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2e Trimestre 2013

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S O M M A I R E

Ministry®, Revue internationale pour les pasteurs12501 Old Columbia Pike, Silver Spring, MD 20904-6600 U.S.A.

[email protected]

Rédacteur en chef : Derek J. MorrisRédacteur adjoint : Willie E. Hucks II

Rédacteur de l’édition en français :Bernard Sauvagnat

Secrétaire de rédaction : Sheryl BeckResponsable des financiers et de fabrication : John Feezer IVConseillers internationaux : Mario Brito, L. Chansanga Colney, Michael Kaminsky, Janos Kovacs-Biro, Armando Miranda, Rudatinya Mwangachuchu, Daniel Opoku-Boa-teng, Jongimpi Papu, Bruno Raso, Ángel M. Rodríguez, Héctor Sánchez, Houtman Si-naga, David Tasker, Ivan L. Williams, Ted N.C. Wilson.Publicité : Cheri Gatton ; [email protected]; +1 208 965-0157Abonnements et changements d’[email protected]; +1 301-680-6508; +1 301-680-6502 (fax)Couverture, maquette & corrections : Dominique Gilson - FranceTarif : 4 numéros pour le monde entier : 10 US$. Pour commander, envoyer nom, adresseet règlement à Ministry® Subscriptions, 12501 Old Columbia Pike, Silver Spring, MD 20904-6600 U.S.A.Articles : Nous accueillons les articles non sollicités. Avant de soumettre un article, mercide consulter les consignes de rédaction sur www.ministrymagazine.org. Merci d’envoyervos textes par courrier électronique à : [email protected] ou à[email protected]

Ministry® est publié chaque mois depuis 1928 par l’Association pastorale de la Confé-rence générale des adventistes du septième jour®

Secrétaire : Jerry N. PageAdjoints : Jonas Arrais, Robert Costa, Willie E. Hucks II, Anthony Kent, Derek J. Morris,Janet Page.Centre de ressources pastorales Coordinatrice : Cathy Payne 888-771-0738, (téléphone) +1 301-680-6508;www.ministerialassociation.com

Imprimé par la Pacific Press® Pub. Assn., 1350 N. Kings Road, Nampa,ID 83687-3193. Port payé à Nampa, Idaho (ISSN 1947-5829).

Membre d’Associated Church Press. Adventiste®, Adventiste du septième jour®, et Ministry® sont des marques déposées deGeneral Conference Corporation of Seventh-day Adventists®.

Volume 5 Numéro 2 © 2013 - IMPRIMÉ AUX ÉTATS-UNIS.

4 Une herméneutique centréesur Christ :perspectives et défispour une herméneutiquebiblique adventiste

F r a n k M . H a s e l

10 Créer un climat propiceà la découverte de la vérité :une perspective pourle développement doctrinal.

R e i n d e r B r u i n s m a

14 N’obtenir rien d’autreque des B !

M i c h a e l H a l f h i l l

18 La tyranniedu frère faible

L o r e n S e i b o l d

22 Le problèmedu prédicateur

C h a r l e s W e s l e y K n i g h t

M I N I S T R Y ® 2 ‡ ‡ 2 E T R I M E S T R E 2 0 1 3 ][

3 ÉDITORIAL

9, 21 RÉVEIL ET RÉFORME

17 NOUVELLES

26 Le facteur motivation :pourquoi les gens fontce qu’ils font ?

S k i p B e l l

25 LIVRE

31 COURRIER DU LECTEUR

Co-Animateurs :Anthony Kent et Derek Morriswww.MinistryinMotion.tv

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É D I T O R I A L | W I L L I E E . H U C K S I I

J'ai toujours eu une certaine antipathieenvers les résolutions, car avant quel'année ne tire à sa fin, la plupart

d'entre elles finissent par échouer. J’ai denobles intentions, mais trop souvent, leschoses de la vie – aussi nécessaires etpratiques qu’elles soient - interrompentmes meilleurs plans.

En dépit de cette aversion, j’ai commencél’année 2013 avec la volonté de m’attaquerà une série d'objectifs – sept en tout – quientrent tous dans une même catégorie gé-nérale. Au début de cette année, monobjectif était de modeler ma vie selon lavolonté du Christ, telle qu’elle est révélée àtravers sa vie et ses enseignements. Si jesuis vivant en 2014, et si Jésus n'est pasencore revenu, les sept points qui suiventexpriment l'amélioration, dirigée par l’Esprit,que je souhaite réaliser dans ma vie aucours des 365 prochains jours. Ainsi, renduau quart du chemin de cette année, jeveux prendre le temps d'évaluer mes progrèsen ce sens.

Je veux toujours commencer mes jour-nées en passant du temps dans la prière(Marc 1.35). C’est à peine un secret entrenous : même si, en tant que pasteur, nousnous occupons quotidiennement de ce quiest «saint», certains d’entre nous luttenttoujours pour trouver un temps de prière si-gnificatif et bénéfique. Nous ne sommespas des hypocrites – priant dans le cadredu travail professionnel et ignorant la puis-sance de la prière lorsque personne nenous voit. Au contraire, nous sommes souventtellement occupés à répondre aux besoinsdes membres d’Église et à traiter les affairesde l’Église que, petit à petit et de manièreimperceptible, nous négligeons notre proprebien-être.

Presque tous les matins, au réveil, je vaisdans mon bureau et, après avoir loué etadoré Dieu, je prie pour tout ce qui est surma liste de préoccupations, une liste quis’allonge constamment : moi-même, mafamille, mes collègues proches et éloignés,les questions pressantes, etc. Toutefois, dansma hâte à vouloir m’occuper des questions

personnelles et professionnelles qui pa-raissent urgentes, il m’arrive de limiter letemps que je donne à Dieu. Je désire quema vie de prière soit semblable à celle duChrist.

