28
2 – L’école classique (1776-1871) : l’économie s’affirme comme science 2.1 – Les classiques optimistes 2.2 - Les classiques pessimistes 2.3 – Les classiques et la théorie de la valeur 2.4 – Marx, le dernier des classiques ?

2 –L’école classique (1776 -1871) : l’économie s’affirme

  • Upload
    others

  • View
    4

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: 2 –L’école classique (1776 -1871) : l’économie s’affirme

2 – L’école classique (1776-1871) : l’économie s’affirme comme science

2.1 – Les classiques optimistes2.2 - Les classiques pessimistes2.3 – Les classiques et la théorie de la valeur2.4 – Marx, le dernier des classiques ?

Page 2: 2 –L’école classique (1776 -1871) : l’économie s’affirme

2.1 – Les classiques optimistes

Adam Smith (1723-1790)« Ce n’est pas de la bienveillance du boucher, du brasseur ou du

boulanger que nous attendons notre dîner, mais plutôt du soin qu’ils apportent à la recherche de leur propre intérêt. Nous ne nous en remettons pas à leur humanité, mais à leur égoïsme. (…) En cela,

comme dans beaucoup d’autres cas, il est conduit par une main invisible à remplir une fin qui n’entre nullement dans ses intentions »

Page 3: 2 –L’école classique (1776 -1871) : l’économie s’affirme

Le contexte politique de l’émergence du libéralisme économique

• 17/18ème siècle = révolutions politiques dans un contexte dedivision du travail croissante• Division du travail = des individus de plus en plus différents etautonomes les uns des autres• Enjeu : Comment faire vivre ensemble ces individus différentsà la recherche de leur bonheur privé ? Comment garantirl’ordre et la cohésion sociale ? Faut-il un Etat fort (Léviathande Thomas Hobbes) ?

Page 4: 2 –L’école classique (1776 -1871) : l’économie s’affirme

- Les hommes ont une propension naturelle àéchanger

- il faut laisser faire les hommes (produire et échanger)car le marché (les échanges marchands) va régulerleurs comportements

- La concurrence : pas de domination de certainsindividus sur d’autres (pas de pouvoir de marché) =condition de la régulation

Réponse d’Adam Smith :

Page 5: 2 –L’école classique (1776 -1871) : l’économie s’affirme

Adam Smith (1723-1790)« Ce n’est pas de la bienveillance du boucher, du

brasseur ou du boulanger que nous attendons notre dîner, mais plutôt du soin qu’ils apportent à la

recherche de leur propre intérêt. Nous ne nous en remettons pas à leur humanité, mais à leur égoïsme. (…) En cela, comme dans beaucoup d’autres cas, il est

conduit par une main invisible à remplir une fin qui n’entre nullement dans ses intentions »

Page 6: 2 –L’école classique (1776 -1871) : l’économie s’affirme

• L’intérêt général passe par la recherche des intérêtsindividuels (raisonnement contre-intuitifs que l’on retrouvedéjà chez les physiocrates)• Le marché (et non la Providence) assure la correspondanceentre ces deux niveaux (vs les physiocrates) : le marchépermet la coordination des actions individuelles• Il n’y a plus Dieu entre l’intérêt de chacun et l’intérêt de tous.= le libéralisme des physiocrates sans la Providence• La division des tâches entre métiers, entreprises … augmentele volume des échanges et donc la richesse des économiescar l’échange est vecteur de gains (vs l’agriculture chez lesphysiocrates)

Page 7: 2 –L’école classique (1776 -1871) : l’économie s’affirme

L’économie devient une discipline scientifique à part entière

J.-B. Say dans Le Traité d’économie politique (1803) : « L’économie enseigne comment se forment, se

distribuent et se consomment les richesses qui satisfont aux besoins des sociétés »

Page 8: 2 –L’école classique (1776 -1871) : l’économie s’affirme

J.-B. Say un autre classique « optimiste »• L’entrepreneur est celui qui permet d’augmenter la tailledu marché : augmenter l’offre• Lorsque l’offre augmente, cela signifie que de nouveauxrevenus sont distribués = ces revenus servent àconsommer ou investir = analyse en terme de circuit(Production/Répartition des revenus/Utilisation desrevenus) où toute l’épargne est investie• La loi des débouchés de J.B. Say = l’allocation desressources ne connaît donc pas de crise puisque l’offre esttoujours ajustée à la demande

Page 9: 2 –L’école classique (1776 -1871) : l’économie s’affirme

J.-B. Say un autre classique « optimiste »

Page 10: 2 –L’école classique (1776 -1871) : l’économie s’affirme

Synthèse : les classiques « optimistes »

Adam Smith J.-B. Say

Les hommes ont une tendance

naturelle à échanger

Développement de la division du

travail

Développement des échanges marchands

Main invisible

Prospérité de tous

L’entrepreneur : un être particulier

Augmentation de l’offre

Loi des débouchés

Hausse des revenus sans crise de surproduction

Page 11: 2 –L’école classique (1776 -1871) : l’économie s’affirme

2.2 – Les classiques pessimistes

Thomas Robert Malthus (1766-1834)« Un homme qui naît dans un monde déjà occupé, si sa famille ne peut le nourrir, ou si la société ne peut utiliser son travail, n’a pas le moindre droit à réclamer une portion quelconque de nourriture ; il est réellement

de trop sur la terre. Au grand banquet de la nature, il n’y a pas de couvert mis pour lui. La nature lui demande de s’en aller, et elle ne tarde

pas à mettre elle-même cet ordre à exécution ».

