D es avions décorent les roues du fauteuil roulant d’Ursin. Et pas n’importe lesquels:

ceux des «Blue Angels», un esca-dron acrobatique de l’US Navy. L’adolescent de 15 ans est un vrai fan d’aviation, et ça se voit tout de suite.

Un mercredi matin d’au-tomne, Ursin a fait la route d’Unterentfelden (AG) jusqu’à Emmen (LU) en compagnie de sa mère Barbara, de son père Jürg et de son frère aîné Flurin. La base aérienne militaire d’Em-men, connue dans tout le pays, abrite le siège de la Patrouille Suisse de voltige aérienne. Ursin a déjà assisté à plusieurs de leurs shows et suit leurs activités sur Instagram et toutes sortes de canaux. Le commandant Nils Hämmerli, vêtu d’un élégant uniforme vert foncé, salue le jeune homme. C’est grâce à lui et à une collaboration avec la Fondation Étoile filante ( lire colonne p. 27) que cette journée

La tête dans les nuages

Ursin, un jeune garçon de 15 ans, est atteint d’une maladie musculaire. La Fondation Étoile filante a permis à ce

fan de la Patrouille Suisse de passer une journée sur une base aérienne et a ainsi porté à 3000 le nombre

de rêves d’enfants malades devenus réalité.Texte: Lisa Stutz Photos: Daniel Winkler

24 | 30.11.2020 | SOLIDARITÉ

Ursin a été transporté à bord d’un avion

Porter d’Emmen (LU) à l’aérodrome de

Wangen-Lachen, au bord du lac de Zurich.

Là, il a pu suivre l’entraînement de la

Patrouille Suisse.

a été rendue possible. Et elle sera chargée: Ursin assistera tout d’abord au briefing des pilotes, puis il s’envolera pour la base aérienne de Wangen- Lachen, où il pourra admirer un entraînement de la Patrouille Suisse. Après le vol de retour, il participera au débriefing et le chef mécanicien lui montrera un F-5 Tiger, son avion préféré.

Ce programme pourrait don-ner le vertige, mais Ursin semble être aussi détendu que les pilotes pendant les loopings. Tout se déroule exactement comme il le souhaitait. «Il avait décrit très précisément son rêve», commente en riant Lucia Wohlgemuth de la Fondation Étoile filante.

 Un virus familialAvant même que les réjouis-sances ne commencent, Ursin se met à scruter le ciel dès qu’un avion survole la place. Et son père, sa mère et son frère sont à l’unisson. «L’aviation est un

virus familial», explique Jürg, le père. Il est lui-même titulaire d’une licence de pilote. Son épouse, quant à elle, a été hôtesse de l’air et cheffe de cabine. «À la maison, dès que nous entendons un avion, nous regardons tous immédiatement par la fenêtre.»

Dans la salle de briefing, les six pilotes se présentent. Ils s’appellent Bigfoot, Jaydee, Salim – ce sont des surnoms qu’ils ont gagnés au cours de leur carrière. Ursin, assis au premier rang, le sait évidemment. Nils Hämmerli lui remet un insigne en forme de petit avion indiquant qu’il fait partie de l’équipe aujourd’hui. Son frère la lui accroche sur sa veste rouge, car Ursin ne peut pas le faire seul. Lorsqu’il avait 4 ans, on lui a diagnostiqué une «dystrophie musculaire de Duchenne». Cette maladie entraîne une dégénéres-cence progressive de la muscula-ture. L’adolescent a besoin d’une assistance permanente. Le mal qui le ronge a tellement progres-

sé qu’Ursin est incapable de lever lui-même ses bras et parle très doucement. Il suit donc le briefing en silence, mais avec le sourire.

 Chaque année à l’étrangerLe vol vers le terrain d’entraîne-ment en avion Porter est un moment fort. Pourtant, Ursin n’est pas nerveux lorsqu’il em-barque. Il est habitué à voler. Peu de temps après avoir appris le diagnostic de sa maladie, toute la famille a pris l’avion pour la première fois à destination des États-Unis, où elle a passé trois semaines merveilleuses. «En fait, nous ne voulions plus voya-ger outre-mer dès lors que nous avons eu des enfants», explique Barbara. Mais nous avons décidé de partir pour réconforter tout le monde, et cela a fonctionné! «Nous avons pu constater qu’avion et fauteuil roulant étaient parfaitement compa-tibles.» Depuis, la famille s’offre une telle parenthèse chaque

«À la maison, dès que nous

entendons un avion, nous

regardons tous immédiatement par la fenêtre»

Jürg Basler, le père d’Ursin

SOLIDARITÉ | 30.11.2020 | 25

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Pendant le spectacle aérien, une personne commentait et expliquait spéciale-ment chaque figure à Ursin.

Quand les rêves se réalisent

Rencontrer une star du football, passer la journée dans l’ascenseur du plus haut bâtiment de la ville ou assister au tournage de sa série préférée – depuis 1993, la Fondation Étoile filante apporte de la joie dans la vie des enfants et des jeunes malades ou handicapés. Elle met également un point d’honneur à ce que ceux-ci puissent partager cette expérience avec leur famille. La visite d’Ursin à la Patrouille Suisse est le 3000e rêve réalisé par la fondation.

etoilefilante.ch

année, sauf évidemment en cette année de coronavirus. «C’est la raison pour laquelle cette journée est comme une fête pour nous», avoue Jürg en regardant son fils.

Pendant l’impressionnant e ntraînement de la Patrouille Suisse, Ursin a eu droit à un speaker personnel à côté de lui, qui lui expliquait chaque figure. À la fin, les pilotes entament un

salut spécial pour lui en guise d’au revoir. «C’est inoubliable», déclare Ursin, radieux.

Élève en troisième année du secondaire, il pratique le hockey en fauteuil roulant électrique durant son temps libre. La se-maine dernière, il s’est essayé à la médiamatique, ce qui lui a beaucoup plu. Il envisage même une formation dans cette

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