Je veux toujours faire face aux combatsde la vie avec la Parole de Dieu (Matthieu4.4, 7, 10). J’obtiens mes plus grandes vic-toires quand je me suis enrichi dans untemps de qualité passé à l'étude personnellede la Bible. Je peux facilement me rappelerles décisions insensées que j’ai prises àcause de ma négligence dans ce domaine.

Mais j'ai également découvert que lesréponses à certaines de mes situations dif-ficiles viennent en réfléchissant aux expé-riences de vie de personnages bibliques,faibles et vulnérables tout comme moi. Enétudiant la vie de ces personnes, j'ai acquisune sagesse que j'ai pu non seulementm’approprier au cours de mon pèlerinagespirituel, mais aussi transmettre à mes en-fants et à d'autres personnes qui cherchaientcette sagesse. Comme le fit Jésus dans ledésert, je veux diriger ma vie avec un« Il estécrit».

Je veux connaître Dieu personnellement(Jean 17.3). Chaque semaine qui passe,ma femme et moi apprenons des chosesl’un de l’autre que nous ignorions auparavant–après plus de 25 ans de mariage. Unetelle expérience renforce notre amour et lerespect que nous avons l’un envers l’autre.

La prière et l'étude de la Bible me per-mettent de mieux comprendre Dieu. D’unemanière spéciale, pour le reste de l'année2013, je désire mieux comprendre à quelpoint il a été aimant et plein de grâceenvers moi, et continue de l’être.

Je veux être une lumière pour les autres(Matthieu 5.14-16). Trop de lumière dansune salle aveugle ceux qui souhaitent voir,alors que trop peu de lumière n’illuminepas ce qui doit être vu. En tant qu'ambas-sadeur du Christ, je ne veux pas submergerles autres en parlant de Dieu sans arrêt, nigarder le secret de sorte que personne nediscerne la différence entre moi et lesautres. Je veux vivre une vie qui rend gloire

à mon Père céleste, et influencer les autrespour qu’ils veuillent apprendre à Le connaîtrepar eux-mêmes.

Je veux honorer, respecter et édifier lesautres (Matthieu 7.12). C’est peut-être pourmoi un défi plus grand que je ne voudraisl’admettre, car face aux multiples affronts, ilest facile d’adopter une attitude amère. MaisJésus, qui a subi les outrages les plus injustesque je puisse imaginer, me demande detraiter les autres comme je voudrais qu’ilsme traitent – en gardant à l'esprit que beau-coup d'autres m'ont traité à merveille, etque Lui-même a été infiniment miséricordieuxenvers moi. Je désire façonner mes relationsavec les autres sur le modèle des relationsque le Christ entretient avec moi.

Je veux vivre dans l'atmosphère de lapaix de Dieu, quelle que soit ma situation(Jean 16.33). Je m’use à devoir toujoursrégler un problème après l’autre : des ré-parations dans la maison, une factureerronée d'un fournisseur de services, etparfois des affaires aux conséquences bienplus grandes, telles que des relations inter-personnelles agitées ou des contraintesphysiques.

Néanmoins, Dieu m’a promis sa paixlorsque je garde mon esprit centré sur Lui(voir Ésaïe 26.3). Marcher continuellementdans la confiance en Dieu met les événe-ments de la vie en perspective. Je souhaitemarcher avec Jésus comme lui-même mar-cha avec son Père céleste.

Enfin, je veux vivre dans l'attente ardentede Son retour (Matthieu 24.42, 44; 25.13).Enfant, j’imaginais Jésus marchant et parlantavec moi tout le temps. Devenu adulte(c'est triste à dire), je n’imagine pas toujoursJésus dans la pièce à mes côtés. Je veuxme voir à nouveau en sa présence, devantson trône, pour l'éternité. Je veux faire l'ex-périence de la prière de Jésus, pour êtreavec Lui là où Il est et voir sa gloire (cf.Jean 17.24).

Quels sont vos objectifs pour le reste del'année 2013 ? Quels qu'ils soient, je priepour que vous les construisiez sur le fonde-ment de la volonté de Dieu pour votre vie.

Sept objectifs pour 2013

M

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F R A N K M . H A S E L , PhD, est directeur du Centred’étude Ellen G. White, professeur de théologiesystématique et doyen au Séminaire adventiste deBogenhofen, St Peter am Hart, Autriche.

Quelques théologiens ont ré-cemment proposé une ap-proche christologique de l’her-

méneutique biblique dans laquelle Jé-sus-Christ, l’Évangile, le message de lajustification par la foi et quelques autresthèmes centraux des Écritures serventde clef à l’interprétation de la Bible. 1

Cette approche paraît intéressante àdivers titres. Jésus est au centre denotre salut et de notre foi. PourquoiJésus ne serait-il pas aussi au centrede notre compréhension des Écritures ?N’est-ce pas une exigence des Écritureselles-mêmes que les auteurs des Évan-giles et les apôtres ont pratiqué en pré-sentant Jésus comme la clef de com-préhension de l’Ancien Testament (cf.Lc 24.27, 44, 45 ; Jn 5.39, 40 ; Rm10.4 ; 2 Co 1.20 ; 3.14-16 ; Ga 3.24 ;Col 1.25-2.3) ? Jésus n’est-il pas celuiqui unit l’Ancien et le Nouveau Testa-ment ? Jésus n’occupe-t-il pas la pre-mière place dans la Bible parce qu’ilest la révélation de Dieu ? Plus encore,une herméneutique christocentriquen’est-elle pas préservée de tout secta-risme en affirmant fermement que leChrist est la clef d’interprétation desÉcritures ? 2

Nous ne pouvons comprendre cer-taines questions soulevées par uneherméneutique centrée sur l’Évangilesans faire référence à Martin Lutherqui nous a laissé un héritage durablesur la question.

