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D. Guillaume
LETTRES : PROGRAMME 1 + 2a
1. Charles Perrault, Contes
2a. Voltaire, Lettres philosophiques
Dates Cours 1) Mardi 6 septembre PERRAULT
Explication A : Intro. 1 Résumés
Mercredi 7 septembre Intro. 2 2) Mardi 13 septembre Intro. 3 + méthodologie Mercredi 14 septembre Travail DM1 3) Mardi 20 septembre VOYAGE Mercredi 21 septembre VOYAGE 4) Mardi 27 septembre Explication 1 : Barbe bleue 263, « Elle fut si
pressée… il revenait de l’autre. » Thème 1 : Les femmes
Mercredi 28 septembre Explication 2 : Peau d’âne 203-31, « Par hasard il mit…Qu’on puisse voir après le Loup. » Thème 2 : Humour et satire
Vendredi 30 septembre, 10h30 (2h) Thème 3 : Le merveilleux 5) Mardi 4 octobre (4h) Explication 3 : Les jumelles 165-6, « Voilà
mon fait… un nouveau luminaire. » Explication 4 : La Peinture 119-120, « Là se tut Apollon… de chaque événement. » Explication 5 : Le Miroir 87-88, « Quoique toutes ces actions tendres… dont il était aimé.é
Mercredi 5 octobre Thème 4 : L’art du récit Rendre DM1 + citations
6) Mardi 11 octobre Explication 6 : Le Labyrinthe de Versailles, 110-111 « Le Loup et la tête… s’y perdent. » Explication 7 : Les amours de la règle et du compas 46-47, « Le Compas ressentit… d’une riante muse. »
Mercredi 12 octobree Correction DM 1 1) Mardi 18 octobre VOLTAIRE
Explication A Intro. 1
Mercredi 19 octobre Intro. 2
2
LETTRES : PROGRAMME 1
Charles Perrault Contes
Bibliographie
— 1) Généralités :
. Nadine TOURSEL et Jacques VASSEVIÈRE : Littérature, textes théoriques et critiques, « Fac. », Nathan, 2004. . Nicolas LAURENT, Initiation à la stylistique, « Ancrages », Hachette, 2001 . Bernard DUPRIEZ, Gradus, « 10x18 »
— 2) Sur l’écriture du récit : . Anne HERSCHBERG PIERROT : Stylistique de la prose, Belin, 1993 — 3) Histoire littéraire et réflexion sur les genres . La Querelle des Anciens et des Modernes précédé de « Les abeilles et les araignées » de Marc Fumarolli, « Folio classique », Gallimard, 2001 . Michel JARRETY (dir.), La poésie française du Moyen Âge jusqu’à nos jours, « Premier cycle », PUF, 1997 . Dominique BERTRAND (dir.), Poétiques du burlesques, Champion, 1998 . Sophie RAYNARD, La seconde préciosité, Floraison des conteuses de 1690 à 1756, Gunter Narr Verlag, 2002 . Bruno BETTELHEIM, Psychanalyse des contes de fées (1976), « Pocket », Robert Laffont, 1999 — 2) Sur Perrault + Éditions de contes . Contes, textes établis et présentés par Marc SORIANO, Flammarion, 1991 (1967) . Contes, édition de Gilbert Rouger, Classiques Garnier, 1967 . Contes, édtition de Catherine MAGNIEN, Livre de poche classique, 1990
+ Livres et numéros de revue . Marc SORIANO, Les contes de Perrault, Culture savante et traditions populaires (1968), « Tel » Gallimard, 1996 . « Charles Perrault », Europe n° 739-740, novembre-décembre 1990
3
RÉSUMÉ-SOMMAIRE Charles Perrault
Contes
1641-1701
1. Poésie burlesque
— 1.1. Les amours de la règle et compas et ceux du soleil et de l’ombre (1637, 1641) [43]
+ Demande humblt attention de Richelieu ; Dédale pas encor échappé du labyrinthe où l’a
enfermé roi de Crète Minos, pas encore fabriqué vache en bois permettant à Pasiphae de
s’accoupler au taureau blanc de Poséidon : sa sœur (Polycasté — ou Perdix) lui présente son
fils Perdix (Talos) ; [44] industrieux ; enfante (comme Jupiter, Pallas) la scie et le compas ; D.
jaloux le jette du haut du temple, ms Pallas le sauve [45] et le transforme en perdrix ; scie se
plaint au ciel, D. lui retaille les dents (> règle ?) ; compas se sauve, et va se reposer à
l’ombre ; soleil lui annonce en rêve qu’il épousera fille d’un dieu ; compas rencontre règle,
l’aime et lui parle : [46] il est fils de Perdix ; elle se dit fille du soleil et de l’ombre : le soleil a
poursuivie l’ombre, seule à échapper à ses rayons ; compas dit promesse du soleil ; [47] règle
se moque, mais compas lui dit qu’auront pour enfant l’immortelle architecture + fait gracieuse
révérence > elle fait le diamètre du cercle et naissent figures ; pardon à Richelieu et à la
France.
— 1.2. L’Énéide travestie (1648) [48]
+ 1.2.1. * « Le voyage dans l’autre monde » [48]
Énée justifie à la Sybille (de Cumes) demande d’aller aux enfers (ds Én. < revoir son
père Anchise) : Orphée a pu aller voir Eurydice, Pollux parce qu’il avait un frère qui faisait de
bons chapeaux à Pluton [représentés avec sur la tête moitié d’œuf surmonté d’une étoile ; fils
de Léda : Pollux < Zeux, Castor < homme ; C. blessé à mort au combat, P refuse immortalité
si pas partagé par C > Zeus les fait vivre alternativement sous le soleil et sous la terre + les
divinise par constellation gémeaux], Hercule (enlève Cerbère aux enfers), Thésée (<
s’emparer de Perséphone ; sur chaise de l’oubli : délivré par Hercule)
4
+ 1.2.2. * « La vérité sur le suicide de Didon » [49]
Champs des pleurs, où victimes de l’amour = mort de la vérole.
[ds Én. : héros proteste de la nécessité de son départ, ms silence de Did.] Didon sort
d’une forêt ; [50] E. proteste qu’il n’a pas donné vérole à Did. ; elle est morte pour avoir, sur
les conseils d’un charlatan, pris de l’acier en poudre, [51] d’où la rumeur selon laquelle elle
s’est tué en se frappant d’une épée ; il a dû partir malgré lui ; elle pense qu’il ment et se tait.
— 1.3. Les murs de Troie ou l’origine du burlesque (1653) [52]
+ 1.3.1. * « Ébauche d’un serpent » [≠ Valéry, 1922] [52]
Neptune reproche à Phébus de parler comme maçon ; ms ce style a ravi le roi comme
ses conseillers ; belles choses ds termes grossiers plaisent comme beau visage [53] sous
bavolet, lumière au travers d’un nuage = fait voir peinture de l’alcôve de la nature ; vont
manger soupe ds faubourg = Ph. note langage pop. mais très gêné par impertinence de leur
disc. de manants.
+ 1.3.2. * « Le maçon de lady Chatterley » [≠ D.-H. Lawrence, 1928] [53]
Dame [Princesse Hésione] préfère son atelier à tout ; [54] n’aime que l’écouter
et le voir, quoi qu’il fasse + ses outils + tache de plâtre ou de charbon sur son nez quand se
mouche ; se pâme d’amour sur sa couche [55] comme un aloyau (pièce de bœuf : rein et
croupe) qui rôtit.
+ 1.3.3. * « Un petit Poucet avant la lettre » [55]
Dilucule au service de Phébus, enfant de naissance abandonné de ses parents :
la nuit sa mère morte à sa naissance, et son père le Jour ne l’aime pas ; de bonne humeur,
remplit nature de ses gais cris ; réveille Aurore, [55] éteint étoiles ; ouvre volets et contrevent
du palais, aide Aorore qui nettoie plancher de Flore du balais d’Aquilon, époussette, verse
eau, avant réveil de ses maîtres, nettoie auge et truelle ; Hésione voit qu’il pourra lui
apprendre ce qu’elle veut savoir.
2. Textes précieux
— 2.1. Dialogue de l’amour et de l’amitié (1660)
5
+ 2.1.0. « Lettre à Monsieur l’abbé d’Aubignac sur le Dialogue de l’amour et de
l’amitié » [59]
+ 2.1.2. Dialogue de l’amour et de l’amitié [65]
— 2.2. Le Miroir ou la métamorphose d’Orante (1661) [81]
3. Textes officiels et polémiques
— 3.1. Le Corbeau guéri par la cigogne ou l’ingrat parfait (1673) [93]
— 3.2. Le Labyrinthe de Versailles (1675) [96]
+ 3.2.1. « Le Duc et les oiseaux » [98]
+ 3.2.2. « Les coqs et les perdrix » [98]
+ 3.2.3. « Le Coq et les renards » [99]
+ 3.2.4. « Le Coq et le diamant » [99]
+ 3.2.5. « Le Chat pendu par les rats » [100]
+ 3.2.6. « L’Aigle et le renard » [100]
+ 3.2.7.. « Les paons et le geai » [100]
+ 3.2.8.. « Le Coq et le coq d’Inde » [101]
+ 3.2.9. « Le Paon et la pie » [101]
+ 3.2.10. « Le Dragon et l’enclume » [101]
+ 3.2.11. « Le Singe et ses Petits » [102]
+ 3.2.12. « Le Combat des animaux » [102]
+ 3.2.13. « La Poule et les poussins » [102]
+ 3.2.14. « Le Renard et la grue » [102]
+ 3.2.15. « La Grue et le renard » [103]
+ 3.2.16. « Le Paon et le rossignol » [103]
+ 3.2.17. « Le Perroquet et le singe » [103]
+ 3.2.18. « Le Singe juge » [104]
+ 3.2.19. « Le Rat et le Grenouille » [104]
6
+ 3.2.20. « Le Lièvre et la tortue » [104]
+ 3.2.21. « Le Loup et la grue » [105]
+ 3.2.22. « Le Milan et les oiseaux » [105]
+ 3.2.23. « Le Singe roi » [106]
+ 3.2.24. « Le Renard et le bouc » [106]
+ 3.2.25. « Le Conseil des rats » [106]
+ 3.2.26. « Le Singe et le chat » [107]
+ 3.2.27. « Le Renard et les raisins » [107]
+ 3.2.28. « L’Aigle, le lapin et l’escarbot » [107]
+ 3.2.29. « Le Loup et le porc-épic » [108]
+ 3.2.30. « Le Serpent à plusieurs têtes » [108]
+ 3.2.31. « Le Souriceau, le chat et le cochet » [108]
+ 3.2.32. « Le Milan et les colombes » [109]
+ 3.2.33. « Le Dauphin et le singe » [109]
+ 3.2.34. « Le Renard et le corbeau » [110]
+ 3.2.35. « Du Cygne et de la grue » [110]
+ 3.2.36. « Le Loup et la tête » [110]
+ 3.2.37. « Le Serpent et le hérisson » [110]
+ 3.2.38. « Les canes et le petit barbet » [111]
— 3.3. La Peinture (1668) [112]
— 3.4. Critique de l’opéra ou Examen de la tragédie intitulée Alceste (1674)
+ 3.4.0. « À Monsieur Charpentier » (1675) [129]
+ 3.4.1. Critique de l’opéra [135]
— 3.5. Le Banquet des dieux pour la naissance de Monseigneur le duc de Bourgogne (1682)
[153]
— 3.6. Les Jumelles ou La métamorphose du cul d’Iris en astre (vers 1687) [165]
— 3.7. *« Le Hollandais membru » in Le Parallèle des anciens et des modernes (1688, 1690,
1692, 1697) [173]
7
4. Contes
— 4.1. La Métamorphose d’un berger en mouton (1691) [177]
Bergère Philis n’aime que ses moutons > berger Tircis demande à Vénus de se
métamorphoser > elle apparaît : [178] accepte, constance sera récompensée ; sa beauté de
mouton le fait remarquer de Ph., qui l’appelle Robin > jouit de ses faveurs, nott. au bain ;
[179] ; malheur à venir : elle croise un berger avec beau chien qu’il lui donne = Marquis,
qui sait faire mille tour ; [180] berger Damon espère lui plaire par son chien, elle finit par
accepter, puis par aimer le berger ; malheur de Robin, à qui Marquis préféré + on parle de
mariage > faut mouton pour sacrifice = elle choisit Rob. ; fête, Rob. sous le couteau >
[181] Amour paraît et le métamorphose en Tircis > elle craint châtiment, ms percée
d’amour pour Rob. > se marient.
— 4.2. Contes en vers (1695) [183]
+ 4.2.0. Préface (1695) [185]
Succès encourage à regrouper les contes, malgré mépris des grincheux ;bagatelles
renferment morale utile ; cf. fables milésiennes : Matrone d’Éphèse // Grisélidis = nouvelles
(pas absolt. invraisemblable) ; Psyché (< Lucien et Apulée) = conte de vieille comme Peau
d’Âne : racontée chez Ap. par vieille à jne fille enlevée par voleur, comme chez ns
gouvernantes et gds mères aux filles ; [186] fable du laboureur obtenant de Jupiter paille ss
grain car demande jamais ni froid ni neige = // Souhaits ridicules = montrent ts deux qu’hs
sabent pas leur bien, ont besoin de la providence ; beaux exs. de l’antiquité > pas de reproches
possibles : et même moralement supérieurs aux antiques : cf. Éphèse = montre qu’aucune
femme vertueuse > corruption des fs., encouragées à suivre la voie commune ; comprend mal
Psyché : = âme, ms comprend pas pourquoi Amour doit l’aimer, et pourquoi elle malheureuse
dès qu’elle le connaît : « énigme impénétrable » = comme beaucoup de fables anciennes,
faites pour plaire, ss attention aux bnes mœurs ; [187] ≠ contes de nos aïeux = moins élégants
ms morales instructive = vertu récompensée et vice puni ; Fée avantage celle qui lui répond
avec civilité [Fées], enfants obéissants à leur parents deviennent grands seigneurs = louables
aux mères et aux prêtre de faire avaler vérités ss agréments par récits proportionnés à l’âge
8
des enfants > jnes âmes reçoivent avidement ces instructions cachées : abattus comme héros,
ravis de voir méchants punis = semences dont éclosent bnes inclinations ; CP. aurait pu les
rendre plus agréables en les égayant de choses plus libres comme de coutume, ms s’est
imposé de ne jamais blesser pudeur et bienséance : une jne demoiselle spirituelle a composé
madrigal à ce propos [188] + envoi de PA = naïveté divertit comme quand nourrice ou mie
auprès du feu ; satire ms ss fiel, fait plaisir à ts et divertit ss choquer mère, époux ni
confesseur.
+ 4.2.1 Griselidis (1691 : La Marquise de Salusses ou La Patience de Griselidis)
.4.2.1.1 « À Mademoiselle » [189]
Modèle de patience excessif pour être imité ; ms contrepoison utile / Ps où abondent
exs contraires : dame comme G y serait prodige ; fs y sont souveraines ; [190] G y serait risée,
par ses antiques leçons, Patience = vertu que fs font exercer par leurs maris.
. 4.2.1.2 Griselidis, nouvelle [191]
Au pied des montagnes d’où sort le Pô vivait prince, vertueux et guerriers, sensible au
bonh de son peuple ; ms mélancolique < croit tte f trompeuse, [192] même la plus méritante <
ce qu’il voit ds monde ; pas de mariage, même si nvelle Lucrèce ; après affaires du royaume,
s’adonne à la chasse ; préoccupation de ses sujets ; un orateur [193] me presse de
descendance ; Prince répond que prudence le retient, filles vertueuses le sont plus après
mariage > dévote, coquette, [194] Précieuse, Joueuse = veulent ttes donner leur loi ; lui
voudrait jne obéissante, « Et qui n’ait point de volonté » > monte brusquement à cheval et
s’en va à sa meute et ses chasseurs ; [195] cerfs, tumulte ;
« pas hasard ou destinée », s’égare, douce rêverie des grands bois > jne bergère filant
au bord d’un ruisseau et conduisant son troupeau ; beauté [196] et pureté ; elle rougit, douceur
et sincérité ; timidité, frayeur nvlle du prince ; elle lui montrera chemin, il vante sa beauté ;
[197] boit > elle prend tasse, vase d’argile ds cabane ; il observe bien chemin, se fait carte
pour revenir ; s’éloigne avec douleur ; [198] douleur d’amour lendemain > retourne la voir :
vit seule avec père et se nomme Griselidis ; esprit de la bergère anime ses yeux ; convoque
son conseil le jour même = va se marier ; [199] ne dira son choix que je jour de la cérémonie
> allégresse publique, nott de l’orateur, qui croit voir effets de son art ; belles de la ville se
font air modeste ; mon prépare char, [200] échafauds, arcs triomphaux, feux d’artifice, ballet,
opéra ;
grand jour arrive, foule contenue par gardes, clairons, prince paraît, ms va vers forêt >
encore la chasse ? [201] G. s’apprêtait à sortir de sa case > elle est choisie, le croit pas, ms son
9
père déjà prévenu, et doit jurer que n’aura d’autre volonté que celle du prince ; [202] elle jure,
joug lui sera doux > on la prépare en pompe ds sa cabane, et déjà prince regrette simplicité >
s’en vont ds char ; [203] temple puis palais, festivités ; lendemain, G fait preuve de sagesse et
prend air du grand monde ; [204] ont, malgré souhait d’un garçon, une princesse avant fin de
l’année, et l’aiment ; G la nourrit elle-même ;
baisse d’amour ou reprise d’humeur noire, prince doute de sa sincérité, la suit et
l’observe ; [205] décide de la mettre à l’épreuve ; l’enferme ds palais, lui ôte ses bijoux :
s’exécute avec joie, comme épreuve du Seigneur, [206] la corrige comme une enfant qu’il
aime, souffrance permet bonheur ; prince pense qu’elle l’aime plus > veut lui ôter sa fille à la
mamelle, pour former et préserver ses mœurs, ms n’a pas courage de le faire lui-même ; [207]
elle pleure, ministre s’exécute ; enfant déposé ss nom près d’un monastère voisin ; prince
chasse et craint sa douce femme comme tigresse ; honte m chagrin l’emporte > [208] dit que
leur fille est morte ; désarmé ms sa bile se défend ; tendresse mutuelle ;
15 ans d’amour, prince ne fâche femme que pour relancer amour, tel eau sur la braise ;
princesse grandit : douceur de sa mère [209] et noble fierté du père, beauté ; un seigneur de la
cour l’aime, réciproque ; Prince en voulait comme genre ms veut le mettre à l’épreuve [210]
pour donner constance à leur amour + éprouvera aussi sa propre épouse, faire éclater ses
qualités au monde ; annonce que se remarie pour avoir nouvelle fille puis que la première est
morte > sa promise de haute naissance élevée ds couvent ; douleur des jnes amants ; son
épouse doit se retirer ds sa chaumière ; [211] dehors sereins ms chagrin ; accepte ordre de son
maître et reprend habits de gardeuse de brebis ; s’excuse d’avoir déplu ; touché ms gloire
l’emporte > [212] répond durement ; elle retrouve son père et prie pour son époux ; il la
convoque pour embellir sa promise [213] et ses appartements ; elle paraît > tendresse
maternelle de G, qui pense à sa fille, et l’aime ; [214] supplie prince de la traiter moins
durement qu’elle : bergère doit pas faire leçon ;
jour mariage, prince parle : apparence trompeuse, promise malheureuse, [215] G
désespère, lui heureux : ms non ; marie sa fille à ce seigneur, et reprend femme qu’il a si
durement chassée ; comme nuage chassé, joie de ts éclate ; prince presse sa fille au temple ;
[216] fête ; gloire à G, et louange même aux dureté du prince, qui a permis tel modèle de
vertu.
. 4.2.1.3. « À Monsieur *** en lui envoyant Griselidis »(1691) [218]
Si avait écouté avis sur ce conte, ne serait resté qu’un récit sec qui aurait mieux fait de
rester sur papier bleu. Trop de détails sur caractères et occupations du héros / Pourquoi
10
réponse au conseil et description de la chasse = vains ornements appauvrissant poème ; id.
préparatifs mariage / réflexions chrétiennes de G déplacées, inhumanité du prince [219]
insupportable ; seigneur épousant fille = juste pour finir.
