2012 Informations Aïkido

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SommaireBiographie de Matre Morihe UESHIBA : ....................................................... 3Prime Jeunesse (1883-1900) Budo, creuset de lAkido (1900-1919) Les annes de mrissement, la rencontre avec son Matre (1919 - 1925) LEveil (1925) Akido, les annes de lenseignement (1925-1968) Le Grand Dpart (1969)

Biographie de Matre Onisaburo DEGUCHI .................................................... 13Biographie Quelques dates

Le Shintosme ....................................................................................... 16Introduction au Shintosme Les Kamis Izanagi et Izanami, les Kamis Fondateurs Les Symboles Sacrs et les Lgendes Amaterasu, la grande Desse du Soleil Le Culte de la Puret Le Sanctuaire Shint Aspects du Culte Shint Crmonies Remarquables Talismans et Amulettes Tablettes de Prire (ema), et Oracles Spectacles divers et Thtre No Tir larc, Courses de Chevaux et Lutteurs Sumo Le Mariage Shint Les Autels Domestiques Le Shintosme dans le Japon Moderne

Le Budo .............................................................................................. 36Historique des Budos Concepts communs aux Budos Budo et spiritualit

Le Reishiki ( ltiquette ) ..................................................................... 41Les Principales rgles du Reishiki Larrive dans un Dojo Le Code de Conduite Le Reshiki par Daniel LECLERC

La Tenue de lAkido .............................................................................. 50La Tenue Faire sa Ceinture Plier son Keikogi (son Kimono ) Le Hakama Mettre son Hakama Plier son Hakama

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Sommaire (suite)Les Armes ........................................................................................... 58Le Bokken ( sabre en bois ) Le Jo, Jyo ( lance en bois ) Le Tanto ( poignard en bois )

chauffement ....................................................................................... 63Mitama Shizume ( le dos est charg du pass ternel, le ventre est charg du futur ) Torifune ( Ei Ho ! Essa ! Eh Eh !) Furitama ( mouvement vibratoire ) Otakebi ( rassemblement des nergies ) Tekubi junan undo ( assouplissement des poignets ) Ta sabaki ( mouvements du corps ) Ukemi ( se rceptionner ) Shikko ( la marche genoux)

Les Dplacements de Base ....................................................................... 72Hanmi ( Garde, posture de base ) Irimi ( se dplaant devant ) Issoku irimi ( faisant un pas travers ) Irimi Tenkan ( dplacement travers puis rotation ) Ta no Henka ou Tenka ( pivot ) Tenkan ( rotation ) Henta Tenkan (dplacement travers puis demi rotation )

Les Chutes de Base ................................................................................ 80Mae ukemi ( chute avant ) Ushiro ukemi ( chute arrire ) Yoko ukemi ( chute latrale )

Akido et la Comptition .......................................................................... 84 8 raisons de sy mettre ............................................................................ 86

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Biographie de Maitre Morihei UESHIBA

(1883 - 1969)

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Prime Jeunesse (1883-1900)Morihe Ueshiba est n le 14 dcembre 1883 dans le village de Tanabe, prs de chutes d'eau considres comme sacres, et nommes "Nachi". Cette rgion est profondment immerge dans le mysticisme Shinto, le bouddhisme sotrique, et les lgendes du pass. Par l'intermdiaire de ses parents, Morihe fut ds son plus jeune ge confront la fois aux beaux arts (sa mre s'intressait la peinture, la calligraphie, la littrature et la religion), et aux arts martiaux (par son pre). Morihe tait le quatrime enfant et le fils an de Yoroku Ueshiba, un fermier ais qui possdait deux hectares de bonne terre. Son pre tait une personne trs respecte dans la communaut locale et sigea dans le conseil du village durant vingt ans, sa mre, Yuki Itokawa, venait d'une famille de propritaires terriens d'ascendance noble. Quand il eut atteint ses sept ans, Morihei fut envoy Jizodera, un temple bouddhiste Shingon Mikkyo (littralement "l'enseignement secret du monde vritable"), o il apprit chanter les mantras sacrs, et fut initi au bouddhisme sotrique. La branche Shingon Mikkyo fut fonde par le Saint Bouddhiste Kobo-Daishi (774-835), galement nomm Kukai. Il se passionna immdiatement pour les contes merveilleux, les rcits de miracle du moine bouddhiste Kobo Daishi le Vnrable. Ds cette poque, il commena faire rgulirement certains rves. Le Shingon Mykkyo rencontra le chamanisme naturel : il en rsulta le Shugendo, une religion montagnarde et asctique, qui unit ce bouddhisme sotrique au Shint. Ueshiba Sense crivit plus tard ce sujet : "Le bouddhisme sotrique de Kukai, bien qu'incomparablement plus complexe et volu que le Shint, prsente avec ce dernier un grand nombre de points communs. Parmi ceux-ci, l'ide de l'unit de l'homme et de la nature en la croyance et l'efficacit magique du mot (shingon chez le premier, kototama chez le second). Il tait donc naturel qu'un jour le bouddhisme sotrique s'associe troitement au Shinto." Le Shingon offrit au jeune Morihe sa premire introduction au Kototama en tant que pratique spirituelle. Il aimait chanter les incantations Shingon (les mots-mes), et y montrait tant d'aptitudes que sa mre pensa qu'il lui fallait devenir moine. Mais son pre, qui s'inquitait de cette propension trop marque pour le monde de l'esprit et pour le mysticisme, le poussa vers des exercices physiques et lui enseigna le sumo et la natation, prfrant qu'il renforce sa sant fragile. Morihei obtint son diplme de l'Ecole Primaire Suprieure et fut admis au tout nouveau Cours Moyen de la Prfecture de Tanabe l'ge de 13 ans. Il dut quitter cette cole avant d'en avoir le diplme, mais obtint cependant la possibilit d'entrer l'institut Abacus de Yoshida o il acheva ses tudes. Peu de temps aprs, il trouvait un travail l'office des impts de Tanabe, Service des Revenus Fonciers.

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Budo, creuset de lAkido (1900 - 1919)En 1902, Morihe rejoint un mouvement populaire qui protestait contre la nouvelle lgislation sur la pche et finit par dmissionner de l'administration. Il monte alors Tokyo dans le but de prendre son dpart dans les affaires et travaille quelque temps comme employ dans le district commercial de Nihombashi puis ouvre son propre magasin : Etablissements UESHIBA, librairie et papeterie scolaire. A Tokyo, il passe ses soires tudier les anciennes techniques de Ju Jitsu, en particulier celles de l'cole Kito, sous la direction du Matre Tozawa. Paralllement, il pratique le Ken-Jutsu (sabre) dans un dojo de Shinkage Ryu (cole Shinkage). La mme anne, une terrible crise de bribri le terrasse et le contraint quitter Tokyo pour se rfugier Tanabe. Peu aprs son retour, il pousa Hatsu Itokawa (ne en 1881) qu'il connaissait depuis son enfance. Aprs tre tomb malade, il dcide de se forger un corps neuf et solide. Il s'astreint un entranement dur et progressif bas sur la condition physique et la force pure. Bien que de petite taille (1,54 m), il tait beaucoup plus fort que la moyenne. Mais, la seule force physique ne le satisfaisant pas, il se rendit Sakai, afin d'y tudier le sabre de l'cole Goto du Yagyu-ryu jujutsu sous la conduite de Matre Masakatsu Nakai. En 1903, il rejoint le 37eme rgiment d'infanterie de Wakayama. Trs vite, il devint le premier en tous genres d'exercices et plus particulirement en Juken Jutsu (combat la baonnette). Il part pour le front de Manchourie en 1906 (guerre Russo-japonaise). Son temprament et son talent dj exceptionnel le distinguent : on le surnomme "Le dieu des Soldats" pour sa dtermination au travail, son honntet... et son habilet la baonnette. L'anne suivante, lorsque la guerre russo-japonaise clate, il est envoy au front comme caporal et revient avec le grade de sergent pour son courage au combat. Il retourna Tanabe en 1907, pour travailler dans la ferme familiale. Il participe beaucoup la vie du village et devient notamment le dirigeant d'une association locale pour la jeunesse. Par ailleurs, son pre avait profit d'une visite du judoka Kiyoichi Tagaki Tanabe pour le convaincre d'enseigner le judo Kodokan Morihe et n'avait pas hsit pour cela transformer une grange en dojo. Morihei n'en continuait pas moins se rendre assidment au dojo de Sakai o il ne tarda pas recevoir le diplme de l'Ecole Goto en 1910. Les trois annes suivantes, il se fixe Tanabe et se plonge dans toutes sortes d'activits. En 1910, alors que sa fille aine Matsuko vient de natre, il commence s'intresser de trs prs un projet d'tablissement d'une colonie dans l'le septentrionale d'Hokkaido et plus prcisment ses structures gouvernementales. Il ne se contentera pas de l'aspect thorique. Trs tt il fait appel des volontaires de son association, constitue un groupe de colons et se retrouve rapidement la tte d'un ensemble de cinquante quatre familles (un peu plus de quatre-vingt personnes) qu'on appela le groupe Kishu. En mars 1912, ils quittent tous Tanabe pour se rendre Hokkaido o ils arrivent au mois de mai et s'tablissent sur un emplacement que Morihe avait reconnu et choisi au cours d'un voyage prparatoire, au lieu dit de Shirataki, prs du village de Yobetsu. Cet endroit tait encore inculte et les arrivants eurent lutter contre des conditions atmosphriques pouvantables et durent faire face dnormes difficults pour fonder dans un lieu si sauvage le village qui porte encore le nom de ... Shirataki.

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Budo, creuset de lAkido (1900 - 1919)(suite)Le groupe Kishu, opinitre, russit mener bien de nombreux projets, envers et contre tout : cultiver de la menthe, lever des chevaux, se lancer dans l'industrie laitire, dvelopper l'exploitation du bois de construction... rien ne les arrta. Morihei se dmena pour assurer les succs de cet tablissement qui lui tenait tant cur. Il est directement l'origine de nombreuses entreprises ambitieuses comme la construction d'une rue marchande Shirataki, l'amlioration des conditions de logement, la cration d'une cole. En fvrier 1915, il rencontre au cours d'un voyage le grand Matre de l'cole Daito-ryu Jujitsu, Sokaku Takeda, dans une auberge Engaru o il tait lui-mme de passage. Ce dernier dcida de lui enseigner les techniques secrtes de Daitoryu, et, aprs que Morihe se ft entran intensivement avec lui, il lui donna son certificat de Daito-Ryu jujutsu. Ds son retour, O Sense ouvre un dojo et invite le Matre Takeda. Il lui construit une maison et s'occupe totalement de lui, perfectionnant sa propre technique, jour aprs jour... Grce l'expansion de l'exploitation du bois, Shirataki devint vite une petite ville prospre. Le 23 mai 1917, hlas, le village fut totalement dtruit par un gigantesque incendie. Le printemps suivant, Morihe - qui avait t lu membre du conseil du village - fut entirement pris par la reconstruction de Shirataki. En juillet de la mme anne naissait son fils an Takamori.

