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TOUS PROS ! ACCESSIBILITÉ PERFORMANCE ÉNERGÉTIQUE BATI METIERS LA REVUE DES BÂTISSEURS NUMÉRO 24 SEPTEMBRE 2011

BATIMETIERS · 2014. 1. 28. · patrimoine • Fiches pathologie bâtiment • Nouvelles publications AQC disponibles sur Internet • Les aides fiscales conditionnées à un nouveau

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  • TOUS PROS!ACCESSIBILITÉ PERFORMANCE ÉNERGÉTIQUE

    BATIMETIERSLA REVUE DES BÂTISSEURSNUMÉRO 24 SEPTEMBRE 2011

  • L’ACTUALITÉ 2Bâtir au féminin • Rubans du patrimoine • Fiches pathologie bâtiment • Nouvelles publications AQC disponibles sur Internet • Les aides fiscales conditionnées à un nouveau label • Meilleur ouvrier de France • Formations FEEBat RT 2012 et perméabilité à l’air • Concours du meilleur apprenti peintre et maçon • Qualifications EnR renforcées

    GRAND TÉMOIN 10Dominique Riquier-Sauvage : « Redonner tout son sens au travail d’équipe »

    NORMALISATION 54Participer à l’élaboration des règles du métier • DTU publiés depuis le 1er janvier 2010

    FORMATION 56Se former dans le domaine de l’accessibilité • Avec FEEBat, mettre toutes les chances de son côté

    RÉGLEMENTATION 58Éléments non structuraux : des exigences sismiques qui restent à préciser • Marquage CE : de la directive au règlement européen

    ENVIRONNEMENT 61Certificats d’économie d’énergie : le dispositif se renforce

    LA PAROLE À 64Philippe Tempere « Formation amiante, il ne suffit pas de réglementer »

    S O M M A I R EB ÂT I M É T I E R S • R E V U E T R I M E S T R I E L L E • N U M É R O 2 4 • S E P T E M B R E 2 0 1 1

    MÉTIERS

    GROS ŒUVRE/ STRUCTURE

    14

    Formation : travaux pratiques sur une maison pédagogique 13Développement durable : déconstruire en préservant l’environnement 14Perspective : de l’agrégat recyclé au béton recyclé 17Réglementation parasismique : quelles conséquences pour la maison individuelle ? 19Construction bois BBC : les clés d’une bonne étanchéité à l’air 20

    Revêtement de façade : le bois réhabilité 23RT 2012 : un nouveau rôle pour la baie, ses équipements et pour les professionnels 24SEL mis en œuvre à l’extérieur : cahier des prescriptions techniques 26Paroi vitrée : deux nouveaux outils pour les professionnels 27Un logiciel en préparation pour les menuisiers 28RT 2012 : un aide-mémoire pour les métalliers 28

    Assurance : le cas particulier des installations photovoltaïques 31Chauffe-eau solaires collectifs : ne pas passer à côté des bonnes pratiques 32Accessibilité : l’électricien, acteur de l’autonomie des personnes 34Installations gaz : le point sur les procédures de raccordement 36Installations électriques : la maintenance, un vrai métier 38Légionelles : les ERP sous surveillance 38

    Accessibilité des salles de bains : l’atout qualification pour les carreleurs 41Un enduit qui se dessine pierre par pierre 42Fiche accessibilité : les mains courantes dans les ERP 44Parquet dans les pièces humides : une pose sous conditions 45Guide pour l’établissement des descriptifs et quantitatifs de peinture 45Isolation acoustique : se donner les moyens de garantir les résultats 46CQP monteur en plafonds suspendus : les premiers diplômés 46Des aides pour nettoyer les outils de peinture 46

    ENVELOPPE

    24

    ÉQUIPEMENTS TECHNIQUES

    32

    FINITIONS/ AMÉNAGEMENT

    41

    É D I T O R I A L

    DOSSIER 48

    ZOOM CHANTIER 62

    Enveloppe performante pour les locaux de la FFB Haute-Loire

    Tous Pros !

    A vec les Pros de la performance énergétique ®, la Fédération française du bâtiment a souhaité donner aux entrepreneurs et artisans les moyens de se positionner et valoriser leur savoir-faire sur un marché qui impose de nouvelles pratiques. Les Pros qui témoignent dans le dossier de Bâtimétiers nous le disent clairement : formation, approche globale, conseil et accompagnement du client pour lui proposer une offre adaptée, travail en réseau, culture du résultat… autant d’éléments que la démarche des Pros de la performance énergétique ® leur permet de mettre en avant. La plupart de ces principes se retrouvent dans la démarche des Pros de l’accessibilité ® que la Fédération vient de lancer. Comme pour la performance énergétique, la plupart des métiers sont concernés par l’accessibilité. Il appartient donc à chacun d’entre nous de saisir l’opportunité qui se présente pour se positionner sur un marché à fort potentiel. La Fédération française du bâtiment propose de nombreux outils pour aider les professionnels à exercer leur métier au quotidien dans les meilleures conditions. Dans le champ technique, le répertoire joint à ce numéro présente la palette complète des documents disponibles. Chacun y puisera les ressources nécessaires pour accroître son expertise. Pour nos entreprises comme pour

    nos clients, soyons tous Pros !

    JEAN-YVES ROBIN, PRÉSIDENT DU CONSEIL DES PROFESSIONS DE LA FFB

    TOUS PROS !ACCESSIBILITÉ, PERFORMANCE ÉNERGÉTIQUE

  • B Â T I M É T I E R S � SEPTEMBRE 2011

    L ’ A C T U A L I T É

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    Les règles professionnelles chanvre et paille en attente de validation Bien qu’il s’agisse de techniques anciennes, ni les règles professionnelles correspondant à la construction en chanvre, ni celles relatives à la construction en paille ne figurent à ce jour sur la liste de la Commission Prévention Produits (C2P) de l’Agence Qualité Construction (AQC), qui accepte les procédés constructifs suffisamment fiables pour lever toute restriction sur le plan assuranciel. Si les premières ont été retirées, des démarches concernant les deux types de règles professionnelles ont été engagées auprès de la C2P pour faire valider leurs référentiels techniques et de formation. Ces techniques ont vocation à être reconnues comme courantes dans un proche avenir. Dans l’intervalle, les professionnels qui veulent y avoir recours doivent se rapprocher de leur assureur.

    Un guide sur la « maison minérale » Informer les acquéreurs de maisons individuelles sur les caractéristiques environnementales des matériaux minéraux (béton, ciment, brique, pierre, mortier...) : tel est le but du guide La maison minérale : le choix raisonné, qui vient d’être publié par l’UMGO-FFB, en collaboration avec les principaux syndicats professionnels du secteur. Bilan écologique, analyse du cycle de vie, mais aussi données économiques… ce guide de 12 pages destiné aux clients des maçons montre par exemple que l’impact environnemental d’une maison dépend moins de son système constructif que de la zone climatique et, surtout, du comportement de ses utilisateurs. Guide disponible sur demande auprès des fédérations départementales et sur le site www.umgo.ffbatiment.fr

    Couverture : ils sont tous Pros de la performance énergétique

    « Bâtir au féminin » Les lauréats 2011

    P our la troisième fois depuis 2008, la FFB a décerné, à l’occasion de son congrès de Clermont-Ferrand en juin der-nier, les trophées « Bâtir au fémi-nin ». Le but est de valoriser les bonnes pratiques des dirigeants qui ont recruté, formé et fidélisé des femmes dans leur entreprise. En tout, ce sont sept chefs d’en-treprise qui ont été distingués.Parmi eux, Éric Boudier (métal-lerie-serrurerie à Chenôve en Côte-d’Or) a reçu le prix Coup de cœur : l’une des salariées de son entreprise est la première femme à avoir gagné le concours de « Meilleur ouvrier de France ». Pour une autre lauréate, Émilie Féral, patronne d’Isoléa dans les Bouches-du-Rhône, spécialisée dans le désamiantage, il n’y a que

    des avantages à recruter des femmes. L’entreprise, dont elle a repris le flambeau en 2004, à 24 ans, en compte désormais six (quatre opératrices de désamiantage et deux chefs d’équipe). « Notre but est d’arri-ver bientôt à la parité. Même si, au départ, il n’a pas été facile de faire accepter des femmes dans l’entreprise, cela a été d’un grand bénéfice : nous avons moins de turn-over et, sur des chantiers de type HLM, elles savent très bien rassurer les habitants sur le désa-miantage. » Le profil des femmes recrutées est souvent celui d’opé-ratrices de l’industrie. Leur arri-vée a nécessité d’adopter certains modes opératoires, par exemple en allégeant les charges lors de manutentions. Après avoir fémi-

    nisé une profession considérée comme difficile, Émilie Féral compte maintenant faire de même dans une autre de ses entreprises, spécialisée en pro-tection incendie. �

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    De gauche à droite et de haut en bas : P. Kesler, Entreprise Kesler Chauffage (54) • S. Clerc, Entreprise Elite Construction (21) • A. Philippe, EURL Philippe (28) • F. Savary, Électrique Cite (14) • J.-M. Hirschner, Hirschner Construction (67) • A. Bailly, Entreprise Chevalier (73) • N. Christen, Entreprise SARL Christen (68) • J.-P. Bardet, CCP Leberche

    (87) • H. Durieux, Durieux & Fils (43) • B. Anquetil, Entreprise Anquetil (58) • T. Larcher, Larcher SARL (14) • V. Tillieux, Tillieux Menuiserie (59) • F. Poggia, SARL Poggia (38) • A. Boulens, SAS Lacharme (01) • D. Geslin, ABC Isolations (14) • C. Waubant, Savio (62) • D. Le Tohic, Ets Richeux-Le Tohic (22) • A. Angrand, Société Arlaud (27) • V. Maugy, Entreprise Maugy (27) • V. Lebreton, Atlantique Ouvertures (44) • P. David, Platrerie David (67) • F. Walter, YMTEC SAS (67) • S. Lonjon, Entreprise SO.GE.BA (43) • C. Durieux, Durieux & Fils (43) • S. Congiu, Eurobat (62) • M.-R. Bordeau, Landry SAS (49) • R. Rousseau, Rousseau SAS (49) • R. Baille, Entreprise Baille Marin et Fils (05) • P. Roussy, Savoie Frères SA (37) • P. Lansard, Lansard

