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SOMMAIRE : pages 1, Le mot du président de section 2, Nouvelles de la section 3, 11 nov-11, message du président de la République 4, Poème, le retour 5, Les DPLV à l’honneur 7, Info/réalités 8, Unités décorées de la Valeur militaire 9, 67 ème anniversaire du débarquement Décès de Gilbert STRUB 10, La guerre d’Algérie, la fin de Bellounis 11, L’ORA 13, Regards sur la campagne d’Italie 15, Interlude, SAS en Kabylie 18, Rwanda, le pays des milles collines 21, Bigeard aux Invalides 23, Retour sur notre AG du 7 avril-11 24, Photos

24, Photos - legion-honneur-dplv-ls.netlegion-honneur-dplv-ls.net/images/M_images/bulletins/DPLV-LS... · 15, Interlude, SAS en Kabylie 18, Rwanda, le pays des milles collines 21,

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SOMMAIRE : pages

1, Le mot du président de section2, Nouvelles de la section3, 11 nov-11, message du président de la

République4, Poème, le retour5, Les DPLV à l’honneur7, Info/réalités8, Unités décorées de la Valeur militaire9, 67ème anniversaire du débarquement

Décès de Gilbert STRUB10, La guerre d’Algérie, la fin de Bellounis11, L’ORA13, Regards sur la campagne d’Italie15, Interlude, SAS en Kabylie18, Rwanda, le pays des milles collines21, Bigeard aux Invalides23, Retour sur notre AG du 7 avril-1124, Photos

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LE MOT DU PRESIDENT

Chers amis, Chers adhérents,

En cette fin d’année 2011, c’est toujours avec le même plaisir que je vous retrouve par le biais de notre bulletin, auquel notre Vice Président Lucien Moreau consacre une grande partie de son temps et beaucoup d’efforts. Qu’il

en soit remercié à travers cette brève évocation de son dévouement.Cette année encore, la vitalité de notre Section s’est à nouveau affirmée. Nous en avons eu une preuve après la participation, ô combien sympathique et réconfortante, de notre Président National, l’Amiral Martin, à notre dernière Assemblée Générale.

Malgré la disparition de quelques amis, toujours regrettable, les adhésions se sont poursuivies et nous avons tout lieu d’être satisfaits.

Une autre satisfaction nous est parvenue, à travers la proposition du Chef de l’Etat de fixer une date unique, le 11 novembre, pour rendre un hommage solennel aux morts pour la France. Certes cela existait déjà pour marquer l’héroïsme et les souffrances endurées par nos « poilus » de 1914 /1918, mais si on garde cette date du 11 novembre en leur souvenir « prioritaire », il convient aussi d’honorer tous les combattants des guerres qui ont suivi, et qui méritent aussi un hommage. Sinon on se disperse en plusieurs commémorations pour l’Indochine, l’Algérie, l’Afghanistan, par exemple, sans qu’aucune nereçoive vraiment un « hommage national ».Dans une lettre personnelle au Président de Section, le Président de la République, a expliqué le choix qu’il a fait pour cet hommage général à tous les combattants. Les DPLV de Languedoc Sud sont sensibles à cet hommage à notre groupe.La proximité du jour de l’An, me permet d’envoyer pour 2012.à tous les membres de la Section et à leurs proches, mes meilleurs vœux. Et surtout, mes souhaits les plus chers vont à notre Patrie, la France, menacée sévèrement par une crise économique, dont nous éviterons le pire, je l’espère. Cela ne sera possible que si la ferveur patriotique l’emporte sur les égoïsmes et les ambitions des uns et des autres. Notre Section contribuera, autant qu’elle le pourra, à entretenir cette ferveur.

Chers amis légionnaires, encore une fois je vous renouvelle mes meilleurs vœux de bonne année 2012 et je vous dis à bientôt.

Roger Fiorio

RAPPELJeudi 9 février-12 – assemblée générale de section

ST ANDRE de SANGONIS – salle des fêtesAccueil 9H / 9H30

Accès par A75 et A750Détails et précisions dans la convocation

2 NOUVELLES de la SECTIONRéunion de secteur : tout comme les années précédentes, il avait été proposé à nos amis de Montpellier et d'ailleurs de nous rejoindre en fin de matinée, après la séance de travail du conseil d'administration réuni à Montpellier le 17 novembre dernier... histoire de nous revoir et de nous retrouver... autour d'une bonne table.

Nous étions 27 dans le cadre agréable, et bien dimensionné pour nous, de la mezzanine du clos de l'hirondelle pour un repas agrémenté de vins de qualité accompagnant aussi bien l-entrée poissonnière, la cassolette et l'(aligot que l'abondante assiette de fromages, et pour clore une crème brûlée excellente suivie d'ub café « maison ». Les

goûts étant bien sûr différents, certains n'ont pas tellement apprécié la sauce qui accompagnait l'entrée... une affaire « perso » !

Chacun a pu deviser dans une ambiance chaleureuse et détendue,

1er décembre-11, visite chaleureuse aux aveyronnais : il se trouve que nos deux camarades aveyronnais, Guy Meunier et Marcel Rivière- Reidenbach, sont également membres de l’ATDM34.

C’est cette association qui a organisé notre déplacement en Aveyron en liaison avec Maïté, épouse de Guy : visite du musée des santons à Sauclières (4€, cela vaut le détour) et généreux repas au Combalou dans une salle à l’excellente acoustique où nous ont

rejoint les Meunier, Marcel n’ayant pu participer, empêché par des problèmes gastriques. Guy était en pleine forme. disert sur l’Indochine Ceux parmi nous qui l’avaient demandé sont repartis avec du roquefort

(Baragnaude, s’il vous plaît !) à un prix très concurrentiel. Michel Bain et son épouse, Sao, à l’issue du repas ont rendu une brève visite à Marcel dans son village des Canabières, sous les éoliennes, accompagné d’un couple ATDM34 demeurant à Rodez. Marcel, isolé mais serein, se remet sous l’œil bienveillant de son labrador noir ; et comme à chaque fois, nous sommes repartis avec des livres sur l’Indochine... et les dames avec un CD de La Callas.Participants à double appartenance LH/DPLV/LS et ATDM34 : notre président Roger Fiorio, Georges Bartoli, Jacques Bouthier, Michel Bain.

Pour informationIl est prévu d'éditer un nouvel annuaire des adhérents DPLV de la Section Languedoc-sud qui pourrait paraître dans les prochains moi de l'année à venir.Après leur mise à jour, y figureront les renseignements apparaissant déjà dans le pré&cédent annuaire de 2005. Les modifivations, les précisions qu'il faudrait apporter à ces renseignements seront indiqués au col Moreau (par courrier ou par téléphone (04 67 76 51 03).

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11 novembre 2011 : entouré par des enfants, orphelins de guerre de 2011, le Président de la République a ravivé la flamme de la tombe soldat inconnu sous l’arc de triomphe.

Message du président de la républiqueHommage de la nation aux soldats Morts pour la France

Il y a quatre vingt dix ans, au petit matin du 28 janvier 1921, dans un silence qui incarnait à lui seul le deuil de tout un peuple, le Soldat inconnu était inhumé sous l’Arc de Triomphe. La République consacrait le monument élevé aux victoires de la Révolution et de l’Empire à la dépouille d’un simple soldat tombé au cours du conflit le plus meurtrier de toute notre Histoire.

A travers lui, la France rendait donc hommage à tous ceux qui comme lui avaient sacrifié leur vie sur les champs de bataille de la Grande Guerre.

Chaque jour, depuis, le ravivage de la flamme est là pour perpétuer cet hommage et rappeler l’immensité aujourd’hui presque inconcevable, du sacrifice.

Au fil du temps les morts de la Seconde Guerre mondiale, d’Indochine et d’Afrique du Nord furent à leur tour honorés sous l’Arc de Triomphe, mais le 11 novembre est resté une journée consacrée au seul souvenir des soldats tombés au cours de la guerre 14-18.

La disparition du dernier combattant du Premier conflit mondial, le 12 mars 2008, et la perspective des manifestations, qui commémoreront dans deux ans le centenaire de la Grande Guerre, impliquaient de faire évoluer la portée symbolique de la journée nationale du 11 novembre.La pérennité du culte qui est rendu quotidiennement sur la place de l’Etoile au souvenir du Soldat inconnu, incarnation même du sacrifice du combattant, permet d’établir une filiation directe entre les différentes générations du feu. C’est le même sang, celui d’un même peuple, qui a été, à chaque fois, versé pour la France et ses valeurs. Que nos soldats soient nés sur le sol de notre pays ou aux confins de nos anciennes colonies, ils sont les enfants d’une même France, les soldats d’une même République à laquelle ils ont fait le don ultime, ce don sur lequel personne ne peut jamais revenir, celui de leur vie.

Ces vies ont été données pour que la France demeure et pour que la République perdure. Quel que soit le lieu, quel que soit le moment de notre Histoire, ce don est sacré et il mérite le même hommage, la même reconnaissance, la même ferveur. La mort au service de la France ne fait pas de différence. Le champ d’honneur est de toutes les guerres et de tous les conflits qui ont impliqué notre pays.

C’est pour cette raison que désormais, chaque 11 novembre, tous ceux qui ont donné leur vie pour la France, que ce soit pour la défense de la Patrie ou lors des opérations extérieures auxquelles notre pays participe , seront également associés à cet hommage solennel de la Nation. Aujourd’hui, en ce début du XXIème siècle, nos troupes sont engagées en Afrique, au Proche-Orient, en Afghanistan et des soldats continuent à tomber sous le drapeau français pour que notre drapeau, lui, jamais ne tombe.

Il est juste et légitime que ces soldats rejoignent désormais dans la commémoration ceux qui les ont précédés dans le sacrifice au cours du XXème siècle, au service de notre destin et de nos valeurs, pour que vive la République et que vive la France.

Signé : Nicolas Sarkozy

4La guerre était finie et Dieu jusque là-haut,

Parmi les astres d’or brillants comme des phares

Entendit des clameurs et des bruits de fanfares

Et des hourrahs partant de Douvres à Tsing-Tao

-Quel bruit, demanda-t-il, trouble l’azur sans voile?

-Seigneur, fit une voix dans les célestes choeurs,

C’est le grand défilé des Alliés vainqueurs

Qui passe sous l’Arc de triomphe de l’Etoile.

Un brouhaha courut à travers le ciel pur:

La foule des élus, jusque-là si stoïque,

Voulant voir défiler cette armée héroïque,

En trombe se pressait sur les balcons d’azur.

Saint Pierre, en tortillant sa barbe de prophète,

Fébrile, trépidant comme un vieux cocardier,

Cria: Faites venir Flambeau, le grenadier,

Il va nous expliquer les détails de la fête.

Et Flambeau s’avança pimpant comme à Schoenbrunn,

Il dit: - ça me connaît la gloire militaire.

Tous ces beaux régiments qui défilent sur terre

Je vais vous les nommer, mes seigneurs, un par un.

Les cavaliers passaient avec un bruit de houle

Il annonça: - Voilà les hussards ! Les dragons!

Et les portes du ciel frémirent sur leurs gonds

Aux transports délirants qui montaient de la foule.

