virement bancaire à l’ordre de l’Université de Paix :� Triodos 523-0801776-49 � Delta Lloyd 636-1996901-89 � Fortis 001-0419703-60 � par mandat postal international

Si vous résidez en France : paiement sur le compte � Société générale de Paris 00037291362 de l’Université de Paix

Oui, je souhaite recevoir :� le programme des formations et conférences de l’Université de Paix,

année culturelle 2008-2009� le dépliant de mise à disposition de salles de réunion de l’Université de Paix� le dépliant de présentation de l’Université de Paix� le dépliant de présentation du programme de formation

“Graines de médiateurs – Développement des habiletés sociales”

Date : Signature :

Page 21: 105 Trimestriel n° Décembre 2008 - Janvier - Février 2009 NAMUR 1 P.P. 7 583 P 401154 ... Ces deux exemples positifs constituent un formidable argument contre le racisme, ... Imaginons,

21

AGENDA

n°105 Décembre 2008 - Université de Paix asbl

JANVIER 2009

> Adapter son attitude face au conflitavec Nathalie BALLADE & Philippe LESNE – Formateurs UPDécouvrir les différentes attitudes et stratégies face aux conflits. Distinguer les différentséléments d’une situation conflictuelle : faits, objet du conflit, modes de gestion et leursconséquences. Tester plusieurs attitudes possibles en situation de conflit et évaluer leursavantages et inconvénients.

Dates : Jeudi 8 & vendredi 9 janvier 2009 - Lieu : Université de Paix - Référence : 2901Prix, syllabus compris : 130 € (Membre adhérent UP : 110 €)Si votre participation est prise en charge par une organisation : 160 €

> Adapter son attitude face au conflitavec Philippe LESNE – Formateur UP

Dates : Lundi 12 & mardi 13 janvier 2009 - Référence : 2902Lieu : SCRIPT - Boulevard de la Foire, 21 - 1528 Luxembourg (GD Luxembourg) Inscription : SCRIPT [email protected] ou (0032) 247-85965Formation agréée UFOCOR pour la carrière PE4-PE7

> Conférence “Il n’y a pas que les mots pour le dire”avec Cathy Van Dorslaer – Enseignante, Licenciée en Politiques et Pratiques de FormationLe langage non-verbal constitue 80% des informations que nous échangeons avec nossemblables. La plupart du temps, nous utilisons ses composantes sans nous en rendrecompte, à notre insu. C'est pourtant ce niveau insu de la communication qui fondesouvent les bases fondamentales de notre relation aux autres et au monde. Le tempsd'une conférence, nous découvrirons les composantes du langage non-verbal (espace,intonation, posture, gestes, mimiques) pour nous doter de quelques clés de lecture decette dimension cachée de la communication.

auLuxembourg

L’inscription aux formations peut être gratuite pour les travailleurs relevant du fonds socio-culturel (CP 329).Inscription auprès de l’APEF : 02 250 37 87 - www.apefasbl.org

Page 22: 105 Trimestriel n° Décembre 2008 - Janvier - Février 2009 NAMUR 1 P.P. 7 583 P 401154 ... Ces deux exemples positifs constituent un formidable argument contre le racisme, ... Imaginons,

22n°105 Décembre 2008 - Université de Paix asbl

Date : Mardi 13 janvier 2009, 20 heures - Lieu : Université de PaixEntrée : 5 € (prix membre adhérent UP, étudiant, chômeur : 4 €)Renseignements : Les réservations et préventes se font par virement bancaire au comptede l'Université de Paix 001-0419703-60 en mentionnant la référence de la conférence"2903" + votre nom + nombre de places

Formation “Il n’y a pas que les mots pour le dire”Dates : WE 14 & 15 février 2009 - Références : 2911

> Contes et conflits avec Julie DUELZ - Formatrice UP & Diane-Sophie GEERTS - Licenciée en communication sociale, ConteuseUtiliser le conte comme outil efficace d’apprentissage de gestion des conflits par l’enfant.

Dates : Vendredis 16 & 23 janvier 2009 - Lieu : Université de Paix - Référence : 2904Prix : 130 € (Membre adhérent UP : 110 €)Si votre participation est prise en charge par une organisation: 160 €

> Pratique de négociationavec François BAZIER – Formateur UP& Sonja LÉONARD - Enseignante, Licenciée en Politiques et Pratiques de FormationCerner ses forces et faiblesses dans les négociations quotidiennes.Augmenter ses compétences à négocier.