    Energie (74) • P.-Y. Fouilland, Miroiterie Raynaud (87) • P. Carla, Entreprise SHM (83) • A. Dheedene, Dheedene SAS (59) • P. Rousselot, Eiffage Thermie Ouest (44) • B. Loison, Entreprise Loison (59) • L. Goutard, Métallerie Dabin (72) • D. Rudler, Air Energie (68) • S. Canto, Val de l'Indre Façades (37) • J. Neyron, Neyron Frères (43) • M. Guillien, BEI (21) • M.-A. Ramos, Etrelec (33) • P. Pierré, Olry Cloisons (68) • V. Bardet, Bardet SN (41) • J.-L. Mention, Sidem (80) • J.-J. Pascual, Entreprise Piazza Bâtiment (60) • Y. Ghoudane, Energetic Performance (62)• H. Naulleau, Naulleau Hervé SARL (85) • J. Balas, Entreprise Balas-Mahey (93) • R. Gely, Entreprise Bénetière (42) • O. Guérin, Entreprise Copeaux et Salmon (60) • M.-C. Anger, Anger Patrice SARL (76) • E. Magdziack, Entreprise Vigier (94) • F. Yilmaz, Yilmaz Franck SARL (58) • J.-M. Andrade, Sanitherm (56) • D. Lenoir, Entreprise Lenoir Métallerie (69) • J.-L. Dazeas, SA Dazeas (32) • G. Baltazard, Espace Elec (54) • F. Tardy, Entreprise Tardy Frédéric SARL (42) • S. Ferrand, Ets Jean Dagnicourt (27) • B. Clément, Menuiserie Clément (42) • G. Diruy, Diruy SAS (80) • L. Braga, Entreprise Braga GP (08) • J. Chanut, Chanut Entreprise (38) • M.-P. Hainneville, Entreprise Grieu (76) • O. Tommasini, Tommasini Construction (59) • P. Jarry, Entreprise Jarry (53) • C. Hennequin, Virot SAS (70) • C. Crosnier, Les enfants de Jean Crosnier (41) • J.-N. Lebert, Scomil Bâtiment (87) • L. Fauvarque, Entreprise Millet Michel (37) • J.-P. Billiet, Billiet SA (59) • P. Lemoine, Pascobois (14) • U. Jaunault, Enduits Rénovation Bâtiment (44) • L. Beaudeux, Beaudeux Sanitaire et Chauffage (59)

    LES LAURÉATS 2011

    • Éric Boudier, entreprise Boudier, Métallerie-serrurerie, 37 salariés dont 2 métallières ferronnières, prix Coup de cœur. • Philippe Borne, gérant, Société nouvelle Brunereau (SNB), peinture-décoration-ra-valement-ITE, 40 salariés dont 7 femmes.• Gilles Boyer, PDG, Entreprise Boyer, entreprise générale, maçonnerie, béton armé, 210 salariés dont 5 femmes.• Laurent Clément, gérant, Sarl Clément, électricité, 10 salariés dont 5 femmes. • Bernard Leblais, gérant, Dumont Électricité Systèmes, électricité, 32 salariés dont 2 femmes.• Émilie Féral, présidente, Isoléa, désamiantage, 30 salariés dont 6 femmes.• Jean-Marie Raynaud, gérant, Sarl STAP, peinture-décora-tion, 16 salariés dont 5 femmes.

  • L ’ A C T U A L I T É

    SEPTEMBRE 2011 � B Â T I M É T I E R S 3

    AGENDA

    DU 20 AU 21 SEPTEMBRE 2011Intelligent Building Systems, Paris La Défense, CNITSystèmes intelligents pour la performance des bâtiments.

    DU 20 AU 22 SEPTEMBRE 2011APS Alarme Protection Sécurité, Paris, Porte de VersaillesSalon spécialisé de la sûreté/sécurité.

    23 SEPTEMBRE 2011 Rencontres des métiers du gros œuvre de la FFB (Union des métiers du gros œuvre et Union des entrepreneurs d’enduits de façades) à Ajaccio.

    DU 23 AU 24 SEPTEMBRE 2011Congrès de l’UECF-FFB, Centre de Congrès, BiarritzEfficacité énergétique, le ticket gagnant installation et maintenance.

    DU 27 AU 29 SEPTEMBRE 2011Preventica Lyon, EurexpoLa référence santé sécurité au travail.

    11 OCTOBRE 20111ères assises Électricité & Habitat, Paris, Salons de la maison des Arts et Métiers.

    14 ET 15 OCTOBRE 2011Congrès de la Chambre française de l’agencement, Metz

    DU 21 AU 23 OCTOBRE 2011Ecobat Marseille, Parc ChanotSalon de l’éco-construction et de la performance énergétique.

    DU 7 AU 12 NOVEMBRE 2011Batimat, Paris, Porte de Versailles, Parc des expositionsSalon international de la construction. Retrouvez la FFB sur le stand 52 (Pavillon 1, allée H) et venez vous familiariser aux tests d’étanchéité à l’air avec l’UMPI-FFB face à l’entrée du Pavillon 1.

    22 NOVEMBRE 2011High Tech et Patrimoine à la FFB, ParisColloque organisé par le Groupement des monuments historiques de la FFB.

    DU 7 AU 9 DÉCEMBRE 2011Energaïa, Montpellier, Parc des expositionsSalon international des énergies renouvelables.

    POUR EN SAVOIR PLUS

    www.batiportail.com

    RUBANS DU PATRIMOINE Une édition se clôture, une autre commence

    décerne ensuite trois prix (communes et structures inter-communales de moins de 3 500 habitants, de 3 500 à 20 000 habitants, et de plus de 20 000 habitants), les trois lau-réats se partageant une dotation globale de 15 000 euros. Dans ces trois catégories, les prix nationaux 2011 ont été attri-bués respectivement à Saint-Martin-en-Campagne (Seine-Maritime), pour la restauration de la maison Mercier, à Ville-

    C réés en 1994 à l’initiative de la FFB, de l’Association des maires de France, de la Fon-dation du Patrimoine et de Dexia, rejoints depuis par la Gazette des Communes, les Rubans du patrimoine récom-pensent chaque année les com-munes ayant réalisé une réno-vation remarquable d’un élément de leur patrimoine. Ce concours, qui met en valeur la qualité et la diversité du patri-moine bâti – des demeures anciennes aux manoirs et châ-teaux, des églises aux monu-ments et sites industriels – contribue à l’attractivité touristique des collectivités locales et à leur développement. Le concours se déroule en deux temps. Des jurys régionaux exa-minent tout d’abord les dossiers présentés par les communes, attribuent des prix départe-mentaux, puis sélectionnent les dossiers qui concourront au plan national. Le jury national

    neuve-lez-Avignon (Gard), pour la réhabilitation de l’église Saint-Pons, et à la Commu-nauté d’agglomération Hénin-Carvin (Pas-de-Calais), pour la reconversion du puits de mine de 9-9 bis de Oignies. Un prix spécial a été attribué à Aubazine (Corrèze) pour la restauration du Canal des Moines (voir photo), et une mention spéciale à Saint-Dizier (Haute-Marne) pour la réhabilitation du théâtre – sans oublier les 15 prix régio-naux et 40 prix départemen-taux. La remise des prix aura lieu le 4 octobre 2011 à la FFB, à Paris, au cours d’une cérémonie qui permettra également de lancer l’édition 2012. Les com-munes qui souhaitent partici-per à cette nouvelle édition (la 18e) devront déposer leur dos-sier avant fin janvier 2012. �

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    FICHES PATHOLOGIE BÂTIMENT Édition actualisée É ditées par l’Agence Qualité Construction et la Fonda-tion Excellence SMA, les fiches pathologie bâtiment, dont la première édition remonte à 1995, se sont imposées comme un outil de travail de référence. Regroupées en six chapitres – Fondations et infrastructures, Structures et gros œuvre, Toitures et charpentes, Enve-loppes et revêtements exté-rieurs, Équipements, Aména-gements intérieurs – elles traitent des pathologies les plus fréquemment rencontrées

    dans le bâtiment. Une édition actualisée comportant 61 fiches a été publiée en avril 2011, inté-grant les désordres issus des nouvelles technologies et pro-cédés (colonnes ballastées, chauffage par le sol par plan-cher rayonnant électrique…), ainsi qu’un diagnostic des causes et des propositions de solutions, en tenant compte de l’évolution des réglementa-tions et des objectifs du déve-loppement durable. Les fiches pathologie bâtiment sont télé-chargeables sur les sites Inter-

    net de l’AQC (www.quali-teconstruction.com) et de la Fondation Excellence SMA (www.smabtp.fr, rubrique GroupeSMA/excellence SMA), et sous forme plastifiée dans un classeur distribué par l’AQC. �

  • B Â T I M É T I E R S � SEPTEMBRE 20114

    L ’ A C T U A L I T É

    Contrôle renforcé pour la RT 2012Le 18 mai 2011, est paru au Journal Officiel un décret (n° 2011-544) qui stipule que, dans le cadre de la RT 2012, les maîtres d’ouvrage de tout bâtiment neuf devront établir un document attestant qu’ils ont pris en compte la réglementation thermique au moment du dépôt du permis de construire. Ce décret les obligera également à le démontrer lors de la réception des travaux. Un tiers indépendant se chargera alors de vérifier la conformité ou non du bâtiment et le justifiera auprès du maître d’ouvrage au moyen d’une seconde attestation.

    Le patrimoine technique de la FFB à la disposition des entreprises La FFB vient de publier le guide Ressources documentaires techniques 2011. Ce catalogue d’une richesse exceptionnelle (70 pages/240 références) recense l’ensemble des publications techniques et métiers émanant des unions, syndicats et de la direction technique de la FFB, ou élaborés en collaboration avec d’autres organismes comme l’Agence Qualité Construction. Chaque professionnel, quel que soit son métier, y trouvera les sources documentaires utiles à son activité classées en dix chapitres : gros œuvre et structure, enveloppe, équipements techniques, aménagement et finitions, collections (Calepins de chantier, Bonnes pratiques), accessibilité, environnement-santé, performance énergétique, sécurité incendie et ouvrages divers. Ce guide est disponible sur demande dans les fédérations départementales et encarté dans ce numéro de Bâtimétiers.tiers.

    RÉNOVATION ÉNERGÉTIQUE Les aides fiscales bientôt conditionnées à un nouveau label

    L es conditions d’attribution des aides fiscales dédiées aux travaux d’amélioration énergétique des bâtiments – Éco-PTZ, crédit d’impôt… – devraient fortement évoluer dans les années qui viennent. Les pouvoirs publics, en effet, veulent améliorer le dispositif actuel et favoriser la qualité des travaux, en faisant en sorte que seules les entreprises justifiant d’un signe de qualité avéré puissent intervenir. Un label dont l’appellation provisoire est « QualiGrenelle » sera prochainement créé, qui conditionnera l’accès aux aides publiques, ainsi que les moda-lités d’attribution. Une initia-tive entièrement soutenue par la FFB : « Les travaux de réno-vation énergétique doivent être réalisés par les entreprises qui possèdent les compétences pour les mener à bien », sou-ligne ainsi Henri Beaugiraud, délégué aux Affaires tech-

    niques de la FFB en charge de ce dossier. Dans ce contexte, l’obtention de la marque Pros de la perfor-mance énergétique® de la FFB (1) se révèle un choix judi-cieux, car les entreprises qui en sont titulaires rempliront les conditions d’éligibilité à ce nouveau label. Pour que les objectifs de réduction de la consommation énergétique des bâtiments fixés par le Grenelle de l’environnement soient atteints, et pour main-tenir le dynamisme du marché de la rénovation énergétique, la FFB forme le vœu que ce nouveau dispositif soit mis en œuvre sans tarder, et en deux temps : « Nous souhaitons que dès 2012, les titulaires des signes de qualité éligibles à ce label voient leurs efforts récompensés par une majora-tion des aides fiscales par exemple, et que le label soit rendu obligatoire dès 2013

    pour les obtenir, ajoute Henri Beaugiraud. Un tel calendrier inciterait efficacement les entreprises à aller vers la qua-lification, tout en leur donnant le temps de se former, grâce notamment au dispositif FEEBat (2), et avec l’accompa-gnement de leur fédération. » Une importante campagne de communication multisupport (radio, presse, documents papier), à destination du grand public comme des profession-nels, a été programmée par l’Ademe en novembre pro-chain, pour le lancement de ce nouveau dispositif. �(1) Lire le dossier de ce numéro p. 48.(2) Formation aux économies d’énergies dans le bâtiment, voir article p. 57.