Ce n’est rien, dit Flambeau, c’est lecommencement,

Voici les Artilleurs! ... dominant les trompettes,

Des hourrahs si nourris qu’on eût dit des tempêtes

Soufflèrent en rafale et jusqu’au firmament.

Ce n’est rien dit Flambeau vous verrez mieux, j’espère.

Ah! Voici le génie!... Et les aviateurs!

Dans le vrombissement farouche des moteurs,

L’immense voix du peuple assourdit Dieu, le père!

Puis Flambeau se penchant annonça: - Les marins!

Cette fois la clameur bouleversa les mondes

Et le soleil, conquis, jeta des palmes blondes

A ces humbles fêtés comme des souverains.

Ce n’est rien, dit Flambeau d’une voix attendrie:

Vous allez voir quand va passer l’infanterie

Cela sera formidable, torrentiel,

J’ai peur que ce hourra fasse crouler le ciel!

Et voici que soudain, après ces chevauchées,

Ils virent s’avancer les hommes des tranchées:

Les chasseurs, les lignards, les zouaves, les alpins,

Ceux qui prenaient racine ainsi que des sapins,

Quand les minnenwerfer déchaînaient leurs bourrasques

Cétait un océan de casques et de casques,

Mais au lieu de clameurs de victoire, plus rien,

Le silence. ... Indigné Flambeau rugit: -Eh bien!

Ils ont bravé pour vous la mort, la faim, le givre,

Vous leur devez l’orgueil et le bonheur de vivre,

Et quand vient le moment de leur ouvrir vos bras,

Vous vous taisez? Français, vous êtes des ingrats!

Mais comme il achevait cette phrase,

Il regarda la Terre et fut rempli d’extase...

Dans l’or éclaboussant du couchant radieux

Les poilus s’avançaient comme des demi-dieux

Sous leurs casques de fer plus troués que des cibles,

Et, frémissant, devant ces héros impassibles,

Dont le regard altier semblait dire : - C’est nous

Tout le peuple, muet, s’était mis à genoux.

Par Lucien BOYER, chansonnier aux Armées, en hommage à Fernand Le Bailly, tué à l’ennemi en 1918 et à ceux du 36 ème de Ligne.

Flambeau, archétype du grenadier du 1er empire, mis en scène dans l'Aiglon, pièce d'Edmond Rostand, joué pour la 1ère fois en 1900

LE RETOUR

Créé en 1776, le 36ème de Ligne portait dans ses plis les inscriptions HONDSCHOOTE 1793 – ZURICH 1799 – AUSTERLITZ 1805 – LA MARNE 1914 – ARTOIS 1915 – VERDUN 1916 – L’AILETTE 1918Il s’est illustré à la bataille de RESCHOFFEN/ FROESCHWILLER en 1870 – a disparu dans la tourment de 1940 – dissout en 1962

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Les DPLV à l’Honneur

La Légion d’Honneur à Bernard TRUCEn ce dimanche 7 août le temps magnifique a permis une remise de Légion d’honneur dans des conditions idéales.

Le domaine de Roucourel, dans la commune de Pignan, se prêtait à merveille à la cérémonie au profit de son propriétaire Bernard Truc. Son frère Jean-Louis, Officier de la L H décédé depuis peu, était membre de notre section. C’était maintenant au tour de Bernard, lieutenant de réserve, retraité, d’être promu Chevalier pour services rendus à la Patrie pendant la campagne d’Algérie.

Né en 1934 à Montpellier, Bernard résilie son sursis en 1956 et commence son service militaire au 110 Choc, puis suit le peloton EOR 705 à Cherchell dont il sort en 1957 comme sous-lieutenant. Après avoir effectué le stage parachutiste à Pau il est affecté au 3° RPIMA, commandé alors par le colonel Bigeard. Il se battra alors avec ce brillant Régiment jusqu’à son retour en métropole en février 1959, après avoir été décoré de la Croix de la Valeur Militaire.

Il effectue alors une brillante carrière civile dans les Assurances, terminant au moment de la retraite comme Directeur Général d’AXA, pour le Languedoc -.Roussillon et Midi Pyrénées.

Toujours aussi dynamique il poursuivra après sa retraite de nombreuses activités caritatives. Ces multiples activités civiles et militaires méritent entièrement l’attribution de la Légion d’honneur.

C’est donc dans le cadre verdoyant de sa propriété, et devant 80 invités que Bernard a reçu la Légion d’honneur à titre militaire des mains du général Pacaud, lui-même ex-parachutiste des troupes de Marine, ayant servi sous les ordres du général Bigeard à la même époque et maintenant Commandeur de la Légion d’honneur. Le Général a retracé la carrière de Bernard avant d’accrocher le ruban sur la poitrine de l’intéressé.

Parmi les invités, certains avaient la Légion d’honneur, à titre civil ou militaire; beaucoup de membres de sa famille, dont son épouse et ses fils, assistaient émus à la cérémonie. Enfin notre Section des DPLV était particulièrement à l’honneur puisque le général Pacaud est membre du Bureau et que Bernard avait tenu à inviter le commandant Bonnaire avec le drapeau des Paras, l’adjudant-chef Bouthier portant le drapeau de la Coloniale, et le caporal-chef Derrien, lui-même Officier de la LH tenant le drapeau des DPLV, et enfin moi-même président de la Section.

A signaler pour l’anecdote que la promotion 705 de Cherchell (495 élèves) comportait à la même date et dans les mêmes lieux Bonnaire et Fiorio, simples EOR à l’époque, et tous les deux affectés dans la même Section de la compagnie du capitaine Montbioux, mais pas dans celle de Bernard. Quelle étrange circonstance, vous avouerez!

La collation qui a suivi, puis le repas excellent ont ravi tous les participants, tant l’ambiance était chaleureuse et patriotique.

Et satisfaction supplémentaire, Bernard Truc a souhaité rallier notre Section des DPLV, le dossier est en cours. Bravo Bernard, à bientôt pour ton intronisation.

Roger FIORIO.

6La Légion d’Honneur à Manuel PALENZUELA

Ce 8 juin 2011, devant une haie de 22 drapeaux du monde combattant rassemblés au monument aux morts de la ville de BEZIERS lors de l’Hommage National aux Morts pour la France en Indochine, le colonel MOREAU, vice-président, a remis les insignes de chevalier de la Légion d’honneur à notre nouvel adhérent Manuel PALENZUELA.

Né le 16juillet 1921 à Sidi-Bel-Abbès, enAlgérie, soldat au 63°

régiment d’artillerie d’Afrique, Manuel PALENZUELA a participé aux ‘1 campagnes d’Italie, de France, d’Allemagne et d’Autriche.

Cité à l’ordre de la division pour « avoir fait preuve d’un sang-froid

particulièrement digne d’éloges lors d’un tir violent de mortiers ennemis sur notre observatoire ... »

Blessé le 21 février 1945, en Alsace, il est titulaire de la croix de guerre 1939/1945 et de la Médaille Militaire.

Ouvrier d’Etat (ministère de la Défense) pendant plus de 25 ans.

La Légion d’Honneur à Bernard ROSSICe 20 juillet dernier, dans le salon d’honneur de l’hôtel de ville, de Nissan-lez-Ensérune, près de Béziers, le colonel Claude Maure! remettait les insignes de chevalier de la Légion d’honneur à notre ami Bernard Rossi entouré de son épouse, de sa famille et de ses amis. En quelques mots il rappelait que le jeune cuirassier Rossi, engagé volontaire en août 1941, après avoir séjourné en métropole, au Sénégal, au Maroc, en Algérie allait rejoindre l’Angleterre avant de combattre en France au sein de la 2° D.B. du général Leclerc et participer à la bataille de Normandie, à la libération de Paris, a campagnes des Vosges et d’Alsace, puis de la poche de Royan.

Conducteur de char courageux apprécié de ses chefs pour son calme, son sang- froid et pour ses connaissances techniques, autant de qualités qui lui valurent la croix - de guerre 3 9/45 avec deux citations élogieuses et une décoration américaine.

A la fin de la guerre de retour dans la vie civile, Bernard Rossi entamait une carrière dans la gendarmerie qu’il devait quitter en décembre 1975 avec le grade d’adjudant-chef, et titulaire de la Médaille Militaire.

Après la remise de cadeaux, le maire de Nissan décernait à notre ami la médaille i de la commune et il invitait l’assistance à apprécier cocktail offert par la municipalité.

Jacques BOUTHIER, Officier de la Légion d’HonneurDevant une vingtaine de drapeaux du monde combattant qui, à l’occasion de

la commémoration des combats de Bazeilles, entouraient le monument aux Morts de Bafflargues, notre ami Jacques Bouthier, ancien adjudant-chef des Troupes de Marine, a été fait Officier de la Légion d’Honneur le17 septembre 2011.

Avant que le général Pacaud ne lui remette les insignes de son grade il a été rappelé à une assistance - fort nombreuse- que Jacques Bouthier fut, en son temps, un valeureux chef de commando-partisans en Indochine (2 séjours prolongés), d’une harka qu’il a lui même constituée en Algérie puis d’une section d’éclairage en Nouvelle Calédonie.

Blessé en 1950 en Cochinchine et en 1952 au Tonkin, médaillé militaire à 24 ans pour services exceptionnels, titulaire de cinq citations plus élogieuses les unes que les autres, Jacques Bouthier a rarement servi dans les unités régulières. Volontaire, courageux, calme, réfléchi, disponible sur les terrains opérationnels et autres, il a été tout au long de sa carrière de 22 ans (dont 7 ans en « opérations-guerre ») un sous-officier estimé et apprécié tant de ses chefs que de ses subordonnés.

7 INFO / REALITES

Du pétrole en 2014 au large de la Guyane ?

Annoncée début septembre par le groupe britannique Tullow Oil et ses partenaires (Total, Shell France et Northern Petroleum), cette découverte de pétrole a été réalisée à environ 150 kilomètres au nord-est de Cayenne, sur le puits GM-ES-1, foré par un peu plus de 2 000 mètres de profondeur d'eau et atteignant actuellement une profondeur de 5 711 mètres. Pour autant, la France ne devient pas encore un Etat pétrolier. Car,

comme l'a précisé Tullow Oil, si la présence d'hydrocarbures a effectivement été détectée, cela ne signifie pas encore l'existence d'un réservoir exploitable.

Comment Harmattan a couvert la visite de Nicolas Sarkozy et David Cameron en Libye

20/09/2011On en sait un peu plus sur les moyens mis en oeuvre pour couvrir la visite de Nicolas Sarkozy et David Cameron en Libye le 15 septembre. En complément du service de protection mis en place par l'Elysée, la sécurité du président français et du premier ministre britannique a été assurée par les unités déployées dans le cadre de l'opération Harmattan, à commencer par les

bâtiments de la Marine nationale intégrés à la Task Force 473. L'opération s'est déroulée en deux temps avec deux dispositifs parallèles, explique l'Etat-major des Armées. A l'aéroport de Tripoli tout d'abord, où le nouvel A330 présidentiel a atterri en milieu de matinée. Partis du bâtiment de projection et de commandement Tonnerre, qui croisait à quelques nautiques de la capitale libyenne, cinq hélicoptères de manoeuvre Caracal et Puma, appuyés par deux hélicoptères de combat Tigre, y attendaient les autorités, avec à leur bord des éléments de protection de l'armée de l'Air et du personnel médical. Leur mission a consisté à acheminer la délégation en toute sécurité vers le centre-ville, où Nicolas Sarkozy et David Cameron ont donné une conférence de presse commune. Une fois cette prise de parole terminée, ils ont effectué la manoeuvre inverse jusqu'à l'aéroport.

