Dcembre printanier. Tout Paris achte des jouets.Le rveillon de Nol . L_a trve des confiseur

et le ministre Paul- Boncour.

Les deux vedettes : Paul-Boncour et Chron.

Paris, le 29 dcembre 1932.Dep uis des semaines nous jouissions, en ce

mois de dcembre 1932, d'un temp s p rintanier.Il tait bien diff icile de se f igurer que Nol tait la p orte en voyant les j ournes ensoleillesse succder et l'on se demandait ce que Parisp ouvait envier Nice p uisque l'air v tait d'unedouceur telle que l'on devait p artout, dans lesbureaux comme dans les app artements. OVOtrles f entres grandes ouvertes, le chauff ag ecentral nous gr atif iant d'une temp rature d'-tuve. Le matin de Nol , p ar contre, ce f ut ceque le p ublic p arisien app elle la p ure depo is , la brume si p aisse et si sombre quela vie de la cap itale f u t p resque susp endue, lacirculation tant imp ossible et les rues, 10heures du matin, devant tre claires commeen p leine nuit. C'tait la ranon des semainesde soleil. Tout se p aie.

On a rveillonn en cette nuit de veille deNol f ort j oy eusement. On note p artout unediminution des p rix des grands restaurants. Lacrainte de voir leurs tables rester vides avaitincit les restaurat eurs tre moins exigeants.Malgr la crise, nombreux f urent ceux aui res-p ectrent les trois actes d'une veille de Nolbien p arisienne : la soire traditionnelle p asseau thtre ou au cinma, p uis la messe de mi-nuit dans une des grandes glises de la cap i-tale (la Madeleine, Saint-Gervais, Saint-Sulp ice,Notre-Dame n'avaient, dep uis p lusieurs semai-nes, p lus une chaise disponible, tout ay ant tretenu par des f idles, pas touj ours trs f i-dles) et enf in le soup er du rveillon dans untablissement de Montmartre, Montp arnasse ou,dep uis quelques annes, du quartier desChamp s-Elyses.

Les trangers tant devenus rares Paris,ce sont les Parisiens qui rveillonnrent p ourdes p rix variant de 80 175 f rancs. Nous som-mes loin des annes d'inf lation, alors qu'auxChamp s-Elyses un restaurant de sup er-luxese propo sait d 'imp oser un p rix f ixe de 1000Irancs p ar tte pour que le client p t comman-der tout ce qui lui p lairait.

U y a quelques j ouis, au dj euner de laPresse latine que prs idait le snateur Henri&e Jouvenel , M. Maurice de Walef ie. secrtairegnral de ce vaste groupement de j ournalis-tes, nous numrait les vides causs par lacrise, dans les riches et nombreuses coloniessud-amricaines de Paris, qui ont p erdu lestrois (f mrts de leurs ef f ect if s . La diminution desrevenu^,, la vie terriblement chre de Paris, les'mp ts exorbitants dont sont f rapp s trangersv,. p ranf< ^s, ont oblig Brsiliens, Argentins,vnzuliens ou Pruviens repartir nour leurPatrie et la vie mondaine de Paris se ressentde ces absences.

* *Partout, p ar rapport Nol dernier, les p rixont baiss et les magasins d'alimentation f u-rent envahis Le Champagn e, qui clbre en cetnoi& de dcembre son deux cent cinquantime

anniversaire, a lait une camp agne de propa-gande qui p roduit son ef f e t : le vin gai etmousseux des coteaux de Reims. d'Aza oud Epurnay va p tiller dans les verres de beau-coup de f amilles f ranaises qui voudront pr o-f i ter des prix sp ciaux actuels p our f terj oy eusement l'an nouveau.Chose trange et dif iicilement exp licable, lesgrands magasins, ainsi que les boutiques sp -^memcnt consacres aux j ouets sont unanimes.

reconnatre que Nol 1932 a battu tous lesrecords de vente de j ouets p our enf ants. Ja-mais on n'a tant vendu Paris de p oup es, detous pr ix et de tous genres, dep uis les modes-tes ttes de p orcelaine ou de carton, f aites ensries et habilles grossirement de cretonnesf leuries, j usqu'aux sompt ueuses p ouies auxttes soigneusement moules, aux corps articu-ls, richement habilles et chap eautes, quif aisaient dire navement une p etite Neu-chateloise qui s'tait vue gratif ie d'une de cesgrandes et sp lendides p oup es sty le Pomp a-dour : Pourquoi, p ap a, est-ce que cette dame,elle est devenue p oup e ?

Les j ouets mcaniques, les botes de cons-tructions mtalliques, les chemins de f e r lec-triques, les soldats de p lomb accomp agns deleurs avions, tanks et canons ont ralis deschiff res de vente tels que certains marchandsde j ouets ont d, p ar rapport Nol 1931, tri-p ler le nombre de leurs vendeurs. Le directeurd'une des premires f abriques de j eux de Franceme disait, hier, qu'il tait dans l'incap acit ab-solue, ses stocks tant p uiss et ses ouvrierssurmens, de livrer en temps voulu toutes lescommandes qui ont af f l u dep uis quelques se-maines.

Nul n'avait prvu cette af f luence d'acheteurset l'on p eut se demander si ce n'est p as l unbon p rsage de f i n de crise.

# On a souvent rp t, en France, que la crise

tait surtout d'ordre moral. L'argent regorgedans les bas de laine (on af f i r m e que les p ay-sans ont 58 milliards d'pargne chez eux) ,mais personne n'a assez de conf iance nour p la-cer son argent dans le commerce, l'industrie eten valeurs mobilires. On s'attendait Plutt voir les p arents donner, cette anne, leursenf ants des cadeaux utilitaires, qui sont accep -ts p ar les p etits avec un merci dit re-gret, le cur gros en songeant aux j ouets con-voits. Les Parisiens ont d songer que l'p o-que des soucis viendrait toujours assez tt p ourles enf anls qui ne demandent quf j ouer et rire. En leur donnant, en ce Nol 1932. de laj oie, ils ont f ai t p reuve d'op timisme et de con-f iance en l'avenir et c'est certainement un bonsigne de sant morale du p ay s.

3 f . 3 f . f f .

Comme trennes, M. Paul-Boncour a reu laPrsidence du Conseil et c'est bien l. ie dirai

le cadeau pour ne pas dire le hochet ,qu'il convoitait dep uis bien des annes. Toutesa vie politi que convergeait vers ce but : trechef du gouvernement. Il y p arvient ap rs avoirgravi les divers chelons de la hirarchie p oli-tique f ranaise. Il devint socialiste p our retrou-ver son sige de dp ut, p erdu en 1914. pui s ilabandonna ce parti au moment o il j ugea quela thse de la participation au p ouvoir du p artiS. F. 1. 0. n'avait p as de chances d'tre admiseavant longtemps par les militants socialistes.Il a ensuite quitt la Chambre des dp uts p ourle Snat et a ainsi pu viter de voter p our oucontre le p aiement de la dette l'Amrique, nemanif estant pa s une seule f o i s durant la f a-meuse nuit dramatique que j e vous ai conte etqui vit la chute du cabinet Herriot, ce qu'il pen-sait ce suje t et quelle attitude il avait adap te.

Ce silence, et la chance d'tre" snateur aulieu de dput , lui a valu la mission de f ormerle gouvernement.