    AQC Nouvelles publications disponibles sur InternetL ’Agence Qual i té Construction (AQC) poursuit sa politique de publi-cations destinées à répondre aux divers besoins des acteurs de la construction. Ainsi, deux plaquettes ont été publiées sur les thèmes « Prendre en compte le risque sismique pour les bâtiments neufs dès la conception » et « Renforcer le bâti existant en zone sis-mique », pour accompagner maîtres d’ouvrage et maîtres d’œuvre dans l’application de la nouvelle réglementation sismique, en vigueur depuis le

    1er mai 2011. Deux plaquettes ont aussi été publiées sur les thèmes « Interfaces d’une opé-ration de construction, les points sensibles pour les pro-fessionnels » et « Pathologies accidentelles des façades en béton ». D’autre part, la col-lection des Memo Chantier® s’enrichit de nouveaux titres (Couverture en grands élé-ments – Spécial Outre-mer, Baies maçonnées pour menui-series, Tolérances et réception) et propose pour certains titres une animation 3D qui per-met, en plus de leur version

    plastifiée au format de poche, de les visualiser sur écran dans une optique didactique. L’en-semble de ces publications est téléchargeable gratuitement sur le site www.qualitecons-truction.com �

  • B Â T I M É T I E R S � SEPTEMBRE 20116

    L ’ A C T U A L I T É

    Mémento accessibilité pour les maires

    Réalisé par le Conseil national handicap et la FFB, Le mémento du maire pour l’accessibilité présente, à partir de situations issues de la vie courante, les principes essentiels de mise en accessibilité des différents espaces d’une commune. L’existant – difficultés rencontrées et solutions adaptées – y est particulièrement traité. Les maires, mais aussi les entreprises, y trouveront des informations essentielles.Pour en savoir plus :Contactez votre fédération départementale.

    Habilitation électrique obligatoire Depuis le 1er juillet 2011, tout dirigeant d’une entreprise d’électricité ou d’une entreprise de bâtiment employant des salariés fréquentant le risque électrique a l’obligation d’habiliter son personnel. La FFIE-FFB a obtenu un délai de trois ans pour que les entreprises se mettent en conformité. Pendant cette période transitoire, les règles UTE continuent à s’appliquer. Cette obligation résulte de la nouvelle norme NF C 18-510 dont l’arrêté d’application complet, en cours d’élaboration, sera publié en décembre 2011.Pour en savoir plus :FFIE-FFB (Fédération française des entreprises de génie électrique et énergétique), tél. : 01 44 05 84 00, www.ffie.fr

    à la réception des ouvrages, avec un seuil de tolérance exigeant : de 0,6 m3/(h.m2) pour les maisons individuelles, et de 1 m3/(h.m2) pour les bâtiments collectifs. Le premier module de formation (module 5.1) s’adressera en priorité aux conducteurs de tra-vaux, chefs d’entreprise et arti-sans. Il s’attachera notamment aux interfaces entre les différents métiers et à leur traitement vis-à-vis de la perméabilité à l’air et des ponts thermiques. S’adres-sant aux compagnons, le second module (5.2) vise à acquérir les bons gestes de mise en œuvre d’enveloppes à faible perméabi-lité à l’air. Tous deux permet-tront notamment aux profes-

    D ans le cadre des dispositifs FEEBat (formation aux économies d’énergies des entre-prises et artisans du bâtiment), deux nouveaux modules de for-mation se mettent en place afin d’aider les entreprises à réaliser des bâtiments de type BBC dans le résidentiel neuf. Rappelons que les niveaux d’exigence de la RT 2012 seront appliqués à ces bâtiments à partir du 1er janvier 2013. L’objectif de ces deux modules, d’une durée de deux jours, sera de former les entre-prises sur les points majeurs de la réglementation thermique – dont un, essentiel, sur la per-méabilité à l’air. Celle-ci devra faire l’objet de mesures effectives

    sionnels de l’enveloppe et à ceux des équipements techniques de mieux comprendre leurs métiers réciproques. Ces forma-tions FEEBat seront disponibles auprès des IFRB(1). Elles seront exigées pour obtenir les men-tions Efficacité énergétique et Économies d’énergie mise en place respectivement par Quali-bat et Qualifelec dans le domaine du résidentiel neuf. Elles permettront également l’accès à la marque des Pros de la performance énergétique®. �(1) Institut de formation et de recherche du bâtiment.

    MEILLEUR OUVRIER DE FRANCE Le bâtiment à l’honneur

    RÉSIDENTIEL NEUF Formations FEEBat RT 2012 et perméabilité à l’air

    R emporter le titre de Meilleur ouvrier de France (MOF) équivaut à décrocher un diplôme de niveau 3 reconnu par l’Éducation nationale, c’est-à-dire l’équivalent d’un BTS. Cette année, cette compétition triennale – dont c’était la 24e édition depuis 1923 – a donné lieu à des résultats remarquables pour le secteur du bâtiment : 43 ouvriers appartenant à 20 métiers dif-férents (dont celui de solier pour la première fois) ont en effet été primés, contre 30 il y a trois ans. Le bâtiment représente ainsi le premier secteur honoré parmi tous ceux qui participent à ce concours d’excellence. Le fort engouement du secteur BTP s’était traduit en amont par la participation de 800compéti-teurs, 172 ayant été qualifiés pour l’épreuve finale. Afin d’ho-

    norer pleinement les lauréats, la FFB a décidé de les inciter, à l’image de ce qui se pratique déjà pour les cuisiniers, à porter sur leur vêtement de travail le col bleu blanc rouge distinctif du titre de Meilleur ouvrier de France. De même, les entre-prises qui comptent dans leur

    équipe un Meilleur ouvrier de France, ancien ou nouveau, seront invitées à le mentionner sur leur papier à lettres. �

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    POUR LA 23E ÉDITION, la compétition du Meilleur ouvrier de France a révélé un fort engouement du secteur du BTP.

    POUR EN SAVOIR PLUS

    www.meilleursouvriersdefrance.org

    POUR EN SAVOIR PLUS

    Contactez la FFB de votre département

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  • B Â T I M É T I E R S � SEPTEMBRE 20118

    L ’ A C T U A L I T É

    La formation aux risques amiante reportée au 1er janvier 2012À l’initiative de la FFB, les organisations professionnelles du BTP ont proposé à la Direction générale du travail des modifications concernant les formations des salariés aux risques amiante, afin de tenir compte de la spécificité des métiers du BTP. Ainsi l’entrée en vigueur de l’arrêté du 22 décembre 2009, initialement prévue au 1er juin 2011, est reportée au 1er janvier 2012. Un second arrêté modificatif, à paraître au 4e trimestre, devrait entériner les modifications retenues par l’administration. À ce jour, l’arrêté du 25 avril 2005 reste en vigueur jusqu’au 31 décembre 2011.Pour en savoir plus :www.gna.ffbatiment.fr

    Guide ABC : améliorer la performance thermique de l’existant Fruit d’une recherche pluridisciplinaire associant architectes et thermiciens, issus de bureaux d’études ou d’organismes publics (CSTB), le guide ABC Amélioration thermique des bâtiments collectifs est un outil d’aide à la décision pour réussir la rénovation énergétique des logements existants bâtis entre 1850 et 1974. Cet ouvrage a reçu le soutien de la FFB. Il propose une classification des bâtiments existants selon les grandes époques de construction, permettant de mieux prescrire les solutions techniques pour les réhabiliter et réduire leurs consommations thermiques d’un facteur 4, de manière performante, confortable et durable. Il s’adresse à tous les acteurs de la rénovation énergétique, qu’ils soient maîtres d’ouvrage publics ou privés, architectes, bureaux d’études ou entreprises.Pour en savoir plus :Le guide ABC est disponible auprès de la SEBTP, tél. : 01 40 69 53 16, www.sebtp.com

    ÉNERGIES RENOUVELABLES Vers des qualifications renforcées D ans le secteur des énergies renouvelables, le dispositif actuellement proposé par Qua-libat s’appuie sur des certifica-tions (pompes à chaleur géo-thermiques, solaire thermique, bois énergies, solaire photovol-taïque, intégré, surimposé ou de substitution, en membrane souple) correspondant à un niveau d’exigence élevé qui n’est pas immédiatement à la portée de toutes les entreprises. Pour leur permettre de mettre en place progressivement une

    politique de qualité, Qualibat lancera, d’ici fin 2011, six qua-lifications spécifiques renfor-cées. Elles constitueront un niveau intermédiaire par rap-port à la certification et com-porteront, en plus des exigences d’une qualification classique, un contrôle de réalisation effec-tué sur un chantier. Ces qualifications renforcées correspondront aux mêmes domaines d’application que les certifications EnR existantes, avec un élargissement aux

    pompes à chaleur aérother-miques, dans le souci de couvrir la grande majorité du marché. En réunissant un signe de qua-lité attribué par un organisme accrédité par le Cofrac, des sala-riés référents et formés, ainsi qu’un contrôle de réalisation effectué sur un chantier, les entreprises détentrices de ces qualifications renforcées seront éligibles au nouveau label « QualiGrenelle » (lire p. 4), au même titre que celles qui sont certifiées. �

    BOURGOGNE Concours du meilleur apprenti peintre et maçon

    V aloriser les métiers de peintre et de maçon, notamment auprès des jeunes et de leurs familles, et récompenser les meilleurs apprentis de la région Bourgogne : tel est l’ob-jectif du concours annuel du meilleur apprenti dont la pro-chaine édition aura lieu du 26 au 28 octobre 2011 à Autun (Saône-et-Loire). Cet événement – qui en est à sa 22e édition pour les apprentis maçons et à sa 13e pour les peintres – est organisé chaque année à tour de rôle par les quatre fédérations départemen-tales FFB. Concrètement, ce sont les quatre CFA du bâtiment de la région Bourgogne qui propo-sent aux deux meilleurs élèves en

    alternance des CAP peinture et maçonnerie 2010-2011 de par-ticiper à ce concours. Soit huit apprentis bourguignons qui doi-vent exécuter en l’espace de trois jours – vingt heures au total – un ouvrage imposé. Pour les peintres, une partie libre est aussi au programme pour faire valoir leurs talents auprès d’un jury composé de huit profes-sionnels chefs d’entreprise issus des quatre départements. Le meilleur de chaque profession est récompensé du titre de meilleur apprenti de la région. Les deux suivants sont aussi récompensés de cadeaux profes-sionnels ou autres (mallettes d’outillage, appareils photos numériques…), attribués grâce

    à des subventions du Conseil régional et de partenaires. En 2010, le concours des maçons s’est déroulé à Auxerre, en plein air, à proximité d’un marché très passant du centre-ville. Cette manifestation a permis notam-ment à des centaines d’Icaunais et de touristes de découvrir la qualité des travaux réalisés par des apprentis fiers de montrer leurs capacités techniques, ce qui ne peut être qu’une source de motivation supplémentaire pour se lancer dans une carrière prometteuse. �

    CHAQUE ANNÉE, en Bourgogne, les fédérations départementales organisent cet événement dont l’objectif est de valoriser les métiers de peintre et de maçon auprès des jeunes.

