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S!lence N°315 Octobre 2004 4 6 FS OGM Faucheurs volontaires Transports Les mariniers poètes de la voie fluviale Environnement Les restes du festin Décroissance et non-violence

2004 Décroissance et non-violenceLa force de la non-coopération Les luttes de Gandhi, de Luther King, la résistance des Praguois en 1968 contre l’invasion des chars soviétiques…

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S!lence

N°315Octobre

20044 €6 FS

OGM

Faucheurs volontaires

Transports

Les mariniers poètes de la voie fluviale

Environnement

Les restes du festin

Décroissance et non-violence

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SILENCE N°315 Octobre 2004 2

Bulletin d’abonnement page 47

Venez nous voir !17 Alternatives19 Annonces22 Energies23 Nucléaire25 Femmes28 Nord/Sud29 Paix

31 Santé34 Politique35 Environnement40 Société42 Courriers45 Livres

Brèves

Dossier

Les infos contenues dans ce numéro ont été arrêtées au 8 septembre 2004.

N°316- NovembreComité de clôture des articles :

samedi 02 octobre à 14 h(clôture brèves : mercredi 06 octobre à 12 h)

Expédition : vendredi 22 octobre de 14 h à 21 h 30

N°317 - DécembreComité de clôture des articles :

samedi 30 octobre à 14 h(clôture brèves : mercredi 03 novembre à 12 h)

Expédition : vendredi 19 novembre de 14 h à 21 h 30

Cette revue est réalisée en grande partie par des bénévoles. Vous pouvez y participer. Pourfaire connaissance, vous êtes invités aux expéditions. Celles-ci comprennent un goûter à 17 h et

un repas à 21h30 offerts par Silence.

32OGM

Faucheurs volontairesde Michel Bernard

38Tourisme

Les nouvelles pyramidesde Madeleine Nutchey

26

37

20Marchés flottants

Les mariniers poètes de la voie fluviale

d’Alexandre Esteban

Environnement

Les restes du festinde Madeleine Nutchey

41Santé

Aluminium et maladied’Alzheimer

de Francis Vergier

Sommaire

Sud/Nord

Le soleil va-t-il se leverdans les bras du ciel ?

de Natacha Gondran

Quelle stratégie non-violente d’entrée

en décroissance ?de Guillaume Gamblin

Réduire les inégalitésde Yvette Bailly

Violence du développement

de Gérald Almarcha

VUde l’intérieur...

Annuaire de lapresse alternativeHabituellement, nous vous proposons unannuaire de la presse alternative tous lesdeux ans dans le numéro d’été. Cette année,nous avons changé de méthode. La nouvelleversion (avec environ 400 titres) est dispo-nible contre 4 € port compris : voir bon de commande en page 47.

En chantierEn principe, les prochains dossiers serontconsacrés aux fêtes alternatives (novembre),la culture écologiste (décembre), les alterna-tives en Drôme-Ardèche (janvier), vers descampagnes sans voitures (février), l’écologieau quotidien (mars)…

Reportages en régionsNous réalisons les numéros régionaux aurythme de deux par an (les prochains porte-ront sur Drôme-Ardèche, puis sur le Nord-Pas-de-Calais, ensuite peut-être le sud deMidi-Pyrénées). Il nous faut donc plus dequinze ans pour faire le tour de la France.Ceci ne signifie pas pour autant que l’on nepasse pas des reportages sur les autresrégions. N’hésitez pas à nous en proposer surles initiatives que vous connaissez. Lesarticles passeront simplement dans les numé-ros intermédiaires.

I L E - D E - F R A N C E

Echos de S!lence L’émission Les échos de S!lence basée sur lesthèmes de la revue aura lieu les mercredis 6octobre, 10 novembre, 8 décembre, de 16h30à 17h30 sur Radio Ici-et-Maintenant, 95,2FM. Si vous n’habitez pas en Ile-de-France,vous pouvez aussi l’écouter sur internet suricietmaintenant.com.

Ami-e-s de SilenceUne rencontre est envisagée pour la périodede Noël. Les personnes intéressées peuventenvoyer une enveloppe timbrée avec leuradresse à Anne et Jean-Luc Macchi,Kerguichen, 29340 Riec-sur-Belon.

Appel à bénévolesNous avons encore besoin de bénévoles pour nous aider à tenir des stands :

n Bouches-du-Rhône, du 9 au 10 octobrepour un stand au 3e forum Habitat écologiqueet énergies renouvelables à Gardannes.Appeler Dorothée au 04 74 65 50 34. n La Rochelle, du 22 au 24 octobre pour un stand à Salicorne et diffuser le numérospécial Poitou-Charentes. Appeler Dorothéeau 04 74 65 50 34. n Paris, du 6 au 14 novembre pour tenirnotre stand à Marjolaine. C’est le plus grossalon de France et cela dure 9 jours. Il fautdonc être nombreux pour se relayer sur lestand. Vous pouvez y participer en contactantMireille au 01 43 57 20 83.

Jeûne vivre sans nucléaireMichel Bernard a repris le travail le 30 août,ce qui lui a permis de finir la coordination de ce numéro, mais pas de rédiger un compte-rendu du jeûne. Ce sera donc pour le prochain numéro.

Objectif décroissancePratiquement tous les numérostraitant de la décroissance sontépuisés ! Les tirés à part qui ont suivi également. Les trois pre-miers dossiers ont été repris dansle livre Objectif décroissance, livredans lequel figure un tiers detextes inédits. Celui-ci est toujoursdisponible auprès de nous (13 €+ 2,5 € de port) ou en librairie.

Décroissance et non-violence

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SILENCE N°315 Octobre 2004 3

EditorialLE MOIS DE LASSERPE

Si la non-violence est une idée qui remonte aux temps des plusanciennes religions, il a fallu attendre Gandhi au début du ving-tième siècle pour que cette non-violence devienne un moyen de

faire de la politique : «la fin est dans les moyens comme l’arbre estdans la graine» se plaisait-il à répéter.Gandhi prônait une cohérence entre sa manière de faire de la politiqueet le but que l’on se fixe. Cette recherche de cohérence s’illustre enFrance, entre autres, par les communautés de l’Arche de Lanza del Vasto (1).De la même manière, la démarche de simplicité volontaire est unedémarche ancienne qui a suscité une abondante littérature (2). Le pas-sage à la «décroissance» est un moyen d’utiliser cette idée sur le plancollectif donc politique. La recherche de cohérence que l’on perçoit dans la décroissance — onne peut croître sans cesse sur une planète limitée — ne pouvait laisserindifférente la mouvance non-violente. Nous présentons dans ce numérodes textes écrits par des personnes du MAN, mouvement pour unealternative non-violente (3), sur le sujet.Si la croissance est une forme de violence, des plus puissants contretous les autres et contre la survie même de la planète, la non-violencecomplète les approches de la décroissance en apportant une méthodedans notre relation aux autres, générations d’aujourd’hui et générations de demain.

Francis Vergier n

(1) Arche de La Borie Noble, 34650 Roqueredonde, tél : 04 67 44 09 89. Voir rôle des communautéset écovillages, de Marie-Andrée Brémond, Objectif décroissance, ed. Parangon, 2003. (2) Citons l’un des plus intéressants : La simplicité volontaire, plus que jamais, de Serge Mongeau, éd.Ecosociété, 1998.(3) MAN, 114, rue de Vaugirard, 75006 Paris, tél : 01 45 44 48 25.

Cohérence

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Décroissance et non-violenceFARINE

Quelles stratégies non-violentes d’entrée en décroissance?

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Octobre 2004 SILENCE N°315 5

Il n’est pas inutile d’abord de rappelerde quoi l’on parle lorsqu’on évoqueles stratégies d’action non-violente.

Parler de stratégie, c’est parler d’étapessuccessives d’une campagne d’actionréfléchie, d’analyses préalables de ladomination à laquelle on veut s’opposer,enfin de concertation et d’organisationcollective.

Les violences induites par notre moded’organisation économique — qu’on nesaurait réduire à la seule caractéristiquede la «croissance» — se prêtent-elles,d’une part, à de telles stratégies d’actionnon-violente ? Et qu’implique, d’autrepart, le choix de ces dernières par les par-tisans de la décroissance, au niveau de laresponsabilité, de l’organisation et de lacapacité à proposer des alternatives ?

Les stratégies et les ressources de l’action non-violenteChaque situation exige une stratégie

qui lui est appropriée, suffisammentsouple pour être modifiée en fonction desévolutions du rapport de force, ducontexte, ou encore de la répression.Néanmoins il semble possible de poserquelques jalons utiles de manière généra-le pour l’élaboration de stratégies non-violentes. C’est ce que fait Jean-MarieMuller dans «Stratégies de l’action non-violente» (1) où, s’appuyant sur l’expé-

rience historique des luttes non-violentesqu’il a étudiées, il indique un certainnombre d’étapes qu’il juge important deprendre en compte, pour garantir unecampagne d’action d’un échec trop systé-matique :

• le choix d’un objectif stratégique :clair, réaliste, atteignable (il est importantde distinguer le souhaitable du possible,le souhaitable n’étant pas oublié mais vucomme horizon). Le choix d’un objectifflou ou démesuré pour la campagne d’ac-tion à court ou moyen terme garantiraitl’échec de celle-ci ;

• des tentatives de négociation avec«l’adversaire», avec les personnes quidétiennent le pouvoir de réaliser les chan-gements qu’on aimerait voir advenir. Ledialogue, ou du moins sa tentative, doitêtre premier non seulement avant le pas-sage à l’action, mais aussi durant celle-ci ;

• l’appel à l’opinion publique : luifaire prendre conscience de l’injustice,sans la culpabiliser. Il est important de lamettre de son côté, car son soutien estprimordial, il constituera la force du mou-vement. Cet appel à soutien se fait aumoyen de communiqués, de pétitions,d’actions de sensibilisation, de défilés, demarches, de grèves de la faim limitées, etc.

• l’envoi d’un ultimatum, qui fait aug-menter la pression ;

• le passage à l’action directe, mettanten œuvre des moyens non-violents decontrainte, en parallèle à l’effort de per-suasion. Actions de non-coopération :grèves, boycotts, refus de l’impôt ; et

actions d’intervention : sit-in, obstruc-tion, usurpation civile (subvertir le systè-me en restant à son poste et en appliquantd’autres consignes que celles demandées),organisation parallèle, désobéissance civile…

Il est alors utile d’évoquer ici demanière plus précise certaines de ces res-sources de l’action non-violente.

La force de la non-coopération

Les luttes de Gandhi, de Luther King,la résistance des Praguois en 1968 contrel’invasion des chars soviétiques… : denombreuses luttes non-violentes dansl’histoire s’appuient sur la force dunombre organisé face à une puissanceinjuste ou illégitime, et plus précisémentsur la force de la non-coopération.

Face à des dominations politiques,sociales, culturelles, économiques quireposent en grande partie sur la coopéra-tion volontaire ou du moins sur l’obéis-sance de ceux-là même qui les subissent,c’est le refus concerté de concourir pluslongtemps à cet état de fait qui suffit, plussouvent et sûrement qu’on serait tenté dele croire, à voir s’effondrer ces domina-tions. Ce principe théorisé par La Boëtie,Henri-David Thoreau et quelques autres,a fait preuve d’une efficace surprenante làoù il a été mis en œuvre et suivi par leplus grand nombre. Il est résumé danscette formule saisissante de Barthélémyde Light, au dix-neuvième siècle : «Là oùnul n’obéit, personne ne commande ! «.

Un exemple parmi d’autres de cetteforce de la non-coopération est celui duputsch d’un certain Kapp en 1921 enAllemagne : face au refus généralisé del’ensemble de la société, à toutes leséchelles, de suivre ses ordres, il vit sonpouvoir être réduit à celui de sesmembres.

La caractéristique de l’action non-vio-lente de masse se trouve donc dans unrefus de coopérer qui se trouve à la portéede toutes et de tous. Sa force est d’être à laportée de tout le monde, y compris lesplus faibles, et d’être difficilement répri-mable car peu visible. Il est en effet diffi-cile de réprimer quelqu’un qui participeau boycott de certains produits, car il nes’agit pas d’un acte mais d’un «non-acte» !Et il est tout aussi difficile de réprimer unmouvement civil de trop grande ampleurqui s’oppose ouvertement à une politiqueinjuste : «Il y a sans doute un seuil au-delà duquel un mouvement civil de massen’est plus réprimable» (2).

La non-violence, en tant que stratégie d’action, a-t-elle quelque chose à apporter à la décroissance,

vue comme critique d’une logique socio-économique constituant une violence sociale, culturelle, écologique majeure ?

DR

Die-in au Timor 1998.

(1) Muller Jean-Marie, Stratégie de l’action non-violente,Points Seuil, 1981.(2) Mellon Christian et Sémelin Jacques, La non-vio-lence, p.93, PUF, Que-sais-je ? 1994.

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Lorsque la non-coopération avec lesystème établi conduit à faire ce qui estinterdit par la loi, par exemple à se rendredans un lieu interdit, il s’agit alors dedésobéissance civile. Lorsque, bravant laloi, à la suite de Gandhi, des millionsd’Indiens se sont mis à ramasser libre-ment le sel sans passer par les taxes bri-tanniques, il s’agissait alors d’une actionexemplaire de désobéissance civile.Exemplaire, car à la portée de tous (à condition d’être sur la côte), et d’unelégitimité criante. Ce dernier point nousamène au suivant.

L’action symboliqueUne autre ressource de l’action non-

violente réside dans la réalisation d’ac-tions de résistance dotées d’une fortevaleur symbolique, dont l’impact psycho-logique peut être important pour dynami-ser et donner confiance à celle-ci, et dontl’impact médiatique peut être décisif pourle ralliement de l’opinion publique à lalutte. Savoir manier le symbole est l’unedes forces stratégiques d’une campagned’action non-violente : la poignée de selbrandie par Gandhi en 1930 après samarche à travers l’Inde, pour signifier etmatérialiser l’émancipation du peupleindien par rapport aux taxes britanniquessur le sel, le fromage brandi par José Bovéà Seattle en 1998 pour signifier la résis-tance des cultures à l’uniformisation…L’action symbolique a également pouravantage d’être difficilement réprimable,car les sanctions prévues pour les délitsde ramassage d’une poignée de sel ou depossession d’un roquefort sont, en toutétat de cause, assez minimes… Elle per-

met en outre de recentrer le conflit surson objet, qui y est mis en scène, alorsmême qu’il a toujours tendance à êtretransformé en conflit de personnes et àdégénérer en violence (3). Action symbo-lique et action de masse ne s’excluent évi-demment pas et constituent même desmoments complémentaires tous deuxessentiels d’une campagne d’action non-violente bien ciblée. «Ainsi, résume Jean-Marie Muller, en dramatisant l’injustice,l’action non-violente exerce sur l’adver-saire une pression morale, en tarissant lessources de son pouvoir, elle exerce sur luiune contrainte sociale» (4).

Trouver « la prise »Pour agir avec plus d’efficacité contre

l’injustice ou le système organisé auquelon souhaite résister, ilconvient de trouver quelest le « point faible » del’adversaire, « le point dedéséquilibre — celui d’oùil sera le plus facilementébranlé ; le point donc oùl’abus de pouvoir est leplus flagrant, le plus criant,le plus gênant » (5). Unefois un tel point faibleidentifié et analysé, il est alors du plusgrand profit de diriger ses actions et demettre le doigt précisément sur ce point.Car c’est l’endroit qui, plus que tout autre,permet d’avoir prise sur le système et dele faire basculer.

Il s’agit alors d’agir comme sur unlevier. C’est la stratégie qui a été privilé-giée par Lanza del Vasto lors de son jeûnede protestation contre la guerre d’Algérieen 1957 à Clichy : axer sa protestation surla question de la torture, qui représentaitune question délicate et un point faible dela stratégie militaire du gouvernementfrançais par rapport à son opinion

publique, et qui était une manière d’intro-duire une remise en question plus généraledu bien fondé de cette guerre.

Le programmeconstructif

Jean-Marie Muller exprime de lamanière claire quels en sont les enjeux : « Lors d’une campagne d’action directenon-violente, le programme constructifconsiste à organiser, parallèlement auxinstitutions et aux structures que l’onconteste et avec lesquelles on refuse decoopérer, des institutions et des struc-tures qui permettent d’apporter une solu-tion constructive aux problèmes posés. Ils’agit de mettre en place les basesconcrètes de la nouvelle société, fondée

sur la justice et la solidarité,pour laquelle la lutte a étéentreprise. (…) Ainsi la straté-gie de l’action non-violentes’efforce de réaliser en mêmetemps la révolution politiqueet la révolution sociale. Ellen’attend pas la prise du pou-voir politique pour commen-cer à mettre en œuvre leschangements économiques et

sociaux nécessaires. Le programme constructif doit per-

mettre aussi de venir en aide aux mili-tants du mouvement qui sont victimes dela répression exercée par l’adversaire, soitqu’ils perdent leur profession, soit qu’ilsse trouvent en prison. Il est alors néces-saire que ces militants et leurs famillespuissent aussitôt bénéficier, de la part dumouvement, d’une aide appropriée à leursbesoins réels. (…)

Ainsi le programme constructif per-met-il à l’action non-violente de dépasserles aspects négatifs qui caractérisent lacontestation, la résistance et la non-

Octobre 2004 SILENCE N°315 6

DR

La marche du sel de Gandhi en 1930.

« Là où nul n’obéit, personne necommande ! »Barthélémy de Light

DR

Martin Luther King.

(3) Voir les ouvrages de René Girard, notamment Deschoses cachées depuis la fondation du monde, Grasset,1978, Le livre de poche, biblio essais.(4) Muller Jean-Marie, op. cit., p. 45.(5) Ibid. p.89.

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coopération. Par lui, un mouvement non-violent ne tient plus seulement sa consis-tance de ce à quoi il s’oppose, mais ausside ce qu’il propose et réalise.» (6).

A partir de ces éléments comment est-il possible d’agir pour transformer la réa-lité socio-économique actuelle et entrerdans des économies et des sociétés dedécroissance ?

L’effet tourniquetToute mise en action nécessite comme

préalable une analyse affinée de la «domi-nation» qui est en œuvre. Sur ce point,l’ensemble des articles et ouvrages publiéssur ce sujet analysent celle-ci, dans sesmécanismes et ses extensions, bien mieuxque je ne pourrais le faire. Je me borneraidonc à donner un exemple de cette domi-nation, qui se trouve imbriqué dans l’en-semble des violences induites par notremode d’organisation actuel.

L’économie de marché porte à unniveau rarement atteint les inégalités éco-nomiques et sociales, à l’échelle dumonde comme à l’intérieur de nos socié-tés. Ici la précarité et l’insécurité socialeaugmentent, l’exclusion se renforce etl’écart entre ceux qui s’intè-grent dans le système écono-mique au prix parfois desacrifices personnels impor-tants, et ceux qui en sontexclus, est de plus en plusdur. Ceux-là mêmes qui par-viennent à en bénéficier sonttrop souvent soumis à unepression insupportable. Lesconditions de vie globalesdans lesquelles l’homme évolue dans nossociétés se sont insensiblement dégradées(au niveau de la qualité de l’air, de l’eau,de la nourriture…), l’horizon de vie et desens de trop de personnes est réduit à l’al-ler-retour morne et épuisant du métro-boulot-dodo. Les rythmes de vie augmen-tent sans cesse comme un tourniquet qui

expulse hors de lui ceux qui n’ont pas laforce de s’y accrocher et qui broie dansson rythme effréné et aveugle ceux quitentent encore de s’y tenir, et qui sontenjoints de pédaler pour participer à sacourse (7).

Cette conséquence ne peut être sépa-rée des inégalités à échelle mondiale, quiproviennent moins du manque de res-sources, que de celui d’un partage équi-table de celles-ci. Au niveau agricole,mais aussi pharmaceutique, technolo-gique, culturel… Ni des conséquencesécologiques déjà constatables.

Les violences transgénérationnelles :

un problème stratégique inédit ?Notre situation économique mais sur-

tout écologique nous place devant unproblème qui semble inédit.

Les luttes non-violentes reposentessentiellement, on l’a vu, sur la mise enplace de stratégies collectives et massives

de non-coopération et dedésobéissance civile avecun ordre établi. Imagine-t-on le boycott des autobusde Montgomery en 1955sans la participation desNoirs, qui en sont les pre-mières victimes ? Imagine-ton la résistance à l’occupa-tion des chars russes en 68sans les Praguois, la grève

de 1981 à Gdansk sans les ouvriers polo-nais, la désobéissance civile à la loi sur lesel en Inde en 1931 sans les Indiens ? Cessituations imaginaires semblent releversinon de l’absurdité, en tant cas de confi-gurations stratégiquement mauvaises.

C’est pourtant la situation danslaquelle nous nous trouvons concernant

le problème de la croissance — ce dogmede la multiplication effrénée et continuel-le de la production —consommation debiens et d’énergies, au service d’une méca-nique économique censée trouver unéquilibre dans l’emballement perpétuel deson allure…

Les victimes de la croissance, dansleur écrasante majorité… ne sont pasencore nées. Si les désastres écologiquesinduits par ce mode de fonctionnementcommencent timidement à faire desdégâts aujourd’hui, et si les victimes de lacroissance au niveau écologique, social,médical, économique, culturel, sont déjàextrêmement nombreuses, il nous fautbien réaliser qu’elles ne constituent enréalité qu’une part réduite des victimeshumaines à venir de nos comportementsénergétiques. Pour s’en tenir aux consé-quences écologiques de notre société decroissance actuelle, il est devenu banald’affirmer que nous commettons des des-tructions irréparables qui auront trèsbientôt des conséquences au-delà detoute imagination sur la vie sur notre pla-nète, et entre autres sur notre espèce. Lacroissance économique est une arme dedestruction massive à retardement.

Il s’agit là d’une violence transgénéra-tionnelle, qui hypothèque les capacités desurvie et même les possibilités d’existencede l’ensemble des générations qui vien-nent après nous. Les conséquences de nosactes dépassent tout bonnement leslimites de notre imagination.

C’est là que se pose un problème stra-tégique encore inédit et qui pourrait êtrerésumé ainsi : l’immense majorité des vic-times écologiques de notre mode de vien’est pas encore née. Et donc se trouvedans l’incapacité de réagir et d’agir,comme peuvent le faire les victimes, bienvivantes, d’injustices actuelles.

Imaginez-vous quel aurait pu êtrel’impact du boycott des autobus deMontgomery, si les victimes contempo-raines de la discrimination ne s’étaientcomptées que sur les doigts d’une main,et si seule cette poignée de Noirs avait puagir, avec le soutien des quelques Blancsqu’elle aurait pu mobiliser ?

Proportionnellement, étant donné lerapport entre le nombre de victimesmuettes et futures de nos actes et de cellesqui se trouvent actuellement en capacitéde réagir, nous nous trouvons dans unesituation comparable… De quelle manière

Octobre 2004 SILENCE N°315 7

DR

1968 à Prague : résistance contre l’invasion des chars soviétiques.

La croissanceéconomiqueest une armede destructionmassive àretardement.

(6) Ibid., p.81-86.(7) Dans ce contexte, ce qui nous fait tenir et donnegoût à la vie, c’est les rapports humains gratuits, laconvivialité, les échanges non-marchands, et le tempspassé… à le perdre ! Si ces moments précis consti-tuent des espaces de bien-être, de respiration et desurvie relationnelle et spirituelle dans notre contextesocio-économique, pourquoi ne pas choisir un moded’organisation qui soit basé justement autant que pos-sible sur ces caractéristiques ?

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pourrons-nousdégager, à partir de

cette impasse apparente,des perspectives d’action non-violente,notamment de masse ?

Ou autrement dit, si les ressources del’action non-violente existantes s’e révè-lent être efficaces pour la défense desdroits humains, nous nous trouvons audéfi d’inventer des stratégies pourdéfendre les droits des personnes futures :quelles résistances transgénérationnellessaurons-nous inventer à ces violencestransgénérationnelles ?

La responsabilisation,pivot de l’action non-violente

Si, dans le cas de la décroissance, auvu du caractère largement transgénéra-tionnel des violences existantes, la ques-tion des conditions d’une action non-vio-lente efficace de masse semble probléma-tique, un autre élément propre à l’actionnon-violente se trouve être, lui, particu-lièrement présent.

Si nous reprenons l’exemple du boy-cott des autobus par la communauté afro-américaine de Montgomery, présenté parJean-Marie Muller dans Stratégie de l’ac-tion non-violente comme «l’un desmodèles les plus parfaits de l’action non-violente», nous constatons que la com-munauté noire de la ville peut être consi-dérée comme victime d’une situationinjuste, mais que précisément toute lalogique qui la mène à ce boycott, avec sonleader Martin Luther King, est d’affirmerqu’elle n’est pas que victime de cetteinjustice mais qu’elle en est égalementresponsable, dans la mesure où sesmembres ne font pas tout pour la fairecesser. C’est là le principe de base de ladésobéissance civile.

C’est donc la responsabilisation, c’est-à-dire le refus de rejeter la responsabilitéde l’injustice exclusivement sur l’autre etde la combattre en une lutte toute exté-rieure, au profit d’une reconnaissance desa propre part de responsabilité dans l’in-justice et dans le mal commis, qui carac-térise l’action non-violente. La ligne

de partage nepasse plus àl ’ extér ieur,entre l’op-presseur et la

victime, maisbien à l’intérieur,

entre la part en soi decoopération à l’injustice, et celle

de résistance à celle-ci. La lutte non-vio-lente est un combat intérieur autantqu’extérieur. Un combat qui implique,met en cause et responsabilise celui qui lemène, au lieu de rejeter la responsabilitésur l’autre — l’ennemi, le système — dansun réflexe bien connu de « polarisationexterne », processus psychique qui se trouveêtre à la base de la plupart des violences (8).

La force de la responsabilité

Il s’agit là d’une posture moins théo-rique que pratique : je concentre monénergie sur la part d’injustice dont je suismoi-même responsable, et donc surlaquelle j’ai un pouvoir réel, et cela mepermet d’avoir une action d’une efficacitéoptimale face à cette injustice. Mes capa-cités de transformation d’une situationsont en effet proportionnelles à ma res-ponsabilité dans cette dernière. Si plaiderl’irresponsabilité semble au premier abordplus facile, le corollaire de cette posturede rejet de la responsabilité sur d’autres,est le rejet des capacités dechan-gement, sur cesmêmes autres, et doncl’auto-condamnation àl’impuissance personnelleet à la dépossession de sonpropre pouvoir sur sa vie.

Si nous cherchons àintroduire ces dernièresréflexions sur la responsa-bilité et les potentialitésd’action qui lui sont liées,à la contestation de lacroissance économiquequi régit nos sociétés,nous nous trouvons alorsamenés à une remise encause fondamentale de nosmodes de vie au quotidien.Nous pouvons certes ne voir, dans lesconséquences destructrices socialement,humainement ou écologiquement denotre système d’échanges économiquesactuel, que la responsabilité, bien réelle ilest vrai, des grandes multinationales, desorganismes financiers internationaux, oudes dirigeants politiques aveuglés par leurdésir de dominer au mépris d’une visiond’ensemble. Mais il se révèle très vite pourqui veut être honnête que la spirale des-tructrice de la croissance marche essen-

tiellement grâce à un carburant qui setrouve être notre coopération quotidiennevolontaire à ses processus. Il serait mal-honnête de notre part et trop facile denous tourner vers d’autres, vers de vilainsexploitants, pour expliquer l’exploitationmortifère de notre biosphère. Ce ne sontpas quelques hauts-gradés de la finance etde la corruption qui utilisent à eux seulsdes millions de voitures, des millions detonnes de produits manufacturés tou-jours plus inutiles et des millions detonnes d’emballages alimentaires par an.C’est bien nous.

Les grandes multinationales ne sontpas dirigées par de grands manitousoccultes programmant la destructionaccélérée de notre planète. Par contreelles fonctionnent grâce au labeur rangéet anonyme de nombreux cadres, agentscommerciaux, ouvriers, transporteurs,publicitaires et finalement consomma-teurs, sans lesquels les ordres du PDG del’entreprise, même s’il les hurlait ens’époumonant, n’auraient aucun impactsur l’environnement. Mais tous ceux là —nous — sont complices du système. Noussommes complices car notre survie àcourt terme est en jeu — le «jeu» dumécanisme de la précarité est d’entretenirla rareté de l’emploi pour maintenir souspression les travailleurs par la peur del’exclusion et le spectre de la misère.

Refusons tous demain, de l’ouvrier àl’agent publicitaire en passant par lecadre, mais surtout le consommateur, de

jouer le rôle qui nous estréservé dans la partition de la croissance illimitée,et tout cela s’écroule.Commençons par balayerdevant notre porte : ceprincipe est, du seul pointde vue stratégique, éton-namment efficace !

Nous nous trouvonsdonc dans une situationoù d’une part les res-sources de l’action non-violente de masse se trou-vent exceptionnellementlimitées par rapport aunombre réel de victimesdes violences économiqueslargement transgénéra-

tionnelles qui sont perpétrées, et oùd’autre part la responsabilité de ces vio-lences est plus clairement qu’ailleursattribuable à notre propre coopérationvolontaire, à travers la production et laconsommation essentiellement.

Quelles pistes entrevoir dès lors pourune action non-violente pertinente et effi-

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La spirale destructrice dela croissancemarche essentiellementgrâce à un carburant qui se trouve êtrenotre coopéra-tion quotidiennevolontaire.

(8) Selon le psychiatre états-unien Friedrich Hacker,dans son ouvrage Agression-Violence dans le mondemoderne, Calmann-Lévy 1972.

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cace visant à sortir de cette situationgénératrice de misères sociales, d’épuise-ment des ressources naturelles et de des-truction durable du vivant ?

La responsabilitéd’être forts

S’il est vrai que le nombre des vic-times vivantes de nos violences écono-miques est largement inférieur au nombrede celles à venir, cela ne doit pas nouscacher qu’il reste tout de même trèsimportant. C’est même sans doute l’undes plus importants qui ait jamais existéet que nous pouvons attribuer à un pro-cessus unique (quoique complexe), quiest cette forme de mondialisation libéraleactuelle instaurant une marchandisationde l’ensemble des rapports humains et desrapports à notre planète.

Ainsi, en dépit de ce problème straté-gique inédit soulevé et induit par la natu-re écologique des violences économiques

que nous perpétrons, il faut affirmer que,d’un autre point de vue plus pragmatiqueet centré sur le présent, nos ressources entermes d’action non-violente de massesont malgré tout très importantes.

Il a été entrevu ci-dessus commentpourrait s’exercer une non-coopérationavec les mécanismes dela croissance à travers laproduction et la consom-mation essentiellement.En effet, l’ensemble des « victimes » actuelles dela mondialisation sousses divers aspects sont,en vertu du principe de responsabilitéénoncé plus haut, susceptibles d’agir defaçon déterminante sur les mé-canismeséconomiques qui régissent celle-ci. Par lanon-coopération avec la logique de pro-duction-consommmation qui la fonde,par la promotion quotidienne d’autresrapports de production, d’autres formesd’échange plus humaines et plus équi-tables. Par exemple : par l’achat de fruits

et légumes de saison et locaux, afin d’éviter des transportsgigantesques et la pollution induite parceux-ci. Par l’achat de produits de la terresans marque et sans emballage. Par laconfection de plats cuisinés plutôt quel’achat de plats préparés. Mais aussi parles choix énergétiques, concernant enparticulier les transports… et par leschangements de rythme de vie qui sontinduits par de tels choix.

Passer de l’individuelau collectif

J’ai été frappé lors du colloque sur ladécroissance à Lyon en septembre 2003,par un certain nombre d’interventions quimettaient en valeur des expériences admi-rables de cohérence et d’engagement per-sonnel, reflets de choix difficiles et coura-geux car souvent en rupture avec les com-portements sociaux courants. Il ne faitpas de doute pour moi que là se trouve labase de toute volonté de changement plus

global et de chemine-ment vers une sociétéde décroissance. Je faismoi-même mes pre-miers pas chancelantsdans cette voie —multiple — que beau-coup réalisent au quo-

tidien. Et pourtant j’ai été choqué par cer-taines de ces interventions. Certaines lais-saient en-tendre que le changement de vieindividuel était à lui seul suffisant pourfaire évoluer la situation globale vers unesortie de la spirale absurde de la croissan-ce reine. Au risque de choquer à mon tourcertains, il me semble devoir affirmer quede tels changements personnels de vie —se nourrir différemment et mieux, inven-ter d’autres rapports de production, etc.,sont, selon l’expression consacrée, néces-saires mais pas suffisants. De la mêmemanière qu’un militantisme politique quine s’accompagne pas de changements per-sonnels cohérents peut être parfois imma-ture, il me semble que le changement per-sonnel pris pour lui-même comme suffi-sant, n’échappe pas parfois à une certainebonne conscience.

Il me semble important d’affirmer quela somme des actions individuelles nepeut pas faire système à elle seule, qu’ellen’est pas suffisante pour nous porter à l’échelle des défis à relever à l’échelleplanétaire. La somme ou la juxtapositionde ces actions individuelles, nécessairescomme fondement d’une non-coopéra-tion, ne peut pas résoudre à elle touteseule la situation. Croire cela ce seraitcroire en une nouvelle main invisible, qui cette fois-ci se trouverait dans notrecamp ; ce serait sans doute céder à

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Cancun, manif contre l’OMC, Organisation mondiale du commerce.

Les changementspersonnels de vie sont nécessairesmais pas suffisants.

I.E.E.S.D.S

François Schneider, membre de l’Institut pour la Décroissance, donne des conférences sur le sujet en se déplaçant à pied.Parti de la Drôme en juillet 2004, il est actuellement en Aquitaine et suit le canal du Midi en direction de Montpellier.

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une mythologie.Pour assumer cette responsabilité

d’être forts, il me semble nécessaire depasser, d’une manière ou d’une autre, del’individuel au collectif, de mutualiser cesexpériences personnelles de changementde mode de vie, de production et deconsommation, afin d’instaurer une véri-table dynamique de non-coopération.Chacun voit que de multiples engage-ments individuels de non-coopérationavec un ordre établi, de quelque naturequ’il soit, pour importants et nécessairesqu’ils soient, sont autre chose qu’un mou-vement ou qu’une campagne organisés denon-coopération.

Quelques habitants noirs de Mont-gomery, isolément, sans lien entre eux,par leur seule initiative personnelle deboycott des transports en commun, n’au-raient pu contraindre le gouvernementfédéral à abolir la loi qui les discriminait.Il a fallu qu’ils élaborent conjointementune stratégie collective fédérant de mul-tiples engagements personnels de boy-cott, pour parvenir à ce résultat.

De même quelques objecteurs deconscience isolés, sanslien entre eux, chacundans son coin, si coura-geux, prophétique etadmirable que soit leurchoix, n’auraient pu par-venir à contraindre leursgouvernements respectifsà faire voter le statut del’objection de conscience.Il a fallu pour cela qu’ilscoordonnent un mini-mum leur action et luidonnent une dimensionplus proprement poli-tique. D’ailleurs, pourprendre un exemple, enEspagne de nombreuxobjecteurs de conscienceavaient été signalés sousFranco, sans pour celagêner en rien l’institution militaire ni lerégime. Ces personnes étaient desTémoins de Jéhovah. Ils refusaient le ser-vice militaire en vertu d’une éthique stric-tement personnelle et privée. Conscientede l’innocuité pour elle de leur refus, l’ar-mée les a plus ou moins tolérés durantplusieurs décennies. Il a fallu attendre lafin des années 60 pour voir apparaître lespremiers objecteurs de conscience (enparticulier Pepe Beunza ) qui gênèrentréellement l’armée, le gouvernement et lasociété toute entière, par la dimensioncollective et politique qu’ils donnèrent àleur lutte. Leur combat aboutit quelquesannées plus tard à un statut des objec-

teurs de conscience en Espagne. Nesoyons pas «témoins de Jéhovah» dansnotre engagement personnel d’objecteursde croissance !

