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ANALYSES

10

Barrières au mieux-être des CanadiennesQue disent les intervenantes du domaine de lasanté et que révèlent les statistiques au sujet desbarrières au mieux-être de la populationféminine? La même chose! Ce résumé extraitd'une allocution de Monique Begin le démontre.

Des corsets aux régimes amaigrissantsEnviron 98 p.100 des femmes ont déjà suivi unrégime amaigrissant au cours de leur vie. Noussommes une génération de femmes obsédées parnotre poids. Pourquoi? Comment pourra-t-on s'ensortir ! Une analyse de Dyane Adam

DES CORSETS AUX RÉGIMES AMAIGRISSANTS

REPORTAGES

/

L'AUTO-SANTÉ DES FEMMES

13 L'auto-santé des femmesLe mouvement de santé des femmes date deplusieurs années déjà chez nos consoeurs duQuébec. Alors qu'en milieu minoritaire il est endéveloppement, que retirons-nous de leurexpérience? Un reportage de Colette Godin

36 Une vision du Chili«La culture c'est le pouvoir qu'a un peupled'analyser et de critiquer une réalité qui luiappartient». Un outil, le vidéo permet de prendrela parole et de la transmettre en images, icicomme au Chili. Un reportage de LiseRobitaille

TEMOIGNAGE

Moi et mes autresDans la seconde partie de son témoignage,Rachel Cléroux, victime d'un désordre mentalcausé par l'inceste, raconte comment elle aretrouvé la Rachel qu'elle n'avait jamais connue.

NDLRpar Micheline Piché

15 Chère Zénaïdepar Thérèse Boutin

37 En deux mots

2 Femmes d'action Juin-Juil.-Août 1989

BARRIÈRES AU MIEUX-ÊTRE DES CANADIENNES

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Sommaire

THÈME: ÉCOLOGIE ETENVIRONNEMENT

NOTES D'ESPOIR ... „

Notes d espoir« Je crois qu'il faut s'imaginer un monde

équitable, un monde organisé autour de l'idée del'association de toutes et de tous. Il faut se

l'imaginer, puis, il faut s'organiser pour l'obtenirpour éviter le suicide collectif».

par Dorothy Todd Hénaut

Reconnaître notre inter-dépendance 19« Plus on est informée, plus on veut en savoir

davantage et plus notre engagement est actif».Un entretien avec Diane Sabourin, militante

écologiste de Winnipeg.par Micheline Piché

Sortez vos parasols 22La diminution de la couche d'ozone est, avec

l'augmentation du gaz carbonique dansl'atmosphère, l'un des plus graves problèmes

auxquels l'humanité fait face. Pour la protéger, ilfaut agir vite et tout de suite.Un texte de Janine Savoie

Écoute, entends-tu? 23Avez-vous écouté le concerto de la forêt ou de la

rivière lorsque le vent fait vibrer des sons àplusieurs mouvements? Cette musique, PierretteRobichaud la connait mais ne s'en lasse pas car

elle est imprévisible.

Aide-toi et la nature t'aidera 25Aux dernières élections, de nombreux sondages

annonçaient que l'environnement figurait parmiles trois grandes préoccupations des

Canadien-ne-s. On a notre part à jouer écritMichèle Fournier,

et quelle part!

Cette planète vous tient à coeur?Ce n'est un secret pour personne, la planète terreest en danger. Il est difficile de fermer les yeux etde rester insensible. Le groupe Les Amis et amies

de la terre travaille depuis plus de dix ans à lapromotion de l'action individuelle et de l'action

collective dans ce domaine.Une recherche de Colette Godin

Tout m'est apparu d'un coup et du coup je nevoyais plus que ça. Sur une plage du lac Erié, jeme promenais en zigzaguant parmi les cadavresde mouettes. Je mourais de chagrin, de honte, de

fatalité; était-il trop tard pour agir?Un témoignage de Joanne Côté

L'ère nucléaire: sans danger immédiat?Rosalie Bertell présente dans ce livre imposant,

les résultat de dix années de recherche surl'utilisation de l'énergie nucléaire. Sa conclusion,

écrit Claude Drolet, c'est que guerre nucléaireou pas, l'espèce humaine est menacée de

disparition.

SORTEZ VOS PARASOLS

Notre mère la terreSaviez-vous qu'il existe au delà de 1 800 groupes àvocation écologiste au Canada et qu'on y retrouveautant de femmes que d'hommes, sinon plus ? LeRéseau canadien de l'environnement leur sert de

point de ralliement,par Micheline Piché

Cobayes inutiles:nos cosmétiques détruisent les animaux

par Julie Duciaume

Ce que je peux faire:48 trucs pour favoriser un comportement

écologique

Pour en savoir plus par Colette

Terre un poème de Micheline St-Cyr

27

Anéantir la torpeur 28

33

29

32

30

35

&, I

Petit poisson 34Une fiction de Lucienne Laçasse Lovstead

AIDE-TOI ET LA NATURE T'AIDERA! 39Le bOUtte dU bOUtte par Claire Mazuhelli

Femmes d'action Vol. 18 No 5 3

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Courrier

Votre opinion sur des sujets d'actualité,vos commentaires apropos des articlesde la revue stimulent l'échange etencouragent la rédaction à poursuivreson travail. N'hésitez pas à nous écrire!

Fabuleux! Quelle belle idée! Quellesaine audace ce numéro spécial! J'aiappris beaucoup de la vie des femmesd'ailleurs. Vive la solidarité des fem-mes ! Puissions-nous toutes ensemble,bâtir un monde meilleur dans une ac-tion concertée à l'échelle mondialecomme le mentionne Micheline Pichédans l'éditorial. Bravo à toute votreéquipe ! Paix ! Merci !

Madeleine Breton-Prud'hommeBathurst, Nouveau-Brunswick

La revue est très intéressante et nousrenseigne sur ce qui se fait pour nous lesfemmes.

Alice CamiréHearst, Ontario

Le contenu de Femmes d'ici et d'ail-leurs est excellent. J'ai fort appréciécette étude de la condition féminine ; ilest important de garder des liens avecnos soeurs de pays et de cultures dif-férent(e)s.

Pierrette BoilyWinnipeg, Manitoba

Félicitations pour votre numéro spécialsur les femmes d'ici et d'ailleurs.Bravo ! Quelle belle initiative que d'é-

largir la vision des femmes sur lesconditions de vie de leurs soeurs dediverses religions et de différents pays.

Que de chemin parcouru depuis lafondation et même depuis 1979, où j'aieu le privilège de travailler avec leConseil d'administration de la Fédéra-tion nationale des femmes cana-diennes-françaises comme personne-ressource en vue de l'organisation duCongrès national.

Dix ans seulement, mais quel par-cours prodigieux pour éduquer les fem-mes à plus de responsabilités, à plusd'audace, et à la solidarité surtout.

J'admire votre travail à la revue. Jesuis contente d'y être abonnée et j'enretire grand profit tant au niveau del'information que de mes convictionsde féministe par la lecture d'articlesfort bien documentés sur des questionstoujours pertinentes.

Simone Monet ChartrandRichelieu, Québec

FEMMES D'ACTION

Une revued'informationet d'opinionde qualité

qui vous

endra-surpïFEMMES D'ACTION va droit au coeur de la vie des femmes-

ARecevez gratuitement le vol 18no1 «Femmes et sexualité» etsoyez agréablement surprise!

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5 Je désire lire le vol 18 no 1 (gratuit)

Publiée cinq fois l'an par la Fédération nationale des femmescanadiennes-françaises 525,325 rue Dalhousie, Ottawa,Ontario K1N7G212$ l'an 20$ deux ans 23$ organisme

miracle à lala main

minimiser les enfantsdu monde d'ici 1990-Le Canada participe

non sans fierté à cetteextraordinaire entreprisevisant à enrayer les sixprincipales maladies conta-gieuses qui, chaque année,tuent ou affligent de façonpermanente quelque septmillions d'enfants dans lespays en développement.

Pour plus d'information,adressez-vous à:Association canadiennede santé publique1565 avenue Carling, Suite 400OTTAWA, Canada K1Z8R1Telephone (0\3\ 725-3769Teie(a\ pi 5l 725-982tjFinancé par le gouvernement duCanada . Géré par l'Associationcanadienne de santé publique.

4 Femmes d'action Juin-Juil.-Août1989

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NDLR

Responsable de la revueet

rédactrice en chefMicheline Piché

Comité de rédactionSuzanne Lacroix (Alberta)

Mireille Lavoie (Nouveau-Brunswick)Nicole Morin (Manitoba)

Jeannine Ouellette (Ontario)Collaboratrice au thème

Colette GodinCorrespondantes

Dyane Adam, Thérèse BoutinRachel Cléroux, Joanne Côté

Julie Duciaume, Michèle Fournier, ColetteGodin, Lucienne Lacasse-Lovsted, ClaireMazuhelli, Pierrette Robichaud, Lise Robi-

taille, Micheline St-Cyr, Dorothy ToddHénaut, Janine Savoie.

Les individus peuvent se procurer la revueFEMMES D'ACTION en s'y abonnant au

coût de 12$ (1 an), 20$ (2 ans), 28$(3 ans), ou 35$ (abonnement de

soutien — 1 an). Les organismes peuventégalement recevoir la revue en s'abonnantau coût de 23$ par année. Le tarif interna-

tional par voie de surface est de20$/année et par avion de 26$/année.

ProductionLes Illustrateurs de l'Outaouais Inc.

RévisionDeshaies, Scribe enr.

Photo page couvertureMarc A. Price

FEMMES D'ACTION est imprimée par:Imprimerie Mutual Press Ltd.

FEMMES D'ACTVONest une revue d'informa-tion et d'opinion des femmes francophonesvivant en milieu minoritaire; elle est publiéecinq fois fan par la Fédération nationale desfemmes canadiennes-françaises (FNFCF).Le contenu de FEMMES D'ACTION peut êtrereproduit en indiquant «Texte tiré deFEMMES D'ACTION, la revue des femmesfrancophones vivant en milieu minoritairepubliée par la Fédération nationale des fem-mes canadiennes-françaises».Ni la FNFCF, ni la rédaction n'assument laresponsabilité des opinions émises dansFEMMES D'ACTION; elles tenteront toute-fois de publier des points de vue divergents,afin de susciter des débats, d'encourager lepartage d'information et de créer une dyna-mique.Toutes sont invitées à soumettre leurs écrits,en français, à FEMMES D'ACTION. Toute-fois, il s'avère important d'entrer d'abord encommunication avec la FNFCF, 325, rue Dal-housie, pièce 525, Ottawa (Ontario) K1N 7G2,téléphone (613) 232-5791. Toute demande dereproduction doit être envoyée à cette mêmeadresse.La Fédération nationale des femmes cana-diennes-françaises (FNFCF) est un orga-nisme bénévole national qui se veut de plusen plus un outil de revendications pour lesFranco-Canadiennes.Dépôt légal, Bibliothèque nationale,ISSN 0226-9902.

Courrier de deuxième classeEnregistrement no. 7242

Port payé à OttawaJuin — Juillet — Août 1989

(Date de parution — Juin 1989)

MA COURIII

C'EST L'UNIVERSJE ME SUIS BIEN PROMISE DE VOUS OFFRIR UN COM-mentaire qui ne soit ni alarmiste ni pessimiste. Pas facile. Jedois vous avouer qu'au cours de cette recherche sur l'environ-nement, il m'est arrivée de broyer du noir et de faire quelquescauchemars. Que voulez-vous, je ne possède pas la froide dis-tance du spécialiste devant le « cas » atteint d'une affectionincurable.

Au contraire, je me passionne pour toute cause humanisteet celle-ci est sans contredit celle qui englobe toutes les autres.La cause écologique permet d'aller aux racines même du mal.Le raisonnement est simple : en se penchant sur la relation desêtres vivants et des milieux où ils vivent (ce qu'est l'écologie) etce, de l'infiniment petit à l'infiniment grand, on ne peut querespecter cet ordre. On réalise à quel point nous les humains ensommes une partie intégrante.

Mais quelque part sur la route du progrès, l'homme a casséles ponts. Se croyant maître, il a agi en tyran. Il a perdu lerespect de la vie et le sens de la continuité. Pour le seul profit duprofit immédiat, de l'exercice du pouvoir et de la domination ils'est dénaturé... et l'on court aujourd'hui à notre perte.

Dans une entrevue qu'accordait le scientifique françaisHenri Laborit, à qui la journaliste demandait si on arrivera àabolir toute forme de domination, celui-ci répond: «je croisqu'on en arrivera là, forcément. Ou c'est ça, ou c'est la mort del'espèce ». Il n'est pas le seul à penser ainsi.

Ce qui sauvera l'espèce humaine, c'est l'entraide ou commel'écrit Dorothy Todd Hénaut dans « Notes d'espoir », le partena-riat. Le partenariat marquera la fin de toute forme d'exploita-tion et c'est ici que l'écoféminisme entre en jeu. Sa fondatriceFrançoise d'Aubonne a été amenée par le biais de ses étudesféministes à comprendre que les rapports de domination del'homme à la nature : les espèces animales et végétales, sontégalement ceux de l'homme à la femme.

« Dans une société écoféministe personne n'aurait de pou-voir sur personne, puisque le monde entier serait une partie desoi». En y pensant bien, c'est un changement radical d'uneculture à une autre. C'est une chance pour nous d'innover. PourFrançoise d'Aubonne les femmes n'en sont plus à combattre lestorts qui sont faits à la moitié de l'humanité ; il s'agit mainte-nant de sauver l'humanité dans son entier. Il faut ensemblemettre fin au patriarcat.

Pour les hommes et les femmes qui s'engagent dans cettevoie l'utopie est possible. Ils et elles ne sont plus de simpleslocataires dont le bail se termine mais tirent véritablement leursubstance de cette terre. C'est de ces femmes et de ces hommesque l'on doit s'inspirer pour mener la lutte pour notre survie.Pour qu'on n'ait plus à dire : « Quel avenir ? » mais : « Ceci estl'avenir».

Femmes d'action Vol. 18 No 5 5

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De septembre 1988 à juin 1989, elles ont rendu possibie lapublication de cette revue.

Merciaux correspondantes de Femmes d'ActionALBERTA Marcelline Forestier, Suzanne Lacroix, Claude Roberto, Elda SavoieSASKATCHEWAN Lionette Gareau Portier, Roxanne LeblancMANITOBA Nicole Morin, Denise Panbrum, Gilberte ProteauONTARIO Dyane Adam, Carolyne Andrew, Thérèse Boutin, Brigitte Bureau, LindaCardinal, Cécile Coderre, Johanne Côté, Marge Dallaire, Henriette Dauphinois,Julie Duciaume, Michèle Fournier, Louise Guénette, Nancy Griffiths Richard,Louise Hall, Nicole Hurtubise, Martha Jackman, Rosine Kaley, HélèneKoscieînak, Lucienne Lacasse-Lovsted, Lise Latrémouille, Janine Laurencin, LiseMartin, Pat Mayhew, Claire Mazuheiii, Jeannine Oueiiette, Johanne Ouimette,Guyiaine Poissant, Carole Roy Harrison, Monique L. Sabourin, Micheline St-Cyr,Diane VachonNOUVEAU-BRUNSWICK Marie-Thérèse Blanchard, Jeanne d'Arc Gaudet, HuberteGautreau, Mariette Gervais, Claire Lanteigne, Noreen Richard, PierretteRobichaud, Janine SavoieTERRITOIRES DU NORD-OUEST France TremblayQUÉBEC Jeannine Arseneault, Sylvie Cantin, Chanta! Choiette, Rachel Clairoux,Claude Drolet, Myriame El Yamani, Gaétane Gascon, Josée Gauthier, YoiandeGeadah, Colette Godin, Nicole Lemire, Françoise Marois, Doreen McCaughry,Annette Pypops, Lise Robitaille, Madeleine Roy, Micheline Sénécal Gélinas,Dorothy Dodd HénaultOUTRE-MER Maïga Amsou Amadou (Sahel), Eugénie R. Aw (Sénégal), CharlottePaquet (France), Opportune Santos (Togo)

Deveneicorrespondantes !FEMMES DICTION vous tanceune belle invitation. Si vous avezle goût d'écrire, si vous aimezraconter ce qui se passe autourde vous ou encore si votrepropre expérience peut servir àd'autres femmes, nous serionsheureuses d'entendre parler devous.

Nous tentons d'offrir à noslectrices un lieu d'échange etde partage qui met en valeur laparole des femmes. Une paroleaxée sur le mieux être desfemmes dans un monde qui nesaurait évoluer sans leurcontribution à part entière.

Tentez l'expérience etjoignez-vous auxcorrespondantes qui ont déjàdonné à FEMMES D'ACTION labonne réputation qu'on luireconnaît aujourd'hui.

Pour en savoir davantageécrivez à FEMMES D'ACTION, ausoin de Micheline Pîché, pièce525, 325 rue Dalhousie, Ottawa,Ontario, K1N7G2.

«

•«

Nous souhaitons à la Fédérationnationale des femmescanadiennes-françaises,

du développement dela francophonie canadienne, une

assemblée généraleannuelle.

le président, Guy MatteLe directeur général, Aurèle Thériault

£a àes1404-1, RUE NICHOLAS, OTTAWA (ONTARIO) K1N 7B6, TÉL.: (613) 563-0311 TÉLÉCOPIEUR (613) 563-0288

2 PLACE QUÉBEC, SUITE 416, QUÉBEC (QUÉBEC) G1R 2B5, TÉL.: (418) 523-8471 TÉLÉCOPIEUR (418) 522-6449

6 Femmes d'action Juin-Juil.-Aoùt 1989

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par Rachel CSairoux

LE SYNDROME DES PERSONNA-lités multiples (en anglais, le MultiplePersonality Disorder [MPD]), est undésordre mental reconnu depuis peu detemps par les professionnels de la psy-chiatrie. Ce désordre mental présenteun symptôme similaire à la schizophré-nie, soit les hallucinations auditives.Mais à part cela, il n'a rien de communavec cette maladie. Le schizophrène,lorsqu'il se dissocie en une autre per-sonnalité, perd contact avec la réalité.

Le syndrome des personnalitésmultiples n'est pas un désordre physio-logique et les recherches effectuées à cejour n'y voient pas encore de facteurhéréditaire bien qu'elles ne permettentpas d'être catégorique sur ce point. Cesyndrome provient de l'incapacité del'enfant à faire face à des situationstraumatisantes et hors de son contrôle.Il se dissocie alors en une autre per-sonne qui pourra réagir ou non autraumatisme. Il s'extirpe mentalementde la situation traumatisante et rem-place le moi cognitif par un autre moi,plus fort ou plus faible, selon les cir-constances. Lorsque le moi cognitif re-fait surface, l'enfant n'a aucune mé-moire de ce qui s'est produit. On re-trouve plusieurs victimes de ce désordrechez les enfants qui ont été victimesd'agressions sexuelles et physiques,lorsqu'ils étaient très jeunes.

Ainsi, lorsqu'un de mes frères vou-lait me violer, une autre moi prenait laplace. Si l'agression était violente, lapersonnalité qui prenait la relève neressentait pas la douleur qu'on lui in-fligeait. Parfois, dans ces circonstan-ces, une personnalité beaucoup plusjeune faisait surface; par ses pleurs ouses peurs, elle arrivait quelquefois àfaire cesser l'agression. Une autre s'a-vérait responsable, calme, réfléchie etréglait les conflits entre frères etsoeurs ; c'était l'intellectuelle, celle quise présentait à l'école, sauf en mathé-matiques où une personnalité différen-te se manifestait. Il y avait égalementle bouffon, le boute-en-train qui, par sabonne humeur, cachait l'existence pé-nible que nous vivions. En tout, neufpersonnalités différentes habitaientmon corps. Chacune possédait un traitde caractère et une identité propre. Il yavait Lise, âgée de seize ans, Lise-Anne, quinze ans, Anne, cinq ans,John, cinquante ans, André, vingt-cinqans, France, dix-neuf ans, Frank,trente-cinq ans, et deux autres sansimportance qui ont fait surface pour detrès courtes périodes.

MOI ETMES AUTRES

Survivre à l'inceste par lesyndrome des personnalités multiples

DEUXIÈME PARTIE

Chaque personnalité avait adoptéun rôle spécifique. France s'occupaitdes études et gardait toujours son sang-froid ; elle portait un masque d'indiffé-rence et pouvait passer de grandes heu-res à lire ou à écouter de la musiqueclassique. André, c'était le grand frère,le protecteur, le vengeur ; Lise-Anne, lamasochiste à qui rien ne semblait fairemal, qui n'avait peur de rien, se haïs-sait et prenait plaisir à se faire maldans le but de s'endurcir contre lesagressions. Lise, c'était le bouffon, leboute-en-train, la bisexuelle, et possi-blement, celle qui souffrait le plus dumanque d'amour. Anne, le bébé, mouil-lait son lit et avait peur de tout et derien. Frank étaitl'abuseur qui détestait

JANY LAVOIE

l'humanité entière et était très sadique.John, personnifiait le religieux, le mo-ralisateur, celui qui culpabilise. Cer-taines étaient droitières, d'autres, gau-chères. Chacune était porteuse de rageet d'impuissance.

