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Fribourg de plain-pied dans le développement durable LE MAGAZINE ROMAND DE L’ÉCONOMIE VERTE N°2 | 2013 | 10.- CHF ! René Longet : « LES CENTRALES NUCLÉAIRES NE SONT PAS ÉTERNELLES»

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DESCRIPTION

Green Business n°2/2013, avec un dossier spécial consacré au Canton de Fribourg. Le magazine romand du développement durable et des cleantech. Lu par par les chefs d'entreprises, les services cantonaux et fédéraux, les communes, les grandes entreprises et les PME, organisations et associations professionnelles, chambres de commerce, régies immobilières, bureaux d'ingénieurs-conseil, presse romande

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Fribourg de plain-pied dans le développement durable

LE MAGAZINE ROMANDDE L’ÉCONOMIE VERTE

N°2 | 2013 | 10.- CHF

! René Longet : «LES CENTRALES NUCLÉAIRES NE SONT PAS ÉTERNELLES»

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Green Business N°2 | Avril 2012

BONJOUR !

EditoSommaire

Green Business – Henri-Maxime Khedoud – Directeur de la publication – Domaine de Pont de Sierne – 2 Route du Pas-de-l’Echelle – 1255 Veyrier – Genève - Tél/Fax. 022 890 07 37 – [email protected] – www.swissgreenbusiness.ch Rédaction – Matthieu Chenal, Claude Desboeuf, Chloe Goudenhooft, Isabelle Kottelat, Hélène Lelièvre, Contributeurs – Isabelle Chevalley, Anne Claude Imhoff, Bird. Conception et réalisation – www.brandlift.ch Papier – Cyclus Print mat couché léger deux faces blanc – Impression FSC Tirage – 5000 exemplaires

Impressum

On ne souligne plus le développement rapide de Fribourg, ce canton situé entre la mégalopole lémanique et la Suisse alémanique, ce canton connu pour sa double crème, son chocolat et son château de Gruyère, pour sa Saint Nicolas et la bataille de Morat, sans oublier ses bénichons. Comment expliquer son succès ? Le Fribourgeois a la réputation d’être travailleur, persé-vérant, têtu parfois, et ne s’embarrasse pas de préjugés. Là où d’autres, plus gouailleurs, tergiversent et « cérébra-lisent », lui, prend les moyens et fonce. Pragmatique.

Développement industriel continu depuis l’ouverture de la N12 puis de la N1, certes, mais cela n’explique pas tout. En plus de cet esprit de « bosseur », il y a le soutien de l’Etat. Un homme bien sûr, Béat Vonlanthen, qui incarne bien cette image du Fribourgeois, mais derrière lui, toute une administration. Celle-ci occupe le deuxième rang au classement général d’une étude sur la compétitivité des administrations cantonales de Suisse latine*, derrière le Tessin qui vient d’interrompre le règne des « Dzodzets » ininterrompu depuis 2007. A noter que l’administra-tion fiscale occupe toujours la première place, tandis que Genève est dernier et Vaud, antépénultième. C’est un signe de

confiance pour l’économie, un facteur de stabilité pour les entreprises. Avec Bluefactory, l’EPFL a reconnu les com-pétences et le potentiel de cette région riche en traditions certes, mais réso-lument tournée vers l’avenir et qui se donne les moyens de ses ambitions.

ROLAND LEIMGRUBER, CONSEILLER ÉDITORIAL

*Etude MIS-Trend mandatée par les Chambres de commerce de Suisse latine.

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Le magazine de l’économie verte N°2 | Juillet 2013Internet : www.swissgreenbusiness.ch E-mail : [email protected]

" Modèle à suivre ?Facts & Trends 04 - 05

SPECIAL FRIBOURGInterview de Beat Vonlanthen 8 - 9

Formation 10 - 11

Eclairage public 12

Maisons passives 14 – 15

Ecologie industrielle 19

Innovations 20 - 23

Energie 24

Achats durables 25

Transports 26 – 27

Industrie 28 – 29

Point de vue 31

Vie des entreprises 32 – 33

Construction 34 – 35

Recyclage 36

Cité de l’énergie 37

Eolien 38

«printed in switzerland» est le nouveau label de qualité et d’origine pour les imprimés provenant de Suisse.

Compétence et fiabilité, mais aussi précision et confiance constituent les fondements des produits imprimés en Suisse. De plus, les imprimés suisses se distinguent par leur qualité et leur polyvalence.

La marque de qualité «Suisse» est reconnue mondialement et jouit d’une excellente réputation. Ainsi, la mention «printed in switzerland» représente bien plus qu’un simple label. Elle est synonyme de produits premium conçus au plus haut niveau.

IMPRIMEUR CONSEIL

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Entreprise certifiée FSC depuis 2008N° de certification SQS-COC-100233

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"!Nestlé photovoltaïqueRomande Energie et Nestlé produiront de l’électricité photovol-taïque grâce à la mise en place d’un premier parc solaire sur le toit du centre administratif de Nestlé à Bussigny. Une convention a été signée entre les deux parties sur la réalisation de plusieurs parcs solaires sur les toits des sites de la société veveysane. Celui de Bussigny est désormais équipé de 1 197 panneaux photovol-taïques pour une production annuelle de 314.000 kWh, soit la consommation de 87 ménages.

"!And the winners are Trois lauréats ex aequo au concours cantonal du développe-ment durable 2013 de Genève. L’association Genèveroule pour «Mécaniciens volants». BioMobile.ch qui se distingue grâce à son véhicule à très faible consommation qui contient des composants en matériaux verts. Bois Forêt Scierie (BFS) est récompensée pour son projet d’une scierie mobile de copeaux de bois.

"!Fin des batteries ?Wysips pourrait sonner le glas des piles et batteries. Cette tech-nologie de la française Sunpartner Group transforme tout écran exposé à la lumière solaire ou non en surface productrice d’éner-gie : smartphones, tablettes, vitrages de fenêtres. En puissance restituée, les prototypes génèrent 3 milliwatts par cm! d’écran.

FACTS & TRENDS

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" Radiateurs de calcul

" Taxiage électrique

Les data-centers dégagent une grande quantité de chaleur par leurs calculs. Comme rien ne se perd, la start-up parisienne Qarnot Computing récupère cette chaleur en installant dans les entreprises et chez les par-ticuliers des microprocesseurs montés sur un radiateur en aluminium, qui chauffent gratui-tement le logement en traitant des données pour le compte

d’entreprises. Son fondateur Paul Benoît prévoit d’installer 100 000 radiateurs d’ici cinq ans, pour 20 000 logements. En juin 2014, cette jeune pousse inaugurera 300 radiateurs d’un immeuble parisien. Rien ne dis-tingue ces «radiateurs-ordina-teurs» d’un simple convecteur et les serveurs sont silencieux. La température se règle à l’aide du thermostat.

Un gros porteur consomme envi-ron une tonne de kérosène au sol. Les avions pourront bientôt rouler à l’électricité grâce aux technologies silencieuses Green Taxiing. En partenariat avec Airbus et le fabricant de tracteurs d’avions TLD, l’entreprise IAI met au point un engin électrique dont le roulage est actionné depuis

le cockpit. De son côté, Safran avec Honeywell développe l’EGTS (electric green taxiing system), un système qui consiste à intégrer des moteurs électriques au train d’atterrissage principal. Commercialisé en 2016, ce pro-cédé économisera 4% de kérosène par vol. Le marché est évalué à quatre milliards de francs.

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"!Iland, maillot jaune Après la Bourse de Berlin, Iland Green Technologies, leader dans le photovoltaïque et portable, prévoit son entrée au marché élargi de la Bourse de Zurich pour fin 2013. C’est la première start-up neuchâteloise du Parc scientifique Neode à gravir les hautes sphères financières.

"!Cercueil bloquéPas facile pour la petite PME française Ecocerc d’écouler ses petites bières de cellulose, bon marché de surcroît: 390 francs. Malgré l’obtention de toutes les certifications sanitaires, ce cer-cueil biodégradable est boudé par la plupart des services funé-raires municipaux de l’Hexagone. Cartel quand tu nous tiens !

FACTS & TRENDS

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" Evionnaz Première

" La Botella de hielo

" Sac durable

Rabotage du Rhône, spécialisée dans le bois à Evionnaz, abrite depuis fin mai la plus grande centrale photovoltaïque du Valais, réalisée en partenariat avec le Groupe SEIC-Teledis et Elioweld. En tout, 10 000 m2 de modules solaires.

Accusée de causer d’irréver-sibles désastres sur les nappes phréatiques, Coca-Cola multi-plie les ripostes à connotation environnementale. Sa dernière trouvaille : le lancement en Colombie de la Botella de hielo. Traduction : la bouteille de glace qui fond au soleil, presque entièrement biodégradable. Pour autant, Coca n’envisage

pas de la commercialiser. Un buzz aussi crédible que sa bouteille biodégradable.

BioApply, spécialiste des sacs biodégradables et compos-tables, a lancé en mai la gamme « biobased ». Fabriqués à 100% en matière végétale européenne sans OGM, ces sacs réalisent un bilan CO2 optimisé jusqu’à 70% par rapport à ceux en polyéthy-lène. L’économie d’énergie est de plus de 30% par rapport au plastique traditionnel.

" Eco-LabelDans le cadre de son programme Eco-label, le cabinet Sponsorize, basé à Genève, a octroyé cette distinction officielle à plus de 250 entreprises. Cet engagement écologique sanctifie leurs efforts dans les économies d’énergie, la mobilité douce ou le tri et la valo-risation des déchets. Travaillant main dans la main avec les col-lectivités publiques, Sponsorize

organise également des ateliers comme celui de mai dernier à l’OPI de Genève. Plusieurs intervenants se sont exprimés sur les mesures incitatives pour diminuer sa consommation d’énergie, dont Frédéric Gillet de l’OCEN. Prochain événement : 17 septembre 2013. Visite de l’ate-lier ecologistic des EPI à Genève et table ronde sur le recyclage.

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"!Bâtiments intelligents et flexibles Trois partenaires suisses le CSEM, Planair et Amires et un consortium de 15 partenaires industriels et académiques sont partie prenante du projet européen Ambassador (système de management autonome développé à l’échelle des bâtiments et des quartiers). Objectif : développer des systèmes et outils pour optimiser l’usage de l’énergie à l’intérieur d’un quar-tier. Montant : près de 8 millions de francs pour utiliser des modèles comportementaux en temps réel sur des bâtiments et quartiers.

"!CSEM, CERN: l’allianceFin mai, le CSEM (Centre suisse d’électronique et de microtech-nique) et le CERN se sont alliés afin d’améliorer les perfor-mances de son nouvel accélérateur de particules, le grand collisionneur de hadrons. Cette coopération portera sur le développement de microstructures en silicium conçues pour refroidir les surfaces des détecteurs de suivi des particules. Les innovations technologiques issues de cette collaboration mettront au point de nouveaux dispositifs de refroidissement, plus compacts, plus précis et de faible encombrement, adaptés aux futurs systèmes électroniques tridimensionnels (encapsu-lation 3D).

"!Ne pas tomber dans le panneau ! L’Europe est en train de livrer une guerre douanière aux fabri-cants chinois de panneaux photovoltaïques. S’il est inconce-vable de laisser Pékin écouler à prix écrasés sa production sans respecter les règles du jeu, il importe de ne pas tomber dans le panneau. Une taxe de 20% sur les importations chinoises risquerait de supprimer près de 170000 emplois en Europe. Les raisons ? Dans un panneau solaire, il y a 30% de la valeur qui revient à la production, Tout le reste, l’ingénierie et l’appareil électrique, est fourni sur place.

"!Un expert à Genève L’Université de Genève (UNIGE) et les Services industriels de Genève lanceront à la rentrée une chaire en efficience énergé-tique. Pour piloter ce projet, l’UNIGE a fait appel au professeur Martin Patel, expert européen de ce domaine. Pour atteindre cet objectif, M. Patel entend également exploiter les étroites collaborations que l’UNIGE entretient avec les Hautes écoles spécialisées, l’EPFL, le Triangle Azur et d’autres institutions dans le cadre du plan d’action fédéral «Recherche énergétique suisse coordonnée».

"!Feedback durable ecobs.ch est une nouvelle plate-forme d’échange d’idées et d’opinions. Lancée en avril dernier en Suisse, cet observatoire neutre de la durabilité veut encourager le développement et l’élaboration d’initiatives durables auprès des entreprises et collectivités publiques. Les consommateurs donnent leur avis sur les produits et services utilisés.

" Biomass to SyngazLes Français Air Liquid et le Centre de l’énergie atomique (CEA) vont transformer la biomasse en gaz de synthèse. Cette production se réalisera par voie thermochimique. Pour la collecte et le condi-tionnement de la biomasse, le CEA développera une chaîne de procédés de prétraite-ment permettant de broyer en poudre fine, mettre sous pression, doser et convoyer de la biomasse solide (rési-dus de bois notamment). Ce procédé réduira la dépense énergétique, en comparaison avec d’autres prétraitements thermiques. La gazéification se réalisera à partir d’un oxy-brûleur fonctionnant à haute température avec de l’oxygène à la place de l’air. Les gaz seront ensuite traités, puis

convertis en carburant via la synthèse Fischer-Tropsch. Ce concept innovant sera expé-rimenté sur une unité-pilote BtS à une échelle de 1 tonne/heure. La première phase a débuté mai dernier.

Pages réalisées par CHLOÉ GOUDENHOOFT

© P.

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CEA

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8 INTERVIEW

Vers la société à 4000 Watts en 2030

L e canton de Fribourg prône depuis plusieurs années la mise en place d’une politique

de développement durable, notam-ment à travers l’énergie mais aussi via d’autres projets. Président de la Conférence des directeurs can-tonaux de l’énergie, Beat Vonlan-then, conseiller d’Etat, en charge de l’économie et de l’emploi, nous en dévoile les lignes directrices.

"!Quels sont les objectifs de la politique énergétique du canton de Fribourg ? Le canton de Fribourg mène une politique énergétique très ambitieuse. Il a lancé sa stratégie en 2009. Elle vise à atteindre la société à 4000 Watts en 2030. Il semble que cette stratégie soit même trop ambi-tieuse et c’est pour cette raison que nous avons dû réduire un peu la voilure après la votation populaire du 25 novembre dernier relative à la révision de la loi sur l’énergie.