Deux autres amis reprennent autres endroits. CP. leur cite critiques d’avant > Prince
d’Italie peut parler légèrement des fs ; l’épargner, comme métamorphose des belles avant
mariage ; réflexions chrétiennes nécessaires à faire croire à la patience de l’héroïne, si
épreuves non divines, f. stupide ; seigneur qui épouse fille [220] = nécess. à ce que rien ne
reste en suspens ds ce vrai poème
> divergence des avis : CP laisse ouvrage tel que lu à l’Académie : corrige ce qu’on lui
a montré mauvais en soi-même, et non / goût de qqs trop délicats > vers : pas retirer un repas
parce qu’un convive l’aime pas, mets différents selon goûts ; suivra jugement du public [note
1691 : marquise Sal. = Griselde > Boccace, nom Griselidis un peu sali ds mains du peuple et
Griselde plus facile à employer en poésie.
+ 4.2.2. Peau d’âne Conte, À Mme la marquise de L*** (fin 1693 ? 1694 ?) [221]
Guindés ne souffrent que le sublime ; ms esprits parfais peuvent aimer marionnettes,
parfois sornettes valent mieux ; raison prend plaisir à sommeiller, bercée par conte d’ogres et
de fées.
Ne craint donc pas qu’on le condamne de mal employer son loisir ; [222] plus grand
roi de la terre, vertueux et guerrier, favorisant art, eut une fille ; richesse, grande écurie avec
honneur à un âne qui faisait pas d’ordure, ms écus et Louis d’or recueillis chaque matin ;
[223] reine malade mourante malgré médecins et charlatans ; fait promettre au roi de ne se
remarier qu’avec plus elle et plus aimable qu’elle ; meurt, grand deuil ;
[224] veut se remarier au bout de qqs mois ; seule Infante peut remplir exigences de la
reine, casuiste explique que possible > princesse triste et va trouver marraine ds grotte, fée
comme vous l’a appris votre mie ; qu’elle écoute conseils : [225] ne pas contredire folle
demande du père : demander robe couleur du temps ; roi l’exige de ses tailleurs sous peine de
pendaison > faite le second jour > id. couleur de lune > faite 4e jour [226] > id couleur soleil >
un lapidaire la fait avant fin de la semaine > demander peau de l’âne > [227] amour compte
pour rien argent et or > obtenue > qu’elle s’en aille déguisée ds la peau, qu’elle cache habits
ds cassette, qui la suivra sous terre et qu’elle fera apparaître avec coup de baguette ;
Princesse travestie s’enfuit dès le matin ; prince l’apprend > fait fouiller [228] tout
royaume, où tristesse se répand (du curé ss offrande nott) ; Infante cherche place, ms personne
ne veut d’une si sale créature ; ds métairie, fermière a besoin d’une souillon et nettoie auge
11
des cochons, harcelée par les valets ; PA s’enferme, ouvre sa cassette dimanche matin et
s’habille, [229] met une des robes dont traîne ne peut s’étaler ds petite chambre, ms ce plaisir
la soutient d’une semaine sur l’autre ;
cette métairie = ménagerie du roi, Céphale fils du roi y venait souvent retour de
chasse, PA et s’en émeut et se sait par là encore princesse ; [230] prince passe une fois près
séjour de PA et regarde par serrure : la voit en tte beauté, parée, tt ému, nott par son air de
pudeur ; ose pas enfoncer la porte > pensif au château, ne peut plus se distraire ; [231]
apprend qui est PA, laide, et ne peut le croire ; sa mère lui demande son malheur : demande
que PA fasse un gâteau > elle s’exécute, bien enfermée ds sa chambrette ; [232] on dit
qu’anneau tomba par hasard ds pâte, ms pê exprès, car comme femme œil vif a pu voir prince
qui la regardait ; prince adore galette et joie de trouver émeraude avec jonc d’or ; le met son
chevet ; médecins le disent malade d’amour.
On veut le marier : seult avec celle qui pourra mettre anneau ; parents surpris ms soit
pour le guérir ; [233] > quête ds royaume, qq soit le rang ; essais d’affinage des dgts : râper,
couper, faire tomber peau avec eau ; essai par fs de moins en moins bien nées ; [234] reste
plus que PA : quoi, cette guenon ? ms dgt d’ivoire, qui va > cour surprise ; elle demande à se
changer, fait rire, ms quand paraît, [235] dames de cour bien marries ; roi, reine et princes
comblés ; mariage > rois viennent de partout : plus éclatant = père de PA, dont temps a
purifié amour > amour paternel, prince ravi de le découvrir, [236] marraine arrive et raconte
tt.
Morale = qu’enfant apprenne qu’il vaut mieux s’exposer à la peine que manquer à son
devoir, vertu infortunée tj couronnée ; raison contrôle pas amour ; beaux habits suffisent à jne
fs ; tte femelle se croit la plus belle ; conte difficile à croire, ms mémoire gardée tant
qu’enfants, mères et mères-gds.
+ 4.2.3. Les souhaits ridicules Conte, à Mlle de La C*** (1693) [237]
Fable pas contée à destinatrice si moins raisonnable ; précieuse serait horrifiée du
boudin qui ne veut que parler de cœur, ms vs qui savez si bien charmer en racontant, naïvt,
savez que manière vaut plud que matière > vs aimerez fable et moralité.
Un bûcheron était si pauvre qu’il souhaitait mourir : [238] le ciel ne l’a jamais exaucé ;
il se plaint un jour ds un bois, Jupiter apparaît foudre en main ; proteste ne rien vouloir ms
dieu lui, appitoyé, exaucer ses 3 premiers souhaits ;
revient tout gaiement sous son toit de fougère ; dit à sa f Fanchon de faire un gd feu et
lui raconte tt ; elle dit à Blaise [239] de ne rien gâter par impatience : remettre premier souhait
12
à demain ; lui, demande qu’elle aille chercher vin derrière fagot ; au coin du feu, se prend à
désirer une aune de boudin > un boudin serpente de la cheminée vers elle > l’injurie, il
reconnaît sa faute ms peste et lui souhaite que boudin pende au bout de son nez ; [240]
exaucé, ce qui gâte beauté de Fanchon, même si l’empêche au moins de parler ;
se dit qu’il pourrait être roi, ms quelle reine > en discute et, comme on préfère tj.
plaire, dernier souhait = de perdre de nez ; > bûcheron change pas d’état, [241] son faible
bonh = de remettre sa f comme elle était ; hs misérables ne doivent donc pas faire de souhait,
peu savent user des dons du ciel.
— 4.3. Histoires ou contes du temps passé (1697 ; Contes de ma mère l’Oye, 1695) [243]
+ 4.30. « À Mademoiselle » (1695, 1697) [245]
Pas étrange qu’en enfant ait eu plaisir à composer ces contes, ms étonnante hardiesse
de vous les présenter ; ms pas blâmables, renferment morale très sensée qui se révèlent +/-
selon degré de pénétration ; vaste étendue d’un esprit se voit à cette capacité de s’élever aux
grandes choses et de s’abaisser aux petites ; contes donnent image de ce qui se passe ds
famille, où impatience d’éduquer enfants fait imaginer histoire [246] sans raison, pour des
enfants qui n’en ont pas encore = aux personnes destinées à régner convient de connaître leur
peuple ; même héros de votre race ont poussé jusqu’à huttes et cabanes pour leur instruction >
vers : a choisi au mieux pour rendre vraisemblable ce que la fable a d’incroyable + jamais fée
n’a autant fait de dons que la nature à vous > respect, Darmancour.
+ 4.3.1. La belle au bois dormant Conte (1695, 1696, 1697) [247]
Roi et reine très fâchés de ne pas avoir d’enfant finissent par avoir une fille ; au
baptême, marraines = 7 fées qu’on trouva ds pays ; après, grande festivité au château, festin
où paraît vieille fée oubliée car n’est pas sortie de sa tour depuis +50 ans (> crue morte ou
enchantée) ; on ne trouve pas de couverte en or massif pour elle comme pour les autres >
grommelle de se croire méprisée = menace, entendue par jne fée, qui se cache derrière
tapisserie par crainte de mauvais don de la vieille > perler la dernière ; [248] dons des fées :
beauté, esprit, grâce, danse, musique > vieille = princesse se percerait le doigt d’un fuseau et
en mourrait > jne fée sort, et rassure tt le monde : seult profond sommeil de 100 ans au bout
desquels un fils de roi la réveillera ;
Roi fait publier édit interdisant de posséder et utiliser fuseau, sur peine de la vie ; ms
15-6 ans plus tard, roi et reine vont ds maison de plaisance et princesse, courant ds château, va
jusqu’à galetas où vieille file sa quenouille : pas entendu parler de l’édit ; curiosité de la jne
13
fille, qui prit le fuseau, vive et étourdie [249] + arrêt des fées, se perce la main et s’évanouit ;
vaines tentatives de réanimation > roi fait mettre princesse ds plus bel apt du palais, sur lit
d’or et d’argent : belle comme un ange ; bne fée ds royaume de Mataquin, ms prévenue par
nain aux bottes de 7 lieues > arrive ds chariot de feu traîné par dragons > touche de sa
baguette tt le château sf roi et reine, [250] y compris ptte chienne Pouffe sur lit avec elle >
prêts à la servir quand se réveillerait > roi et reine s’en vont et interdisent qu’on approche
château, d’ailleurs arbres et ronces poussent vit autour > seul haut des tours dépassent :
princesse à l’abri des curieux.
100 ans plus tard, fils du roi qui règne alors est d’une autre famille > demande ce que
sont tours : esprit, sorcière sabbat, galt ogre mange enfants ; vieux paysan raconte avoir
entendu sire à son père il y a plus de 50 ans [251] que princesse qui devait dormir 100 ans et
être réveillée par fils de roi à qui réservée ; prince se sent tout feu et veut voir, par amour de la
gloire ; ronces et épines s’écartent > avant-cour avec image de la mort, corps étendus, ms nez
bourgeonnés des Suisses montrent qu’endormis, monte, salle des gardes, chambres > celle
avec un lit et la princesse de 15-6 ans ; à genoux ; elle s’éveille, et lui dit qu’il s’est bien fait
attendre ; ne sait comment lui témoigner sa joie ; elle a eu plus le temps de songer à quoi dire ;
dialogue intarissable après 4h ; Palais s’éveillent, et les non amoureux meurent de faim ;
Dame d’honneur appelle pour viande princesse habillée comme ma grand-mère, avec collet
monté ; salon des miroirs, officiers de la princesse, violons et haut-bois [253] jouent
morceaux excellents d’un siècle ; grand aumônier les marie ds chapelle du château, dame
d’honneur tire le rideau ; dormirent peu ; prince retourne à la ville dès le matin, son père
l’attend ;
Dit qu’il s’est perdu et a couché ds hutte d’un charbonnier ; mère doute, et pense
amourette après 2-3 nuits dehors ; vit deux années entière avec princesse et ont 2 enfants :
fille Aurore et garçon Jour encore plus beau ; n’ose pas se confier à sa mère car de race
ogresse, épousée par le roi à cause de ses grands biens ; ;aurait même conservé inclination
d’ogresse : se retiendrait mal devant petits enfants ; [254] ms après 2 ans roi meurt et prince,
devenu maître, déclare publiquement son mariage, et va cérémonieusement chercher sa f ds
son château ;
va faire guerre à son voisin roi Cantalabutte > laisse régence à sa mère pour tout l’été ;
reine mère envoie bru et enfants ds maison de campagne, pour assouvir aisément son horrible
envie ; y va et demande à son maître d’hôtel qu’elle veut dîner le lendemain de la petite
Aurore à al sauce Robert (voix de chair fraîche) ; pauvre h va voir fille de 4 ans avec son
couteau, elle lui demande bonbon, il pleure et va égorger un petit agneau > [255] servie avec
14
si bne sauce que reine jamais mangé rien de si bon ; A cachée par femme du Maître d’hôtel ds
leur logt basse-cour ; 8 jours après reine réclame pour son souper le petit jour > MH va le
chercher, faisant du fleuret avec un gros singe, 3 ans ; la cache et sert un chevreau tendre
qu’ogresse déguste ; puis régente veut manger reine à la même sauce que ses enfants ; pb car
elle a 20 ans passés en plus des 100 ans de sommeil, peau + dure > excite sa rage et monte
couteau à la main chez elle, qui lui tend le col, croyant déjà ses enfants morts ; [256] il lui dit
tout, et donne une biche à la place ; Régente contente se prépare à dire que victimes des loups
enragés.
Régente rôdant ds cour pour chair fraîche entend fils pleurer car reine veut le faire
fouetter, et sa sœur le défendre > rage et dès le lendemain, commande au milieu cour cuve
qu’elle remplit de crapauds et de vipères > y jeter tt le monde, mains liés ; bourreaux
s’apprêtent, quand roi + tôt que prévu [257] entre ds la cour à cheval, s’informe, personne ose
répondre, ogresse en rage se jette elle-même ds cuve où dévorée ; roi fâché ms s’en console
avec f et enfants ;
On en trouve plus de femelle qui attende 100 ans tranquillement son mari ; on ne perd
rien pour attendre, nott mariage différé ; mais f aspire tant à la foi conjugale que pas le
courage de lui prêcher cette morale.
+ 4.3.2. Le petit chaperon rouge (1695) [258]
+ 4.3.3 La Barbe bleue (1695) [261]
+ 4.3.4. Le Maître chat ou Le Chat botté (1695) [267]
+ 4.3.5. Les fées (1695) [273]
+ 4.3.6. Cendrillon ou La Pantoufle de verre (1697) [278]
+ 4.3.7. Riquet à la Houppe (1697) [284]
+ 4.3.8. Le petit Poucet (1697) [290]
— 4.4. Traduction des Fables de Faërne (1699) [301]
+ 4.1 « La Femme noyée et son mari » [301]
+ 4.2. « Le Loup et la grue » [301]
+ 4.3. « Mercure » [302]
+ 4.4. « Le Jour de fête et le jour ouvrier » [302]
+ 4.5. « Les rats et le chats » [303]
+ 4.6. « Le Corbeau et le renard » [303]
+ 4.7. « Le Paysan et Jupiter » [304]
15
+ 4.8. « Le Bûcheron et Mercure » [305]
+ 4.9. « La Fourmi » [306]
+ 4.10. « Le Plongeon, le buisson et la chauve-souris » [306]
5. Poésie religieuse et didactique
— 5.1. Recueil de plusieurs hymnes (1699 ?) [308]
+ 5.1.1. « Pour le jour de Saint Gervais et de Saint Protais » [308]
+ 5.1.2. « Second hymne » [309]
+ 5.1.3. « Hymne à Laudes » [309]
+ 5.1.4. « Prose » [310]
— 5.2. Le Roseau du nouveau monde ou La Canne à sucre (1701) [313]
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RÉSUMÉ-SOMMAIRE
Charles Perrault Contes
1641-1701
1. Poésie burlesque — 1.1. Les amours de la règle et compas et ceux du soleil et de l’ombre (1637, 1641) [43] — 1.2. L’Énéide travestie (1648) [48] + 1.2.1. * « Le voyage dans l’autre monde » [48] + 1.2.2. * « La vérité sur le suicide de Didon » [49] — 1.3. Les murs de Troie ou l’origine du burlesque (1653) [52] + 1.3.1. * « Ébauche d’un serpent » [≠ Valéry, 1922] [52] + 1.3.2. * « Le maçon de lady Chatterley » [≠ D.-H. Lawrence, 1928] [53] + 1.3.3. * « Un petit Poucet avant la lettre » [55]
2. Textes précieux — 2.1. Dialogue de l’amour et de l’amitié (1660) + 2.1.0. « Lettre à Monsieur l’abbé d’Aubignac sur le Dialogue de l’amour et de l’amitié » [59] + 2.1.2. Dialogue de l’amour et de l’amitié [65] — 2.2. Le Miroir ou la métamorphose d’Orante (1661) [81]
3. Textes officiels et polémiques
— 3.1. Le Corbeau guéri par la cigogne ou l’ingrat parfait (1673) [93] — 3.2. Le Labyrinthe de Versailles (1675) [96] + 3.2.1. « Le Duc et les oiseaux » [98] […] + 3.2.38. « Les canes et le petit barbet » [111] — 3.3. La Peinture (1668) [112] — 3.4. Critique de l’opéra ou Examen de la tragédie intitulée Alceste (1674) + 3.4.0. « À Monsieur Charpentier » (1675) [129] + 3.4.1. Critique de l’opéra [135] — 3.5. Le Banquet des dieux pour la naissance de Monseigneur le duc de Bourgogne (1682) [153] — 3.6. Les Jumelles ou La métamorphose du cul d’Iris en astre (vers 1687) [165] — 3.7. *« Le Hollandais membru » in Le Parallèle des anciens et des modernes II (1690) [173]
4. Contes — 4.1. La Métamorphose d’un berger en mouton (1691) [177] — 4.2. Contes en vers (1695) [183] + 4.2.0. Préface (1695) [185] + 4.2.1 Griselidis (1691 : La Marquise de Salusses ou La Patience de Griselidis) .4.2.1.1 « À Mademoiselle » [189] . 4.2.1.2 Griselidis, nouvelle [191]
. 4.2.1.3. « À Monsieur *** en lui envoyant Griselidis »(1691) [218] + 4.2.2. Peau d’âne Conte, À Mme la marquise de L*** (fin 1693 ? 1694 ?) [221] + 4.2.3. Les souhaits ridicules Conte, à Mlle de La C*** (1693) [237] — 4.3. Histoires ou contes du temps passé (1697 ; Contes de ma mère l’Oye, 1695) [243] + 4.30. « À Mademoiselle » (1695, 1697) [245] + 4.3.1. La belle au bois dormant Conte (1695, 1696, 1697) [247] + 4.3.2. Le petit chaperon rouge (1695) [258] + 4.3.3 La Barbe bleue (1695) [261] + 4.3.4. Le Maître chat ou Le Chat botté (1695) [267] + 4.3.5. Les fées (1695) [273] + 4.3.6. Cendrillon ou La Pantoufle de verre (1697) [278] + 4.3.7. Riquet à la Houppe (1697) [284] + 4.3.8. Le petit Poucet (1697) [290]
17
— 4.4. Traduction des Fables de Faërne (1699) [301] + 4.1 « La Femme noyée et son mari » [301] + 4.2. « Le Loup et la grue » [301] + 4.3. « Mercure » [302] + 4.4. « Le Jour de fête et le jour ouvrier » [302] + 4.5. « Les rats et le chats » [303] + 4.6. « Le Corbeau et le renard » [303] + 4.7. « Le Paysan et Jupiter » [304] + 4.8. « Le Bûcheron et Mercure » [305] + 4.9. « La Fourmi » [306] + 4.10. « Le Plongeon, le buisson et la chauve-souris » [306]
5. Poésie religieuse et didactique — 5.1. Recueil de plusieurs hymnes (1699 ?) [308] + 5.1.1. « Pour le jour de Saint Gervais et de Saint Protais » [308] + 5.1.2. « Second hymne » [309] + 5.1.3. « Hymne à Laudes » [309] + 5.1.4. « Prose » [310] — 5.2. Le Roseau du nouveau monde ou La Canne à sucre (1701) [313]
18
INTRODUCTION
Charles Perrault (1728-1703)
Contes
1641-1701
I. Charles Perrault dans son siècle
— 1> La famille Perrault
+ a) Le milieu d’origine
. Père : Pierre P. (< Touraine) = avocat au Parlement de Paris (meurt 1652)
— typique d’une bourgeoisie qui s’oriente de plus en plus vers possession
d’offices plutôt qu’activité économique (aïeux sans doute marchands).
— Comme beaucoup : partagé entre fascination pour culture humaniste
(rationalité, forme de croyance au progrès) et exigence religieuse.
— Veille attentivement à l’éducation de ses enfants (fait résumer à Charles, en
latin, essentiel de ses leçons).
