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08 événement En dépit de la situation géogra- phique de l’Australie, au sud de la zone Asie-Pacifique, Mami Kataoka est la première directrice asiatique de la Biennale de Sydney, la plus an- cienne manifestation internationale d’art du pays. La Chine est certes, et de loin, le premier partenaire com- mercial de l’Australie, et le Japon son deuxième client. Les relations cultu- relles avec le monde anglophone de- meurent cependant primordiales pour l’ancienne colonie, de même d’ailleurs que les liens militaires. Conservatrice en chef du musée Mori de Tokyo, Kataoka vit au Japon, mais conduit de nombreux projets en Eu- rope et aux États-Unis. Sa Biennale, intitulée SUPERPOSITION : Equili- brium & Engagement, bénéficie ainsi de son expertise en art asiatique et occidental. Son but : « orir une vue panoramique de la manière dont des interprétations contraires peuvent par- venir à un équilibre » ; son point de départ : l’histoire de la population de Sydney, dans la mesure où elle reflète celle du 20 e siècle, « en particulier les mouvements et les migrations de personnes et de cultures fuyant des zones de conflit». 70 ARTISTES, 7 SITES Soixante-dix artistes sont exposés dans sept sites: l’Art Gallery de Nou- velle-Galles du Sud, les centres d’art Artspace et Carriageworks, l’île Co- ckatoo, le Museum of Contemporary Art, l’Opéra de Sydney et le 4A Cen- tre for Contemporary Asian Art. Parmi eux, certaines stars comme Ai Weiwei, dont la massive installation – un bateau représentant les soixante- sept millions de personnes actuelle- ment déplacées par la faim et la guerre à l’échelle mondiale – est pré- sentée dans l’île Cockatoo, paysage le plus spectaculaire de la Biennale. La sortie australienne de Human Flow, son film sur les réfugiés tourné dans vingt-trois pays, d’un bout à l’autre de la planète, est prévue au même moment, le 15 mars. 21 e BIENNALE DE SYDNEY Divers lieux / 16 mars - 11 juin 2018 Marc Bauer. «Sphinx, 1931, 1935 / 46 ». 2014. Fusain sur mur. Charcoal on wall Le titre choisi par la directrice artistique, la Japonaise Mami Kataoka, SUPERPOSITION : Equilibrium & Engagement, et la participation active d’Ai Weiwei placent la 21 e Biennale de Sydney sous le signe de l’engagement. Face aux bouleversements mondiaux dus aux guerres, au déplacement de populations, aux famines, «exposer le contexte est important», explique la commissaire.

21 BIENNALE DE SYDNEY · 2018. 10. 8. · can. Kataoka est le mouton noir de la famille: dès son enfance, elle s’ef-force de concilier intellectuellement et émotionnellement sa

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    ■ En dépit de la situation géogra-phique de l’Australie, au sud de lazone Asie-Pacifique, Mami Kataokaest la première directrice asiatiquede la Biennale de Sydney, la plus an-cienne manifestation internationaled’art du pays. La Chine est certes, etde loin, le premier partenaire com-mercial de l’Australie, et le Japon sondeuxième client. Les relations cultu-relles avec le monde anglophone de-meurent cependant primordialespour l’ancienne colonie, de mêmed’ailleurs que les liens militaires.Conservatrice en chef du musée Moride Tokyo, Kataoka vit au Japon, maisconduit de nombreux projets en Eu-rope et aux États-Unis. Sa Biennale,intitulée SUPERPOSITION : Equi li -brium & Engagement, bénéficie ainside son expertise en art asiatique etoccidental. Son but : «offrir une vuepanoramique de la manière dont desinterprétations contraires peuvent par-venir à un équilibre» ; son point dedépart : l’histoire de la population deSydney, dans la mesure où elle reflètecelle du 20e siècle, «en particulier lesmouvements et les migrations depersonnes et de cultures fuyant deszones de conflit».

    70 ARTISTES, 7 SITESSoixante-dix artistes sont exposésdans sept sites : l’Art Gallery de Nou-velle-Galles du Sud, les centres d’artArtspace et Carriageworks, l’île Co -ckatoo, le Museum of ContemporaryArt, l’Opéra de Sydney et le 4A Cen-tre for Contemporary Asian Art.Parmi eux, certaines stars comme AiWeiwei, dont la massive installation –un bateau représentant les soixante-sept millions de personnes actuelle-ment déplacées par la faim et laguerre à l’échelle mondiale – est pré-sentée dans l’île Cockatoo, paysagele plus spectaculaire de la Biennale.La sortie australienne de HumanFlow, son film sur les réfugiés tournédans vingt-trois pays, d’un bout àl’autre de la planète, est prévue aumême moment, le 15 mars.