Ce n’est pas être amoureux de l’insti-tutionnalisation pour elle-même, ouchantre de la récupération politique et de

l’embrigadement, que deconsidérer que si les parti-sans de la décroissancesouhaitent donner unimpact politique fort à cer-taines de leurs objections,expériences et proposi-tions, dans le cadre de stra-tégies d’action non-violen-te, il sera alors nécessairede s’organiser un tant soitpeu. Il y a bien sûr une dif-férence entre institutionna-lisation forcenée, et instau-ration d’une dynamiquecollective. Cette dernière,aussi légère soit-elle dansses structures, est nécessai-re pour apporter une visibi-lité extérieure à des expé-riences qui le méritent,

pour encourager et soutenir celles et ceuxqui s’impliquent dans celles-ci, pour fairecirculer les informations et les idées, maiségalement et tout simplement, pouradopter des stratégies communes. Je n’aipas ici de plan d’organisation à proposer,bien sûr, mais je voulais du moins portercette interpellation et cette exigence. « La

désorganisation est la sœur jumelle de l’ir-responsabilité », écrivait Archinov (9).

Il existe déjà divers mouvements etréseaux engagés autour de cette idée dedécroissance. Dans la perspective de lamise en branle de stratégies non-violentesd’action collective, il peut s’agir soit derenforcer ces réseaux déjà existants, soitd’en créer de nouveaux, plus larges enco-re : face à la puissante et complexe machi-ne socio-économique contre laquelle onveut lutter, il convient d’être fermes,d’être durs comme le roc, comme leROCAD (Réseau d’objecteurs de croissan-ce pour l’après-développement) ?

Quelles stratégies collectives d’entrée en décroissance ?Quelles peuvent être les stratégies d’ob-

jection collective et politique à la croissance ?La non-coopération, on l’a vu, semble

être une ressource essentielle, primordialepour une stratégie de rupture avec lesmécanismes économiques que nous nousdonnons actuellement. «Le grand problè-me de la production capitaliste, écrivaitdéjà Paul Lafargue au dix-neuvièmesiècle, est ( …) de découvrir des consom-mateurs, d’exciter leurs appétits et de leurcréer des besoins factices» (10). C’estdans la non-coopération en tant queconsommateurs que repose en grande

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Le hamac : une arme de destruction massive.

(9) Archinov, La Makhnovchtchina. Ed. Spartacus, 2000.(10) Lafargue Paul, Le droit à la paresse, 1880.

Pourquoi ne pasorganiser une « marche desdescendants » où descendantset ancêtresillustres serejoindraientpour appeler lesvivants à ne pasbriser la tramede l’histoire ?

Cette croissance a besoin de carburant. Partout où l’on trouve de l’or noir, partoutcroissent les guerres, croissent les dictatures, croissent les expropriations. Le pétro-le est bien le moteur de la croissance. Mais de la croissance des violences et des

iniquités dans le monde. En Equateur par exemple, un oléoduc est construit au mépris desrevendications légitimes des communautés indiennes vivant sur son parcours : scènes delutte inégale similaires à bien d’autres partout dans le monde : l’éléphant écrase une pucesans bruit. Et l’on applaudit l’éléphant pour ses performances, sans voir la puce. Lespuces, c’est nous. Mais paradoxalement, l’éléphant aussi, c’est nous.

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partie notre pouvoir, puisque c’est dans la coopération en tant que consomma-teurs que repose en grande partie notreresponsabilité. «Parce qu’une solutionissue des décideurs politiques est impro-bable, je préconise une réaction indivi-duelle (si elle est entendue, elle deviendracollective) de désengagement écono-mique et de non-collaboration au systèmeavec pour objectif de l’abandonner plutôtque de le combattre, en nous réappro-priant le politique et l’économique», écritGérald Almarcha (11). Paul Ariès luiaussi semble privilégierune telle piste lorsque,parlant de notre systè-me économique basésur la consommation etde ses conséquences, ilestime que « le boycottorganisé est constituéen délit en France. Lesystème en a très peur.C’est très efficace ». Ilapporte une précieuseprécision, comme on leverra plus loin, lorsqu’ilajoute : «Cependant,par exemple, une jour-née de boycott deMac’Do doit être enmême temps une journée de solidaritéavec le personnel de Mac’Do» (12). Maisc’est également la non-coopération entant que producteurs et acteurs du systè-me, qui doit être mise en œuvre, pouraller au bout de notre responsabilité.

L’action symbolique est elle aussiimportante à mettre en œuvre. Elle viseessentiellement à renforcer la confiancede celles et ceux qui se lancent dans unecampagne d’action pour la promotiond’une économie et d’une société dedécroissance, mais aussi et surtout à sen-sibiliser l’opinion publique et à laconvaincre de l’intérêt d’entrer dans unetelle dynamique : « ce ne sont pas lesminorités convaincues qui font l’histoire,mais les minorités qui savent convaincre »(13). Pour donner un exemple : dans uncontexte où la majorité des victimes desviolences liées à notre organisation socio-économique actuelle ne sont pas encorenées, et donc incapables de faire entendreleur voix et de lutter pour faire valoirleurs droits, pourquoi ne pas les matéria-liser dès aujourd’hui, en les figurant et enles faisant intervenir lors de manifesta-tions ? Pourquoi ne pas organiser une«marche des descendants» qui vien-draient interpeller les vivants sur les vio-lences qu’ils leur font subir, et les appelerà les rejoindre, c’est-à-dire à les prendreen compte et à les «vouloir» ? Unemarche où descendants et ancêtresillustres se rejoindraient pour appeler lesvivants à ne pas briser la trame de l’histoire ?

Un défi à releverSi la croissance était une automobile,

la publicité serait sans doute la pédaled’accélérateur. Dans ce cas, elle serait unendroit privilégié sur lequel agir afin d’en-traver la course de la voiture. C’est peut-être dans la publicité, véritable accéléra-teur psychologique de croissance, que setrouve une prise (parmi d’autres), unpoint sensible du système en son entier,sur lequel une campagne d’action pour-rait être portée en vue de déstabiliser

celui-ci. Les réactions épider-miques ayant suivi les actionsanti-publicité de ces dernierstemps semblent attester quel’on touche là un point déli-cat, un point stratégique del’aliénation vo-lontaire quipréside à la marche en avantde la croissance.

Comme le pointait laremarque de Paul Ariès plushaut, une campagne d’actionsd’objection de croissance doitnécessairement s’accompa-gner d’un programmeconstructif, qui soit en mêmetemps une force de contre-propositions basées sur des

expériences et des idées, et une structuresusceptible d’aider matériellement lespersonnes qui s’engagent dans des actionsparfois très engageantes de non-coopéra-tion ou de désobéissance civile. C’est làsans doute que seront estimés la cohéren-ce, la pertinence et l’attrait de tout mou-vement cherchant à entrer dans unesociété et une culture de décroissance pardes stratégies non-violentes.

Concrètement, que peut-on envisa-ger ? Une mise en valeur, à travers unréseau servant de plate-forme de commu-nication avec l’ensemble de la société, desnombreuses expériences qui sont vécuesdepuis longtemps parfois et qui apportentdes témoignages forts d’alternativessociales, politiques, économiques. Uneréflexion critique et collective sur cesexpériences et sur ce qui peut être propo-sé à partir de celles-ci à une proportionplus large de personnes, dans un esprit depluralité. Une structure, où la mise enréseau de micro-structures, permettant àdes personnes qui veulent faire acte d’ob-jection de croissance engageant l’en-semble de leur existence sociale — et il yen a — de pouvoir réaliser ce choix sanstomber dans une précarité sociale inéluc-table, soit en s’insérant dans des expé-riences existantes, soit en bénéficiantd’une solidarité qui leur permette demonter leur projet de vie décroissant. Demême que les objecteurs de consciencebénéficiaient, autant qu’il était possible,d’une solidarité envers eux et leurs

familles quant aux conséquences socialesde leur choix, grâce à leur organisationcollective.

Enfin, il me semble que la décroissan-ce pourrait gagner en crédibilité si celleset ceux qui œuvrent en ce sens réussis-saient à proposer dans ce cadre des pers-pectives de vie décentes aux nombreusespersonnes qui vivent dans la précarité etdans l’exclusion de notre société-tourni-quet. Proposer aux personnes au chôma-ge ou en travail précaire par exemple, desperspectives de travail s’articulant à unrythme de vie et à des repères différents,dans une perspective de société décrois-sante : n’y a-t-il pas là un défi à relever ?En plus de l’urgence évidente d’une telleperspective, ce serait un signe fort de pro-motion de la décroissance comme hori-zon de valeurs alternatif à celui de notresociété d’exclusion, et comme alternativeconcrète parvenant à offrir des perspec-tives socio-économiques humaines etviables là où le règne du marché échoue.Ce pourrait être l’un des grands chantiersde la décroissance.

Un point d’importance : une culturede décroissance et une culture de non-violence ont toutes deux pour caractéris-tique essentielle commune, le souci del’autre, présent et à venir. C’est là uneforce commune de critique de la culturedominante, qui tend à enfermer sur soi età gommer toute prise en compte de l’alté-rité, du passé et de l’avenir, c’est là unebase commune sur laquelle imaginer desalternatives, mais c’est aussi la matièrepremière pour une manière d’agir dèsaujourd’hui qui allie une réelle efficacitéet un respect absolu de la personne d’autrui.

Guillaume Gamblin nPour contacter l’auteur : Guillaume Gamblin,

11 rue J.P.- Veyrat, 73000 Chambéry.

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(11) Almarcha Gérald, J.-M. Harribey et la décroissan-ce, Politis, 25 décembre 2003.(12) Ariès Paul, Les manipulations mentales au seinde la mondialisation, conférence à DiverCité, Lyon,10 décembre 2002.(13) Muller Jean-Marie, op. cit.

Proposer auxpersonnes auchômage ou entravail précairedes perspectivesde travail s’articulant à un rythme de vie et à des repèresdifférents.

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Le sourire : autre arme de destruction massive.

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Des trois phases historiques ducapitalisme à savoir la colonisa-tion, le développement et la mon-

dialisation, le développement demeureun concept qui défie les clivages idéolo-giques et politiques. Quand certains pro-posent de nous entendre sur le terme dedéveloppement, d’autres affirment qu’iln’existe pas de bons modèles de dévelop-pement. Les arguments des opposantssont nombreux, le développement estune idée occidentale qui n’a pas d’équiva-lent dans d’autres cultures. Les politiquesde développement produisent une tripledestruction : la destruction des relationssociales, la destruction des ressources dela planète, la destruction à plus ou moinslong terme des produits industriels. Cettestratégie révèle la volonté d’omnimar-chandisation des biens et des services quine deviennent accessibles qu’à la popula-tion solvable. Imposé sur tous les conti-nents mais avec plus de violence dans lespays du Sud, le développement a desconséquences évidentes : depuis cin-quante ans qu’on développe le tiers-monde, les populations s’appauvrissent.

Nous avons, nous Occidentaux,transformé notre lien ancestral avec laplanète et avec le reste de l’humanité. Cechangement radical se révèle dans notrefaçon de penser. Il est à la fois d’ordresyntaxique : la forme intransitive de l’ac-tion de se développer s’est transformée enforme transitive, développer les autres. Ilest aussi d’ordre idéologique : le monde setrouve partagé entre pays développés etpays à développer, d’où la notion de paysen développement. Mais quelle est la réa-lité de cette notion au regard des écono-mies comparées du Nord et du Sud ?Alors que 20% de la population mondialeconsomme plus de 80% des ressourcesexploitées dans le monde, comment lespays du tiers-monde peuvent-ils se déve-lopper ? Quelle est réellement la violencede cette situation ? A partir du moment

où les pays du tiers-monde (les ancienspays colonisés) acceptent de se définireux-mêmes comme sous-développés etd’entrer dans le jeu globaldu développement, la vio-lence physique se trouveremplacée par une autreforme de violence, la vio-lence symbolique. C’est lemoyen, pour les ex-colo-nisateurs, de parvenir aumême résultat, la poursui-te de la domination, sou-vent sans usage visible dela force armée.

En quête d’un rapportplus équitable entre leNord et le Sud, préconiserpour les populations dé-munies le même niveau de vie que pourles nantis du Nord est incompatible avecla préservation des équilibres écologiques .

Ce n’est également pas spirituellementsouhaitable. L’humanité aurait besoin deplusieurs planètes si chacun consommaitcomme les Occidentaux. Soucieux denotre empreinte écologique, parvien-drons-nous à nous limiter à 2,2 hectares,la surface de terre disponible par habitant ?Gandhi ressentait le lien entre violence etdéveloppement. Il portait un jugementcritique sur la société industrielle etquand on lui demandait s’il souhaitait quel’Inde atteigne le même niveau de déve-loppement que l’Angleterre, Gandhirépondit : « il a fallu toute la planète àl’Angleterre pour se développer, combienalors faudra-t-il de planètes pour dévelop-per l’Inde ».

Les militants tiers-mondistes n’aban-donnent pas le développement, ils sou-haitent le rendre plus humain et durable.Loin de rejeter la composante durable,une question subsiste : le développementdurable n’est-il pas la poursuite sans limi-te des conséquences néfastes du dévelop-pement, notamment la capacité du systè-me à produire de l’exclusion au Nordcomme au Sud ? Maintenir le développe-ment durable, c’est privilégier le principe

de l’aide au tiers-mondesur l’acte politique consis-tant à s’interroger sur lasignification de la pauvre-té, liée à l’origine de notrerichesse, c’est-à-dire lepillage des ressources.

Nous proposons unepanoplie de réformes pourtenter de rétablir des rap-ports plus justes entre leNord et le Sud. Que penserde l’abolition de la dettedes pays pauvres ? Sanschanger les règles finan-cières et commerciales qui

ont produit ces effets dévastateurs surleurs populations, cette mesure ne feraitque différer le système d’oppression.

Nous prétendons que l’humanité connaît une fréquence des actes de violenceinédite dans notre Histoire. Loin d’affirmer que, dans les domaines sociaux,

politiques, écologiques et économiques, de tels actes sont la rançon du progrès, s’il s’agit de rompre le lien entre croissance et violence, comment

reconnaître que nous ne pouvons plus croître sans fin dans un monde limitési nous refusons les moyens de préserver notre planète et le développement

comme principe destructeur de nos écosystèmes ?

Décroissance et non-violence

Violence du développement

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La télévision pollue dans les coins les plus reculés de la planète.

Le développe-ment, c’est lamarchandisationdes biens et desservices qui nedeviennentaccessibles qu’àla populationsolvable.

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Octobre 2004 SILENCE N°315 13

Taxer les transactions financières pourdégager des moyens de financer l’aide audéveloppement ne servirait qu’à exporterl’occidentalisation de notre mode de vie etqu’à pérenniser l’industrialisation dumonde. Développer le commerce interna-tional pour exploiter les ressources duSud bénéficie principalement à l’exploi-tant occidental.

Une fois déduites les charges liées àl’exportation, l’exportateur ne disposeplus que de la valeur résiduelle sousforme de taxes sur les produits et dessalaires versés à la main-d’œuvre locale.

L’aide directe aux populations dutiers-monde s’inscrit dans une logiqueoccidentale d’assistanat. Le commerceéquitable, le micro crédit sont des moyensd’intégrer les relations non marchandestraditionnelles dans le commerce interna-tional. Conscients du caractère abusif etmalhonnête du commerce international,certains essayeront d’imaginer des pra-tiques non agressives.

De la pertinence ducommerce équitableEtudions la pertinence du commerce

équitable. Si équité signifie justice et réci-procité, imaginons alors qu’un groupe-ment de consommateurs du Sud assure lapromotion d’une activité non vivrière deproducteurs du Nord dans le but de valo-riser une consommation de confort pourdes populations vivant dans le Sud ?Plutôt que cette hypothèse irréaliste,

à cette relation entre perdants à sommenulle, pourquoi ne pas choisir une rela-tion du type gagnant-gagnant ?

Face à la violence que représententces multiples destructions ayant pour ori-gine notre ancrage au mythe du dévelop-pement, il serait illusoire d’attendre del’Etat de réparer les désordres occasionnéspar la société industrielle, d’abord parcequ’il est complice et moteur du systèmed’oppression et ensuite parce qu’il sedésengage progressivement de son rôle derégulateur social. Envers les pays du tiers-monde, il serait plus efficace d’avoir à l’es-prit les conséquences de nos actes, de nepas nuire et d’abandonner le principe del’assistanat appelé aide.

La montée de la violence n’est pas tantun déficit de démocratie qu’une consé-quence injuste de l’exploitation des res-sources et de l’absence de répartition desrichesses au Nord comme au Sud, ainsiqu’entre le Nord et le Sud. Nous avons ledevoir de ne plus nous illusionner sur lediscours démagogique et irresponsable dela croissance pour l’emploi. Les alterna-tives possibles seraient, de manière défen-sive, ne plus nous rendre complices dusystème participant à notre propre aliéna-tion en décidant un désengagement éco-nomique et, de manière offensive,construire une société de décroissanceprivilégiant la satisfaction des besoinsfondamentaux de l’être humain à partirdes ressources disponibles au niveau localtout en élargissant le champ des relationshumaines. Une décroissance quantitativepour une meilleure qualité de vie passepar la réappropriation de l’instrumentpolitique et économique. Nous avonsaujourd’hui la possibilité de choisir cettevoie avant que l’organisation techno-industrielle et/ou les soubresauts de notreplanète ne nous l’imposent. Une stratégiede réévaluation de nos réels besoins dansle but de diminuer substantiellement nosproduits de consommation, stigmatiséede retour en arrière, serait une grandeavancée pour les peuples du tiers-monde.Cette démarche permettra aux popula-tions du Sud de mieux accéder à leurs res-sources et à la terre. Elle sera une chanceet une grande avancée pour tous lesexclus du système.

Une véritable alternative est ancréedans une perspective d’après-développe-ment et dans l’expérimentation de ceuxqui vivent en marge du système. Déjà,existent ou se recréent des îlots d’autono-mie dans le désert relationnel du capitalmondialisé. Compte tenu d’un rapport deforce en notre défaveur, une stratégie effi-cace pour affaiblir le système consisteraità fédérer ces îlots pour qu’ils recréent untissu social et économique capable d’affai-blir le système dominant, qui se trouve-rait abandonné plutôt que combattu.

Objecteurs de croissance

Imaginons une charte fédératrice deces initiatives qui se reconnaîtraient dansdes projets politiques de transformationdu monde hors société industrielle. Desprojets qui permettent de multiplier cesalternatives et de solidariser celles et ceuxqui souhaitent bâtir une société convivia-le au sein d’un réseau d’écolieux adoptantun objectif d’autonomie matérielle et deliens culturels entre chaque lieu ainsiqu’entre ruraux et citadins, en relationavec chaque population proche ou moinsproche. Nous pouvons préciser laconstruction de ces projets lors de nosprochaines manifestations ou rendez-vous tels que colloques, universités d’été,rencontres de la simplicité volontaire…

Des stratégies portées par les objec-teurs de croissance seraient d’autant plusefficaces qu’elles valoriseraient la régula-tion non-violente des conflits et les cri-tiques de Gandhi à propos de la sociétéindustrielle quand il proposait de vivresimplement pour que d’autres puissentsimplement vivre (1).

Gérald Almarcha nmembre du MAN

Ce texte est inspiré des lectures de Gandhi, IvanIllich, François Partant, Gilbert Rist, Jacques

Grinevald, Serge Latouche, François de Ravignan,Majid Rahnema, Mathis Wakernagel, William Rees,

Hervé René Martin, Bertrand Louart.

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Le téléphone portable au service du pillage des ressources du Sud.

Même en Ouganda, on peut perdre son temps dans un cyber-café !

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(1) Les lecteurs de S!lence, sensibilisés à ces objectifs,ont souhaité nouer, par la création de l’association desAmi-e-s de S!lence, des liens forts créés lors de la ren-contre organisée par la rédaction en juillet 2002 auCun du Larzac. Les membres de l’association ont pour-suivi cette dynamique lors d’une deuxième rencontreau Biolopin en juillet 2003 autour de tables rondes,d’ateliers riches en partage de valeurs communes dansl’esprit de Si!ence. Pour avoir constaté que la décrois-sance était une alternative possible qui nous portait,nous nous sommes rejoints autour d’un projet d’éco-village. Après deux réunions de réflexion trimes-trielles, rassemblant une trentaine de personnes, nousconstatons une volonté d’engagement de chacun avecla perspective de nous installer dans les prochainsmois sur plusieurs sites fonctionnant en réseau.

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On peut émettre l’hypothèse qu’ac-tuellement un certain nombre deviolence dites «urbaines» provien-

nent des inégalités sociales, lesquellessont intimement liées à l’inégalité écono-mique. En développant un mode desociété où l’économique perd de sonimportance, où se re-développent desliens conviviaux, où l’individu n’est plusincité à la consommation, mais à la soli-darité, où chacun a sa place indépendam-ment de sa capacité financière, on peutespérer que l’on verra baisser le niveaude désespérance et de violence.

Les effets de l’économie de marchéet de la mondialisation

libérale sur les inégalités sociales C’est un système économique qui

accentue les inégalités sociales et écono-miques : les riches sont toujours plusriches et les pauvres de plus en pluspauvres tant au niveau national qu’inter-national. Dans les années 1980 la sociétéa cherché à déculpabiliser le rapport àl’argent, cette tendance a surtout déculpa-bilisé les riches en laissant se généraliserl’idée qu’on peut faire de l’argent par tousles moyens. Les richesses personnellessont phénoménales actuellement et l’écartentre les plus riches et les plus pauvres n’ajamais été aussi important. Aux USA en1960 l’écart moyen entre les salaires (sansparler des revenus) étaient de 1 à 20, en1990 de 1 à 175, en 2003 de 1 à 500 (dansla société Dysney l’écart va de 1 à 8500 !)Au niveau international le phénomène estencore plus important ; les quelques per-sonnes les plus riches du monde possè-

dent plus que les quelques dizaines depays les plus pauvres du monde et globa-lement les habitants des pays les plusriches (Europe, USA, Japon…) ont uneconsommation de ressources naturelleslargement excessive par rapport à la partqui leur revient en partage. Au niveaunational et international cette logiqueexclut les moins compétitifs, les plus fra-giles, entraînant une profonde insécuritésociale. La rareté de l’emploi a pourconséquence une peur des licenciements,une augmentation de la précarité et unedégradation des conditions de travail.

Notre système néolibéral valorise lesseules activités marchandes et moné-taires, et marchandise l’ensemble desaspects de la vie humaine. Il s’agit là d’unaspect éthique qui passe par des aspectstrès concrets de la vie de tous les jours.Tout tend à être marchandisé, aucun plai-sir n’est envisagé en dehors de la consom-

mation, aucune joie en dehors de ce quis’achète et se vend. Le demandeur d’em-ploi doit lui-même chercher à «sevendre». La nature, les forêts, le tempslui-même, mais aussi la culture, la pensée,les hommes et les femmes : tout se vend.Il y a une réification généralisée duvivant, qui permet cela. Le matérialismenéolibéral réduit tout le vivant à desobjets, à du marchandisable. NicanorPerlas parle d’une «marchandisationgénéralisée des rapports humains». Leprojet d’AGCS, Accord général sur lecommerce des services incarne cettevolonté. En un mot, c’est la privatisationde l’ensemble des services publics : élec-tricité, transports, eau, énergie, déplace-ments, mais aussi de manière plus détour-née santé, éducation, social, eau, cultu-re… et cela de manière irrémédiable.

Le monde économique qui semblerégir toute la vie de la société donne l’im-pression de s’emballer, entraîné par sapropre mécanique. L’économie de marchébasée sur la croissance à tout prix s’estéchappée de la sphère du contrôle poli-tique, on est dans le domaine du cyber-espace sans rapport réel avec le temps,l’espace, les lieux, les humains. Mêmedans l’industrie, le très court terme del’actionnariat (le temps de la spéculationboursière) prend le pas sur le tempsindustriel (les salariés, les objets manu-facturés, les délais de fabrication, le res-pect du client…). Une certaine concep-tion du libéralisme économique veutréduire la place du politique et renvoyerl’Etat à ses seules fonctions régaliennes :le maintien de l’ordre, la sécurité. Le mar-ché serait le seul régulateur et réduirait aumaximum les marges de manœuvre dupolitique. Le monde serait alors régi parles mécanismes de la puissance, de la vio-lence, de la compétition, de la loi du plusfort, de la concurrence. Les obsessionsdes technocrates sur la lutte contre l’infla-tion, sur l’équilibre monétaire, sur lesrésultats immédiats cantonnent leurchamp d’action sur le présent, sans pro-jection sur l’avenir.

Décroissance et non-violence

Réduire les inégalités

La croissance économique exacerbe l’impressiond’inégalité. La décroissance si elle s’accompagne

de la non-violence peut être un moyen de redécouvrir l’entraide, la coopération…

et de quitter les valeurs du système dominant.

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Octobre 2004 SILENCE N°315 15

Les effets sur l’inconscient collectif

La précarité entraîne une baisse de lasécurité personnelle et collective et aug-mente le sentiment de peur. Il y a un véri-table désenchantement du présent quirenvoie à une incapacité à envisager unavenir. L’avenir fait peur, il n’est plus signed’espoir, on va vers le futur à reculons, laconclusion de cet état de fait est qu’il fautprofiter du présent, cela entraîne unemontée de l’individualisme, une très forteadaptation au présent, un renoncementau changement, un rapport à l’immédiate-té qui perturbe le rapport au temps linéai-re, une incapacité à se projeter. Le présentest la seule temporalité qui envahit toutl’espace. On accepte l’idée qu’on n’a plusde prise sur le cours des choses, c’est unprocessus sans sujet. Ce sentiment estparticulièrement présent dans les ban-lieues. « On est exclu du monde, lemonde tourne sans nous » témoignentcertains habitants. Ce qui n’incite pas àune participation citoyenne (abstentionimportante aux élections, désintérêt pourla vie publique…). Il y a un effacementdu rôle des citoyens qui sont réduits àêtre des consommateurs en journée et destéléspectateurs en soirée.

La situation est gravemais pas désespéréeComme on l’a vu l’économie de mar-

ché basée sur la croissance et la mondiali-sation libérale ont des conséquences surles inégalités sociales et économiquesmais aussi au niveau de l’inconscient col-lectif puisqu’elles modifient le rapport autemps, à l’espace et n’ouvre pas de pers-pective d’espoir. C’est pourquoi il estimportant de faire une véritable ruptureavec ce mode de production et deconsommation et aussi de retrouver dusens dans l’avenir et dans les valeurs com-munes pour éviter au niveau de la sociétéune plus grande rupture avec les per-sonnes exclues.

Décroissance n’équivaut pas à réces-sion : rien de pire que de souhaiter la pure

et simple récession dans l’état actuel deschoses. Il faut changer radicalement delogique économique et changer lesvaleurs de base : le bon-heur n’est pas que dansl’avoir, « mieux » n’estpas forcément égal à « plus ». Cela passe parune réduction des be-soins qui rime avec qua-lité, joie, gratuité, parta-ge, convivialité. Toutel’œuvre d’Ivan Illichdéveloppait cette théo-rie. Il s’agit de remettreen cause l’idée que leplaisir passe forcémentpar la consommation, etde dénoncer la publicité.Dans la décroissanceune grande place estdonnée à la dimensionculturelle et à l’épa-nouissement personnel.La richesse de la person-ne n’est pas limitée à sonpouvoir d’achat. L ’éco-nomique ne doit plustenir tant de place. LeManifeste du réseau des objecteurs decroissance pour l’après développementpropose, comme piste de changement, « les 6 R » :« - réévaluer : changer les valeurs que l’onassigne à sa vie,- restructurer : adapter l’appareil de produc-tion et les rapports sociaux en fonction deces valeurs,- redistribuer : répartition plus juste et équi-table des richesses, et du patrimoine naturel,

- réduire : ses besoins, et leur impact envi-ronnemental, et pour cela- réutiliser : la qualité qui dure contre lerègne du jetable mal produit,- recycler ».

A quoi il faut ajouter un septième«R», essentiel : re-localiser la productionet la consommation afin de réduire autantque possible les coûts écologiques destransports de marchandises, concrète-ment cela passe par éviter d’acheter des

fruits et légumes qui ont traversé lemonde entier, cela passe aussi parconsommer les produits locaux de saison.

La décroissance c’estmodifier son rapport autemps, son usage dutemps. Travailler tous maistravailler moins, laisse dutemps pour des activitéscomme le jardinage, le bri-colage. La décroissance vamettre l’accent sur faire leschoses par soi-même plu-tôt que d’acheter des objetsmanufacturés (la cuisine,l’entretien et la réparationdes appareils pour éviterleur remplacement à la pre-mière panne, et aussi fabri-quer et inventer des jouetspour ses enfants parexemple…). Ces activitésont des incidences finan-cières et économiques (leplus souvent elles rédui-sent les dépenses de la viequotidienne), elles ont desconséquences écologiques(manger des produits de son

jardin est plus naturel que de se nourrir deplats préparés industriellement, réparer, entre-tenir… limite la consommation).

Elles ont une utilité sociale et revalo-risent les individus qui à nouveau sontfiers de ce qu’ils font. En tant que parents,cette restauration de l’image de soi a deseffets très positifs sur les enfants, quinotamment dans les milieux populairessouffrent d’une image dévalorisée de leurspères. En ayant plus de temps, moins de

stress et moins de préoccupation maté-rielle, on peut faire le pari que les parentset les enfants partageront le plaisir dutemps passé ensemble à jouer, à lire, àfaire des activités, voire même de tempsen temps à regarder la télévision en-semble pour échanger sur les émissions.Il y a ainsi des instants de bonheur à laportée de chacun.

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ALAIN FOEHR

Le partage enfamille d’une viesimple est, sans trop de complication, à laportée de chacun,mais cela signifiequ’on arrive àéchapper auconditionnementdu modèle domi-nant et qu’on a la capacité à réa-liser des projetsalternatifs.

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Octobre 2004 SILENCE N°315 16

Les modèles dominants sont très pré-gnants. On peut prendre l’exemple desvacances. Dans l’imaginaire collectif bienmodélisé, vacances veut dire séjour aubord de la mer au mois d’août. C’est leplus souvent hors de prix et pas vraimentagréable à cause de la foule. Certainesfamilles populaires font de gros sacrificesfinanciers pour se conformer à cet idéalde vacances qui laissent souvent un arriè-re goût de frustration. Tout étant tropcher, il est généralement impossible departiciper aux activités proposées. La plu-part des familles ne pouvant pas envisagerun séjour en bord de mer, renonce à toutprojet de vacances. Alors qu’il n’est pastrès difficile, ni très coûteux de passerquelque temps de vacances en famille à lacampagne à faire de la marche ou du vélo,il existe des formules d’hébergement som-maires pas très chères. Après ce type devacances, les enfants sont contents carcela change de leur cadre de vie ordinaire.Ils en gardent souvent de bons souvenirsen ayant l’impression d’avoir vécu unebelle aventure. Les parents sont fiersd’avoir mené à bien un projet. Ce genred’activité de partage en famille d’une viesimple est, sans trop de complication, à laportée de chacun, mais cela signifie qu’onarrive à échapper au conditionnement dumodèle dominant et qu’on a la capacité àréaliser des projets alternatifs.

Aujourd’hui trop de personnes sansemploi sont désœuvrées, ont un senti-ment d’inutilité, elles se sentent sansvaleur, sans projet, sans avenir, elles n’ontpas de place dans la société. De plus l’at-trait de la consommation est un terriblepiège qui se referme sur des personnes(jeunes ou moins jeunes, exclues oupas…) happées par le mirage d’une socié-té sans autre perspective que l’argent. A cesujet, il faut souligner la campagne lancéeen septembre 2002 par Casseurs de Pub«Démarque-toi» campagne d’information

et de sensibilisation envers les jeunes etnotamment les jeunes issus des banlieuespour les inciter à ne pas céder à la pres-sion de la publicité sur les vêtements demarque. C’est un acte vraiment coura-geux car on sait comme il est difficile de«ramer à contre courant « sur un sujetaussi délicat qui renvoie à l’image de soi

et à sa capacité à se démarquer de songroupe d’appartenance. La publicité utili-se savamment le désir mimétique pourprendre au piège les consommateurs. Lestechniques publicitaires ont l’art de fairecroire qu’un objet, même futile, est abso-lument nécessaire voire indispensable.Tout est fait pour qu’il devienne impos-sible de s’en passer. La création artificiellede nouveaux besoins est une techniquecommerciale. Il n’est pas facile de sortirde cette emprise pour prendre de la dis-tance par rapport aux objets de consom-mation et définir ses véritables besoinsqui, dans le fond, renvoient à des notionsplus philosophiques, plus humanistesque matérielles.

Passer de la rage à la coopération

Rompre avec une société qui base toutsur la consommation est une façon d’ai-der les personnes exclues à sortir de lafrustration, de l’anomie, de la rage, et derétablir un peu de justice et d’équité. Unevéritable révolution copernicienne estnécessaire pour substituer au tout écono-mique des valeurs de coopération, de par-tage. Il faut redécouvrir des valeurs dereconstruction, de reconnaissance, devalorisation, de transmission, de solidari-té, de convivialité et recréer du lien socialafin de permettre aux personnes d’êtreacteurs de leur vie. Pour cela il est néces-saire d’ouvrir des lieux de débat, de ren-contre, de confrontation, de discussion.Cela signifie qu’il faut mobiliser toutes lescomposantes de la société : les élus, leshabitants, le monde associatif, éducatif…Chacun doit avoir accès par la culture, laformation, aux moyens de réfléchir sur savie, sur le sens qu’il veut y donner. C’estune façon de transcender son existence.

Les différentes expériences de débatphilosophique dans les quartiers popu-laires sont intéressantes car elles vontdans ce sens. N’oublions pas que l’hommequelle que soit son histoire, sa conditionest un être pensant. Il faut retrouver cequi fait société, ce qui donne du sens à lavie de chacun, notamment l’inscriptiondans une histoire transgénérationnelle. Lerapport entre enfants, parents, grand-parents, de la naissance à la mort donneune temporalité nécessaire à la construc-tion individuelle et collective. C’est unefaçon de vivre le présent en tenant comp-te du passé pour préserver l’avenir. « Souviens-toi du futur » est une belleformule du philosophe Lévinas.

Yvette Bailly nMAN Lyon

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Décroissance insoutenable.

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Petites phrases«Si l’abeille venait à disparaîtrede la surface du globe, l’hommen’aurait plus que quatre années à vivre. Plus de pollinisation, plusd’herbe, plus d’animaux, plusd’hommes»Albert Einstein.

«Il avait une idée fixe. Son idée !Et il était surpris de ne pas avancer»Jacques Prévert.