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Les annes de mrissement, la rencontre avec son Matre (1919 - 1925)A la mi-novembre1919 ( 36 ans) Morihe Ueshiba abandonne Hokkaido pour retourner Tanabe, afin d'aller voir son pre, gravement malade. Au cours de ce voyage, il fit un dtour par Ayabe, o il rencontra le grand chaman Onisaburo Deguchi, clbre pour son chikon kishin (technique de mditation, du divin). Enthousiasm par l'approche spirituelle de Deguchi, Morihe Ueshiba s'attarda Ayabe pendant plusieurs jours. Pour lui cette rencontre tait capitale car il avait conscience que s'il matrisait la force et la technique, son nergie spirituelle restait fragile et chancelante, la moindre preuve psychologique. Morihei resta aux cts de Deguchi Sense jusqu'au 28 dcembre. A la demande qu'il lui fit de prier pour son pre, Onisaburo rpondit : "votre pre est trs bien comme il est... ". Ces mots firent une impression profonde sur Morihe... Yoroku Ueshiba dcda le 2 Janvier 1920 l'ge de 76 ans, pendant que Morihe tait Ayabe. Pein par la disparition de son pre, et aprs quelques mois passs mditer, Morihe Ueshiba dcida, en dpit des fortes objections de sa mre et de son pouse, de dmnager Ayabe et de rejoindre l'Omoto-Kyo. Sa relation avec Deguchi (jusqu' la mort de ce dernier, en 1948), permit Morihe d'tudier les enseignements Shinto du pass et le Kototama en profondeur. L'anne 1920 sera une anne sombre pour Morihe Ueshiba : au cours de cette mme anne, il verra natre, puis mourir son second fils, Kuniharu, puis son premier fils, Takemori, tous deux emports par la mme maladie. Son troisime fils, Kisshomaru natra en 1921, puis la mre d'O Sense dcde son tour en 1922... Cette mme anne, Morihe reoit le certificat de "kyoji dairi" (professeur assistant) de Takeda Sense. Au cours de l'anne 1923, l'enseignement dispens l'Acadmie Ueshiba fut bientt reconnu et le bruit courut qu'il y avait l, Ayabe, un matre exceptionnel en arts martiaux. Le nombre d'adeptes de l'Omoto-Kyo qui venait s'entraner augmenta rgulirement et les soldats de la proche base marine de Maizuru s'y intressrent leur tour. Les deux annes suivantes, Morihei tenta d'aider Onisaburo, qui avait t arrt, puis remis en libert sous caution, en raison des liberts trop importantes qu'il prenait par rapport au Shinto traditionnel, reconstruire l'O-moto-Kyo. Il prit la charge de neuf cents tsubo de terre environ dans le pays de Tennodaira, qu'il exploita tout en continuant enseigner l'Acadmie Ueshiba. De cette faon, il donnait sa vie la parfaite cohrence qu'il recherchait. Il avait toujours t persuad de l'intimit profonde entre les arts martiaux et la culture du sol et ce sentiment proche de son cur ne le quitta jamais. A partir de cette priode, la pratique des arts martiaux chez Morihei devint plus intensment spirituelle et il s'absorba de plus en plus dans l'tude du Kototama. Cela le conduisit s'loigner peu peu des traditions du Yagyu-ryu et du Daito-ryu jujutsu, et dvelopper une approche personnelle qui faisait de la technique l'application dans le monde visible des principes divins. Il brisait les barrires entre l'esprit, l'me et le corps. En 1922, cette synthse fut nomme Aiki-bujutsu et connue du public comme le Ueshiba-ryu Aikibujutsu. Morihe Ueshiba considrait l'aki-bujutsu comme la matrialisation vivante d'une prire pour la sant, 8

l'harmonie et la prosprit du monde. Il disait que la voie de l'Aiki (Aiki-Do) permettait de se raliser, tout en laissant derrire soi toutes les thories et tous les concepts : "L'akido n'est pas n de la religion. Le vrai takemusubi aki brille devant nous comme un phare puissant ; il illumine la religion et guide les enseignements du pass, partiaux, imparfaits et temporaires, vers leur plnitude. Les plus religieux des guides d'aujourd'hui ne donnent aucune mthode d'accomplissement ou de ralisation de leurs idaux. Ils n'ont donc aucun moyen de mesurer leur propre comprhension. Nous ne pouvons plus mettre nos vies entre les mains du Christ, de Bouddha ou de Confucius. L'ge des prophties, des philosophies, est termin. Nous vivons maintenant l'poque de la vritable mise en uvre. Chaque personne doit devenir le dieu du centre (Ame no Mi Naka Nushi). Ce chemin est la ralit du Ciel vide, de l'existence totale. Nous ne sommes pas seulement l'esprit divis d'un seul Dieu. Tous les dieux de l'univers sont nos esprits protecteurs." 1924 est une date dcisive dans la vie de Morihei et l'aventure cruciale qu'il vcut cette anne l conditionna beaucoup de choses dans son dveloppement intrieur. Le 13 fvrier, fidle lui-mme, il quitte secrtement Ayabe en compagnie dOnisaburo Deguchi. Ils partent vers la Mandchourie et la Mongolie la recherche de leur monde, un lieu sanctifi o ils pourraient tablir un Etat nouveau guid par des prceptes religieux et par la lumire de l'Esprit. Le 15 fvrier, ils arrivent Mukden o ils rencontrent Lu Chang K'uei, un puissant seigneur de guerre mandchou. Morihe porte alors le nom chinois de Wang Shou Kao. Ensemble, ils conduisent l'arme autonome du nord-ouest (connue aussi comme l'arme indpendante de Mongolie) l'intrieur du pays. Cependant leur expdition tait voue l'chec ds le dbut, car ils taient les victimes d'un complot tiss par un autre chef militaire soucieux de son pouvoir, Chang Tso Lin, et, lorsqu'ils atteignent, le 20 juin, le Baian Dalai, les troupes chinoises prvenues sont l pour les arrter. Morihei et Onisaburo et quatre autres personnes furent condamnes mort. Le destin voulut qu'au moment o ils devaient tre excuts, un membre du consulat japonais intervint, russit obtenir leur libration et s'occupa de leur retour au Japon. Morihe essaya ensuite alors de reprendre son mode de vie prcdent, partag entre son enseignement l'Acadmie Ueshiba et le travail la ferme Tennodaira. Il s'intressa aussi au So-jutsu (technique de la lance) et continuait son entranement intensif au sabre et au jujutsu. Mais il avait subi une profonde mutation intrieure. Il avait t marqu par ses exprience face la mort, notamment sous le feu au front, et avait, dcouvert pendant ces moments particulirement intenses qu'il pouvait distinctement percevoir des clairs lumineux sur la trajectoire que devaient emprunter les balles. La connaissance de cette formidable capacit intuitive fut une exprience fondamentale pour Morihei. A son retour au Japon, les manifestations de cette force spirituelle apparurent bientt en de multiples occasions. C'est cette poque qu'il comprit que le vrai Budo n'est pas de vaincre un adversaire par la force mais de garder la paix en ce monde, d'accepter et de favoriser l'panouissement de tous les tres. Si la recherche spirituelle est prsente dans tous les arts martiaux japonais, jamais personne ne l'avait approfondie jusqu' englober en son sein l'amour de l'humanit.

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LEveil (1925)Au printemps de l'anne 1925, Morihei (alors g de 41 ans) rencontre un officier de marine, matre de Kendo, qui le dfie. Il accepte et gagne sans, pour ainsi dire, avoir eu combattre ; il avait pu visualiser la trajectoire des coups avant que le sabre en bois de l'officier n'ait eut la possibilit de le toucher. Tout de suite aprs ce duel, il alla se rafrachir prs d'un puits o il eut un sentiment de grande paix et de grande srnit. Il lui parut soudain qu'il baignait dans un nimbre de lumire dore descendue du ciel. Son corps et son esprit devenaient de l'or. Cette exprience intense et unique fut sa Rvlation personnelle, son Satori. A cet instant, tout lui devint clair. Il comprit le lien qui l'unissait l'univers, il comprit un par un les autres principes philosophiques sur les quels l'akido est fond. C'est de ce jour qu'il estima devoir dsigner son enseignement sous le nom de aki-budo plutt que aki-bujutsu. O Sense raconte son ressenti pendant ce Satori : "Soudain, il me sembla que le ciel descendait. De la terre, surgit comme une fontaine d'nergie dore. Cette chaude nergie m'encercla, et mon corps et mon esprit devinrent trs lgers et trs clairs. Je pouvais mme comprendre le chant des petits oiseaux autour de moi. A cet instant, je pouvais comprendre que le travail de toute ma vie dans le Budo tait rellement fond sur l'amour divin et sur les lois de la cration. Je ne pus retenir mes larmes, et pleurai sans retenue. Depuis ce jour, j'ai su que cette grande Terre elle-mme est ma maison et mon foyer. Le soleil, la lune et les toiles m'appartiennent. Depuis ce jour, je n'ai plus jamais ressenti aucun attachement envers la proprit et les possessions." Cette exprience vient avant tout d'une fusion de la volont individuelle l'esprit universel. O Sense disait : "Lorsque vous vous courbez devant l'univers, il se courbe lorsque vous appelez l'extrieur le nom de Dieu, il fait cho au fond de vous". Il disait galement : "L'akido est une mthode de fusion avec Kototama, l'esprit de l'univers." devant vous ;

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Akido, les annes de lEnseignement (1925 1968)En 1926, le nom de Ueshiba commenait tre connu et d'minents Budokas ainsi que d'importantes personnalits du monde politique ou militaire lui rendent visite. Morihe Ueshiba dmnage en 1927 Tokyo avec sa famille, et commence enseigner la "Voie de l'Harmonisation avec l'Energie de Vie" (traduction littrale du mot Akido...) Shiba Shirogane. En 1931, il ouvre le Centre Kobukan Wakamatsu-cho, Shinjuku, site actuel du quartier gnral de l'Akido mondial. En 1940, la fondation Aikikai est officiellement reconnue par le gouvernement japonais. 1942 sera l'anne o celui que l'on commence appeler O Sense nomme dfinitivement son art martial : Akido. A : Harmonie ; Ki : Energie de vie ; Do : Voie. C'est au cours de cette mme anne que son fils Kisshomaru est nomm la tte de la fondation Kobukai. Vers le milieu des annes 30, Morihei tait devenu clbre. Plus encore que par sa matrise dans les divers arts martiaux japonais, il attire l'attention du public par sa conception originale de l'union de l'esprit, de la pense et du corps qu'il tente de mettre en application dans son cole. Pendant cette priode, Morihei travaille intensment le kendo au dojo Kobukan, et Nakakura qui deviendra son gendre en 1932. En septembre 1939, Morihei est invit en Mandchourie pour faire une dmonstration publique. Il y combat l'ancien lutteur sumo Tenryu et le cloue au sol d'un seul doigt. Morihei continua par la suite ses visites en Mandchourie, mme aprs le dbut de la guerre du pacifique, acceptant un rle de consultant dans diverses institutions, comme l'Universit Kenkoku avec laquelle il est particulirement li. Il fit son dernier voyage en Mandchourie en 1942, sur l'invitation de l'Association des grands arts martiaux, lors de la clbration du dixime anniversaire de la cration de l'tat de Mandchoukouo... Ce jour l, il effectua sa dmonstration en prsence mme de l'empereur Pu'Yi. Pendant les annes de guerre, Matre Ueshiba se retira Iwama, 120 kilomtres de Tokyo, o se trouve actuellement le sanctuaire de l'Akido (Aki Jin Ja). En 1946, les Amricains ayant interdit la pratique de tous les arts martiaux au Japon, le dojo de Tokyo fut ferm, jusqu'en 1948, date laquelle il prit le nom d'Akika. L'Akido fut le premier art martial qui reut l'autorisation de reprendre la pratique en raison de sa tendance pacifiste. A partir de 1948, l'Akido commence connatre une forte croissance auprs des pratiquants japonais, et les premiers pratiquants trangers commencent venir recevoir l'enseignement du Matre et de son fils la fondation Akika. Ds lors, le nombre des lves ne fit qu'augmenter et c'est cette poque que naquit vraiment la forme moderne de l'Akido. Ds les annes 50, Matre Ueshiba, g de 67 ans, laissera de plus en plus le soin de l'enseignement son fils et ses meilleurs disciples, dont certains migreront l'tranger, rpandant ainsi l'Akido travers le monde (dont Masahilo Nakazono). Le journal "Akido" parait pour la premire fois en 1959, tandis qu'O Sense reoit la mdaille honorifique Shiju Hosho en 1960. La construction du nouveau Dojo du quartier gnral de l'Akido est entreprise en 1967, aide par la ville de Tokyo, qui reconnat l'Ecole d'Akido fonde par Morihe Ueshiba. La mme anne, O Sense, alors g de 84 ans (!) donnera sa dernire dmonstration en public, l'occasion de l'inauguration du nouveau Dojo. Cette dmonstration, qui a t filme, tmoigne de l'incroyable vigueur et de l'absolu matrise du Matre, l'apoge de son art... 11

