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d’activité médical y est extrêmement variable. L’optimisation du dispo- sitif médical repose sur la connaissance des déterminants de ce niveau d’activité. Méthodes : Une corrélation entre le nombre de spectateurs examinés dans les centres médicaux et la nature de la manifestation, son ampleur, sa durée et le nombre de spectateurs a été recherchées pour toutes les manifestations qui ont eu lieu au Stade de France depuis 1998. Résultats : 111 manifestations ont eu lieu en 5 ans. Nombre médian de spectateurs examinés par manifestation : 44 (25 e et 75 e percentiles : 24-65 ; mini-maxi : 0-448) significativement lié à la nature de la manifestation (figure 1). Il augmentait avec la durée de celle-ci (p = 0,0004). Il était aussi lié à l’importance de l’événement (p < 0,0001) : médiane 60 (48-92) lors de 42 manifestations d’ampleur nationale et 33 (20-50) lors de 69 manifestations d’ampleur internatio- nale. Le nombre de spectateurs examinés (médiane 75 000) n’était pas lié au nombre de spectateurs (p = 0,7). Conclusion : Ce n’est pas le nombre de spectateurs mais la nature de la manifestation, son caractère national et sa durée qui déterminent le risque sanitaire. Ces données doivent être prises en considération pour adapter les dispositifs médicaux lors des rassemblements de population. 234 TEKNIVAL LARZAC 2003 : RETOUR D’EXPÉRIENCE V. Carrière, E. Alauzet, M. Capelli, G.A. Georget DMU, Hôpital de Rodez. Introduction : Une manifestation musicale Teknival 2003 a réuni entre 25 000 et 40 000 personnes sur le Larzac entre le 14 et le 18 Août 2003. Le SAMU de l’Aveyron a du organiser en 3 jours le dispositif médical. Une cellule préfectorale complète a permis la collaboration avec la police, la gendarmerie, la justice, les sapeurs-pompiers, les associations de secouristes, les organisations non gouvernementales, la DDE, France telecom. Un poste médical avancé (PMA) installé à 2 km du site et comprenant une salle de soins, une salle de dégrisement, une salle de réanimation recevait des victimes provenant de 5 postes de secours. L’étude des victimes ayant bénéficié des soins au PMA permet de déterminer les moyens les plus adaptés à mettre en œuvre dans ce type de contexte et pour cette population spécifique. Matériels et méthodes : Etude rétrospective des passages enregistrés au PMA du Teknival Larzac 2003. Les données recueillies concernent le patient (age, sexe, origine géographique) le motif de recours, l’heure et la durée du passage, les soins engagés et l’orientation. Résultats : 270 patients dont 74 % sont des hommes jeunes ont été reçus. Les motifs de recours sont dans 45 % un problème médical, 27 % une symptomatologie psychiatrique liée à une prise de toxiques, 25 % de traumatologie. La durée de passage va de 5 min à 20 heures, avec une moyenne de 2 h 15. 31 évacuations hospitalières ont été effectuées. Conclusion : Ce type de manifestation évolue en deux phases : dans un premier temps l’ensemble des intervenants d’état se mobilise pour anticiper tout risque, dans un deuxième temps chaque intervenant reprend sa fonction spécifique (santé, police, justice) jusqu’à l’évacua- tion du site définitive (plus de 24 h après la fin officielle). Les moyens engagés dans ce type de manifestation doivent prendre en compte la spécificité de la population qui inverse les proportions habi- tuelles entre UP et UR. Ils doivent être très évolutifs car proportionnés au nombre de partici- pants, aux conditions climatiques et aux arrivages inopinés de drogues mal dosées. La mobilisation de la filière de soins d’urgence psychiatrique doit être anticipée. 235 MÉDECINE DE PÈLERINAGE, UN EXEMPLE DE MÉDECINE EN SITUATION D’EXCEPTION C. Hamouda (1), N. Ben Salah (2), M. Garbouj (1), M. Amamou (1) (1) Centre d’Assistance Médicale Urgente, Tunis, (2) Département de Soins de Santé de Base MSP, Tunis. Le nombre total des pèlerins à la Mecque avoisine les 4 millions chaque année. Cette population en exode de part le monde se réunit pendant une période limitée, dans une superficie réduite, et se déplace souvent en masse pour accomplir les rites selon un ordre prescrit. Les conséquen- ces de toutes ces contraintes sont une promiscuité, une pollution extrême et un état de négligence physique. Ces conditions constituent ainsi, un facteur de décompensation des tares. Nous rapportons notre expérience en matière d’organisation des soins extrahospitaliers et des secours destinés à un groupe de pèlerins tunisiens pendant une période de 6 semaines de l’année 2003. Ainsi notre département de santé publi- que a adopté, en collaboration étroite avec le Centre d’Assistance Médi- cale Urgente, une série de mesures : (1) Tous les candidats au pèlerinage avaient participé aux visites médicales d’aptitude. Les personnes rete- nues avaient bénéficié d’une protection vaccinale répondant aux recom- mandations internationales en vigueurs. (2) Une délégation médicale composée de 16 médecins et 38 paramédicaux, préalablement formée, avait participé à cette action. Cette délégation était dotée d’une logisti- que adaptée aux conditions précitées. L’assistance médicale englobait : (a) des visites d’hygiène et de prévention des accidents, (b) des consul- tations médicales programmées, (c) l’accueil et l’observation des urgen- ces déclarées, (d) la mise en condition et le transport médicalisé des pèlerins en détresse vitale, (e) le suivi des pèlerins hospitalisés et leur assistance médicale en cas de rapatriement sanitaire et (f) la participa- tion aux secours en cas d’accident collectif. 16 087 candidats au pèleri- nage avaient participé aux visites d’aptitude. Le nombre total de pèle- rins retenu était de 10 100, l’âge 64,3 + 23,5 ans. Le sous groupe candidats aptes sous réserve d’assistance médicale rapprochée compre- nait 104 pèlerins. Les consultations médicales programmées étaient au nombre de 13t492. 113 patients en état jugé précaire avaient transité par l’unité de soins intensifs du PMA tunisien. Parmi lesquels 52 étaient en détresse respiratoire et 40 souffraient d’un coup de chaleur. Nous avions mis en condition et évacué vers les services hospitaliers saoudiens 57 patients dont 9 cas de traumatologie. 17 patients avaient été rapatriés. Nous avions enregistré 5 décès. Au terme de notre expérience nous proposons des recommandations en vue de maîtriser les problèmes de santé qui peuvent se déclarer. 86 70 43 21 37 0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 Concerts (n=17) Athlétisme (n=13) Football (n=48) Rugby (n=26) Autre (n=7) p < p < p < p = p < p = Fig. 1. Relation entre la nature de la manifestation et le nombre de spectateurs examinés dans les centres médicaux du stade de France. CATASTROPHE 1S95