Un second BPC devant Benghazi

Le président de la République, le premier ministre britannique et leurs délégations ont ensuite gagné Benghazi par avion en début d'après-midi. La seconde phase de l'opération « Autorités » commençait pour les marins, terriens et aviateurs de la TF 473. Au large de Benghazi, c'est du BPC Mistral, cette fois, qu'un groupement d'hélicoptères a décollé pour être en mesure d'accueillir les autorités et leurs délégations à leur arrivée à l'aéroport, prendre en charge leurs déplacements et assurer leur protection. Pendant toute la durée de l'opération, les deux frégates de la TF 473 ont accompagné chacune un BPC dans les eaux libyenne : le La Fayette

aux côtés du Mistral et le Cassard près du Tonnerre. En parallèle, un important dispositif aérien était engagé par l'armée de l'Air et l'aéronautique navale. Des avions de combat, un drone Harfang et deux avions de patrouille maritime Atlantique 2 ont, ainsi, assuré dans le ciel l'étanchéité de la bulle de sécurité.

Puma accompagné de 2 Tigres

Puma devant l'avion présidentiel

Puma et Caracal s'approchant d'un BPC de la Marine nationale crédits : EMA

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Unités décorées de la croix de la valeur militaire avec palme à titre collectif au titre des opérations extérieures PAMIR, LICORNE, HARMATTAN12 de ces unités ont été décorées par le Président de la République le 11 novembre 2011.A terme, les personnels de ces unités pourraient être autorisés à porter la fourragère créée à cet effet aux couleurs de la Valeur militaire.

Liste des régiments et unités décorés :

Afghanistan / OPS Pamir (14)

Groupement blindé de gendarmerie mobile - 7ème Bataillon de chasseurs alpins 1er Régiment de chasseurs parachutistes - Escadron d’hélicoptères 1/67 « Pyrénées »Escadron 23/7 de la gendarmerie mobile - 6ème Cie du 13ème régiment de dragons126ème Régiment d’infanterie - 21ème Régiment d’infanterie de marine5ème Régiment d’hélicoptères de combat - 4ème Régiment d’hélicoptères des forces spéciales13ème Régiment de dragons parachutistes - 1er Régiment de parachutistes d’infanterie de marineCommando Jaubert - Escadron de drones 1/33 - Hôpital des armées / Percy

Côte d’Ivoire / OPS Licorne (3)

12ème Cuirassier - Bâtiment de projection et de commandement (L9014) Tonnerre2ème Cie du 16ème bataillon de chasseurs

Libye / Harmattan (12)

Porte-avion Charles-de-Gaulle (R91) - Escadron de chasse 3/3 Ardennes1er Régiment d’hélicoptères de combat - Escadron de chasse 1/91 Gascogne3ème Régiment d’hélicoptères de combat - Frégate CourbetPatrouilleur de haute mer LV Lavallée - Sous-marin nucléaire d’attaque Améthyste Groupe de ravitaillement en vol 2/91 Bretagne - Escadron de chasse 2/4 Lafayette Escadron de détection et de contrôle aéroporté - Escadron de chasse 1/7 Provence

Libye / Harmattan + Côte d’Ivoire / OPS Licorne (2)

Flottille 23F - Bâtiment de projection et de commandement Tonnerre (L9014)

Afghanistan / OPS Pamir + Libye / Harmattan (1)

Flottille 12F

Afghanistan / OPS Pamir + Libye / Harmattan + Côte d’Ivoire / OPS Licorne (3)

Groupement d’intervention de la gendarmerie nationaleEcole du personnel médical des armées - Base pétrolière interarmées

9 67ème ANNIVERSAIRE DU DÉBARQUEMENT à CAP d’AGDE

Ce 15 août 2011, comme les années précédentes, le 67° anniversaire du débarquement des Alliés en Provence a été célébré au Cap d’Agde sur le site de la Grande Combe.

Une foule nombreuse évaluée à 7 ou 800 personnes - parmi laquelle de nombreux touristes — avait répondu à l’invitation du président des anciens combattants et de la municipalité.

Précédé d’une dizaine de véhicules de la 2° guerre mondiale (jeeps, 4x4, GMC, ambulance ...) et d’une vingtaine de drapeaux des associations patriotiques, le cortège s’est formé sur le parking de la Grande Combe avant de se rendre, musique en tête, au Mémorial de l’Armée d’Afrique.

Débutant par le lever des couleurs et la sonnerie « Aux Morts », la cérémonie s’est poursuivie par le dépôt de plusieurs gerbes précédant les discours du président des anciens combattants -entouré de sept vétérans du débarquement — et du député-maire d’Agde, tous deux rendant hommage aux valeureux combattants du 15 août 1944 et remerciant vivement les associations qui perpétuent le devoir de mémoire.

Pour terminer, la musique ayant exécuté la Marseillaise et le Chant des Africains, les participants ont pu se désaltérer aux « guitounes-bars » mises en place généreusement par la Ville.

Robert BAYLE

En marge de cette fort belle cérémonie du souvenir; rappelons la conclusion du discours du Général de MONSABERT prononcé lors de l’inauguration de l’Obélisque de Saint-Raphaël élevé à la mémoire de l’Armée d’Afrique:

« Cette Armée d’Afrique de la Libération était une image de ce qu’aurait pu être une Afrique du Nord française.

N’oublions pas que GIRAUD avait mobilisé vingt classes de Français d’Afrique du Nord et que 15.000 à 20.000 volontaires sont venus de métropole à travers les Pyrénées et les prisons d’Espagne pour chercher le chemin de la Libération. Cela a créé une fusion intime des pieds-noirs, des métropolitains et de nos soldats du Maghreb, fusion qui a renforcé la cohésion de nos unités et la solidarité des armes et des services, véritables marques d’une armée capable d’emporter la Victoire.

Je n’oublierai jamais le cri du lieutenant tunisien El Hadi avant de tomber mort sur son objectif:

«Vive la France ».

Puisse l’amitié franco - maghrébine de l’Armée victorieuse d’Afrique du Nord renaître dans un avenir de paix et d’entente cordiale

_______________________________________________________________________________ Le précédent bulletin était déjà « à la frappe » lorsque nous fut annoncé le décès de Gilbert STRUB. C’est donc avec quelque retard que nous rendons hommage à notre ami apprécié pour sa bonne humeur; sa fidélité et son attachement à notre Association.

Né le 8 novembre 1916 Gilbert STRUB est mobilisé en 1939 lors de la déclaration de guerre. Il quitte son Algérie natale pour rejoindre le 27° Bataillon de Chasseurs Alpins et participer à la campagne de France. Prisonnier des Allemands, il s’évade, retrouve l’Algérie avant d’être à nouveau mobilisé après le débarquement des Américains en Afrique du Nord.

Il participe aux campagnes de Corse, d’Italie et de la Libération. « . . . toujours volontaire, d’un dévouement et d’un courage exceptionnel, magnifique de sang-froid... », blessé à deux

reprises, titulaire de la croix de guerre 1939/1945 et de 2 citations, Médaillé Militaire Gilbert STRUB était Chevalier de la Légion d’Honneur.

10 La guerre d’Algérie - Témoignage - la fin du général BELLOUNIS

Les grands partis indépendantistes algériens étaient jusqu’en 1957 le MNA (Mouvement Nationaliste Algérien) et le FLN (Front de la Libération Nationale). Les deux ont agi plus ou moins de concert jusqu’en 1957, période pendant laquelle ont commencé à prendre corps des

dissensions de plus en plus importantes entre ces deux partis. Il faut rappeler que les affrontements sanglants entre ces deux partis ont causé en France métropolitaine environ 3967 tués et plusieurs milliers de blessés.

Le 28 mai 1958, six katibas FLN encerclent le bourg de Mélouza -700 habitants-, situé près de M’Sila entre la Kabylie et le Constantinois, et y pénètrent pour massacrer la totalité de la population mâle sur ordre du colonel Mohammedi Saïd (300 morts).

Trois jours après, le chef militaire du MNA, le général Bellounis prend contact avec le capitaine Pineau, du Centre de Recherches et d’Opérations du Gouvernement Général de l’Algérie, pour l’informer qu’il se ralliait à la France. Il y mettait toutefois certaines conditions, demandant que Messali Hadj et le MNA soient parties prenantes dans le futur statut de l’Algérie et que lui-même soit considéré comme le chef suprême de l’ANPA (Armée Nationale du Peuple Algérien). Donc, il s’installe avec 4.000 ? (À mon avis 2.000) hommes payés et équipés par l’armée française, dans un territoire situé près de Bou-Saada, au sud de la Kabylie. Un de mes camarades, lieutenant au 11° Choc était en permanence à son QG en qualité d’officier de liaison.

Ses troupes participaient, plus de loin que de près, aux opérations menées par notre armée contre 1’ALN, son habitude étant de demander un soutien aérien dès les premiers accrochages avec les rebelles, sans trop se mouiller, par la suite.

En mai 1958 il adresse un courrier officiel à monsieur Guy Mollet, Président du Conseil à l’époque avec copie au général De Gaulle, menaçant de se joindre à nouveau au FLN si ses demandes n’avaient pas de réponse favorable.

Le 13 mai 1958, date inoubliable ... Nous nous retrouvons sans sous-préfet, sans autorités civiles, disparues comme par enchantement. Nous avons occupé la sous-préfecture laissée à l’abandon en attendant les ordres de qui de droit! Panique générale.

Que s’est-il passé à ce moment Je l’ignore, mais j’étais moi-même en poste à la sous- préfecture de Bou Saada, en qualité d’OR détaché auprès du 1 °REC commandé par le colonel Schmitz. Le 12 ou le 13 juillet 1958, nous apprenons qu’une bataille interne avait éclaté dans ses cantonnements, qu’il y avait plusieurs dizaines de morts et que le général Bellounis avait disparu. Le 1 ° REC décide d’envoyer plusieurs pelotons dans les environs du Djebel Zemra, et brusquement nous apprenons par message radio qu’un de ces pelotons avait appréhendé le fameux général en plein bled et tout seul.

En fait l’officier qui commandait ce peloton avait vu, à la jumelle, un chamelier complètement isolé et il avait décidé de le contrôler. L’homme prétendait ne pas savoir parler le français. Mais ce qui a intrigué les militaires c’est qu’il portait une chemise kaki en soie sous les autres vêtements. Dans les sacoches, de chaque côté de sa monture, il y avait des sacs de billets de banque qui venaient vraisemblablement de la solde de ses troupes qu’il avait abandonnées précipitamment. Pour le ramener rapidement à Bou Saada, un seul moyen, c’était l’hélicoptère, un Bell biplace piloté par le lieutenant Barachard. Donc le général Bellounis a été ramené, ligoté comme un saucisson, sur un des patins, à l’extérieur de l’hélico.