Le Grand Dpart (1969)Aprs quarante annes passes enseigner inlassablement son art, l'Akido, O Sense mourut le 26 avril 1969, laissant ses lves son rve d'un monde qui, grce la pratique de l'Akido, ressemblerait un jour une paisible famille. Ce mme jour, le gouvernement japonais lui dcerna l'Ordre de Trsor Sacr, le plus lev des honneurs, pour avoir cr l'Akido. Ses cendres furent enterres dans le temple de la famille Ueshiba Tanabe, et les mches de ses cheveux furent conserves comme reliques sur l'autel Aki Iwama, au cimetire familial de Ayabe et grand autel Kumano. O Sense, par l'veil qu'il connt et par ses qualits de cur, ouvrit une nouvelle voie vers la conscience de l'Unit, accessible tous, par la pratique du mouvement (Akido), et du son (Kototama). Son fils et certains de ses lves, devinrent leur tour des Matres d'Akido, et son art est aujourd'hui connu et reprsent dans le monde entier. Nanmoins, les sources spirituelles de l'Akido, que sont lOmoto-Kyo et le Kototama, ne furent transmises qu' un nombre infime de ses lves, ceux que cette dimension plus subtile intressait... Son fils, Kisshomaru Ueshiba devint, aprs sa mort, le Doshu de l'Akika, et poursuivit la tche entreprise par son pre, jusqu' son dcs, l'ge de 77 ans, le 4 janvier 1999. C'est le petit-fils de O Sense, fils de Kisshomaru, Moriteru Ueshiba, qui vient d'tre lu par le conseil de l'Akika au rang de Doshu, et qui en assume donc les responsabilits. L'Akido d'O Sense est un arbre dont les racines plongent dans la spiritualit de l'O-moto-Kyo et du Kototama, et dont les branches sont aujourd'hui multiples, et disperses quant leurs orientations... De multiples styles ont vu le jour, certains s'orientant vers un aspect beaucoup plus sportif que martial, ceci donnant lieu de nombreuses cisions au sein des fdrations... Comme dans tout domaine, lorsque le fondateur disparat, la diversit des personnalits de ses diffrents disciples ne peut qu'entraner une prolifration de l'interprtation donne l'enseignement originel...

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Biographie de Maitre Onisaburo DEGUCHI(Son nom vritable tait Kisaburo UEDA)

(1871-1948)13

BiographieOnisaburo Deguchi est assez connu en occident, par le fait qu'il tait le matre spirituel du fondateur de l'aiki-do, le maitre Ueshiba. Onisaburo tait un chaman itinrant, gurisseur et mdium. Aprs sa rencontre avec Nao Deguchi (dont il pousa la plus jeune fille, Sumiko Deguchi), qui tait la fondatrice de la religion Omoto (Omoto-Kyo), il devint le co-fondateur de cette religion, dans laquelle seules les femmes peuvent tre le leader (religion de protestation contre le machisme social). C'est une religion qui donnait une rinterprtation du shinto dans un sens universel, et qui est active dans le dialogue avec les autres religions, dans le but de raliser la paix sur terre. Je voudrais prciser que Onisaburo tais antifasciste avant la deuxime guerre mondiale, et qu'il a prdit la dfaite du Japon aussi bien que la chute du rgime imprial. A cause de cela, il a t emprisonn et accus par le gouvernement autoritaire japonais de lse majest. Nanmoins, aprs un procs, il a t acquitt. Il a nanmoins pass 6 ans et 8 mois en prison jusqu'a tre innocent, et fut libr le 13 juillet 1942. Il prdit que le jour de sa libration, le Japon perdrait ses forces et commencerais perdre la guerre. Sa rputation de gurisseur, fit qu'il fut invit par l'cole shinto Inari kyo Shizuoka, ou il tudia avec le chef de cette cole, Nagasawa Katsutoshi. Nagasawa avait lui mme t un disciple de Honda Chikaatsu, un rudit de l'cole Kokugaku, qui avait introduit certaines pratiques sotriques dans le shinto dtat. Une des mthodes tait le chinkon kishin, qui tait une technique pratique avec un kannuchi et un partenaire, le saniwa. Le kannushi tait souvent une femme, et par une technique, provoquait un kamigakari (tat modifi de conscience provoqu par la possession par une dit), pendant que le saniwa dterminait l'identit de la dit ou de l'esprit qui possdait le kannuchi. Cette forme de mditation et d'exorcisme tait sense oprer une purification et une lvation spirituelle des pratiquants; Il tait sens librer les gens des esprits infrieurs qui auraient pu habiter en eux, selon la conception animiste. Il permettait d'acqurir des pouvoirs de voyance et de divination. Aprs avoir tudi avec Nagasawa, Onisaburo alla dans la rgion d' Anao, allant de village en village, enseignant le chikon kishin, et pratiquant en tant que saniwa , gurisseur , devin d'esprits et exorciste . C'est en tant que tel, qu'il rencontra au dbut Nao DEGUCHI .Il enseigna le chikon kishin au sein d'Omoto, jusqu'en 1920. Nao trouvant cette mthode trop centre sur les pouvoirs psy, Onisaburo changea, et introduisit une mthode moins radicale de communion avec le divin, appele otoritsugi, qui n'implique pas le kamigatari, et qui est toujours pratique au sein d'Omoto kyo. L'enseignement qu'il a donn comme base dOmoto : Kami (dieu) est l'esprit qui est rpandu dans tout l'univers, et l'humain est le point focal du travail de la terre et du ciel. Quand dieu et l'homme deviennent un, un pouvoir infini devient manifest. 4 principes: Puret, purification du corps et de l'esprit. Optimisme, croyance en la bont de la volont divine. Progression, chemin d'amlioration sociale (et de vie personnelle) Unification, rconciliation des dichotomies. D'aprs Omoto, ces principes font partie de l'univers, et tout dans la nature se dveloppe et vit avec ces rgles. L'homme peut transgresser ces rgles naturelles et ainsi chouer. En pratiquant ces principes, on peut vivre en harmonie avec l'univers et vivre une vie merveilleuse dans l'esprit et dans la chair.

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Quelques dates1898(meiji 31) : lors dune retraite sur le mont sacr Takaruma, lme dOnisaburo quitte son corps en suivant le messager Matsuoka, envoy par la divinit Konohana Sakuya Hime, et passe au mont Fuji puis effectue un voyage dans le monde Autre, visitant les diffrentes strates de ce monde : Shin kai, le monde des divinits Gen Kai, le monde matriel Yu Kai, le monde des esprits 1921 : Onisaburo est arrt puis relch au bout de 126 jours, parce quil avait dclar que le salut viendrait du peuple sous la guidance dOmoto ! 1925 : Omoto fonde la fdration des religions du monde Beijing en Chine, promouvant la solidarit interconfessionnelle, avec les religions Tao Yuan (taiste) la foi Baha(Iran) Cao Dai(Vietnam) Drapeau Blanc (Allemagne) Fraternit Universelle (Bulgarie), et dautres religions. Juin 1925 : Jinrui Aizen kai, lassociation pour la fraternit Universelle (branche dOmoto qui doit travailler la paix mondiale) est inaugure. 1930 : la politique du gouvernement japonais se modifie, passant dun statut parlementaire internationaliste vers un militarisme nationaliste. 8 juillet 1934 : Onisaburo rencontre le gnral Hideki Tohjoh et essaie de le convaincre de modifier la ligne dure des militaristes japonais, mais le gnral refuse dcouter Onisaburo. 8 dcembre 1935 : le gouvernement attaque Omoto 13 mars 1936: Onisaburo est accus Onisaburo reste en prison pendant 6 ans, et est libr le 13 juillet 1942. de lse majest

30 dcembre 1945 : Onisaburo fait une dclaration, dclarant que bien que les 400 sanctuaires dOmoto aient t dtruits, les gens ont gard leur confiance dans les enseignements dOmoto, et donc Omoto est dj reconstruit, mme si il ny a pas encore de Btiments. Il dclare que le Shinto a t manipul par ltat qui avait institu une fausse religion, et cest ce qui a caus la dchance du japon, parce qua la place des kamis, dans les sanctuaires taient vnrs des hommes (les empereurs). La religion dtat a dnatur la religion indigne des japonais. Le japon est prsent priv des armements, parce que sa vraie mission est la promotion de la paix mondiale, qui ne sera accomplie que quand tous les pays auront supprim les armes.

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Le Shintoisme

Magatama (Joyaux)

Tsurugi (Epee)

Kagami (Miroir)Les 3 Symboles16

Introduction au Shintosme

Le Soleil, symbole du Japon.

Le Shintosme est la plus ancienne religion du Japon. Il remonte l'poque Yayoi qui dura six sicles, du 3me sicle avant au 3me sicle aprs notre re. Le Yayoi a succd l'poque Jmon, datant de 8 000 ans. Le terme Yayoi dsigne la culture du Chalcolithique japonais qui vit les dbuts de l'ge du bronze et de l'ge du fer. C'est le nom du quartier de Tky o en furent dcouverts les premiers vestiges. Le mot Shint est driv des racines chinoise shen et tao qui voquent un cheminement vers les dieux. L'quivalent japonais traditionnel est le terme kami-no-michi qui a la mme signification. Les divinits vnres par les adeptes du shint sont les kami dont trois mille sanctuaires, ou "jinja", parsment le Japon. Les kami sont innombrables. Il y en aurait des millions car le terme dsigne toutes les manifestations des forces ou les nergies actives ou latentes dans la nature. On peut mme considrer que chacun peut invoquer un kami personnel.

Le Japon, pays des dieux. Le Mont Fujiyama.

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Les KamisLe Shint est une forme traditionnelle d'animisme qui donne, travers ces "Kami", un caractre divin tout ce qui est ressenti comme puissant ou menaant, ou mme ce qui sort tant soi peu de l'ordinaire, tel une montagne, un arbre, une croise de chemins, une profession. Il trouve probablement son origine dans des traditions primitives provenant des Jmon. Il ne faut pourtant pas considrer que le Shint soit polythiste. Son approche est plutt panthiste, considrant que toute la matire universelle est infiltre par une nergie de nature divine. Un Kami apparat lorsque cette force se manifeste en troublant l'uniformit de la nature. Bien videmment, ces manifestations prennent des formes multiples aussi bien dans la matire inanime que dans les tre qui l'animent. C'est pourquoi il y a tant de Kami, commencer par la desse du Soleil dont la puissance est manifeste dans le ciel, et le dieu des temptes qui dchane les vents sur les cotes du Japon.