" Selon vous, pour quelles rai-sons le peuple a-t-il refusé, à quelques voix près, cette révi-sion ? Cette révision comprenait une obligation de remplacer les chauffages électriques. C’est uniquement cet article qui a été contesté. Je pense qu’il a été refusé parce que les citoyens n’aiment pas les contraintes légales qui touchent à leur porte-monnaie. Nous avons donc pris en considération ces aspects limitatifs avant de proposer un nouveau projet de loi sur l’énergie. Mais cela nous a aussi donné des indications sur la démarche à adopter pour ce type de révision. Il est important de lancer des mesures incitatives et de prévoir des dispositions contraignantes qui doivent être accompagnées par une campagne de persuasion sociale. Mais dans le cas présent, même avec cette limitation sur les chauffages, nous sommes en mesure d’atteindre nos objectifs.

" Quelles sont les principales modifications de la nouvelle loi ? Ce nouveau projet de loi comporte plu-sieurs volets et notamment l’exemplarité de l’État et des communes, dont l’assai-nissement de l’éclairage public d’ici 2018. Nous voulons en outre rendre obligatoire le certificat énergétique des bâtiments, interdire les chauffages en plein air, développer la production d’électricité et de chaleur par les énergies renouvelables. Nous allons par ailleurs prochainement lancer une grande campagne de sensi-bilisation pour réduire la consommation d’électricité avec pour objectif d’atteindre la stagnation de cette consommation. C’est déjà un objectif très ambitieux.

" Quand vous parlez d’exempla-rité, qu’est-ce que cela signifie ? Au sein de l’administration fribourgeoise, nous essayons au quotidien de donner l’exemple. Cela passe notamment par la mobilité douce. Nous avons acheté des vélos électriques pour les collaborateurs de l’administration cantonale. J’en ai moi-même essayé un, mais je ne peux pas les utiliser au quotidien, en raison du manque de place pour tous mes dossiers sur le porte-bagages ! Par ailleurs, au sein de l’administration, il y a le projet

Frivert, qui produira du courant vert en utilisant les toits des bâtiments publics. Un autre exemple porte encore sur l’obli-gation faite aux communes d’améliorer l’efficacité de leur éclairage public d’ici à 2018.

" Vous évoquez aussi le déve-loppement des énergies renou-velables. Quels sont les projets cantonaux en la matière ? Dans l’éolien, nous avons engagé plusieurs études pour mieux utiliser cette énergie. Mais ce sont des projets très difficiles à réaliser en raison des nombreuses oppositions. Nous devons réussir à convaincre que pour se passer du nucléaire, il faut parfois être un peu moins stricts sur les conditions envi-ronnementales. Il faudrait pour cela une certaine flexibilité des associations de protection de la nature. Toute une série de projets solaires sont réalisés avec le soutien des fournisseurs d’énergie. En outre, beaucoup de propriétaires pro-fitent de la rétribution à prix coûtant pour leurs propres installations. Enfin, on peut encore mentionner les projets de géothermie profonde qui seront réalisés à Fribourg, sur le site de blueFACTORY, à Bulle et à Morat.

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Beat Vonlanthen : « L’administration fribourgeoise essaie au quotidien de donner l’exemple. »

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" Hormis la stratégie éner-gétique, comment le canton s’engage-t-il dans la voie du développement durable ? La politique économique du canton va aussi clairement dans la même direc-tion. Nous soutenons très fortement les technologies propres, notamment à travers l’implantation d’entreprises. Ces derniers mois, nous avons encore renforcé cette direction en créant le site blueFACTORY qui sera le premier et l’unique parc technologique suisse «zéro carbone». Le projet d’implan-tation du Smart Living Lab, un centre de recherche commun entre l’EPFL, l’Université et l’Ecole d’ingénieurs et d’architectes (EIA-FR) de Fribourg, dans le domaine de l’habitat intelligent, y compris sur l’aspect comportemental, va également dans ce sens.

" Vous avez récemment pré-senté le IDeal Index lors de l’assemblée générale de l’ARE (Assemblée des Régions d’Eu-rope) à Paris, pouvez-vous nous expliquer de quoi il s’agit ? Nous avons constaté que la plupart des chiffres quantitatifs qui se focalisaient sur le PIB ne pouvaient pas donner de vue d’ensemble correcte sur la réalité.

Nous avons donc voulu créer un indica-teur qui ajoute une information sur la qualité de vie ou les énergies renouve-lables. Les membres de l’ARE ont bien accueilli ce nouvel outil de benchmar-

king. Fribourg occupe une bonne place dans le classement des 12 régions qui ont accepté de participer au projet pilote.

Propos recueillis par HÉLÈNE LELIÈVRE

FRIBOURG SE DÉFEND BIEN

IDeal Index est le nouvel indicateur régional de la qualité de vie. Paola Ghillani (photo), CEO de Paola Ghillani & Friends nous en explique les grandes lignes.

Les résultats pour le canton de Fribourg vous ont-ils surpris ?Le volume de déchets et la consomma-tion d’eau y sont moins élevés que la moyenne, par contre la consommation d’énergie révèle une proportion faible d’énergies renouvelables. Pour les autres domaines, le canton de Fribourg occupe la troisième place des douze régions étu-diées. La qualité de vie y est plus élevée que la moyenne. Il importe toutefois de modérer ces résultats, car il s’agit d’une phase pilote. Pour une analyse plus fine, il faudra attendre début 2014.

Comment le canton doit-il prendre en compte ces résultats? Pour le canton de Fribourg, les priori-

tés d’amélioration devraient s’orienter principalement sur la diminution de la consommation d’énergie et la promotion des énergies renouvelables.

Comment est né l’IDeal Index?Avec Beat Vonlanthen, nous avons constaté que, malgré la crise de 2008, le PIB était en pleine croissance. D’où l’initiative de créer un autre indicateur qui reflèterait davantage le progrès véri-table et le bien-être des sociétés et des citoyens. (propos recueillis par Hélène Lelièvre)

blueFACTORY, sera le premier parc technologique suisse «zéro carbone», illustrant ainsi le soutien du canton aux cleantech.

SPÉCIALFRIBOURG

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10 FORMATION

Se former dans le domaine de l’énergie

Sur mandat de l’Etat de Fribourg, l’Ecole d’ingénieurs et d’archi-tectes de Fribourg a récemment

mis en place un programme de for-mation dans le domaine des énergies renouvelables. Sa cible: les profes-sionnels. La récente décision de la Suisse de sortir du nucléaire va entraîner de profonds bouleversements dans le domaine de l’énergie. De nouvelles ressources devront être développées et mise en œuvre avec des objectifs de compétitivité. Conscient de ces enjeux, le canton de Fri-bourg a décidé d’accompagner les profes-sionnels du domaine dans cette mutation énergétique. Et le premier défi à relever dans ce contexte est de parer au manque de spécialistes. Le canton a donc man-daté l’Ecole d’ingénieurs et d’architectes de Fribourg (EIA-FR) pour la création et la gestion d’un programme de formation

continue, comme l’explique Nathalie Bachmann, responsable du programme Energies renouvelables et efficience énergétique: «L’objectif de ce programme est de disposer de suffisamment de spécialistes pour faire face au tournant énergétique. Actuellement, on constate une pénurie significative de profession-nels formés notamment dans le solaire. Dans ce domaine, les panneaux sont parfois montés de manière inefficace.» Sous le nom de «Energies renouvelables et efficience énergétique», ce programme a été développé en collaboration avec les associations professionnelles afin de répondre au mieux aux besoins. Les employés des entreprises fribourgeoises qui y participent, peuvent en outre bénéficier de subventions (voir encadré). Le programme de formation continue offre ainsi deux cours de base, d’une durée de deux jours pour chacun : solaire thermique et solaire photovoltaïque. L’objectif est d’exposer les participants aux principes de fonctionnement et des composants des installations solaires.

" Des futurs conseillers aux Cités de l’énergie Conformément à sa stratégie éner-gétique, le canton de Fribourg nourrit

l’objectif de voir toutes ses communes décrocher progressivement la certifica-tion «Cité de l’énergie». Le programme de formation continue inclut un «Cer-tificate of Advanced Studies Cité de l’énergie», une formation unique en Suisse romande. Ce cursus doit per-

D’autres formations continues sont prévues entre autres dans les domaines des pompes à chaleur, de l’analyse et de la certification énergétique du bâtiment.

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L’Ecole d’ingénieurs et d’architectes de Fribourg propose désormais un programme de formation dans le domaine des énergies renouvelables.

SOUTIEN CANTONAL À LA FORMATION CONTINUE

Afin de soutenir les professionnels qui s’engagent dans la voie des énergies renouvelables, le canton de Fribourg a dégagé un budget de 1,5 million de francs pour la période 2013 – 2015. Une partie importante de ce budget est allouée sous forme de subventions aux employés des entreprises fribourgeoises qui suivent des formations continues. Tous les modules du Master of Advanced Studies (MAS) «Energie et développe-ment durable dans l’environnement bâti» ou, pour les germanophones, de la «Weiterbildung in nachhaltigem Bauen», ainsi qu’une variété de for-mations plus courtes – jusqu’à 2 jours – concernant l’énergie solaire, l’énergie issue du bois, les pompes à chaleur, etc peuvent être subventionnés. (hl)

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mettre aux professionnels qui le suivent de maîtriser le pro-cessus de l’obtention du label «Cité de l’énergie». Ils pourront ainsi effectuer une analyse de situation pour une collectivité et évaluer sa performance ainsi que formuler, pour une com-mune, une ville ou un village, les objectifs et le plan de mise en œuvre en vue de la certification ou de sa prolongation. Partie intégrante du Master of Advanced Studies en Energie et développement durable dans l’environnement bâti, cette formation sera étayée d’exemples concrets de communes déjà

certifiées avec des visites sur place. Il a pour cible les per-sonnes qui souhaitent approfondir leurs connaissances dans le processus d’obtention du label, et notamment les délégués à l’énergie dans les communes, les futurs conseillers Cité de l’énergie et d’autres professionnels souhaitant contribuer à l’amélioration de la qualité de vie et à la protection du climat.

" Vaste offre de formations L’EIA-FR envisage de mettre en place plusieurs autres forma-tions continues, notamment dans les domaines des pompes à chaleur, de l’analyse et de la certification énergétique du bâtiment, de la gestion des systèmes de régulation et d’opti-malisation énergétique dans le domaine industriel et domes-tique, ou encore de la conception des installations techniques dans le bâtiment. «Ces formations sont non seulement des-tinées aux titulaires d’un diplôme d’ingénieur ou d’architecte, mais aussi aux non-universitaires travaillant dans les milieux concernés. Nous aimerions d’ailleurs respecter une certaine parité entre les universitaires et les non-universitaires.» Et Nathalie Bachmann, de conclure: «Avec cette vaste offre de formations subventionnées, nous donnons aux entreprises fribourgeoises les moyens d’affronter les défis énergétiques.»

HÉLÈNE LELIÈVRE

L’Etat de Fribourg et l’Office fédéral de l’énergie subventionnent la formation de polybâtisseurs.

LES POLYBÂTISSEURS, DES MÉTIERS QUI RECRUTENT

Constatant une pénurie de professionnels dans les métiers de l’enveloppe des édifices, une formation passerelle raccourcie vers le CFC de polybâtisseur a été mise sur pied, en collaboration avec le centre de formation Polybat des Paccots. Il s’agit de faciliter la réorientation professionnelle et l’acquisition d’un titre reconnu pour ceux qui disposent déjà d’un CFC ou sont au bénéfice d’une expérience signifi-cative dans un métier technique, pour les amener à travail-ler dans le domaine de l’enveloppe des bâtiments. L’Etat de Fribourg et l’Office fédéral de l’énergie subventionnent cette formation relais, à hauteur de 50% du salaire des apprentis (sous condition d’attribution d’un salaire minimal) et de la totalité des frais des cours pendant toute la formation. D’une durée d’une année et demie, la première volée de cette formation débutera en février 2014. (hl)

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plus de 3,1 GWh pour une durée moyenne d’éclairage de 4 280 heures, la Ville de Fribourg a opté pour une solution intermédiaire. Ainsi, le programme d’assainissement des installations d’éclairage public débuté en 2011 et planifié sur une durée de cinq ans, prévoit une diminution de la puissance de l’éclairage public durant la nuit. Certains quartiers seront en outre totalement coupés. Le poten-tiel d’économies est évalué entre 10 et 15 % en ce qui concerne la réduction de puissance et de 20 à 30 % pour l’extinction de l’éclai-rage, en fonction de la durée d’interruption des installations.

" Des programmes de subventions Afin d’accompagner les communes dans cette transition, Groupe E et Gruyère Energie ont chacun mis sur pied, au printemps 2010, un programme d’encouragement destiné aux communes. L’objec-tif est de les aider à assainir leur éclairage public ces prochaines années, avant le délai imparti. Groupe E consacrera neuf millions de francs à ce programme sur l’ensemble des communes (y compris neuchâteloises, vaudoises et bernoises) qu’il dessert. Le groupe financera jusqu’à 30% des coûts d’assainissement. Si toutes les communes y participaient, Groupe E estime que le potentiel d’économies pourrait s’élever à 10 GWh par an. De son côté Gruyère Energie va investir 650 000 francs pour le remplacement des lampadaires à vapeur de mercure dans les communes couvertes. Menés jusqu’en 2015, ces programmes connaissent un réel succès. Dans le même temps, IB-Murten (Morat, Meyriez et Montilier) et EW-Jaun (Bellegarde) se sont également engagés à assainir pro-gressivement l’éclairage public sur leur aire de desserte respective. De quoi atteindre les objectifs du canton. HÉLÈNE LELIÈVRE

ECLAIRAGEPUBLIC

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Un éclairage public économe

D’ ici à 2018, l’ensemble des com-munes du canton devra avoir assaini son éclairage public.

