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2016

2016€¦ · 6 CONGRS ADF 2016 TOUTES LES SÉANCES EN UN COUP D’ŒIL Ce tableau vous permet de trouver facilement le jour et l’horaire de toutes les séances du Congrès 2016

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    ÉDITORIAL

    Un programme scientifique se prépare pendant toute une année, il se construit pas à pas se voulant cohérent, alléchant parfois même excitant. Il est le fruit de réflexions d’hommes et de femmes passionnés qui ensemble choisissent les meilleurs des conférenciers nationaux et internationaux. L’ensemble des disciplines de notre profession est représenté dans ce Congrès 2016, de la biologie à la vie professionnelle, pour que chacun et chacune d’entre vous puisse s’y retrouver dans sa spécificité et sa singularité.Toutes les conférences, quelles que soient ces disciplines, convergent vers le thème du Congrès 2016 : Votre santé, notre priorité. Pour dire et redire, si cela était encore nécessaire, que nous sommes les spécialistes de la santé de la bouche mais que nous prenons soin de l’individu dans sa totalité.Fœtus, femmes, hommes, enfants, vieillards, grabataires, vulnérables, cette année, 134 séances sont destinées à vous donner les moyens les meilleurs pour prévenir la maladie et maintenir toujours mieux la santé. 134 séances pour redire que la santé n’est pas biologique, ou psychologique, ou sociale, mais qu’elle est holistique, bio-psycho-sociale et qu’elle s’insère dans un environnement qui doit devenir la matrice essentielle du développement durable. Finalement, ce Congrès réaffirme une fois encore que la médecine bucco-dentaire inscrit inlassablement ses efforts dans des objectifs essentiels de santé publique notamment la prévention des maladies chroniques à répercussions systémiques (diabète, cancer, maladies auto-immunes...), des risques environnementaux (bisphénol), ou encore des risques psychosociaux (stress, anxiété, addictions..).Ce Congrès 2016 interroge tour à tour les rôles respectifs des soignants, des institutions et des usagers eux-mêmes dans la co-construction d’une santé en perpétuelle renouvellement.

    Vianney DESCROIXPrésident scientifique du Congrès 2016

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    Sarah ATTAL STYM POPPEREndodontie

    Thomas FORTIN Implantologie et radiologie

    Fabrice CAMPANAMédecine et chirurgie orale

    Pierre-Yves COUSSONMédecine bucco-dentaire

    et vulnérabilités

    COMITÉ SCIENTIFIQUE

    Président scientifiqueVianney DESCROIX

    Secrétaire scientifiqueStéphane SIMON

    Membres

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    C O M I T É S C I E N T I F I Q U E

    Elvire LE NORCYOrthopédie Dento-Faciale

    Patrick ROUAS Odontologie pédiatrique

    Yves ESTRABAUDParodontologie

    Estelle SCHITTLYProthèse amovible

    Thierry DRAUSSINDPC - Programme

    Assistant(e)s dentaires

    Cyril VILLATOdontologie conservatrice

    Sophie JUNGBiologie Recherche

    Maud DENISProthèse fixe

    Régis NEGREVie professionnelle

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    TOUTES LES SÉANCES EN UN COUP D’ŒIL

    Ce tableau vous permet de trouver facilement le jour et l’horaire de toutes les séances du Congrès 2016 présentées par code.

    mardi 22 mercredi 23 jeudi 24 vendredi 25 samedi 26

    8H30 - 17H00 E137

    9h00-10h30B14 • B15 • B16 • B17 ▪ B19 • B20 • B21 • B22

    C48 • C49 • C50 • C51 C54 • C55 • C56 • C5

    D84 • D85 • D86 • D87D89 • D90 • D91 • D92 D93

    E120 • E121 • E122 ▪ E123 • E124 • E125 ▪ E126 • E127

    9h00 - 12h00 B41 • B42 • B43 C58 • C77 • C78 • C79 E128 • E129 • E138

    9h00 - 12h00 et 14h00 - 18h00

    B18 C52 • C53 D88

    9h00 - 17h00 B40

    11h00 - 12h00B23 • B24 • B25 • B26 B27 • B28 • B29 • B30

    C59 • C60 • C61 • C62 C63

    D94 • D95 • D96 • D97 D98 • D99 • D100 • D101

    E130 • E131 • E132 ▪ E133 • E134 •▪E135 ▪ E136

    14h00 - 17h00A1 • A2 • A3 • A4 • A5 ▪ A6 • A7 • A8 • A9 • A11 A12

    B31 • B32 • B33 • B34 B35 • B36 • B37 • B38 B39 • B44 • B45 • B46

    C68 • C69 • C70 • C71 C72 • C73 • C74 • C75 C76 • C80 • C81 • C82

    D102 • D103 • D104 D105 • D106 • D107 ▪ D108 • D109 • D110 D111 • D116 • D117 ▪ D118 • D119

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    mardi 22 mercredi 23 jeudi 24 vendredi 25 samedi 26

    8H30 - 17H00 E137

    9h00-10h30B14 • B15 • B16 • B17 ▪ B19 • B20 • B21 • B22

    C48 • C49 • C50 • C51 C54 • C55 • C56 • C5

    D84 • D85 • D86 • D87D89 • D90 • D91 • D92 D93

    E120 • E121 • E122 ▪ E123 • E124 • E125 ▪ E126 • E127

    9h00 - 12h00 B41 • B42 • B43 C58 • C77 • C78 • C79 E128 • E129 • E138

    9h00 - 12h00 et 14h00 - 18h00

    B18 C52 • C53 D88

    9h00 - 17h00 B40

    11h00 - 12h00B23 • B24 • B25 • B26 B27 • B28 • B29 • B30

    C59 • C60 • C61 • C62 C63

    D94 • D95 • D96 • D97 D98 • D99 • D100 • D101

    E130 • E131 • E132 ▪ E133 • E134 •▪E135 ▪ E136

    14h00 - 17h00A1 • A2 • A3 • A4 • A5 ▪ A6 • A7 • A8 • A9 • A11 A12

    B31 • B32 • B33 • B34 B35 • B36 • B37 • B38 B39 • B44 • B45 • B46

    C68 • C69 • C70 • C71 C72 • C73 • C74 • C75 C76 • C80 • C81 • C82

    D102 • D103 • D104 D105 • D106 • D107 ▪ D108 • D109 • D110 D111 • D116 • D117 ▪ D118 • D119

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    BIOLOGIE-RECHERCHE

    A9La prise en charge des maladies rares : la filière « Tête-Cou-Dents »

    Optimisation de la prise en charge des maladies rares bucco-dentaires au sein de la Filière Nationale Tête Cou DentsMarie-Cécile Manière

    Les anomalies bucco-dentaires peuvent être l’expression, parfois mécon-nue, de maladies génétiques rares ou s’inscrire dans un contexte syndro-mique. A ce jour, plus de 800 syndromes comportent des manifestations orales et/ou cranio-faciales ont été identifiés.Une maladie rare est une affection touchant un nombre restreint de per-sonnes, à savoir moins d’une personne sur 2000. La prise en charge des maladies rares, représentant plus de 7000 affections différentes, est orga-nisée autour de 131 centres de référence (CRMR) labellisés par le ministère de la santé dans le cadre du 1er plan national maladies rares, entre 2004 et 2007, et des centres de compétences désignés en 2008.Un centre de référence regroupe des compétences pluridisciplinaires hos-pitalières organisées autour d’une équipe médicale hautement spécialisée, ayant une expertise avérée dans le domaine des soins, de la recherche et de la formation. Il intègre aussi des savoir-faire et des compétences pluri-pro-fessionnelles dans le domaine médico-social. C’est un centre expert et de recours exerçant une attraction interrégionale, nationale, voire internatio-nale, avec un objectif d’équité en termes d’accès au diagnostic, au traite-ment et à la prise en charge globale des personnes malades. Le CRMR a une mission de coordination qui comprend l’identification et l’organisation d’un maillage territorial avec les structures hospitalières existantes.Les centres de compétence maladies rares (CCMR) ont vocation à assurer la prise en charge et le suivi des patients au plus proche de leur domicile.La filière de santé maladies rares (FSMR) est une organisation qui coor-donne en réseau un ensemble associant des CRMR, des CCMR, des labora-toires de diagnostic et de recherche, des structures sociales et médico-so-ciales, des universités, des associations et autres partenaires. Elle couvre un champ large et cohérent de maladies rares, proches dans leurs manifes-tations ou leur prise en charge. Les objectifs principaux des 23 filières sont de favoriser la lisibilité de l’organisation mise en place et de la décloisonner

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    pour créer un continuum d’action entre les structures et les acteurs.La filière Tête Cou Dents, animée par le Pr M-P Vazquez (Hôpital Necker, APHP), concerne les malformations congénitales et héréditaires du mas-sif crânio-maxillo-facial, du cou et des dents ; celles-ci représentent une cohorte très importante, avec une file active évaluée à environ 50 000 pa-tients français. Ces malformations sont soit isolées, soit parties prenantes d’un syndrome associé de l’ensemble crânio-maxillo-facial, du cou et des dents dont l’organisation en filière optimise la prise en charge. La filière Tête Cou Dents s’appuie sur 6 CRMR, dont notamment celui des manifestations bucco-dentaires des maladies rares (Strasbourg) et celui des malformations rares de la face et de cavité buccale (Necker et Ro-thschild), sur 35 CCMR et 17 centres Expert Pierre Robin, sur 2 laboratoires de recherche, 21 associations de patients et une plateforme d’animation.Sur un plan thérapeutique, le complexe crânio-dento-maxillo-facio-cervi-cal doit être pris en charge globalement étant donnée l’interdépendance des fonctions vitales et fonctionnelles : neurosensorielles (audition, olfac-tion, vision), respiration, mastication, déglutition, phonation, sourire, mi-miques et expressions faciales. Ces malformations peuvent mettre en jeu le pronostic vital et fonctionnel, affecter la croissance, le développement psychomoteur et psychique, enfin générer des situations de handicap compromettant la qualité de vie sociale, psychoaffective, familiale, sco-laire et professionnelle. La prise en charge des malformations rares de la tête, du cou, et des dents concerne nombre de spécialités chirurgicales, médicales, odontologiques mais également paramédicales. Cette prise en charge est initiée dès la naissance ou dès le diagnostic de l’anomalie et se poursuit tout au long de la croissance, et ce jusqu’à l’âge adulte. Le parcours de soin comprend des investigations dia-gnostiques et fonctionnelles, des planifications thérapeutiques qui doivent être coordonnées et réévaluées à chaque étape de la croissance pour chaque pa-tient en tenant compte des innovations diagnostiques et thérapeutiques. Le rôle d’accompagnement joué par les Associations est un élément fondamental. Les patients formulent des exigences diagnostiques, fonctionnelles et esthétiques accrues, par exemple, pour leur réhabilitation bucco-dentaire, encore insuffi-samment remboursée. Ils souhaitent une clarification des informations, une égalité d’accès aux soins optimaux, un meilleur consensus et une formation des professionnels de santé.