Après un interrogatoire au cours duquel il ne nous a pas appris grand chose, le problème s’est posé : Que faire de lui? Plus d’autorités civiles, judiciaires ou autres, présentes pour exercer les responsabilités.

Décision a donc été prise de rendre son commandement au général Bellounis en le ramenant à son quartier général. Ce qui fut fait malgré ses dénégations. L’accueil qui lui a été réservé peut se passer de commentaires. On n’a pas retrouvé grand- chose de lui quelques heures après.

L’armée française n’a pas tiré sur lui et ne l’a pas tué. Ses propres hommes ont décidé de son destin.

Capitaine Robert BAYLE

Corps des Officiers des Affaires Militaires Musulmanes

11 L’ OR.A

La Résistance des années 1940-1944 appartient à un ordre de faits historiques. Mais dans l’Histoire, de la France ce n’est pas un phénomène original. Sans remonter à Vercingétorix (av. JC) ou à Bouvines (1214) souvent considéré comme la première manifestation contre l’envahisseur, sans vouloir en établir une liste ni hiérarchiser les évènements, force est de constater qu’il y eut dans l’Histoire de la France nombre de précédents.

Après la défaite de 1940, la Résistance, comme par le passé, a pour origine l’attachement de tout un peuple à son histoire, à ses valeurs, à ses villages, à son terroir. Un peuple qui se lasse de la nature, de la continuité et des horreurs tant de la guerre que de l’occupation d’une partie de son territoire. Alors, pour sauvegarder l’identité, le patrimoine du Pays, les Forces de la Résistance de 40/44, souvent sur des voies et dans des formes différentes, s’engagent dans une lutte farouche contre l’occupant. Lutte marquée autant par des entreprises audacieuses que par les sacrifices des morts et des martyrs. Au nord et au sud de la ligne de démarcation qui partage la France en zone occupée et en zone dite libre vont surgir des noyaux et mouvements clandestins, plus ou moins bien charpentés, de durée souvent éphémère car traqués, décelés et frappés à mort par la gestapo et l’armée allemande qui ainsi en empêchent la croissance.

Dans cette Résistance multiforme et fragmentée du tout début va apparaître et s’organiser la résistance dans l’armée que l’armistice avait réduite à un corps de cent mille hommes stationnés en métropole. Les efforts de la résistance dans l’armée seront conçus en fonction d’un débarquement des Alliés en France même. Son action — demi clandestine de 1940 à fin 1942 puis totalement clandestine jusqu’en 1944 — restera parallèle à celles des autres résistants jusqu’au jour où toutes les Forces de l’Intérieur se regrouperont pour un dernier combat contre l’occupant.

L’encre de la signature de l’armistice est encore fraîche, et cependant dans certains Etats-majors germe l’idée que tout est possible. Dès à présent, il s’agit:

— d’expédier en Afrique du Nord le plus possible de matériel et d’armement,

— sur place de camoufler le maximum d’armes et de matériels avant que les commissions d’armistice n’arrivent,

— d’élaborer les plans d’une mobilisation clandestine,

— de préparer cette armée, malgré la faiblesse de ses effectifs, à reprendre le combat contre l’occupant quand les Alliés débarqueront sur le sol de France.

Tâche longue et difficile à laquelle vont s’atteler, malgré des difficultés énormes, des officiers et des sous-officiers, d’active et de réserve sous l’impulsion de Chefs parmi lesquels il faut citer: § Le général Colson, le commandant Mollard qui créent un service clandestin du camouflage du matériel (CDM) pour rechercher, aménager, mettre à l’abri les matériels, gérer les dépôts, et même envisager la fabrication de nouveaux matériels (châteaux, usines, couvents, casernes ouvrent leurs cachettes). Service considéré comme le premier de la Résistance et l’un des principaux; § Le colonel Du Vigier qui prend une part active à la mobilisation secrète des réservistes visant à doubler dans chacune des huit divisions militaires les effectifs et les matériels du « groupe mobile» j autorisé par l’armistice. Dédoublement prêt à entrer en action dès la fin 1941; § Le général Verneau qui, dans un milieu militaire rajeuni, passionné, traite, pour la première fois, de la guérilla sur le sol métropolitain et du repli de nos troupes dans les zones montagneuses; § Le colonel Rivet qui tire les conclusions d’un éventuel débarquement des Alliés en France auquel est subordonné l’engagement de l’armée d’armistice.

Ainsi se mettait en place un instrument de guerre prêt à reprendre le combat aux côtés des Alliés qui débarqueraient en France. Or cette opération alliée ne se produisit pas sur le littoral français Américains et Anglais débarquent en Afrique du Nord le 8 novembre 1942. En conséquence de quoi, le 11, les Allemands envahissent la zone libre et le 17 l’armée d’armistice est dissoute, et ses éléments dispersés. Tout s’effondrait, tout était à reconstruire, mais cette fois dans une clandestinité totale, selon des méthodes différentes et adaptées à cette nouvelle situation... Ce sera la mission de l’Organisation de la Résistance de l’Armée.

Dès la proclamation par l’ennemi de la dissolution de l’armée d’armistice, l’Etat-major (en l’occurrence les généraux Verneau et Olleris) décide:

12 § D’associer dans une action clandestine tous les membres de l’ancienne armée d’armistice qui, pour aider les Alliés le jour du débarquement en France, espèrent reprendre les armes très bientôt; § de préparer dans l’ombre la résurrection de l’armée qui avec ses propres forces participera à la Résistance et à la libération du territoire national ; § D’arrêter le principe selon lequel sera organisée la résistance de l’armée;

§ De trouver un Chef à même de faire l’union et de galvaniser les énergies. Le choix s’arrête sur le nom du général Frère qui accepte sans hésitation ce redoutable commandement. Ainsi se forme, autour de ce Chef, ce qui deviendra l’Organisation de la Résistance dans l’Année (l’ORA).

Pour l’ORA et son Chef, le devoir est tout tracé : de coeur avec tous ceux qui veulent se battre en écartant toute idée politique; reprendre le contact avec tous les officiers résistants dispersés à travers la France; servir où on peut, comme on peut.

Dans le programme de l’ORA, outre l’action armée, figurent la propagande contre l’occupant et la recherche du renseignement, un service le plus souvent confié à d’anciens officiers de l’arme des Transmissions et qui est en liaison avec les services spéciaux britanniques.

L’action de l’armée de la résistance s’étend sur tout le territoire, mais plus spécialement en zone sud qui offre plus d’effectifs, plus de matériels. Les groupements se forment selon les circonstances, selon les possibilités du moment, selon l’ardeur des volontaires. Dans leurs maquis, certains de ces groupes se présentent avec un caractère strictement militaire tel le « Corps franc Pommiès », dans le sud-ouest qui, le jour du débarquement, mobilise 12.000 hommes. D’autres, comme à Lyon, dès le début, détachent leurs officiers et sous-officiers dans des mouvements pour servir de cadres ou aider à la constitution de groupes francs. Que ce soit à Marseille, dans le Centre, le Cher, en Auvergne et ailleurs chaque groupement agit selon sa spécificité ... mais tous luttent pour la libération.

Dès la fin 1943, pour combattre l’oppresseur, l’ORA, en pleine extension, s’efforce de parfaire l’union avec les autres formations et groupes de résistance. Leurs actions -sabotages des moyens de transport, de production d’énergies; attaques sur les arrières de l’armée allemande; lutte contre les agents de la gestapo — sont reliées au « plan vert» conçu par le commandement allié.

En février 1944, I’ORA fusionne avec l’Armée Secrète (AS) et les Francs-tireurs et Partisans (FTP) pour former les Forces Françaises de l’intérieur (FFI), tout en conservant son autonomie d’action.

Après le 6 juin 1944 l’intervention heureuse de ses équipes entraînées et fortement armées permettra à l’ORA de retarder de plusieurs jours l’arrivée au lieu du débarquement des divisions allemandes. Plus tard, l’ORA reçoit, dans le sud-ouest, après trois jours de combat sur le plateau de Laimemezan la capitulation de la garnison ennemie de Tarbes et, dans le Cher, la reddition d’une colonne de 18.000 allemands.

Par ailleurs, il faut noter au nombre des réalisations de l’état-major de l’ORA, l’organisation des parachutages d’armes et celle des filières d’évasions qui, à travers les Pyrénées, permettront à nombre de jeunes, après avoir été internés dans les geôles espagnoles, de gagner l’Afrique du Nord et de s’engager dans ce qui deviendra l’Armée d’Afrique ou la 2° DB.

Après le débarquement du 15 août 1944, en liaison avec leurs camarades de combat FFI, les volontaires de l’ORA vont participer à la lutte ouverte de la Résistance et obliger les Allemands, harcelés de toutes parts, à s’enfermer dans ses garnisons.

Dans les mois qui suivent, réincorporé dans l’armée régulière, le soldat français trouve toute sa place dans les combats de la Libération qui vont le conduire jusqu’au Rhin et au Danube. Belle revanche ... mais à quel prix? En deux ans de clandestinité l’ORA a perdu 1.600 de ses combattants de l’ombre, et 360 de ses 800 déportés dans les bagnes allemands ne reviendront jamais.

Lucien MOREAUSources:

La France & son Empire en guerre (ELF) — Le Général Frère (Flammarion)— Secrets du réseau CDM (Lavauzelle)

13 Regards sur la campagne d’Italie (1943/1944)

Pour une campagne qui dura à peine huit mois pour certains, cinq mois pour d’autres, mais d’une intensité qui n’eut pas d’égale, et pour une petite armée progressivement insérée, puis engagée au feu dans le cadres de la 5 ème Armée Américaine, et qui ne compta guère, au plus fort des empoignades, que quatre divisions plus les Groupements de Tabors Marocains, les chiffres sont leur sombre éloquence ! ... Ils disent ceci:

11.600 tués ou disparus . ..29.913 blessés, dont un bon nombre sont morts, après évacuation sur l’Afrique suite de leurs blessures. ... Soit un total de 41.521 morts ou mis hors de combat!

Imagine-t-on que dans les régiments ainsi engagés, et dont la relève au cours de ces huit mois, fut pratiquement impossible, les pertes dépassèrent celles -pourtant effarantes- de deux ou trois années de le Grande Guerre de 1914/1918?

Imagine-t-on que les effectifs de tel ou tel régiment, sans jamais quitter le combat, furent, progressivement, entièrement reconstitués, cinq et six fois. Et que jamais le moral ne flancha?

Un rêve passe

Combats et souffrances de l’hiver 1943/1 944, dans le massif montagneux des Abruzzes, au climat si rigoureux, parmi les tornades dont nul, parmi nous, n’avait soupçonné l’intensité! Dans la neige et la glace, dans la gadoue, face à un ennemi dont le mordant était égal au nôtre et qui avait su, de façon extrêmement sagace, préparer sa puissante ligne de résistance au plus étroit de la Botte Italienne, fortifiant toutes les hauteurs d’où il dominait, par la vue et par le feu, tout le secteur barrant tous les accès, tous les défilés, toutes les plus minimes voies d’accès et de pénétration, grâce à un tout puissant système de destructions et de fortifications ... au delà duquel il avait tous motifs de se croire imbousculable.