33

Page 12: 2 –L’école classique (1776 -1871) : l’économie s’affirme

Les caractéristiques du modèle de Malthus• Modèle centré sur interaction entre capital naturel etcapital humain :

- Loi des rendements décroissants pour le capital naturel,d’où une progression des subsistance au mieuxarithmétique ;

- Loi de population : « Tendance perpétuelle de la racehumaine à s’accroître au delà de ses moyens desubsistance » d’où une progression géométrique du capitalhumain ;

• La hausse de la population est donc trop importante parrapport à la capacité à nourrir cette population = il y a unerareté des subsistances, une contrainte environnementale !

Page 13: 2 –L’école classique (1776 -1871) : l’économie s’affirme

Implications du modèle de Malthus : une stagnation sur le long terme du niveau de vie à un niveau de

subsistance• i) La croissance de la population dépend du niveau de vie puisqu’elle estbornée par la croissance des subsistances

• ii) Le niveau de vie dépend de l’effectif de la population• Une conclusion pessimiste en terme de dynamique économique : leniveau de vie est condamné à fluctuer autour d’une tendancestationnaire de long terme proche d’un revenu de subsistance ;

• Des recommandations :- Une promotion des freins préventifs (contrainte morale, célibat) pouréviter les freins destructifs (maladie, famine, guerre) ;

- Une nécessaire remise en cause des Poor Laws « Les lois sur les pauvrescréent les pauvres qu’elles assistent. »

Page 14: 2 –L’école classique (1776 -1871) : l’économie s’affirme

Malthus rejette la loi des débouchés : la possibilité de crise de surproduction

• Pour Malthus, possibilité de thésaurisation• Possibilité d’une demande insuffisante => crise de surproduction ;• La hausse de la production exige une hausse préalable de lademande de produits qui en faisant augmenter leur prix incite àl’investissement ;• L’épargne est favorable à l’économie seulement dans la mesure oùelle se développe parallèlement à – et non au détriment de – lademande de biens.• Conséquence : Malthus est favorable aux mesures deredistribution qui favorisent la demande.

Page 15: 2 –L’école classique (1776 -1871) : l’économie s’affirme

David Ricardo et l’état stationnaire

• Reprise de nombreux éléments à la pensée de Malthus :- loi de population,- loi des rendements décroissants,- théorie de la dynamique ou de l’évolution économique.- Pessimisme : stagnation économique• Une analyse de la répartition des revenus entre les trois grandes classes sociales de

l’Angleterre de la fin du 18ème/début du du 19ème pour déterminer la dynamiqueéconomique

Propriétairesfonciers

Entrepreneurs capitalistes

Travailleurs

Revenus perçus par chaque classe sociale

Rente foncière Profits Salaire

Page 16: 2 –L’école classique (1776 -1871) : l’économie s’affirme

Le revenu des propriétaires fonciers est une rente différentielle.• Les premières terres mises en culture sont les

terres les plus productives donc celle qui présenteles coûts de production les plus faibles

• Les nouvelles terres mises en culture ont uneproductivité marginale plus faible (loi desrendements décroissants)

• La rente que perçoit le propriétaire fonciercorrespond à la différence entre la productivité dela terre qui est louée et la productivité de ladernière terre mise en culture.

• A chaque fois qu’une nouvelle terre est mise enculture, la rente associée à chaque parcelleaugmente => c’est la raison pour laquelle on parlede rente différentielle.

Page 17: 2 –L’école classique (1776 -1871) : l’économie s’affirme

• Le revenu des travailleurs est soumis à la loi d’airain des salaires ;• Elle stipule que les salaires se fixent à un niveau qui est toujours

proche du minimum de subsistance ;• Démonstration reposant sur les mécanismes de marché et la loi

de population :- si les salaires sont inférieurs à ce niveau de subsistance, la

mortalité ouvrière augmente, ce qui rend l’offre de travail moinsimportante, ce qui fait augmenter la salaire.

- A l’inverse, puisque Ricardo accepte la loi de population deMalthus, des salaires supérieurs au salaire de subsistance setraduiront par une croissance démographique qui élèvera l’offre detravail et fera revenir les salaires vers leur niveau de subsistance.