    - Instruction N° DGOS/PF4/2016/11 du 11 janvier 2016 relative aux missions et périmètres des centres de référence, centres de compétences et des filières de santé dans le domaine des maladies rares.- M. de la Dure-Molla, A. Berdal. Odontogénétique : initiation, morphogenèse dentaire et maladies rares associées.EM - 08/06/16 [23-400-A-07] - Doi : 10.1016/S1283-0860(16)79432-2

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    Les maladies rares « Casse-Têtes » thérapeutique : Challenge de la prise en charge thérapeutique, de la pédiatrie à l’âge adulteMuriel de la Dure-Molla

    Les anomalies dentaires sont nombreuses et diverses. Elles altèrent l’esthétique ou une / plusieurs fonctions orales, ou peut encore générer des douleurs im-portantes, constituant le motif d la demande thérapeutique. Les anomalies de formes, de structures et de nombres ainsi que les dysmorphoses sont les prin-cipales pathologies que nous avons à traiter. Comme la majorité des maladies rares, il existe peu ou pas de guideline. Notre arsenal thérapeutique est large mais constituant malheureusement qu’un traitement symptomatique afin de compenser au mieux les altérations. Une reconstitution « ad integrum » n’est pas possible en ce qui concerne la dent. Les patients doivent être pris en charge dès le plus jeune âge. En effet, toutes les anomalies dentaires généralisées per-turbant les fonctions orales ont des répercussions plus large sur la croissance crânio-faciale. La normalisation des rapports d’arcades limitera la survenue de malocclusion secondairement. Si la malocclusion est installée le patient pourra être pris en charge en orthopédie dento-faciale. Les traitements ainsi que leurs timming de mise en œuvre varient considérablement d’un cas à l’autre. Une prise en charge pluridisciplinaire, évolutive, parfois innovante sont ainsi néces-saire pour faire face à des casse têtes thérapeutiques.

    - EMC Odontogénétique : (Partie 1): initiation, morphogenèse dentaire et maladies rares associées - (Partie 2) cytodifférenciation dentaire et maladies rares [28-090-M-10] [23-400-A-08]- Guideline on dental management of heritable dental developmental anomalies. American Academy of Pediatric Dentistry. Pediatr Dent. 2013 Sep-Oct; 35(5):E179-84. No abstract available.

    Un kit de gènes explicatif des anomalies dentaires : la saga de GenodentAgnès Bloch Zupan

    Les progrès de la génétique et le développement des techniques de séquençage haut débit permettent de préciser le diagnostic moléculaire et d’identifier les dé-fauts génétiques responsables des anomalies dentaires observées dans les mala-dies rares. Que ce soit par l’utilisation de panels de gènes choisis « Genodent », ou le séquençage d’exomes, ces outils très performants ont été et sont déployés pour le diagnostic des maladies rares avec anomalies de développement, dans le cadre des projets INTERREG IV, Offensive Sciences « Manifestations bucco-dentaires des ma-ladies rares » et INTERREG V, RARENET cofinancés par l’UE (FEDER) et des centres de référence maladies rares de la filière TETE COU DENTS.

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    Ces diagnostics génétiques permettent d’améliorer la prise en charge des pa-tients concernés en changeant la perspective sur les symptômes de la maladie, en identifiant formellement et nommant la maladie, étant parfois à l’origine de la découverte de nouvelles entités cliniques, en favorisant la recherche de signes as-sociés négligés en première intention et en orientant le patient vers une prise en charge médicale globale.Ces outils sont indispensables à la mise en place d’une médecine bucco-dentaire personnalisée, individuelle, garante d’une prise en charge réfléchie et optimale, plu-ridisciplinaire du patient et de sa famille, basée sur les données actuelles et acquises de la science, et à la mise en œuvre de thérapies ciblées.

    - A targeted next-generation sequencing assay for the molecular diagnosis of genetic disorders with orodental involvement. Prasad MK, Geoffroy V, Vicaire S, Jost B, Dumas M, Le Gras S, Switala M, Gasse B, Laugel-Haushalter V, Paschaki M, Leheup B, Droz D, Dalstein A, Loing A, Grollemund B, Muller-Bolla M, Lopez-Cazaux S, Minoux M, Jung S, Obry F, Vogt V, Davideau JL, Davit-Beal T, Kaiser AS, Moog U, Richard B, Morrier JJ, Duprez JP, Odent S, Bailleul-Forestier I, Rousset MM, Merametdijan L, Toutain A, Joseph C, Giuliano F, Dahlet JC, Courval A, El Alloussi M, Laouina S, Soskin S, Guffon N, Dieux A, Doray B, Feierabend S, Ginglinger E, Fournier B, de la Dure Molla M, Alembik Y, Tardieu C, Clauss F, Berdal A, Stoetzel C, Manière MC, Dollfus H, Bloch-Zupan A. J Med Genet. 2016 Feb;53(2):98-110.- Mutations in the latent TGF-beta binding protein 3 (LTBP3) gene cause brachyolmia with amelogenesis imperfecta. Huckert M, Stoetzel C, Morkmued S, Laugel-Haushalter V, Geoffroy V, Muller J, Clauss F, Prasad MK, Obry F, Raymond JL, Switala M, Alembik Y, Soskin S, Mathieu E, Hemmerlé J, Weickert JL, Dabovic BB, Rifkin DB, Dheedene A, Boudin E, Caluseriu O, Cholette MC, Mcleod R, Antequera R, Gellé MP, Coeuriot JL, Jacquelin LF, Bailleul-Forestier I, Manière MC, Van Hul W, Bertola D, Dollé P, Verloes A, Mortier G, Dollfus H, Bloch-Zupan A. Hum Mol Genet. 2015 Jun 1;24(11):3038-49.

    Fente labio-palatine: De la naissance à l’âge adulte: un parcours chirurgical et une prise en charge multidisciplinaireCaroline François-Fiquet

    Les fentes labio-palatines (FL/P) représentent la malformation cranio faciale congénitale la plus fréquente. Cette pathologie est la conséquence d’un défaut de fusion des bourgeons faciaux. Son étiologie est multifactorielle. Les FL/P sont dans la majorité des cas isolées mais elles peuvent rentrer dans le cadre de formes syndromiques. Dans ce cas le diagnostic peut être plus complexe avec plus de 400 syndromes décrits en cas de fente palatine syndromique.Plusieurs formes cliniques existent : fente labiale (Labio alvéolaire (FLA), la-bio-narinaire (FLN)), fente palatine (Vélaire (FV), vélopalatine (FVP)), fente la-bio-maxillo-palatine (FLP), unilatérale, bilatérale… Les formes cliniques découlent de l’embryologie. Deux zones anatomiques sont à identifier :

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    - Le palais primaire qui concerne la lèvre (FL) et l’arcade dentaire (FA) (7ème semaine). - Le palais secondaire (FV/FP) qui concerne le voile et le palais osseux en arrière du trou incisif (11e semaine).L’atteinte du palais primaire et/ou secondaire et/ou les chirurgies qui seront né-cessaires peuvent avoir des conséquences sur la croissance maxillaire et l’ali-gnement dentaire.Cette pathologie nécessite une prise en charge multidisciplinaire débutant en pré-natal et se poursuivant jusqu’à l’âge adulte. Gynécologues, sages femmes, généticiens, chirurgiens psychologues ont déjà un rôle à jouer auprès des fa-milles avant la naissance. En post natal, l’équipe qui va prendre en charge le pa-tient s’enrichie de la présence des dentistes, orthodontistes (FLP, FP, FV), ortho-phonistes (FLP, FP), et des ORL (FV et FVP).Sur le plan chirurgical, la prise en charge se déroule en plusieurs étapes. De nom-breux calendriers opératoires existent soulignant les difficultés liées à la recons-truction. Tout commence par la chirurgie dite primaire. Plusieurs gestes succes-sifs ou combinés peuvent être nécessaires: cheilo-rhinoplastie primaire réalisée entre la période néonatale et 9 mois de vie, chirurgie vélo-palatine en un ou deux temps entre 3 mois de vie et 18 mois de vie, et greffes osseuses intermaxillaires à partir de 5 ans. La chirurgie dite secondaire est souvent nécessaire pour compléter la prise en charge des formes les plus complexes : cheiloplastie secondaire, chirurgie de l’incompétence vélo-pharyngée, greffe osseuse inter-maxillaire redux, chirurgie orthognatique, rhinoplastie… Sur un plan dentaire l’implication des professionnels est primordiale. Les do-maines d’actions concernés vont de l’hygiène buccodentaire, au respect et sti-mulation du capital osseux, à l’orthodontie d’alignement dentaire, de favorisa-tion des éruptions dentaires, d’expansion palatine première avant greffe osseuse intermaxillaire, ou de préparation avant une chirurgie orthognatique.Cette prise en charge multidisciplinaire peut être longue et parfois pesante pour les patients comme leur famille. Le soutien psychologique des différents inter-venants doit être constant. Ces derniers doivent être capable de reconnaitre les signes de souffrance psychologique nécessitant parfois la modification du proto-cole (Ex : pause dans le traitement orthophonique, chirurgie secondaire plus pré-coce en cas de moqueries responsables parfois à elles seules d’échec scolaire).A travers la présentation des différentes étapes clefs de la prise en charge des patients atteints d’une FLP totale nous insisterons sur l’importance de la conti-nuité des soins au sein d’une prise en charge multidisciplinaire et d’un travail collaboratif en réseau.

    1. Fisher DM, Sommerlad BC. Cleft lip, cleft palate, and velopharyngeal insufficiency. Plast Reconstr Surg. 2011 Oct;128(4):342e-360e.2. Martinot-Duquennoy V, Capon N. Synthesis of the standard of treatment of cleft lip and cleft palate by 11 francophone teams en 2001. Ann Chir Plast Esthet. 2002 Apr;47(2):166-71.