. Mère : Paquette Leclerc (Normande) ; certaine richesse, apparentée à des nobles =
Lhéritier de Villandon (meurt 1657) > nièce de CP. : Mlle Lhéritier (précieuse et
conteuse).
— notamment : maison de Viry
. Globalement : une certaine aisance > cf. stratégie de carrière des enfants.
+ b) Une fratrie
. b1. Importance de l’ensemble du groupe = véritable milieu (microcosme) intellectuel
et idéologique.
— Jean : né 1609 > « avocat sans cause » (Charles lui trouvera emploi quand
travaillera pour Colbert).
— Pierre : né 1611 > sa famille lui achète en 1654 (après mort du père et sans
doute avec dote de la mère) charge de receveur gal des Finances de Paris =
investissement et emplois considérables.
19
— Claude : né 1613 > médecin, physicien et architecte ; parmi premiers
académiciens des sciences 1666 ; on lui attribue l’Observatoire + projets
retenus pour colonnade du Louvre (Le Vau ? défense par Charles 1700).
— Nicolas : né 1624 > théologien, soutient sa thèse en 1648 : exclut de la
Sorbonne en 1656 < soutient Arnauld et adopte ouvertement positions
jansénistes.
. b2. François et Charles : nés 1628 ; Fr., aîné des jumeaux, meurt 6 mois après [CP.
dernier né : petit Poucet…].
— déterminant pour psychologie, voire pour œuvre de CP. Selon Soriano : cf.
tendances gales (C13)
* famille tend à souligner ressemblance (cf. évocation de ce jumeau ds
Mémoires entrepris en 1701, à 72 ans) : mort de l’un > l’autre continue à
être élevé en jumeau.
* nostalgie d’une plénitude originelle + nécessité de différenciation > lutte
pour la primauté : celle-ci bloquée en cas de décès de l’un d’eux > risque
d’étiolement, sauf si peut reformer avec un autre le couple gémellaire.
— Éclaire selon Soriano, outre certains comportements (faveur du travail à
plusieurs : collaboration et compétition + récurrence des querelles de
paternité : cf. Colonnade, Contes…) :
* thèmes : double, miroir, écho
* querelle des Anciens et des Modernes
* certaine primauté du style binaire
+ c) Famille et gémellité
. c1. À 44 ans, épouse en 1672 Marie Guichon, âgé de 18 ans > 3 garçons et sans doute
une fille :
— « Mlle Perrault » (< dédicace de Mlle Lhéritier 1693) née 1673-4, Charles
Samuel (1675), Charles (1676), Pierre (1678).
. c2. 1678 : CP reste veuf > prend direction effective de l’éducation de ses 4 enfants,
qui parviennent à l’âge des contes (4-5, 3, 2 ans, 3 mois).
— s’y adonna pê pour leur amusement et éducation.
— Intérêt réel pour questions pédagogique, et réflexion véritable [≠ seulement
idée du temps : enfant = homme en miniature] : = résurgences ds Parallèle
20
(1688-97), avec idée max. = « L’esprit de l’enfant se fortifie tj. avec l’âge »
[≠ cartésianisme : âme donnée à l’homme toute constituée, ni sensualisme
de Locke, dont idée De l’éducation des enfants modérées (trd. Fr. 1695)].
— Attention : quand apparaissent les Contes (1695) = enfants de CP. Déjà
grands >
. c3. Pierre Perrault d’’Armancour (cadet de bonne famille bourgeoise prend nom
d’une terre qui lui est offerte) [simple projet, ici].
— Tient cahiers de contes 1694 (16 ans) > Contes de ma mère l’Oye :
appropriation par son père, qui ne les reconnaîtra jamais (≠ contes en
vers)[1ère attribution : 1724]
— = recomposition euphorique du couple de jumeaux par CP. (cadet comme
double) > écrasement du fils, agressivité refoulée qui éclate ds rixe où tue
1697 Guillaume Caulle, fils du menuisier voisin : SOR. 454 = « La mort de
GC est pê l’envers des Contes de Perrault »
* conséquence = stratégie du père pour promouvoir le fils avorte (malgré
compromis obtenu par CP [paye frais de médecine et d’enterrement +
indemnité], : procès de la mère / Perrault père et fils jusqu’en 1698 > Père
achète au fils charge de lieutenant > fils part aux armées et y meurt en
1699.
* les Perrault ne produisent plus de contes…
— 2> Une carrière
+ a) Singularités d’une formation classique
. a1. Le collège de Beauvais (1636-43)
— 8 ans d’étude, àp de l’âge de 9 ans : éducation prolongeant tradition de la
ratio studiorum des collèges jésuites =
* grammaire latine (ds manuels en latin…) : prédominance du thème
* fondée sur l’enseignement des auteurs classiques (avant tout latin) [ms
philo : d’inspiration aristitélicienne : , par extraits : exemples moraux
(stoïcisme) [expurgés de tout contenus philosophiques païens + sans
contextualisation historique] > imitation, en latin (prose, et vers
qu’affectionnait partt. CP.) = constitue « une sorte d’univers fictif, à la fois
antique et rhétorique » SOR. 228.
21
* critique et inflexion de cet enseignement par Oratoriens et Jansénistes [≠
collèges de CP.] : critique / omniprésence du latin, abus / exs de mémoire,
pas d’approche des œuvres intégrales…
— Aisance et plaisir de CP. / cet enseignement traditionnaliste.
. a2. L’incident de 1643.
— CP. s’oppose à son « régent » (prof.) au cours d’une « dispute » (joute
philo : « Je prenais tant de plaisir à disputer… ») > quitte le cours pour ne
plus y revenir.
* pas < cartésianisme (Méditations 1643 ; respect ms distance / Desc., à
l’index en 1663).
* ss doute < jansénisme (cf. frère prépare doctorat de Théologie, et incline
vers Arnaud, qui vient de publier De la fréquente communion.
. a3. Le moment autodidacte (1643-1651)
— Avec son ami Beaurain = préparent seuls licences de Droit (aussi < à Ps =
seulement Théologie).
— Abordent plus directement (lectures cursives) les auteurs antiques +
quelques originalités :
* écrivains du siècle d’Auguste (Virgile, Horace, Tacite) + Tertullien :
littérature latine chrétienne, posant pb. héritage antique (= pose fondement
de la querelle A/M)
* Bible = confirme souci religieux
* Histoire de France
* Œuvres en français (Corneille)
— Docteur en droit : 1651
+ b) Opportunisme et littérature (1654-1660)
. b1. Commis ou précieux ?
— 1654 : frère Pierre receveur > prend Charles pour commis = sinécure
— Ms : receveur doit avoir train de vie correspondant à son rang > CP. chargé
d’embellir manoir de Viry + surtout de classer bibliothèque rachetée à
Germain Habert, abbé de Cerisy, membre de l’Académie fr. et auteur / La
Métamorphose des yeux de Philis en Astre.
* « au milieu de tant de beaux livres » = découverte de la préciosité
22
. b2. Les salons et Fouquet
— Fréquentation la plus prestigieuse = Fouquet, surintendant des Finances
(< relation de son frère Pierre) ; CP y a ses entrées (vers 1660).
— Salons précieux bourgeois (≠ nobles, avant la Fronde) : Madeleine de
Scudéry (y rencontre Chapelain) et autres (dont Mlle de Lhéritier)
— Sur conseil de Colbert, L XIV fait arrêter Fouquet (1661) < éclat excessif
de Vaux + malversations (ms surtout < changement de politique) ; or :
* Pierre, qui connaît Colbert depuis longtemps, a pu aider à abattre
Fouquet, puis est victime de la nouvelle politique impulsé par Fouquet
(baisse de la taille > des revenus des receveurs : Pierre la répercute pas) >
doit démissionner en 1664.
* CP. employé par Colbert dès 1661 sur recommandation de Chapelain : cf.
à lui que Colbert dicte rapport sur Fouquet ; disponible, pas marié, et
accord politique…
+ c) Le grand commis de Colbert (1663-1683)
. c1. Poste et activité
— Dans sillage de l’ascension de Colbert, ministre dès 1661 (Contrôleur gal
des Finances, siège au Conseil d’En-Haut) > attributions croissantes : peu à
peu, tout, sauf Affaires Étrangères et Guerre ; surintendant des Bâtiments
1664 : dans cette perspective, crée en 1663 « petit comité » ou « petite
Académie » (futures « Inscriptions et Belles-Lettres », dirigée par le vieux
et prestigieux poète Chapelain, qui propose Perrault comme secrétaire des
séances.
* Tendance gale de la monarchie administrative : centralisation et cumul
des fonctions > besoin de déléguer à des hommes de confiance disponibles
et qui comprennent (savent jouer des) volonté des ministres.
* Poursuit centralisation étatique des arts et des lettres fortt. impulsée sou
Richelieu : compagnie des cinq auteurs (1634), Académie française
(1635).
— En outre, a pu entendre parler des embellissements de Viry > CP aussi au
conseil des Bâtiments (premier commis 68, contrôleur 72) :
23
* 1666 = intriguera contre Le Bernin, dont plans retenus pour façade du
Louvre > retour en Italie : tournant = fin de l’âge baroque en France (>
favorise son frère Claude…)
— Activité multiforme :
* Intervient ds attribution des pensions (« gratifications »), réorganise les
Académie — notamment Académie française, où entre en 1671, chancelier
en 72 et 73 ; directeur 81 : institut° des jetons de présence, multiplication
des séances de travail, solennité et caractère public des séances de
réception…
* Profite de son pouvoir : 1671, Chapelain et CP œuvrent auprès de Colbert
pour qu’il refuse privilège à L’Art poétique de Boileau (paraît 1674 : parti
des anciens, anti-précieux…)
* Représentant de Colbert ds tous les domaines des arts, voire des sciences
(avec frère Claude) ; travaille au culte de la personnalité royale : fournit
devises pour tapisseries et monuments, revoit dédicaces et préfaces en
l’honneur du roi…
. c2. Position politique
— Outre opportunisme, conviction réelle : 20 ans de service, avec quasi
interruption de son œuvre littéraire.
— Pas de pensée politique systématique, ms une position : globalement,
ralliement de la bourgeoisie à l’absolutisme après la Fronde (rabaissement
des grands + méfiance du peuple) + modernisme et moralisme.
* certaine sympathie populaire : intervient auprès de Colbert pour ne pas
interdire jardin des Tuileries aux promeneurs, pour qu’opéras du Palais-
Royal donne aussi séances au public populaire…
* Mémoires font aussi apparaître certain cynisme politique : regrette
abaissement de la taille qui nuit à son frère (Pierre, receveur) ; référence au
panem et circenses des empereurs romains = choyer le peuple pour qu’il se
tienne tranquille.
+ d) La disgrâce de l’académicien
. d1. Les circonstances d’une éviction
— Montée en puissance de Racine et Boileau, ennemis du clan Perrault.
24
* Dans le sillage de Louvois (succède Colbert 83 ; fils de Michel le Tellier,
ministre de la guerre, qu’il assiste aux Affaires étrangères et à la Guerre, et
qui représente clan ennemi de Colbert ; importance croissante avec celles
des affaires extérieures), Mme de Montespan (favorite 1667-1675) et son
frère le duc de Vivonne (maréchal de France 1675).
* Racine et Boileau historiographes du roi 1677 ; Boileau Acad. 1684 >
dominent Académies et vie intellectuelle du pays.
— Lassitude puis mort de Colbert.
* Lassé des polémique ou CP (et ses frères) s’engage / Boileau et Racine
depuis 1667-68 (personnelles, poétiques et idéologiques) > 1680 : Colbert
commence à remplacer CP par un de ses propres fils, Dormoy > 1682 : doit
quitter administration des Bâtiments ;
* 1683 : mort de Colbert remplacé par Louvois > CP. évincé de la « petite
Académie » [Chapelain mort en 1674] : sans emploi, hormis son poste
d’Académicien, .d’où tente de reconquérir une position auprès du pouvoir.
. d2. La bataille idéologique
— Mort de la reine (1683) > L14 épouse morganatiquement Mme de
Maintenon (1684) > rigorisme religieux croissant : Affirmation du
gallicanisme (1682 « Déclaration des 4 articles »), évocation de l’édit de
Nantes (1685).
— > affirmation de la suprématie des Modernes sur les Anciens prend pour
Perrault tour religieux (chrétiens / païens) + occasion de louer siècle de
Louis XIV.
* tente fonder art moderne avec épopée chrétienne (Saint Paulin, 1686)
[≠ poésie d’aujourd’hui ne traite que « la raillerie ou l’amour » : Boileau,
Racine] et surtout, lecture à l’Académie du Siècle de Louis le Grand
(1687) : / académiciens plus jeunes, pénétrés de rationalisme cartésien
[libre examen] + stratégie : critiquer thèse moderne revient à remettre en
cause le souverain : force = aussi de soumettre le débat au jugement du
public (≠ érudits) // faiblesse = n’insiste pas d’emblée sur aspect moral +
argument du progrès implique érudition dont CP ne dispose pas.
25
* Répliques ironiques de Racine et Lafontaine [épître à l’érudit Daniel
Huet, « À Monseigneur l’évêque de Soisson »], mobilisation du « pays
latin » par Boileau > Parallèle des anciens et des modernes (1688-97) +
querelle dégénère : 1694 Satire X de Boileau contre les femmes > CP
Apologie des femmes, injurieuse > arbitrage du grand Arnaud, juste avant
sa mort (ami des deux familles, mais que Racine aide pê à négocier son
retour en Fr.), ds lettre non publiée que CP lit l’année même : excès des
deux côtés, ms surtout position contradictoire de CP. = moralisme
sourcilleux + défense de poésie galante si moderne (Quinault) [≠ satire :
pas immoral parce que parle des vices, < les critique] : repli de CP, même
si ni position moraliste ni moderniste remise en cause.
— > éclaire derniers écrits de CP. : perspective morale(relig.) et moderniste
(là où indéniable : sciences et éducation)
* Contes : de pays chrétiens, opposés aux païens.
* Textes religieux : entreprend en 1694 des Pensées chrétiennes + hymnes
en 1699. ; grande orthodoxie [≠ jansénisme passé] : écrit en 1698 à Bossuet
pour le féliciter de sa lutte contre le quiétisme.
* Poèmes courtisans vantant progrès : cf. ultime œuvre 1701 = ode / Canne
à sucre.
II. Éléments d’une œuvre
Les Contes de l’édition Soriano
Vers une poétique générale de Charles Perrault ?
— 1> La veine burlesque
+ a) Une notion féconde et problématique
. a1. Le mot
— apparaît 1594 ds La Satire Ménippée [pamphlet protestant contre la Ligue,
pendant guerres de religion]: « bourrelesque » > 1666 « burlesque » [< ital
burlesco < burla : « plaisanterie » = 1584 pour caractériser style de certains
écrivains].
26
* hypothèse : pratique ds belle demeure castillane = jets d’eau (burladores)
dissimulés ds verdure > faire jaillir subitement sous les pieds promeneurs.
. a2. La notion
— se caractérise, ds sa plus grande extension (Dominique Bertrand), par
outrance, discordance et mystification (> usage assez ouvert du terme,
jusqu’à nos jours).
* définition restreinte, par Boileau (préface du Lutrin, 1674) : burlesque =
réécriture en style bas d’une œuvre relevant du registre élevée «Didon et
Énée parlent comme des harangères et des crocheteurs ») / héroï-comique
(« burlesque ascendant ») = style élevé pour situation relevant d’un registre
bas [cf. : excès + discordance + mystification] ; CP. id. in Parallèle IV,
1692, ms àp principe plus gale = « Le burlesque est une espèce de ridicule
qui consiste ds la disconvenance de l’idée qu’on donne d’une chose d’avec
son idée véritable ».
* = jeu / hiérarchie codifiée des style tels que classicisme le reprend à
l’antiquité et le fige (≠ MA et Renaiss.) :
— Proximité et distance du « grotesque » (1532) < ital. grotesca < grotta :
dessins étranges remis à jour ds des fouilles archéologiques = difformité
risible [cf. CP. supervise construction d’une rocaille ds jardin de Viry]
* burlesque = + litt. / grotesque = + pictural et plastique
* grotesque = plus dimension monstrueuse (déformation plastique) ≠
burlesque pas tj. non plus comique (pê être grinçant, proche de l’humour
noir ; cf. CP. : « sérieux en dedans »).
* burlesque = plus relation à un modèle (même si pas systématique) >
connivence / public ;
. a3. Une vision du monde ?
— « Une machine sociocritique ambiguë » (D. Bertrand)
* Par jeu sur les registres = ébranlement des catégories sociales (rapport au
carnavalesque défini par Bakhtine : inversion haut / bas).
* Mais : à la fois mépris (lettré, bourgeois ou aristocratique) et recherche de
connivence / culture populaire de + en plus ≠te / savante.
— Une perspective religieuse et métaphysique
27
* Aspect subversif : en France, en marge de la littérature officielle que
cherche de plus en plus à instaurer l’État ( àp. Richelieu 1624-42) ; lien /
« libertins » = démystification sans limite
* > primat du moral, voire du métaphysique, sur le social : vision à distance
de l’humain, cf. dualisme cartésien corps / esprit + pessimisme chrétien
(jansénisme)
* > critique du langage et des apparences comme ne couvrant que vanité :
lien et différence / baroque (< pas de récupération métaphysique : Dieu
baroque règle scène mobile des apparences, cf. Calderon 1633 Le grand
théâtre du monde) ;
+ b) Le contexte français
. b1. Commencements
— Ouverture à la littérature européenne : cf. classicisme sera affirmation
d’une littérature nationale
* Espagne (puissance des Habsbourg, contre laquelle lutte France, cf. :
Guerre de Trente ans 1635-59 > paix des Pyrénées 1659 > mariage du futur
Louis XIV / infante Marie-Thérèse, fille de Philippe IV) : mélange des
registres pratiqué par grand poète Gongora (ex. 1624 Pyrame et Thysbé <
Ovide) + logique du rabaissement ds Don Quichotte de Cervantès (1605)
* Italie (< Renaissance + cour de France : 1610-17 régence de Marie de
Médicis, femme de Henri IV et mère de Louis XIII ; gvt. Mazarin 1643-
61) : Tassoni, La Secchia rapita (1622, Paris) [Le seau enlevé : lutte
picrocholine entre deux cités ital. ; octosyllabes, comme Gongora] ; inspire
Boileau pour Lutrin > traduite par Pierre Perrault 1678…
— En français = véritable mode (1644-70 et au-delà), inauguré surtout par
Scarron (importe et développe burlesque au théâtre àp. comedia espagnol >
impulsion décisive pour comédie de Mol. [Précieuses 1659]) : = inaugure
burlesque au sens étroit.
* 1644 Typhon ou la Gigantomachie (lutte des géants contre les dieux) et
surtout Virgile travesti 1648.
* style : syntaxe libérée, rythme prosaïque ( ?), rimes fantaisistes,
obscénités, listes (trad. MA), grande richesse lexicale (archaïsme, mots
pop., patois, mots techniques) = traits que CP. exacerbe.
28
. b2. La Fronde
— Mode = ds salons aristocratiques et bourgeois dont l’opposition à la
centralisation, voire au totalitarisme monarchique, explose sous la Fronde
(1649-53) : cf. style des « Mazarinades » [titre d’un poème de Scarron lui-
même : épopée / héros parodique accusé de vol et sodomie] > style
désavoué par Scarron 1651 car galvaudé.
— > charge, tropisme politique de ce style aux dates qui nous concernent.
. b3. Devenir
— Outre infléchissement par Boileau, persiste au sein même des salons
précieux qui se disent désormais « galants » : cf. pratique sporadique du
burlesque < raillerie fine implique ruptures stylistiques : possibilité d’un
« burlesque agréable ».
— Probablement déterminant pour lecture globale de CP. : cf. Giovanni Dotoli
(Europe 59) = « burlesque « intelligent », caché, profond » ; tj. « langue
multiple, plurielle » (Soriano).
