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  • VINCENT MAINGUY

    FONCTION MUSCULAIRE PRIPHRIQUE DANS L'HYPERTENSION ARTRIELLE PULMONAIRE

    Mmoire prsent la Facult des tudes suprieures de l'Universit Laval

    dans le cadre du programme de matrise en mdecine exprimentale pour l 'obtention du grade de Matre s Sciences (M.Sc.)

    Vincent Mainguy, 2009

    F ACUL T DE MDECINE UNIVERSIT LA V AL

    QUBEC

    2009

  • Rsum

    L'hypertension artrielle pulmonaire (HT AP) est caractrise par une augmentation graduelle des rsistances vasculaires pulmonaires conduisant ventuellement

    l'insuffisance cardiaque droite et au dcs. Les traitements spcifiques rcents ont

    considrablement amlior la survie long terme de ces patients. Cependant, la majorit de ceux-ci conserve une dyspne et une intolrance l ' effort marque. Notre tude a test

    l 'hypothse que les patients souffrant d 'HT AP prsentaient une atteinte musculaire

    priphrique intrinsque contribuant cette intolrance l' effort. Nos rsultats ont permis

    de mettre en lumire qu' en comparaison avec des sujets sains sdentaires, le muscle du patient HT AP prsente des anomalies tant morphologiques que fonctionnelles qui corrlent

    avec la tolrance l'effort des patients. Finalement, nous avons ralis un projet pilote de radaptation testant son effet sur la condition des patients HT AP. En plus de s' avr

    scuritaire, le programme a permis d'amliorer les caractristiques musculaires et la

    tolrance l ' effort de ces patients.

    11

  • Abstract

    Pulmonary arterial hypertension (PAH) is characterized by the progressive increase ln pulmonary vascular resistance ultimately leading to right heart failure and death.

    Recently available specific therapies have considerably improved long-term P AH patients '

    prognosis. However, a majority of them displays persistent and significant exercise intolerance despite optimal therapy. We tested the hypothesis that P AH patients present

    peripheral muscle dysfunction that correlated with their poor exercise tolerance. Our results

    showed that compared to control healthy subjects, peripheral muscle of P AH patients presents significant morphological and functional abnormalities. Peripheral muscle

    characteristics correlated with patients' exercise tolerance. Finally, as a pilot project, we conducted a rehabilitation pro gram to assess its effect on P AH patients' condition. The

    program was safe, weIl tolerated and led to improved muscular characteristics and exercise

    tolerance of P AH patients.

    111

  • Avant-propos

    Mon intrt pour la recherche a dbut dans le cadre de mes tudes au baccalaurat,

    plus prcisment lors de mon stage au Pavillon de Prvention des Maladies Cardiaques

    l 'Hpital Laval. J' ai alors compris et vcu concrtelnent comment l' activit physique

    pouvait aider une vaste clientle et les commentaires des patients m'ont donn le got d' en

    comprendre un peu plus sur les mcanismes menant l'amlioration de leur condition. J' ai

    alors t mis au courant des . travaux du Dr. Steeve Provencher qui s'intressait aux

    mcanismes entranant la faible tolrance l' effort ainsi que la dyspne chez des patients

    souffrant d'une maladie plutt rare et mconnue, soit l 'hypertension artrielle pulmonaire

    (HT AP). J'ai tout de suite t motiv par le sujet. Ceci rejoignait exactement mes intrts de recherche.

    J'ai donc t co-investigateur principal de ce projet de matrise en compagnie du Dr. Provencher. Mon rle a t de recruter les patients, de mettre au point la marche

    suivre pour les tests d'effort (horaire, quipement), d'valuer les patients (calibration des appareils, supervision des tests), d'analyser les rsultats et d'crire le manuscrit final. Le rle des collaborateurs fut tout d'abord d'identifier les patients potentiellement admissibles

    la participation de cette tude. Ils ont galement contribu l'tablissement de la

    mthodologie ainsi qu' la rdaction de l'article scientifique. En effet, le prsent mmoire

    inclus l'article scientifique qui a t soumis pour publication dans la revue Thorax.

    J'ai eu le privilge de travailler avec une quipe de recherche exceptionnelle dirige

    par le Dr. Provencher. J'ai eu la chance de connatre non pas seulement un directeur de

    recherche d'un professionnalisme hors pair, mais galement un tre d'une gnrosit

    inconditionnelle. Il est pour moi une source d'inspiration, un modle, un mentor. Je ne

    pouvais esprer mieux. Merci Steeve de m'avoir permis de participer cette belle aventure.

    IV

  • J ' aimerais souligner tout spcialement l'implication de mon co-directeur, le Dr.

    Franois Maltais qui a su, par son exprience et son grand talent pour la recherche nous

    guider et nous conseiller tout au long de ce projet. Tout comme Dr. Provencher, Dr. Maltais est une personne exceptionnelle et je me considre trs chanceux d' avoir pu travailler avec lui. Merci galement Dr. Didier Saey avec qui j ' ai eu des conversations des plus intressantes et enrichissantes. Il fait partie intgrante de la russite de ce projet. J ' aimerais galement souligner le support tant professionnel que moral des mes grands partenaires de

    recherche soit: Sarah Bernard, Dr. Isabelle Vivodtzev, Philippe Gagnon et Louis

    Laviolette. Vous tes uniques.

    Je voudrais ensuite remercier toute l'quipe de l 'Hpital Laval qui a particip de

    prs ou de loin au proj et. Merci aux infirmires Luce Bouffard, Brigitte Fortin, Jacinthe Poirier Gatane Racine, et Carole St-Pierre pour leur disponibilit et leur patience, aux

    professionnels de recherche Annie Michaud, ric Nadreau et Marie-ve Par pour leur prcieuse aide, ainsi qu'au personnel de la Banque de Tissus de l'Hpital Marie-Claude

    Bernier, Sabrina Biardel et Christine Racine.

    J'aimerais galement remercier tous les participants de l'tude sans qui la recherche

    clinique ne pourrait exister. Bonne chance vous chers patients. Mes penses sont avec

    vous.

    Finalement, j ' aimerais remercier tous mes amis de l'Hpital Laval ainsi que ceux l' extrieur qui me supportent et m' encouragent. Un merci tout spcial revient mes parents

    Jacinthe et Gaston, ma sur Julie et ma famille toute entire sans qui je ne serais pas l' tre que je suis devenu aujourd'hui. Je suis si heureux de vous avoir prs de moi. Je vous aime fort.

    Je me considre donc privilgi d'avoir t le premier tudiant participant des

    tudes post gradus avec Dr. Provencher. Je suis certain que c'est le dbut d'une belle

    carrire, quoique dj bien amorce. Bravo et bon succs Steeve!

    v

  • [ ... ] le gain de la recherche, c'est la recherche mme.

    - Saint Grgoire de Nysse - Homlies sur l 'Ecclsiaste

    VI

  • Tables des matires

    Rsum ................................................................................................................................... ii Abstract ............................................. ..................................................................................... iii Avant-propos ................................................. ........................................................................ iv Tables des matires ............................................................................................................... vii Liste des tableaux .................................................................................................................. ix Liste des figures ...................................................................................................................... x Abrviations .......................................................................................................................... xi

    Chapitre 1 Introduction ...................................................................................................... 12 Introduction gnrale ........................................................................................................ 13

    Circulation pulmonaire ..................................................................................................... 13 Physiologie de la circulation pulmonaire nonnale ....................................................... 15 Pathologies relatives la circulation pulmonaire ......................................................... 1 7

    Hypertension pulmonaire ................................................................................................. 18 Pathophysiologie .......................................................................................................... 18

    La pression artrielle moyenne (P APm) et ses dterminants ................................... 18 F onction ventriculaire droite .................................................................................... 20

    Causes et classification ................................................................................................. 20

    Hypertension artrielle pulmonaire .................................................................................. 22 pidmiologie ............................................................................................................... 22 Physiopathologie .......................................................................................................... 22

    Manifestations physiopathologiques ........................................................................ 25 Vasoconstriction ................................................................................................... 26 Remodelage .......................................................................................................... 26 Thromboses in situ ............................................................................................... 27

    Manifestations cliniques ........................................................................................... 27 Diagnostic ..................................................................................................................... 28 Pronostic ....................................................................................................................... 29 Traitements ................................................................................................................... 31

    Bloqueurs des canaux calciques ............................................................................... 32 Drivs de la prostacycline ....................................................................................... 32 Antagonistes des rcepteurs l' endothline-l ......................................................... 33 Inhibiteurs de la phosphodiestrase de type 5 .......................................................... 33 Combinaisons et autres traitements .......................................................................... 33 Impact des traitements dans l'HTAP ........................................................................ 34

    Tolrance l'effort ....................................................................................................... 34

    Rponse physiologique aigu nonnale l'exercice ......................................................... 35 Rponse cardio-vasculaire .................................... '.' ...................................................... 37 Rponse ventilatoire ..................................................................................................... 38 Rponse musculaire priphrique ................................................................................. 40

    vu

  • Le muscle squelettique ............................................................................................. 40 Fatigue musculaire .................................................................................................... 42

    Fatigue centrale ..................................................................................................... 43 Fatigue priphrique ............................................................................................. 43 Impact de la fatigue sur la tolrance l'effort ...................................................... 45

    Rponse physiologique aigu l'exercice dans l 'HT AP ................................................. 46 Anomalies cardio-vasculaires ....................................................................................... 46 Anomalies ventilatoires ................................................................................................ 47

    Anomalies musculaires priphriques : Autres maladies chroniques .............................. 48

    Anomalies musculaires priphriques en HT AP .............................................................. 48

    L'activit physique dans l 'HT AP ...................................................... ~ .............................. 49

    Problmatique ................................................................................................................... 51 Hypothses ................................................................................................................... 52 Objectifs ....................................................................................................................... 53

    Chapitre 2 Relationship between peripheral muscle function and exercise tolerance in idiopathie pulmonary arterial hypertension .......................................................................... 55

    Chapitre 3 Conclusion et perspectives ............................................................................... 87 Conclusion ........................................................................................................................ 88 Perspectives ...................................................................................................................... 89

    Bibliographie ........................................................................................................................ 92

    VIn

  • Liste des tableaux

    Chapitre 1

    Tableau 1

    Tableau 2

    Tableau 3

    Tableau 4

    Tableau 5

    Tableau 6

    Chapitre 2

    Table 1

    Table 2

    Table 3

    Classification clinique des hypertensions pulmonaires ....... . ................ 21

