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Deux années déjà se sont écoulées depuis les massacres des 7, 8 et 9 janvier 2015 et du 13 novembre 2015 à Paris. Une année a passé depuis l’attentat du 14 juillet 2016 sur la promenade des Anglais, à Nice. Au cours de ces années la société française a été confrontée à un choc traumatique inouï et sans précédent dans son histoire récente.
Sans refaire la longue et lugubre liste des attentats qui se sont succédés depuis, un constat s’impose : il s'est créé un avant et un après, posent le dilemme suivant : comment survivre ou continuer à vivre, face à de telles effractions ?
Nous rentrons ainsi directement dans le vif de notre sujet et dans l’origine du projet Epione, du nom de la déesse grecque qui « soigne les maux ».
Quelles sont les conséquences, sur le psychisme et sur la vie quotidienne, de tels événements traumatiques ? Comment peut-on se rétablir après un tel choc ? Comment le psychisme peut-il se réparer ? Les réponses de la justice et de la politique ont-elles un impact sur les survivants ? Quelle temporalité à l’œuvre pour ces sujets en souffrance ? La mémoire garde-t-elle des séquelles d’un tel évènement traumatique ?
Ainsi, le 24 et le 25 novembre 2017, nous entendons analyser et discuter les trois thématiques : psychotraumatisme, résilience et mémoire au cours de notre premier colloque sur la vie après le trauma. Le projet Epione s’appuiera sur les recherches et l’expérience du Centre Phoenix, institut de Psychotraumatisme et de Résilience (CPPR), centre composé de deux pôles, un pôle soin et un pôle recherche (1), ainsi que sur les deux premiers stages expérimentaux de soins post-traumatiques en milieu ouvert qui se sont déroulés à Nice au mois de juillet et d’octobre 2017. Ces stages sont la base du projet Epione et de son programme de développement.
Le syndrome psychotraumatique désigne tout état pathologique apparu après l’exposition à un évènement brutal imprévisible et potentiellement traumatisant ayant donné lieu à une expérience de « traumatisme psychique » (Crocq, 1999).
À partir de ce syndrome et de ses spécificités, nous nous interrogerons sur la mémoire, cette mémoire individuelle et collective qui a traversé et subi une effraction traumatique. Comment la mémoire collective traumatique se répare-t-elle en société. Collectivement, individuellement et/ou conjointement ?
Les commémorations nationales ont-elles un effet thérapeutique ? Quelle place, quel impact pour le politique et le juridique dans le processus psychique ? Les conséquences de cette effraction seront-elles responsables de séquelles sur cette génération et les générations suivantes ? La transmission de la mémoire traumatique est-elle possible ? Comment peut-on échapper aux séquelles transgénérationnelles ?
Par résilience nous entendons la faculté à « rebondir », à vaincre des situations traumatiques. La résilience est la capacité pour un individu à faire face à une situation difficile ou génératrice de stress. En psychologie, le concept de résilience ou « l'art de naviguer entre les torrents », est introduit en France par Boris Cyrulnik. Pour autant, des questions se posent toujours : À quoi sert la résilience ? Peut-on s’en passer lorsque l’on est victime d’un choc traumatique ? Peut-on parler de résilience après deux ans ? Quelle temporalité pour la résilience ? À partir de quand pouvons-nous parler de sujet résilient et de sujet non résilient ? Peut-on se « résilier » sans prise en charge psychologique ?
Fondement du Centre Phoenix, institut de Psychotraumatisme et de Résilience (CPPR), ce vaste champ de questions s’imposent désormais à la Société quant à la prise en charge du traumatisme trace ainsi les lignes de ce colloque inaugural.
Le projet Epione est une action commune de l’association France Europe Beslan (2) et du CPPR.
1. Le pôle de recherche a comme fonction la formation et l’information sur le traumatisme psychique. Il sera le lieu de rencontre entre praticiens et chercheurs (psychologues, sociologues, historiens, philosophes et juristes) nationaux et internationaux, travaillant sur ces différents thèmes. Ce pôle a une ambition de partage des savoirs et d’engagement dans l’évolution des pratiques cliniques entre les professionnels de la santé psychique. Sa finalité est l’amélioration de la prise en charge thérapeutique des patients victimes de traumatismes psychiques, en s’appuyant sur ce que nous ont enseigné et nous enseignent encore des années de travail auprès de victimes d’attentats terroristes.
2. France Europe Beslan est une association qui à partir du drame de l’école de Beslan en Septembre 2004 a développé de nombreuses actions d’aide aux victimes du terrorisme. Elle est reconnue par la Commission Européenne, la municipalité de Beslan, la République d’Ossétie du Nord et la Fédération de Russie.
