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christian-marie pons flashback trio de femmes l'homond et l'humain simon gauthier les ateliers d'initiation 23 octobre 2014 journal de la maison des arts de la parole

23 octobre 2014 journal de la maison des arts de la parole · un vieux savoir : le savoir des ... Bref résumé d'une ... C’était la première fois que j’enten-dais Daniel L’Homond

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christian-marie pons

flashback trio de femmes l'homond et l'humain

simon gauthier

les ateliers d'initiation

23 octobre 2014

journal de la maison des arts de la parole

Chaque jour, le Porte-voix s’amuse à décortiquer un cliché. Aujourd’hui, on dit que…

Créé en septembre 2012, pour le lancement officiel de la Maison des arts de la parole (anciennement Productions Littorale), Le porte-voix prend le plus souvent la forme d’un bulletin web. Pour toute la durée du festival, il se métamorphose en un véri-table journal, imprimé quotidiennement. Un projet réalisé en collaboration avec le cercle des conteurs des Cantons de l’Est, grâce au soutien financier de la Ville de Sherbrooke et du Conseil des arts et lettres du Québec.

DirECtion Et réDaCtion

jehanne bergé,sophie jeukens

CoLLaboratEUrS

jehanne bergé, jean-sébastien dubé, marie lupien-durocher, caroline pilon-fortin, christian-marie pons, maïa pons, petronella van dijk

DESign graPhiQUE

maïa pons

iMPrESSion imprimerie a. beaulieu, sherbrooke

journal de la maison des arts de la parole

NON. La dimension des contes est beaucoup plus profonde que l’histoire en surface. Le conteur choisit sa version, son ton, son uni­vers. Un conte peut être sexiste dans la bouche de l’un et féministe dans la bouche de l’autre.

ChristiAn-MArie Pons

Le premier mot qui me vient à l’es­prit à l’évocation du conte est « pré­sence ».

Né en Touraine et voisin de Rabe­lais, je suis venu au Québec y véri­fier son histoire de « paroles gelées » [le Quart­Livre, chap. XV]. J’y suis resté car ce voisin disait vrai : elles dégèlent tous les printemps, vives et fraîches comme fleurs de pommier.

L'histoire des paroles gelées m’a in­trigué assez : je suis devenu docteur, chercheur et prof en communica­tion à l'université. Occupé depuis à réfléchir aux médias, puis aux cyber­médias, j'ai croisé un jour le conte, son renouveau. Avec surprise. D'où vient l'urgent plaisir à s'entendre ra­conter des histoires où les animaux parlent, où les dieux se mêlent aux mortels, où les couples s'enlacent enfin au chant du rossignol, sans autre recours que celui de la parole vive ? Ma réponse la plus courte, mais que je crois toujours juste : à l'heure hypermédiatisée de nos échanges numériques et virtuels, un peu d’immédiat, où l'autre est assez proche qu'il me touche, ça fait du bien. « Le réel, c’est ce qui me tou­che ; rien d'autre » (Paul Valéry). Doux le premier mot auquel je pense : pré­sence.

Le lien qui me relie à la Maison des arts de la parole a été très intime pendant vingt ans : Petronella, ins ­ti gatrice de la maison, m’est assez proche pour que son réel me tou che.

Il serait aujourd'hui avunculaire, Ma­rie et Sophie, les dignes héritières et les nièces. De la maison, j'en ai long­temps été l'hôte ; aujourd’hui, je me sens aussi l'hôte. Avec bonheur.

Quelle anecdote choisir : il y en a tant !

Vers deux, trois heures du matin, Jo­celyn Bérubé devient cheval hennis­sant, quatre fers en l'air et crinière au vent, son Alexis le trotteur exulte en firmament. J'ai senti cette nuit­là que le conte c'était vraiment quel­ que chose.

Une autre nuit déjà longue, il reste bien peu avant matin. Et pourtant, je dois mener de très bonne heure Guth Desprèz à l'un des rendez­vous du festival Les jours sont contés… De très bonne heure, mais laquelle : c’est une nuit damnée d'octobre où il faut passer à l'horaire d’hiver. Je dé­croche l'horloge pour forcer l'heure à obéir à nos artifices. Je raccroche l'horloge de mauvaise grâce ; elle tombe. Les deux aiguilles maltrai­

tées se démantibulent, gisantes en­laçant le 6. Je repose l'horloge à sa place, ni vu ni connu, une horloge vide mais qui poursuit son tic­tac au tricot inutile. J'avais, dans l'acci­ dent, découvert la pendule du conte, celle qui prend son temps comme il vient, en perpétuel présent. Preuve à l'appui : observez la chandelle allu­mée par Jihad Darwiche quand il conte ; la chandelle ne fond pas, elle écoute.