    21e BIENNALE DE SYDNEYDivers lieux / 16 mars - 11 juin 2018

    Marc Bauer. «Sphinx, 1931, 1935 /46». 2014. Fusain sur mur. Charcoal on wall

    Le titre choisi par la directrice artistique, la Japonaise Mami Kataoka, SUPERPOSITION: Equilibrium & Engagement, et laparticipation active d’Ai Weiweiplacent la 21e Biennale de Sydneysous le signe de l’engagement.Face aux bouleversements mondiaux dus aux guerres, au déplacement de populations,aux famines, «exposer le contexte est important», explique la commissaire.

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    Plus de la moitié des quinze artistesaustraliens sont indigènes, aussi bienruraux, comme Yvonne Koolmatrieet Esme Timbery, qu’urbains, tel lecélèbre Brook Andrew. Parmi les lo-caux, citons encore l’artiste multi-média italo-australien Marco Fusinato,exposé dans le monde entier.À côté des stars, Kataoka montredes artistes reconnus, tels que laSuissesse Miriam Cahn, née en 1949,qui avait déjà exposé ses œuvres aufusain lors de la Biennale de Sydneyde 1986. Certains de ses dessins,achetés à l’époque par l’Art Galleryof New South Wales, sont présentéscette année en regard de ses pein-tures actuelles. «C’est beau de voirces œuvres, que trente ans séparent,aller si bien ensemble aujourd’hui»,observe Kataoka.L’artiste belge Lili Dujourie est elleaussi présente pour la seconde foisà la Biennale, où elle avait déjà ex-posé en 1982. Ses œuvres d’alorssont présentées avec d’autres plusrécentes, qui revisitent activementcertains des thèmes de son engage-ment politique radical des années1970 et 1980. Comme le remarqueencore Kataoka, « il est intéressantde voir combien ces œuvres réali-sées il y a presque quarante-cinq anssont actuelles».Superposition, équilibre, engage-ment : l’expérience personnelle de lacommissaire a certainement nourrison désir de donner une formeconcrète à ces concepts abstraits.Une vision du monde singulièrementpanoramique l’y prédestinait. Dansun pays qui ne compte que 1% dechrétiens, son père est pasteur angli-can. Kataoka est le mouton noir de lafamille : dès son enfance, elle s’ef-force de concilier intellectuellementet émotionnellement sa vie familialechrétienne avec l’orientation boud-

    dhiste et shintoïste de l’école et deses camarades de classe. À peine a-t-elle quitté l’école qu’elle part enEurope, où elle suit la route desmusées de Londres à la Grèce.Son système de croyance semblefaire la synthèse du christianisme etde la métaphysique japonaise tradi-tionnelle. «Selon les recensements,plus de 90% de la population se défi-nit comme shintoïste. Mais plus de80% se déclarent également boud-dhistes. Le Japon est polythéiste»,remarque-t-elle. On peut ainsi affir-mer sans risquer de se tromperqu’elle a abandonné le monothéismestrict dans lequel elle a été élevée.Sa Biennale recourt par exemple à lanotion de ushin. «Ushin vient de laphilosophie chinoise ancienne. C’estl’idée que l’univers est composé decinq éléments qui sont reliés entreeux», explique-t-elle.L’idée de superposition, de strates,de parties vient de sa formation enhistoire de l’art. Elle a ainsi étudié lapériode Edo, au cours de laquelle leJapon était fermé aux influences ex-térieures, ainsi que la manière dont,au début du 20e siècle, il s’est bruta-lement ouvert à l’art «moderne», à lavision du monde «occidentale» et àl’« industrialisation» de l’agricultureet de la production – les trois termesétant alors utilisés de manière inter-changeable.La Seconde Guerre mondiale fait bas-culer les polarités. «Dans les années1920 et 1930, tout le monde allaitétudier à Paris. Puis tout le mondes’est mis à aller à New York.» Cettesuperposition de savoirs domine lesystème de valeurs actuel ; ce sont lanourriture et le langage, selon elle,qui le représentent le mieux. «On setourne vers l’Occident pour l’art, eton revient à la tradition quand onmange. Ce genre d’aller-retour est

    voyagé dans le monde entier pour lapréparer, a rencontré chaque artisteet appris à les connaître avec leursfamilles et leurs amis, leurs cou-tumes et leurs habitudes de travail,afin de s’assurer qu’ils avaient bienquelque chose de spécifique à offrir.«Le budget et l’espace sont limités.Je voulais donc vraiment choisir lesmeilleures œuvres » Le propos estmoins évident qu’il n’y paraît, quandon pense à la moyenne des exposi-tions internationales. « Monter uneexposition médiocre est facile. Il y abeaucoup d’œuvres de bonne qualitédans le monde. Mais il faut ne cher-cher que les meilleures.» ■

    Miriam CosicTraduit par Laurent Perez

    Miriam Cosic est critique d’art. Elle vit àSydney.