JeudUaernier la Chambre, qui lui vota sa con-f iance, tait aussi terne, 'morne et dsabusequ'elle tait vibrante lors de la sance de qua-torze heures qui aboutit au ref u s de p aiement.Il semblait que tout le monde, de la droite lagauche, n'avait qu'une p ense : gagner du temps

laisser s'couler la trve des conf iseurs .Les avis ne dif f rent, en ce qui concerne le

p eu de chances de durer du cabinet Paul-Bon-cour, que p our le nombre de semaines qui luirestent vivre. Pour les uns, il ne survivra p as la rentre de j anvier, po ur les autres il tom-bera au moment o M. Chron demandera levote du deuxime douzime pr ovisoire. Ce der-nier contiendra, en ef f e t , le p remier p roj et derorganisation f inancire et, selon toutes p ro-babilits, les socialistes ne p ourront l'admettre.S'ils accept aient nanmoins de voter les rf or-ms f inancires prop oses p ar le gouvernement,c'est qu'elles seraient telles que le Snat, trsinquiet actuellement de la tendance socialisanteque M. Lon Blum cherche imp oser la p o-litique gouvernementale, ne p ourrait les rati-f ier .

Beaucoup p lus que le discours assez f aible du-X 'i iWdcnt du Conseil rp ondant, j eudi, aux in-terpellteurs, le discours de M. Lon Blum a euune importance po litique qu'il imp orte de re-lever , car il est la pr euve des divergences devues p rof ondes existant entre le chef socia-liste et M. Edouard Herriot. Le p rsident d'hieret de demain n'a p as cach sa mauvaise hu-meur des p aroles de celui qu'il app elait en 1924son cher Blum . Auj ourd'hui, si les p artis na-tionaux modrs ne maniaient p as la g af f e avecune telle maestria, on serait bien p rs de laconcentration qui p ermettra seule la Franced'avoir enf in un gouvernement stable, cap ablede rtablir l'ordre dans les f inances et de ren-dre conf iance au p ay s.

Robert VAUCHER.

Lettre de Paris

1L\ SHJ IISS1E 1EW 4Q52Une anne le crise

Autrefois, sur les bancs de l'cole, nous ap-prenions le songe de Pharaon et l'explicationqu 'en donna Joseph , sans nous douter que l'his-toire n'est qu 'un ternel recommencement. C'estce qui nous aidera sans doute supporter unecrise telle que , rarement , les gnrations prc-dentes la vcurent. Touchons-nous maintenantau creux maximum de la courbe? Ou bien se-rons-nous prcipits encore plus bas? La dured'une anne compte peu en regard d'un boule-versement si grand. Et la vie humaine est tropcourte vis--vis d'une semblable preuve.

Actions le secours varies

Aide l'agriculture , aide l'industrie, aide l'htellerie, aide aux banques... Et le chmagequi rend des milliers et des milliers de bras bal-lants, demande aussi imprieusement l'aide del'Etat.

Notre agriculture n'a plus ses dbouchs l'tranger. L'exportation du btail d'levage, ja-dis source importante, est arrte oar les mu-railles de Chine protectionnistes que les nationslvent leurs frontires et par le taux des de-vises trangres. Arrte aussi l'exportation desfromages , ce qui amne la baisse catastrophiquedu prix du lait. Aussi, les Chambres ont-elles

.. entrepris par une action de secours directe etindirecte par l'aide aux producteurs de lait

Tous sont frapps!

Le vignoble a vu des vendanges irrgulires.Par endroits, trop rares hlas ! la coltefut satisfaisante, ailleurs elle fut dficitaire, voi-re nulle. Les maladies firent beaucoup de mal.Les orages de grle ont ravag certaines r-gions qui n'avaient pas pay leur tribut aux pa-rasites, surtout une partie de cette superbe con-

tre de Lavaux, o la grle, en un quart d'heu-re, causa plus d'un million de dgts. Les prixdu vin furent levs au cours des tractationssur la nouvelle rcolte.

L'industrie souffre comme elle n'a j amais souf-fert. Et cela pour les mmes causes que cellesindiques plus haut , dont souffre l'agriculture.

'A ct des actions de secours gnrales, sousforme de travaux de chmage et d'allocationsaux chmeurs, il a faliu crer des actions sp-ciales, pour l'horlogerie et pour la broderie.

Quant l'htellerie , elle continue se dbat-tre. La baisse de la livre anglaise n'est pointfaite pour lui redonner de l'impulsion.

La situation de nos chemins de fer est inextri-cable. Aux G. F. F., un dficit de 40 millions estvenu s'aj outer ceux d.' existants. Ils requi-rent le secours de la Confdration , et cela aus-si bien les C F. F. que les chemins de fer pri-vs.

Ce au'oot fait les Cb&n-jbres fdrales

C'est dire que l'activit des Chambres fdra-les fut accapare presque entirement par desquestions conomiques. Elle le fut aussi par leprobl me financier. Restreindre les dpenses,tel fut le mot d'ordre. Aussi chercha-t-on di-minuer toutes les subventions budgtaires pour1933, ce qui , naturellement, n'alla pas tout seul.On dcida galement une diminution du bud-get militaire.

Aprs de longs dbats, les Chambres votrentla radaptation des traitements sur une, rduc-tion de 7 1/2 pour cent , applicable depuis le lerj uillet 1933. Les allocations de rsidence ne sontpas touches; celles pour charges de famillebnficient d'une compensation. La clause rf-rendaire sera sans doute utilise.

(Voir la suite en deuxime f euille J

Les carrires fminines

Mlle Basdevant, f i l le du j urisconsulte du Mi 'nistre f ranais des Af f a i r e s trangres, est la

premire f emme agrge de droit p ublic....m:.........,........ *, ...................... ..................m.

b Jj triij aj >ant

Un savant amricain vient de trouver le moyende sauver le monde de la crise et du chaos.

Ce moyen ?Ce serait d'adopter un nouvel talon montaire :

le dollar lectrique...Le dollar lectrique ?Vous vous demandez peut-tre comment vous

rangeriez cela sans secousse dans votre porte-monnaie. Eh bien c'est, parat-il , tout simple. Ledollar lectrique ne serait ni en tincelle, ni enfluide (l' argent et l'or ne l'taient que trop 0, nimme en capsule ferme. Ce serait un dollarcomme un autre, c'est--dire en papier, dont lesrserves d'nergie lectrique existant dans le paysgarantiraient l'mission. Un dollar lectrique vau-drait 40 kilowattheures. Et naturellement cesmissions lectriques seraient suiettes un cer-tain plafond , qui irait trs haut en Suisse puisquenous sommes le pays proportionnellement le plusriche en houille blanche et le plus fertile en cas-cades.

Fini donc le rgne de l'or, qui a sur la cons-cience assez de misres, de dtresses et de ruines I

Fini le rgne de l'argent !Quand on poserait la question : Pour tre

heureux que faut-il ? 11 n'y aurait plus qu' r-pondre : Un peu de kilowattheures...

Est-ce que tu crois que la question desdettes ne leur tape pas un peu sur le systme, auxAmricains ? m'a demand le taupier. Ils nousont pourtant fourr sur le dos suf fisammentde machins et de trucs lectriques : la musiquelectrique , l'amour lectrique, le dmarrage lec-trique (en fauteuil) , sans parler de la brosselectrique (pour les crances franaises) . Et voi-l qu'ils parlent encore de galvaniser la monnaie l'lectricit. Non ! pas de a 1 Pas de dollarfluide ni de monnaie kilowatte. Les talonsrputs les plus solides dgringolent di la pre-mire secousse. Qu'est-ce que ce serait auand ilsauraient toutes les centrales lectriques com-me soutien. Sans compter que les grosses fortunesdeviendraient des bassins d'accumulation et queles employs du fisc risquerai-tait d'tre foudroysds qu 'ils mettraient la main sur la conduite hautetension. Coupe l'interrupteur et laisse le dollarlectriqiue dans l'obscurit ! Mme si l'lectricit1animatrice des machines et clairant le monde estl'image fidle de la socit contemporaine, ce n'estpas un encouragement la mettre en vignettesou en ronds de nickel. Elle a fait assez de malen remplaant les hommes aux ateliers pour rem-placer encore le noble mtal dfaillant...