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    B17Forum des jeunes chercheurs. Défi : mon travail de recherche en 360 secondes

    Hydrogels physiques de chitosane pour des applications vasculairesAudrey Aussel

    L’ingénierie vasculaire est un grand domaine de recherche avec deux grands axes développés : l’ingénierie des micro-vaisseaux et des macro-vaisseaux. Une des finalités de l’ingénierie des micro-vaisseaux pourrait être de créer un tissu osseux vascularisé et de pallier ainsi les limites des biomatériaux actuels pour la réparation osseuse. L’ingénierie des macro-vaisseaux consiste à déve-lopper de nouveaux substituts vasculaires notamment dans le cadre des pon-tages artériels de moins de 6 mm de diamètre interne. L’ingénierie vasculaire implique l’utilisation de matrice (support), de cellules de l’hôte et de différents signaux (chimiques et physiques) dans le but de développer des biomatériaux fonctionnels. Le chitosane, polymère naturel et biocompatible, utilisé pour plu-sieurs applications médicales et pharmaceutiques (immunoadjuvants, vecteurs de médicaments) et en odontologie (membrane, dentifrice), pourrait constituer une matrice de choix en ingénierie vasculaire1. Les EPCs (Endothelial Progenitor Cells), progéniteurs endothéliaux capables de se différencier en cellules endothé-liales sont, quant à elles, une source largement utilisée en ingénierie vasculaire. Les objectifs de ce travail étaient (i) de développer des hydrogels physiques de chitosane aux propriétés mécaniques adaptées, (ii) de vérifier leur capacité à être cellularisés, (iii) de s’assurer de l’hémocompatibilité in vitro et (iv) de la biocompatibilité in vivo de ces biomatériaux. Des hydrogels physiques de chitosane ont été élaborés à partir de la chitine de calamar (Mw=500 000 g/mol) par le laboratoire IMP (Lyon). Ces hydrogels ont été produits sans modification chimique du polymère et sans agent réticulant2

    (toxique pour les cellules). Le chitosane a été solubilisé dans une solution hyr-doalcoolique ou aqueuse, puis neutralisé dans la soude permettant la formation des hydrogels de chitosane (surfaces planaires et tubulaires). Les propriétés mé-caniques ont été satisfaisantes et compatibles avec l’implantation in vivo des bio-matériaux. Concernant la cellularisation de ces matériaux, nous avons démontré que les hydrogels physiques de chitosane pouvaient être endothélialisés in vitro. En effet, les résultats ont montré que les EPCs adhéraient et proliféraient sur ces biomatériaux (sur surfaces planaires et tubulaires). Concernant l’hémocompati-bilité et l’inflammation in vitro, nous avons analysé l’activation du complément, la voie intrinsèque de la coagulation (mesure du temps de céphaline activée), l’activité hémolytique du matériau, et enfin l’activation plaquettaire. Les résul-tats in vitro ont montré que le matériau n’induisait pas d’inflammation chronique et était hémocompatible. Nous avons ensuite implanté ces biomatériaux chez le

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    rat et le mouton. Nous avons étudié l’hémocompatibilité et l’intégration in vivo de ces matériaux par différentes techniques comme le suivi par écho-doppler, l’histologie et la microscopie à balayage des prélèvements après sacrifice. Les résultats ont montré que le biomatériau in vivo n’induisait pas d’inflammation chronique et sans résorption à 60 jours et qu’il était également hémocompatible à court terme (Jour 3).En conclusion, ces résultats très encourageants suggèrent que ces hydrogels physiques de chitosane pourraient être des matériaux prometteurs en ingénie-rie vasculaire. Cependant, d’autres paramètres restent à étudier, comme l’hé-mocompatibilité, in vivo, après un suivi à long terme.

    1. Aussel A, Thébaud NB, et al. 2016 Biomatériaux Cliniques2. Montembault A, Viton C, et al. 2005 Biomaterials

    Apatites dentinaires : de la dentine superficielle à la dentine profondeMarie-Alix Bayle, Geneviève Grégoire, Christian Rey

    Les apatites représentent 70 % en masse de la dentine humaine. Elles répondent à la formule générale des apatites biologiques Ca10-x (PO4)6-x (HPO42- ou CO32-)x (OH ou ½CO32-)2-x avec 0 ≤ x ≤ 2. Elles sont constituées d’un domaine cristallin relativement inerte environné d’une couche hydratée composée d’ions mobiles, facilement échangeables. Ces apatites sont-elles identiques pour une même dent? Le développement de la micro spectroscopie Raman offre des pers-pectives intéressantes, en permettant une analyse sur des échantillons de dents simplement fracturées, avec une résolution à l’échelle du micron. Le signal 1PO4 est décomposé en 2 bandes : une autour de 960cm-1 correspondant aux vibra-tions de PO4 dans la structure apatitique, une autre autour de 950cm-1. Par suite, deux paramètres représentatifs des cristaux d’apatite de la dentine sont mis en image : le rapport des intensités intégrées des bandes 950 et 960 et la largeur à mi-hauteur de la bande 960. Le rapport d’intensité 950/960 augmente pour les cristaux les plus proches de la pulpe. La largeur à mi-hauteur de la bande à 960 augmente également de manière significative de la jonction amélo-dentinaire à la pulpe. Bien que les résultats obtenus soient plus homogènes dans le cas de la largeur de raie que dans celui du rapport d’intensité, les variations de ces 2 paramètres semblent se corréler, les largeurs les plus importantes correspondant aux ratios d’intensité les plus grands.La bande 950 a été décrite par Crane et al, dans l’os, et elle a été attribuée à une phase amorphe. Différentes analyses de Eichert et al, sur des apatites de syn-thèse, suggèrent cependant que cette bande est très certainement attribuable à des ions phosphates dans la couche hydratée et peut être reliée à la maturité des cristaux. La largeur à mi-hauteur de la bande à 960 peut être considérée comme représentative de cristallinité des domaines apatitiques, déterminés par leur taille et les contraintes cristallines. La variation corrélée de ces paramètres dans

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    la dentine est analogue à ce qui est observé sur des échantillons de synthèse. Le plus souvent la cristallinité peut s’évaluer au travers de deux paramètres: po-sition et largeur à mi-hauteur de la bande 1PO4. Ici le premier n’est pas retenu car les variations liées au taux de carbonatation pourraient interférer. D’autres résultats obtenus en diffraction des rayons X, font penser que lorsque nous évaluons la cristallinité la part lié à la distorsion est beaucoup plus importante que celle de la taille du cristal. Bien que ce ne soit pas toujours observé pour les apatites biologiques, dans le cas de la dentine, cristallinité et maturité semblent corrélées. Dans une même dent, les apatites ne semblent pas se stabiliser à un même degré de maturité, probablement un vestige du mécanisme de formation centripète de la dentine. Ceci pourrait être lié à une variation de la distribution des éléments chimiques.

    - Crane NJ, Popescu V, Morris MD, Steenhuis P, Ignelzi MA. Raman spec-troscopic evidence for octacalcium phosphate and other transient mineral species deposited during intramembranous mineralization. Bone. 2006; 39:434-442. - Eichert D, Drouet C, Sfihia H, Reyintensité C, Combes C. Nanocrystal-line Apatite-Based Biomaterials. Nova Science Publishers Inc. 2009. ISBN 978606920800.

    Le juste soin en médecine bucco-dentaire chez les patients présentant des limitations de leurs capacités de décision : regards de chirurgiens-dentistes sur les freins et pistes d’évolution Alessandra Blaizot, Céline Catteau, Olivier Hamel, Thomas Trentesaux

    IntroductionEn France, sous l’impulsion de la loi du 04 mars 2002, des modifications pro-fondes de la relation de soin en faveur d’une participation plus active des pa-tients ont été engagées imposant un repositionnement de chaque acteur de cette relation. La loi précise que l’implication des patients dans les processus de prise de décision doit être recherchée y compris lorsque les patients présentent des limitations de leurs capacités de décision, et ce, en les accompagnants du mieux possible (1). Selon les limitations et les mesures de protection juridique rencontrées, l’information et la prise de décision peuvent nécessiter la consul-tation de tierces personnes. Les difficultés rencontrées quotidiennement par les soignants, les patients et les aidants, à se conformer aux cadres législatifs pourtant séduisants soulèvent des questionnements éthiques. Ces difficultés ont été explorées au moyen de 3 études qualitatives dont l’une conduite auprès de chirurgiens-dentistes. Celle-ci avait pour objectifs de mieux comprendre les limitations des réponses thérapeutiques en médecine bucco-dentaire et de pro-poser des perspectives d’évolution de la prise en charge de ces patients.

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    MéthodeUne étude qualitative utilisant la méthode Delphi a été conduite en France, entre 2014 et 2015, auprès d’un panel de chirurgiens-dentistes ayant orienté leur exer-cice vers la prise en charge de patients à besoins spécifiques. Un 1er question-naire composé de questions ouvertes a été adressé par mail au panel. Une ana-lyse de contenu par thématique des réponses recueillies a été réalisée dans le but de construire un 2ème questionnaire, composé de questions fermées. Ce 2ème questionnaire a été soumis aux praticiens ayant précédemment répondu afin qu’ils précisent leur degré d’accord avec les items proposés. Après analyse des réponses, le questionnaire a été soumis une nouvelle fois aux praticiens ayant précédemment répondu afin qu’ils confirment ou précisent leurs réponses au vu des résultats globaux précédents. Les résultats sont présentés sous forme d’effectifs pour les différents degrés d’accord avec les items.

    Résultats et discussionLa majorité des praticiens a reconnu l’existence d’un décalage entre pratique at-tendue ou souhaitée et réalité en matière d’information et de participation dans les décisions. Ils ont été très largement favorables à une prise en charge globale de la santé orale même s’ils ont décrit des freins dans sa proposition et sa mise en place. Ces situations ont été à l’origine de questionnements sur leur pratique et de désirs d’évolution.

    Conclusion Explorer les difficultés rencontrées par chaque acteur et croiser leurs regards permet de mieux comprendre la complexité des situations (2) et constitue une première étape pour la réduction des inégalités de santé de ces populations.