Martin Lutheret son herméneutiquechristologiqueMartin Luther, tout en affirmant l’au-

torité des Écritures et se faisant le dé-fenseur de la norme de l’Écriture seule(sola scriptura), a aussi proposé unautre principe herméneutique que l’onpeut appeler « le principe christologique».Ce principe a été déterminant en cequ’il a introduit un subtil mais significatifglissement dans la compréhension del’autorité théologique de la Bible etdans son herméneutique. Tout en affir-mant l’autorité divine des Écritures etla supériorité de la Bible par rapport àla tradition de l’Église, l’autorité théolo-gique de Luther était étroitement liée àsa compréhension de l’Évangile. PourLuther, c’était le Christ et la justificationpar la foi seule qui formaient le centrethéologique de l’Écriture et, en consé-

quence, son ultime autorité. La fameusepréface de Luther à l’épître de Jacquesnous vient ici en mémoire, quand il af-firme que tout ce qui ne conduit pas auChrist ou qui en écarte, n’est pas apos-tolique, même si c’est Pierre ou Paulqui l’enseigne. À l’inverse, tout ce qui« ramène Christ à la maison » est apos-tolique, même si c’est de Judas, d’Anne,de Pilate ou d’Hérode.3 Ainsi, pour Luther,le contenu de l’Écriture, c’est Christ, età partir de ce fait, il semble, de façonrépétée, contester l’autorité même del’Écriture. Pour lui, toute l’Écriture tourneautour de lui comme son authentiquecentre. Cette « concentration christolo-gique » peut être considérée commel’élément décisif dans l’interprétationde Luther et de son emploi des Écritures.4

Ainsi, Luther ne s’est pas battu, enfait, « pour la priorité de l’Écriture ausens strict, mais pour la priorité del’Évangile dont l’Écriture témoigne et,en conséquence, pour la primauté del’Écriture comme témoignage de l’Évan-gile. »5 Luther a mis la Bible en valeur« parce qu’elle est le berceau qui portele Christ. C’est la raison pour laquellel’Évangile de la justification par grâceau moyen de la foi a servi à Luther de

Une herméneutique centrée sur Christ : perspectives et défispour une herméneutiquebiblique adventiste.

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clef herméneutique de l’Écriture. »6 Sil’Écriture ne fait pas référence au Christelle ne peut être tenue pour authentique.7La compréhension de l’Évangile qu’avaitLuther est devenue la base pour déter-miner l’autorité relative des divers écritscanoniques.8 Si l’Écriture est reine, Christest roi – même au-dessus de l’Écriture !9Cela signifie que si un passage del’Écriture semble en conflit avec l’inter-prétation christocentrique de Luther, soninterprétation devient «une critique cen-trée sur l’Évangile de l’Écriture. »10

Christ et l’Écriture peuvent être op-posés car finalement Luther superposela Parole personnifiée (Christ), la Paroledite (l’Évangile) et la Parole écrite (l’Écri-ture). Une telle superposition conduit àreconnaître un canon dans le canonqui compromet la force du principescripturaire selon lequel l’Écriture estla seule source de sa propre interpréta-tion. Car « si l’Écriture est interprétée,soit à partir d’un centre doctrinal ou àpartir d’une tradition, ce n’est plus l’Écri-ture qui s’interprète elle-même, mais

Il nous faut laisser l’Écriture,sous tous ses divers genres et

facettes, nous révéler larichesse et la profondeur de lasagesse de Dieu. Insister sur

l’Écriture seule (sola scriptura)c’est plus que donner la

suprématie de l’Écriture surtoute autre source en théologie.

de lui (Lc 24.25-27). L’Écriture lui rendtémoignage (Jn 5.39). Mais la questiondécisive est la suivante : comment de-vons-nous comprendre la relation entrele Christ et l’Écriture ? Le Dieu vivant etcommuniquant de l’Écriture a choiside se révéler au travers de l’Écriture.Dieu l’a vue capable de transmettre cequ’il a dit au travers de l’écriture desauteurs de la Bible. Ainsi est née laBible, la Parole écrite de Dieu. Il semblequ’il faille croire l’Écriture avant decroire au Christ de l’Écriture. La Paroleincarnée (Jésus-Christ) ne peut être sé-parée de la Parole écrite (la Sainte Écri-ture). Jésus lui-même a fait référence àl’Écriture pour se faire connaître. Quandil a rencontré les disciples sur le chemind’Emmaüs, « commençant par Moïse etpar tous les prophètes, il leur expliquadans toutes les Écritures ce qui leconcernait » (Lc 24.27). Plus tard, cettenuit-là, il fit à nouveau référence à l’Écri-ture quand il a expliqué aux disciplesque tout ce qui est écrit à son sujet«dans la loi de Moïse, dans les prophètes,

c’est plutôt nous qui l’interprétons aumoyen d’une doctrine ou d’une tradition,à laquelle l’Écriture est finalement sou-mise. »11 Ainsi, il n’est pas surprenantque la méthode christologique de Luther« a pris la forme d’un instrument de cri-tique théologique»12 dans laquelle l’in-terprète devient finalement le juge quistatue au-dessus de l’Écriture. L’ironiede cette critique théologique est qu’elleest faite au nom de Jésus-Christ et del’Évangile.