J'allais donner raison au taupier, Iorst-jue lebrave snateur ajouta :

Dis donc, mon vieux. Et si c'tait uri trucdes Amricains pour nous rafler notre or et nousdonner en change des fils de cuivre ? Ce neserait pas la premire fois que les prophtes dukilowatt nous passeraient dans les cheveux unpeigne lectrique cependant que l'occasion-or, gr-ce eux, nous passe sous le nez !

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Pour redresser la vieille maisonPropos d'un optimiste

Ceux qu 'il faut regarder auj ourd'hui , ce sontles courageux qui prparent l'anne. Ce paysanlent qui mne son gr, sous la bruine et partes chemins de boue, le fumier qui double, la r-colte. Cet autre paysan qui rentre le bois du'prochain hiver l'autre! Ce chef d'industrie-qui s'occupe d'organiser pour le printemps, sonservice commercial et sa publicit: il en sortirades ventes, du travail , de l'espoir.Tous ces hom-mes ne se laissent pas conduire par l'esprit dela catastrophe, qui paralyse tant de nos sem-blables. Mme le dfaitisme courant ne les a paseffleurs. Une confiance obscure , mais qui netrompe pas , leur reste dans .les destins de l'hom-me, de la socit, de la civilisation.

Ceux-l sont les vrais optimistes et peut-tre ne le savent-ils pas eux-mmes. Ils suiventle sillon que l'exemple paternel , le devoir ^

ac-cept, la ncessit toute simple de persvrerleur ont trac. Et peut-tre , s'ils savent encoresourire, se rappellent-ils la prophtie lugubre decertains j ournaux parisiens, il y a un an: Cerveillon qui vient , ce sera le dernier! Il fautcroire que non , puisque 1932 s'est pass, tantbien que mal , tant mal que bisn. Ceux qui gar-dent le got amer de la catastrophe ne manque-ront pas de nous prdire que ce prochain R-veillon, celui qui s'approche , ce sera le dernier.Sans que nous perdions du regard les nuagesamasss sur nous, gardons la tte haute etles yeux bien ouverts. Pas plus l'attitude deGribouille qui se prcipite dans la mare, ttebaisse, que l'attitude du philosophe qui se pro-menait, le nez en l'air, et s'en vint choir -dansun puits qu 'il n'avait pas aperu.

* * *' Les nuages. Il convient de les suivre du re-gard, pour mieux se prparer un abri , s'ils cla-tent en pluie. Il n'est pas indispensable de selaisser hypnotiser par eux. Et ceux qui couvrentl'horizon de 1933 sont de genre divers.

I! y a, bien entendu , la crise . Des fronti-res qui se sont fermes, l'instabi it des traiteset des tarifs , la dfection de la clientle mon-diale, les ventes plus rares et le chmage accru.Cette crise, difficile pntrer , malaise sur-monter, elle est peut-tre la prface obscured'un monde nouyeau. Il n'appartient aucun denous de la surmonter. Mais, avec une dose nor-male d'intelligence,- de souplesse, de bonne vo-lont, chacun de nous en peut carter certainseffets : il suffirait dj de ne point thsauriseret de consommer, au contraire , ceux de nos pro-duits nationaux qui sont le fond de notre cono-mie suisse, ceux qui font vivre le pays. Mai-,derrire cette crise des affaires, il en est deplus profondes , comme ces nuages opaquesdresss par-dessus nos montagnes , au soir desj ournes trop chaudes. Une crise de l'intelligen-ce, gare par l'utopie h-uman-taire, une crisede l'me, touffe par un matrialisme, une illu-sion du progrs , une accoutumance aux grosrendements, dont il faudra bien nous dgager,si nous voulons tre sauvs. Cette crise des es-prits, cette crise de l'me expliquent que tantde ibraves gens, incapables de voir clair en eux-mmes et dans le train du monde, se dcoura-gent et sombrent dans un fatalisme qui peuttre mortel la patrie et la civilisation. Inca-pables de se redresser , ils seront la proie desforces mauvaises qui agissent en eux et autourd'eux. Bien plus que la crise des affaires , cedsarroi des esprits est le grand pril de l'he'ireprsente. Nous n'entreverrons pas les tempsmeilleurs, si nous ne l'avons d'abord cart. Blce dsordre qui nous envahit et menace nosconsciences, nos biens, notre vie , ce dsordreest d'autant plus grave qu 'il ne s'exprime pas,comme il arriva la veille d'autres rvolutions ,par tes revendications d'une partie du peuple,tenue l'cart des affaires publiques , -ou d'uneclasse de travailleurs conduite trop durementpar une oligarchie de privilgis. C'est le dsor-dre l'tat pur. Dmoniaque dans son essence,le bolchvisme qui nous envahit et celui-l s'attaque aux mes comme la socit n'est qu 'un effroyable apptit de la destruct ion.Loin qu 'il en puisse sortir un ordre nouveau , iln'engendrera , s'il triomphe , qu'un long dsordreet une ruine universelle.

Contre ce bolchvisme, qui n'a rien de com-mun avec les lgitimes revendications du mon-de ouvrier, ceux qui ont gard te sens de la di-gnit humaine , et tous ceux-l, quelle que soitla couleur de leur tiquette po 'iti que ou con-fessionnelle , doivent s'unir. Plus tard , on re-cherchera les responsabilits. Pour l'heure , lamaison commence de brler ; plutt que de dis-cuter et de disputer , commenons par toufferle feu. Et puissions-nous redresser cette so-cit , qui est la maison de tous, et dont tantd'erreurs accumules ont fissur les murs et lesont fait pencher dangereusement.

* # A ce redressement , il faut appeler tous les

braves gens; il n 'est plus ici de caste, de clas-se, d'origines, de richesses, ou encore des deuxcts de la barricade. Si le salut nous est don-n, il sera pour tout le peup le , selon la magni-fique promesse de l'Evangile. Pour tout le peu-ple des braves gens que l'incertitude des temps,le dsarroi des esprits, n'ont pas dtourn detravailler , d'lever une famille , de vivre sanshonte dans la modration. Pour tout ce peuple,qui est lgion, demeur fidle la simplicit un

*peu rude des aeux. Pour tous ces paysans qui Ine craignent pas de se salir les mains , pour tousces ouvriers qui font en conscience leur tch e,ces artisans encore amoureux de leur beau m- ;tier il en reste et pour tous ceux qui , de leurs bras et de leurs cerveaux , prennent leurpart d'un labeur qui les a prcds et qui leursurvivra. A tous- ceux-l , il fa ut rendre le sens--religieux de la vie: une foi , un devoir et des 'droits , une patrie. A ct de tout le bien qu 'ilsont apport , ceux qui dirigrent le pays se sontparfois tromps. Une dmocratie mal comprise !a engendr , et l, une dmagogie des pas- !sions et des intrts. Un sentiment helvti que jmal inspir a entran une centralisation dontles excs sont manifestes. Quel que soit le m- 1rite de notre corps de fonctionnaires , il ne fau- .drait pas que notre rpublique dgnrt en bu- jreaucratie. Ce qui redressera le pays, avide de :se sentir gouvern et non simplement admnas- |tr , c'est un quilibre restaur entre les liber- jts personnelles , professionnelles , corporatives Jet l'autorit de l'Etat, gardien permanent de jla nation. Ainsi peut renatre une Patrie, res- .pecte, aime une patrie pour tout le peuple , j

Sera-ce le don gnreux de 1933? Sera-t-elle ,cette anne au seuil obscur , la pacificatrice, larestauratrice? Comme nos pres ne rougis-saient pas de dire : Dieu te veuille!