A G R I C U L T U R EB I O L O G I Q U En Diggers des Champs et des Bois. Presque nouveau-né, ce réseau d’échanges de grainescompte déjà une quarantaine desemeurs dans toute la France.Pas d’adhésion, un fonctionne-ment simple où chacun «fait» sesgraines biologiques (de la plantede rocaille à l’arbre en passantpar les légumes, toute semenceest échangeable), les proposes

et les envoie à ses frais. Pas degarantie sur le résultat, chacunmet sa bonne volonté ; partagerson savoir en matière de produc-tion est recommandé !Concrètement pour être sur la liste 2005 :- envoyer ses offres aussi précisesque possible à Isabelle et Renaudavec ses coordonnées (courrielbienvenu) avant fin novembre 2004.- élaboration, par Isabelle, ducatalogue et de la chaîne de diffu-sion que chacun devra respecter.- il ne reste plus qu’à se télépho-ner, s’écrire, partager, semer, arro-ser, désherber, admirer, récolter,manger... et garder des grainespour l’année suivante.Marie Haag et Éric Baret, les Vanels, 48400 Vebron,

tél : 04 66 44 06 77, IsabelleGounand et Renaud Kraal, 28, rue d’Avéjan, 30100 Alès, tél : 04 66 91 04 27, contacts : [email protected]. Pourtoute demande de réponse parcourrier merci de joindre uneenveloppe adressée timbrée.

n Verger collectif. De nombreuxvergers sont aujourd’hui à l’aban-don (bio et non bio) du fait del’importation à bas prix de fruitsde l’étranger. Pour sauver un deces vergers, une solution originalea été trouvée dans l’Aude avec lacréation d’une association qui gèreun verger de 150 pommiers demanière collective. Un modèle quipeut être repris ailleurs : Pommesd’amis, 1, chemin Ferrajals,11260 Rouvenac. (Quatre saisonsdu jardinage, été 2004).

n Isère : nouveau marché bio.13 producteurs de l’Isère ontlancé un marché bio tous les ven-dredi de 15 h à 19 h, place Jean-Jaurès, à Tullins. S-Eau-SEnvironnement, BP 6, 38210Tullins-Fures, tél : 04 76 07 22 26.

n Conservons la diversité deslangues ! Nous constatons unediminution des cours de langues(d’allemand, d’occitan, etc.) etune place toujours plus grandeofferte à la langue anglaise, audétriment de toutes les langues, y compris de la langue française !Plusieurs expérimentations (enparticulier en Slovènie, en Italie,etc.) ont prouvé que les enfantsqui commencent par apprendrel’espéranto pendant un an,apprennent ensuite bien plus facilement n’importe quellelangue. En conséquence, un grou-pe de personnes d’horizons diversvient de se constituer, pour lancer,à partir d’octobre, avec des relaisdans toute l’Europe, une cam-pagne de lettres au président dela République, lui rappelant sapromesse (par lettre du 15 avril2002) que si «le sort lui étaitfavorable», il demanderait

SILENCE N°315 Octobre 2004 17 Octobre 2004 SILENCE N°315 17

◊ Nantes : 2e vivre nature. 1er au 3 octobre à la Maison de quartier Doulon et dans sonparc. Santé, bio, habitat, énergie, environnement, solidarité, éducation, etc. Thème : « vivrel’écologie au quotidien ». Humus 44, Noëlle Pons, 8, rue du Professeur-Dubuisson, 44100 Nantes, tél : 02 40 59 89 93. n Nantes : bien-être et art de vivre. 1er au 3 octobre, parc des expositions de laBeaujoire. 100 exposants santé et diététique. Armor Expo, 22, rue de Crech-Feunteun,22700 Perros-Guirec, tél : 02 96 54 61 08. n Ain : 2e salon Bien-être bien-vivre. 1er au 3 octobre, Espace 1500 à Amberieu-en-Bugey. 100 exposants, santé, alimentation bio, amélioration de la qualité de vie, etc. ConceptOrganisation : tél. : Thierry Robert, tél : 06 68 54 70 00.◊ Drôme et Hautes-Alpes : 21e foire de Montfroc. 2 et 3 octobre dans tout le village.Plus grosse foire bio du Sud-Est et l’une des plus conviviales : produits bio, cosmétiques,hygiène, jardinage, médecines douces, artisanat, associations. Conférences, spectacles derue, animations enfants, restauration et buvette bio. Association des Amis de la Foire Biode Montfroc, Hélène Arnoux, Saint-Martin, 04200 Noyers-sur-Jabron, tél : 04 92 62 00 76.n Strasbourg : 26e salon Hygiane. 2 et 3 octobre au Pavillon Joséphine, parc del’Orangerie. Bio et santé, habitat, associations. Association GEPH, Alfred Brid, BP 1,67027 Strasbourg cedex 1, tél : 03 88 84 51 01.n Savoie : forum écologie et spiritualité. 2 et 3 octobre à Arvillard, domaine d’Avalon,institut Karma Ling. Tables rondes, ateliers avec Edward Goldsmith, Jean-Marie Pelt,Pierre Rabhi et des représentants des traditions spirituelles. Institut Karma Ling, Hameau de Saint-Hugon, 73110 Arvillard, tél : 04 79 25 78 00.◊ Lot-et-Garonne : 16e Horizon vert. 2 et 3 octobre au parc des expositions deVilleneuve-sur-Lot avec comme thème pour 2004 : «main basse sur la santé». 20 confé-rences, 20 ateliers, 200 exposants. Jacques Testart animera la conférence d’inauguration :«technosciences et démocratie : l’exemple des OGM» ; d’autres thèmes : «santé au tra-vail», «l’obésité de l’enfant», «la santé n’est pas une marchandise», «vaccination et santépublique», «les toxiques dans notre assiette», «santé et inégalités sociales»... Horizon vert,BP 208, 47305 Villeneuve-sur-Lot, tél. : 05 53 40 10 10.◊ Nord : 14e Cucurbitades, 3 octobre 2004, à Marchiennes, site de l’Abbaye, fêtes de la courge et de la sorcellerie. Office de tourisme, tél : 03 27 90 58 54.n Eure : Agir pour la biodiversité en ville et au village. 4 au 18 octobre. «Que sautentles grenouilles et volent les papillons». Expositions, conférences, projections. MédiathèqueGeorge-Sand à Lucé. Tél : 02 37 33 75 80.◊ Bouches-du-Rhône : 3e forum Habitat écologique et énergies renouvelables. 9 et 10 octobre, Ecomusée de la Forêt à Gardanne, CD 7, chemin de Roman. 40 expo-sants. Thème de l’année : filière bois et protection de la forêt. Graines de vie, 450, allée de la Vieille-Ferme, 13540 Puyricard, tél : 04 42 92 06 70.◊ Ille-et-Vilaine : Ille-et-Bio. 9 et 10 octobre, espace Galactée à Guichen, 170 exposantsbio, jardin bio, écoconstruction, solidarités, non-violence, ferme pédagogique, démonstra-tions, manège enfants, cours de cuisine bio, scènes ouvertes, restauration et buvettes bio. Association Culture Bio, Crotigné, 35580 Guichen, tél : 02 99 57 38 11.

n Charente-Maritime : 2e journées bio, nature. 9 et 10 octobre au palais des congrèsde Royan. Santé, énergies renouvelables, bio. Organisation générale des salons, BP 525,17211 Royan cedex, tél : 05 46 38 64 85.◊ Haute-Loire : 4e fête bio de Beaulieu. 10 octobre, dans les rues. Produits écolos les plus diversifiés possibles, animations, conférences. Haute-Loire biologique, Hôtel Interconsulaire, BP 343, 43012 Le Puy-en-Velay cedex, tél : 04 71 07 21 19.n Isère : 15e C’est tout Vert. 10 octobre, salle Equinoxe, à la Tour-du-Pin. GUEPE, 645, chemin de Leyssin, 38490 Chimilin, tél : 04 76 32 59 00.n Haute-Garonne : 2e Senda. 14 au 16 octobre à Saint-Gaudens, parc des expositions deComminges. Salon pyrénéen de l’environnement avec institutions, entreprises, associations. Saint-Gaudens Pôle Expo, 2, rue Thiers, 31800 Saint-Gaudens, tél : 05 62 00 92 05. n Rouen : europomm. 15 au 17 octobre, parc des expositions, exposition européenne du patrimoine fruitier. APHN, 7, rue de Trianon, 76100 Rouen, tél : 02 35 91 62 02.n Meurthe-et-Moselle : 9e foire bio de Gorcy. 16 et 17 octobre. Produits alimentaires,textiles, bio, associations, artisans, médecines douces, animation pour enfants, musique, baret restauration bio... Thème « Mieux vivre au quotidien ». Association Mieux Vivre, 56, rueJeanne-d’Arc 54730 Gorcy, tél : 03 82 26 83 19.n Rhône : 14e Germinoise. 16 et 17 octobre à la salle polyvalente de Saint-Germain-au-Mont-d’Or. Produits bio, cosmétiques, habitat sain, médecines douces, artisanat, asso-ciations, jardinage, librairie, vêtements. Conférences, expos, restauration bio. Nature etProgrès Rhône, Suzanne Allart, Les Pavillons d’Estelle, bât. A, 116, avenue Georges-Clémenceau, 69230 Saint-Genis-Laval, tél : 04 78 56 86 51.n Paris : 14e salon de la revue, 17 au 19 octobre, à l’Espace des Blancs-Manteaux, 48, rue Vieille-du-Temple, 75004 Paris. Plus de 500 revues présentées. Entrevues, 9, rueBleue, 75009 Paris, tél : 01 53 34 23 23.n Charente-Maritime : Salicorne du 22 au 24 octobre au parc des expositions de LaRochelle. Éco habitat, agriculture bio, commerce équitable... Comité des fêtes, foires et salons, Parc des Expositions, 17043 La Rochelle cedex 1, tél : 05 46 30 08 52.n Creuse : Arboretum de la Sédelle. 23 et 24 octobre à Villejoint-Crozant. Vente de plantes et conférences. Contact : [email protected] ou tél : 02 54 47 28 82.n Marseille : 6e Artemesia. 23 au 25 octobre au hall 2, parc Chanot. Santé et environne-ment. Bio, développement personnel; habitat sain, protection de l’environnement…AcanthaSud Evénement, BP 17, Luynes, 13080 Aix-en-Provence cedex, tél : 04 42 96 00 83.◊ Deux-Sèvres : 20e festival ornithologique. 27 octobre au 1er novembre à Ménigoute.Le plus important festival nature en France. Films en compétition, sorties natures, confé-rences, stands. Association Mainate, BP 5, 16 bis, rue de Saint-Maixent, 79340Ménigoute, tél : 05 49 69 90 09.n Annecy : 1er « Comment ça va ? ». 29 et 30 octobre, salle des Allobroges, halle desexpositions, boulevard du Fier. Forum des thérapies et pratiques alternatives et du dévelop-pement personnel. Association « Comment ça va ? », 17, avenue du Stand, 74000 Annecy,tél : 04 50 08 05 15. n Jura : 3e foire éco-biologique. le samedi 30 et le dimanche 31 octobre àLongchaumois. Produits écologiques, biologiques, artisanat, exposition, conférences-débats, animation et restauration. Café-concert le samedi soir. Association Humeur bio et la commune de Longchaunois. Contact : tél. : 03 84 48 44 28 / 03 84 42 71 46

Alternatives

Fêtes, foires, salons (le signe ◊ indique que Silence est présent)

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l’introduction de l’espéranto aubaccalauréat (promesse nontenue, une de plus...).Affiches et modèles de lettres,plus de précisions contre timbreschez : Émile Mas, 2, rue del’Espéranto, 47190 Galapian, tél : 05 53 87 84 58 ou gratuite-ment www.esperanto.federal.org.

n Elections européennes. Des espérantistes avaient décidéde présenter des listes aux élec-tions européennes pour poser laquestion de la langue internatio-nale. Au total, ces listes ont col-lecté un peu plus de 25 000 voix avec comme résultats remarquables 26% (7 voix) à L’Echelle-Saint-Auri (Somme),20% (15 voix) à Angirey (Haute-Saône), 18, 12% (56 voix) à Arenthon (Haute-Savoie)…

L Y O N

Le petit guidedu consom’acteurL’association Équi’sol en parte-nariat avec Unis-cités Rhône-

Alpes vient d’éditer «le petitguide du consom’acteur lyon-nais». 36 pages qui se glissentdans une poche pour retrouverinformations et adresses où vouspourrez avoir une «pratique res-ponsable» : commerce équitable,marchés locaux, fêtes et foiresécolos... Équi’sol, 8, quaiMaréchal-Joffre, 69002 Lyon,tél./fax : 04 72 56 07 05

A V I G N O N

Les cheminsnon tracésL’association Les chemins nontracés vient d’ouvrir un infokioskà Avignon dans un local, avecégalement une bibliothèque. Cenouveau local situé rue Damettesur une petite place, devrait parla suite être aussi un lieu de ren-contres et de débats. Le local estouvert pour le moment le mercre-di après-midi et le samedi. Leschemins non tracés, BP 259,84011 Avignon cedex 01.

C H A R E N T E

Fête de l’OrtieL’association «Les amis de la Nature du pays d’Horte etLavalette» organise sa prochaineFête de l’ortie et des bonnesplantes les 4 et 5 juin 2005. Ellerecherche dès à présent des expo-sants, producteurs, conférenciers,animateurs. Si vous souhaitez par-ticiper à cette fête : ClaudeRichon, le Bourg, 16320 Rougnac.

I S È R E

Pédagogie et écologieLe centre Terre vivante organiseune journée spéciale enfants le 10 octobre : jeux, ateliers et ani-mations pédagogiques pour lesenfants autour de l’écologie pratique, toute la journée. Centreécologique Terre vivante, domaine de Raud, 38710 Mens, tél : 04 76 34 80 80.

T O U L O U S ELe bâton à palabreLe Bâton à palabre est un café,lieu de résistance tourné vers lesalternatives sociales, l’environne-ment, l’expression de chacun. Il a ouvert en décembre 2003. Il estanimé par Hélène et Jean-RenéFunel. De très nombreuses soiréesabordent les thèmes les plusvariés. Le bar ne sert que desboissons issues de l’agriculturebiologique et une assiette detapas aussi avec des produits bio.Un café philo s’y tient en espé-ranto. Au sous-sol, une biblio-thèque passe-livre : pas de cotisa-tion, pour emprunter un livre on doit en donner un autre. Le bâton de palabre, 15, rueThionville, 31000 Toulouse, tél : 05 61 62 79 51.

SILENCE N°315 Octobre 2004 18

Du 1er au 7 octobre, de très nombreux groupes végétariens se mobilisent dansle monde entier pour rappeler que manger de la viande n’a rien d’obligatoire

et que le végétarisme présente bien des avantages dans le domaine de l’écologie,du respect des animaux, de la santé, des rapports Nord-Sud… En France, lesactions sont coordonnées par Alliance végétarienne, 11 bis, rue Gallier, 77390Chaumes-en-Brie, tél : 01 64 42 38 19. n Allier : du 5 au 9 octobre, table de dégustation à la Biocoop Amaranthe, 11, rue du Gué, 03100 Montluçon, renseignements par tél au 06 63 26 36 91. n Alpes-Maritimes : conférence de Marie-Claude Charpentier, le samedi 2octobre à 17 h à Nice. Contact : Le Speakeasy, 7, rue Lamartine, 06000 Nice, tél : 04 93 85 59 50.n Bouches-du-Rhône : dîner végétarien le samedi 2 octobre à 19h30 àMarseille. Rendez-vous par tél : 06 09 96 42 48.n Charente-Maritime : diffusion de tracts et repas commun, renseignements au 05 46 01 73 85. n Drôme : apéritif offert le samedi 2 octobre au restaurant bio végétarien LeMaranta, 33, rue Saint-Nicolas, 26100 Romans-sur-Isère, tél : 04 75 70 94 33.n Finistère : stands d’information au marché bio Kerinou de Brest, le 1er, 5 et 9octobre, au marché de Lesneven le 4 octobre, au marché de Lannilis le 6 octobre.Contact : 02 98 04 14 87. Le 8 octobre, stand au magasin bio Brin d’Avoine, 5,allée de Kernévez, ZA Créac’h Gwen, 29000 Quimper. Renseignements : 02 98 53 70 46.n Gironde : présence sur le marché bio à Bordeaux le 7 octobre, rencontre aveccours de cuisine végétalienne le samedi 9 octobre à la maison de la nature et del’environnement, 3, rue Tauzia, 33000 Bordeaux. Contact : 05 56 94 79 27 ou 06 85 32 23 42. n Hérault : stand place de la Comédie à Montpellier le 2 octobre de 14 h à 18 h.Tél : 04 67 72 44 84. n Ille-et-Vilaine : journée de découverte à Rennes organisée par Koala, Kollectif d’ac-tions pour la libération animale, BP 11009, 35010 Rennes cedex, tél : 02 23 30 80 84. n Loire : repas végétariens les 1er et 2 octobre au restaurant Eveils, 6, rue Jules-Ledin, 42000 Saint-Etienne. Stands et dégustation à la Biocoop Le Baraban, ZALa Goutte, 42000 Villars-Saint-Etienne vendredi 1er et samedi 2. Contact : 04 77 95 06 29.n Loire-Atlantique : collation et échanges de recettes, dégustations, dimanche 10 octobre à 15 h à Végédistribution, 6, rue Amaury-d’Acigné, 44360 Saint-Etienne-de-Montluc. Contact : 02 40 85 28 27.n Lot-et-Garonne : déjeuner végétarien à tarif réduit le vendredi 1er octobre à 12h30 au restaurant Orbiovegan, château de Boussac, 47130 Bazens, tél : 06 61 54 06 73. Déjeuner végétarien le samedi 2 à 12h30 au domaine deMontfleuri, 47250 Bouglon, tél : 05 53 20 61 30. Stand au salon écolo HorizonVert à Villeneuve-sur-Lot, les 2 et 3 octobre. Contact : 05 53 01 25 67.

n Meurthe-et-Moselle : rencontre autour d’un repas, samedi 2 à 12h30 au

Moulin de l’Ebrouelle, 54290 Froville (à mi-chemin entre Nancy et Epinal),contact : 03 83 72 88 50.

n Morbihan : stand et dégustation le 1er octobre de 10 à 13 h à la biocoop Sèvede Ploërmel, diner végétarien et végétalien le samedi 2 octobre à 19h30 au restaurant Le Saïgon, à Ploërmel. Tél : 02 99 07 86 69.

n Nord : stand, place du général-de-Gaulle à Lille, le samedi 9 de 14 à 18 h. Tél : 03 20 42 18 25.

n Bas-Rhin : exposition et repas aux restaurants d’entreprise Hager à Obernai le 28 septembre. Cial à Strasbourg, le 1er octobre, SNCF à Strasbourg le 30 sep-tembre, au restaurant universitaire d’Illkirch. Stand place Kleber à Strasbourg le1er octobre, stand au salon Hygiane les 2 et 3 au pavillon Joséphine, Orangerie deStrasbourg. Contact : 03 88 81 16 77. Conférence-débat coorganisée par Aruana,Zyzomys, Alsace-Nature, Copra, Greenpeace, PMAF à la salle Sainte-Madeleine,place Sainte-Madeleine, Strasbourg-Krutenau, le samedi 2 à 20 h, contact : 06 14 82 21 84.

n Haut-Rhin : rencontre et repas samedi 2 à 12h30 au 1 lieu-dit Haslach, 68140Munster. Stand à la Biocoop Unis vers bio; 36, route d’Ingersheim, 68040Ingersheim, le samedi 9. Tél : 03 89 77 06 07.

n Rhône : stand et dégustation le samedi 2, matin, au marché bio de la Croix-Rousse, 69004 Lyon. Repas-buffet (chacun apporte quelque chose), samedi 2 octobre à 19h30 à la Maison de l’Ecologie, 4, rue Bodin, 69001 Lyon. Contact : 04 78 50 02 28.

n Haute-Saône : repas végétariens sur réservation le samedi 2 octobre à 12 h et 20 h au domaine de la Pierre-Percée, 70600 Fouvent-Saint-Andoche. Tél : 03 84 31 30 46.

n Haute-Savoie : repas en commun, samedi 2 octobre à 19 h à la crêperie LaDent d’Oche, 8, boulevard Georges-Andrier, 74200 Thonon-les-Bains. Tél : 04 50 31 79 10.

n Paris : Dîner végétarien ou végétalien sur réservation, le jeudi 7 octobre à 19h30 au restaurant La Fabrique, 53, rue du Faubourg-Saint-Antoine(M°Bastille). Tél : 01 43 84 05 44.

n Deux-Sèvres et Vendée : rencontre autour d’un repas végétarien (réservation à l’avance) le samedi 2 à 12h30 au Centre végétalis, 27, rue du Commerce, 79160Coulonges-sur-l’Autize (20 km au nord de Niort). Contact : 05 49 06 03 87.

n Tarn : stand le vendredi 1er de 10 à 17 h place Pélisson, à Castres. Tél : 05 63 72 56 55.

n Vaucluse : Stand de dégustation au magasin Biotop, route de Lyon, 84000Avignon, le samedi 2 octobre. Tél : 04 90 87 65 35.

n Haute-Vienne : stand le samedi 2 de 10 à 13 h devant la biocoop Planète nature, 16, rue Hoche, 87000 Limoges. Contact : 05 55 68 97 14.

Journées mondiales végétariennesDR

Alternatives

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SILENCE N°315 Octobre 2004 19

L Y O N

Fête-le vous-même !

Du lundi 18 au dimanche 24 octobre, aura lieu à Lyon

le festival «Fête-le vous-même !».Cette semaine de rencontres et de festivités aura lieu dans denombreux lieux publics ou dansdes cafés avec comme objectifd’apprendre à se servir de ses dixdoigts, d’apprendre à s’entraider et à valoriser les savoirs et savoir-faire de chacun-e.Les ateliers pratiques porteront sur l’habillement ( faire un pull,tricoter, feutre artisanal, couture),l’alimentation (faire son pain, fairegermer des graines, faire des confi-tures et autres conserves, de l’hui-le, des sorbets, de la cuisine végé-tarienne et de saison…), la santé(plantes médicinales, médecinesdouces…), le petit artisanat et larécupération (papier recyclé,panier en osier, four à bois, petitmobilier, réparation de vélo…).Tous les échanges de savoirs sontles bienvenus, en voici quelques-unsqui seront présents : commentdiminuer sa consommation d’énergie et d’eau, les Systèmesd’échanges locaux (SEL), lesRéseaux d’échanges réciproques desavoirs (RERS), les plans récup’ enville (pour trouver du bois ou dupapier réutilisable..), commentmanger sainement, comment créerun groupement d’achats, une petitecoopérative, une association demaintien de l’activité paysanne(AMAP)… Plusieurs conférencessont prévues, notamment sur lasimplicité volontaire en ville, ladécroissance soutenable…Projections de films, contes,balades botaniques, et pour clorela semaine, un grand pique-niqueau parc de la Tête-d’or ! Association Fête-le vous-même, 4, rue Bodin, 69001 Lyon, tél : 04 78 39 32 92.

Entraiden Toscane : la récolte des olives s’annonce bonne... on va avoir besoind’aide entre le 15 octobre et la finnovembre ! Qui a envie de venir passer2 semaines en Toscane nous donner un coup de main 4 heures par jourcontre hébergement ? appelez (plutôt le soir) Marco et Patricia au0039/0566/912962 ou port.0039/338/8072430. A bientôt.n Installation d’une unité de maraî-chage biologique de petite taille pourune commercialisation en vente directesur le marché local. Je suis à larecherche de terres agricoles pour ycultiver fruits et légumes mais surtoutles aromatiques et plants de légumespour amateurs amoureux du jardina-ge. L’achat en location d’environ 2 ham’intéresse. Pour l’achat, ma capacitéfinancière est inférieure à 80000euros et j’aimerais une maison atte-nante. Je suis intéressée aussi par unecollaboration avec un maraîcher biolo-gique déjà installé. Je suis ouverte àtoute proposition ressemblant à cedescriptif. Stéphanie Olivré, 7, rue deMetz, 81000 Albi, tél : 06 61 95 7201, courriel : stefoli@voilà.frn Réf. 315.01. La bio vit difficilementsi elle ne choisit pas, elle aussi, l’inten-sification. Il y a chez nous, en NordAquitaine, assez de terres pour y vivreà deux ou trois foyers (mais deuxhabitants et une UTH seulement) etune retraite de salarié, deux maisonsde pays vides depuis 50 ans avec desfours à pain et des nids d’hirondelles,pas les moyens de salarier le travailavec les prix et primes agricolesactuels. mais possibilité pour deux per-sonnes (couple/deux ami(e)s/ un pré-retraité et un J.A. etc.) ayant descompétences polyvalentes de créer leurlieu de vie et participer à la produc-tion en créant leur atelier par exemple.Rien n’est pré-programmé, l’installa-tion J.A. est possible. Une forte solida-rité doit être envisagée entre les par-ties prenantes parce que la vie enmilieu rural offre une qualité qui semérite et que ceux qui en vivent nepeuvent se bercer de rêves — fussent-ils verts ! Jidé. Écrire toute proposi-tion ou contre-proposition à S!lencequi transmettra.n Hautes-Alpes. Offre vacances etproduits de la ferme dans gîte indé-pendant à jeune fille ou jeune couplecontre aide variée à la ferme(volailles, jardin, brebis, chèvres,confection de fagots…). Tél : 04 9250 57 76 laisser un message.n Paris. Une pièce se libère dansnotre local partagé par le MAN(Mouvement pour une alternative non-violente) et Non-Violence XXI. 8-10 m2

en propre + 15 m2 commun à partager avec les deux autres groupes.Une salle de réunions de 20 places estdisponible en sous-sol. Loyer : 250 €charges comprises. M°Montparnasseou Saint-Placide, disponible de suite.MAN, 114, rue de Vaugirard, 75006Paris, tél : 06 07 21 51 10. n Corse. Plasticienne citoyenne, jecherche un hébergement (surtout pourdormir) peu onéreux de préférencedans un village calme de Corse pen-dant les vacances de la Toussaint (finoctobre, début novembre). Tél : 05 63 33 94 35.

Convivialitén Je recherche partenaires et ami(e)s(personnes seules autour de 50 ans)ayant un savoir faire à partager (bâti-ment, agriculture, cuisine, etc...), pourun projet d’habitat groupé, campagneà proximité d’une ville, chacun étantpropriétaire de son logement, avec unemise en commun d’un lieu de ren-contre et de stages, d’une bibliothèque,potager bio... Dans une recherched’harmonie et d’échange des connais-sances, un respect de l’environnement(nature et société) un partage sur dulong terme... Contact : Catherine au01 60 58 40 58n Cher(e)s ami(e)s. J’ai listé quelques« savoir-faire et savoir-offrir » que lavie m’a enseignés. J’échange contre ce que vous voulez (ou pouvez) toutou partie de la liste suivante. Mise en page de documents : livres, revues,prospectus, lettres papier ou électro-nique (fichier Acrobat), etc.Formation sur logiciels de mise enpage : Xpress, Photoshop, Illustrator. Créer son journal : de l’éditorial auxpetites annonces en passant par lesrubriques, la ligne graphique et ladéontologie. Recherche sur internet :rubriques éthiquement acceptables.Comment créer sa coop bio ? savoir-faire : de la recherche d’un local àl’ouverture d’une coop bio. Ce qu’ilfaut faire ou ne pas faire. Séjour engîte de montagne (Ariège) : dans lesPyrénées, un gîte écologique face auxmontagnes enneigées. 25 mn demarche du village. Feux de cheminéeet randonnées assurées. Pain bio « pétri avec amour » : faire son pain à la main, c’est facile ! Échange«pains contre...» ou transmission dusavoir-faire. Introduction à la médita-tion silencieuse : ancrer le navire à sonport d’attache. Sans autre contrepar-tie que la joie d’échanger et trans-mettre un savoir. Décroissance soute-nable : le temps c’est l’art des gens.Avant je courrais comme un fou...maintenant je marche tranquillement.Lister les facteurs aliénants, lesdépendances (coûteuses) et vivre(enfin) selon soi-même. Trois à cinqséances de coaching (késako?) pouratteindre vos objectifs. Vous pouvezme contacter par courriel :[email protected] ou parécrit : Franck Moulis, 15, rueAlphonse-Daudet, 06560 Valbonne.

Rencontresn Homme, 56 ans, 1,75 m, 60 kgsouple physiquement et moralement.Sociable très ouvert sur le monde etles autres, travailleur indépendant, 2 enfants de 12 et 5 ans. Idéaliste etréaliste, je m’adapte à tout milieu,toute situation. Après être passé pardu vécu des voyages des rencontres et la nécessité de travailler, j’ai besoind’agir, de réaliser avec d’autres, enrestant proche des préoccupations dechacun, entre autre un lieu de viesouple et semi-communautaire y com-pris créer des entreprises des emploisdans un esprit différent correspondantà nos vrais besoins. Je cherche unecompagne d’environ 45/50 ans quicomme moi n’est pas axée sur undomaine en particulier, mais a unevision globale et diversifiée de la viepour allier l’action la détente, l’échange profond à deux

ou au milieu d’autres comme nous.Olivier Semichon, 28 rue du châteaudes Vergnes, 63100 Clermont-Ferrand,tél. : 06 03 90 22 65.

Recherchesn Canada. Cherchons acheteur et/ou associés pour une ferme située à 45 km NNO de Montréal, en recon-version bio depuis trois ans, autocerti-fiée. Superficie totale : 90 hectares,répartis en 30 hectares cultivés enfraises, framboises, foin, légumes, orge (grain), trois hectares érablièresde 1500 entailles (sirop), 47 hectaresde bois (de chauffage) + maison d’habitation, quatre hangars, tracteurset matériel agricole, champignonnièreen démarrage et atelier de fabricationde sirop d’érable. Prix : 400.000 €négociables. Contact : [email protected].

Emploin Région PACA-Rhône-Alpes jecherche à rentrer en contact avec despersonnes œuvrant ou ayant un projetdans le domaine de l’habitat sain :énergies renouvelables ou autres... Deformation et de pratique juridiquesj’exerce depuis de nombreuses annéesdans le domaine de l’immobilier, enindépendante ce qui m’a permis d’affi-ner mon sens des responsabilités. Quevous soyez institution ou privé nouspourrions en parler ensemble et mettreen commun nos compétences. BrigitteGenette, tél : 06 10 51 58 27.

Logementn Savoies. Urgent. Cause départ pro-chain mission humanitaire à l’étranger,infirmière cherche location régionAnnemasse - Chambéry, de préférenceà la campagne, loyer modéré 300 €maxi. Tél. : 06 72 77 57 61.n Corse. Je cherche un hébergementpeu onéreux (voire...), du 14 au 18septembre 2004 à Calvi. Et la mêmechose pour un peu plus tard, peut-êtreà la Toussaint, n’importe où en Corseet surtout au calme. Merci d’y penser.Tél. : 05 63 33 94 35 (vers midi ou21h30).n Aude. Accueil : petit chalet isolé,sans électricité, moyenne montagne,accès facile. Tél : 04 68 20 51 20 ou 04 68 31 68 67.n A vendre : maison neuve en bois et pisé, exposition plein sud, dans leparc naturel régional du Pilat, dans la Loire. Altitude : 500 m. Village deVeranne à 1 km, accès aisé par la vallée du Rhône à 15 mn. Maison surdeux niveaux de 60 m2 chacun + garage. Eau chaude solaire. Terrain de 1280 m2. Prix hors frais d’agence :200 000 €. Voisin le plus proche :maraîcher bio. Pour plus de renseignements : 04 74 48 30 14.

Vacancesn Maroc. La petite ferme, à 17 km deMarrakech, sur ferme bio, deux mai-sonnettes traditionnelles de terre crue,table d’hôtes à partir des produits dela ferme, produits fermiers à emporter(huile d’olive, olives, citrons confits…),randonnées et excursions, 200 €la semaine, 10 % de remise aux abonnés de Silence. Réservation au 00 212 44 48 54 60 ou [email protected].

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Octobre 2004 SILENCE N°315 20

«Ce fut vers la fin du siècle der-nier. Durant l’été 96, plusieursdizaines d’escargots, lassés de

ne pouvoir sans grand danger traverser lesroutes « camionneuses », tinrent colloque àla rosée du matin ». D’autres animaux etvégétaux se firent l’écho de ce qu’ilsdéclarèrent à cette occasion. Et tous« s’élancèrent pour porter la nouvelle à cescurieux animaux qui pour vivre construi-sent des toits, mais aussi d’étrangesmachines qui tuent et ne chantent pas. Unlièvre vigneron les entendit. L’histoire desMarchés flottants venait de prendre vie » (1).

L’association les Marchés flottants estaujourd’hui en France l’une des raresstructures à poursuivre la pratique d’ap-provisionnement par voie fluviale. Il n’y aen effet plus de transports de marchan-dises sur le canal du Midi depuis 1989. Letransport fluvial est un mode plus lent et

doux qui leur permet ainsi de prendre letemps de rencontrer vraiment les per-sonnes qui viennent s’alimenter à bord duSan Antonius, leur navire de croisière. Làon y trouve du miel du Gard ou del’Aveyron, des vins, du fromage de brebisdu Larzac…

« Amis goûteurs de vins honnêtes, ama-teurs de chère joyeuse et d’aimables compa-gnies, daignez que l’on vous retienne ici, pourtenter de vous réjouir, un peu de votre temps ».

Une solution qui coule de sourceL’association cherche également par

ce biais à faire prendre conscience augrand public des enjeux du transport flu-vial, à le renseigner sur la politiqueactuelle menée dans le domaine des trans-

ports. La voie fluviale est actuellementl’un des modes de transport de marchan-dises parmi les plus écologiques, devantle train, et bien loin devant les camions etavions (2). L’association des Marchés flot-tants tente donc de lutter avec seshumbles moyens contre «les affres de lavitesse obligatoire et diverses autres pollu-tions résultant des désordres innombrablesde la société marchande». «Une péniche estun engin de transport pouvant se glisser endouceur jusque dans le cœur des villes, pourla satisfaction d’un grand nombre de gens»note l’association dans une récente bro-chure. Ses membres sont les témoinsvivants d’un savoir fluvial qui se perd,dans de nombreux domaines. Selon eux,on a remplacé ce riche savoir par destechnocrates et ingénieurs orgueilleux. L’ Etat se désintéresse manifestement descanaux. Les dirigeants voudraient ne gar-der que les liaisons principales Nord-Sud/ Ouest-Est. Les politiques tiennent le dis-cours de la rentabilité. «On demande à lavoie d’eau d’être rentable par le volumedes bateaux et par le nombre de genstransportés», note Suno, l’un des mari-niers à bord.

Ou comment transporter des victuailles et un spectacle de théâtre du Midi au nord de la France, de façon écologique, tout en

rapprochant producteurs et consommateurs.

Marchés flottants

Les mariniers poètes de la voie fluviale

(1) Extrait de la précieuse brochure de présentationdes Marchés flottants, disponible auprès de l’associa-tion. Est-ce prémonitoire ? Le texte d’introductiond’origine ressemble beaucoup au scénario du trèschouette film d’animation La prophétie des grenouilles,sorti en salles de cinéma fin 2003.(2) Selon une étude sur les coûts sociaux «externes»(pollution atmosphérique, accidents et nuisancessonores, une péniche pollue 2,5 fois moins qu’untrain, 12 fois moins qu’un camion).

Alexandre ESTEBAN

Passage de la pénicheCe calendrier est sous réserve des aléas climatiques et administratifs. n En octobre : marchés flottants au bassin de la Villette à Paris.

n 4 novembre : port de la Bastille à Paris.n 5 au 7 novembre : Issy-les-Moulineaux.n 8 au 11 novembre : Ile-Saint-Denis.n 19 au 21 novembre : Maizy (Reims)n vers le 3 décembre : Lyonn vers le 7 décembre : Valencen vers le 8 décembre : Avignon…

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Un décor en mouvement

Parallèlement à leur activité de venteà prix réduits de spécialités régionalesd’épicerie fine, l’association a égalementmené le projet de Théâtre Embarque, avecla compagnie Marin pour des prunes,membre du Centre international dethéâtre itinérant (CITI). Ce centre leur ad’ailleurs permis des rencontres avecd’autres compagnies itinérantes. Le thèmeprincipal du spectacle Marin pour desprunes ? L’exploitation des marins souspavillon de complaisance. Un clin d’œil àtoutes celles et ceux qui sont exploité-e-sà bord des actuels navires poubelles.

Théâtre Embarque fut une expériencemontrant que « le théâtre de rue pouvaitêtre aussi un théâtre de fleuve, et proposeraux gens de naviguer pour leur faire décou-vrir notre univers batelier. Les éclusiersvenaient voir Shakespeare, les gens dethéâtre montaient sur un bateau » (3). Dansce cadre-là, la péniche sert de décor(é)mouvant. « On se servait des agrès, descordages, des mâts pour faire le spectacle.

Notre volonté était d’intégrer le mouvementdu bateau à la mise en scène en utilisant dessystèmes de halage et de dérive », témoi-gnent-ils. « Au cours de la représentation,nous nous adaptions à la grâce du plein air,aux envols des oiseaux, à la lumière du jouret à son extinction ». Ils ont déjà à leuractif plus d’une trentaine de représenta-tions de ce spectacle de plein quai, en2002 et 2003.

Le siège de l’association est à Paris,mais sa base se trouve dans le sud, àBéziers. Aujourd’hui ces mariniers poètescherchent à entrer en relation avec unpublic nouveau, pour créer un réseau desolidarité et de coopération, avec d’autrescomptoirs de marchés flottants. Les aide-rez-vous à faire escale près de chez vous ?

Alexandre Esteban n

Octobre 2004 SILENCE N°315 21

(3) Source : «Théâtre Embarque, mariniers poètes»,dans la revue Scènes urbaines, octobre 2002.

Les Marchés flottants c/o F. Lecoq, 16 bis, rueJacquier, 75014 Paris, tél : 06 12 06 08 00 ou 06 86

85 76 38 ou 06 88 08 82 51 (Sandrine).