Dates : WE 17 & 18 janvier 2009 - Lieu : Université de Paix - Référence : 2905Prix, syllabus compris : 130 € (Membre adhérent UP : 110 €)Si votre participation est prise en charge par une organisation : 160 €

> Mieux communiquer en osant s’affirmeravec Lysiane MOTTIAUX & Claire STRUELENS – Formatrices UPL’affirmation de soi est essentielle pour la confrontation constructive des idées et despersonnes. Elle peut être utile à tous ceux qui désirent améliorer leurs relationsfamiliale, professionnelle, sociale,…

Dates : Lundi 19 & mardi 20 janvier 2009 - Lieu : Université de Paix - Référence : 2906Prix, syllabus compris : 130 € (Membre adhérent UP : 110 €)Si votre participation est prise en charge par une organisation : 160 €ONE - Agrément ATL

> Comment gérer ses émotions ?Se réapproprier ses émotions pour mieux gérer les conflits

avec Philippe LESNE – Formateur UPGérer ses émotions ? Les contenir ? Les libérer ?Lors d’un conflit, puis-je évaluer si mon émotion est ou non adaptée à la situation ?Que puis-je en faire ? Peut-elle être mon alliée ?

Dates : Jeudi 29 & vendredi 30 janvier 2009 - Référence : 2907Durée : 2 journées résidentielles (hébergement en pension complète)Lieu : Centre Marcel Hicter – Domaine de La Marlagne - WépionPrix, syllabus compris : 140 € (Membre adhérent UP : 125 €)Si votre participation est prise en charge par une organisation : 175 €

Page 23: 105 Trimestriel n° Décembre 2008 - Janvier - Février 2009 NAMUR 1 P.P. 7 583 P 401154 ... Ces deux exemples positifs constituent un formidable argument contre le racisme, ... Imaginons,

> J’ai un nuage gris dans le cœurJouer pour apprendre à gérer ses émotionsavec Julie DUELZ & Lysiane MOTTIAUX – Formatrices UPLucie pleure à la moindre contrariété. Lucas, lui, frappe quand il n’est pas content.Emilie geint... Dès la naissance, l’enfant vit différentes émotions, joie, colère, peur,... et les extériorisede différentes manières. Comment, nous adultes, pouvons-nous accueillir ces émotionset aider l’enfant à les apprivoiser et à les gérer ?

Dates : WE 31 janvier & 1er février 2009 - Lieu : Université de Paix - Référence : 2908Prix : 130 € (Membre adhérent UP : 110 €)Si votre participation est prise en charge par une organisation : 160 €ONE - Agrément ATL

FÉVRIER 2009

> Conférence « L’argent, quelle importance ? »avec François BAZIER – Sociologue, Directeur Ressources Humaines à la SWCS, Formateur UPL’argent ne fait pas le bonheur… mais il contribue souvent à compliquer les conflits enleur donnant une dimension particulière. Notre rapport à l’argent se révèle souventcomplexe et peu rationnel. L’argent n’est pas neutre, il n’est pas un simple moyen depaiement, il affecte non seulement l’économie, mais aussi les rapports sociaux. La conférence se penchera sur le sens et la puissance de l’argent - tabou ou totem - enmettant en évidence sa symbolique spécifique.

Date : Mardi 10 février 2009, 20 heures - Lieu : Université de PaixEntrée : 5 € (prix membre adhérent UP, étudiant, chômeur : 4 €)Renseignements : Les réservations et préventes se font par virement bancaire au comptede l'Université de Paix 001-0419703-60 en mentionnant la référence de la conférence"2909" + votre nom + nombre de places

> Prévenir l’agressivité en développant l’estime de soi chez les enfantsavec Julie DUELZ & Lysiane MOTTIAUX – Formatrices UPPrendre conscience de l'importance de l'estime de soi. Découvrir différents pièges àéviter ainsi que diverses façons de contribuer quotidiennement au renforcement de l'es-time de soi des enfants.

Dates : Jeudi 12 & vendredi 13 février 2009 - Lieu : Université de PaixPrix : 130 € (Membre adhérent UP : 110 €) - Référence : 2910Si votre participation est prise en charge par une organisation : 160 €ONE - Agrément ATL

3 manières de vous inscrire

� � @Par fax +32 (0) 81 23 18 82

Par courrier Université de Paix asblBld du Nord, 45000 Namur (Belgique)

Par [email protected]

n°105 Décembre 2008 - Université de Paix asbl 23

Page 24: 105 Trimestriel n° Décembre 2008 - Janvier - Février 2009 NAMUR 1 P.P. 7 583 P 401154 ... Ces deux exemples positifs constituent un formidable argument contre le racisme, ... Imaginons,

Université de Paix asbl (n° national : 4-161339-58)

Bld du Nord, 4 - 5000 Namur - BELGIQUETél. +32 (0)81-55 41 40 - Fax +32 (0)81-23 18 [email protected] - www.universitedepaix.be

Avec le soutien de la Communauté française de BelgiqueEd. r

espo

nsab

le :

Mir

eille

Jacq

uet -

Bld

du

Nor

d, 4

- 5

000

Nam

ur

CULTUREJEUNESSE

Les membres de l’équipe et les instances de l’Université de Paix

vous souhaitent de très heureuses fêtes de fin d’année et vous présentent leurs vœux de sérénité

et de réalisation pour 2009.