    Facteurs de risques et conditions associes l'hypertension artrielle pulmonaire identifies lors du Evian Meeting (1998) classs selon leur niveau d' vidence respectif. ................ . .............. .. 24

    Anomalies impliques dans la pathognie et/ou la progression de l 'hypertension artrielle pulmonaire .............................................. 25

    Classe fonctionnelle de l'hypertension artrielle pulmonaire selon l'Organisation Mondiale de la Sant (OMS) ......... . .......................... 28

    Thrapies spcifiques actuellement disponibles dans l 'hypertension art.rielle pulmonaire ................................................................. 31

    Caractristiques des principales fibres musculaires du muscle squelettique .................................................................. 41

    Characteristics of the study population ........................................... 71

    Peripheral muscle characteristics of the study population ..................... 73

    Patients' characteristics before and after the 12-week rehabilitation program ............................................................................. .... 75

    IX

  • Liste des figures

    Chapitre 1

    Figure 1

    Figure 2

    Figure 3

    Figure 4

    Figure 5

    Chapitre 2

    Figure 1

    Figure 2

    Figure 3

    Figure SI

    Pressions vasculaires diffrents niveaux de la circulation pulmonaire .......................................................... ...... ....... .......... .......... .... ..... 16

    Relation entre (A) la pression de l'artre pulmonaire (PAP) et le dbit cardiaque en fonction de la proportion de la circulation pulmonaire obstrue et (B) les rsistances vasculaires pulmonaires (RVP) en fonction du niveau d'obstruction de la circulation pulmonaire ................................................................................... .. ...... .... ..... 19

    Altrations histologiques observes dans l'hypertension artrielle pulmonaire .................................................................................................... 26

    Schmatisation de la consommation d'oxygne (V02) ................................ 36

    tablissement du seuil ventilatoire ............................................................... 39

    (A) Non-volitional and voluntary strength of the dominant quadriceps in idiopathic pulmonary arterial hypertension patients (white bars) and matched sedentary controls (black bars) and (B) Correlation between non volitional strength of the quadriceps and maximal exercise capacity in idiopathic pulmonary arterial hypertension (white circles) and matched sedentary controls (black circles) ............................................ 77

    Correlation between oxygen uptake at anaerobic threshold and (A) citrate synthase level (CS); (B) 3-Hydroxyacyl CoA dehydrogenase level (HADH) and (C) capillaries/type l fibre ratio (Cap/Type 1) in idiopathic pulmonary arterial hypertension patients ..................................... 78

    Relative changes in respiratory parameters assessed at 100% isotime during cycle endurance test following the rehabilitation pro gram ............... 79

    Progression of training intensity over time for (A) strength training, (B) cycling and (C) walking ....................................................... 86

    x

  • Abrviations

    AMPc : Adnosine monophosphate cyclique AT : Anaerobie threshold ATP : Adnosine triphosphate BMPR: Bone morphogenetic protein receptor CO2 : Dioxyde de carbone Diff(a-v)02 : Diffrence artrio-veineuse en oxygne FC : Frquence cardiaque FI0 2: Fraction d' oxygne de l' air inspir FE0 2 : Fraction d'oxygne de l'air expir GDF -15 : Growth difJerentiation factor 15 GMPc : Guanosine monophosphate cyclique HDL: High Density Lipoprotein HTP: Hypertension pulmonaire HT AP : Hypertension artrielle pulmonaire HI APi: Hypertension artrielle pulmonaire idiopathique IC : Index cardiaque IL- : Interleukine 1. V. : Intra veineux NO : Oxyde Nitrique O2 : Oxygne OMS: Organisation mondiale de la sant PDGF: Platelet-derived growthfactor P AP : Pression de l'artre pulmonaire P APm : Pression moyenne de l'artre pulmonaire P02 : Pression partielle en oxygne P OG : Pression moyenne de l'oreillette gauche Q : Dbit cardiaque Qp : Dbit sanguin pulmonaire Q02: Consommation d'oxygne en priphrie QC02 : Production de dioxyde de carbone en priphrie RER : Respiratory Exchange Ratio RVP : Rsistances vasculaires pulmonaires S.C.: Sous cutan TGF-f1: Transforming growthfactor beta TM6 : Test de marche de six minutes VE : Ventilation minute VEGF : Vascular endothelial growthfactor VIH : Virus d'immunodficience humaine V0

    2 : Consommation d'oxygne

    V02max : Consommation maximale d'oxygne VR : Volume rsiduel

    Xl

  • Chapitre 1

    Introduction

  • Introduction gnrale

    L 'hypertension artrielle pulmonaire (HT AP) est une maladie grave qui touche principalement des jeunes femmes ges entre 20 et 50 ans. Malgr le dveloppement de nouveaux traitements spcifiques, ces patients demeurent trs dyspniques et intolrants

    l ' effort. La prsence de plusieurs anomalies systmiques ainsi que les faibles corrlations

    existantes entre les paramtres hmodynamiques et la tolrance l ' effort nous ont amen

    suspecter une atteinte musculaire significative chez ces patients. Mes travaux de matrise se

    sont donc principalement concentrs sur l ' tude de la fonction musculaire priphrique

    dans l' hypertension artrielle pulmonaire afin de dterminer si elle influenait de faon

    significative la tolrance l'effort de ces patients. galement, un programme de radaptation n'est pas une pratique courante dans le domaine par crainte d' aggraver la

    condition des patients. Nous voulions donc galement vrifier la tolrance des patients

    HTAP pratiquant un programme de radaptation supervis et d'en valuer l'effet sur leur

    fonction musculaire. L'amlioration de la tolrance l'effort de ces patients est le but

    ultime de nos interventions. L'tude de la fonction musculaire et les moyens d'amliorer

    cette dernire sont possiblement de bons moyens d'amliorer la tolrance l'effort et du

    mme coup la qualit de vie de ces patients.

    Circulation pulmonaire

    L'appareil cardio-vasculaire humain est un rseau ramifi dont le but est

    d'acheminer le sang vers les tissus par les vaisseaux sanguins assurant ainsi leur bon

    fonctionnement. Ce rseau, quoique complexe, se divise simplement en deux circulations

    distinctes soit la grande (systmique) et la petite circulation (pulmonaire). La circulation systmique origine du cur gauche. Elle achemine le sang oxygn et riche en nutriments

    par le biais des artres vers les organes et tissus priphriques. Les artres se distinguent

    des veines par leur couche intermdiaire de tissu musculaire leur confrant le pouvoir de se

    contracter ou se relcher en rponse certaines hormones ou certains stimuli nerveux. Le

    13

  • retour du sang, dsormais pauvre en oxygne et plus ou mOIns riche en dchets

    mtaboliques, est assur par le systme veineux. Ces veines, plus compliantes que les

    artres, assurent le retour sanguin en partie grce des valves unidirectionnelles contenues

    dans les plus grandes de ces dernires. Le sang circule alors vers le cur droit qui achemine

    ensuite le sang pauvre en oxygne vers les poumons via la circulation pulmonaire.

    Ainsi se succdent les artres pulmonaires lastiques (> 1-2 mm de diamtre), les artres musculaires (100 J.lm < 2 mm), puis les artrioles qui perdent progressivement leur musculature. Ces vaisseaux dits extra-alvolaires font alors place un vaste rseau de

    capillaires en contact troit avec les alvoles (vaisseaux alvolaires). Grce une surface d'change alvolo-capillaire de 50-70 m2, la circulation pulmonaire accomplit alors son

    rle essentiel: les changes gazeux entre le sang et l'air. Ce processus est vital, puisque

    c'est ce niveau que les changes gazeux s'effectuent. L'oxygne (02) est alors absorb dans les poumons et le dioxyde de carbone (C02) y est expuls. Le sang oxygn est ensuite ramen vers l'oreillette gauche par les veines pulmonaires, puis retourne dans la

    circulation systmique. Sans ces changes, l'ensemble du corps humain ne pourrait remplir

    ses fonctions. La circulation pulmonaire accomplit aussi plusieurs fonctions secondaires

    importantes. Le faible diamtre des capillaires 1 0 J.lm) permet de filtrer toute particule provenant de la circulation veineuse vitant ainsi l'embolisation systmique de matriel.

    Elle sert galement de rservoir capacitance entre les deux ventricules permettant de

    minimiser les fluctuations du dbit cardiaque entre chaque battement cardiaque.

    Finalement, les cellules endothliales prsentent une activit mtabolique intensel. Par

    exemple, l'angiotensine l, la bradykinine, et la prostaglandine El sont largement

    mtabolises par les poumons.

    Il faut noter que le systme respiratoire est aussi irrigu par la circulation

    bronchique, d'origine systmique, qui perfuse la trache, les bronches et la plvre viscrale

    et ne participe donc pas aux changes gazeux entre l'air et le sang.

    14

  • 1

    1

    1_-

    Physiologie de la circulation pulmonaire normale

    Contrairement au foie ou aux reins, par exemple, qui ne reoivent qu'une partie de

    la circulation sanguine systmique, l' ensemble du dbit sanguin corporel passe par les

    poumons. Nanmoins, la circulation pulmonaire est un systme basse pression. Chez le

    suj et sain, la pression artrielle pulmonaire moyenne est d' environ 12 3 mmHg2. Les rsistances vasculaires pulmonaires (RVP) sont galement basses. Les RVP sont calcules selon la loi de Ohm :

    RVP = (PAPm - POG) / Qp

    o P APm correspond la pression moyenne de l' artre pulmonaire, P OG la pression

    moyenne de l' oreillette gauche et Qp au dbit sanguin pulmonaire. Les RVP peuvent galement tre modlises selon l' quation de Poiseuille, dcrivant les paramtres

    influenant la rsistance un flot laminaire et constant travers un tube rigide, selon

    l' quation suivante:

    o R reprsente la rsistance, 11 la viscosit du fluide, 1 et r la longueur et le rayon du tube.

    Ainsi, un changement minime de rayon influence considrablement la rsistance. Ces

    modlisations permettent de dcrire de faon simple les caractristiques rsistives des

    artres pulmonaires. Cependant, celles-ci prsentent des limitations maj eures puisque les artres pulmonaires correspondent un systme complexe d'embranchements distensibles,

    le sang constitue un fluide non homogne, et le flot est pulsatile (Figure 1).