    1. LOI n°2002-302 du 4 Mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé. Code de santé publique, Articles L1111-2 et L1111-42. Svandra Philippe. L’éthique soignante. Réflexions sur les principaux enjeux du soin. 2014. Editions Seli Arslan

    Impact du Fluor sur le métabolisme du Fer au cours de l’amélogenèseSophia Houari

    Le fluor est communément utilisé en dentisterie dans le but de renforcer l’émail vis-à-vis du processus carieux. Néanmoins, une administration excessive lors de la formation dentaire conduit à une fluorose. L’atteinte clinique et l’hypomi-néralisation résultantes sont proportionnelles à la dose de fluor. Chez l’homme comme chez le rongeur, la fluorose se caractérise par des discolorations de l’émail. Chez le rongeur, la pigmentation basale (couleur orange) est due à l’in-corporation de fer dans les derniers microns de l’épaisseur de l’émail (1), et les améloblastes en charge de sa minéralisation (maturation) contiennent les plus

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    fortes concentrations de ferritine (protéine clé du stockage du fer) (2).Le but de notre étude est d’analyser la relation entre l’excès de fluor et le méta-bolisme du fer dans les améloblastes afin de comprendre ces effets nocifs sur l’amélogenèse et la qualité de l’émail. Nous avons utilisé un modèle de souris délétées (knock out) pour le gène codant la chaîne lourde de la ferritine (HFt +/-) afin de démontrer le rôle du métabo-lisme au fer dans l’action du fluor. Quatre groupes de souris ont été constitués : HFt +/+ (wild type) et HFt +/- Témoins, HFt +/+ et HFt +/- traités avec 5 mM de fluorure de sodium (NaF) pendant six semaines. L’accumulation du fer dans les améloblastes a été révélée par coloration Perl’s et imagerie nanoSIMS. L’expres-sion et la localisation des composants du métabolisme du fer ont été analysées par RT-qPCR, Western blot et immunofluorescence. Les propriétés mécaniques de l’émail ont été évaluées par Nano-indentation.Nos résultats ont montré que le fluor réduisait clairement l’accumulation de fer dans les améloblastes de maturation. La recherche des cibles biologiques du fluor a montré une diminution de la HFt et une augmentation de la ferroportine chez les souris HFt +/+ NaF. Ces modulations expliquent la capacité réduite de stockage du fer des améloblastes et sa sortie accrue aux deux pôles induisant la perte de pigmentation de l’émail de ces rongeurs. De façon intéressante, les incisives des souris HFt +/- étaient plus blanches que celles des témoins. Lorsque ces souris HFt +/- étaient traitées au fluor, l’expression de DMT-1 responsable de l’entrée du fer dans les cellules était di-minué. Autrement dit, le fluor empêcherait l’entrée du fer via le DMT-1 dans les améloblastes, dans la condition où son stockage est diminué. De surcroit, les incisives des souris HFt +/- NaF étaient blanches et fracturées soulignant un impact sur la qualité de l’émail démontré par Nano-indentation révélatrice d’une importante diminution de la résistance mécanique de ces incisives fluorotiques. Cette diminution a été retrouvée sur des dents humaines fluorotiques. Nos résultats ont aussi montré la capacité du fluor à diminuer le stockage du fer dans le foie suggérant une perturbation générale de ce métabolisme par ce toxique environnemental.En conclusion, l’impact du métabolisme du fer dans la physiopathologie de la fluorose est reporté pour la première fois. Nos résultats démontrent (1) l’implica-tion fonctionnelle de l’accumulation du fer dans la coloration et qualité de l’émail (1 et 2) l’impact du fluor sur le métabolisme général du fer.

    1. Heap PF, Berkovitz BK, Gillett MS, Thompson DW. An analytical ultrastruc-tural study of the iron-rich surface layer in rat-incisor enamel. Arch. Oral Biol. 1983;28(3):195–200.2. Wen X, Paine ML. Iron deposition and ferritin heavy chain (Fth) localization in rodent teeth. BMC Res Notes. 2013;6:1.

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    Développement de l’éducation thérapeutique en odontologie pédiatrique : intérêts et limitesThomas Marquillier

    IntroductionPrendre en charge des enfants atteints de caries précoces est souvent difficile. Le manque de coopération et l’importance des soins à réaliser impliquent sou-vent le recours à l’anesthésie générale. Si elle permet une remise en état ra-pide de la cavité buccodentaire, elle ne contribue pas à modifier les facteurs de risques expliquant des taux de récidive importants. La maladie carieuse, classée 3ème fléau mondial par les experts de l’OMS, constitue une véritable pathologie chronique chez ces enfants, et nécessite un accompagnement sur le long terme. L’éducation thérapeutique du patient tente de répondre à ces besoins.

    Matériel et MéthodeUne étude rétrospective a été menée au CHRU de Lille entre février 2003 et juin 2009 sur un échantillon de 267 patients. Les objectifs étaient d’évaluer l’im-portance de la récidive carieuse après des soins sous anesthésie générale, de constituer une population témoin avant la mise en place d’un programme d’édu-cation thérapeutique et d’évaluer le suivi après l’anesthésie générale. L’étude permet de répondre à certaines questions posées par l’ARS dans le cadre des demandes d’autorisation d’un programme d’éducation thérapeutique.

    RésultatsL’échantillon est constitué de 267 patients, âgés de 6,1 ans en moyenne et opé-rés sous anesthésie générale en odontologie pédiatrique. Notre étude a relevé un ratio de 181 garçons pour 86 filles. Ces enfants ont, pour la majeure partie, une hygiène bucco-dentaire défavorable et une alimentation très cariogène. 181 patients sur 267 ont consulté pour des caries précoces du jeune enfant. La quasi-totalité des patients ont bénéficié d’une anesthésie générale (pour raison dentaire) pour la première fois. Concernant le délai d’attente, il était de 5,2 mois environ entre la consultation et le bloc opératoire, où 8 avulsions et 5 soins en moyenne ont été pratiqués. Le contrôle post opératoire est intervenu dans un délai moyen de 1,6 mois, 29 patients ne s’y sont pas présentés. Quant au suivi, il s’est avéré régulier uniquement pour 81 patients sur les 181 porteurs de caries précoces ; chez ces derniers la récidive carieuse atteignait 54,3% et 81 patients ont eu recours à des nouveaux soins. La modification des habitudes nocives a seulement concerné 42,5% de l’échantillon. Enfin, l’absentéisme s’est avéré régulier. L’étude a permis de dresser le profil type du patient pris en charge : un garçon d’environ 5 ans et demi qui consulte pour des caries précoces. Il consomme de façon excessive des hydrates de carbones, son hygiène bucco-dentaire est quasi inexistante. Le suivi irrégulier est motivé par de nouveaux épisodes infectieux ou douloureux.

    DiscussionL’étude met en évidence l’important taux de récidive après une prise en charge sous anesthésie générale et l’absence de modification des comportements. Nous aboutissons ainsi à un « échec » chez ces patients qui reviennent unique-ment dans un contexte d’urgence. La prise en charge classique n’est pas cen-

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    trée sur le patient et son auto-gestion. La carie précoce du jeune enfant, maladie chronique des plus courantes, justifie le développement d’une offre d’éducation thérapeutique. Il existe cependant quelques obstacles au développement de programmes.

    1. Ng MW, Ramos-Gomez F, Lieberman M, Lee JY, Scoville R, Hannon C, et al. Disease Management of Early Childhood Caries: ECC Collaborative Project. Int J Dent. 2014.2. Edelstein BL, Ng MW. Chronic Disease Management Strategies of Early Childhood Caries: Support from the Medical and Dental Literature. Pediatr Dent. 2015 Jun;37(3):281–7.

    Bioingéniérie tissulaire de l’os et des vaisseaux : du laboratoire à la clinique !Jean-Christophe Fricain

    La recherche d’aujourd’hui préfigure la clinique de demain. L’unité mixte (in-serm/université) de recherche 1026 de bioingénierie tissulaire a un projet de recherche cognitif et translationnel sur l’ingénierie tissulaire de l’os et des vais-seaux. Cette unité est fortement associée à l’UFR d’odontologie de bordeaux car elle est dirigée par un odontologiste et intègre 4 MCU-PH odontologiste, 3 AHU étudiants en thèse d’université et régulièrement plusieurs étudiants qui déve-loppent des sujets en lien avec l’odontologie et la chirurgie orale en collaboration avec les chercheurs INSERM ou CNRS qui sont au nombre de 6 dans l’unité. La stratégie du projet de recherche s’articule autour de 3 axes que ce soit dans le domaine osseux ou vasculaire. - Le premier axe concerne des sujets plus cognitifs qui visent à développer des biomatériaux et à étudier le comportement des cellules (prolifération, phéno-type..) cultivés dans ces biomatériaux. L’un des axes forts de l’unité est la ré-alisation de co-cultures regroupant deux à trois types cellulaires dans un en-vironnement 3D pour créer des modèles d’étude plus physiologiques. Dans le domaine osseux nous avons développés en collaboration avec l’unité INSERM 1148 des substituts osseux ostéoinducteurs d’origine naturels à base de sucres (pullulane/dextrane) et dans le domaine vasculaire des vaisseaux de chitosane endothélialisés ou non. Nous explorons une approche basée sur la biofabrication de membranes biologique (membranes amniotiques, membrane induite) pour la régénération tissulaire et osseuse guidée et des feuillets de matrice extracellu-laire enroulés produits in vitro par des fibroblastes pour former des vaisseaux.

    - Le deuxième axe plus technologique intègre les stratégies de fabrication ad-ditive ou impression 3D pour créer des structures vasculaires à l’échelle du capillaire ou des artérioles et veinules. En complément nous avons développé des prototypes de bioimpression assisté par laser qui permettent de créer des motifs cellulaires avec une très haute résolution permettant d’étudier les inte-

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    ractions cellules-cellules et cellules micro environnement. En parallèle nous uti-lisons des imprimantes 3D basées sur l’extrusion pour imprimer des structures macroscopiques servant de matrice cellularisée ou non pour créer des modèles organoides en 3D. Deux odontologistes sont responsables du programme de fa-brication additive et de bio-assemblage.

    - Le troisième axe plus translationnel vise à étudier les matériaux cellularisés ou non, produits selon les techniques classiques d’ingénierie tissulaire (approche « Top Down ») ou par fabrication additive et/ou bioassemblage (« approche bot-tom up ») dans des modèles précliniques du petit au gros animal. Les odonto-logistes et chirurgiens de l’unité participent activement au développement de modèles cliniquement pertinents tels que des sinus lift chez la brebis, des mo-dèles de résection mandibulaire et d’ostéotomie segmentaire des os longs en conditions irradiées ou non. Le prolongement de cet axe translationnel se fait vers l’implantation des produits d’ingénierie tissulaire chez l’homme dans le cadre d’essais cliniques.

    En conclusion, au delà de la production de résultats et de la création de connais-sances, cette collaboration odontologiste-médecins - chercheur permet un aller retour perpétuel du laboratoire à la clinique et de la clinique au laboratoire indis-pensable pour favoriser l’innovation en santé au bénéfice des malades.

