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20/03/2012 ...2012_01_17_Islande 1 / 6 Islande. Terre de feu et de glace. par Sylvain Blais: Géologue, maître de conférence (e. r.) à l’université de Rennes 1 Sommaire Islande. .............................................................................................................................................................................................................. 1 I. Localisation et formation : ...................................................................................................................................................................... 1 II. Les Geysers : ..................................................................................................................................................................................... 3 III. Les volcans : ...................................................................................................................................................................................... 3 A. L’Eldfell ....................................................................................................................................................................................... 3 B. Le Laki : ....................................................................................................................................................................................... 3 C. Le Krafla : .................................................................................................................................................................................... 4 D. L’Askja : ...................................................................................................................................................................................... 5 E. L’Herdubreid : ................................................................................................................................................................................... 5 F. Le Grimsvötn :................................................................................................................................................................................... 5 G. L’Eyjafjallajökull : ....................................................................................................................................................................... 5 IV. Paysages islandais : ........................................................................................................................................................................... 6 L’Islande est un livre ouvert pour le géologue ; aucune forêt, aucun habitat envahissant ne vient cacher ses éléments constitutifs : roche, lave, glaciers, geysers racontent son histoire et continuent sans cesse d’évoluer. On y rencontre tous les types de volcans : grands stratovolcans aux laves acides (Snaefell), volcans-boucliers aux laves fluides (hauts plateaux du centre) volcans explosifs (Hekla, Askja), volcanisme fissural (Eldgjá, Laki). I. Localisation et formation : L’Islande est une vaste île de 350 par 510 km, au milieu de l’Atlantique nord. Elle correspond à la partie émergée d’une gigantesque chaîne de montagnes sous-marines longue de 15 000km environ qui sépare l’océan Atlantique du nord au sud (la dorsale médio-atlantique ou rift). La tectonique des plaques indique qu’elle correspond à l’écartement des plaques européenne et Nord américaine, à la vitesse de deux centimètres par an.

2012 01 17 Islande - UTL Landerneau · cette roche piège une masse d’eau, celle-ci bouillonne, crée de la vapeur qui ... On a jeté des quantités d’eau sur le front de lave

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20/03/2012

...2012_01_17_Islande 1 / 6

Islande.

Terre de feu et de glace. par Sylvain Blais:

Géologue, maître de conférence (e. r.) à l’université de Rennes 1

Sommaire Islande. .............................................................................................................................................................................................................. 1 I. Localisation et formation : ...................................................................................................................................................................... 1 II. Les Geysers : ..................................................................................................................................................................................... 3 III. Les volcans : ...................................................................................................................................................................................... 3

A. L’Eldfell ....................................................................................................................................................................................... 3 B. Le Laki : ....................................................................................................................................................................................... 3 C. Le Krafla : .................................................................................................................................................................................... 4 D. L’Askja : ...................................................................................................................................................................................... 5 E. L’Herdubreid : ................................................................................................................................................................................... 5 F. Le Grimsvötn : ................................................................................................................................................................................... 5 G. L’Eyjafjallajökull : ....................................................................................................................................................................... 5

IV. Paysages islandais : ........................................................................................................................................................................... 6

L’Islande est un livre ouvert pour le géologue ; aucune forêt, aucun habitat envahissant ne

vient cacher ses éléments constitutifs : roche, lave, glaciers, geysers racontent son histoire et continuent sans cesse d’évoluer. On y rencontre tous les types de volcans : grands stratovolcans aux laves acides (Snaefell), volcans-boucliers aux laves fluides (hauts plateaux du centre) volcans explosifs (Hekla, Askja), volcanisme fissural (Eldgjá, Laki).

I. Localisation et formation : L’Islande est une vaste île de 350 par 510 km, au milieu de l’Atlantique nord. Elle correspond

à la partie émergée d’une gigantesque chaîne de montagnes sous-marines longue de 15 000km environ qui sépare l’océan Atlantique du nord au sud (la dorsale médio-atlantique ou rift). La tectonique des plaques indique qu’elle correspond à l’écartement des plaques européenne et Nord américaine, à la vitesse de deux centimètres par an.