Objectif: économiser au moins 40% de l’énergie de ce secteur. En collabora-tion avec les fournisseurs d’électricité, un vaste programme a été mis en place en 2010. Il porte déjà ses fruits. Afin de se montrer exemplaires, comme le veut la politique cantonale de l’énergie, les communes doivent d’améliorer l’efficacité de leur éclairage public d’ici à 2018. Selon les autorités cantonales, une économie de 40% est tout a fait réaliste, moyennant des mesures raisonnables sur les plans technique et économique. Ainsi dans le canton de Fribourg, la consommation annuelle des 29 390 lampadaires entre-

tenus par le Groupe E, qui s’élève à 17,7 gigawattheures (GWh) annuels, pourrait être ramenée à 10,62 GWh. Pour atteindre cet objectif, plusieurs mesures peuvent être entreprises, comme le remplacement des installations à vapeur de mercure qui équipent encore environ 35% des lumi-naires par des solutions plus efficientes comme les LED ou les lampes à vapeur de sodium haute pression. Cette mesure devra être réalisée d’ici à fin 2015.

" Un lampadaire sur deux Mais le meilleur moyen d’économiser de l’énergie est encore de ne pas en consom-mer. Alors certaines communes ont décidé de n’allumer qu’un lampadaire sur deux. D’autres ont opté pour la diminution de la puissance de l’éclairage nocturne par

l’installation de ballast électronique. L’éco-nomie potentielle peut atteindre jusqu’à 15%. D’autres encore vont encore plus loin en éteignant tout simplement leurs lam-padaires aux heures les plus tardives de la nuit (souvent entre 1 heure et 5 heures du matin). L’avantage est que l’horaire peut être adapté à chaque commune, en fonction de l’arrivée des derniers trans-ports en commun par exemple. En outre, certains quartiers peuvent rester éclairés au besoin. Consommant chaque année

La Ville de Fribourg prévoit un potentiel d’économies évalué entre 10 et 15% pour l’extinction de l’éclairage.

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La Ville de Fribourg prévoit un potentiel d’économies évalué entre 10 et 15% pour l’extinction de l’éclairage.

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C e projet de rénovation d’un im-meuble locatif situé à Pensier valide le système de rénovation

Coccum développé dans le cadre d’un projet de recherche. Fruit d’une collaboration entre par-tenaires privés et publics, le projet de recherche Coccum a pour objectif de développer un nouveau système pour la rénovation du parc immobilier existant. Il allie performance, éco-logie et rentabilité économique sur le long terme pour ses utilisateurs et ses investisseurs. Le but est de pou-voir proposer une nouvelle technique adaptable et reproductible pour l’assai-nissement thermique, l’étanchéité à l’air de l’enveloppe et la valorisation du bâti. L’immeuble locatif de Pensier est la première réalisation selon Coccum et aussi la première rénovation romande d’un immeuble locatif selon le stan-dard Minergie-P. Depuis septembre 2011, ce locatif abrite neuf apparte-ments et une surface administrative.

"!Un assainissement architectural complet Le bâtiment de Pensier a bénéficié d’un assainissement à la fois tech-nique et architectural. L’objectif était clairement de conserver une géométrie similaire, mais de lui donner des atours résolument modernes. De géométrie irrégulière, ce bâtiment se compose de deux volumes mitoyens. Le premier date de 1956 et possède un niveau de moins que le second construit en 1962. La différence significative entre les deux parties se situe au niveau de la composition de leur dalle : du hourdis pour le plus âgé et du béton armé pour le plus récent. En plan, cet immeuble offre un peu plus de 1’000 m2 de sur-face de référence énergétique (SRE).

En raison des réglementations, les combles ne pouvaient être aménagées et exploitées. Pour simplifier la mise

en œuvre et garantir la continuité de l’enveloppe thermique, il a été décidé de supprimer les toitures à pans au profit de toitures plates, ce qui facili-tait aussi la pose de panneaux solaires thermiques. Ce bâtiment a aussi été revalorisé par l’ajout de balcons et la pose d’un nouveau revêtement de façade en plaques de fibro- ciment.

"!Consommation énergétique fortement réduite Pour cette rénovation, une isolation périphérique préfabriquée a été rete-nue pour ses nombreux avantages, notamment l’optimisation thermique du bâtiment sans diminution de la surface habitable et la rapidité d’intervention sur le site. La pose d’une nouvelle isolation d’une épaisseur de 340 mm composée de cellulose, fibre de bois et laine minérale a permis de réduire de près de 90% la consommation éner-gétique du bâtiment. Les éléments préfabriqués en bois, comprenant isolation et fenêtres, ont été apposés sur les façades existantes du bâtiment. Grâce à cette méthode innovante, les 1’000 m2 de façade ont été montés en dix jours seulement. L’isolation de la dalle sur sous-sol s’est faite en dernier, à l’aide d’une poutraison en bois et d’isolation cellulose insufflée sur place.

Le chauffage à mazout a été remplacé par une pompe à chaleur à sondes géother-miques. L’eau chaude sanitaire est produite à 70% par les 35 m2 de panneaux solaires disposés en toiture. L’appoint est fourni par la pompe à chaleur. Tous les appartements bénéficient désormais d’une ventilation contrôlée double-flux. L’intégration des éléments techniques tels que la ventilation peut se faire soit dans les éléments de façade, soit dans les faux-plafonds. C’est cette deuxième solution qui a été rete-nue pour cette rénovation, car la hauteur d’étage à disposition le permettait.

"!L’enjeu de l’éclairage naturel Lors de rénovations de façade avec ce type de système, deux effets ont contribué à réduire l’apport brut de lumière naturelle: le remplacement du vitrage d’origine par un triple vitrage au bénéfice d’un facteur de transmission lumineuse quelque peu

Première rénovation romande Minergie-P

En plan, cet immeuble offre un peu plus de 1’000 m2 de surface de référence énergétique.

Emplacement: Pensier (Barberèche) FribourgArchitecte: Lutz architecte SàrlAnnée: 2010 – 2011Standard énergétique: Minergie-pIsolation: Procédé de préfabrication d’éléments bois incluant les fenêtres résultant du projet de recherche Coccum.

MINERGIE

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Première rénovation romande Minergie-P

réduit, et le rétrécissement du vide de lumière par l’ajout d’isolation dans l’embra-sure qui obstruait une bonne partie du ciel. Plusieurs mesures ont été prises pour pallier à ce problème: ouvertures agran-dies, la surface occupée par les cadres des fenêtres a été réduite et des revêtements fortement réflechissants ont été employés sur les murs des locaux intérieurs.

TEXTE: LUTZ ARCHITECTES, MINERGIE PHOTOS: FREDERIC MARRO, LUTZ ARCHITECTES

La pose d’une nouvelle isolation composée de cellulose, fibre de bois et laine minérale a réduit de près de 90% la consommation énergétique du bâtiment.

POUR UNE PLUS GRANDE QUALITÉ DE RÉALISATION L’association «Construction Passive Suisse» est un regrou-pement d’entreprises innovantes actives depuis de nom-breuses années dans la construction de bâtiments durables. Cette association s’emploie à favoriser une large diffusion de cette technologie. Parallèlement, ses membres s’engagent à respecter scrupuleusement les principes du standard ainsi que la plus grande qualité de conception et de réalisationSes objectifs sont notamment • la promotion de bâtiments qui respectent au moins

le standard de la maison passive ou le standard Minergie-P, et de technologies permettant de construire conformément au standard de la maison passive

• la diminution de la consommation d’énergies non renouvelables à un niveau écologiquement acceptable

• la préservation des ressources grâce à des flux d’éner-gie et de matières réduits au minimum au cours des phases de construction et d’exploitation ainsi que lors de la déconstruction

• l’établissement de contacts internationaux pour un échange de savoirs et d’expériences afin de renforcer un mouvement européen des maisons passives

• la formation et le perfectionnement de ses membres en proposant ses propres sessions.

Pour atteindre ces objectifs, l’association encourage l’organi-sation de processus de construction efficaces et coopératifs, afin de réduire les pertes d’énergie et de garantir une qualité de réalisation très élevée.

CONTACTAssociation Construction Passive SuisseM. Conrad Lutz / Lutz Architectes Sàrl Rue Jean-Prouvé 14 1762 Givisiez / Fribourg Tél. 026 469 74 00 [email protected] www.constructionpassive.ch

SPÉCIALFRIBOURG

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Vous êtes-vous déjà demandé si les mesures d’économie d’éner-gie mises en oeuvre dans votre bâtiment étaient aussi efficaces que ce qui vous avait été promis? Ou croyez-vous simplement ce que l’on vous dit sans vérifier? Les resp onsa b l es d u Re a l Esta te As-set Ma n a g e m e nt d u C re d it Suisse (C S REAM) souh a it a ie n t o b te nir d es infor m a tions p r é cises. Ils se sont fix és p our o b je c tif d ’é cono miser ch a q u e a nn é e 13 0 0 0 tonn es d e C O 2 d a ns 10 0 0 b â tim e nts d e l e ur p or te fe uill e im m o bili e r. Sie m e ns a d onc é t é ch a r g é , a ve c W inc asa , d e sa isir, d ’a n a l yser et d ’o p timiser à p a r t ir d e 2 013 l es d onn é es é n er-g é tiq u es d e tous c es b â tim e nts.

La sa isie d es d onn é es é n er g é tiq u es p e u t tou te fois tr ès v ite se r é v é l er coû te use . Les fra is q u ’e ll e e n g e nd re d oive n t p a r consé q u e nt reste r ra isonn a b l es. Ainsi, p a r exe m p l e , il n ’est p as n é c essa ire d e re l ever d es d onn é es tou tes l es minutes d a ns l es im m e u b l es à a p p a r te m e nts. Les h a b it a t ions sont u t ilisé es e n p er-m a n e nc e et l es influ e nc es r é d uites. Tou te fois, à p a r t ir d u m o m e nt où l es b â tim e nts sont é q uip és

d e s yst è m es d e ve n tila tion , d e re froid isse m e nt ou d e p ro d uc tion é n er g é tiq u e a lte rn a tive , la d o m o-tiq u e d evie n t p lus co m p l exe .

Le C S REAM a d onc d é cid é d e c lasser ses b â tim e nts e n d e ux c a t é g ories. Pour l es b â tim e nts d e t a ill e m o ye nn e , la conso m m a tion é n er g é tiq u e est im p or t é e un e fois p a r a n d u F a cili t y Ma n a g e m e nt Syste m d a ns l’En er g y Monitorin g & C ontro llin g Syste m (EM C ). En rev a nch e , p our l es 10 0 b â tim e nts l es p lus g ra nds et l es p lus co m-p l exes, la conso m m a tion é n er g é-t iq u e est co m m uniq u é e a u s yst è m e EM C tou tes l es 15 minutes et se lon un conc e p t d e m esure astucie ux .

La se cond e p a r t ie d e la mission d e Sie m e ns, p lus exig e a n te , consiste à d iminu er la conso m m a tion d ’é n er g ie . C ette r é d uc tion a é t é fix é e à 13 0 0 0 tonn es d e C O 2. Les in g é nie urs e n é n er g ie d e Sie -m e ns visite n t tous l es b â tim e nts d e t a ill e m o ye nn e , a n a l yse nt l e ur p ote n tie l d ’o p timisa tion é n er g é-t iq u e et é m ette n t d es p ro p osit ions corresp ond a ntes. Les in g é nie urs p roc è d e nt à d es r é g la g es sim p l es sur p la c e t a nd is q u e l es m esures

p lus coûte uses sont ex é cu t é es p a r l’ex p loita n t resp onsa b l e .

Les 10 0 p lus g ra nds b â tim e nts (Sih lcit y p a r ex .) seron t surve illés et o p timisés e n p er m a n e nc e p e n-d a nt q u a tre a ns. G râc e a ux v a l e urs re l ev é es tou tes l es 15 minutes, l es in g é nie urs e n é n er g ie d e Sie m e ns p e uve nt d é te c te r im m é dia te m e nt et à d ista nc e l es é c a r ts p a r ra p p or t à la conso m m a tion é n er g é tiq u e p r é vu e , a n a l yser l’a uto m a tisa t ion d es b â tim e nts et a p p or te r d es cor-re c tions e n a ccord a ve c l’ex p loita n t .

Le C re d it Suisse REAM ve ut sa voir si c e la e n v a u t la p e in e d ’é cono-miser d e l’é n er g ie . Vous a ussi, re nse ig n e z -vous et v é rifi e z d e fa çon coh é re n te l e succ ès d e vos m esures d ’é cono mie d ’é n er g ie !

LES ÉCONOMIES D’ÉNERGIE EN VALENT–ELLES LA PEINE?

www.siemens.ch/buildingtechnologieswww.siemens.ch/buildingtechnologies

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Green Business N°2 | Avril 2012

SIEMENS

SAISIR, ANALYSER ET ÉVALUER DES DONNÉES ÉNERGÉTIQUES IMPORTANTES AU SEIN DU BÂTIMENT

Siemens Suisse SA a été, en juin 2013 l’une des premières entre-prises en Suisse, certifiée selon ISO 50001. Siemens Suisse SA utilise depuis quelques années un système de management (EMC = Energy Monitoring & Controlling)qui englobe actuellement les sujets qualité (ISO 9001), envi-ronnement (ISO 14001) et sécuri-té sur la place de travail (OHSAS 18001). EMC est un véritable GPS permettant de rendre visible les consommations énergétiques des bâtiments. Il s’inscrit parfai-tement dans le processus d’amé-lioration continuel qui conduit à une utilisation plus efficace de l’énergie. C onviv i a l e t é vo lu tif, EM C est non se ul e m e nt u t ilisé p our l es e n tre -p rises d ésira n t o p t im ise r l e urs conso m m a tions é n er g é t iq u es m a is

est p a r t iculi è re m e nt b ie n a d a p t é p our d es or g a nisa t ions d isp osa n t d e p a rcs d e b â t im e n ts r é p a r t is sur un v aste te r ri to ire ! En e ff e t , un

t a b l e a u d e b ord v isu a lise e t co m-p a re sur un e c a r te g é o g ra p hiq u e l es p erfor m a nc es d e c es b â t im e n ts.