Le rapport entrele Christ et la BibleFinalement, la question de toute her-

méneutique centrée sur l’Évangileconduit à la question de la juste relationentre le Christ et la Bible. Bien sûr, Jé-sus-Christ est au centre de notre ré-demption. Sans lui nous ne pourrionset ne serions pas sauvé. Nous le recon-naissons volontiers et nous en emparonspar la foi. Le Christ lui-même a montréà ses disciples comment l’Écriture parle

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une clef herméneutique pour l’interpré-tation de l’Écriture. La documentationbiblique est trop riche et trop diversepour qu’on la limite à un seul thème oucentre. Au lieu de nous présenter uncentre monophonique, la Bible présenteune perspective théologique «sympho-nique» englobante.13

À la question récurrente de ce quiconstitue l’élément central de l’Écriturenous répondons en posant une autrequestion : « Où se trouve le point centrald’une symphonie ? Il y a bien sûr desthèmes essentiels, mais il n’est pas depoint unique qui puisse être pris pourcentre si ce n’est l’unité de l’ensem-ble. »14 Il nous faut laisser l’Écriture,sous tous ses divers genres et facettes,nous révéler la richesse et la profondeurde la sagesse de Dieu. Insister sur l’Écri-ture seule (sola scriptura) c’est plusque donner la suprématie de l’Écrituresur toute autre source en théologie.Sola scriptura affirme que l’Écriture estla seule source de sa propre interpréta-tion. L’Écriture devient le fondement dela théologie. Seule une lecture sym-phonique de toute la Bible rendra justiceau phénomène multidimensionnel del’Écriture sous la conduite unificatricedu Saint-Esprit.

F R A N K M . H A S E L

et dans les psaumes » (v. 44) doit êtreaccompli. « Alors il leur ouvrit l'esprit,afin qu'ils comprissent les Écritures »(v. 45). Sans l’Écriture qui fournit unrécit digne de confiance du ministèrede Jésus et de sa mort, l’Évangile duChrist nous serait inconnu et de peud’utilité. Jésus lui-même a sans cessefait usage de l’Écriture comme d’unenorme essentielle de foi et de conduite.Il a demandé aux docteurs de la loi,« Qu'est-il écrit dans la loi ? Qu’y lis-tu ? » (Lc 10.26). Quand l’un d’entreeux a cité Deutéronome 6.5 et Lévitique19.18, Jésus l’a loué d’avoir bien ré-pondu. Il a encore interrogé de façonsimilaire : « N’avez-vous jamais lu dansles Écritures ? » (Mt 21.42) ; « N’avez-vous pas lu?» (Mt 12.3, 5 ; 19.4 ; 22.31 ;Mc 12.10, 26 ; Lc 6.3) ; « que celui quilit fasse attention» (Mt 24.15; Mc 13.14).Que Jésus se soit adressé aux scribesou au peuple il a toujours assumé lapleine autorité de toute l’Écriture. PourJésus, l’Écriture était la seule sourceayant autorité pour distinguer ce quiest juste de ce qui est faux. QuandJésus dit en Matthieu 5.21, 22 : « Vousavez entendu qu’il a été dit…mais moi,je vous dis», il ne discrédite pas l’autoritéde l’Écriture. Il ne place pas sa paroleau-dessus d’elle et ne veut pas la contre-dire. Il n’abolit pas l’Écriture mais in-tensifie plutôt ce que Dieu a déclarédans sa Parole écrite. En fait, Jésus lui-même se confie en elle. Il la cite et yrenvoie plutôt que de se reposer sur sapropre déclaration pour réfuter le diablelors de la tentation (cf. Mt 4.4, 7, 10).Parlant de la foi qu’il convient d’avoiren lui en tant que Messie, il déclare :« Celui qui croit en moi, des fleuvesd'eau vive couleront de son sein, commedit l'Écriture» (Jn 7.38). L’Écriture attesteque Jésus est le Christ. Quand l’Écrituren’est pas le contexte pour comprendreJésus-Christ, Jésus devient le prétextepour juger l’Écriture. Jamais Jésus necritique des sections de la Bible. Lesapôtres non plus. Jamais ils n’insinuent

que certaines parties de l’Écriture neseraient pas dignes de confiance oune disposeraient pas de l’autorité divine.Jésus n’a pas aboli la loi et les pro-phètes ; il les a respectés. Pouvons-nousêtre plus chrétiens que le Christ lui-même ? Pouvons-nous être plus apos-toliques que les apôtres ?

Perspectivesthéologiques symphoniques ou centre théologique monophonique ?Il nous faut distinguer attentivement

entre un thème central de l’Écriture etun postulat théologique fonctionnantcomme une clef herméneutique qui re-lègue comme secondaires ou inférieuresd’autres passages de l’Écriture. Un centrethéologique qui fonctionne comme uneclef herméneutique conduit à introduireun canon dans le canon qui ne rendpas justice à la plénitude, la richesse, lalargeur et la dimension de la véritédivine que nous trouvons dans toutel’Écriture. Un centre monophoniqueconduit à la critique du contenu del’Écriture. Il est réducteur de postulerune «herméneutique évangélique» danslaquelle Jésus-Christ fonctionne comme

Dieu a fait en sorte que son EspritSaint nous conduise à la Parole

vivante (Jésus-Christ) au travers dela Parole écrite (l’Écriture sainte).

Ainsi, dans sa sagesse, Dieu a rendusa Révélation accessible à tous.