Les fleurs de cerisier, symbole de puret.

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Izanagi et Izanami, les Kamis fondateursCette mythologie shintoste tait reste trs floue jusqu'au 8me sicle. Elle fut alors consigne par crit dans le Kojiki, une chronique rdige pour lutter contre l'introduction du Bouddhisme par les Chinois. Il fut tabli que le Japon devrait son origine un couple de divinits, Izanami-no-Mikoto, l'Htesse, (Celle qui invite), et Izanagi-no-Mikoto, l'Hte, (Celui qui invite). Penchs sur l'ocan par del le pont cleste qui relie Matsue et Izumo, ils frapprent les eaux d'une lance et en firent merger l'le Onogorojima dans laquelle ils s'installrent. En s'unissant, ils produisirent toute la nature et les autres les de l'archipel et finirent par donner naissance tous les autres kamis dont les plus importants sont Amaterasu, la rayonnante desse du Soleil, et son frre Susano-o, le terrible dieu des temptes. Mais les Kami peuvent tre aussi les anctres car ils sont la manifestation de la force divine qui a gnr la famille. Il est donc lgitime de leur rendre un culte assidu. Avec la recherche de puret, le culte des anctres caractrise la culture shint.

A gauche, Izanagi et Izanami, Sur le pont cleste qui relie Matsue et Izumo, ils frappent les eaux d'une lance et font merger l'le Onogorijima. A droite, Amaterasu, la grande desse du Soleil, avec les symboles du Japon et du Shint

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Les symboles sacrs et les lgendesLe shintosme repose donc essentiellement sur le culte des Kami, et corrlativement, la vnration des anctres a pris une trs grande importance. Il a gnr les fortes relations d'autorit, d'abord au sein de la famille, de structure patriarcale, puis dans l'organisation de l'tat et l'tablissement du pouvoir imprial, lorsqu'apparut le Kojiki, ou "la chronique des vnements antiques". Ce texte fondateur est un composant majeur de l'hritage culturel japonais et de son identit religieuse. Cette source en a tabli les bases mythologiques y compris en ce qui concerne les origines mmes du Japon. On y trouve les lgendes d'Izanagi et d'Izanami et de la ligne des kami qui fera apparatre Amaterasu, la desse du Soleil, et son frre Susano-o, le dieu des temptes, avec toute leur descendance. Le Kojiki contient de nombreux contes comme celui du dragon et de Kushinada et il expose l'origine des trois symboles majeurs du Shint, le "Miroir de la Justice", le "Joyau de l'Arbre aux cinq cents Branches" et le "Sabre Magique Kusinagi".

Les trois symboles sacrs du ShintLe Joyau de l'Arbre aux 500 branches, le Miroir de la Justice,

le Sabre Magique Kusinag, le Faucheur d'Herbe

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Amaterasu, la grande desse du Soleil

Les destins des deux kami les plus importants de la mythologie shintoste sont agits. Le terrible Susanoo vcut sur Terre et y pousa la princesse Kushinada. Leurs descendants rgnrent sur le pays d'Idzumo. La brillante Amaterasu gagna le ciel, baignant la Terre de ses rayons. Mais Susano-o se conduisit trs mal, terrifiant sa sur qui s'enferma dans sa caverne, plongeant la Terre dans l'obscurit. On lui prsenta le Miroir de la Justice. Elle y contempla son reflet, prit conscience de sa beaut et regagna le ciel. Rconcilie avec son frre, elle en eut un fils, Oshi-o-Mimi. Elle chargea un jour son petit fils, Ninigi, de ramener l'ordre dans les les Sacres. Il s'y rendit avec les symboles du Shint, le Miroir de Justice, les Joyaux de l'Arbre, et le Sabre Magique. Il y pousa la princesse Hanasakoya-Hime. Ses descendants (kami) conquirent le Japon. L'un d'entre eux, "Iware", en fut reconnu le premier empereur divin. C'est ainsi que le clan du Yamato lgitima le pouvoir absolu de l'empereur lorsqu'il supprima la fodalit et fonda la dynastie impriale. Il proclama son ascendance divine depuis son anctre, la grande desse solaire Amaterasu--mikami.

Scne antique du culte primitif rendu Amaterasu

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Le culte de la puret

Amaterasu--mikamiAmaterasu--mikami occupe la premire place parmi tous les kamis. Ceux-ci ne sont perus comme des dieux mais plutt comme des protecteurs qu'on se garde d'offenser. Le Shint n'est pas rellement une religion car il n'a pas de dogme ni de morale. C'est une dmarche spirituelle particulire aux Japonais. Elle consiste en une participation consciente la divinit universelle, pure et harmonieuse de la nature. L'impuret, la laideur, la bassesse et la mort caractrisent le mal. Il y avait un enfer et des dmons dans le Shint primitif. Le but du Shint vise raliser la purification du pratiquant. Il ne se fonde jamais sur une dmarche intellectuelle mais sur la perception intuitive du souffle divin qui sous-tend la matire. Chacun peut le dcouvrir en lui mme, en demeurant dans sa propre vrit, dans la puret, l'honntet, la paix intrieure et la recherche de l'harmonie avec le reste du monde. Le souci de puret est tel que le sanctuaire en bois d'Amaterasu, Ise, est dtruit et reconstruit neuf tous les vingt ans, (ce qui parat fort coteux aux jeunes gnrations). Mais l'imprcision du devenir de l'tre aprs la mort a provoqu une synthse partielle avec le Bouddhisme.

Le sanctuaire en bois d'Amaterasu, Ise

Une image moderne d'Amaterasu

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Le sanctuaire Shint

Un Torii.

Le Torii est un portique comportant deux poutres horizontales. Il est dcor de guirlandes de papier et de tresses de cordages. C'est le signe caractristique qui marque l'entre dans l'enceinte sacre d'un sanctuaire. Le nom signifie "perchoir aux oiseaux" car on y plaait traditionnellement des coqs en l'honneur d'Amaterasu, la desse du Soleil. Leurs chants faisaient lever l'astre auquel ils seraient sacrifis. Il y a des milliers de sanctuaires shint au Japon, tous prcds d'un Torrii peint en rouge et gards par deux koma, deux grands chiens lonins se faisant face. L'un a la bouche ouverte, l'autre l'a ferme. On peut y trouver plusieurs btiments mais on n'entre pas dans le temple principal, le Honden, qui abrite les kami. Le Hai-den, l'oratoire, se trouve dans un autre difice. Les fidles doivent se laver la bouche et les mains avant d'y entrer. Un bassin d'ablution et des louches (hishaku) sont leur disposition. Ils sonnent ensuite d'une cloche pour attirer l'attention des kami et font des offrandes en remerciement de la chance encourue, de l'harmonie de l'existence ou de la vie paisible qu'ils ont pu mener. Les courtes prires doivent toujours tre altruistes et concerner le bien commun. Elles s'achvent en frappant deux fois dans les mains. Il peut y avoir des sortes de chapelles, les masha, petits oratoires rservs la prire individuelle.

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Le sanctuaire Shint (suite)Le bassin d'ablutions et les deux chiens Koma inu.

Les deux chiens Koma-inu, ont un aspect un peu lonin. Ils sont placs sur un pidestal et se font face. L'un a la bouche ouverte et l'autre l'a ferme. Ces tres fantastiques viendraient du bouddhisme. Ils sont senss reprsenter l'association cosmique des contraires qui rgit l'univers.

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Aspects du culte ShintLa couleur dominante dans tous les sanctuaires est le rouge. Ils sont administrs par des prtres, kannushi, parfois assists de jeunes filles, miko, habilles d'une tunique blanche et d'une jupe videmment rouge. Dans le pass, elles taient des pythies, des devineresses. Les rites cultuels actuels consistent en diverses purifications coutumires et offrandes faites aux divers kami dont font aussi partie les anctres. Ils sont parfois associs des pratiques bouddhistes et impliquent un grand souci de puret et d'honntet ainsi que le respect d'une esthtique assez dpouille pour nos yeux occidentaux. Le clbre sanctuaire (ou Jinja) d'Ise est consacr Amaterasu. Il contient (invisiblement) le "Miroir sacr de la Justice claire". Les autres sanctuaires sont consacrs d'autres Kami. Au Nouvel An, ou pendant les vacances, beaucoup de sanctuaires sont des lieux traditionnels de plerinages. Ce sont des occasions de regroupement et de ftes dans des environnements naturels et agrables. Les plerins y ramnent les talismans de l'anne prcdente et les brlent. Ils s'en procurent de nouveaux qu'ils ramnent la maison pour les placer dans le kami-dana, leur petit autel domestique.

Un prtre shint, les jeunes assistantes (miko), et la salle des mariages

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Crmonies remarquablesLe Shint accompagne l'individu de la naissance jusqu' la mort. Diverses crmonies marquent des tapes de la vie. Quatre mois avant la naissance, la maman reoit au sanctuaire une ceinture de tissu blanc donn par la famille. A l'ge de sept jours, l'enfant est prnomm. S'il meurt avant, il est mort-n. Les garons sont prsents au sanctuaire 5 ans, et les filles 3 et 7 ans. On peut voquer d'autres rites comme la fte de la premire nourriture et les mariages. Les Japonais clbrent les vnements de la vie personnelle et de celle de la communaut. Les festivals sont les occasions les plus importantes. Les festivals shint, (matsuri) sont annuels. Ce sont des ftes locales. Elles ont lieu en divers endroits des dates varies et sous des noms diffrents. A l'origine, elles taient lies aux saisons et aux rythmes agraires, et l'on priait pour une bonne rcolte et pour tre protg des dsastres. Certain festivals comportent des processions avec des chars et des temples portatifs appels mikoshi. Il y a beaucoup d'amusement et d'excitation, avec des spectacles divers, des courses et des concours varis. A Sapporo, il y a mme des sculptures de neige et de glace, Hamamatsu, des cerfs-volants, Chichibu, des feux d'artifice. L'ambiance est vraiment trs festive. Dans l'esprit originel des "matsuri", l'on y recherchait simplement le bonheur dans la puret du cur.

Scnes de procession l'occasion d'un festival (matsuri)

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Talismans et amulettesLes "shimenawa" sont des tresses ou des torsades de paille de riz. Disposes dans les maisons, elles auraient le pouvoir d'carter les dmons et les maladies. On les suspend au dessus des entres des sanctuaires pour signaler la prsence d'un kami. Les "gohei" sont des guirlandes de papier plies en zigzag. Comme les shimenawa, elles indiquent la nature sacre du lieu o elles se trouvent. Sur place, on peut aussi se procurer des talismans, des amulettes et des planchettes de prire. Les "omamori" sont des amulettes porte bonheur vendues dans les sanctuaires. Elles sont souvent contenues dans un sachet de tissu mais ce sont parfois des pierres graves. Elles apporteraient la chance, la sant, la fertilit, le succs aux examens, la scurit au volant, etc.. On les porte sur soi, ou on les place l'endroit qui convient.