Toutes ces personnes ont vécul'agression à tour de rôle et ont réagi àleur façon. Moi, Rachelle, ai très peuconnu l'inceste ; dès que quelqu'un pé-nétrait dans ma chambre, j'entraisdans une sorte de transe et une person-nalité faisait surface. Quand je reve-nais à moi, je n'aurais pu affirmer qu'ily avait eu agression. Aujourd'hui, jepeux expliquer ces pertes de mémoire etles moyens que j'ai utilisés pour survi-vre. Cependant, lorsque j'étais jeune et

Femmes d'acîion Voi. 18 No 5 7

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même plus tard, une fois mariée, je nepouvais expliquer, parfois pourquoi jeme retrouvais dans une pièce, ou pour-quoi je découvrais des choses ou desvêtements que je ne me rappelais pasavoir achetés, des messages que je neme souvenais pas avoir écrits ou dont jene reconnaissais pas l'écriture. End'autres occasions, je ne pouvais mesouvenir d'une conversation : je metrouvais très distraite. Je sais mainte-nant que, pendant au moins deux àtrois ans, mon moi réel n'a presque pasexisté.

La dissociation s'accompagne desévères maux de tête, avant ou après samanifestation, ainsi que d'une perte demémoire totale. Elle n'entraîne pas,cependant, la perte de la réalité. Le moicognitif entend des voix intérieures etest troublé par la perte de mémoire. Lesvictimes de ce désordre souffrent deplusieurs phobies et leurs tentatives desuicide sont nombreuses car certainesde leurs personnalités peuvent vouloirmourir ou en tuer une autre avec la-quelle elles sont en conflit.

En avril 1985, je suis allée consul-ter un thérapeute à cause de problèmesd'énurésie nocturne. Même, si à cetteépoque, j'entendais des conversationsdans ma tête, je ne le disais pas à mon

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psychiatre car, de toutes façons, je con-sidérais cela normal. Je me souvenaisbien d'une fois où j'avais été agressée;mais, à mon avis, cela n'était arrivéqu'une seule fois, et je ne voyais doncpas la nécessité de le mentionner sur-tout que mes souvenirs étaient vagues.J'étais loin de me douter de l'étendue dece qu'on m'avait fait subir. Après sixmois de thérapie, toute ma personnes'est écroulée à la suite d'une session dethérapie intense faite sous hypnose. Cejour-là, je m'en souviens, j'ai été inca-pable de conduire ma voiture et de m'enrevenir à la maison. Toutes mes idées sebousculaient, un mur énorme venait detomber. J'ai su, plus tard, que Liseavait pris ma place. Elle ne savait pasconduire l'auto. Elle est retournée dansle bureau du psychiatre, s'est présentéeet lui a dit qu'elle détenait des secrets àmon sujet qu'elle ne pouvait dévoilerparce que ses frères la tueraient.

Je me suis réveillée dans un hôpitalpsychiatrique. J'étais affaiblie par lesmédicaments, mêlée et extrêmementapeurée. Prise de panique, je me suismise à crier et à pleurer. Mon médecinest venu me voir, m'a expliqué ce quis'était passé et m'a appris que je souf-frais du syndrome des personnalitésmultiples. Je suis restée bouche bée,anéantie par le choc. En ce mois d'octo-bre 1985, le plus long cauchemar de mavie débutait. J'ai revécu toute mon en-fance, j e suis passée par toute la gammedes émotions possibles. La route versl'intégration et la fusion de toutes mespersonnalités fut longue et pénible.Une experte en intervention auprès desvictimes d'inceste s'est jointe au psy-chiatre. Mes personnalités et moi fai-sions jusqu'à 20 heures de thérapie parsemaine, au début. Ce fut un travail àtemps plein. Plusieurs fois, j'ai failli ylaisser ma peau, mes différentes per-sonnalités et surtout Lise-Anne tentantde se suicider. J'ai dû laisser mon tra-vail. Je ne croyais jamais qu'un jour, jeverrais une lumière au bout du tunnel.Je crois sincèrement être allée en enferà plusieurs reprises.

Avec le temps, j'ai appris de nou-veaux comportements, de nouvelles mé-thodes de défense. J'ai appris à prendredes risques et à faire confiance auxgens du moins à ceux qui étaient pro-ches de moi et qui voulaient m'aider. Jeme suis découvert une identité person-nelle et sexuelle conforme à mes va-leurs. J'ai appris à exprimer mes sen-timents, à ne pas les juger.

Aujourd'hui, je sais que je peuxrire, pleurer, me fâcher sans me sentirrejetée. J'ai appris à aimer qui je suis, jesuis devenue ma meilleure amie. Toutesces années furent, pour moi, une re-naissance durant laquelle mes deux

thérapeutes m'ont servi de parents. Ilsm'ont encouragée à dire ce que je pen-sais, à voir la vie avec du gris et nonplus seulement en blanc et noir. J'aimaintenant confiance en moi, je saisque mon corps et ma vie sont sous moncontrôle et que je suis la seule à pouvoirdéfinir ce que je veux. Je ne souffre plusd'énurésie, je ne vois plus mon psychia-tre ni ma conseillère, je n'ai plus qu'une

En ce mois d'octobre1985, le plus longcauchemar de mavie débutait. J'airevécu toute monenfance...

personnalité. Je ne suis plus une vic-time mais une survivante, avide devivre, de tenter de nouvelles expérien-ces, de prendre des risques calculés.Bref, je m'aime et sans aucune préten-tion, je me trouve pas mal extraor-dinaire !

En résumé, le syndrome des per-sonnalités multiples est un mécanismede défense qui permet à un enfanttraumatisé de survivre. S'il persiste àl'âge adulte, ce mécanisme est nuisibleet peut s'avérer destructif. Une thérapieintense et suivie permet au moi cognitifde retrouver ses souvenirs et de lesassimiler en toute sécurité. L'appren-tissage de nouveaux -comportementspermet aux personnalités de s'intégrerau moi cognitif lorsqu'il est devenu fortet capable de faire face aux différentsstress qui peuvent survenir. On estarrivé à bien prognostiquer ce désordreet les personnes qui en ont souffert peu-vent arriver à fonctionner exception-nellement bien. Cependant, la thérapieexige beaucoup d'efforts et peut pren-dre plusieurs années. Lorsque ce syn-drome peut être détecté très tôt chezl'enfant, la thérapie risque d'être moinslongue et moins traumatisante. L'idéalserait que les enfants n'aient jamais àsubir d'agressions afin de pouvoir sedévelopper de façon naturelle etnormale.

En ce qui me concerne, je réaliseprésentement un grand rêve, soit celuide poursuivre mes études universitai-res en travail social. 9

Femmes d'action Juin-Juil.-Août 1989

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Analyse

BARRIÈRES AU MIEUX-ÊTREDES CANADIENNES

Pour la plupart d'entre nous, la santé n'est pasun bien absolu, mais un état relatif d'équilibreconstamment renégocié.

Monique Begin

Selon un rapport d'une enquête préparée par Eleanoi Tho-mas auprès des intervenantes dans le domaine de la santé.Celles-ci soulèvent les points suivants comme étant des bar-rières au mieux-être des femmes.

— Les attitudes médicales vis-à-vis des femmes ; le manquede sensibilité en général ; la non-reconnaissance de l'ex-périence des patientes ; la médicalisation de problèmessociaux ; la perception que l'homme représente la normeet la femme ; la déviance.

— Le contrôle médical sur toute autre forme d'intervention.

— L'accent mis sur la technologie médicale en matière derecherche et de traitement.

— Le manque d'intérêt médical pour la prévention.

— L'absence de pratiques alternatives et de soins et servicesde santé non-traditionnels.

De son côté une enquête de Statistiques Canada dévoilait, ily a dix ans, les résultats suivants :

— L'alcoolisme moindre que chez les hommes, mais enaugmentation beaucoup plus rapide.

— Les adolescentes et les jeunes femmes fument de plus enplus.

— La pratique de sports et d'activités physiques réduite.— L'incidence du cancer du sein en légère augmentation :

7 000 nouveaux cas chaque année. Seulement 20 % desfemmes adultes font l'auto-examen chaque mois — 20 %des femmes adultes n'ont jamais eu de test Pap.

— La majorité des femmes (55 %) souffre d'un problème desanté : anémie, migraines, arthrite et rhumatisme, trou-bles mentaux, problèmes de la glande thyroïde.

— 77 % des femmes âgées prennent des médicaments.

— Les femmes au foyer avalent plus de tranquillisants detous genres que les autres femmes.

— Plus de femmes consultent plus souvent le médecin queles hommes.

— Les femmes ont une image négative d'elles-mêmes et deleur environnement plus que les hommes.

— Comme pour l'alcoolisme chez les hommes, les premièreshospitalisations psychiatriques des femmes le sont sur-tout autour de l'âge de 42 ans. Elles le sont pour despsychoses affectives. Mais autour de 36 ans, un nombrequatre fois plus grand est hospitalisé pour des névroses.

Autrement dit, les faits statistiques de l'état de santé desCanadiennes confirment les demandes des femmes et lespriorités qu'elles identifient. 9

Extrait de Les femmes et leur mieux-être, notes du discours del'hon. Monique Begin, C.P. au colloque annuel du CCCSF àOttawa les 13 et 14 mars 1989.

Femmes d'action Vol 18 No 5 9

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Analyse

DES CORSETSAUX RÉGIMES AMAIGRISSANTS

par Dyane Adam ph.d.

MALGRÉ LEUR ROLE TRADITIONNEL DE NOURRI-cières dans la famille, les femmes se sentent coupables de senourrir elles-mêmes. Elles ont tendance à se priver de nourri-ture. Environ 98 % des femmes ont déjà suivi un régimeamaigrissant au cours de leur vie et repris la totalité deslivres qu'elles avaient perdues et même peut-être davantage.De plus, malgré ces résultats négatifs elles s'acharnent àrépéter les régimes, à contrôler et à priver leurs corps. C'estquand même paradoxal que bon nombre de femmes puissepasser des heures à la préparation de repas alors qu'elles nepeuvent elles-mêmes en jouir pleinement.

S'échanger des recetteset des diètes...Nous sommes une génération de femmes obsédées par notrepoids, à la fois effrayées et attirées par la nourriture. Avez-vous déjà remarqué comme il est rare d'être à une rencontresociale sans qu'une personne, habituellement une femme, nesoulève la question du poids, des interdits et des restrictionspar rapport à la nourriture ? L'ambivalence des femmes surla question de l'alimentation n'est nulle part mieux illustréeque par l'échange qu'elles font des recettes et des régimesamaigrissants. La même personne qui vous parle de sondernier régime miracle (régimes Scarsdale, Pritikin, Mayo,Weight Watchers, régime des pamplemousses, etc.) vousdonnera, la semaine suivante, sa recette de gâteau au fro-mage double crème ou vous offrira des chocolats pour votreanniversaire.

Pourquoi en est-il ainsi ? Quelles sont les conséquencesd'une telle conduite impulsive sur nos vies, nos corps et notreestime de nous-mêmes ?

En qualité de psychologue, j'ai surtout rencontré desfemmes car ce sont elles, surtout, (84 % de la clientèle) quiconsultent les cliniques privées ou communautaires en santémentale. Ces femmes se présentent avec une variété de pré-occupations sur la gestion de leurs vies, que ce soit aux plansaffectif, sexuel, professionnel ou corporel.

Au fil des années, j'ai constaté qu'il existe chez la femmeun lien étroit entre son amour-propre d'une part et son imagecorporelle d'autre part. Un gain aussi négligeable que cinqou dix livres peut déclencher, chez une femme habituelle-ment confiante et équilibrée, un état d'anxiété et de doute

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personnel qui ébranle les assises mêmes de sa personnalité— son estime d'elle-même. Ces quelques livres supplémen-taires passeraient pratiquement inaperçues chez la plupartdes hommes. Toute la question de l'alimentation et du corpsoccupe indéniablement une place centrale dans la vie de laplupart des femmes.

Des modèles féminins qui nientnos formes biologiques naturellesLa préoccupation des femmes pour leur corps, leur appa-rence, leur taille et leur poids ne date pas d'hier. Dans lasociété occidentale, cette préoccupation nourrit grassementles industries de la mode et des produits de beauté.

Par l'entremise des médias, nous sommes bombardéesquotidiennement par des images féminines dont la sil-houette devient vite le barème de comparaison, le modèle àsuivre! Mais ce modèle féminin correspond de moins enmoins aux formes biologiques naturelles de la femme, à unpoint tel que l'insécurité des femmes à l'égard de leur corpsdevient un phénomène pratiquement cultivé à l'échelleglobale.

Ce facteur est peut-être même à l'origine de la récenteépidémie de troubles de l'alimentation qui se manifestentpresque exclusivement chez les femmes : anorexie, boulimieou mélange des deux, obésité et, pour la majorité, préoccupa-tion plus ou moins excessive pour leur alimentation et leurpoids. Pourquoi sommes-nous si vulnérables aux fabricantsd'images ?

Être ou paraîtreDepuis toujours, les femmes ont été formées à paraître plutôtqu'à agir. Des études récentes démontrent que les jeunesfilles reçoivent encore plus de compliments pour leur appa-rence que pour toute autre qualité. Dans votre entourage,remarquez comment on est davantage porté à dire « commeelle est j olie » pour une fille, mais « comme il est grand et fort »pour un garçon. La répétition de ces messages, au coursd'une vie, transmet forcément aux filles l'impression que cequi compte davantage pour elles, c'est leur apparence, leur« emballage » ! Les femmes subissent des pressions beaucoupplus fortes que les hommes sur la question de l'apparence (ex.grandeur, coiffure, grosseur, etc.). De fait, nous subissonsencore l'influence de nos héroïnes des contes de fées. En

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cherchant à modeler nos corps pour qu'ils correspondent auxnormes actuelles de beauté, nous nous attendons en retour àrécolter admiration, bonheur, amour et succès comme celas'est produit pour Cendrillon !

Certaines pourront peut-être contester l'idée que lesfemmes d'aujourd'hui se conforment encore à de tels idéauxet de telles valeurs et soutenir que nous avons changé, quenous reconnaissons maintenant que notre valeur person-nelle n'est pas proportionnelle à l'épaisseur de graisse quenous avons sur le corps. Certes, les femmes ont réalisé desprogrès remarquables au cours des dernières décennies, parleur rayonnement dans des secteurs importants de notresociété qui leur étaient autrefois inaccessibles, voire inter-dits (ex. politique, médecine, direction, travail, etc.). Ellessont beaucoup moins opprimées aujourd'hui et disposent

Où ensommes-

nousrenduesdans la

libérationde noscorps ?

SOUFFRIR POUR ÊTRE BELLE

d'une liberté de choix et d'action que nos grand-mères, etmême nos mères, auraient pu difficilement imaginer. Ce-pendant, elles ont encore un bon bout de chemin à parcourirpour accepter leur corps. La femme d'aujourd'hui n'est paslibérée dans son corps. Elle se laisse dicter par les fabricantsd'images de la société ce qui est acceptable ou inacceptable,beau ou laid.

Des modèles de plus en plus mincesLes tendances actuelles de la société occidentale à encoura-ger la minceur ne se sont développées qu'au cours des quatreou cinq dernières décennies. Avant cela, la rondeur était unsymbole de haut rang comme c'est le cas présentement dansd'autres cultures que la nôtre. L'embonpoint révélait larichesse de la famille qui pouvait manger à sa faim dans unesociété où la nourriture se faisait rare. Même la silhouette àla Marilyn Monroe des années 40 et 50, à la poitrine plantu-reuse et aux hanches en rondeur, serait jugée aujourd'huicomme ayant un excès de poids. Ce qui est à la mode aujour-d'hui, ce sont les corps anguleux, minces et osseux. Lesmodèles proposés du corps féminin sont devenus hors d'at-teinte.

Certaines études démontrent que les vedettes de la télé-vision ont presque exclusivement une silhouette mince etélancée. Une enquête effectuée par un psychologue torontois,David Garner, a démontré que les mannequins et les reinesde concours de beauté ont un buste et des hanches plus petitset un tour de taille relativement plus large que leurs prédé-cesseures. Elles sont devenues plus cylindriques, dépourvuesdes courbes naturelles caractéristiques du corps féminin. Defait, la silhouette des mannequins d'aujourd'hui corresponddavantage à celle d'un homme.

Par ailleurs, d'autres études démontrent que très peu defemmes possèdent une silhouette aussi mince que celle desmodèles que les médias mettent continuellement en vedette.

Soulignons que seulement 5 % des femmes de 20 à 29 anssont aussi minces que les gagnantes des titres de MissCanada ou Miss America des années 1970 à 1978. Et que diredes femmes de 30, 40 ou 50 ans ayant peut-être un, deux ouplusieurs enfants à leur palmarès ! Si l'on considère que lesmodèles de Playboy et les participantes au titre de MissCanada sont encore plus charnues que le mannequin tubu-laire que privilégient la mode et la publicité, il est bien évi-dent que les normes actuelles de beauté féminine s'éloignentdangereusement de la silhouette réelle de la femme moyenneque nous sommes toutes.

L'impact des normes de minceursur notre comportementQuelles sont les conséquences, pour la femme moderne,d'être nourrie quotidiennement par de telles images idéali-sées et surtout irréalistes, de silhouettes féminines ? Commeles normes de minceur sont devenues de plus en plus stricteset irréalistes ces dernières années et comme les femmes s'ef-forcent de se conformer à ces images, elles ressentent uneinsécurité croissante relativement à leur corps. Les recher-ches indiquent qu'il existe beaucoup de confusion chez lesfemmes sur ce que constitue un excès de poids. De nom-breuses femmes dont le poids est normal, selon les statisti-ques, se considèrent trop grosses et bon nombre de femmestrop maigres ne se reconnaissent pas comme tel. Des don-nées récentes indiquent que 85 % des femmes dont le poidsest normal disent se sentir trop grosses, insatisfaites de leurcorps, en particulier, de leurs cuisses et de leurs fesses.

Le recours à des régimes amaigrissants chez les femmess'est intensifié considérablement au cours des dernièresannées. Selon certaines études, 80 % des femmes ont déjàcommencé à contrôler leur alimentation dès l'âge de 18 ans.Le nombre d'articles portant sur les diètes et les régimespubliés au cours de la dernière décennie est supérieur de 70 %

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au nombre produit au cours de la décennie précédente. Noussommes une génération d'obsédées de la minceur. Ce phé-nomène prend des proportions qui n'ont jamais été atteintesjusqu'à maintenant.

Notre poids et le « le point naturel »Alors que de plus en plus de femmes s'abonnent aux régimesrépétés, les recherches sur leurs effets et la physiologie dupoids suggèrent que peu de femmes ont des chances réellesd'atteindre leur objectif dans cette quête d'une silhouettefiliforme.

En général, le poids résiste aux changements. Il sembleêtre réglé physiologiquement autour d'un point naturelduquel le corps tente toujours de se rapprocher. Le «pointnaturel » individuel est en grande partie un facteur hérédi-taire. Si notre poids baisse au-dessous du point naturel, desprocessus physiologiques sont déclenchés afin de rétablir lepoids à son point naturel. Nous ne songerions pas à modifiernotre grandeur, par exemple, par des régimes spéciaux, desexercices d'étirement, etc. Dans une certaine mesure, il sem-ble que le poids ne serait pas aussi manipulable qu'on vou-drait bien le croire et que nous sommes prédéterminées àavoir un poids donné, comme cela est le cas pour la gran-deur. En somme, nous avons à apprendre à vivre avec lacharpente dont nous avons hérité. Le poids normal de laplupart des femmes est bien supérieur aux silhouettes fili-formes présentement en vogue.

Les restrictions alimentaires,causes de graves désordresLes régimes constituent une méthode relativement ineffi-cace de contrôle du poids car ils vont à l'encontre des méca-nismes biologiques qui le régularisent. En outre, celles quiréussissent à perdre beaucoup de masse corporelle malgréces mécanismes biologiques se trouvent aux prises avec denouveaux problèmes. On a démontré, par exemple, que laboulimie fait souvent son apparition à la suite d'un régimesévère. Ces symptômes semblent être une conséquence nor-male et presque inévitable d'une restriction importante del'apport calorique.

Il semble y avoir un lien direct entre la popularité desrégimes chez les femmes et l'augmentation considérable destroubles d'alimentation constatés au cours de la dernièredécennie. On dit souvent que la fréquence des troubles d'ali-mentation prend des allures quasi épidémiques chez lesfemmes, particulièrement chez les jeunes filles. Des études12 Femmes d'action Juin-Juil.-Août 1989

démontrent que les troubles boulimiques seraient présentschez environ 15 à 20 % des filles d'âge collégial et universi-taire. Par boulimie, on entend une consommation excessived'aliments compensée par diverses méthodes, comme levomissement provoqué, l'excès d'exercices ou l'abus de laxa-tifs. Dans la plupart des cas, la boulimie survient après unrégime sévère accompagné d'une perte de poids importante.