Association des transporteurs fluviaux du Midi,13, rue des Fauvettes, 31700 Bauzelle,

tél. : 06 12 06 08 00.

renseignements : 04 71 07 21 19

dimanche 10 Octobrede 10 h à 18 h(entrée libre)

“ de la céréale bio au pain bio ”

Grand marché produits fermiers

Artisanat naturel

Animations sur le thème du PAIN BIO

Animations festives

4e fête de la bio

BEAULIEU(Haute-Loire)

Transports et décroissance Selon Les Marchés flottants, il fau-drait aujourd’hui remettre en causeles besoins humains, la politique deflux tendus, et les transports rapidesqui consomment plus et trop. Pourcela, le transport fluvial permet de :

• Réduire les distances :aujourd’hui il serait souhaitable derelocaliser l’économie, en favorisantles productions régionales, et ainsi defaire valoir la complémentarité desmodes de transports. Par exemplebateau + camionnettes, avec pour ces dernières des trajets de cent kilomètres maximum.

• Réduire la consommation de carburant.

• Réduire les coûts sociaux externes.

L’abandon du transport fluvial1847 : 13 324 km de voies navigables, dont 9 176 en rivières.1950 : 10 000 artisans bateliers.1980 : Moins de 6 000.1987 : 2 458 bateliers. 8 568 km de voies navigables.1989 : Fin du transport de marchandises sur le canal du Midi.1993 : 1 300 bateliers.2000 : Le dernier des bateliers du latéral à la Garonne ne peut plus résister à l’enclavement.2003 : Moins de 1 000 bateliers. La navigation est quasiment abolie sur quatre des cinq canaux reliant la Seine, le Rhin et le Rhône.

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E S P A G N E

Energie des vaguesLe premier site européen d’éner-gie produite à partir du mouve-ment des vagues sera installé enEspagne à un kilomètre des côtesde la localité de Santona (régionde Cantabrie, nord) sur une sur-face de 2000 m2, a annoncé mer-credi le deuxième opérateur élec-trique espagnol Iberdrola. Unedizaine de bouées balisées enforme de cyclindre, d’un diamètrede six mètres et ancrées au fondmarin d’une profondeur d’environ30 mètres, transformera la forcedes vagues en énergie. Chaquebouée disposera d’une puissanceinitiale de 125 kW, qui pourraêtre portée à 250 kW. Le siteprojeté sera en mesure de produi-re de l’énergie renouvelable pour1500 familles.

B E L G I Q U EBureaux économesLes architectes de FHW ontconçu leurs bureaux à Limbourgen essayant d’économiser aumaximum l’énergie. Les 117 m2

comportent trois niveaux et deuxdemi-niveaux pour favoriser aumaximum l’éclairage naturel. Lerez-de-chaussée est une salle deréunion accessible au public, lereste comprend quatre bureaux.Une attention particulière a étéfaite pour limiter au maximumles ponts thermiques (endroitsd’où s’échappe la chaleur), laventilation se fait au fond d’unjardin à l’arrière du bâtiment etpasse par un puits canadienenterré à 1,5 m de profondeur,puis dans un échangeur de cha-leur où sont récupérés les caloriesdu flux sortant. Un ventilateur de0,4 Wh/m3

d’air acheminé assure le bonfonctionnement de l’échange thermique et permet de récupérer90% de la chaleur initiale. Ladiffusion d’air dans les pièces sefait par des tubes textiles quifavorisent le brassage d’air etévite la sensation de courantd’air. Le reste du chauffage estfourni en partie par les personnesqui travaillent sur place. Le com-plément est assuré par un chauf-fage au mazout : sans recoursaux énergies renouvelables, lebâtiment ne consomme que 10%de ce que consomme un bâtimentaux normes actuelles. FHW architectes, 6 thier deLimbourg, B 4830 Limbourg, tél : 087 76 51 45.

N A N T E S

Maison des énergiesLa maison des énergies regroupeplusieurs associations : Alisée(sensibilisation à la maîtrise del’énergie), l’espace info-énergie44, l’association Sud-SoleilBolivie Inti. Depuis mars 2004, la maison dispose de 7,5 m2 depanneaux photovoltaïques quidevraient assurer 1000 kWh paran, soit 30% de la consommationactuelle d’électricité des locaux.Maison des énergies, 17, rue de Bouillé, 44000 Nantes.

Puits canadienLes puits canadiens consistent à faire passer un tuyau assez longuement dans le sous-sol (2 à 3 m de profondeur) pour quel’air qui y passe se mette à latempérature du sol (autour de14°C toute l’année). L’air ensuitearrive dans la maison assurant enhiver d’importantes économies dechauffage, en été une climatisa-tion naturelle. Il existe pour lesmoins bricoleurs du matériel alle-mand à monter en kit que l’onpeut se procurer en Franceauprès de Aéroplus, 21, route deClaireau, 17600 Sablonceaux, tél : 05 46 94 85 11. Pour lesplus bricoleurs, il est possible detout faire soi-même : le détail duchantier est très bien expliquédans le numéro d’août de LaMaison écologique (5,50 €+ 0,30 € de port) à commanderà La Maison écologique, BP60145, 14504 Vire cedex.

EDF, j’arrêtedemain !A la veille de l’ouverture du mar-ché français de l’électricité, dansle cadre de sa campagne «EDF,j’arrête demain», GreenpeaceFrance a annoncé début juillet sadécision de changer de fournis-seur d’électricité. Elle a optépour une offre 100 % électricitéverte : offre Eco-Alpes proposéepar Gaz et électricité de Grenoblecomposée à 100 % de micro-hydroélectricité. Le site internetwww.edfdemainjarrete.org permetaux professionnels et particuliersde participer à la campagne. Ilfournit les informations néces-saires pour passer à l’acte et setenir informé sur le marché del’électricité, et notamment, detrouver des fournisseurs alternatifs à EDF.

Habitat économe :aides possiblesLes Opérations programméesd’amélioration thermique et énergétique des bâtiments(Opatb) ont pour objectif d’agirau niveau local sur les batimentsrésidentiels et tertiaires afin delimiter leurs consommations énergétiques et leurs émissions de CO2. Elles consistent en un vaste programme d’ani-mations et de subventions pour réaliser des travaux d’économie d’énergie. Pour tout renseignement, contacter les points info-énergies (liste sur www.ademe.fr).

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E O L I E Nn France : beaucoup de projets, peude réalisations. Le ministère de l’in-dustrie a indiqué qu’entre le 1er janvier2001 et le 1er février 2004, 270 permis de construire portant sur 1327 MW ont été déposés au niveaunational. 95 permis (475 MW) ont étérefusés car non conformes à la législa-tion. 175 permis pour 852 MW ontété accordés. Environ un quart sontactuellement bloqués par des recoursdéposés contre eux au tribunal admi-nistratif. Entre le 1er février 2004 et le 1er juillet 2004, 363 autresdemandes de permis portant sur unepuissance de 2525 MW ont été dépo-sés et sont en cours d’étude. Au pre-mier janvier 2004, la puissance instal-lée en France était de 253 MW.n Seine-Saint-Denis: éoliennesurbaines. Le rendement n’est pasencore génial et il s’agit plus de com-munication que de réelle productiond’énergie, mais des projets de petiteséoliennes urbaines voient le jour. C’estle cas à Bobigny où la mairie a instal-lé trois éoliennes de 9 m de haut(pales de 2,5 m) pour alimenter

en électricité basse tension la maison d’accueil du parc public de la Bergère, bâtiment construit en haute qualité environnementale. n Dunkerque : grosses éoliennes. Total a inauguré en février son parc éolien installé sur le site de sa raffinerie à Mardyck, près de Dunkerque : deux éoliennesVestas de 2 MW, deux Nordex de 2,5 MW et une GE Wind de 3 MW pour fairedes comparaisons. (Systèmes solaires, février 2004)n Marseille : éoliennes en zone industrielle. Le port autonome de Marseille qui possède plus de 10 000 hectares de zones industrielles entre Marseille et Port-Saint-Louis lance un appel d’offres pour l’implantation d’éoliennes sur des sitesparticulièrement bien exposés. D’ores et déjà un premier projet prévoit la construc-tion de 35 éoliennes de 850 kW (soit 30 MW) à Port-Saint-Louis et une étudeporte sur la faisabilité d’une centrale offshore de 100 à 150 MW. L’ensemble de laproduction électrique n’aurait pas de conséquences en dehors du site : la consom-mation sera intégralement consommée à l’intérieur du site qui comprend de trèsnombreuses industries consommatrices d’électricité. (Systèmes solaires, mars 2004)n Le Creusot : du nucléaire à l’éolien. Pendant longtemps, le Creusot, en Saône-et-Loire, a été le siège des usines de Framatome pour la construction des piècesmétalliques des centrales nucléaires. Signe des temps, un atelier désaffecté de9000 m2 vient d’être racheté par la société allemande SIAG pour y produire desmâts d’éoliennes géantes (de 60 à 100 m de long). Cette société implantée pour lemoment dans le nord de l’Europe, espère développer de nouveaux marchés dans leSud. (Environnement-magazine, janvier 2004)n Rhône-Alpes : position sur l’éolien. La Frapna, fédération Rhône-Alpes deprotection de la nature, est résolument favorable au développement de l’énergieéolienne sauf dans des zones à forte valeur paysagère et/ou à fort enjeu écologique,avec, chaque fois, des études préalables et contrôles adéquats. Réseau régionalénergies/Frapna, Frapna région, 19, rue Jean-Bourgey, 69625 Villeurbanne cedex,tél : 04 78 85 97 10.

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Energies

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Petite phrase«Après un simulacre de débat, legouvernement français vient d’op-ter pour un nouveau programmenucléaire (EPR) alors que denombreuses études démontrentque les emplois, les exportationset les technologies d’avenir setrouvent résolument du côté desénergies renouvelables. LesChinois estiment l’EPR peufiable. Les Allemands exportentdéjà leurs éoliennes, les Britanniques, ne serait-ce quepour la fabrication de turbines,comptent créer 35 000 emplois.Pourquoi la France choisit-elleune technologie dont on ne saittoujours pas gérer les déchets ?Ce choix est-il compatible avecl’« année de l’emploi » annoncéepar le président de la République ?Extrait d’une lettre ouverte à Jean-Pierre Raffarin, de SusanGeorge, vice-présidente d’ATTAC.

Bandajevskypresque libreLe 13 juillet 1999, YouriBandajevsky est arrêté à sondomicile, accusé d’avoir touchéde l’argent d’un de ses élèvespour lui accorder son examen. Il est condamné à 8 ans d’empri-sonnement. Cela bloque de faitles travaux qu’il effectuait. Cemédecin a commencé à publierdans la presse internationale lesconséquences sanitaires observéesdans les zones de Belarus conta-minées par Tchernobyl et nonévacuées par le gouvernement.Actuellement, le Belarus (ex-Biélorussie) est une dictature. Un fort mouvement de solidaritéinternationale s’est mobilisé pourdemander sa libération. Le 29mai dernier, après plus de quatreans de détention, il a été placédans une colonie de reclassement

par le travail, où il doit resterjusqu’à la fin de l’année. Là, il doit entièrement assurer sonbudget. Si tout se passe bien, il devrait ensuite bénéficier d’unelibération conditionnelle. Il s’estvu confier un travail de gardienmunicipal et a été autorisé àreprendre ses travaux scienti-fiques. Tous ses frais sont à sacharge. L’Institut indépendantBelrad lui a prêté ordinateur ettéléphone. Une souscription esttoujours en cours pour l’aider àtenir le coup jusqu’à sa libérationtotale. Dons à : Enfants deTchernobyl Belarus, Solange et Michel Fernex, 20, ruePrincipale, 68480 Biederthal.

J A P O N

Suite de l’accidentLe 9 août 2004, quatre employésde la centrale de Mihama sontmorts et sept autres grièvementbrûlés suite à la rupture d’uneconduite de vapeur d’eau à270°C. Un des sept blessés estmort le 25 août. L’enquête qui a suivi a fait ressortir que les autorités de sûreté avaientdénoncé le risque d’une défaillan-ce de ces canalisations. La com-pagnie d’électricité Kepco avaitreporté les opérations de mainte-nance puis a tenté une mainte-nance sans arrêt du réacteur…provoquant la fuite de vapeur. Legouvernement a demandé une ins-pection générale des réacteurs etonze réacteurs appartenant àKepco ont été arrêtés pendant l’été.Les victimes sont donc autantcelles du nucléaire que de lacourse au profit. Quand on voitles efforts faits en France pouressayer de baisser le coût dunucléaire (diminution des effectifs, recours aux sous-traitants…), on peut prévoir le même type d’accidents.

NucléaireMahlen

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Centrale de Mihama.

S O L A I R En Italie : centrale solaire. Unecentrale solaire installée sur qua-rante hectares en Sicile comptera360 miroirs paraboliques qui suivront le Soleil dans sa courseet chaufferont de la vapeur à550°C, laquelle fera ensuite tour-ner des turbines avec une puis-sance de 20 MW. Le chantier acommencé le 19 mai 2004.

n Eau tiède : risque de légionnellose. La légionnellose est une maladie bactérienne quise développe de plus en plus enFrance. Les bactéries se dévelop-pent dans des eaux stagnantessurtout entre 20° et 55°C. Celapose la question de la productiond’eau chaude solaire de bassetempérature utilisée directementen sanitaire. Une circulaire de ladirection générale de la santé du22 avril 2002 demande de pré-voir que dans les circuits d’eau chaude sanitaire, l’eau soit main-tenue soit en dessous de 20°Csoit au dessus de 55°C. Celasignifie concrètement pour lescapteurs solaires, qu’il faut êtrecapable de produire et stocker del’eau à plus haute températurepour n’obtenir la températurevoulue que par un mitigeur auniveau de l’utilisateur. Cela signi-fie également un certain nombrede précautions à prendre lors dela reprise de fonctionnement d’uncapteur après un épisode nua-geux, ainsi que sur les distancesde conduites d’eau à ne pas mul-tiplier pour éviter d’avoir à fairecouler inutilement l’eau. Il estpossible de connaître les précautions à respecter auprèsdes points-infos énergies et de l’ADEME. (Maison écolo-gique, juin 2004).

ClimatisationnaturelleLe centre solaire du Castellet a intégré dans la construction de son bâtiment principal enbriques de terre crue, dans lesannées 80, un puits provençal,une variante du puits canadien,qui ne fonctionne que pendant lestrois mois de l’été pour rafraîchirla maison (le puits canadien, surle même principe assure lui unpréchauffage de l’air de la mai-son). Un tube de 20 cm de dia-mètre d’une longueur de trentemètres a été enterré à deuxmètres de profondeur, au nord dubâtiment. Un ventilateur assurela circulation de l’air pour unetrès faible consommation d’élec-tricité. En été, cela fait chuter latempérature dans le bâtiment de2 à 3 °C… Comme le bâtimentest bien isolé par ailleurs, celasignifie qu’avec des températuresextérieures, en journée, largementsupérieures à 30°C, la températu-re ne dépasse que rarement 25°Cà l’intérieur. Centre solaire, che-min Ferrage, 83330 Le Castellet,tél : 04 94 32 70 08.

Inutilité de la climatisationL’étude de la répartition desmorts pendant l’été 2003,montre à l’évidence une surmor-talité surtout dans les centresvilles les plus pollués. Rappelonsque les climatiseurs ne changenten rien le niveau de pollution.Un organisme qui peut se reposerla nuit dans la fraîcheur peutplus facilement supporter la cha-leur du jour. Concevoir comme lepropose le gouvernement unepièce rafraîchie dans les maisonsde retraite n’a pas de sens : lesvieux ne coucheront pas tousdans une seule pièce ! La climatisation en rejetant lachaleur de l’intérieur vers l’exté-rieur d’un bâtiment nécessitepour éviter que l’air ne rerentreque les fenêtres restent fer-mées… le manque d’air peut êtreplus catastrophique que le tropde chaleur : on respire mieuxdans un air chaud qui circule quedans un air un peu plus froidimmobile.

V A R

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B U R E

La bataille du rond-point

Pour faciliter l’accèsau chantier de Bure, le conseilgénéral de la Meuse a aménagéun rond-point devant l’entrée.Pendant le camp d’occupation del’été 2002, une première œuvred’art y avait été installée «l’œilde la conscience». Le 29 mai2004, une deuxième sculpture

représentant un poing levé, sym-bole de la lutte est installée. Le22 juin, le conseil généraldemande que l’on enlève lesœuvres d’art qui «nuisent à lasécurité routière» (1,60 m dehaut !). Le 15 août, les oppo-sants ont trouvé le poing réduiten miettes, la semaine suivante,c’est l’œil qui a été détruit. Lesartistes pensent dans un premiertemps qu’il s’agit d’une action dela DDE sur demande du conseilgénéral, mais la DDE dément. Le29 août, après une semaine d’ac-tions symboliques autour duchantier pour annoncer le lance-ment d’une nouvelle associationde contre-information «Bure zonelibre», une reconquête symbo-lique du rond-point a eu lieu. Uneconférence de presse y était don-née pour rappeler que les oppo-sants à l’enfouissement deman-dent que l’on stocke les déchetssur les sites de production enattendant de trouver une métho-de sûre pour les détruire et quel’on cesse d’en produire en met-tant en place une politique de

sortie du nucléaire. IsabelleGuillaume a présenté à cetteoccasion le projet de Maison dela résistance qui prévoit l’achatd’un terrain pour la constructiond’une maison autonome qui soitun lieu de présentation de lalutte, des dangers des déchets et qui propose des alternatives.On peut devenir parrain de cettefuture maison en faisant un donà Bure Zone Libre, rue de laGare, 54203 Maron, tél : 03 83 47 57 71

LOT-ET-GARONNE

Dix ouvriersde GolfechcontaminésA l’arrêt depuis juin pour desopérations de maintenance, leréacteur numéro 2 de la centralede Golfech a été évacué lundi 2 août à 21 h 30. Des balises decontrôle indiquant un niveau decontamination de l’air anormal à ce moment-là, les dix-huit tra-vailleurs présents ont été dirigésvers le service médical. Selon ladirection du site, des traces decontamination ont été relevéespour dix des dix-huit interve-nants, mais les traces étaient trop faibles pour être quantifiées.

C O R S E

L’Italie confirme les donnéesde la CRII-RadLes autorités italiennes (APAT)ont publié, en mai 2004, les premiers résultats d’une étude sur la radioactivité des sédimentsmarins, de l’eau de mer et detrois espèces d’algues marinesprélevées sur les côtes de laSardaigne, île italienne au sud de la Corse. Ces résultats ontconfirmé la forte concentrationen thorium 234 dans certainesalgues des côtes nord (jusqu’à7700 Bq/kg sec), alors que lesmêmes espèces collectées au sud,à Cagliari, ont des concentrations10 fois inférieures. Ceci indiqueune contamination venue de laCorse… qui ne peut s’expliquerpar les retombées deTchernobyl… mais plus probable-ment à la présence de produitsradioactifs militaires

(sous-marin endommagé ?)Suite à cette publication, undébat a eu lieu à l’Assemblée ter-ritoriale corse le 25 juin 2004.Le collectif corso-sarde de défen-se des Bouches de Bonifacio ademandé de soumettre le traficdes sous-marins à la réglementa-tion qui régit les navires dans lesBouches de Bonifacio, d’établirdes plans d’urgence de secoursaux populations en cas d’accidentnucléaire, de prendre en chargepar des budgets publics un pro-gramme d’analyse par des labora-toires indépendants type CRII-RAD. CRIIRAD, 471, avenue Victor-Hugo, 26000 Valence, tél : 04 75 4182 50, site : www.criirad.org.

P A S - D E - C A L A I S

Blocage d’un trainUn train de déchets nucléaires a été bloqué par des militantsVerts le jeudi 2 septembre )Biache-Saint-Vaast, près d’Arras(Pas-de-Calais). Plusieurs élusrégionaux et municipaux ont par-ticipé à cette action matinale (4h du matin). Le train provenantd’Allemagne et à destination dela Hague (Manche) comprenaitsix «castors», wagons de déchetsnucléaires. Les gendarmes ontdégagé le train au bout de vingt minutes.

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E S P A G N E

Sortie du nucléaireLe nouveau gouvernement socialiste avait passé un accord avec les

Verts espagnols prévoyant une sortie du nucléaire d’ici 2012 (soitplus vite qu’en Allemagne). Ce sont déjà les socialistes qui en 1983avaient arrêté le programme de construction des centrales nucléairesalors que cinq réacteurs étaient en chantier. Neuf réacteurs étaient déjàconstruits. La droite n’a pas remis en cause l’arrêt du programmenucléaire, lançant au contraire un vaste plan en faveur des énergiesrenouvelables. En 1991, le réacteur de Vancellos a été arrêté suite à unaccident. Le gouvernement a annoncé la fermeture du réacteur deZorita, à 60 km au nord de Madrid, le 30 avril 2006, un petit réacteurdatant de 1968. Le nucléaire produit encore environ 30% de l’électri-cité du pays, la sortie va donc nécessiter la mise en place de nombreusesinitiatives. L’Espagne multiplie les champs d’éoliennes, mais mise aussisur le solaire, sur des tours solaires qui provoquent des vents artificielset expérimentent aussi des appareils récupérant l’énergie des vagues. Ala différence de la droite qui n’a jamais vraiment fait la promotion deséconomies d’énergies, le gouvernement socialiste a annoncé le 11 août2004 vouloir ramener la consommation énergétique du pays à sonniveau de 1997… Un pari ambitieux car en sept ans, la consommationd’énergie du pays a presque doublé !

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F E S S E N H E I M

Les SuissesinquietsLes autorités des cantons deBâle-ville et Bâle-campagne ontdemandé à la France, le 1er juindernier, de leur fournir des infor-mations plus précises sur lesconditions et les conséquencesdes incidents qui ont émaillé lamaintenance du réacteur n°1 deFessenheim à l’arrêt depuis le 25 janvier 2004. Douze agentsont été contaminés lors de cesincidents. Fessenheim 1, coupléau réseau en 1977, est le plusvieux réacteur en activité enFrance et ne se trouve qu’à 40 km de la frontière suisse.

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Centrale de Vancellos (catalogne).

Action en août 2004

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Femmes et pollutionA Sania, au Canada, sur centnaissances, on compte actuelle-ment 65 filles pour 35 garçons. Ilne s’agit pas d’une sélection paréchographie comme cela se faiten Asie (là au détriment desfilles), mais de la présence d’uneimportante pollution provoquéepar des déchets industriels quisemblent anesthésier les sperma-tozoïdes mâles. Le phénomèneavait déjà été constaté lors d’unefaible exposition aux radiations.Le spermatozoïde mâle (Y)semble moins résistant que lespermatozoïde femelle (X). Lafemme est donc bien l’avenir del’homme pollué.

Que masquentles débats surle voile ?Depuis plus d’un an maintenant,la une des médias revient réguliè-rement sur le port du voile parles jeunes filles. Une loi a mêmeété votée pour protéger la laïcitéde l’enseignement public. Lesféministes se déchirent sur laquestion (liberté de pensée contresigne d’asservissement à une reli-gion masculine)… La rentrée desclasses donne une bonne imagede l’importance du phénomène :sur près de 12 millions d’élèvesen France, 240 filles sont venuesavec un foulard et 170 ont accep-té de l’enlever en entrant dans

l’établissement scolaire. Reste 70jeunes filles soit 0,0006 % deseffectifs. Il est vrai que pendantce temps, les médias ne nous par-lent pas des autres questions desociété.

C L U B INTERNET

Scandaleusepublicité

Une carte postale publicitairepour Club-Internet est disponibledepuis juillet 2004. On y voit lespieds d’une femme qui dépassentde dessous la porte d’un lave-vaisselle. « À la place de monmatch, elle voulait voir un docu-mentaire sur les étoiles filantes.Elle les a vues ». Sous-entendu,avec internet, maintenant chacunpeut regarder ce qu’il veut.Depuis le 1er septembre, l’associa-tion féministe «La meute» alancé une campagne pour sedésabonner de ce serveur. LaMeute, Maison des femmes, 163rue de Charenton 75012 Paris.

Violée du sportEn 1991, Catherine Moyon deBaecque, lanceuse de marteau, aété violée par plusieurs membresde l’équipe de France, encouragéspar l’entraîneur national, lorsd’un stage d’athlétisme. Lesagresseurs ont été condamnés parla justice en 1993 et 1994. Ensigne de dédommagement, ellesera engagée au ministère dessports en 1996… mais au plusbas de l’échelle (1200 € parmois) alors qu’elle est Bac+5.Elle est confinée dans un bureausans fonction. En janvier 2004,elle apprend finalement que soncontrat sera rompu en mai.Pendant ce temps, les violeurscontinuent à représenter laFrance sur les stades !L’Association européenne contreles violences faites aux femmesau travail (AVFT) demande

au ministère de donner un vraitravail à l’ancienne athlète.AVFT, BP 60108, 75561 Pariscedex 12, tél : 01 45 84 24 24.

L A U S A N N E

Genre et militantismeUn colloque sur ce thème estorganisé à Lausanne (Suisse) les26 et 27 novembre. Débat sur lesformes d’expression du féminis-me, question de la mixité ou non,identité militante et vie privée, viepublique, sexisme dans les milieuxmilitants… Programme : LIEGE,ISCM/BFSH2, Université deLausanne, 1015 Lausanne.

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PROCHE-ORIENT

Suivez lesfemmes !

Du 19 au 24 avril 2004, deuxcents femmes venues de 23 paysarabes et occidentaux ont, en cinqjours, traversé à vélo le Liban, laSyrie et la Jordanie pour favoriserla libération de la femme commeun moyen de faire la promotion dela paix. Jordaniennes, Syriennes,Palestiniennes, Libanaises,Irakiennes, Anglaises et Françaisesont échangé pendant ces journéespour discuter des actions que lesfemmes peuvent mener pouressayer de ramener la paix entre Palestine et Israël. (LesPénélopes, juin 2004).

Halte à la violence contre les femmes

Amnesty international a mis en place une campagne mondiale contre les violencesfaites aux femmes. Amnesty a compilé pour cela un grand nombre d’enquêtes. n Une femme sur trois, au moins, a reçu des coups, subi des relations sexuellesimposées ou d’autres formes de mauvais traitements au cours de son existence. Ce chiffre provient d’une étude fondée sur 50 enquêtes menées de par le monde.n Plus de 60 millions de femmes ont aujourd’hui «disparu» dans le monde en raison de la sélection prénatale selon le sexe et de l’infanticide des bébés de sexe féminin.n Chaque année, des millions de femmes sont violées par leur compagnon, un proche, un ami ou un inconnu, par leur employeur ou un collègue, ou encore par des soldats ou des membres de groupes armés.n La violence au sein de la famille est un phénomène endémique dans le mondeentier ; la très grande majorité des victimes en sont des femmes et des filles. AuxEtats-Unis, par exemple, les femmes représentent près de 85% des victimes desviolences domestiques.n Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), environ 70% des femmesvictimes d’homicide ont été tuées par leur compagnon.n Dans presque tous les cas, ce sont des armes légères et de petit calibre qui sontutilisées. Les femmes et les enfants représentent près de 80% des victimes de ces actes, d’après le secrétaire général des Nations unies.Amnesty relève également que les militantes pour les droits humains sont plussouvent victimes d’actes de violence que les hommes. Toutes ces violences se maintiennent du fait de lois discriminatoires contre les violences. Ainsi le viol au sein du domicile conjugal n’est souvent pas pris encompte. Les «crimes d’honneur» (toujours faits par un homme contre une femme)bénéficient d’une certaine indulgence. Le phénomène est encore amplifié par lesattitudes sociales : une femme n’est souvent pas libre de ses activités (choix d’unconjoint, choix d’un métier, choix d’un lieu de résidence…). Le droit international existe mais il n’est souvent pas repris par les Etats. Ainsi,des traités tels que le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, lePacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels et laConvention relative aux droits de l’enfant garantissent les libertés et les droitsdont les particuliers doivent pouvoir se réclamer au niveau national et, fréquem-ment aussi, au niveau international. La Déclaration universelle des droits del’homme précise que toutes les personnes doivent jouir des droits fondamentauxsans discrimination. La charte des Nations unies proclame l’égalité de droits deshommes et des femmes. La Convention sur l’élimination de toute forme de discri-mination à l’égard des femmes demande expressément aux Etats parties de«prendre toutes mesures appropriées pour éliminer la discrimination pratiquée à l’égard des femmes par une personne, une organisation ou une entreprise quelconque».En décembre 1993, les Nations unies ont adopté la Déclaration sur l’éliminationde la violence à l’égard des femmes, qui traite de la violence contre les femmes en tant que violation des droits humains. Le droit des femmes à ne pas être victi-me de la violence est aussi établi dans la Recommandation générale n° 19 duComité sur l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes.Les actes de violence commis contre des femmes au cours de conflits armés sontprohibés par le droit humanitaire international, notamment par les Conventions deGenève. La Cour pénale internationale prohibe plusieurs formes de violence contreles femmes en tant que crimes de guerre et crimes contre l’humanité.Les actes suivants sont des crimes de guerre : le viol ; l’esclavage sexuel ; la pros-titution forcée ; la grossesse forcée ; la stérilisation forcée… Si ces actes sontcommis dans le cadre d’une attaque généralisée ou systématique lancée contretoute population civile, ils constituent des crimes contre l’humanité.Amnesty international, 76, boulevard de la Villette, 75940 Paris cedex 19, tél : 01 53 38 65 65.

Femmes

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Octobre 2004 SILENCE N°315 26

«C’est l ’histoire d’un vieilhomme qui sent sa dernièreheure arriver. Il demande à

ses deux aînés de lui apporter le fruit dutravail qu’ils ont réalisé pendant ces der-nières années. Le fils aîné arrive avec toutun troupeau de vaches et de chèvres. Ledeuxième fils arrive avec une grosse et lour-de pierre ronde.

Le vieillard demande alors à son fils : « mais que comptes-tu faire avec cette pierre ? »

Le fils lui répond : «sur cette pierre,pourront s’asseoir tous les gens qui, avantde partir sur le chemin, veulent s’arrêter unmoment pour réfléchir... »

« Très bien », dit le vieillard, « c’est donctoi qui sera le nouveau chef de famille. »

Il est important qu’avant de s’en aller, lechef de famille choisisse la bonne personnepour prendre sa relève car ce sera à son suc-cesseur a s’occuper de toute la famille et duplus jeune des fils... Réfléchis bien à cettehistoire pendant ton trajet en avion »...

Nous sommes à Ouagadougou,Burkina Faso. Le « pays des hommesintègres », dit-on. Quelques jours plustôt, c’est Ibrahim qui m’avait conviée àm’asseoir sur cette pierre philosophaleafricaine. Pierre qui, pour l’occasion, pre-nait la forme d’un simple banc de bois«Assieds toi là ! ici, en Afrique, il fauts’asseoir pour prendre le temps de se par-ler et se comprendre. On ne peut pas separler debout »... Ma première réactiond’occidentale toujours pressée et un peusur ses gardes « Non non, je préfère resterdebout » n’a pas résisté longtemps au

franc sourire et au regard brillant de celuiqui me faisait une place à côté de lui.Debout, on est toujours prêt à fuir, tel lecheval qui ne se couche jamais pour pou-voir à tout moment échapper à ses préda-teurs. Je réalisais soudain que le syndro-me de la «fuite en avant» était peut êtreun syndrome somme toute typique de nossociétés dites « développés » et que si jevoulais rencontrer l’Afrique, il fallaitessayer de le soigner !

De la francophonie« Nous ne sommes jamais allés à

l’école, alors on aime bien parler avec lesblancs pour apprendre le français : c’est çala francophonie. On a appris à lire grâce àdes gens qui passaient et qui nous ontmontré. Il n’y a que les montagnes qui nese croisent pas. On aimerait bienapprendre à écrire, maintenant. Ce seraitbien si la francophonie organisait aussiquelque chose pour que vous nous appre-niez à écrire quand vous venez. Tous lesmoutons se ressemblent, mais ils n’ontpas tous le même prix. Tous les gens quiviennent et dorment dans les hôtels cli-matisés n’osent pas traverser la route.Pourtant, on se complète.

Nous, on est des artistes. Pour vivre,on fait des batiks, des instruments demusique, des objets en cuir ou on teint letissu. On se regroupe ici pour vendre nostravaux. Tous les après-midi, à 16h, on seretrouve et on s’entraîne à jouer de lamusique. Il faudra que tu viennes nousvoir et nous écouter jouer. On apprendaussi la musique aux enfants pour éviterqu’ils restent dans la rue à ne rien faire.On a créé une association. On peut t’yamener, si tu veux, c’est un peu plus loin,dans le ghetto ».

La fraîcheur et la sérénité qui règnentau sein de la case de NAYAC contrastentavec la chaleur brutale du «ghetto» qu’ilfaut traverser pour l’atteindre. Ici, on sedéchausse puis on s’assied sur un tapismais on n’a déjà plus envie de fuir. Ici,c’est Mohamed qui parle. Didier, Ibrahimet d’autres membres de NAYAC écoutent.Ils restent silencieux, mais on lit sur leurvisage qu’ils ne perdent pas une paroles

de mes questions trop pressées d’en savoirplus, et du discours parabolique et imagéde Mohamed.

« En 1999, j’ai rencontré Brahima etquelques autres. Des anciens nous avaientappris à jouer de la musique et à fabriquerdes instruments. Mais un jour on s’estdemandé « qui va transmettre tous cessavoirs quand nos maîtres vont mourir ? »De nombreux jeunes, aujourd’hui, nes’intéressent plus à la musique et aux artset savoirs traditionnels. Beaucoup nesavent plus vraiment quel est le sens deleur vie. D’un autre côté, les gens qui ontfait des études veulent gagner de l’argent,vivre dans des maisons climatisées, maisils oublient toutes les traditions et lessavoirs africains. Alors, on a créé NAYAC.On a envie de faire vivre des traditionsafricaines. Que les enfants les apprennentet les fassent vivre à leur tour, et que lesgens d’autres continents du Monde lesconnaissent aussi. L’Homme est un camé-léon. On n’a pas la même couleur depeau, mais on est tous cousins. On esttous africains. NAYAC, ça veut direNouvelle Afrique, jeux Arts et Culture.Ça veut aussi dire « venez ». Les enfants,c’est eux qui vont prendre notre placedemain. Il faut qu’on leur transmette ceque nos maîtres nous ont appris. »

Le maître des savoirs« Et vous, vous êtes déjà des

« maîtres », pour les enfants ? Commentdevient-on maître ? »

- Là, c’est Ibrahim qui répond : « Onne devient pas maître, on est juste soi-même. C’est les autres qui, plus tard,quand ils parlent de quelqu’un disentqu’il a été son maître »...

Sage réponse dont nous aurions beaujeu de nous inspirer : ce sont les élèvesqui désignent leur « maître ».

Ici, tout «ancien» peut avoir quelquechose à apprendre à un plus jeune.L’inverse est cependant inimaginable : unjeune ne peut se permettre de donner desleçons à un «grand frère» ou à un «grand-père». Ce système hiérarchisé(selon l’âge) de transmission des savoirslimite l’émergence d’un débat contradic-

Au Burkina, une association essaie de trouver l’équilibre entre modernité et tradition. Des savoirs se développent qui pourraient aussi grandement

servir aux désorientés du développement que nous sommes.

Sud-NordDR

Le soleil va-t-il se lever dans les bras du ciel ?

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Octobre 2004 SILENCE N°315 27

(1) E. Morin. Cité dans E. Besson. Une stratégie énergé-tique pour la France. Rapport sur le débat national sur lesénergies. Octobre 2003. Disponible sur http://www.indus-trie.gouv.fr/debat/energie/site/pdf/rapport-besson1.pdf

toire qui faciliterait le renouvellement desconnaissances. Mais, paradoxalementpeut-être, ce sont les plus jeunes, lesélèves, qui «jugent» si quelqu’un est un«maître» ou non, si la connaissance qu’ila transmise est digne d’être utilisée ettransmise à son tour... Système bien diffé-rent du nôtre où ce n’est pas l’âge qui estun critère pour savoir si quelqu’un peutenseigner à quelqu’un d’autre, mais lediplôme et souvent la «spécialité». Ainsi,il faut être «spécialiste» d’un domainepour pouvoir enseigner et ce sont des«professeurs» (qui professent et préfè-rent, mais maîtrisent-ils vraiment leursujet et la relation de transmission dessavoirs ?) qui décident si quelqu’un peutêtre jugé digne d’enseigner ou pas. On nedemande jamais à l’élève de juger les qua-lités pédagogiques de son professeur etl’utilité de ce qui lui a été enseigné : cesont toujours des enseignants qui éva-luent leurs élèves et jugent de leur aptitu-de à donner à leur tour des leçons àd’autres élèves (alors même que ceux quijugent ne bénéficient pas de l’enseigne-ment de celui qui est jugé !). De plus,«l’enseignant» est souvent cantonné à safonction d’enseignement contrairementau «maître» africain qui est quelqu’und’expérimenté dans un domaine donné etqui, en plus de sa fonction, va transmettreses savoirs.