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  • B Â T I M É T I E R S � SEPTEMBRE 201110

    Relever les nouveaux défis de la construction durable implique de renforcer la collaboration entre tous les acteurs impliqués, depuis les études initiales jusqu’aux liens à tisser entre les équipes sur les chantiers.

    Redonner tout son sens AU TRAVAIL D’EQUIPEENTRETIEN AVEC DOMINIQUE RIQUIER-SAUVAGE, ARCHITECTE

    construits, de qualité de vie pour les usagers d’un bâtiment (qui ne sont pas forcément le maître d’ouvrage), d’inscription dans le paysage urbain ou rural… Avec la multiplication des règlements et des normes, ces contraintes n’ont jamais été aussi fortes. Mais la contrainte est aussi un stimulant pour la création architecturale : la bonne attitude est de l’abor-der comme une source d’oppor-tunités – c’est souvent sur des ter-rains très contraints, par exemple, que naissent les meilleurs projets. De même, les exigences de plus en plus fortes des maîtres d’ou-vrage sont une bonne chose, car

    C omment définissez-vous votre métier d’architecte ?Notre métier est de répondre aux attentes des maîtres d’ouvrage en intégrant les mul-tiples aspects de leur demande : attentes précises et quantifiables liées à la fonctionnalité d’un bâti-ment, mais aussi attentes sub-jectives comme la qualité des ambiances attendues. Dans le même temps, la composition architecturale est un arbitrage entre des contraintes de tous ordres – économique, social, envi-ronnemental… – pour arriver au final au meilleur projet, à la fois en termes de qualité des espaces © V

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    B Â T I M É T I E R S � SEPTEMBRE 2011

  • lorsqu’ils se montrent très sen-sibles aux questions de qualité et de confort au sens large – visuel, thermique, acoustique… –, cela nous incite à travailler encore plus nos projets !

    Constatez-vous un changement dans la façon de concevoir les bâtiments ?La dimension environnementale est en train de devenir centrale dans les processus de conception. Cela va au-delà de la performance énergétique. De plus en plus, l’ar-chitecte devra prendre en compte tous les impacts du bâti sur l’envi-ronnement, en phase de construc-tion comme de vie du bâtiment, puis de déconstruction. Cette notion de cycle de vie du bâtiment est aujourd’hui très bien comprise par les bailleurs sociaux, qui ont la responsabilité de construire mais aussi de gérer leur parc, et raison-nent donc en termes d’écono-mie globale, en étant plus atten-tifs par exemple à la durabilité des

    matériaux. Les promoteurs pri-vés sont moins avancés sur ces questions, mais ils évoluent aussi sous la pression des acquéreurs, de plus en plus vigilants sur les questions environnementales et énergétiques, sur fond d’incita-tions fiscales. Les tendances architecturales actuelles sont le reflet de cette prise en compte croissante de l’environnement. On revient à des valeurs essentielles : tenir compte davantage du contexte géogra-phique et des traditions locales – alors qu’on a souvent eu tendance à construire de la même façon du Nord au Sud –, remettre au pre-mier plan les questions d’orienta-tion pour capter la lumière exté-rieure et l’énergie…

    Le renforcement des réglementations, notamment en matière de performance énergétique, modifie-t-il votre façon de travailler ?Le métier va devenir de plus en plus technique, incitant les archi-tectes, comme tous les acteurs de la construction, à être plus pointus, à se former en permanence à de nouvelles pratiques, à de nouveaux outils comme les logiciels d’aide à la conception. Les agences dont le volume d’activité le justifie vont réintégrer dans leurs équipes des compétences techniques qu’elles avaient eu tendance à externali-ser au cours des décennies précé-dentes – je pense en particulier aux compétences en thermique. Plus généralement, c’est toute la phase de conception qui va prendre une importance nouvelle. Réaliser un bâtiment BBC implique de tra-vailler davantage sur l’amont des projets, en abordant dès l’esquisse des questions qu’on se posait habi-tuellement plus tard, par exemple sur les épaisseurs de matériaux. La démarche d’anticipation va englober la collaboration avec les bureaux d’études : alors qu’ils interviennent généralement au

    stade de l’avant-projet détaillé, ils seront de plus en plus associés aux études initiales. On va évoluer vers ce qu’on appelle l’ingénierie concourante : les choix architec-turaux et leurs développements techniques iront de pair. De plus en plus, les architectes vont cher-cher à travailler avec des bureaux d’études qui seront force de propo-sition et d’innovation à leurs côtés.

    Comment évoluera dans le même temps la relation avec les entreprises ?Pour répondre aux nouvelles exi-gences que nous venons d’évo-quer, la qualité de mise en œuvre est tout aussi déterminante que la qualité de conception : la col-laboration avec les entreprises est donc tout aussi importante que celle avec les bureaux d’études. Là encore, l’enjeu est d’installer un vrai travail d’équipe. Cela com-mence par l’effort que doit faire l’architecte pour expliciter le sens d’un projet, les attentes du maître d’ouvrage, la manière dont ces attentes ont été traduites en plans et en pièces écrites. Travailler en équipe, cela veut dire ensuite anticiper avec les entreprises, dès le démarrage d’un chantier, les risques qui peuvent survenir en cours de route, et les inciter à être force de proposition pour résoudre tel ou tel point précis. Architectes et entreprises pour-suivent le même objectif, qui est de réussir un projet dans l’intérêt de leur client commun. Et nous devons d’autant plus travailler ensemble qu’aucun de nous ne peut être aujourd’hui dans l’à-peu-près. Avec le BBC et la géné-ralisation des tests d’étanchéité à l’air, il faudra travailler au milli-mètre près, avec un niveau de pré-cision comparable à celui qu’on trouve dans d’autres secteurs, comme l’industrie. L’exigence de technicité accrue va s’imposer à tous les acteurs de la construc-tion, et nous aurons beaucoup à

    Dominique Riquier-Sauvage mène de front une activité d’architecte, au sein de l’agence qu’elle a créée avec son mari Jean-Claude Sauvage, et un engagement de longue date au service de sa profession et, au-delà, des grands enjeux collectifs qui rassemblent les acteurs de la construction et de l’aménagement urbain. Présidente d’honneur de l’Union nationale des syndicats français d’architectes, après deux

    mandats successifs à la tête de cette organisation, membre d’honneur de l’association HQE, elle est aujourd’hui membre du Conseil économique, social et environnemental, où elle représente les professions libérales.

    SEPTEMBRE 2011 � B Â T I M É T I E R S 11

    apprendre, les uns et les autres – et les uns des autres – sur des sujets nouveaux pour beaucoup d’entre nous, comme l’isolation ther-mique par l’extérieur. Cette néces-sité d’être dans l’échange mutuel vaut pour les travaux neufs mais aussi pour la réhabilitation. Nous serons tous attendus sur ce mar-ché, qui exige des compétences spécifiques tant pour les archi-tectes que pour les entreprises. Un bâtiment, comme un corps humain, vit et respire ; les tech-niques utilisées pour sa construc-tion ont varié avec les époques : une intervention en apparence mineure, notamment lors de tra-vaux d’isolation, peut avoir une répercussion importante pour sa vie future, et la vision globale de l’architecte peut être complémen-taire, là encore, du savoir-faire technique de l’entreprise.

    Vous évoquez fréquemment, au-delà des aspects techniques, la dimension humaine des chantiers… Effectivement, il est essentiel de veiller à tout ce qui crée du lien sur les chantiers. Je vois trop sou-vent, surtout quand les entreprises travaillent en corps d’état sépa-rés, des chantiers où les équipes ne se parlent pas, où chacun, par exemple, déjeune systématique-ment de son côté. Or, un chan-tier où l’on s’occupe des relations humaines, où l’on sait organi-ser des moments de convivialité, est un chantier où l’on respecte davantage le travail de l’autre, et tout cela a une incidence positive sur la qualité. Faire vivre ce lien fait partie de la mission de maî-trise d’œuvre de l’architecte. Les entreprises – et votre fédération en particulier – ont aussi un rôle important à jouer pour que les valeurs qui fondent la culture de nos métiers se perpétuent sur les chantiers, malgré le renouvelle-ment des générations et la diver-sification du recrutement. �

    G R A N D T É M O I N

  • GROS ŒUVRE/STRUCTURE

    13SEPTEMBRE 2011 � B Â T I M É T I E R S

    FORMATION Travaux pratiques sur une maison pédagogiqueDepuis mars dernier, les élèves du lycée professionnel de Lumbres, dans le Pas-de-Calais, réalisent un pavillon qui met en œuvre différentes techniques constructives et sera conforme à la RT 2012.

    uelle est la meilleure façon d’enseigner aux appren-tis l’esprit de la RT 2012 ?