    15

  • Oreillette Ventricule Artre Transition

    Oreillette droite droit pulmonaire gauche

    25

    20 0> I E 15 E C-o 10 00 CI) Q) L-

    0.. 5 \tJ\A. 0

    Figure 1. Pressions vasculaires diffrents niveaux de la circulation pulmonaire La pression moyenne est gnralement de 2 8 mmHg dans l 'oreillette droite, 12 15 mmHg dans l 'artre pulmonaire et de 5 12 mmHg dans l 'oreillette gauche. La pression de l 'artre pulmonaire se diffrencie du ventricule droit en raison de la pression diastolique qui se maintient entre 5 et 12 mmHg en raison de la valve pulmonaire. l 'inverse, la pression ventriculaire droite s 'approche de 0 mmHg lors de la diastole. La pression capillaire relle est intermdiaire entre la pression artrielle pulmonaire diastolique et la pression de l 'oreillette gauche. En l 'absence de maladie influenant le retour veineux, la pression capillaire relle s 'approche de la pression de l 'oreillette gauche qui peut tre estime lors du cathtrisme cardiaque droit par la pression d 'occlusion ou wedge . La pulsatilit de la circulation pulmonaire s 'amenuise progressivement pour devenir un flot quasi constant au niveau des capillaires pulmonaires.

    Ainsi, les RVP telles que calcules selon la loi de Ohm n' expliquent que 50% de la

    post-charge relle du ventricule droit, puisqu'elles ngligent les lments de la pulsatilit

    naturelle du flot pulmonaire. Cette post-charge relle peut tre value par l' impdance

    vasculaire qui rsulte de l' interaction entre les RVP, l' lastance des vaisseaux pulmonaires,

    l'inertie du sang et l' onde rflchie2;3 .

    Chez le sujet sain, c ' est la microcirculation pulmonaire qui est en grande partie responsable des RVP. L 'hypoxie alvolaire est l' lment provoquant la vasoconstriction

    artriolaire la plus puissante4. Cette raction est majore par l' augmentation de concentration plasmatique d' ion H+ ou de la pression partielle en dioxyde de carbone dans

    le sang5;6. Les RVP sont galement influences par la viscosit sanguine 7, la pression

    pleurale et les volumes pulmonaires8. Les RVP diminuent avec l' augmentation du dbit

    16

  • cardiaque, en raIson de la distension et du recrutement de vaIsseaux pulmonaires

    pralablement peu sollicits. Finalement, de nombreux mdiateurs sont impliqus dans la

    vasoconstriction (srotonine, endothline, norepinphrine, thomboxane, angiotensine II, histamine) et la vasodilatation (oxyde nitrique, prostaglandine 12 et E2 et bradykinine) des vaisseaux pulmonaires9. Le systme nerveux autonome semble jouer un rle limit dans le contrle des RVP.

    Pathologies relatives la circulation pulmonaire

    Plusieurs pathologies pulmonaires sont propres la circulation sanguine

    pulmonaire. Premirement, l'embolie pulmonaire rsulte en la prsence d'un caillot10 ou

    d'une bulle d ' air non dissoute ll transports par la circulation jusqu' l' artre pulmonaire. Elle a comme consquence d'affecter l'irrigation adquate des poumons. Deuximement,

    l' dme pulmonaire est l' accumulation de liquide au niveau des poumons, plus

    prcisment au niveau des tissus extravasculaires12 Elle peut tre le rsultat d 'une

    pathologie cardiaque gauche, d des lsions parenchymateuses pulmonaires ou bien

    consquente une perfusion sanguine de trop grand volume. Troisimement, des

    malformations artrio-veineuses pulmonaires congnitales telle la maladie de Rendu-Osler-

    Weber se retrouvent dans cette catgorie. Finalement, l'hypertension pulmonaire qui fait

    l'objet de ce mmoire vient terminer la liste des diffrentes conditions affectant la circulation pulmonaire. Elle est dcrite de fond en comble dans la prochaine partie.

    17

  • Hypertension pulmonaire

    Pa th ophysiologie

    La pression artrielle moyenne (PAPm) et ses dterminants

    L 'hypertension pulmonaire se dfinit comme une lvation persistante de la

    pression artrielle pulmonaire moyenne >25mmHg au repos ou >30mmHg l' exercice2 . La

    relation entre la pression de l' artre pulmonaire, le dbit cardiaque, les RVP et la pression

    de l' oreillette gauche se dfinit selon l' quation de Ohm modifie suivante:

    PAPm = Qp x RVP + POG

    Ainsi, l 'hypertension peut rsulter d'une augmentation du dbit sanguin pulmonaire

    (Qp), de la pression de l' oreillette gauche, des RVP ou d'une combinaison de ces facteurs. En raison de la capacit de distension et de recrutement de la circulation pulmonaire,

    l' augmentation isole du dbit cardiaque ou de la pression de l' oreillette gauche a

    gnralement peu d'effets sur la pression de l' artre pulmonaire ou entrane une

    hypertension pulmonaire lgre. l ' inverse, les conditions diminuant la surface vasculaire

    sont susceptibles d' augmenter considrablement les RVP. Cependant, une perte de 50-60%

    de la surface du lit vasculaire pulmonaire est ncessaire pour rsulter en une augmentation

    significative des RVP et de la pression de l' artre pulmonaire (Figure 2)13) 4.

    18

  • ,-------------------------------------------------------------------------------------------- --

    A

    0> 60 I E 5 Cl)

    40 c c Cl) >-0 E

    Cl.. 20 Cl..

    0 o 2 4 6

    Dbit cardiaque, L.min-1.m-2

    8

    o 20 40 60 80 100 0/0 d'obstruction vasculaire

    Figure 2. Relation entre (A) la pression de l'artre pulmonaire (PAP) moyenne et le dbit cardiaque en fonction de la proportion de la circulation pulmonaire obstrue et (B) les rsistances vasculaires pulmonaires (RVP) en fonction du niveau d'obstruction de la circulation pulmonaire

    En prsence d 'une obstruction vasculaire, le recrutement et la distension du lit vasculaire rsiduel limitent initialement l 'lvation de la PAP et des RVP, avec peu d 'augmentation des RVP jusqu' une obstruction de l 'ordre de 50%. La relation entre l 'importance de l 'obstruction et les RVP est donc hyperbolique. Cette relation, dcrite dans l 'embolie pulmonaire13;14, est physiologiquement applicable l 'hypertension pulmonaire.

    La relation entre la P APm et le dbit cardiaque demeure linaire des niveaux

    physiologiques de dbit cardiaque2;1 5;16. Chez le sujet sain, la PAPm s' lve peu l' exercice en raison de la baisse concomitante des RVp17. Cette augmentation rsulte donc

    surtout de l' lvation du dbit cardiaque et de la P OG. Des augmentations importantes de la

    P APm peuvent tre observes lors de l'exercice intense avec des dbits cardiaques

    extrmes (athltes) ou lors d' lvation importante de la Poo (sujets gs)17. Pour la majorit des patients souffrant d 'hypertension pulmonaire, la P APm est largement augmente au

    repos en raison des RVP leves. L'effort est galement associ une augmentation

    disproportionne de la P APm. un stade intermdiaire, les sujets prsenteront une P APm dans les limites de la normale au repos 25mmHg). Lors de l'effort, mme lger, on notera une lvation disproportionne de la P APm puisque la circulation pulmonaire aura

    perdu la facult d 'abaisser ses R VP l' effort.

    19

  • Fonction ventriculaire droite

    Le ventricule droit est une structure paroi mince fonctionnant comme gnrateur

    de volume. Il est trs sensible aux changements de post-charge. Ainsi, la fonction

    ventriculaire droite peut tre altre mme lorsque les RVP sont peu augmentes 18. La

    contractilit du ventricule droit et son volume d' jection sont alors diminus. L ' augmentation de la frquence cardiaque est alors le seul moyen d'augmenter le dbit

    cardiaque 19;20. Puisque les deux ventricules cardiaques fonctionnent en srie, cette

    dysfonction cardiaque droite entrane une diminution consquente de la pr-charge du

    ventricule gauche. La surcharge de pression dans le ventricule droit entrane galement une

    rectitude ou mme une inversion de la courbure normale du septum interventriculaire2

    Cette compression par le ventricule droit dilat l ' intrieur d' un pricarde peu distensible

    vient donc altrer la compliance du ventricule gauche. Ces altrations mnent la

    diminution du dbit cardiaque systmique et ventuellement une chute de la tension

    artrielle. La diminution de perfusion myocardique qui s'ensuit diminue encore davantage

    la rserve cardiaque 21. Lorsque cette augmentation de post-charge est progressive et

    prolonge, le ventricule droit compense par une hypertrophie de sa paroi qui permet

    d' augmenter sa contractilit tout en diminuant sa tension de surface. Nanmoins, cette post-

    charge du ventricule droit cause terme une dfaillance cardiaque droite qui sera

    responsable des symptmes et ventuellement du dcs des patients22 .

    Causes et classification

    Les causes d'hypertension pulmonaire sont multiples et sont catgorises en

    fonction de leur pathophysiologie23-26, de leur prsentation clinique et de leur approche

    thrapeutique (Tableau 1)27.

    20

  • Tableau 1. Classification clinique des hypertensions pulmonaires

    (Classification rvise lors du World Symposium - Venise 2003)

    1.1 Idiopathique (anciennement dnomme primitive) 1.2 Familiale 1.3 Associe une condition sous-jacente:

    1.3.1. Connectivite 1.3.2. Cardiopathie congnitale 1.3.3. Hypertension portale 1.3.4. Infection VIH 1.3.5. Mdications et toxiques 1.3.6. Autres (dysthyrodie, maladie de Gaucher, hmoglobinopathies,

    syndromes myloprolifratifs, splnectomie, tl angiectasie hmorragique hrditaire)

    1.4. Associe avec une atteinte veineuse/capillaire 1.4.1. Maladie veino-occlusive

    3.1. Maladie pulmonaire obstructive chronique 3.2. Maladie interstitielle 3.3. Troubles ventilatoires du sommeil 3.4. Hypoventilation alvolaire 3.5. Exposition chronique l'altitude 3.6. Anomalies du dvel ent

    Sarcodose, histiocytose X, lymphangiomyomatose, compression vasculaire r:lrt"~rln'""'athies, tumeurs, fibrose mdiastinale

    Adapt de Provencher et al .