U n e lis te d e chiff res d a ns un t a b l e a u n e m et p as forc é m e nt e n é v id e nc e d es p ro b lè m es d e fonc-t ionn e m e nt . Ave c l’ou til d ’a n a l yse EM C , l’u tilisa t ion d u « c a r p et Plots » m ontre un e in te r p r é t a t ion sim il a ire à un e v ision th e r miq u e . C e q u e d es chiff res b a r b a res n e d é voil e n t p as,

l a v isu a lisa t ion c i-d essous l’a ffich e a u g ra nd jour. Pa r exe m p l e , nous p ou vons d is t in g u er un e fui te d ’e a u no c turn e !

Communiquez vos efforts en matière de développe-ment durable ! Les d onn é es à d isp osit ion d a ns EM C p e u ve n t a isé m e nt ê tre d iffu-sé es sur un e p l a te for m e d e co m-m unic a t ion te l un é c ra n ( p hoto c i-d essus) d a ns un e r é c e p t ion , un e c a n t in e d e resta ura n t d ’e n tre -p rise ou m ê m e à l’e n tr é e d ’un im m e u b l e d ’a p p a r te m e nts. Q u e c e soit d a ns un b u t d ’in for m a tion , d e se nsib ilisa t ion ou d ’im a g e , c e m o ye n d e co m m unic a t ion n e l a isse ra p e rsonn e ind iff é re n t !

ADVANTAGE ENERGY MONITORING & CONTROLLING

www.siemens.ch/buildingtechnologies

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Contrat d’économie d’énergie garantie (CEE) C he z Sie m ens, nous d é ve lop pons l es potentie ls d ’écono mie d ’éner-gie existants d ans la te chnique d e bâtim ent grâce à une m od ernisa tion et à une op timisa tion cib lé es. Sont concernés, l e ch auffa g e , l’a éra tion et la c lim a tisa tion a insi que l’éc laira g e et l’o m bra g e , m ais aussi la conso m-m a tion d ’e au. Les fra is d ’exploita-tion diminuent tandis que la va l eur aug m ente . Les investisse m ents nécessaires sont a m ortis g râce aux écono mies énerg é tiques et d es fra is d ’exploita tion durant la duré e du contra t. LA GARANTIE D’ÉCONOMIES ASSURE UN SUCCÈS ÉCONOMIQUE.

Modèle de financement Grâce au CEE, toutes l es m esures d ’économie nécessaires sont finan-cé es au mo yen des économies g a-ranties et ce, du d é but de la g arantie à la fin du contra t. Le surplus d ’éco-nomie est divisé entre l es p artenaires tandis que Sie m ens prend en ch arg e la diffé rence si aucune économie n’est ré a lisé e. A la fin du contra t, vous profite z pl eine m ent des frais ré duits.

L’exemple vient du Nord Le C EE à fa it ses p reuves et est fr é-que m m ent utilisé d ans l e d o m aine pub lic en All e m a gne , en Autriche et en Suè d e p our une r énova tion avanta g euse d e b â tim ents exis-tants. D’a ill eurs l e C EE ne figure p as d ans l e bilan d es c lients pub lics, m ais est re p ro duit d ans l es coûts d ’ex p loita tion courants. G râce a ux é cono mies g a ranties, l e c ash flow annue l n’est p as a ug m ent é .

En Suisse Bien que ce m o d è l e soit re la ti-ve m ent nouve a u, cer ta ins p ro-jets ont vu l e jour et d eviennent d es exe m p l es d e r éussite nota m m ent d ans l e m a rché pub lic en Suisse centra l e :

• U n p re mier p ro jet pilote d e d eux é co l es d ont la g estion d e la r é gula tion a é t é m o d ernisé e . La duré e du contra t est d e 6 ans.

• Dans l e c as d ’un se cond p ro jet pilote d e C EE, une é co l e sera é quip é e ave c un nouve a u sys-t è m e d e ch a uffa g e et une m o-d ernisa tion d e la ventila tion. La duré e du contra t est d e 12 ans.

• Da ns l e m a rch é p riv é , Sie m e ns s’o ccu p e a c tu e ll e m e nt d ’un p ro jet d e C EE d ’un e v a l e ur d e 2 millions C H F p our un e so cié t é d e p ro d uc t ion . C e p ro jet inc lus l e ch a uffa g e e t l a ve n t il a t ion d ’un e h a ll e d e p ro d uc t ion . La d ur é e d e c e con tra t inc lu a n t l e fin a nc e -m e nt est d e se ul e m e nt 4 a ns.

Quand pouvons-nous proposer un CEE ?

• Lorsq u e l a r é nov a t ion e t l’a m é-liora t ion d e l a p erfor m a nc e é n er g é t iq u e son t exig é es

• Les b â t im e n ts d oive n t a voir un hori z on d ’inves-t isse m e nt d e 5 à 15 a ns

• Lorsq u e l es conso m m a tions é n er g é t iq u es te ll es q u e l’é l e c tric i t é , g a z / m a z ou t / e a u son t su p é rie ures à 2 0 0 ‘ 0 0 0 C H F p a r a nn é e

Auteur: Stéphane Bovey, Solutions en Efficacité Energétique, Siemens Suisse SA, Building Technologies Division ([email protected]) Siemens Suisse SA, Infrastructure & Cities Sector Building Technologies – 5, av. des Baumettes, 1020 Renens, Suisse – Tél. +41 585 575 677 – Fax +41 585 575 489 – [email protected] – www.siemens.ch/buildingtechnologies

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LES ÉCONOMIES GARANTIES FINANCENT LA MODERNISATION

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Green Business N°2 | Avril 2012

ECOLOGIEINDUSTRIELLE

Gestion durable des zones d’activités

Les déchets ou les rejets de vapeur d’une industrie peuvent servir de sources d’énergie pour

une autre activité. C’est le principe même de l’écologie industrielle: opti-miser la consommation de ressources entre les différentes entreprises. Les autorités cantonales cherchent à mettre en place une stratégie inté-grée pour ses zones d’activités.

Dans le cas de Fribourg, il s’agissait de définir les conditions cadres pour une meilleure gestion des zones d’activités existantes et en planification. En sep-tembre 2010, dans le cadre de la Nouvelle politique régionale, la société genevoise Sofies a été mandatée pour identifier cinq zones industrielles susceptibles d’accueillir des projets pilote en matière d’écologie industrielle. 69 entreprises y ont participé, représentant 7000 emplois. Ceci a permis de mieux comprendre les besoins des industriels et d’initier des partenariats publics-privés innovants. Cette démarche a été coordonnée par Innoreg, l’association des régions du canton de fribourg.

"!Bulle: des bonnes pratiques existantes Dans la zone industrielle de Planchy, à Bulle. les experts de Sofies ont relevé la multitude de bonnes pratiques d’entre-prises, existantes ou en projet, comme

par exemple la mise en place d’une station d’épuration biologique par les TPF et Grisoni-Zaugg ou celui de la méthani-sation de Translait.

"!La Broye: une zone stratégique Le terrain vierge du secteur stratégique de la Rose de la Broye constituait un exercice particulier qui a consisté à réunir les acteurs clés à l’instar des communes et entreprises concernées afin de définir une stratégie de développement la plus intégrée possible. Un plan d’action a été développé, mettant en exergue l’importance de la maîtrise foncière et la définition d’une structure de gestion de la zone, aussi bien pour l’achat des parcelles, que l’équipement et la coordi-nation des services aux entreprises qui viendront s’implanter.

"!Guin: photovoltaïque groupé La zone industrielle de la Birch à Guin s’il-lustre par le bon fonctionnement de ses activités. Des synergies dans la mobilité, l’énergie et les services de gestion des déchets sont possibles. Une gestion inté-grée des déchets et du recyclage devra être mise en place. En matière d’énergie, outre la création d’un réseau de chauf-fage à distance déjà anticipé par la com-mune, l’étude préconise de mener une stratégie commune pour l’installation de panneaux photovoltaïques sur les toits des industries locales. De quoi permettre

une baisse des prix de construction et d’exploitation.

"!Romont: valoriser les rejets thermiques Le projet de la zone industrielle Raboud et ses abords (la Maillarde, les Echervettes) a en amont intégré les acteurs du projet d’implantation de Nespresso. Il a mis en lumière plusieurs actions prioritaires. Citons l’intégration des entreprises à la stratégie énergétique de la commune par le raccordement à un chauffage à distance, par la valori-sation de leurs rejets thermiques ou déchets combustibles et méthanisables ou encore la production d’énergie. Par ailleurs, un système de gestion intégrée des déchets communs aux entreprises est préconisée.

"!Villars-sur-Glâne: renforcer la coordination Le projet pilote sur le parc d’activités de Moncor à Villars-sur-Glâne a été initié en septembre 2012. Les résultats n’ont pas encore été dévoilés. Sur ce territoire, des pistes de synergie entre les acteurs ont déjà été identifiées à l’occasion d’ateliers réunissant les entreprises du parc. Une volonté de renforcer la coordination au niveau de la gestion du parc d’activités a été exprimée.

HÉLÈNE LELIÈVRE

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Des synergies dans l’énergie et la gestion des déchets sont possibles dans la zone industrielle de la Birch à Guin.

Dans la ZI de Planchy à Bulle, Sofies a relevé plusieurs bonnes pratiques entre entreprises.

Cinq zones industrielles pourraient accueillir des projets pilote à l’instar du site de Villars-sur-Glâne.

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Fri Up, la pépinière d’entreprises

L’association Fri Up accompagne les porteurs de projets dans la création et le développement

de leur entreprise. Son directeur, Olivier Allaman (photo), en précise les objectifs.

"!Quel est le rôle de Fri Up? Fri Up est le centre de création d’entre-prises du canton de Fribourg. Notre association répond aux sollicitations des entreprises quel que soit leur secteur d’activité. Elle accompagne les entre-prises dans leur processus de création et de développement. Elle a pour objectif d’améliorer la productivité et la compé-titivité des PME, tout en garantissant leur continuité. Notre centre favorise la création d’emplois à forte valeur ajoutée dans le canton, limitant ainsi le nombre de pendulaires vers les cantons voisins.

"!Quels sont vos moyens d’action? Nous recevons chaque année une cen-taine de sollicitations pour un accom-

pagnement à la création d’entreprises. En tout, 113 porteurs de projets ont été déposés l’année dernière. D’une manière générale, la moitié de ces demandes étaient retirées par les porteurs de projets. Finalement, une quarantaine d’entreprises émergent chaque année suite à un coaching en amont qui permet de créer rapidement une entreprise, mais sans garantie de succès. Et une dizaine d’entreprises bénéficiera d’un coaching et d’un hébergement dans l’un de nos trois incubateurs situés à Fribourg, sur le site de Bluefactory, à Morat et à Vaulruz. Avec ce type de suivi, nous assurons aux entreprises un taux de réussite de 80% sur trois ans.

"!Quels sont les résultats de ce programme? Depuis 2008, environ 200 entreprises ont vu le jour grâce à Fri Up dont cinquante ont bénéficié d’un coaching. Par ailleurs, nous avons constaté que 95% des entre-

prises suivies étaient pérennes. Parmi les exemples emblématiques, citons Bcomp, qui développe des solutions pour remplacer les fibres de carbone par des fibres naturelles à base de lin.

Propos recueillis par HÉLÈNE LELIÈVRE

INNOVATIONS

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blueFACTORY, parc technologique «zéro carbone»

L e premier parc technologique «zéro carbone» de Suisse verra le jour probablement en 2014

Une réalisation indispensable au dé-veloppement économique du canton.

Constatant le besoin urgent d’un parc technologique pour accélérer son déve-loppement économique, la Ville et le canton ont racheté le site de l’ancienne brasserie Cardinal. Leur ambition: faire des 53’ 000 m2 à disposition le premier quartier d’innovation «zéro carbone» de Suisse. Il prendra le nom de blueFAC-TORY. Dès le début du projet, l’engoue-ment est au rendez-vous. La création de la société anonyme a été avalisée par le Conseil d’Etat en juin dernier et doit être validée par la Ville en septembre prochain. Cette structure sera chargée

de louer des locaux à des start-ups et à des entreprises. Des services spé-cialisés et des institutions de soutien s’établiront aussi dans le parc. 1’000 à 2’000 emplois devraient voir le jour. La machine tourne déjà. Outre blueFACTO-RY et Fri Up qui ont pris leurs quartiers en septembre 2012, les bureaux admi-nistratifs d’une superficie de 1’500 m2, ont déjà été investis par une vingtaine de jeunes pousses actives dans l’inno-vation, la technique et le développement durable. En termes de recherche, le parc est déjà bien doté puisque deux pro-jets ont été dévoilés. Porté par l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne avec l’Ecole d’ingénieurs et d’archi-tectes et l’Université de Fribourg, le projet de «Smart Living Lab» (SLL) sera un centre de compétences dédié aux

bâtiments intelligents du futur. De leur côté, l’Université de Fribourg et l’Hôpital fribourgeois coopèrent au sein du projet de «Swiss lntegrative Center for Human Health» (SICHH). Objectif: offrir aux entreprises, scientifiques et cliniciens, un matériel de pointe et des compé-tences hautement spécialisées dans les domaines de la technologie médicale, de la biotechnologie, de la pharma ainsi que dans les domaines liés à la santé.

HÉLÈNE LELIÈVRE

SPÉCIALFRIBOURG

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Inciter les PME à se tourner vers une économie durable

Cleantech Fribourg a pour ambi-tion de soutenir une croissance économique durable dans la ré-

gion par une utilisation respectueuse des ressources. Ce cluster accom-pagne les PME dans l’amélioration de leur efficience énergétique et l’optimi-sation de l’utilisation des ressources.

«Nous voulons encourager les entre-prises à agir pour le bien économique, avec des gains écologiques, tout en utilisant les meilleures technologies.» C’est ainsi que David Avery, responsable de Cleantech Fribourg, définit sa mission au sein de la plate-forme. Rattaché au Pôle Scientifique et Technologique de ce canton, Cleantech Fribourg a débuté ses activités en 2010. C’est un projet de la Nouvelle politique régionale à destina-tion exclusive des petites et moyennes entreprises du canton. Ainsi pour faire évoluer les entreprises vers les meilleures techniques à disposition dans leur secteur d’activités, Cleantech Fribourg sensibilise et forme les entreprises aux thématiques cleantech. Elle intervient dans les mani-festations et réunions des entreprises, telles que les assemblées générales, pour présenter ses missions et échanger avec les entreprises sur leurs propres besoins.