    Pour Pascal Hamy, professeur réfé-rent pour le bac pro Gros œuvre au lycée professionnel de Lumbres (Pas-de-Calais), rien ne vaut une mise en situation réelle. Il est à l’origine d’un projet pédagogique sans équivalent en France : du prin-temps 2011 au printemps 2012, les élèves de ce lycée construiront inté-gralement un pavillon respectant la RT 2012, sur un terrain situé dans l’établissement. « L’intérêt de ce projet est multiple, explique- t-il. Tout d’abord, il permet d’y associer toutes les formations ini-tiales ou continues proposées dans notre lycée professionnel, du gros œuvre à l’isolation ther-mique par l’extérieur, de l’étan-chéité aux corps d’état techniques. Ensuite, contrairement aux exer-cices qu’ils réalisent séparément en atelier, les interventions des apprentis sont reliées les unes aux autres, dans une gestion des interfaces et un respect du travail de l’autre qui sont à la base de la conformité d’un bâtiment avec la RT 2012. » Une initiative saluée par Christophe Waubant, diri-geant des SARL Savio et Artois Façades, entreprises d’enduits de façade et d’isolation thermique par l’extérieur implantées à proxi-mité (Lillers), qui accueillent des anciens élèves du lycée actuelle-ment en contrat d’apprentissage dans le cadre d’un contrat de qua-lification professionnelle d’endui-seur façadier : « Les élèves seront sensibilisés à la RT 2012 dans des

    conditions de chantier réelles, ce qui est un plus pour les artisans et entreprises qui les embaucheront lorsqu’ils seront sur le marché de l’emploi. Sans compter que ce pro-jet est une vitrine qui valorise la filière de formation du bâtiment. »

    QUATRE MODES CONSTRUCTIFSGrâce aux partenariats signés avec les fabricants, qui pourront l’utili-ser comme showroom pour leurs clients, le projet réunit quatre modes constructifs représenta-tifs du marché, à l’exception de la construction métallique qui n’est pas enseignée au lycée de Lumbres. Il se compose d’un pavillon prin-cipal de 200 m2 habitables, qui

    comprend un rez-de-chaussée et un premier étage d’une surface de 80 m2 chacun, auxquels s’ajoute un toit-terrasse inaccessible. Ce pre-mier module est réalisé en blocs de béton rectifiés à joints minces de 20 cm d’épaisseur, et avec une iso-lation thermique par l’intérieur de 12 cm qui se compose d’une laine minérale et d’une structure à base de rails et plaques de plâtre. À ce noyau central, s’ajoutent trois modules conçus comme des exten-sions :

    • un module 2 qui met en œuvre les mêmes blocs de béton rectifiés,

    mais avec une isolation thermique par l’extérieur de 12 cm d’épais-seur, composée d’un isolant et d’un parement en briquettes tradition-nelles de la région, qui aura un toit-terrasse accessible ;

    • un module 3, toujours à base de blocs de béton rectifiés, mais avec un système d’isolation ther-mique par l’extérieur composite, réunissant un isolant polystyrène expansé, une lame d’air de 3 cm et un parement en briques tradition-nelles de 10 cm d’épaisseur, avec une couverture réalisée en tuiles du pays ;

    • le module 4 fait appel à une ossature bois, qui accueillera des parois de 20 cm d’épaisseur, com-posées d’un panneau isolant uti-lisant de la fibre de bois et recou-vertes d’un bardage bois. Il sera coiffé d’une toiture végétalisée. Quant aux équipements tech-niques, ils feront appel aux tech-nologies de la pompe à chaleur air-eau, du plancher chauffant hydraulique et de la VMC double-flux, ainsi qu’à la domotique afin de respecter la consomma-tion d’énergie fixée par la régle-mentation dans la région, soit 65 kWh/(m2.an). « La confor-mité théorique de notre pavillon avec la RT 2012 sera contrôlée par des tests par infiltrométrie et à la caméra thermique, sans oublier le suivi de la consommation énergé-tique du bâtiment, conclut Pascal Hamy. Nous pourrons alors mettre sur le marché du travail des jeunes qui maîtrisent la nouvelle régle-mentation. » Le rendez-vous est pris pour le printemps 2012. �POUR EN SAVOIR PLUS

    UMGO-FFB (Union de la maçonnerie et du gros œuvre), tél. : 01 40 69 51 59,www.umgo.ffbatiment.fr

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    LES ÉLÈVES DU LYCÉE PROFESSIONNEL DE LUMBRES participent à la réalisation du coffrage des longrines.

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    Entreprise titulaire de la marque

    SARL SAVIO, LILLERS (62)

  • 14 B Â T I M É T I E R S � SEPTEMBRE 2011

    DÉVELOPPEMENT DURABLEDÉCONSTRUIRE EN PRÉSERVANT La réutilisation sur place, en remblai, de l’intégralité du béton issu des immeubles démolis sur les chantiers des ZAC Épicentre et Intégral, en région parisienne, démontre que les techniques de démolition peuvent être mises au service de l’environnement.

    e vaste chantier de réno-vation urbaine en cours à Épinay-sur-Seine (Seine-

    Saint-Denis) illustre bien ce que les maîtres d’ouvrage atten-dent aujourd’hui des entreprises de démolition. Première étape d’un vaste plan de rénovation urbaine, qui comprend notam-ment la reconstruction de plus de 1 200 logements, d’une résidence pour personnes âgées, de trois écoles, d’équipements culturels et d’un nouveau centre commer-cial, la démolition des ZAC Épi-

    centre et Intégral s’accompagnait d’un ensemble de contraintes. « La difficulté technique de ce chan-tier tenait à sa grande envergure, à sa situation en cœur de ville et à la présence d’immeubles habi-tés jouxtant les édifices à démolir », explique Hugues Rouby, respon-sable du chantier pour l’entreprise Brunel Démolition, implantée à Montfermeil, en Seine-Saint-Denis, et mandataire du lot démo-lition. Sur la ZAC Épicentre, les travaux, achevés en juin dernier, ont consisté à démolir la totalité

    L d’un centre commercial, qui pre-nait appui sur des immeubles de dix-sept étages, restés habités pen-dant l’opération. Pour démolir un total de 60 000 m2 de planchers, il a fallu soigneusement repérer le joint de dilatation qui séparait les deux immeubles et déconstruire les trois premiers niveaux des bâtiments d’habitation, où se glissait la galerie marchande, sans mettre en péril sa structure porteuse. Pour y parvenir, le recours à des mini-pelles méca-niques de 3 à 5 tonnes, équipées de BRH (brise-roche hydrauliques) et

    de pinces à béton de petite taille, a été très utile. Quant au chantier de la ZAC Intégral, achevé un mois plus tard, il a consisté à démo-lir quatre immeubles de bureaux de six à dix étages, soit un total de 45 000 m2 de planchers, ainsi qu’un parking silo comportant quatre niveaux de sous-sol et trois niveaux en élévation, jouxtant eux aussi des bâtiments d’habitation disposant d’un parking mitoyen. L’un des défis techniques a été le confortement, à l’aide d’une struc-ture métallique provisoire, des deux

    21© J. BERTRAND © J. BERTRAND

  • GROS ŒUVRE/STRUCTURE

    15SEPTEMBRE 2011 � B Â T I M É T I E R S

    L’ENVIRONNEMENTniveaux de parking situés sous le niveau du parking mitoyen, dans l’attente de leur remblaiement.

    LE BÉTON DÉMOLI RÉUTILISÉ SUR PLACEÀ l’issue d’une importante phase de désamiantage qui a duré plus d’un an, et après avoir pris en compte la problématique de la mitoyenneté, la déconstruction s’est poursuivie dans l’optique environnementale de la charte signée par le maître d’ouvrage et les entreprises. « Notre problématique était de pouvoir recycler les matériaux. Pour ce faire, le béton a été totalement curé et mis à nu, puis déconstruit par gri-gnotage à l’aide des pelles méca-

    niques, en formant des blocs de 50 cm2 maximum, pour que les ferrailles résiduelles puissent être éliminées au concassage », précise Étienne Dadou, responsable du chantier pour Prodemo, entreprise implantée à Épinay-sur-Seine et partie prenante du lot démolition. La principale nouveauté de la démolition de ces deux ZAC est en effet l’installation in situ d’un atelier mobile de concassage, qui a permis de transformer sur place le béton démoli, à la granulomé-trie voulue, et de l’utiliser comme remblai pour combler les quatre niveaux inférieurs du parking silo détruit. « Nous avons installé un atelier capable de traiter jusqu’à

    POUR EN SAVOIR PLUS

    SNED-FFB (Syndicat national des entreprises de démolition), tél. : 01 40 55 12 60, www.syndicatdemolition.fr

    1 et 2 AFIN DE RÉPONDRE À DES PROBLÉMATIQUES de tri et de recyclage des matériaux déconstruits, le béton est grignoté à l’aide de pelles mécaniques et de pinces, les ferrailles résiduelles étant ensuite éliminées au concassage.

    3 LES ÉMISSIONS DE POUSSIÈRE sur le chantier sont maîtrisées par arrosage ou brumisation.

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    1 500 tonnes de matériau par jour, et l’intégralité du béton issu de la démolition, soit 104 000 tonnes, a ainsi été réutilisée sur place, ajoute Hugues Rouby. Nous avons donc traduit concrètement nos enga-gements environnementaux, en supprimant un nombre considé-rable de rotations de camions qui auraient été nécessaires pour éva-cuer le matériau du chantier et en acheminer tout autant six mois plus tard pour le remblai. » Cette importante opération s’est accom-pagnée d’un volet communication. Tout d’abord pour informer et ras-surer les riverains sur les différentes phases de travaux organisées sous leurs fenêtres. Ensuite pour inté-

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    grer l’atelier de concassage au tissu urbain, en maîtrisant les émissions de poussière par des procédés d’ar-rosage et de brumisation, et en confinant les nuisances sonores. Le maître d’ouvrage a également sou-haité associer la population à cette rénovation de grande ampleur avec la création de sept emplois d’inser-tion : des demandeurs d’emploi du bassin d’Épinay-sur-Seine / Plaine Commune ont été formés sur le chantier aux métiers de la démolition. �

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  • GROS ŒUVRE/STRUCTURE

    17SEPTEMBRE 2011 � B Â T I M É T I E R S

    PERSPECTIVE De l’agrégat recyclé au béton recycléUn programme d’études a établi qu’il est possible d’utiliser du béton comprenant jusqu’à 30 % de granulat recyclé, à condition de le limiter à la réalisation des « gros bétons ».

    P eut-on fabriquer du béton recyclé à partir d’agrégat recy-clé, et si oui, avec quelles applica-tions ? Telles étaient les questions auxquelles devait répondre l’étude réalisée à l’initiative du Bâtiment Associé, une entreprise de maçon-nerie et gros œuvre implantée à Muizon, près de Reims, avec l’ac-compagnement de l’UMGO-FFB et de la Fédération régionale du Bâtiment. « Il se trouve que, au plan local, nous stockons, nous concas-sons et nous trions les bétons de démolition depuis de longues années, explique Christophe Pos-sémé, directeur général de l’entre-prise. Il nous est venu à l’idée que l’on pouvait aller plus loin que leur simple utilisation en travaux rou-tiers, en les réutilisant pour certaines parties d’ouvrage. » Pour mener à bien ce programme, une équipe projet est constituée début 2010, réunissant les partenaires concer-nés par cette problématique : une entreprise de maçonnerie (le Bâti-ment Associé), l’Union nationale des industries de carrières et maté-riaux de construction (Unicem), l’Union de la maçonnerie et du gros

    œuvre (UMGO-FFB), une entre-prise de démolition et désamian-tage (Genidem, implantée à Gueux, près de Reims), une entreprise de concassage (C’Mater), un spécialiste de la formulation du béton (Béton Silvex) et un assureur (SMABTP), sans oublier le concours du labora-toire de génie civil de l’université de Reims Champagne-Ardenne, qui a réalisé les essais techniques.