« Et le gouvernement, il vous aide?- Le gouvernement, il nous a donné

des papiers qui disent que NAYAC estbien une association déclarée officielle-ment. Des fois, le centre culturel françaisou d’autres organismes officiels nous invi-tent pour que nous jouions à desconcerts. Mais ce n’est pas là qu’on trouvel’argent pour faire vivre NAYAC. Pour ça,les artistes de NAYAC fabriquent desobjets que l’on ne trouve qu’ici. On lesvend à des gens comme toi qui viennentjusqu’ici et veulent nous aider. La moitiérevient à l’artiste et la moitié est pour l’as-sociation. Chacun peut nous aider à safaçon. Par exemple, un allemand nous aenregistré en concert et il nous envoie desCD et des cassettes quand on en a besoin.L’argent ne se mange pas. Mais on a pleinde projets que l’on ne peut pas réaliser sion n’a pas de moyens. Vouloir c’est pou-voir. On va les réaliser un jour. Parexemple, pour l’instant, les différents ate-liers sont tous dispersés dans la ville. Onaimerait pouvoir tous les rassembler ici.

- Tiens, vous faites aussi des Djembésavec du métal ?

- On n’aime pas couper les arbrespour faire de la musique. Il y a un villageoù tout les arbres ont été coupés pourfabriquer des objets avec le bois. Onaimerait bien pouvoir replanter des arbreslà-bas. C’est un autre de nos projets pourlequel il faudrait des moyens. Beaucoup

d’entre nous sont nés au village et ont étébergers ou cultivaient la terre quand ilsétaient enfants. On aime la nature.L’homme est un caméléon et on s’adapteoù on est, mais on aimerait entendre lechant des oiseaux le matin ».

Les quelques phrases dessinées sur lesmurs de la case de NAYAC résumentmieux que ne saurait le faire cette retrans-cription infidèle du langage imagé desmembres de NAYAC :

« Si on savait ce que disait chacun,personne n’aurait parlé à personne »

« La souffrance devrait aboutir àquelque chose de vrai et de positif »

Les petits ruisseaux font les grandesrivières. Le défi auquel s’adresse NAYACsemble crucial pour une Afrique déchiréeentre une modernité, basée sur desrepères et des valeurs qui ne sont pas lessiennes, et une tradition fondée sur dessavoirs et des cultures orales riches etcomplexes qui n’évoluent pas au mêmerythme que le mode de vie de ses habi-tants («un pas en avant, dix pas en arriè-re» dit-on au Burkina). Entre les deux,bon nombre de jeunes ont du mal à trou-ver leur place et un sens à leur vie. Le sys-tème économique africain n’est pascapable actuellement de fournir à chacunun revenu suffisant et une stabilité profes-sionnelle. Le mode de pensée que le«développement économique» véhicule,orienté par une «rationalité économique»unique (selon ce modèle, chaque indivi-du, dénommé «agent économique» estsupposé n’avoir qu’un seul objectif, quan-tifiable : maximiser son propre bénéficeéconomique), montre ses limites pourorienter les décisions d’êtres humainsdont les cultures comportent de nom-breux aspects « irrationnels » (fétiches,gris-gris, histoires de famille, etc.) et quiaccordent une part beaucoup plus impor-tante à tout ce qui n’est pas quantifiable :sentiments, art, parole, etc. D’un autre

côté, l’attrait de la modernité, avec sonconfort matériel séduit de nombreuxjeunes qui en délaissent leurs cultures etsagesses traditionnelles.

Réapprendre du SudEntre une jeunesse qui s’occidentalise

et des modes de vie ancestraux, une asso-ciation comme NAYAC essaie de trouverun équilibre, d’aider des jeunes à trouverun chemin entre modernité et traditionpour mieux comprendre le sens de leurvie. A leur échelle, ils s’efforcent « d’asso-cier positivement la force villageoise â lajeunesse des villes ». Leurs paroles etmusiques expriment cela mieux que touttexte écrit.

Dans nos sociétés occidentales, là-même où elle a trouvé son origine, larationalité économique montre ses limitesen laissant de nombreuses personnesdans une situation de malaise et de déso-rientation sur de nombreux plans (spiri-tuel comme matériel). On n’y compteplus le nombre de personnes qui dépri-ment ou compensent un manque de senset de repères par des attitudes extrêmesqui peuvent aller de l’adhésion à une sectejusqu’à une «surconsommation» fréné-tique de biens matériels. De telles atti-tudes peuvent conduire au surendette-ment de ceux qui les expérimentent, et necomblent jamais le manque spirituel del’acheteur. Il semble urgent de se souvenirde l’essentiel, comme l’a préconisé EdgarMorin (1) dans son rapport sur le débatde l’énergie : « A force de sacrifier l’essen-tiel pour l’urgent, on finit par oublier l’ur-gence de l’essentiel ». Du colonialisme àl’aide «humanitaire» en passant par lesmissions « d’experts », nous, «occiden-taux », nous sommes souvent placés dansune logique où nous aurions des leçonsou des conseils à donner aux populationsafricaines. Il est aujourd’hui temps deconsidérer que nous avons égalementbeaucoup à apprendre de ces êtreshumains qui sont passés par des souf-frances physiques et mentales dont ils ontsu dégager ce qui est véritablement«essentiel» pour eux. Une initiative telleque celle de NAYAC montre qu’il est pos-sible de trouver, ou tout au moins dechercher, des chemins intermédiairespour envisager comment nos deux cul-tures pourraient se compléter et s’enrichirmutuellement plutôt que de s’affronter ou s’ignorer.

Natacha Gondran n

Avec la participation de Mohamed Nignan pour lescontes et Ibrahim Sawadgo pour les proverbes.

DR

Une partie de l’équipe de NAYAC.

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Commerceéquitable et écologieLa société Guayapi tropical diffu-se des produits provenant du SriLanka et produit sous le labelForest Garden Products (FGP).Contrairement aux labels de com-merce équitable, ce label s’inté-resse d’abord au maintien de labiodiversité et au maintien desvaleurs sociales locales. Il nes’agit pas de donner plus de pou-voir d’achat aux producteurs dusud, mais de s’assurer que pourune communauté, le commerce luiest bénéfique. Comme le dit l’undes représentants du label, le Sri-lankais Ranil Senanayake dansPolitis du 4 mars : «Le maintiendes structures et des valeurssociales dans une communautéest plus important que le prixqu’obtiennent les producteurs.Après tout, avec un meilleur prix,ils peuvent aussi bien acheter ducoca-cola». Il compare lesdémarches de commerce équi-table à celle de l’agriculture bio.Là aussi, on s’aperçoit qu’interdi-re les pesticides ne suffit pas for-

cément à faire une agriculture dequalité et il appelle à penser leslabels comme étant en perpétuelleévolution : «après avoir éliminéles pesticides, on s’est aperçuqu’il fallait, en plus, assurer labiodiversité. Comme on fait atten-tion aux papillons pour les équi-libres naturels, il faut pour éva-luer l’impact du commerce équi-table avoir des indicateurs

sociaux : l’évolution du taux dedélinquance, le nombre de télévi-seurs qui nuisent à la vie socia-le…». La plate-forme du commer-ce équitable est-elle prête àentendre ce message qui nousvient directement des producteurs ?

T A R N

TraverséesafricainesPendant tout le mois denovembre, Traversées africainespropose à Castres, pour la troisiè-me année, un programme culturel: musique, cinéma, théâtre, art etartisanat, cuisines, jeux et jouets,avec comme fil conducteur pourcette année, une exposition inter-active sur l’éducation à la paix.Les enfants sont invités à partici-per à trois mercredis de théâtre.Le samedi 20 novembre, une grande ren-contre festive se tiendra place del’Albinque avec marché africain,palabre d’honneur, cuisine-pays,ateliers et spectacles. Traverséesafricaines, maison des associa-tions, place du 1er mai, 81100Castres, tél : 05 63 61 27 67.

C O M M E R C EÉ Q U I T A B L E

Artisans dumonde piégéJusqu’à maintenant, la filièreArtisans du monde qui fédère unecentaine de boutiques tenuesessentiellement par des bénévolesest ce que l’on fait de mieux dansle domaine de commerce équi-table : la vente d’objets est unprétexte à parler des rapportsNord-Sud, de nos modes de vie etde notre surconsommation. Pour

diffuser plus largement, la fédéra-tion Artisans du monde s’estassociée avec d’autres associa-tions comme le CCFD, l’ASPAL,la Cimade… pour créerSolidar’monde qui diffuse lesmêmes produits par d’autresréseaux. Gros dérapage le 21 juin dernierquand les 600 produits proposéssont apparus sur le siteCdiscount, une filiale du géantCasino sur lequel on trouve desproduits bradés à bas prix. Detrès nombreux groupes Artisansdu monde ont immédiatementréagi pour protester contre cerapprochement et une pétition a été lancée contre cette « logique commerciale centrée

sur les bas prix » en totale oppo-sition avec la logique associativecentrée sur les valeurs et la soli-darité internationale. Mais Solidar’monde, à l’originecontrôlée par Artisans du monde,s’est tellement ouverte à d’autresgroupes qu’aujourd’hui laFédération Artisans du monde s’yretrouve minoritaire… et n’arrivepas à faire cesser la vente de sesproduits sur le site internet :début septembre, ils sont toujoursen ligne « à prix discount » !

n Solidar’Monde, 86, rueBerthie-Albrecht, 94400 Vitry-sur-Seine, tél : 01 45 73 65 43.

n Pétition : Artisans du monde Val-d’Orge, tél : 01 69 51 06 64.

AlimenTerreLe Comité français pour la soli-darité internationale organise du9 au 17 octobre AlimenTerre, unesérie d’actions dans de nom-breuses villes pour sensibiliser lapopulation aux questions de lafaim dans le monde et des solu-tions possibles : expositions, mar-chés solidaires, conférences, repasd’ailleurs, agricultures du mondeentier… CFSI, 32, rue Le Peletier, 75009 Paris, tél : 01 44 83 88 50.

SILENCE N°315 Octobre 2004 28

Noix de lavage indienne

Arrivée en trombe dans les magasins bio cet été, la noix de lavageindienne serait idéale pour remplacer les habituels produits de

lessive. L’importation de ces coques de noix permettrait de diviser par deux le prix des lessives. Les coques de noix proviennent du sapindus mukorossi, un arbre originaire du Sud de l’Inde, on le trouve aujourd’hui partout dans le pays. L’arbre produit des noix au bout d’une quinzaine d’années et peut vivre cent ans. Les coques de noix sont traditionnellement utiliséesen Inde et au Népal pour fabriquer de la lessive moussante pour lavaisselle ou les cheveux. On peut se poser quelques questions sur l’importation de ces coques de noix. La première est de savoir s’il faut aller chercher si loin desproduits naturels moussants… Tout transport consomme de l’énergie.La deuxième concerne le prix : dans quelle condition sont achetées lescoques de noix ? Le bas prix ne cache-t-il pas une nouvelle exploitationdu Nord par le Sud ? La question suivante concerne l’équilibre écolo-gique des forêts concernées. Enlever des coques de noix qui naturelle-ment contribuent à l’humus du sol risque de modifier l’écosystème etd’empêcher le renouvellement de la forêt (ce problème est récurrentpour toutes les productions importées). Comment s’assurer qu’il n’y a pas de déséquilibre ? Certains animaux disparaissent non pasparce qu’on les chasse, mais simplement parce qu’ils ne trouvent plus la nourriture ou l’habitat dont ils ont besoin. Les promoteurs de la noix de lavage indienne sont parfaitement silencieux sur cette question écologique. Il semble plus raisonnable de faire la promotion des produits locauxcomme la saponaire qui poussenaturellement dans nos cam-pagnes, le savon à partir del’huile d’olive ou même des solutions encore plus simplescomme le nettoyage à partir de la cendre de bois.

Droits des peuples indigènes : De Beers fait marche arrière

En octobre 2002, la société avait affirmé à Survival internationalne pas avoir de politique sur les droits des peuples indigènes en Afrique australe car cela équivaudrait à

une logique «d’apartheid». Le directeur de Survival international, Stephen Corry, constate que De Beers esten retard de plusieurs décennies sur l’opinion internationale. Il est inadmissible de prétendre que ces droits n’existent pas. Une compagnie minière comme Rio Tinto, par exemple, s’est engagée récemment à ne pas exploiter les terres des aborigènes mirrar en Australie sansleur accord. Fin juillet, De Beers est revenu sur son refus de reconnaître les droits des peuples indigènes en Afrique australe. Survival, 45 rue du Faubourg-du-Temple, 75010 Paris.

Nord/Sud

DR

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SILENCE N°315 Octobre 2004 29

C O M M E R C EÉ Q U I T A B L E

Contre lesmarchands du templeDans le numéro de septembre, nous avonspublié le communiqué de Minga qui coordon-ne une cinquantaine de boutiques de com-merce équitable. Il nous semble intéressantde vous en donner les coordonnées.

n Alices, 30, Rue de Strasbourg, 93200Saint-Denis, tél : 01 42 43 14 59. Boutiquede services, accompagnement de personnes,courses et livraisons, ventes directes de pro-duits alimentaires bio et artisanaux issus ducommerce équitable. n Alterafrica, 20 av. de Stalingrad, 94260Fresnes, tél : 01 43 91 35 11. Ventes surinternet (www.alterafrica.com).n Andines SCOP, 6, rue Arnold-Géraux,93450 Ile-Saint-Denis, tél : 01 48 20 48 60.Importateur de plus de 2000 produits provenant de 15 pays différents. n Artésia, 7, boulevard de Reuilly, 75012Paris, tél : 01 43 43 13 69. Promotion etventes directes de produits du tissage desfemmes d’Asie du Sud-Est.n Association pour le commerce équitable, 8 Rue Ledru Rollin 92240 Malalkoff. Ventes directes de produits alimentaires et artisanaux.n Ballakissa Arts, 2 Impasse Le Rêve,95660 Champagne-sur-Oise, tél : 06 24 0544 07. Vente ambulante en France de vête-ments et accessoires « traditionnels métissés »en bogolan (Bamako).n Bébés en vadrouille, 47, boulevard Henri-IV, 75004 Paris, tél : 01 48 87 19 68. n Bio Mada, pôle 45, 264, rue des Sables-de-Sary, 45770 Sarran, tél : 02 38 58 3235. Ventes directes et semi-gros d’huilesessentielles de Madagascar. n Ça peut shère, 69, boulevard Edouard-Vaillant, 93500 Pantin, tél : 06 62 76 54 25.Importation d’accessoires et linge de maisonen provenance d’Afrique.n Caravane, 4, rue de la République, 19100Brive, tél : 05 55 24 02 36. Magasin de pro-duits alimentaires, animations, dégustations. n Cinq Sens, 32, allée Aristide-Briand,91100 Corbeil, tél : 01 64 96 25 94. Ventesitinérantes de produits alimentaires et artisanaux.n Commegrain, 8-10, rue Louis-Rousseau,94200 Ivry-sur-Seine, tél : 01 46 70 86 64.Produits alimentaires, ventes sur les marchés.n D’Aqui et del Mondo, 9 Avenue de Verdun,06450 La Bollène-Vesubie, tél : 04 93 04 98 03. Saveurs et Savoirsfaire d’ici et d’ailleurs. Animation, sensibilisa-tion et vente de produits. n Des racines et des hommes, StéphaneMorin, 4, impasse de Keruzaoren, Le Diden,29630 Plougasnou, tél : 06 25 04 62 57.Importation et distribution de jus de fruits. n Eki, 11 Rue du Chemin-de-fer, 93240Stains. Ventes de produits équitables d’ici et d’ailleurs.n Embarqua’Terre, 13, rue du château,44000 Nantes, tél : 02 40 20 42 70.Boutique de commerce équitable.n EPICE, 32 Rue de Crimée, 13003Marseille, tél : 04 91 50 66 16. Animationspédagogiques et vente au détail de produitsalimentaires. n Equilibre, 110, Grande-Rue, 27360 Pont-Saint-Pierre, tél : 02 32 48 19 88. Produitséquitables naturels et biologiques sur les marchés.n Equitable Salonaise, c/o Paul Magnan, LaVigarelle, rue de la Taille, 13300 Salon-de-Provence, tél : 04 90 42 15 48. Ventes surles marchés de produits alimentaires et arti-sanaux. n Etica, Le Port de Parun, 56870 Baden, tél : 06 30 46 38 42. Produits de la mer, du terroir et d’artisanat d’art, issus du com-merce équitable.

n Femmes actives, 39, allée de Saint-Exupéry, 93200 Saint-Denis, tél : 01 42 4329 99. Entreprise de restauration fonction-nant en SCOP. n India Kala, 57 rue Ramey, 75018 Paris, tél : 01 42 52 47 69. Boutique d’artisanat,salon de thé et épicerie.n Kan ar bed, 46, route de Paris, 29600Morlaix, tél : 02 98 88 07 86. Producteur et distributeur de sodas.n L’Equitable café, 27, rue de la Loubière,13006 Marseille, tél : 04 91 48 06 62. Café boutique, animation produits artisanaux et alimentaires.n La Cédraie, 13, rue du général-Rampont,67240 Bischwiller, tél : 03 88 53 82 37.Importateur et boutique.n La ferme de Paula, La Fontaine de Suie,49640 Daumeray, tél : 02 41 32 40 57.n La Passerelle, 3, rue Saint-Hubert, 75011 Paris, tél : 01 43 57 04 82. Café-restaurant librairie.n La Reinette verte, 35, rue Grande rue,28240 Champrond-en-Gatine, tél : 02 37 4984 14. Producteur de jus de pommes etautres fruits.n La Tombe du Marabout, La Borie basse,15190 Condat-en-Féniers, tél : 06 87 03 0722. Distribution de produits alimentaires etartisanaux. Production de lombricompost.n Label Ethique, 38, boulevard du Félibrige,13009 Marseille, tél : 04 91 25 19 33. n Les Fennecs, 6, allée Bergeronnette, 22380 Saint-Gest, tél : 06 20 18 22 91.Organisation d’événements. Produits alimentaires.n Les Vergers de Launay, Launay, 35370Argentré-du-Plessis, tél : 02 99 96 60 69.Producteur et vente directe.n Métissage, 19, avenue Karl-Marx, 93000Bobigny, tél : 01 48 31 74 70. Vêtements et linge de maison.n Mondo, 51 Rue Clément-Roassal, 06000Nice, tél : 04 93 87 58 62. Point de vente etdistributeur de produits alimentaires et arti-sanaux, animations... n Petit Marie Agnès, 13, boulevard Hélène,83270 Saint-Cyr-sur-Mer, tél : 04 94 88 7570. Vente à domicile de produits issus dedémarches de commerce équitable.n PLACE, BP 364, 13177 Marseille cedex20, tél : 04 91 92 13 54. Organisme de formation fonctionnant en SCOP. n Plaisirs éthiques, Fortuné Guylaine, 7, ruedes Vieilles-Carrières, 49000 Angers, tél : 02 41 68 48 84. Commerce ambulant.n Pontoizeau Jean-Paul, Le Bourg, 19400Colonge-la-Roug, tél : 05 55 84 02 16.Magasin de produits artisanaux et alimen-taires issus d’un commerce équitable.n Pour un commerce équitable, 21, rue desFasquets, 12100 Millau, tél : 05 65 61 13 47.Boutique, et ventes au « marché paysan ».n Quatre Mâts Développement, ZI, route deThennes, 80110 Moreuil, tél : 03 22 09 78 06. n Réso-Coop, 2c, allée des Acacias, 54350Mont Saint-Martin, tél : 03 82 23 78 70.Coopérative de distribution alternative etsolidaire de produits artisanaux et de l’agri-culture paysanne issus tant des pays du Sudque du Nord et à destination de groupementsd’achats de particuliers. n Saldac, 14, allée du Vallon, 26200Montélimar, tél : 04 75 51 06 54.Importateur de café et autres produits péruviens.n Solidair’éthic, 12, rue Toul-al-laer, 29000Quimper, tél : 02 98 64 26 63. Boutique de commerce équitable.n Suds, l’autre ailleurs, 47, rue de Turenne,75003 Paris, tél : 01 42 72 29 96.Fabrication et importation de meubles etobjets de décoration artisanaux (Cameroun).n Taddart, 10, avenue de la Remise, 91390Morsang-sur-Orge, tél : 06 20 08 75 09.Organisation de voyages.n Terre des Toiles, La Combe du Puy, 19500 Chauffour, tél : 05 55 25 30 87. Gîted’étape sous abris nomades multiéthniques.n Territoires, 4, rue Denfert-Rochereau,93200 Saint-Denis, tél : 01 48 26 49 86.Produits d’ici (bios) et d’ailleurs. n Tonga Soa, 4, rue d’Orgemont, 60500 Chantilly, tél : 06 61 84 27 19.Magasin Produits artisanaux et alimentaire du Monde.n Utopia, 12, rue de la Bienfaisance, 85500Les Herbiers, tél : 02 51 66 15 16.

Paix

Depuis la fin de la guerre froide,on pourrait penser que lesdépenses d’armement iraient endiminuant. Si cela a bien été lecas entre 1989 et 1998, depuistoutes les dépenses sont repartiesà la hausse, avec une extraordi-naire envolée des dépenses auxEtats-Unis depuis les attentats deseptembre 2001. Amnesty inter-national annonce qu’en 2005, cesdépenses atteindront le cap sym-boliques des mille milliards dedollars, que l’on fabrique chaqueannée dans le monde 16 milliardsde munitions soit plus de deuxpar personnes. Rappelons enfinque les cinq pays qui sont en têtedes ventes d’armes (Etats-Unis,Russie, Chine, France et Grande-Bretagne) sont également lescinq pays qui ont un droit de vétoau conseil de sécurité des NationsUnies.

Le coût de la violenceUn rapport publié parl’Organisation Mondiale de laSanté (OMS), en juin 2004, meten évidence que le coût écono-mique de la violence pèse lourde-ment sur les sociétés dans lemonde, dont certaines consacrentplus de 4% de leur produit inté-rieur brut à la lutte contre lestraumatismes dus à la violence.L’étude indique que la maltrai-tance des enfants coûte à elleseule 94 milliards de dollars paran à l’économie des Etats-Unis,soit 1% du PIB. Ce chiffre inclutles dépenses médicales directes etles frais connexes liés aux ser-vices juridiques, à l’interventionde la police et aux incarcérations,ainsi que le montant correspon-dant à la perte de productivitéindirecte, au coût psychologiqueet à la délinquance future. L’OMSavance la solution : la préventionqui coûte beaucoup moins cher.Sarkozy va-t-il lire ce rapport ?

B U S H E R I En Blair au secours de Bush.Blair (de gauche) a volé ausecours de son ami Bush (dedroite) après le retrait décidé parle gouvernement (de gauche)espagnol : les Anglais ont envoyéde nouvelles unités pour rempla-cer les 1300 militaires espagnolsen moins. Le Honduras, lesPhilippines et quelques autresEtats d’Amérique du Sud ontretiré leurs troupes souvent symboliques. n Torture féminine. Les mouve-ments pacifistes ont longtempsespéré que les femmes pourraientêtre un contre-pouvoir à laconnerie militaire. Les récentesscènes de torture en Irak ontmontré que les soldates sontaussi perverses que les hommes… n Rions jaune. « Les Etats-Unisagissent pour l’élimination de latorture, et nous conduisons cecombat en prêchant parl’exemple » Georges W. Bush,Washington Post, 27 juin 2003.Les militaires US ne lisent mani-festement pas ce quotidien. n Cercueils. Pour avoir rendupublique une photo où l’on peutvoir au fond d’un avion, quatorzecercueils recouverts du drapeauaméricain, une soldate US a étérenvoyée. On ne doit montrer quedes victimes irakiennes, pas desvictimes «amies», règle de basede la propagande militaire. Le 8 septembre, le cap des mille cercueils a été atteint.

DR

Mille milliards de dollars

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E U R O P E

Deux Etatsnucléairescontre tousles autresLors d’un débat au parlementeuropéen pour préparer une posi-tion commune sur la question desarmes nucléaires en vue de larévision du traité de non-prolifé-ration, Caroline Lucas, députéedu parti Vert britannique, estintervenue le 11 février dernierpour dénoncer le travail de sapemené par la Grande-Bretagne etla France : « Le fait que deux Etatsmembres de l’Union européennepossèdent des armes nucléairessape l’autorité morale de toutel’Union européenne quand ellevient à débattre sur les armes dedestruction massive.L’hypocrisie accablante des gou-vernements américain et anglaisexigeant le désarmement desautres, alors qu’ils mettent simul-tanément à niveau leurs arsenauxnucléaires est évidente pour noustous. C’est une position trèsdéstabilisante, indéfendable ethypocrite. Nous avons entenduparler de la loi internationale cestemps-ci. Alors laissez-moi rappe-ler à la Grande-Bretagne et à la

France que selon la Cour interna-tionale de justice de La Haye, lesarmes nucléaires sont immoraleset illégales. Lors de la sixième conférenced’examen du traité de non-proli-fération, tous les Etats nucléairesont annoncé clairement qu’ilsallaient procéder à l’éliminationtotale de leurs arsenauxnucléaires, aboutissant ainsi à undésarmement nucléaire. C’était ily a quatre ans et très peu de pro-grès ont été faits depuis. LaGrande-Bretagne et la Francedoivent donner l’exemple etdémanteler unilatéralement leurstêtes nucléaires. Le retrait desarmes nucléaires américaines dusol européen doit être immédiat.Ces objectifs sont sans douteambitieux, mais si nous prenonsau sérieux les menaces causéespar les armes de destruction mas-sive, c’est le chemin que nousdevons prendre ». L’Irlande alors à la tête del’Europe a répondu qu’elle enten-dait bien demander aux Etatsnucléaires de tenir leurs engage-ments vis-à-vis du traité de non-prolifération.(Stop essais, mars 2004)

Campagnecontre la relance des armementsnucléairesAvec 41,57 milliards d’euros, le budget 2004 de la Franceconsacre une augmentation deprès de 4% au budget de ladéfense. Cette nouvelle hausseintervient après celle de plus de6% en 2003. Ceci est justifié parle renouvellement de toutes lescomposantes : nouvelles têtesnucléaires, nouveaux missiles,nouveau sous-marin. A plus longterme, la construction du laserMégajoule — près de Bordeaux— va permettre d’entreprendredes recherches sur la fusionnucléaire, susceptibles de débou-cher sur la mise au point d’armesnucléaires à fusion pure dont lapuissance sera modulable selon lacible. La France s’inscrit dans unprocessus de prolifération vertica-le des armes nucléaires. Il y aurgence à créer un grand mouve-ment mondial d’opinion d’ici mai2005 pour que la conférence derévision du TNP (traité de non-prolifération) prenne des engage-ments décisifs de désarmementnucléaire. Le mouvement de lapaix coordonne une nouvelle cam-

pagne pour le désarmementnucléaire. Les organisations par-tenaires de cette campagne sont àvotre disposition pour vous aider àorganiser des débats, des confé-rences, concerts, événements,cafés pacifistes, manifestationsdiverses. Mouvement de la Paix,139, boulevard Victor-Hugo,93400 Saint-Ouen, tél. : 01 40 1209 12, site : www.mvtpaix.org.

S T R A S B O U R G

Communicationnon-violente en milieu éducatifL’Association pour la communi-cation non-violente organise unséminaire francophone sur lacommunication non-violente en milieu éducatif du 23 au 27 octobre à Strasbourg.Renseignements auprès deFrançois Dusson, tél : 02 35 0320 82, courriel : [email protected] ou [email protected], ou à Strasbourgauprès de Sylvie Braun, tél : 03 89 57 39 67 ou DominiqueWatzky, tél : 03 88 87 27 97.

T A V E R N Y

Jeûne contrele nucléaireDu 6 au 9 août, comme chaqueannée depuis 1984, une vingtainede personnes se sont retrouvéespour jeûner à la maison de vigi-

lance, située près de l’entrée du centre de commandementnucléaire. D’autres actions desensibilisation pour faire le lienentre nucléaire civil et militaireont également été faites à cesdates par plusieurs groupes de soutien au jeûne « vivre sans nucléaire ».

Syndrome de la guerredu GolfeEn France, comme dans lesautres pays de la coalition quiavait attaqué l’Irak en 1991, denombreux militaires sont tombésmalades au retour du front.Plusieurs hypothèses ont été sou-levées : l’utilisation de produitstoxiques dans les vaccins, l’inha-lation de poussières d’uranium…Le 13 juillet 2004, l’INSERM a rendu public un rapport portantsur plus de 20 000 militaires etqui conclut qu’il n’y a pas dedétection d’un «syndrome spéci-fique» à cette guerre.L’association Avigolfe qui regrou-pe les victimes dénoncent un rap-port biaisé dès le départ : 75 %des militaires interrogés sont tou-jours en poste et donc ne sont paslibres de leur parole, seulement180 euros ont été consacrés parmilitaire, ce qui est insignifiantpour mener des investigationssérieuses, aucune recherche n’a été effectuée concernantl’uranium ou des organophospho-rés éventuellement présents dansdes gaz de combat. Avigolfe, 49, avenue Bontemps, 95750Chars, tél : 06 85 20 06 99.

SILENCE N°315 Octobre 2004 30

A V E Y R O N

Apprivoiserles émotionsL’IFMAN, Institut de formation

du mouvementpour une alter-native non-vio-lente, organise du jeudi 11 au samedi 13novembre, prèsde Rodez, uneformation sur le thème «appri-voiser les émo-tions» : com-ment les identi-fier dans une

situation de conflit, commentprévenir des actes ou paroles quel’on regrette ensuite, commenttravailler ses émotions à partird’exercices ludiques, commenttrouver une souplesse émotion-nelle. Renseignements et inscrip-tion : Geneviève Fabre, IFMAN-Sud-Ouest, 12330 Salles-la-Source, tél : 05 65 67 29 03.

DR

I S R A Ë L

Vanunu reste sous surveillanceVanunu Mordechaï vient de purger

une peine de dix-huit ans de pri-son pour avoir révélé au monde entierqu’Israël disposait d’un programmed’armes nucléaires. A sa sortie de pri-son en avril dernier, il s’est vu interdi-re de sortir du pays et de communi-quer avec des étrangers sous prétextequ’en tant qu’ancien employé du réac-teur de Dimona, il pouvait encorefaire des révélations gênantes. VanunuMordechaï a fait un recours au tribunal pour demander la levée de cesrestrictions. Le 26 juillet, la Haute cour de justice d’Israël a maintenules restrictions à la demande du ministère de la défense. VanunuMordechaï a demandé à renoncer à sa nationalité israélienne, ce quilui a été aussi refusé. Vanunu s’est vu interdire tout contact avecl’AIEA, Agence internationale de l’énergie atomique, chargée de lutter contre la prolifération nucléaire. Le directeur de l’AIEA qui s’est rendu en juillet en Israël n’a pas pu envoyer d’inspecteurs à Dimona comme il l’avait fait en Irak. Il y a toutefois peu de chanceque les USA décident d’attaquer Israël ! Une campagne de lettrespour demander la totale liberté pour Vanunu Mordechaï est coordon-née par Action des citoyens pour le désarmement nucléaire, ACDN, 31,rue du Cormier, 17100 Saintes, tél : 05 46 74 08 60.

Paix

DR

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T A B A Cn Espérance de vie. L’écart d’es-pérance de vie entre les hommeset les femmes diminue. Selon uneétude de l’assurance maladie por-tant sur 105 000 personnes sui-vies de 1997 à 2002, cette dimi-nution s’explique en grande partiepar le fait que les femmes fumentautant que les hommes, alors queceux-ci ont diminué leur consom-mation. La conséquence : l’espé-

rance de vie des femmes eststable du fait d’une forte haussedes cancers du poumon, alors quel’espérance de vie des hommesaugmente. n Interdiction dans les TGV. A partir du 1er décembre 2004,tous les TGV français seront non-fumeurs. La SNCF envisaged’étendre la mesure aux trains Corail.n Jeunes : le cannabis avant letabac. Une enquête menée par leCentre international de recherchesur le cancer dans l’aggloméra-tion lyonnaise, chez les 14-20 ansmontre que 14,5 % fument dutabac régulièrement contre 21 %qui fument régulièrement du can-nabis. Le Centre international derecherche sur le cancer rappelleque le taux de goudron dans lesjoints est plus important quedans les cigarettes et s’attend

donc à une recrudescence descancers provoqués par la fuméede cannabis.n Restaurants pollués. Soixantemillions de consommateurs deseptembre présente des relevés denicotine et de gaz carboniquedans des restaurants et des disco-thèques de la région parisienne :les taux de pollution sont souventénormes, les ventilations qui per-mettent légalement d’échapper aurespect des zones non-fumeurs nefonctionnent pas, les taux sontahurissants dans les discothèques.Suite à la publication de cesrésultats, l’Union des métiers etdes industries de l’hôtellerie aannoncé qu’elle allait lancer unecampagne auprès de ses adhé-rents pour le respect de la loiEvin de 1991. Il serait temps queces établissements tiennent comp-te qu’ils se privent d’une largeclientèle : la majorité desFrançais sont aujourd’hui non-fumeurs.

L’alcool tueAlors que d’un côté on tient undiscours pour diminuer lesméfaits de l’alcool, les viticul-teurs, qui constatent une baisseconstante de la consommation devin, font le forcing pour obtenirune dérogation pour faire de lapublicité pour le vin, qui seloneux n’est pas assimilable à unalcool. Les statistiques annoncentla pacotille de 23 000 morts paran dus à une consommationexcessive d’alcool. L’associationVie libre a lancé une pétitionpour demander le maintien del’interdiction comme le prévoit laloi actuelle et demande sonextension comme l’interdiction dela vente d’alcool dans les sta-tions-service, les relais autorou-tiers, les stades et les complexessportifs. Vie libre, 8, impasseDumur, 92110 Clichy, tél : 01 47 39 40 80.

TéléphonearabeLe téléphone portable est désor-mais exigé par les familles « branchées » dans la dot de leurfille, rapporte le quotidien algé-rien Liberté. Le portable a pris en quelques années, une impor-tance extraordinaire en Algérie.La fin du monopole de l’Etat apermis l’installation de l’ÉgyptienOrascom (deux millions d’abon-nés), face à l’opérateur public quine compte que quelque 600 000abonnés. Offrir le cancer à safiancée, le grand chic !

P A R I S

Une écologieau service dela vie De multiples courants aspirent àrevenir à une vie plus saine, parune alimentation plus nutritive,une agriculture plus naturelle.Comment faire prendre conscien-ce à un large public des méfaitsde notre alimentation super-industrialisée ? Comment modi-fier nos comportements ?Comment protéger nos enfants ?Comment soutenir les initiativespositives et constituer des pôlesd’autodéfense alimentaire ?Comment retrouver les principesde vie conformes à l’ordre decréation ? C’est à ces questionsque veut répondre une rencontreorganisée samedi 23 octobre2004 au Grand amphi, 115/117,rue Notre-Dame-des-Champs,75006 Paris à partir de 14heures. Programme complet :Alliance sociale, 11, rue du Bel-Air, 94230 Cachan, tél : 01 45 63 69 17.