Dans une même veine, des études démontrent que l'en-gouement actuel pour la mise en forme physique comportedes messages différents selon qu'il s'agit des hommes ou desfemmes. Quatre- vingt-quinze pour cent des femmes qui ontrépondu à un sondage disent faire de l'exercice principale-ment pour réduire ou maintenir leur poids tandis que leshommes se disent davantage motivés à participer à dessports et des classes aérobiques pour améliorer leur condi-tion physique générale.

Comment faire faceaux influences extérieuresQuelles conclusions peut-on tirer de ces faits et de ces obser-vations ? Notre valeur personnelle et sociale a toujours étélargement liée à notre apparence physique et à nos fonctionsbiologiques. Les messages reçus à ce propos nous ont portéesà vouloir ressembler aux modèles féminins fabriqués parnotre société, qu'ils soient réalistes ou non, sans égard auxconséquences pour notre santé et notre bien-être psycho-logique.

Il semble y avoir un lien directentre la popularité des régimeset l'augmentation des troublesde l'alimentation.

Il nous est indispensable de reconnaître que les critèresactuels de beauté féminine sont bien au-dessous de notrepoids naturel et biologique. Ils contribuent, d'une façon sub-tile mais puissante, à dévaloriser la femme dans notresociété. En bombardant la femme de modèles et d'idéauxféminins qui ne respectent nullement sa biologie naturelle,qui cherchent, de fait, à la rendre « plus masculine » dans saphysionomie, on doit se demander si l'intention conscienteou inconsciente, n'est pas de s'opposer à la percée relative-ment récente des femmes sur le marché du travail. Il devientparticulièrement difficile pour la femme dans le contextesocial actuel, d'accepter son corps, de l'aimer et de préserverson estime d'elle-même. Nous sommes condamnées à rejeternos corps et nous devenons, de fait, prisonnières detoutes cesimages extérieures qui ne respectent nullement notrebiologie.

L'émancipation des femmes demeurera inachevée tantet aussi longtemps qu'elles se laisseront dicter par d'autresce que leurs corps doivent être ou à quoi ils doiventressembler.

On a réussi à se débarrasser des gaines et des corsetsdouloureux des années 30-50 mais on les a remplacés par lesrégimes alimentaires. Est-ce vraiment un progrès ? Mainte-nant ce n'est plus seulement une question d'inconfort physi-que qui est en jeu mais bien l'état de santé de notre corps !

Dyane Adam occupe le poste de professeure et de vice-rectrice adjointe aux programmes enfrançais à l'Université Laurentienne de Sudbury.

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Reportage

L'AUTO-SANTÉ DES FEMMES :SE PRENDRE EN CHARGE

Qu'en est-il en milieu minoritaire et chez nos consoeurs du Québec

par Colette Godin

LE MOUVEMENT D'AUTO-SANTÉdes femmes au Canada a pris son essorau début des années '70. Dans la fouléedu mouvement féministe, il a été en-gendré dans un premier temps par l'in-satisfaction des femmes en rapportavec le système médical existant, et ensecond lieu, par la volonté de celles-cide se réapproprier leur corps et d'avoirle contrôle de leur fécondité.

En milieu minoritaire, on seconscientise à la questionLes principes sous-jacents à l'auto-santé sont, précisons-le, F auto-connais-sance etl'auto-évaluation. Dans un pro-cessus de prise en charge, les femmessont allées plus loin, en remettant enquestion les notions même de normalitédéfinies par le pouvoir médical et l'exer-cice de ce pouvoir. Au Canada anglaiset au Québec, nous pouvons constaterque ce mouvement a pris plus d'am-pleur alors que chez les femmes franco-phones en milieu minoritaire, il vienttout juste de naître.

Cet état de fait se justifie de diver-ses façons. En milieu minoritaire, lesfemmes vivent l'isolement géographi-que et linguistique, ce qui ne facilite pasle regroupement. De plus, l'absence deressources en français amène un cer-tain nombre de femmes à avoir recoursaux organismes et aux services anglo-phones parce qu'ils sont plus accessi-bles. Nous savons aussi que dans unpassé qui n'est pas si lointain, les fem-mes francophones ont subi l'emprise dela religion catholique, ce qui a eu poureffet de retarder la prise de conscienceféministe qui est à l'origine même dumouvement d'auto-santé. Enfin, la fran-cophonie occupant une place impor-tante dans les milieux minoritaires, lesfemmes se sont d'abord regroupées pourrevendiquer le droit de vivre en fran-çais ; la cause de la condition féminineest arrivée plus tard.

En ce qui concerne l'auto-santé,quelques initiatives ont pris forme et

Vs--.,

tout porte à croire que cela va se pour-suivre. Ainsi à Moncton, au Nouveau-Brunswick, « Centrelles », une collec-tive d'auto-santé créée en 1983, oeuvreauprès des femmes de cette région. Plusrécemment, le Comité Femmes d'Ed-monton a présenté un projet de forma-tion en santé à Santé et Bien-être socialCanada: ce projet vise à promouvoirl'auto-santé chez les femmes franco-phones de F Alberta. En Ontario, unprogramme Stress au féminin a été missur pied pour répondre aux besoins desfemmes en milieu rural (voir l'articleStress au féminin, vol. 18 no 4).

Au Québec, où se regroupe le plusgrand nombre de femmes francophonesau Canada, le mouvement d'auto-santéa pris un essor considérable. Comme unprolongement à ce mouvement, des cen-tres de santé ont émergé à plusieursendroits, dans cette province. Le pre-mier centre a eu pignon sur rue à Mon-tréal, en 1975. Par la suite, Québec,Sherbrooke et Trois-Rivières ont em-boîté le pas. La gamme des servicesofferts dans ces centres varie d'un en-droit à l'autre. Ainsi, les centres deMontréal et de Trois-Rivières assurentles services d'interruption ou de suivide grossesse, en plus de donner des ate-liers d'auto-santé et d'offrir des consul-tations gynécologiques. À Québec, onne fait que de l'accueil et de la référence.Malgré tout, ces centres ont des pointscommuns : une approche féministe col-

lective mettant l'accent sur la démédi-calisation, l'autonomie des femmes, laprise en charge de leur santé physiqueet mentale, de même qu'une approchedifférente à la santé qui tient comptedes facteurs économiques, politiques etsociaux. Plus précisément, l'approcheest baséee sur la communication etl'échange des expériences afin de favo-riser la participation des femmes à uneréflexion personnelle sur la santé.

L'exemple du centre de santéde SherbrookeLe centre de santé de Sherbrooke se dis-tingue des autres centres en ce sens que,depuis sa création, il a consacré sesactivités presque exclusivement à l'au-to-santé. Un entretien avec YolandeBergeron, une des deux travailleusesdu centre, m'a permis d'en apprendredavantage sur l'historique de ce centre.

Créé en 1979, le centre de santé deSherbrooke s'est surtout fait connaîtredans la communauté des Cantons del'Est par ses ateliers d'auto-santé ani-més par les travailleuses du centre oupar les monitrices en auto-santé for-mées selon les besoins. Les thèmes dis-cutés portent sur la ménopause, la con-traception douce, l'auto-examen et lasexualité. D'autres sujets peuvent s'ajou-ter, à la demande des participantes.

« L'approche(en auto-santé) estbasée sur lacommunication etl'échange desexpériences »...

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p- Adresse/ville/province-

— Code postal - -Téléphone-

Le magazine acadien Ven'd'estCP 430, Petit-Rocher, NB, EOB 2EO

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« Nous rejoignons en moyenne de dix àdouze femmes par atelier», m'affirmeYolande Bergeron, « et ces femmes vien-nent de divers milieux socio-écono-miques ». Des rencontres-échanges infor-melles font également partie de la pro-grammation. L'accueil, la référence etle suivi en regard à l'hygiène de lareproduction s'ajoutent au nombre desservices offerts par le centre.

«L'auto-santé: unefaçon de penser, unemanière de vivre ».

Tout comme les autres centres desanté, le centre de santé de Sherbrookeest géré par une collective ; le Comité decoordination composé de neuf militan-tes (bénévoles) et de trois travailleusesse rencontre régulièrement afin de pren-dre des décisions quant aux orienta-tions du centre et à la répartition destâches.

Enfin, un service d'information etde consultation sur la contraception etla sexualité est offert aux femmes quifréquentent le centre. « Nous nous som-mes donné comme tâche de rendre l'in-formation plus accessible aux fem-mes », de dire Yolande Bergeron. C'estpourquoi le centre compte, dans sesacquis, la production d'une documenta-tion riche et variée dans les domaines etles dossiers reliés à la pratique du cen-tre.

Ainsi, en 1984, dans le cadre d'unprojet spécial, les travailleuses du cen-tre ont réalisé « Femmes, santé et auto-nomie », une pochette de treize dépliantssur divers thèmes de la santé (méno-pause, auto-examen, contraception dou-ce, etc.). Au printemps 1986, conjointe-ment avec Vidéo Femmes, le centre aégalement produit un vidéo intitulé«Des yeux au bout des doigts», le pre-mier document audio-visuel relatantles pratiques dans les centres de santédes femmes au Québec. La troisièmeréalisation, et non la moindre, est lemanuel de formation « Santé des fem-mes en mouvement » qui servira commeoutil de formation des nouvelles moni-trices en auto-santé.

Le centre de santé des femmes deSherbrooke est bien accepté dans lemilieu. Tout le long de ses dix annéesd'existence, le centre a établi une colla-boration avec quelques professionnel-les de la santé. Ainsi, deux femmesmédecins et une sage-femme acceptent

les références provenant du centre, se-lon les besoins. Une ombre au tableau :le financement est souvent précaire etune des tâches importantes des travail-leuses consite donc à rédiger des deman-des de subvention, tout en n'étant pastoujours certaines de les obtenir.

Ceci n'empêche pas le Centre desanté des femmes de Sherbrooke d'avoirle vent dans les voiles. En terminantl'entretien, Yolande me dit qu'elles sontà la recherche d'un local plus grand,afin de mieux répondre aux besoins desfemmes. Un autre but qu'elles se sontfixé, c'est d'accentuer la visibilité et laprésence du centre en région afin derejoindre les femmes qui ont un accèsplus limité aux services de santé et quisont, par le fait même, plus démunies etplus isolées.

L'auto-santé n'est pas l'apanagedes centres de santé: c'est plutôt unefaçon de penser, une manière de vivrequi concerne tous les individus. L'auto-santé se vit individuellement mais aussien groupe. Le regroupement est impor-tant pour les femmes afin de briserl'isolement, d'échanger, de se donnerles moyens de changer des choses quine les satisfont pas. Ainsi le centre desanté devient plus un lieu privilégié oùles femmes viennent pour se rencon-trer, s'informer, se confier. Peu importeleurs besoins, elles savent qu'elles se-ront reçues et écoutées.

L'exemple du Québec peut être trèsstimulant pour les femmes francopho-nes en milieu minoritaire, même si leurréalité est différente. Elles peuvent tirerparti de l'expérience des Québécoises,s'en inspirer pour poursuivre la démar-che déjà entreprise. Comme nous avonspu le constater précédemment, mêmes'il est lent à se manifester, le mouve-ment d'auto-santé est bien vivant chezles femmes francophones. Il est tisséd'un ensemble d'initiatives tant au ni-veau local et régional que national. Ilest étroitement lié au fait que, les fem-mes en milieu minoritaire, prennentpeu à peu conscience de leur proprecondition. Ce mouvement n'est qu'uneamorce ; nous ne pouvons que souhaiterqu'il croisse davantage afin de permet-tre aux femmes de notre communauté,à la grandeur du pays, de se portermieux, de devenir « femmes sages ».

Références :1. La Gazette des Femmes, volume 3, numé-

ro 7, «La santé, décider pour soi».2. Communiqu'elles, juillet 1985.3. Femmes en santé, livret produit par la

Fédération des Dames d'Acadie.4. Promotion de la santé, volume 25, numéro

4, «La santé des femmes».5. Femmes, santé, autonomie, du Centre de

santé de Sherbrooke.

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Ma chère Zénaïde,

Jepense que dans ma dernière lettre Zénaïde, j'aioublié de te dire mille fois merci pour l'attentiongué. tu portes à ma santé mentale. Lorsque je t'aiécrit l'hiver dernier pour te dire gué j'en avaisassez d'être à la maison et que je me sentais sur lebord d'un précipice, j'y étais vraiment... Et toicomme une vraie amie, tu. m'as appelée de. l'autrebout du monde pour avoir des nouvelles fraîches.J'ai beaucoup apprécié que tu me donnes un coupde fil pour me dire que tu étais inquiète; c'est à cemoment que j'ai réalisé que je n'en menais paslarge... Mais tun'auaispas à te sentir coupable dem'avoir « négligée » comme tu disaisparce qu'onest toutes très occupées et on a toutes nos pro-blèmes à régler et on a toutes besoin de tempspour profiter de la vie î

Tout à coup j'ai senti que le vide s'est remplicomme par enchantement ! Heureusement!

Tout ça pour, te dire, chère amie, que je mesuis mise à me poser des questions sur la santémentale en général et sur celle des femmes enparticulier. Je me suis vite rendu compte que pourplusieurs, la santémentale chez une femme, c'estsynonyme de «folle». C'est pas compliqué. Cer-tain-e-s font l'équation entre santé mentale etdépression nerveuse et d'autres voient un liendirect entre santé mentale et burn-out Enfin, onpeut faire un rapprochement entre santé mentaleet se sentir bien ou pas bien dans sa peau.

Je ne suis pas certaine, Zénaïde, qu'il failletoujours consulter un-e «psy» et encore bien

moins prendre des pilules de toutes les couleurspouf nos nerfs... Ce qu'il nous faut ce sont desgroupes d'appui, des groupes de discussion, ou unbon réseau d'amies... et on n'en a pas toujours.Les amies sont parfois loin et les groupes d'appuisont carrément inexistants.

Pour ce qui est des professionnel~le-s de lasanté, dépendant où on vit dans ce damné pays, ilfaut chercher longtemps pour en trouver une etencore faut-il qu'elle parle français. Dans uneville comme Sudbury, croirais-tu qu'il n'y en apas une seule qui fasse ce travail à temps plein ?Peux-tu t'imaginer ce que c'est dans les pluspetits centres ?

Tu sais, Zénaîde, moi je n'ai pas été capabledéparier de ma santé mentale avec mon médecin.Dans ma tête de petite fille de campagne, on neparle pas au docteur des bobos qu'il ne peut pasvoir. Je sais que c'est ridicule,, mais c'était plusfort que moi. Mon subconscient m'a convaincueque j'étais la seule capable de régler mon pro-blème.

Faut-y être assez folle ? Comme tu vois, toutva bien maintenant. J'ai refait le plein et jerepars en grande^ J'ai toutes sortes de projetsdans la tête, mais je n'ai pas le temps de t'enparler tout de suite... je t'en reparlerai dans maprochaine lettre.

Prends soin de toi, ma grande !Je t'embrasse,

Thérèse

to/

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QUELQUES RÉFLEXIONSL'écologie et le féminisme« On doit comprendre que si ce mondetombe en miettes, même si on atteintl'égalité pour les femmes, à quoi celaservira-t- il ?

D'un autre côté, si le monde de-vient sécuritaire, exempt de pollutionet qu'on n'a pas l'égalité alors on n'apas vraiment créé un monde qui estsécuritaire pour personne. »

Vickey Monrean, écoféministeMagazine MS

Janv./Fév. 1989

À propos de domination« La tendance à la domination socialede certaines personnes ou de certainsgroupes force d'autres personnes oud'autres groupes à la soumission. Et cetétat d'impuissance serait à la base de laplupart des grandes maladies de civi-lisation ».

Henri LaboritScientifique français

Notre avenir en danger« Selon René Dumont, écrit le journa-liste Ronald Babin, la paix, le tiersmondisme et l'écologie sont les trois'piliers de la sagesse' sur lesquels ondoit bâtir l'avenir de l'humanité sur

notre planète, faute de quoi le pire est àcraindre car la course aux armements,le pillage et le mal- développementchronique du tiers monde ainsi que lesgraves déséquilibres écologiques pour-raient finir par avoir raison de la civili-sation humaine toute entière... Nousdevons choisir des solutions que l'onappelle 'utopiques' parce qu'elles sontinacceptables dans le monde actuel,mais on va à la mort si on ne les choisitpas».

Magazine Ven d'EstMars/avril 1989

L'opinion publique« La préoccupation publique pour l'en-vironnement ira grandissante à mesureque se multiplieront les catastrophesécologiques. Les pluies acides, les dé-chets toxiques, les essais nucléairesaffecteront l'eau, l'agriculture, la santéhumaine. Cela coûtera tellement cher'qu'ils' s'apercevront qu'il est plus éco-nomique de prévenir la pollution qued'en réparer les dégâts. Tout ce qu'onespère, c'est qu'il ne sera pas trop tard.L'environnement, n'est pas seulementun débat scientifique; c'est un débatéconomique, social, politique.

Diane Goulet, ex-rédactrice en chefrevue Contretemps

La Gazette des femmesmai/juin 1989

L'ÉCOLOGIE: UNE «INVENTION» FÉMININELE MOT ÉCOLOGIE VIT LE JOUR EN 1892. ON LEdoit à Ellen Swallow, qui l'inventa pour désigner lascience inter-disciplinaire de l'environnement qu'elleavait elle-même créée. Cette science englobait la qua-lité de l'environnement, la nutrition, la pollution del'air et de l'eau, les moyens de transport, l'architecture,les déchets, la sécurité et la santé au travail. Convain-cue que cette science s'adressait à tous et à toutes et nonseulement à l'élite, elle consacra une bonne partie deson temps à donner des conférences et à faire desdémonstrations publiques. Son travail connut le sortréservé aux entreprises féminines tout au long del'histoire.

Pratiquée par des femmes, l'écologie est vite deve-nue l'écologie du foyer puis, plus tard, les sciencesménagères. Cette science n'a jamais eu le panache desautres sciences et ses racines scientifiques demeurent

inconnues. Encore aujourd'hui, plusieurs collèges etuniversités n'accordent pas suffisamment de respec-tabilité académique aux sciences ménagères pour offrirces cours sur leur campus.

Qui, aujourd'hui, parle d'Ellen Swallow commeétant la mère fondatrice de l'écologie ou des sciencesenvironnementales? Pourtant, elle fut la premièrepersonne de sexe féminin à être acceptée au M.I.T.(Massachusetts Institute of Technology) et la premièrefemme à y obtenir un diplôme. Pendant ses études, elleétait considérée comme une étudiante « spéciale » etdevait utiliser un laboratoire à part. En 1876, le M.I.T.accepta d'autres femmes mais aucune n'obtint la per-mission d'étudier dans le laboratoire des hommesavant 1883.Céline Caron, Humus, mars/avril 1987, p.8.Tiré de Le Ven'd'est, mai 1987.

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T H È M E

Écologie

Écologie et féminisme

NOTES D'ESPOIR«Je crois qu'il faut s'imaginer un monde équitable, un monde organisé autour de l'idéede l'association de toutes et de tous, femmes, enfants et hommes, animaux, végétaux,

minéraux, air et eau. Il faut se l'imaginer puis il faut s'organiser pour l'obtenir. Il fautcréer notre propre salut. »

par Dorothy Todd HénautCINÉASTE AU STUDIO D DE l'OFFICE NATIONAL DUfilm, Dorothy Todd Hénaut se préoccupe des questions éco-logiques depuis plusieurs années. Artiste, mère et féministe,elle est venue présenter à Ottawa le 8 mars dernier, uneallocution que nous résumons à votre intention. Dans Desnotes d'espoir, Dorothy Todd H. porte son regard « curieux »sur l'expérience vécue par d'autres civilisations et sur le typede société à rebâtir pour éviter le suicide collectif : une sociétébasée sur le partenariat plutôt que sur le patriarcat.1

Du patriarcat au partenariatLe patriarcat est basé sur un système de domination. Cettedomination a été imposée depuis des siècles à la pointe del'épée, par la force ou la menace de mort. Avec le temps, lasuite logique de ce système a été l'empoisonnement accéléréde la planète. Au niveau humain, ce système est responsabledes statistiques ahurissantes sur la violence conjugale,familiale, l'inceste, le viol, les guerres, les tortures, les mas-sacres quotidiens.

Ce système considère tout en opposition: homme/femme ; noir/blanc ; supérieur/inférieur ; mental/physique ;objectif/subjectif; actif/passif; domination/soumission. Iln'y a pas de place dans ce mode de pensée pour une visionglobale où tout est intégré. Il n'y a que des gagnants et desperdants. Les hommes finissent par se voir comme des ins-truments de destruction. Dans sa quête du contrôle, l'hommeest en train de détruire l'humanité toute entière et de se fairemal à lui-même. Laissera-t-il à sa mère ou à sa femme laresponsabilité de remédier au problème de la diminution dela couche d'ozone, d'éliminer les pluies acides, de reboiseriesforêts, sources d'oxygène, de dépolluer la terre de ses déchetsde la même manière qu'il lui laissait le soin de faire salessive, de repriser ses vêtements, de passer derrière lui avecson ramasse-poussière ? Cet homme est allé trop loin.