Ce secteur, que le nom de CASSINO fixe à jamais dans la mémoire des hommes qui l’associent étroitement à celui de VERDUN, ne comportait aucune possibilité stratégique de débordement par les ailes. Il faudrait, bel et bien, pour passer, foncer « bille en tête » sous un ouragan de feu, dans la plus dure et seule possible « bataille frontale» qui se puisse imaginer !

C’est exactement cette inouïe bataille frontale que notre Général JUIN sut concevoir pour l’ensemble de ce front d’Italie, qu’il sut, certes non sans peine, faire adopter par nos alliés, que de puissants échecs précédents avaient ouverts à plus de sagesse et d’audace raisonnée, à plus d’inquiétante prudence aussi ...

Et c’est bille en tête au plus dur du secteur qui fut (il le revendiquait du reste) attribué au Corps Expéditionnaire Français.

JUIN savait très bien, du reste, et très objectivement il avait mûri le problème que, seules, ses troupes de l’Armée d’Afrique étaient (Oh, gloire incomparable de nos sublimes Tirailleurs et Goumiers, non moins que leur encadrement, composé presque exclusivement d’ardents et mordants pied-noirs !) capables d’escalader ce terrifiant massif montagneux, choisi pour un tel exploit et cela en des conditions de vitesse et de rudesse telles qu’elles leur permettraient, en un temps record — la chance essentielle du succès était là- de grimper, de briser, de foncer et tombant tout à coup sur les flancs et dans le dos de l’Allemand, rageur, sidéré, d’exploiter alors l’attaque générale sans rémission, la percée désormais réalisée

C’est exactement ce qui s’accomplit!

14 Au soir du 11 mai, à 23 heures très exactement, se déclencha, brève mais d’une intensité sans pareille, une préparation d’artillerie terrifiante, tout au long de la vallée du GARIGLIANO, entre la mer et la vallée du Liri, de funeste mémoire...

Quand, subitement, elle cessa (cela personne ne l’a oublié), le chant d’innombrables rossignols s’empara de la vallée... Et ce fut, dans les clameurs africaines, l’inoubliable démarrage de tout le CEF, puis tout le front d’Italie s’ébranla.

Les premières 24 heures furent, certes prometteuses, mais non décisives.

Il y eut de l’anxiété dans les hautes sphères du Commandement Allié.

JUIN bondit aux premières lignes, soucieux mais résolu.Dès son retour, il lança l’ordre décisif, de la reprise de l’attaque, et ce fut à nouveau dans les mêmes clameurs, la ruée en avant

Et ce fut la Victoire. La route de Rome était ouverte...On s’y engouffra.

Trois semaines de rudes combats.

Puis au matin du 5 Juin, dimanche de la Sainte Trinité, ROME était prise, ROME était libérée! Un rêve passe ... Oh le beau rêve ... vécu!

La bataille continue : Viterbo, Montéfiscone, lac de Vico, lac de Bolsena, Radicofani, Sienne, libérée par nous au matin du 4juillet ... San Geminiano, Colle di Val d’Elsa.

Fin juillet, aux abords de Florence, le C.E.F. fut retiré du front d’Italie, pour un rapide regroupement et une rapide réfection de ses Unités fourbies et meurtries.

Et ce fut l’embarquement...

Et ce fut le débarquement, en France, pour une nouvelle épopée, sanglante, glorieuse, celle de la libération de la PATRIE.

Sur les côtes de Provence, les cigales prenaient le relai des rossignols des Abbruzes et du Latium, des Lucioles de Toscane ...Rhône, Rhin et Danube!

Un grand rêve passe ... est passé!

Les survivants ne sauraient oublier.

R.P. Louis JARRAUX, Aumônier du CEF en Italie

(Extraits de l’un de ses discours)

Pour mémoire

Le Corps Expéditionnaire Français en Italie, constitué en Afrique du Nord le 22 mai 1943, sous les ordres du Général JUIN avec pour chef d’état-major et sous-chef d’état-major les généraux CARPENTIER et ZELLER, devait entrer en ligne le 16 décembre 1943. Puis, pour s’intégrer à la 1ère armée française il en était retiré le 22 juillet 1944.

Ses grandes unités:

En automne hiver 1943

- la 2ème Division d’infanterie Marocaine (Les 40, 5 8°RTM le 63°RAA, 1e3°RSM) - la 3ème Division d’Infanterie Algérienne (Les 3°et 7°RTA, le 4°R77 le 67°RAA, le 3°RSA)- le groupement de Tabors Marocains (Les 1er, 3ème et 4ème Tabors)

Au début 1944 en renfort

-la 4ème Division Marocaine de Montagne (Les 1er, 2ème et 6ème RTM le 69° RAM le 4ème RSM) - la 1ère Division Motorisée d’Infanterie(Les 1ère, 2ème et 4ème brigades, le 1er R. Fus. Mar., le 1er RAA) - Eléments non endivisionnés : 7ème et 8ème RCA, 640 RAA, RA CL, 101ème Rgt du Génie.

Les effectifs: 120.000 hommes — 12.000 véhicules - 2.500 animaux.

15 SAS en KABYLIE, LA MORT D’AMINA ET DE YAZAG

Le 28 décembre 1960, non rengagé, je franchissais la porte de la grande ferme de la région algéroise où l’EMT1 du 3ème REI était cantonné, après une fort belle fête de Noël : ma section avait gagné le concours de crèche et magnifiquement chanté « Douce nuit » en allemand, puis le réveillon s’était terminé en une beuverie mémorable accompagnée de chants de plus en plus discordants et la crèche en avait souffert.Donc je franchissais la porte en civil, le crâne rasé et les poches quasiment vides. Le jeune légionnaire JIMENEZ, au nez un peu tordu, reste probable d’une bagarre, me gratifia d’un impeccable « présentez…armes », faisant rudement claquer sa main sur le fût en me regardant droit dans les yeux ;…Oui, à la section, on m’aimait bien !C’était « Barbe d’acier » qui n’avait pas voulu me rengager. Il avait d’ailleurs tenu à s’en expliquer et m’avait convoqué dans sa tente PC. Figé au garde à vous, j’écoutais à peine ce qu’il me disait, très ému ; mais j’entendis tout d’un coup ses dernières paroles : « finalement, Bain, je regrette ! » ; à quoi je répondis « faut jamais rien regretter, mon commandant ! ». Je demandais la permission de disposer, saluait, fit le quart de tour indispensable et sortit.Un sacré coup sur la tête, quand même… Et puis on ne se fait pas foutre dehors sans fautes de comportement !« On vous rengagera partout ailleurs comme officier.Mon commandant, si je suis trop con pour être officier à la Légion, c’est que je suis trop con partout

pour faire un officier ! »

Ma première idée fut de rengager comme simple légionnaire. Je me rendis à l’antenne de recrutement Légion d’Alger où il me fut répondu que j’étais trop connu à la Légion pour qu’on puisse m’y accepter comme simple légionnaire. J’en chiâlais !Descente à BATNA pour rengager comme sergent au 18ème RCP, mon ancien régiment para. Sans même que je puisse me présenter, un officier que j’avais eu comme lieutenant adjoint et qui ne m’appréciait guère (c’était réciproque) m’éconduisit méchamment.Retour à Alger où mon oncle Pierre et sa famille ont la gentillesse de m’héberger. Passage à l’hôpital pour refermer une plaie sur mon mollet blessé que j’avais sans doute un peu trop sollicité. Demande écrite de rengagement comme sergent au 2ème et 3ème RPC (régiments de parachutistes coloniaux). Moments de désespoir égayés par la rencontre en ville de sous-off de mon ancienne compagnie Légion, la gentillesse de mes cousines, le geste sauveur de ma cousine Annie et de son mari venus me tirer de l’hôtel minable où je dormais avant d’aller coucher dans les chantiers, n’ayant plus d’argent.Passage à Laghouat de 3 jours comme gérant d’hôtel terminé au bordel de la compagnie saharienne Légion en compagnie d’une putain française sympathique que j’avais connue à Alger au cours d’une brève permission : on a surtout bu et chanté !Retour à Alger, où, par chance, on me propose d’aller servir dans la SAS de MECHTRAS (Grande Kabylie) comme attaché à titre civil, autorisé à porter la tenue militaire. Toujours lieutenant de réserve, je retrouvais donc mes galons.Le lieutenant qui commandait la SAS était un OR comme moi, sympathique et convaincu de sa mission. Il vivait en famille et me reçut fort correctement. Les SAS, c’était tout nouveau pour moi.J’avais tendance à les considérer comme des planqués et je doutais de l’efficacité de leur mission humanitaire.Les bâtiments de la SAS étaient imposants et l’ensemble était clos d’un mur et d’un grand portail plein en tôles.Un jeune aspirant basque d’une haute moralité complétait l’encadrement français.L’argent ne manquait pas, tout comme les projets.Le chef de SAS décida de m’envoyer dans un village au pied de la montagne, à AÏT IDJA. La piste qui y menait traversait une forêt d’oliviers sur près de cinq kilomètres.Ce village était dominé par le poste d’une section de chasseurs alpins. La montagne s’élevait aussitôt, derrière le poste vers des sommets encore enneigés.Le chef de poste, un lieutenant savoyard « cyrard » calme et solide, disposait aussi d’une harka. Pas particulièrement attiré par l’Algérie, il sentait bien qu’un vent d’abandon commençait à souffler mais n’en était pas troublé outre mesure.Le village était coupé en deux par un ravin. Rive droite, un beau village berbère, rive gauche, les personnes regroupées dans des gourbis aux toits de paille, qui pouvaient voir leurs anciennes demeures abandonnées accrochées au flanc de la montagne. L’autodéfense, armée de fusils de