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Tablettes de prire (ema), et oraclesLes "ema" sont des planchettes sur lesquelles des prires sont inscrites. Elles sont suspendues dans le sanctuaire car les fidles n'y entrent pas. Ils prient dehors, aprs avoir attir l'attention des kamis en sonnant d'une cloche ou en agitant une crcelle de bois. Les "omikuji" sont des bandes de papier qui dvoilent un oracle de bonne ou mauvaise fortune. S'il est bon, l'omikuji devient un talisman conserver. S'il est fcheux, la bandelette doit tre fixe sur un arbre du sanctuaire afin que les kamis conjurent la prdiction.

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Spectacles divers et Thtre No

Les sanctuaires sont la fois des lieux de prire, de recueillement, de fte et de rjouissance, et l'on s'y rassemble en de nombreuses occasions. On y trouve mme du thtre N, de la danse, de la lutte Sumo, du tir l'arc et d'autres activits. Les arrangements floraux si particuliers au Japon sont inspirs par la pense shintoste. Les fleurs sont tages pour marquer les trois plans de l'existence, le ciel, l'homme et la terre. Dans le thtre N, tout est simplifi et raffin l'extrme dans l'esprit traditionnel shint manifest dans les autres expressions artistiques. Il comporte deux acteurs. Le waki est un faire valoir qui lance l'action puis s'carte de la scne. Le shite, est l'acteur principal. Il danse et mime tous les rles en usant de masques pour interprter les divers personnages. Il peut y avoir quelques assistants et un accompagnement choral. Le genre comporte un rpertoire d'environ 250 pices classes en cinq groupes. Le premier raconte l'origine d'un sanctuaire. Le deuxime prsente des guerriers qui sont en enfer. Le troisime raconte des histoires romantiques avec de la musique, des costumes magnifiques et des danses. Le quatrime voque des personnages atteints de folie. Et le cinquime groupe met en scne des dmons bnfiques ou malfiques. Une pice de chaque groupe est joue dans cet ordre formel chaque reprsentation.

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Spectacles divers et Thtre No (suite)Thtre et ballets dans un sanctuaire shintMasque de Thtre N

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Tir l'arc, courses de chevaux et lutteurs SumoParmi les activits festives pratiques dans les sanctuaires, on peut citer le tir l'arc, pied et mme cheval lorsque c'est possible. Le tir l'arc (yumi) s'appelle "Kyd". cela signifie la voie de l'arc. Cette activit implique la vrit,"shin", la vertu, "zen", et la beaut, "bi". Les tireurs doivent mettre en oeuvre l'essence mme de ces qualits. Le Sumo est une affaire de professionnels exclusifs qui lui consacrent leurs vies. Aux yeux profanes, il semble simplement que deux colosses peu vtus cherchent se pousser hors d'un cercle. Mais le sport est ici presque secondaire. L'aspect rituel est trs important. Ainsi les lutteurs commencent-ils par jeter du sel dans l'arne pour la purifier. Ils se balancent ensuite lourdement d'un pied sur l'autre pour craser de trs haut les forces du mal. L'arbitre est vtu comme un prtre shint et il est issu d'une famille particulire. On pratiquait aussi jadis, le "o-furo", ou bain en commun, une forme de rite collectif de communion avec la nature, et l'on organisait parfois des courses de chevaux ou de bateaux.

Tir l'arc traditionnel, ou Kyd

Lutteur Sumo crasant rituellement le mal

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Le mariage ShintLe mariage l'occidentale est actuellement trs en vogue au Japon, o il apparat comme chic, exotique, et relativement peu coteux. Le mariage shint reste pourtant une clbration classique importante qui consacre l'union des deux poux autant que celle des deux familles. Les parents se rencontrent crmonieusement avant le mariage et ils changent des cadeaux. Le mari porte la tenue traditionnelle, noire ou bleue, compose du hakama, large pantalon pliss, et du haori, une tunique longue. La marie est vtue d'un magnifique kimono, blanc ou fleuri. Pour la dernire fois, elle a de longues manches. Marie, elle montrera ses coudes. Elle porte aussi une coiffure particulire, le Tsunokakushi, (ou cache-orgueil), qui symbolise sa rsolution d'tre une bonne pouse et de ne pas se montrer jalouse. Lors du rite coutumier du Sansankudo, les maris boivent chacun trois gorges de sak froid dans trois tasses de laque, car le chiffre 3 est bnfique, puis ils noncent leurs vux et dposent ensemble sur l'autel un tamagushi, un crit les rsumant. La marie revt ensuite un superbe kimono de couleur. Un somptueux festin termine la fte.

Tsuno-Kakushi, bandeau nuptial, et tenues traditionnelles de mariage.

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Les autels domestiquesLes crmonies de funrailles shint sont extrmement simples. La mort est ici une tragdie car le shint ne promet rien dans une vie future. Cependant, par son dcs mme, le dfunt devient un anctre dont la vnration est l'un des fondements de la famille japonaise. La plupart des maisons ont un kami-dana, une tagre d'esprits (ou d'mes), sur un mur intrieur de la maison. Aprs la mise en terre, le nom du dfunt est inscrit sur une tablette dpose dans le kami-dana. Il contient habituellement des objets qui ont une signification spirituelle pour cette famille particulire. Il recle la liste des noms des anctres et, souvent, la reprsentation d'un kami protecteur de cette famille. Les membres font des offrandes rgulires de nourriture et ils boivent aussi en l'honneur du kami ou de leurs anctres. En raison de la grande simplicit des funrailles shint, on pratique souvent les rites funraires bouddhiques. Le Shint n'tant thoriquement pas une religion, il coexiste sans problme avec le Bouddhisme et ses rites. La plupart des foyers japonais traditionnels ont donc deux sortes d'autels domestiques la maison.

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Les autels domestiques (suite)Les "kami-dana" shint sont des tagres d'esprits (ou d'mes).

Le kamidana doit tre orient face au Sud ou l'Est un endroit bien clair et gard extrmement propre. Il ne doit jamais faire face au Nord ou l'Ouest. Chaque jour avant le djeuner, on y fait une offrande de riz, de sel et d'eau dans les petits vases prvus cet effet. L'eau va au milieu, le sel droite et le riz gauche. Les japonais mlangent frquemment les deux traditions et pratiquent successivement les deux cultes devant le Kamidana shint et devant le Butsudan bouddhique.

Les "Butsudan", petits autels domestiques bouddhiques

Le Bustudan est un petit autel relevant des rites bouddhiques. Il ressemble une armoire et parfois un placard que l'on ouvre pour pratiquer le rite. Il contient fondamentalement un crit sacr, le Daimandala. On peut y adjoindre une image ou statuette du Bouddha, la gnalogie des anctres et de jolies choses pour le dcorer. Chaque jour, on fait y fait l'offrande d'une tasse d'eau frache, on y allume une bougie, et on y brle un peu d'encens. On y clbre un petit office, dit "Gongyo", le matin et le soir. On le tient propre, on y met des fleurs et on l'informe des vnements familiaux. C'est un moine bouddhiste qui inaugure le Butsudan en pratiquant la crmonie dite "Ouverture des yeux".

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Le Shintosme dans le Japon moderneY a-t-il encore une place pour le Shint et les kamis traditionnels dans le Japon moderne ?

Ici, c'est probable, et l, c'est encore possible !

Mais peut-tre constate-t-on l'mergence de nouveaux Kami dans le dynamisme du Japon moderne !

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Le BudoEn japonais, bu signifie la guerre et do la voie (en chinois : dao ou tao, cf. le taosme). Les budos sont les arts martiaux japonais apparus entre le milieu du XIXe sicle et le milieu du XXe sicle. Les budos les plus connus en France sont le judo, le karat-do et lakido.

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Historique des budosLes techniques guerrires (bujutsu, ou jui jitsu) dveloppes durant le moyen-ge japonais se sont transformes par trois phnomnes :

larrive des armes feu, rendant caduques un certain nombre de conceptions de la guerre ; les armes feu (tepp) sont arrives vers la fin du XIVe sicle de Chine mais leur utilisation est reste trs limite (essentiellement utilises par les clans Hj et Takeda) ; ce sont les Portugais, arrivs au milieu du XVIe sicle, qui vont rpandre les fusils, de bien meilleure qualit ; deux sicles de paix interne de lre Edo (16001868), durant lesquels les techniques guerrires se dtournent du combat de masse et voluent vers le raffinement et les duels ; les guerriers (bushi) deviennent des fonctionnaires (samoura) ; lre Meiji ( partir de 1868), qui vit la disparition du systme fodal, et notamment de la caste des guerriers (samoura).

Vers le milieu du XIXe sicle, certaines personnes (notamment Jigoro Kano, Morihei Ueshiba et Gichin Funakoshi) prennent conscience que, loin dtre devenues inutiles, les techniques guerrires avaient encore un rle ducatif et de promotion internationale. Cest ainsi que les jutsu (techniques) sont devenus des do (voies) : le kenjutsu (escrime) laissa sa place au kendo, le jiu jitsu (techniques de souplesse) donna naissance au judo et lakido, les techniques de boxe dOkinawa donnrent le karatdo, le kyujutsu donna naissance au kyudo (tir larc zen)

Aujourd'hui, une large partie des enseignements est orient vers un usage pratique mais l'aspect spirituel des arts martiaux est primordial pour un dveloppement dans le comportement et la technique.

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Concepts communs aux budosChaque budo est diffrent. Toutefois, ils sont tous globalement issus de la mme culture (mme s'il y a des mtissages, comme pour le karat-do), et ils ont tous en commun la recherche l'efficacit martiale ; les mmes causes entranant les mmes effets, mmes si les formes varient. Kamae : la signification de kamae "consiste prendre par rapport aite la position la plus

avantageuse possible". Ceci est applicable en toutes circonstances. kata : un kata est une forme, un enchanement de mouvements seul ou deux, permettant de

travailler certaines techniques dangereuses ou certains savoir-tres (postures, mouvements) ; ki : on peut imager le ki comme tant la concentration ; il s'agit en fait d'un concept sotrique

plus vaste ;

kiai : cri permettant l' unification du ki ; d'un point de vue rationnel, ce cri permet la gestion du souffle au cours de l'effort et favorise aide la coordination des mouvements ; d'un point de vue sotrique, cela consiste frapper l'adversaire de son ki ;

ma ai : gestion du rythme et de la distance ;

rythme : s'accorder au rythme de l'adversaire, tre dans son mouvement , permet de le dsquilibrer ou de le frapper au moment opportun ; distance : tre suffisamment loin pour ne pas tre atteint (distance de scurit), tre suffisamment prs pour pouvoir atteindre l'adversaire ; la distance juste varie selon la discipline (contact en judo, distance d'un coup de pied en karate-do, distance des sabres croiss en kendo) et selon les circonstances (si l'on se place dans un angle mort , shikaku, on peut tre trs prs sans rien risquer) ; omote et ura : les coles d'arts martiaux (ryu) avaient une partie publique, dite omote, et une

partie prive, dite ura ; il y avait des techniques omote qui taient dmontres en public ou aux personnes de passage, les techniques les moins efficaces, les plus directes, et des techniques ura qui n'taient enseignes qu'aux lves fidles et avancs, les techniques les plus fines ; omote est souvent devenu un synonyme de de face tandis que ura a souvent pris le sens de par derrire ; rei : salut traditionnel en inclinant le buste, voir Salut en budo ; reishiki : tiquette, conventions garantes du respect entre partenaires, de l'intgrit physique et psychologique lors de la pratique ; sen : pourrait se traduire par initiative ;

sen no sen : les deux attaques sont simultanes ; go no sen : le dfenseur riposte avant que l'attaquant ait dvelopp son mouvement ; sensen no sen : l'attaquant agit avant que l'adversaire ne puisse ragir ;

shisei : position juste , on cherche toujours rester quilibrer, ce qui impose de rester le dos

droit et de travailler avec les jambes (on parle souvent de mouvement de hanches, koshi sabaki) ; zanshin : attention, vigilance, le fait de ne jamais se relcher, de prendre en compte

l'environnement.