    The title chosen by the Japaneseartistic director, Mami Kataoka:SUPERPOSITION: Equilibrium & Engagement, and the activeparticipation of Ai Weiwei, placethe 21st Sydney Biennale underthe sign of engagement with regard to the global upheavalscased by war, the displacement of populations and famine. As the curator maintains, “exhibitingthe context is important.”

    ———Despite Australia's geographicallocation in the southern Asia Pacific, Mami Kataoka is the firstAsian director of the longest standing international art show inthe country, the Sydney Biennale.For all that China is Australia's largest trading partner by a mile,and Japan the second largest im-porter of Australian goods, culturalties with the Anglophone world remain paramount in the settlersociety, as do security ties. Kataoka, chief curator of the MoriJapan museum in Tokyo, has wor-ked and lived in Japan all her life,though she has undertaken short-term projects all over the US andEurope. Now, she has brought herexpertise in Asian and Western artto Sydney, naming the Biennale,SUPERPOSITION: Equilibrium &Engagement. Her aim, she has said, is to “offer apanoramic view of how opposinginterpretations can come togetherin a state of equilibrium”" The his-tory of the people of Sydney col-lectively is her starting point: itreflects the 20th-century history ofthe world, “in particular the move-

    Brook Andrew. «Tombs of Thought:Earth». 2016-2017. (Court. Roslyn Oxley9Gallery, Sydney ; Tolarno Galleries, Melbourne ; Nathalie Obadia, Paris)

    une manière, probablement incons-ciente, de trouver sa place. [...] Il estimportant que le commissaire ex-pose le contexte, ajoute-t-elle en ho-chant la tête dans ma direction. C’estpeut-être comme de publier un ma-gazine. On a une énorme quantité desources, qu’il s’agit de publier de ma-nière à ce que tout fasse sens, quele récit fasse sens.»

    SUPERPOSITIONCe sont peut-être les rares exemplesd’art africain de la Biennale qui ex-posent le plus directement cetteidée de « superposition ». Chacunedes œuvres établit un lien avec l’Eu-rope. L’artiste belge Renzo Martens,installé à Amsterdam, produit ainsiun grand nombre d’œuvres sur leCongo – pays avec lequel la Belgiqueentretient des relations historiquespour le moins embarrassantes. Inté-ressé par les échanges économi -ques entre Afrique et Europe, il a en-trepris un travail avec le collectifCercle d’art des travailleurs de plan-tation congolaise, créé en 2014, aveclequel il a fondé le Lusanga Interna-tional Research Centre for Art andEconomic Inequality. Ensemble, ilsproduisent des sculptures en choco-lat qui connaissent une bonne récep-tion dans les manifestations interna-tionales. Le coût du transport versSydney et celui de la réfrigération surplace se sont malheureusement ré-vélés bien trop élevés. Il présente àla place une performance en colla-boration avec le rappeur belgo-con -golais Balogi. « Ce n’est pas quenous ne voulions pas les soutenir fi-nancièrement, mais plutôt que nousvoulions leur donner une occasionde produire eux-mêmes quelquechose», précise Kataoka.La Biennale bénéficie d’un fort enga-gement de la commissaire, qui a

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    ments and migration of peopleand cultures away from conflict.”

