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en plus d’assurance dans leur vie professionnelle. Cela va de pair avec une prise d’autonomie dans la sphère personnelle et l’expérience du voyage solo en fait partie », confirme Catherine Ertzscheid, ethnologue devenue consultante en médias so- ciaux et community management. L’aventure en solo, Annick-Marie, 33 ans, en a fait sa spécialité. Blog- gueuse, auteure de guides de voyage, globe-stoppeuse, elle s’est lancée dans un rallye de 8 000 km entre la France et le Kazakhstan... sur un vélo solaire ! Son but ? Se dépasser physiquement et pousser les gens à oser réaliser leurs souhaits les plus fous. Comme Cécile, responsable marketing. En s’offrant un périple de six mois en Asie et en M aman, papa, je pars seule au bout du monde. » Silence, regard figé, angoisse. Aurélie, 28 ans, ani- matrice extra-scolaire et professeure de natation, se souvient des réticences de ses parents et de son petit ami à l’annonce de son départ, il y a deux ans, pour l’Australie : « Ne crois pas que là-bas, c’est l’eldorado. Il faut que tu travailles ton anglais avant et que tu rencontres quelqu’un d’autre pour ne pas y aller seule. » Pour d’autres, en revanche, la nouvelle est ac- cueillie dans la joie. C’est le cas d’Alizé, 26 ans. « Ma famille a toujours accordé beaucoup d’importance à l’exploration du monde. J’ai été baignée depuis mon plus jeune âge dans les voyages et c’est donc tout naturellement qu’après mes études d’architecture d’intérieur, je suis partie à l’aventure. » Une fois l’effet de surprise passé, ces (futures) globe- trotteuses doivent justifier leur envie d’évasion. Mais bien souvent, ce désir d’ailleurs cache un véritable besoin, plus profond : sortir du moule. « Très vite, j’ai compris qu’il y avait une autre façon d’envisager mon futur que le schéma classique métro-boulot-dodo », ajoute Alizé. Quant à Astrid, 28 ans, ses aspirations professionnelles ont guidé sa décision. « Célibataire, je n’étais pas assez épanouie dans mon boulot, confie-t-elle. J’avais deux options : chan- ger de travail ou partir. Après une semaine de réflexion, j’ai annoncé à ma famille mon départ pour deux ans. Six mois plus tard, j’embarquais pour une transatlantique. » « Se confronter à soi-même, profiter du temps présent » Etre libre, ralentir le rythme, se questionner, prendre du temps pour soi à un moment-clé de sa vie, se prouver qu’on peut le faire et surtout, mieux se connaître : autant d’objectifs partagés par ces jeunes femmes venues de tous horizons. Pour Christel Mouchard, spécialiste du voyage au féminin et auteure d’Elles ont conquis le monde. Les grandes aven- turières 1850-1950 (Editions Arthaud), quelles que soient les causes du départ, « on trouve toujours l’insatiable curiosité ». A 24 ans, Annick a ressenti cette irrésistible envie de dé- couverte. « J’ai beaucoup plus appris sur moi, et sur la vie, qu’en restant dans le cocon protégé de ma faculté. En voyage, il faut se débrouiller seule et se confronter à soi-même. » Devenue photographe free-lance et désormais installée à Mexico City, elle savoure, encore aujourd’hui, le bonheur d’une totale indépendance. « Les femmes prennent de plus Océanie, avant le fameux cap de la trentaine, elle a enfin pu concrétiser son rêve et profiter pleinement du temps présent. Une fièvre de découverte « Quelle chance, tu as vraiment du courage !» Cette re- marque, toutes les aventurières l’ont entendue au moins une fois. En se rendant, à tout juste 22 ans, au Népal en tant qu’infirmière, Aurélie Rawinski ne se sent pas pour autant privilégiée. « Je n’estime pas avoir forcément plus de chance que la moyenne, hormis le fait d’être née ici, en Europe, et au XXI e siècle. C’est une question de priorité et de choix de vie. Quant au pseudo courage, il est tout relatif compte tenu des technologies actuelles. » Alors qu’on ne cesse de nous parler de la crise, se glisser dans la peau d’une aventurière n’est-il pas réservé à une élite ? « A regarder l’histoire du voyage au féminin, il semble y avoir un profil de la femme aventurière, analyse ••• N° 35 / 29 août 2014 28 / Elles ont entre 22 et 33 ans et sont infirmière, responsable marketing, attachée de presse, étudiante ou encore, professeure. Un jour, à pied, à vélo, en stop ou en bateau, elles ont osé partir à l’aventure. En solo. Un parcours audacieux qu’elles racontent. Par Marianne Morizot N° 35 / 29 août 2014 Les nouvelles aventurières du bout du monde EN SOLO Aurélie, photographiée ici en Thaïlande. AURÉLIE Société /Générat ion téméraire « PG PG

28 Les nouvelles aventurières du bout du mondelserealisent.com/wp-content/uploads/2017/06/femmes-aventurieres_ok.pdf · LE VIF /31 dans le cadre de ses études, parviennent à la

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en plus d’assurance dans leur vieprofessionnelle. Cela va de pair avecune prise d’autonomie dans la sphèrepersonnelle et l’expérience duvoyage solo en fait partie », confirmeCatherine Ertzscheid, ethnologuedevenue consultante en médias so-ciaux et community management.