    Création d’un réseau vasculaire organisé par Bioimpression As-sistée par Laser pour la régénération osseuseOlivia Kerouredan

    La résorption de l’os alvéolaire peut être la conséquence de maladies parodon-tales, de traumatismes ou de pathologies malignes. Dans les cas de perte osseuse, les solutions thérapeutiques actuelles s’articulent autour de l’ostéogenèse par distraction, de greffons d’origine humaine, animale ou synthétique, et de la régé-nération osseuse guidée. Cependant, ces techniques présentent une faible pré-dictibilité et une importante morbidité. Des alternatives à ces approches chirur-gicales classiques ont été développées dans le domaine de l’ingénierie tissulaire grâce à la compréhension des mécanismes de la cicatrisation osseuse, avec des applications thérapeutiques possibles en chirurgie dentaire (Rasperini et al. 2015). Le développement précoce d’une microvascularisation et d’une microcirculation est ainsi primordial en ingénierie tissulaire osseuse. Afin de résoudre la problé-matique de la faible vascularisation des matériaux et des substituts osseux, la re-production du microenvironnement local et de l’organisation des cellules in situ est considérée comme une approche innovante. En biofabrication, parallèlement à l’impression à jet d’encre et aux systèmes par extrusion, la Bioimpression Assistée par Laser (LAB) a émergé comme une méthode alternative pour l’assemblage et la réalisation de motifs à l’échelle micrométrique de cellules et de biomatériaux (Guillemot et al. 2010). L’objectif de ce travail était de promouvoir la création d’un

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    réseau vasculaire organisé par LAB, afin d’optimiser la régénération osseuse. La station LAB était basée sur un laser infra-rouge (=1064 nm, 30 ns), focalisé sur une lame de quartz recouverte d’une fine couche absorbante d’or (60 nm), et un système opto-mécanique commandé par un logiciel dédié. Ce système a été utilisé pour imprimer des motifs de cellules progénitrices en-dothéliales sur un biopapier de collagène et de cellules souches mésenchyma-teuses (SCAPs). Ces motifs étaient recouverts, ou non, de collagène et VEGF. La préservation des motifs était suivie et analysée à différents temps post-impres-sion grâce à l’observation des cellules endothéliales Td-Tomato+ en microscopie à fluorescence. Des réseaux organisés de cellules endothéliales étaient obtenus et préservés jusqu’à J14. Les résultats démontrent que le LAB est une méthode pertinente pour la réalisation de motifs de cellules endothéliales à l’échelle mi-crométrique, et adaptée pour promouvoir la création de structures pseudo-vas-culaires organisées, en coculture, dans le contexte de la régénération osseuse. Ces structures pseudo-capillaires obtenues par LAB pourraient être incluses au sein de structures tridimensionnelles afin de promouvoir l’angiogenèse, prére-quis indispensable à la cicatrisation osseuse.Le LAB pourrait également permettre l’élaboration de greffons osseux pré-vas-cularisés par bioimpression in situ de cellules endothéliales et de précurseurs ostéoblastiques. Il constituerait alors une nouvelle approche thérapeutique favo-risant la régénération osseuse, dans des domaines tels que la parodontologie, la chirurgie endodontique, la chirurgie maxillo-faciale et l’implantologie.

    1. Guillemot, Fabien, A. Souquet, S. Catros, B. Guillotin, J. Lopez, M. Faucon, B. Pippenger, et al. 2010. “High-Throughput Laser Printing of Cells and Biomaterials for Tissue Engineering.” Acta Biomaterialia 6 (7): 2494–2500. doi:10.1016/j.actbio.2009.09.029.2. Rasperini, G., S. P. Pilipchuk, C. L. Flanagan, C. H. Park, G. Pagni, S. J. Hollister, and W. V. Giannobile. 2015. “3D-Printed Bioresorbable Scaffold for Periodontal Repair.” Journal of Dental Research 94 (9 Suppl): 153S – 7S. doi:10.1177/0022034515588303.

    B26La salive, outil diagnostique de demain ?

    La Salive : outil diagnostique de demainVincent Meuric

    La salive favorise le bien être buccal et protège les dents. Mais la salive, ou plutôt ce que nous devrions appeler le « fluide buccal », est complexe et pourra s’avérer

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    encore plus utile dans le futur. Le fluide buccal a une double origine : sérique avec le fluide gingival et sécrétoire via les glandes salivaires. L’exsudat au niveau du sil-lon gingivo-dentaire peut refléter la composition sérique. Les glandes salivaires jouent un rôle sécréteur et permettent l’élimination de diverses substances. Loin d’être négligeable (jusqu’à 1,5 litre par jour), le fluide buccal joue un rôle majeur au sein de la cavité buccale dont il assure l’homéostasie, notamment à travers le maintien de l’équilibre de la flore microbienne. La présence dans ce fluide de marqueurs biologiques détectables reflétant l’état de santé de l’individu et la fa-cilité de prélèvement ouvrent des possibilités encore sous-exploitées à ce jour.

    1. Pathologies bucco-dentairesLe fluide buccal peut être un outil d’aide au diagnostic et à la prévention des mala-dies buccales. Ces maladies buccales sont le résultat du mode de vie du patient, de son terrain génétique mais aussi de la composition du fluide buccal modulant la flore microbienne. Certains éléments extérieurs tels que les apports répétés de sucres, le tabac, l’alcool et une mauvaise hygiène bucco-dentaire peuvent être à l’origine de pathologies carieuses, parodontales voire cancéreuses. D’autres éléments perturbateurs peuvent également intervenir tels qu’une baisse de la sécrétion salivaire (vieillissement, certaines pathologies et prises médicamen-teuses). Le diabète pourra également influencer la santé bucco-dentaire avec des complications parodontales. Des tests salivaires permettent aujourd’hui essentiellement de compléter l’examen buccal du chirurgien dentiste. Le déve-loppement de nouveaux tests et la sélection des bio-marqueurs les plus adaptés (pour revue : Ji S. and Choy Y. 2015) permettront dans le futur, de détecter des patients à risque pour la mise en place de stratégies de prévention précoces (avant même les pertes osseuses en parodontologie) ou encore permettront le suivi de l’efficacité du traitement.

    2. Pathologies généralesDes tests salivaires permettraient de détecter des patients à risque pour diverses pathologies systémiques. D’un côté, les bactéries buccales pourraient avoir des effets systémiques (risques cardio-vasculaires, articulaires…). De l’autre côté, les maladies systémiques sont associées à la libération de molécules qui sont dosables au niveau sanguin mais qui peuvent aussi être retrouvées dans le fluide buccal et ainsi informer sur l’état de santé général de nos patients avant même que des complications n’apparaissent que ce soit au niveau buccal ou systémique (pour revue : Monsarrat P. et al., 2016.). Ainsi, la détection fine par le dosage salivaire des molécules caractéristiques de certaines pathologies systé-miques ou de pathogènes particulièrement virulents à leur stade infra-clinique, autoriserait la mise en place d’une surveillance précoce chez nos patients. Cette conférence fera une mise au point sur les recherches et développements en cours sur les tests salivaires.

    - Ji S, Choi Y. Point-of-care diagnosis of periodontitis using saliva: technical-ly feasible but still a challenge (2015). Front Cell Infect Microbiol.;5:65- Monsarrat P. et al. Clinical research activity in periodontal medicine: a sys-tematic mapping of trial registers (2016). J Clin Periodontol.;43(5):390-400

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    B34Séance IFRO - Présentation des travaux des lauréats

    La spectrométrie de masse MALDI-TOF : intérêt dans le suivi de la protéomique des bactéries au sein d’un modèle de biofilmJohan Samot

    L’écosystème buccal abrite plus de 700 espèces bactériennes dont l’identifica-tion semble indispensable, en particulier dans la compréhension de leur impli-cation dans les différentes pathologies buccales. Cette identification peut faire appel à de nombreuses méthodes phénotypiques parfois longues et souvent peu sensibles ou génotypiques coûteuses et pas toujours suffisamment précises. Au sein de notre laboratoire, un modèle de biofilm oral (certes simplifié mais plu-ri-espèces) a été développé. Il nous paraissait donc indispensable de mettre en routine, une méthode rapide et sensible de suivi de ce biofilm. Certains travaux l’ont prouvé, une solution attractive pourrait être apportée par la spectrométrie de masse de type MALDI-TOF (SM-MT). Basée sur l’empreinte moléculaire des bactéries, elle permettrait d’identifier rapidement une bactérie isolée du modèle de biofilm. L’objectif de ce projet était donc double :• d’une part, comparer des identifications obtenues par méthodes phénoty-piques à des identifications obtenues par séquençage et MS-MT,• d’autre part, faciliter le suivi des espèces persistantes dans le temps dans notre modèle de biofilm et observer l’impact de ce biofilm et des modifications de son environnement sur le métabolisme des bactéries le constituant.

    Dans un premier temps, pour vérifier la concordance des identifications, une cen-taine de souches bactériennes de la souchothèque de notre équipe, isolées de la salive et préalablement identifiées uniquement par méthodes phénotypiques (observation en microscopie optique et étude du métabolisme bactérien), ont été remises en culture pour comparer les identifications préliminaires à celles obtenues par séquençage de l’ADNr 16S et celles obtenues par spectrométrie de masse de type MALDI-TOF.

    Dans un second temps, pour vérifier si cette concordance se maintenait au sein d’un biofilm pluri-espèces, nous avons appliqué sur notre modèle de biofilm dy-namique les 3 axes d’identification (phénotypique, séquençage de l’ADNr 16S et spectrométrie de masse).Concernant la première phase de notre étude, nous avons constaté une assez bonne concordance entre les identifications réalisées par séquençage et celles réalisées par SM-MT. Par contre, il y a eu des différences évidentes avec cer-taines des identifications phénotypiques.

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    La deuxième partie de notre étude a souligné :• les avantages de la spectrométrie de masse notamment son utilité dans la dé-tection précoce des problèmes de contamination,• ses limites : intérêt moindre dans la détection des bactéries au sein d’un biofilm pluri-espèces et absence de vraie possibilité de suivi; nécessité de ré-isolement des bactéries en culture pure, voire d’extraction des protéines bactériennes, pour avoir une identification correcte ...

    1. Identification of Campylobacter species and related organisms by matrix assisted laser desorption ionization–time of flight (MALDI-TOF) mass spec-trometry. Bessède, E et al. Clin Microbiol Infect 11 (2011): 1735-1739 2. MALDI-TOF mass spectrometry for early identification of bacteria grown in blood culture bottles. Zabbe, JB et al. J Microbiol Methods (2015).