Mais quelle est donc la nature de l'homme? Est-ce quec'est le sort inévitable des humains de tenter de résoudre tousles problèmes, tous les conflits parla violence ? De se détruiresoi-même et de détruire les autres ? Est-ce que l'établissement

L'homme, laissera-t-il à sa mère ou à sa femme la responsabilité dedépolluer la terre de la même manière qu'il lui laissait le soin de passerderrière lui avec son ramasse-poussière ?

de structures sociales basées sur la domination et l'exploita-tion par la force est la seule option possible pour l'humanité ?Est-ce que c'est ça, le progrès ?

Nous avons tendance à être défaitistes, à dire : « c'est lanature humaine ; les hommes ont besoin de ça ; c'est commeça depuis l'origine des temps ». Cependant, des études arché-ologiques démontrent qu'il n'en a pas toujours été ainsi. Desdécouvertes font voir que les premiers liens forgés entre leshumains ne sont pas ceux d'hommes partis à la chasse et à laguerre. De 30 000 ans à 2 000 ans avant Jésus-Christ, leshumains se sont organisés autrement : la Vie était au centrede leurs vies. Mais tout ça fut tenu secret pendant des millé-naires. Il y a eu une mystification historique, une amnésieimposée à l'humanité. On a gardé secret le fait que presquetoutes les technologies matérielles et sociales essentielles àla civilisation ont été développées avant le patriarcat, avantl'imposition d'une société de domination.

Nous possédons par exemple, grâce à des fouilles archéo-logiques détaillées, un profil assez précis de la civilisationCretoise qui s'est épanouie sur une période de 4 000 ans. Elle

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Notes d'espoirs'est éteinte 1 500 ans avant Jésus-Christ sous le joug deshordes barbares à l'instar d'autres civilisations semblablesde la Vieille Europe.

La civilisation Cretoise était très avancée. On y applicaitles principes de l'agriculture, on y possédait les techniquesde l'architecture et de l'urbanisme, on y retrouvait des infra-structures : ponts, égouts, irrigation, chaussées pavées,transport, plomberie intérieure. Les Cretoises et Cretoiss'étaient dotés-es de structures gouvernementales et reli-gieuses et la prière, la justice tout comme l'administration etl'éducation leur étaient connues. L'art faisait partie inté-grante de leur vie ; on y pratiquait la danse et certains rituels.Il y existait une littérature orale et une communicationécrite. Pour fabriquer les objets et les vêtements, on trans-formait les ressources naturelles telles le bois, les fibres, lecuir et les métaux grâce à des procédés que l'on raffinait sanscesse.

L'amour et la paix y régnaient (aucune trace de guerre nid'outils guerriers ne fut retrouvée) ; on avait horreur de latyrannie. Les attitudes envers la sexualité étaient joyeuses.La vie sexuelle s'exprimait librement et elle était bien équili-brée. Il semble que le plaisir de vivre avait raffermi les liensentre les sexes. Les enfants passaient par la lignée desfemmes bien que l'on reconnaissait le rôle des hommes dansla procréation. Les femmes avaient un statut social très élevéet elles étaient très présentes dans le domaine public ainsique dans le domaine religieux. Malgré cette importance durôle des femmes, on ne peut conclure que les hommes avaientle statut secondaire ou soumis des femmes d'ici. Ce qui exis-tait avant le patriarcat n'était pas le matriarcat mais un typede société qui veillait à l'épanouissement de l'ensemble deses citoyens ; nul n'était très pauvre ni très riche. Il n'y avaitaucun déséquilibre entre les sexes.

Vivre en harmonieDans une telle civilisation, où la Déesse était considérée

comme la source des dons matériels et spirituels, les femmesavaient une image d'elles-mêmes très différente. Il étaitnormal pour elles et leurs partenaires masculins de prendreune part active au développement de la communauté. Ellesse considéraient compétentes, indépendantes et créatrices.

D'autres civilisations se sont épanouies sous ce mode devie, en Chine, aux Indes et en Afrique mais elles ont étéensevelies dans le temps ou effacées des registres. Plus prèsde nous, les autochtones des deux Amériques ont vécu dansdes civilisations analogues.

Il n'est donc pas utopique de croire que nous, leshumains, pouvons vivre en harmonie avec nous-mêmes etavec la nature. C'est ce que ces civilisations nous laissent enhéritage. Elles possédaient ce sentiment très fort de fairecorps avec la nature, d'appartenir au monde. Le démolirsignifiait se démolir soi-même.

Les découvertes archéologiques nous démontrent que lanature humaine est capable d'entretenir des rapports sainset bienfaisants avec la nature, les êtres créés et les autreshumains. Le suicide collectif n'est pas inexorable! Nouspouvons changer le cours des événements si nous en avons legoût. Nous devons croire que c'est possible, que les humainssont capables de vivre autre chose qu'une situation dedominateurs/dominés-es. Nous devons élaborer de nouvel-les idéologies et de nouvelles structures, créer une sociétéréelle, non utopique, où les hommes et les femmes n'aurontplus une partie d'eux-mêmes, réprimée, emprisonnée, violen-tée. Au sein de cette société, il n'existera plus de guerre desexes ; les femmes ne seront plus les seules responsables de la

communication humaine, de l'émotion, de la tendresse, dessoins à donner aux autres. Les hommes ne seront plus for-més à poursuivre uniquement leurs buts, au détriment desautres. Pour les hommes comme pour les femmes, le dévelop-pement individuel passera par l'affiliation, c'est-à-dire lacommunion avec l'humanité et la nature.

Mais il ne faut pas se leurrer. La transition vers cettenouvelle société sera longue et difficile car nous sommes touset toutes blessés-es, d'une certaine façon. Ironiquement, lebesoin de dominer les autres provient d'un sentiment d'im-puissance. Plus un individu se sent fort, libre, compétent etefficace, moins il a besoin de contrôler la liberté des autres.Pour réussir à implanter une nouvelle société, il nous faudraappliquer d'autres méthodes pour résoudre les conflits, desméthodes non violentes basées sur la théorie gagnant/ga-gnant et non plus gagnant/perdant.

Cette société nouvelle permettra une grande diversitéhumaine et sera stable et saine. En écologie, c'est bien connu,la monoculture est instable, vulnérable et dangereuse. Lepatriarcat est une monoculture planétaire. Nous devonsencourager la diversité dans toutes ses manifestations et nejamais oublier les liens indispensables qui les réunissent.

L'épanouissement de cette société ne sera possible quedans un monde d'association et de partenariat non dans unmonde de domination, dans un système d'histoires et desymboles, de mythes et de légendes qui nous révélera l'ordrede l'univers et notre place, au sein de cet univers. Nous avonsbesoin plus que jamais de donner un sens à notre vie.Donnons-nous des mythes qui célèbrent la vie et non la mort.Donnons aux femmes leur place. Ç1. L'auteure s'inspire, entre autre, du livre The Chalice and the

Blade de Riane Eisler.

GAÏA LA TERRELa terre est une entité qui s'occupe de sa survie ets'ajuste aux événements pour en assurer la conti-nuité, énonce la théorie de James Lovelockl et LynnMargulis. Si nous, les humains, continuons d'agircomme si nous avions droit de domination absolue etcomme si nous pouvions impunément souiller notrenid, démolir nos forêts vierges sans nous soucier del'oxygène de la planète, nous empoisonner sans nouspréoccuper des effets génétiques de notre ingérence oucourir le risque d'un génocide nucléaire, nous ironstranquillement jusqu'au suicide collectif en entraî-nant avec nous bien des espèces. La terre, elle, serajustera pour sa survie. Elle est peut-être déjà entrain de fabriquer des organismes de remplacement.Les traces de vie humaine rejoindront celles laisséespar les animaux préhistoriques. Elles prendrontplace parmi les curiosités enfouies sous terre, enattendant d'être découvertes par une espèce plusintelligente — ou plus humble — que la nôtre.

D, Todd Hénaut

1. James Lovelock est un scientifique indépendant quihabite en Angleterre. Il est fondateur de la théorie deGaïa. Son livre est publié chez Oxford University Press.

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T H È M E

Écologie

RECONNAÎTRE NOTREINTER-DÉPENDANCE

Un entretien avec Diane Sabourin, militante écologiste

par Micheline Piché

J'AI FAIT LA CONNAISSANCE DEDiane Sabourin, professeure à l'écoleQueen Elizabeth, grâce à l'hebdoma-daire La Libertél de Winnipeg. Le jour-naliste Laurent Gimenez y présentaitune courte entrevue avec cette mili-tante écologiste de longue date. Cela apiqué ma curiosité et par intérêt pourl'engagement des femmes dans lemou-vement écologique j'ai voulu en con-naître davantage. Voici le résumé denotre entretien.

F.A.: Diane Sabourin, qu'est ce quivous a sensibilisée au départ à lacause écologique ?

D.S.: J'ai toujours été intéressée par laprotection et la conservation de la na-ture. C'est vers la fin des annéessoixante- dix que je me suis engagée defaçon active auprès de deux organis-mes du Manitoba, le Manitoba Natura-list Society et le Centre Fort White forEnvironmental Education. Ces deuxorganismes sensibilisent la populationà l'écologie. Dans le cadre de ma pro-fession d'enseignante, j'ai aussi reçuune formation qui me permet depuiscinq ans d'être animatrice pour le pro-gramme Arbre en tête. Ce programmeest offert dans toutes les provinces etest subventionné par divers ministèreset organismes. Il est d'ailleurs accessi-ble à toutes celles et ceux qui désirent sesensibiliser ou faire de la sensibilisa-tion auprès des enfants.

F.A.: Votre engagement doit vousrendre très sensible aux problèmesde notre environnement?

D.S.:Effectivementet les bulletins d'in-formation que je reçois des organismesécologiques sont des sources d'infor-mation très valables. On a eu parexemple à se prononcer contre le déboi-sement d'une forêt qui avait été dési-gnée comme parc. Vous savez, plus onest informée, plus on veut en savoirdavantage, et plus notre engagementest actif. Avec les moyens que j'ai, j'es-saie de sensibiliser les gens avec les-quels je travaille au fait que l'on est entrain de détruire notre environnement.F.A.: L'attitude envers la nature a-t-elle changé? Il semble qu'il y adix ans, on se préoccupait très peude la nature. Les naturalistes, lesécologistes avaient plutôt l'air debriser la fête.D.S.: Oui c'est vrai, mais le langagedes naturalistes a aussi changé. Lesgens ont encore de l'enjouement pourles animaux en voie d'extinction.Comme le Panda présentement auManitoba. Il est mignon, on le prend enpitié ! Mais je crois que la pensée évolueet que l'on commence à comprendre quetous les êtres vivants doivent être pro-tégés parce qu'ils ont tous un rôle àjouer dans l'écosystème et dans lachaîne alimentaire. Même les petites« bibittes » qui nous ennuient l'été ontleur place en ce monde.

Il est très important de reconnaîtrenotre in ter-dépendance envers tous lesêtres vivants. Détruire même les mous-tiques, à l'aide de pesticides et de pro-duits toxiques, ça va nous rejoindre eton subira les conséquences de nos ac-tes, c'est évident.

F.A.: Est-ce que dans votre pro-vince, la question de la protectionde l'environnement est d'actualitéet l'intérêt généralisé ?

D.S.: À mon avis, c'est une question deplus en plus importante. Au cours de ladernière année, on en a parlé presquequotidiennement. Les désastres de l'en-vironnement ici comme ailleurs contri-buent à cet éveil de la population. Petità petit, ça devient une priorité.

Au niveau de la question des dé-chets, par exemple, on se rend comptede notre retard comparé à d'autres pro-vinces. Ce n'est que récemment qu'on a

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mis de l'avant la promotion du recy-clage des cannettes et des contenantsen plastique.

Des problèmes comme celui de lapollution de la rivière Rouge préoccu-pent énormément la population rive-raine puisqu'elle tire son eau potable dela rivière. De même, la vente de conces-sions forestières à Le Pas soulève degrandes inquiétudes. Le gouvernementa conclu un marché avec une entrepriseprivée, sans que celle-ci ait à reboiser cequ'elle coupera. Des organismes de pro-tection de la nature protestent actuel-lement contre une telle transaction.L'entreprise aura accès au cinquièmedu territoire forestier de la province etquand on sait qu'un arbre prend 115

ans à croître pour atteindre sa matu-rité, c'est sérieux.

F.A.: Selon vous, les gens sont-ilsconscients de leur pouvoir commeconsommatrices et consomma-teurs ? Savent-ils que s'ils deman-dent des produits sains et non toxi-ques, le marché répondra à leurbesoin ?

D.S.: Pas assez! Il faut constammentrassurer les gens et leur dire que de faireconnaître leur opinion vaut quelquechose. Manifester son intérêt, ses in-quiétudes, ça vaut la peine... mais cen'est pas naturel pour elles et eux. On sedit souvent : il y en a d'autres qui vont

HOMMAGEELLES ET ILS ETAIENT ICI EN TERRE D'AMÉRIQUE, LES PRE-mier-è-s, bien longtemps avant nous, libres et fier-es, vivant en harmonieavec la nature. Elles et ils avaient un immense respect pour l'environne-ment, le milieu naturel dont elles et ils tiraient leur subsistance. Elles et ilsavaient, les prèmier-é-s une pensée écologique. Nous, les blancs, les enva-hisseurs, non seulement n'avons-nous pas suivi leur exemple, mais nousles avons ehassé-e-s de leurs terres et dépossédé-e-s de leurs biens. Il seraitplus que temps, de réparer les torts que nous leur avons causés, ou peut-être est-il trop tard?

Quelques écrivains ont pris la parole, pour nous parler d'elles etd'eux, et réveiller notre mémoire. Bernard Cleary en est un exemple. Il estl'auteur'deL'enfant de7000 ans è- «ie long portage vers la délivrance»,et il présente l'enfant comme étant la raison d'être et la poursuite de la vie.Les 7 000 ans insistent sur là présence des autochtones depuis des tempsimmémoriaux.

Extrait d'un poème:L'enfant de 7000 ansavait jadis un paysSans frontières, ni paperassesOù il était chez lui, Devant le futurLui aussi a peur Son pays plus grandQue le regardOn l'a réduit à Canada,à QuébecCe sont des mots qu'il connaîtSeulement depuis la nuit

des temps américains.L'enfant de 7000 ansRetrouvera son sourireQuand on lui aura donnéSon habitatCelui préparé par ses ancêtres.

Le livre de Bernard Cleary est fondamental pour comprendre le sensréel des négociations entre les autochtones et le gouvernement et pourl'obtention d'un nouveau contrat social plus moderne.

Colette Godin

s'en occuper, ou on dit : c'est terrible !mais de là à poser des gestes...

De fait, les gens attendent qu'unproblème les menace directement dansleur cour comme on dit, avant de réagirpubliquement. Pourtant, il faudra biense rendre compte que ce qui se passeailleurs, le déboisement des forêts tro-picales par exemple, ça nous toucheaussi directement.

F.A.: Vous qui travaillez à sensibi-liser les enfants, trouvez-vousqu'ils ont une bonne influence surles parents ?

D.S.: Oui, je vois cela chez eux. Ils ontune ouverture d'esprit. Étant sensibi-lisés à la nature, ils peuvent critiquernos façons de faire. Surtout s'ils viventen milieux urbains, la conscientisationest importante. Avec le programmeArbre en tête ils retrouvent leur appar-tenance à la terre. Nous traitons aussiles questions d'actualité liées à l'envi-ronnement. Les enfants ont fait part deleurs inquiétudes et de leurs opinionspar le biais de lettres suite à l'accidentdu pétrolier sur la côte Ouest par exem-ple. Ils connaissent la signification dumot pollution.

F.A.: Avez-vous noté une partici-pation importante des femmes aumouvement pour la protection del'environnement ?

D.S.: De par mon expérience, je peuxvous dire qu'il y en a beaucoup et que cesont même souvent des projets de fem-mes. Comme femmes nous sommes plusintimement liées à la terre. Nous por-tons les enfants et notre inquiétude estgrande quand on pense à l'état de l'en-vironnement. Mes lectures m'ont ame-née à réaliser à quel point le systèmepatriarcal dans lequel nous vivons oùl'on retrouve la structure dominant/dominé est responsable des dégâts cau-sés à l'environnement. Il faut changerle cours des choses. Rebâtir autrementensemble.

Outre le projet Arbre en tête, il n'existeactuellement aucun groupe au Mani-toba francophone ou bilingue qui s'in-téresse de façon active à la protectionde l'environnement comme tel. DianeSabourin souligne qu'on retrouve ce-pendant des francophones à l'intérieurdes groupes environnementaux. LeCentre Fort White offre pour sa part,des services d'interprétation de lanature en français. 9

1. La Liberté, la semaine du 7 au 13 avril1989, p.7.

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HYMNE À LA TERREpar Micheline St-Cyr

Qu'attendons-nous donc ?ImmobilesQu'attendons-nous ?Pour agir?

L'homme a détruitl'ordre établi

Comment doncAllons-nous arrêterLe monstre ?

Même la pluieQui tombe des nuagesEst à détruireLes forêts, les lacs et les rivières.

Nous sommes les esclavesDe nos usinesDe nos richessesDe nos villes perfectionnées.

Nous sommes les esclavesD'un monde pré-fabriqueRobotiséQui mesure les jours et les nuitsEt qui exige de l'hommeUne productionSans cesse renouvelée.

Pour faire faceÀ une concurrence échevelée.

VoilàQue bientôt l'économiePrendra la place du paysEt les hommesPour un marché agrandiN'hésiteront pas à marchanderL'air, l'eau, les forêtsLes mers et les sous-solsEt le pétroleEt le bois.Même l'âme des peuples de la terre.L'âme qui est l'essence de leur cultureEt l'expressionDe ce qu'ils sont.

Avons-nous le choix ?Pouvons-nous limiter les dégâts ?Dans quel mondeva naître l'enfant?

Il est peut-être tempsDe prendre conscienceDu vide où nous basculerons.

MICHELINE ST-CYR

OuiCe choix, nous l'avons.Cette liberté nous appartient.Nous arrivons au confin du mondeEt cette scienceNe peut-elle pas nous sauverSi nous en avons la volonté ?

Il est tempsDe la mettre au service de l'humanitéEt non pas au service seulementde la prospérité.

Les richessesNe profitent pas à tousMais la nature et la planèteQue nous détruisonsSans discernementSans ménagementAppartiennent à tous.

L'homme n'a pas le droitDe décider à lui seulLa mort de l'homme.Cela équivaut à un suicideUn suicide collectif.

Il faut qu'enfinCeux qui souffrentSoient entendus.Il faut qu'enfinLa terre entièreSe lèveEt exigeLa dépollution des lacs et des rivièresDes fleuves et des mersL'ensemencement des forêtsEt la protection constante de

l'environnementPar un système d'épuration d'eau,La destruction systématiqueDes déchets toxiquesEt surtout des loisPour empêcher les usinesD'empoisonner l'atmosphèreEt détruire même nos protections

naturellesContre les rayons du soleil.

Les crimes contre l'humanitéSont aussi la destruction de la planète.Il faut respecter les peuplesQui ont suA travers les âgesConserver la fauneEt la floreTout en vivantDe chasse et de pêche.

Ces peuples connaissaientLa forêtVénéraient le caribou, le loup,L'ours et l'aigleAimaient la baleine, le phoqueEt le poissonMais selon la loi immuable de la natureIls savaient que le gibier est nourritureEt vie pour l'homme.

Ainsi, jamais l'équilibreN'était rompuEt pendant des millénairesParmi les banquisesEt les glacesLes forêts et les montagnesLes déserts et les plainesLes hommes vécurent heureuxEt ne manquant de rien.

Poète, scénariste, animatrice à la radio et à la télévision,Micheline St-Cyr oeuvre dans plusieurs sphères de l'activitéculturelle et sociale torontoise. Elle est coordonnatrice ducentre d'alphabétisation Alpha-Toronto.

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THÈME

Écologie

SORTEZ VOS PARASOLSLa couche d'ozone et vous

par Janine SavoieON RECOMMANDE DE PLUS ENplus de ne pas s'exposer au soleil pourdes périodes prolongées sans l'utilisa-tion d'une crème solaire afin de mini-miser les effets de plus en plus dange-reux des radiations solaires. Pourquoile soleil est-il plus dangereux aujour-d'hui ?

La couche d'ozone située à une alti-tude d'environ 25 km dans l'atmos-phère fournit une protection vitale auxorganismes vivant à la surface terres-tre. En effet, cette couche absorbe pres-que toute l'énergie des rayons ultra-violets en provenance du soleil avantqu'ils n'atteignent la terre. L'ozone agitdonc comme un écran qui filtre desquantités dangereuses de radiationsultra-violettes (UV).

Une disparition ou une diminutionimportante de la couche d'ozone atmo-sphérique exposerait donc la planète,c'est-à-dire les humains, les animaux etles plantes à des niveaux dangereux deradiations ultra-violettes.