SILENCE N°315 Octobre 2004 31

DR

Les produitsallégés peuvent fairegrossirUn centre de recherche del’Université de l’Indiana, auxEtats-Unis, a mené des études surles sodas light. Ils ont mis en évi-dence que cela modifie notrecapacité naturelle à ne pas faired’excès de sucre (perte de lanotion de satiété). Lorsqu’unepersonne qui prend des produitslight fait une exception, elleabsorbe d’un seul coup d’impor-tantes quantités de sucre. La prisede produits light augmente lerisque d’abus et donc d’obésité ! (20 minutes, 7 juillet 2004)

n Garantir aux enfants un avenir sans toxiques. Le 25 juin, à l’issue de la troisième et dernièrejournée de la conférence ministérielle

de l’OMS. ayant pour thème Santé et envi-ronnement, et intitulée «un avenir pour nos

enfants», Greenpeace exprime son scepticisme sur les deux documents officiels qui en résultent. Ni la Déclaration

ministérielle, ni le Plan d’action pour la santé et l’environnement desenfants d’Europe (le CEHAPE) n’apportent les engagements néces-saires pour une amélioration significative de la protection des enfantscontre les substances toxiques. «A part quelques lignes de bonnes inten-tions sur des substances très controversées, comme les phtalates ou lesfragrances artificielles, les accords échouent complètement à amorcerune approche de précaution et à initier l’abandon des substances chi-miques les plus dangereuses, laissant les enfants à la merci des risquesparfaitement évitables», déclare Yannick Vicaire, responsable de la cam-pagne Toxiques à Greenpeace France. Greenpeace France, 22, rue desRasselins, 75020 Paris, tél. : 01 44 64 02 02.n Canada : Percy Schneider condamné. Il s’agit de ce paysan chez qui les inspecteurs de Monsanto ont retrouvé des plants de colza trans-géniques et qui dit qu’il s’agit d’une contamination d’un autre champ.Monsanto affirme qu’il a réutilisé des semences transgéniques sans lesracheter à la firme. Le 21 mai, la Cour Suprême du Canada a jugé par cinq voix contre quatre que l’agriculteur était coupable… lui demandant de restituer à Monsanto les semences coupables, mais ne le condamnant pas, comme le souhaitait la firme, à prendre en char-ge les frais de justice. n Venezuela : OGM interdit. Le président Chavez a annoncé, au coursde l’été, l’interdiction des OGM sur son territoire.n Croatie : OGM interdit. Le gouvernement croate a découvert deschamps de maïs transgénique cultivés à partir de semences en prove-nance d’Autriche. Aucune autorisation de cultiver des OGM dans le paysn’étant donné, le ministre de l’agriculture a fait arracher les champsincriminés le 15 juillet. Environ 8000 hectares ont été ainsi détruits. n Pétition européenne. Après l’annonce de la rupture du moratoireavant l’été (qui n’autorise pour le moment que l’importation de maïsOGM), les Verts européens ont lancé une pétition dans les 25 pays pourcollecter un million de signatures. Si la constitution européenne estadoptée prochainement, cette pétition permettrait alors de demander un référendum européen. Les Verts, 247, rue du Faubourg-Saint-Martin, 75010 Paris. n Guyane : arrachage de café transgénique. 1,8 hectare d’expérimen-tation génétique sur un café censé résister génétiquement à une chenillea été détruit fin août en Guyane lors d’une action anonyme.n Communes sans OGM. Plus de 2500 communes rurales ont pris desarrêtés contre l’implantation d’OGM sur leur territoire. Au début de cemouvement, l’Etat a demandé aux préfets d’attaquer ces décisionsdevant le tribunal administratif. Celui de Toulouse a estimé le 3 aoûtdernier que la décision du conseil municipal du maire de Bax en Haute-Garonne était légale. C’est la troisième fois qu’un tribunal donne raisonà un maire après Coings (Indre) et Mouchan (Gers).

Santé

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Lors du rassemblement du Larzac2003, un texte faucheurs volon-taires, désobéissance civile pourquoi ?

circule et explique la démarche : « Quand le gouvernement encourage

les intérêts privés ou les laisse s’imposeraux dépens de tous et de la Terre, quandla loi privilégie l’intérêt particulier audétriment de l’intérêt général, criminali-sant ceux qui en nombre restreint ont osél’enfreindre, que reste-t-il aux citoyensresponsables pour que le droit redeviennela référence de régulation entre les per-sonnes et les biens, pour que l’Etat retrou-ve son indépendance et soit cette instancede défense et de préservation du biencommun ?

Il ne reste plus en conscience auxcitoyens que d’affronter cet état de non-droit pour rétablir la justice au risque desamendes et des peines de prison possibles.Plus la conviction sera forte, plus le

nombre des volontaires sera important,plus nous changerons le rapport de force.Agir à visage découvert et en plein jour,c’est cela notre force et notre expressiondémocratique pour que ce danger soit prisen compte avant qu’il ne soit trop tard.

Dans l’état de nécessité actuelle oùnous nous trouvons, nous n’avons plusrien à notre disposition pour que ladémocratie reste une réalité. C’est l’im-puissance de l’Etat et l’usage inversé de laloi qui nous font entrer en résistance pourrefuser la fatalité.

La désobéissance civile est une actioncitoyenne et réfléchie. Elle peut comptersur un soutien important de la collectivitépuisque 70% des Français de tous bordspolitiques sont opposés aux OGM dansleur alimentation ».

Les textes qui circulent précisent : « Les faucheurs volontaires ne s’attaquentpas à la recherche fondamentale sur les

OGM. A leurs yeux, celle-ci doit suivredes protocoles rigoureux dans ses expé-riences en milieu confiné. Elle doitrépondre sans préjudice aux véritablesbesoins de la société et ne pas faire le jeudu marché (…) Ce que les faucheursvolontaires dénoncent, ce sont les expéri-mentations et les cultures en plein champqui permettent la contamination irréver-sible des autres espèces végétales (…) Cequ’ils dénoncent, c’est la prise de brevetsur le vivant qui mettra les paysans duNord comme du Sud sous la dominationdes entreprises biotechnologiques, ce quiau lieu de réduire la faim dans le monderisque de l’augmenter ».

Diffusion de l’appelLors du salon de l’Agriculture, au

printemps 2004, le collectif annonce clai-rement que si des essais ont lieu en 2004,les faucheurs passeront à l’action. Ilcompte à ce moment déjà plus de 2000personnes. Trois procès ont lieu ce prin-temps pour de précédents fauchages : lestrois de Saint-Georges (Isère), les dixd’Avelin (Nord), les neuf de Guyancourt(Yvelines). Cela contribue à faire de lapublicité au collectif qui à la veille de l’étédépasse les 3000 membres.

Début juin, le collectif se procure laliste des essais autorisés en 2004 : il y ena 65 dans toute la France sur seulement 5hectares. Tous concernent le maïs résis-tant au désherbant Glyphosate-Round-up, un OGM appartenant à la firme Mon-santo. 42 des 65 essais sont situés enrégion Midi-Pyrénées, 12 dans le seuldépartement du Tarn-et-Garonne. Le col-lectif décide d’organiser sa premièreaction de fauchage au grand jour dans cedépartement.

Octobre 2004 SILENCE N°315 32

OGM

Faucheurs volontaires

C’est lors du rassemblement sur le Larzac en2003 que des membres de l’Arche de Lanza delVasto et de la Confédération paysanne lancentl’idée d’un collectif de faucheurs volontaires. Unan après 3000 personnes ont rejoint le collectif.Les premiers fauchages ont eu lieu pendant l’été

et les procès reprennent.

Georges Bartoli / Reuters

5 septembre : José bové interpellé.

Georges Bartoli / Reuters

5 septembre : violente répression dans le Gers.

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Premières actionsUn appel est diffusé à l’ensemble des

volontaires pour une action de fauchagele 25 juillet à Verdun-sur-Garonne. Leministre de la justice, Dominique Perbenmonte alors au créneau pour demanderaux forces de l’ordre de tout mettre enordre pour inculper les personnes quiparticiperaient à cette action. Les médiasse focalisent sur l’action. Malgré lesmenaces de poursuites, plus de 1300 per-sonnes se retrouvent la veille pourdébattre et faire connaissance puis poureffectuer le fauchage. Tous les âges sontprésents. La consigne initiale est d’enleverseulement un pied de maïs seulement parpersonne, mais il n’y a pas assez demonde pour arracher tout l’essai et cha-cun devra en arracher plusieurs. Pendantce temps, une trentaine de gendarmes fil-ment la scène et relèvent les plaques d’im-matriculation des voitures.

Deux autres fauchages se déroulent,le 14 août, dans deux régions différentes :sur une parcelle appartenant à Monsantoà Greneville-en-Beauce, dans le Loiret etsur une parcelle appartenant à Biogem-Limagrain à Marsat, dans le Puy-de-Dôme. Deux cents personnes participentau premier, quatre cents au second.

Dans le Loiret, les gendarmes ont sim-plement relevé les plaques d’immatricula-tion. Dans le Puy-de-Dôme, l’accueil a éténettement plus musclé.

Là, un cordon d’une centaine degardes mobiles empêche un temps lesmanifestants de passer. A l’arrière, unequarantaine de personnes portant un tee-shirt portant l’inscription «agriculteurs etchercheurs volontaires». Après unmoment houleux, une brèche est ouvertedans le cordon des gardes mobiles sous lapoussée des manifestants. Les agricul-

teurs et salariés de Limagrain essaientalors de résister à coups de bâton et depierres. Trois faucheurs sont blessés etévacués. La parcelle est détruite en untemps record. Aucune violence n’est exer-cée par les faucheurs contre les agres-seurs. Deux faucheurs isolés sont inter-pellées et mis en garde à vue jusqu’à minuit.

Violente répressionUn quatrième fauchage a été tenté le

5 septembre dans le Gers, à Solomiac.Environ 500 personnes se sont retrouvéessur place. La veille, le conseil général duGers (socialiste) avait voté un vœu desoutien aux faucheurs. Philippe Martin,président du département, est venuapporter son soutien avant le début del’action. Jean-Emile Sanchez, porte-parolede la Confédération paysanne a rappeléque 2500 communes ont déjà interdit lesOGM sur leur territoire et que plusieurstribunaux ont estimé que ces décisionsétaient légales.

Après avoir franchi quelques barragesde gendarmerie, les faucheurs se sontretrouvés face à un champ clôturé et pro-tégé par d’importantes forces de police.Dès l’arrivée des manifestants, des gre-nades lacrymogènes et des grenadesassourdissantes ont été utilisées, certainestirées depuis un hélicoptère. Les femmeset les enfants ont avancé en têtes. Ellesont été matraquées. De nombreuses per-sonnes ont été incommodées. MireilleFerri, vice-présidente verte du conseilrégional Ile-de-France a reçu des coups.Onze manifestants dont José Bové ont étéarrêtées pour être relâchées dans la soirée.une soixantaine de personnes ont été bles-sées dont quatre ont dû être hospitalisées.

A la suite de ces violences, PhilippeMartin, président du département, aannoncé la volonté du conseil générald’organiser un référendum dans le dépar-tement au printemps 2005.

Retour devant les tribunaux

S’il est symboliquement important dedétruire au grand jour le maximum deparcelles d’expérimentation, il est toutaussi important de poursuivre le débatsur les autorisations de ces expérimenta-tion et sur le déni de démocratie quientoure la question des OGM. C’est doncpresque avec satisfaction qu’un certainnombre de participants ont appris leurinculpation. Autant de procès à venir,autant de tribunes pour se faire entendre.

Quatre personnes sont convoquées àla gendarmerie de Millau pour le 27 août.Ce jour-là, plusieurs centaines de per-sonnes sont présentes devant la gendar-merie. Les gendarmes ont convoqué José

Bové (Confédération paysanne), Jean-Baptiste Libouban (Arche de Lanza delVasto) et Jean-Emile Sanchez (porte-paro-le national de la Conf’, paysan sur leLarzac) et Christian Roquayrol (conf’).Les trois premiers sont accusés d’avoirparticipé à la première action de Verdun-sur-Garonne, le dernier d’être responsabled’une blessure d’un gendarme mobile àMarsat (une côte brisée). Ils ont été iden-tifiés sur film… Manque de pot pour euxJean-Emile Sanchez peut prouver qu’iln’était pas à l’action du 25 juillet. Dehors,les personnes venues soutenir finissentpas déborder les gendarmes et entrer dansla gendarmerie où plus de 350 déclara-tions écrites sont remises pour demanderà être également inculpées. José Bové etJean-Baptiste Libouban sont convoquésau tribunal de Toulouse pour le 16 sep-tembre. A Toulouse, le même jour, plusd’un millier de personnes (dont de trèsnombreux Verts qui étaient alors en uni-versité d’été) sont venus accompagnerd’autres personnes convoquées au com-missariat du Mirail, à deux kilomètres ducentre-ville. Au bout de deux heures demanifestations et de chansons, les poli-ciers finiront par accepter qu’une cin-quantaine de personnes signe la main-courante pour demander à être inculpées.

Les deux personnes interpellées dansle Puy-de-Dôme ont reçu une convoca-tion pour comparaître devant le tribunalde Riom le 30 septembre.

Michel Bernard n

Merci à René Ducos et Gilles Gesson pour leurs informations.

Collectif des faucheurs volontaires, 1, rue Droite,12100 Millau, [email protected].

Collectif 2004 contre les Expérimentations d’OGM enchamp libre, 10 bis, rue du Colonel-Driant,

31400 Toulouse.

Collectif anti-OGM 82, 9, rue du Fort, 82000Montauban, tél : 05 63 93 57 46.

Soutien aux trois de Saint-Georges, Confédération paysanne, Marché d’intérêt national,

117, rue des Alliés, 38030 Grenoble cedex 2.

Soutien au « 10 d’Avelin », 35 bis, chemin deMessines, 59237 Verlinghem.

Comité de soutien aux « neuf de Guyancourt », 140, avenue Maréchal-Leclerc,

78670 Villennes-sur-Seine, tél : 01 39 08 06 91.

Octobre 2004 SILENCE N°315 33

Georges Bartoli / Reuters

5 septembre : violences policières.

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PetitesphrasesConcernant les grands pro-grammes technologiques : « durant la première phase du secret, ils disent toujours ‘c’est trop tôt pour en parler, on repousse les frontières de la science’ jusqu’au moment où,soudain, ils disent : ‘aïe, nousavons quelques problèmes, maisc’est trop tard pour s’arrêter’.C’est une tactique simple et ellemarche la plupart du temps ».Ernest Fitzgerald, cité par RobertBell dans Les péchés capitaux de la haute technologie.

« Chaque fois que je me présentedevant un miroir pour lui donnermatière à réflexion, il s’empressed’inverser ma gauche et ma droi-te, mais se garde bien d’inverser

le haut et le bas. Comment se fait-il ? »Diogène, la Nef des Fous.

« L’humanité s’installe dans lamonoculture ; elle s’apprête àproduire la civilisation de masse,comme la betterave. Son ordinai-re ne comportera plus que ce plat »Claude Levi-Strauss, Tristes tropiques, 1955.

Décroissance«Décroissance et capitalisme sontparfaitement antagonistes. Lutteraujourd’hui pour la décroissance,c’est la façon la plus radicale delutter contre le capitalisme. Lecapitalisme produit un mondeparfaitement invivable. Ladécroissance est donc une néces-sité. Pas seulement en terme deprotection de la planète et d’ave-nir de ses habitants. C’est aussiune nécessité pour permettre àl’homme libre de reconquérir son autonomie»José Bové, La Décroissance, septembre 2004.

Rions un peuVous rêvez d’un président de laRépublique plus proche de laFrance d’en bas ? Que diriez-vousd’un jeune de banlieue issu del’immigration ? Un rêve impos-sible ? Pourtant Nicolas Sarkosyn’a que 47 ans, vit en banlieue(Neuilly) et son père était hongrois.

I N D E

Condamné à lire !A. Ranganathan, un politicienindien de Madras Chennai (Inde),a été condamné à lire l’autobio-graphie du Mahatma Gandhi,Mon expérience de la vérité, et àpasser cinq jours au Musée duMahatma Gandhi de la ville deMadurai. Poursuivi pour menacesdans un conflit de terres, la courespère ainsi qu’il sera mis àl’épreuve et pourra mieux servirses concitoyens. Il devra faire lapreuve de sa lecture et signer leregistre du musée tous les jours.(Peace News, décembre 2003)

E T A T S - U N I S

BushvilleAprès avoir convergé pendant dessemaines sur New York, avec lesoutien de très nombreux groupes

de la gauche américaine, plusieurs centaines de milliers depersonnes ont manifesté fin aoûtdu siège de l’ONU au lieu où setenait la convention républicainede Bush. Avec le soutien desorganisateurs, des milliers depauvres ont mis en place un cam-pement à la limite de la ville quia été inauguré à ce moment-làsous le nom de Bushville.

V E N E Z U E L A

Les Etats-Unisen échecEn 1998, Hugo Chavez est élu àla présidence du pays avec 57 %des voix. Il propose un program-me très à gauche : les bénéficesdu pétrole doivent servir en prio-rité à améliorer les conditions devie des plus pauvres. LeVenezuela, cinquième pays pro-ducteur de pétrole du monde, pre-mier d’Amérique, échappe alorsau contrôle des Etats-Unis. C’estintolérable pour le grand frèrequi essaie alors de faire passerChavez pour un fou. Mais en2002, Chavez est réélu. C’en esttrop, et les médias à la botte despatrons lancent une campagne dedénigrement contre le gouverne-ment l’accusant de vouloir ruinerle pays. La tension monte et le 11avril 2002, une tentative de coupd’Etat a lieu supervisée par les

Etats-Unis. Elle échoue rapide-ment, Chavez disposant de sou-tiens au sein de l’armée. Endécembre 2002, l’oppositionfinancée par le patronat lancealors une grève générale quibloque l’économie du pays. Desnégociations ont lieu et la droiteobtient la promesse que le gou-vernement organisera un référen-dum comme le prévoit la consti-tution si l’opposition réunit le

nombre de signatures nécessaires.A la surprise des Etats-Unis qui yvoit une manœuvre de diversion,quand les signatures sont réunies,Chavez accepte d’organiser leréférendum. Les médias du payscomme ceux des Etats-Unisannoncent tous que c’est la fin deChavez. La droite bloque un pro-jet permettant l’ouverture debureaux de votes proportionnelle-ment au nombre d’inscrits, ce quifait que le 15 août, alors que1000 personnes sont inscrites

SILENCE N°315 Octobre 2004 34

Politique

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L O N D R E S

Forum social européen

Après Florence et Paris, le prochain forum social européen aura lieu à Londres du 15 au 17 octobre. Une centaine de débats sont

organisés dans seulement cinq langues, autour des questions de paix,de solidarité, de racisme, de mondialisation, d’égalité et de respect desdifférences, d’une société soutenable… Le dimanche 17 octobre unemanifestation est organisée dans les rues de Londres. Du fait de l’en-gagement de la Grande-Bretagne en Irak, une forte participation desmouvements de paix est attendue. Quant au forum mondial, il se tien-dra de nouveau à Porto Alegre du 26 au 31 janvier 2005. ESF C/O NATFHE, 17 Britannia St, London WC1X 9JN, tél : 00 44 20 7833 8440.

Indymédia Pérou

E U R O P E

Tour de BabelLes espérantistes l’avaient prédit : avec l’arrivée de nou-velles langues au sein du parle-ment européen, cela allait êtreingérable. Et c’est effectivementle cas. Depuis le 1er mai, il y aofficiellement 20 langues offi-cielles en Europe, ce qui fait 380combinaisons possibles pour lestraductions. Le budget de ladirection générale de la traduc-tion est passé cette année de 500millions d’euros à 800 millions,mais cela ne suffira pas. Plus de1000 postes de traduction ontété créés, mais certains n’ont pastrouvé preneur comme parexemple pour traduire directe-ment du maltais au finnois.La France essaie de résister deson côté : elle dépense 12,2 mil-lions d’euros par an pour offrirdes cours de français aux euro-fonctionnaires. 5000 personnesont déjà suivi ces cours… maisdans les nouveaux pays adhé-rents pratiquement personne neparle français.

DR

Manifestation de clôture à Florence en 2002.

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D É C H E T S

Coordinationnationale pourla réductiondes déchets. Elle se réunira à Paris le 3 octobre 2004 avec au pro-gramme une formation pour lesassociations sur la question desenquêtes publiques et une autresur comment obtenir des infor-mations sur le contrôle des ins-tallations de traitement desdéchets. Renseignements :CNIID, Centre national d’infor-mation indépendante sur lesdéchets, 21, rue Alexandre-Dumas, 75011 Paris, tél : 01 55 78 28 60.

B E L G I Q U EGaucho et Régent toujours làSi le gouvernement français a finipar suspendre les ventes des deuxpesticides suspectés de tuer lesabeilles en grand nombre, les api-culteurs belges ne sont pas sortisd’affaires. Non seulement, le gou-vernement belge n’a pas encorepris de mesure, mais ce prin-temps, il a même fait la promo-tion d’un nouveau produit dansles jardineries, le Confidor quicontient de l’imidaclopride quisemble avoir le même effet que lefipronil présent dans les deuxautres produits. (Nature et Progrès, été 2004)

AIX-EN-PROVENCE

De la fourcheà la fourchetteL’Association pour la Maison de lanature et de l’environnement(MNE) organise une manifestation« De la fourche à la fourchette »du 6 septembre au 27 novembre

2004. Au programme : une expo-sition, des conférences («le jardinautofertile», «comment se nourrirpour mieux être en forme», «agri-culture et santé, les vraies etfausses solutions»), cafés de l’en-vironnement, des sorties décou-vertes, des animations... Maisonde la nature et de l’environnment,2, place Jeanne-d’Arc (la Rotonde), 13100 Aix-en-Provence, tél : 04 42 93 15 88.

NORD-PAS-DE-CALAIS

Education àl’environnementLe GRAINE pays du Nord orga-nise les sixièmes rencontresrégionales de l’éducation à l’envi-ronnement et à la citoyenneté les 2 et 3 octobre à Lisbourg(Pas-de-Calais) sur le thème :«activités physiques, éducation à l’environnement et à la citoyen-neté : comment s’enrichir desdeux approches ?». GRAINEpays du Nord, 23, rue Gosselet,59000 Lille, tél : 03 20 86 46 02.

en moyenne par bureau dans lesquartiers bourgeois, on en comp-te plus de 8000 dans les quar-tiers pauvres. Dès 3 heures dumatin les queues se forment et levote est prolongé jusqu’à minuit.Imprudemment, sur la foi desinformations de la droite, les jour-naux américains annoncent lelendemain la chute de Chavez…mais le 16 dans l’après-midi, lesrésultats tombent : Chavez estplébiscité avec 59 % des voix.Les observateurs des Etats-Unisaprès de multiples vérificationsfinissent par reconnaître, le 17août, la victoire de Chavez. Lepétrole vénézuélien continuera àfinancer les programmes sociauxdu pays. Cette victoire de Chavezmontre que, contrairement à ceque fait Lula au Brésil, il est pos-sible de tenir ses promesses enpolitique, avec comme conséquen-ce le maintien de la confiance deceux qui vous ont élus.

P A L E S T I N E

Un seul Etat ?Israël se vante d’être la premièredémocratie au Proche-Orient. Desgroupes pacifistes acceptent cetteaffirmation et demandent quel’on organise un vote uniqueouvert à tous les habitantsactuels et tous les habitantsexpatriés qui veulent revenir desterritoires d’Israël et de Palestineafin que chacun puisse choisirentre différentes possibilités pourmettre fin au conflit. Le collectifsuggère que la préparation d’untel scrutin pourrait être l’occa-sion pour Israëliens etPalestiniens d’apprendre à coha-biter avec l’espoir que parmi leschoix possibles, la solution quis’impose est celle d’un seul Etat.Collectif pour la paix enPalestine/Israël, rue du Simplon,10, CH 1006 Lausanne, Suisse,www.collective-one-state.org.

Ces fous qui nous gouvernentEn séance nocturne, le 19 mai2004, à l’Assemblée nationale,Patrick Devedjian, ministre del’industrie, a sorti un vieux cou-plet sur «l’atome au service de lapaix». Il est alors coupé par YvesCochet qui lui suggère d’en parler«avec les Japonais d’Hiroshimaet Nagasaki». Réplique deDevedjian : «cela les a calmés».Essayons de ne pas trop nousénerver !

Verts : peuimplantés à l’EstDu côté des anciens paysd’Europe de l’Ouest, les Verts ontfait globalement le même scorequ’en 1999. Mais du fait de lanouvelle répartition des siègesaprès l’entrée des pays d’Europede l’Est, ils perdent 4 sièges pas-sant de 38 eurodéputés à 34. LesVerts qui avaient tenté de présen-ter le même programme dansl’ensemble des pays font desscores qui vont de 15 % auLuxembourg à 0,20 % enPologne. Les anciens pays com-munistes ont encore les yeux lar-gement tournés vers le rêve capi-taliste. Le meilleur score desVerts à l’Est est en RépubliqueTchèque (3,16 %). Aucun euro-député vert ne vient des nouveauxpays membres.

Calendrier de laConfédérationpaysanneLa Confédération paysanne dis-tribue un calendrier 2005 avecdouze photos rurales offertes parde grands noms de la photogra-phie. Il est disponible contre 10 €(+5 € de port) à Confédérationpaysanne, 81, avenue de laRépublique, 93170 Bagnolet, tél : 01 43 62 04 04.

SEINE-MARITIME

ChoraleTernativeIl y a trois ans une chorale s’estmise en place en Seine-Maritimequi après s’être chauffé la voixen reprenant de vieux chantsrévolutionnaires a décidé de selancer dans des chants sur lesquestions d’aujourd’hui : le chô-mage, Tchernobyl, les OGM, lessans-papiers… Un CD Chantpour chant à gauche est dispo-nible auprès de Chorale Ternative,18, rue Beauséjour, 76130 Mont-Saint-Aignan.

SILENCE N°315 Octobre 2004 35

Environnement

B A L E I N E S

Reprise de la chasseLors de la 56e réunion de laCommission baleinière internatio-nale (CBI), qui s’est tenue àSorrento, Italie, les quotas dechasse des grands cétacés ont étérevus à la hausse. Le nombre depays favorables à la chasse balei-nière au sein de la CBI augmenterégulièrement, non à cause d’undésintérêt mondial de la part desopposants à la chasse, maisparce que de nouveaux membrespro-chasse sont recrutés enéchange d’aides financières. Lelobby pro-chasse est mené par le Japon. Au cours des années90, ce pays a adopté une straté-gie d’achat de votes destinée à obtenir une majorité permet-tant de lever l’interdiction de la chasse (Greenpeace France).

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I S È R E Un premierpas réussicontre l’A.48Le rallye nature des 4, 5 et 6 juin2004, visant à faire découvrir lesrichesses naturelles de l’IsleCrémieu, porte un bilan très posi-tif. Face à un projet de barreauautoroutier, l’association Lo Parviet la Frapna (Fédération Rhône-Alpes de protection de la nature)ont coordonné environ quaranteassociations souhaitant s’impli-quer dans la sensibilisation dugrand public, des élus et des rive-rains aux dégâts irréversiblesqu’impliquerait la construction del’autoroute au sein d’un site pro-posé au classement européenNatura 2000.Ce rallye était un premier essai demobilisation citoyenne contre le pro-jet autoroutier A.48 et l’on peut direaujourd’hui que c’est un succès!Succès par la diversité des orga-nisateurs, par l’audience nationa-le et la très bonne couverturemédiatique réalisée par la presselocale et la presse spécialisée.Succès par la qualité des interve-nants lors de la conférence-débat,de la tenue de stands et des sor-ties nature et par la mobilisationdes citoyens : trois mille per-sonnes sont passées sur l’un desquinze stands situés le long dutracé durant les deux jours.Succès par la quantité et la qua-lité des inventaires scientifiquesde faune et de flore réalisées parune trentaine de spécialistesvenus de toute la région Rhône-Alpes et de la Suisse voisine !Succès par la prise de position deGérard Leras, président de lacommission transports de larégion, qui a annoncé que larégion Rhône-Alpes ne financeraitpas et s’opposerait à la réalisa-tion de l’A.48 et à son prolonge-ment sud qu’est l’A.51. SergeRevel, vice-président du conseilgénéral de l’Isère, ainsi que Paulde Belval, conseiller général UMPde Bourgoin Nord ont égalementrappelé que depuis le lancementdu projet il y a quinze ans, ils res-taient totalement contre l’A.48.Lo Parvi : Raphaël Quesada 04 74 92 48 62 [email protected] et Frapna : DelphineChartron 04 76 42 98 48 com

P Y R É N É E S

Axe à camionsLe 12 mars 2003, discrètement,le conseil général des Pyrénées-Atlantiques et le gouvernement dePampelune ont signé une conven-tion portant sur la réalisationd’une étude de faisabilité d’unaxe routier de grand gabarit entrePampelune et Salies, à l’est deBayonne. Ce projet de 2x2 voiesne répond en rien aux besoinslocaux. Il s’agit d’un axe routierà vocation européenne pour letrafic international des camions.Ce projet est injustifié et coûteux.Il est dangereux : pollution sono-re, atmosphérique, pollution del’eau. Il est néfaste : pertes deterres agricoles, détérioration del’image des labels, frein au déve-loppement du tourisme vert... Le 12 septembre 2003, 3500personnes ont manifesté contre le projet. Différentes actions sont menées pour l’abandon de ce projet : LEIA, BP 3, 64430 Baigorri.

S U D - O U E S TDes alternativesaux barragesLe sud-ouest de la France disposea priori de grandes capacités eneau. Pourtant, du fait d’un choixde cultures non adaptées avec leclimat local, il manque toujoursde l’eau pour l’irrigation. Alorsque les élus n’ont qu’une seuleréponse : la construction de bar-rages toujours plus coûteux etplus destructeurs, le WWF propo-se aux instances locales d’adopterun moratoire de trois ans pourfinancer des recherches sur lesalternatives au barrage commecela a été fait avec succès sur lecours de la Loire, il y a déjà plusde dix ans. Le WWF et de nom-breux autres groupes écologistes,demandent en particulier que soitreportée la mise en chantier dubarrage de Charlas, barrage quinoierait 600 hectares dans laHaute-Garonne. Rappelant queles barrages perturbent grave-ment les écosystèmes fluviaux, leWWF propose à la place d’étu-dier comment modifier les pra-tiques de l’agriculture pourmettre en place des culturesmoins gourmandes en eau et pouréconomiser l’eau en général. Larecherche d’alternatives devraitalors porter sur l’ensemble dubassin Adour-Garonne. WWF,188, rue de la Roquette, 75011Paris, tél : 01 55 25 84 [email protected].

P A R I S

Cyclistes enprogressionLa ville de Paris a lancé un pro-gramme pour favoriser le vélo quidoit se poursuivre jusqu’en 2010.Si les associations trouvent quecela ne va pas assez vite, lescomptages faits par la mairiemontrent une progression de36% du nombre de cyclistes en2003… mais le vélo ne représen-te encore qu’1% des déplace-ments dans la capitale. 75 km de

voies ont été ouverts depuis 2001dont 41 par élargissement desvoies de bus. Cela porte le total à314 km. Le principal problème dela mairie est de rendre la totalitéde la ville accessible aux cyclistes :actuellement environ 40% desvoies sont interdites aux vélos(périphérique, autoroutes, voiesrapides, accès à ces voies). (20minutes-Paris, 27 avril 2004)

SILENCE N°315 Octobre 2004 36

E F F E T D E S E R R En Sixième plan climat. Le gouvernement a adopté le 22 juillet un «plan climat»visant à respecter les engagements de la France vis-à-vis du protocole de Kyoto. Il s’agit du sixième plan climat mis en place depuis 1990… et il semble déjà qu’ilsera tout aussi inefficace et inappliqué que les précédents. Le réseau Action cli-mat dénonce la reconduction de bonnes mesures qui malheureusement ne sont pasappliquées. Ainsi, depuis 1993, on trouve dans ces plans, l’obligation d’afficher laconsommation d’un logement lors de sa construction, sa location ou sa vente.Bonne mesure qui n’est jamais entrée en fonction. Sur la centaine de mesuresannoncées dans le plan climat de 2000, seules une dizaine ont été mises enœuvre. Le réseau Action climat dénonce l’abandon de la mise en place d’une éco-taxe qui représentait dans ces plans 40% du total des réductions de gaz à effetde serre attendues. La suppression de la vignette, alors impôt progressif, en sep-tembre 2000 est une erreur : elle aurait pu servir pour mettre en place le projetde bonus-malus présenté par le ministre de l’écologie. Réseau Action climat, 2 b, rue Jules-Ferry, 93100 Montreuil, tél : 01 48 58 83 92.n Déplacement des végétations. L’INRA, Institut national de recherche agronomique a publié début septembre une étude sur les conséquences attenduesdu réchauffement climatique sur la végétation. Une simulation a été faite sur2050 et 2100 montrant que l’on peut s’attendre à un développement des plantesméditerranéennes le long de l’Atlantique jusqu’en Bretagne, les plantes migrantglobalement vers le nord où l’humidité devrait permettre de sauver nombre deplantes actuellement en basse altitude. Par contre, l’étude estime que de nom-breuses plantes de montagnes, après avoir grimpé jusqu’aux sommets, vont toutsimplement disparaître. Les arbres bénéficieront de l’augmentation de la concen-tration en gaz carbonique, mais souffriront de la sécheresse dans la moitié sud de l’Europe. Les arbres qui pousseront seront plus rabougris, plus tordus… ce quiaura des conséquences importantes sur la filière bois.

n Lyon : démonstration de F1. Rappelons que la ville de Lyon est gérée par uneéquipe Gauche-Verts avec trois adjoints «écolos». Début septembre, la municipali-té annonce une bonne mesure : pendant tout un mois, le centre-ville est placé enzone limitée à la vitesse de 30 km/h à titre expérimental pour élargir la «journéesans voiture». Surprise, presqu’en même temps, on apprend que, le 5 septembre,Renault organise une démonstration de F1 dans le centre ville. Alors que l’ondemande aux lyonnais de rouler à moins de 30 km/h pour lutter contre la pollu-tion, les voitures de course vont pouvoir pousser des pointes à 200 km/h !L’association «Casseurs de Pub» rejointe par d’autres associations écologistesproteste contre ce mépris de l’écologie : les formule 1 consomment 70 litres auxcent kilomètres ! Et puis l’imaginaire de ces voitures qui coûte des millions varelancer l’envie pour les jeunes d’avoir une voiture. La municipalité fait d’abord la sourde oreille. Les militants écolos annoncent leur intention de bloquer la cour-se de manière non-violente. Deux jours avant la course, les Verts annoncent enfinleur opposition à cette insulte… mais les élus ne bronchent pas. Le jour de lacourse, dix minutes avant que les bolides ne s’élancent, un premier militant entreen scène se plaçant au milieu de la piste. Il est interpellé par la police.Immédiatement, un autre prend sa place… et ainsi de suite. Dix militants sontainsi arrêtés, non sans brutalités de la part des forces de l’ordre. La course a fina-lement lieu avec trois quarts d’heure de retard. Le bruit des moteurs couvre alorstoute discussion à des kilomètres à la ronde. Les écologistes demandent maintenantaux élus Verts d’indiquer combien a coûté aux Lyonnais cette publicité pour Renault.

Environnement

Sophie Divry

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Octobre 2004 SILENCE N°315 37

Commençons par les plus visibles,les déchets. Nous, nous avons euen héritage quelques terrils dans

les pays miniers mais ces fausses petitescollines remontées des profondeurs ontété engazonnées, n’est ce pas ? et plan-tées d’arbres. Tout juste si ça ne peut pasêtre considéré maintenant comme unedécoration sur un plat pays que certainstrouveraient monotone… Quand on vaau charbon, ce n’est plus que pour l’ex-pression imagée (1).

Mais nous, côté énergie, on leur lais-sera nos déchets radioactifs. Même si toutse passe bien (choisissons une hypothèseparfaitement optimiste), sans le moindreaccident majeur (chez nous, à Tchernobylmon hypothèse ne s’applique pas), sansinfiltration irréductible sous les lieuxd’entreposage, sans attentat à base de plu-tonium (en Russie, ils viennent d’arrêterdes voleurs de matières radioactives quiespéraient les vendre à des terroristes), sitout a été méticuleusement stocké dansdes endroits convenant au mieux, si, sisi… Il faudra tout de même que nos des-cendants entretiennent le tout et le sur-veillent pendant des dizaines et des cen-taines d’années. Un sacré peuple devigiles, nos descendants ! Rien qu’àMalville, surgénérateur en cours de

déconstruction, ce qui va faire trempettedans la piscine, les gentils baigneurs auplutonium, devra être maintenu sur le sitesous contrôle constant pendant trenteans. C’est sous la responsabilité de l’Etat(vous savez, vous, qui gouvernera danstrente ans ? Et après, dans 35, 40 ans etc. ?)

Or toutes les centrales nucléairesactuelles doivent être démantelées à plusou moins long terme. Si,pour le moment, nousn’avons pas encore unstock énorme de déchetsradioactifs, le tonnage,dans quelques années,après toutes les démoli-tions ne sera pas négli-geable. Mais c’est prévu,on fait des grands trouspour tout caser (cacher…)comme à Bure. Ça n’explo-sera peut-être pas, il y aural’eau de Vittel dans le sous-sol pour drainer lesfuites… Mais imaginez lespetits-enfants de nos arriè-re-petits-enfants quand ilsapprendront que, dans lesannées 2000, leurs ancêtres avaient pleinde gadgets nucléaires genre perceuse. Desmaudits, nous serons des maudits !