16 chasse, était commandée par un père de famille à la tête de mongol, coiffé d’une calotte rouge. Je ne sais pourquoi, il ne m’inspirait pas confiance.Le maire était un « vieux » d’une cinquantaine d’années, courageux et droit (il avait fait le pèlerinage à La Mecque) qui avait été souteneur à Paris dans sa jeunesse et en avait ramené une blessure au ventre par arme blanche et un visage creusé marqué par la boisson. A côté de sa maison se trouvait le café maure.Le garde champêtre portait képi et pistolet à la ceinture. Jovial et beau garçon, il lissait volontiers sa moustache aux pointes légèrement relevées. Comme le maire, il parlait très bien le français et je me sentais bien en leur compagnie. De plus le garde champêtre était mon interprète.Mon logement se composait d’une pièce assez longue, adossée au ravin, sans autre ouverture que la porte et un fenestron, et je disposais d’un petit bureau juste à côté.J’eus l’occasion de pénétrer dans quelques maisons aux toits de tuile du village proprement dit. Les femmes n’étaient pas voilées et portaient des fichus brodés, parfois « emperlés ». Les intérieurs étaient propres avec des panneaux de rangement en terre peinte de motifs géométriques de couleurs variées où le rouge et l’ocre dominaient. On y voyait aussi, chez l’une ou l’autre, un métier à tisser pour confectionner des couvertures ou des tapis.Le général de Gaulle avait décidé d’accélérer le développement de l’Algérie (le plan de Constantine ?) et les SAS se développaient avec des moyens relativement conséquents.Peu de temps auparavant, cherchant du travail, j’avais eu un rendez-vous à la terrasse d’un café d’Alger avec un vieux colonial qui faisait des affaires dans les matériaux de construction. Ce monsieur qui avait connu les dernières années de l’Indochine française m’avait dit : « tout cet argent et ces travaux, c’est le signe que la France va partir bientôt ».Toujours est-il que dans notre petit village d’Aït Idja, on construisait des logements en dur pour y installer quelques moghaznis. Une attachée féminine franco musulmane donnait des cours de soin et d’hygiène aux femmes une fois par semaine. Le poste militaire fournissait l’instituteur.Quelques jours après mon arrivée, la compagnie de chasseurs alpins de Mechtras m’envoya une pauvre fille, TESSAADIT, passé des mains des « fells » à celles des chasseurs, avec son bébé. Elle était toute maigre, plutôt grande avec un petit visage et des cheveux noirs lisses. Elle ne parlait pas un mot de français et tremblait de peur dès que je l’approchais. Je la logeais sur un lit picot (pliable) dans mon modeste logis, espérant qu’elle serait capable de faire la cuisine et de participer aux corvées diverses (Bien entendu, il n’y avait ni eau courante ni WC). L’agrandissement de mon logis avec une pièce supplémentaire et quelques aménagements sanitaires devint mon objectif prioritaire. Cette Tessaadit n’était pas la bienvenue au village mais grâce à l’entregent du garde-champêtre, j’espérais qu’avec le temps, elle trouverait sa place parmi les villageoises.Ma mission n’était pas très clairement définie et dans l’immédiat, j’avais beaucoup à apprendre : essayer de comprendre ce nouveau milieu et connaître la population. Plus tard, si possible, je participerai efficacement à l’évolution paisible du village vers des jours meilleurs sous le drapeau français.Mon espérance première était que les « regroupés » puissent rejoindre au plus vite leurs mechtas. Dans l’immédiat, c’était irréaliste.Dès mon arrivée, une belle jeune fille blonde aux yeux bleus « réfugiée » m’avait attiré et, à ses regards, je crus comprendre que je ne lui étais pas indifférent.Les femmes « regroupées » vinrent me voir dans mon « bureau » pour exposer leurs doléances : le mari, le fils avaient disparu, la distribution de vivres les aurait défavorisées. C’était difficile de démêler le vrai du faux. Pour les hommes disparus, ils avaient pu être tués dans les rangs des bandes FLN au cours d’accrochages, tués par le FLN pour des raisons diverses, tués par les sbires du DOP (détachement opérationnel psychologique) qui ne faisaient pas dans la dentelle pour obtenir des renseignements.Je les écoutais, faisais traduire par le garde champêtre, notais sur un cahier les renseignements sur la famille, les noms des disparus, et renvoyais ces dames avec amabilité en disant que je ferais mon possible mais que cela prendrait sûrement du temps.

Il y eut une grande réunion des SAS pour inaugurer, je crois, un magnifique centre de regroupement dans le secteur de TIZI OUZOU. J’y participais. Un jeune lieutenant passionné nous fit visiter une toute nouvelle maison du regroupement, plutôt claire, bien propre avec les habituels rangements en casiers fraîchement peints. Les femmes kabyles avaient revêtu leurs habits de fête, robes colorées, fichu brodé emperlé attaché à l’arrière de la nuque. Certaines étaient jeunes et fort belles. Je ne sais plus si l’on eut droit à des discours sur l’extinction de la rébellion et l’avenir des cinquante cinq millions de français « de Dunkerque à Tamanrasset ». Ce qui est sûr, c’est que le méchoui fut excellent (une dizaine de moutons).

17 Les conversations des officiers revenaient sans cesse sur l’avenir de l’Algérie. Les plus jeunes ou ceux arrivés en Algérie depuis peu faisaient confiance à de Gaulle et croyaient en un avenir commun France métropolitaine/Algérie. Les plus anciens qui avaient fait l’Indochine doutaient sérieusement et s’inquiétaient du devenir des français musulmans servant à nos côtés. C’était aussi mon sentiment. Certes, la capacité guerrière du FLN était devenue très faible mais la conquête des cœurs n’était pas acquise.Quelques jours après, j’allais chercher en jeep à MECHTRAS , Amina, la jeune attachée féminine en tout début de matinée pour son activité hebdomadaire de soins et conseils aux femmes.Je devais la ramener en fin de journée. Le moqadem (sergent) Mohamed, un arabe fin et discret vint me prévenir que des villageois l’avaient informé que ce soir la forêt de Tiniri ne serait pas sûre.D’après le chef de poste, il n’y avait plus guère de rebelles dans le coin. En bon « fonctionnaire », je décidais de prendre la piste en partant un peu plus tôt qu’à l’habitude.Vers 17h, la jeep démarra. Je conduisais avec à ma droite Amina. Derrière moi, Mohamed, à sa droite Yasag, un jeune moghazni, fils d’un sergent de la harka.A cette heure, la forêt d’oliviers était encore fréquentée, mais aujourd’hui personne.On roulait depuis quelques minutes quand des rafales et des coups de feu atteignirent la jeep dont je perdis le contrôle, retenant Amina, tuée dès les premiers coups de feu ; la jeep s’arrêta, moteur calé, son bord gauche cognant contre un muret haut d’un demi mètre. Je saute le muret, Mohamed fait de même ; Yazag, resté dans la jeep était mort, le fusil encore entre les jambes. Je sors mon pistolet du holster que je portais sous ma veste camouflée et tire quelques coups vers la murette et les arbres de l’autre côté de la piste tandis que Mohamed rampe jusque dans la jeep pour récupérer le MAS 36 de Yazag : on s’attendait à un assaut des rebelles qui ne devaient être que trois ou quatre, mais rien.La section d’intervention des chasseurs alpins de MECHTRAS avait dû entendre les coups de feu et les fells préférèrent s’esquiver.De fait, la section arriva peu après.Les morts furent embarqués dans un 6X6, la jeep prise en charge par un lot 7.Je ne sais où Amina fut enterrée. J’assistais le lendemain à la mise en terre de Yazag à Aït Idja dans une pièce de tissu blanc cousu en présence des hommes de sa famille, du maire, du garde-champêtre, de Mohamed, de membres de l’autodéfense et de deux moghaznis. Il n’y eut pas de remise de croix de la Valeur Militaire. Je ne fis pas de discours…Yazag devait sa mort à mon orgueil et ma témérité, tout comme Amina.L’après-midi, je fis rassembler la population et dans une brève harangue, je lui demandais de prévenir les fells pour que la prochaine fois ils soient plus nombreux et plus courageux. Et pour finir, on arrosa tout le monde au jet d’eau dans une espèce d’absolution. C’était un peu ridicule mais moins brutal que de bâtonner quelques suspects de sympathie « fell » comme voulait le faire un inconditionnel de notre bord.Il est probable qu’Amina, Yazag et Mohamed reçurent par la suite la croix de la Valeur Militaire comme je l’avais demandé à mon supérieur mais je devais quitter l’Algérie avant que cela fût fait.

... Quelques jours après, j’entendis l’appel à la radio des généraux putschistes invitant les unités à se rallier à eux, refusant la politique d’abandon de l’Algérie, terre française, comme l’envisageait clairement le général de Gaulle.

En Algérie depuis plus de 4 ans, j’avais pu constater la montée en puissance des forces armées du FLN et sa décrue à partir de 1959. J’avais encore dans les oreilles les mots de Pierre MESSMER devant un parterre d’officiers à BOUIRA l’année précédente : « ...messieurs, cette guerre est comme une autre et nous la gagnerons... ». Et puis, nous n’avions pas fait tant de saloperies dont l’unique justification était la victoire pour nous en aller, alors que cette victoire sur le terrain était presque acquise. L’Algérie française, j’y croyais et j’étais prêt à suivre les putchistes.

J’allais donc voir le chef de poste, pas très enthousiaste, mais prêt à suivre sa hiérarchie. Son capitaine ne se décida pour la légalité que le lendemain et mon camarade chef de poste fit de même : les armes des harkis furent enchaînées. Au final, nous n’étions que quatre, au village, à être clairement partisans du putch : le maire, le garde champêtre, un berbère francophone et moi.

Estimant que je ne pouvais rien faire d’utile sur place, je décidais de rejoindre le 1er REP à Alger.

Michel BAIN

18 RWANDA, le pays des mille collines (Devise : Unité, Travail, Patriotisme)

La visite du président du Rwanda Paul Kagamé en septembre 2011 en France faisait suite à celle du président Nicolas Sarkozy à Kigali l’année précédente où ce dernier avait reconnu une forme d’aveuglement sur la dimension génocidaire du régime hutu (1994).Ce réchauffement des relations diplomatiques rwando-françaises est vécu par les militaires français qui ont participé à l’opération TURQUOISE (juin, juillet, août 94 sous mandat de l’ONU avec mission de mettre fin aux massacres partout où ce sera

possible, éventuellement en utilisant la force...) comme une insulte à leur honneur et à la France, des officiers français, dont le général J-C Lafourcade, patron de l’opération, ayant été accusés de complicité de génocide par un tribunal rwandais sur des témoignages à la fiabilité plus que douteuse.Rappelons que l’opération Turquoise a pu créer une zone humanitaire sûre dans le sud-est du Rwanda où les milices et forces régulières rwandaises (repoussées par celles du FPR de Paul Kagamé) ont été désarmées ; le FPR n’a pas pu pénétrer dans cette zone tout le temps de l’opération turquoise. Les ONG ont pu y porter assistance à une masse de réfugiés, principalement hutus, fuyant l’avancée du

FPR et craignant les représailles.

Tutsis et hutus : il est de bon ton de dire que les ethnies ont été créées par le colonisateur belge qui a pris la suite de l’allemand après la 1ère guerre mondiale. Il serait plus juste de dire que les belges se sont appuyés sur la hiérarchie préexistante du temps des rois du Rwanda, où la domination tutsi était la règle (dernier roi déposé en 1957). On reconnaît d’ailleurs aisément un tutsi, plus élancé d’un hutu, plus ramassé. Les tutsi ont une préférence pour l’élevage du bétail (on est en altitude et la trypanosomiase est inconnue) ; les hutus pour l’agriculture. Les tutsis, comme la plupart des peuples éleveurs, ont une belle éloquence, l’esprit vif et ne rechignent pas au combat. Les mariages entre personnes d’ethnies différentes sont rares. Compte tenu de la forte densité de population et de son rapide accroissement, il existe une faim de terre propice aux conflits.