Pierre DESLANDES.

LA SIU IISSE EN 11*952-Js^t -HE-erci .' '- .".i crise

(Suite)

Le rgime du bl est maintenant dfinitif. Jus-qu 'ici il n'tait que provisoire. L'agriculteur duPlateau suisse peut ainsi compter sur une ren-tabilit stable. Malgr ce rgime, le pain co-te encore en tenant compte des diffrences duchange , cela va sans dire, moins cher qu 'ai!- ,leurs.

Les Chambres ont mis sur pied la loi rsul-tant de la modification de l'article consclution-nel sur l'alcool. Cela amnera la caisse fd- ;raie des sommes importantes. Vu la situation denos finances, on est en train de se demandersi une certaine part de l'imposition de l'alcoolet du tabac ne peut pas tre affecte d'au-tres buts que ceux prvus par l'article consti-tutionnels. L'chec de la loi sur l'assurance-vieillesse et survivants a amen un comit d'ini-tiative proposer un article sur l'aide imm-diate cette catgorie de deshrits. Aprs unesrie de pourparlers, te Conseil fdral a dci-d d'opposer ce proj et un contre-proj et au-quel les auteurs de l'initiative se rallieront.

L'initiative d'un impt fdral dit impt decrise est lance. Ses auteurs profitent de la dis-parition de l'impt fdral de guerre. Mais ce-lui-ci s'appliquait un organisme conomiqueen pleine production , tandis que l'impt de cri-se accentue de faon incroyable certaines dis-positions qui , par surcrot , vont frapper uneconomie prive qui se dbat grand peinecontre une issue fatale.

Pour parer aux aventures de ces temps anor-maux , les Chambres fdrales ont dcid lacration d'une Caisse fdrale de prts, desti-ne faciliter la liquidation du capital des ta-blissements bancaires.

On en revient _u troc

Il a fallu, pour les changes commerciaux, enrevenir, sur certains points, un systme decompensations qui rappelle de faon frappantete troc, premier pas de l'humanit dans la voiedu commerce. Et, puisque nous en sommes audomaine des relation s internationales, constatonsque la Cour de La Hay e a, par 6 voix contre 5,donn raison la Suisse dans le litige qui ladivisait avec la France sur la question des zo-nes. Un arrangement entre pays est rserv auxtermes du jugement. Nous ne sommes pas en-core au bout de cette pineuse affaire...

Les turbule nts

Les lments italiens rfugis ou fixs dansle Tessin donnent touj ours du fil retordre nos autorits; les violations de frontire conti-nuent figurer dans tes faits du j our. Nous yserions presque habitus, s'il ne s'agissa 't pas lde notre dignit nationale et du respect intan-gible de notre territoire.

Les troubles de Genve, de Zurich, de Lau-sanne et d'ailleurs ont amen enfin ies parle-ments demander une lgislation plus svrepour assurer la scurit de nos institutions etde nos concitoyens. Des adversaire s convaincusde la loi Haeber in contre les menes rvolution-naires , en 1923, adversaires recruts dans lesmilieux bourgeois sont revenus rsipiscenceet figurent auj ourd'hui parmi ceux qui rcla-ment avec le plus d'nergie.

On a salu avec satisfaction la dcision duConseil fdral aux termes de laquelle les coin-;'unistes sont exclus du service de la Confd-ration et des chemins de fer. A quand leur ex-clusion des coles o ils poursuivent commepdagogues leur dangereuse propagande ?

I/Att QUI VIENTVorll

Le monde finira-t-il en 1933 ? Les voyantesne l'ont point annonc. Elles nous ont bien par de catastrophes, car, pour que les prvisions dece genre soient prises au srieux, il faut , c'estbien connu , qu'elles aient leur part de tragique.Donc, si nous n'avons point de comte, ce quiest fcheux pour le vin , nous verrons, du moins,la srie habituelle des tremblements de terre,des ruptions volcaniques et. des ' inondations.Qrand merci !

Deux hommes d'Etat considrables ferontparler d'eux. Si l'on prend le mot la lettre, ilconvient de penser que l'un est M. Chron, etcela n 'aura rien de surprenant surtout pour tecontribuable... Il y aura, bien entendu , la rvo-lution en Amrique du Sud et la guerre en Chi-ne; mais peut-tre n'est-il pas ncessaire d'treextra-lucide pour nous annoncer ces vne-ments.

L'anne commenant un dimanche, la Saint- jSylvestre tombera automatiquement te mme ,j our. Le mardi-gras, qui tait le 9 fvrier en1932, se placera te 28 de ce mois en 1933, cequi sera une bonne fortune pour tes amis desmascarades, non pas tant parce que la temp-rature de cette date recule leur permettra dej ouir d'un carnaval plus clment, mais parce quela Mi-Carme sera te 23 mars, c'est--dire une poque o le soleil peut figurer au program-me des ftes populaires.

Pques, le 16 avri l, nous apportera le prin-temps et les premires fleurs. Mais que les genssuperstitieux s'pouvantent : 1933 compte deuxvendredis 13, en j anvier et en octobre. Ces'ours-l, les routes seront moins encombresqu' la normale et l'on trouvera place dans les

lieux publics. N'est-il pas des peureux qui re-doutent cette association d'un j our et d'un chif-fre soi-disant nfastes au point de rester chez.eux, o ils courent , au surplus , tout autant dedanger , si dange r il y a ?

Ne sortons pas de la question des congs sansgna'er que le ler j anvier tombant un diman-che, celui de 1934 sera un lundi , ce qui feraJeux j ours de repos. Le 11 novembre , fte de laVictoire , se placera cette anne un samedi et laNol un lundi.

Quel temps fera-t-il en 1933 ? Nous avonsconsult ce sujet les plu s minents mtoro-logistes, mais nous devons reconnatre que le*.:raccord n'est pas parfait , ce qui ne nous sur-prend pas trop. L'un d'eux , celui qui s'est en-tt .durant plusieurs annes rcentes , nousprdire un grand hiver et qui fut si complte-ment dmenti par la temprature , nous annonceprudemment que janvi er sera clment et fvriersvre, ce qui est une transaction raisonnableet doue d'quilibre ; un autre nous affirme quece serait j ustement le contraire. Dans te doutenous prfrons nous abstenir et nous rej etersur les vieux dictons qui trompent moins sou-vent que les hommes. Hlas ! il en est un quidit :

No'l au balconPques au tison !

Or. Nol fut tide, aprs une semaine chaudeet ensoleille. Mfions-nous !...

Marcel FRANCE.

En vue de la confrence du 10 ja nvier sur larduction des heures de travail un rapport duBureau international du travail souligne le faitque , si le chmage mondial est d, certes, enmaj eure partie, la crise conomique, il est,d'autre part, accru par la rapidit avec laquelle ,ces dernires annes, tes progrs techniques ontdiminu la main-d'oeuvre dans l'industrie et l'a-griculture.

C'est ainsi que, dans l'industrie du verre, unemachine desservie par neuf ouvriers remplacede quatre-vingts quatre-vingt-dix ouvrierspour la fabrication des ampoules lectriques etfournit quarante fois plus de rendement. Alorsque le nombre indice, pour la production lamain , est de 100, celui des machines va de 1,453 3,143. En Allemagne de 1925 1929, la produc-tion a augment de 39 % en vitesse par em-ploy.