    Approche étiologique des agénésies dentaires chez l’homme par perturbation du développement et de la régénération dentaire chez le crocodile du NilBéatrice Thivichon-Prince

    L’être humain présente dans la majorité des cas deux dentitions successives au cours de son développement. Cependant, des anomalies de nombre, dans le sens d’une réduction ou d’une augmentation, peuvent affecter les deux den-tures. L’organogenèse dentaire implique une succession d’évènements contrô-lés par de nombreuses voies de signalisation génétiques et toute perturbation de l’une d’entre elles au cours du développement pourra se traduire par des pa-thologies affectant notamment le nombre de dents. A l’heure actuelle, le modèle animal dominant, utilisé pour étudier les gènes im-pliqués au cours du développement dentaire, est la souris. Or, ce modèle ne dé-veloppe qu’une seule dentition et ne remplace aucune de ses dents. Il ne peut donc pas constituer une base solide pour analyser les mécanismes moléculaires du remplacement dentaire chez l’homme. Dans le cadre de cette problématique, la stratégie la plus prometteuse serait alors de cibler un autre modèle animal possédant un système de renouvellement dentaire vertical bien plus dynamique, voire un remplacement continuel des dents, afin de n’être pas limité à une fe-nêtre temporelle étroite pour observer le phénomène de remplacement. De ce fait, les crocodiliens semblent prometteurs et offrent la possibilité d’étudier le développement et le remplacement dentaire continu dès les premiers stades embryonnaires in ovo. Après une évaluation des aspects techniques et pratiques de ce projet, nous avons déterminé que le crocodile du Nil (Crocodylus niloticus), qui est élevé en France, constitue le modèle idéal pour réaliser cette étude. En combinant diffé-rentes techniques (observations in vivo, techniques histologiques, reconstruc-tion 3D basée sur la microtomographie rayon X au Synchrotron) nous avons maintenant une idée plus précise de la dynamique de remplacement chez le

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    crocodile du Nil et nous avons pu observer que le remplacement dentaire était symétrique in ovo, suggérant un probable contrôle spatio-temporel. Dès lors, afin de comprendre les mécanismes moléculaires impliqués, nous avons concentré notre attention sur la voie de signalisation Notch, en raison de son implication dans la coordination des horloges cellulaires pendant le dévelop-pement, en étudiant par hybridation in situ l’expression de différents partenaires de cette voie au cours du développement dentaire in ovo.

    Localisation des cellules post-migratoires dérivées des crêtes neurales dans les tissus conjonctifs orauxAli Nassif

    La morphogenèse crânio-faciale chez les vertébrés est un phénomène impor-tant, strictement régulé dans l’espace et dans le temps. Elle est basée sur une série complexe d’événements moléculaires et morphogénétiques. La crête neu-rale (CN) est au cœur de ce processus. Cette dernière fournit la principale source du mésenchyme crânio-facial. Cette population de cellules embryonnaires tran-sitoires va migrer en plusieurs vagues vers des sites prédéfinis puis se différen-cier en divers types cellulaires pour donner une grande partie du squelette maxil-lo-facial ainsi qu’une partie des tissus conjonctifs crânio-faciaux. Les cellules dérivées des CN sont pluripotentes et offrent un espoir en régénéra-tion osseuse et cartilagineuse (Le Douarin, Creuzet et al. 2004, Ferré, Larjava et al. 2014). Ces caractéristiques ont généré un intérêt particulier des chercheurs pour les utiliser, à partir de tissus adultes, en thérapie cellulaire afin de réparer les défauts osseux des mâchoires. Nous avons choisi d’étudier la gencive et les cellules souches qui en dérivent car l’accès est le plus aisé, sans douleur et n’en-traîne ni cicatrice ni problème fonctionnel. La gencive est un tissu kératinisé qui entoure les dents et recouvre l’os alvéolaire. Ce tissu est composé principale-ment de fibroblastes gingivaux (GFs). Parmi ces cellules, se trouvent des cellules souches gingivales (GSCs) caractérisées par leur auto-renouvellement et leur multipotence (Fournier, Ferre et al. 2010). Les GSCs montrent une plasticité im-portante et une activité immunomodulatrice. Leurs capacités de différenciation autorisent l’observation d’autres phénotypes cellulaires et en font un outil de choix pour la thérapie cellulaire. L’objectif de ce travail a été de caractériser les facteurs déterminants les spécifi-cités des cellules souches orales, qu’ils soient liés à des facteurs de transcription de position ou à leurs origines embryologiques, et d’identifier leurs impacts sur les caractéristiques pro-cicatricielles de ces cellules. L’objectif secondaire était d’étudier le devenir des populations dérivées des crêtes neurales dans les mu-queuses orales au cours de la croissance.Pour identifier l’origine embryologique des cellules souches orales, dont les GSCs, et de déterminer si elles proviennent de la CN, du mésoderme ou d’une mosaïque des deux, nous avons étudié deux modèles murins qui permettent de tracer les vagues de migration des CN de la vie embryonnaire jusqu’à l’âge adulte. Pour appliquer nos connaissances sur l’origine embryologique des cel-

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    lules souches gingivales, nous avons trié les cellules orales par site anatomique de façon à obtenir une population pure de cellules mésenchymateuses dérivées des crêtes neurales et une dérivée du mésoderme. Puis nous avons évalué les propriétés classiques de ces cellules avant d’étudier leurs propriétés de migra-tion et de contraction de plaie dans des modèles in vitro. Ces travaux ont démontré que les cellules mésenchymateuses (fibroblastes et cellules souches) qui peuplent les muqueuses sont très majoritairement déri-vées des crêtes neurales et que le mésoderme paraxial participe à l’angiogenèse de tissus oraux en jusqu’à l’âge adulte. De plus, les propriétés spécifiques des fibroblastes gingivaux et notamment leurs propriétés régénératives sont direc-tement liées à leur origine neurectodermique. Cela confirme l’intérêt de ces cel-lules en thérapie cellulaire.

    1. Ferré, F. C., H. Larjava, L.-S. Loison-Robert, T. Berbar, G. R. Owen, A. Berdal, H. Chérifi, B. Gogly, L. Häkkinen and B. P. Fournier (2014). «Formation of cartilage and synovial tissue by human gingival stem cells.» Stem cells and development 23(23): 2895-2907.2. Fournier, B. P., F. C. Ferre, L. Couty, J.-J. Lataillade, M. Gourven, A. Naveau, B. Coulomb, A. Lafont and B. Gogly (2010). «Multipotent progenitor cells in gingival connective tissue.» Tissue Engineering Part A 16(9): 2891-2899.3. Le Douarin, N. M., S. Creuzet, G. Couly and E. Dupin (2004). «Neural crest cell plasticity and its limits.» Development 131(19): 4637-4650

    Populations humaines Anciennes et Structure génomique bactérienne du Tartre (PAST)Claire Willmann

    Focus sur l’état de santé bucco-dentaire de six individus d’une population rurale de l’Ouest de la France au XVIIIe siècle : macroscopie et métagénomique.Les transitions écologiques telles que les changements de mode de vie ou de régime alimentaire affectent la composition du microbiome oral des individus (1). Dans l’his-toire de l’humanité, ces transitions écologiques ont favorisé le développement des pathogènes dentaires, de la carie et des parodontopathies, à partir d’un microbiome oral initialement sain et équilibré, principalement lors de deux périodes : - le Néolithique, marqué par le début de l’agriculture et le passage d’une alimen-tation riche en fibres et protéines à une alimentation riche en céréales.- la Révolution Industrielle (XVIIIe siècle) et l’apparition dans l’alimentation de sucres raffinés transformés.Récemment, la métagénomique et les nouvelles techniques de séquençage haut débit, de type « Next Generation Sequencing » (NGS), ont révolutionné le domaine de la paléogénétique en permettant l’accès aux génomes et aux microbiomes an-ciens de manière exhaustive et précise. Dans cette approche, la dent est un sup-port anthropologique de choix, puisque elle renferme une quantité importante de molécules ADN du microbiome oral, permettant de rechercher spécifiquement certaines bactéries commensales ou pathogènes présentes en bouche.

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    Objectifs Nous avons étudié le microbiome oral de six sujets issus d’une population rurale française du XVIIIe siècle. Ces sujets ont été sélectionnés après analyse macros-copique et radiologique, en fonction des pathologies bucco-dentaires retrouvées sur les dents et les mâchoires. Nous avons cherché, 1) à mettre en évidence des communautés bactériennes appartenant au microbiome oral; 2) à identifier spécifiquement des bactéries responsables de la carie et de la parodontite; 3) à relier les bactéries commensales ou pathogènes aux pathologies identifiés macroscopiquement sur chaque sujet.

    Méthodes 1) Analyse macroscopique : nous avons relevé les signes infectieux présents sur les dents et les mâchoires de six sujets: caries dentaires, perte osseuse liée à une parodontopathie ; lésions ostéolytiques liées à des abcès péri-apicaux ou à des kystes résiduels. 2) Analyse métagénomique : six dents ont été traitées dans un laboratoire de paléogénétique dédié (2). Les communautés microbiennes commensales et pa-thogènes ont été séquencées par shotgun (sur HiSeq 2500 Illumina) et l’analyse des données s’est faite via MetaphlAn et mapping.

    Résultats et conclusionNous avons identifié des communautés bactériennes commensales et pathogènes responsables notamment de la carie, des infections parodontales et péri-apicales. Sur cinq des six dents étudiées sont caractérisées entre autres : Pseudoramibac-ter alactolyticus, Streptococcus sanguinis, Rothia dentocariosa, Parvimonas mi-cra. Streptococcus mutans, chef de file des bactéries responsables de la carie dentaire et Porphyromonas gingivalis, impliquée dans les maladies parodontales sont abondement présentes dans ces échantillons anciens.Ces résultats sont en accord avec les pathologies observées macroscopique-ment ainsi qu’avec les données historiques de l’époque et nous montrent des microbiomes oraux riches et spécifiques à chaque individu. Ils offrent également aux odontologistes et aux anthropologues une première vision de l’état sanitaire bucco-dentaire de cette population rurale du XVIIIe siècle.

    1. Adler CJ, Dobney K, Weyrich LS, Kaidonis J, Walker AW, Haak W, et al. Se-quencing ancient calcified dental plaque shows changes in oral microbiota with dietary shifts of the Neolithic and Industrial revolutions. Nat Genet. 2013;45(4):450-5e1.2. Theves C, Senescau A, Vanin S, Keyser C, Ricaut FX, Alekseev AN, et al. Mo-lecular identification of bacteria by total sequence screening: determining the cause of death in ancient human subjects. PLoS One. 2011;6(7):e21733.