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UNE HERMÉNEUTIQUE CENTRÉE SUR CHRIST...

de la miséricorde et de la régénération,du salut et de la rédemption : le Fils deDieu élevé sur une croix. Ce doit être lefondement de toute prédication. »16

Une lecture attentive des écrits d’EllenWhite montre, cependant, que les thèmescentraux ne sont jamais employés parelle comme des clefs herméneutiquesau moyen desquelles elle critiqueraitl’Écriture et considèrerait certainesparties de l’Écriture plus inspirées qued’autres. Voyez comment elle mentionneun grand thème central et dans lemême souffle affirme que toute l’Écritureest inspirée et que l’Écriture doit êtrecomparée à l’Écriture. « La Bible estson propre interprète. Ce n'est qu'àl’Écriture que l'on peut comparer l'’Écri-ture. Celui qui l’étudie doit apprendre àconsidérer la Parole de Dieu commeun tout, et à voir les relations qui existententre ses différentes parties. Il doit ap-prendre à connaître le thème centraldu saint Livre : le plan originel de Dieupour le monde, la montée du grandconflit, l’œuvre de la rédemption…Chaque partie de la Bible est inspiréeet utile. L’Ancien Testament doit retenirnotre attention aussi bien que le Nou-veau. Nous trouverons, en l’étudiant,des sources d’eau vive là où le lecteurnégligent ne voit qu’aridité. »17

Ellen G. Whiteet l’herméneutique christologiqueEllen White s’est-elle faite défenseuse

d’une herméneutique christologique ?Une lecture attentive de ses écrits révèlequ’elle a reconnu des thèmes centrauxde l’Écriture, tel que le plan de la ré-demption : « Le thème central de la Bible,celui auquel se rattachent tous lesautres, est le plan de la rédemption, larestauration en l’homme de l’image deDieu. De la première lueur d’espoir don-née en Eden jusqu’aux promesses glo-rieuses de l’Apocalypse : Ses serviteursverront sa face, et son nom sera surleur front (Apocalypse 22.4), la substancede chaque livre, de chaque passage dela Bible est la révélation de cette mer-veille : la rédemption de l’homme, etdonc la puissance de Dieu “ qui nousdonne la victoire par notre SeigneurJésus-Christ ! ” 1 Corinthiens 15.57. »15

Elle écrit de même : « Le sacrifice ex-piatoire du Christ est le grand fait autourduquel gravitent tous les autres. Pourêtre comprise et appréciée, chaquevérité de la Parole de Dieu, de la Genèseà l’Apocalypse, doit être étudiée à la lu-mière qui rayonne du Calvaire. Je placedevant vos yeux ce sublime monument

Ellen White ne veut pas dire qu’ilfaille séparer le Christ des Écritures.18

Quand elle écrit : « Le sacrifice expiatoiredu Christ est le grand fait autour duquelgravitent tous les autres »19, elle ne pro-pose pas un centre théologique qui de-vrait fonctionner comme un instrumentde critique théologique, un canon dansle canon, permettant de distinguer d’im-portantes déclarations de l’Écriture d’au-tres passages supposés moins impor-tants ou même considérés comme defaux enseignements. Elle déclare aucontraire que « chaque vérité de laParole de Dieu, depuis la Genèse jusqu’àl’Apocalypse, doit être étudié à la lumièredu Calvaire. » 20 Et même quand elle ditque « le Christ est le centre » 21 qui unitles doctrines bibliques, elle affirme aupassage que « la vérité pour ce temps-ci est vaste et à longue portée ; elleembrasse bien des doctrines. » 22 Bienque le Christ soit certainement au centrepour Ellen White et ses pensées reli-gieuses 23, elle n’a jamais cessé de sou-ligner que toute l’Écriture doit être priseen compte et qu’aucune partie de l’Écri-ture ne doit être négligée. Dans ce sens,Ellen White peut affirmer le caractèrecentral de certains thèmes bibliquessans discréditer d’autres parties del’Écriture qui ne seraient pas importantes.D’après elle, personne n’a le droit dejuger l’Écriture en sélectionnant despassages qui seraient plus importantsque d’autres. Elle écrit : « Que personnene se présente à vous en disséquant laParole de Dieu et en déclarant ce quiest de l’ordre de la révélation, de l’ins-piration et ce qui ne l’est pas sans qu’ilne soit réprimandé….Nous ne voulonspersonne qui dise, “voici ce que jerejette et voici ce que j’accepte”, maisnous voulons avoir une foi implicitedans la Bible dans son ensemble ettelle qu’elle est. » 24 Faire usage desécrits d’Ellen White pour soutenir uneherméneutique christologique dans la-quelle le Christ ou l’Évangile fonctionnentcomme une clef herméneutique, c’est

Sola scriptura sans le Christ estvide, mais le Christ sans l’Écriture

de qui est-il le Fils ? Sans l’Écriturenous ne connaîtrions pas Jésus

comme le Messie et il ne pourraitpas être notre Sauveur.