    21

  • Hypertension artrielle pulmonaire

    L 'hypertension artrielle pulmonaire (HT AP) est donc une sous-classe de l 'hypertension pulmonaire et se caractrise par une augmentation progressive des

    rsistances l' coulement sanguin. Les critres hmodynamiques de l' HT AP sont les

    mmes que dans l'hypertension pulmonaire, c' est--dire une pression artrielle pulmonaire

    moyenne >25mmHg au repos ou >30rnrnHg l' exercice, en association avec une pression artrielle pulmonaire d' occlusion

  • HTAPi31 -33 . Ce genre de mutations est rarement identifi dans les autres formes d'HTAP. Il

    pourrait donc y avoir d' autres mutations identifier, possiblement lis la voie BMP/TGF-

    ~, jouant un rle considrable dans la rgulation de la vascularisation pulmonaire. Nanmoins, l' expression de BMPR2 est diminue mme en l' absence de mutations34.

    Cependant, des tudes gntiques semblent dmontrer que des mutations pour le

    gne codant pour le BMP R2 ne sont pas suffisantes, en soi, pour expliquer le

    dveloppement de l 'HT Ap27. L'apparition de la maladie ncessite probablement que cette

    prdisposition gntique soit couple des facteurs de risque variant de dfinitifs

    probables (Tableau 2)35. Cependant, elle peut apparatre sans cause connue ou vidente

    comme dans le cas de l'hypertension artrielle pulmonaire idiopathique (HT APi).

    23

  • Tableau 2. Facteurs de risques et conditions associes l'hypertension artrielle pulmonaire identifies lors du Evian Meeting (1998) classs selon leur niveau d'vidence respectif

    Dfinitives Aminorex Fenfluramine Dexfenfluramine Toxic r seed oil

    Trs probables Amphtamines L- e

    Probables Meta-amphtamines Cocane A ts chmothr ues

    Improbables Antidpresseurs Contraceptifs oraux Hormonothrapie (strogne) Ci~n .... o.1-f-o.

    Dfinitive Sexe

    Probables Grossesse ue

    Improbable Obsit

    Dfinitives Virus d'immunodficience humaine

    Trs probables Hypertension portale/maladie du foie Connectivites Shunt cardi ue nital

    Probables Problmes thyrodiens Conditions hmatologiques Maladies mtabolO ues ou ~a ... "\aT11r1ues rares

    Adapt de Gali and al. 36

    24

  • Manifestations physiopathologiques

    Les principales manifestations physiopathologiques de l'HT AP sont rsumes dans

    le Tableau 323 .

    Tableau 3. Anomalies impliques dans la pathognie et/ou la progression de l'hypertension artrielle pulmonaire

    'Anomalies t," }:

    Dysfonction endothliale

    (Dficit en AMPc et GMPc et lvation de l' endothline-l ) Sous expression des canaux potassiques des

    muscles lisses

    Anomalies inflammatoires

    (lvation des taux sriques d' IL-l et d' IL-6, auto-anticorps circulants (10-40% des patients), infiltration inflammatoire dans les lsions

    plexiformes, surexpression de chimiokines

    endothliales) Dysfonction plaquettaire

    (Production altre de thromboxane A2, de PDGF, de srotonine, de TGF-fJ et de VEGF)

    Adapte de Farber et al.2J

    Consquences

    Favorise la vasoconstriction et la

    prolifration cellulaire.

    Favorise la contraction et la

    prolifration des cellules

    musculaires lisses.

    Le rle de ces anomalies dans la

    pathognie de la maladie demeure

    incertain.

    Favorisent les thromboses in situ,

    la vasoconstriction et la

    prolifration cellulaire.

    AMPc = adnosine monophosphate cyclique; GMPc = guanosine monophosphate cyclique; IL = interleukine; PDGF = platelet-derived growthfactor; TGF-B = transforming growthfactor beta; VEGF = vascular endothelial growthfactor.

    Les artrioles touches sont pour la plupart :s 5001lm37. La dysfonction endothliale semble

    jouer un rle cl dans le dveloppement de la maladie. Trois facteurs dcoulant de cette

    25

  • dysfonction semblent tre impliqus dans l'augmentation des RVP qui caractrise cette

    maladie soient la vasoconstriction, le remodelage et les thromboses in situ.

    Vasoconstriction

    La production chroniquement altre de mdiateurs rgulant la vasodilatation tels

    l'oxyde nitrique et la prostacycline, ainsi que l'exposition prolonge et accrue d'agents

    vasoconstricteurs tels l' endothelin-l et thromboxane A2 affectent le tonus vasculaire

    pulmonaire. Une diminution d'un mtabolite de la prostacycline (6-keto-prostacycline F2a.) et une augmentation concomitante d'un mtabolite de thromboxane A 2 (thromboxane B2) sont d'ailleurs dtectables dans l'urine des patients23 .

    Remodelage

    galement, un dbalancement entre les agents anti-angiogniques et mitogniques favorise le remodelage artriel. La lumire vasculaire y est alors considrablement rduite.

    Ce remodelage artriel pulmonaire inclut la fibrose et l'paississement de sa paroi interne

    (intima) l'hypertrophie de la paroi intermdiaire musculaire (mdia), ainsi que des occlusions et des lsions plexiformes prdominantes sur sa couche externe, l'adventice26;38

    (Figure 3).

    Figure 3. Altrations histologiques observes dans l'hypertension artrielle pulmonaire Le remodelage vasculaire implique toutes les tuniques de la paroi des petits vaisseaux pulmonaires (grossissement X200). (A) paississement de l'intima avec hypertrophie de la mdia; (B) Fibrose intimale lamellaire concentrique; (C) Lsion plexiforme.

    26

  • Thromboses in situ

    Finalement, un dbalancement entre des agents anti-thrombotiques et pro-

    thrombotiques favorise l' apparition de thromboses dans les artrioles pulmonaires.

    Manifestations cliniques

    Les sIgnes et symptmes de l'HTAP sont initialement vagues. Les premires

    manifestations de la maladie rapportes par les patients sont souvent une fatigue accrue et

    un essoufflement inhabituel l ' effort. l' examen physique, certains bruits cardiaques anormaux peuvent tre perus par le clinicien (Gallop, augmentation du P2), de mme que des jugulaires distendues et un dme priphrique et abdominal. Plus rarement, une malformation des ongles appele hippocratisme digitale peut tre observ. galement, ces patients peuvent prsenter une saturation artrielle en oxygne l'air ambiant qui est

    diminue. Les rsultats des tests de fonction respiratoire rvlent parfois une capacit de

    diffusion des poumons diminue, un lger symptme obstructif et/ou une lgre rduction

    des volumes pulmonaires. Certaines anomalies peuvent tre visibles

    l'lectrocardiogramme (hypertrophie ventriculaire droite par exemple) et la radiographie pulmonaire (cardiomgalie, dilatation des artres pulmonaires). Ces signes sont toutefois tardifs dans l' volution de la maladie.

    En raison de la non-spcificit des symptmes, le premier rflexe de la part du

    patient ou du clinicien est donc d'attribuer les symptmes initiaux de la maladie au stress,

    l'obsit, au sdentarisme et mme d'autres maladies respiratoires comme l'asthme. Ceci

    a comme consquence de retarder le diagnostic. Ce n 'est donc que lorsque les dommages

    vasculaires se retrouvent dans un stade avanc que des signes et symptmes plus prcis de

    la maladie apparaissent et que le diagnostic est port22 . En effet, l' HT AP n ' est bien souvent

    diagnostique que deux trois ans aprs l'apparition des premiers symptmes39. Dans la

    majorit des cas, les patients diagnostiqus prsentent dj des limitations marques l' effort, susceptibles d' affecter largement leur qualit de vie. En raison de l'importance de

    27

  • leurs symptmes, ils se voient gnralement attribuer un niveau de classe fonctionnelle

    III/IV selon la classification de l' Organisation Mondiale de la Sant (OMS) (Tableau 4)39;40.

    Tableau 4. Classe fonctionnelle de l'hypertension artrielle pulmonaire selon l'Organisation Mondiale de la Sant (OMS)

    'CIasse FonctionneUe

    Classe 1

    Classe II

    Classe III

    Classe IV

    Description Hypertension artrielle pulmonaire qui ne rsulte en aucune limitation de l ' activit physique. Les activits de la VIe quotidienne n' induisent aucun symptme de dyspne, de fatigue, de douleur thoracique ou d' tourdissements s' apparentant une perte de conscience. Hypertension artrielle pulmonaire qui rsulte en une lgre limitation de l' activit physique. Le patient est confortable au repos, mais les activits de la vie quotidienne peuvent induire une dyspne, de la fatigue, des douleurs thoraciques ou des tourdissements s' apparentant une perte de conscience. Hypertension artrielle pulmonaire qui rsulte en une limitation marque de l' activit physique. Le patient est confortable au repos, mais le moindre effort peut induire une dyspne, de la fatigue, des douleurs thoraciques ou des tourdissements s'apparentant une perte de conscience. Hypertension artrielle pulmonaire qui rsulte en une incapacit complte de fournir un effort physique sans prsenter le moindre symptme. Le patient prsente des SIgnes d' insuffisance cardiaque droite. La dyspne, la fatigue, des douleurs thoraciques et des tourdissements s' apparentant une perte de conscience peuvent tre prsents au repos et augmentent en intensit lors du moindre effort.

    Adapte de Humbert et al 40

    Diagnostic

    Le diagnostic d'hypertension pulmonaire doit tre suspect en prsence de dyspne

    et d'intolrance l'effort, particulirement en prsence d'une pathologie susceptible d' tre

    associe l'hypertension pulmonaire (Tableau 1). Des symptmes disproportionns par rapport la svrit de la maladie cardiaque ou respiratoire dj connue incitent galement

    28

  • rechercher une hypertension pulmonaire associe. La pression de l' artre pulmonaire peut

    tre estime par chographie cardiaque41 . Le diagnostic est par contre confirm par

    cathtrisme cardiaque droit42. Sous anesthsie locale, un cathter est introduit par la veine

    fmorale ou jugulaire. Celui -ci est coupl un petit ballonnet son extrmit et est qualifi de flottant (cathter de Swan-Ganz). Par surveillance constante de la morphologie des courbes de pression, il est achemin dans l' oreillette droite. Une fois ce niveau, le

    ballonnet est alors gonfl, puis transport par le flux sanguin dans le ventricule droit, puis

    dans l' artre pulmonaire. Il est alors possible de mesurer plusieurs paramtres

    hmodynamiques pulmonaires tels que les pressions de l' oreillette et du ventricule droit, la

    pression artrielle pulmonaire, la pression artrielle pulmonaire d'occlusion, le dbit

    cardiaque (DC), l' index cardiaque (rC) et de calculer les RVP. Tel que mentionn prcdemment, les critres hmodynamiques diagnostiques de repos alors utiliss sont une

    pression artrielle pulmonaire moyenne >25mmHg et une pression artrielle pulmonaire

    d'occlusion

  • Les paramtres hmodynamiques ont t beaucoup tudis dans le but de tenter de

    prdire la survie des patients. Lors d 'une analyse univarie, D 'Alonzo et al. , trouvrent

    trois variables hmodynamiques prdictives de la survie des patients HT AP soient la

    PAPm, la pression moyenne de l ' oreillette droite et l ' IC22. Cependant, ces valeurs

    pronostiques sont reconsidrer selon le type d ' HT AP et selon la mdication administre.