La montée aux extrêmes : le départ du colonisateur, installant un pouvoir « démocratique » (indépendance en 1962) façon occidentale (un homme, une voix) ne pouvait que donner le pouvoir aux hutus (80% de la population ?), et favoriser la « revanche » sur le dominant depuis des générations.La montée au pouvoir des hutus entraîne un exode massif des tutsi (300 000 ?)dans les pays frontaliers(Ouganda, Burundi, Zaïre, Tanzanie), la création d’un front de libération, des représailles sanglantes au Rwanda contre les tutsi, contre les hutus dans le Burundi voisin. Une attaque de rebelles tutsis (FPR, front patriotique rwandais) à partir de l’Ouganda en 1990 est repoussée avec l’aide d’éléments français en vertu des accords de défense de 1975 (opération Noroît), la Belgique et le Zaïre. Un grand nombre de tutsis et d’opposants politiques sont emprisonnés ou assassinés au Rwanda.

Camp de réfugiés au Zaïre, 1994 (1994)

19 Nouvelle attaque par le nord-est du FPR en janvier 1991. Création de milices progouvernementales et massacres de tutsis.En janvier 93, une nouvelle offensive du FPR, poussant devant elle 750 000 à 1 million de paysans hutus est stoppée devant Kigali avec l’aide de l’armée française.Les accords d’Arusha négociés de janvier à août 93 sont signés mais la spirale de la violence est enclenchée, attisée par la RTLM (radio télévision libre des mille collines)Les forces françaises (600h) se retirent du pays en décembre. Une mission d’assistance (MINUAR) de casques bleus s’installe.Janvier 94 : assassinat de leaders politiques, violences.Le 6 avril, l’avion ramenant les présidents du Rwanda (Juvénal Habyarimana) et du Burundi (Cyprien Ntaryamira) d’un sommet régional (Dar es-Salaam) est abattu, attentat commandité par Paul Kagamé (c’est la conviction du juge Bruguière). Dès le lendemain, début des massacres de masse. La Belgique et la France évacuent leurs ressortissants.A la mi-mai, on parle du génocide rwandais (800 000 morts ?)A la mi-juillet, le FPR occupe la plus grande partie du Rwanda, semant la terreur sur son passage. Un gouvernement d’union nationale est formé à Kigali. Au moins 1 million de réfugiés hutus passent la frontière zaïroise à Goma.

Qui est Paul Kagamé ? Né en 1957 au sud Rwanda dans une famille tutsi qui émigre en Ouganda en 1961, il fait ses études secondaires dans ce pays. A 22 ans, il rejoint les maquisards du NRA (soutenu par les USA) de Yoweri Katuga Museveni qui prendra le pouvoir en Ouganda en 1986. Kagamé est intégré dans l’armée ougandaise avec le grade de major au service de renseignement. Il suit un stage de command chief aux Usa en 1990. De retour en Ouganda, il prend les commandes du FPR (front patriotique rwandais) après l’assassinat de son leader, Fred Rigwema.A la tête de l’APR (armée populaire rwandaise, essentiellement tutsi), il reconquiert le Rwanda

en 1994 et le dirige depuis, éliminant ou écartant tous ses opposants politiques, réélu président de la république en 2010 avec 93% des voix.Son armée (FAR) a participé aux guerres du Congo et son gouvernement a soutenu les milices tutsis du Kivu avec pour objectif de détruire les forces du FDLR (front démocratique de libération du Rwanda),de terroriser la population hutu (massacres, pillages, viols) et de se payer sur les richesses locales (minières, bois, bétail). Les FAR ont quitté le Congo en 2003 mais y sont revenues en 2009 à la demande du gouvernement de RDC pour tenter de mettre un terme aux activités du FDLR hutu.Courageux, machiavélique, intelligent, Kagamé a su instrumentaliser le génocide de 94 pour masquer les crimes contre l’humanité de ses propres forces et se maintenir au pouvoir. Il maintient la paix dans son pays, souhaitée par la population et propice à la reprise économique.

Les guerres du Congo : La 1ère guerre (1996/97) : soutenu par les armées ougandaise et rwandaise, Laurent Désiré Kabila prend le pouvoir en RDC et en chasse Mobutu Sésé Séko.La 2ème guerre (1998/2003) : soutenu par l’Angola, le Zimbabwe et la Namibie, Kabila tente de se libérer de l’emprise des ougandais et rwandais.

Présente depuis 10 ans dans l’est Congo, la Monuc (mission onusienne au Congo), forte de 20 000 hommes, devenue Monusco (mission de stabilisation en RDC) en 2010 n’est pas parvenue à rétablir la paix au Kivu où le comportement des FARDC (Forces armées de la RDC) n’est guère différent de celui des milices qu’elles prétendent combattre.

Les richesses du Kivu : cassitérite (dont on extrait l’étain), l’or et le coltan (colombo tantalite dont on extrait le pentoxide de tantale utilisé dans les condensateurs de l’industrie aérospatiale et l’électronique). L’exploitation industrielle n’a pas

20 encore pris le pas sur l’artisanale, contrôlée par les militaires de FARDC ou des milices de tous bords, le minerai étant exporté le plus souvent dans des conditions illicites vers les pays voisins. La majeure partie du coltan subit une première transformation au Rwanda Le circuit « export » se poursuit par Mombasa et Dar es-Salaam vers l’Europe, les Emirats arabes, l’Asie.

Le retour à une paix véritable passe par la réconciliation entre les populations tenant compte des droits sur la terre des uns et des autres, le retour des réfugiés dans leurs pays d’origine, une reprise en main des FARPC et de la police, l’exploitation industrielle des réserves minières avec certification d’origine par des sociétés soumises à un contrat social, le jugement des principaux chefs militaires ou de milices convaincus de crimes contre l’humanité, l’arrêt de la contrebande d’armes, et des sanctions contre les sociétés internationales qui profitent de cette « économie de guerre ».

Le Rwanda à la lumière de quelques chiffres : situé en altitude (toujours à plus de 1000m avec une chaîne montagneuse nord sud culminant à plus de 4500m) en zone équatoriale dans la région des grands lacs, c’est un petit pays (26 368 km²), très peuplé (11 370 000 h environ – densité, 420h/km²) – très jeune (âge moyen inférieur à 19 ans) avec un accroissement naturel de 4,3% par an. L’indice de développement humain est dans la moyenne des pays africains pauvres (30% de la population sous alimentée ?) – l’indice de corruption est dans la moyenne africaine – 50% de la population est alphabétisée – l’indice de liberté civile est le même que celui de l’Egypte du temps de Moubarak – les médias sont très encadrés – le taux de croissance économique de 2010 est de 6,5% - 3% de la population serait porteuse du VIH – L’activité politique des femmes est importante. Elles sont majoritaires au parlement.Le Rwanda est le 1er pays à exploiter les réserves en gaz méthane du lac Kivu, réserves renouvelées par le volcan voisin -

Le gros de la population (80% ?) vit de l’agriculture – Le Rwanda exporte essentiellement du thé, du café et du coltan congolais, la Chine étant au 1er rang de ses partenaires commerciaux.Le nombre de hutus revenus dans leur pays depuis 2000, serait de 2 200 000.Le français a perdu son statut de langue d’enseignement au bénéfice de l’anglais, le kinyarwanda étant la langue de tous (comme au Burundi voisin). Le pays est membre de l’ONU, de l’UA (Unité africaine), de la Communauté des états de l’Afrique de l’Est, de la

Francophonie (OIF) et depuis peu du Commonwealth britannique.

Mettre un terme au contentieux franco-rwandais, quel intérêt pour la France ? Retrouver une certaine influence dans la zone des Grands lacs ? Participer au développement économique de la région ? ...Et pour le Rwanda ? Une garantie supplémentaire de son indépendance d’ « état de droit »? La fin des poursuites judiciaires internationales à l’encontre de son président ?...

Michel Bain Une vue de Kigali

21Article de monsieur François Miclo, rédacteur en chef du magazine

« le Causeur », publié le 28 novembre 2011 Bigeard aux Invalides

Général, nous voilà.Le général Bigeard avait exprimé une volonté : que ses cendres fussent, à sa mort, répandues au-dessus de Diên Bien Phu. Le Vietnam, dont les autorités ont toujours été aussi humaines que les gars du 25e RIC étaient maniérés, a refusé. La France a donc choisi de porter la dépouille de celui que De Gaulle appelle dans ses Mémoires « l’héroïque Bigeard » aux Invalides. Quand on sait que le Général était peu enclin à complimenter à tout bout de champ et qu’il cultivait une secrète aversion envers les militaires, il n’y a plus qu’à se taire. Respect. Fermez le ban ! L’Hôtel national des Invalides fait partie de ce que Fernand Braudel appelle les «permanences françaises». Passent les ans, les modes et les régimes : au bord de la Seine, les Invalides recueillent nos grands soldats depuis Louis XIV. On les y soigne, on y remplace leurs membres déchiquetés par un éclat d’obus ou une salve ennemie, on y porte en terre les plus valeureux d’entre eux. Balzac a écrit de belles pages sur la redingote fripée de ces anciens soldats faits pour la guerre et perdus, désemparés, en temps de paix. Sous le Dôme, l’Empereur. De part et d’autre, le grand Turenne y côtoie Rouget de Lisle. Quant au maréchal Foch, c’est un voisin d’immortalité de Lyautey. On y enterra Mangin, mais également Nivelle, dont l’offensive d’avril 1917 demeure, pour l’histoire, comme la plus stupide et la plus meurtrière persévérance dans l’erreur. On croise de tout aux Invalides. Le meilleur, beaucoup. Et le pire, parfois. Ainsi va la France, grand pays qui se refuse, dans sa mémoire, à faire définitivement le tri.Un jour, je me souviens être descendu à la crypte des gouverneurs – elle est fermée au public – pour aller m’incliner, aux côtés des anciens de la IIe DB, devant la dalle de Leclerc. Dans cet endroit confiné, où chaque murmure, même le plus infime, résonne outre mesure, un tambour et un clairon de la Garde républicaine sonnèrent aux morts, avant d’entonner la Marseillaise. Et nos tympans froissés par un écho puissant entendirent alors monter, presque silencieuses, les anciennes prières prononcées par l’aumônier de la IIe DB. Un psaume, un Ave, un Pater. Le visage de ces vieux hommes, dont rien ne laissait supposer qu’ils avaient eu un jour vingt ans, mais qui les avaient eus, plus que nous, mieux que nous, les armes à la main, l’amour sacré de la patrie chevillée au corps, tout cela c’était la France. Un pays qui vit sans se demander si, un jour, il a été chrétien ou non, si la laïcité tolère qu’on prononce une prière catholique dans un lieu républicain ou si quelques-uns, sacrifiant à d’autres obédiences ou sacrifiant à l’esprit de l’époque qui réclame qu’on ne se sacrifie à rien, ne vont pas s’en retrouver tourneboulés dans leur for intérieur. Chez ces gens-là, Monsieur, quand on est devant la tombe du chef, on ne se pose pas de questions. On prie. Ainsi soit-il. Amen.Voilà donc ce lieu où la Nation s’apprête à porter, avec les cendres de Bigeard, l’un de ses plus grands soldats. Il fut un héros. Ce n’est pas un endroit où l’on cause philosophie le petit doigt levé. Peigne-cul et blancs-becs n’y sont pas des masses. Ils n’y sont pas même les bienvenus. Ça sent plutôt la sueur et les larmes, le sang et les corvées de chiottes. Que voulez-vous ? L’histoire de France n’a pas été écrite par des ronds-de-cuir, mais par des soldats.Et c’est justement ce que Ian Brossat et Catherine Vieu-Charier refusent et réfutent. Excusez du peu : l’un et l’autre sont, respectivement, président du groupe PCF-PG au Conseil de Paris et adjointe (PCF) au maire de Paris chargée de la mémoire. Ils se sont fendus, le 25 novembre, d’une tribune dans Le Monde pour dénoncer le transfert des cendres de Bigeard aux Invalides. « Bigeard n’a pas sa place aux Invalides », disent-ils. Et leur argumentaire tient à peu de choses : le général Bigeard a reconnu que l’armée française a pratiqué la torture pendant la guerre d’Algérie. Ils ne nous disent pas si Bigeard a ordonné la torture, l’a pratiquée lui-même et s’y est livré avec une cruelle délectation. Ce qui les chagrine, c’est l’aveu de Bigeard : oui, la torture, ça existait. Ouh là là, le méchant vilain que voilà !J’éviterai les blagues à deux sous sur le « Gna gna gna, on n’est pas contents. Nous ce qu’on veut c’est le transfert des cendres de Maurice Thorez aux Invalides et de Robert Hue au Panthéon ! » Le premier le mériterait eu égard à ce qu’il fut toujours un bon petit soldat du stalinisme, le second je ne vois pas.