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18, p. 607 (résumé en WA); LW 34:112 (Thèsesconcernant la foi et la loi).8. Luther a appelé l’épître de Jacques : «uneépître de paille» voulant dire ainsi qu’elle étaitvide de sens, inutile et sans valeur, parce qu’onne pouvait y trouver le Christ et l’Évangile de lajustification par la foi seule en raison de sonaccent sur l’importance des œuvres. Cf. MartinLuther, “Preface to the New Testament” in MartinLuther’s Basic Theological Writings, ed. TimothyLull, Philadelphia: Fortress Press, 1989, p. 117.9. Dans ses Leçons sur les Galates de 1535, enrépondant à ses opposants qui citaient des pas-sages mettant en valeur les œuvres et lesmérites, Luther relève le point suivant : « Voussoulignez le serviteur, c’est-à-dire l’Écriture, à cesujet et encore pas toute ni même sa partie laplus significative, mais seulement quelques pas-sages à propos des œuvres. Je vous laisse ceserviteur. Pour ma part je mets en avant le Sei-gneur, qui est le roi de l’Écriture » (LW 26, 295;WA 40, I, 459, 14–16). La même année, Luthersouligne à nouveau le statut de servante quepossède l’Écriture quand il écrit : « En bref, leChrist est le Seigneur, pas le serviteur, le Seigneurdu sabbat, de la loi et de toutes choses. L’Écrituredoit être comprise en faveur du Christ et non enopposition. Pour cette raison elle doit ou bienfaire référence à lui, ou bien ne pas êtreconsidérée comme authentique…C’est pourquoi,si les adversaires font pression sur l’Écriturecontre le Christ, nous faisons appel à Christcontre l’Écriture. Nous avons le Seigneur, ils ontla servante ; nous avons la tête, ils ont les piedsou les membres sur lesquels la tête domine né-cessairement et prend la préséance. S’il faut seséparer de l’un d’eux, le Christ ou la loi, c’est laloi qu’il faut laisser partir et non le Christ. Car sinous avons le Christ nous pouvons facilementétablir des lois et juger de toutes choses avecjustesse. En effet, nous pourrions faire de nouveauxdécalogues, comme Paul l’a fait dans toutesses épîtres, et Pierre, mais par-dessus tout leChrist dans l’Évangile » (LW 34, 112, 40–53).10. Paul Althaus, The Theology of Martin Luther,trans. Robert C. Schultz, Philadelphia: FortressPress, 1966), p. 81.11. Brian Gaybba, The Tradition: An EcumenicalBreakthrough? Rome: Herder, 1971, p. 221.12. Werner Georg Kümmel, The New Testament:The History of the Investigation of Its Problems,transl. S. McLean Gilmour and Howard C. KeeNashville, TN: Abingdon, 1972), p. 24.13. Cf. Vern S. Poythress, Symphonic Theology:The Validity of Multiple Perspectives in Theology,Grand Rapids, MI: Zondervan, 1987.

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maine de l’Écriture, pas même au nomdu Christ, mais d’un examen critiquede nous-mêmes, de l’Église et de toutautre domaine pour lequel le texte bi-blique seul est divinement compétent.

1. Voir Stanley J. Grenz, Renewing the Center:Evangelical Theology in a Post-Theological Era,Grand Rapids, MI : Baker Academic, 2000 ;Graeme Goldsworthy, Gospel-Centered Herme-neutics: Foundations and Principles of EvangelicalBiblical Interpretation, Downers Grove, IL : Inter-Varsity Press, 2007 ; Siegfried Zimmer, Schadetdie Bibelwissenschaft dem Glauben ? Klärungeines Konflikts, Göttingen : Vandenhoeck & Ru-precht, 2007 ; Rolf J. Pöhler, « Die Rechtfertigungdurch den Glauben als hermeneutisches Prinzip:Christologische Schriftauslegung und adventis-tische Theologie, » Spes Christiana 11 (2000),p. 46–60 et idem., « Does Adventist TheologyHave, or Need, a Unifying Center ? » in Christ,Salvation, and the Eschaton : Essays in Honor ofHans K. LaRondelle, eds. Daniel Heinz, Jirí Moskala,et Peter M. van Bemmelen, Berrien Springs, MI:Seventh-day Adventist Theological Seminary, An-drews University, 2009, p. 205–220. Voir aussiFrank M. Hasel, “Presuppostions in the Interpre-tation of Scripture, » in Understanding Scripture :An Adventist Approach, ed. George W. Reid, SilverSpring, MD: Biblical Research Institute, GeneralConference of Seventh-day Adventists, 2005, p.27–46, en particulier p. 40–43 pour un courtengagement critique sur une herméneutiquecentrée sur l’Évangile.2. Il semble que Norman Gulley a préféré un ar-rangement christologique de la foi biblique pourcette raison (voir Norman R. Gulley, “Toward aChrist-Centered Expression of Faith,” Ministry®70, no.3 (1997), p. 24–27.3. Luther’s Works, eds. Jaroslav Pelikan andHelmut Lehmann, St. Louis: Concordia PublishingHouse, 1955, vol. 35, p. 396 (résumé en LW); etD. Martin Luthers Werke. Deutsche Bibel (Weimar:Bohlau, 1906, vol. 7, p. 385 (résumé en WADB).4. Cf. Frank M. Hasel, Scripture in the Theologiesof W. Pannenberg and D. G. Bloesch: An Investi-gation and Assessment of Its Origin, Nature andUse, European University Studies, Series XXIIITheology, vol. 5, p.55, Frankfurt am Main : PeterLang, 1996, p. 44–46.5. Grenz, p. 57, 586. Grenz, p. 58.7. Cf. D. Martin Luthers Werke. Kritische Gesam-tausgabe (Weimar: Bohlau, 1883–1983), vol.

abuser d’elle et dénaturer ses nom-breuses déclarations qui disent claire-ment le contraire.