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Formation du rift :

Les plaques tectoniques américaines et européennes s’écartent l’une de l’autre, et entre les deux, s’ouvre une immense fracture du nord au sud. Au fond de la fracture, le manteau terrestre remonte et forme cette chaîne de montagnes, à 2 400 mètres au-dessous de la surface de l’océan.

Mais dans sa partie nord, cette chaîne de

montagne émerge de l’Atlantique et c’est l’Islande.

La fracture atlantique génère en Islande, selon un axe nord-est sud-ouest, un volcanisme

important ; on trouve deux cents volcans en veilleuse, et il y a une éruption en moyenne tous les quatre ans. Le quart du territoire islandais est classé zone de volcanisme potentiellement actif. Surtout, l'Islande est un vrai "robinet à magma" de la planète : un tiers des laves émises sur toute la terre sont ici !. (les zones en rouge).

L’écartement des plaques provoque également de nombreux séismes, mais de très faible intensité : souvent seuls des instruments de mesure peuvent en témoigner.

L’Islande connaît un volcanisme de point chaud1 ; on a pu le suivre jusqu’à 400 km de

profondeur. C’est à lui que le pays doit ses nombreux volcans. La plaque océanique issue très chaude de la faille, est légère au début. En refroidissant au

contact de l’eau, elle s’alourdit et plonge sous la croûte terrestre par phénomène de subduction. L’Islande est située juste au sud du cercle polaire arctique, ce qui induit la présence des

glaciers dont la superficie a varié considérablement au cours des temps géologiques, et qui ont participé au façonnage de la morphologie de l’île. Sous ces glaciers, le volcanisme a un comportement très particulier, et beaucoup de volcans sont ainsi cachés.

L’Islande est soumise à la conjonction de trois spécificités : le rift, le point chaud, la fonte des

glaciers.

1 On retrouve entre autres ce phénomène de point chaud, en Polynésie française.

Zone de subduction

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II. Les Geysers : Le mot "geyser" est d’ailleurs d’origine islandaise. Il vient de "Geysir" un célèbre geyser

islandais, aujourd’hui éteint. Son nom est en fait tiré du mot islandais "gjosa" qui signifie "jaillir".

Le magma chauffe la roche, et lorsqu’une poche, un coude au sein de cette roche piège une masse d’eau, celle-ci bouillonne, crée de la vapeur qui remonte à la surface du sol en repoussant une certaine quantité d’eau. Puis le jet retombe jusqu’à ce qu’une nouvelle poussée gazeuse le réactive.

Le geyser le plus célèbre est le Geysir, mais il n’est plus actif, car le « piège à eau » ne fonctionne plus. A ses côtés le Strokkur a pris la relève.

III. Les volcans : En 1963, suite à une éruption volcanique sous-

marine à 32 km au sud de l’Islande, une nouvelle île est apparue : l’île de Surtsey. Elle acheva sa formation en 1964 ; elle est formée de deux cônes volcaniques de 150 m de hauteur environ.

Classée au patrimoine mondial de l’UNESCO,

elle n’est accessible qu’aux chercheurs qui s’y déplacent avec précaution. Ils cherchent à savoir comment la végétation puis la vie pourront s’installer sur ce nouveau territoire. Il semble que ce sont les fientes des oiseaux qui ont commencé à créer les premières conditions de vie végétale.

A. L’Eldfell

L’Eldfell se trouve sur l’île d’Heimaey au sud de l’Islande. En janvier 1973, des fontaines de lave jaillissent du volcan et menacent peu à peu la ville. En février, on craint que la lave ne vienne obstruer l’entrée du port. On a jeté des quantités d’eau sur le front de lave qui s’est peu à peu arrêté. Est-ce que cette action a été déterminante ? En tout cas le port était sauf.

B. Le Laki :

Entre les glaciers Mýrdalsjökull et Vatnajökull, il y a une zone de fissures en direction sud-ouest à nord-est. Sur une distance de 25 km, on trouve 130 cratères qui émirent 14 milliards de m3 de lave basaltique, d'acide fluorhydrique et de dioxyde de soufre, entre 1783 et 1784, causant l'éruption volcanique la plus importante du dernier millénaire, avec des conséquences catastrophiques pour l'Islande et des très importantes perturbations météorologiques en Europe. Elle est aussi la deuxième éruption la plus importante des temps historiques juste après celle d'Eldgjá (au Xe siècle) qui fait partie du même système volcanique.