L’aventure en solo, Annick-Marie,33 ans, en a fait sa spécialité. Blog-gueuse, auteure de guides de voyage,globe-stoppeuse, elle s’est lancéedans un rallye de 8000km entre la

France et le Kazakhstan... sur un vélo solaire ! Son but ? Sedépasser physiquement et pousser les gens à oser réaliserleurs souhaits les plus fous. Comme Cécile, responsablemarketing. En s’offrant un périple de six mois en Asie et en

Maman, papa, je pars seule au bout dumonde. » Silence, regard figé, angoisse. Aurélie, 28 ans, ani-matrice extra-scolaire et professeure de natation, se souvientdes réticences de ses parents et de son petit ami à l’annoncede son départ, il y a deux ans, pour l’Australie : « Ne crois pasque là-bas, c’est l’eldorado. Il faut que tu travailles ton anglaisavant et que tu rencontres quelqu’un d’autre pour ne pas yaller seule. » Pour d’autres, en revanche, la nouvelle est ac-cueillie dans la joie. C’est le cas d’Alizé, 26 ans. « Ma famillea toujours accordé beaucoup d’importance à l’explorationdu monde. J’ai été baignée depuis mon plus jeune âge dansles voyages et c’est donc tout naturellement qu’après mesétudes d’architecture d’intérieur, je suis partie à l’aventure. »

Une fois l’effet de surprise passé, ces (futures) globe-trotteuses doivent justifier leur envie d’évasion. Mais biensouvent, ce désir d’ailleurs cache un véritable besoin, plusprofond : sortir du moule. « Très vite, j’ai compris qu’il yavait une autre façon d’envisager mon futur que le schémaclassique métro-boulot-dodo », ajoute Alizé. Quant à Astrid, 28 ans, ses aspirations professionnelles ont guidésa décision. « Célibataire, je n’étais pas assez épanouiedans mon boulot, confie-t-elle. J’avais deux options : chan-ger de travail ou partir. Après une semaine de réflexion,j’ai annoncé à ma famille mon départ pour deux ans. Sixmois plus tard, j’embarquais pour une transatlantique. »

« Se confronter à soi-même, profiter du temps présent »Etre libre, ralentir le rythme, se questionner, prendre dutemps pour soi à un moment-clé de sa vie, se prouver qu’onpeut le faire et surtout, mieux se connaître : autant d’objectifspartagés par ces jeunes femmes venues de tous horizons.Pour Christel Mouchard, spécialiste du voyage au fémininet auteure d’Elles ont conquis le monde. Les grandes aven-turières 1850-1950(Editions Arthaud), quelles que soient lescauses du départ, « on trouve toujours l’insatiable curiosité ».

A 24 ans, Annick a ressenti cette irrésistible envie de dé-couverte. « J’ai beaucoup plus appris sur moi, et sur la vie,qu’en restant dans le cocon protégé de ma faculté. En voyage,il faut se débrouiller seule et se confronter à soi-même. »Devenue photographe free-lance et désormais installée àMexico City, elle savoure, encore aujourd’hui, le bonheurd’une totale indépendance. « Les femmes prennent de plus

Océanie, avant le fameux cap de la trentaine, elle a enfin puconcrétiser son rêve et profiter pleinement du temps présent.

Une fièvre de découverte « Quelle chance, tu as vraiment du courage !» Cette re-marque, toutes les aventurières l’ont entendue au moinsune fois. En se rendant, à tout juste 22 ans, au Népal en tantqu’infirmière, Aurélie Rawinski ne se sent pas pour autantprivilégiée. « Je n’estime pas avoir forcément plus de chanceque la moyenne, hormis le fait d’être née ici, en Europe, etau xxIe siècle. C’est une question de priorité et de choix devie. Quant au pseudo courage, il est tout relatif compte tenudes technologies actuelles. »

Alors qu’on ne cesse de nous parler de la crise, se glisserdans la peau d’une aventurière n’est-il pas réservé à uneélite ? « A regarder l’histoire du voyage au féminin, il sembley avoir un profil de la femme aventurière, analyse •••

N° 35 / 29 août 2014

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Elles ont entre 22 et 33 ans et sontinfirmière, responsable marketing,attachée de presse, étudiante ouencore, professeure. Un jour, à pied, àvélo, en stop ou en bateau, elles ont osépartir à l’aventure. En solo. Un parcoursaudacieux qu’elles racontent.Par Marianne Morizot

N° 35 / 29 août 2014

Les nouvelles aventurières du bout du monde

EN SOLOAurélie, photographiée ici en Thaïlande.