Eux, de l’énergie facile à bon marché,il y aura des lustres qu’ils n’en aurontplus. Par exemple le pétrole, tari depuislongtemps avec l’aide, légitime, desChinois qui pompent d’ores et déjà leurpart du pactole (ils achètent des 4x4).Tout ce qui leur restera comme souvenirde l’ère pétrolière, à nos descendants, ceseront les trous que nous aurons oubliés.Parce que les trous des puits, il y en abeaucoup. Par exemple, rien qu’enCalifornie, à South Bridge où ils sont déjàen cours de tarissement, il y en a plus de10 000. Or, si l’on ne veut pas que leseaux des nappes soient irrémédiablementcontaminées par les résidus, il est indis-pensable de le reboucher, le gruyèrepétrolier.

Et maintenant, pour profiter dans lesprochaines décennies des dernièresgouttes disponibles, on a commencé l’ex-

ploitation des sables bi-tumeux, comme au Cana-da ceux de l’Athabas-ca. Exploitation laborieu-se, ce n’est plus du pétro-le qui jaillit. Il faut laverces sables avec des quan-tités d’eau chaude, lechauffer à 500° pour frac-tionner les molécules degoudron et ajouterquelques solvants. Là oùdes Indiens chassaient,avec respect, le rat mus-qué et le castor, il ne resteplus que des terres dévas-tées, creusées d’im-menses bourbiers gri-sâtres et un fleuve très

pollué. Mais comme le gaz naturelemployé jusqu’ici pour la fourniture dechaleur nécessaire à l’exploitation devientinsuffisant, on va peut-être construire surle chantier …une centrale nucléaire. Unvrai site touristique.

Noyés sous le bétonVous allez me dire qu’avant, pour faire

tourner à plein nos trente glorieuses (2),on avait les barrages et que ceux-là nelaisseront pas de traces. Abandonnez vitevos illusions. Ils sont vieux, nos barrages.Avant qu’ils ne se fissurent et ne devien-nent trop dangereux, il faut aussi lesdémolir. Tant mieux, direz-vous, lesgrands barrages perturbent l’écosystème.

Environnement

Les restes du festinSûr qu’ils nous maudiront, nos petits-enfants.Parce que les restes du festin que nous allonsleur laisser après avoir bouffé de la planète

pendant deux générations ne sont pas ragoûtants.

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(1) Pour le moment, parce que, en Silésie, les mineursau chômage y retournent vraiment car ils n’ont plusde ressources. Sans autorisation, sans protectionaucune, avec les risques insensés que cela implique.Ils vendent leur charbon… au noir, affreux paroxysmede l’expression…(2) Surnom donné par les économistes aux années1945-1975.

Quand les petits-enfants de nos arrières-petits-enfants apprendront que,dans les années2000, leursancêtres avaientplein de gadgetsnucléaires, nousserons maudits !

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Octobre 2004 SILENCE N°315 38

Parce que l’on parle souvent de nosdéchets, en déplorant la quantitéengendrée par l’excès de produc-

tion. Des tonnes d’ordures, un kilo parjour par habitant, cela vous le savez. Maisle voir, c’est mieux que seulement savoir.

Un peu partout, maintenant, on trie.Les sacs contenant ce qui est appelé “recyclable” atterrissent donc dans lescentres de tri. Banal.

Sauf qu’un centre de tri, c’est, deprime abord, comme une vaste cour d’usi-ne, où arrive et repart toute une flotte decamions. Faire disparaître votre petitepoubelle, c’est commencer par la prome-ner sur les routes dans de gros poidslourds, avec pollution assortie.

Au fond de la cour, le hangar. Gi-gantesque, le hangar (je n’ai pas demandéles mesures, mais je vous l’assure, c’est del’ordre du gigantesque). Impres-sionné, vous suivez le guide de l’entrepri-se après avoir enfilé le gilet fluo obligatoi-re (sécurité ? ah bon).

A l’intérieur, il pue, le hangar, maispas autant qu’on aurait pu le craindre.Juste une puanteur moyenne de déchetstriés, sans les fermentescibles. Ce qui estchoqué en entrant ici ce n’est pas la nari-ne, c’est l’œil. Le monceau des sacs pou-

belles dans l’aire de déchargement, on enreste soufflé ! On ne peut s’attendre à unetelle énormité. Et le guide qui précise : iln’en reste à cette heure qu’une partie, àl’arrivée des camions ça monte beaucoupplus haut… Nos maisons proprettes, nospoubelles discrètes pour qu’elles soientproprettes, additionnées à celle du voisinet des autres, ça donne “ça”, cette mons-trueuse pyramide ! Celles des Incas oudes Egyptiens de l’antiquité étaient admi-rables, mais les nôtres. Quel dépliantd’agence osera jamais titrer : visitez lespyramides occidentales des déchets duvingt et unième siècle…

Et ce centre-ci ne collecte que pourun petit ensemble de communes, environ100 000 habitants. Imaginez un instant ceque jettent des millions de personnes.Pensez que les fermentescibles sontailleurs, ainsi que “l’apport volontaire”, cequi, en jargon recycleur, désigne le conte-

nu des bacs pour le verre. Et tous lesencombrants déposés dans les déchette-ries avec les très polluants débris del’électronique et de la bagnole. Cette seulepartie de nos rejets, en sacs jaunes dans larégion, ça ne comprend que les bouteillesen plastique recyclable, les boîtes deconserve, les canettes alu, les emballagesen carton, les journaux. En principe.

La pyramide des sacs jaunes se démo-lit, les sacs éventrés sont entrainés sur untapis roulant. Et voici les trieurs…

Car ce sont des hommes et desfemmes qui, seulement protégés par legilet fluo et des gants, doivent achever letriage. A la main. Pendant sept heuresd’affilée avec juste une pause d’une demieheure. Debout. Devant le tapis roulant oùdéfilent rapidement : les bouteilles-en-plastique, les boîtes-de-conserves, lesbriques-en-carton, les-petits -bidons, leshebdomadaires, les dépliants-publici-

Oui, mais si la démolition semble relati-vement facile, rien que des tonnes debéton à casser, il reste les sédiments accu-mulés. Si on les laisse s’écouler avec lesmasses d’eau libérées, on déverse des mil-liers de tonnes de poisons. Comme en1979, quand on a démoli un barrage surl’Hudson. Les boues saturées de PCB onttué tous les poissons en aval . Après cedésastre écologique, on a dû encore enle-ver 150 000 m3 de sédiments pollués(pour les mettre où ? je ne sais pas…).

Tout ça, côté démolition, ça relativi-se… Qu’est-ce que ce sera que quelquescités HLM pourries à faire sauter ? Surtoutque nos plus grands ouvrages d’architectu-re contemporaine tombent d’eux-mêmes, àl’état neuf, comme à Roissy. Il paraît qu’ilsvoudraient réparer, remettre en service. Ilsn’ont pas lu les pronostics sur la fin prochedu pétrole et pensent sans doute avoir letemps de rentabiliser l’investissementavant que le prix du kérosène diminue ter-riblement le trafic aérien…

Noyés sous les déchetsNos petits-enfants auront aussi les

restes beaucoup plus ordinaires de nosvies quotidiennes. Nous en produisonsun kilo par jour et par habitant. Pour nepas laisser derrière nous des «terrils” d’or-dures gâchant le paysage et les senteursdes parterres et n’étant pas aussi pauvresque les habitants du tiers-monde quivivent de ce qu’ils récupèrent dans lesimmondices, il a fallu trouver des solu-tions chez nous. Enfin, ce que nos élusappellent des solutions. Réduire à la sour-ce ? Ils en parlent parfois, vaguement .Mais faire disparaître ce qui se voit vitefait bien fait, pour ça il y a l’incinérateur.Les incinérateurs en service polluent ?Qu’à cela ne tienne. On va en faire de plusperformants, et comme ils coûteront pluscher, pour rentabiliser on en fera moinsmais plus gros. Etant plus gros, ils serontplus voraces en matières dernières (on nepeut pas dire matières premières pour desdéchets, non ?). Donc on ira collecterplus loin, avec des camions polluants.Mais le tri ? Le tri, le tri, c’est embêtant.Les consommateurs disciplinés et atten-tifs à l’environnement trient trop bienleurs déchets. Les gros monstres voracesvont manquer de matières dernières pour

DRTourisme Les nouvelles

pyramidesAvez-vous déjà visité un centre de tri desordures ? Non ? Alors, faîtes-le au plus tôt.

(Suite de la page 37.)

Page 39: 2004 Décroissance et non-violenceLa force de la non-coopération Les luttes de Gandhi, de Luther King, la résistance des Praguois en 1968 contre l’invasion des chars soviétiques…

taires… dans une infernale litanie. Etaussi… quelques bouteilles en verre quin’ont rien à faire dans les sacs jaunes, desbarquettes polystyrène avec les restes desauce moisis, des pots de yaourt mal vidésassaisonnés de ketchup et quelquescouches-culottes. On comprend d’oùvient l’odeur, c’est la faute aux bébés quine trient pas leurs couches. Faudra leurapprendre le comportement citoyen, auxbébés. Le tout, un peu huileux, un peupoisseux. L’horreur pour ces mainsexpertes qui attrapent et qui envoientvers les circuit adéquats sans jamais s’ar-rêter. Les Temps Modernes. Et on peutpréférer les boulons de Chaplin.

Des matières premières aux

matières dernières…Cœur et conscience malade, on pour-

suit la visite. Le bruit s’ajoute à l’odeurambiante, car automatiquement métauxet plastiques sont propulsés vers leurspresses spécialisées. Le papier aussi,moins bruyant mais spectaculaire car lapresse de 280 bars l’agglutine en ballotsde 800 kg à consistance de béton. Les bal-lots d’alu sont plus légers mais plus ren-tables, car il est plus facile de refaire des

objets en alu avec le recyclé qu’à partir dela bauxite (on pourrait aussi essayer de sepasser d’aluminium, soupçonné de beau-coup de méfaits sur la santé…). Lesénormes ballots de boîtes de conservesaplaties ne sont pas des compilations dusculpteur César destinées à un muséed’art moderne. Ils vont partir vers desusines très demandeuses parce que le prixdes métaux monte en flèche (comme lepétrole ? voilà qui va dans le sens de ladécroissance…). Les matières premièrescommencent à manquer, l’industrie s’in-téresse aux matières dernières que sontnos rejets.

Question : et le papier ? Où vont lesballes de 800 kg ? Réponse ; dans unepapeterie du Nord… Il y a pourtant unepapeterie à 40 km qui fait du recyclé…Pourquoi aller 500 km plus loin, surtout

quand on sait que la papeterie proche faitvenir les papiers récupérés d’Allemagne !Mais là, on touche aux mystères desaccords commerciaux qui ne prennentpas les camions sur les routes dans leurscomptes.

Notre guide maison est compétent ettrès conscient des problèmes écologiques.

Tout n’est pas parfait, certes, certes. Ily a ces fameux éco-emballages avec unlogo pouvant faire croire que ces briquescomposites seront recyclables, alors qu’enfait le logo signifie seulement que lesindustriels utilisant ce type d’emballageparticipent, dans une bien faible mesure,au coût des déchets.

Alors, l’été prochain, vous vous pro-grammez une petite visite des pyramidesoccidentales ?

Madeleine Nutchey n

Octobre 2004 SILENCE N°315 39

une combustion optimale. Et c’est quoi,une combustion optimale ? C’est ce quitransforme des déchets, non toxiques sion ne les brûle pas, en rejets de dioxine etde furanes extrêmement dangereux. Etque reste-t-il au fond des fours ? Desmâchefers, et ces mâchefers sont encoreun cadeau pour nos descendants car onen épand partout, dans tous les chantiers,

et ils sont bourrés de métaux lourds quivont empoisonner sols et eaux.

Vous voulez un petit exemple de cequi se fait ? A Bourgoin-Jallieu (Isère),près de Lyon, un nouvel incinérateur esten projet. A cause du tri, les calculs detonnages des détritus faits en 1998 pourjustifier la nécessité de cet équipementsont maintenant obsolètes. Donc, on

abandonne ce projet ? Non, on continuesur des données fausses. On persisteimperturbablement à imposer ce choixtechnologique inutile et bigrement coû-teux (110 millions d’euros). La popula-tion se demande qui va profiter au passa-ge d’un tel investissement. Quant à unréel recyclage, pas de financement prévu.Mieux : les feuilles d’impôts locales com-portent déjà une taxe supplémentaire cor-respondant au pré-paiement de l’incinéra-teur ! Le contribuable paie d’avancequelque chose qui n’est pas encore offi-ciellementt décidé ! Subtile, cette manièrede compter !

On peut se consoler en se disant qu’enpayant d’avance, ce sera au moins unechose que nos petits-enfants n’auront pasà nous reprocher, on ne leur fera payerque les dégâts.

Pardon, les enfants. Vous aurez tout àfait le droit de cracher sur nos tombes.

Madeleine Nutchey n

Sources : Courrier International N°704 et 705(pétrole et barrages). Doc Arte (Les mineurs polo-

nais). Association Autour, tél 04 74 97 06 67 (incinérateurs).

Environnement

DR

DIDIER JEAN ET ZAD

Page 40: 2004 Décroissance et non-violenceLa force de la non-coopération Les luttes de Gandhi, de Luther King, la résistance des Praguois en 1968 contre l’invasion des chars soviétiques…

I N T E R N E T

Ça se soigne ! Début 2004, 20 % des habitantsde la planète ont accès à Internetdont 21 millions de Français (soitenviron un tiers de la population). C’est en 1995 que les psycho-logues américains ont diagnosti-qué l’apparition d’une nouvellepathologie : la dépendance àinternet ! Dix ans après, l’asso-ciation des psychologues améri-cains qui publie un rapportannuel estime que 6 % des inter-nautes étatsuniens sont dépen-dants ( soit 11 millions de per-sonnes). Ces personnes peuventpasser une bonne partie de leursnuits sur internet, perdre leur tra-vail, divorcer… En France, le phé-nomène commence à se manifes-ter et une première étude vientd’être publiée en ligne(j.gautier.free.fr). La dépendanceà internet se rapproche desconduites des joueurs patholo-giques et des personnes qui fontdes achats impulsifs. Internetétant pour le moment perçucomme quelque chose de positif,le phénomène n’est pas encorebien connu mais on estime qu’ilconcernerait déjà plus de 150 000 personnes.

L’étude de Jacky Gautier, pédo-psychiatre au centre hospitalierde Montbert (Loire-Atlantique)met en évidence différentes sortesd’accros : des femmes jeunes(moins de 25 ans) qui passentleur temps dans les «chat» (zonesde dialogue), des hommes jeunesqui vont sur les sites de jeux, deshommes plus âgés qui sont sur lessites de sexe. Pour le moment, iln’a pas été relevé de cas de dépen-dances aux achats via internet.

Accueillir les étrangersLe 6 avril, à l’Assemblée nationa-le, Louis Giscard d’Estaing, dépu-té, a volé au secours des étran-gers : «Le pays doit être attractifpour les étrangers dès leur arri-vée sur le territoire français. Lapremière prise de contact estessentielle. Elle a lieu dans lamajorité des cas dans un de nosaéroports internationaux, le pluslargement utilisé étant l’aéroportCharles-de-Gaulle». Enfin, undéputé de droite qui souhaite labienvenue aux étrangers, et qui vadonc dénoncer les nouvelles loisqui permettent de maintenir unepersonne jusqu’à 32 jours dansun centre de rétention. En fait, ily a maldonne, le député UMPs’inquiétait du sort des touristes,pas des autres étrangers !

LicenciementLa fusion entre Sanofi et Aventisprovoque le licenciement du PDGde la deuxième multinationale. Lepauvre Igor Landau a touché seu-lement 12,2 millions d’euros enguise d’indemnités, plus 9 millionsd’euros en stock-options et ilconserve une «retraite» de 60%de son salaire actuel soit encoreun revenu annuel de 2,8 millionsd’euros. (Canard enchaîné, 3 mai 2004)

Jardin et prison:Pour quegerme la dignitéLe groupe « Jardin et milieu carcéral » tente d’introduire desactions de jardin au sein des pri-sons. Actuellement et suite à uncontact privilégié avec laDirection régionale de l’adminis-tration pénitentiaire d’Ile-de-France et Centre, il esquisse unprojet en faveur des détenus de lamaison d’arrêt de Fleury-Mérogis :création de prairies fleuries surles espaces délaissés de la maison

d’arrêt des hommes et aménage-ment d’un patio pour accueillir unjardin espace de paroles, destinéaux mères et à leurs enfants ausein de la nursery de la maisond’arrêt des femmes de Fleury. La démarche de ces projets estnouvelle dans le milieu car cesont les détenus qui détermine-ront en fonction de leurs compé-tences les choix, les aménage-ments et les plans. La DRAP etla Fondation de France soutien-nent fortement ce projet.Renseignements : Franck David,les Jardins d’aujourd’hui, 42, rueWaldeck-Rousseau, 33220Sainte-Foye-la-Grande, tél. : 05 57 46 04 37.

L Y O N

Droits del’hommeAgir ensemble pour les droits de l’homme, organisation nongouvernementale créée en 1989

et basée à Lyon, organiseManifestif ! manifestation festivedestinée à faire connaître son tra-vail le 22 octobre à 20 heures àl’Opéra de Lyon, avec BernardLubat et Louis Sclavis (jazz),Marc Perrone (accordéoniste) et des artistes lyriques. Agirensemble pour les droits del’homme, 16, avenue Berthelot,69007 Lyon, tél : 04 37 37 1011, site : www.aedh.org.

Soyons sport !On n’arrête pas le progrès. Etpourtant... Les chaussures de l’al-piniste qui a été retrouvé il y aquelques années et qui dateraientde 2000 ou 3000 ans, seraientmeilleures, sur le plan de l’isola-tion thermique, que les modèlesissues des dernières technologies.Les chaussures de l’ancêtreavaient des semelles en peaud’ours et une tige fourrée de foin.La peau d’ours est un peu diffici-le à trouver, mais le foin on en aencore. Avis aux amateurs derandonnées frisquettes.

SILENCE N°315 Octobre 2004 40

P U B L I C I T É n Adoptez un panneau ! Le 13 juin 2003, un Parisien qui rentre chez lui découvre un nouveaupanneau publicitaire installé près de chez lui, sur le mur d’une brasse-rie, avec pour l’inaugurer une sage affiche pour la prévention contre lesida. Sachant que la pub pour une cause humanitaire précède les voi-tures et les petites culottes, il bombe le dessus plastique du panneau : « pollution publicitaire ». La semaine suivante, l’affiche change mais le bombage reste… jusqu’au 21 juillet. Le 25 juillet, alors qu’il va pourremettre le slogan, il est devancé par quelqu’un qui a tiré l’affiche encours et l’a jetée dans le caniveau. Le 29 juillet, quand l’affiche estremise, il remet un slogan sur le plexiglas : il y reste jusqu’au 22 sep-tembre. Le 23 il y est renouvelé, le panneau est nettoyé le 7 novembre,rebarbouillé le 8. Le 23 novembre, le panneau est démonté. Au total :une heure de barbouillage pour anéantir un panneau. Sachant qu’il y a soixante millions de Français pour un million de panneaux, chacunpourrait adopter un panneau et assurer sa décoration. n Neuromarketing. L’examenpar IRM (image par résonan-ce magnétique) du cerveau permet de détecter des sensibi-lités particulières à des mes-sages. Cette méthode mise aupoint aux Etats-Unis sous lenom de «neuromarketing» permet de tester sur des volon-taires comment sont perçus lesmessages publicitaires. De quoiaffiner encore les méthodes de manipulation.n Pyramides en vue. LeCNIID qui lutte contre lesdéchets et RAP, qui résiste aumatraquage publicitaire appel-le tous ceux qui le veulent àconserver les publicités qu’ilsreçoivent jusqu’au 11décembre, journée où des pyra-mides de publicité seront orga-nisées. CNIID, Centre nationald’information indépendantesur les déchets, 21, rueAlexandre-Dumas, 75011Paris, tél : 01 55 78 28 60.RAP, Résistance à l’agression publicitaire, 53, rue Jean Moulin, 94300Vincennes, tél : 01 43 28 39 21.

Société

MAHLEN

Des chiffresdu chômageLes chiffres officiels du chôma-ge ne correspondent qu’auxpersonnes sans emploi, immé-diatement disponibles, à larecherche d’un emploi à duréeindéterminée à temps plein. Ceque l’ANPE appelle la catégo-rie 1. Mais dans les faits, il y abeaucoup d’autres chômeurs :tous ceux qui ne sont pas exac-tement dans le cas défini. Or leshors-catégorie 1 augmententsans cesse : alors qu’ils repré-sentaient moins de 10 % deschiffres officiels en 1984, ilssont passés à 20 % en 1995,30 % en 2000, 40 %aujourd’hui. Autant dire quequand le chômage baisse, c’estsurtout les méthodes de comp-tage qui s’adaptent.

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Octobre 2004 SILENCE N°315 41

Selon une publication transmise parHenri Pezerat, écotoxicologue auCNRS, il y a actuellement un peu

moins de 400 000 cas avérés de la mala-die d’Alzheimer auxquels il faut ajouterprobablement plus de 700 000 personnesprésentant une démence intermittente.

Si l’on est sûr aujourd’hui que levieillissement a un rôle dans l’apparitionde la maladie (elle touche 30% des plusde 90 ans), elle ne se développe pas demanière uniforme : elle est liée notam-ment aux sociétés industrielles dévelop-pées ce qui fait supposer que des produitsindustriels peuvent participer au dévelop-pement de la maladie.

Des études sont ainsi menées sur dif-férents produits. Depuis une quinzained’années, une dizaine d’études épidémio-logiques, dans divers pays, montrent unlien entre la présence d’aluminium dansl’alimentation ou dans l’eau de boisson etle développement de la maladie.

Dans les usines de traitements deseaux, l’aluminium est utilisé pour fairesédimenter des microparticules en sus-pension. Une étude menée en Ontario(Canada) conclut qu’une baisse notablede l’aluminium dans l’eau de boissonpourrait faire baisser le nombre de ma-lades d’Alzheimer. D’autres études mon-trent que la présence seule de l’alumi-nium ne suffit pas à faire le lien car leseffets néfastes de l’aluminium peuventêtre inhibés par la présence d’autres pro-duits comme des silicates et des fluorures.

La question reste aujourd’hui encorelargement débattue, mais le principe deprécaution voudrait que l’on abandonnele traitement de l’eau par des sels d’alumi-nium, d’autant que des solutions alterna-tives existent et sont déjà fréquemmentutilisées, que l’aluminium n’est pas unélément essentiel à la vie, que sa toxicitépour le système nerveux ne fait plusaucun doute.

Henri Pézerat rappelle que les premierstravaux sur les dangers de l’aluminiumremontent à 1921 avec des observations dansle milieu professionnel de sa fabrication.

La situation en FranceEn France, une équipe publie en

juillet 2000 dans une revue américaineune étude qui lie la maladie d’Alzheimer àl’aluminium hydrique. La Direction géné-rale de la santé demande alors à l’Institutde veille sanitaire et aux Agences de sécu-rité sanitaire des aliments et produits desanté, de faire une expertise.

Cinq groupes de travail se mettent enplace. Leurs conclusions sont remises ennovembre 2003. Les principaux sujets dediscussion proviennent du fait que l’alu-minium n’est pas présent dans l’eau oul’alimentation sous sa forme métalliquemais sous forme d’un cation Al+++ quis’associe à d’autres éléments chimiques.Lié aux anions citrates (jus de citronacide), il est par exemple capable de pas-ser la barrière intestinale et d’atteindre lacirculation sanguine. Il devient alors neu-rotoxique. Mais ce qui se passe avec lescitrates ne se passe pas forcément avecd’autres anions. Il y a plusieurs centainesde combinaisons possibles et toutes nesont pas étudiées.

L’Institut de veille sanitaire conclutalors : «Si toutes les études présentéessoulèvent des problèmes méthodolo-giques importants, les études dont laméthodologie est la moins critiquablesont en faveur d’une augmentation durisque de démence ou de maladied’Alzheimer, risque estimé entre 1,5 et 2,5pour une concentration hydrique d’alu-minium supérieure à 100 ou 110 micro-grammes par litre».

Aucune mesure de précaution n’estprise. Pire, un rapport de 200 pages de lamême agence diffusé publiquementconclut alors que le lien entre la maladieet l’aluminium n’est pas «plausible».

Il y a donc eu une modificationnotable des textes entre le rapport initialet celui communiqué publiquement.

Ce qui est sûrCe qui est sûr c’est qu’ingérer de l’alu-

minium est dangereux, même s’il n’estpas prouvé qu’il provoque la maladied’Alzheimer. C’est un neurotoxique quis’attaque aux liaisons nerveuses.

On sait également que l’origine de lamaladie d’Alzheimer est en grosse partiedue à la multiplication de microlésionsdans le cerveau provoquées par un désé-quilibre entre oxydants et antioxydants.Or l’aluminium a un fort pouvoir oxy-dant.

On sait que la barrière intestinale nebloque pas tout l’aluminium et que 0,1%à 0,5% de l’aluminium alimentaire ethydrique passe dans le sang où il se sub-stitue en partie au fer.

On sait enfin que de l’aluminium a étémesuré au niveau des plaques séniles pré-sentes en grand nombre dans le cerveaudes malades d’Alzheimer.

Pourquoi on ne fait rien

L’aluminium n’est pas utile à la vie,donc autant que possible il faut s’en pas-ser. Mais comme il existe une importanteindustrie de l’aluminium et une impor-tante industrie de l’eau minérale, les pres-sions sont importantes pour ne pas parlerdes choses qui fâchent.

En 1980, l’Union européenne avaitfixé une limite de 50 microgrammes parlitre d’eau pour l’eau de consommation.Mais, alors que l’on pourrait s’attendre àune baisse de cette limite, au contraire,sous la pression des lobbies, en 1998,cette limite a été montée à 200 micro-grammes.

Aujourd’hui, en France, environ lamoitié des eaux distribuées au robinetdépassent la valeur de 50 microgrammes.

Le parallèle avec le scandale del’amiante (dont la première étude de toxi-cité remonte à 1905) est évident. Au fur età mesure que de nouvelles études préci-sent de plus en plus la toxicité de l’alumi-nium, d’autres études l’innocentent…Encore faudrait-il se pencher attentive-ment sur qui finance telle ou telle étude.

Francis Vergier n

Aluminium et maladie d’Alzheimer

Plusieurs études épidémiologiques mettent en cause l’aluminium comme cause d’une

augmentation notable de la maladie d’Alzheimer.Malgré cela, les autorités françaises

continuent à nier le problème. Un point sur ce qui est sûr, possible et discutable.

Santé

Danger : le dentifrice Homéophytol !

DR

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SILENCE N°315 Octobre 2004 42

CourrierRegard sur une femmeUne réaction de vive déception que m’a suscitée la lecture de la dernière page de S!lence n° 311 :Comment ne pas se sentir trahie quand quelqu’un qui, tout au long deses publications, se positionne avec courage et détermination contre lamarchandisation du corps humain et pour l’accord au féminin des droitshumains, s’oublie aussi spontanément à faire la promotion d’un livreparce qu’il est « plein de jolies femmes aux mœurs légères», ce qui luidonne «des moments de rêve bien agréable » ?! Bien sûr vous me direzque c’est en toute innocence, mais je vous propose de réfléchir à ceci :comment peut-on être crédible dans ses discours anti-prostitution lorsqu’on admet aussi ouvertement que finalement, ce qui fait rêver les hommes, ce sont bien les «filles faciles et bien roulées» ? C’est comme un opposant à l’apartheid qui rêverait d’esclaves volontaires et souriant-e-s.Le fond de l’esclavagisme des femmes ne se trouve pas dans la réparti-tion des tâches ménagères, l’accès à des postes valorisants ou à desdroits civils. Ce n’en sont que des symptômes. Ce qui est à sa source,c’est le regard même qui est porté sur elles chaque jour des centainesde fois, regard qui automatiquement traduit le signal visuel par «jolie»ou non quand il atteint le cerveau mâle, ou plutôt par «comestible» ounon. Regard que, par ce mimétisme pervers de ce qui nous détruit, lesfemmes ont appris à adopter et à encourager.Le reste, tout le reste de la considération ne vient qu’après. Les hommesnous regardent comme appartenant à une autre espèce, réification oudéification, c’est la même chose. L’empathie, qui leur est possible pour-tant avec toutes les autres espèces, animales ou végétales (bravo lesécolos !), ils ne l’envisagent pas, ou du moins pas jusqu’au bout, avecleurs semblables.Le jour, messieurs, où vous serez capables de porter sans rougir votreregard sur une femme (même — surtout nue) et de n’y voir qu’uneautre vous-même, que vous ne verrez spontanément en chaque femme,sans exception (et a fortiori votre compagne), qu’une personne que vouspourriez tout-à-fait être et qui pourrait être vous, et qui a un rapport à son corps pareillement à vous qui en avez un au vôtre, le jour où vousne distinguerez pas plus par votre regard les personnes en fonction deleur sexe qu’en fonction de leur race — le jour, enfin, où vous cesserezspontanément, jusque dans vos rêves les plus agréables, de vous prosti-tuer à toute satisfaction primitive pour vous élever (évoluer ?) aucontraire par le rapprochement sublime de l’amour, alors vous pourrezsans mentir parler, et même crier d’égalité et de paix entre les êtres.C’est au fond la décroissance soutenable sans exception, celle qui remet véritablement en question tous les fantasmes. C’est grandir jusqu’au bout.Au fait, il est curieux de constater que les débats concernant l’égalitédes sexes sont menés exclusivement par des femmes. Parmi tous ces lecteurs qui se sentent concernés par le respect de la planète et de ses peuples, n’y en a-t-il aucun qui ne le soit par quelque chose qui le touche de si près ?

Mary Franco nForbach.

S!lence : il y a bien deshommes qui se posent desquestions, voir « Sortir dusexisme », page 51 de notrenuméro 309. Concernant le livre de Servais, il y a maldonne : prenez le tempsde le lire et vous verrez quece qui fait le charme du livre,ce ne sont pas des « fillesfaciles et bien roulées » maisbien des femmes libres, sou-vent un peu sorcières, quivivent dans une belle nature(les Ardennes).

Commerce équitableEn réponse à Olivier Liétard (courrier dans le n°309), «Amusement et agacement» n’étaient pas le but visé par mon courrier (n°305-306)(…) Dans le «commerce équitable» qu’on nous vend tous les jours, cequi me gène, vous l’aviez compris, ce sont les histoires de gros sous. Onvoudrait nous faire croire que des gens dévoués et surtout désintéressésfont de leur mieux pour en aider d’autres, dont les conditions de viesont difficiles. Or, le commerce «équitable» est un produit marketing, et beaucoup de sociétés à but lucratif sont concernées, pas seulementdes associations. Il faudrait peut être oser le dire haut et fort.Là où nous nous retrouvons, c’est peut-être dans notre volonté commune de «faire moins pire qu’avant» dans nos vies quotidiennes.Par contre, je n’ai pas aimé votre défi : si je ne faisais rien, aurais-jequand même le droit de réfléchir et de critiquer ou devrais-je me taire ? C’est une vision assez réductrice du droit de s’exprimer et de s’interro-ger. Mais puisque vous me sommez de dire ce que je fais, je vais biendevoir faire étalage de mes «bonnes actions» (qui n’ont rien d’excep-tionnel et ne sont qu’une goutte d’eau) !Depuis quatre ans, j’aide par l’intermédiaire d’une association à but non lucratif, sans plan marketing et surtout, sans aucune subvention, les habitants de deux «comunidades» (villages) des Andes équato-riennes, dans la province d’Imbabura. Tous ce que nous faisons répond

à une demande expresse desfamilles, des présidents de villageet des institutrices. L’aide del’association que je préside prendla forme de petits déjeuners four-nis depuis quatre ans aux petitsdes jardins d’enfants (nous enservons environ 1000 par mois). La fréquentation a augmenté. On m’en fait la remarque àchaque voyage. L’associationprend en charge les fournitures

scolaires et certains soins médicaux. Ça c’était pour commencer. Il y adeux ans, on nous a demandé de participer financièrement à la rénova-tion d’un bâtiment pour en faire une école (l’ancien local était particu-lièrement vétuste). Nous avons donné notre accord, payé les matériaux,mais ce sont les habitants du village qui ont fait tous les travaux. Il n’était pas question que nous livrions «clé en main». Plusrécemment, en septembre 2003, nous avons mis en place un poulaillercommunautaire dans chaque village. Les œufs sont principalement des-tinés aux petits déjeuners, mais nous comptons beaucoup sur la vente du surplus et des poussins pour générer le « coup de pouce » qui per-mettra une certaine autonomie financière aux jardins d’enfants, touterelative au début, mais que nous espérons plus conséquente au fil dutemps et profitable à l’ensemble des habitants.Ces villageois sont loin de tout, le travail se trouve à la ville. Si nouspouvons contribuer modestement à une amorce d’économie locale, cesera une grande victoire. Et c’est bien ça notre objectif : donner uncoup de main pour impulser quelque chose puis nous retirer. Je n’ai pasde leçon à donner, j’ai affaire à des personnes qui m’apprennent beau-coup et je n’ai pas à leur dire quoi faire ni comment. Ces personnes ontdes idées et des envies, il ne leur manque souvent que le premier soupour les mettre en pratique.Ce que nous aurions pu faire, connaissant bien les milieux des produc-teurs sur place (j’y vais depuis dix ans), et des commerçants en France,ça aurait été de dire aux gens ; tricotez des pulls, des bonnets tissez descouvertures, des tapis, sculptez le balsa, faites des boucles d’oreille !Nous vous les achèterons et les revendrons en France, peut-être même y collerons-nous une étiquette «équitable», ça se vendra encore mieux…Non, non et non. Je n’imagine pas d’encourager ces personnes à tra-vailler pour l’exportation et donc à être en situation de dépendance, sur-tout sans rien maîtriser de la filière (conditionnement, transport, voirecours mondiaux comme pour le café).Cet échange pourrait se poursuivre encore, mais je souhaite conclure etréfuter les accusations de dénigrement, de destruction, de nihilisme etd’immobilisme. La vérité ne m’appartient pas, je ne l’ai jamais pensé et la mienne évolue tous les jours, au gré des lectures, des rencontres et des échanges.

Françoise Degenne nIndre-et-Loire.

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SILENCE N°315 Octobre 2004 43

Courrier

Friches industrielles et emploisJe réagis à l’article de Madeleine Nutchey, Les friches industrielles du mépris paru dans le numéro de mai. Je suis obligé de revenir sur la question de la création d’emplois puisque c’est le leitmotiv de l’auteure de l’article.La récurrence de cet argument chez beaucoup d’altermondialistes (…)les fait entrer en compétition directe avec les «autres», ceux qui veulentde la croissance. C’est à qui aura la meilleure idée pour créer de l’emploi (…). Croissants et décroissants, bien qu’appa-remment opposés, prônent le même remède. Mais si on comprendbien pourquoi les dominants veulent à tout prix nous faire bosser, on a plus de mal à saisir pourquoi les autresveulent la même chose. Ces derniers, enagissant par mimétisme et surenchèrerévèlent leur incapacité à trouver uneautre solution par eux-mêmes. Il estd’ailleurs impossible dans S!lence de voirle moindre propos venant étayer cetteposition et ça n’est pas faute d’avoir abor-dé le sujet. La création d’emplois n’estpeut-être ni utile ni nécessaire mais ilsemble que l’on doive se contenter d’ad-mettre la chose comme naturellementbonne sans doute en raison de sa « simpli-cité enfantine » et de son caractère « élé-mentaire » lui conférant un angélisme au-dessus de tout soupçon et de toute interro-gation. Comme une croyance en somme.(…) Si on veut mettre en œuvre ladécroissance, supprimer toute la partie dela production et des services qui n’existeque pour faire de la marge et du PIB,faire disparaître les emplois correspon-dants, devrait être le corollaire inévitablede cette sobriété volontaire dont vous nousvantez les qualités. Que ferez-vous alorsface aux hordes de travailleurs privésd’emploi quand ils s’apercevront qu’ils ont été bernés ? Car si pour un emploicréé vous en supprimez 2, 3… 5, que sepassera-t-il ? (…) Madeleine Nutchey pourrait-elle nousexpliquer sa position pour le moins insis-tante sur le sujet, suffisamment clairementet en allant un peu plus loin que les vertuset le bien-être implicite qu’elle attribue au salariat ?