    DES EXIGENCESEn amont du programme, l’en-treprise de démolition a été char-gée de fournir un béton de démoli-tion le plus propre possible : « Nous avons fait en sorte d’éliminer au maximum les polluants externes, en premier lieu le plâtre, mais aussi les déchets de bois et tous les composants qui peuvent grever la bonne prise et les performances mécaniques du béton », raconte Benoît Lemoine, directeur géné-ral de Genidem. Pour y parvenir,

    le démolisseur a privilégié les par-ties d’ouvrages démolis réalisées avec un béton relativement « pur », comme les planchers ou les dal-lages . Afin d’optimiser la granu-lométrie du gravillon recyclé, les grilles de tamis utilisées sur le site de recyclage ont été modifiées pour les besoins de l’étude. « Nous avons utilisé une grille qui produit du gra-nulat de 5/25 mm, proche du gra-villon standard utilisé pour la fabri-cation de béton neuf, précise Benoît Lemoine. Nous avons aussi limité la présence de fines, le tout dans le but d’améliorer les performances de notre béton recyclé. »

    UN USAGE LIMITÉ Même si elle ne parle pas de béton recyclé, ce sont les procédures de la norme européenne NF EN 206-1 « Béton » qui ont été appliquées pour évaluer les performances des bétons recyclés fabriqués : les essais de consistance réalisés au cône d’Abrams se sont révélés satisfai-sants, avec une classe de consistance « slump » de S3 voire S4, même si la présence du granulat recyclé a une incidence sur la maniabi-lité et fait perdre un peu en plas-ticité. Des éprouvettes réalisées en béton comprenant 10 , 20 et 30 % de granulat recyclé, écrasées à 7, 21, puis 28 jours, ont montré que les propriétés mécaniques étaient inférieures à celle d’un béton clas-sique. « Cette étude a confirmé qu’il n’est pas question pour le moment d’utiliser du béton recyclé pour faire du béton armé, des poteaux et des poutres destinés à la super-structure, réagit Christophe Pos-sémé. En revanche, il peut tout à fait être mis en œuvre pour les ouvrages de fondations, pour les-quels la seule exigence requise est la résistance à la compression. » C’est ce que la partie finale du pro-gramme a illustré : en octobre der-

    nier, 250 m3 de béton comprenant 30 % d’agrégat recyclé, de classe de résistance à la compression C16/20, ont été coulés pour réaliser les fon-dations du nouvel atelier de fabri-cation construit par le Bâtiment Associé sur son site de Muizon. Ce béton a été réalisé sans adjuvant, en utilisant un ciment de classe CEM II / B-S 42,5 N CE CP1 NF. Les relations de confiance, instaurées de longue date entre l’entreprise et son assureur, ainsi que les conclusions de l’étude préalable, ont permis de garantir l’assurabilité de ce bâtiment réalisé pour le propre compte de l’entreprise. Pour Benoît Lemoine (Genidem), cette opération ouvre de réelles perspectives : « À condi-tion que les centrales de recyclage organisent un tri et un calibrage qui permettent d’en évaluer la qua-lité et la traçabilité, les entreprises de démolition pourraient produire couramment du granulat recy-clé pour fabriquer du béton, dans une optique de développement durable. » Quant à Christophe Possémé, il estime que l’emploi de granulat recyclé pour les énormes volumes de « gros bétons » réalisés chaque année en France permet-trait de relâcher la pression exercée sur l’exploitation des carrières, en ménageant ainsi la ressource natu-relle, tout en se prémunissant d’une augmentation prévisible du coût du granulat neuf. L’étude réalisée a donc rempli son premier objectif : exposer clairement les termes du problème. �

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    LES TESTS DE RÉSISTANCE du béton recyclé (ici, méthode des éprouvettes) ont établi qu’il pouvait être mis en œuvre pour les ouvrages de fondations.

    POUR EN SAVOIR PLUS

    UMGO-FFB (Union de la maçonnerie et du gros œuvre), tél. : 01 40 69 51 59,www.umgo.ffbatiment.fr

    Entreprise titulaire de la marque

    LE BÂTIMENT ASSOCIÉ, MUIZON (51)

  • 19SEPTEMBRE 2011 � B Â T I M É T I E R S

    GROS ŒUVRE/STRUCTURE

    RÉGLEMENTATION PARASISMIQUE Quelles conséquences pour la maison individuelle ?Si la nouvelle réglementation parasismique apporte d’importants changements, les règles PS-MI et CP-MI Antilles restent applicables à condition de respecter les critères définissant leur domaine d’application. En attendant leur refonte dans une version compatible avec l’Eurocode 8.

    L a nouvelle réglementa-tion parasismique(1) modi-fie la façon de construire pour les bâtiments dont le permis de construire a été déposé à partir du 1er mai 2011, en apportant plu-sieurs changements importants : un nouveau zonage de l’aléa sis-mique, qui élargit considérable-ment les zones concernées par la sismicité, notamment faible à moyenne, une légère modification des catégories d’importance pour les bâtiments (pour les bâtiments scolaires uniquement) et l’entrée en vigueur de l’Eurocode 8 pour le calcul et le dimensionnement des ouvrages(2). Toutefois, la réglemen-tation indique clairement que les règles simplifiées pour certaines maisons individuelles – règles PS-MI et guide CP-MI Antilles, qui sont une version simplifiée des règles PS 92 antérieures – res-tent applicables dans leur forme actuelle. Les constructeurs de mai-sons individuelles neuves doivent intégrer le fait que la maison indi-viduelle fait désormais partie de la catégorie d’importance II, pour laquelle les règles PS-MI s’appli-quent dans les nouvelles zones 3 et 4 (voir carte Bâtimétiers n°23, p. 48), tandis que les règles CP-MI s’appliquent de façon inchangée dans la zone 5 (Antilles). En ce qui concerne le bâti existant, les règles parasismiques applicables au bâtiment modifié dépendent

    de la zone sismique, de la caté-gorie du bâtiment et de l’impor-tance des modifications apportées à la structure : dans les cas où les règles PS-MI et CP-MI peuvent être appliquées, la nouvelle régle-mentation indique que les exi-gences à prendre en compte sont celles qui correspondent à la zone sismique inférieure à celle où sont effectués les travaux.

    UN CORPUS D’EXIGENCES POUR UN CHAMP D’APPLICATION PRÉCIS Les règles PS-MI 92 (norme NF P06-014, de mars 1995) sont des règles simplifiées qui permet-tent de s’exonérer de l’applica-tion de l’Eurocode 8 et donc des règles générales PS 92 (norme NF P06-013 pendant la période transitoire), pour la construc-tion de certaines maisons indivi-duelles, avec un domaine d’appli-cation précis : elles concernent les bâtiments comportant au plus un rez-de-chaussée, avec un étage et un comble, construits sur terre-plein ou sur sous-sol. De plus, la hauteur du plancher du comble ou de la terrasse, mesurée à par-tir du plancher du rez-de-chaus-sée, ne doit pas dépasser 3,30 m dans le cas d’une construction en rez-de-chaussée ou 6,60 m pour une construction à étage, que le bâtiment soit réalisé en murs de maçonnerie porteurs ou en béton

    banché, en panneaux préfabriqués ou en panneaux en bois, ou encore en ossature et panneaux en acier. Pour bénéficier de ces règles sim-plifiées, les maisons individuelles doivent comporter des planchers prévus pour des charges d’exploi-tation n’excédant pas 2,5 kN/m2, et être construites sur des sols suffi-samment consolidés – d’une por-tance ultime supérieure ou égale à 250 kN/m2. Sur un terrain dont la pente naturelle excède 10 %, les constructions doivent faire l’objet d’une étude particulière concer-nant l’aménagement du sol fini et/ou des soubassements de la construction. Les règles PS-MI comprennent aussi des exigences concernant la configuration en plan (les bâtiments doivent pré-senter une forme rectangulaire ou s’écartant peu du rectangle, les longueurs cumulées des décroche-ments n’excédant pas le quart de la longueur du bâtiment) et la confi-guration en élévation : les décro-chements extérieurs en élévation doivent être séparés par des joints de dilatation, ou des chaînages verticaux renforcés dans le cas de la maçonnerie. Enfin, il faut aussi prendre en compte les exigences relatives aux éléments non struc-

    turaux, avec notamment des dis-positions concernant la stabilité des souches de cheminées et les plafonds suspendus, qui doivent être conformes aux normes pro-duits et aux normes de mise en œuvre en vigueur. Si, avec l’amen-dement A2 du 21 janvier 2011, les règles PS 92 n’ont intégré que des modifications de terminolo-gie pour les mettre en cohérence avec les textes réglementaires, une nouvelle version de ces règles est en cours d’élaboration afin de les mettre en conformité avec l’Eurocode 8. �(1) Décrets n° 2010-1254 et 2010-1255, et arrêté du 22 octobre 2010.(2) Voir dossier « Les nouvelles exigences de la réglementation parasismique », Bâtimé-tiers n° 23, juin 2011.

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    POUR EN SAVOIR PLUS

    • FFB-DAT, tél. : 01 40 69 52 65• UMGO-FFB (Union de la maçonnerie et du gros œuvre), tél. : 01 40 69 51 59,www.umgo.ffbatiment.fr

    NŒUD DE FERRAILLAGE D’ANGLE en maison individuelle répondant à la nouvelle régle-mentation sismique. Les sections d’armatures sont importantes et nécessitent une attention spécifique lors de la mise en œuvre du béton.

  • B Â T I M É T I E R S � SEPTEMBRE 201120

    GROS ŒUVRE/STRUCTURE

    CONSTRUCTION BOIS BBC Les clés d’une bonne étanchéité à l’air

    P our réaliser ce programme de vingt-cinq logements à Villeneuve-sur-Yonne, en Bour-gogne, qui sera livré début 2012, le bailleur social Domanys a choisi la construction bois. Les dix-huit maisons individuelles et le petit immeuble collec-tif de sept logements qui com-posent le programme seront conformes au label BBC-Effi-nergie. Pour construire BBC en bois, il est d’abord nécessaire de travailler beaucoup en amont : l’étude thermique du projet a permis au maître d’ouvrage de lancer son appel d’offres sur la base d’un cahier des charges pré-cis. Le marché a été remporté par les Charpentiers du Mor-van, une entreprise d’une ving-taine de compagnons implantée à Magny dans l’Yonne, qui réalise 80 % de son chiffre d’affaires avec la conception, la fabrication et le montage de bâtiments à ossature bois. Son dirigeant Yvan Perrin a déjà plusieurs bâtiments BBC en bois à son actif : « Nous savons

    par expérience que, pour être conforme aux critères du label, il faut des parois qui atteignent une résistance thermique (R) suf-fisante, qui se traduit par environ 200 mm d’isolant pour les murs, environ 350 mm pour la toi-ture, et entre 80 et 100 mm pour le plancher. » À Villeneuve-sur-Yonne, l’étude a rendu son ver-dict : l’épaisseur totale des murs sera de 300 mm et l’isolation pas-sera par 120 mm de laine miné-rale à l’intérieur, et 60 mm de fibre de bois à l’extérieur.