+ c) Les trois textes de Perrault
. c1. Les amours de la règle et compas et ceux du soleil et de l’ombre (1637-1641)
— Traduction Livre VIII des Métamorphoses d’Ovide [VOIR + John Donne] ;
œuvre collective, du jeune CP avec Claude et Desmarets ; publié ds
Œuvres poétiques de Desmarets de Saint-Sorlin (porte-plume de
Richelieu ; baroque et libertin avant de devenir poète d’État [carrière de
fonctionnaire = exemplaire pour CP.], dévot sous Mazarin)
— = montre présence très précoce de cette tonalité ds la famille, avant mode :
écrit 1637 (CP a 9 ans).
* Paternité du très jeune CP. montrée entre autres, selon Soriano, par ajout
d’un couple gémellaire (scie et compas le sont pas, chez Ovide) ; jeu de
mot sur lat. perdix, perdicis > en fr. Perdix (neveu de Dédale), en tombant
devient « perdrix » < « a pris l’R »…
. c2. L’Énéide travestie(1648)
— Àp. Livre VI : le plus grave pê < passage d’Énée aux Enfers ; contemporain
de la naissance de la mode ; premier texte revendiqué par CP (ds ss
Mémoires), ms pas seul : ami Beaurain (initiative et choix du chant, ms ne
29
sait pas faire de vers) + frères (Nicolas le théologien : « pensée » des 2
vers les plus appréciés = cocher « Qui tenant l’ombre d’une brosse /
Nettoyait l’ombre d’un carrosse. » ; Claude fait seul seconde moitié du
texte).
— Position protestataire = explicite quoique ponctuelle [et texte inédit
jsuqu’en 1091] : 1648 = année où Mazarin exige que les officiers paient à
l’avance plusieurs années de « paulette » (= droit annuel payé pour
transmission des charges) > moment d’une communauté d’intérêt avec le
peuple.
* Que le bon roi ne s’en attriste / On est un peu trop janséniste / Pour avoir
un mauvais dessein / Sur la femme de son prochain. » ; optique janséniste
éclaire choix de l’épisode des enfers, montrant au mieux différence de
l’esprit chrétien / païens [déjà ds inflexion scatologique concernant la
Sybille sur son trépied : vieille femme à qui un dieu souffle au derrière >
symptôme de l’aérophagie]
* Dénonciation récurrente du « caractère italien » + deux vers explicites
barrés : « Vous trouverez des Mazarins / Plus méchants que des monstres
marins ».
— Outre éléments de ton et de style, annonce de la suite ds irruption du
registre enfantin et populaire :
*¨Cf. comptines : prophétie de la Sybille = « L’un d’eux ira vit à Rouen /
Sur la queue d’une jument / […] Ms il reviendra ds Paris / Sur la queue
d’une souris. »
. c3. Les murs de Troie ou l’origine du burlesque (1653)
— Premier texte publié par CP. (premier livre en commun avec Claude et
publié ; second de Claude reste manuscrit) : entre mazarinade déguisée et
poème de ralliement à la monarchie rétablie.
— Aspect protestataire du sujet (outre goût de la famille pour le bâtiment) :
* Développe épisode relaté brièvement ds Métamorphoses d’Ovide :
Neptune et Apollon puni par Jupiter pour avoir comploté contre lui >
envoyés aider Laomédon (fils d’Ilus > Troie = Ilion) à relever les murs de
Troye (sur terre sous noms et habits d’emprunt) ; ms ne sont pas payés >
punissent Laomédon : Apollon envoie peste, Neptune raz de marée +
30
dragon dévoreur de papier (symbole de l’écriture burlesque) : pour réparer
injure aux dieux, habitants de Troie doivent offrir au monstre Hésione, fille
de Laomédonn [ds mythe : refus d’offrir sacrifice > même plaie mais
monstre = marin > attacher fille sur rocher, délivrée par Hercule]
* Lecture possible : fronde des princes contre autorité royale + parfois
déguisement des frondeurs pour échapper au pouvoir et comploter (cf. Cal.
de Retz) ; en outre : aperçus / pauvreté, hausse des prix, peuple endetté,
rareté du travail… ;
* Suite d’une Fronde poétique contre les anciens, dont parti a gagné depuis
querelle du Cid [VOIR] :
— ridiculise dieux païens (culture humaniste et jésuite : doublement
officielle) [pulsion libertine] + critique explicitement les anciens ds
« Avis au lecteur » (= leurs expressions « ne laissent pas d’être peu
du goût de notre siècle » ; « Phébus conduit lui- ses chevaux lui-
même comme un charretier »)
— relativise grande poésie : poésie héroïque a premier rang, mais
« beau burlesque » le second.
— Mais : adoucissement de la position politiquement et poétiquement
frondeuse = position de la bourgeoisie àp. 1649 : développement excessif
de la révolte populaire qui menace de tout balayer db. de l’année >
ralliement de la bourgeoisie au pouvoir, et même appui contre seconde
Fronde, des princes.
* Dédicace des paratextes (au point que l’ensemble pê attribué au jeune
Henri de Loménie de Brienne, fils d’un secrétaire d’État et compagnon de jeu
du jeune roi) = renvoient seult à des « mazarins » cad. fidèles à la couronne.
* Scène où Apollon et Neptune lisent avis placardé par monarque
(Laomédon ?) = recrute jeunes talents pour grands travaux à venir :
exactement ce que feront frères Perrault.
* Précision de la poétique du burlesque ds « Avertissement » : distingue
bon burlesque / mauvais, qui a pu inspirer aversion et indignation aux honnêtes
gens (« ceux qui disent mal de mauvaises choses » = mazarinades : burlesque
politique) + racontera « comment Apollon apprit ds l’atelier ttes les façons de
parler les plus basses et les plus communes » > appréciées par les muses
31
enjouées qui peuvent plaire ds le monde : selon Soriano = attitude de collecte
érudite, résolument anti-populaire(GF 11) + peuple ridiculisé de façon
systématique
— 2> Les textes précieux
+ a) La préciosité : strates, facettes, nuances
. a1. Un phénomène social et historique
— Daté, avec quelques controverses : milieu 17e (1654-1661 [Antoine Adam]
/ 1643-1733 [Philippe Sellier : Anne d’Autriche > Marivaux]), et
recouvrant pour partie le baroque : second quart 17e (en France : J.
Rousset, de 1580 à 1665 — avec pré-baroque renaissant > 1625, et long
classicisme de coloration baroque ap. 1665).
* ≠ sens esthétique général, catégorie trans-historique : raffinement
exacerbé (excessif) des mœurs et des formes (> cf. préciosité chez Breton,
Aragon, Mandiargues, Gracq…) // baroque (art tourmenté jouant sur
apparences : Genet…).
— Réactivation de la tradition courtoise : exigence de raffinement des mœurs
ds société de cours qui prennent forme (9e-12e) en contrepoint du cadre
étatique royal = après guerres de religion, contre grossièreté des cours de
HIV puis LXIII, ds couches aristocratiques dont opposition à la montée de
l’absolutisme culmine avec Fronde (1649-53) > repli ds légèreté mondaine
et mystique (à l’écart de la politique).
* Particularité majeure : mouvement avant tout féminin, voire féministe =
autour de grandes dames et de leur salon, pour promotion de manières,
d’une culture et d’un statut spécifiques (cf. < idéalisation courtoise de la
Dame).
* Réflexion et revendication concernant l’amour : valeur hors mariage, par
purisme (pétrarquisant, d’inspiration chrétienne et néo-platonicienne) qui
valorise la tendre amitié, le désir, le jeu de la séduction > choix de la
chasteté, ou du libertinage (comme jeu : à l’abri de l’amour).
— Alliance de l’exigence morale et de la mondanité : cf. Saint François
de Sales, Introduction à la vie dévote, 1609 = prêche possibilité de cette
32
alliance, contre tentation libertine / ascétique (renaissance catholique, ds
sillage de la Contre-Réforme, après Concile de Trente 1535-1563).
— Les cercles précieux :
* salon de Catherine de Vivonne, marquise de Rambouillet (1620-1648)
[« L’incomparable Arthénice » < Malherbe] + = Malherbe, La
Rochefoucauld, Corneille, Mme de Sévigné et de Lafayette, et grande
aristocratie :
— ms aussi : duchesse de Montpensier (fille de Gaston d’Orléans, frère
de Louis XIII : intrigant et Frondeur) dite « Grande Mademoiselle »
* > Mlle de Scudéry (àp 1652, après Fronde) [Sapho] = salon plus
bourgeois et plus littéraire.
— beaucoup de femmes gravitent autour : cf. Mlle Lhéritier de
Villandon, qui grandit ds ombre salon Scudéry et qui en prend pour
ainsi dire succession = nièce de Perrault.
— Diffusion bourgeoise et a fortiori provinciale de ce qui devient une
mode = une des raisons (outre opposition poétique) / satire des
Précieuses ridicules par Molière (1659)
. a2. Des pratiques littéraires
— Ds salons précieux = pratiques de jeux littéraires, dont frontières poreuses
avec œuvres destinées à la publication.
* Portraits (vogue < roman de Mlle de Scudéry > pour eux-mêmes, autour
de Mlle de Montpensier) ; madrigaux (formes ital.) ; bouts-rimés (poèmes
sur rimes données : cf. Mlle Lhéritier) ; énigmes diverses (noms et portraits
codés à interpréter)
— Importance de l’univers romanesque : ds imaginaire, code linguistique et
éthique de la préciosité = roman pastoral, héroïque et galant (baroque :
longueur, complexité, invraisemblance[merveilleux]).
* Roman comme genre populaire et mondain, décrié par les doctes
(humanistes > classiques) : lointaine descendance de l’Odyssée homérique
et du roman alexandrin (Daphnis et Chloé IV, Longin) >
* roman pastoral : Virgile : Bucholiques et Georgiques > aventures
amoureuses de bergers et bergères + courtoisie médiévale (troubadours et
33
suites) : Astrée d’Honorée d’Urfée (1607-1627) [berger Céladon ;
déguisement, enchâssement, amour courtois / libertin]
* roman héroïque : élts du roman alexandrin ms surtout renouvellement par
roman de chevalerie médiéval (matière de Bretagne : légendes du Graal, cf.
Chrétien de Troyes 12e > Continuations du Graal en prose 13e) > romans
héroïques = aussi amour et voyage ms surtt gds exploits : Amadis de Gaule
de l’esp. Montalvo 1508 (trad. fr. 1540) + Roland furieux de l’Arioste,
1532 > fr. Madeleine de Scudéry, roman précieux (glisse vers
vraisemblance et analyse) : Artamène ou le Grand Cyrus, 1549-53 + Clélie,
1554-61.
— Les petits genres et leurs poètes : romans inspirent un univers et servent par
extraits ≠ genres pratiqués en société et pour elle = formes brèves, en prose
et en vers [≠ formes classiques < antiquité depuis Pléiade : élégie, ode,
encore moins épopée ou tragédie…] > formes de poésies légères, de salon,
qui traverseront le classicisme.
* De 1625 à 1648 = Vincent Voiture, à l’hôtel de Rambouillet : remet à la
mode le rondeau (avec pointe grivoise), pratique le sonnet ; àp 1640
environ = pratique de l’épître, en prose ou en vers (avec notamment
pastiche de « vieux langage » : goût moderne pour le MA) ; pratique gales
des formes néo-pétraquistes (sonnets) et satirique (épigramme)
— débuts de Chapelain (cf. petite académie de Versailles 1661) ; abbé
Cotin lance mode des énigmes (sonnet, épigramme ou madrigal
[petit poème amoureux non codifié : Ital. XVIe) ;
* àp 1648 = plutôt Benserade (poète officielle de cour : Mazarin > ballets
de cour Louis XIV jusqu’en 1669) et plus encore Sarasin (frondeur ; salon
Scudéry) > 1654 Pellisson (secrétaire de Fouquet) et Ménage.
* Veine mondaine allégée se diffuse ds livrets de Quinault.
— Poétique et stylistique : entre classicisme et baroquisme ?
* Aspiration à la pureté de la langue et au naturel de la conversation
[composante orale de cette litt. : comme contes pop.] : contre pédantisme et
affèterie, idéal d’honnêteté (La Roch. : « L’honnête homme est celui qui ne
se pique de rien ») [< Courtisan de Balthasar Castiglione 1684 + trad. et
équivalents fr. 17e— adaptation à de petits cercles dissidents ou oisifs],
34
vivacité de « l’esprit » + rigueur et pureté, « douceur » de l’expression <
Malherbe (rupture avec tradition ronsardienne, au service de la nouvelle
société de cour : purger langue / archaïsme provinciaux
[« dégasconniser »], emprunts au latin, espagnol, italien) + cf. Vaugelas
Remarques sur la langue française, 1647 : bel usage < « la plus saine partie
de la cour », ≠ mode burlesque) .
* Exigence d’ingéniosité : traits de style qui s’apparente au baroque
européen (esthétique < Contre-Réforme : réaction au protestantisme par
religion qui œuvre au travers d’une séduction sensible des fidèles).
— cf. œuvres étrangères connues en France : marinisme et
gongorisme < italien cavalier Marin, vivant à la cour de
Louis XIII, poésie de l’espagnol Gongora = culte du
concetto : image comme manière de mettre en relation des
réalités éloignées (> appel à ingéniosité) ; ms selon Rousset :
préciosité = figement de cet esprit (images plus abstraites et
minérales)
— outres alliances de mots surprenantes (ds métaphores et
comparaisons, jusqu’à l’oxymore) : pratique de l’hyperbole
[méliorative surtt/ auxèse ≠ tapinose] (« style tangentiel » >
accumulation, superlatifs, comparaisons négatives, adv. en
« -ment » et en « -able »), abstraction (du lexique et des
figures : allégorisation des sentiments).
+ b) Perrault et la préciosité
. b1 Une position ambiguë
— CP. peut se reconnaître ds préciosité comme mouvement mondain et
contemporain : virtuosité ds recherche d’un plaisir débarrassé de la tutelle
antique, loisir de groupe + part d’opportunisme.
* CP. découvre en 1654 cette littérature ds bibliothèque que vient d’acheter
son frère Pierre devenu Receveur = liée à forme de réussite sociale ; lit
notamment Métamorphose des yeux de Philis en astre, de Germain Habert,
dont bibliothèque rachetée > publie en 1659 Portrait d’Iris et Portrait de la
voix d’Iris, ds recueil réuni pour la Grande Mademoiselle.
35
* Pê séduit aussi par rigorisme moral des précieuses : cf. Ninon de Lenclos
(courtisane érudite : 1620-1705), = « Jansénistes de l’amour »
— Ms : conserve toujours position critique, « antiprécieuse », en particulier ds
évocation de l’amour et de la femme = fond gaulois et bourgeois : tradition
remontant au MA < farces, fabliaux, seconde version du Roman de la Rose,
dont première peut inspire aussi préciosité — 1230 Guillaume de Lorris
courtois ≠ 1280 Jean de Meung naturaliste.
. b2. Dialogue de l’amour et de l’amitié (1660)
— Écrit vers 1661, ds période où CP. fréquente cour de Fouquet, qui fait faire
exemplaire manuscrit de luxe ; un des rares txts de CP que Boileau
apprécie (le cite ds lettre de réconciliation 1694) ; réimprimé 17 et 18e.
— Correspond à jeu mondain typique et ds tradition courtoise (pratique du
dialogue allégorique = courante MA > Renaiss. : Débat de Folie et
d’Amour, 1555) = « question d’amour » > proposer réponse intelligentes et
spirituelle
* CP. l’évoque ds « Lettre » liminaire à l’abbé d’Aubignac : = auteur de la
Pratique du théâtre (1657) qui codifie le classicisme (vraisemblance et
unités)
— Intérêt selon Soriano = notamment inflexion par pbmatique de la
gémellité : Désir épouse Beauté > Amour, Amitié > Bonté ;
* fantasme de sœurs jumelles = d’épouser le même homme
* Désir les épouse « en même temps » > possible conceptions, voire
naissances simultanées des deux frères, Amour (aîné, qui prédomine) et
Amitié (cadet : comme CP ?) : gémellité des frères, cf. confusions
possibles.
. b3. Le Miroir ou la métamorphose d’Orante (1661)
— Ds sillage d’Ovide [cosmogonie chez lui aussi : création du monde,
Cadmus, Niobé…] ms surtout de Voiture : « métamorphose » comme genre
éphémère pratiqué par les précieux ; évoque explicitement vogue du
portrait ds salon de Mlle de Scudéry (« Sappho » : CP. 81).
* Conte de CP. le plus connu de son vivant (réimprimé 1675)
* Motif fréquent ds litt. précieuse : cf. périphrase Mol. / miroir = « le
conseiller des grâces » ; CP. lui-même vantera ds Parallèle III type de
36
concetto utilisé ici, à propos de Benserade = « donnant à entendre deux
choses à la fois, qui, belles séparément, deviennent encore plus belles étant
jointes ensemble » (portrait = vaut pour Orante comme pour miroir).
— Pbmatique gémellaire selon Soriano : cf. importance et caractère pbmatique
du « stade du miroir » (cf. Lacan) ds genèse de la subjectivité, image de soi
(jamais appréhension visuelle globale directe : construction d’une
individuation àp. du reflet)
* Orante (celui qui montre) / Caliste (la plus belle) : aîné et cadet des
jumeaux (évoqué en premier / superlatif pour les cadets) > O = moitié du S,
(comme Scarron, « andro-jatte ») : en même temps son double exacte.
* Mort de l’aîné = provoqué par le cadet, ms assumé comme culpabilité :
cf. maladie qui défigure Caliste.
— 3> La poésie officielle : un ralliement au classicisme ? + a) Un classicisme insaisissable
. a1. Historicité de la notion
— « classique » = voc. humaniste < bas lat. classicus : citoyen des classes
supérieures + (rart.) auteur qui mérite d’être enseigné ds les classes (16e :
siècle d’Auguste : Cicéron, Virgile, Horace, Tacite, Sénèque…)
* > sens actuel : auteur qui mérite de passer à la postérité < esthétique et
constitution d’un patrimoine (national) : 17e ms aussi Baudelaire, Balzac,
Flaubert, Rimbaud, Joyce, Kafka (« classique de la modernité »…) [Toursel
et Vassevière, chap. 9].
* pb. < relativité ds histoire des goûts.
— « classicisme » = mot 19e opposé par néo-classiques (fondant litt. sur
valeurs intemporelles) / romantiques (affirmant historicité des textes, voire
des valeurs) > références à une poétique française du 17e siècle (période
1661-85 [Molière, Racine, Boileau — Corneille ? Malherbe ?], ou 1635-
1715) : ordre, grandeur, raison < imitation des anciens + goût des honnêtes
gens.
* pb. < complexité historique de cet ensemble de valeurs.
. a2. Élaboration des règles
37
— a21. Prédominance du théâtre : < importance sociale du genre + surtout
caractère cardinal pour toute litt. et arts de la notion de mimèsis, dont
Poétique d’Arist. fait critère de poéticité fondant primauté de la tragédie ;
représentation d’actions plutôt que de caractères, ou qu’expression d’une
subj. (> aussi primauté du narratif / lyrique) ; constitution progressive d’un
ensemble de règles < imitation des anciens ms surtout (contre pédanterie)
jugement des « honnêtes gens » (= public mondain au départ favorable à la
tragi-comédie baroque) : règles constituent un acquis des doctes après la
Fronde, ms doivent se moduler selon le goût mondains et galant, plus libre.
* Querelle entre réguliers et irréguliers (modernistes) àp. des années 20 >
Lettre sur la règle des 24h de Chapelain (1630) = 3 unités + vraisemblance.
* Succès et scandale du Cid (1637) > id. Sentiments de l’Académie sur le
Cid, Chapelain( pèche contre vraisemblance dramaturgique et morale
[bienséance])
* 1657 Pratique du théâtre de l’abbé d’Aubignac = codification globale
commencée sous Richelieu, à sa demande.