Patrick Urlacher nPuy-de-Dôme.

Du mépris au respectSuite à la lecture de l’article Les friches industrielles du méprisde Madeleine Nutchey, qu’il est doux de contempler ses propres convic-tions dans les mots de quelqu’un d’autre ! Certes depuis que j’ai luL’émergence des créatifs culturels (de Paul Ray et Sherry Anderson, éd. Yves Michel), je sais que je ne suis plus le mutant solitaire que jecroyais être. Reste que jusqu’à aujourd’hui, je ne m’étais jamais encoresenti autant en harmonie avec l’auteure d’un bilan social et d’un projet d’avenir. Vous ne l’écrivez pas dans votre article, mais je pense que vous serezd’accord que la réponse au mépris est le respect.Respect de ce qui nous entoure. Mêlé d’admiration, le respect devient émerveillement. Puissions-nousnous émerveiller de tout ce qui nous entoure ! A moi qui vis en pleine

campagne, ce n’est pas difficile. Au sein d’une ville, je conçois aisémentque ce le soit déjà plus. Autant je m’émerveille facilement au contact del’animal, du végétal et du minéral, autant j’éprouve de difficulté à lefaire face à mes semblables. Probablement parce que, considérant qu’ilssont censés agir en conscience, j’estime que l’inconscience de leurs actesest indigne de leur condition humaine. C’est à ce niveau que la parolechristique prend tout son sens «Pardonne-leur car ils ne savent pas cequ’ils font». Ce pardon-là débouche sur l’amour inconditionnel. Je n’ysuis pas encore et ne suis pas sûr d’y arriver.Respect de la simplicité. Selon Tchouang-tseu : « seuls ceux qui possèdent l’intelligence vraiesavent l’unité de toutes choses. Aussi s’abstiennent-ils de faire des dis-tinctions et vivent-ils dans le commun et l’ordinaire » (…). A partir dusiècle des Lumières, s’est produit une sorte de «big-bang» de l’informa-

tion : contenue au départ dans quelquescerveaux privilégiés, elle a explosé sousl’effet de la raison et s’est introduite en laplupart des hommes tout en s’éloignanttoujours davantage de l’information pri-mordiale. En employant d’autres images,je dirais que l’homme s’est mis à couperles cheveux en quatre, en huit, en seize…tout en perdant de vue la chevelure elle-même. L’information s’est fragmentée enune multitude d’éclats minuscules qui for-ment un brouillard autour de lui, le ren-dant partiellement aveugle. (…) Pour vaincre cet aveuglement, il fautun «retour en enfance», retrouver une cer-taine simplicité d’esprit. D’un côté c’estassez difficile parce qu’il est nécessaire devaincre le conditionnement social quienserre chaque individu dès sa naissance,d’autre, c’est facile puisqu’il suffit de por-ter un regard neuf sur le monde, commecelui d’un enfant qui découvre la vie.(…)Respect du petit(…) Notre nouvelle civilisation sera rurale.Progressivement nous quitterons les villeset nous nous réinstallerons à la campagne(…). Nous replanterons des arbres, beau-coup d’arbres car ce sont eux qui régulentles climats. Ensuite, nous bâtirons des mai-sons confortables mais de petites dimen-sions car il est de notre devoir d’économi-ser les prélèvements à notre mère nourri-cière. Dans le même temps, nous restaure-rons la fertilité naturelle des sols pratique-ment détruits par l’agriculture industrielle(…). Ceux qui resteront en ville logeront dansles immeubles les plus confortables etdétruiront les autres. A la place, ils édifie-ront d’immenses jardins, à la fois d’agré-

ment et potagers. Chacun pourra comme aujourd’hui, y participer et enprofiter. En dehors de cette activité de loisir, ils feront fonctionner lesusines de manière à assurer la fabrication des matériaux et matérielsnécessaires à la reconquête de la campagne et à la reconversion desvilles. (…) Nous avons perdu une masse énorme de savoir-faire ancestraux.Elle va nous faire défaut dans la reconquête de l’indépendance.Heureusement, par l’intermédiaire du réseau informatique mondial, nousaurons installé une banque du savoir-faire qui a entrepris de centraliserles débris de compétences locales (…)Je dois néanmoins dire, Madeleine, qu’à chaque fois que j’ouvre un quo-tidien ou regarde un journal télévisé — c’est-à-dire guère plus d’unefois par semaine — je suis atterré devant l’abîme qui sépare notre dis-cours de la réalité que décrivent les médias. Notre petite troupe paci-fique et débandée me paraît dérisoire face à l’énormité de l’armée enne-mie, armée disposant de surcroît de la foi établie, des lois et desrichesses. J’ai bien peur que nos belles idées restent à l’état de rêvesdurant encore bien des années. Pourtant je suis convaincu que nousdevons être là, bien présents, vivant nos convictions, ostensiblement

DR

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mais sans prétention, naturellement en quelque sorte, afin de donner unvisage à l’alternative, afin de prouver aux autres, au quotidien, que dessolutions existent. Ne serait-ce pas cela notre raison d’exister ?

Yves Emery nCôtes-d’Armor.

Des coops aux biocoopsA propos du courrier de Patrice Néel qui critique l’attitude desBiocoops (n°310), voici une vingtaine d’années, j’ai assisté à Rennes à une réunion par la coopérative bio de la ville à l’attention des respon-sables des autres coopératives du grand ouest. Scarabée, la biocoop,avait demandé à un ex-cadre des «magasins coop», vieux réseau de dis-tribution français, à l’origine associatif, qui avait sombré quelquesannées auparavant, de nous faire un topo sur les raisons de ce naufrage.Très brièvement résumé, ce monsieur nous avait déclaré que son entre-prise s’était mortellement fourvoyée lorsqu’elle s’était aventurée à sin-ger la grande distribution.A en croire le courrier de Patrice Néel, il semblerait que la leçon se soitévaporée ou ait été jetée aux oubliettes, car certaines des personnes quiassistaient avec moi à cette réunion sont maintenant à des postes-clésde l’organisation Biocoop. Si cette dernière persiste dans cette voie,gageons que la grande distribution ne tardera pas à lui faire regretterses choix. Les nouveaux groupements d’achats pourront alors prendrede l’ampleur, s’organiser en magasin, en fédération… Et l’histoire de se répéter…

Yves Emery nCôtes-d’Armor.

BiocoopDans le numéro 310, Patrice Néel s’élève contre les propos tenuspar le réseau Biocoop dans le numéro 307. Hugues Toussaint pourles Biocoops lui répond ici.

Difficile de faire le tri dans l’amoncellement de contre-véritésénoncées de façon bien vindicative pour quelqu’un qui semblese référer aux valeurs coopératives. Nous ne pouvons que l’in-viter à participer aux nombreuses réunions régionales que lesBiocoops organisent pour débattre des questions stratégiquesdu réseau, de sa politique de référencement, du choix des four-nisseurs, etc. et lire les documents diffusés par les Biocoops.Pourtant, autant par respect pour les producteurs et consomma-teurs, coopérateurs engagés dans notre réseau, que pour vos lec-teurs, nous voudrions préciser les points suivants :• réserver le développement de nouvelles Biocoops aux seules zones

rurales en excluant tout «implantation urbaine» comme semble le regretterce lecteur, reviendrait à interdire la bio de la consommation d’une majoritéde nos concitoyens. Ce n’est à l’évidence pas le choix de Biocoop. • refuser un créateur d’une nouvelle Biocoop, sous prétexte que son pro-jet, individuel ou porté par un petit groupe, n’aurait pas le label «coopé-rative», c’est faire bien peu de cas de tous ceux qui depuis dix ans, quel-le que soit la forme juridique de leur entreprise, construisent et dévelop-pent le réseau dans un esprit coopératif. C’est oublier aussi le cahier descharges de Biocoop qui traduit concrètement les principes coopératifsinscrits dans la charte. Enfin, au delà du droit et des règles, ce qui faitsurtout la coopération, ce sont les femmes et les hommes qui la viventet la partagent.• ce «cahier des charges» (…) fixe comme première priorité l’approvi-sionnement auprès de producteurs et transformateurs de sa région. A telpoint que le montant de «l’abonnement» à Biocoop est calculé sur la basedu chiffre d’affaires du magasin, hors celui réalisé avec les fournisseurslocaux. Plus il achète local, moins lui coûte sa centrale de services : n’est-ce pas un engagement supplémentaire ? Le cahier des charges favoriseégalement les produits de saison, les produits vendus en vrac… Il n’estque de le lire et entrer dans une Biocoop pour constater son application.(…) Comment votre lecteur peut-il affirmer que Biocoop favorise «l’implantation des OGM en France» en distribuant les produits de lamarque Soy, fabriqués à partir de soja de producteurs français ? Nousle renvoyons aux multiples actions menées par Biocoop, telle que la dis-tribution de produits excluant tout risque OGM (…) ou à la campagnemenée l’an passé avec les Amis de la Terre contre la levée du moratoireet qui a recueilli plus de 40 000 signatures. Quant au fait que cette

entreprise, partenaire de Biocoop depuis sa création, soit devenue pro-priété d’un grand groupe pharmaceutique, comme lui, nous le regret-tons. Ses salariés et les producteurs qui la fournissent également. C’estpar respect pour leurs engagements dans la filière bio française et laqualité de leur travail que Biocoop a maintenu ses relations commer-ciales. Le contraire eût entraîné leur disparition. Plutôt que de lescondamner, nous avons choisi de leur permettre de poursuivre leur acti-vité. Et peut-être, de trouver à terme, une solution plus satisfaisante.(…) Les consommateurs qui ouvrent les portes d’une Biocoop sontsatisfaits des produits et des conditions d’achats, s’informent et partici-pent, en parlent autour d’eux, confirmant Biocoop comme un acteurmajeur du développement d’une agriculture bio paysanne et d’un com-merce plus équitable, de qualité et à proximité du plus grand nombre.N’est-ce pas ce que nous tous, lecteurs de S!lence, souhaitons ?

Hugues Toussaint nSecrétaire général Biocoop.

S!lence : le cas de Soy pose clairement problème. Cette société créée en 1982 a été achetée en 1991 par Sandoz devenu aujourd’huiNovartis, l’un des promoteurs des OGM. En 1999 (n°246 de S!lence),nous avions déjà dénoncé cette solution attentiste des Biocoop qui espè-rent toujours que les salariés vont racheter leur société… c’était il y a cinq ans et rien n’a été fait depuis. Si Soy avait été déréférencé, nul doute que les producteurs de soja auraient depuis longtemps su s’organiser autrement.

Faire des enquêtesPeut-être pourriez-vous faire une enquête sur les entreprises de produitsbio et de produits naturels d’hygiène ou d’entretien. Ceci en vu de déter-miner leur taille, les marques qu’elles proposent, leur politique d’appro-visionnement, leur comportement vis-à-vis de leurs fournisseurs (lesrémunèrent-elles correctement, privilégient-elles les produits disponibleà proximité de leurs usines de production… les points positifs et néga-tifs de ces entreprises.Par exemple, il est à mon avis important de savoir que la marque Soyappartient au groupe Syngenta, et anciennement Novartis (fusionnéavec Astra-Zeneca), producteurs et promoteurs d’OGM. Ce qui étaitrappelé dans votre numéro 290. Je boycotte personnellement. Lesmarques Evernat et Bonneterre appartiennent à la multinationaleDistriborg qui possède également la marque Bjorg présente dans tousles super et hypermarchés. Je préfère généralement acheter des produitsd’entreprises de taille plus raisonnable, à défaut d’une petite entrepriselocale artisanale.

Christophe Gibiat nCorrèze.

Courrier

SILENCE N°315 Octobre 2004 44

Sortir du nucléaireChantons les propres énergiesCelle de l’eau, celle du ventRespectueuse du vivantSans faire appel à la magie De l’atome-démagogieQui tue à terme en s’en servant !

(refrain)Il faut sortir du nucléaireLe nucléaire, c’est la mortLe nucléaire est mortifèreIl faut l’arrêter sans remords !Prenons le soleil, la lumière,L’or bleu des mers ou bien l’or blancOu bien tout autre équivalentPour donner leur force premièreLa saine force coutumièreDont le cœur n’est jamais tremblant !

(refrain)Laissons les armes atomiquesCe sont des armes de malheurDont nos enfants auraient trop peurCe n’est pas les produits chimiquesQui soigneront les anémiquesPour les guérir de leurs pâleurs.

(refrain)André Pagès n

Vaucluse.

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La fabriquedu diable Hervé René Martin Ed. Climats 2003 - 265 p. - 15 €A travers une belle histoireromancée, l'auteur nous entraînesur les chemins de la simplicitévolontaire. Un couple, en rupturede consumérisme, re-vit à la campagne avec tout ce que celaentraîne de changements dans lavie de tous les jours, tout en seposant de nombreuses questionssur la société, la mondialisationet l'avenir de l'humanité. Ce livreest davantage tourné vers lesactes de la simplicité que vers laréflexion. Belle réussite pour unouvrage très facile d'accès. MJ.

Après le capitalismeElementsd'économieparticipalisteMichael AlbertEd. Agone (Marseille)2003 - 190 p. - 16 €Le communisme autoritaires'étant effondré, le capitalismeest-il remplaçable ? Dans cetouvrage traduit de l'américain,l'auteur avance ici l'idée du parti-cipalisme, que l'on pourrait défi-nir comme une tentative pourpasser des expériences d'autoges-tion au niveau d'une entreprise à une économie globalement surles mêmes principes. L'auteurexplique, et c'est précieux, com-ment pourrait se passer la trans-formation d'une société de mar-ché à une telle société : il mised'abord sur une taxation de plusen plus importante du capital etdu profit pour une redistributionen faveur des dépenses sociales.Mais cette redistribution ne doitplus se faire par des structureshiérarchiques. Ce seraient auxconseils qui gèrent une activité de choisir, selon le principe

'une personne = une voix', com-ment est répartie la richesse produite. Alternant chapitres deprésentation et chapitres dedébat, de nombreux points sontabordés. On retrouve des débatsproches de ceux du distributis-me… mais encore loin des préoc-cupations écologiques. Ici l'écolo-gie n'occupe qu'une seule page…pour nous dire que l'humain passeavant son environnement ! Dansles débats sur l'autogestion,depuis les années 70, l'idée d'uneécogestion a été proposée quidonne voix au sein de telsconseils non seulement aux pro-ducteurs mais aussi aux consom-mateurs et aux voisins en cas depollution (AZF pourrait-il fonc-tionner en autogestion ?). Et celane suffit pas encore : même siGIAT fabrique des armes enautogestion, sans polluer le voisinage, je serais encore pourfermer l'usine. Comment puis-jeintervenir ? Des pistes intéres-santes mais qui n'intègrent pasd'autres débats des trente der-nières années. MB.

Refonder l'espéranceAlain LipietzEd. La Découverte2003 - 280 p. - 19 €

Député européen des Verts,conseiller économique de LionelJospin avant 2002, l'auteur nouslivre ici son bilan de la majoritéplurielle et de l'échec des élec-tions de 2002. Il explique la fuitede l'électorat (vers la gauche) parla dérive du gouvernement vers ladroite. L'occasion de se penchersur la percée de l'écologie gouver-nementale et d'en analyser lesgains et les pertes. Dans leséchecs du gouvernement pluriel, il voit en premier la coupureentre une fraction de la gauche"morale" et celle au pouvoir surla question des sans-papiers, unelutte juste non prise en compte

par le gouvernement. Il dénonceaussi la mauvaise approche des35 h, l'incapacité du gouverne-ment à rejoindre les critiquescontre les institutions internatio-nales (OMC, AMI…), le renonce-ment à une approche sociale del'impôt, la timidité dans le domai-ne de l'économie sociale, l'incom-préhension des socialistes faceaux questions environnementales(mais on ne le suivra pas sur sonsoutien aux écotaxes : je paiedonc j'ai le droit de polluer ! Trèsdéveloppement durable !) et cecise traduisant par un alignementlibéral au niveau européen. AlainLipietz souhaite donc une poli-tique plus à gauche, est-elle pourautant plus écologiste ? MB.

Contes, proverbes et devinettesBakongoCollectifs d'auteurs congolaisÉd. Cultures Croisées 2003 - 100 p. - 13 €Cet ouvrage trouvera ses lecteursparmi les passionnés de cultureafricaine ou pour les Congolaislisant le français et la langue

bakongo-lari. Il se veut une trans-mission du patrimoine culturel etpropose une large gamme decontes, proverbes et devinettes. La plupart du temps il s'agit dedénoncer une action contraire à la coutume, un manque de respect envers un ancien, lafamille... On y trouve aussi denombreuses exhortations à agirou à être patient, des règles devie, quelques proverbes qui secontredisent (c'est d'ailleurs unedes spécificités des proverbes en quelque langue qu'ils soient),de la moquerie...La mission de collecte d'une par-tie, certes minime, du patrimoinecongolais est certainement attein-te, en revanche l'autre mission,qui était d'enseigner la langue nel'est qu'à moitié car les textes enbakongo-lari ne s'adressentqu'aux personnes le lisant déjà.En effet, après une explication enintroduction de la prononciationde certaines syllabes et lettres, et d'une présentation de la cultu-re orale au Congo, nous passonsdirectement à un collage desdeux versions : le texte en congo-lais suivi de celui en français sans traduction mot à mot, seul le sens des contes, proverbes etdevinettes et donné. On reste sur notre faim d'apprendre et de comprendre, c'est bien dommage. JP.

SILENCE N°315 Octobre 2004 45

Le cabaret des oiseauxAndré BucherEd. Sabine Wespieser2004 - 188 p. - 18 €Le héros du roman sort de prison. Il a fait un an ferme pour avoir tuédeux personnes. Homicide avec circonstances atténuantes. Dans un long flash back, André Bucher signe un deuxième roman champêtre etlyrique, toujours situé dans les montagnes près de Sisteron, avec despersonnages savoureux et cette pointe d'humour qui fait les grandsrécits. Agréable jonglage avec les mots, les images et les sentiments à travers le regard d'un enfant. Une réussite. MB.

Calais DalCollectif Ed. Sansonnet (Lille)2004 - 78 p. - 8 €Annette Fauchet et son compagnon, touchés par le chômage, sontmenacés d'expulsion dans un quartier de Calais. Heureusement, Annetterencontre les militants du DAL, Droit au logement, qui vont lui redon-ner l'espoir. Roman écrit à partir d'ateliers d'écriture animés par ThierryMaricourt, une méthode agréable de découvrir la force que l'on obtientlorsque l'on se bagarre ensemble, mais aussi de rappeler que les pauvresne demandent pas grand chose : rester dans leur quartier dans des mai-sons restaurées. FV.

Livres

R O M A N S

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Au-delà de la bio, la consom'actionJean-Pierre Rimsky-KorsakoffEd. Yves Michel2003 - 240 p. - 17 €Le choix de passer à l'alimenta-tion biologique a de nombreuxautres effets sur la société, carnos choix de consommation sontune façon de faire de la politiqueconcrètement. L'auteur qui aexercé plusieurs postes de respon-sabilité dans le réseau Biocoop,fait bien le lien entre certainschoix éthiques et de consomma-tion. Par contre, il manque cruel-lement de recul sur le réseauBiocoop et écrit des monstruosi-tés du genre : "Dans notreBiocoop, en été, on peut trouverdes poires bio qui viennentd'Argentine (…) Il est trèsimportant que le rayon fruits etlégumes soit toujours correcte-ment approvisionné, sinon lesventes baissent de façon exponen-tielle" [p.183]. Le fric d'aborddonc, avant l'écologie ? Suite duraisonnement : "Il y a une deman-de de la part de la clientèle" Etdonc de culpabiliser le consom-mateur qui en fait la demande.On ne peut pas lui expliquer pour-quoi il n'y en a pas ? On peutaussi trouver un tableau [p.55]comparant les Biocoop aux grandmagasins : que d'avantages pourles Biocoop ! On cherchera envain le même tableau pour com-parer avec une épicerie ou un marché bio. Nous avons déjàlonguement débattu dans S!lencede certaines limites des Biocoopet il est dommage que l'auteur neparticipe pas à ce débat. Un livrebien trop lénifiant. MB.

Eloge des femmesmûresStephen VizinczeyEd Anatolia - Le Rocher2001 - 250 p. - 19,06 €La bande annonce "3 millions delecteurs", ce qui ne prouve rien, et ajoute "un classique de la litté-rature érotique", ce qui est dou-blement mensonger car ce n'est ni un classique, ni de la littératureérotique. Considérons qu'il s'agitdes confessions de StephenVizinczey, à partir d'une enfancehongroise dans les années deSeconde Guerre Mondiale

jusqu'à l'enseignement dans lescampus nord-américains. Le côtésexuel n'a rien de torride et contejuste un éclairage sur les rela-tions parfois difficiles entre leshommes et les femmes, ces rela-tions qui restent tout de même "la plus belle chose au monde",comme disait un des nôtres, et laseule véritablement intéressante,comme je dis avec d'autres.Malgré les propos troublants,mais cliniques, de Jean Houlmann(Silence 301, page 22), les crisd'orfraie anastasienne de VincentCheynet (Silence 302, page 46)et les témoignages de ClaireMoussalli-Martinet et DorothéeFessler (Silence 304, page 43).L'écriture est agréable, laréflexion est enrichissante et l'ou-vrage est parsemé d'anecdotesqui en font un témoignage histo-rique sur les pays et sociétés tra-versés. Il n'y a pas de quoi boule-verser la vie de qui que ce soit,mais c'est un excellent livre deplage pour qui a la plage intelli-gente, même pour qui n'a nimoyens, ni temps, ni envie d'allerà la plage. Michel Guérin.

R O M A N S

La dame à sa fenêtreCollectifEd. Sansonnet (Lille)2004 - 64 p. - 6 €Maisons insalubres. Paroles des habitants aux rêves modestes. A quoi pense la dame à sa fenêtre ?Mépris des administrations etcercle vicieux : si vous n'êtes pascapable d'habiter dans une bellemaison, pourquoi vous relogerdans une nouvelle ? Propriétairesinvisibles, juste là pour encaisser les loyers. Propos désabusés.Témoignages d'un quartier oublié. FV.

Sans frontière fixeJean-Pierre SiméonEd. Cheyne (43400 Le Chambon-sur-Lignon)2001- 48 p. - 12,50 €La souffrance est malheureuse-ment partout. Et pourtant, bienpeu nombreux sont ceux qui enparlent, ceux qui se révoltent,ceux qui refusent le poids pesantdu silence. Ce recueil de poèmesmultiplie les appels à la résistan-ce et à l'action à travers unemaquette faite de l'image d'un filde fer barbelé qui traverse

l'ouvrage page après page. Juste un pour le plaisir : Fraternité."Arrachez tous les drapeaux/les drapeaux de toutes lesnations/arrachez-les du mât d'orgueil/ Faites-en un linge/pouraccueillir l'enfant/ Faites-en unerobe/ pour la danse/ou un foulardpeut-être/au cou des miséreux/Etendez-les comme un drap pourle repos/du vieil homme/Haussez-les sous le vent/ pourparcourir la vague/ Arrachez les drapeaux/qu'ils soient la nappe immense/sur la table des hommes". FV.

B A N D E S D E S S I N É E S

Le sang des valentinesChristian de Meter et CatelEd. Casterman2004 - 56 p. - 13,50 €A la fin de la première guerremondiale, Augustin rentre dansson village des Pyrénées, un peuétonné des lettres d'amour que

sa femme lui envoyait dans lesderniers temps. A mesure que sonvillage se présente sous son nou-veau jour, Augustin se rappelle dela guerre, des lettres, des viréesdans les bordels, de son enfance.Beaux dessins au lavis, pour unechute douloureuse. FV.

Sam Lawry,l'œil de CaïnHervé Richez et MigEd. Bamboo (71 Charnay-lès-Mâcon)2004 - 48 p. - 12,50 €

Le héros de cette histoire a desvisions qui lui permettent desavoir qui va être tué au front,pendant la guerre du Vietnam. Etil voit son propre frère mourir decinq balles. Arrivera-t-il à déjouerle destin ? Une histoire ronde-ment menée avec une belle quali-té graphique qui devrait dégout-ter à jamais les jeunes lecteurs de s'engager à l'armée ! M.B.

SILENCE N°315 Octobre 2004 46

n Inokenti, Marc-Alfred Pellerin, éd. Albin-Michel, 2004, 240 p, 16 €. Romanétrange. Un enfant déporté au nord de la Sibérie pendant l'époque soviétique, vafuir et survivre dans le froid du grand nord.

n Guide des restaurants bio et végétariens, éd. La Plage, 2004, 330 p. 12 €. Non seulement un très bon guide pour ceux qui veulent manger bio et/ou végétarien, mais également non-fumeur. Une liste également des magasins bio par région.

n Le développement durable, un bilan multisectoriel provisoire, sous ladirection de Joël Jakubec, éd. Georg, 2004, 128 p. Publication du groupe suisse de réflexion Stratégies énergétiques, biosphère et société avec qui S!lenceavait organisé le colloque sur l'écologisme en 1998. Des textes pour le moinshétérogènes entre ceux qui ont déjà du recul sur ce concept et ceux qui baignentencore dedans. Très en retard dans la réflexion par rapport à des livres commeL'empreinte écologique et Objectif décroissance. Seul Jacques Grinevald quisigne la conclusion sauve le livre en rappelant que le terme de "développementdurable" a été mis en avant pour masquer les tentatives de "croissance durable".

n Déligitimer la violence, Jean-Marie Muller, éd. Centre de ressources sur la non-violence, 11, allée de Guérande, 31770 Colomiers, 2004, 44 p. 7 € (portcompris). Reprise d'un texte général d'introduction à la notion de non-violence, facile à lire pour amorcer le sujet.

n Sahara, Clive Cussler, Livre de Poche, 1995, 660 p, 6,41 €. Une vaste maréerouge au large de l'Afrique provoque un déséquilibre écologique qui menace laproduction d'oxygène sur l'ensemble de la planète. La source de pollution est inconnue, mais au Mali, une épidémie rend fous les habitants dudésert. S'agit-il de la même pollution ? Polar à suspense avec gros massacres,méchant dictateur et bons militaires pour sauver le monde in extremis. Il y a du déchet toxique derrière tout cela et une grande multinationale française.

n Marche et méditation, Pierre-Yves Brissiaud, éd. Jouvence, 2004, 140 p.14,50 €. Méditer pour réfléchir à ce que l'on fait de notre vie peut être large-ment aidé par la marche. Ce livre développe longuement ces deux concepts et se termine par un appel à aller faire des marches dans les déserts… l'auteurétant organisateur de ce genre de voyage. Méditation pour l'auteur : commentaller dans le désert sans détruire la planète, c'est-à-dire sans prendre ni avion, ni 4x4.

n Cuisiner bio, mode d'emploi, Valérie Cupillard, éd. La Plage (34200 Sète),2004, 160 p. 15 €. Présentation de 70 ingrédients et de recettes pour chacun.

n Approches spirituelles de l'écologie, coordonné par Frédéric Paul Piguet, éd. Charles Léopold Mayer, 2003, 128 p, 12 €. Comment se fait-il que l'opinionsoit si sensible aux questions liées à l'écologie et que les personnes qui passent à la pratique soient si peu nombreuses. Les auteurs de cet ouvrage font l'hypothèse que c'est par manque de démarche spirituelle. Si l'ouvrage comprend de nombreuses questions intéressantes, on regrettera quand même la perpétuelle confusion entre spiritualité (recherche de sens) et religion (rituels et dogmes).

NOUS AVONS ÉGALEMENT REÇULivres

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Numéros régionaux n 218 Alsace Fessenheim. Projet Alter Alsace. Lutterbach.Imagination au pouvoir. Alsace Nature. Steiner.Bilinguisme . . . . . . . . . . . . . . . . . 3,8 €

n 272-273 Rhône Croix-Rousse. La Duende. Le Bastringue.Cabiria. La Gryphe. Bioclima tique. RéseauSanté. Radio-Canut. Hommes violents . 6 €

n 285-286 Isère Superphénix. Moulin Guitare. 400 couverts.MNEI. Jardin alpin. Lo Parvi. P’tit vélo. Terrevivante. Encre Rage . . . . . . . . . . . . . 6 €

n 291-292 AquitaineTerre de Jor. Champ d’action. Démos. Iskatola.Abbadia. Nola-Nohika. Maison des femmes.Azimuts. Boussac. Utopia. . . . . . . . . . 6 €

n 298-299 Franche-Comté Cirque Plume. Eau secours ! TGV. Jardins deCocagne. La Fraternelle. La Batailleuse.Biolopin. Spirale. Pochon magique. MaisonVoisine. Convivialité . . . . . . . . . . . . . 6 €

n 305-306 Bouches-du-Rhône etVaucluse Cours Julien. Loubatas. Ecoforum. Jardins del’Espérance. Ilotopie. Mille babords, Ballonrouge. CIRA. Longo Maï. GERES. Graines devie. Pic Noir . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6 €

n 312-313 Poitou-CharentesLes maisons de Béruges. Défense du maraispoitevin. Kvinpetalo, un centre esperantiste.La Tambouille. Le hameau de la Brousse.Maison du MER 17. . . . . . . . . . . . . 6 €

Autres numéros

n 242 Eaux et pollution de nos WC La Cravirola. Palestine. Ecologie en Chine. . . . 3,8 €n 267 Ecologie, où sont les jeunes ?Forces et faiblesses de la bio. Téléphone por-table. Démogestion. . . . . . . . . . . . . 3,8 €

n 269 Déchets nucléaires à Bure Un autre monde est possible. Développementdurable ou croissance infinie. . . . . . . 3,8 €

n 271 Inégalités dans les SEL ?Politique : naïf, conciliateur, rebelle. BP au Tibet 3,8 €

n 274 Habitat convivial aux USA Bure, enjeu international. La bio au secours del’eau. René Dumont . . . . . . . . . . . . . 4 €

n 277 Land-Art et écologie Noël Mamère. Après 11 septembre. Camions et montagnes. Déchets et industrie . . . . 4 €n 283 Déroutes du voyage Refaire le monde, mais où ? La nourriture, ceproduit manufacturé ? Eoliennes . . . . . 4 €n 284 Jeûner et sortie du nucléaire Développement : de la pauvreté à la misère.Ecovillages . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 €

n 289 Un monde écolo possible ? Croissance des associations. Sud et pesticides.Mauvais garçons . . . . . . . . . . . . . . . 4 €

n 290 Ne pas oublier le trainService public et gratuité. Micro-hydraulique.Cosmétiques pseudo-naturels. . . . . . . . 4 €n 294 Enfance en collectif Prostitution. Trucs bioclimatiques . . . . . 4 €

n 300 Nos lecteurs ont du talent 40 pages réalisées par les lecteurs… . . 4 €n 301 La face cachée des vaccinsCommunauté ? Eoliennes. Indépendance de la Nef . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 €n 304 Toujours sexistes ? Société de frugalité. Auto-déstructuration.Nucléaire : secret défense. . . . . . . . . . 4 €n 307 Ecocités Carole Poliquin. Féminisme. Grands corpsd’Etat. Entraide . . . . . . . . . . . . . . . . 4 €n 310 Nature politique de l’écologieAgribio et circuits courts. Les trois SEL de lavie. Le jeûne de Louis lecoin . . . . . . . . 4 €n 311 OGM Violence marchandeJeûne sortir du nucléaire. SEL : échec écono-mique, réussite sociale. . . . . . . . . . . . 4 €n 314 OGM Le réseau REPASCroissance/décroissance. SEL : de la monnaieau temps comme mode d’échange. . . . . 4 €

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N° de commission paritaire : 64946N°ISSN 0756-2640Date de parution : 4e trimestre 2004Tirage : 7 500 ex

Editeur : Association SilencePrésident : Xavier SérédineVice-président : Jacques CaclinTrésorière : Myriam CognardSecrétaire : Madeleine Nutchey

RÉALISATION DE LA REVUEDirectrice de publication :Madeleine Nutchey Secrétaires de rédaction :Michel Bernard et Michel Jarru Gestion et abonnements : Michel Jarru Maquette et publicité : Patrice Farine Stands, salons et fêtes : DorothéeFessler Rédaction :Michel Bernard, AlexandreEsteban, Dorothée Fessler, Alain-ClaudeGaltié, René Hamm, Madeleine Nutchey,Jocelyn Peyret, Sylviane Poulenard, MimmoPucciarelli, Francis Vergier Conseillers scientifiques : Roger Bernard,Richard Grantham, Jacques Grinevald,Henri Persat, André Picot Dessinateurs : Altho, Lasserpe, Mahlen Correcteurs : Raymond Vignal, Françoise Weité Expédi tion : Christiane Bessenay, MélanieCombes, Claude Crotet, Christian David,Olivier David, Marguerite Descamps, PaulGarde, Dolores Gracia, Cécile Imbert,Céline Kerdat, Vincent Martin, PauletteMazoyer, Patricia Michel, Sylviane Michel,Mélissa Nayral, Reine Rosset, BertrandRoussel, Myriam Travostino.Ont participé à ce numéro : GéraldAlmarcha, Yvette Bailly, GuillaumeGamblin, Natacha Gondran.

Silence diffuse une cinquantained’ouvrages par correspondance.Envoi du catalogue contre une enveloppe timbrée.

n Annuaire de la presse alternative, édition 2004, 8 pages, plus de 400 adresses, 4 € (port compris)

Page 48: 2004 Décroissance et non-violenceLa force de la non-coopération Les luttes de Gandhi, de Luther King, la résistance des Praguois en 1968 contre l’invasion des chars soviétiques…

Octobre 2004 SILENCE N°315 48

Votre GSM, votre santé. On vous ment !Dr R. Gautier, Dr P. Le Ruz, Pr D. Oberhausen, Dr.R. SantiniEd. Marco Pietteur, coll. Résurgence2004 - 160 p. - 16,80 €

Ce livre regroupe des commentaires concer-nant la plupart des travaux menés sur les

radios-réquences émises par la téléphonie mobileet les antennes. Des suspicions de nocivité, auxétudes épidémiologiques sérieuses (très peu enfait), jusqu'aux critiques des rapports "d'expert"accrédités par les gouvernements nous assistonsà un pamphlet rédigé de manière un peuembrouillée. A la lecture, vous pourrez avoir l'impression qu'ils tirent par les cheveux des don-nées diverses et variées. Néanmoins, vous refermerez ce livre en étant certain que l'utilisationabusive des téléphones portables peut augmenter la fréquence de maux de têtes et despériodes de fatigue. Mais, au vu de certaines données non "scientifiques" ou non encore "vali-dées" concernant le développement de cancer du cerveau par exemple, les auteurs conseillentfortement aux utilisateurs, aux gouvernements et aux industriels d'appliquer le principe deprécaution en limitant les temps d'utilisation, la puissance des antennes relais... JP.

marjolaine

170 X 130

L E L I V R E D U M O I SLivresAdieu l'économieYvan MudryEd. Labor et Fides (Genève)2003 - 130 p. Les sciences économiques ont été construites à partir des réflexions nées des Lumières, il y amaintenant trois siècles. Cette invention culturellea aujourd'hui de plus en plus de mal à expliquerce qui se passe car ses bases sont fausses. Alorsque les discours vont dans le sens d'une réductionde la pauvreté, celle-ci se développe ; alors quel'on met en avant la libération des individus,jamais ceux-ci n'ont été autant stressés… Toutcela a d'énormes conséquences : rejet du poli-tique, désillusion, incapacité à penser l'avenir,désenchantement spirituel… L'auteur, théologienet philosophe, montre bien, en langage clair, qu'ilfaut sortir de la "rentabilité économique", qu'unprojet d'avenir ne se compte pas avec de l'argent,mais avec du bonheur. Les échanges entre per-sonnes ne s'appellent pas forcément du commer-ce. Dans un dernier chapitre, l'auteur note la mon-tée des résistances : des manifestations de rue àla percée d'une presse différente en passant par lecommerce équitable. Il pose une bonne méthode :quand j'ai une question, si la réponse qu'on mefait est marchande, alors méfiance ! Il chercheégalement des pistes dans la foi chrétienne. Sur leplan des alternatives, il est encore bien timide. FV.