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Budo et spiritualitDans leur forme originelle, les budos sont empreints de bouddhisme zen, de taosme et de shintosme (religion animiste traditionnelle). De nombreux livres et ouvrages sont son consacr l'tude de ces mouvements spirituels: la fois en raison de leurs origines : les coles, ou ryu, basaient sur des principes secrets

mystiques (mikkyo), notamment pour les techniques secrtes (okuden) enseignes uniquement aux tudiants les plus fidles : importance de lnergie vitale (ki), de la respiration (kokyu), du ventre (hara) qui est le sige du centre des nergies (seika tanden, quivalent dudantian chinois) mais aussi en raison de la volont de leurs crateurs dduquer les jeunes aux valeurs traditionnelles et de respect. Le recours la spiritualit tait galement un moyen de coder les descriptions des techniques afin que les crits (sous forme de rouleaux) soient incomprhensibles par les non-initis. Les crits n'taient ainsi en apparence que des lans mystiques mais taient en fait des mtaphores : le reflet de la lune sur le lac pouvait dsigner la distance entre les combattants, les deux sommets pouvaient dsigner les coudes Enfin, dans l'idal, le samoura devait renoncer la vie. C'tait la fois une preuve de l'engagement total au service de son matre, mais aussi une garantie de garder son calme et donc son efficacit en combat, n'ayant rien perdre. Cette dimension mtaphysique forte s'accompagnait bien videmment d'une grande religiosit.

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Budo et spiritualit (suite)Le concept le plus difficile saisir pour un europen est sans doute celui de vide(le vide est un des cinq lments de la tradition japonaise). La vacuit dans les budos peut se vulgariser par les notions suivantes : non-pense : ne pas se troubler lesprit pour ne pas dformer sa perception du monde, oublier la

peur pour combattre efficacement ; lesprit est similaire un lac refltant le ciel, sil est agit (par les motions), il dforme limage perue (do lexpression mizu no kokoro, le cur semblable leau ) ; le combattant qui a un but, celui de frapper son adversaire, restreint sa libert ; l'inverse, celui qui n'a pas de but, et notamment celui qui ne veut pas nuire, est libre d'agir sa guise, il est donc vainqueur ; c'est un autre sens de la non-pense ; non-action : ne pas sopposer lattaque mais la guider, percevoir lintention de ladversaire

sans laisser paratre ses propres intentions ; ainsi lattaque est matrise au moment mme o ladversaire la formule dans son esprit, laction se termine avant davoir commenc ; non-tre : agir non pas en opposition avec l'adversaire et l'environnement, mais au contraire en

s'unissant eux, c'est--dire ne pas s'opposer l'attaque mais la guider, et prendre en compte les contraintes de l'environnement ; d'un point de vue mystique, on ne peut vaincre l'univers ni se vaincre soi-mme ! Mais en s'unissant l'adversaire et l'univers, on perd son identit (nontre) ; le vide est une mtaphore de l'esprit, car comme lui, il est immatriel, insaisissable ; frapper

le vide signifie donc frapper l'esprit ; prenons par exemple le cas d'une coupe de sabre qui s'effectuerait non pas sur l'adversaire, mais devant lui ; cette coupe provoque un rflexe de recul, un effroi, le sabre a donc frapp le vide au sens propre (fendu l'air) comme au sens figur (intimidation) ; c'est un des sens de l'expression sabre instrument de vie (par opposition l'instrument de mort) ; en bouddhisme, l'existence et la non-existence sont la mme chose, ce qui est cach relve de

la non-existence alors que ce qui est apparent relve de l'existence ; ainsi, dans la croyance de la rincarnation, l'tre avant la naissance est de la non-existence, et la naissance est la rvlation cette non-existence, qui devient alors existence ; dans le budo, on peut dire que l'intention est non-existence et que le geste est existence, c'est une seule et unique chose qui est d'abord cache puis rvle ; le combattant doit donc tenter de percevoir l'existence (les mouvements de l'adversaire), mais aussi la non-existence (l'intention qui prcde les mouvements) ; De manire synthtique, un des lments fondamentaux du combat martial est d'agir en fonction des vnements (en harmonie avec l'univers ), et pour cela, il ne faut pas avoir d'a priori mais tre ouvert et lucide non-pense, non-action et non-tre. Cette dimension a dans certains cas totalement t mise de ct, notamment avec le judo de comptition et le karat full-contact. Dans certains cas, elle est au contraire fortement mise en avant encore de nos jours, notamment dans l'akido et le kyudo. De nombreux livres dcrivent plus encore cette philosophie ce chemin de penss.

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Le Reisehiki ( letiquette )L'importance de l'tiquette en akido est telle que Tamura Nobuyoshi, sensei dlgu par l'Akika lui a consacr un ouvrage prfac par l'aikidoshu Ueshiba Kisshomaru, fils du fondateur qui crit : "... L'tiquette est l'expression directe du cur ..." Reishiki est important en termes de respect, de courtoisie et de scurit.

Le mot dojo, lieu ddification , est driv du sanskrit bodhimanda, endroit o le moi ego devient le moi sans ego

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Principales rgles du Reishiki Saluer le portrait du fondateur en entrant dans le dojo Saluer debout ( ritsurei ) ou en seza ( zarei ), en direction du kamiza, en montant et en

descendant du tapis, Utiliser toujours une tenue et des armes en bon tat En cas de retard attendre debout ct du tatami que le professeur fasse signe de joindre le

cours Ne pas quitter le tapis pendant le cours sauf en cas de force majeure, dans ce cas avertir le

professeur Une dmonstration technique se regarde en seza, saluer le professeur quand il a fini Pour travailler avec un partenaire il faut le saluer Quand le professeur signale la fin du travail d'une technique s'arrter de suite, saluer son

partenaire et retourner s'assoir en ligne Ne pas rester debout sur le tatami sans travailler, ventuellement rester en seza ou en tailleur Pour poser une question au professeur s'approcher de lui et le saluer debout puis attendre sa

disponibilit Eviter de discuter technique, pratiquer, ventuellement guider son partenaire dans le mouvement Ne pas corriger une technique sans tre au moins ceinture noire Ne pas s'alimenter ou mastiquer sur le tapis

Ne pas porter de bijoux pendant la pratique Il faut se conduire avec un Bokken comme s'il s'agissait d'un vrai sabre. Le Reishiki peut sembler complexe mais son usage vient naturellement.

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Larrive dans un DojoQuand vous entrez dans un Dojo vous saluez en direction du Kamiza. Quand vous sortez dun Dojo vous saluez galement en direction du Kamiza. Pour votre premier cours, venez en jogging simplement. Il vous sera possible de vous familiariser avec le groupe d'akidoka, les techniques de bases et les chutes. Le Maitre du dojo vous recevra et vous introduira aux rgles du dojo. Quand vous vous installerez, vous vous positionnerez sur l'extrme gauche des autres akidoka.

Cette tradition vient des origines des arts martiaux. Les nouveaux n'tant pas connu du maitre devait tre mis en position de faiblesse par rapport au maitre. Car dans cette position le maitre pouvait dgainer son sabre plus rapidement pour contrer une attaque ventuelle de l'inconnu. (Les duels avec des maitres renomms taient frquents au moyen ge japonais) Cette tradition vient galement du fait que pour affaiblir une cole darts martiaux il faut lui retirer son savoir, en loccurrence le matre, et pour cela il arrivait frquemment quil y ai des attaques lors des entranements. Afin de pallier ce problme, les dbutants taient placs gauche, l o se trouvait la porte dentre du Dojo afin de les sacrifier en cas dattaque pour que les plus grads aient le temps daller protger le Matre.

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Le Code de ConduiteCertaines rgles sont gnralises et diffuses par les fdrations :

1. En montant sur le tapis et en le quittant, vous devez saluer.

2. Saluez toujours en direction du SHOMEN et du portrait du fondateur. 3. Respectez vos instruments de travail. Le GI (tenue de pratique) doit tre propre et en bon tat, les armes ranges lorsqu'elles ne sont pas utilises. 4. Ne vous servez jamais d'un GI ou d'armes qui ne vous appartiennent pas. 5. Quelques minutes avant la pratique, vous devez tre chauff, assis en seza, tous sur une mme ligne. Ces quelques minutes permettent votre esprit de faire le vide, de se dbarrasser des problmes de la journe et prparent l'tude. 6. Le cours commence et se termine par une crmonie formelle. Il est essentiel d'tre l'heure pour y participer mais si vous arrivez en retard, vous devez attendre ct du tapis jusqu' ce que l'enseignant vous fasse signe de vous joindre au cours. Saluez en montant sur le tapis. Veillez aussi ne pas perturber le cours. 7. La faon correcte de s'asseoir sur le tapis est la position en seza. Mais si vous tes bless au genou, vous pouvez vous asseoir en tailleur. N'allongez jamais les jambes et ne vous adossez pas au mur ou un poteau. Vous devez tre disponible chaque instant.

8. Ne quittez pas le tapis pendant la pratique sauf en cas de blessure ou de malaise. 9. Quand le professeur montre une technique, vous devez rester assis en seza et regarder attentivement. Aprs la dmonstration, saluez un partenaire et commencez travailler. 10. Ds que la fin d'une technique est annonce, arrtez immdiatement votre mouvement, saluez votre partenaire et rejoignez les autres pratiquants assis en ligne. 11. Ne restez jamais debout sur le tapis sans travailler. S'il le faut, restez en seza en attendant votre tour.

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12. Si pour une raison ou pour une autre vous devez absolument poser une question au professeur, allez vers lui, ne l'appelez jamais : saluez-le avec respect et attendez qu'il soit disponible. Un salut debout suffit dans ce cas. 13. Quand le professeur vous montre un mouvement en particulier pendant le cours, mettez-vous genoux et regardez attentivement. Saluez-le lorsqu'il a termin. Quand il corrige un autre pratiquant, vous pouvez vous arrter de travailler pour regarder. Asseyez-vous en seza et saluez de mme. 14. Respectez les pratiquants les plus grads. Ne discutez jamais propos de technique. 15. Vous tes l pour travailler, non pour imposer vos ides aux autres. 16. Si vous connaissez le mouvement et que vous travaillez avec qu'un qui ne le connat pas, vous pouvez le guider. Mais n'essayez pas de corriger si vous n'avez pas le niveau YUDANSHA (ceinture noire). 17. Parlez le moins possible sur le tapis. 18. Ne vous prlassez pas sur le tapis avant ou aprs le cours. Il est rserv ceux qui dsirent pratiquer. 19. Le tapis devrait tre balay chaque jour avant les cours et en fin de journe. Chacun est responsable de la propret du dojo. 20. Il est interdit de manger, boire, fumer, mastiquer du chewing-gum sur le tapis et en dehors pendant la pratique ni sur le tapis n'importe quel moment. 21. Le port des bijoux est proscrire pendant la pratique. 22. On dit habituellement "Onega shimasu" (littralement : je vous fais une requte, s'il vous plat) au moment du salut du dbut du cours et "Arigatoo gozamashita" (merci) en fin de cours. 23. Il convient de faire son possible pour respecter l'harmonie du dojo et donner de la plnitude la pratique.