* 1660 édition du Théâtre de Corneille = avec Discours et Examens des
pièces : défend le vrai contre le vraisemblable (tendance possible CP, ms ds
veine burlesque, et non sublime)
* 1674 Boileau publie Art poétique = plus gal
— a22. Pureté poétique
* Exigence classique formulée par Malherbe (Œuvres publiées 1630 +
Commentaires sur Desportes 1609 [héritier Pléiade]) : une des inflexions
de la Pléiade (clarté, douceur, correction : pas seulement enthousiasme et
érudition, chez Ronsard même) + accompagne formation d’une nouvelle
élite mondaine non érudite (critique d’Homère et Virgile, ms aussi
influence italienne) >
* Règles de la métrique classique : pureté de la rime, concordance mètre /
syntaxe, interdiction de l’hiatus.
* Pureté de la langue (lexique) et du style (proscrit images incohérentes +
promeut lyrisme sévère et grandiose ds poésie officielle en l’honneur
d’HIV [≠ poésie galante ultérieure])
— a23. Problème du roman
38
* Genre décrié car sans antécédent aux siècles classiques, ms grande vogue
(précieux comme peuple = Chapelain écrit De la lecture des vieux romans
1647 + livret bleu de colportage comme refuge du romanesque médiéval) :
subit après milieu du siècle inflexion classique : analyse raisonnée de
l’intériorité (inspiration janséniste + goût mondain [moderne]) +
transposition des règles théâtrales (vraisemblance et bienséances + unités)
> faveur croissante des récits brefs [> contes…] : « nouvelles »,
« histoires » > romans brefs : Princesse de Clèves 1678.
— a24. Le classicisme en équilibre :
* Façon de le comprendre : entre unification liée au centralisme étatique et
recherche de grandeur dans la glorification nationale (> sublime) / et
nécessité mondaine de la convenance du style de chaque auteur (adaptation
au public autant qu’au sujet : grâce) = entre nouvel étatisme et nouvelle
subjectivité.
a3. Littérature et grandeur nationale
— Pièces officielles de CP. = au servie de la gloire royale (proche de sa
fonction auprès de Colbert, qui n’était pas une fonction de poète).
* S’inscrit ds tradition ds tradition médiéval et renaissante du poète de cour
et du poète officiel (rhétoriqueurs > Marot, Ronsard, Malherbe,
Desportes…) : chanter gloire, hauts faits du roi (cf. Virgile / Auguste) +
être pourvoyeur des plaisirs de la cour.
* Fonction de propagande + contribution à l’éclat de la cour =
particulièrement importante ds système de Louis XIV : notamment pour
mercantilisme colbertien, qui succède à la politique des offices (= relancer
économie par développement de la production [manufactures royales :
Gobelins, Saint-Gobain…] et du commerce [expansion coloniale : ]) <
nécessité d’attirer des capitaux auquel État garantit conditions
d’investissement : > faire apparaître roi ds tt son éclat, et comme
représentant de l’intérêt national.
— Trois types de poésie à retenir : < poésie ≠ création inspirée, ms art du
discours (englobe théâtre, voire roman) permettant idéalisation civilisatrice
(par élévation et filtrage : grandeur et grâce).
39
* Poésie encomiastique (éloge d’une personne) : très pratiquée sous Henri
IV, Louis XIII, Richelieu et Mazarin (> Chapelain poète de cour) ; crise
après la Régence : devient privilège du roi seul (≠ petits genres mondains,
où éloge plus badin)
* Poésie épique : même pb. < éloignement des rêveries héroïques du public
aristocratique ; vaine recherche d’un épique moderne [> VOIR à propos de
la querelle] = entre aussi ds écriture de CP.
* Poésie didactique : sur la trace des anciens (Les travaux et les jours
d’Hésiode, De natura rerum de Lucrèce, Georgiques de Virgile…) ;
Aristote s’y oppose pourtant (cf. / philosophe Empédocle : « naturaliste
plus que poète »), ms possible de l’infléchir vers mimèsis en la
narrativisant et/ou en y introduisant descriptions (cf. 1746, Abbé Charles
Batteux, Les beaux arts réduits à un même principe = imitation de la
« belle nature ») > tendance 18e, culminant avec Jardins de Delille (1782)
ms déjà chez La Fontaine : « Disc. à Mme de le Sablière » (1678 in Fables
IX : sur l’âme des bêtes) et Poème du quinquina (1682 : récemment
introduit à la cour, et soigne fièvre > explication de celle-ci, de la
circulation du sang Harvey).
+ b) Diversité de l’inspiration officielle chez Perrault
. b1. Le Labyrinthe de Versailles (1675)
— Ensemble de bassins de Versailles dont chacune des 39 fontaines
représentent une fable d’Esope : statues en plomb (grandeur nature,
illusionniste) réalisées en 1672-73 ; écriteau en bronze doit comporter
quatrain résumant la fable = confiés au vieux Benserade (recueil avec
gravures, 1679).
— Préface en prose explique stratégie globale = trouver à chacune de ces
fables (traduite brièvement en prose) une morale galante (= concernant
l’amour : en vers) : très proche de ce que feront les Contes en prose.
* typiquement précieux : allégorisation des animaux + ingéniosité, art de la
pointe // composante burlesque : vers bâti àp d’expressions populaires, le
plus souvent implicites (cf. Soriano : « se faire son chemin », « être grue »).
40
* Croise La Fontaine et Fables choisies mises en vers (1668, I-VI) [précédé
d’une « Vie d’Œsope le phrygien »]
* Dispositif singulier croisant double tradition, dont il respecte structure tt
en proposant variante singulière (galante) : fables du grec Esope > latin
Phèdre = récit sec > morale // emblème (humaniste : Alciat) = titre à valeur
morale (sentence) > illustration > bref récit (vers latin) > long commentaire
moral (prose).
— Poésie courtisane galante, ms pas officielle à proprement parler.
. b2. . La Peinture (1668)
— Texte au service de la volonté de Colbert de mobiliser les arts — peinture
parlant particulièrement à tous — au service de la gloire royale : parmi
peintres de l’Académie Royale de Peinture (1648), débat entre partisan de
la ligne (Le Brun) [trad. florentine et romaine > Poussin] et ceux de la
couleur (Mignard) [trad. vénitienne > Rubens] + entre peinture allégorique
àp de motifs antiques (Le Brun) et peinture d’histoire contemporaine (cf.
tapisserie des Gobelins + Colbert > lettre Chapelain 1664 : résistance Le
Brun).
— Le Brun : 1663 = dirige Académie de peinture + manufacture des Gobelins
> style officiel, héritage de Raphaël et de Poussin + référence aux modèles
antiques : importance de le convaincre ; CP. prend son parti concernant la
ligne (prédominance d’une certaine abstraction) + le tance concernant le
sujet (le détourner d’un projet de cycle sur Alexandre : GF. 123).
— Contexte historique de cet appel à illustrer gloire militaire royale :
* Traité des Pyrénées / Espagne (fin G de Trente ans, 1635-1659) [GF
120] : L14 épouse infante Marie-Thérèse, fille de Philippe IV < 500 000 écus
d’or, jamais versés : elle renonce à ses dts à la succession ; ds cette guerre :
notamment bataille navale des Dunes où France a dû s’allier à l’Angleterre
pour vaincre flotte espagnole, au large du Kent (GF 121 « Elle a près la Tamise
épanché notre sang ») ; Dunkerque enlevé aux espagnols avec alliance de
l’Angleterre (1658 : autre bataille des Dunes), celle-ci exigeant que la ville lui
soit remise (< corsaire) > rachetée par L XIV et définitivement française 1662
[GF 120]
41
* Mort de Philippe IV > L14 réclame certaine province des Pays-Bas
(« droit de la reine ») et prend lui-même tête de l’armée [GF 121] > G de
Dévolution des Flandres (1667-68) : au traité d’Aix-la-Chapelle, remporte une
12aines de places, dont Lille, Tournai, Douai [GF. 122].
* Politique de prestige de Louis XIV dès son accession au trône : incident
diplomatique pour question de préséance / ambassadeur de Fr. et garde corse
du Pape > ap. 2 ans de négociations, légat du Pape vient faire excuse et
pyramide commémorative à Rome [GF 121] ; démonstration de force / empire
ottoman < pas laisser à l’empereur monopole et prestige de défendre la
chrétienté : 1664 troupes française participent à la victoire du St. Gothard
contre Turcs [GF 121 Rab = rivière d’Autriche et Hongrie ; peuples de
Phryigie = Turcs] > envisage extension de ce combat [> Egypte et
Constantinople : GF 123 = Memphis, Suze (Suez) et Byzance]
* Phase ascendant et euphorique de la politque étrangère de L XIV, qui
impose sa volonté en Europe et agrandit territoire national : > de Hollande
(1672-8, traité de Nimègue = Franche-Comté.), politique d’annexion jusqu’à
guerre contre Espagne (1683-4, trêve de Ratisbonne : Strasbourg) ; puis
compromis et défaite, perte du soutien ds population.
. b3. Le Banquet des dieux pour la naissance de Monseigneur le duc de
Bourgogne (1682)
— Au moment de la disgrâce de CP. (Boileau et Racine historiographes 1678
+ son office vendu ds conditions humiliantes) > cherche stratégie de contre-
attaque : louange / naissance du petit-fils de L14 (fils du Grand Dauphin
dont naissance saluée GF. 120) = choisit livret d’opéra, représenté à la
cour.
* roi se détache de ce genre, sous influence grandissante de Mme de
Maintenon, mais peut en avoir nostalgie (< goût passé, et pour les contes, le
merveilleux) ; le lui faire aimer < recours au burlesque et grotesque :
importance de faire sourire le roi pour lui plaire.
* recherche aussi d’une tonalité originale pour l’éloge : élément
d’autodérision < aussi victoire de Boileau, qui loue en affirmant refuser de
le faire (> prix d’une sincérité bourrue) : ds Satires et Discours au roi
(1669) = « On ne me verra pas, d’une veine forcée, / Même pour te louer,
déguiser ma pensée » > élts. d’humour et d’autodérision.
42
. b4. Le Roseau du nouveau monde ou La Canne à sucre (1701)
— Contemporain d’un renouveau commercial de la France fin 17e db. 18e
(compagnie de commerce vers Chine, Pérou) = notamment Saint-
Domingue > sucre (« terre de moscouade » ou sucre brut, pain de
cassonnade ou sucre terré) : > poème lu à l’Académie, nvelle façon de louer
règne de L. XIV = fantaisie mythologique et burlesque à but
encomiastique, prenant un sujet didactique.
* Vénus évoque sa possible naissance àp du sucre // transfo de la nymphe
d’Arcadie Syrinx en roseau < poursuivie par Pan, qui en fit une flûte.
— 4> La polémique des anciens et des modernes + a) Tradition de cette querelle
. a1. Le mot
— < lat. modernus (Ve) (// hodiernus = « d’aujourd’hui ») < adv. modo =
« récemment » > « maintenant » ; ce qui s’est passé il y a peu et qui est
encore en vigueur (glissement : récent > actuel).
. a2. L’ancrage chrétien
— distinction antiqui / moderni, pendant tt MA (depuis Pères de l’église) =
temps païens / chrétiens, séparé par Incarnation (db. d’une nouvelle ère ds
calendrier).
— Critique morale des théologiens / cet héritage (polythéisme antique liée au
goût de la jouissance et affirmation de la vie) : Augustin Ve, Tertullien IIe.
. a3. De la Renaissance italienne à l’ère des absolutismes
— Référence renaissante à l’antiquité a d’abord pu servir, en Italie, à une
critique de l’empire et de l’absolutisme :
* Les Nouvelles du Parnasse de Boccalino, 1612 : Apollon siège parmi
grands auteurs ds ts les temps, envoie ces arrêts par Mercure (> journaux
littéraires : Mercure galant fr.) = lorale de la grandeur d’âme socratique et
stoïcienne, République des lettres comme instance lucide et critique /
moment contemporain : cf. « Le Siècle » = vieillard constitué d’épaisses
couches de fard > sa vérité = squelette (hypocrisie / formes de tyrannie
rampantes : surtout monarchie universelle des Habsbourg [cf. aussi
Machiavel, Le Prince 1513])
43
— En Italie aussi, formation d’un lieu commun, de la référence antique
comme attachement nostalgique et grincheux ≠ éloge du présent comme
celui du Prince régnant :
* 1623 L’Hoggidi [Aujourd’hui] de Lancelotti = éloge du règne du pape
Urbain VIII (Bernin), // entre panégyrique du prince absolu et ode au siècle
présent > adaptation française 1641 au bénéfice de Richelieu.
* Position et carrière de Jean Desmarets de Saint-Sorlin = sera toujours un
moderne convaincu (baroque > étatique > dévot) : au service de Richelieu
àp 1634 (groupe des « cinq auteurs » que quitta vite Corneille, et qui devait
écrire pièces sur canevas du cardinal).
+ b) Perrault et la querelle
. b1. Un positionnement personnel
— CP. socialement et idéologiquement prédisposé au positionnement
moderniste : esprit d’indépendance bourgeois et janséniste / culture
humaniste (païenne) mise au service de la pompe étatique (baroque,
tridentine).
* Existence d’un courant libertin, qui s’appuie sur culture antique pour
contester prééminence de la religion : Gassendi [matérialisme], St.
Evremond [critique de la religion]) + rayonnt ds tt milieu intellectuel (très
large partie de « honnêtes gens ») où ds seconde moitié du siècle
épicurisme a pris relais du stoïcisme (cf. Molière ss doute, La Fontaine).
— CP. se lance ds la querelle au moment où sa carrière connaît une crise
majeure = perd pour ainsi dire toute position officielle > cherche moyen de
regagner faveur du roi, devenu bigot.
* Après d’autres (Chapelain, La Pucelle 1656 ; Desmaret, Clovis 1657 —
échecs, critiqués par Boileau), tente d’écrire une épopée chrétienne, avec
son merveilleux spécifique : cf. 1686 Saint Paulin, épopée chrétienne en
six chants ; préface suggère supériorité nécessaire de l’art chrétien sur le
païen (même si CP. ne donne qu’un exemple à améliorer) + suggère
écriture de la « morale indirecte » (Soriano) [> application pédagogique ds
les Contes].
. b2. Un argumentaire
— Le Siècle de Louis XIV (1687)
44
* CP. reprend argumentaire déjà en place, faisant émerger idée de progrès :
Bacon, Descartes > en particulier par relecture de l’image célèbre de Saint
Bernard (12e) = « nous sommes comme des nains assis sur les épaules de
géants » [> CP. : victoire contre les géants et ogres + valorisation des petits
derniers] ; critique de Gassendi (1658) = « [la nature] n’a pas été moins
généreuse envers nous qu’envers eux. […] Aidés de leur soutien, nous
atteindrons un jour une taille colossale. »
* CP. désacralise anciens (cf. citation du db.) > affirme supériorité des
modernes sur plan scientifique (télescope, microscope, circulation du sang)
> éloquence politique sup. des anciens due aux troubles intérieurs d’un État
divisé (démocratie et République ≠ absolutisme) > auteurs et artistes
français contemporains (opéra, Versailles) ; progrès : nature identique +
chance = permanence aussi d’une conception cyclique du temps (perfection
du sommet : L14 comme soleil > déclin) + splendeur du règne présent.
— Une victoire à long terme :
* « la dernière des ruptures mentales de la Renaissance consiste ds le
triomphe de l’adjectif moderne et ds sa connotation positive et triomphale »
(Jean-Robert Armogath)
* Sur le plan littéraire > siècle(s) suivant(s) = victoire des genres nouveaux
(précieux et mondains) : roman, contes, dialogue [déclin / tragédie, stérilité
de l’épopée]
* Sur plan des idées = victoire d’un rationalisme universaliste [≠ Anciens :
spécificité des temps] liée à l’idée de progrès : cf. œuvre de Fontenelle = ds
Digression sur les Anciens et les Modernes (1687), pose supériorité d’un
mode de pensée calqué sur la méthode géométrique, qui doit régir aussi les
Lettres ; force subversive échappant au projet encomiastique et
apologétique de Perrault, cf. : demande lieutenant police, avec appui L 14,
écrire contre superstitions populaires (= pour relig.) > Histoire des oracles
1687= peut remettre en cause la relig. (croyances pop. [comme antiques] >
relig.).
. b3. La guerre des clans : Perrault et Boileau
— Une opposition poétique ?
45
* Classicisme de Boileau = exemple des anciens comme possibilité d’un
détachement / moment contemporain, et en particulier risque
d’aveuglement et avilissement que créent société de cour et étatisme,
absolutisme monarchique : c’est l’auteur est digne de l’exemple intemporel
proposé par les anciens qu’il peut conférer l’éternité au souverain qu’il loue
et dont il relate hauts faits.
* Publie en 1674 traduction du Traité du sublime (Longin, Ve) = vraie
grandeur ds compétition avec les anciens
— Un affrontement politique et personnel :
* Issu du même milieu que CP > d’abord proche de Chapelain ms rupture
quand devient ami de Molière (parti antiprécieux) et surtt qd ne reçoit pas
de gratification, + fréquentations différentes, libertines, cercles
parlementaires et érudits (résistance à l’absolutisme et à la soc. mondaine)
> 1665 Le Chapelain décoiffé (anonyme, avec Racine…).
* Opposition personnelle / Claude Perrault, qui l’aurait mal soigné.
* > longue guerre, qui commence ds Satire IX 1667 = contre poésie
précieuse de CP. > Claude accuse Boileau de manque de respect au roi <
« Midas, le roi Midas a des oreilles d’ânes » > Boileau répand bruit que
colonnade du Louvres pas de Claude P ms de Le Vau.
+ c) Les textes
. c1. Le Corbeau guéri par la cigogne ou l’ingrat parfait (1673)
— texte se situe entre deux attaques de Boileau :
* Db. du chant IV de L’Art poétique (1674, ms ) = contre Claude
* Épigramme XXXIII (1676) : « Vous êtes, je l’avoue, ignorant médecin /
mais non pas habile architecte. »
— Première attaque en règle, par écrit, du clan Perrault contre Boileau :
octosyllabes burlesques (> Scarron, Tassoni).
. c2. Critique de l’opéra ou Examen de la tragédie intitulée Alceste (1674) + « À
Monsieur Charpentier » (1675)
— Veine galante et grand spectacle = l’emporte sur sévérité tragique ds 2e/2 du
siècle : succès max du siècle [1671 = création Académie royale de
musique] = Timocrate de Thomas Corneille, 1656 > Quinault reprend
héritage tragi-comédie + précieux.
46
— Critique écrite par Pierre et Charles P, entre première de l’Alceste de
Quinault [livret / Lulli musique](4 juillet 1674) et celle de l’Iphigénie de
Racine (18 août), à la préface duquel répond lettre à Charpentier. = 2
œuvres tirés d’Euripide.
* Alc. d’Euripide : qd son mari Admète doit mourir, Alceste accepte de se
sacrifier pour lui, ms Hercule la ramène du royaume des ombres [échange =
faveur d’Apollon / Adm. qui a offensé Artémis ; inflexion psy. d’Euripide]
> réécriture romanesque et galante de Quin. : Le triomphe d’Alcide…
* Iph. à Aulis[≠ en Tauride] : pour avoir vent qui emporte sa flotte à Troie,
Agamemnon doit leur immoler sa fille Iphigénie > l’attire en prétendant la
marier à Achille ; elle comprend et se résigne, ms Artémis la sauve en lui
substituant une biche > Rac. : met au centre amour entre Achille et
Iphigénie + surtout recourt au pers. d’Eriphile, qui aime aussi Ach., et que
finalement les Dieux réclament (< « fille du sang d’Hélène », comme Iph.).
— Critique de CP. ss doute orienté par avance contre Iph. de Racine [< lutte
pour acquérir ou défendre places auprès du roi et de Colbert] : cf. réfelxion
sur la substitution ; > préface de Racine, qui semble HS / sa pièce : pointe
une bourde de CP = attribue à Admète paroles d’Alceste : « Tout est prêt,
descends, viens, ne me retarde pas. », comme si mari pressait sa f. de
mourir pour lui > odieux, tragédie tient pas, insupportable pour nos mœurs.
* Soriano = persiflage érudit (fondé) [≠ supériorité réelle d’Euripide /
Alceste : tension tragique, + proche sensibilité Rac.] fait éluder à Racine
question de fond = relation d’une esthétique / mœurs d’un temps.