"!Soutenir l’innovation et le transfert de technologies Outre cette mission de sensibilisation et de formation, la plate-forme travaille à inciter les PME à la mise en œuvre d’ac-tions concrètes ainsi qu’à leur valorisation. Elle propose notamment aux entreprises des «Chèques Cleantech». Ils ont pour but de soutenir l’innovation et le transfert de technologies. Ils permettent de subven-tionner à 80% le coût d’un projet. Ce der-nier doit obligatoirement être développé en collaboration entre une entreprise fribourgeoise et un institut de formation. Un plafond est fixé à 25’000 francs par projet. «Cet outil a jusqu’ici rencontré un franc succès, se félicite David Avery. Pour chacune des années 2010 et 2011, nous

avons soutenu cinq demandes et engagé 50’000 francs. En 2012, il y a eu un projet de plus et nous avons engagé 70 400 francs.» Les projets sont présélection-nés sur la base d’un questionnaire pour évaluer leur cohérence avec la définition des cleantech et dans le développement durable. Puis ils passent devant le conseil scientifique, composé de Geneviève Gassmann, directrice de l’Institut agri-cole de l’Etat de Fribourg et membre du conseil de l’Institut fédéral des hautes études en formation professionnelle IFFP, de Stefan Nowak, responsable de NET Nowak Energie & Technologie SA, expert CTI et chef du programme photo-voltaïque à l’Office fédéral de l’énergie et de David Avery. Chaque membre donne son point de vue critique sur le projet. La dernière étape consiste en un comité de validation avec la nouvelle politique régionale. L’entreprise Meterus a par exemple bénéficié de ce type de soutien

pour développer son véhicule hippomo-bile à assistance électrique. Il s’agissait de coupler technologie, écologie, rentabilité et bien-être de l’équidé.

"!Audits et certifications «Nous avons aussi un outil d’analyse de l’entreprise par rapport à son utilisation des ressources.» Développé par eco-net.ch et nommé QuickScan, cet audit sur site identifie les potentiels d’économies d’énergie et de consommation des matières. «Il s’agit de mettre la techno-logie au service de l’environnement avec un potentiel économique.» L’analyse du cycle de vie va plus loin en évaluant l’impact environnemental d’un produit, d’un service ou d’une entreprise et en fournissant aux entreprises les moyens d’agir. Cleantech Fribourg propose éga-lement aux entreprises de les accompa-gner dans la certification EcoEntreprise. Les entreprises qui réalisent ces audits ou qui se lancent dans un processus de certification, sont subventionnées pour une partie des coûts engagés.

"!Des projets dans divers domaines Cleantech Fribourg a jusqu’ici soutenu des projets très différents. Ainsi l’entreprise Cremo a bénéficié d’un chèque cleantech au début de son projet d’installation d’environ 500 m2 de concentrateurs para-boliques solaires pour la production d’eau chaude utilisée dans les cycles de net-toyage. Les économies de gaz se montent à environ 175 000 kWh par année. Autres exemples: Riedo Networks, qui a reçu le prix Cleantech Fribourg en 2010 pour sa solution de gestion à distance de l’éclai-rage public; Ou encore KBS également au bénéfice d’un chèque Cleantech pour l’utilisation de plastique recyclé dans les stylos.

"!Des plate-formes multiples pour une meilleure synergie swisscleantech, CleantechAlps, Cleantech Switzerland ou Cleantech

David Avery, responsable de Cleantech Fribourg

INNOVATION

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Green Business N°2 | Avril 2012

Fribourg, quatre organismes pour une même mission? Si la multiplicité des plate-formes de promotions et organi-sations des cleantech au niveau suisse peut étonner, David Avery estime au contraire que c’est un atout dans la mesure où les quatre entités sont complémentaires: «Nous faisons partie du comité d’experts CleantechAlps et sommes membre de Cleantech Switzerland. Nous travaillons en étroite synergie.» Ainsi, chacun a sa mission: swisscleantech est une association

industrielle avec diverses missions comme le lobbying auprès des autori-tés helvétiques, Cleantech Switzerland est chargée de la promotion à l’export, CleantechAlps travaille plus à la valo-risation des actions entreprises pour la région de Suisse occidentale et enfin Cleantech Fribourg est investie d’une mission de politique locale de l’Etat

de Fribourg. Selon David Avery: «Il y a donc beaucoup de cohérence entre ces structures. Avec plusieurs propositions de soutien à disposition des entreprises, les conditions sont très propices pour le développement des solutions inno-vantes dans le domaine des cleantech.»

HÉLÈNE LELIÈVRE

Le prix à l’innovation du canton de Fribourg met en exergue les entreprises actives dans le développement durable.

SOUTENIR L’INNOVATIONChaque année, le canton récompense les acteurs du tissu économique de la région qui ont œuvré en faveur du développement durable. Ce prix à l’innovation compte deux catégories de participants: les PME ayant plus de cinq ans d’activité et les start-ups opérationnelles depuis au moins cinq ans. Le prix Cleantech Fribourg 2012 a été décerné à Jonhson Electric International pour son thermostat qui permet une économie de carburant de 5% en régulant la température des moteurs de voitures.

Cleantech Fribourg soutient divers projets en faveur du développement durable.

SPÉCIALFRIBOURG

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24 ENERGIE

Des déchets agricoles bien utiles

Inaugurée en septembre der-nier, la centrale à biogaz de Ferpicloz-Le Mouret récupère

les lisiers et fumiers d’une vingtaine d’exploitations pour produire de la chaleur et de l’électricité. Il existe une dizaine de centrales de ce type dans le canton de Fribourg et une quarantaine dans le reste de la Suisse romande. Plusieurs projets sont en cours dans les cantons de Vaud et du Valais. Pour Jean-Michel Bonvin, directeur de Groupe E Greenwatt, la multiplication de ces centrales était prévisible: «Nous avons affaire à une nouvelle génération d’agriculteurs qui a choisi de diversifier ses activités en s’impliquant dans l’environnement.» La loi impose également aux agriculteurs d’être majoritaires dans la gestion de ces centrales.

"!De l’électricité mais aussi de la chaleur Leurs avantages sont nombreux. Ces ins-tallations produisent 55% de chaleur pour 45% d’électricité. La centrale de Ferpicloz-Le Mouret est issue de l’association entre cinq agriculteurs avec Groupe E Greenwatt, réunis au sein de la société AgroGaz Haute Sarine. Montant : 4,5 millions de francs. Le biogaz, quelque 725’000 m3 par année, est réalisé à partir des lisiers et fumiers provenant d’une vingtaine d’agriculteurs établis dans les alentours, ainsi que de déchets organiques communaux. «80% provient de substrats agricoles et le reste est composé de co-substrats, explique Jean-Michel Bonvin, mais ces 20% restants sont des déchets organiques importants car ils assurent la moitié de la production d’énergie.» Concrètement, ces déchets sont stockés dans un digesteur auquel sont ajoutées des bactéries qui agissent dans

un milieu sans oxygène et produisent ainsi du biogaz. C’est sa combustion qui produit de l’électricité et de la chaleur. Jean-Michel Bonvin précise que ce procédé permettra à la centrale de Ferpicloz-Le Mouret de produire 1,5 million de kilowattheures (kWh) par an, soit la consommation de 370 ménages. Ce courant, réinjecté dans le réseau, bénéficie du programme de la RPC de la Confédération. En outre, la chaleur générée par la production d’électricité, soit 1,8 million de kWh par an, est utilisée pour la production de la Laiterie du Mouret, et pour le réseau de chauffage à distance des bâtiments. De plus, les résidus inodores de la fermentation sont épandus sur les cultures en guise de compost et d’engrais. Avantage : contrairement au lisier, ces fertilisants sont inodores et évitent le rejet annuel de 1700 tonnes de méthane dans l’atmosphère, gaz à effet de serre 17 fois plus nocif que le CO2. Et leurs qualités nutritives sont plus riches.

HÉLÈNE LELIÈVRELa centrale de Ferpicloz-Le Mouret est issue de l’association entre cinq agriculteurs avec Groupe E Greenwatt.

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PLUS GRANDE CENTRALE DE FRIBOURG

L’Energiepark de Guin produit depuis le 8 juin 2012 du courant vert pour 500 ménages singinois. En outre, cette centrale à biogaz, la plus grande du canton, est équipée de 800 m2 de pan-neaux photovoltaïques, qui permettent de sécher des déchets de bois local transfor-més en pellets. L’énergie accumulée durant l’été est convertie en chauffage pendant l’hiver. De quoi économiser 2,5 millions de litres de mazout par année. Le capital est réparti entre BioEnergie Düdingen SA et BestPellet Wärme SA, fondées par quatre exploitants agricoles singinois, avec le soutien de Groupe E Greenwatt. Montant de la réalisation: 7,5 millions de francs. A plus long terme, l’Energiepark pourrait être couplé à un réseau de chauffage à distance qui desservirait les serres situées à proximité et la zone industrielle de Birch toute proche.

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«Donner l’exemple»

D epuis 2009, le canton travaille à la mise en place de sa politique de développement durable. Rencontre

avec l’une de ses principales instigatrices.

"!Manon Delisle (photo), vous êtes responsable du développement durable de l’Etat de Fribourg depuis 2009. Quelles ont été vos premières mesures ? Avant de demander aux autres de s’enga-ger dans le développement durable, il était important de donner l’exemple. Les pre-mières actions concernaient l’amélioration de la gestion environnementale de l’État. Le premier point concernait les fournitures. Nous achetons désormais du papier et des enveloppes à base de papier recyclé. Par ailleurs, nous avons amélioré la gestion des déchets de bureaux. En mai 2012, le Conseil d’État a publié une directive qui demande

aux services de renforcer la récolte du papier ainsi que le tri sélectif dans les bureaux de l’administration cantonale. Un autre poste important concerne l’informatique. Par étape, les ordinateurs sont mis en veille à distance. Et le recto-verso par défaut est progressive-ment installé sur toutes les imprimantes.

"!Quels sont les moyens pour éva-luer l’avancement de vos actions? Nous avons mis en place un processus d’évaluation de la durabilité qui s’appuie sur Boussole 21 et qui traite les projets de loi et de décrets adressés au Grand Conseil. Par ailleurs, tous les deux ans, le «Cercle Indicateurs», qui est un outil de monitoring, fournit une sorte de photographie du canton pour déterminer quelle est sa place et son évolution selon une trentaine d’indicateurs de durabilité. Actuellement dix-neuf cantons participent à ce monitoring.

Comment a débuté ce processus ? Nous avons mis en place les structures de décisions et d’accompagnement et élaborer une stratégie de développement durable pour le canton. Pour cela, nous avons travaillé pendant environ un an et demi avec une méthode qualifiée de «bottom-up». J’ai rassemblé les employés de l’Etat dans des groupes de travail. Et établi un état des lieux. Cet inventaire nous a permis de déterminer six objectifs à moyen terme ainsi que vingt-et-une actions dont nous estimions qu’elles renforceraient notre orientation vers le développement durable. Leur mise en œuvre est notre grand travail à l’heure actuelle.

Propos recueillis par HÉLÈNE LELIÈVRE

ACHATSRESPONSABLES

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26 TRANSPORTS

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Le site unique d’entretien et de maintenance pour les trains et les bus des Transports publics

fribourgeois (TPF) projeté à Givisiez promet un gain en énergie, productivi-té et efficience chiffré à trois millions de francs d’économie par an.

Imaginez 200 bus et trolleybus, ainsi qu’une vingtaine de trains voyageurs, 500 collabo-rateurs et 14 services (dépôts, ateliers et centres d’entretien), disséminés sur sept sites. Ajoutez la vétusté d’installations sous-dimensionnées, situées dans des zones résidentielles sensibles et qui ne permettent plus ni développement, ni mise aux normes tant au niveau des bâtiments que des nuisances sonores par exemple. Vous avez l’équation du nouveau centre industriel de maintenance et d’entretien des Transports publics fribourgeois (TPF) projeté dans la zone industrielle de Givisiez pour l’ensemble de leurs activités routières et ferroviaires dans le Grand Fribourg.

Rassembler sur un seul lieu la plupart de ses services, c’est le grand défi que s’est lancé l’entreprise pour l’horizon 2018-2019. Si l’investissement atteint les 100 millions de francs, les économies générées amorti-ront à long terme cette réalisation, soit une économie annuelle de 3 millions de francs sur l’ensemble des activités. En termes d’efficience et d’énergie, mais pas sur le personnel, tient à préciser le responsable Communication des TPF Martial Messeiller.

Trajets à vide limités, synergie des services, rationalisation des coûts de production, optimisation des activités et des bâtiments. Les TPF se sont adjoints les conseils de sociétés spécialisées dans la conception d’unités industrielles. Elles ont analysé tous les processus, de la maintenance au lavage de véhicules, du fonctionnement des installations d’exploitation, de l’infras-tructure et de l’administration pour un état des lieux détaillé qui leur sert à dessiner la conception technique des bâtiments et un agencement optimal des zones de travail, pistes de maintenance, etc.

Avec de grandes portes qui s’ouvrent au rythme des entrées et sorties de véhicules, la plupart des halles des TPF sont actuel-lement de véritables gouffres à énergie. Et le poste Energie et carburants (diesel et consommation électrique pour la traction et le chauffage) pèse aujourd’hui 7,5 millions de francs dans le budget. Les nouvelles technologies permettront 20% d’économie uniquement sur les bâtiments, estime Martial Messeiller. Le nouveau site utilisera les sous-sols, travaillera avec les niveaux, avec des cheminements à emprunter et des espaces fermés. L’énergie renouve-lable devrait aussi jouer les vedettes avec notamment une production d’énergie solaire sur les immenses surfaces. Le système d’eau de lavage des véhicules sera quant à lui recyclé, comme c’est actuelle-ment le cas à la Gare routière de Fribourg.