Pour l'acier fondu, la production a augmentde 50 %. En Grande-Bretagne la production paremploy a augment de 1924 1929 de 26 %dans les mines et de 11 % pour l'ensemble del'industrie. Aux Etats-Unis, de 1919 1927, laprogression de la production par employ a tde 13 % dans le transport, de 41 % dans les mi-nes et de 43 % dans les manufactures.

D'aprs un ingnieur , M. Howard Scott, del'Universit Columbia, la mcanisation de .'in-dustrie a atteint un point tel qu 'en admettant leretour de l'activit au niveau exceptionnel de1929, on ne pourrait remployer que 55 % destravailleurs tombs en chmage.

M. Alfred Mintus, de Berlin , avec son nouvelappareil de radio portatif compos d'une canne laquelle sont runis deux couteurs, ce quilui permet d'entendre les postes metteurs enpiquant l'extrmit de sa canne dans te soi.

Le chmage mondial est accrupar les progrs de la..mcanisation"

Un p oste de T. S. F. dans une canne.

Ce qu'on invente !

Profgcofss um sy^culfenrsPlus de traverses de fer achetes

l'tranger pour nos CF. F.

La P. S. M. nous crit :Le voyageur qui roule commodment dans

nos chemins de fer s'inquit e peu de savoir siles traverses de la voie sont en bois ou en fer,pourvu qu 'elles offrent toute scurit. Mais, au-tour de ces traverses de chemins de fer vientd'clater une petite guerre la suite de la dci-sion prise par les C. F. F. de ne pas acheter cet-te anne de traverses en bois. Cette dcision aprovoqu le mcontentement des sylviculteurssuisses, qui se sentent lss dans leurs intrts.Le march des bois , organe de l'Associationsuisse d'conomie forestire dclare que c'est2n vain qu 'on cherchera chez les chemins de ferfdraux la moindre comprhension pour la syl-viculture indigne. Non seulement notre cheminde fer de l'Etat s'est de tout temps procur l'tranger la plus grande partie de ses traver-ses en fer , toutes prtes , mais il s'efforce en-core visiblement , malgr la situation critique denotre conomie suisse et en dpit des appelstoujours plus pressants en faveur de la cra-tion d'occasions de travail , de supp lanter deplus en plus la traverse en bois indigne auprofit de l'article tranger.

A l'appui de ces dclarations , le j ournal pu-blie les chiffres suivants; en Suisse, le 36,5 pourcent des votes est pos sur des traverses enbois et le 63,5 % sur des traverses en fer , alorsque sur l' ensemble des administrations ferro-viaires europennes, 22 emploient exclusive-ment la traverse en bois et 8 seulement em-ploient en partie la traverse en fer. Sur le r-seau global de l'Europe et des Etats-Unis, ie 99pour cent des voies sont poses sur des traver-ses en bois et le 1% seulement sur des traver-ses en fer. Nos chemins de fer fdraux sontcompltement isols dans la prfrence accor-de de faon partial e la traverse en fer etdans son prj ug l'gard de notre produit na-tional , la traverse en bois.

Ce que les branches de l'industrie et des pro-ducteurs intresss la fabricatio n de la traver-se en bois exigent n'est nullement une subven-tion dguise, pas plus qu 'une tentative de sedcharger de leurs difficult s pour en chargerles chemins de fer fdraux dj dans la gne.Une augmentation des achats de traverses enbois indigne, d'autre part une diminution desachats de traverses trangres en fer reprsen-tent une mesure qui est dans l'intrt bien com-pris des C. F. F. comme des sylviculteurs.

Chronique neuchateloiseLe Locle. Accidents de la circulation.

Corr. Jeudi 15 h., le poste de policetait avis qu 'un side-car tait en flammes la Combe-Girard Toute intervention fut inutileet la machine fut compltemen t dtruite.

Le mme jour , peu avant 17 heures, une vio-lente collision d'automobiles se produisit l'in-tersection des rues H. Grandj ean et Boumot.Les dgts matriels sont assez importants etl'un des conducteurs fut lgrement bless.

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Lausanne, le 29 dcembre.Cette anne ,Nouvel-An concide avec un diman-

che, et pas mal de gens n'y trouveron t pas leurcompte. Mais le deux sera j our fri, puis ledimanche suivant , on ftera dans quelques en-droits ce qu 'on appelle si gentiment le petitNouvel-An . On dansera l' auberge de com-mune, la Couronne , ou dans la grande salle que nos villages construisent de plus en plus.

Il est aussi d'usage, au dbut de j anvier, quela population des campagnes descende en ville,au ttitre ou au cinma. Ce sont l de gaiesparties entre tilles et garons, qu 'on leur accor-de bien. Les programmes sont copieux, palpi-tants et varis. Les acteurs j ouent devan t dessalles combles, sympathiques et communicati-ves. Au retour, comme on a bon coeur, on ach-te la moindre des choses pour ceux oui sontrests ' au village, surtout pour les petits. Lelendemain , on crachera ferme la besogne avecle nouveau domestiqu e, qu 'il s'agit d'initier ceque le Code civil suisse nomme l'ordre de lamaison . L'ordre de la maison, autrement dit ,ce tissu de traditions , d'habitudes , d'expriencesqui varie de domaine domaine , tram sur lecanevas du village, puis de la rgion. Car cha-que domaine a sa rgle, sa bonne rgle, quiassure le travail et la paix. La bonne rgle quivarie comme le caf au lait qu 'en ne trouveidentique dans deux mnages ou l'arme de laso'upe aux pommes de terre. Un de nos grand scrivains nationaux , Gottfried Keller , affirmaitpouvttr dj discerner les qualits et les d-fauts de la matresse de maison rien qu 'en hu-mant le parfum du pot au feu !

* *Tout fait prvoir que le Nouvel-An sera cal-

me. Cette j ourn e a bien chang en terre vau-doise. Les vieux ne s'y reconnatraient pjus.Nous avions : Vs les grand s cortges de bien-faisance, inspirs par les vnements marquantsde l'anne. Pour une fois , les ttes de ligne desgrands partis histori ques d'alors faisaient unetrve qu 'eux-m>m>es eussent sans doute souhaitpins longue et plus frquente. Mais, malgr ladouceur du temp'rament national et cette bon-homie qui est un des ananages du caractrevaudoi s, les troupes ne l'entendaient peut-trep as ainsi. U faut dire qu ' ce moment, les dis-tractions taient infiniment moins frquentesqiu'au.iou'pd''hu-i.- Touj ours est-il que, pour le cor-tge de bienifaisair.ee, on cessait de se chipoter.Le public se montrait Eugne Ruffy et Aloys deMeuron caracolant cte cte, en chefs b-douins ou en mousquetaires de la reine. Les pau-vres ne perdaient rien ce spectacle inusit :les porte-monnaie s'ouvraient et des quteurs,brandissant les entonnoirs aux couleurs fd-rales et cantonales, au bout d'une longue p-erche,venaient . happer les oboles jusqu'aux fentresdes tages suprieurs.

Oui , c'tait le bon temps, celui o la Jeunessedes Croisettes j ouait Guillauime-Tell SUT les pla-ces de la capitale par une cramine terrible quicouvrait de glaons les redoutables moustachesdu bailli Gessler, le temps o la population deCully, pare et costume, entourant des chairsallgioriques, accomplissait pied, par la boueet le grsil , la lieue qui spare la capitale deLavaux de Lutry, chef-lieu du XXlIIme can-ton (comme le veut le dicton vaudois) pourchanter et danser au profit de l'infirmerie. AMoudon, une brillante cavalcade, rappelait l'en-tre dans l'ancienne capitale des Etats de Vaudde la princesse Marguerite de Savoie. dont lesavant M. Ernest Cornaz vient de rarmeler leMariage palatin dans le dernier volume des Mmoires et documents de la Socit d'his-toire de la Suisse romande. De j eunes dragons,en travesti , reprsentaient la douoe princesse etles dames de la cour. A la fin de la j ourne,Marguerite de Savoie et sa suite avaient leurscoiffes de travers et leur perruque sur le nez.Il y avait eu du vent dans les voiles , com-me on dit. L'essentiel, c'est que la recette ftfructueuse pour les malades et les dshrits dela contre.