    Ces valeurs hmodynamiques ne sont donc pas prdictives d 'un mauvais pronostic dans

    toutes les tudes et des rsultats opposs sont parfois observs. Une tude a mme

    dmontr qu'une diminution de la PAPm tait associe avec une survie diminue46. Les

    auteurs expliqurent qu' une diminution de la P APm pourrait tre le reflet d 'une condition

    cardiaque droite plus gravement altre.

    La classe fonctionnelle de l' OMS est galement prdictive de la survie des patients

    HT AP. Le risque de mortalit augmente avec la dgradation de la classe fonctionnelle, et ce

    indpendamment du type d'HTAP et de la mdication en cours47. galement, la tolrance l' effort est intimement relie au pronostic des patients HT AP. Miyamoto et al, ont d ' abord

    document une bonne corrlation entre la consommation maximale d'oxygne recueillie

    lors d'une preuve d'effort maximal sur vlo et la distance marche lors du test de marche

    de six minutes (TM6)48. De plus, ils ont d~montr que la distance marche lors du TM6 tait le seul paramtre indpendamment associ avec la survie des patients HT APi parmi

    plusieurs autres paramtres non invasifs tels l'ge, le sexe, la frquence cardiaque et la

    saturation de l 'hmoglobine en oxygne. La V02 max des patients est galement un facteur

    pronostique indpendant dans l'HTAPi49. La tolrance l ' effort corrle donc mieux avec la

    classe fonctionnelle et le pronostic que ne l'est la svrit hmodynamique48-51 exprime

    communment par un faible dbit cardiaque ou par une pression artrielle pulmonaire

    moyenne leve.

    Plus rcemment, le rle de certains paramtres l' chographie cardiaque41 ;52-55

    (panchement pricardique, taille de l'oreillette droite, distension ventriculaire droite, marqueurs de fonction cardiaque droite 55) ainsi que des biomarqueurs sriques (peptide natriurtique56, troponine57, endothline-1 58, noradrnaline59, acide urique60 et GDF _15 61 )

    30

  • ont t documents comme tant utiles lors de la stratification du pronostic de la maladie.

    Ces paramtres sont complmentaires aux paramtres hmodynamiques et cliniques tel que

    le test de marche ou la classe fonctionnelle dans la stratification de la svrit de la

    maladie.

    Traitements

    Jusqu' tout rcemment, c' est--dire la fin des annes 1990, il n 'y avait aucun

    traitement spcifique disponible. La thrapie conventionnelle consistait en des

    anticoagulants, de l' oxygne et des diurtiques. Le pronostic de l'HTAP tait alors

    globalement mauvais. Depuis le dbut des annes 2000, les thrapies dites spcifiques

    disponibles ont considrablement amlior la survie des patients40 (Tableau 5).

    Tableau 5. Thrapies spcifiques actuellement disponibles dans l'hypertension artrielle pulmonaire

    Bloqueurs des canaux calciques Nifedipine Diltiazem Amlodipine

    Drivs de la prostacycline Epoprostnol (LV.) Treprostinil (S.C., LV.) Iloprost (Inhal) (non disponible au Canada)

    Antagonistes des rcepteurs l'endothline-l Bosentan Sitaxsentan Ambrisentan

    Inhibiteurs de la phosphodiestrase de type 5 Sildnafil Tadalafil

    LV., Intraveineux; S.C., Sous-cutan

    31

  • Bloqueurs des canaux calciques

    Les bloqueurs des canaux calciques ont t largement utiliss depuis le dbut des

    annes 1990. Le blocage de ces canaux a pour effet de dilater les vaisseaux sanguins tant

    systmiques que pulmonaires rduisant ainsi l' hypertension. Cependant, une minorit de

    patients HTAP rpondent positivement aux bloqueurs calciques 10%)62. Ils sont identifis lors du test de vasorativit aigu effectu lors du cathtrisme cardiaque initial.

    Un test de vasoractivit positif se caractrise par une diminution de la PAPm d' au moins

    10 mmHg pour atteindre une valeur infrieur 40 mmHg et ce, en prsence d 'un dbit

    cardiaque prserv 63;62. Ce test s' avre trs important car il permet d' identifier le sous-

    groupe de patients bnficiant d 'un traitement long terme par bloqueurs de canaux

    calciques et dont le pronostic long terme est excellent. l'inverse, l' administration de

    cette thrapie chez les patients dont la vasoractivit est non significative peut aggraver leur

    condition.

    Drivs de la prostacycline

    Plusieurs drivs de la prostacycline sont disponibles pour tenter de pallier aux

    concentrations abaisss retrouvs chez les patients HT AP. En effet, cette molcule produite

    principalement par les cellules endothliales permet la vasodilatation des vaisseaux

    sanguins et prvient galement l'agrgation plaquettaire64 L'epoprostnol LV. est

    prsentement la seule thrapie qui a dmontr une amlioration de la survie des patients

    HT AP de classe fonctionnelle OMS IV65 . Cependant, l'administration de cette thrapie

    comporte certains inconvnients tels que son instabilit temprature pice, sa courte

    demi-vie dans le sang 6 minutes) ainsi que le risque d'infection et de blessure au site d' insertion du cathter64 Puisque cette mdication est instable pH acide, il ne peut se

    prendre oralement. Un autre driv de la prostacycline, le treprostinil, qui a l' avantage de

    pouvoir tre administr par voie sous-cutane, est galement utilis.

    32

  • Antagonistes des rcepteurs l' endothline-l

    L'endothline-l est un puissant composant mitogne et vasoconstricteur66. Puisque

    les niveaux de cette molcule sont augments chez le patient HT AP, des inhibiteurs des

    rcepteurs (ET A et ET s) de cette protine ont t dvelopps. Le bosentan, administr oralement, amliore la capacit l'exercice des patients et permet de diminuer leur risque

    d'aggravation clinique par le biais de l'inhibition des deux diffrents rcepteurs. Plus

    rcemment, le sitaxsentan et l' ambrisentan ont t approuvs au Canada.

    Inhibiteurs de la phosphodiestrase de type 5

    L'inhibition slective de la phosphodiestrase de type 5 permet l'augmentation de la

    concentration intracellulaire de la guano SIne monophosphate cyclique67. Cette

    augmentation induit la relaxation des vaisseaux sanguins et a galement un effet

    antiprolifratif>8 . Comme la phosphodiestrase de type 5 est abondante et relativement

    spcifique la circulation pulmonaire, les inhibiteurs de cette molcule sont de plus en plus

    utiliss en HTAP. Des tudes ont dmontr l'efficacit du sildnafil69~7o et du tadalafiCl ~72 sur la tolrance l'effort et l'hmodynamique pulmonaire des patients.

    Combinaisons et autres traitements

    En prsence d'chec au traitement initial, la thrapie est gnralement modifie

    pour un agent plus agressif (epoprostnol par exemple) ou une combinaison thrapeutique. En effet, bien que les donnes sur le sujet soient limites, la combinaison de mdications agissant sur des mcanismes d'action diffrents est susceptible de maximiser les bnfices

    cliniques des patients 73. Les trois mdicaments les plus couramment utiliss (bosentan, epoprostnol et sildnafil) touchent les trois plus importantes cibles thrapeutiques de la maladie soient les voies de l' endothline, de la prostacycline et de l'oxyde nitrique

    respectivement74;75. Finalement, la transplantation pulmonaire est recommande pour les

    33

  • formes graves d'HTAP en cas d' chec au traitement mdical maximaC6. Il s' agit d'une

    option de dernier recours, car la survie des patients sur trois et cinq ans est de 550/0 et 45%

    respectivement77 et le temps d'attente est gnralement de un deux ans.

    Impact des traitements dans l 'HT AP

    Les traitements spcifiques permettent donc aux patients HTAP d'amliorer tant

    leur survie, leur tolrance l' effort et leur classe fonctionnelle 78. Ils ont t dvelopps en

    lien avec la dysfonction endothliale qui caractrise la maladie et permettent maintenant aux patients d'obtenir une survie trois ans de plus de 80%46~79-81. En l'espace de quelques annes, l'HTAP est passe d'une maladie fatale et mauvais pronostic une maladie qui

    tend se chroniciser. Nanmoins, une majorit de patients demeure en classe fonctionnelle OMS III malgr les traitements spcifiques actuels. Deux symptmes de la maladie

    persistent donc de faon relativement marque chez plusieurs patients: la dyspne et

    l'intolrance l'effort. Tel que mentionn auparavant, ces symptmes sont susceptibles d'affecter significativement la qualit de vie des patients HT Ap40~82 ~ 83.

    Tolrance l'effort

    Tel qu'il a t mentionn prcdemment, la capacit l'effort corrle mieux avec la

    classe fonctionnelle et le pronostic que ne l' est la svrit hmodynamique. La capacit

    l'effort est value au moment du diagnostic de la maladie de mme que lors du suivi des

    patients. Elle se mesure communment de deux diffrentes faons, soit avec la distance

    marche lors du TM6 et avec la consommation maximale d'oxygne (V02max) obtenue lors

    de l'preuve maximale progressive sur vlo. Le TM6 consiste parcourir la plus grande

    distance possible la marche en six minutes. Ce test se droule dans un corridor calme, sur

    un parcours long de 30 mtres84. Il est plus susceptible de reflter le niveau fonctionnel des

    patients lors de leurs activits de la vie quotidienne, puisqu' ils choisissent eux-mmes leur

    rythme de marche. Complmentaire au TM6, l'preuve maximale sur vlo consiste

    34

  • fournir un effort correspondant au maxImum de la capacit de l' individu sur vlo

    stationnaire85 . Ce test est progressif, c ' est--dire qu' il augmente graduellement en intensit

    et qu' il inclut l ' analyse des paramtres ventilatoires et cardiovasculaires de faon continue.