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    Hypersensibilité dentinaire et qualité de vie liée à la santé oraleSophie Doméjean

    L’hypersensibilité dentinaire est définie par une douleur brève et intense au niveau de la dentine exposée (érosion et/ou récession gingivale), en réponse à des stimuli thermiques, tactiles, osmotiques ou chimiques – et qui ne peut être attribuée à aucun problème, ni autre affectation dentaire (1). Bekes et coll. ont montré que l’hypersensibilité dentinaire diminue significativement la qualité de vie (2).Une revue de la littérature a conclu que les traitements idéaux de l’hypersensi-bilité dentinaire devraient répondre au processus de désensibilisation naturelle conduisant à l’occlusion spontanée des tubuli dentinaires ouverts (3). Kleinberg et coll. ont développé un traitement de l’hypersensibilité dentinaire associant carbonate de calcium et 8,0% d’arginine, acide aminé naturellement présent dans la salive (4). Cette nouvelle technologie « Pro-Argin », développée par Col-gate, a été introduite comme désensibilisant dans une pâte prophylactique à application professionnelle ainsi que dans un dentifrice contenant de plus 1450 ppm de monofluorophosphate de sodium. Elle permet une obturation instanta-née des tubuli ouverts (5,6), réduisant ainsi l’hypersensibilité dentinaire (7). Cette communication a pour objet de présenter les résultats d’une étude cli-nique multicentrique, randomisée, conduite en double aveugle visant à évaluer l’effet de la technologie Pro-Argin sur l’hypersensibilité dentinaire et sur la qua-lité de vie rapport à un placebo et sur une durée de 6 mois (n=298). Menée par Colgate, cette étude a été réalisée sous la houlette des Profs C.Gernhardt (Uni-versité de Halle, Allemagne), PR.Schmidlin (Université de Zurich, Suisse) et S.Doméjean (Université d’Auvergne et CHU de Clermont-Ferrand, France).

    1. Bissada NF. Symptomatology and clinical features of hypersensitive teeth. Arch Oral Biol. 1994;39 Suppl:31S-2S.2. Bekes K. Oral health-related quality of life in patients seeking care for den-tin hypersensitivity. J Oral Rehabil. 2009;36(1):45-51.3. Markowitz K. et Pashley DH. Discovering new treatments for sensitive teeth: the long path from biology to therapy. J Oral Rehabil. 2008;35(4):300-15.4. Kleinberg I 2002. SensiStat. A new saliva-based composition for simple and effective treatment of dentinal sensitivity pain. Dent Today. 2002;21(12):42-7.5. Garcia-Godoy F, Garcia-Godoy A, Garcia-Godoy C. Effect of a desensitizing paste containing 8% arginine and calcium carbonate on the surface rough-ness of dental materials and human dental enamel. Am J Dent. 2009;22 Spec No A:21A-24A.6. Petrou et al. A breakthrough therapy for dentine hypersenitivity. How den-tal products containing 8% arginine and calcium carbonate work to deliver effective relief on senitive teeth. J Clin Dent. 2009;20(Spec Iss):23-31.7. Cummins D. The efficacy of a new dentifrice containing 8.0% arginine, calcium carbonate, and 1450 ppm fluoride in delivering instant and lasting relief of dentin hypersensitivity. J Clin Dent. 2009;20(4):109-14.

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    Pierre Fabre se développe dans l’ingénierie tissulaireJean-Philippe Gatignol

    Depuis 3 ans, Pierre Fabre Oral Care internalise et développe une activité en In-génierie Tissulaire dédiée Oral Care (ITOC).Basée sur le site de Langlade à Toulouse au sein de l’Institut de Recherche et Dé-veloppement Pierre Fabre (IRPF), l’ITOC bénéficie des installations et expertise des laboratoires de pharmacologie tissulaire et cellulaire de Pierre Fabre Der-mo-Cosmétique. Cette proximité permet une mutualisation des compétences et la mise à disposi-tion d’un plateau technique de pointe dans les domaines de la biologie cellulaire, de la biologie moléculaire, de la biochimie, de l’histologie et de la microscopie.L’activité « ITOC » se concentre sur les tissus mous : gencive et muqueuse. Diffé-rents modèles d’études pharmacologiques cellulaire et tissulaire sont en cours de développement dans les domaines de l’inflammation, le vieillissement et la cicatrisation. A partir d’explants gingivaux humains, les cultures cellulaires (kératinocytes, fibroblastes) monocouches (2D) et des tissus reconstruits (3D) sont élaborés. Cette activité a pour objectifs de participer à la vie du produit (dentifrice, bain de bouche, gel, spray..) de son stade le plus précoce (identification des actifs/ingrédients) à l’évaluation de l’efficacité in vitro de la formule finie. Quelques exemples / résultats seront présentés lors de la conférence.

    E126La dentisterie régénérative, rêve ou réalité?

    Régénération endodontique ou revascularisation pulpaire ?Maxime Ducret et Alexis Gaudin

    La pulpe dentaire est un tissu dynamique, ayant la capacité de déclencher une réponse immunitaire innée puis adaptative face aux agressions bactériennes. Lorsque l’inflammation est de faible intensité la pulpe dentaire est également capable de produire une cicatrisation via la formation de dentine tertiaire. La pulpe dentaire saine permet de plus la l’édification physiologique de la racine (apexogénèse). Les infections sur des dents permanentes immatures constituent un véritable challenge pour les praticiens. La détermination de longueur de travail, le pro-tocole de désinfection, l’obturation d’un apex immature ouvert et/ou résorbé, les parois radiculaires fragiles immatures sont autant d’éléments complexes à

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    gérer pour le chirurgien dentiste. Les traitements classiques d’apexification à l’hydroxyde de calcium ou de barrière apicale à l’aide de ciments silicates ne per-mettent pas l’accroissement en longueur ou en épaisseur des parois radiculaires.A partir de ce constat, et suite à d’anciens travaux datant des années 1970 est né le concept de régénération endodontique. Le but ultime serait la régénéra-tion d’un tissu ayant les mêmes fonctions qu’une pulpe dentaire saine. Le cahier des charges clinique est l’absence de douleur, d’inflammation, la guérison des lésions présentes et la formation d’un tissu immunocompétent permettant les mêmes fonctions que la pulpe (formation de dentine et un accroissement des parois radiculaires). Les protocoles cliniques concernant les dents permanentes immatures nécrosées ont évolué et l’analyse des tissus néoformés apporte de nouvelles réponses.L’emploi des thérapeutiques régénératrices dans les cas particuliers des dents permanentes immatures est-il généralisable à l’ensemble des dents nécrosées ? Peut-on imaginer de remplacer les traditionnelles obturations endodontiques (association d’un ciment et de gutta-percha) ? L’autre stratégie d’obturation endodontique, qui fait appel à l’ingénierie tissu-laire, consiste à re-vitaliser la dent en régénérant une nouvelle pulpe. Dans ce contexte, plusieurs protocoles ont été proposés, consistant à implanter dans l’endodonte un cocktail biologique associant des cellules, un biomatériau inno-vant et une ou plusieurs molécules bioactives. Au regard des données actuelles, l’ingénierie tissulaire de la pulpe dentaire semble encore à un stade expérimental abordé au travers de modèles in vitro et in vivo chez l’animal. Cependant, cette thérapeutique pourrait connaitre un développement rapide suite au premier es-sai clinique de phase 1 qui vient d’être initié au Japon.Peut-on obtenir réellement une régénération ad integrum de la pulpe dentaire, ou réalise-t-on une revacularisation ou une revitalisation du canal pulpaire ? Ces questions, de même que les protocoles cliniques actuels et les limites des théra-peutiques, seront discutés au cours de cette communication.

    - FARGES JC, ALLIOT-LICHT B, RENARD E, DUCRET M, GAUDIN A, SMITH AJ, COOPER PR. Dental Pulp Defence and Repair Mechanisms in Dental Caries. Mediators Inflamm. 2015;2015:230251. doi: 10.1155/2015/230251.- DUCRET M, FABRE H, FARGES J-C, DEGOUL O, ATZENI G, McGUCKIN C, FORRAZ N, MALLEIN-GERIN F, PERRIER-GROULT E. Production of human dental pulp cells with a medicinal manufacturing approach. J Endod. 2015;41(9):1492-9 doi: 10.1016/j.joen.2015.05.017

    Cellules souches mésenchymateuses et régénération paro-dontale : du laboratoire au patient ?Sara Laurencin et Paul Monsarrat

    Les parodontites sont des maladies immuno-infectieuses caractérisées par la destruction du système d’ancrage de la dent ; le parodonte profond (cément, os alvéolaire et ligament desmodontal), qui conduit à la formation de l’entité patho-

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    gnomonique de la maladie, la lésion parodontale. Sans prise en charge thérapeu-tique, le processus aboutit à une mobilité de la dent, et au final à sa perte. Même si la prévalence estimée varie selon la manière dont la maladie est définie et la tranche d’âge considérée, la parodontite affecte en moyenne 35 à 50% des adultes dans les pays développés. Il s’agit d’un véritable problème de santé publique, d’au-tant plus important que de nombreux liens avec des pathologies systémiques ont été démontrés. Bien que les bactéries parodonto-pathogènes représentent à elles seules un déterminant étiologique fondamental de la parodontite, un élément es-sentiel de la progression de la maladie est la capacité de l’hôte à mettre en place une réponse immunitaire adaptée. Chez les patients « prédisposés », cette ho-méostasie qu’il existe entre l’hôte et la plaque bactérienne peut se rompre : la réponse inflammatoire chronique et l’infection locale induisent alors synergique-ment la mise en place d’un cercle vicieux de destruction tissulaire. Après la mise en place d’une thérapeutique initiale de débridement mécanico-chimique, le but de la thérapie régénérative est d’essayer de restaurer l’architecture et la fonction du parodonte profond. Les thérapeutiques parodontales utilisées actuellement, régénération tissulaire guidée, régénération tissulaire induite (dérivés de la ma-trice amélaire - Emdogain®, PRF), donnent des résultats encore insuffisants et peu reproductibles. En moyenne, ces techniques permettent d’obtenir environ 30% de régénération par rapport à la cicatrisation totale ; le reste étant de l’épithélium jonctionnel long, de la réparation. Le rôle des cellules « souches » adultes est de maintenir et de réparer les tissus dans lesquels elles sont retrouvées. La preuve de concept de leur utilisation, a été largement démontrée à travers la greffe de moelle osseuse. Les travaux sur les cellules souches hématopoïétiques ont également permis de mettre en évi-dence un autre type cellulaire dans la niche médullaire : les cellules souches/stromales mésenchymateuses (CSM) à l’origine des cellules stromales dans la moelle. Les CSM peuvent être potentiellement isolées de n’importe quel organe et on observe un engouement majeur et une explosion des essais cliniques uti-lisant ces CSM (1). Leurs effets pléiotropes sont essentiellement basés sur les sécrétions : effets trophiques antifibrotiques, antiapoptotiques, angiogéniques, effets immunomodulateurs et antibactériens, plus que sur la transdifferencia-tion et le remplacement des cellules endommagées. Les CSM du tissu adipeux, les ASC, de par leurs propriétés proangiogéniques et immuno-modulatrices, et de l’ergonomie associée au prélèvement du tissu, sont une source cellulaire particulièrement intéressante pour une régénération parodontale (2). La greffe de CSM permettrait un retour durable à l’homéostasie tissulaire parodontale en prenant en charge à la fois la destruction tissulaire, les éléments microbiens, et l’inflammation chronique persistants souvent après le traitement, alors même que la symptomatologie clinique post thérapeutique revêt transitoirement des aspects compatibles avec la fonction.L’enjeu de l’utilisation des CSM en parodontologie doit donc s’entendre dans un contexte d’ingénierie tissulaire : le véhicule porteur des cellules doit favoriser la fonction des cellules greffées et celles des progéniteurs in-situ (3), tout en répondant aux contraintes architecturales/biomécaniques du site (maintien de l’espace et cinétique de résorption).