Le Nouvel-An s'est simmlifi. Oui songeraitdu reste, au j our d'aulourd'hui , des cortgesou des mascarades ? Il n'est pas jusqu'auxbals pars et masqus (ainsi disaient les af-fiches) qui n'aient diminu avec leurs accessoi-res ob'igs de facties, souvent spirituelles, mys-tifications et montures diverses dont toutela ville et les emvirons se rj ouissaient de lon-gues semaines. Mais , cependant, quelques loca-lits tiennent encore et tiennent ferme cesvieux usages. Par exemple une cit broyarde,fort sympa biqne, et vous avez devin laquelle.

Elle a cent foi s raison. L'homme a besoin d'a-giter de temps en temps les grelots de la gat :il n'en puisera que plus d'ardeur et plus de s-rieux pour la tche qui lui est impose par laDestine. Et c'est justement . dans les Driodesdure s qu 'il est ncessaire de s'brouer. entout bien tout honneur, cela va sans dire.

H. Lr.Le danger de fumer au Ht. Un vieillard

carbonisMENDRISIO, 30. Au village de Rancate on

a trouv mort carbonis dans sa chambre unvieillard de 76 ans M. Federico. On suppose querentr tard chez lui , le vieillard s'est pos surson lit en fumant un cigare qui aura mis le feu_ ses vtements.

L'actualit suisseUn professeur fait une chute mortelle en skiSCHAFFHOUSE , 29. Le professeur Otto '

Tanner , de Schaifhouse , s'est tu mercredi prsde Furna , dans le Prttigau, en faisant du ski.

e dfunt tait g de 48 ans. Il avait t nsti-ruteur Schiers et depuis 8 ans , il enseignait leslangues moderne s l'Ecole cantonale de Schaff-house.Membre du parti radical dmocratique , ilavait t lu cet automne membre du Conseilcommunal. Le professeur fut un temps prsidentcmtral de la nouvelle socit helvti que , dontil rdigea le Bulletin j usqu' sa mort.C'est en effectuant im2 descente en compagnie

de 4 camarades , un endroit nullement dange-reux prs de Scera. au-dessus de Furna , que leprofesseur Tanner , de Schaifhouse a fait unechute malencontreuse sur la tte et s'est brisla nuque. La mort a t instantane. L'accidents'est produit l'aprs-midi 3 heures. Le corps at ramen Schiers.

Indpendamment des modles courants enti-rement nickels , dors ou chroms, il en exis-te d'autres avec le dessus en matire plastiquedcorative , unie ou, marbre , de toutes nuances.Un simple changement de plaque dcorativepermet d'assortir les interrupteurs tous lesintrieurs , de mme, par la suite, tout chan-gement apport dans leur dcoration.

II n'est pas ncessaire d'insister sur la bana-lit des interrupteurs habituels qu 'en maintesoccasions on incruste dans le mur pour lessoustraire la vue. Ds maintenant ces fraisseront vits, grce aux nouveau x interrup-teurs.

Des modles dcoratifs incrusts ont cepen-dant t crs et ils sont prvus pour un ouplusieurs interrupteurs avec prises de courant ,bouton de sonnette , etc. La construction inter-changeabl e de tous ces appareils a t tudiede manire rendre trs simple toutes opra-tions telles que : le changement de la plaquedcorative , la pose des fils conducteurs auxbornes de contact, la pose des appareils sur lemur ou dans la paroi.Ecole des Travaux fminins.

La rentre de toutes les classes aura lieu lemercredi 4 j anvier.*Liste de souscription en faveur du Fonds de se-

cours aux chmeurs ncessiteux.Les personnes souss'gnes adressent leurs

amis et conna'ssances leurs meil- rs voeux deNouvel-An et remplacent l'envoi de cartes parun versement de fr. 2 en faveur du Fonds desecours aux chmeurs ncessite ux :Au Petit Bnfice , rue Lopold-Robert 34 2.M. et Mme Alphonse Gogler 2.Au comptoir des Tissus 2.Willy Sommer 2.La Pouponnire Neuchateloise

Les soussigns adressent leurs amis et con-naissances leurs meill eu rs voeux de Nol et Nou-vel-An et remplacent l'envoi de cartes par unversement de fr. 2. en faveur de la Pouponnireneuchateloise.Mme et M. Charles Peon 2.M. et Mme Paul Bayer 2.M. et Mme Brechbuhler-Cavadini 2.M. et Mme Alphonse Gogler 2.M. et Mme Fernand Gogler 2.Oeuvre des Crches La Chaux-de-Fonds. 'Les soussigns adressent leurs amis et con-naissances leurs meilleurs voeux de Nouvel-Anet remplacent l'envoi de cartes par un verse-ment de fr. 2. l'Oeuvre des Crches.M. et Mme Ad. Piguet-Bour quih 2.M. et Mme Paul Bayer 2.M. et Mlle Louis Renaud 2.Hans Biri 2.M. et Mme W. Bech-Steiner 2.M. et Mme Ernest Heng 2-M. et Mme Louis Dubois, les Foulets 2.

-^M|.-CT"

Chronique neuchieloiseAu Conseil gnral du Locie.

De notre cornsnondunt du Locle :Le proj et de budiget pour 1933 a t adopt

par le Conseil gnral , dans sa sance de j eudisoir. Aprs les quelques modifications appor-tes, le dficit prs um a t arrt Fr.645,575.10, sans les charges extraordinaires r-sultant du chmage, dpenses qui , si 1933 n'ap-porte pas de changement dans la situation, dou-bleront peut-tre ce dficit. La Commission , d-escomptes, la suite de son rapport, a dpos unpostulat demandant au Conseil communal debien vouloir tudier la possibilit de placer tou-tes nos coles, le Teohnicum except, sous uneseule direction. Ce postulat a t adopt l'una-nimit aprs que M. H. Favre, directeur du d,i-castre de l'instruction publique, ait fait remar-quer que la question souleve n'est pas nouvellepuisqu 'elle fit dj l'obj et d'une tude en 1921et en 1928.

CHRONIQUE,

Transfert de footballeurs.On annonce le dpart des trois j oueurs hon-

grois qui oprrent cette saison dans les rangsde F.-C. Etoile. Le remarquable avant Stroecka quitt notre ville ce matin et j ouera dorna-vant avec le F.-C. Berne. Aj outons qu 'un dizai-ne de clubs suisses lui avaient fait des offres.On croit que l'arrir e Takacs consolidera la d-fense du F.-C. Lucerne. Quant au troisimej oueur hongrois , Locksi, on n 'a pas encore deprcisions au sujet de son transfert.

Puisque nous en sommes dans le domaine desioueurs trangers , aj outons que Volentik II , fr-re du centre-demi du F.-C. Chaux-de-Fonds ,prendra place ds le dbut de 1933 dans l'qui-pe de la Charrire.Dans les poids lourds.

C aprs-midi 14 h. 25 deux camions ap-par tenant l'un Primeurs, S. A., l'autre lamaison Coste d'Auvemier, se sont rencontrsdevant l'Astoria. Dgts matriels aux deuxmachines.Nouvelle industrie.