    Plusieurs facteurs sont responsables de la faible tolrance l ' effort dans l'HTAP. Il est par

    contre important de bien comprendre la rponse physiologique nonnale lors d'un exercice

    avant de pouvoir identifier les anomalies dans l 'HT AP.

    Rponse physiologique aigu normale l'exercice

    Lors d'un exercice physique, les besoins nergtiques musculaires augmentent86. Le

    muscle ne contient qu'une faible quantit d'adnosine triphosphate (ATP), source d' nergie musculaire. Comme cette quantit n'est suffisante que pour produire une activit

    musculaire de quelques secondes, la production d'ATP doit tre constamment renouvele87.

    Le cur et les poumons fonctionnent donc de concert pour pennettre aux muscles de

    recevoir l'oxygne et les lments ncessaires la production d'A TP ainsi que d'liminer

    les dchets. En effet, plus de 85% du dbit sanguin est alors ddi aux muscles

    comparativement 15-20% au repos88;89. L'exercice physique se quantifie globalement par

    une augmentation de la consommation d'oxygne (V02 ). La V02 max atteinte par un individu

    lors d'un test d'effort maximal est le meilleur paramtre refltant sa tolrance l'effort9o.

    La V02

    se mesure l'aide du volume et du contenu en O2 de l'air expir:

    o VE correspond la ventilation minute, F 102 la mesure directe de la fraction d'oxygne de l'air inspir (habituellement 0.2093) et F E02 la mesure directe de la fraction d'oxygne de l'air expir.

    35

  • La V02

    peut galement s' exprimer selon la loi de Fick9o. On remarque alors que les

    deux principaux dterminant de l' augmentation de la V02 sont le dbit cardiaque aInSI que

    la diffrence artrio-veineuse d' oxygne en priphrie:

    o V02 correspond la consommation d'oxygne totale, Q au dbit cardiaque (produit de la frquence cardiaque et du volume d' jection systolique) et Diff(a-v)0 2 la diffrence entre le contenu en oxygne du sang artriel et du sang veineux, refltant la quantit d' oxygne

    prleve par les tissus en priphrie.

    Le lien qui existe entre la V02 , les poumons (ventilation), le cur (dbit cardiaque), le transport d'oxygne et l'utilisation priphrique (muscles) de cet oxygne sont schmatiss la Figure 4.

    Travail

    Figure 4 : Schmatisation de la consommation d'oxygne (V02 ) Les poumons absorbent l ' oxygne contenu dans l'air, puis le cur et les vaisseaux le transporte vers la priphrie o il sera utilis par les muscles sollicits. Les dchets ainsi produits, dont le dioxyde de carbone (C02), retournent vers les poumons par la circulation systmique puis pulmonaire o ils seront excrts hors du corps. V0

    2 : Absorption d'oxygne par les poumons; VC02 : Expulsion de dioxyde de carbone par

    les poumons; Q02: Consommation d'oxygne en priphrie; QC02: Production de dioxyde de carbone en priphrie;

    36

  • Rponse cardio-vasculaire

    Le dbit cardiaque augmente de faon linaire avec l' augmentation de la charge de

    travail9o . Lors d'un effort intense, le dbit sanguin augmente de quatre c~nq fois par rapport aux valeurs de repos. Cette lvation de dbit cardiaque est tributaire des

    changements de volume d'jection systolique et de frquence cardiaque. Le volume d'jection systolique augmente de faon curvilinaire avec la charge de travail jusqu' environ 50% de celle-ci, n' augmentant que lgrement par la suite91 . L'augmentation

    subsquente du dbit cardiaque dpend alors en grande partie de la frquence cardiaque. qui

    s'lve linairement avec la charge de travail et avec la consommation d' oxygne92.

    L'augmentation de dbit cardiaque est galement associe une redistribution

    sanguine au profit des muscles produisant le travail93 . Cette redistribution est cause

    notamment par la noradrnaline et par l' activation du systme nerveux sympathique94. Ces

    deux mcanismes sont responsables de stimuler le muscle lisse des artres destines aux

    reins, au foie l' estomac et aux intestins, favorisant ainsi une vasoconstriction locale au

    niveau de ces organes. Ce phnomne physiologique permet ainsi aux muscles qui

    travaillent de recevoir une quantit accrue de sang lors d'un effort physique de plus ou

    moins longue dure. Contrairement aux viscres, les fibres sympathiques effet

    vasoconstricteur au niveau des muscles actifs sont inhibes au profit de celles responsables

    de la vasodilatation. Le dbit sanguin musculaire est alors slectivement augment. De

    plus, la baisse de la pression partielle en O2 (P02) combine l'augmentation de la

    noradrnaline, de la production de CO2, de la temprature locale et au stress de l' intima

    cause par l' augmentation du dbit sanguin stimulent la production d'oxyde nitrique (NO) favorisant galement la vasodilatation des artres et artrioles95 . galement, l' oxyde nitrique diminue l' agrgation plaquettaire dans le but de permettre la fonction

    endothliale de conserver son intgrit.

    Ces adaptations expliquent l' augmentation essentiellement linaire de la pression

    artrielle systolique avec le dbit cardiaque l'effort9o. l'inverse, la pression artrielle

    37

  • diastolique n'est que trs peu module l'exercice, puisqu'elle reprsente la pression

    artrielle systmique lorsque le cur est en diastole, c' est--dire au repos.

    Rponse ventilatoire

    l'exercice, la ventilation, qui est le produit du volume courant et de la frquence

    respiratoire, est capable d'augmenter de faon considrable. Sa valeur peut parfois atteindre

    15 25 fois celle de repos90. Lors d'un effort modr, l' augmentation de la ventilation est

    principalement attribuable ' l' augmentation du volume courant, tandis que lors d'un effort plus intense, elle est plutt attribuable l' augmentation de la frquence respiratoire.

    L' augmentation de la ventilation est proportionnelle l' augmentation de la V02 jusqu' au seuil ventilatoire, aprs quoi elle augmente de faon disproportionne96 (Figure 5).

    38

  • 1

    20 JO.2

    1680 G20 2160 2400

    Figure 5 : tablissement du seuil ventilatoire (selon les critres de Wassennan97) Pour tablir le seuil ventilatoire (AT), on recherche premirement un point de dflection dans la courbe de production de dioxyde de carbone (VC02), correspondant une augmentation disproportionne de cette dernire. Cette dflection est normalement situe l'endroit o le Respiratory Exchange Ratio (RER) s'lve au-dessus de 1,0, correspondant une VC02 dpassant la consommation d'oxygne (V02 ). galement, le seuil ventilatoire est normalement situ dans une portion o l'quivalent ventilatoire pour le C02 (VE /VC02 )

    est stable alors que l'quivalent ventilatoire pour 1'02 (VE/V02) augmente. partir de ce

    point prcis, la ventilation (VE) augmente de faon disproportionne par rapport la V02 , tout comme les niveaux de lactates et de VC02 96;98.

    VC02

    : Production de dioxyde de carbone du corps (L/min); V02 : Consommation d'02 du corps (L/min); RER: (Respiratory Exchange Ratio) Il correspond au ratio production de C02 sur la consommation d'02 (VC02 /V02); VE: Ventilation (L/min); AT (Anaerobic

    Th resh 0 Id)

    39

  • Rponse musculaire priphrique

    Les augmentations combines du DC et de la ventilation l ' exercice sont ddies

    fournir la quantit et la qualit de sang ncessaire aux muscles squelettiques dans le but

    d' en favoriser leur bon fonctionnement. Il est par contre impratif que le muscle conserve

    une intgrit optimale dans le but de rpondre efficacement l ' augmentation de ce dbit

    sanguin. La tolrance l ' effort dpend non seulement de la capacit du corps faire

    circuler le sang et effectuer les changes gazeux au niveau pulmonaire, mais galement

    la capacit du muscle priphrique de rpondre l ' augmentation du travail reqUIS.

    Certaines caractristiques musculaires dites normales permettent donc au muscle

    priphrique de fonctionner de faon optimale en rponse l ' exercice.

    Le muscle squelettique

    Le tissu musculaire se divise en trois diffrents types soit le muscle cardiaque, le

    muscle lisse et le muscle squelettique. Ce dernier a comme principale fonction le

    mouvement, mais il est galement important dans la stabilisation du corps, la posture et

    dans la production de chaleur. Le muscle squelettique comporte gnralement les quatre

    caractristiques principales: il est excitable (rpond un stimulus lectrique ou un potentiel d'action), contractile, extensible et lastique9o Nous recrutons et contrlons ce type de muscle grce au systme nerveux central et aux structures proprioceptives

    comprises dans le muscle lui-mme et dans les tendons les rattachant aux os. La contraction

    musculaire ncessite une cascade de phnomnes tout aussi importants les uns des autres99

    Premirement, lors d'un mouvement volontaire, un potentiel d'action issu du systme

    nerveux central atteint les fibres nerveuses causant la libration de calcium par une

    structure musculaire intrinsque appel le rticulum sarcoplasmique. Le calcium ainsi

    libr s' attache une protine appel troponine. l'aide de l'A TP, la configuration ainsi modifie de la troponine permet aux autres protines contractiles musculaires, l' actine et la

    myosine, d'exercer leur fonction principale. En effet, ces deux dernires protines

    musculaires majeures forment des ponts capables de gnrer une tension. Elles permettent

    40

  • de moduler la longueur du muscle et ainsi de crer un mouvement90 . Tel que mentionn

    prcdemment, le renouvellement continuel de l'A TP est ncessaire la contraction

    musculaire. Les fibres musculaires contiennent trois diffrents systmes capables de

    produire de l'A TP soient: le systme cratine phosphate, la glycolyse et la phosphorylation

    oxydative1oo. Nous sommes alors en mesure d' effectuer des mouvements fluides , saccads,

    puissants, de courte ou de plus longue dure. Pour ce faire le muscle est compos plusieurs

    type de fibres qui possdent des caractristiques diffrentes. Les spcificits principales des

    trois types de fibres musculaires sont numres dans le Tableau 6.

