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RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE LA HANCHE ET DU GENOU (SFHG) 487 12 Problèmes relatifs au remplace- ment d’éléments de prothèses modulaires qui ne sont plus fabri- quées R. PETIT La modularité des implants de hanche et de genou a été adop- tée avec enthousiasme par les chirurgiens orthopédistes. Elle améliorait les conditions de réalisation technique des arthroplas- ties en permettant de mieux adapter les implants aux conditions anatomiques. Elle offrait la possibilité rassurante de limiter une reprise potentielle aux éléments détériorés par l’usure, particuliè- rement les implants portant la surface articulaire. L’évolution des implants entraîna malheureusement l’abandon ou pour le moins la modification de leur fabrication. Le chirurgien se voit donc obligé d’imposer à des patients qui ont vieilli depuis l’implanta- tion initiale une reprise bipolaire rendue parfois difficile par la stabilité de l’interface os/implant. L’échange d’une tête fémorale pose parfois le problème d’un calibre particulier. Les difficultés résident surtout dans les caractéristiques du cône morse qui figu- rent exceptionnellement dans les comptes-rendus opératoires. Leur identification précise est bien entendu indispensable. Les entreprises conservent des stocks et l’on peut en général trouver la bille fémorale métallique adaptée. Les inserts en polyéthylène obsolescents posent plusieurs problèmes : — La durée de la conservation en atmosphère est limitée par leur détérioration par oxydation. La conservation à long terme de- mande un conditionnement difficile à réaliser pour un stock con- séquent et peu exploité. — Les modifications apportées au mode de fixation sur leur embase métallique multiplient le nombre de pièces à conserver et rendent nécessaires l’identification précise de l’implant initial. — Les comptes-rendus opératoires ne donnent pas toujours la taille des implants posés. Il faut donc fabriquer un implant sur les plans de l’époque lorsqu’ils sont encore disponibles, ce qui n’est pas toujours le cas. Cette fabrication à l’unité pose de toute évidence un pro- blème à l’industriel et représente un coût largement supérieur à celui de la fabrication en série. Aucune disposition réglementaire n’oblige les entreprises à fournir des éléments d’implants articu- laires dont la fabrication est abandonnée. Les demandes ont cependant été prises en considération très courtoise, sans parvenir systématiquement à la fourniture du matériel adapté. La factura- tion a respecté le T.I.P.S. après un peu d’insistance, mais l’hypo- thèse d’une demande de prise en charge au tarif des implants sur mesure a été évoquée. Ces échanges d’éléments de prothèses arti- culaires obsolètes seront de plus en plus nombreux, raison pour laquelle il serait utile de déterminer avec les fabricants les limites ainsi que les conditions financières de leur remplacement. 13 Étude in vitro du centre fonctionnel de la rotule : positionnement du médaillon rotulien dans les arthro- plasties du genou J.-L. PRUDHON INTRODUCTION. Les complications rotuliennes sont excep- tionnelles dans le système d’arthroplastie du genou GALICA. Par contre il a été observé des ressauts rotuliens, disparaissant après 6 à 8 mois post opératoires. Reprenant les recommanda- tions de K. Krackow et de A. Hofmann, les auteurs ont étudié la position du centre « fonctionnel » de la rotule. MATÉRIEL ET MÉTHODE. 60 pièces de résection rotulien- nes cryoconservées ont été étudiés en laboratoire. Le centre fonctionnel de la rotule est déterminé en per-opératoire et repéré à l’aide d’un perçage à la mèche de 3,2 mm. Ce repère est utilisé pour positionner le médaillon rotulien symétrique en chapeau mexicain du système GALICA. Différents paramètres algébri- ques sont étudiés in vitro pour analyser le positionnement du centre fonctionnel par rapport au centre théorique de la coupe. Une série comparable de prothèses GALICA conservant et sacri- fiant le LCP a été analysée avec un positionnement standard et un positionnement axé sur le centre fonctionnel. RÉSULTATS.La pièce de résection cryoconservée a été mesurée en laboratoire afin de montrer que le centre fonctionnel de la rotule ne correspond pas au centre théorique de la coupe mais est toujours décalé médialement d’une valeur moyenne de 9,3 mm (mini 5,5 maxi 12,0) et vers la partie craniale d’une valeur moyenne de 1,1 mm (mini 0 maxi 3,5). La fréquence des ressauts dans la première série (N = 129) est de 15 cas soit une fréquence de 11,6 %. Dans la deuxième série (N = 123) la fré- quence est de 2 soit une fréquence de 1,6 %. DISCUSSION. Le centre fonctionnel de la rotule au cours d’une arthroplastie du genou resurfacant la fémoro-patellaire et utilisant un médaillon symétrique est le repère obligatoire de positionnement. Cette étude montre que ce centre est toujours déplacé de façon significative médialement et légèrement en position craniale. À partir de cette étude, les auteurs proposent un ancillaire spécifique permettant de positionner anatomique- ment les médaillons rotuliens, améliorant la cinétique fémoro- patellaire et diminuant la fréquence des ressauts. CONCLUSION. Les auteurs mènent actuellement une étude prospective prenant en compte l’épaisseur de la résection rotu- lienne et une étude prenant en compte le centre fonctionnel de la trochlée. 14 La précision des coupes osseuses dans la chirurgie classique des prothèses du genou : à propos de 300 cas consécutifs de prothèses INNEX J.-L. LERAT INTRODUCTION. À l’heure où la chirurgie des prothèses totales du genou peut être assistée par ordinateur, il est important que se multiplient les études comparatives afin de connaître la précision supplémentaire que sera susceptible de nous apporter la « navigation ». Il est entendu que les conclusions de telles étu- des, dont celle-ci, ne s’appliquent qu’à une prothèse et à un matériel ancillaire donnés et à l’opérateur concerné. MÉTHODES. Une série continue de 300 prothèses du genou placées par le même opérateur a été étudiée après 2 mois, avec une télégonométrie debout, une radiographie de profil afin de mesurer le positionnement des implants de face et de profil et un défilé fémoro-patellaire à 30°. De face, les implants sont mesu-