En moins de deux mois, ce sont 30 km3 de matière en fusion qui ont envahi la région, avec des coulées de 50 km de long! Bien que ce soit l'été, le ciel chargé de poussières volcaniques a installé une nuit continue. L'acide sulfurique et les gaz toxiques ont empoisonné l'air, les rivières et les herbages, entraînant la mort de la quasi totalité du bétail.

Surtsey

Heimey

Laki

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A la suite de ce gigantesque cataclysme, un cinquième de la population islandaise de l'époque a disparu. Plus de dix mille Islandais sont morts des suites immédiates de l'éruption et de la famine qu'elle a provoquée. Pendant plusieurs décennies, la misère et les épidémies ont continué à décimer les populations affaiblies.

Cette fantastique éruption s'est poursuivie pendant trois ans, jusqu'en 1786. Les poussières émises par le volcan ont envahi la haute atmosphère et ont été mises en rotation autour de la terre, formant pendant plusieurs années une ceinture grise autour des latitudes tempérées, provoquant une diminution de l'ensoleillement et un refroidissement du climat.

Les Islandais disent sans rire que cette irruption est à l’origine de la décapitation de Louis XVI ; le refroidissement du climat causé par les cendres serait la cause de la famine et de la misère de la population française.

Par endroits, le sol est chaud, et des fumerolles s’en dégagent. L’air est chargé de soufre, les

roches contiennent des oxydes de fer. Dans certaines failles, on trouve de l’eau à 60°. A d’autres endroits, on peut se baigner ; le site le plus connu est le Landmannalaugar.

Le Landmannalaugar, c'est une explosion de couleurs, de formes insolites, de variétés de paysages et de curiosités géologiques. Les paysages et l'ambiance changent au fil des heures.

Et il n’y a pas que le décor qui retient l’attention, il y a aussi le bruit, une sorte de bouillonnement, et les odeurs de soufre (H2S). Les jaillissements sont séquentiels, intermittents.

En Islande, il n’y a que 3% de sol cultivable. On observe des pseudo-cratères : ce ne sont pas

de vrais volcans avec un cratère et le magma sous-jacent. Ici, c’est une coulée de lave qui s’est vaporisée au contact de l’eau.

Les Islandais utilisent la géothermie pour se chauffer et pour produire de l’électricité. Dans le paysage, on voit se dresser des sortes de grandes usines, où la chaleur du sol est captée ou transformée pour les besoins des villes.

C. Le Krafla :

Une coulée a des comportements différents selon sa composition. Si elle comporte peu de silice, elle est plutôt basique, chargée de basalte, et coule doucement ; on la qualifie de « coulée calme ». Si au contraire elle est très riche en silice, la coulée a un comportement plus explosif.

Le Krafla est situé dans le nord de l’île. En 1984, il y eut une nouvelle éruption avec une coulée « lente » à 1030 / 1050°, offrant un très beau spectacle, surtout la nuit. En 1997, le sol s’était déjà recouvert de mousse ; en 2004, il n’y avait plus de coulée, mais il restait une certaine chaleur. A cause de la façon dont la lave s’est refroidie elle a pris ici l’aspect d’un

amas de cordes ou de coulées.

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D. L’Askja :

Situé au centre le l’Islande, au nord du Vatnajökull, il se caractérise par un grand cratère de 120 m de profondeur, avec de l’eau au fond. Pas très loin, un autre lac, plus petit, a des couleurs différentes à cause de la présence d’oxydes différents.

E. L’Herdubreid :

Situé lui aussi au nord du Vatnajökull, c’est un volcan qui a été sous-glaciaire à sa formation. Ensuite, suite au réchauffement de la terre, la glace a fondu en partie, dégageant le sommet. A cause de cela, il a une forme de chapiteau de cirque. Toutes les laves qui se sont formées sous l’eau (sous le glacier), ont un aspect de boules entassées (Pillow lava).