— Critique montre selon Sor. comment CP. adapte contes pop. < Alc. = fondé
sur contes pop. , pas propres à la Grèce : ds typologie des folkloristes =
Hôte masquée et Mort trompée (cf. Barbe, Chaperon)
* Loue Quin. d’avoir introduit progression dramatique : d’emblée amour
entre Hercule et Alceste ≠ long prologue d’Apollon.
* Très attaché à la convenance des émotions / statuts soc. des personnages
(inverse du burlesque) : supporte pas Hercule ivre chez Eur. / loue suivante
inconstante chez Quin..
* Rapprochement avec contes explicite ds Parallèle III (1692) : « Ds un
opéra, tt doit être extraordinaire et au-dessus de la nature. Rien ne peut être
47
trop fabuleux pour ce genre de poésie ; les contes de vieilles comme celui
de Psyché en fournissent les plus beaux sujets et donnent plus de plaisir que
les intrigues les mieux conduites et les plus régulières… »
. c3. Les Jumelles ou La métamorphose du cul d’Iris en astre (vers 1687)
— Œuvre longtemps attribuée au poète mondain Etienne Pavillon ; ms
provient du milieu des modernes :
* cf. Fontenelle : publie Entretien sur pluralité des mondes en 1686 — s’y
réfère nott. à Nostradamus (qui apparaît ici, GF 168)
* cf. Claude P. : allusion à l’Observatoire (GF 172) dont est l’architecte.
* CP lui-même : importance du télescope, lge pop. et écriture burlesque
(expression / Junon : « La Belle aux yeux de bœuf » GF 171 = critiqué ds
Parallèle III, 1692), acharnement récurrent contre Vénus (cf. réponse / jne
Racine Ode à la Nymphe de la Seine 1660 / : V « est une prostituée » ; cf.
170 / son impudicité), gémellité. ; en outre réf. à Iris : cf. bibliothèque de
Pierre 1654 avec Métamorphose des yeux d’Iris en astre de l’abbé Habert
de Cerisy > Portrait d’Iris de CP.
— > charge moderne contre dieux du Parnasse, qui se disent leur quatre vérité
* Ds phase intense de la querelle : Siècle 1687 > épigrammes de Boileau
. c4. *« Le Hollandais membru » in Le Parallèle des anciens et des modernes II (1690)
— Permet à un défenseur des modernes de poser question = sommes nous
certains de bien comprendre les Anciens > finesse d’une langue échappe tj.
aux étrangers.
* > contre ex-burlesque : jeu membre(s) = aussi thématique obsessionnellt
opposée à Boileau < « opéré de la taille » à 12 ans > incommodé : cf.
Jumelles GF 167 (Cybèle / « quelques châtrés ») + sous-titre Mère l’Oye.
— 5> Les Contes + a> Les traditions du genre narratif bref
. a1. Les fabliaux
— Récit bref en vers octosyllabiques (13-14e siècle) : réalisme, paillardise
(misogyne < clercs), scatologie, morale aléatoire + puise ds fond
folklorique ; comique bas.
48
— Registre plus élevé = lais narratifs : récit bref d’évt. inhabituel tranchant sur
le quotidien, inspiration folklorique (cf. Marie de France) ; une version de
Peau d’Âne (12e-13e) [La Manékine de Philippe de Rémi).
. a2. La nouvelle : de la Renaissance au classicisme
— genre narratif bref trouve son prestige en Italie au 14e avec Décaméron de
Boccace (1353) [cité par CP. / Grisélidis GF. 220] > fr. anonyme Cent
nouvelles nouvelles 15e (1462) > Heptaméron de Marguerite de Navarre
(1559 — composante courtoise, platonisante) = circonstances réunit
plusieurs « devisants » (peste de Florence) > divertissement et joute
spirituelle.
* En Italie, se multiplient les réécritures de contes folkloriques (> sources
de CP.) : Facétieuses nuits du vénitien Staparole (1553 > fr. 1550-72) [>
Chat botté], Conte des contes ou Pentamérone de Basile (1636 : patois
napolitain, compris pas Pierre P. ; grand seigneur lettré, disciple de Marini)
[> Peau, Fées, Belle]
* Évolution décisive : Nouvelles exemplaires de Cervantès (1613 > fr.
1615) = fait sauter récit encadrant > autonomie des récits + gain en
dramatisation et dignité stylistique.
— Le mot implique — outre source populaire orale remontant au paganisme,
renvoyant du moins à des superstitions trad. — proximité avec simple récit
oral d’un fait : outre brièveté, s’oppose au roman mais aussi au conte par
son caractère vraisemblable voire réaliste [cf. CP. la définit in GF. 185 :
préface des Contes en vers].
* db. 17e = genre des récits / horreurs des guerres de religion > avec
affirmation du classicisme, répond à l’exigence nouvelle d’unité et de
vraisemblance (> ancrage historique) : cf. Princesse de Clèves de Mme de
Lafayette 1678 = « nouvelle galante »
. a3. La Fontaine : contes et fables
— Outre poèmes pour Fouquet (Songe de Vaux, 1658) = commence par écrire
des Contes et nouvelles en vers, largement tirés de Boccace (1665-1674, 4
volumes) ; très faible place au merveilleux : plutôt réalisme pop..
49
* Licencieux, et de plus en plus libertins : mise en scène de gens d’église >
interdiction 1675 > 1693 abjure ses contes à son confesseurs (meurt 1695 ;
portant silice).
* > titre proposé par CP = contre-pieds / libertinage galant de ce partisan
des Anciens (1687) : matrone d’Éphèse citée GF 185 = ds ces contes (<
Satyricon de Pétrone).
— Fables (1668- = I-VI > 1679 VII-XI > 1693 XI) = animalières < Ésope
* CP. fait en 1696 (juste ap. Contes en vers et publication en revue de Belle
in Mercure) éloge de LF in Les hommes illustres qui ont paru en France
pendant ce siècle : reconnaît repentir ms critique contes < « trop de licence
contre la pureté », « peu de lectures plus dangereuses pour la jeunesse » ;
ms : / « Non seulement il a inventé le genre de poésie où il s’est appliqué,
mais il l’a porté à sa dernière perfection ; […] personne ne pourra jamais
avoir que la seconde place ds ce genre d’écrit. » > « ornements » / Ésope >
« malaisé de faire une lecture plus utile et plus agréable tt ensemble. »
+ b> Un ancrage précieux ?
.b1. Une vogue du grand monde
— Amour très gal pour les féeries sous le règne de LXIV, dont on disait que lui-
même avait été bercé par Peau d’Âne : cf. fêtes à Versailles (1664 Plaisirs de l’île
enchantée < L’Arioste roman) + jeu ds les salons vers 1677 (Sévigné : impro orale
de contes de fées).
— Vogue du conte de fées comme genre littéraire, contemporaine de la « seconde
préciosité » [Mlle de Scudéry et surtt après ; ≠ Rambouillet] (> s’impose,
jusqu’aux contes libertins et philosophiques du 18e ) : lancée par Madame
D’Aulnoy =
* 1690, insère ds un roman (Histoire d’Hypolite, conmte de Duglas) un conte :
L’île de la félicité > vogue max (90 titres en 20 ans) où elle est maxt. prolixe : 3
tomes de Contes de fées 1697, 3 mois après CP. [parmi lesquels : Finette-Cendron
// Cendrillon + Petit Poucet CP.]
. b2. Les conteuses
— Nombre de femmes auteurs de contes < genre peu estimé + ne nécessite pas
culture humaniste à laquelle elles avaient moins accès : genre « moderne »
et donc précieux à la fois > univers galt bien plus idéalisé chez auteurs
50
féminin + porteurs de valeurs courtoises et précieuses (≠ mysoginie trad. et
tendance burlesque chez CP.) ; .
* Femme de lettres : Marquise de Lambert, dédicataire de Peau d’âne [GF.
221] = moraliste, malebranchiste, qui accueillait ds son salon anciens et
modernes ms représentera dernier salon de la nvelle préciosité (protectrice
de Marivaux).
* Mlle Lhéritier (nièce de CP) = publie en 1695 Les enchantements de
l’éloquence : fée = Eloquentia nativa, et donne à Blanche [< parle avec une
douceur naturelle (idéal précieux)] don de produire des perles [de
rhétorique] : forme d’allégorie / style moderne…[// Les fées de CP : pê
source pop. commune plutôt qu’influence] ; est la demoiselle qui compose
madrigal fin préface Contes en vers [GF. 187-188] + propose une théorie
gale des contes = inventés par les troubadours et transmis par le peuple (dit
même avoir lu un ms médiéval ds lequel se trouvent « les originaux de
plusieurs contes défigurés impitoyablement ds des livres en papier bleu » =
métaphore / goût des précieuses pour les « vieux romans ? »)
* Mlle Bernard insère en 1696 ds roman Inès de Cordoue un Riquet à la
houppe [= allégorie de l’amour, invincible et illusion] > CP > 1706 Mlle
Lhéritier : Ricdin-Ricdon…
+ c> Des œuvres polémiques ?
. c1. Folklore chrétien contre fable païenne ?
— Vertu du peuple chrétien : cf. préface des Contes en vers = thèse majeure
de la supériorité morale des contes populaires de terre chrétienne sur les
fables païennes > choix de les donner à lire sous forme aimable (adaptée
aux enfants + qui puisse divertir les adultes — cf. sérieux apporté par les
écrivains à l’éducation des enfants < recrutement par le roi pour ses fils : ).
* en particulier après crise du printemps 1694 (arbitrage défavorable
d’Arnaud) = après avoir été débouté ds son opposition à Boileau (qu’il
accusait d’immoralité), veut reprendre flambeau de l’art moral sur terrain le
moins contestable : pédagogique.
* pas sans nuance < a jamais défendu littérature d’édification : cf. préface
du Saint Paulin (1686) = « je ne prétends pas […] réduire [ces excellents
génies] à de faire que des catéchismes en vers ou de pieuses méditations
51
[…] Il suffit que la gloire de Dieu soit le but principal de tout l’ouvrage » >
moralisation indirecte, qui peut séduire aussi public mondain.
* littérature pour la jeunesse = pas genre constitué comme tel (orale +
colportage + manuels jésuites) + sérieux < roi recrute grands écrivains et
érudits pour ses fils, petits-fils et entourage : Bossuet écrit histoire de
France pour Grand Dauphin > Fénelon précepteur écrit Télémaque 1699
pour duc de Bourgogne + LF lui dédie Fables XII 1694.
— Des misérables : 17e = période pénible, âpre pour la paysannerie, vivant ds
conditions peu ≠tes du MA (campagnes isolées, soumissions aux aléas
climatiques) + victimes d’une évolution éco qui favorisent l’État, les grands
et les officiers > pauvreté et fréquence des famines + conduites
d’opposition :
* révoltes paysannes (1625-75) + sensibilité au protestantisme et au
jansénisme, voire recrudescence de la sorcellerie (liée à misère : « religion
inversée » < aussi paganisme résiduel, à travers culte des saints) >
répression du pouvoir (procès de sorcellerie) : crédulité pop. + Contre-
Réforme.
. c2. Foi et superstition : problèmes d’une modernité
— Réticence problématique du pouvoir central / reconnaissance des
superstitions : cf. 1672 Colbert interdit aux tribunaux de reconnaître
accusation de sorcellerie / 1679 affaire des poisons (touche la cour : Mme
de Montespan, Racine… > roi finit par arrêter enquête) ; embarras,
positions partagés < récuser superstitions ss étendre soupçons aux mystères
de la foi…
* Malebranche : « c’est devant Dieu seul qu’il faut trembler » > vrais
sorciers = rares
* Fontenelle, Hist. des oracles 1686 = « Ne cherchons donc autre chose ds
les fables que l’histoire des erreurs de l’esprit humain. »
* Perrault embarrassé in Pensées chrétiennes : « on fait plusieurs contes de
sorciers qui sont faux » ms « il est certain qu’il y a des sorciers » (// La
Bruyère Caractères XIV (1688-96) : « il y a un parti un trouver contre les
âmes crédules et contre les esprits fort »)
+ d> Les mille et un contes de Perrault
52
. d1. La Métamorphose d’un berger en mouton (1691)
— publié 1757 parmi œuvres des amis de Fontenelle : Soriano l’attribue à CP
< style + th. substitution et malice des femmes (forme de pendant à
Grisélidis) ; pas publié < période : vient de répondre à Satire X contre les
femmes de Boileau, par Apologie des femmes + Grisélidis (première
publication).
. d2. Contes en vers (1695) [3 contes]
— Pas de sérieux pb d’attribution : faite lire à l’Académie Marquise de
Salusse ou Patience de Grisélidis + publication signée ds Mercure galant
1691 > idem Souhaits ridicules 1693 > copies ms anonyme Peau d’Âne :
publication groupée signée 1694.
. d3. Histoires ou contes du temps passé (1697 ; Contes de ma mère l’Oye, 1695) [8
contes]
— Circ. publication, cf. plus haut : Contes 1695 > Histoires 1697 (+ 3
histoires : Cendrillon, Riquet, Poucet)
— Malgré signature d’Armancour, attribué à CP dès son vivant par certains :
abbé Du Bos ds correspondance / Bayle.
. d4. Traduction des Fables de Faërne (1699)
— adaptation encore plus libre que « belles infidèles » en usage à l’époque : <
humaniste italien Gabriele Faerno 16e Centum fabulae ou Phaedrus alter
(1564) [quoique seult 5/100 < Phèdre ; ms élégance style] ; hypothèse Sor. =
CP commence en 1694-6 (en même temps que derniers contes), abandonné (<
difficile) > terminé après affaire Caulle, en 1697-8 ; dernière œuvre
« pédagogique » de CP..
* Reprend aussi < visite à Institut d’éducation de gentishommes pauvres, de
l’abbé Dangeau : placer en eux « semences de vertu » + encourager « esprit de
prudence »
— Ds préface = relation ambiguë / La Fontaine : dit que ne se compare pas à lui
* < « les nôtres ressemblent à un habit de bonne étoffe, bien taillée et bien
cousue ; les siennes ont quelque chose de plus, et il y ajoute une riche et fine
broderie qui en relève le prix infiniment. »
* façon pê de suggérer trop grande complexité de cette écriture pour des
enfants < apprécie « l’élégance et la simplicité du style »
53
— 6> La poésie religieuse + a> Le développement d’un genre
. Quantitativement, poésie religieuse l’emporte sur autres genres < outre religieux,
même poètes mondains finissent à un moment ou un autre par s’y adonner.
. À côté de grands poèmes mystiques, ambitieux, d’esthétique plutôt baroque (1e/2
siècle), développement d’une poésie de dévotion plus simple :
— paraphrase des psaumes : Contre-Réforme (ex. Malherbe) répond aux
huguenots du siècle précédent.
— Adaptation de poèmes liturgiques pour prière quotidienne (tj. idée de
répandre religion parmi les laïcs : vie dévote) :
* Office de la Vierge : Desmaret 1645 > Corneille (+ Imitation de JC
1656)
* Racine : Hymnes 1688 et Cantiques spirituels 1694
+ b> Le Recueil de plusieurs hymnes de Perrault
. Choix de Soriano = autour de la légende de St. Gervais et de St. Protais, martyrs < cf.
Légende dorée de Jacques de Voragine (MA 1267) > surtout Fleur des saints du jésuite
Ribadeneira (1599-1601) [> trad. fr. 1613, ms réserves de la Contre-Réforme dès 17 : une des
réf. préférées de Volt. in Dico phil 1754 pour prouver aberrations de la religion chrétienne :
convergence foi / superstition…]
— compilation mêlant histoire et légende (< populaire + zèle des
évangélisateurs des premiers siècles) : martyrs sous Néron, à Milan ; refus
de sacrifier aux dieux païens > Gervais fouetté à mort et Protais décapité ;
300 ans plus tard, sous l’empereur Valentinien et l’impératrice Justine (GF
310), ils apparaissent plusieurs fois à l’évêque St. Ambroise ds son demi-
sommeil ; la 3e, avec St. Paul > qu’il fouille sous lui > sarcophage avec
leurs corps + opuscule expliquant leurs vies et morts ; corps frai, parfum
suave ; un aveugle recouvre la vue en touchant le cercueil ; Augustin
raconte autre miracle.
— « Prose » : (ex. Stabat mater, Diaes irae…) hymne qui se chante aux
messes solennelles, après le graduel (avant évangile).
54
INTRODUCTION Charles Perrault (1628-1703)
Contes 1641-1701
I. Charles Perrault dans son siècle — 1> La famille Perrault + a) Le milieu d’origine + b) Une fratrie . b1. Les aînés . b2. François et Charles : nés 1628 + c) Famille et gémellité . c1. Mariage ; « Mlle Perrault » (< dédicace de Mlle Lhéritier 1693) née 1673-4, Charles Samuel (1675), Charles (1676), Pierre (1678).
. c2. Veuvage
. c3. Pierre Perrault d’’Armancour ; 1697 tue Guillaume Caulle, fils du menuisier voisin : SOR. 454 = « La mort de GC est pê l’envers des Contes de Perrault »
— 2> Une carrière + a) Singularités d’une formation classique . a1. Le collège de Beauvais (1636-43)
. a2. L’incident de 1643. . a3. Le moment autodidacte (1643-1651) + b) Opportunisme et littérature (1654-1660) . b1. Commis ou précieux ? manoir de Viry, Germain Habert, abbé de Cerisy : La Métamorphose des yeux de Philis en Astre. . b2. Les salons et Fouquet + c) Le grand commis de Colbert (1663-1683) . c1. Poste et activité . c2. Position politique + d) La disgrâce de l’académicien . d1. Les circonstances d’une éviction ; Racine et Boileau, Louvois (fils de Michel le Tellier) ; Dormoy . d2. La bataille idéologique ; Mme de Maintenon (1684) ; Saint Paulin, 1686), Siècle de Louis le Grand (1687) ; Lafontaine [épître à l’érudit Daniel Huet, « À Monseigneur l’évêque de Soisson »], mobilisation du « pays latin » par Boileau > CP. Parallèle des anciens et des modernes (1688-97) ; 1694 Satire X de Boileau contre les femmes > CP Apologie des femmes > grand Arnaud
II. Éléments d’une œuvre Les Contes de l’édition Soriano
Vers une poétique générale de Charles Perrault ? — 1> La veine burlesque + a) Une notion féconde et problématique
. a1. Le mot : 1594 ds La Satire Ménippée : « bourrelesque » > 1666 « burlesque » [< ital burlesco < burla : 1584 pour caractériser style de certains écrivains] ; jets d’eau (burladores)
. a2. La notion : Boileau (Lutrin, 1674) ; CP. id. in Parallèle IV, 1692 = « Le burlesque est une espèce de ridicule qui consiste ds la disconvenance de l’idée qu’on donne d’une chose d’avec son idée véritable » ; « grotesque » (1532) < ital. grotesca < grotta . a3. Une vision du monde ? + b) Le contexte français . b1. Commencements : Gongora (ex. 1624 Pyrame et Thysbé < Ovide), Don Quichotte de Cervantès (1605) ; Tassoni, La Secchia rapita (1622, Paris) ; Scarron : 1644 Typhon ou la Gigantomachie et Virgile travesti 1648 . b2. La Fronde . b3. Devenir + c) Les trois textes de Perrault
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. c1. Les amours de la règle et compas et ceux du soleil et de l’ombre (1637-1641) ; Métamorphoses d’Ovide VIII; ds Œuvres poétiques de Desmarets de Saint-Sorlin . c2. L’Énéide travestie(1648) ; VI : avec Beaurain ; + frères Nicolas =« pensée » : cocher « Qui tenant l’ombre d’une brosse / Nettoyait l’ombre d’un carrosse. » ; Claude 2e/2 ; 1648 « paulette » ; « Que le bon roi ne s’en attriste / On est un peu trop janséniste / Pour avoir un mauvais dessein / Sur la femme de son prochain. » ; « Vous trouverez des Mazarins / Plus méchants que des monstres marins » ; . Sibylle : « L’un d’eux ira vit à Rouen / Sur la queue d’une jument / […] Ms il reviendra ds Paris / Sur la queue d’une souris. » . c3. Les murs de Troie ou l’origine du burlesque (1653) ; Métamorphoses ; Laomédon (fils d’Ilus > Troie = Ilion) ; Hésione ; Henri de Loménie de Brienne — 2> Les textes précieux + a) La préciosité : strates, facettes, nuances . a1. Un phénomène social et historique
— 1654-1661 [Antoine Adam] / 1643-1733 [Philippe Sellier : Anne d’Autriche > Marivaux]) ; baroque : second quart 17e (France : J. Rousset, 1580-1665
— Saint François de Sales, Introduction à la vie dévote, 1609 ; Concile de Trente 1535-1563) — Catherine de Vivonne, marquise de Rambouillet (1620-1648) [« L’incomparable
Arthénice »] + = Malherbe, La Rochefoucauld, Corneille, Mme de Sévigné et de Lafayette ; duchesse de Montpensier (fille de Gaston d’Orléans, frère de Louis XIII : intrigant et Frondeur) dite « Grande Mademoiselle » ; Mlle de Scudéry (àp 1652, après Fronde) [Sapho] ; Mlle Lhéritier de Villandon ; Précieuses ridicules par Molière (1659)
. a2. Des pratiques littéraires — l’Odyssée homérique et roman alexandrin (Daphnis et Chloé, Longin IV) ; Virgile :
Bucholiques et Georgiques ; Astrée d’Honorée d’Urfée (1607-1627) ; Amadis de Gaule de Montalvo 1508 (trad. fr. 1540) + Roland furieux de l’Arioste, 1532 > Mlle de Scudéry : Artamène ou le Grand Cyrus, 1549-53 + Clélie, 1554-61.