ConclusionDieu a fait en sorte que son Esprit

Saint nous conduise à la Parole vivante(Jésus-Christ) au travers de la Paroleécrite (l’Écriture sainte). Ainsi, dans sasagesse, Dieu a rendu sa Révélationaccessible à tous. L’Écriture est essentielleà notre foi et à notre dévotion car nousn’avons de Jésus-Christ que son seultémoignage. Nous n’avons d’autre Christque celui que nous présentent les au-teurs bibliques. Notre soumission àChrist entraine notre fidèle obéissanceà la Parole écrite de Dieu. C’est ce queJésus a fait. Aussi bien individuellementque collectivement, nous sommes sousl’autorité de l’Écriture car l’autorité deJésus n’est connue que par elle. Nousn’adorons pas du papier, de l’encre,nous n’idolâtrons pas un livre, maisnous reconnaissons simplement quela Bible est la source de notre informa-tions sur le Christ. Nous avons appris àle connaître et à l’aimer par la sainteÉcriture (1 Pierre 1.8).

Parler ainsi n’est pas de la bibliolâtrie,mais du christianisme dans sa formela plus authentique. L’Esprit du Christqui demeure dans les croyants ne lesconduit jamais à mettre en doute, à cri-tiquer, à dépasser ou à s’écarter del’enseignement biblique. Le Saint-Espritne nous éloigne jamais de la Paroleécrite, pas plus que de la Parole vivante.Au contraire, elle nous garde dans unesoumission constante, consciencieuseet volontaire aux deux. Sola scripturasans le Christ est vide, mais le Christsans l’Écriture de qui est-il le Fils ? Sansl’Écriture nous ne connaîtrions pasJésus comme le Messie et il ne pourraitpas être notre Sauveur. Ainsi, notreloyauté à l’égard de la Bible fait partiede la loyauté à l’égard du Christ. Nousn’avons pas besoin d’une critique hu-

F R A N K M . H A S E L

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24. White, Manuscript 13, 1888, cité dans Se-venth-day Adventist Bible Commentary, ed. FrancisD. Nichol, Washington, DC: Review and Herald,1980, vol. 7, p. 919 ; c’est nous qui soulignons;de même elle écrit : «Nombreux sont les prétendusministres de l’Évangile qui n’acceptent pas toutela Bible comme la parole inspirée de Dieu. L’unn’admet pas ceci, l’autre repousse cela. Ils s’ac-cordent pour mettre leur jugement au-dessus del’Écriture, et le message qu’ils enseignent nerepose que sur leur propre autorité. L’origine etl’autorité divines de la parole sont détruites»,Ellen G. White, Les Paraboles de Jésus, Damma-rie-les-Lys, Signes des Temps, 1973, p. 26 ; cf.aussi Messages choisis, vol 1, p. 19, 47, 287 etTestimonies for the Church, Mountain View, CA:Pacific Press,1946, vol. 5, p.700, 701 ; vol 8, p.31

19. Ellen G. White, Évangéliser, Dammarie-les-Lys, Vie et Santé, 1986, p. 176, 177.20. Ibid. C’est nous qui soulignons.21. Ellen G. White, Messages choisis, vol. 2,Mountain View, Pacific Press, 1971, p. 99.22. Ibid. C’est nous qui soulignons.23. Cf. Sa déclaration selon laquelle «de tousles chrétiens, les adventistes du septième jourdevraient être les premiers à prêcher le Christau monde» (Évangéliser, p. 175. Voir aussi l’im-portante étude de Peter van Bemmelen, « ‘TheMatchless Charms of Christ’: Theological Signi-ficance of This Phrase in Ellen White’s Writings,»in Daniel Heinz et al., eds., Christ, Salvation, andthe Eschaton: Essays in Honor of Hans K. LaRon-delle, p. 231–240.

14. William Dyrness, Themes in Old TestamentTheology, Downers Grove, IL: InterVarsity Press,1979, p. 19. 15. Ellen. G. White, Éducation, Dammarie-les-Lys, Vie et Santé, 1986, p. 141, 142.16. Ellen G. White, Le Ministère évangélique,Dammarie-les-Lys, Signes des Temps, 1951, p.309.17. Ellen G. White, Éducation, p. 216, 217.18. « Son insistance sur le fait que le Christ estl’Auteur et le point culminant de la révélationdivine ne conduit pas Ellen White à nier ou à mi-nimiser le rôle des Saintes Écritures en tant querévélation de Dieu. » Peter Van Bemmelen, « Re-velation and Inspiration » in Raoul Dederen, ed.,Handbook of Seventh-Day Adventist Theology.Hagerstown, MD: Reviex and Herald, 2000, p. 55.

UNE HERMÉNEUTIQUE CENTRÉE SUR CHRIST...

Il y a plus de cent ans, Ellen White aécrit cet appel poignant : « Un réveil

de la vraie piété parmi nous est le plus grandet le plus urgent de tous nos besoins. Cela de-vrait être notre première préoccupation. Leréveil doit être attendu seulement en réponseà la prière »*. Si c’était vrai en ce temps-là,c’est encore plus vrai aujourd’hui. Cela ne seproduira d’aucune autre manière. Nous de-vons prier et demander.

Reconnaissant notre besoin désespéré deréveil dans nos vies, nos familles, nos écoleset nos églises, l’Église adventiste du 7e jouren Hawaï s’est engagée dans une série deprières et de réformes. Chacun a reçu une co-pie du livre écrit par Dennis Smith, 40 Daysof Prayer and Revival in Anticipation of theSecond Coming.

Pour la première fois dans l’histoire del’Église adventiste du 7e jour en Hawaï, tousles membres se sont unis pour 40 jours deprières. Nous l’avons fait ainsi parce que nousavons reconnu notre besoin désespéré et notre

Un réveil à Hawaï

revivalandreformation.org

désir d’être remplis du Saint-Esprit, de vivre comme Jésus et de tenirferme dans ces derniers temps.