Vous pouvez inviter quiconque venir regarder un cours n'importe quel moment, condition que les rgles suivantes soient observes :1. Prenez place avec discrtion, ne posez jamais les jambes sur un meuble et n'adoptez pas une position semi-allonge. 2. Il est interdit de boire ou de manger pendant les cours. 3. Ne parlez personne se trouvant sur le tapis. 4. Ne vous promenez pas pendant que le professeur montre ou corrige un mouvement.

Bien qu'il y ait de nombreuses rgles d'tiquette assimiler, elles viendront naturellement avec une pratique rgulire. Ne soyez pas vex si on vous corrige un dtail, car chacun est important pour la scurit de tous et a un but ducatif prcis. L'Akido n'est pas une religion mais une ducation et un perfectionnement de l'esprit.

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Le Reshiki par Daniel LECLERCDans un prcdent article sur le rle de lUke, javais introduit lide que lapprentissage de la technique ne se limitait pas la seule tude du comment lexcuter (shitachi, tori) mais galement, et surtout, comment la recevoir (uchidachi, aite). En ko Budo, cet apprentissage commence toujours par shitachi pour progressivement voluer vers uchidachi. En shin Budo (Akido, Judo, Kendo,), il est men en parallle ou, tout du moins, il devrait ltre. Je voudrais, cette fois, souligner le fait que le cheminement sur la Voie ne se limite pas au seul apprentissage de la technique, mme sil sagit l dune vidence. La comprhension des principes qui la sous-tendent nest pas moins ncessaire et indispensable pour aller de lavant et progresser sur la Voie. Parce que ce cheminement, si tant est que lon soit un peu attentif, nous porte, nous invite considrer, voire reconsidrer, certains lments du paysage martial, ou de la didactique martiale que nous avons cess de regarder, que nous avons cess dtudier, par ignorance ou, plus souvent, par suffisance. Lun de ces lments qui constituent, pourrait-on dire, la toile de fond, le dcor du monde martial, est le Rei-Shiki, ltiquette. En prliminaire, cependant, il ne parat pas inutile de rappeler la diffrence essentielle et, pourrait-on dire, existentielle, entre le Bu-Jutsu, qui constitue lArt Martial proprement parler, et le Bu-Do dont la traduction la plus fidle serait Discipline ou Voie Martiale, savoir : leurs priorits. En Bu-Jutsu classique, la principale priorit est lefficacit combative puis, en second lieu, vient la discipline et enfin la moralit. En Bu-Do classique, la moralit est la premire priorit, puis la discipline et enfin la forme esthtique. Mme si, bien des gards, le Bu-Jutsu peut tre considr aujourdhui comme un Bu-Do - dans le sens o sa ralit martiale nest plus adapte aux conditions de la guerre moderne -, chacun deux disposent dun reishiki particulier du fait que leurs priorits et leur finalit diffrent : Pour le premier, le comportement et les gestes sont conditionns par la ncessit de pouvoir rpondre instantanment et efficacement la moindre menace, au moindre signe dagression, Alors que pour le second, du fait de ses implications non-guerrires, le respect de ltiquette est dict par des considrations dordre essentiellement moral et spirituel. Bien souvent dconsidr par bon nombre de pratiquants, par ignorance ou par indiffrence, cet aspect de la pratique est de premire importance, alors mme quil na aucune application martiale. Il nest pas, cependant, lapanage du Budo japonais. En effet, pourrait-on imaginer un grand chef, sous prtexte que sa cuisine est bonne et renomme, servir ses plats dans la casserole o ils auraient mijot ? Certes, ils ne seraient pas moins succulents. Mais justement pour cela doivent-ils tre accommods de la meilleure faon, pour les mettre encore plus en valeur. Leur prsentation concourra donc crer lambiance idale leur pleine et totale apprciation. Cette recherche, au mme titre que lapprentissage de la technique, fait partie intgrante de la Voie, du DO, en ce sens quelle nous aide veiller notre conscience nos moindres faits et gestes et, finalement, trouver notre place. De surcrot, lobservance du Reshiki ne requiert aucune aptitude physique ou intellectuelle particulire de la part de celui qui lexcute, seulement louverture et la disponibilit de son esprit.

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LEtiquette DfinitionsLtiquette est lensemble des formes crmonieuses qui marquent les rapports entre les particuliers et qui constituent les rgles de comportement et de biensance observer dans un cadre donn comme, par exemple : La cour dun monarque, un lieu de culte, une clbration, quelle soit profane ou religieuse, sociale ou prive. Il est important de prciser que ltiquette est en rapport aussi bien avec la structure du groupe ou de la socit qui la institue quavec son histoire et quelle implique ncessairement une exprience existentielle. Mais, comme chacun aura pu le constater, plusieurs scnarios peuvent coexister dans une mme culture. Dans la culture japonaise, il existe plusieurs termes concernant ltiquette, savoir : REISHIKI, REIHO, REIGI, REIGI SAHO. Tous ces termes sont composs de lidogramme REI qui signifie littralement : salut, salutations. SHIKI signifie crmonie . REISHIKI pourrait donc se traduire par le crmonial . HO signifie loi . REIHO serait donc ltiquette proprement dite puisque sagissant des lois rgissant le salut REIGI est le terme utilis par N. Tamura dans son livre : AIKIDO tiquette et transmission : REI se traduit simplement par salut. Mais il englobe galement les notions de politesse, courtoisie, hirarchie, respect, gratitude. REIGI (ltiquette) est lexpression du respect mutuel lintrieur de la socit. On peut aussi le comprendre comme le moyen de connatre sa position vis vis de lautre. On peut donc dire que cest le moyen de prendre conscience de sa position. Le caractre REI est compos de 2 lments : SHIMESU et YUTAKA. shimesu : lesprit divin descendu habiter lautel yutaka : la montagne et le vase sacrificiel de bois qui contient la nourriture : deux pis de riz, le rcipient dbordant de nourriture, labondance. Ces deux lments runis donnent lide dun autel abondamment pourvu doffrandes de nourriture, devant lequel on attend la descente du divin la clbration. GI : lhomme et lordre. Dsigne ce qui est ordre et qui constitue un modle. REIGI est donc lorigine ce qui gouverne la clbration du sacr. Il est probable que ce sens se soit ensuite tendu aux relations humaines lorsquil a fallu instaurer le crmonial qui rgissait les relations hirarchiques entre les hommes. REIGI SAHO pourrait tre traduit par : les rgles de ltiquette , ce qui correspond au sens donn par les dictionnaires occidentaux. De faon plus pragmatique, lon peut dire que ltiquette constitue un code dont la signification ne peut tre perue que par les initis, cest--dire par ceux qui ont acquis les premiers lments dans la connaissance ou/et la pratique dune science, dun art ou dune pratique donne. Ce code est la marque dun groupe particulier ou dune relation particulire. Ltiquette introduit le novice la fois dans la communaut des pratiquants (shugyo-sha) et dans le monde des valeurs spirituelles. Elle lui apprend les comportements et lhistoire du groupe, mais aussi ses mythes et ses traditions. Ltiquette raconte pourquoi les choses sont ce quelles sont et comment elles nous sont parvenues. Elle raconte lhistoire de tous les vnements qui ont contribu faire de lart que lon pratique ce quil est aujourdhui. Il importe donc de la conserver soigneusement et de la transmettre intacte aux nouvelles gnrations de pratiquants. 47

Ltiquette est constitue dun ensemble de gestes non utilitaires, non pas quils ne servent rien mais, plutt, que lon peut sen passer. Ce geste nest matriellement pas rentable et peut mme tre considr par certains comme une perte de temps. Son but nest pas dans lefficacit immdiate. Il nest donc pas spontan comme ceux que lon a constamment dans la vie courante, sans mme devoir y penser. Il rclame vigilance de la part de celui qui lexcute et, en ce sens, contribue dvelopper chez le pratiquant le Zanshin (littralement traduit : lesprit rmanent ou la prsence ici et maintenant - desprit). Sa raison dtre ne se situe donc ni dans son utilit, ni dans sa rentabilit, mais dans la gratuit de ce quil induit. Pour quune chose soit bien faite, il faut la faire comme elle a t faite la premire fois, simprgner de ltat desprit qui a prvalu sa naissance et participer ainsi sa perptuation. La rptition symbolique du geste implique donc une ractualisation du geste initial et de lnergie qui la cr, avec la mme puret, la mme efficience et la mme virtualit intacte. En tant que symbole, il est charg de sens et doit devenir signe pour ceux qui le font comme pour ceux qui le voient faire. La rptition rigoureuse du geste rend possible la tabula rasa sur laquelle viendront sinscrire les rvlations successives du pratiquant, de celles qui pourraient lui ouvrir les portes de lesprit. Il doit tre simple, beau, emprunt de srnit (sans tension ni prcipitation), juste et harmonieux. Ltiquette ne vit pas uniquement dans une ralit immdiate . Sa symbolique pourrait sexprimer en ces termes : quon ne devient un pratiquant vritable que dans la mesure o lon cesse dtre un homme biologique, mcanique. Elle dmontre que le vrai pratiquant le spirituel - nest pas le rsultat dun processus naturel : il se fait. La fonction de ltiquette pourrait donc tre de rvler symboliquement au pratiquant le sens profond de lexistence et de laider assumer sa responsabilit dtre un Homme Total, pour ainsi participer lvolution spirituelle de lhumanit. En tudiant et en respectant ltiquette, on ne perdra pas de vue que le but de la recherche est, au fond, la connaissance de lhomme, de soi. Aussi, ltiquette constitue-t-elle une dmarche, une exprience essentielle dans la progression du pratiquant sil veut pntrer le message ultime du Budo, c'est--dire devenir capable dassumer pleinement et harmonieusement son mode dtre. Mais bien y regarder, ltiquette nest sclrose quen apparence. Et si lon se contente aujourdhui dimiter linfini les gestes transmis, on ne peut ignorer les innombrables transformations dont ltiquette a bnfici au cours de son histoire.