Selon des études effectuées par laNASA, la couche d'ozone aurait dimi-nué en moyenne de 2,5 % depuis 1979.Depuis la dernière décennie, on parledu « trou d'ozone » pour faire référence àla destruction temporaire de la couched'ozone au- dessus de l'Antarctique. Cequi est encore plus alarmant est le faitque des études effectuées par un cher-cheur du ministère de l'Environnement

du Canada, M.W.F.J. Evans et plu-sieurs études effectuées par la NASAdémontrent qu'il y aurait égalementune destruction, moins importante,cependant, de la couche d'ozone au-dessus de l'Arctique. On aurait égale-ment observé une diminution de l'épais-seur de la couche d'ozone dans lesrégions voisines des pôles. Le problèmedevient alors plus critique puisque desrégions plus peuplées du globe et plusprès de nous sont menacées.

Ainsi, au-dessus des grandes ré-gions peuplées de l'Amérique du Nord,de l'Europe et de l'Asie, la couched'ozone diminue d'à peu près 5 % enmoyenne en hiver et moins durant lereste de l'année. Les scientifiques esti-ment que pour chaque 1 % d'ozoneperdu, une augmentation de 2 % desradiations UV les plus dangereusesbiologiquement se fait sentir à la sur-face de la terre.

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THÈME

Écologie

ÉCOUTE, ENTENDS-TU ?Les symphonies de la nature

par Pierrette Robichaud

AVEZ-VOUS ÉCOUTÉ LE CON-certo de la forêt ou de la rivière lorsquele vent fait vibrer des sons à plusieursmouvements? Je m'y connais peu enmusique malheureusement, mais lessymphonies de la nature me dépassenttoujours. Même si les femmes ont unecapacité d'entendre plus développéeque les hommes, tous peuvent appren-dre à mieux écouter.

Très tôt ce printemps, en voulantcontinuer de me garder en forme aprèsune saison de ski de fond, j'ai décidé demarcher 3 km tous les jours, peu im-porte les conditions météorologiques.J'ai vite réalisé que les mois de mars etavril que nous caractérisons souventcomme déprimants, sont des mois fan-tastiques. Par temps ensoleillé les cris-taux de glace qui n'étaient pas tout àfait dégelés m'émerveillaient en deve-nant des millions de petits diamants ausoleil.

L'automne est aussi une belle sai-son pour la marche. Par grands vents,les feuilles sèches en octobre dernierdansaient à ma rencontre comme desballerines gracieuses, en tourbillon-nant autour de moi. Par temps plu-vieux, j e marchais les yeux fermés pourpouvoir mieux capter l'odeur du plan-cher de la forêt en décomposition, decette flore qui s'abandonnait à la terremère afin de nourrir les nouvelles viesqui nous réjouiraient bientôt. Mais c'é-tait toujours l'orchestre des grandspins blancs, fouettés par le vent, celui,mélodieux, des cèdres autant que celuides branches d'arbres feuillus ou desherbacés secs qui m'émerveillaient leplus avec leurs sons harmonieux. À dis-tance on entendait aussi le tambouri-nage de la gelinotte huppée, des bé-casses qui s'affolaient et d'autres oi-

ne faut rater aucune occasion d'entendre les symphonies de la nature.

seaux qui entremêlaient leurs chants.Je me sentais vivre, je pouvais remettremes idées en ordre ; mon être conscientse détendait grâce à l'exercice, maismon entourage permettait à mon sub-conscient de régler les difficultés destâches de la journée, ses priorités et sesimprévus. Le stress cédait la place à unplein d'énergie universelle intérieure.

L'été dernier, lors d'une excursionsolo en kayak durant laquelle j'ai faitdu camping sauvage, je me réjouissaisen écoutant la forêt, le marais et latourbière ! Sans que rien ne vienne latroubler, la nuit me fit entendre lamélodie des petites vagues sur le borddu rivage, des poissons qui sautaient àtour de rôle et des grands cris du hiboudes marais. Ce hibou essayait de meconvaincre que j'étais de trop sur sonterritoire mais, après quelques minu-tes, on a tous les deux réussi à partager

cette espace en harmonie. Après tout jen'avais aucune intention de lui fairecompétition en attrapant ses souris !Très tôt le matin, je fus éveillée par lecraquement de petites branches près dema tente. Un chevreuil curieux s'étaitapproché ; il n'a pas bougé lorsque jesuis sortie pour le photographier. Mavoix était peut-être une musique à sesoreilles, qui sait...

La forêt acadienne du parc natio-nal Kouchibouguac n'est quand mêmepas aussi imposante que la jungle duMexique que j'ai eu l'occasion de visiteren saison sèche. Combien plus impres-sionnantes encore doivent être une fo-rêt de séquoias de 200 ou 150 mètres dehauteur, vieux de 3 000 ans, ou lesfameuses forêts tropicales du Brézil. Enréalité, chacune occupe une place im-portante sur cette planète. Le problèmedes pluies acides qui frappent plusieurs

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régions et celui de l'effet de serre quiaffecte le globe terrestre en entier ontouvert les yeux d'un grand nombre surcette question tout comme les quatreannées les plus chaudes du siècle quenous avons connues depuis 1980 etl'augmentation de 0,4 °C de la tempéra-ture terrestre par rapport à la période1950-1980. Nous savons maintenantque l'environnement, c'est l'affaire detous. Si on continue à détruire et à brû-ler les forêts du Brézil qu'on comparesouvent aux poumons de la terre et oùse trouve notre avenir génétique, com-ment pouvons-nous nous attendre à ceque l'excès de bioxyde de carbone quicontribue à l'effet de serre ait la chanced'être absorbé !... Même s'ils ne peuventarrêter l'effet de serre, les arbres peu-vent du moins le ralentir pour permet-tre à la faune et à la flore de mieuxs'adapter aux changements. Au Cana-da, si la température continue d'aug-menter, les écosystèmes de la forêt de-vront migrer cinq fois plus vite quedurant la dernière glaciation. Les ar-bres et les animaux souffriront de ceschangements climatiques trop rapides.Ceux qui ne pourront pas s'adapter ris-quent de disparaître.

Mon travail consiste à trouver desmoyens pour sensibiliser les gens à laconservation grâce à une équipe d'in-terprètes et d'adjoints. Notre plusgrande récompense est d'arriver à éla-borer des programmes d'interprétationqui changent les attitudes des gensenvers la préservation de l'environne-ment. L'hiver dernier, deux des inter-prètes ont rejoint plus de 5 500 étu-diants. La preuve que notre travailcommence à porter fruits, ce sont leslettres que nous recevons des profes-seurs et des élèves qui nous font part deleur intérêt pour la faune et la flore. Sila génération future peut aimer l'envi-ronnement, elle pourra également ap-prendre à le conserver.

Récemment, lors d'une descente dela rivière en canot, j'ai dépassé deuxpersonnes qui écoutaient la radio. Jeme suis dit qu'elles manquaient l'occa-sion d'entendre les symphonies de lanature : les petites chutes d'eau, les crisdes canards et l'orchestre des arbresque la radio étouffait. J'aime beaucoupla radio, mais pas quand elle nousempêche d'apprécier pleinement cetteplanète; de tisser des liens avec elle.Écoutons les symphonies de la naturecar rien ne remplace la paix qu'ellenous permet de retrouver. 9

Pierrette Robichaud est originaire de Richibouctou. Elle est

diplômée en biologie de l'Université de Moncton. Elle occupedepuis 1981 le poste d'adjointe au Chef Interprète au Parcnational Kouchibouguacau Nouveau-Brunswick.

Sortez vos parasolsSUITE DE LA PAGE 22

La couche d'ozonec'est notre affaireÀ la lumière de ces observations, onpeut voir que le problème de la couched'ozone nous concerne directement.Quels sont les dangers d'une dispari-tion ou d'une diminution de la couched'ozone ? Le danger principal consistedans le fait que les radiations UV sontassez fortes pour briser des moléculesbiologiques importantes dont l'ADNqui contrôle l'activité génétique et toutle métabolisme cellulaire. Ceci impli-que donc que des expositions à desradiations ultra-violettes élevées pour-raient conduire à :— une augmentation du nombre de can-

cers de la peau ;— une augmentation des dommages

aux yeux (cataractes, cécité, lésionsoculaires) ;

— une augmentation des déficiencesimmunitaires ;

— la destruction des récoltes et de laflore en général;

— la destruction des écosystèmes aqua-tiques (faune et flore) ;

— une modification imprévisible duclimat et donc, une possibilité d'aug-mentation de la température terres-tre et de fonte des glaciers.

Ce que l'on peut faireQue pouvons-nous faire pour apporternotre contribution afin de remédier à ceproblème? Si on s'arrête un momentafin de déterminer les principalescauses de la destruction de la couched'ozone, nous pourrons peut-être locali-ser dans notre vie quotidienne des pro-duits ou des activités qui sont reliésdirectement à ce problème.

On sait qu'il existe deux princi-pales causes à la diminution de lacouche d'ozone. La première est reliée àdes facteurs météorologiques (tempéra-tures uniques des pôles associées auvortex polaire et à la circulation de l'airautour du globe). La seconde consisteen une série de réactions chimiquesprovoquées par la présence de compo-sés contenant du chlore, les chlorofluo-rocarbones ou CFC, libérés dans l'at-mosphère. Nous n'avons aucun con-trôle sur les conditions météorologi-ques mais cependant, nous pouvonsessayer de contrôler la quantité de CFClibérée dans l'atmosphère.

Les CFC sont contenus dans diffé-rents produits que nous utilisons quoti-diennement. Nous les retrouvons danstous les produits en aérosol dans les-

quels ils agissent comme gaz propul-seurs : fixatifs à cheveux, désodori-sants, mousse à raser, produits ména-gers de nettoyage, etc... Ces produitssont maintenant de plus en plus dispo-nibles dans des atomiseurs au lieu debombes aérosol. Nous pourrions faci-lement en faire la demande à notre épi-cier. De cette façon, pour contenter saclientèle, le fournisseur devra rempla-cer les bombes aérosol par les ato-miseurs.

On retrouve également des CFCdans les mousses plastiques où ils agis-sent comme agents d'expansion. Lesproduits les plus communs dans les-quels se retrouvent les mousses plasti-ques sont les verres à café en polysty-rène, les emballages pour les viandesou autres aliments en polystyrène et lespanneaux isolants pour les maisons.Nous pourrions, dans ces cas, choisirdes produits semblables qui ne con-tiennent pas de CFC. Ces produits sontfacilement reconnaissables puisqu'ilsportent l'indication «Sans CFC» surl'étiquette. Si ces produits ne sont pasdisponibles dans notre région on de-vrait se faire un devoir de les exiger etde ne pas acheter les produits qui encontiennent.

Des CFC se retrouvent aussi dansles appareils ménagers comme les con-gélateurs et les réfrigérateurs où ilsagissent comme agents de congélation,dans les conditionneurs d'air des auto-mobiles, dans les nettoyeurs pour lesparties électroniques. Dans ces cas, cesont les industries qui ont la responsa-bilité de trouver des substituts auxCFC.

Notre rôle consiste donc à éliminerde notre quotidien tous les produitscomposés de CFC et à sensibiliser lapopulation en partageant notre craintede voir disparaître la couche d'ozone.Ce problème concerne tous les indi-vidus-es. Chacune et chacun devraitfaire sa part. Il faut cependant préciserque les CFC, présents dans l'atmo-sphère aujourd'hui, y seront encorepour plusieurs dizaines d'années. Ilfaudrait donc s'assurer de renseigner etde sensibiliser la population sur lesconséquences néfastes à long terme deleur présence dans l'atmosphère!Pensons-y !

À nous de faire notre part ! 9

Janine Savoie a complété ses études en Sciences avec spé-cialisation en biologie et en éducation, à l'Université deMoncton. Depuis 1982, elleenseigne au programme de tech-nologie de l'environnement au Collège communautaire duNouveau-Brunswick, à Bathurst.

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Ton environnement est en dérive ?

T H È M E

Écologie

AIDE-TOI ET LA NATURE T AID ERA!par Michèle Fournier

DEPUIS LE DÉBUT DES ANNÉES 80, LA PROTECTIONde l'environnement semble être devenue une priorité pour lamajorité des Canadiens-nés. Aux dernières élections, parexemple, de nombreux sondages annonçaient que l'environ-nement figurait parmi les trois grandes préoccupations desCanadiens-nés. Le problème des pluies acides fut probable-ment le premier thème écologique à faire la une de nos jour-naux. Mais aujourd'hui, les problèmes d'ordre écologiqueabondent; feu de BPC à St-Basile-le-Grand, gestion desdéchets, intoxication des bélugas du St-Laurent, destructionde la forêt tropicale, réchauffement des climats, depletion dela couche d'ozone, et j'en passe. Traditionnellement, lesCanadiens-nés ont laissé à leurs gouvernements la tâche deprotéger leur environnement. Malheureusement, ces gou-vernements n'ont pas toujours bien fait leur devoir commeon a pu le constater lors de la tragédie de St-Basile-le-Grand.Peut-être est-il temps pour nous, Canadiens-nés, de nousoccuper de la protection de notre environnement. On a touteset tous notre part à jouer dans ce domaine.

La gestion des déchets est un domaine dans lequel nous,consommateurs-trices, pouvons facilement amener un chan-gement puisque nous produisons nous-mêmes ces déchets.En effet, au Canada, chaque citoyen-né produit en moyenne

800 kg de déchets par année ! Malheureusement nos sitesd'enfouissement s'emplissent à vue d'oeil et de nouveauxsites sont difficiles à trouver puisque personne n'en veutdans « sa cour arrière». D'ailleurs peut-on s'en blâmer? Quivoudrait vivre à côté d'un « dépotoir » malodorant dont lesrebuts toxiques infiltrent les sols et contaminent les coursd'eau avoisinants!

Plusieurs municipalités à travers le pays ont entreprisdes projets de recyclage du verre, de l'aluminium et du papierjournal. Certaines municipalités envisagent même la possi-bilité de récupérer les rebuts végétaux pour en faire du com-post. Ces projets de récupération sont essentiels car nonseulement diminuent-ils la quantité de déchets que l'on doitenfouir mais ils évitent aussi la perte de matériaux de valeurcomme l'aluminium et le verre. Mais on ne doit pas s'arrêterlà car le recyclage ne répond pas à tous nos problèmes degestion de déchets. Par exemple, l'emballage superflu ausupermarché, les sacs de plastique, le déversement de pro-duits toxiques ménagers dans notre environnement sonttous des problèmes qui doivent être résolus par chacun-ed'entre nous dans notre vie quotidienne.

Un groupe écologique ontarien, le groupe de recherched'intérêt public de l'Ontario (GRIPO) s'est penché sur laquestion des possibilités d'actions individuelles dans ledomaine de la gestion des déchets. Il nous suggère troisendroits où l'individu-e peut modifier certaines habitudes devie pour assurer la sauvegarde de son environnement, soit lesupermarché, la maison et le bureau. Examinons doncquelles pourraient être ces nouvelles habitudes «écologi-ques ».

Au supermarchéL'emballage superflu à votre supermarché est un des fac-teurs qui contribuent directement aux débordements de nossites d'enfouissement. La plupart des 8 000 produits d'unsupermarché moyen sont emballés soigneusement pourinciter les consommateurs-trices à acheter. Une majorité deces emballages ne sont utilisés qu'une seule fois puis jetés àla poubelle. De fait, ces emballages ainsi que les multiplesboîtes de carton dans lesquelles les produits sont transpor-tés, constituent le quart du volume de nos déchets.

Face à cette situation, vous avez plusieurs recoursécologiques :— achetez des produits dont l'emballage est retournable ou

recyclable ;— évitez les produits jetables lorsqu'une autre possibilité

existe ;— évitez les produits emballés en format individuel; ces

formats augmentent dramatiquement la quantité requised'emballage ;

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Aide-toi et la nature t'aidera!

— évitez les sacs de plastique ; demandez un sac de papier oumieux encore, utilisez vos propres ««filets» ou sacs àprovision. Les sacs de plastique sont difficiles à éliminercar si on les incinère, ils produisent des émissions cancé-rigènes de dioxine et de furane. Lorsqu'on les enfouit, ilsencombrent nos sites car ils prennent des centaines d'an-nées à se décomposer.

À la maisonUne des sources de contamination toxique de notre environ-nement provient de nos demeures. En effet, une famillecanadienne moyenne produit de 20 à 40 litres de déchetsdangereux par année. Ces déchets domestiques dangereuxsont des produits de nature corrosive (par exemple produitspour déboucher les tuyaux), inflammable (par exemple téré-benthine, essence à briquet) et toxique (par exemple pesti-cides, nettoyants liquides, peinture à l'huile). Nous déver-sons la plupart de ces déchets dans les égouts ou nous lesjetons tout simplement aux ordures ménagères qui sontacheminées vers le site d'enfouissement ou à l'incinérateur.Lorsqu'on les enfouit, ces déchets infiltrent le sol et conta-minent nos cours d'eau, y compris notre eau potable. Demême, l'incinération de ces déchets contribue à la contami-nation de l'air et aux retombées de substances toxiques sur lesol et dans l'eau. Voici donc quelques suggestions écologi-ques pour éviter ce problème :— remplacez vos produits de nettoyage domestiques par des

produits non toxiques, généralement disponibles dansdes magasins d'aliments naturels, ou bien utilisez lesbonnes vieilles recettes de vos grand-mères ; par exemple,nettoyez vos vitres avec un mélange de vinaigre, sel et eauou substituez le bicarbonate de soude à vos poudres àrécurer ;

— utilisez tout le produit plutôt que d'en jeter la moitié. Sivous n'en avez plus besoin, donnez-le à un-e ami-e ouvoisin-e.

— ne jetez pas vos déchets domestiques dangereux auxordures. Conservez-les dans un lieu sûr en attendant lajournée prévue pour la collecte spéciale de ces déchets.

Au bureauUn-e employé-e de bureau canadien-né jette en moyenne 73kilogrammes de papier fin chaque année. À l'échelle dupays, cela signifie que des milliers de tonnes de papier sontgaspillés. Cette perte est d'autant plus tragique que le papierest facilement recyclable. Le recyclage du papier fin diminuenon seulement le nombre d'arbres à couper, mais réduitégalement les coûts d'enlèvement et d'élimination des dé-chets et peut générer des revenus.Voici quelques suggestions pour réduire le gaspillage dupapier fin :— utilisez les deux côtés du papier lorsque vous écrivez ou

photocopiez ;— réutilisez les enveloppes et autres emballages ;— évitez d'utiliser le papier qui ne peut être recyclé ;— recyclez votre papier fin. Etablissez un système de recy-

clage de papier fin à votre bureau ;— Achetez du papier recyclé afin d'encourager le recyclage

du papier fin.Tous ces petits conseils «écologiques» et bien d'autresencore proviennent de feuillets d'information que GRIPO aproduits sur la gestion des déchets. Vous pouvez vous procu-rer ces feuillets gratuitement à l'adresse suivante: GRIPO,631, rue King Edward, Ottawa (Ontario) K1S 3R2. Vouspouvez aussi consulter vos groupes écologiques locaux. Ils

auront sûrement de l'information sur les problèmes écologi-ques de votre localité et les actions à prendre pour y remé-dier. Sommes-nous toutes et tous d'accord pour dire que letemps d'agir est arrivé ? Alors agissons ! Ç

Michèle Fournier est originaire de la ville de Québec. Elle a été coordonnatrice de GRIPO àl'Université d'Ottawa pendantdeux ans. Michèlea participé à plusieurs projets locaux, provin-ciaux et nationaux visant à éduquer le public sur les problèmes écologiques actuels. Elle estactuellement inscrite au programme de maîtrise (en études de de l'environnement), à l'Univer-

sité Dalhousie.

L'HOMME QUIPLANTAIT DES ARBRESEn parlant d'environnement, on ne peut passer soussilence la participation de Frederick Bach avec sonfilm L'homme qui plantait des arbres, d'après le trèsbeau texte poétique de Jean Giono. Ce film a remportéde nombreux prix dont un Oscar pour le meilleur filmd'animation en 1987. Il transmet un message de prisede conscience écologique à travers l'histoire d'ElzéarBouffîer. On le retrouve maintenant en vidéo. Récem-ment, les Editions Gallimard-Lacombe en collabora-tion avec Radio-Canada publiaient le texte de JeanGiono illustré par Frederick Bach. Un très beau livre àlire, à regarder, et à garder précieusement dans sabibliothèque. Rappelons que Bach est co-fondateur dela Société québécoise pour la défense des animaux,membre de mouvements humanitaires, et conscientdepuis lontemps des problèmes de l'environnement. Iltravaille à la section d'animation de Radio-Canadadepuis plusieurs années oùilaconçuS courts métragesreliés au thème de l'environnement.

C. Godin

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Écologie

CETTE PLANETEVOUS TIENT À COEUR?

Les amis et amies de la Terre:10 ans d'engagement

par Colette GodinCE N'EST UN SECRET POUR PERSONNE, LA PLA-nète terre est en danger. Chaque jour les médias s'en fontl'écho ; pollution, pluies acides, deforestation tropicale, ré-duction de la couche d'ozone. Il est difficile de fermer lesyeux, de rester insensible à ces informations, à cette réalitéqui nous apparaît de plus en plus évidente, particulièrementdans les changements atmosphériques que nous avons subisces dernières années. Les scientifiques ont lancé un crid'alarme et s'accordent pour dire qu'il y a urgence. Il fautagir et vite !