On dit que Dieu a inventé l'homme et la femme, car il trouvait bien long une éternité sans conteur pour l'ani­mer.

Aujourd’hui, nous vous présentons Christian-Marie Pons, spécialiste en communication... et en conte et (très) proche collaborateur de la Maison des arts de la parole.

5 à 7 avec Gigi Bigot, Pépito Matéo et les conteurs de la région Micro libre en deuxième partie.

Le Cafetier, 9 Principale Nord, Sutton | contribution volontaire

Corne de brume avec Simon Gauthier Épopée de personnages plus grands que nature, dont l’his toire est reliée au fleuve

Saint-Laurent. Chansons vi brantes et voyageuses s’entremêlent aux récits de l’homme le plus heureux de l’univers, le gardien de phare.

Espace culturel de Magog, 90 St-David, Magog gratuit pour les membres de la bibliothèque | 5 $ pour les non-membres

Dans chaque édition, le Porte-voix mettra en lumière des personnes proches de la Maison des arts de la parole qui agissent à différents niveaux.

illustration de guth despréz

trio De feMMespar caroline pilon-fortin

fLAshBACKpar marie lupien-durocherSamedi dernier, Jan et Jennifer livraient The Book of Spells: A Love Story, à la Maison des arts de la parole. Un spec­tacle échafaudé autour de leur propre histoire d'amour, depuis les racines solides d'une amitié passionnée jusqu'aux tumultes d'une vie à deux qui n'avait pas prévu sa propre existence.

The Book of Spells, c'est ce recueil de nouvelles dont elles avaient discuté autour d'un café, alors que leur amour se cachait encore sous le masque de l'amitié et que leurs discussions enflammées n'avaient pas encore pris la forme de ces disputes incessantes, triste trame sonore des pre­miers temps de leur vie de couple.

Tout au long du spectacle, elles passent du réel à la fiction, dessinant des ponts entre les histoires du Book of Spells et leur propre histoire, éclairant le passé à la lumière des contes qui leur sont si chers, jusqu'à ce que le réel tout entier s'illumine.

Du déni au désenchantement, le chemin n'a pas été de tout repos pour les amoureuses. Mais elles ont su se fau­filer jusqu'au happy end. Et au bout de ce voyage dans leur intimité, c'est un goût d'espoir infini qui restera im­prégné sur les lèvres d'un public conquis. Une envie de s'accrocher quoi qu'il advienne, de continuer, inébran­lablement, de se tenir la main dans la noirceur.

C'est un enchanteur trio de femmes qui a animé hier le café The Singing Goat de Sherbrooke. En effet, Jennifer Cayley, Jan Andrews et Patti Warnock ont, chacune à sa manière, évoqué un vieux savoir : le savoir des femmes. Leur présence, leurs gestes, leurs into­nations et leur stature rappellent ces vents puissants du nord. Leurs phrases sont des souffles transportant des le­çons très anciennes et leur parole est juste et vraie. Elles nous transmettent l'esprit de ce qui a réussi à être préser­vé de la tradition orale ancestrale.

Avec Jan Andrews, nous avons ren­contré le peuple des Sidh (prononcé shi). Ces « fairy people », expression tra­duite de façon littérale par « le peuple

des fées », partagent le monde des hommes mais ne s'y mêlent pas. On y suit une mère qui cherche à retrou­ver son enfant pris en charge par deux Sidh femelles. Cette mère devra s'éle­ver au niveau de « perfection » de ce peuple mystique afin de lui offrir un bien encore plus précieux que peut l'être sa progéniture. Patti Warnock nous entraine pour sa part à travers son enfance magique dans la toun­dra. Elle nous raconte les femmes qui ne meurent jamais complètement dans ces étendues glacées et qui ne se privent jamais de la chaleur d'un feu.

Jennifer Cayley, elle, nous conte la quê­ te de la lumière et nous rappelle ces trolls plutôt brillants qui tentent d'atti rer

les enfants dans leur cuisine pour les manger en ragoût. Bref résumé d'une série de contes bien enchaînés.

Chacune de ces trois femmes touche au thème universel de la quête inté­rieure et des épreuves à traverser pour atteindre la réussite, et ce, à travers des yeux de femmes la plupart du temps.

La force métaphorique de ces contes est en soi une richesse que nous avons la chance de ne pas avoir perdue grâ­ ce à des femmes du calibre de ce trio. Ces voix sont des ancres nous rame­nant vers le lieu commun où nous pou­vons toutes et tous nous rassembler pour écouter.