LEtiquette Pourquoi ? Le caractre des hommes ne se montre jamais mieux que dans les choses qui paraissent indiffrentes. (Proverbe) Il serait prtentieux de vouloir dresser une liste exhaustive de lensemble des rgles de ltiquette. De surcrot, certaines de ces rgles peuvent diffrer dun pays lautre, ou plus prcisment dune culture lautre. Ainsi, au Japon, il est inconcevable de plier son hakama sur le tatami alors que cette faon de procder semble avoir t adopte dans tous les autres pays du globe. Ltiquette, cependant, exige que le pratiquant ne plie pas son hakama dos au kamiza. Cet exemple illustre quel point les rgles de ltiquette ne sont pas graves dans la pierre et doivent ncessairement sadapter, notamment lorsquelles sont issues dune culture diffrente de la sienne. Si en Akido les rgles de ltiquette semblent relativement uniformes, il nen est pas de mme de disciplines martiales telles que, par exemple, lIai o ltiquette peut varier dune cole lautre au 48

point de paratre contradictoire, notamment la position du sabre lors du salut au kamisa ou au sabre luimme. Dans un domaine plus religieux, le signe de croix nest pas excut de la mme faon par les Catholiques, les orthodoxes, les Protestants, les Nestoriens, les Coptes, les Jacobistes et autres. Mais tous, sans exception, font un signe qui symbolise la croix et la passion du Christ. Ces diffrences, en apparence discordantes, dmontrent la fois la diversit et la cohrence de la nature humaine. Elles justifient la multiplicit des formes et confirment luniversalit des principes. A ce stade, il est intressant de relever ltrange homonymie entre les mots thique et tiquette ( tel point quil ne serait pas choquant dcrire lthiquette de cette faon). En effet, ne concerne-t-elle pas les rgles de conduite, la morale ? Il nest pas dans notre intention dinventorier et rpertorier les multiples rgles de ltiquette martiale travers les ges et les cultures. Lide nest pas inintressante mais dborde largement le cadre de cet expos. Elle permettrait en revanche de mesurer quel point nos comportements sont conditionns par nos rapports avec lautre et les divers modes de prvenir les conflits. Mesurer, par exemple, que la prohibition du port darmes a permis de se saluer en se serrant la main, ce qui tait parfaitement inconcevable avant. Comprendre que le geste de trinquer tait conditionn par le fait que le mlange des liquides au moment o les verres sentrechoquaient permettait de sassurer quaucun poison navait t vers dans lun dentre eux. Ainsi, bon nombre des gestes encore utiliss de nos jours dans nos comportements relationnels taient lorigine conditionns par la ncessit de rester vigilant en toutes circonstances, cest--dire en tat dveil permanent. A fortiori, cette vigilance sadressait-elle en premier lieu ceux qui avaient choisi le mtier des armes et pour lesquels la moindre faute dinattention pouvait tre fatale. Ce nest plus le cas aujourdhui lorsque lon tudie le Budo et les nostalgiques pourront toujours se tourner vers la Lgion Etrangre ! Beaucoup de pratiquants confondent encore ltude de la technique et son ventuelle application sur un champ de bataille urbain ou, autrement dit, ltude du Budo et la bagarre de rue. A ce point, je me permets de citer Nishioka Sensei (Menkyo Kaiden de la Shinto Muso Ry Jo) dans un article intitul : Quelques penses sur les Arts Martiaux japonais : On ntudie pas le Budo japonais pour apprendre une mthode efficace de blesser ou tuer les autres. Le Budo conduit le pratiquant un plus haut niveau de moralit pour que, dans une situation de vie ou de mort, non seulement il puisse prserver sa propre vie, mais galement celle de on ennemi. On atteint ainsi un idal de vie : la prservation du plus haut niveau dhumanit. Tout dans lunivers a ses rgles, sa logique, sa raison dtre, y compris lanarchie. Que seraient les religions sans leurs rites, les socits sans leurs us et coutumes, lunivers sans ses rythmes ? Le Reishiki, dans la didactique empirique du Budo japonais, enseigne connatre sa place, aussi bien dans que hors du dojo, parce que chaque groupe damis, chaque socit, chaque culture possde ses rgles propres, crites et non crites, qui conditionnent notre comportement. Ce savoir permet au Budoka -au guerrier ou lhomme rus,- de percevoir quasi intuitivement les rgles et les usages de lendroit o il se trouve pour ainsi sy mouvoir et sy relationer harmonieusement. Mais ltiquette martiale, le reishiki, enseigne avant tout au pratiquant un mode de comportement qui devrait le rendre plus conscient de ses paroles, de ses actions et de ses penses ! Parce quau bout du compte, on ne pratique pas le Budo pour devenir plus fort, mais meilleur 49

La Tenue de lAikido

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La TenueLa tenue d'akido est compos du Keikogi ou Dogi, une tenue blanche pareil a la tenue de Karat-do ou de Judo (mais aussi les prtres dans les temples), Compose du Kimono et du Obi (la ceinture). Pour les grads titulaires d'une premire Dan et plus, un Hakama est port par dessus le pantalon. Souvent, dans le domaine des arts martiaux, les europens pensent que le hakama peut tre vu comme une marque de haut grade, au mme titre que la ceinture noire, mais il n'en est rien. En fait, dans l'histoire du Japon, le hakama indiquait l'appartenance un groupe. Chaque dojo ou temple, disposait d'un schma de hakama qui permettait de savoir de quel dojo venait le pratiquant (ou prtre). N'oublions pas qu'au Japon, la notion de groupe est trs importante, plus que la notion d'individu. Ainsi, lorsqu'un nouveau pratiquant rejoignait un dojo, on se dpchait de lui offrir son hakama, afin que l'on puisse l'identifier comme appartenant au groupe. Il n'tait pas du tout question de niveau de pratique, seulement d'appartenance. Cet amalgame provient d'un fait historique: Aprs la guerre au Japon, le prix des hakama tait si lev qu'il ne restait plus beaucoup de gens qui pouvait s'offrir un hakama. Ainsi, seuls ceux qui avaient achet des hakamas avant la guerre en portaient. Et quand les soldats amricains dbarqurent au Japon, ils virent que ceux qui portaient le hakama taient meilleurs que ceux qui n'en avaient pas, en effet les plus ancien en portaient et les plus jeune non. Et comme le systme de ceintures de couleurs tait dj connu, ils se sont dit que le hakama devait tre la mme chose pour l'Akido, cela refltait le niveau. Et voila comment les gens ont fini par croire que le hakama tait la reconnaissance d'un haut grad. Donc, maintenant, le hakama reprsente effectivement une garantie de niveau, mais dans l'esprit, il reprsente l'appartenance. Aprs, il faut savoir que le nombre de plis du hakama possde aussi une signification. D'aprs O seinsei Morihe Ueshiba, les 7 sept plis rappelle les sept vertus du Budo: l'arrire du hakama -Chu : La loyaut, -Koh : le respect des fondamentaux. l'avant du hakama -Gi : Les valeurs morales de justice et d'honneur, -Jin : La charit et la gnrosit, -Rei : Courtoisie et l'tiquette (la gratitude), -Shinn : La sincrit et l'engagement, -Chi : sage et intelligence,

Ses plis ont une signification religieuse pour les japonais. Les deux plis l'arrire drivent d'un verset d'un mythe japonais. D'aprs cette histoire, l'poque de l'unification nationale du Japon, les Dieux de la guerre aidrent le Dieu du soleil (le plus important des Dieux japonais) et travaillrent ensembles pour grer une nation en n'utilisant que leur dignit, et sans recourir l'usage des armes. Chacun des plis reprsente un Dieu de la guerre, nomms Take-Mizazuchi-no-Kami et Futsu-Nushi-no-Kami. Le Koshi-ita, qui rassemble les deux plis, reprsentent le Dieu du soleil, Amaterasu-Omikami. Dans son ensemble, cela reprsente le concept de Wa (harmonie). Les cinq plis l'avant reprsentent les cinq principes qu'une personne doit possder: Jin (l'affection), Gi (la vertu), Re (la courtoisie), Chi (la sagesse), et Shin (la sincrit).51

Faire sa Ceinture

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Plier son Keikogi (son Kimono )

Bien ranger son keikogi, son habit, est la faon de bien finir son entrainement. Une dernire petite attention pour bien commencer la prochaine, anticipation ... l'akido ! Et avoir un kimono propre et sans froissure. Il y a aussi savoir qu'il est recommand d'avoir plusieurs keikogi, deux au minimum. Ceci simplement pour des questions pratiques et d'hygines, pendant que vous lavez votre keikogi aprs votre entrainement, vous pouvez prendre votre deuxime tenue pour le prochain (en attendant que le premier sche).

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Le HakamaOriginesLe mot Hakama vient du mot Hakamo qui dsigne un vtement port partir de la taille par les femmes dans les temps anciens. Il est possible de retrouver ce mot dans Nihonshoki : annales historiques rdiges en 720, et aussi dans le Kojiki : chroniques historiques, allant de la cration du Japon l'an 628. Ce mot est couramment utilis depuis l'poque des dieux. Le Hakama a volu en fonction des poques et l'on peut penser que le Hakama d'Akido utilis notre poque provient de l'quitation possdant un large pli d'aisance (largissure) l'entrejambes. Le Hakama tait, l'origine, un moyen de protection des jambes des cavaliers contre les arbustes, etc. similaire aux pantalons des cowboys. Le cuir tant difficile trouver au Japon, un matriau pais lui fut substitu. Aprs, les samouras sont descendus de cheval, et sont devenus des soldats pied. Les samouras pied ont persist porter les vtements des cavaliers afin de marquer leur diffrence et de pouvoir tre plus facilement identifiables. Il y avait plusieurs sortes de Hakama. Un Hakama tait un genre de jupe en tube, sans "jambes". Un autre tait semblable, mais beaucoup plus long, et tait port lors des visites au shogun ou l'empereur. Ils avaient environ 12 15 pieds de longueur, et taient plis et replis, placs entre les pieds et l'arrire du visiteur (avec l'aide d'un habilleur). Cela rendait leur dplacement genoux (shikko) difficile, ainsi que la cache ventuelle d'une arme.

Hakama et AikidoO' Sensei tait catgorique sur le fait que tout le monde doive porter le Hakama. Le Hakama n'est pas la reconnaissance d'un niveau ou d'un grade. Tout pratiquant peut le porter. Le fondateur commena enseigner son art des notables, des nobles, des personnalits haut placs pour qui le Hakama ne posait pas de problme de cot. Plus tard il laissa ses jeunes lves le choix de pratiquer sans le Hakama jusqu' ce qu'ils puissent en acheter un en tant certains de continuer la pratique. Ainsi, les occidentaux crurent que le port de l'Hakama tait li une certaine anciennet ou un grade, alors qu'il ne s'agissait que d'un problme pcuniaire. Saito Sensei raconte une histoire sur le Hakama dans le dojo de O' Sensei, il y a longtemps. La plupart des tudiants taient trop pauvres pour en acheter un. Cependant, tout le monde devait le porter. S'ils ne pouvaient en rcuprer un d'une vieille relation, ils retiraient la couverture d'un matelas, la teintaient, et la donnaient une couturire pour en fabriquer un. Parce qu'ils taient obligs d'utiliser les teintures les moins coteuses, plus tard, l'imprim original multicolore du tissu rapparaissait, et le tissu ne tenait plus son garnissage. Dans le chapitre concernant le Hakama, dans le livre "Principes de l'Akido", Saotome Sensei mentionne que le Hombu dojo tait un endroit pittoresque quand s'y entranaient des Hakama de toutes les couleurs.

Le vtementLe Hakama traditionnel n'tait pas d'une couleur uniforme. Il avait des dessins tisss ou imprims. Le Hakama doit atteindre la mallole externe de la cheville. Plus long, il devient gnant. A prsent, le Hakama de couleur blanche est habituellement port par les matres d'aprs guerre. Auparavant, le Hakama blanc tait port par les dbutants. Le deuxime doshu, Kishumaru Ueshiba, portait un Hakama de couleur grise ; O Sensei portait indiffremment un Hakama blanc ou noir. Dans beaucoup d'coles, seules les "ceintures noires" portent le Hakama. Dans d'autres, tout le monde en porte. Dans certaines, les femmes peuvent commencer le porter plus tt que les hommes (le gi tait, l'origine, un sousvtement; cette pratique a t soumise controverses par les femmes pour cause de discrimination). Gnralement dans les clubs en France, le Hakama est assujetti un grade, mais dans certains clubs, le professeur en accorde le port l'lve qui montr son engagement dans la pratique, et qui chute correctement sur la plupart des techniques.

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Les plis du Hakama Les sept plis du Hakama symbolisent les sept vertus du Budo. Nous retrouvons ces qualits chez le samoura d'antan. Le Hakama nous incite reflter la vraie nature du bushido. Le port du Hakama symbolise les traditions qui se sont perptues de gnration en gnration. L'Akido tant issu de l'esprit du bushido, nous devons nous efforcer