Devant cet état de fait, la dernière décennie a vu appa-raître une multitude de regroupements à vocation écologiquetant au niveau local, régional que national. Tous ont unpoint commun : travailler pour la qualité et la protection del'environnement. Au nombre de ces organisations figure,Les amis et amies de la Terre qui se sont engagés-es danscette voie depuis déjà plusieurs années.

Fondée en 1978 à titre de fédération et regroupant plu-sieurs organismes, cette organisation compte aujourd'hui

/JUSQU'À PRESENT; wous/AVONS REÇU

V LETTRES, À CE SUJET.

12 000 membres et partisans répartis dans chaque provincedu Canada. Les amis et amies de la Terre sont préoccupés-espar les problèmes d'environnement de portée nationale etinternationale comme le prouve leur affiliation à 34 pays àtravers le monde. Le bureau central est situé à Ottawa et c'estlà que j'ai rencontré Julia Langer, directrice executive duregroupement. Avec un enthousiasme manifeste, elle m'aparlé de la mission de l'organisme. «Nous nous sommesdonnés comme mission de sensibiliser la population à labeauté et à l'importance d'un environnement sain, de luifaire prendre conscience de sa place dans l'environnement,par conséquent, de l'amener à avoir plus de respect pour lesmilieux naturels. Nous travaillons à promouvoir l'actionindividuelle et l'action de groupes en matière de protectiondes écosystèmes et de problèmes environnementaux d'inté-rêt mondial. Notre action comporte quatre volets ; la recher-che, l'éducation du public, la coopération avec d'autresorganismes et l'aspect législatif, c'est-à-dire les pressionsauprès des gouvernements pour les amener à prendre desmesures pour protéger l'environnement.

Nous organisons des campagnes sur différentsthèmes», de poursuivre Mme Langer. «Les thèmes sur les-quels nous travaillons actuellement sont : la couche d'ozone,l'effet de serre, la deforestation tropicale et la conservationd'énergie». Depuis deux ans la campagne sur la protectionde la couche d'ozone préoccupe Les amis et amies de la Terreet monopolise leur énergie. «Nous sommes satisfaits de ceque nous avons fait et pensons avoir atteint un des objectifsde la campagne : sensibiliser le public au problème des pro-duits qui affectent la couche d'ozone. Le gouvernement estaussi conscient que la population est informée de ce pro-blème et veut qu'un changement survienne, qu'une actionsoit prise sur cette question vitale d'environne.ment. » Sur cedernier point, Julia Langer considère que le ministère del'Environnement est lent à intervenir. «Nous sommes ensituation de crise et cela demande une action immédiate. Lesscientifiques ont démontré que chaque année qui passe sansintervention ajoute cinq années au problème de la couched'ozone. Le gouvernement doit avoir le courage d'établir deslois pour protéger la couche d'ozone ; il y va de l'intérêt detout le pays. »

Les amis et amies de la Terre utilisent des moyens depression positifs basés sur les acquis, les gains, et sur ce qui

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Écologie

Pour voir jaillir le pouvoir d'agir

ANÉANTIR LA TORPEUR

Un témoignage de Johanne Côté

TOUT M'EST APPARU D'UN COUPet du coup je ne voyais plus que ça. Lesodeurs de la catastrophe émanaient departout. Le monde se teintait des cou-leurs sombres de l'apocalypse. Du jourau lendemain, la vague inquiétudequ'avaient fait sourdre quelques lec-tures éparses, est devenue une mons-trueuse vague d'angoisse. Sur uneplage du lac Erié, je me promenais enzigzaguant parmi des dizaines de ca-davres de mouettes tandis que du largegémissait un appel de détresse. Leseffets de la pollution gisaient à mespieds, réels, tangibles, à la mesure deceux que l'information m'avait faitentrevoir.

Dès lors, il n'y eut aucun objet,aucune personne, aucun événement nimême une pensée qui n'échappât aufiltre crasseux de la calamité qu'avaittissé ma prise de conscience. Je m'em-piffrais de pesticides et de cancer enboîte, je me saoulais de cocktails chi-miques, je respirais goulûment del'anhydride sulfureux et des oxydesd'azote et je dormais sur un nid dechlorofluorocarbures.

Assommée par l'évidence, je m'en-gouffrai dans le tourbillon funeste desBPC, dioxynes, furanes et autres abo-minations. Et au milieu de cette spiraleinfernale où la caresse d'un rayon desoleil printanier se faisait laser im-pitoyable et la pluie rafraîchissante,déluge d'acide, je voyais agoniser lesbaleines, suffoquer les phoques et lesoiseaux goudronnés, tomber les arbresdes forêts équatoriales, l'un aprèsl'autre, brindilles insignifiantes auxmains avides des argentiers. Je voyaiss'ériger des montagnes d'ordures deplastique indestructible, celles-là mêmequi un temps avaient fait notre fierté.

Je voyais mourir des enfants, des adul-tes, empoisonnés, entassés, emprison-nés dans la violence d'un monde mal-sain. Je voyais sécher la terre, sale,déchue, reine bafouée par son peuple.L'impuissance m'étranglait et je n'es-sayais même pas de me défendre. Je

mourais de chagrin, de honte, de fata-lité, du sentiment profond qu'il étaittrop tard.

Avec l'éveil de ma conscience surles drames de notre environnement, j'aiconnu les étapes d'une longue maladie ;après le découragement s'est levée lacolère et la volonté de réagir. Quepouvais-je faire dans mon quotidien?Quels sont mes moyens, quel est monpouvoir ? Je suis devenue une adepte dela boîte bleue et je récupère conscien-cieusement le papier journal, le verre etles boîtes de conserve. Je garde dansma cave cinquante cruches de plasti-que, en attendant le jour béni où l'on

voudra bien les recycler ! J'ai troqué lesproduits de nettoyage pour le vinaigreet le savon biologique, je réutilise lessacs de plastique, je n'achète pas decontenants en polystyrène ni d'aéro-sols. J'évite de consommer du «fastfood » parce que je sais qu'on rase desforêts pour permettre à la future viandede paître en paix. J'aimerais pouvoiréviter de consommer tout court, arrêterde produire des déchets, arrêter de con-tribuer à la navette des innombrablespots de plastique qui passent inlassa-blement de l'usine à l'épicerie, de l'épi-cerie à mon réfrigérateur, du réfrigéra-teur à la poubelle, de la poubelle àl'éternité. J'aimerais, j'aimerais...Attention! Plus l'idéal grandit, plusl'impuissance le menace.

Pour l'instant, mon engagementest encore modeste, mais ses racinessont profondes et bien ancrées dansmon désir de changement. Je suis de-venue membre de l'organisme Lesamis-es de la terre, de la Fédérationcanadienne de la faune et plus récem-ment de Greenpeace. J'envoie des let-tres à la Chambre des communes (surdu papier recyclé) et chaque fois, jesouhaite qu'elle en reçoive des tonnes.Les actions individuelles pèsent lourdlorsqu'elles sont nombreuses. Il y a unsystème à changer, un système tropsouvent privé de ses sens, capabled'ignorer ou de minimiser les problè-mes environnementaux au nom de lasacro-sainte économie. Il y a un sys-tème à changer... Les gros mots sontlâchés. Naïve, rêveuse, hurluberlue, jemaintiendrai que c'est l'ensemble denos choix personnels qui forme unchoix de société. Je crois que les chan-gements commencent dans ma cour.C'est parfois difficile; le venin pa-ralysant du sentiment d'impuissanceest prompt à envahir les veines. Maispuisque des femmes et des hommesdonnent du temps et de l'énergie pourplanter des arbres, pour nettoyer desplages, pour cultiver des légumes sains,puisque ma chatte met au monde sespetits, puisque les pigeons s'accou-plent, puisque l'orage gronde, puisquej'entends rire mon fils, je peux encorem'émouvoir et ressentir l'impétueusepulsion de vie du commencement destemps. Je peux encore glorifier la vie ettrouver le courage de défendre ses mer-veilles, pour moi, pour mes enfants,pour tous les êtres parcourus de lamême substance. 9

Johanne Côté, auteur et comédienne, s'intéresse particuliè-rement au théâtre d'intervention et de sensibilisation. Elle aécrit entre autres « Marc et Julie, un épisode », une pièce dethéâtre portant sur la violence conjugale, et elle a travailléavec le Théâtre de la Vieille 17 et Théâtre Action à Ottawa.

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Le Réseau canadien de l'environnement Écologie

NOTRE MÈRE LA TERREpar Micheline Piché

SAVIEZ-VOUS QU'IL EXISTE AUdelà de 1 800 groupes indépendants àvocation écologiste au Canada dontune cinquantaine de groupes natio-naux, et que l'on y retrouve autant defemmes que d'hommes, sinon plus ? Etqu'un organisme national leur sert delieu d'échange et de concertation ? C'estce que Femmes d'Action a appris lorsd'une conversation avec Martin Thé-riault le nouveau coordonnateur (il suc-cède à une coordonnatrice) du réseaucanadien de l'environnement. Mais il ya plus !

Il faut d'ahord préciser que leRéseau, fondé en 1977, n'est pas leporte-parole des organismes environ-nementaux. Il n'a pas de vocation poli-tique comme tel. Sa mission premièreest d'être un centre d'information et deréférence bilingue pour l'ensemble desgroupes qui y sont rattachés. L'orga-nisme voit, entre autres, à ce que lesrenseignements concernant les politi-ques gouvernementales et les sourcesde financement aux organismes soientacheminés à l'ensemble de ses groupesmembres. Lorsqu'un groupe fait part deson intention de travailler sur un dos-sier en particulier, le Réseau voit éga-lement à ce que cette information re-joigne d'autres groupes concernés afinqu'ils se consultent mutuellement.

Même si le Réseau se veut neutre,plusieurs groupes membres font de l'ac-tion politique. La question des pluiesacides et la destruction de la couched'ozone sont des dossiers qui touchentl'ensemble du pays. Comment alorsl'organisme peut-il faciliter le travaildes groupes qui se préoccupent de cesproblèmes? À ceci, Martin Thériaultrépond que sur la question de la luttecontre les pluies acides, le Réseau pro-fite d'une entente de financement avecEnvironnement Canada. Celle-ci per-met à l'organisme de financer partiel-lement les opérations des réseaux ré-gionaux pour soutenir leurs actions.Une autre entente avec ce même minis-tère permet le développement d'activi-

tés dans le but d'assurer la liaison entreles groupes environnementaux cana-diens et américains. Le financement derencontres entre des groupes de laNouvelle Angleterre et du Nouveau-Brunswick, de l'Association québécoisede lutte contre les pluies acides, dePublic Focus de l'Ontario (dans le cadred'un programme scolaire de sensibili-sation) ou encore le financement d'unecaravane d'information qui parcourraune vingtaine d'États américains cetété, en sont des exemples.

Une ligne téléphonique 800 :un projet majeurOutre ces activités, il semble bien que leRéseau ait le vent dans les voiles. Ac-tuellement quatre des huit réseaux pro-vinciaux et régionaux ont conçu desrépertoires d'organismes. Ces bottinsdonnent une liste assez exhaustive desgroupes préoccupés par l'environne-ment. On y retrouve un profil de l'orga-nisme, ses objectifs, ses activités, etc.Le Réseau canadien prépare actuelle-ment un répertoire national qui seradisponible à l'ensemble de la clientèle.

Par ailleurs, un grand projet em-balle les responsables du Réseau. Ils'agit de la mise sur pied d'une série delignes téléphoniques sans frais (800) àl'échelle canadienne. L'objectif visé estd'offrir à la population un moyen« clair, net et précis » d'obtenir des ré-ponses aux questions que l'on se pose àpropos de l'environnement. On étudieactuellement la faisabilité du projet quidevrait être mené à terme cette année.« C'est un projet qui nous tient énor-mément à coeur; on pourra utiliser ceservice tant pour des questions d'ordretrès pratique sur l'usage des pesticides,par exemple, ou des questions d'ordregénéral concernant l'énergie nu-cléaire », souligne le coordonnateur.

Une rencontre nationaleDepuis quelques années déjà, le Réseaucanadien de l'environnement s'occupede la tenue de la rencontre annuelle de

ses groupes-membres. Elle a lieu cetteannée du 16 au 19 juin. Comme son rôleest de faciliter l'interaction entre lesgroupes, cette assemblée est le momentpar excellence pour partager et échan-ger sur des expériences spécifiques.Pendant quatre jours sous le thèmeUne terre, des groupes de partout aupays participent à divers ateliers et descaucus indépendants discutent entreautres de leur travail sur les pesticides,les forêts et l'énergie. Des ateliers sontouverts au public. De plus, à cette occa-sion des organismes font part de leursactivités et se font mieux connaître dugrand public par le biais d'une expo-sition.

En terminant cet entretien avecMartin Thériault, je me suis informéede la participation des femmes au mou-vement écologique à travers le pays.Voici sa réponse : « l'environnement estun domaine d'intervention où les fem-mes ont démontré et démontrent tou-jours beaucoup de leadership et ce, defaçon constante. C'est un phénomèneque l'on voit assez peu à comparer, parexemple, aux mouvements syndicauxet à la défense des droits de l'homme oùla présence des hommes est prépondé-rante alors que dans le mouvement deprotection de l'environnement, c'estl'inverse. C'est une question qui, histo-riquement, a mobilisé énormément defemmes pour des raisons que vous con-naissez mieux que moi encore. » 9

Pour plus d'information sur leRéseau et pour obtenir la liste desgroupes provinciaux et régionaux, onpeut s'adresser à Femmes d'Action ouécrire à :Martin Thériault, coordonnateurRéseau canadien de l'environnementC.P. 1289, succursale B251, avenue Laurier Ouest, bureau 1004Ottawa (Ontario)Tel :(613)563-2078

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Écologie

CE QUE JE PEUX FAIREQuarante-huit trucs pour développer un comporte-ment écologique. Et si cela conduit à une épidémiedans votre voisinage, tant mieux!

D Drainez votre chauffe-eau de ses dépôts.D Réparez les fuites de robinets.Q Faites sécher le linge dehors.D Ouvrez les fenêtres pour laisser entrer l'air frais.D Achetez un ventilateur plutôt qu'un système à air clima-

tisé.

D Faites toutes les commissions en une seule sortie.D Faites les courts trajets en bicyclette ou à pied.D Faites mettre au point votre voiture.O Achetez de l'essence sans plomb.D Éteignez les lumières dont vous ne vous servez pas.D Servez-vous autant que possible d'ampoules à faible con-

sommation en watts.D Faites un jardin de fleurs ou de légumes avec vos enfants.

Achetez des produits locaux.D Faites un tas de compost avec les restes de fruits, légumes,

feuilles.D Plantez des arbres.D Cherchez des solutions autres que les pesticides chimi-

ques.D Débarrassez à la main les pelouses de pissenlits et mettez

les feuilles dans vos salades.D Jetez les bouteilles et les canettes de boisson dans un

récipient de recyclage.D Faites faire une campagne de recyclage de journaux à

votre groupe communautaire.D Rendez-vous au centre d'histoire naturelle de votre localité

en fin de semaine.O Consommez plus de légumineuses, moins de viande.D Évitez les produits sur-emballés. Vous payez plus pour

l'emballage.O Nettoyez ou changez régulièrement le filtre de la four-

naise.D Faites inspecter et ajuster votre fournaise à gaz.

D Baissez le thermostat pour bien dormir.D Nettoyez le filtre de votre séchoir à linge après chaque

charge ou utilisez un support à séchage, c'est bon pourl'humidité.

n Calfeutrez les portes et les fenêtres.d Utilisez votre four économiquement. Faites cuire plusieurs

plats à la fois.D Utilisez une minuterie pour automobiles et lumières.n Organisez un covoiturage ou utilisez les transports publics.D Faites préparer votre voiture et la mettre au point pour

l'hiver.D Faites vos propres décorations de Noël.D Ne chargez pas votre arbre de Noël et vos décorations

d'ampoules électriques.D Gardez votre papier d'emballage et les rubans pour usage

ultérieur.D Réservez un film sur l'écologie de l'Office national du film.D Visitez le centre écologique de votre localité en fin de

semaine.D Construisez une mangeoire d'oiseaux pour les visiteurs

d'hiver.D Demandez à votre gérant des viandes de ne pas utiliser de

plastique et de plats contenant du CFC pour l'emballage.D Ré-utilisez vos sacs de plastique.D Demandez des sacs de papier ou mieux, apportez votre sac

ou filet de magasinage.D Utilisez des contenants en verre.d Evitez le plastique, il n'est pas recyclable.D Photocopier cette liste pour vos ami-es, vos voisin-es.D Réparez vos objets plutôt que les jeter.D Donnez vos vêtements qui ne conviennent plus.D Achetez du papier recyclé.D Ré-utilisez vos enveloppes.D N'utilisez aucun produit en aérosol.D Parlez aux autres d'écologie.D Résistez à la sur-consommation.

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Écologie

ENVIRONNEMENT CANADAUn ministère qui sensibilise, à nous d'en profiter !

par Colette Godin

ENVIRONNEMENT CANADA ESTun organisme du gouvernement fédéralqui oeuvre essentiellement pour la con-servation et la protection de l'environ-nement. Ses activités sont réparties en3 grands services : l'environnement, lesparcs et l'administration. Le Service del'environnement comprend la sectionde l'environnement atmosphérique quifournit les renseignements météorolo-giques, sur le climat, la condition desglaces et des mers et la qualité de l'air,et la section de la conservation et de laprotection qui s'occupe de la conserva-tion des eaux intérieures, de la faune etdes terres, et de leur protection contreles effets nocifs des polluants. Par ail-leurs, le Service des parcs crée, amé-nage et gère les parcs nationaux, alorsque dans le Service de l'administration,on veille à la gestion générale du minis-tère et on assure la coordination etl'orientation des politiques environ-nementales.

B.C. joue un rôle prépondérantdans l'éducation et la sensibilisationdu public aux problèmes de l'environ-nement. De nombreuses publicationsont été produites à cet effet dont voiciquelques exemples :

Trousse « Au Secours »Cette trousse s'adresse à toute la famil-le et offre des renseignements pouraider à protéger nos ressources, écono-miser et protéger l'environnement. Ellecomporte de nombreuses fiches d'in-formation sur divers thèmes: les or-dures ménagères, la conservation del'énergie à domicile, les solutions au-tres que les pesticides pour cours et jar-dins, les différents moyens de trans-port, le recyclage, comment exercer despressions auprès des autorités.

Découvre avec moiLes enfants ont un rôle à jouer pour laprotection de l'environnement. En leurapprenant très tôt à respecter et à ap-précier les :.nilieux naturels et l'envi-ronnement, ils sauront poursuivredans cette voie. Environnement Canadaa produit le cahier «Découvre avecmoi» à leur intention. Abondamment

/ AURED.'Jt CROIS QUE CELLE-CIV E S T GÉNÉTIQUEMENT REBELLE.'

illustré par des dessins et des photoscouleurs, ce cahier est agréable à lire età regarder. Il invite les enfants à dé-couvrir leur milieu: la ville, la cam-pagne, les éléments naturels comme laterre et l'eau, les déchets dangereux, lesanimaux en voie de disparition, lespluies acides, l'air, la pollution atmos-phérique.

L'affaire de tous :Stratégie pour un environnementsûrCette publication est un outil de consul-tation et un document de réflexion quirecommande certaines façons de par-

venir à un développement durable parle biais de la conservation, de la pré-vention, de l'adaptation et de la dépol-lution.

Quelques mots sur leséchappements de véhiculesautomobiles.Cette publication comporte 7 fiches surles diverses normes du gouvernementfédéral relatives à la diminution de lapollution causée par les véhicules, lesavantages économiques liés à un bonentretien et une bonne conduite d'unvéhicule, les effets des gaz d'échappe-ment sur la santé et l'environnement, etautres.

L'Environnement et les produitsdomestiques.L'usage des produits domestiques etleurs effets sur l'environnement.

Solutions, autre que les pesticides.Pour cours et jardins: solutions alter-natives aux engrais chimiques et pesti-cides.

Les Déchets dangereux.Que sont-ils ? : d'où viennent- ils ? Consi-dérations relatives à l'environnementet à la santé, options de traitement et lasituation actuelle au Canada.

Protection de la couche d'ozone.Huit volets d'information sur cettequestion primordiale.

Vous pouvez vous procurer ces pu-blications au bureau Central à Ottawa :Environnement Canada, Ottawa, On-tario, K1A OH3 (819) 997-2800 ou dansles bureaux régionaux situés dans chaque province du Canada. 9

Femmes d'action Vol. 18 No 5 31

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THÈME

Écologie

COBAYES INUTILESNos cosmétiques détruisent les animaux

par Julie Duciaume

SAVIEZ-VOUS QUE LES PRODUITS (SHAMPOINGS,rouge à lèvres, désodorisants, crèmes à rasage, etc.) que vousachetez sont testés sur des animaux ? Probablement. Maisêtes-vous au courant du contenu de ces expériences en labo-ratoire? Les compagnies de cosmétiques tuent environ150 000 animaux par année. On ne les tue pas juste commeça. Non, ils meurent à la suite d'expériences constituant destortures. IFAW (International Fund for Animal Welfare)veut que nous prenions connaissance de cette cruauté et quenous y mettions fin.