    70 ARTISTS, 7 SITESSeventy artists will be on showacross seven locations: Art Galleryof NSW, Artspace, Carriageworks,Cockatoo Island, The Museum ofContemporary Art, the SydneyOpera House and the 4A Centrefor Contemporary Asian Art. Someare stars of the moment. Ai Wei-wei's massive boat installation, re-presenting the 67 million peoplearound the world who are displacedby war and hunger, is installed inthe Biennale's most dramatic ve-nue, Cockatoo Island. His film aboutrefugees, Human Flow, for whichhe visited 23 countries across theglobe, will be given its Australianrelease at the same time. Fifteen of the artists are Australian,more than half of them indige-nous. They range from traditionalindigenous artists such as YvonneKoolmatrie and Esme Timbery tourban indigenous artists such asthe much-lauded Brook Andrew.Other Australian artists include theItalian-Australian, internationallyexhibited multimedia practitioner,Marco Fusinato. And speaking of stars of the mo-ment, Kataoka has also been care-ful to bring late-career artists intothe show. For example, the SwissMiriam Cahn, born in 1949, sho-wed some of her 1984 charcoalworks in the 1986 Sydney Bien-nale. Some of those drawingswere bought by the Art Gallery ofNSW and, for this Biennale, arebeing juxtaposed with examples ofher current painting. “It’s beautifulto see these works, which are 30years apart, sitting perfectly toge-ther today,” Kataoka says. So too, the Belgian artist Lili Du-jourie, born in 1941, who partici-pated in the 1982 Sydney Biennale,is showing in this one. The worksfrom 1982 will be shown withsome current pieces: she is busyreworking some of the themesfrom her politically radical 70s and80s. Again, Kataoka remarks, “It'sinteresting to see how the worksthat were initially made almost 45years ago, are still valid.” Superposition, equilibrium, enga-gement: an interest in making suchabstract concepts concrete seemsto have grown organically out ofKataoka's personal experience Shecertainly brings a unique world-view to her role. Her father is anAnglican minister: only 1% ofJapan is Christian. Kataoka was theblack sheep of family. From chil-dhood she found herself doing theintellectual and emotional work ofsquaring her Christian home life

    with the Buddhist/Shintoist orien-tation she found in schools and inher school friends' families. Whenshe was barely out of school, shebackpacked across Europe follo-wing the museum trail from the UKto Greece. Her belief system nowseems to synthesize Christianityand the traditional metaphysics ofJapan. “According to the nationalcensus, more than 90% of peoplesay they are Shintoist,” she says,“but at the same time, more than80% of people say they are Bud-dhist. It's a polytheistic country.”It as least safe to say that she hasabandoned the strict monotheismof the Christianity she was raisedin. For the Biennale, for example,she has borrowed the notion ofushin. “It is the idea of having fiveelements, the components of theuniverse, and all these five ele-ments are inter-related,”" she ex-plains. “That's an ancient Chinesephilosophy.” She came to the idea of parts, orlayers, or superposition, via hereducation in art history. She lear-ned about the Edo period whenJapan remained closed. And howit was opened up at the turn of the20th century to “modernism” inart, “Westernisation” in outlookand “industrialization” in agricul-ture and manufacturing—termsthat were used interchangeably.The magnet changed after WW2.“Everyone went to Paris to studybefore the war, in the 20s and 30s.And then everyone started to go toNew York,” she says. These learned layers exist on topof the existing value system, whichis best symbolized, she says, bythe food and the language. “So

    you lean towards the West in art,then you go back to your traditionwhen you eat. This kind of backand forth is a way of, probably un-consciously, finding your own po-sition.” “It's an important role forthe curator to show the context,”she adds. She makes a nod in mydirection. “Maybe it relates to edi-ting too. You have so manysources and you have to edit in away that it all makes sense, thatthe story makes sense.”

    SUPERPOSITIONPerhaps the most direct way thisidea of “superposition” is expressedis in her few examples of Africanart. In each, there is a Europeanlink or expediter. Renzo Martens isa Belgian artist who lived in Ams-terdam. He also does a lot of workin the Congo, a historically uncom-fortable link. He was interested inthe economic link between Europeand Africa and began to work withan art collective there, Cercle d'Artdes Travailleurs de PlantationCongolaise. In 2014, it co-foundedthe Research Centre for Art andEconomic Inequality. Their specialtyat the moment is chocolate sculp-ture, which has been well receivedon international platforms. Unfor-tunately the cost of refrigerationto transport them to Sydney, andmaintain them there, proved waytoo high. Instead, he is collaboratingwith the Congolese-Belgian rapsinger, Balogi, in a performancepiece. "It's not about not financiallysupporting them, but more like gi-ving them a chance to do some-thing themselves," Kataoka says. Kataoka has embraced depth tothe extent that she has travelled

    extensively to prepare for theBiennale. She has visited every ar-tist, getting to know them, their fa-mily and friends, their culturalhabits and work routines, in orderto know whether they have some-thing specific to offer her theme. “Because budget and space are li-mited, I really wanted to choosethe best works,” which sounds likethe obvious until one considersthe standard of other internationalshows one has seen. “It is easy todo a mediocre show because thereare a lot of good works in theworld. But you can only look forthe very best ones.” ■

    Miriam Cosic

    Miriam Cosic is an art critic based inSydney.

    Ci-dessus/above:Mami Kataoka. (Ph.DR)Ci-dessous/below: Renzo Marens. «The Ceremony Celebrating the Repatriation of the White Cube in Lusanga». 2017

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