14 - La précision des coupes osseuses dans la chirurgie classique des prothèses du genou : à propos de 300 cas consécutifs de prothèses INNEX

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RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE LA HANCHE ET DU GENOU (SFHG) 487

12 Problèmes relatifs au remplace-ment d’éléments de prothèsesmodulaires qui ne sont plus fabri-quées

R. PETIT

La modularité des implants de hanche et de genou a été adop-tée avec enthousiasme par les chirurgiens orthopédistes. Elleaméliorait les conditions de réalisation technique des arthroplas-ties en permettant de mieux adapter les implants aux conditionsanatomiques. Elle offrait la possibilité rassurante de limiter unereprise potentielle aux éléments détériorés par l’usure, particuliè-rement les implants portant la surface articulaire. L’évolution desimplants entraîna malheureusement l’abandon ou pour le moinsla modification de leur fabrication. Le chirurgien se voit doncobligé d’imposer à des patients qui ont vieilli depuis l’implanta-tion initiale une reprise bipolaire rendue parfois difficile par lastabilité de l’interface os/implant. L’échange d’une tête fémoralepose parfois le problème d’un calibre particulier. Les difficultésrésident surtout dans les caractéristiques du cône morse qui figu-rent exceptionnellement dans les comptes-rendus opératoires.Leur identification précise est bien entendu indispensable. Lesentreprises conservent des stocks et l’on peut en général trouverla bille fémorale métallique adaptée. Les inserts en polyéthylèneobsolescents posent plusieurs problèmes :

— La durée de la conservation en atmosphère est limitée parleur détérioration par oxydation. La conservation à long terme de-mande un conditionnement difficile à réaliser pour un stock con-séquent et peu exploité.

— Les modifications apportées au mode de fixation sur leurembase métallique multiplient le nombre de pièces à conserver etrendent nécessaires l’identification précise de l’implant initial.

— Les comptes-rendus opératoires ne donnent pas toujours lataille des implants posés.

Il faut donc fabriquer un implant sur les plans de l’époquelorsqu’ils sont encore disponibles, ce qui n’est pas toujours lecas. Cette fabrication à l’unité pose de toute évidence un pro-blème à l’industriel et représente un coût largement supérieur àcelui de la fabrication en série. Aucune disposition réglementairen’oblige les entreprises à fournir des éléments d’implants articu-laires dont la fabrication est abandonnée. Les demandes ontcependant été prises en considération très courtoise, sans parvenirsystématiquement à la fourniture du matériel adapté. La factura-tion a respecté le T.I.P.S. après un peu d’insistance, mais l’hypo-thèse d’une demande de prise en charge au tarif des implants surmesure a été évoquée. Ces échanges d’éléments de prothèses arti-culaires obsolètes seront de plus en plus nombreux, raison pourlaquelle il serait utile de déterminer avec les fabricants les limitesainsi que les conditions financières de leur remplacement.

13 Étude in vitro du centre fonctionnelde la rotule : positionnement dumédaillon rotulien dans les arthro-plasties du genou

J.-L. PRUDHON

INTRODUCTION. Les complications rotuliennes sont excep-tionnelles dans le système d’arthroplastie du genou GALICA.Par contre il a été observé des ressauts rotuliens, disparaissant

après 6 à 8 mois post opératoires. Reprenant les recommanda-tions de K. Krackow et de A. Hofmann, les auteurs ont étudié laposition du centre « fonctionnel » de la rotule.