F. Le Grimsvötn :

Il est situé sous la calotte glaciaire du Vatnajökull. Au niveau du Grímsvötn, la branche nord du rift donne naissance à deux rifts, l'un se dirigeant vers le sud-ouest et l'autre vers l'ouest pour se

prolonger par la dorsale de Reykjanes. Cette configuration géologique est généralement interprétée comme marquant l'aplomb du point chaud d'Islande qui est ainsi situé juste sous le Grímsvötn. Le magma de ce point chaud alimente une chambre magmatique, dont le volume pourrait atteindre 400 km3 et qui est située à une profondeur maximale de 2,5 kilomètres. Ce magma produit des laves basaltiques tholéiitiques typiques des volcans rouges, notamment des islandais.

Ses éruptions sont généralement sous-glaciaires et se traduisent donc par des explosions phréatiques lorsque la surface du glacier est atteinte. Parfois, elles sont accompagnées de jökulhlaups, des inondations provoquées par le débordement des lacs sous-glaciaires qui rompent les barrières de glace qui les contiennent. L'eau évacuée l'est principalement en direction du sud et traverse ainsi le Skeiðarársandur, une plaine côtière, avant d'atteindre l'océan Atlantique.

Début octobre 1996, une vue aérienne du glacier du Vatnajökull, met en évidence la formation de deux dépressions. La plus au nord est la plus profonde, avec une cinquantaine de mètres de dénivelé, formée en un peu plus de quatre heures ; cela traduit une activité volcanique plus intense sous les 450 mètres d'épaisseur de glace. Un panache volcanique apparaît suite à de violentes explosions. De grandes quantités de glace fondent sous la calotte, et le Le jökulhlaup se déclenche finalement dans la matinée du 5 novembre, trois semaines après la fin de l'éruption.

La force de la débâcle est extraordinaire, les routes sont endommagées, les ponts détruits.

G. L’Eyjafjallajökull :

L’Eyjafjallajökull est situé au sud de l’Islande, sous le glacier du même nom, à l’est du glacier Myrdalsjökull.

En 2004, on n’en parlait même pas ; on ne

voyait là qu’un glacier « propre » qui tombe dans la mer.

Après plusieurs semaines d'intense activité sismique localisée, il est entré en éruption dans la nuit du 20 au 21 mars 2010 peu avant minuit, heure locale.

Il s'agit d'une éruption fissurale de 1 km de long vomissant des fontaines de lave. Elles forment un véritable rideau de feu. Une quinzaine de coulées

Eyjafjallajökull

Katla

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de lave s'échappent de la fissure orientée nord-est sud-ouest. L'éruption a lieu au milieu d'un paysage enneigé et un jökulhlaup2 n'est pas totalement exclu si la faille éruptive venait à s'étendre. Cependant d’énormes quantités de vapeur chargées de cendres vont survoler toute l’Europe, et perturber le trafic aérien.

Ce jour là, le responsable islandais de la surveillance des volcans est en France, à Paris pour une conférence à Jussieu. Personne n’avait prévu une irruption à cette date.

Plus compliquée est la situation du Katla. L’épaisseur du glacier y est si importante qu’on a beaucoup de mal à le surveiller. S’il se réveille un jour les conséquences pourraient en être encore plus dramatiques.

IV. Paysages islandais : On y rencontre des prismes hexagonaux de lave refroidie, de vraies colonnades, de fausses

colonnades : la différence est due à des vitesses de refroidissement particulières.

On rencontre aussi des sables noirs, à base de minéraux. Les paysages de la côte est sont plus doux ; l’élevage de saumon se pratique dans les fjords.

Les maisons sont souvent couvertes d’herbes, les murs sont en tourbes. Les macareux sont très nombreux à tel point que l’on peut en manger dans les restaurants.

Le cheval est l’animal emblématique de l’île. Il est courageux, obéissant, résistant, capable de garder des troupeaux, comme le chien en Europe. Il possède

facilement cinq allures, soit deux allures le tölt et l’amble, en plus des trois allures traditionnelles du cheval.

La nourriture, d’un goût moyen est chère. Quelques villes : Akureyri toute seule au nord, au sud-ouest sont regroupées

Hafnarfjördur, Kopavogur et la capitale Reykjavik. Reykjavik est à la fois un port militaire et un port de pêche ; la ville est dominée par une cathédrale luthérienne.

2 Coulée de boue, de roche, de cendre et de glace fondue dévastatrice.