C’était la première fois que j’enten-dais Daniel L’Homond. J’en avais en-tendu parler ; je savais qu’il était une des grosses pointures en France. L’ac cent du sud-ouest, la culture d’oc, l’accordéon ou la guitare, l’auteur et poète, le globetrotter qui commen-ça à conter au Québec en 1979.

Il reste assis, la voix grave, et se lance dans l’histoire de Pontouquet qui peut se permettre des vacances de rêve pour cause de chômage… Et c’est ain si que l’on passera la soirée, entre commentaire social et poésie. Friand

de jeux de mots, le conteur nous présente ainsi des amoureux transis qui font fondre des glaçons citron- orange pour y récupérer les mots d’amour qu’ils n’ont pas osé se dire directement.

Dans l’imaginaire foisonnant de L’Ho -mond, Pontouquet devient le pantin, l’émissaire d’un périple baroque. Il n’est pas héros mais témoin dépas-sé par les événements. Il se heurte à mille obstacles plus fabuleux les uns que les autres. Il traversera la Guerre d’Espagne, le Pays du Rémouleur de

mots, Tokyo, dansera littéralement avec la Mort, avant de finir changé en moineau au milieu d’une kermesse. Et on apprend que les moineaux sont comme les humains : « Ils aiment la liberté, mais il leur faut la cage. »

Des intermèdes chantés à l’accor-déon permettent au spectateur une salutaire respiration avant de replon-ger dans toute cette richesse verbale.

On reste un peu sur notre faim… Le voyage est-il déjà fini ?

L'hoMonD et L'huMAinpar jean-sébastien dubé

photo par jehanne bergé

photo par maïa pons

siMon

GAuthierLes AteLiers

D’initiAtionSimon Gauthier est arrivé au conte comme on tombe amoureux, avec fougue et passion. Depuis plus de douze années, il captive tous les publics par son imaginaire débridé, son énergie incandescente et sa sensibilité de poète.

Natif de Sept-Îles, diplômé de l’UQAM en animation et recherche culturelle, Simon Gauthier est con teur pro-fes sionnel depuis 1998. C’est après avoir vu le conteur Michel Faubert en spec tacle, en 1997, que Simon a eu la piqûre pour ce métier. Le len demain de cette veillée mémorable, Simon s’est littéralement plongé dans la littérature de contes et a ainsi dévoré toute la section « conte » de la biblio thèque de l’UQAM. Cette nouvelle passion poussa Simon à se lancer im pétueusement dans une aventure qui sera sa première tournée de con teur et qui le fera voyager sur toute la rive nord et la Côte Nord du Saint-Laurent, de Québec à Natash- quan. Dès l’été suivant, en 1998, Simon en tre prendra une série de quelques dizaines de représentations de spec tacles de contes qui auront lieu à la salle du CIMM (Centre d’interprétation des mammifères marins) à Ta doussac. Jusqu’à l’été 2003, Simon passera ainsi ses étés à Tadoussac et fera quelques dizaines de pres-ta tions, de fin juin à début septembre.

Depuis 2004, bon an mal an, Simon effectue de trois à cinq tournées en France, présentant ses spectacles aussi bien dans des festivals qu’en salle ou en milieu sco- laire. Il a aussi conté en Belgique, en Suisse, aux Pays-Bas, au Burkina Faso, en Tunisie et au Maroc. Bien sûr, il se produit régulièrement au Québec et a aussi conté en Ontario et en Nouvelle-Écosse. Simon Gauthier est un con teur établi et reconnu, tant par ses pairs que par le public, autant au Québec qu’en France. Un conteur phare nommé Auteur Nord-Côtier de l’année (Salon du livre de la Côte-Nord 2002) et récipiendaire du titre d’ambassadeur de la Côte-Nord (Les Grands Prix du tourisme qué bécois 2001).

Ce soir

Corne de brume avec Simon Gauthier Épopée de personnages plus grands que nature, dont l’histoire est

reliée au fleuve Saint-Laurent. Le conteur y fait revivre Pomerleau chasseur de baleines lancé entre les icebergs, les froids de frasil, le cordage des trois-mâts qui hurlent dans le détroit de Belle-Isle. Chan-sons vibrantes et voyageuses s’entremêlent aux récits de l’homme le plus heureux de l’univers, le gardien de phare…

Spectacle captivant et évocateur durant lequel on réalise que l’ima-ginaire est le plus grand théâtre du monde…

Espace culturel de Magog, 90 St-David, Magog gratuit pour les membres de la bibliothèque | 5 $ pour les non-membres

Samedi le 25 octobre

Faut pas le dire ! avec Simon Gauthier Quand il était petit, Simon le conteur a fait des bêtises… eh oui ! Il a fait

des choses que ses parents lui défendaient de faire… eh oui ! Il volait plus haut que les lampadaires et les toits des maisons ! Et les gnomes des neiges lui ont montré à jouer de la scie magique et à faire entendre le chant des baleines aux enfants. Mais chut, faut pas l’dire !