Aprs de longs mois de patients efforts, lamaison Cornu et Cie, fabrique d'assortimentspour la bote de montre , dans le but d'aj outer son activit la fabrication d'articles indpen-dants de l'horlogerie a mis au point celle desinterrupteurs modernes Unroc pour courantslumire, lesquels viennent de remporter un vifsuccs l'Exposition de la Lumire Nouvelle, Zurich.

Une collection de quelques-uns de leurs mo-dles est (ds ce j our) expose dans la vitrinedu Magasin des Services Industriels, Lopold-Robert 58.

Un ingnieux mcanisme mont sr billes,d'une grande simplicit et d'une robustesse toute preuve a permis la cration de types dedimensions rduites, d'un fonctionnement douxet silencieux et d'un cachet dcoratif trs rus-si.

A l'ExtrieurA Birmingham 30 personnes

sont mortes de la grippe

PARIS, 29. On mande de Londres au Ma-tin que l'pidmie d'influenza qui svit Bir-mingham a pris des proportions graves et onannonce officiellement que 30 personnes ont suc-comb la maladie, dans le courant de la se-maine dernire. Parmi ceux qui n'ont pu se ren-dre leurs occupations hier, se trouvaient 600employs de la compagnie des autobus et destramways, 100 policemen et 300 facteurs. Dansla plupart des cas, la maladie tourne la pneu-monie et 150 cas ont t signals la semainedernire.

Selon les mdecins de Londres, la grippe ac-tuelle prsente, un degr heureusement moinsdangereux, les caractres de la terrible pidmied'influenza de 1918. On attribue l'augmentationconsidrable du nombre des malades enregis-trs depuis quelques jours l'influence du tempsquasi printanier dont l'Angleterre a joui pendantles deux semaines Qui ont prcd Nol.

Entre le Japon et la RussieUn pacte de non-agression sera-t-il sign ?

TOKIO , 29. L'ambassade des Soviets a pu-bli un communiqu officieux annonant le rap-pel de l'ambassadeur Trojanovsky qui partiraprochainement pour Moscou. Le Nichi-Nichi annonce ce sujet que M. Trojanovsky a infor-m mercredi M. Alta , sous-secrtaire d'Etat auxaffaires trangres qu'il repartait pour la Rus-sie en raison de son mauvais tat de sant. Ila ajout que le gouvernement sovitique se pro-pose de faire une nouvelle proposition sur lerade de non \ ression avec 'e Japon.Le Japon serait d'accord, condition que les

Soviets cessent leur propagande en ChineM. Salto, premier ministre, a dclar que le

Japon est dsireux de conclure un pacte de non-agression avec la Russie des Soviets pour lemaintien de la paix en Extrme-Orient, mais lesngociations dans ce but ne sont pas engages.La Chine dsire se rapprocher de la Russie so-vitique, mais est apparemment effraye de labolchvisation dont le pril se fait particulire-ment sentir dans certaines provinces. Si le Ja-

pon conclut un pacte de non-agression avec lesSoviets, il contiendra, a ajout M. Saito, uneclause prohibant dfinitivement la propaganderusse. Le premier ministre a ajout qu'une tudeminutieuse doit prcder la conclusion d'un pac-te de non-agression avec les Soviets

Rado-pB'6'grmrneVendredi 30 Dcembre

Radio Suisse romande: 12.40 Disques. 15.30Concert par le Radio Quintette , dir. M. Eche-nard. 16.00 Pour Madame: a) conseils aux m-nagres ; b) contes et nouve lles; c) actualits f-minines. 18.00 Lecture pour les petits. 18-15 En-tretien avec la j eunesse. 18.30 Les ptres deSt-Paul, confrence par M. E. Guisan. 19.00 Ra-dio-chronique.19.30 Le sens des prnoms , cau-serie par M. Chessex.' 19.50 Quelques mots pourceux qui aiment la musique. 20.00 Rcital dechant par Mlle Madeleine Marthe. 20.30 Oeu-vres pour deux violons et piano , interprtespar les frres Desarzens et M. Sidney Sauva-geat. 21.00 Une heure de musique rcrativepar l'O. S. R., dir. M. Echenard.

Radio Suisse almanique: 12.40, 19.50, 20.35Orchestre. 20.00 Sonates pour saxophone. 21.40Concert choral et d'orchestre.

Berlin : 15.35 Piano. 15.50 Violon et piano.16.30 (Leipzig). 19.15 Concert choral. 19.40(Vienne). 22.45 Danse. Londres : 13.00 Or-gue. 13.45, 16.00, 17.00, 22.35 Orchestre. 15.00,24.00 Danse. 19.30 Oeuvres de Liszt pour piano.21.00 Music-hall. Vienne : 16.45 Orchestre.19.40 La Bayadre . oprette, musique deKalman. 22.15 Musique vent. Paris : 13.00Causerie Isralite. 13.30, 14.35. 20.20 Orchestre.14.05 Musique tzigane. 19.30 Courrier des livres.20.00 L'art de prparer un dner , causerie.21.00 Thtre. 22.30 Musique de chambre enre-gistre. Milan : 19.00 Concert vari. 20.40Concert symphonique.

Samedi 31 dcembreRadio Suisse romande : 12.43, 13.45, 16.30 Dis-

ques. 15.30 Ed. Moser et son orchestre. 18.00Propos de fin d'anne par M. Savary. 18.30Critique des livres nouveaux, par M. J. Nicol-lier, rdacteur la Gazette de Lausanne .19.00 Radio-chronique. 19.30 Causerie cingra-phique, par M. Schubiger. 20.00 Orchestre tangoet musette Jean et Ren Pesen *i. 20.45 Mono-logues gais et histoires, par M. Clerc. 21.00 Madame Sans-Gne , comdie en trois actesde Sardou et Moreau , interprte par la troupedu Radio-Thtre de Genve. 22.10 Varits partes Broadcast'mg-Serenaders. 23.15 Mandolineset accordons , concert donn par le Mandoline-Club de Vevey, avec le concours de M. et MmeOchsner. 24.00 Cloches de St-Sylvestre. 0.05Voeux pour l'anne nouvelle. 0.10 Petite revue defin d'anne. 1.00 Orchestre Pesenti (retransmis-sion du Splendide)

Radio Suisse almanique : 14.30 Rcital depiano. 16.00 Concert par un club d'accordonis-tes. 19-00 Sonnerie des cloches des glises deZurich. 19.10 Une heure de fte. 20.45 Concertrcratif populaire. 21.50 La Belle Galathe,oprette. 23-20 Danse. 23.55 Sonnerie des clo-ches de la cathdrale de Berne.

Bulletin de boursedu j eudi 29 dcembre 1932

Banque Fdral e 436 (+ 1); Banque Natio-nale Suisse d. 620; Crdit Suisse 653 (+ 3) ;S. B. S. 565 (+ 5) ; U. B. S. 430 (0); Leu etCo 426 (+ 4) ; Banque Commerciale de Ble390 (0) ; Banque d'Escompte Suisse 88 (0) ;Electrobank 674 (+ 3): Motor-Colombus 271(1); mdelec 560 (+ 5) ; Triques ord. d. 310;Hispano A.-C. 765 (+ 7) ; Dito D. 146 (+ 1);Dito E. 140 (0) ; Italo-Argentina 82 (+ 3) ; Alu-minium 1435 (+ 10) ; Bally d. 780; Brown Bo-veri d. 170; Lonza 98 (+ 1); Nestl 502 (-j- 1);Sohappe de Ble 900 ( 10) ; Chimique deBle 2600 ( 30) ; Chimique Sandoz d. 3430 ;Allumettes A d 12; Dito B 13 Y, (0) ; Fi-nancire Caoutchouc 21 Yi (+ Y*,) ; Sipef d. 4 ;Conti Lino 77 (2) ; Giubiasco Lino 48: Thsau-rus 30 (+ 2) ; Forshaga d. 30; S. K. F. d. 98;Am. Eurapan Se. ord. 45 Yi (0) ; Saeg A. 49(0) ; Astra d. 15; Steaua Romana 7 H ( V*) ;Royal Dutch 312 (+ 7); Financire Italo-Suis-se priv. 104 (0).