"! Un seul magasin central de plus de 3000 m2 regroupera les stocks de chaque entité. Bus urbains et régionaux rentrant de leur service suivront tous un même parcours avec le

plein et le lavage en 5 minutes, à la manière des pit-stop de formule 1. Entretien et réparations seront quant à eux déclinés en fonction des nécessités de manière à immo-biliser les véhicules le moins longtemps possible. Mécanique, électricité, carrosserie, peinture : les activités de certains métiers seront diversifiées sur tout le matériel rou-lant (bus et trains), jusqu’à créer un centre de compétences , avec des échanges, des transferts de connaissances et la possibilité d’offrir des apprentissages plus polyvalents. Avoir le personnel et les véhicules au même endroit facilitera en outre la gestion de la mobilité, des tournus et aussi des imprévus sur le réseau. Enfin, des études sont me-nées à l’interne dans le domaine du dévelop-pement durable sur le potentiel d’économies d’énergie de ce site stratégique unique.

ISABELLE KOTTELAT

Nouveau centre des TPF : Un projet générateur d’économies

GIVISIEZ, LE LIEU IDÉAL:

L’aventure du « Projet du siècle » des TPF a commencé en 2011, avec la prospection d’une douzaine de terrains dans l’agglomération fribourgeoise. Les critères sont impératifs : obligation de se raccorder aux réseaux ferré et routier, éloignement des habitations pour limiter les nuisances, mais pas trop du réseau urbain pour limiter les kilomètres à vide. Avec 60’000 m2 de terrains, Givisiez s’avérait le seul à répondre à toutes ces attentes. Le projet propose 240’000 m3 de volume bâti pour un investissement de 100 millions de francs. L’avant-projet est en cours d’établissement, la mise à l’enquête prévue en 2014 et le début des travaux en 2015. Le nouveau centre devrait être opérationnel en 2018 ou 2019. (ik)

En termes d’efficience et d’énergie, les économies générées atteindront trois millions de francs par an sur l’ensemble des activités de ce site.

Vue aérienne du site du futur centre d’entretien et de maintenance des TPF

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Nouveau centre des TPF : Un projet générateur d’économies

SPÉCIALFRIBOURG

Le RER fribourgeois change les comportements

Les Fribourgeois lâchent volon-tiers la voiture pour le train. Et pour cause, Fribourg et Bulle

sont reliées toutes les 30 minutes depuis fin 2011, Palézieux et Châtel-Saint-Denis depuis fin 2012. A partir de fin 2014, ce sera au tour d’Yverdon, Morat et Neuchâtel plus tard pour un réseau en étoile à la demi-heure. Et même au quart-d’heure dans l’agglomé-ration fribourgeoise, à terme. Avec un axe fort, ferroviaire, entre Fribourg et Bulle, les deux plus grandes agglomérations du canton, le RER Fribourg | Freiburg a complètement changé la manière d’utiliser les trans-ports publics. Il amène une nouvelle mobilité et draine de nouveaux com-portements dans un canton champion suisse de la voiture avec plus de 600 véhicules pour 1000 habitants. « Nous sommes surpris de l’engouement. Nous avions tablé sur une fréquentation bien moindre », se réjouit Martial Messeil-ler, responsable Communication aux Transports publics fribourgeois (TPF). Le nombre de voyageurs sur l’ensemble du réseau a augmenté de 5,6% alors qu’on

n’a ni changé l’offre, ni ouvert de nou-velles lignes. C’est bien l’effet du RER: les gens qui utilisent cette ligne alimentent aussi les bassins des agglomérations. « Avec une cadence à 30 minutes, les gens ne réfléchissent plus, ils prennent le train. C’est un facteur de dynamisme et de développement extraordinaire. »

Et pas que pour les pendulaires. Les trajets ouverts jusqu’à minuit rendent attractives des soirées en transports publics. Et avec cette liaison depuis Berne, les premiers effets touristiques se ressentent. La Gruyère devient beaucoup plus proche des Bâlois ou des Bernois qui s’y rendent pour le week-end. Charmey par exemple, jusque-là à des lieues de Bulle en transports publics, devient aisément accessible, avec des trains toutes les 30 minutes à Bulle et des bus ajoutés pour faire le lien jusqu’à la station. Ce développement a nécessité la fermeture des cinq gares entre Bulle et Romont et la création de trois points de croisement à Vaulruz, Sâles et Vuisternens-devant-Romont. Des bus rabattent les voyageurs sur les grandes gares. La Veveyse, c’est la nouvelle région raccordée au RER depuis décembre 2012, soit le RER Sud, avec aussi une cadence à la demi-heure entre Palézieux et Châtel-Saint-Denis, ainsi qu’entre Bulle et Semsales, mais seulement aux heures de pointe pour l’instant. Là aussi, des haltes ont été supprimées et les gares en activité se transforment progressivement en structures d’accueil très modernes. Dès le printemps 2015, cette étape sera parachevée avec du nouveau maté-riel roulant qui s’apparente aux trains Flirt de StadlerRail adaptés aux voies étroites.

"!Deuxième phase du RER A l’Est et l’Ouest, décembre 2014 verra la deuxième grande étape du RER Fribourg | Freiburg : l’introduction de la cadence à la demi-heure entre Fribourg

et Yverdon, et l’augmentation de celle de la ligne Fribourg-Morat-Neuchâtel, dans un premier temps jusqu’à Morat pour une cadence intégrale à 30 minutes en décembre 2015. Neuchâtel sera reliée au plus tôt chaque 30 minutes à Fribourg en 2018. Là-aussi, le mode RER engendrera la transformation d’infrastructures, comme la construction ou le renouvellement de secteurs de croisement à Pensier et Münchenwiler. A l’horizon 2016-2017, soit cinq ans après le lancement de la première ligne RER, Fribourg aura un réseau complet en étoile : toutes les directions à une cadence de 30 minutes.

Et même plus loin, 2020 devrait voir l’utilisation des lignes ferroviaires dans le Grand Fribourg pour quadriller l’agglo-mération avec des trains au quart-d’heure vers Villars-sur-Glâne, Belfaux, Givisiez ou Rosé. Comme un grand espoir de désengorger l’aggloméra-tion. Mais un RER n’est qu’une colonne vertébrale : il ne s’agit pas seulement de mettre une cadence à 30 minutes, mais de redessiner tout le réseau, y compris celui des bus. ISABELLE KOTTELAT

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LE RER EN QUELQUES DATES :

En 2009, Berne avait son S-Bahn, Vaud développait un réseau d’Express régionaux et Fribourg avait encore tout à faire. En décembre 2011, Fribourg inaugure sa première ligne RER Fribourg/Freiburg, exploitée par les TPF et les CFF. Elle relie Bulle à Berne en passant par Fribourg avec un train RegioExpress toutes les 30 minutes et toutes les heures le week-end. Il ne faut plus que 37 minutes pour avaler les 44 kilo-mètres qui séparent les deux plus grandes agglomérations du canton. Un an plus tard, la cadence passe à la demi-heure également les samedis et dimanches. En 2012, quelque 880’000 personnes sont transportées entre Bulle et Romont. En ajoutant le tron-çon Romont-Fribourg, on dépasse le million et demi de voyageurs.

Près de 16 millions d’usagers des TPF (+5,1%) en agglomération fribourgeoise.

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28 INDUSTRIE

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Le Groupement industriel du can-ton de Fribourg ( GIF-VFI) défend les intérêts des industries. De

par ses actions, l’association s’engage sur la voie du développement durable. Rencontre avec sa présidente, Chantal Robin, également directrice adminis-trative de Sofraver.

"!Comment les industries membres du GIF-VFI contri-buent au développement du-rable? Les industries n’ont pas attendu les normes ou les modes pour s’intéresser à l’aspect environnemental. Toutes nos industries y travaillent depuis long-temps selon leurs moyens. Beaucoup de nos entreprises ont cet aspect en ligne de mire, parce qu’elles ont un intérêt économique à le faire. Cela passe par exemple par des rénovations d’usine, par les transports ou encore par une amélioration de l’efficience énergétique de leurs produits. Cela per-

met aussi à ces entreprises de s’amé-liorer sur leur marché. L’image de l’écolo pur et dur tend à s’effacer au profit d’améliorations attractives, à condi-tion d’être économiquement viables.

"!Quels sont les défis que la branche devra relever dans les années à avenir? L’arrêt du nucléaire va poser de sombres questions pour nos industries, surtout s’il conduit à une augmentation des coûts de l’énergie. Et si les coûts sociaux continuent à augmenter, nous devrons sérieusement voir comment protéger notre industrie. Il faudra prendre la bonne direction tout en gardant en tête que ce sont nos clients qui nous font vivre et qu’eux aussi ont des contraintes économiques. Certains savoir-faire ont été délocalisés et main-tenant, nous devons faire attention à ne pas perdre notre économie. Nous nous devons de maintenir l’équilibre économique qui existe en Suisse du fait de la pluralité des secteurs.

"!Quelles sont les particulari-tés du canton de Fribourg pour le secteur industriel? Nous avons la chance de travailler dans un canton très dynamique et jeune. Il a de gros objectifs dans la mesure où nous devons innover en permanence pour produire des places de travail. Nous nous réjouissons donc natu-rellement de l’arrivée de Nespresso à Romont et de l’extension de l’usine

d’UCB Farchim à Bulle. Etant donnée la qualité des postes, c’est bon pour l’image du canton. Mais il faudrait réussir à créer 3000 nouvelles places de travail chaque année pour que le can-ton ne devienne pas une cité dortoir. Heureusement, nos autorités en sont conscientes. La proximité de la Suisse alémanique est aussi une chance extraordinaire pour notre industrie. Propos recueillis par Hélène Lelièvre

Propos recueillis par HÉLÈNE LELIÈVRE

Des industries orientées environnement

LE RÔLE ET LES ACTIVITÉS DU GIF-VFI

Cette association regroupe une centaine d’entreprises industrielles du canton, soit 13’500 postes de travail. Elle existe depuis 67 ans avec notamment pour objectif de défendre les intérêts des industries du canton et développer des synergies entre les différentes entreprises du groupement. Les entreprises sont actives dans diffé-rents domaines tels que l’industrie des machines, l’aéronautique ou l’automobile, l’alimentation, l’électronique. Chaque mois, ses membres se rencontrent pour visiter une entreprise du canton ou à l’extérieur ou écouter un conférencier. La reconnais-sance du GIF-VFI leur permet de visiter des lieux qui restent le plus souvent cachés. Ses adhérents ont également participé à des projets d’efficience énergétique. Enfin, ce groupement défend la place industrielle auprès de la Direction de l’économie et de l’emploi. (hl)

Chantal Robin, présidente du GIF

Ce type de vitrage produit un effet anti-reflet qui conduit mieux la lumière naturelle.

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Membre du Groupement industriel du canton de Fribourg, la socié-té Sofraver améliore l’isolation

des bâtiments en proposant des verres avec un meilleur rendement énergétique.

«Aujourd’hui, les bâtiments ont pu être ouverts, parce que la valeur thermique du verre s’est fortement améliorée. En vingt ans, il y a eu plus de progrès dans ce domaine que les cinq der-niers siècles.» Pierre-Yves Bielmann, directeur de Sofraver, explique que son entreprise, active dans la fabrication de verres isolants en double et triple vitrage, ainsi que dans la vitrerie qui recouvre la pose et la réparation de ses produits, contribue au respect de l’envi-ronnement en limitant les déperditions de chaleur tout en permettant l’apport de lumière. «Globalement, même si il y avait quelques déperditions de chaleur, le bilan énergétique du verre est désormais plus favorable que celui des murs, ajoute Pierre-Yves Bielmann, car le verre est un

élément actif qui laisse passer la cha-leur.» Basée à Avry-sur-Matran, Sofraver, qui compte aujourd’hui 65 collaborateurs, propose depuis peu un nouveau produit dont les propriétés isolantes ont été encore améliorées, mais qui présente également d’autres avantages pour le bien-être et la santé des individus: «Ce type de vitrage a des vertus sur la santé des individus. Il est particulière-ment adapté aux crèches et maisons de retraite.» Son revêtement spécial produit un effet anti-reflet qui conduit mieux la lumière naturelle. Les effets psycholo-giques, thérapeutiques et biologiques ont été prouvés: il améliore les rythmes de sommeil, les fonctions nerveuses, le bien-être ou encore l’attention. Il réduit aussi la dépression hivernale et l’hype-ractivité. Des innovations, qui assurent la pérennité de l’entreprise depuis près de cinquante ans.

HÉLÈNE LELIÈVRE

Des industries orientées environnement

Amélioration permanente des propriétés thermiques du verre

Bon nombre d’entreprises du canton s’investissent dans l’environnement.

Les progrès dans la valeur thermique du verre ont été fulgurants ces vingt dernières années.

SPÉCIALFRIBOURG

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S i le changement de cap vers les énergies renouvelables (ER) ne s’opère pas fortement, on en sera

à construire de nouvelles centrales dans trente ou quarante ans. René Longet, (photo) vice-président des Services industriels de Genève (SIG), tire la son-nette d’alarme. "!Quelle est l’attitude des grands producteurs d’électricité face aux ER ? René Longet: les SIG sont actifs dans l’hydraulique, l’éolien et le solaire. De leur côté, EOS et Alpiq sont également tout à fait positifs. Mais l’enjeu clé est le suivant : ce qui est rentable pour la société dans son ensemble ne l’est pas forcément pour les entreprises d’électricité, car la libéralisation de ce marché s’est faite sans internaliser les externalités..

"!Quel est l’enjeu aujourd’hui ? RL: La société à 2000 watts exprime le mieux ce nouveau paradigme. Le but est de réduire d’un facteur 3 la consommation par l’efficience énergétique, et de porter la part des énergies renouvelables de 20 à 75% en 2050. Or l’orientation actuelle des objectifs de rentabilité ne va pas dans ce sens. Nous sommes dans le cœur du problème.