    UN JUGE DE PAIX : L’ESSAI D’ÉTANCHÉITÉ À L’AIRLa ventilation des bâtiments sera assurée par une VMC double flux dans les pavillons indivi-duels, et simple flux hygroréglable (hygro-B) dans le bâtiment col-lectif. Si le respect de ces préco-nisations est essentiel, il n’est pas suffisant pour atteindre les per-formances attendues : « La confor-mité au label BBC ne peut être obtenue que grâce à une enve-

    loppe de haute qualité, ajoute Yvan Perrin, ce qui passe par un vrai souci des détails. En plus de l’ossature bois et des parois, il faut absolument soigner la réalisation des raccords d’angle, des raccords entre murs et menuiseries exté-rieures, entre mur et support béton au sol, entre mur et toi-ture, qui demandent une grande rigueur d’exécution. » Pour mesu-rer la qualité d’enveloppe, la régle-mentation RT 2012 prévoit un test d’étanchéité à l’air par infil-trométrie, au moment de la livrai-son du bâtiment : les déperditions doivent être de 0,6 m3/(h. m2) au maximum pour que le bâtiment soit conforme à la réglementa-tion. Mais pour Yvan Perrin, c’est bien avant la fin du chantier qu’il faut se préoccuper de la ques-tion : « Si l’essai final se révèle non

    POUR EN SAVOIR PLUS

    FFB-Pôle Bois Construction, tél. : 01 40 69 57 40, www.polebois.ffbatiment.fr

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    Respect des prescriptions thermiques et qualité de mise en œuvre jusque dans les détails sont indispensables pour satisfaire aux exigences d’étanchéité à l’air d’une construction bois BBC. Exemple avec un chantier en cours en Bourgogne.

    conforme, il est alors très com-pliqué de régler le problème, et il est nécessaire de refaire certains travaux. À Villeneuve-sur-Yonne, nous prévoyons de procéder à un essai intermédiaire juste après avoir fini l’enveloppe étanche, après la pose du pare-vapeur. »

    DES TESTS PAR INFILTROMÉTRIEL’entreprise est en train d’acqué-rir le matériel nécessaire pour réa-liser elle-même ces tests par infil-trométrie : le bâtiment est mis en pression ou en dépression, en pro-duisant à l’intérieur de la fumée qui permet de localiser les fuites, tantôt en s’échappant vers l’ex-térieur, tantôt en refluant vers l’intérieur. Pour le chef d’en-treprise, le résultat est attendu : « Nous savons par expérience où se produisent les fuites, elles vien-nent généralement des menui-series, des prises de courant et des boîtiers électriques, des pas-sages de gaines techniques ou de canalisations d’eau. Voilà pour-quoi il est primordial de sensi-biliser tous les corps d’état tech-niques à cette problématique, très en amont dans le chantier. » L’idéal est selon lui d’obtenir une déperdition de 0,3 m3/(h.m2) au stade de l’essai intermédiaire, ce qui laisse une marge intéressante pour les interventions à venir sur l’enveloppe. Quoi qu’il en soit, le test réglementaire d’étanchéité à l’air devra être effectué par un prestataire extérieur spécialiste de l’étanchéité, dont les compé-tences peuvent être reconnues par la qualification 8711 « Mesureur bâtiment », un nouveau référen-tiel géré depuis début 2011 par Qualibat. �

    À VILLENEUVE-SUR-YONNE, l’étude thermique a conclu que l’épaisseur totale des murs sera de 300 mm avec 120 mm de laine minérale à l’intérieur et 60 mm de fibre de bois à l’extérieur.

  • REVÊTEMENT DE FACADE Le bois réhabilitéDepuis vingt-cinq ans, un arrêté bloque sans fondement scientifique l’utilisation du bois en parement de façade pour certaines catégories d’habitations. Par décision ministérielle, il sera désormais tenu compte du classement au feu du bois, comme pour n’importe quel autre matériau.

    de catégorie M2 ou M3 (corres-pondant aux Euroclasses C et D) à l’exclusion du bois. Outre le carac-tère discutable des critères de dif-férenciation entre 3e famille A et 3e famille B(2) au regard du risque incendie, cette disposition ignore les essais réalisés en laboratoire en 2005, qui aboutissent au classe-ment(3) de certains bois naturels français en catégorie M2 (mélèze) et M3 (douglas, chêne, châtai-gnier, frêne, etc.). Or, malgré les PV d’essais et la position prise par le ministère dès 1987, favorable à la réalisation de parements en bois, « sous réserve qu’ils répon-dent au classement de réaction au feu réglementaire », certains orga-nismes de contrôle continuent à refuser l’utilisation du bois pour les habitations de 3e famille B et de 4e famille, en se fondant sur l’interdiction du bois de l’arrêté du 31 janvier 1986. Cette situa-tion a conduit, en avril dernier,

    l’Union charpente menuiserie parquets (FFB-CMP) à sollici-ter la Direction de la sécurité et prévention des risques dans les bâtiments d’habitation (minis-tère de l’Écologie, du Dévelop-pement durable, des Transports et du Logement) pour qu’il soit mis fin à ce traitement inéquitable du bois. Le ministère a officielle-ment répondu, en indiquant que « dès lors qu’un bois naturel pos-sède un PV d’essai de réaction au feu de catégorie M2 ou M3 (res-pectivement C-s3, d0 ou D-s3, d0), il peut être accepté comme revêtement de façade pour les bâtiments de 3e famille B », pré-cisant en outre : « Cette interpré-tation pourra utilement être inté-grée dans l’arrêté du 31 janvier 1986, à l’occasion de sa révision. » Les conditions paraissent donc désormais réunies pour favori-ser l’utilisation du bois naturel en construction. �

    ’utilisation du bois en construction a le vent en poupe. Les constructeurs

    et les fournisseurs étoffent leur offre de maisons à ossature bois. Les pouvoirs publics encouragent son utilisation : un décret (1) publié en mars 2010 fixe des volumes minimaux de bois à incorporer dans les bâtiments. Et les maîtres d’ouvrage semblent suivre.Cette avancée n’est pourtant pas dénuée d’obstacles. L’un d’eux est le préjugé tenace qui associe le bois au risque incendie, sans faire de nuances entre résineux et feuillus ni prendre en compte les différences de densité des bois. Depuis vingt-cinq ans, ce préjugé trouve même une justification dans la réglementation : précisé-ment dans l’article 13 de l’arrêté du 31 janvier 1986, qui, pour les habitations dites de 3e famille B et de 4e famille, autorise l’utilisation de parements extérieurs de façade

    L (1) Décret n°2010-273 du 15 mars 2010 relatif à l’utilisation du bois dans certaines constructions.(2) Selon l’article 13 de l’arrêté du 31 janvier 1986, la 3e famille est constituée d’« habita-tions dont le plancher bas du logement le plus haut est situé à 28 m au plus au-dessus du sol utilement accessible aux engins des services de secours et de lutte contre l’incen-die, parmi lesquelles on distingue :« 3e famille A : habitations répondant à l’en-semble des prescriptions suivantes :– comporter au plus sept étages sur rez-de-chaussée ;– comporter des circulations horizontales telles que la distance entre la porte palière du logement la plus éloignée et l’accès de l’esca-lier soit au plus égale à 7 m ;– être implantée de telle sorte qu’au rez-de-chaussée les accès aux escaliers soient atteints par la voie échelles […].3e famille B : habitations ne satisfaisant pas à l’une des conditions précédentes […] »(3) Voir Comportement au feu des bois massifs (2005), étude subventionnée par le ministère de l’Équipement, coordonnée par Irabois avec l’intervention du CTBA et du LNE.

    POUR EN SAVOIR PLUS

    FFB-CMP (Fédération française du bâtiment charpente menuiserie parquets), tél. : 01 40 69 57 40, www.polebois.ffbatiment.fr

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    L’UTILISATION DU BOIS EN REVÊTEMENT DE FAÇADE doit répondre à certaines conditions. Les bâtiments

    de 3e famille B doivent obligatoirement utiliser

    un bois possédant un PV d’essai de réaction au feu

    de catégorie M2 ou M3.

    SEPTEMBRE 2011 � B Â T I M É T I E R S 23

  • RT 2012 UN NOUVEAU RÔLE POUR LA BAIE, SES EQUIPEMENTS ET POUR LES PROFESSIONNELSLes objectifs de réduction des consommations énergétiques de la RT 2012 vont de pair avec une conception « bioclimatique » du bâtiment qui valorise l’apport de la baie et de ses équipements dans la performance de l’enveloppe.

    armi les nombreux chan-gements qu’implique la RT 2012 pour les pro-

    fessionnels du bâtiment, l’un des plus significatifs est l’amé-lioration des performances de l’enveloppe, qui jouera un rôle clé dans le confort et la limita-tion des consommations d’éner-gie du bâtiment. Les techniques d’isolation seront mises à contri-bution, mais aussi – nouveauté marquante – tout ce qui permet-tra d’optimiser les apports de cha-

    leur et de lumière gratuits pro-venant du rayonnement solaire pendant la saison froide. À côté de l’orientation, de la géomé-trie et de l’inertie du bâtiment, le rôle de la baie et de ses équipe-ments (fenêtres, fermetures, pro-tections solaires, vitrage, systèmes de manœuvre) se trouve ainsi pour la première fois réellement reconnu au stade de la conception comme un moyen efficace pour diminuer les besoins du bâtiment en matière de chauffage, de refroi-

    dissement et d’éclairage(1). Paral-lèlement, se trouve également valorisé le rôle des spécialistes de la baie que sont les menui-siers, métalliers, storistes, miroi-tiers qui, lorsqu’ils conçoivent et fabriquent ou choisissent et met-tent en œuvre ces équipements, peuvent contribuer à améliorer de façon très importante la perfor-mance « bioclimatique » du pro-jet. Performance qui condition-nera l’attribution du permis de construire(2) avant d’être contrô-

    lée, à réception de l’ouvrage, en même temps que sera mesurée la perméabilité à l’air de l’enveloppe.