    1. Monsarrat P, Vergnes J-N, Planat-Bénard V, Ravaud P, Kémoun P, Sensebé L, et al. An Innovative, Comprehensive Mapping and Multiscale Analysis of

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    Registered Trials for Stem Cell-Based Regenerative Medicine. Stem Cells Transl Med 2016;5:826–35. doi:10.5966/sctm.2015-0329.2. Tobita M, Tajima S, Mizuno H. Adipose tissue-derived mesenchymal stem cells and platelet-rich plasma: stem cell transplantation methods that en-hance stemness. Stem Cell Res Ther 2015;6:215. doi:10.1186/s13287-015-0217-8.3. Mele L, Vitiello PP, Tirino V, Paino F, De Rosa A, Liccardo D, et al. Chan-ging Paradigms in Cranio-Facial Regeneration: Current and New Strate-gies for the Activation of Endogenous Stem Cells. Front Physiol 2016;7:62. doi:10.3389/fphys.2016.00062

    E128Maladies auto-immunes : quand les chirurgiens-dentistes s’en mêlent

    Le syndrome de Gougerot Sjögren : heureusement que l’odon-tologie s’en mêle !Sylvie Boisramé

    Le syndrome de Gougerot Sjögren (SGS) est une maladie auto-immune sour-noise car progressive. Il est caractérisé par l’accumulation d’infiltrats lymphocy-taires au niveau des glandes exocrines aboutissant à la destruction des tissus de ces glandes et donc à la fonctionnalité de ces dernières. Le processus de la ma-ladie est insidieux car il débute bien avant l’apparition des symptômes. En effet, des anomalies biologiques sont détectables avant l’apparition des symptômes et au début de l’évolution clinique, une hyposialie avec anomalies structurelles des glandes salivaires objectivées par échographie sont observées (1). Au niveau de la cavité orale, ce SGS est caractérisé par une diminution salivaire significative aboutissant à des manifestations bucco-dentaires liées à la modifi-cation de l’écologie microbienne de la cavité orale. Le délai diagnostique de cette maladie auto-immune reste trop important (environ 5 ans). Il est donc important d’être à l’écoute de nos patients. Aussi, toute plainte de xérostomie nécessite d’être objectivée par des tests salivaires. Plusieurs facteurs confondants sont à éliminer comme la prise de certains médicaments, un diabète déséquilibré, ou encore des pathologies autres engendrant ce syndrome sec. Dans le cas du SGS où l’épidémiologie met en exergue une prédominance fé-minine (9/1) entre la 4e et la 6e décennie, les changements hormonaux liés à la ménopause induisant des sécheresses à différentes endroits du corps (les yeux, la bouche, la peau, le vagin, etc.), peuvent ralentir le diagnostic.

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    La perte de la lubrification, du pouvoir tampon salivaire, des effets antimicro-biens entraînent une perte de qualité de vie et engendrent des lésions carieuses, des pathologies parodontales, des candidoses mais aussi une fragilité de la mu-queuse buccale. Déjà en 2009, Antoniazzi et al. ont rapporté dans leur étude comparative SGS versus témoins des indices parodontaux aggravés (indice de plaque, indice gin-gival, indice de saignement) et une plus grande profondeur de poche (2).Une étude prospective récente, comparant des patients atteints de SGS primaire et des patients atteints d’hyposialie, a montré une augmentation de l’indice CAO et une plus grande sévérité de la maladie parodontale chez les patients atteints de SGS primaire (différence significative concernant l’indice d’inflammation gin-givale), ces résultats étant en lien avec une diminution significative du pH sali-vaire entre les deux groupes (3). Notre sensibilisation à cette maladie permet de la dépister précocement, de proposer des thérapeutiques précoces de stimulation salivaire, de surveiller de façon rapprochée ces patients et d’adresser vers un centre compétent pour une prise en charge pluridisciplinaire et optimale des patients atteints de ce syndrome. De plus, à l’heure actuelle, il n’existe aucune thérapeutique curative. Aussi, il est primordial de convaincre les patients atteints du SGS de l’impor-tance de la prévention pour limiter au maximum les conséquences bucco-den-taires de la maladie.

    1. Cornec D, Jousse-Joulin S, Pers JO, Marhadour T, Cochener B, Boisramé-Gastrin S, Nowak E, Youinou P, Saraux A, Devauchelle-Pensec V. Contribution of salivary gland ultrasonography to the diagnosis of Sjogren’s syndrome: toward new dia-gnostic criteria? Arthritis Rheum 2013; 65: 216-25.2. Antoniazzi, R. P., L. A. Miranda, et al. (2009). «Periodontal conditions of indivi-duals with Sjogren’s syndrome.» J Periodontol 80(3): 429-435.3. Le Gall M, Cornec D, Pers JO, Saraux A; Jousse-Joulin S, Cochener B, Rogue-das-Contios AM, Devauchelle-Pensec V, Boisramé S. A prospective evaluation of dental and periodontal status in patients with suspected Sjögren’s syndrome. Joint Bone Spine. 2016; 83 (2) : 235-236.

    Dermatoses bulleuses auto-immunes : les odontologistes aussi sont concernés !Sophie-Myriam Dridi

    Les dermatoses bulleuses auto-immunes (DBAI) constituent un groupe hétéro-gène de maladies chroniques, peu fréquentes et de pronostic variable, parfois sévère. Ces maladies se caractérisent par la formation de bulles qui altèrent la structure et la fonction des épithéliums malpighiens. Ces lésions sont géné-rées par des auto-anticorps dirigés contre les constituants des systèmes de jonction inter-kératinocytaires ou ceux qui assurent la cohésion de l’épiderme/épithélium au derme/chorion sous-jacent. Ainsi en fonction du site de clivage, deux familles de dermatoses bulleuses auto-immunes sont distinguées : les

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    intra-épithéliales et les sous-épithéliales. Dans la majorité des cas, l’origine du trouble immunitaire est idiopathique mais une étiologie médicamenteuse ou une association avec d’autres maladies générales est parfois invoquée pour certaines de ces dermatoses.Les odontologistes semblent mal connaître ces pathologies, or pour beaucoup d’entre-elles le tableau clinique inclut une atteinte des muqueuses buccales pou-vant même être exclusive ou prédominante. Dans ces dernières situations, les signes fonctionnels buccaux sont prononcés (saignements spontanés, douleurs intenses, dysphagie) avec des répercussions néfastes sur la qualité de vie et la santé générale, (dénutrition, amaigrissement, dépression). La sémiologie cli-nique est dominée par des érosions post-bulleuses et un état inflammatoire des muqueuses atteintes. Lorsqu’il s’agit de la gencive, l’aspect clinique évocateur est celui d’une gingivite érosive, localisée ou généralisée qui est malheureuse-ment souvent considérée à tort comme une gingivite sévère induite par la plaque dentaire et traitée comme telle. Afin d’éviter les retards de diagnostic préjudiciables pour les patients, l’établis-sement du diagnostic différentiel est indispensable et impose la prescription d’examens complémentaires pertinents. En première intention, l’histologie stan-dard et l’immunofluorescence directe confirment l’existence d’une dermatose bulleuse auto-immune. Des examens plus ciblés (immunomicroscopie électro-nique, immunofluorescence indirecte…) permettent ensuite de poser le diagnos-tic de certitude.La thérapeutique est multidisciplinaire, médicale et odontologique pour les DBAI avec atteinte buccale. Elle doit être adaptée à l’âge du patient, son état général et la sévérité de la DBAI. Ses objectifs sont multiples :• maîtriser la douleur et rétablir l’état général si ce dernier est altéré• traiter les lésions actives et les séquelles tissulaires• prévenir les récidives et les complications iatrogènes• instaurer une éducation thérapeutique.

    Les objectifs de la communication sont :- de décrire, à travers la présentation de nombreux cas cliniques, la sémiologie des manifestations buccales des dermatoses bulleuses auto-immunes qui peut être trompeuse - de préciser le rôle de l’odontologiste dans le dépistage et la démarche diagnos-tique afin d’éviter les retards de diagnostic et d’orienter précocement le patient vers un médecin référent - de préciser la prise en charge bucco-dentaire qui doit s’adapter au stade évolu-tif de la dermatose et à sa sévérité - de présenter les récentes recommandations professionnelles

    - HAS www.has-santé.fr dermatoses bulleuses auto-immunes- La gencive pathologique de l’enfant à l’adulte. Dridi et coll. Ed 2013. Paris

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    Diabète et cavité buccale: une interaction et un challenge permanents pour le chirurgien-dentisteVincent Blasco-Baque

    Le diabète est une affection chronique métabolique fréquente caractérisée par une hyperglycémie (taux de sucre dans le sang trop élevé). En France, le nombre de diabétiques est d’environ 2,9 millions de personnes soit environ 4,4 % de la population. Le patient diabétique est caractérisé par de nombreuses complica-tions comme les maladies cardio-vasculaires, néphropathies, neuropathies et ré-tinopathies mais également les infections buccales (1). La maladie parodontale est même considérée comme la sixième complication du diabète. En effet, les personnes diabétiques sont plus fréquemment atteintes de maladies parodon-tales, et de plus elles sont plus sévères que chez les autres patients. De nombreuses études suggèrent un rôle important des infections buccales dans le contrôle glycémique des patients. L’effet du détartrage/surfaçage radi-culaire et enseignement à l’hygiène diminuerait de 0,40 % l’hémoglobine gly-quée (HbA1c paramètre de suivi du diabète) après 3 à 4 mois chez les patients diabétiques. Il existe des preuves en faveur d’une amélioration du contrôle gly-cémique chez les patients diabétiques après un traitement de la parodontite (2). De ce fait, le chirurgien-dentiste devient un acteur médical majeur de la prise en charge spécifique des patients diabétiques. Nous proposerons d’optimiser le diagnostic et le traitement de ces patients à besoin spécifique pour le chirur-gien-dentiste dans sa pratique quotidienne.

    1. Demmer RT, Jacobs DR, Jr., Singh R, et al. Periodontal Bacteria and Pre-diabetes Prevalence in ORIGINS: The Oral Infections, Glucose Intolerance, and Insulin Resistance Study. J Dent Res 2015;94(9 Suppl):201S-11S doi: 10.1177/0022034