— 1625 à 1648 = Vincent Voiture, à l’hôtel de Rambouillet ; Chapelain, Benserade, Sarasin > 1654 Pellisson et Ménage ; Quinault ; Malherbe ; Vaugelas Remarques sur la langue française, 1647 ; cavalier Marin+ Gongora = concetto ; « style tangentiel »
+ b) Perrault et la préciosité . b1 Une position ambiguë ; 1659 Portrait d’Iris et Portrait de la voix d’Iris ; Ninon de Lenclos (courtisane érudite : 1620-1705), = « Jansénistes de l’amour » ; Roman de la Rose 1230 Guillaume de Lorris courtois ≠ 1280 Jean de Meung naturaliste. . b2. Dialogue de l’amour et de l’amitié (1660) ; Pernette du Guillet Débat de Folie et d’Amour, 1555) . b3. Le Miroir ou la métamorphose d’Orante (1661) — 3> La poésie officielle : un ralliement au classicisme ? + a) Un classicisme insaisissable . a1. Historicité de la notion . a2. Élaboration des règles
— a21. Prédominance du théâtre : Lettre sur la règle des 24h de Chapelain (1630) ; Cid (1637) > id. Sentiments de l’Académie sur le Cid, Chapelain ; 1657 Pratique du théâtre de l’abbé d’Aubignac ; 1660 Théâtre de Corneille avec Discours et Examens ; 1674 Boileau : Art poétique
— a22. Pureté poétique : Malherbe Œuvres 1630 + Commentaires sur Desportes 1609 — a23. Problème du roman : Chapelain De la lecture des vieux romans 1647 + livret bleu de
colportage — a24. Le classicisme en équilibre
a3. Littérature et grandeur nationale ; Les travaux et les jours d’Hésiode, De natura rerum de Lucrèce, Georgiques de Virgile ; 1746, Abbé Charles Batteux, Les beaux arts réduits à un même principe = imitation de la « belle nature » ; Jardins de Delille (1782) ; La Fontaine : « Disc. à Mme de le Sablière » (1678 in Fables IX : sur l’âme des bêtes) et Poème du quinquina (1682 ; Harvey) + b) Diversité de l’inspiration officielle chez Perrault . b1. Le Labyrinthe de Versailles (1675) ; Benserade ; La Fontaine : Fables choisies mises en vers (1668, I-VI) : Esope > Phèdre > Alciat . b2. . La Peinture (1668)
* Traité des Pyrénées / Espagne (fin G de Trente ans, 1635-1659) [GF 120] : bataille navale des Dunes (GF 121 « Elle a près la Tamise épanché notre sang ») ; Dunkerque enlevé aux espagnols avec alliance de l’Angleterre (1658 : autre bataille des Dunes) > rachetée par L XIV 1662 [GF 120]
56
* Mort de Philippe IV > L14 réclame certaine province des Pays-Bas (« droit de la reine ») et prend lui-même tête de l’armée [GF 121] > G de Dévolution des Flandres (1667-68) : au traité d’Aix-la-Chapelle, remporte une 12aines de places, dont Lille, Tournai, Douai [GF. 122].
* Légat du Pape vient faire excuse et pyramide commémorative à Rome [GF 121] ; démonstration de force / empire ottoman : 1664 troupes française participent à la victoire du St. Gothard contre Turcs [GF 121 Rab = rivière d’Autriche et Hongrie ; peuples de Phryigie = Turcs] > extension de ce combat : GF 123 = Memphis, Suze (Suez) et Byzance.
. b3. Le Banquet des dieux pour la naissance de Monseigneur le duc de Bourgogne (1682) . b4. Le Roseau du nouveau monde ou La Canne à sucre (1701) ; Saint-Domingue > sucre (« terre de moscouade » ou sucre brut, pain de cassonnade ou sucre terré). — 4> La polémique des anciens et des modernes + a) Tradition de cette querelle . a1. Le mot : < lat. modernus (Ve) (// hodiernus = « d’aujourd’hui ») < adv. modo . a2. L’ancrage chrétien . a3. De la Renaissance italienne à l’ère des absolutismes : Les Nouvelles du Parnasse de Boccalino, 1612 ; 1623 L’Hoggidi [« Aujourd’hui »] de Lancelotti / Urbain VIII ; Desmarets de Saint-Sorlin + b) Perrault et la querelle . b1. Un positionnement personnel ; Chapelain, La Pucelle 1656 ; Desmaret, Clovis 1657 ; CP. 1686 Saint Paulin . b2. Un argumentaire : Le Siècle de Louis XIV (1687) : Saint Bernard (12e) = « nous sommes comme des nains assis sur les épaules de géants » ; Gassendi (1658) = « [la nature] n’a pas été moins généreuse envers nous qu’envers eux. […] Aidés de leur soutien, nous atteindrons un jour une taille colossale. » ; « la dernière des ruptures mentales de la Renaissance consiste ds le triomphe de l’adjectif moderne et ds sa connotation positive et triomphale » (Jean-Robert Armogath) ; Fontenelle , Digression sur les Anciens et les Modernes (1687), Histoire des oracles 1687 . b3. La guerre des clans : Perrault et Boileau ; Boileau 1674, traduction du Traité du sublime (Longin, Ve) ; 1665 Le Chapelain décoiffé ; Satire IX 1667 + c) Les textes . c1. Le Corbeau guéri par la cigogne ou l’ingrat parfait (1673) : db. du chant IV de L’Art poétique IV (1674) / Claude > Épigramme XXXIII (1676) : « Vous êtes, je l’avoue, ignorant médecin / mais non pas habile architecte. » . c2. Critique de l’opéra ou Examen de la tragédie intitulée Alceste (1674) + « À Monsieur Charpentier » (1675)
— Timocrate Thomas Corneille, 1656 ; — Critique entre Alceste de Quinault [Lully](4 juillet 1674) et Iphigénie de Racine (18 août) ;
Parallèle III (1692) : « Ds un opéra, tt doit être extraordinaire et au-dessus de la nature. Rien ne peut être trop fabuleux pour ce genre de poésie ; les contes de vieilles comme celui de Psyché en fournissent les plus beaux sujets et donnent plus de plaisir que les intrigues les mieux conduites et les plus régulières… »
. c3. Les Jumelles ou La métamorphose du cul d’Iris en astre (vers 1687) ; Etienne Pavillon ; Fontenelle Entretien sur pluralité des mondes 1686 . c4. *« Le Hollandais membru » in Le Parallèle des anciens et des modernes II (1690) — 5> Les contes + a> Les traditions du genre narratif bref . a1. Les fabliaux . a2. La nouvelle : de la Renaissance au classicisme ; Décaméron de Boccace (1353) [GF. 220] > Cent nouvelles nouvelles 15e (1462) > Heptaméron de Marguerite de Navarre (1559) ; Facétieuses nuits de Staparole (1553 > fr. 1550-72), Conte des contes ou Pentamérone de Basile (1636) ; Nouvelles exemplaires de Cervantès (1613 > fr. 1615) ; Princesse de Clèves de Mme de Lafayette 1678 = « nouvelle galante » . a3. La Fontaine : contes et fables ; Contes et nouvelles en vers < Boccace (1665-1674) ; matrone d’Éphèse GF 185 (< Satyricon de Pétrone) ; Fables (1668- = I-VI > 1679 VII-XI > 1693 XI) ; CP. / LF in Les hommes illustres qui ont paru en France pendant ce siècle : « trop de licence contre la pureté », « peu de lectures plus dangereuses pour la jeunesse » ; ms : « Non seulement il a inventé le genre de poésie où il s’est appliqué, mais il l’a porté à sa dernière perfection ; […] personne ne pourra jamais avoir que la seconde place ds ce genre d’écrit. » ; « malaisé de faire une lecture plus utile et plus agréable tt ensemble. » + b> Un ancrage précieux ? .b1. Une vogue du grand monde : 1664 Plaisirs de l’île enchantée ; Madame D’Aulnoy1690, insère ds Histoire d’Hypolite, conmte de Duglas conte : L’île de la félicité > Contes de fées 1697 . b2. Les conteuses : Mme de Lambert ; Mlle Lhéritier 1695 Les enchantements de l’éloquence : fée = Eloquentia nativa ; Mlle Bernard 1696 ds Inès de Cordoue un Riquet à la houppe > 1706 Mlle Lhéritier : Ricdin-Ricdon… + c> Des œuvres polémiques ? . c1. Folklore chrétien contre fable païenne ? . c2. Foi et superstition : problèmes d’une modernité
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+ d> Les mille et un contes de Perrault . d1. La Métamorphose d’un berger en mouton (1691) . d2. Contes en vers (1695) . d3. Histoires ou contes du temps passé (1697 ; Contes de ma mère l’Oye, 1695) . d4. Traduction des Fables de Faërne (1699) — 6> La poésie religieuse + a> Le développement d’un genre + b> Le Recueil de plusieurs hymnes de Perrault (1699 ?)
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LES FEMMES Charles Perrault (1728-1703)
Contes
1641-1701
— Intro. :
+ « conte de vieille » = CP. in préface CV 185 / Psyché et Cupidon d’Apulée : pose un
registre, autant qu’une thématique : récit d’imagination fait « à plaisir », sans souci de
vraisemblance ni de grandeur = ont énonciateurs et thèmes féminins (Mme d’Aulnoy = auteur
de Contes de fée 1697).
. > contenu pas sérieux d’un genre mineur (≠ grands genres classiques, ni même
modernes : rénovation de l’épopée, de l’hymne, de la tragédie par l’opéra) : gagne gravité
selon CP si préoccupation morale = présente ds ts textes que réunit Soriano (burlesques,
officiels, religieux)
— or : contenu que CP. déclare « impénétrable » = désir et découverte d’un
corps d’homme (divin) par une femme ; énigme de la sexualité et de
l’identité
+ > pb. = relation entre représentation (plurielle = aussi pbmatique) de la femme (de la
féminité) et écriture spécifique de CP. (qui le conduit à illustrer ainsi genre du conte).
. I. Détermination des pers. féminins ds logique narrative : S/O, adjuvant / opposant
. II. Positionnement des contes ds querelle des femmes : éthique, stylistique et
poétique du féminin
. III. Identité pbmatique du sujet des contes : celui dont on parle et celui qui parle
(féminisation de l’imaginaire)
— I. Protagonistes ou objets du désir ?
+ 1) Archétypes divers
. a> Désirées, désirantes
59
. b> Matrones acariâtres
+ 2) Héroïnes
. a> Vertus sacrificielles
. b> Aventurières du désir
— II. Contes et querelle des femmes
+ 1) Un défenseur ambivalent
. a> Mariages bourgeois
. b> Préciosité burlesque
+ 2) Une poétique féministe ?
. a> Modernité galante
. b> L’intime
60
— III. Une écriture des femmes ?
+ 1) Labyrinthe de l’identité
. a> Devenir femme
. b> Etre homme
+ 2) La voix des contes
. a> Mère l’Oye
. b> Mue, chevrotement
61
LES FEMMES Charles Perrault (1728-1703)
Contes
1641-1701
— I. Protagonistes ou objets du désir ?
+ 1) Archétypes divers
. a> Désirées, désirantes
. b> Matrones acariâtres
+ 2) Héroïnes
. a> Vertus sacrificielles
. b> Aventurières du désir
— II. Contes et querelle des femmes
+ 1) Un défenseur ambivalent
. a> Mariages bourgeois
. b> Préciosité burlesque
+ 2) Une poétique féministe ?
. a> Modernité galante
. b> L’intime
— III. Une écriture des femmes ?
+ 1) Labyrinthe de l’identité
. a> Devenir femme
. b> Etre homme
+ 2) La voix des contes
. a> Mère l’Oye
. b> Mue, chevrotement
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HUMOUR ET SATIRE Charles Perrault (1728-1703)
Contes
1641-1701
— Intro. :
+ Humour = notion pbmatique ici <
. Apparaît en fr. (< angl.) au 18e : < humeur antique, bizarrerie de caractère : se diffuse
en Fr. 2e/2 18e avec sens d’un esprit de distance / ordre du monde (recourt à l’absurde ;
manifeste crise du sens, remise en cause par destruction en douceur)
— moins intense que le comique, moins violent que la satire voire l’ironie ; cf.
Pascal et « rire ds l’âme » ; ms a partie liée à cette violence (cf. castigat +
Fd. : victoire du Surmoi sur le Moi (risque de mortification et mélancolie),
satisfaction de pulsions inavouables ; Bergson / rire : mécanique < implique
insensibilité).
. Tonalité nuancée (esprit particulier : cf. « sens de l’humour » < witz romantique :
mise en relation inattendue montrant perception du tout) > difficilement cernable ds ses
manifestations litt. = peut hanter ts les genres.
— Intérêt de la notion pour ns = sa « modernité » > apte à caractériser genres
non trad. = comme ceux que pratique CP. (tonalité transversale / burlesque,
poésie mondaine, opéra, contes…).
— À quoi tient cette tonalité chez CP ?
+ Satire :
. Genre litt. mieux défini — encore que sort fin 17e d’une mutation récente : origine
latine (< satura : mélange de vers) = poésie de critique (nott. / actualité) moralisatrice, entre
familiarité élégante d’Horace (> Boileau) et violence de Juvénal (> VH).
— Quels sont Os et moyens de ce « comique significatif » chez CP ?
— inflexion particulière fin 16e db. 17e = rapprochement par fausse
étymologie / satyre > veine gauloise pratiquée par les libertins (Mathurin
Régnier > inspiration Th. De Viau ; antipétrarquiste et anticourtisan —
parlementaire)
63
+ Distance et violence = en tension avec caractéristique les plus évidentes (connues) de
l’œuvre de CP. = sérieux officiel (encomiastique : pompe) ou théorique (polémique, aussi) et
merveilleux des contes de fées (ou : idéalisation précieuse).
. > double articulation :
— distance et violence (composante critique légère / forte — avec / sans O
déterminé : coloration / visée)
— composante critique / aspiration euphorique : logique de sécession /
d’adhésion
+ Pbmatique :
. Ds quelle mesure une composante critique détermine-t-elle l’écriture de CP ds les
contes que réunit Soriano ?
— Satire pê ss humour : polémique > Humour qui se garde de la satire : bon
ton, honnêteté du monde > Indécidable : modalité propre de CP, jusque ds
le merveilleux des contes.
— I. Les polémiques
+ 1) Satire politique
. a> Despotisme des grands
. b> Ridicule populaire
+ 2) Satire des mœurs
. a> Anciens et loups-garous
64
. b> Malice des femmes
— II. Le bon ton
+ 1) Ingéniosité piquante
. a) Burlesque galant
. b) Machines allégoriques
+ 2) La pompe mais l’esprit
. a> Charmes de l’opéra
. b> Grandeur des bagatelles
— III. L’indécidable
+ 1) Pensée fuyante d’un académicien
. a> Une souveraineté problématique
. b> L’impossible beauté
65
+ 2) Obscure clarté des contes
. a> Double entente
. b> Modalisation satirique
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HUMOUR ET SATIRE Charles Perrault (1728-1703)
Contes
1641-1701
— I. Les polémiques + 1) Satire politique
. a> Despotisme des grands
. b> Ridicule populaire
+ 2) Satire des mœurs
. a> Anciens et loups-garous
. b> Malice des femmes
— II. Le bon ton + 1) Ingéniosité piquante
. a) Burlesque galant
. b) Machines allégoriques
+ 2) La pompe mais l’esprit
. a> Charmes de l’opéra
. b> Grandeur des bagatelles
— III. L’indécidable
+ 1) Pensée fuyante d’un académicien
. a> Une souveraineté problématique
. b> L’impossible beauté
+ 2) Obscure clarté des contes
. a> Double entente
. b> Modalisation satirique
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LE MERVEILLEUX Charles Perrault (1728-1703)
Contes
1641-1701
— Intro. :
+ La notion :
. < lat. mirabilia [> merveille] (< V. miror : s’étonner, voir avec étonnt., admirer) :
étonnt. nuancé de crainte ou d’admiration ;
— Ds trad. litt. (roman de chevalerie) = désigne tt élt. extraordinaire qui doit
susciter l’admiration (merveille naturelle ou surnaturelle)
* > cf. au fond ds cette tradition (héroïque) : pente hyperbolique de la
préciosité < les précieuses sont des merveilleuses ; tendance à un
merveilleux par l’hyperbole et l’idéalisation (suspens de la croyance au
profot d’un jeu mondain [cf. honnêteté] + effort moral).
— cf. miracle < miraculum (< miror) : prodige, merveille, ch extraordinaire ;
champ chrétien.
+ Débats du temps : opposition entre merveilleux chrétien / païen > entre merveilleux et
sublime.
. CP. plutôt sur la ligne de Desmarets (cf. Clovis 1657 > CP. Saint Paulin 1686), qui
défend nécessaire supériorité du merveilleux chrétien / païen (pb. : vrai / faux > quel usage
litt.)
— ≠ Boileau, qui ds AP. III 1674 y voit profanation des mystères de la foi (>
ornements : « De la foi d’un chrétien les mystères terribles / D’ornements
égayés ne sont point susceptibles » [forme d’interdit / sacré]) :
* cf. critique gal du merveilleux [/ théâtre] : « Une merveille absurde est
pour moi sans appas : / L’esprit n’est point ému de ce qu’il ne croit pas. »
> merveilleux ne demande pas nécesst. croyance (adulte ≠ enfant) : suspens
de l’esprit critique.