"!economiesuisse refuse la sub-vention des ER. Le marché doit être le seul à dicter le prix d’un produit RL: economiesuisse a des œillères et refuse de reconnaître que les énergies non renouvelables ont toujours été fortement subventionnées du fait de l’absence de prise en compte des coûts externes. Par exemple le prix du carburant n’inclut pas les répercussions de la pollution, ou du changement climatique en particulier, qu’il s’agisse de la production, du transport ou de la consommation. Le prix du kWh d’origine nucléaire ne prend pas en compte le coût du démantèlement des centrales nucléaires ni celui du risque nucléaire.

Si tel était le cas, le prix des ER, qui ne comporte pas ces externalités majeures, serait certainement compétitif sans trop de subventions... Il faut cesser d’induire les entreprises en erreur en promettant des prix de l’énergie abusivement bas, car reportés sur les autres.

"!et les grands producteurs ont de la peine à garantir l’approvi-sionnement énergétique… RL: on découvre que les difficultés d’Alpiq, qui a essuyé deux fois de suite des pertes financières importantes, proviennent lar-gement d’un effondrement drastique des prix sur le marché européen. Les causes ? Une forte surproduction d’électricité, et la création d’un marché européen où les prix bas sont fondés justement sur la négation des externalités : centrales au charbon dans les pays de l’Est, nucléaire fran-çais, etc.. Qu’est-ce qui demeure encore rentable ? D’aucuns pointent du doigt les énergies renouvelables en oubliant que le nucléaire est indirectement davantage subventionné ! Sur ce marché, le réveil a été brutal, car la donne a trop rapidement changé.

"!et surtout les entreprises doivent bénéficier d’un prix de l’énergie très bas RL : mais cela n’est possible que parce que les externalités sont reportées sur la col-lectivité. Mais jusqu’à quand? Les centrales nucléaires ne sont pas éternelles… Que le

pouvoir politique décide de les fermer en 2034 ou non, elles atteindront leur fin de vie vers 2040 ou 2050. Combien cela coû-tera-t-il de les remplacer? 20 milliards par centrale ? La fin du nucléaire est program-mée indépendamment du politique. La décision stratégique est la suivante: veut-on les renouveler ou passer à autre chose, moins coûteux et plus efficient ? Comme elles seront cinq ou six à être obsolètes, les coûts du renouvellement seront énormes, et leur démantèlement tout autant. Sans doute des dizaines de milliards de francs. Avec ces montants, on pourrait assainir le parc immobilier et renouveler le parc automobile pour finalement se libérer du pétrole.

"!Quelles mesures préconisez-vous ? RL : le long terme plaide en faveur des ER. Mais les citoyens et les entreprises sont trop obnubilés par le court terme, et par le coût actuel de l’énergie largement faussé. Pour rééquilibrer la situation, il faudrait intensifier les mesures de soutien en faveur des énergies renouvelables, et s’assurer d’un meilleur usage de l’énergie trop largement gaspillée par le bas rende-ment des bâtiments et véhicules.

"!Les citoyens veulent sortir du nucléaire tout en s’opposant aux éoliennes, et aux panneaux solaires sur les toits. Quel para-doxe ? RL : Loin d’être figés dans le temps, nos paysages ont été modelés par la main de l’homme, ce sont des traces léguées par nos ancêtres. Cette fixation sur les éo-liennes doit cesser car nous devons chan-ger notre état d’esprit. Il y a des degrés dans le risque, ceux des énergies fossiles et du nucléaire sont les plus importants. Propos recueillis par CLAUDE DESBOEUF

Le prix de l’énergie est faussé

VISION GLOBALE

Vice-président des Services industriels de Genève et représentant des SIG au conseil d’administration d’EOS et d’Alpiq, René Longet est passé de l’autre côté de la barrière. Engagé au sein du comité des Cités de l’énergie, cet expert en développement durable a rejoint les producteurs d’électricité pour mieux cerner la problématique de l’approvi-sionnement du pays en électricité. (cd)

POINT DE VUE

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32VIEDES ENTREPRISES

Investissements énergétiques exemplaires chez Bobst

S i 300 entreprises et collectivités publiques réalisaient une instal-lation de cogénération d’une taille

identique à celle de Mex, la puissance installée correspondrait à celle de la centrale nucléaire de Mühleberg ». Sur son nouveau site de Mex dans la cam-pagne lausannoise, Bobst a consenti des efforts remarquables en matière de développement durable.

Bien avant de regrouper toutes les activi-tés sur le site de Mex, la direction de Bobst réfléchissait déjà en termes de dévelop-pement durable. L’entreprise se soucie de cette problématique depuis plus d’une trentaine d’années avec une expertise dans plusieurs domaines : recherches sur l’efficience énergétique, expédition des machines par le rail, transport des collabo-rateurs par bus et covoiturage, restaurant d’entreprise, participation à la création de la société Cosvegaz pour diminuer la dépendance au pétrole. Tant sur le site de Pune en Inde où des mesures d’économie et de gestion ont par exemple permis de réduire la consommation d’eau de près de 40 % entre 2011 et 2012 que sur celui de Bielefeld en Allemagne où de nouvelles presses d’impression flexographique ont été développées pour offrir un meilleur

rendement en consommant moins d’énergie pour imprimer la même surface. Partout l’entreprise qui emploie quelque 5000 personnes dans le monde, prend des mesures en faveur de l’environnement et du social.

"!Bien déterminer les besoins A partir de ces nombreuses expériences, la première étape de la nouvelle construction consistait à déterminer précisément les besoins : « Nous avons évalué nos besoins

La récupération d’eau de pluie de près de 300’000 litres est utilisée pour les besoins industriels.

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Une centrale solaire et couplage chaleur-force sont au centre des mesures d’appoint en matière d’énergie.

DÉVELOPPEMENT DURABLE PROFITABLE

Le site de Mex a été conçu afin d’offrir des espaces de travail et d’échange de qualité et de servir la clientèle de manière optimale. Un effort d’intégra-tion de l’architecture dans le paysage a été consenti : toiture végétalisée sur plus de 6’000 m2 du restaurant et du bâtiment du siège, création d’un canal pour la récupération des eaux de pluie traversant le site selon un axe nord-sud, plantation de plus de 200 arbres fruitiers et d’essences végétales indi-gènes, surfaces non utilisées rendues à la culture.Sur le plan économique, l’opération se révèle profitable : 30% d’espace en moins à production équi-valente, réduction de 15% de l’énergie thermique consommée, économie d’environ 10’000 heures de transport inter-sites par an, baisse de plus de 11% du volume de déchets, baisse de 12% des émissions de CO2 par m2. A la fin 2012, tous les sites de production dans le monde étaient en accord avec la norme ISO 14001 sur le mana-gement environnemental. Somme toute, une application maîtrisée des principes du développement durable peut être profitable et pas seulement à long terme. (cd)

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en termes de locaux et de puissance éner-gétique en tenant compte de l’état des techniques les plus récentes et des pers-pectives raisonnables d’amélioration ainsi que de l’impact de l’informatisation et de l’automatisation des processus ». René

Meldem directeur des RH Groupe, précise qu’en comparaison avec l’option de départ, qui consistait à regrouper sur un seul site l’outil de production à Mex, c’est une halle entière qui n’a pas été construite. Ce dirigeant des ressources humaines, qui a dirigé le projet de construction de l’exten-sion du site de Mex ajoute qu’aujourd’hui la parcelle non utilisée est louée à un paysan et que des vaches viennent régu-lièrement paître entre le bâtiment admi-nistratif et une des halles industrielles. En matière d’efficience énergétique, c’est également un travail sur les besoins qui a présidé à la conception du site, suivi par un travail sur les enveloppes et un travail au niveau des systèmes. Résultats : réseau de chauffage à distance, change-ment des régulateurs dans les bâtiments, système de récupération d’eau de pluie de près de 300’000 litres utilisée pour les toilettes et les besoins industriels, optimi-sation des vitrages, conception maison de dalles actives pour gérer l’acoustique dans

le bâtiment administratif, éclairage avec des ampoules A++, toitures en sheds vitrés permettant d’économiser 50% de l’énergie nécessaire à l’éclairage des halles.

CLAUDE DESBOEUF

Le groupe Bobst a évalué ses besoins en termes de locaux et de puissance énergétique en tenant compte de l’état des techniques les plus récentes.

UNE ENTREPRISE INTERNATIONALE

Bobst est le premier fournisseur mondial d’équipements et de services destinés aux fabricants d’emballages des industries de la boîte pliante, du carton ondulé et des matériaux souples. Fondée en 1890 à Lausanne par Joseph Bobst, la société éponyme est présente dans plus de cinquante pays, possède onze sites de produc-tion dans huit pays et emploie plus de 5’000 personnes dans le monde. Elle a enregistré un chiffre d’affaires consolidé de 1,26 milliard de francs au cours du dernier exercice.(cd)

PRODUCTION IN-SITU D’ÉNERGIE ÉLECTRIQUE

Centrale solaire et couplage chaleur-force sont au centre des mesures d’appoint en matière d’énergie. « Nous avons investi 1,2 million de francs dans une centrale solaire de 416 kW. 216 panneaux solaires couvrant une surface de 2800 m2 permettent d’économiser entre 4 et 5% de la consommation d’énergie électrique totale du site ». René Meldem relève également l’impact positif amené par le couplage chaleur-force alimenté au gaz qui constitue le principal générateur de chaleur du site et dont la puissance électrique de 1,2 MW permet de couvrir 35% de l’énergie électrique consommée. « C’est un geste à la fois symbo-lique et civique », commente-t-il, ajoutant que la responsa-bilité de l’avenir énergétique est également entre les mains des particuliers et des entreprises. (cd)

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34 CONSTRUCTION

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T andis qu’aujourd’hui nous consommons en Suisse quelque 6500 watts par habitant par an,

l’objectif de réduire des deux tiers cette consommation peut paraître utopiste. Pourtant, deux exemples de réalisations récentes montrent le chemin vers la société à 2000 watts. Diviser par trois la consommation énergé-tique par habitant sans perte de confort, tel est l’objectif de la « Société à 2000 watts ». Dans cette optique, l’entreprise totale Losinger-Marazzi SA propose un nouveau concept : «des éco-quartiers pour une société à 2000 watts, globalement équitables, écologiquement neutres, socia-lement responsables et efficients du point de vue de leur rendement énergétique». Greencity à Zurich et Erlenmatt à Bâle témoignent de cette volonté du groupe d’œuvrer pour le développement durable.

"!Electricité 100% d’origine renouvelable Situé au sud de Zurich sur le site de l’ancienne friche industrielle Sihl-Manegg, Green City joue un rôle de pionnier : « Nous sommes fiers d’être les premiers à avoir reçu le label « Cité de l’énergie » en Suisse et sommes déterminés à poursuivre sur cette voie pour nos nouvelles opérations immobilières ». Directeur technique de Losigner-Marazzi SA, Antoine Rérolle pré-cisait l’automne passé lors de la remise du label « Cité de l’énergie –Site 2000 watts »: « L’électricité utilisée sur le site de Sihl-

Manegg est à 100% d’origine renouvelable, grâce aux panneaux photovoltaïques en toitures et à la micro-centrale hydroé-lectrique Manegg, présente sur le site. La distribution de l’électricité est assurée par un smart grid, pour la production et la consommation ». La production de 4600MWh/an d’électricité est couverte par l’hydroélectricité, par le renouvelable externe et par le photovoltaïque.

Green City, c’est un éco-quartier com-prenant sept ensembles de logement totalisant 77’000 m2, quatre ensembles de bureaux (67’000 m2 proches de la sortie de l’autoroute A3), 9500 m2 de bâtiments scolaires avec écoles, crèches et aires de jeu ainsi que 8000 m2 de commerces. A noter que tous les bâtiments ont obtenu le label Minergie ECO.

Les besoins en énergie du site, qui tota-lisent 11’200 MWh par an, se répartissent entre la production électrique (41%) et la

La production électrique et la production thermique assurent les besoins annuels en énergie du site d’un total de 11’200 MWh

Greencity : L’électricité utilisée est 100% d’origine renouvelable

570 LOGEMENTS DURABLES À BÂLE

Réalisé sur quatre parcelles d’un ancien site industriel, le projet du quartier Erlenmatt à Bâle comprendra un ensemble de 570 logements (appartements en location ou en PPE pour familles et pour couples ou célibataires et des maisons mitoyennes), des bureaux ainsi qu’une résidence pour seniors composée de 63 logements, de 56 unités de soins et d’un restaurant ouvert à tous. La résidence pour seniors est actuellement en chantier jusqu’à l’automne 2014. L’association Cité de l’énergie a attribué à ce projet le certifi-cat «Site 2000 Watts en développement» Cet été débuteront les travaux sur les trois autres parcelles avec pour objectif de livrer les projets par étapes d’ici début 2016. Le canton de Bâle Ville contribuera lui aussi à ce projet avec la construction d’une école primaire et l’aménagement d’un parc d’une surface de 40’000m2, qui sera le poumon de ce quartier offrant une qualité de vie élevée.

2000 watts, c’est possible !

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production thermique (59%). Cette dernière est fournie par une pompe à chaleur avec l’eau souterraine (16%), le stockage de chaleur (23%), la récupération de chaleur sur les eaux usées (10%) et l’électricité renouve-lable pour la pompe à chaleur (9%). Antoine Rérolle souligne que l’éclairage public est assuré par des LEDs économes en élec-tricité. Enfin, «le quartier est par ailleurs entièrement équipé en fibres optique ».