    Tableau 6. Caractristiques des principales fibres musculaires du muscle squelettique

    '1 ,:~~i~,~:l}:~ Type 1 Type lIa Type Ilx Capacit oxydative leve Modre Faible Capacit glycolytique Faible leve Trs leve Mtabolisme Anarobie Anarobie

    Arobie longue dure courte dure

    Surface de chaque fibre 2000 4000 ~m2 2000 6000 ~m2 2000 10 000 ~m2 Rsistance la fatigue leve Modre Faible Seuil d' excitation Faible Moyen lev Dure de contraction 100 ms 50-90 ms 40 ms

    Force/Unit motrice Faible leve leve Densit Capillaire leve leve Faible Adapte de Tldov et al 101

    Le choix du type de fibre recrut par le systme nerveux central dpend du type de

    mouvement effectu. Les fibres de type l seront prfrentiellement recrutes dans une plus

    grande proportion lors d'un effort de moins grande intensit, mais de longue dure, alors

    que les fibres de type IIx seront recruts lors d'un mouvement de courte dure et de grande

    puissance. En effet, les fibres de type l sont dites endurantes et rsistantes la fatigue. Ce

    type de fibre a comme source d ' nergie principale le mtabolisme de type arobie, c ' est--

    41

  • dire qu' il utilise l' nergie produite par l' oxydation des nutriments disponibles tels les

    glucides et les lipides 102. Les fibres de type IIx sont plus puissantes, mais galement plus

    fatigables rapidement. Ces fibres sont dites anarobiques, puisqu'elles dpendent en

    majeure partie des substrats nergtiques intramusculaires. Les fibres de type lIa sont des fibres intermdiaires alliant les deux mtabolismes susmentionns. La proportion type du

    muscle quadriceps d'un individu sdentaire en bonne sant est de 47% et 53% pour les

    fibres de type 1 et II (a et x) respectivement103 . Cette proportion peut varier selon la gntique et l'entranement104. Le muscle squelettique possde une excellente capacit

    d' adaptation. Cette caractristique s'avre trs importante puisqu' en prsence d'une

    faiblesse musculaire, le muscle squelettique d 'un sujet sdentaire en bonne sant a la capacit de retrouver sa fonction normale grce l' entranement105;106. En effet, plus une

    masse musculaire importante est sollicite, plus elle est efficace lors de l'exercice. Un

    muscle bien vascularis, c'est--dire possdant une grande densit de capillaires, sera aussi

    plus efficace l' effort. Finalement, l'activit adquate ainsi que la prsence en quantit

    suffisante de mitochondries et de certaines enzymes sont ncessaires au fonctionnement

    musculaire normal et adquat.

    Fatigue musculaire

    La contraction musculaire est possible tant et aussi longtemps que le muscle est

    stimul par le systme nerveux central et contrl par les structures intrinsques

    musculaires. Cependant, la contraction musculaire n'est pas illimite. Tt ou tard, la fatigue

    musculaire apparatra. Par dfinition, la fatigue musculaire rsulte en une perte de force ou

    de puissance temporaire en rponse un effort volontaire engendrant une perte de

    performance 90. L'apparition de la fatigue dpend de plusieurs facteurs propres la nature

    mme de l'exercice (type, intensit, dure) mais galement de la composition musculaire et du niveau d'entranement de chaque individu 90. La fatigue peut se subdiviser en deux

    parties distinctes, soit la fatigue centrale et la fatigue priphrique.

    42

  • Fatigue centrale

    La fatigue centrale se dfinit comme la rduction progressIve des dcharges

    neurales volontaires du systme nerveux central aux muscles durant l' exercice9o. Cette

    rduction n' est pas influence par la dcharge neurale rflexe provenant des muscles

    priphriques vers le systme nerveux central appele galement rtroaction affrente107.

    La motivation, l'tat de fatigue gnral et la capacit de rsistance la douleur lors d'un

    effort sont des facteurs subjectifs pouvant contribuer moduler ces dcharges neurales. La perception personnelle de l' effort physique est galement un facteur important dans

    l' apparition de la fatigue centrale. En effet, la libration de catcholamines tel l' adrnaline

    et la noradrnaline augmente de faon plus importante lorsque l' effort demand parat

    difficile 1 08. Plus la quantit de catcholamines sera grande, plus l' augmentation du rythme

    cardiaque, de la pression artrielle systmique et de la ventilation seront disproportionns

    par rapport au niveau d ' effort requis. Une perception personnelle exagre par rapport un

    exercice donn mne donc un niveau de stress physiologique lev et ultimement une

    fatigue systmique prmature.

    Fatigue priphrique

    La fatigue priphrique se dfinit par la perte de force et de puissance qui sont tous

    deux indpendantes du systme nerveux central. Bien que la maj orit des vidences se rapportent ce type de fatigue, les facteurs causant la fatigue priphrique sont multiples et

    complexes. Lors d'un exercice de faible intensit, l'ATP produite dans le muscle

    squelettique provient principalement de la phosphorylation oxydative et les fibres de type 1

    sont alors prfrentiellement sollicites109. Les principaux substrats nergtiques alors

    utiliss sont les hydrates de carbone et les triglycrides87 . Cependant, lors d'un exercice

    d'intensit modre, l'interaction de plusieurs systmes produisant l 'ATP devient

    ncessaire et le seul recours au mtabolisme arobie et aux fibres de type 1 ne suffit pas lors

    d'un effort de trs haute intensit.

    43

  • Effort d 'intensit leve et de courte dure

    Lors d'un exercice de courte dure mais de grande intensit, le recrutement de fibres

    de type plus fatigables et non oxydatives est alors requis. Le mtabolisme anarobie, alors

    sollicit, entrane. une diminution d'ATP, de cratine phosphate et de pH ainsi que

    l'accumulation d' ions W et de phosphate inorganique au niveau du muscle 102. La

    diminution du niveau d'ATP pourrait, elle seule, contribuer l' apparition de la fatigue,

    car elle entranerait une diminution de la capacit du muscle produire une force et

    galement compromettrait le fonctionnement normal du rticulum sarcoplasmique.

    Cependant, comme la quantit d'ATP diminue rarement en de de 60 70% du niveau

    initial Il 0, il est plus probable que la fatigue priphrique soit attribuable des facteurs

    propres l'utilisation de cet ATP plutt qu' sa simple diminution de concentration1ll .

    La maj orit des vidences de fatigue se rapportent aux effets de l'accumulation des ions H+ au niveau musculaire112 . Ceci provoque l'altration du couplage actine-myosine, de

    la glycolyse et de la production de calcium, de mme que l'inhibition du couplage du

    calcium la troponine et l'augmentation du seuil minimal de calcium requis ncessaire la

    contraction musculaire. galement, lorsque le flux de la glycolyse est augment, c' est--dire lorsque la demande envers ce systme de production d' ATP est trs important, le

    pyruvate doit accepter un ion H+ car sa production excde la capacit du systme de

    transport de ces ions du sarcoplasme vers la mitochondrie. Le produit ainsi form sera du

    lactate. Ce mtabolite entrane une acidose mtabolique ainsi qu'une fatigue musculaire

    lorsqu'il est accumul en grande quantit. Le recrutement du mtabolisme anarobie aux

    dpends du mtabolisme arobie n'explique pas compltement l'accumulation de l'acide

    lactique au niveau musculaire. Ceci dpend galement du type de fibres recrut, car

    certaines enzymes prsentes dans les fibres de type II sont en mesure de favoriser, par

    exemple, la formation de lactate, et ce indpendamment de la disponibilit de l'oxygne.

    Finalement, d'autres sites faisant parti de la squence du couplage

    excitation/contraction sont en mesure d'expliquer en partie l'apparition de la fatigue

    musculaire lors d'un effort intense de courte dure. Des anomalies au niveau du potentiel

    44

  • de repos de la membrane cellulaire musculaire ainsi que l' augmentation de la dure du

    potentiel d' action peuvent altrer la production de calcium par le rticulum sarcoplasmique

    et diminuer la force contractile musculaire110;1 13;11 4.

    Effort de faible intensit et de longue dure

    Lors d 'un exercice prolong, d 'autres facteurs tels que l' puisement des rserves de

    glycogne musculaire 1 15 et hpatique, la diminution de glucose sanguin, la dshydratation

    et l' lvation de la temprature corporelle sont galement en mesure d ' induire une fatigue .

    Suite un effort prolong, une fatigue persistante pourrait galement affecter la squence

    du couplage excitation/contraction cause d 'une production excessive de drivs ractifs

    de l'oxygne ou bien cause de la prsence prolonge d'une grande concentration de

    calcium intra cellulaire116;117. Les mcanismes induisant la fatigue ne sont pas encore

    compltement lucids et les facteurs apparaissant lors d ' effort de longue dure sont en

    mesure d' induire tant une fatigue centrale que priphrique.

    Impact de lafatigue sur la tolrance l'effort

    La fonction musculaire est intimement relie aux fonctions ventilatoires et cardio-

    vasculaires puisqu'elles seront influences en prsence de fatigue. L'acidose mtabolique,

    autrefois mesure par la prsence de lactates dans le sang, est maintenant dcele l' aide

    des paramtres ventilatoires expirs118 . L ' acidose mtabolique concide avec le seuil

    ventilatoire caractris par une augmentation disproportionne de la production de C02

    (VC02

    ) (Figure 5). ce point prcis, les besoins nergtiques musculaires dpassent la capacit du mtabolisme arobie. Pour permettre la continuit de l' exercice, le systme

    anarobie doit se mettre en branle, ce qui entrane la libration accrue d'acide lactique119 .

    L' augmentation de la production de CO2 est explique en partie par le tamponnage de

    l' acide lactique par le bicarbonate de sodium9o La ventilation est alors son tour

    augmente dans le but de librer cet excs de C0296. Une plus grande ventilation sous

    45

  • entend un travail des muscles respiratoires plus grand. Le cur doit donc alors augmenter

    son dbit vers ces muscles tout en continuant d' assurer l ' acheminement sanguin ncessaire

    aux autres muscles qui travaillent. La fatigue musculaire priphrique augmente donc le

    travail cardiaque et ventilatoire.

    Les mcanismes responsables de l' apparition du seuil ventilatoire demeurent

    toutefois incertains12o. L' apparition de l' acide lactique n 'est pas uniquement le rsultat d' un

    apport inappropri en oxygne. De mme, l' puisement des rserves de glycogne

    musculaire121 et hpatique, la diminution du glucose sanguin, la dshydratation et

    l ' augmentation de la temprature corporelle sont d' autres facteurs pouvant mener la

    fatigue musculaire pour un effort de plus longue dure. Nanmoins, l ' acidose mtabolique

    et la fatigue tant centrale que priphrique influencent largement la capacit l' effort des

    individus.

    Rponse physiologique aigu l'exercice dans l'HTAP

    Au cours des dernires annes, plusieurs investigateurs ont tent d' identifier les

    facteurs menant l ' apparition de la dyspne et de l' intolrance l ' effort dans l 'HTAP.