AURÉLIE

Société/Générat ion téméraire

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dans le cadre de ses études, parviennent à la même conclusion:« Une expérience de maturité gigantesque à tout point devue, humain, sentimental ou professionnel... »

Surtout : oser !Catherine Ertzscheid, qui a aussi testé durant un mois le  back-packingen solo en Italie, est catégorique : avant tout, il fautoser ! « Beaucoup de femmes pensent encore (trop souvent)ne pas en être capables. La peur les paralyse. Et ce n’est pasune question de génération : Yole, 42 ans, s’est lancée trèsjeune tandis que Lucia, 30 ans, ne conçoit pas de partir seuletout en ayant cette pointe d’envie. »Et pourtant, être une femme s’avèreun avantage non négligeable. « Partoutdans le monde, une image de faiblesseest associée à la femme seule. Cetteimage présente un danger, il ne fautpas l’oublier, mais elle offre aussi unecommodité. La voyageuse inspire plussouvent un réflexe de protectionqu’une pulsion d’agression », souligneChristel Mouchard.

Un avis que ne partage pourtant pasMaud, 30 ans, institutrice. « Je ne pensepas que ce soit un atout d’être une filleseule, surtout dans les pays où facièset couleur de peau sont fort différents.Quand on est blanche et blonde auxyeux bleus, on est souvent regardée, etabordée. Ce n’est pas méchant, maispénible. Finalement, le fait que les genssoient plus serviables est faussépuisqu’on se demande parfois s’ils n’ontpas une idée derrière la tête. Dire que,dans des pays où sévit le machisme, onva davantage aider une fille parcequ’elle est « faible », ça m’énerve! »

Lâcher prise Du pneu crevé au gros coup de stress, quelles que soient lesépreuves, les globe-trotteuses partagent la même philosophie :croire en sa bonne étoile et accepter de ne pas tout maîtriser.Et ce n’est pas Nelly, 31 ans, journaliste, qui affirmera lecontraire. « Je faisais un trajet en van avec une autre Française.Nous étions descendues pour nous baigner avec les crocodilesd’eau douce quand, soudain, on a réalisé que les clés du véhicule étaient restées à l’intérieur. Nous voilà en maillotde bain en plein milieu de l’outback, l’arrière-pays australien!Plusieurs locaux ont tenté de nous aider, sans résultat. Unvieux ranger est alors arrivé. Il a réussi à enlever le joint de la fenêtre, puis à retirer la vitre avec deux cuillères à café.Il nous a sauvé la vie !»

Lâcher prise : pas si facile, et pourtant. Les escapades horsdes sentiers battus restent les meilleurs souvenirs pour cestrentenaires en quête d’authenticité, d’ouverture et d’enri-chissement personnel. C’est au Moyen-Orient, qu’Aline, 27ans, a vécu son expérience la plus marquante au cours d’unejournée avec un bédouin dans le désert jordanien. « J’ai pu

découvrir une famille qui a choisi de vivre dans la plus grandesimplicité dans cet immense désert. Une grande leçon d’hu-manité et d’humilité ! »

Le pari de la réadaptation Une fois l’aventure terminée commence alors un nouveaudéfi : celui de renouer avec la routine alors que coule encoredans les veines la drogue du voyage. Faire face au regardde ses proches qui retrouvent une autre personne, trans-formée, et réapprendre à vivre dans un quotidien banal.Comme Maud, qui n’a pas pu résister à l’appel de la route,

Alizé a décidé de poursuivre l’aven-ture autour du globe... en duo. « De-puis ma rencontre avec Maxime, onvoyage ensemble grâce aux différentsjobs et échanges que l’on trouve enchemin.  On aime avancer lentementpour bien s’imprégner des lieux, êtreplus proches des locaux et revenir àun mode de vie simple, en harmonieavec la nature. Actuellement au Nicaragua, nous faisons un échangede service avec une famille belge ins-tallée ici depuis dix ans. Elle travaillesur un nouveau projet de café écolo-bio dans la ville de León, mettant enrelation les différentes ONG pré-sentes dans le pays. »

Pour autant, la majorité des aven-turières réussit le pari de la réadap-tation. «  En voyage, mon quotidienétait fait de surprises. Je me suis sentiedans une vie tellement ennuyeuse àmon retour. Et puis, c’est passé grâceaux amis, la famille et la vie... », sesouvient Typhanie. Un nouveau cap,synonyme de réflexion et d’action, à

en croire Frank Michel, auteur du livre Du voyage et deshommes (Editions Livres du Monde). « Prendre du reculet apprendre à relativiser, positiver quand tout le mondes’échine à se plaindre, bref oser avancer à contre-courantet ne pas hésiter à modifier le terme « normal » quand ils’agit de retrouver une stabilité au retour. La prise derisques comme soudainement changer de travail, de com-pagnon ou de vie est l’amorce d’un gain de liberté, qui dé-montre que dans la vie – parfois par le biais de l’aventuredu voyage (et inversement) – tout est possible. »� M.M.