Dans certains laboratoires de cosmétiques, de la poudrepour le visage est testée sur les oreilles de lapins qui sont parla suite coupées et préservées dans des bocaux. On met desgouttes de lotion pour le corps dans les yeux sensibles deslapins pour s'assurer qu'il n'y aura pas de danger pour leshumains. Ces animaux ne reçoivent pas d'anesthésie durantces pratiques.

Ce ne sont pas seulement des lapins, des rats et dessouris qui sont torturés mais aussi des chiens, des « beagles »pour être plus spécifique. En Angleterre, on a tué 90 de ceschiens sur une période de 12 mois, en les faisant consommerde force une dose mortelle de produits chimiques.

BODY SHOP ET L'OZONELa compagnie Body Shop oeuvre activement à la sen-sibilisation de sa clientèle aux problèmes environne-mentaux. En juillet dernier, par exemple, plas de 50boutiques Body Shop à travers lepays ont participé ala campagne de protection de l'ozone organisée pairl'organisme Les amis-es de la terre. Il est à noter aussique les bouteilles contenant les produits de cette com-pagnie sont réutilisables. On remplit vos contenantssur demande et leurs sacs sont biodégradables. Quidit mieux? • • . • . ' ' ' ' • / • • ' •.•;• ' • ' • • - • / • ; • • • • • . ::

Cette cruauté se produit au Canada, particulièrement enOntario où se trouvent la plupart des industries de cos-métiques.

Il n'est pas nécessaire de faire souffrir les animaux pourmettre sur le marché des produits sûrs. D'autres possibilitésexistent. Avec la technologie actuelle, on peut se permettred'utiliser des tests bactériologiques, des tests in-vitro (c'est-à-dire qu'au lieu de faire le test sur un animal vivant, on extraitdes cellules de ce dernier et on les conserve pour l'expérimen-tation), des analyses par ordinateur (l'information est don-née à l'ordinateur et celui-ci illustre les réactions du produiten contact avec d'autres substances et sur la peau). De plus,si les compagnies acceptaient de partager leurs résultats, denombreux duplicata de tests inutiles effectués sur les ani-maux seraient évités.

En tant que consommatrices nous avons le choix. Nouspouvons nous fermer les yeux et acheter les produits sanségard pour les méthodes de laboratoires utilisées, ou devenirresponsables en achetant seulement des produits qui n'ontpas été testés de façon cruelle sur des animaux. Comment lesavoir ? La prochaine fois que vous irez faire vos achats deproduits de beauté, demandez si le manufacturier a une poli-tique officielle écrite contre l'usage des animaux en labora-toire. Si la réponse est négative ou qu'on évite la question,n'achetez pas de produits de ce manufacturier et donnez-enla raison.

L'International Fund for Animal Welfare fournit uneliste des compagnies qui ne se servent pas d'animaux commecobayes. Parmi celles-ci, on retrouve : Nexxus, Mavala, deMonceaux, Webber, Innoxa et Body Shop.

Pour des informations supplémentaires, vous pouvezcontacter Y International Fund for Animal Welfare, C.P. 556,suce. T, Toronto (Ontario) M6B 4C2. (Tiré de la Rotonde,Université d'Ottawa, 4 avril, 1989).

Vous pouvez aussi vous informer directement auprès descompagnies de cosmétiques et leur demander comment ellesobtiennent leurs ingrédients, comment ceux-ci sont testés. Ilexiste aussi plusieurs organismes de protection des ani-maux : informez-vous de leurs préoccupations à l'égard desanimaux utilisés comme cobayes dans l'industrie des cosmé-tiques et des produits de beauté. 9

Tiré de: La Rotonde, le 4 avril 1989.

32 Femmes d'action Juin-Juil.-Août 1989

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THÈME

Ecologie

L'ÈRE DU NUCLÉAIRE:SANS DANGER IMMÉDIAT?

par Claude Drolet« L'INDUSTRIE NUCLÉAIRE ET LESessais d'armes atomiques ont déjà fait16 millions de victimes », estime Rosa-lie Bertell, auteure d'un récent essaiintitulé, Sans danger immédiat ? (L'ave-nir de l'humanité sur une planète ra-dioactive). Cet ouvrage publié en plu-sieurs langues, en français par lesÉditions de la Pleine Lune est le fruitd'une quinzaine d'années de minutieu-ses recherches réalisées dans le mondeentier, dans le but de dénoncer les men-songes et les silences des autorités dudomaine nucléaire.

En préface, Marie-Claire Biais par-le de l'illusoire paix de notre planètemalade. Avec toute la verve qu'on luiconnaît, elle écrit: «le livre de MmeBertell est un grand livre qui devraitêtre lu dans toutes les langues, car siconfortable soit l'illusion de notre paix,nous devons être dérangés par la luci-dité de cette voix prophétique qui nousrappelle que si nous voulons encoresurvivre nous devons d'abord prendre cons-cience que lentement, autour de nous,avec notre consentement ou non, laguerre nucléaire est depuis longtempscommencée».

Le livre de Rosalie Bertell démon-tre les mécanismes utilisés pour désin-former le public et sous-évaluer leseffets nocifs des radiations. En 672pages de logique, de données et dedétails, elle fait revivre l'inquiétanteaventure du nucléaire. Avec un souciconstant de la vulgarisation et de cesenfants qui se sont trouvés piégés parla poussière radioactive. Elle cite desnoms, des lieux, et des dates, représen-tations de ces mauvais endroits auxmauvais moments où le quotidien achaviré dans les affres de la maladie etde la mort.

Mais les centrales nucléaires enbon état sont aussi nocives car ce nesont pas des systèmes clos nous expli-que l'auteure. Ces centrales rejettentdes matières radioactives dans l'atmo-sphère et empoisonnent petit à petit

l'environnement et la population quil'habite. Les effets insidieux des radia-tions n'affectent pas seulement les per-sonnes exposées. «Les radiations peu-vent aussi endommager les cellules re-productrices, dont dépendent les géné-rations futures », explique le Dr Bertellqui a soigné de jeunes bébés atteints demalformations multiples. Des témoi-gnages saisissants viennent illustrertout le pathétique d'une évolution erro-née de l'humanité.

Au dernier chapitre l'auteure porteun regard féministe sur l'avenir,« L'éveil politique des femmes a contri-bué à transformer la dynamique dutravail systématique et éducatif desconférences internationales de l'ONU »,dit-elle. Les femmes détectent plus viteles signes de la maladie et du dépéris-sement de notre biosphère. Elles crai-gnent moins les contre-coups économi-ques et n'hésitent pas à dénoncer pu-bliquement les dangers qui nous mena-cent. Mme Bertell affirme que ce n'estpas par hasard que la naissance dumouvement féministe a coïncidé aveccelle du mouvement pour la paix etcontre le nucléaire.

Entretenant un rapport particulieravec la naissance et la mort, les femmesse préoccupent plus du problème del'extinction de l'espèce. Rosalie Bertellexplique comment utiliser nos grandesqualités de conciliatrices et d'organisa-trices de programmes sociaux pour dé-centraliser les prises de décisions.

«La lutte contre le nucléaire cen'est pas seulement brandir des pan-cartes sur la colline parlementaire »explique Mme Bertell, « C'est préservernotre qualité de vie et renoncer auxefforts militaires».

Le livre ne peut se lire comme unroman d'été. Ce texte exige une bonneconcentration mais les révélations del'auteure sur les conséquences sérieu-ses du nucléaire civil et militaire, méri-tent toute notre attention.

QUI EST ROSALIE BERTELLRosalie Bertell est détentrice d'undoctorat en biométrie et elle pour-suit des recherches en hygiène derenvironnernenï depuis 1970.Reconnue internationalementpour ses travaux sur le cancer (laleucémie) elle obtenait en 1986 leprix Nobel alternatif. Elle est pré-sentement directrice de la recher-che à l'International Institute ofConcern for Public Health deToronto. Cette scientifique tra-vaille, en étroite collaborationavec les populations victimes despolitiques militaristes et cellesqui sont le plus sévèrement tou-chées par la pollution nucléaire.

Rosalie Bertell lance un S.O.S. à laconscientisation individuelle et collec-tive. Dans Sans danger immédiat ?« deux histoires inachevées se chevau-chent. Celle du village planétaire, en-core en gestation ou prêt à naître oucelle de l'agonie d'un monde désuet,fondé sur les rapports violents entre lesÉtats. Tout est encore possible. À nousde créer les conditions propices à lanaissance d'une nouvelle ère pourl'humanité». 9

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Cette planète vous tient à coeur?SUITE DE LA PAGE 27

se fait déjà ailleurs dans des pays comme la Norvège ou laSuède.

« Bien sûr, il y a les médias », me dit Mme Langer. « Nousavons une bonne réputation auprès du public et cela in-fluence les autorités. En tant que groupe environnemental,nous devons être les meilleurs parce qu'il y a toujours lerisque qu'on ne nous prenne pas au sérieux. L'informationque nous donnons doit être fondée, avec preuves à l'appui. »

L'éducation du public se fait par des brochures, desdépliants, des feuillets d'information, le journal. L'informa-tion véhiculée porte sur les thèmes qui font l'objet descampagnes.

Prochainement, les jeunes du secondaire de la 11e à la 13e

année seront initiés aux problèmes de la deforestation tropi-cale. Le programme, élaboré à leur intention par Les amis etamies de la Terre, grâce à l'aide financière de l'ACDI(Agence canadienne de développement international) s'inti-tule The Tropical Rainforest Kit. « II faut informer la jeu-nesse, de dire Julia Langer, car c'est elle qui aura à prendredes décisions, plus tard. Elle doit savoir ce qui se passeaujourd'hui. »

Quand je lui parle de la prise de conscience de la popula-tion en général, elle m'affirme que la majorité des gens sont

au courant des problèmes. Les nombreux appels téléphoni-ques que l'organisme reçoit en témoignent. « Les gens veu-lent savoir ce qu'ils peuvent faire maintenant, dans leurquotidien. » Et les recommandations que donne l'organismesont nombreuses : penser à l'action individuelle et en connaî-tre l'effet, participer au processus démocratique, utiliser sonpouvoir de consommateurs-trices en demandant des pro-duits écologiques, se joindre à un groupe engagé dans laprotection de l'environnement, observer les règles de conser-vation d'énergie.

Notre entretien s'est terminé sur ces précieux conseils.Je suis repartie convaincue plus que jamais que nous pou-vons faire quelque chose pour protéger notre environnement,que nous devons agir. Nous ne pouvons nous permettre derester inactives, indifférentes si nous voulons que notre pla-nète survive. Se joindre à un groupe tel que Les amis et amiesde la Terre pourrait être un bon départ.

Les amis et amies de la Terre publient un journal trimes-triel bilingue, «Earthwards ». Si vous voulez en savoir plussur les Questions d'environnement ou devenir membre del'organisme dans votre province, communiquez avec: Lesamis et amies de la Terre, 251, avenue Laurier, ouest, pièce701, Ottawa (Ontario) KIP 5J6 (613) 230-3352. 9

PETIT POISSON• IB

une réflexion de Lucienne Lacasse-Lovsted

...DEVIENDRA GRAND POURVUque Dieu lui prête vie, écrivaitLafontaine. Peut-être devrait-ilaujourd'hui sortir de sa tombe etdire : pourvu que Dieu et l'hommelui prêtent vie ?

De la baleine qui donna asile àJonas et le rejeta sur des rives où lasagesse de ses remontrances pré-vint les habitants des foudres quele ciel réservait à leurs égarements,à la truite de Schubert que l'on sentfrétiller allègrement sous les cas-cades jaillissantes d'un ruisseauclair, il est visible qu'il fut untemps, où hommes et bêtes, oiseauxdu ciel et poissons des mers, parta-geaient en harmonie ce qui restaitdu Paradis Terrestre. Une hiérar-chie d'ordre divin était respectée depart et d'autre. L'homme était roi etla créature n'était victime d'aucuneagression.

Un jour sous le soleil de Gali-lée, sept petits poissons n'ont-ilspas nourri une foule avide de re-trouver le chemin du ciel au pointd'avoir oublié les contingences dela vie terrestre et d'être demeurée

sans manger une journée entière?Et les sauveurs du monde n'é-taient-ils pas des hommes respec-tueux de la mer, n'étaient-ils pasdes pêcheurs?

À des siècles d'intervalle,Hemingway nous fait connaîtreune réconciliation pathétique entreun «vieil homme» et la créaturemarine. En pleine nuit, sur la meroù il s'est aventuré trop loin, unvieux pêcheur a fait la plus belleprise de sa vie. Il chemine avec saproie, abolissant la distinctionentre vainqueur et vaincu. Après lalutte d'égal à égal qu'ils se sontlivrée, seul n'existe plus entre euxque le lien profond entre ce mois-sonneur des eaux et ce prince desmers. Malgré une vie pauvre finan-cièrement, le vieil homme est richede la sagesse acquise en trimant àla surface des eaux sous l'immen-sité des cieux et il reconnaît lagénérosité du cétacé dont la chairabondante a été sa nourriture etcelle des siens depuis toujours.

Malheureusement la nature deplus en plus agressée prend fina-lement sa revanche. Récemment,

nous avons été atteints-es de mala-dies nouvelles qui nous sont trans-mises par les milliers de poissonspleins de mercure, et les autrestoxines qui empoisonnent nos ta-bles. Pourtant, il n'y a pas si long-temps, des bancs de morues remon-taient nos chenaux à Noël, préci-sément, pour régaler nos famillesentières réunies pour le joyeuxréveillon. Toute crainte morbided'empoisonnement était alorsinconnue.

Qui donc a renversé l'ordre dela nature? Quand, comment etpourquoi la vie humaine et la viemarine se sont-elle dressées l'unecontre l'autre? Hélas, lorsque l'or-gueil, la cupidité et l'ignorance ontpris la gouverne.

Et par qui viendra la rédemp-tion ? Par vous, moi, nous toutes ettous. Il faut rétablir la hiérarchieou retrouver le Paradis perdu, et neplus permettre que les richesses dela terre tuent celles de la mer. Il fautcombattre l'ignorance, restreindrel'ambition et abolir la cupidité. Il lefaut à tout prix. 9

34 Femmes d'action Juin-Juil.-Août1989

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RESSOURCES

T H È M E

Écologie

par Colette Godin

L'ENVIRONNEMENT EST UN SU-jet brûlant d'actualité. Pas un jour ne sepasse sans que les média y fassentécho. Récemment plusieurs magazinesen ont fait leur dossier principal :

Dans son numéro de mars-avril, lemagazine acadien Vent' d'est publiaitune entrevue avec René Dumont, agro-nome- écologiste connu mondialement,sur son dernier livre Un monde into-lérable.

L'Actualité consacre un dossier àl'environnement dans son numéro demars, intitulé «S.O.S. Terre, fermez lechauffage».

La Gazette des femmes offre undossier intitulé «Femmes et environ-nement, Comment va la terre ? » dansson édition de mai-juin 1989. «Nousn'avons plus beaucoup de temps pouragir et de toutes façons, nous n'avonsplus le choix», rappellent six femmesqui consacrent leur vie à la protectionde l'environnement. La Gazette desfemmes est une publication du Conseildu statut de la femme du Gouverne-ment du Québec.

La revue TIMES choisissait enjanvier 1989, la planète Terre comme« Homme de l'année » ou plutôt la « pla-nète de l'année ». Un important dos-sier : « Endangered Health » portait surles législations nécessaires pour pallieraux problèmes de l'environnement,l'effet de serre, la couche d'ozone, lesproblèmes de surpopulation, de man-que d'espace et de nourriture et la solu-tion de la contraception, ainsi que l'in-dispensable coopération à travers lemonde pouf faire face à cette menacequi nous concerne tous et toutes.

Revues spécialisées enenvironnement et écologie

• Women and Environment, unerevue féministe de Toronto publiée 4fois l'an au Canada, traite des sujetsqui touchent de près ou de loin lesfemmes et l'environnement. Le numéro

du printemps 1988 porte sur l'écofé-minisme.

• HUMUS, un magazine indépen-dant publié 6 fois l'an est né de l'initia-tive du mouvement pour l'agriculturebiologique au Québec. Il s'agit d'unorgane d'information, de sensibilisa-tion et de vulgarisation scientifique axésur l'environnement, l'écologie, la poli-tique de l'agriculture biologique.

• Forêt Conservation, pour lirel'avenir et comprendre le présent danstous les domaines qui touchent la forêt,l'environnement, la vie animale et vé-gétale, l'exploitation et la conservationdes ressources. Abondamment illustré.Dix numéros par année.

« Franc-Nord, pour ceux et cellesqui s'intéressent à la conservation del'environnement. On y traite de lafaune, de la flore, de l'environnement,de loisirs et de sites naturels. Illustréede superbes photos couleurs la revue estpubliée quatre fois l'an.

• Québec Science célèbre son 25e

anniversaire cette année. C'est une re-vue très bien illustrée qui s'adresse auxnon-spécialistes et qui traite d'une trèsgrande variété de sujets d'actualité.Elle est livrée 11 fois par année dans unlangage accessible pour permettre decomprendre le présent et de prévoirl'avenir. Le numéro de mai porte spé-cialement sur l'environnement.

• Biosphère est une publication bi-mestrielle de la fédération canadiennede la faune, organisme sans but lucratifdont le siège social se trouve à Ottawa.La revue favorise la conservation desressources de la terre et s'adresse auxadolescent-es. Belle revue, abondam-ment illustrée. Le numéro de mars-avrilcomporte un dossier sur l'environne-ment.

« Contretemps est une publica-tion trimestrielle qui porte sur l'écolo-gie, la science et la société. Le numérodu printemps contient des articles surle cyclotourisme, sur la politique éner-gétique, et enfin tout un dossier surl'automobile.

Quelques lectures«écologiques»

« Écotopie, Ernest Callenbach,L'Etincelle, Montréal, 1978, 322 p., tra-duit de l'américain par ChristianeThiollier. Ecotopie est né de la fusiondes mots écologie et utopie. Il s'agitd'un roman futuriste qui anticipe surles années 1999, alors que le Québec estséparé du Canada et que de San Fran-sisco à la frontière canadienne s'étend«î'Écotopie», un nouveau pays de 20ans où le gaspillage des ressources afait place à la conservation de l'énergieet au recyclage, et où les villes sontfaites pour l'être humain et non pour lesmachines. À lire non seulement pour sedivertir mais aussi pour s'en inspirer.

• La planète mer, Elizabeth MannBorgese, Éditions du Seuil, 155 p.,publié en 1975 et traduit de l'américainpar Jean-Baptiste Grasset. L'auteureveut nous sensibiliser aux problèmesreliés à l'exploitation de la mer. Textepoétique et abondamment illustré.

• «Un monde intolérable» deRené Dumont publié aux Éditions duSeuil est le plus récent ouvrage de cetécrivain reconnu à travers le monde. Ilcondamne sans appel le libéralisme etl'économie du profit pour ses gaspilla-ges et son pillage de l'environnement.« La pauvreté n'a pas de frontière, pasplus que l'air, le vent, la terre et l'eaun'ont de patrie. L'auteur s'est fait con-naître par de nombreux ouvrages surl'écologie. »

• Écoféminisme, révolution oumutation?, Françoise D'Aubonne,Éditions A.T.P., 1978, 200 p. L'auteureexpose sa théorie de l'écoféminismedont elle est une des instigatrices. « Lesfemmes n'en sont plus à combattre lestorts qui sont faits à la moitié de l'hu-manité ; il s'agit maintenant de sauverl'humanité dans son ensemble. Il fautmettre une fin absolue et irréversible aupatriarcat dont le capital n'est que ledernier stade, et qui menace l'espècehumaine toute entière».

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Reportage

UNE VISIONDU CHILIpar Lise Robitaille

LE FESTIVAL INTERNATIONAL DU JEUNE CINÉMAde Montréal organise depuis dix ans une série d'activitéspour les cinéphiles où cinéastes et vidéastes de divers payssont invités-es à soumettre leurs oeuvres. Lors de cet événe-ment, tenu du 28 février au 5 mars dernier, une soirée étaitréservée à la présentation de vidéos réalisés par TatianaGaviola, du Chili. Elle fait partie de cette lignée d'artistesengagées qui prennent la parole par les images... Des imagesqui témoignent, questionnent, déclarent avec force des con-victions politiques, des injustices, des faits historiques.

L'un de ses vidéos, « Angeles », nous raconte par le biaisd'un récit fictif, la vie de jeunes étudiants lors de la prise dupouvoir par le régime militaire d'Augusto Pinochet. L'exis-tence d'Angeles se transforme en cauchemar d'attente et dedouleur... ses amis ne reviendront plus... Des espoirs et desvies brisés par l'implacable réalité où régnent la mort, lapeur, la répression.