Bibliothèque de Coaticook, 34 Main Est, Coaticook non-abonnés : 5 $ adulte, 3 $ enfant | abonnés : 3 $ adulte, 1 $ enfant

Dimanche le 26 octobre

5 à 7 avec Simon Gauthier, André Lemelin et Jean-Marc Massie Micro libre en deuxième partie.

Éco-Beat, 146 Wellington Sud, Sherbrooke | contribution volontaire

Spectacle de clôture avec Gigi Bigot, Simon Gauthier, Didier Kowarsky, André Lemelin, Jean-Marc Massie et Pépito Matéo Pour clore comme il se doit cette grande fête de la parole, six conteurs

d’ici et d’ailleurs partagent la scène, le temps d’une ren contre. Six uni-vers qui se croisent, se répondent, s’en tre choquent. Une soirée unique, qui promet de faire éclater les frontières de l’ordinaire.

Salle le Tremplin, 97 Wellington Sud, Sherbrooke | 20 $ adulte | 15 $ étudiant

Depuis une douzaine d’années, j’ai le plaisir de propo­ser des ateliers d’initiation au conte et de voir, d’enten­dre des personnes curieuses de cet art de la parole (re)­ dé couvrir ces trésors — que nous avons sans doute tous en nous mais que, souvent, nous avons cru per dus — que ce soit pour la connaissance de certains contes ou pour la prise de cette parole qui sait enchanter.

Dans les ateliers d’initiation pour les adultes, j’essaie de donner une idée de la beauté, de la variété et de l’immensité du répertoire dit « traditionnel ». Ces contes ont ceci de particulier qu’ils voyagent dans le temps et la géographie depuis souvent des siècles, sinon des millénaires. Ils sont anonymes, on ne sait pas trop d’où ils viennent… Au fil du temps, les conteurs qui les ont aimés les ont mis à leur goût, avec leur bagage, leur per­sonnalité, leurs mots. C’est ainsi que les contes tradi­tionnels ont de nombreuses versions, tout en gardant solidement leur colonne vertébrale, le cœur de l’his­toire. Ces contes ont circulé oralement, de bouche à oreille, sans se soucier de l’absence de l’écriture, ame­nant chez les gens qui les écoutaient le goût du mer­veilleux, de l’imaginaire, de la mémoire, de la langue et,

ce qui n’est pas anodin de nos jours, de la rencontre… de la présence vraie de l’autre !

Cette année, je propose d’offrir un tel atelier à des en ­fants (de 8 à 12 ans pour commencer). Cette saison nous commencerons donc à nous rencontrer, un groupe d’en fants et moi, pour prendre connaissance ensemble de contes du monde, les faire vivre et s’épanouir par le biais de nos voix diverses, de nos corps qui disent tant, de nos yeux émerveillés sur les images multiples que les contes provoquent dans nos esprits. Un vaste ré­pertoire est disponible pour les enfants, avec des jeux, des chants, des exercices de voix, d’élocution, de dic­tion ; nous n’arri verons pas à en faire le tour, mais un début d’exploration nous permettra, j’espère, de dé­velopper des complicités sur ce singulier chemin de la connaissance.

Ces ateliers d’initiation (pour enfants comme pour adul tes) me tiennent d’autant plus à cœur que c’est en Estrie, plus que partout au Québec, qu’on s’intéresse à ce vaste ré pertoire mondial, trésor méconnu et oublié de l’Humanité.

par petronella van dijk

Le prochain atelier d'initiation au conte se donnera à raison d'une rencontre par semaine, le mercredi soir, de février à avril 2015. Les inscriptions sont ouvertes !

Le groupe d’initiation pour les enfants pourrait encore en accueillir un ou deux… Les dates des rencontres prévues cet automne sont les samedi 4 et 11 octobre, 8 et 15 novembre, 6 et 13 décembre.

n’hésitez pas à nous contacter pour vous inscrire !

819.566.6996 | [email protected]

138 rue Wellington Nord, 2e étage, Sherbrooke 819 566 6996 [email protected]

lesjourssontcontes.com

5 à 7 avec Didier Kowarsky Jean Sébastien Dubé et Éric Gauthier Micro libre en deuxième partie.

L'Espace 100 noms, 170 Queen, Lennoxville | contribution volontaire

Délirium, Cuvée 2014 avec Jean-Marc Massie Centre culturel Pierre-Gobeil, 970 Haut-Bois Sud, Sherbrooke 15$ adulte | 10$ étudiant