22 Qu’on y prenne garde : je n’utiliserai pas, non plus, les arguments habituels et un peu sordides qu’on pourrait avancer face à deux éminents représentants du Parti Communiste Français en pareilles circonstances. Je ne convoquerai donc pas le maréchal Staline, qui a été louangé jusqu’à très tard par le PCF, et dont l’amour des droits de l’Homme est très bien connu de tous, notamment de ses 40 millions de victimes. On ne prend pas sa carte impunément dans un parti qui a incarné, dans le monde, l’une des expériences les plus radicales du totalitarisme, sans devoir un jour devoir assumer une part de cet héritage-là. On ne choisit pas sa famille, d’accord. Mais on choisit ses amis, ses fréquentations et ses références. Je me refuse également à rentrer dans de mesquines considérations et à regarder les états de service de M. Brossat, dont la rumeur publique propagée par ses propres camarades de cellule, lui accorde d’être davantage parachuté que parachutiste. Mais s’il faut tout mettre sur la table, allons-y. Ce qu’ignorent nos deux édiles parisiens ou ce qu’ils feignent de ne pas connaître, c’est ce que fut la guerre d’Indochine. Comme une idée de l’enfer. C’est d’abord la première guerre d’Indo, celle qui se déroule sous domination japonaise. Ce fut, tout simplement, barbare. Les nouvelles des puissances de l’Axe ne sont peut-être pas parvenues jusqu’aux oreilles de nos amis du groupe PCF de la Ville de Paris, mais ne désespérons pas : peut-être ouvriront-ils un jour un livre d’histoire. Quant à la seconde guerre d’Indochine, l’ignominie vint s’ajouter à la barbarie. Nous y avons laissé plus de 30 000 soldats français. Disparus au bataillon et internés dans les « camps de rééducation » qui ont consacré l’allant humanitaire de la gauche viêt-minh. Ah ! C’est cela donc. Le général Bigeard n’était pas un ardent soutien de leur Cause du Peuple, mais poussa l’abjection jusqu’à devenir un ministre de Giscard. En Indochine, il avait eu un peu de mal, en fait, à voir ses hommes affamés, avilis et, au final, massacrés par l’armée du Lao Dong. J’oubliais : l’armée viêt-minh ne torturait pas, puisqu’elle était communiste. Et un communiste, par nature, c’est bon, grand et généreux. Bref, ça vous présente le visage avenant de Marie-George Buffet, même lorsqu’il vous enterre vivant.Quant au second reproche que nos caciques du Parti communiste parisien formulent à l’encontre de Bigeard, il aura laissé pantois plus d’un être raisonnable. Que lui veulent-ils à ce cadavre ? Il n’a pas, de son vivant, porté les valises du FLN. Il n’a pas financé, en Algérie, l’assassinat aveugle de femmes, d’hommes et d’enfants. Parce que, voyez-vous, l’histoire maintenant, selon nos deux amis du Parti communiste parisien, n’est plus qu’une célébration perpétuelle du terrorisme. Poser, à Oran, à Tamanrasset ou à Alger, une bombe dans une école et faire péter la gueule à une trentaine d’enfants : voilà ce qui à leurs yeux qualifie désormais l’honneur et la bravoure pour la postérité. Comme les couilles de nos bidasses, retrouvées dans leur bouche, alors que ces gosses de vingt ans agonisaient, à la petite aube, et que le planton fut obligé de les achever, parce qu’ils n’étaient même pas morts et qu’ils souffraient davantage qu’un bobo-coco parisien en mal de visibilité : bien entendu, tout cela est de l’humanisme FLN. Et tout cela relève très certainement de ce mouvement d’idée qui a su cultiver, en Algérie, les valeurs humaines jusqu’à les faire poindre avec le GIA. Mais défendez-la, chers amis du Parti communiste parisien, cette vision du monde : sous ses dehors iréniques, c’est la guerre de tous contre tous. Elle vous convient. Pas moi. J’ai rompu avant d’y avoir adhéré avec votre stalinisme morbide, c’est-à-dire votre vision du monde qui justifie l’abjection dès lors qu’elle est encartée.Ne retournons pas le couteau dans cette plaie. Mais combien étaient-ils les instituteurs et les professeurs, communistes et compagnons de route du PCF, qui enseignaient à l’époque en Algérie et se réjouissaient chaque fois que l’armée déjouait un attentat ? Quand vous êtes militaire et que vous mettez la main sur les protagonistes d’un futur attentat, vous leur contez risette ou vous leur branchez la gégène pour obtenir des renseignements ? Oui, c’est un cas de conscience. Et nul ne peut y répondre. Même au nom des grands principes. Mais un cas de conscience que l’on règle autre part que sous les lambris dorés de la Mairie de Paris.C’est très gentil de juger un homme pris dans la tourmente de l’histoire quand on a le cul bien au chaud. Moi, Bigeard m’impressionne. Parce qu’il était un gamin de 17 ans quand il rejoignait le maquis. Et que je ne suis pas sûr que j’aurais eu son audace, ses couilles et son courage. Nous vivons en temps de paix. Et ce qui est réclamé à tous les bleu-bites que nous sommes, c’est juste un peu d’humilité devant l’histoire.Mais là où Ian Brossat et Catherine Vieu-Charier décrochent le pompon, c’est en sortant l’argument imparable : l’entrée du général Bigeard aux Invalides va faire monter Marine Le Pen. Et vous savez pourquoi ? Parce que l’OAS, parce que Nicolas Sarkozy. Et ta sœur ? Elle bat le beurre. Audacieuse démonstration, qui montre combien la dialectique marxiste n’est plus, au PCF, que de l’histoire ancienne.

23 La guerre est dégueulasse. On le sait depuis Thucydide. Nous, nous avons eu l’insigne chance d’apprendre ça dans les livres d’histoire, sans jamais le vivre, heureusement. Et nos deux amis communistes parisiens voudraient que la dentelle de nos maréchaux ne fût jamais tachée de sang ? Elle l’est, elle le doit. « La France fut faite à coups d’épée. Nos ancêtres entrèrent dans l’histoire avec le glaive de Brennus. » Voilà ce que De Gaulle écrivait en 1938 dans La France et son armée. Un glaive pénétrant un corps : l’idée est abstraite. Sans doute. Relisons alors Bronislaw Baczko et son Comment sortir de la terreur pour voir jusqu’où l’idéologie Bisounours peut, finalement, aimer se repaître du sang des innocents. Bienvenue donc, Marcel Bigeard, aux Invalides, cimetière définitif de nos gloires immortelles ! Mon général, nous voilà ! Merci à vous.

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Retour sur notre Assemblée générale du 7 avril 2011

On se souvient que cette journée débutait par un office religieux célébré en l'église romane de BAILLARGUES à la mémoire de nos camarades décédés au cours de l'année écoulée, et en hommage aux soldats morts pour la France, en particulier ceux « tombés » en Afghanistan, cérémonie au cours de laquelle l'assistance eut l'occasion d'apprécier l'homélie prononcée par le père Christian CHANLIAU que l'on lira ci-dessous

Mot de l’abbé Christian Chanliau

Chers amis des décorés de la Légion d’honneur au péril de leur vie,

« Au péril de leur vie », cette dénomination permet de redonner à la Légion d’Honneur toute sa signification pour ceux qui la reçoive à titre militaire.Nous savons tous que le métier des armes est « un art » dangereux, il expose les soldats à la mort dans les conflits ou les opérations ponctuels les plus divers.

Depuis des dizaines d’année cette plus haute distinction de la France pour ses enfants a été dévoyées, même si elle n’est pas donnée à titre militaire, elle devrait être consciencieusement donnée à des hommes et des femmes qui sont exemplaires, des modèles et des référents pour les générations qui manquent de repères.

Mais dans cette célébration, il s’agit de faire honneur à ceux qui morts ou invalides à vie, ont su avec courage, répondant aux ordres des gouvernements de la République, affronter nos ennemis les plus divers, soldats envahisseurs de l’Allemagne nazie, troupes communistes d’Indochine, fellagas de l’Algérie, terroristes et pirates de notre temps. Le courage et l’honneur ne se partagent pas entre celui qui serait mort dans les armées de la France Libre ou en opération extérieure pour protéger le sanctuaire national d’attentats terroristes meurtriers.

La France a besoin de vous, de votre témoignage, au moment où sombrent les valeurs liées aux racines de sa civilisation judéo-chrétienne, pour se fourvoyer dans l’idéologie de la culture de la mort.

Vous savez mieux que d’autres quel est le prix de la vie. Comme vous avez été en d’autres temps les sentinelles de la liberté de notre patrie, soyez aujourd’hui les sentinelles du respect de la personne humaine, la vigilance s’impose quand s’érigent dans un pays des zones de non-droit.

Pour les chrétiens, Dieu s’est incarné en Jésus-Christ, il s’est fait homme, il a partagé notre condition jusqu’à en mourir. Son amour a vaincu la mort.

Puisse pour les croyants, le visage du Christ Fils de Dieu être la route qui ravive en eux le sens de la dignité de tout être créé à l’image du Père, puisse pour tous, l’image de l’homme Jésus, faire de chacun un chercheur de sens, un artisan de paix et de justice.

Christian ChanliauAumônier honoraire des armées.Magistrat auprès de l’Officialité du Languedoc-Roussillon

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8 juin 2011Manuel Palenzuela

FaitChevalier de la Légiond'Honneur

7 août 2011Bernard Truc

FaitChevalier de la Légion d'Honneur

20 juillet 2011Bernard Rossi

FaitChevalier de la Légion d'Honneur

17 septembre 2011Jacques Bouthier

FaitOfficier de la Légion d'Honneur