Présentation du projet Epione par l’association France Europe Beslan et le
De 14h30 à 18h REPRESENTATION COMMERCIALE DE LA RUSSIE 46, rue de la Faisanderie 75008 PARIS
Présentation du projet Epione par l’association France Europe Beslan et le CPPR.
Le projet Epione fait partie intégrante du Centre Phoenix qui est conçu totalement à l’attention des victimes du traumatisme psychique. Epione est un programme thérapeutique accéléré prévu pour les victimes physique et psychologique d’attentats terroristes.
Nous avons observé que les patients victimes du terrorisme qui n’ont pas été pris en charge psychologiquement, développent des symptômes physiques handicapants qui les poussent à consulter un médecin. Ce dernier, après plusieurs consultations approfondies, finit par les orienter vers une psychothérapie. La somatisation provoque un handicap majeur pour la prise en charge psychologique et pour le retour à la socialisation.
C’est pourquoi le projet Epione développe également un processus d’intégration social au sein d’un groupe de stagiaires non traumatisés et c’est de l’articulation entre soins thérapeutiques et interactions sociales que naît le processus de reprise d’une vie normale et finalement la guérison.
Ce projet a donc pour but d’amener les victimes à sortir de leur « état de victime » et leur faire réintégrer la société par un programme accéléré alliant psychothérapie et insertion sociale, destiné à aider les patients à élaborer leurs traumatismes pour pouvoir les surmonter.
Accueil des participants à 9H00 INJS - 254, rue Saint Jacques 75005 Paris De 10h00 à 13h00 Ouverture du colloque par Elisabeth Pelsez, déléguée interministérielle aux victimes (sous réserve). Présentation du CPPR par Jean-Louis Normandin, président, représenté par Sylvia De Sousa, secrétaire générale et avocate au barreau de Paris.
Première table ronde : Le traumatisme psychique est-il irréversible ? Modératrice : Asma Guenifi, Psychologue Clinicienne / Psychanalyste. Fondatrice et directrice du CPPR et Yassine Bourouais, Psychologue Clinicien, Docteur en psychologie.
Invités :
Le Psychotraumatisme : Y a-t-il une spécificité pour traiter les victimes du terrorisme ?
Traité par Malik Ait Aoudia, Docteur en psychologie, psychologue clinicien. Responsable de la recherche au centre du psychotrauma de l’institut de victimologie à Paris.
La mémoire : Doit- on parler de mémoire individuelle et de mémoire collective d’un événement traumatique ?
Analysée par Denis Peschanski, Historien, directeur de recherche au CNRS. Coresponsable du programme 13-Novembre (CGI, ANR)
La résilience : Peut-on parler de la résilience deux ans après ?
Abordée par Marie Anaut, Professeur à l’Université Lyon 2, psychologue clinicienne, auteur de « Psychologie de la résilience » ed. Armand COLIN, collection « Cursus » 2015.
Epione : Projet thérapeutique destiné aux victimes du terrorisme. Présenté par Robert Prosperini, Inspecteur d’académie chargé de mission de l’enseignement supérieur et de la recherche.
De 14h30 à 17H30
Deuxième table ronde : La justice et la politique ont-elles un impact sur la réparation des individus traumatisés et leur réinsertion sociale ?
Modérateur : Pierre Conesa, Ancien haut fonctionnaire et écrivain. Invités :
La Justice : Quelle place donne la justice aux victimes ? Considérée par Dominique Attias, Vice Bâtonnière du barreau de Paris et un magistrat du Pôle anti-terroriste du Tribunal de Grande instance de Paris.
La reconstruction : (psychique, soin, droit, mémoire…) Quelle reconstruction aujourd’hui pour les victimes du terrorisme ?
Analysée par Françoise Rudetzki. Membre du Conseil économique, social et environnemental (CESE), Présidente fondatrice (1986-1998) puis déléguée générale (1998-2008) de l'association SOS Attentats.
La commémoration : Les commémorations nationales ont-elles un effet réparateur sur les victimes et les familles des victimes ?
Abordé par Julien Tardif, sociologue docteur en sociologie, Université de Nice.
Et Jean-Paul David, Chargé de l’action sociale, de la santé et des cultes auprès du Maire de Nice (sous réserve).
Témoignage de Zakia Bonnet, femme de Jean-Marc Bonnet et mère de Robin, victimes d’un attentat en Arabie Saoudite en 2007.