Upload
alvaro
View
7
Download
0
Embed Size (px)
DESCRIPTION
2
Citation preview
Franois Rebsamen : Nous sommes en chec
Tant qu'une croissance plus forte n'est pas l, il n'y a pas assez de cration d'emplois,
reconnait le ministre dans une interview au Parisien.
Publicit
Soyons honntes: nous sommes en chec. titre personnel, devoir annoncer chaque mois
une augmentation du chmage, c'est une souffrance, a dclar, vendredi soir, Franois
Rebsamen, dans une interview au Parisien, juste aprs la publication des mauvais chiffres de
septembre.
Il est vrai que depuis sa nomination, le 2 avril dernier, le ministre du Travail n'est pas la fte.
Son entre en matire fut laborieuse avec, notamment, quelques dclarations malheureuses
dans les semaines qui suivirent sa prise de fonction.
Le 23 mai, il affirmait, la suite de la publication par l'Unedic de prvisions tablant sur une
hausse du chmage, que depuis deux ans, ses prvisions taient souvent pessimistes.
Problme: il avait, semble-t-il, oubli la rvision des donnes par l'Insee, un lment rendant
sa dmonstration inoprante. Le 28 mai, il lanait l'ide de geler pendant trois ans les seuils
(ceux dclenchant la prsence de dlgus du personnel, de comit d'entreprise). Une sortie
pour le moins maladroite quelques jours du congrs de la CFDT.
Bref, Franois Rebsamen a tt fait d'avoir une rputation de gaffeur. Rputation qu'a sembl
confirmer, le 2 septembre, sa dclaration sur i-Tl concernant la ncessit de renforcer les
contrles sur les chmeurs . La tempte mdiatique a t immdiate, entre protestations des
syndicats et communiqu du PS dnonant des annonces pas pertinentes. Mais la suite des
vnements a donn une tout autre perspective aux propos du ministre. Manuel Valls lui-
mme a relanc en octobre le dbat sur l'assurance-chmage ; Ple emploi a rendu publiques
les conclusions de son exprimentation sur le contrle des chmeurs.
Le gouvernement travaille bel et bien sur ces sujets. Le virage aurait t pris l'universit d't
du PS, la suite d'une note montrant que l'opinion tait trs sensible aux devoirs des
chmeurs. La dclaration de Franois Rebsamen a simplement ouvert le bal. Les propos du
ministre ne sont jamais improviss, il y a toujours mrement rflchi. Il avait dcid en
septembre de parler du contrle des chmeurs. Il en avait discut avant avec le premier
ministre et le prsident, qui d'ailleurs ne l'ont pas critiqu, affirme l'une de ses proches. Sur
les seuils, la polmique s'est dgonfle, notamment parce que le ministre ne les voque plus.
La ngociation sur le thme plus large du dialogue social en entreprise suit son cours.
En fait, dans un milieu politique parfois polic, Franois Rebsamen tranche par son franc-
parler. Il est direct, il ne s'exprime pas comme un narque, se rjouit un reprsentant du
monde patronal. Organisations syndicales comme patronales s'accordent dire que l'homme
est l'coute de tous et fiable. Il ne donne pas sa prfrence la CFDT, confie l'un. Il a un
bon contact, ce qui est important dans le social, ajoute l'autre. Il n'embobine pas, on sait ce
qu'il pense, conclut un troisime.
Dans la ligne de Matignon
Peu au fait des questions sociales lors de sa nomination, Franois Rebsamen s'est mis niveau,
de l'avis de tous. Il n'est pas devenu un hypertechnicien. Mais ce n'est pas ce qu'on demande
un ministre. Il connat ses dossiers et en dgage une orientation politique: c'est le principal,
estime un reprsentant patronal. Il comprend les enjeux et les rapports de force, renchrit
un syndicaliste. Rien d'tonnant pour ce proche de Franois Hollande qui, 63 ans, a trente
ans de carrire politique derrire lui. Indniablement, celui qui a t lu deux fois maire de
Dijon a le sens du terrain et du concret, ce qui lui vite de s'enfermer dans les arguties. C'est
un politique, pas un techno. Il a tout de suite compris le danger de commenter chaque mois
les mauvais chiffres des inscrits Ple emploi et prfre communiquer sur le taux de chmage
trimestriel, moins dsavantageux. Il est vrai aussi que, contrairement son prdcesseur,
Michel Sapin, il est dlivr de l'obligation d'inverser la courbe du chmage
Si Franois Rebsamen peut choquer certains, c'est parce qu'il assume son orientation sociale-
librale. Dans une rencontre avec les journalistes sociaux en octobre, il a critiqu ces lois
pleines de bonnes intentions qui sont souvent confrontes la ralit conomique des
entreprises et vant la concurrence qui permet de vivifier l'conomie. Il ne disait pas autre
chose sur le site bourguignon Le Miroir, mme si ses propos taient plus explosifs -
notamment sur les socialistes qui ne vivent plus comme les gens - puisqu'il pensait qu'ils ne
seraient pas publis. Cette affaire, qui s'est solde par la dpublication de l'entretien, a agac
Matignon. Mais sur le fond, le ministre est sur la ligne de Manuel Valls. Il est pragmatique et
pense que des volutions sont ncessaires pour coller aux ralits de l'conomie, prcise une
proche, qui tient signaler que le ministre garde une orientation sociale puisqu'il n'a jamais
parl de fraudeurs l'allocation-chmage. Plus qu'un gaffeur, Franois Rebsamen est celui
qui lance les ballons d'essai.