MATÉRIEL ET MÉTHODE. 60 pièces de résection rotulien-nes cryoconservées ont été étudiés en laboratoire. Le centrefonctionnel de la rotule est déterminé en per-opératoire et repéréà l’aide d’un perçage à la mèche de 3,2 mm. Ce repère est utilisépour positionner le médaillon rotulien symétrique en chapeaumexicain du système GALICA. Différents paramètres algébri-ques sont étudiés in vitro pour analyser le positionnement ducentre fonctionnel par rapport au centre théorique de la coupe.Une série comparable de prothèses GALICA conservant et sacri-fiant le LCP a été analysée avec un positionnement standard etun positionnement axé sur le centre fonctionnel.

RÉSULTATS. La pièce de résection cryoconservée a étémesurée en laboratoire afin de montrer que le centre fonctionnelde la rotule ne correspond pas au centre théorique de la coupemais est toujours décalé médialement d’une valeur moyenne de9,3 mm (mini 5,5 maxi 12,0) et vers la partie craniale d’unevaleur moyenne de 1,1 mm (mini 0 maxi 3,5). La fréquence desressauts dans la première série (N = 129) est de 15 cas soit unefréquence de 11,6 %. Dans la deuxième série (N = 123) la fré-quence est de 2 soit une fréquence de 1,6 %.

DISCUSSION. Le centre fonctionnel de la rotule au coursd’une arthroplastie du genou resurfacant la fémoro-patellaire etutilisant un médaillon symétrique est le repère obligatoire depositionnement. Cette étude montre que ce centre est toujoursdéplacé de façon significative médialement et légèrement enposition craniale. À partir de cette étude, les auteurs proposentun ancillaire spécifique permettant de positionner anatomique-ment les médaillons rotuliens, améliorant la cinétique fémoro-patellaire et diminuant la fréquence des ressauts.

CONCLUSION. Les auteurs mènent actuellement une étudeprospective prenant en compte l’épaisseur de la résection rotu-lienne et une étude prenant en compte le centre fonctionnel de latrochlée.

14 La précision des coupes osseusesdans la chirurgie classique desprothèses du genou : à propos de300 cas consécutifs de prothèsesINNEX

J.-L. LERAT

INTRODUCTION. À l’heure où la chirurgie des prothèsestotales du genou peut être assistée par ordinateur, il est importantque se multiplient les études comparatives afin de connaître laprécision supplémentaire que sera susceptible de nous apporterla « navigation ». Il est entendu que les conclusions de telles étu-des, dont celle-ci, ne s’appliquent qu’à une prothèse et à unmatériel ancillaire donnés et à l’opérateur concerné.

MÉTHODES. Une série continue de 300 prothèses du genouplacées par le même opérateur a été étudiée après 2 mois, avecune télégonométrie debout, une radiographie de profil afin demesurer le positionnement des implants de face et de profil et undéfilé fémoro-patellaire à 30°. De face, les implants sont mesu-

488 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE LA HANCHE ET DU GENOU (SFHG)

rés par rapport aux axes mécaniques du fémur (F) et du tibia (T).De profil, l’inclinaison de l’implant tibial (PDT) est mesurée parrapport à l’axe du tibia dans sa moitié supérieure. L’inclinaisonde l’implant fémoral (PDF) est calculée par rapport à l’axe dufémur distal. Tous les patients ont été revus.

RÉSULTATS. Il y avait 248 genu varum et 52 genu valgum(dont 16 après ostéotomie). L’âge moyen était de 72 ± 8 ans.L’angle HKA post-opératoire moyen était de 179,4° ± 2,4. HKAétait compris dans une fourchette de 2 degrés de part et d’autredes 180° idéaux pour 213 genoux et pour 271 dans une four-chette de 3° (90,3 pour cent). L’angle F (90,l° ± 1,3) était com-pris dans une fourchette de 3° pour 290 cas. L’angle T(89,3° ± 1,5) était compris dans une fourchette de 3° pour237 cas. L’angle PDF était de 89° ± 2 (fourchette de 3° pour260). L’angle PDT : 87° ± 2 (fourchette de 3° pour 283 cas). 158

de ces genoux ont été remesurés après un an avec les mêmesrésultats. La rotule était centrée pour 276 genoux (92 %) etexcentrée de 2 à 6 mm pour 24 genoux. La durée opératoiremoyenne était de 88 mn ± 23 avec 93 opérations durant moins de70 mn (temps majoré pour 42 reprises d’ostéotomies et8 reprises de prothèses).

DISCUSSION. Chaque coupe considérée isolément était faiteavec une précision moyenne satisfaisante et un écart-type faible,mais certaines erreurs isolées étaient parfois importantes (5°) etsurprenantes et on a l’impression que ce sont ces erreurs là quipourraient être évitées par la navigation.

CONCLUSION. La précision des coupes osseuses dans cettesérie semble satisfaisante mais il sera intéressant d’évaluer lesprogrès que nous pourrons faire avec la chirurgie assistée parordinateur.