    UNE PALETTE DE SOLUTIONSEn période froide, des fenêtres, des coffres de volets roulants et des fermetures ayant un haut coefficient d’isolation thermique permettront de diminuer les besoins de chauffage d’autant plus efficacement qu’une isola-tion aura été prévue pour pré-venir les ponts thermiques au pourtour de la baie. Le recours à un système d’ouverture et de fermeture automatique (valo-risé par rapport à un système de manœuvre manuel) constituera également un moyen d’améliora-tion, puisqu’il permet d’optimiser le bilan du couple fenêtre-ferme-ture : diminution des déperdi-tions caloriques pendant la nuit ; valorisation des apports solaires pendant le jour. Une autre voie d’amélioration consistera à aug-menter les apports solaires en accroissant la surface vitrée : la RT 2012 prévoit que la surface

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    totale des baies des bâtiments d’habitation devra être supérieure à un sixième de la surface habi-table. Le clair de jour des fenêtres, le facteur solaire du vitrage uti-lisé et l’orientation sont d’impor-tants facteurs d’optimisation : sur une saison de chauffe, on a pu mesurer que la quantité d’éner-gie reçue (en France) par une baie vitrée de 1 m2 varie de 530 à 80 kWh selon qu’elle est orientée sud ou nord. En période chaude, où l’inertie constitue l’un des cri-tères de limitation des besoins en refroidissement du bâtiment, il est important de pouvoir ventiler de façon intense et de réduire les apports solaires. Sur le sixième de surface vitrée qu’elle imposera, la RT 2012 prévoit une surface mini-male « ouvrante ». Elle préconise d’autre part l’installation de pro-tections solaires – stores de toile, brise-soleil à lames orientables, avancées de toiture conçues dans une approche bioclimatique – qui devront de préférence être posi-tionnées sur les fenêtres orien-tées au sud, à l’est ou à l’ouest. Lorsqu’elles seront mobiles,

    POUR EN SAVOIR PLUS

    Pôle Fenêtre de la FFB : FFB-CMP, FFB Métallerie, FFB Fermetures et Stores, SNFA-FFB, FFPV-FFB. Voir coordonnées p. 9.

    Les figures 1 et 2 ci-contre illustrent, sur un exemple de mise en œuvre en ébrasement, l’impact de la conception et de la mise en œuvre dans les déperditions thermiques à la liaison menuiserie/gros œuvre. Sur la figure 2, une isolation a été appliquée au niveau de l’ébrasement et de la feuillure ; le coefficient PSI, qui mesure la valeur du pont thermique, a pu être divisé par 4.

    ces protections devront rester ouvertes en période froide. L’ins-tallation de protections solaires mobiles ainsi qu’un facteur solaire maxi seront imposés pour les locaux destinés au sommeil, quelle que soit leur orientation. Comme dans le cas des ferme-tures et pour les mêmes raisons, la RT 2012 prendra en compte les systèmes de gestion d’ouverture des protections solaires et valori-sera les systèmes automatisés par rapport aux systèmes manuels. Dans le domaine de l’éclairage, l’orientation des baies, l’utilisa-tion de menuiseries à fort clair de jour et de vitrages à fort coeffi-cient de transmission lumineuse seront autant de moyens de faire baisser le coefficient Bbio.

    L’IMPORTANCE DE LA MISE EN ŒUVREComme le constat a pu être fait sur tous les projets BBC mis en chantier depuis l’introduction du label, le saut qualitatif que repré-sente le passage de la RT 2005 à la RT 2012 dépend fortement de la qualité de la mise en œuvre.

    Les tests de perméabilité à l’air de l’enveloppe ont montré que les défauts d’installation des menui-series sont responsables de fuites dans des proportions impor-tantes, spécialement au niveau des liaisons gros œuvre-menui-serie. L’amélioration sur ce point passe certes par le choix de pro-duits (menuiseries, coffres de volets roulants et manœuvres) qui soient performants sur le plan de la perméabilité à l’air. Mais seul le soin apporté au choix et à l’exécution du calfeutrement, à l’utilisation de mousses appro-priées (en tenant compte de leur valeur de compression utile), aux réglages des menuiseries (hauteur des galets des coulissants, verti-calité, etc.) et d’une façon géné-rale le respect des préconisations du NF DTU 36.5 permettront d’atteindre l’objectif. Et celui-ci devra impérativement l’être, car la future réglementation substitue l’obligation de résultats à l’obliga-tion de moyens.À noter, enfin, un important changement touchant spéciale-ment les « professionnels fabri-

    1 LES STORES DE TERRASSE constituent une protection solaire pour l’extérieur mais aussi pour l’intérieur.

    2 et 3 BRISE-SOLEIL ET STORES INTÉGRÉS ont, dans une certaine mesure, une fonction isolante.

    4 et 5 LES STORES ET VOLETS À ENROULEMENT peuvent occulter intégralement la lumière et isoler l’intérieur de l’habitat.

    6 ÉQUIPÉES DE RUPTURE DE PONT THERMIQUE, entre autres, les baies vitrées peuvent aujourd’hui répondre aux exigences BBC.

    cants » (menuisiers, métalliers, storistes). Avec la future régle-mentation, ceux-ci vont devoir fournir aux bureaux d’études de conception des informations détaillées sur les caractéristiques de leurs produits – coefficient d’isolation thermique, facteurs solaires et lumineux, etc. –, indis-pensables à la réalisation de l’étude thermique. Or, ils ne dis-posent pas toujours de ces don-nées ni des moyens de les calcu-ler. Un nouveau chantier s’ouvre donc (voir p. 27). �

    (1) En passant du statut d’accessoires à celui d’éléments indissociables de l’enveloppe, les fermetures et les protections solaires pour-raient entrer dans le champ de la garan-tie décennale.(2) Pour l’attribution du permis de construire, les besoins de l’enveloppe, expri-més par le coefficient « Bbio » ne devront pas dépasser un certain niveau (Bbiomax) modulé selon la zone climatique, l’altitude, le type et la surface du bâtiment.

    INFLUENCE DE LA CONCEPTION ET DE LA MISE EN ŒUVRE SUR LE PONT THERMIQUE AU POURTOUR DES MENUISERIES

    FIGURE 1 (VUE DE DESSUS)• Ébrasement non isolé.• Feuillure non calfeutrée.• Coefficient de transmission

    thermique linéique : = 0,414 W/(m.K)

    FIGURE 2 (VUE DE DESSUS) • Ébrasement isolé avec

    3 cm de laine minérale ( = 0,035W/(m.K).

    • Feuillure calfeutrée avec PU de lambda = 0,05.

    • Coefficient de transmission thermique linéique :

    = 0,107 W/(m.K)• Lignes de flux : les

    différentes couleurs indiquent une zone de passage de chaleur.

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    SEL MIS EN ŒUVRE À L’EXTÉRIEUR Cahier de prescriptions techniquesLe passage à un cadre européen avait introduit une certaine complexité dans les référentiels relatifs aux systèmes d’étanchéité liquide (SEL). La publication d’un cahier de prescriptions techniques (CPT) devrait contribuer à clarifier la situation pour les professionnels.

    E n 1999, des règles profes-sionnelles acceptées au sein de l’Agence Qualité Construction (AQC) par la Commission Pré-vention Produits (C2P) ont pré-cisé les règles de l’art en matière d’application des SEL sur « plan-chers extérieurs en maçonne-rie dominant des parties non closes de bâtiment ». Autrement dit sur les balcons, loggias, cour-sives, passerelles, escaliers et gra-dins extérieurs – l’étanchéité des toitures-terrasses n’étant pas trai-tée par le document. Les SEL visés par ces règles devaient bénéficier d’un dossier technique ou d’un cahier des clauses techniques éta-bli par le fabricant, décrivant les prescriptions relatives à la mise en œuvre du système et validé par un contrôleur technique(1) dans le cadre d’une évaluation spéci-fique. Avec le temps, ces règles ont vu leur application élargie pour une utilisation en étanchéité de toitures-terrasses sur des locaux habités.À la suite de la publication du Guide d’agrément technique euro-péen ETAG 005(2), établi dans le cadre de la Directive produits de construction, ces systèmes ont dû faire l’objet d’un agrément tech-nique européen (ATE) afin de

    pouvoir être marqués CE, celui-ci étant obligatoire à partir du 1er janvier 2005. L’ATE atteste l’aptitude à l’emploi de produits innovants ne faisant pas l’objet d’une norme européenne har-monisée. Il est construit confor-mément à l’ETAG. Il ne couvre pas la mise en œuvre, qui relève en France, pour les techniques non traditionnelles d’Avis techniques ou pour les pro-duits marqués CE, de Documents techniques d’application (DTA).

    UN RÉFÉRENTIEL COMMUNC’est pourquoi, dès 2005, des DTA ont été établis par le CSTB à la demande des fabricants. Mais il manquait un référentiel com-mun pour tous les demandeurs de DTA et professionnels du bâti-ment impliqués dans la réalisation d’ouvrages d’étanchéité, permet-tant de faire une corrélation entre les exigences performancielles de l’ETAG et celles liées au domaine d’emploi revendiqué. La publica-tion du cahier des prescriptions techniques n° 3680 du CSTB, à l’initiative des industriels, met fin depuis septembre 2010 à cette situation. Il vise en effet les SEL de toitures inaccessibles et accessibles aux piétons et au séjour faisant

    l’objet d’un DTA, et devrait ainsi motiver les fabricants à s’engager dans cette procédure. Pour l’essentiel, ce CPT se com-pose de deux parties. La première est destinée aux professionnels du bâtiment « impliqués dans la réa-lisation d’un ouvrage par un pro-cédé sous DTA se référant au pré-sent document » ; la seconde, aux industriels souhaitant déposer une demande de DTA. Sur le plan pratique, on retrouve dans l’organisation du document la même trame que celle des règles professionnelles et les mêmes schémas (à l’exception du traite-ment du joint de dilatation, rem-placé par une solution de joint sur costière en béton). Des tableaux indiquent, selon la zone climatique et la destination de la terrasse, les classements per-formanciels du système SEL exi-gés selon l’ETAG 005 ; une carte

    présente clairement les deux zones climatiques citées dans l’ETAG 005. La partie traitant des contrôles d’exécution a pour sa part été fortement étoffée par rap-port aux règles professionnelles. �

    (1) Le respect des règles professionnelles et du cahier des clauses techniques, ainsi que l’application par une entreprise d’étanchéité qualifiée et agréée conditionnent le béné-fice de la garantie décennale pour le maître d’ouvrage.(2) Guide d’agrément technique européen portant sur les kits d’étanchéité de toitures par application liquide (LARWK en anglais) destinés aux toitures-terrasses accessibles ou non, à l’exception des SEL utilisables en ter-rasses parkings.

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    POUR EN SAVOIR PLUS

    CSFE-FFB (Chambre syndicale française de l’étanchéité), tél. : 01 56 62 13 20, www.etancheite.com

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    PAROI VITRÉE Deux nouveaux outils pour les professionnelsAvec la RT 2012, les professionnels devront fournir aux bureaux d’études de conception les caractéristiques de performances de la paroi vitrée et de ses équipements. Deux initiatives ont été prises au sein de la FFB afin de les y aider.

    Pour le bâtiment, l’arrivée de la RT 2012 tourne la page de certains concepts, tels les « valeurs garde-fou » et autres « bâtiments de référence », au profit d’une exi-gence de performance globale qui se veut la plus précise pos-sible. Entre autres conséquences, ce changement implique que les entreprises seront désormais tenues, en amont des chantiers, de fournir aux bureaux d’études de conception les données nécessaires au calcul du coefficient de besoin énergétique (Bbio) (voir égale-ment pp. 24-25). Le métallier ou le menuisier, qu’il soit installateur ou fabricant-installateur, devra ainsi communiquer, assor