"!Importance de la mobilité En plus de porter le souci de rassem-bler toutes les catégories d’âges, un site

classé « Cité de l’énergie » doit se montrer exemplaire du point de vue de la mobi-lité. C’est le cas du quartier d’Erlenmatt à Bâle (cf. encadré), qui sera approvi-sionné en réseaux de chaleur et modules solaires photovoltaïques. Et bénéficiera d’un réseau des transports en commun

remarquable, de bornes de recharge pour voitures et vélos électriques et des emplacements de car-sharing Mobility en contrepartie d’un nombre réduit de places de stationnement. CLAUDE DESBOEUF

Le quartier Erlenmatt à Bâle comprendra un ensemble de 570 logements

Greencity : L’électricité utilisée est 100% d’origine renouvelable

L’association Cité de l’énergie a attribué au projet Erlenmatt le certificat «Site 2000 Watts en développement»

«SOCIÉTÉ À 2000 WATTS»

Développé à la fin des années 90 à l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich, le concept de la « Société à 2000 watts » a pour objectif la réduction des gaz à effet de serre (GES). La Société des Ingénieurs et Architectes (SIA) s’est ensuite chargée de transposer ce concept durable dans son application concrète à la construction des bâtiments. Puis le projet de recherche « Développement des sites pour la société à 2000 watts », porté par l’Office fédéral de l’énergie et la Ville de Zurich, a permis d’aboutir à l’établissement du certificat « Cité de l’énergie – Site 2000 watts ».Ce certificat peut s’appliquer au niveau de tout un quartier pour lequel les concep-teurs visent à réduire les besoins en éner-gie primaire à 2000 watts par personne, diminuer les émissions de GES à une tonne par personne ainsi qu’à assurer une répartition équitable de la consommation énergétique à l’échelle mondiale. A noter

qu’il distingue les phases de construction, d’exploitation et de rénovation ainsi que la mobilité associée à l’utilisation des bâtiments.A côté de critères quantitatifs tels que la construction du bâtiment, son exploita-tion et la mobilité induite par le bâtiment, l’obtention de ce certificat s’effectue éga-lement sur la base de critères qualitatifs : système de gestion, communication et coopération, construction et exploitation du bâtiment, approvisionnement et traite-ment des déchets et enfin mobilité.Par ailleurs, le certificat existe sous deux formes : « site en développement » et « site en exploitation ». Le premier est attribué jusqu’à la mise en exploitation d’au moins 50% des surfaces des bâti-ments. Il se base sur plusieurs normes SIA et sur les valeurs de projet, notamment pour l’alimentation en énergie. Notons que le second mesure entre autres les consommations, les déplacements ainsi que les quantités de déchets. (cd)

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36 RECYCLAGE

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"!Bourse aux matériaux de constructionLe domaine de la construction est le plus gros produc-teur de déchets. Certains éléments voués à la casse sont encore utilisables. La fondation Promaison a lancé le projet Protravail afin de recycler les éléments issus des chantiers. Depuis fin 2012, elle a ouvert un magasin à Lausanne de matériaux de construction de deuxième main. En collaboration avec des architectes, des régies immobilières et des particuliers, les équipes de Protravail démontent du matériel sur des chantiers, le récupère, le contrôle, le nettoie et le répare afin d’approvisionner le magasin de 600 m2 et sa boutique en ligne sur www.protravail.ch. Cette initiative soutient également la réinser-tion professionnelle de chômeurs de longue durée. Soutenus par le service de l’emploi du canton de Vaud, trente employés sont sous contrat pour deux ans.

" Opacité dans la collecte des sources lumineuses A l’inverse d’autres filières, les données sur le taux de collecte des sources lumineuses ne sont pas confirmées. En 2011, 18 millions de sources lumi-neuses soumises à la CAR* ont été vendues par les entreprises volon-taires, participant au financement de la filière de traitement. SLRS** ne dispose que du poids total récupéré sans distinction du type (LED, fluo compactes, etc.) et ne distinguant pas les lampes de ses adhérents à celles mises sur le marché par des sociétés ne participant pas au financement. En comparaison, le rapport d’activité 2011 de la filière française Recyclum, indique des taux de collecte de 33%, des courbes de mortalité des équipe-ments dont la durée de vie moyenne est de 6 ans, et des résultats de sondage. En Suisse, le principal chan-gement de la révision de l’OREA***

prévue en 2014, concernerait l’obligation pour les importateurs et fabricants basés en Suisse de partici-per au système de récupération. Mais cette nouvelle exigence ne prévoit pas de fixer un taux minimal de collecte. L’évolution des LED, et la rapidité avec laquelle elles remplaceront les lampes fluocompactes, reste une inconnue, tout comme le risque de multiplication du nombre de sources lumineuses liées à leur plus faible consomma-tion. Dans tous les cas, le nombre de lampes économiques sur le marché va fortement augmenter. Ne reste plus qu’à espérer que les quantités collectées suivront le même chemin.

* Contribution anticipée de recyclage ** Fondation Suisse pour le recyclage des sources lumineuses et luminaires) *** Ordonnance sur la restitution, la reprise et l’élimination des appareils électriques et électroniques

Les sources lumineuses doivent être collectées séparément pour être recyclées. Seules les ampoules à filaments (à incandescences ou halogènes) sont à mettre avec les ordures ménagères. En effet, pour les déchets banals et non soumis à une CAR, leur recyclage ne se justifie ni d’un point de vue économique, ni environnemental. (source Recyclum}

" FORUM DECHETS

Le magazine «Tout compte fait» a invité les communes romandes à répondre à un questionnaire sur les ordures ménagères. 370 communes ont parti-cipé au sondage. Leurs réponses sont répertoriées dans une base de données qui indique pour chaque commune: le système de financement en vigueur,

les différents montants à payer et finalement les possibilités d’allègement ou d’exonération disponibles. La base de données est en libre accès sur le site web du journal: www.toutcomptefait.ch > services > déchets ménagers. A noter que FORUM DECHETS de juin 2013 traite de l’incinération en Suisse.

Depuis 1995, le bureau d’investiga-tion sur le recyclage et la durabilité (Bird) rédige FORUM DECHETS. Edité par la fondation suisse pour la pratique environnementale Pusch, le bulletin d’information sur la diminution et la

gestion des déchets paraît 4 fois par année. La liste avec les thèmes traités est disponible sur le site www.forumdechets.ch.

" Gestion des ordures ménagères

Auteur de cette rubrique : ANNE-CLAUDE IMHOFF, Bird, Prilly et Genève - www.lebird.ch

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Barbara Schwickert (photo) est la nouvelle présidente de l’association Cité de l’énergie.

Interview.

"!Comment envisagez-vous le rôle des communes dans la stratégie énergétique 2050 ? Barbara Schwickert: Les communes se sont exprimées en faveur de la straté-gie fédérale et demeurent des parte-naires essentiels à sa mise en œuvre. D’ailleurs, elles vont encore plus loin et demandent à la Confédération d’être davantage impliquées. Nous sommes plus proche de la population et pou-vons participer activement à la stratégie énergétique en particulier par l’intermé-diaire de nos fournisseurs en énergie.

"!Quelle importance revêt le label Cité de l’énergie dans la stratégie 2050 ? 53% de la population vit dans une commune certifiée Cité de l’énergie. Ses habitants participent à un vaste proces-sus qui vise exactement les objectifs de la stratégie énergétique de la Confédé-ration. L’augmentation du nombre de communes et de villes certifiées Cités de l’énergie et membres du réseau Cité de l’énergie, crée une dynamique contribuant fortement à la réalisation de la transition énergétique. Et cela grâce à des mesures concrètes. Le système de management du processus Cité de l’énergie a égale-ment un effet sur la durée. Les collecti-vités ont un instrument en main qui leur permet une approche structurée pour une politique énergétique à long terme.

"!Que peuvent encore faire les communes pour promouvoir la Société 2000 watts auprès de la population ? Les communes peuvent améliorer leur communication sur les mesures qu’elles mettent en œuvre dans le domaine Cité de l’énergie et assumer ainsi leur fonc-tion d’exemple. A l’aune de mon expé-rience, ce qui touche à l’énergie interpelle les médias et la population. La Ville de Bienne veille à impliquer ses habitants. Ainsi pour le projet «EnergieEffort», les foyers choisis expliquent comment éco-nomiser de l’énergie et leurs gains. "!Comment pensez-vous développer l’importance du label Cité de l’énergie ? Cité de l’énergie se nourrit des expé-riences positives des 25 dernières années et notamment des programmes parallèles qui ont été lancés au fur et à mesure et qui complètent aujourd’hui le label de base. Ces différents pro-grammes sont axés sur des aspects précis tels que la mobilité ou les sites 2000 watts. "!Presque toutes les grandes communes ont reçu le label Cité de l’énergie. Comment allez-vous convaincre les plus petites ? Toutes les grandes communes certifiées n’ont pas décroché le label GOLD. C’est donc un objectif à prendre en considé-

ration. Les petites communes, quant à elles, sont généralement motivées lorsqu’elles voient l’impact positif de la certification sur les autres communes de la région. Il est également possible de devenir partenaire «en cours de route» lorsque l’on introduit le sys-tème de management, mais que 50% des mesures sont encore à réaliser. Quelques petites communes ont déjà reçu le label Cité de l’énergie. Au Liech-tenstein, toutes les communes ont été certifiées, la plus petite compte à peine 300 habitants. Un avantage de la procédure de certification est la prise en compte de la marge de manœuvre des petites communes. Toutes les com-munes peuvent devenir Cité de l’énergie.

PROPOS RECUEILLIS PAR MATTHIEU CHENAL

« Toutes les communes peuvent devenir Cité de l’énergie »

CITÉ DE L’ÉNERGIE

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BARBARA SCHWICKERT, MADAME ENERGIE À BIENNE

Barbara Schwickert dirige depuis plus de quatre ans le secteur de l’énergie de l’exécutif de la Ville de Bienne. Auparavant, elle a siégé pendant quinze ans au conseil de ville de Bienne (Parlement) et fait partie du Grand Conseil bernois de 2006. Elle est également membre de la conférence Société à 2000 watts et du groupe de travail «Stratégie énergétique 2050» de l’Union des villes suisses. (www.citedelenergie.ch)

Renens, nouvelle Cité de l’énergie.

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38 EOLIEN

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Depuis le temps qu’Isabelle Che-valley (photo) parcourt les cam-pagnes pour expliquer l’énergie

éolienne à ses compatriotes, elle en a ressenti le besoin de résumer dans un livre toutes les critiques énoncées à l’encontre de l’éolienne. Elle apporte également des réponses scientifiques et factuelles aux mythes qui entourent cette énergie. Parole d’experte. On peut comprendre que des citoyens ne veulent pas d’éoliennes proches de chez eux, comme d’autres se seraient passés d’avoir le train ou une autoroute dans leur jardin. Mais c’est incontournable, notre société consomme de l’électricité et même si de nombreuses mesures sont prises pour limiter cette consommation, il faudra toujours que l’on produise des kWh. La consommation zéro n’existe pas.

On entend beaucoup de choses erronées concernant les éoliennes. Prenons un exemple parmi tant d’autres. S’agissant de la distance entre éoliennes et habita-tions, certains opposants à cette énergie affirment que l’Académie française de médecine exige 1500 mètres et que la Suisse devrait en faire de même. Soit, décortiquons cette affirmation et allons à sa source afin de l’actualiser.

Le document de l’Académie natio-nale de médecine française intitulé Le retentissement du fonctionnement des éoliennes sur la santé de l’homme qui date de 2005 stipule au chapitre des recommandations du groupe de travail: « Pour faire la preuve de l’éventuelle nocivité du bruit éolien pour l’homme, l’Académie estime indispensable que soient entreprises deux types d’études:

• la mise au point d’une procé-dure réalisant l’enregistrement, sur une période longue de plu-sieurs semaines, du bruit induit par les éoliennes dans les habi-tations, puis son analyse ...

• une enquête épidémiolo-gique sur les conséquences sanitaires éventuelles de ce bruit éolien sur les populations.

"!Pas de risque au niveau des émissions sonores En attendant les résultats de ces études, l’Académie recommande aux pouvoirs publics que dès main-tenant à titre conservatoire soit suspendue la construction des éoliennes d’une puissance supé-rieure à 2,5 MW situées à moins de 1’500 mètres des habitations ... »

Or, l’Académie française de médecine a publié en mars 2008 cette nouvelle étude et voici ses conclusions: « Il apparaît que les émissions sonores des éoliennes ne génèrent pas de conséquences sanitaires directes, tant au niveau de l’appareil auditif que des effets liés à l’exposition aux basses fréquences et aux infrasons. » Plus loin: « L’examen des données ... montre que la définition à titre permanent d’une distance minimale d’implantation de 1500 mètres vis-à-vis des habitations, même limitée à des éoliennes de plus de 2,5 MW, n’est pas représentative de la réalité des risques d’exposition au bruit et ne semble pas pertinente ». Mais les opposants se gardent bien de parler de cette seconde étude qui dessert leurs intérêts.

"!Sortir de l’émotionnel Il faut donc s’extraire de l’émotionnel et revenir à la raison, sortir des mythes qui entourent l’énergie éolienne. Nos voisins ont développé largement cette énergie et leurs populations ne souffrent pas de maux inexplicables. Dans la région de la Rhénanie Palatinat en Allemagne, une région deux fois plus petite que la Suisse, on produit aujourd’hui déjà plus de 3 TWh d’énergie éolienne alors que nous en sommes en 2012 à 0,07 TWh. La Suisse est un pays en voie de dévelop-pement éolien, il s’agit de nous réveiller.

De nombreuses activités humaines provoquent des désagréments, nous devons les partager solidairement. Les deux plus grandes villes de Suisse ont chacune un aéroport qui apporte des nuisances à des milliers de personnes, pourquoi d’autres régions n’auraient-elles pas quelques éoliennes ?

Nous ne pouvons plus vivre comme des enfants gâtés qui appuient sur un bouton pour obtenir de l’électricité sans se demander comment elle est produite. Chacun doit faire sa part. Les cantons alpins ont affecté de nom-breuses vallées à la construction de barrages qui nous donnent une relative autonomie énergétique aujourd’hui, alors pourquoi n’installerions-nous pas quelques éoliennes sur la chaîne du Jura?

Lorsque l’on explique à un Africain que certains d’entre-nous ne veulent pas d’éoliennes parce que c’est « moche », d’abord il demeure sceptique ensuite il nous propose de venir les instal-ler chez lui. Peut-être faut-il préci-ser que la plupart des habitants du continent africain n’ont pas accès à l’électricité, ce que nous ne saurions plus envisager, ni même imaginer...

ISABELLE CHEVALLEY, conseillère nationale et présidente de Suisse-Eole.

L’éolien entre mythes et réalités

L’ÉOLIEN ENTRE MYTHES ET RÉALITÉSPrix en librairie 27 francsLe livre peut être commandé sur ce site : http://www.isabellechevalley.ch/eolien-entre-mythes-et-realites/

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