234 Teknival larzac 2003 : retour d’expérience

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d’activité médical y est extrêmement variable. L’optimisation du dispo-sitif médical repose sur la connaissance des déterminants de ce niveaud’activité.Méthodes : Une corrélation entre le nombre de spectateurs examinésdans les centres médicaux et la nature de la manifestation, son ampleur,sa durée et le nombre de spectateurs a été recherchées pour toutes lesmanifestations qui ont eu lieu au Stade de France depuis 1998.Résultats : 111 manifestations ont eu lieu en 5 ans.Nombre médian de spectateurs examinés par manifestation : 44 (25e et75e percentiles : 24-65 ; mini-maxi : 0-448) significativement lié à lanature de la manifestation (figure 1). Il augmentait avec la durée decelle-ci (p = 0,0004). Il était aussi lié à l’importance de l’événement(p < 0,0001) : médiane 60 (48-92) lors de 42 manifestations d’ampleurnationale et 33 (20-50) lors de 69 manifestations d’ampleur internatio-nale.

Le nombre de spectateurs examinés (médiane 75 000) n’était pas lié aunombre de spectateurs (p = 0,7).Conclusion : Ce n’est pas le nombre de spectateurs mais la nature de lamanifestation, son caractère national et sa durée qui déterminent lerisque sanitaire. Ces données doivent être prises en considération pouradapter les dispositifs médicaux lors des rassemblements de population.

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TEKNIVAL LARZAC 2003 : RETOUR D’EXPÉRIENCEV. Carrière, E. Alauzet, M. Capelli, G.A. GeorgetDMU, Hôpital de Rodez.

Introduction : Une manifestation musicale Teknival 2003 a réuni entre25 000 et 40 000 personnes sur le Larzac entre le 14 et le 18 Août 2003.Le SAMU de l’Aveyron a du organiser en 3 jours le dispositif médical.Une cellule préfectorale complète a permis la collaboration avec lapolice, la gendarmerie, la justice, les sapeurs-pompiers, les associationsde secouristes, les organisations non gouvernementales, la DDE, Francetelecom. Un poste médical avancé (PMA) installé à 2 km du site etcomprenant une salle de soins, une salle de dégrisement, une salle deréanimation recevait des victimes provenant de 5 postes de secours.L’étude des victimes ayant bénéficié des soins au PMA permet dedéterminer les moyens les plus adaptés à mettre en œuvre dans ce typede contexte et pour cette population spécifique.Matériels et méthodes : Etude rétrospective des passages enregistrésau PMA du Teknival Larzac 2003. Les données recueillies concernentle patient (age, sexe, origine géographique) le motif de recours, l’heureet la durée du passage, les soins engagés et l’orientation.