* cf. sa défense du sublime ds recherche de ce qui caractérise les grands
genres [épopée, tragédie, voire lyrisme (trad. Traité du sublime du pseudo-
68
Longin, même année = « c’est un merveilleux qui saisit, qui frappe et qui se
fait sentir » : au-delà du beau, sentiment pas provoqué par ornements
rhétorique [≠ Cicéron et Quintilien] ms issu d’une « grande âme » et
suggéré par simplicité de paroles (cf. « Moi » de Médée, « Qu’il mourût ! »
de Horace ) [Corneille préfère le vrai au vraisemblable]
— > 18e et modernité: sublime comme ce qui excède la représentation /
merveilleux comme représentation d’un monde régi par des lois
surnaturelles (avec ce que cela peut impliquer de critique aussi de la société
réelle : cf. merveilleux surR) : cf. Todorov (ILF. 1970) / fantastique comme
hésitation entre merveilleux (explication surnat.) et étrange (nat.) >
caractérisation du surnaturel par « thèmes » spécifiques :
* du « je » : relation homme / monde = abolition de la lim. matière / esprit
> pan-déterminisme, possibles relations entre toutes choses : existence
d’êtres porteurs de pouvoirs surhumains (fées, ogres), métamorphoses,
transfo du temps et de l’espace
* du « tu » : relation d’un sujet au autres > représentation exacerbée,
superlative, du désir et de ses fantasmes : surpuissance / ascèse, inceste,
homosexualité, sadisme…
+ Pbmatique :
. Statut du merveilleux :
— entre ds plusieurs oppositions : / extraordinaire (héroïque, burlesqueà, /
vraisemblable, / sublime, païen /chrétien
— peut apparaître ds plusieurs types d’écrits, et pas seulement ds contes de
fées : burlesque, précieux, mythologiques, chrétiens…
. > Q = recherche d’une spécificité transversale du merveilleux chez CP, à travers
diversité de son écriture
— cf. spécifie le « conte » comme genre (cf. opposition / nvelle in préface
contes en vers) : présence du merveilleux > pb. de l’unité du livre GF =
quel mode de lecture, àp de ce que nous croyons centré sur contes pour
enfants ?
. > Quelle spécificité globale (fonction) du merveilleux dans la diversité des textes
composant le recueil des Contes ?
69
— I. Les excès de l’imaginaire
+ 1) Satires et merveilles
. a> Invraisemblances burlesques
. b> Dieux bouffons
+ 2) Merveilles précieuses
. a> Ornements de l’esprit
. b> Pente ascendante (ds autres textes)
+ 3) Contes et fantasmes
. a> Traditions naïves
. b> Désirs pervers
— II. Un jeu moral
+ 1) Un projet didactique
. a> Le miel et l’absinthe
. b> L’inflexion morale (à la fin)
70
+ 2) L’ombre du vraisemblable
. a> Rigueur et merveille (composition : ≠ romanesque)
. b> Modalisations
+ 3) Délassements classiques
. a> Dieux galants (Alceste)
. b> Panthéon joueur
— III. Les secrets du sublime
+ 1) L’aspiration à la grandeur
. a> Merveilles officielles (Peinture)
. b> Merveilleux chrétiens
+ 2) Troubles d’une transparence
. a> Le sang des martyrs
. b> Lettres volées (ics + impossibilité classique de dire)
71
LE MERVEILLEUX Charles Perrault (1728-1703)
Contes
1641-1701
— I. Les excès de l’imaginaire
+ 1) Satires et merveilles
. a> Invraisemblances burlesques
. b> Dieux bouffons
+ 2) Merveilles précieuses
. a> Ornements de l’esprit
. b> Pente ascendante
+ 3) Contes et fantasmes
. a> Traditions naïves
. b> Désirs pervers
— II. Un jeu moral
+ 1) Un projet didactique
. a> Le miel et l’absinthe
. b> L’inflexion morale
+ 2) L’ombre du vraisemblable
. a> Rigueur et merveille
. b> Modalisations
+ 3) Délassements classiques
. a> Dieux galants
. b> Panthéon joueur
— III. Les secrets du sublime
+ 1) L’aspiration à la grandeur
. a> Merveilles officielles
. b> Merveilleux chrétiens
+ 2) Troubles d’une transparence
. a> Le sang des martyrs
. b> Lettres volées
72
L’ART DU RÉCIT Charles Perrault (1728-1703)
Contes
1641-1701
— Intro. :
+ Récit : double caractérisation / type de texte
. Contenu : relation d’un enchaînement d’actions dont se dégage une signification
globale > cf.
— « mise en intrigue » selon Ricœur (mode d’appréhension particulier de la
réalité ≠ description, explication, expression, éloge / blâme)
— recherche d’une « grammaire du récit » = déterminer éléments et types
d’enchaînements universaux dont les combinaisons rendraient compte de tt
récit :
* cf. Morphologie du conte de V. Propp, 1928 = déterminer élts constants
ds dvlppt des récits > séquences et leurs enchaînements (manque, épreuve,
alliance, combat…) [cf. nott. présence / absence combat, épreuve]
* cf. Sémantique structurale de Greimas, 1966 = faire dériver déroulement
du récit d’un paradigme achronique : « carré sémiotique » (sujet / objet
etc.) — le temporel serait dérivé du logique, ce que conteste Ricœur, qui
fait de la mise en intrigue une exp. existentielle fondatrice.
. Modalité : distingue récit / drame < passage par un narrateur (cf. Platon et Arist. :
mimèsis ≠ diégèsis)
— cf. narratologie de Genette > relation histoire / récit / narration, point de
vue…
+ Art :
. Cf. étym. : notion de technique, de savoir faire (cf. artisanat, technique) ≠
spontanéité, inspiration (cf. / art pop. + manifestation d’un ics.)
. Valeur esthétique > relation au beau (idéal abstrait > sensible : classicisme >
adéquation à des normes raisonnables / baroque : grandeur, éclat) et à une créativité
personnelle.
73
+ Pbmatique :
. Relation singulière de CP., ds sa poétique, au récit comme tel : affinité avec le récit
comme mode d’appréhension du réel (temps, action, pers.)
. Particularité narratives des œuvres de CP. : intervention ds sa relation / traditions
(orales, pop.) et / exigences contemporaines (anciens / modernes).
. > Pourquoi et comment CP. raconte-t-il des histoires ? =
. > singulariser l’œuvre de CP. : ds son choix du récit, l’agencement de celui-ci et
parole qui le véhicule.
— I. Le choix du récit
+ 1) Récit et poésie
. a> Position générique
. b> Pente imaginaire (figuration, Histoire)
+ 2) Rhétorique du récit
. a> Ornements (récit / dialogue / lettre)
. b> Fantômes de la grandeur (épique > ptts genres)
— II. L’ordre du récit
+ 1) Schèmes imaginaires
74
. a> Morphologies des contes
. b> Préférences
+ 2) Rationalisation classique
. a> Épures des fables
. b> Beaux désordres ?
— III. Les voix du narrateur
+ 1) Sagesse ?
. a> Morales
. b> Distances (diverses, humoristiques)
+ 2) Railleries
. a> Satires
. b> Esprit
75
+ 3) Enfance
. a> Point de vue
. b> Mystères
76
L’ART DU RÉCIT Charles Perrault (1728-1703)
Contes
1641-1701
— I. Le choix du récit
+ 1) Récit et poésie
. a> Position générique
. b> Pente imaginaire
+ 2) Rhétorique du récit
. a> Ornements
. b> Fantômes de grandeur
— II. L’ordre du récit
+ 1) Schèmes imaginaires
. a> Morphologies des contes
. b> Préférences
+ 2) Rationalisation classique
. a> Épures des fables
. b> Beaux désordres ?
— III. Les voix du narrateur
+ 1) Sagesse ?
. a> Morales
. b> Distances
+ 2) Railleries
. a> Satires
. b> Esprit
+ 3) Enfance
. a> Point de vue
. b> Mystères
77
DM0
Charles Perrault (1728-1703)
Contes
1641-1701
Dans la préface de ses Contes (1665), répondant par avance aux objections qui pourraient être faites à leur immoralité, La Fontaine demande :
« mais qui ne voit que ceci est jeu, et par conséquent ne peut porter coup ? »
Dans quelle mesure cette question peut-elle éclairer la lecture des Contes de Perrault réunis par Marc Soriano ?
78
DM1 Charles Perrault (1728-1703)
Contes
1641-1701
Pour montrer la dignité morale de ses premières Fables (1668), La Fontaine ne
craint pas de renvoyer son lecteur aux Évangiles :
« s’il m’est permis de mêler ce que nous avons de plus sacré aux erreurs du
paganisme, nous voyons que la Vérité a parlé par paraboles ; et la parabole est-elle autre
chose que l’Apologue, c’est-à-dire un exemple fabuleux, et qui s’insinue avec d’autant
plus de facilité et d’effet, qu’il est plus commun et plus familier ? »
Dans quelle mesure ces considérations peuvent-elles éclairer la lecture des
Contes de Perrault réunis par Marc Soriano ?
79
DM1
Charles Perrault (1728-1703)
Contes
1641-1701
— Introduction Au livre IV de L’Émile, Rousseau adresse aux Fables de La Fontaine des critiques devenues
fameuses. Elles ne sont pas destinées aux enfants, car « il n’y en a pas un seul qui les entende ». En outre, si par malheur ils les comprenaient, « la morale en est tellement mêlée et si disproportionnée à leur âge, qu’elle les porterait plus au vice qu’à la vertu. » Ils préfèrent spontanément devenir renards que corbeaux avisés.
De son temps leur auteur, il est vrai, qui fut d’abord celui de Contes volontiers licencieux, a cru devoir renvoyer son lecteur aux Évangiles pour montrer la dignité morale de ses premières Fables : « s’il m’est permis de mêler ce que nous avons de plus sacré aux erreurs du paganisme, nous voyons que la Vérité a parlé par paraboles ; et la parabole est-elle autre chose que l’Apologue, c’est-à-dire un exemple fabuleux, et qui s’insinue avec d’autant plus de facilité et d’effet, qu’il est plus commun et plus familier ? » Dans quelle mesure ces considérations peuvent-elles éclairer la lecture des Contes de Perrault réunis par Marc Soriano ? Préférerons-nous Grisélidis au loup ?
Il s’agit de la « Vérité » la plus « sacré(e), celle que peuvent inspirer les écritures à travers les « paraboles » que proposent par moments le Christ. Elle concerne la révélation chrétienne, ainsi que les règles de vie qu’elle inspire. Or, par leur caractère figuré, les paraboles christiques rejoignent les « apologue(s) » issus du « paganisme », qu’il peut dès lors paraître légitime de mettre au goût du jour. Toutefois, la « facilité » et l’efficacité même de ces images « famili(ères) » ne risque-t-elle pas d’en dévoyer la portée morale ? Ce qui « s’insinue » de la sorte, en chacun, telle les paroles du serpent au pied de l’arbre de la connaissance, n’est-ce pas le goût d’un plaisir mystérieux plutôt que le respect de règles trop connues, trop « commun(es) » ? Partisan des Modernes et d’un art chrétien, issu d’un milieu janséniste, l’académicien Charles Perrault fut aussi courtisan, précieux et burlesque. À les lire de près, la singularité de ces Contes si fameux approfondit-elle donc la recherche d’une éthique, ou ne fait-elle de celle-ci qu’un prétexte à divertissement ? Dans quelle mesure les divers Contes de Perrault, par le recours à l’évidence d’un imaginaire, visent-ils à rendre plus accessibles et séduisantes des vérités d’ordre moral et religieux ?
[I] Si la vérité semble en suspens dans les contes de fées, elle s’affirme bien davantage dans les textes à destination d’un public adulte, que les œuvres soient officielles, précieuses ou burlesques : l’imaginaire, toutefois, tend à infléchir toute grandeur. [II] La ligne morale la plus ferme de toute l’œuvre demeure indéniablement celle d’un véritable projet apologétique, pour un renouveau littéraire national et chrétien : cela sous-tend la critique des Anciens comme les Contes de ma mère l’Oye, mais n’empêche ni l’humour ni les ambivalences. [III] Autant dire que la fermeté du programme moral laisse sa place à des représentations inavouables, et qu’ici l’honnêteté du grand siècle autorise un plaisir de lecture où la bonne intelligence des textes fasse sa part à l’indécision du sens.
— Intro. I. Qu’y a-t-il de « plus commun et de plus familier » que les Contes de Perrault ? Mais qui, à part quelques spécialistes, connaît son opéra Le Banquet des dieux pour la naissance de Monseigneur le Duc de Bourgogne ? Ou ses hymnes ? Les fables enfantines, moments tardifs dans la carrière de leur auteur, n’en révèlent qu’un aspect, quoique fondamental sans doute. Mais la morale que nous cherchons à travers leur énigmatique transparence s’affiche sans détour dans des textes officiels et religieux (11), précieux (12) ou polémiques (13).
— Trans. I-II. [I] L’imaginaire, et dès lors l’enfance, peut-être, hante chez Perrault la défense et illustration des « Vérités » les « plus sacré(es) ». Si la religion tourne à l’ascèse du verbe (11), les jeux précieux rendent l’amour le plus galant, et même Versailles, plaisant, voire drôle (12), et, en matière politique, le moralisme prend les dehors les plus burlesques (13). [II] Il se confirme ainsi, toutefois, qu’une orientation moralisante structure l’ensemble de l’œuvre. C’est en tant qu’éducateur chrétien que Perrault dénonce certaines fables antiques et entreprend de puiser dans la tradition nationale (21). C’est en tant qu’honnête homme du siècle de Louis-le-Grand qu’il dénonce l’inconvenance de certaines œuvres antiques, dont l’adaptation doit obéir aux convenances de son
80
temps (22). Mais comment, dès lors, peut-il infléchir de la sorte l’encomiastique vers le burlesque, et pourquoi ces discordances stylistiques dans des contes annoncés comme éducatifs ? (23)
— Trans. II-III. [II] Le discours de Perrault se révèle parfois fort peu « insinu(ant) », et pourtant son
œuvre ne se réduit pas à des « parabole(s) » idéologiques. Il affiche la nécessité d’une réforme chrétienne des « contes de vieilles » (21), proclame la supériorité de l’esthétique galante sur les excès tragiques transmis par l’antiquité, liés aux « erreurs du paganisme » (22). Mais la pompe, chez lui, glisse vers la farce, et l’histoire édifiante réclame esprit et distance (23). [III] Est-ce à dire que l’écriture des Contes déborde leur projet moral ? Toujours est-il qu’ici les fables enfantines ne rechignent guère faire miroiter désir et cruauté, suggérant, pour reprendre l’expression de Freud, « l’inquiétante étrangeté » du « plus commun » et du « plus familier » (31). L’élaboration morale, quant à elle, peut tendre à la résignation, ou mystérieusement disparaître dans le Labyrinthe « fabuleux » d’un art (32).
— Concl. III. L’éthique se disjoint mal de l’imaginaire. La liberté fantasmatique peut apparaître
comme le moyen d’une construction morale, puisque dans ses œuvres les moins assujetties aux canons académiques, Perrault montre la bestialité, le goût de la chair et du sang, pour avertir des dangers de l’amour et laisser espérer en une victoire des petits (31). Mais le discours moral lui-même autorise peu d’initiative individuelle, voire semble ne trouver sa voie qu’en une pluralité évasive (32).
— Conclusion. À travers ses contes les plus divers, Perrault cherche indéniablement à illustrer une morale.
Mais son parcours est accidenté, et la teneur de celle-ci demeure problématique. La liberté imaginaire permise par le genre du conte nous laisse des histoires à interpréter. Où réside leur « facilité », leur « effet » ? Elles permettent sans doute à la recherche d’une éthique de montrer son intensité, mais aussi, au fil des ans, sa complexité voire son nécessaire inachèvement.
En effet […] Quelle serait donc la « Vérité » des contes ? Ils nouent les exigences, sociales, d’un temps et
celles, intimes, d’un sujet. Si les Contes de ma mère l’Oye nous touchent encore d’avantage que La Métamorphose d’Orante, c’est peut-être parce que le suspens de leur interprétation ne tient pas à la seule politesse de l’honnête homme. L’étymologie, rappelle Benveniste, rapproche le « sacré » de l’interdit : sacer n’est pas sanctus. Or, la contradiction entre diverses morales, toutes également conventionnelles, entre un style classique et des images parfois brutales, suggère que le secret singulier de telles histoires tient à ce lien fragile de l’intime et du collectif : est-ce là « ce que nous avons de plus sacré » ?
81
DM1 Charles Perrault (1728-1703)
Contes
1641-1701
Problématique : Dans quelle mesure les divers Contes de Charles Perrault, par le
recours à l’évidence d’un imaginaire, visent-ils à rendre plus accessibles et séduisantes
des vérités d’ordre moral et religieux ?
— I. L’inflexion de la grandeur
+ 1) Pompe et vérité
. a> Poésie officielle
. b> Poésie religieuse
+ 2) Les jeux du monde
. a> Paraboles précieuses
. b> Apologues versaillais
+ 3) L’imaginaire polémique
. a> Burlesque politique
. b> Rigorisme burlesque
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— II. Un projet apologétique + 1) Moralisme et modernité
. a> De l’immoralité des fables antiques
. b> Un prêche conservateur
+ 2) Les contes et les mœurs
. a> Alceste contre Iphigénie
. b> Miroirs conemporains
+ 3) Ambivalences d’un style
. a> Opéra-bouffe
. b> Le double langage des chefs-d’œuvre
— III. Une morale évasive
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+ 1) Les scènes d’avant les mots
. a> Désir
. b> Crauté
+ 2) Impossibles leçons ?
. a> Édifier au plus bas
. b> Déductions abyssales
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DM1 Charles Perrault (1728-1703)
Contes
1641-1701
Problématique : Dans quelle mesure les divers Contes de Charles Perrault, par le recours à l’évidence d’un imaginaire, visent-ils à rendre plus accessibles et séduisantes des vérités d’ordre moral et religieux ?
— I. L’inflexion de la grandeur + 1) Pompe et vérité . a> Poésie officielle . b> Poésie religieuse + 2) Les jeux du monde . a> Paraboles précieuses . b> Apologues versaillais + 3) L’imaginaire polémique . a> Burlesque politique . b> Rigorisme burlesque — II. Un projet apologétique + 1) Moralisme et modernité . a> De l’immoralité des fables antiques . b> Un éducateur chrétien + 2) Les contes et les mœurs . a> Alceste contre Iphigénie . b> Miroirs contemporains + 3) Ambivalences d’un style . a> Opéra-bouffe . b> Le double langage des chefs-d’œuvre — III. Une morale évasive + 1) Les scènes d’avant les mots . a> Désir . b> Cruauté + 2) Impossibles leçons ? . a> Édifier au plus bas . b> Déductions abyssales
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DS2
Charles Perrault (1728-1703) Contes
1641-1701
« Le conte demande […] de consentir ponctuellement à une illusion dont on n’est pas
dupe, de jouer à être ce lecteur qu’on n’est pas, tout comme le conteur n’est pas
l’auteur de l’histoire qu’il rapporte, ni même un simple narrateur. La saveur du texte
tient à ce double décalage […] »
Dans quelle mesure ces considérations de Marc Escola, dans son commentaire des
Contes de Charles Perrault (« Foliothèque » » n° 131, octobre 2005), vous semblent-elles
pouvoir éclairer la lecture de l’ensemble des textes réunis par Marc Soriano ?
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DS2 Charles Perrault (1728-1703)
Contes
1641-1701
« Le conte demande […] de consentir ponctuellement à une illusion dont on n’est pas
dupe, de jouer à être ce lecteur qu’on n’est pas, tout comme le conteur n’est pas
l’auteur de l’histoire qu’il rapporte, ni même un simple narrateur. La saveur du texte
tient à ce double décalage […] »
— Intro
+ Attaque :
+ Analyse :
+ Pbmatique :
Dans quelle mesure les Contes de Perrault réunis par Marc Soriano visent-ils un plaisir
d’écriture et de lecture qui relève avant tout d’un exercice de lucidité ?
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— I. Des contes sans illusion : une autorité morale
+ 1) Foi et dénuement
. a> Consentir au merveilleux chrétien
. b> Griselidis ou la vraisemblance du sacrifice
+ 2) Un moralisme moderne ?
. a> De l’inconvenance antique (à la propagande absolutiste)
. b> Un projet pédagogique
. c> Le conte et l’opéra : le choix du plaisir
— II. Jouer à croire : une morale mondaine
+ 1) L’abstraction allégorique
. a> La fable détournée : mythe et burlesque
. b> La fable sublimée : l’esprit précieux
+ 2) Le jeu du conte
. a> Jouer la morale : autorité et complicité
. b> Polyphonies narratives
. c> Vraisemblance et merveilleux
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— III. Derrière le miroir : saveurs de l’illusion
+ 1) Plaisirs de l’invraisemblance
. a> Le rire : satire et burlesque
. b> La merveille : le romanesque galant
+ 2) Sens des silences
. a> La constellation gémellaire
. b> Devenir soi : le tragique en abyme