Bulletin communiqu d titre d'indi cation p ar laBanque Fdrale S. A.

Bulletins sportif et touristiqueVendredi 30 dcembre

Sur les hauteurs, de Chasserai au Mont-Ra-cine, il neige sans arrt depuis le 29 doeimfbreau matin. Fort vent d'ouest. Temprature 3 de-grs sous zro. Pour le moment pas encore pra-ticable pour le ski sans risques, mais il est prvoir que demain 31 dcembre, la couche deneige sera suffisamment paisse.

Patinoires de la rgion : ouvertes.Le Doubs, en partie gel, mais pas encore

praticable sans danger pour le patin.(Communiqu p ar la Maison M. et G. Nussl,

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Mais qui sait ce qu'elle fera, sous la dou-leur ? Elle se souvient que, bien souvent, parla contrainte physique, des innocents se sontaccuss de crimes qu 'ils n'avaient pas commis,que des tmoins muets j usque l ont rvl cequ 'ils voulaient cacher.

Eh bien , non ! Cela ne sera pas ! Je mour-rai avant de parler !

La dtermination de Simone est bien prise.Elle se tuera. O est le crime ?

N'est-elle pas d'avance voue la mort ?Et quelle mort ? Crisp ne lui a-t-il pas promisde choisir un supplice raffin , pour se payerpar les souffrances de sa victime des angoissesqui l'ont treint lui-mme ?

Alors. Simone Cornuet, en se tuant, aura lacertitude de ne pas livrer son secret et, du m-me coup, enlve son bourreau la j ouissancede la vengeance.

La j eune fille , pniblement , se relve.Le bal est termin, le silence n'est plus trou-

bl que par le bruit monotone des machines enplein travail et par les mugissements de la si-rne qui signale le passage du vapeur.

Depuis qu 'elle s'est rsolue mourir, Simoneest calme, elle a recouvr le sang-froid qu 'ilfallait dployer j adis, au laboratoire du pro-fesseur Bringuier, pour russi une manipulationfesseur Bringuier, pour russir une manipulation

N'est-ce pas, d'ailleurs, comme une ex-prience qu'elle tente sur elle-mme ?

Elle fait de la lumire, coute la porte pours'assurer que dans le couloir, tout est calme.

Elk va mourir, certes, mais il faudra qu 'on sa- ,che pourquoi.

Crisp lui a dit que, sur le navire, toutes ses jprcautions taient prises. Il a donc des compli-ces ? Qu' cela ne tienne. La mer emportera les Iultimes confidences de la recluse.

Elle crit, sur une feuille de papier grave autimbre du Sylvestris :

Prire qui trouvera ce billet de faire sa-voir au procureur de la Rpublique Paris queM. Alexandre Cornuet, antiquaire Paris rue Va-vin; M. Bernard Courville, ingnieur, son futur ,gendre ; M. Kid Helston, de Londres , sont en-ferms dans le temple du Deir-el-Bahari, Lou-xor, par les mauvais offices de M. Crisp, anti-quaire , Londres, et de M. Karl Bauer , tudiant Berlin.

Que moi, Simone Cornuet, fille du premiernomm et fiance du second j e me suis volontai-rement donn la mort sur le navire Sylves-tris , pour chapper aux tourments moraux etphysiques que m'infligent et m'infligeront en-core les deux criminels.

Que celui qui voudra bien se charger de faireparvenir ce message trouve ici l'expression dema reconnaissance.

Simone Cornuet ne doute pas que son billetne soit trouv. Ainsi, l'oeuvre de justice et derparation se fera.

Un coupe-papier trane l , sur la table de che-vet, et c'est sur lui qu 'elle j ette son dvolu. El-fe va souffrir , certes, car l'arme n'est gure tran-chante. Mais les trois malheureux de Deir-el-Bahari n'ont-ils pas souffert , eux ?

Simone Cornuet maintenant se recueille. Soncalme ne l'a pas abandonne.

Les yeux clos, elle revit en quel ques secon-des toutes les belles journes de son enfance,envoie une pense mue au souvenir de ceuxqu 'elle a aims et qui l'aimaient , termine parune courte oraison et elle se lve.

Elle prend la bouteille qui contient son appelde justice. Par le hublot qu 'elle ouvre l'air ,fdu large entre dans la cabine.

Elle respire grands traits les effluves marins,sourit encore aux toiles qui inondent le firma-ment, j ette son message dans les flots , refermemthodiquement le hublot , teint la lumire,s'allonge sur son lit , carte la fine chemisette desoie, prend le coupe-papier , l'lve au-dessusd'elle, murmure un nom :

Adieu !... Bernard chri !...Et elle va frapper-Mais, cet instant prcis, un choc formidable

branle le navire. Le bras de Simone retombesans accomplir le traj et fix.

Dans le couloir , c'est une galopade effrne...Les gens passent, courent , s'interpellent , les

questions et les rponses s'entrecroisent.

Elle vide une bouteille d'eau minrale queCrisp lui a apporte avec son repas. Elle y in-troduit le papier. Elle ferme avec soin la bou-teille.

Tous ces gestes, c'est presque avec joie qu 'el-le les accomplit.

Elle va mourir...D'un regard, elle parcourt la cabine, cherchant

quel moyen elle emploiera pour quitter cemonde.

Qu'y a-t-il ?... Ce n'est pas grand'chose, je crois... L'offi-

cier de quart ne sait rien encore... Une avarie de machine ?... Mais non, cher ami, elles marchent tou-

jours. Ah ! vous voici : est-ce grave?...Un bruit de cl dans la serrure fit tressaillir

la j eune fille.M. Crisp est entr dans la cabine. Affair , lui

aussi, il demande :

Vous dormiez ? Que vous importe ! C'est que... j e dois vous le dire : nous cou-

lons ! * Des pierres roulrent encore au-dessus de Kid

Helston. Puis, les indignes soulevrent une dal-le et la lumire du j our et l'air entrrent flots.Le brave garon crut qu'il allait suffoquer.

A Louxor , tous les Egyptiens parlent plus oumoins l'anglais. Il fut facile Kid de se fairecomprendre.

Etes-vous vivants, demanda l'nier, dsque l'emmur put parler.

Oui. Nous tions trois... trois hommes... Mais, la demoiselle ? Hlas ! Elle n 'tait pas avec nous ! Qu 'est-elle devenue ? Je n'en sais rien... Mais ce n'est pas l'ins-

tant de s'en proccuper. Provisoirement , nousne pouvons rien pour elle... Ce qu 'il faut , c'estsauver mes compagnons !

Ne peuvent-ils pas remonter? ,Kid se pencha.Dj , Courville tait mi-chemin. Seul, M.

Cornuet tait trop faibre et surtout trop mu pourpouvoir remonter par ses propres moyens.

Ds qu 'il eut repris contact avec la surface,Courville organisa les secours.

A sa demande , un des Egyptiens retourna aurivage chercher quel que rconfortant. Puis, Kidredescendit au fond. La premire question deM. Cornuet fut naturellement pour sa fille :

Et Simone, mon brave Kid ? On ne sait rien , cher monsieur Cornuet.

mais patience ! Nous sommes vivants ! Le dam-n bandit de Crisp n 'avait pas prvu commentles affaires marcheraient ! Nous la retrouverons,rassurez-vous!

Dieu vous entende, cher Kid !(A suivre.')

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