Résultats : 270 patients dont 74 % sont des hommes jeunes ont étéreçus. Les motifs de recours sont dans 45 % un problème médical, 27 %une symptomatologie psychiatrique liée à une prise de toxiques, 25 %de traumatologie. La durée de passage va de 5 min à 20 heures, avec unemoyenne de 2 h 15. 31 évacuations hospitalières ont été effectuées.Conclusion : Ce type de manifestation évolue en deux phases : dans unpremier temps l’ensemble des intervenants d’état se mobilise pouranticiper tout risque, dans un deuxième temps chaque intervenantreprend sa fonction spécifique (santé, police, justice) jusqu’à l’évacua-tion du site définitive (plus de 24 h après la fin officielle).Les moyens engagés dans ce type de manifestation doivent prendre encompte la spécificité de la population qui inverse les proportions habi-tuelles entre UP et UR.Ils doivent être très évolutifs car proportionnés au nombre de partici-pants, aux conditions climatiques et aux arrivages inopinés de droguesmal dosées.La mobilisation de la filière de soins d’urgence psychiatrique doit êtreanticipée.

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MÉDECINE DE PÈLERINAGE, UN EXEMPLE DEMÉDECINE EN SITUATION D’EXCEPTION

C. Hamouda (1), N. Ben Salah (2), M. Garbouj (1),M. Amamou (1)

(1) Centre d’Assistance Médicale Urgente, Tunis, (2)Département de Soins de Santé de Base MSP, Tunis.

Le nombre total des pèlerins à la Mecque avoisine les 4 millions chaqueannée. Cette population en exode de part le monde se réunit pendant unepériode limitée, dans une superficie réduite, et se déplace souvent enmasse pour accomplir les rites selon un ordre prescrit. Les conséquen-ces de toutes ces contraintes sont une promiscuité, une pollutionextrême et un état de négligence physique. Ces conditions constituentainsi, un facteur de décompensation des tares. Nous rapportons notreexpérience en matière d’organisation des soins extrahospitaliers et dessecours destinés à un groupe de pèlerins tunisiens pendant une périodede 6 semaines de l’année 2003. Ainsi notre département de santé publi-que a adopté, en collaboration étroite avec le Centre d’Assistance Médi-cale Urgente, une série de mesures : (1) Tous les candidats au pèlerinageavaient participé aux visites médicales d’aptitude. Les personnes rete-nues avaient bénéficié d’une protection vaccinale répondant aux recom-mandations internationales en vigueurs. (2) Une délégation médicalecomposée de 16 médecins et 38 paramédicaux, préalablement formée,avait participé à cette action. Cette délégation était dotée d’une logisti-que adaptée aux conditions précitées. L’assistance médicale englobait :(a) des visites d’hygiène et de prévention des accidents, (b) des consul-tations médicales programmées, (c) l’accueil et l’observation des urgen-ces déclarées, (d) la mise en condition et le transport médicalisé despèlerins en détresse vitale, (e) le suivi des pèlerins hospitalisés et leurassistance médicale en cas de rapatriement sanitaire et (f) la participa-tion aux secours en cas d’accident collectif. 16 087 candidats au pèleri-nage avaient participé aux visites d’aptitude. Le nombre total de pèle-rins retenu était de 10 100, l’âge 64,3 + 23,5 ans. Le sous groupecandidats aptes sous réserve d’assistance médicale rapprochée compre-nait 104 pèlerins. Les consultations médicales programmées étaient aunombre de 13t492. 113 patients en état jugé précaire avaient transité parl’unité de soins intensifs du PMA tunisien. Parmi lesquels 52 étaient endétresse respiratoire et 40 souffraient d’un coup de chaleur. Nous avionsmis en condition et évacué vers les services hospitaliers saoudiens 57patients dont 9 cas de traumatologie. 17 patients avaient été rapatriés.Nous avions enregistré 5 décès. Au terme de notre expérience nousproposons des recommandations en vue de maîtriser les problèmes desanté qui peuvent se déclarer.

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Fig. 1. Relation entre la nature de la manifestation et le nombre despectateurs examinés dans les centres médicaux du stade de France.

CATASTROPHE 1S95