Dans «Muerte en Santa Mariadeiquique », on retracel'histoire d'un village de mineurs de la Pampa au début dusiècle. Les photos prises par la caméra ont été superposées à

A LIREDans les prochainsnuméros deFemmes d'action

PARUTIONS THEMES

septembre 89 Les femmes et le travail

NOV. / déc. 89 Famille, qui es-tu ?

Février 90 Le mouvement des femmesd'hier à aujourd'hui

Passez un bel été! N'oubliez pasde parler de Femmes d'action àvos amies !

36 Femmes d'action Juin-Juil.-Août 1989

des prises de vue du village, aujourd'hui abandonné. Ce futl'une des grandes luttes ouvrières du Chili qui s'est terminéepar le massacre des enfants, à l'intérieur de l'école.

Le documentaire « Nome Divides » (Ne m'oublie pas) sepasse dans le quartier des affaires de Santiago, avant leréférendum d'octobre 1988. Dans une rue piétonnière, parmiles tours de verre et de béton, des femmes défilent en silence.Elles portent une pancarte noire, en forme de corps humain,sur laquelle on a inscrit : « M'as-tu oublié ? », ainsi que le nomd'une personne disparue. Les piétons regardent. La policeintervient (en silence) et disperse ce groupe gênant. Lesfemmes déposent leurs pancartes ici et là le long des murs.Les policiers les ramassent ou les brisent discrètement d'uncoup de pied, sous l'oeil de la caméra. Des piétons les repla-cent respectueusement le long des murs. Des camions-citernes arrivent, « nettoient » la rue et arrosent les manifes-tantes. Le silence est lourd de sens. Les gestes symboliquesde ces femmes en disent long, à la veille du vote pour le oui oupour le non au régime de Pinochet qui prétend vouloir guiderle pays vers la démocratie ! (ce vidéo a remporté une mentionspéciale du jury, lors du festival).

Dans tous ces vidéos, le language « vidéographique » estutilisé comme outil de sensibilisation. Depuis quelquesannées, Tatiana Gaviola travaille avec le groupe de produc-tion Ictus qui, à son origine, était un groupe de théâtre expé-rimental. Durant les années 1960-1970, ce groupe produisaitdes pièces pour la télévision mais la diffusion de leursoeuvres fut interdite par l'État à cause de leur contenu politi-que. Ictus définit la culture comme étant « le pouvoir qu'a unpeuple d'analyser et de critiquer une réalité qui lui appar-tient». Jusqu'à maintenant, une trentaine de vidéos ont étéproduits par Ictus dont 60 % de documentaires. On y pratiquele «Vidéo- Foro» (vidéoforum), c'est-à-dire des visionne-ments de groupe suivis d'une discussion. Plus de 3 000 repré-sentations ont ainsi eu lieu auxquelles ont participé plus de90 000 personnes.

Cette pratique se fait également chez nous par desgroupes populaires ou des écoles qui louent l'équipementet/ou les services d'organismes de distribution de vidéos. Cemédium a l'avantage d'être facilement accessible chez nouset de requérir moins de ressources et d'équipement que lecinéma. Il peut constituer un bon élément de départ pour unediscussion et servir d'outil pour sensibiliser les gens. Dansles pays en développement où le taux d'analphabétisme estélevé, le vidéo est une ressource pédagogique importante etefficace.

D'excellentes productions sontréalisées par des femmesd'ici et elles auraient intérêt à être mieux connues. Ce n'estsûrement pas nos réseaux de télévision qui nous les ferontdécouvrir. Je pense à des vidéos comme « Reportage Brésil »de Nancy Marcotte qui nous présente la façon innovatriced'intervenir de groupes de femmes brésiliennes en matière deviolence conjugale ; « Pense à ton désir » de Diane Poitras quiaborde la période de la ménopause ; « Les femmes me tou-chent » de Louise Giguère qui nous parle de la violence faiteaux femmes et de leur rôle d'objets sexuels dans la publicité ;« Eldorado » de Johanna Zumstein qui traite du problème del'endettement des nouveaux arrivants...

L'un des organismes de femmes qui distribuent desvidéos à caractère social et expérimental, à Montréal, est leGIV (Groupe intervention vidéo). Cet organisme offre éga-lement des ateliers de production aux groupes qui en font lademande. L'année dernière, il a organisé la visite de réalisa-trices d'Amérique latine qui sont venues donner des confé-rences et des ateliers. C'est d'ailleurs grâce à ces collabora-trices que le public du festival a pu découvrir une artistecomme Tatiana Gaviola. Ç

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En deux mots

J'AI SU QUERépertoire de groupespour hommesUn peu en tandem avec le mouvementde libération de la femme, le GlèbeNew Men's Group vient récemmentde publier un répertoire national degroupes pour hommes.

C'est par le biais d'une audacieuseprésentation devant un comité parle-mentaire et une rencontre fortuite avecl'Honorable David Crombie, que KenFisher a réussi à obtenir une subven-tion du Secrétariat d'État pour l'élabo-ration de ce projet.

Le répertoire contient plus de centnoms de groupes pour hommes demême qu'une description de leurs ob-jectifs et activités. De plus, on retrouveparsemés à travers le document, unemultitude d'articles, de pensées, de phi-losophies portant sur l'orientation du« Nouvel Homme » et son désir pour uneégalité réelle entre les sexes. Une bi-bliographie ainsi qu'une liste de publi-cations et autres ressources sont éga-lement incluses.

Pour obtenir une copie, il suffit d'enfaire la demande par écrit au: NewMen, 32 rue Morris, Ottawa, Ontario,K1S 4A7 (613) 233-7376

Sans égard pour la promotiondes femmesLe programme Promotion de la Fem-me, géré par le Secrétariat d'État, arecommandé le financement de cer-taines portions d'une conférence intitu-lée «Equality Revisited», patronnéepar les R.E.A.L. Women. Ce groupeessaie de se faire passer pour un groupe«qui recherche l'égalité» avec une«opinion différente». C'est tout sim-plement faux et la décision de financercette conférence est de nature régres-sive. La politique du Canada doit seconformer à la Convention de l'ONUsur l'élimination de toute forme de dis-crimination à l'égard des femmes, ainsiqu'à la Charte des droits et libertés et àla Convention N° 100 de l'Organisa-tion Internationale du Travail surl'égalité de salaire pour un travaild'égale valeur. Les R.E.A.L. Women

s'opposent au principe du salaire égalpour un travail d'égale valeur et pré-tendent que les différences salarialesentre hommes et femmes reposent surle statut matrimonial et non sur le sexe,qu'elles sont contraires à la Charte ethomophobes. Ouvrir la porte du finan-cement à des groupes qui prétendentdiscuter de l'égalité, constitue un reculen terme d'accessibilité au finance-ment de projets pour des groupes quirecherchent foncièrement l'égalité.

L'année dernière, le Canada a dé-cidé de ne pas participer au comité del'ONU chargé de contrôler l'applica-tion de la convention de l'ONU surl'élimination de la discrimination àl'égard des femmes. Écrivez au minis-tère des Affaires extérieures pour exi-ger la participation du Canada à cecomité de l'ONU.CCA, avril, 1989

Le saviez-vous ?Selon L'Association nationale de lafemme et du droit, l'étude de la de-mande de subvention du groupeR.E.A.L. Women s'est déroulée hors duprocessus habituel et normal régi par leProgramme de la promotion de lafemme (PPF). Les agentes et agents duPPF ont été informé-es de l'approba-tion de la subvention. La décision s'estprise en haut-lieu. Ils et elles sont una-nimement décu-es de cette décision duSecrétariat d'État.

FCCF: nominations de deuxdirectricesLa directrice générale de la Fédéra-tion culturelle des Canadiens fran-çais, Rachel Gauvin, est heureused'annoncer la nomination de Lise Le-blanc au poste de Directrice du secteurde la diffusion des produits artistiques,ainsi que celle de Marthe Lemery auposte de Directrice des affaires publi-ques et des communications.

Dans le cadre de la restructurationen profondeur qu'a amorcée récemmentla Fédération culturelle des Canadiensfrançais, Madame Lise Leblanc sera

responsable de la planification et del'administration d'un réseau de diffu-sion des produits artistiques franco-phones hors Québec. À ce titre, elleverra notamment à faciliter le regrou-

Lise Leblanc

pement de diverses disciplines artisti-ques, ainsi qu'à appuyer et à outiller lesdiffuseurs de produits culturels franco-phones de manière à créer un marchédynamique pour les artistes créateurset les promoteurs d'événementsculturels.

En tant que Directrice des affairespubliques et des communications,Madame Marthe Lemery devra mettreau point une stratégie de relations pu-

Marthe Lemery

bliques pour faire connaître les préoc-cupations du membership de la Fédéra-tion auprès des gouvernements, desmédias et des autres organismes cultu-rels, artistiques ou nationaux. Elleassurera également la diffusion et lapublication d'informations entre les mem-bres de la Fédération.

La Fédération culturelle des Cana-diens français est l'un des membresactifs au sein du réseau des organismesdéfendant les intérêts des francopho-nes hors Québec. Créée en 1977, laFédération a comme mandat de pro-mouvoir et d'assurer l'épanouissementculturel des communautés francopho-nes minoritaires du pays.

Femmes d'action Vol. 18 No 5 37

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LES ÉCRITS RESTENTCe que femme veut...« Historiquement, les femmes ont prisles devants pour réduire l'écart des réa-lités dans leur communauté. Qu'il s'a-gisse de l'établissement d'une garderieou d'un refuge pour femmes battues ouencore de la lutte contre la pollution, lesfemmes se sont démenées pour offrirdans leur communauté des services quirépondent à leurs besoins véritables»de dire Madame Sylvia Gold présidentedu CCCSF.

Ce que femme veut... guide d'ac-tion personnelle et politique est lenouveau-né du Conseil consultatifcanadien sur la situation de la femme.Ce guide donne la marche à suivre pourentrer dans l'action personnelle et poli-tique. Il apprend à cerner la questionqui vous préoccupe, à vous rallier l'ap-pui du public, à organiser une réunionpublique, à traiter avec les médias et labureaucratie et à intenter une poursuiteen justice. Des histoires vécues et pos-sibles viennent illustrer ces diversesétapes.

En publiant Ce que femme veut...,le Conseil demeure fidèle à sa mission.Le Conseil s'assure que les femmes quitravaillent dans leur communauté dis-posent des moyens nécessaires pouramener le changement. Afin que l'ob-jectif d'égalité des Canadiennes de-vienne une réalité au cours de la pro-chaine décennie, le CCCSF se joint auxautres groupes de femmes pour réaf-firmer que le mouvement des femmesau Canada est dynamique et continuede s'épanouir.

Le CCCSF est un organisme indé-pendant nommé par le gouvernementfédéral ayant pour mandat de saisir legouvernement et le public des ques-tions qui intéressent et préoccupent lesfemmes. Le Conseil se consacre à l'éga-lité juridique, sociale et économique detoutes les femmes au Canada.

Ce que femme veut..., CCCSF, C.P.1541, Suce. « B », Ottawa (Ontario) K1P5R5.

Agir contre la violenceLes statistiques sur la violence conju-gale sont éloquentes : il ne s'agit pas decas isolés. Cette triste réalité exige quenous nous penchions honnêtement, etsans préjugés, sur les rapports entre leshommes et les femmes.

Agir contre la violence apporte unnouvel éclairage sur la problématique

38 Femmes d'action Juin-Juil.-Août 1989

de la violence faite aux femmes. S'ap-puyant sur son expérience en servicesocial, Ginette Larouche y présente unmodèle d'intervention féministe.

C'est un outil indispensable pourceux et celles qui oeuvrent dans ledomaine du travail social. Le modèled'intervention et les techniques propo-sés dans cet ouvrage se fondent essen-tiellement sur la restauration de l'es-time de soi.

Ce livre est un message d'espoirpour toutes celles qui vivent dans uncontexte de violence quotidienne.

«Les femmes violentées ne sontpas démunies, elles ont la capacité de seprendre en main.» Ce livre leur estdédié.

Agir contre la violence, GinetteLarouche, Éditions La pleine lune, col-lection à propos de ce siècle, 1988, 549pages.

Souffles de femmesLes quinze dernières années ont été unepériode de transformation des prati-ques et des discours des femmes sur lareligion. Des pratiques nouvelles auxplans pastoral et liturgique se sontimposées dans le milieu ecclésial et,phénomène nouveau, les femmes sesont mises elles-mêmes à écrire, à pen-ser la religion. C'est dans ce contextequ'est né le livre Souffles de femmes. Ilest le fruit de la présence du mouvementdes femmes dans le champ religieux. Ila pour objectif de faire le point sur cetteparole émergente des femmes dans lesétudes religieuses. Il est issu d'une pra-tique de changement de la conditiondes femmes dans l'église et il veutretourner au terrain de l'engagementen s'adressant avant tout à celles quisont impliquées dans la transforma-tion de la réalité ecclésiale par troppatriarcale.

L'appellat ion «Souf f l e s defemmes » veut signifier que le souffle, levent, marquent dans les traditionsjuive et chrétienne les créations, lesrenouvellements, les pentecôtes. «Tuenvoies ton souffle, ils sont créés, turenouvelles la face de la terre» (Ps103,30). Dans le domaine de la religion,les femmes laissent de plus en plus librecours à leurs souffles d'inspiration et decréation qui donnent l'élan nécessairepour le travail d'écriture et qui irontbriser les inerties, défaire les lassitudeset vivifier les sources profondes de dy-

namisme de toutes celles qui pétrissentle pain de l'autonomie et de la liberté.

Cet ouvrage pluridisciplinaire a étépréparé sous la direction de MoniqueDumais, théologienne et de Marie-Andrée Roy, sociologue.

Souffles de femmes, collectif, Édi-tions Paulines, 1989,240 pages, 14.95 $.

La norme et les déviantesLe Québec d'entre les deux guerres estaux prises avec des changements so-ciaux importants. L'exode rural, l'in-dustrialisation, la modernisation puisla dépression économique vont boule-verser les structures sociales. Quelleplace les femmes ont-elles eue danscette société ? L'Église et l'État se sontligués pour montrer aux femmes qué-bécoises leur vocation: mères avanttout et au sein du mariage seulement.Pourtant plusieurs Québécoises,«déviantes», n'ont pas respecté lanorme. Comment s'est vécue leur dé-viance, comment la société québécoises'est-elle comportée envers cesfemmes ?

La norme et les déviantes dévoiledonc une version occultée de l'histoirede cette époque. Dans un premiertemps, d'un point de vue féministe,Andrée Lévesque présente le discourset les prescriptions officielles et dansun deuxième temps, les expériences decelles qui, par choix ou non, ne se sontpas conformées à un tel système devaleurs. L'historienne Andrée Léves-que, à l'aide d'une documentationabondante, nous présente un portraitréel de cette période de l'histoire desfemmes de cette époque.

La norme et les déviantes, AndréeLévesque, Éditions du remue- ménage,1989, 233 pages, 19,95 $.

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Le boutte du boutte

CHANGEONS D'AIR!par Claire MazuhelliLA TERRE EST UNE POUBELLEgéante. Et les eaux « astheure » ! Eneffet, essayez de vous retrouver sur lesberges d'un lac qui ne soient pas en-vahies d'une mousse brunâtre à l'odeursuspecte... Essayez de trouver une éten-due d'eau dans laquelle les poissons nenagent pas sur le dos à côté de bancs debouteilles de bière. On en est à acheterl'eau parce que celle qui sort du robinetgoûte le fond de piscine. Si l'on veut sebaigner, il faut en plusieurs endroitsvérifier si les plages sont « ouvertes », etsi, en sortant de l'eau, on ne se retrou-vera pas avec la peau picotée, boursou-flée, malade...

La terre est une poubelle géante. Etles airs « astheure »! ! ! De plus en plusétouffant : dehors, on a envie de retenirson .souffle plutôt que de prendre degrandes respirations. L'acide nousmouille dessus à grosses gouttes. Lesérables se meurent... Je me demande ce

que sera notre emblème canadienquand il n'en restera plus un seul ; unecheminée peut-être, un masque à gaz,ou encore un immense sac «Glad»...

La terre est une poubelle géante.Y'a qu'à regarder les abords des auto-routes, au printemps, pour faire le tristebilan de ce que la neige avait ensevelide déchets de toutes sortes ; ramassisabjects d'une «gang» de malotrus quifont le ménage de leur «char» avantd'être rendus chez eux et qui se promè-nent dans des autos «super-propres».Les terrains de camping sont devenusde véritables dépotoirs. Je préfère lecamping sauvage, pour l'isolement,mais aussi parce que je n'ai aucuneenvie de faire du slalom entre les co-chonneries du monde quand je vaisprendre une marche.

Three Mile Island, Tchernobyl, St-Basile-le-Grand, les côtes de l'Alaska...Mais dans quelle ère vivons-nous, quipermet ce genre d'atrocités ! ! ! Les des-potes qui gèrent les multinationales nevont-ils jamais en vacances? N'ont-ilspas d'enfants à qui léguer cette pla-nète? De leurs bureaux aux fenêtresscellées, ne voient-ils pas que le recy-clage c'est pour autre chose que l'air

qu'ils respirent dans leurs toursd'ivoire ?

J'ai entendu dire l'autre soir àl'émission Le point que le Canada est lepays industrialisé qui génère le plus dedéchets et aussi celui qui les recycle lemoins. Faudra-t-il avoir des poubellesjusqu'aux genoux avant que l'État nese décide à légiférer de manière con-séquente en matière d'environnement ?Au nom d'un profit immédiat, on meten péril l'équilibre naturel et les res-sources qui en découlent ; ça me paraîtun illogisme assez exceptionnel.

La terre est une poubelle géante...Et on peut gueuler tant qu'on veutaprès les grosses compagnies ça com-mence dans sa propre-ou-pas-si-propre-cour. Tous les gestes quotidiens, posésdans le respect de l'environnement,sont importants. Certains pays sontmenacés par la progression du désert.Nous, on l'est par la place que prennentles déchets, les endroits réservés à l'en-fouissement. Ce n'est pas dans cin-quante ans qu'il faudra y penser !

La terre est une poubelle géante.Des gens meurent d'avoir respiré l'air,d'avoir mangé, d'avoir habité cetteterre.

On envisage de vivre sur d'autresplanètes ! Si c'est pour les polluer,j'espère qu'on n'y arrivera jamais. So-lution trop facile que de changer d'en-vironnement parce qu'on a violé celuiqui nous a été prêté... C'est assez pourattraper une maladie «environne-mentale » !

TIRÉ DE BARBAPAPA Femmes d'action Vol. 18 No 5 39

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WiftCnQt* SE COLLECTIONNESE BANS UNE JV3AGNIFIQUEL E SAVIEZ-VOUS? . . . : . ^ : -;;..;:/:;

D'OIVIE SOURCE DINFORMATfON INESTIMABLE EN COMPLÉTANTVOTRE COLLECTION DES NUMÉROS ENCORE DISPONIBLES DE LA REVUE.Vol 14 no 4 Violence faîte aux femmes

(printemps/été 1985)

Vol 15 no t Politiqueoct, nov, 1985}

Vol 15 no 2 La peur(dec, janv., fév, 1986)

Voi 15 no 3 Équité en matière d'emploi(mars, avril 1986)

Vol 15 no 4 Hier et aujourd'hui(mai, juin J986J

Vof 15 no 5 Des miroirs et des femmes(pin, juif., août 1986)

Voi 16 no ! Mol, tes 15-25 ans ; « .{sept, oct, nov. 1986)

La reliure FEMME Dy\OïON pemet de conserver jusqu'à dix numéros de ta revue— nous t'offrons à 5,955 frais de poste indus, un rabats de deux doRarc.

Vol 16 no 2 L'autonomie financière{déc, janv. 1987}

Voi 16 no 3 Le pouvoirffisv., mare 1987J

Vof Î6 no 4 Notre santé(avril, mai 1987}

Vof 16 no 5 La créativité et les femmes{Juin, juif., août 1987}

Voil7 no 1 Les femmes et la foi(sept, oct, nov. 1987)

Vol 17 no 2 L'action volontairetdée, janv. 1988}

Vol 17 no 3 Moi et l'autre(lev., mars 1988}

Vol 17 no 4 Se politiser(avril, mai, 1988}

Vo! 17 no 5 Vivre en santé(juin, juil., août 1988)

Vol 18 no 1 Femmes et sexualité(sept, oct, nov. 1988}

VoilSno2 Formation et éducationidée, jw., 1989) ;

Vol 18 no 3 Femmes d'ici et d'ailleursffëv., mars 1989}

PRENOM

ADRESSE

s suivants:

no 3O no 4 Dno 3D no 4Dno 3D no4Dno 3O

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NO D'APP.

CODE POSTAL

Vo! 14 no 4 D

Vol 15 no? a no 2O

Vol 16 no in no 20

Vol 17 no in no2D

Vol18 no 1 D no 2O

Ci-inclus un clmandat-poste au montant de

2,00$ par numéro* 5,95$ pour la reliure

Total:Allouez 4 à 6 semaines pour la livraisonFEMMES D'ACTIONpièce 525, 325 Daihousie, Ottawa KIN 7G2

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