39

Page 18: 2 –L’école classique (1776 -1871) : l’économie s’affirme

•Le profit est le revenu des capitalistes

•Pour Ricardo, le profit est la différence entre le prixde la production et les coûts pour la mettre enœuvre (coûts des consommations intermédiaires,salaires versés aux travailleurs, rente versée aupropriétaire foncier dans le cas des agriculteurs)

Page 19: 2 –L’école classique (1776 -1871) : l’économie s’affirme

La dynamique économique pour David Ricardo : Croissance démographique, évolution de la répartition des revenus et Etat stationnaire

Croissance démographique

Mise en culture de nouvelles terres

Hausse du prix du blé

Rendements décroissants

Hausse de la rente différentielle des propriétaires fonciers

Hausse des salaires qui demeurent en termes réels au

niveau de subsistance

Loi d’airain des salaires

Baisse des profits des capitalistes et donc du taux de profit

Baisse incitation à investir

Etat stationnaire

Loi de population

Page 20: 2 –L’école classique (1776 -1871) : l’économie s’affirme

Synthèse : Comment évolue la répartition des revenus des trois classes différentes quand la population augmente ?

• La hausse de la population nécessite l’usage d’une surfacecultivée plus grande• Les nouvelles terres cultivées sont moins fertiles = le prix du blé

augmente tout comme la rente des propriétaires fonciers• La hausse du prix du blé fait augmenter le salaire des ouvriers• La hausse du salaire des ouvriers, conjuguée à la hausse de larente foncière fait baisser le profit des capitalistes• La baisse du profit des capitalistes fait baisser les investissementset l’incitation à investir = état stationnaire

Page 21: 2 –L’école classique (1776 -1871) : l’économie s’affirme

Comment empêcher la dynamique de baisse du taux de profit et l’état stationnaire ?

Pour Ricardo :• Le commerce international et la divisioninternationale du travail = faire baisser le prix du blé etrestaurer les profits•Risque de déséquilibre permanent de la balancecommerciale ? Le système de l’étalon or garantitl’équilibre de la balance commerciale

Page 22: 2 –L’école classique (1776 -1871) : l’économie s’affirme

• Ricardo introduit le concept d’avantages comparatifs(raisonnement contre-intuitif) : un pays qui n’aurait quedes avantages absolus a quand même intérêt àabandonner certaines productions et à se spécialiser• En se spécialisant, il utilise de manière plus efficace sesressources : il se spécialise sur son point fort = là où laproductivité du travail est la plus élevée• La hausse de la quantité produite lui permet d’acquérirdavantage du bien dont il a cessé la production (unequantité > à la quantité qu’il aurait produit lui-même =gains à l’échange)• La spécialisation internationale fait augmenter lesquantités produites et donc la consommation

Page 23: 2 –L’école classique (1776 -1871) : l’économie s’affirme

• Ricardo défend le système monétaire de l’étalon or = un lienquantitatif entre la quantité d’or détenue et le NGP (positionde la currency school)• Si M > X (déficit commercial) = sortie nette d’or pour réglerl’excès d’importations = pour une quantité donnée deproduction, moins d’or implique une baisse du NGP = ladéflation redonne de la compétitivité aux exportateurs = labalance commerciale se rétablit• Il ne peut y avoir de déséquilibres durables des échangescommerciaux dans un système d’étalon-or

Page 24: 2 –L’école classique (1776 -1871) : l’économie s’affirme

• En défendant le rôle des échanges commerciaux(libéralisme commercial) Ricardo renoue dans unecertaine mesure avec l’école classique « optimiste »

• Influence de Ricardo sur l’Angleterre du 19ème siècle :adoption du système de l’étalon or (1821) +convertibilité totale avec l’Acte de Peel (1844) etlibéralisation du commerce extérieur (suppression desCorn Laws 1846)

Page 25: 2 –L’école classique (1776 -1871) : l’économie s’affirme

2.3 – Les classiques et la théorie de la valeur

Smith : distinguer valeur d’usage et valeur d’échange • La valeur d’usage : elle découle de la satisfaction retirée de laconsommation d’une marchandise – elle est subjective• La valeur d’échange : c’est un pouvoir d’acquisition d’autresmarchandises• La valeur d’échange est déterminée par la quantité de travail qu’il afallu utiliser pour produire le bien• La quantité de travail est une échelle commune à toutes lesproductions = une valeur objective

Page 26: 2 –L’école classique (1776 -1871) : l’économie s’affirme

Exemple utilisé par Smith : le paradoxe de l’eau et des diamants

• La valeur d’usage de l’eau est élevée par rapport audiamantmais sa valeur d’échange est plus faible• Si l’utilité de l’eau est plus élevée, le coût defabrication (travail incorporé) du diamant est plusimportant• La valeur d’échange est bien déterminé par la valeurtravail

Page 27: 2 –L’école classique (1776 -1871) : l’économie s’affirme

Pour Ricardo, la valeur d’un bien : • Travail nécessaire pour le fabriquer + le travailincorporé nécessaire à la fabrication des biens deproduction (capital fixe et capital circulant).

Page 28: 2 –L’école classique (1776 -1871) : l’économie s’affirme

Débat chez les classiques ?

•Pour J.-B. Say : la valeur d’échange d’un bien est biendéterminée par sa valeur d’usage•C’est l’utilité des biens qui leur confère leur valeurd’échange•Une perle trouvée sur la place n’incorpore aucuntravail mais possède une utilité qui lui donne sa valeur