    Cependant, ces facteurs ne sont pas encore compltement lucids. Des anomalies ont par

    contre t identifis tant au niveau de la fonction cardio-respiratoire que musculaire.

    Anomalies cardio-vasculaires

    Le remodelage et la vasoconstriction des vaisseaux artriels pulmonaires font en

    sorte d' accrotre la post charge du ventricule droit122. De plus, le niveau d'hypertension

    pulmonaire s' lve gnralement de faon disproportionne l' effort. Ceci rsulte en une

    diminution importante du volume d' jection systolique. La frquence cardiaque devient alors le dterminant le plus important dans l'augmentation du dbit cardiaque l'effort. Les

    patients HT AP sont galement aux prises avec une rponse chronotropique altre

    46

  • l' effort. Leur frquence cardiaque tarde donc s' acclrer et n ' atteint pas les valeurs

    maximales prdites 122. L'augmentation du dbit cardiaque est donc limite aussi bien par

    des anomalies du volume d' jection que de la frquence cardiaque. Lors d'un test maximal, ces anomalies rsultent en une diminution de la frquence cardiaque maximale et une

    diminution du ratio V02 /FC (appel pouls d ' oxygne), reflet du volume d' jection systolique. Finalement, la redistribution vasculaire priphrique n' est pas compense par

    une augmentation suffisante du dbit cardiaque et la pression artrielle systolique

    n' augmente que trs peu l' effort49. Ultimement, ces altrations mnent une diminution

    de la V02 max ainsi qu'un ratio V02 /charge d ' exercice diminuel22

    .

    Anomalies ventilatoires

    Le remodelage vasculaire pulmonaire est galement responsable d 'une rponse

    ventilatoire anormale au cours de l'exercice, notamment en causant une capacit de

    diffusion de l'oxygne diminue. Ce remodelage vasculaire a aussi comme consquence de

    crer des anomalies ventilation-perfusion123;124. Certaines zones ventiles reoivent une

    perfusion inadquate rsultant en un espace-mort alvolaire. Concrtement, cela signifie

    que le patient HTAP doit ventiler une plus grande quantit d'air afin de pouvoir liminer le

    CO2 produit lors d'un effort physique. De plus, les patients HTAP prsentent frquemment

    une hypocapnie chronique 125. Ces anomalies s'observent lors de l'preuve d'effort par un

    ratio VE /VC02

    augment et une pression tl-expiratoire en CO2 abaisse l'exercice122;126.

    D'autre part, le seuil ventilatoire apparat plus tt chez le patient HT AP. La production de

    CO2 pour une charge donne est donc excessive augmentant encore davantage la charge de

    travail respiratoire. Finalement, on remarque une augmentation de la diffrence alvolo-

    artrielle en oxygne (PA_a02)127-129.

    47

  • Anomalies musculaires priphriques: Autres maladies chroniques

    D'un point de vu clinique, les patients HT AP semblent partager plusieurs

    symptmes, tant l ' exercice qu' au repos, avec des patients aux prises avec la maladie

    pulmonaire obstructive chronique ainsi qu' avec une insuffisance cardiaque. Plusieurs

    anomalies musculaires ont d'ailleurs t dcrites dans ces conditions. Premirement, ces

    patients ont une surface musculaire de la cuisse qui est proportionnellement plus rduite

    que ne l' est le poids corporeI130;131. galement, une diminution de la proportion de fibres musculaires oxydatives (type 1) au profit d 'une augmentation de fibres de type IIx, ainsi qu'une atrophie des fibres de type l et lIa sont observes au niveau de la cuisse132-134. De

    plus, le niveau de capillaires par unit de surface musculaire est diminu chez les patients

    atteints de maladie pulmonaire obstructive chronique comparativement aux sujets tmoins sdentaires 132. Enfin, le profil enzymatique du muscle de ces patients diffre galement des

    sujets tmoins. Une diminution de l'activit de certaines enzymes oxydatives (Citrate Synthase, 3-hydroxyacyl-CoA dshydrognase, Succinate Dshydrognase) est galement documente 135; 136. Ces changements morphologiques occasionnent des anomalies au niveau

    fonctionnel musculaire telles une faiblesse et une endurance musculaire diminue, ainsi

    qu'une fatigue plus importante et persistante aprs un effort physique 13 1;137.

    Anomalies musculaires priphriques en HTAP

    Beaucoup d'tudes se sont attards l'impact des paramtres hmodynamiques

    dans le but de pouvoir expliquer la faible tolrance l ' effort dans 1 ' HT AP. Les faibles corrlations existantes entre la svrit hmodynamique de la maladie et la tolrance

    l' effort suggrent que d' autres facteurs sont impliqus dans la physiopathologie de

    l'exercice en HTAp48;122. Par analogie la dysfonction musculaire documente dans la

    maladie pulmonaire obstructive chronique et l ' insuffisance cardiaque gauche, il apparat

    plausible que 1 'HTAP soi~ associe une atteinte musculaire priphrique. Peu d ' informations sont prsentement disponibles concernant cette composante chez les

    48

  • patients HT AP. Nanmoins, la chronicit des changements systmiques tels un faible dbit

    cardiaque, l'inflammation systmique37;138, l'hyperractivit sympathique l39, l'hypoxmie

    ainsi qu'un faible niveau d'activit consquent ces changements pourraient altrer la

    fonction musculaire. Quelques tudes ont tout d' abord mis en vidence qu'une proportion leve de patients HT AP devaient mettre un terme leur test d' effort maximal en raison de douleurs et de faiblesses subjectives des membres infrieurs122;140;141. galement, Palange et al. ont mis 1 'hypothse que l' augmentation exagre de la ventilation observe lors de

    l' effort physique pourrait entre autre reflter l' accumulation prcoce d'acide lactique

    dcoulant de possibles anomalies musculaires priphriques 142. Myers et al. ont rapport

    que les patients HT AP taient aux prises avec une musculature respiratoire plus faible que

    les sujets contrles143. Au terme de cette tude, les auteurs ont stipul que cette dysfonction musculaire pourrait reflter une faiblesse musculaire gnrale dans la maladie. De faon

    similaire, la faiblesse musculaire volontaire du membre suprieur chez les patients HT AP a

    t rapporte144. Cependant, l' tude spcifique du membre suprieur n' est pas idale

    puisque dans d'autres maladies chroniques telle que la MPOC, cette fonction musculaire est

    demeure mieux prserve que celle du membre infrieur145. Le membre infrieur est

    d'ailleurs plus propice tudier puisqu'elle reprsente une masse musculaire importante et

    trs fonctionnelle lors des activits de la vie quotidienne. Tel que mentionn auparavant,

    l' intgrit musculaire est trs importante et est en mesure de grandement influencer la

    capacit l'effort des patients souffrant d'HTAP. Jusqu' maintenant, aucune donne

    n'existe en HTAP relativement la force involontaire ainsi qu' la morphologie musculaire

    des patients et mritent donc d'tre investigues.

    L'activit physique dans l'HTAP

    L'exercice physique apparat tre un moyen efficace d'amliorer la fonction

    musculaire priphrique des patients atteints de maladies cardiaques et respiratoires chroniques146-148. En effet, de larges tudes randomises ont dmontrs qu'un programme

    de radaptation amliorait la qualit de vie et la tolrance l'effort des patients souffrant

    maladie pulmonaire obstructive chronique et d'insuffisance cardiaque gauche149-151. Chez

    49

  • les patients avec maladie pulmonaire obstructive chronique, des amliorations au niveau

    musculaire priphrique ont rsult en des amliorations de la tolrance l'effort sans qu'il

    n'y ait d'amliorations au niveau de leur fonction respiratoire 1 52. Les amliorations

    priphriques relates dans cette maladie comprenaient 1 'hypertrophie des fibres

    musculaires, l ' augmentation de l' activit des enzymes oxydatives et de la capillarit, ainsi

    que la diminution de l'accumulation htive d ' acide lactique l'exercice132;l47;148J 53.

    D ' ailleurs, la radaptation fait dornavant partie intgrale de l ' approche thrapeutique

    globale de ces deux maladies154;155.

    Jusqu' tout rcemment, l'exercice physique tait contre-indiqu dans l' HTAP. Ce

    genre de thrapie n'tait pas considr comme un traitement appropri et scuritaire. Ceci

    s'expliquait entre autres par le fait que les patients HT AP augmentent leur P APm de faon

    exagre l ' effort, ce qui pouvait court terme augmenter le risque de syncope et de mort

    subite. Cependant, une tude rcente suggre qu'un programme d' exercice supervis ayant

    un mode et une intensit adapts la maladie pourrait tre un bon moyen d'augmenter la

    tolrance l'effort des patients HTAp156. Malgr le fait que ce programme tait intensif, il

    fut bien tolr et s'est avr scuritaire pour les patients. Tout comme dans l'insuffisance

    cardiaque, l'amlioration de la tolrance l ' effort des patients suite au programme n'a pas

    t relie l'amlioration des paramtres hmodynamiques de repos tels que le dbit

    cardiaque ainsi que la pression artrielle pulmonaire. Une tude ralise par Coats et al. , a

    dmontr que l'amlioration de la tolrance l'effort de patients souffrant d'insuffisance

    cardiaque suite un programme de radaptation tait relie de meilleurs changes gazeux

    et un mtabolisme musculaire amlior, une meilleure efficacit respiratoire et

    l ' augmentation de la masse musculaire 1 57. Des amliorations musculaires priphriques

    semblables pourraient expliquer l'amlioration de la tolrance l'effort des patients HT AP

    dans l'tude de Mereles et al. Cependant, les mcanismes menant l'amlioration de la

    capacit l'exercice des patients HTAP n'y ont pas t explors et demeurent donc, ce

    Jour, Inconnus.

    Outre ses effets bnfiques sur la composante musculaire priphrique, la pratique

    rgulire de l'activit physique est susceptible de procurer plusieurs autres avantages aux

    50

  • patients souffrant d'HTAP incluant: le maintien du poids corporel, l ' amlioration de la

    tolrance au glucose et du profil lipidique, l ' estime de soi et le bien tre gnral 158)59. Ces

    avantages sont de plus en plus pertinents compte tenu de l' amlioration rcente du

    pronostic vital long terme de l'HTAP. Une revue rcente stipule d' ailleurs que l' exercice

    physique devrait dornavant faire partie intgrante de l' algorithme de traitement en

    HTAp 160.

    Problmatique

    La littrature a permis de