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Christel Mouchard. Elle vient plutôt d’unmilieu aisé, cultivé, et a joui d’une éducation libérale grâce à un père non conformiste. Maisc’est une illusion d’optique, car ce portrait estdressé par des femmes plus ou moins érudites.Un examen plus minutieux révèle que d’autresfemmes, muettes celles-là, ont participé aux grandsbrassages de population. Heureusement, quelquesrares documents comme les Mémoires de MarySeacole nous apprennent que les filles du peupleconnaissaient la même fièvre de découverte queles bourgeoises et les aristocrates. »

Débarrassées du poids du paternalisme « De nos jours, les femmes voyagent décomplexées ;elles assument leur féminité, mais aussi leurs fra-gilités ou leurs limites, ce qui n’est qu’exception-nellement le cas chez les hommes contraints defaire bonne figure, virilité oblige. Les aventurièresportent sur le monde un regard parfois téméraire,souvent humain, débarrassé du poids du paterna-lisme d’antan », explique l’anthropologue FranckMichel. A y regarder de plus près, voyager seuleserait même un atout. « Les gens sont plus enclins à venirvers moi, c’est la meilleure stratégie pour s’immerger dansla culture », assure Séverine, ex-chercheuse en biologie, re-convertie en prof.

Après quelques phrases, voire des gestes universels, les bar-rières sociales et culturelles tombent. Sachant qu’on ne sereverra jamais, des discussions profondes s’engagent et s’achè-vent même sur des confidences. « Après des vacances un peumouvementées, j’ai rencontré Thierry dans le bus qui me ra-menait à l’aéroport de Nouméa. On a commencé par échangersur le livre qu’il lisait, puis on a naturellement évoqué notrevie. On a ouvert notre cœur et après, je me suis sentie apaisée.On ne s’est jamais revus », se souvient Marianne, 29 ans.

Expérience de maturité Dans un monde sans cesse en mouvement, apprivoiser la so-litude reste l’un des plus grands défis pour ces aventurièresdes temps modernes. Fatigue physique, doute, angoisse, lemoral n’est pas toujours au beau fixe. « Les premiers tempsont été difficiles. J’ai perdu tous mes repères, mes procheset mon compagnon me manquaient », raconte Aurélie. Etd’ajouter qu’ « à l’étranger, tout n’est pas rose. J’ai été confron-tée à la difficulté du travail dans les champs, les nuits soustente à proximité d’araignées et de serpents, à la barrière dela langue, les jobs mal payés, les trajets en stop avec des genspas toujours honnêtes et parfois même, la faim ! ». Alizéconfirme : « J’ai décroché mon premier contrat de six mois

dans un bureau d’architecture à Dar esSalaam, en Tanzanie. Premier pas enterre africaine et seule blanche dans lebureau.  Tout le monde me mettait engarde sur les dangers du pays et je nepouvais partager mes premières impres-sions avec mes collègues, qui ne me com-prenaient pas. Ma situation, combinéeaux effets secondaires de mon traitementpréventif contre la malaria, m’ont en-traînée vers des crises de larmes inex-plicables. Mais pas question de rentreren Belgique sur une expérience négative.J’ai donc pris les choses en main : j’ai dé-ménagé pour être plus proche de mesamis, organisé des week-ends pour dé-couvrir le pays, changé de job... Ce quim’a doucement amené Maxime, unQuébécois parti récemment de chez luiet qui venait d’arriver en Afrique. » Avecle recul, toutes, comme Typhanie, ayantdécouvert le Mexique, puis l’Argentique

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Société /Génération téméraire

LES BLOGS DE NOS TRENTENAIRES AVENTURIÈRES

Aline : www.yallabye.euAlizé : www.detourlocal.comAnnick : www.annickdonkers.blogspot.frAnnick-Marie : www.www.globestoppeuse.comAstrid : www.le33tour.frAurélie Rawinski : www.ailleurssurterre.blogspot.frTyphanie : www.epicesmalices.com

ALIZÉ en Norvège, pédalant à la découverte des îles Lofoten.

CÉCILE et son guide Nyoman arpentant les rizières de Jatiluwih, à Bali.

MARIANNE a fait une descente en rappel dans le parc national de Kalbarri, en Australie.

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