Mais nous sommes sortis du cadre fixé : prier pour un réveil seule-ment. Les 40 jours ont aussi été une invitation à prier pour les noncroyants. Chacun a fait une liste d’au moins 5 personnes pour lesquellesprier chaque jour. Pendant 40 jours de suite, des milliers de noncroyants ont été présentés en prière devant le trône de la grâce.

Les résultats ? Des prières exaucées, des miracles, le réveil, des gué-risons, des baptêmes et rebaptêmes. Disons simplement, nous neserons plus jamais les mêmes !

– Ralph S. WATTS III, DMin, est président de l’Église adventiste du 7e jour enHawaï, États-Unis.

*Ellen G. White, Messages Choisis. Dammarie-les-Lys : Vie et Santé, 2002, vol.1, p.141.

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ma compréhension de la situation, leproblème principal auquel l’Église setrouvre confrontée en rapport avec cesujet comporte au moins deux volets :la question de nos origines en généralet le débat spécifique concernant la re-formulation éventuelle de la croyancefondamentale numéro 6 1. Ceci présente,me semble-t-il, plusieurs éléments dis-tincts qui jouent un rôle significatif plusou moins direct.

Tout d’abord, il y a le débat ac-tuel concernant la relation entreles sciences et la religion en gé-néral. Ceci a longtemps été unsujet de discussion, voire mêmede controverse parmi les chré-tiens. Plus particulièrement, laquestion de savoir commentl’évolution devrait être considé-rée a suscité des réponses va-riées parmi les différentes dé-nominations.

Nous reconnaissons que ce su-jet de la création est une ques-tion importante dans l’Église ad-

ventiste qui, traditionnellement,a défendu une compréhensionlittérale du récit de la Genèse.Cependant, certains ont exprimédes réserves concernant unecréation en six jours littéraux, etont proposé une sorte d’évolu-tion théiste comme moyen plussatisfaisant de réconcilier lesdonnées bibliques et scienti-fiques.

En raison des questions que cer-tains ont soulevées concernantune interprétation littérale du ré-cit de la création dans le livrede la Genèse, une initiative aété proposée 2 pour comblertoutes les «brèches» possiblesen rapport avec la création enreformulant la croyance fonda-mentale numéro 6. Cette refor-mulation incluerait des mots etexpressions tels que « récent» et« six jours littéraux » de 24heures, qui étaient désignéscomme étant «contigus». Ainsi,

Pendant ma routine matinale, j’ail’habitude d’aller visiter les sitesInternet adventistes officiels (na-

tionaux et internationaux) pour savoirce qui se passe dans mon Église. Afinde conserver un équilibre, et par curio-sité, je consulte ensuite les sources in-dépendantes de nouvelles adventistesen ligne. Récemment, j’ai commencé àme demander si je devais changer cettehabitude, car je suis de plus en pluscontrarié par ce que je lis, en particuliersur les sites indépendants, de droitecomme de gauche. Cette irritation estaccompagnée d’un inconfort grandis-sant par rapport à mon Église. Que sepasse-t-il ? D’où vient cette atmosphèrede plus en plus combative ? Commentdevrions-nous gérer les questions pro-blématiques qui nous préoccupent ? Enfin de compte, où cela va-t-il nousconduire ?

Le débat actuelJe fais ici une allusion spécifique au

débat concernant nos origines. Selon

Le D R R E I N D E R B R U I N S M A a pris sa retraiteen 2007 mais a servi bénévolement commeprésident de la Fédération belgo-luxembourgeoisede septembre 2011 à mars 2013.

Créer un climat propiceà la découverte de la vérité : une perspective pour ledéveloppement doctrinal

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s’est développé progressivement. À l’ori-gine, nous étions en général très mé-fiants envers toute énonciation détailléede doctrine. Cependant, nous sommesprogressivement parvenus à une formu-lation assez rigoureuse de notre doctrine.L’énoncé actuel de nos 28 croyancesfondamentales a été adopté en 1980(avec 27 croyances), la 28e ayant étéajoutée en 2005.

Bien que l’église prétende officielle-ment ne pas avoir de credo3, il est difficilede nier qu’en réalité, les croyances fon-damentales remplissent ce rôle, consi-dérant, d’une part, l’autorité qui a été at-tribuée à ce document et, d’autre part,les nombreuses étapes nécessaires pourn’en changer que quelques mots. Celasemble confirmer une déclaration perti-nente de George Lindbeck, un savant lu-thérien ayant enseigné à l’université deYale avant sa retraite : le «christianismedépourvu de credo» professé par plu-sieurs dénominations «n’est pas réelle-ment l’absence de croyances. Quandl’absence de credo est mise en évidencecomme un élément d’identité du groupe,cette communauté possède en fait uncredo, par définition et par son mode defonctionnement. »4

Il est incontestable que l’Église a be-soin de doctrines clairement et soigneu-sement définies. Bien que la foi soit plusque de simples doctrines, les doctrinessont nécessaires à la foi afin de clarifierles croyances de la communauté et cequ’elle considère comme étant les im-plications principales de cette foi. Mêmesi les doctrines sont formulées par l’êtrehumain, elles nous permettent de struc-turer nos pensées et nos paroles en rap-port avec notre foi 5.

De plus, il est sans doute importantde donner une structure doctrinale à no-tre conception de la relation entre Dieuet l’homme. En tant qu’adventistes, noustenons à souligner que notre relationavec Dieu est ancrée dans le fait qu’ilnous a créés, comme nous le dit la Bible.

Ainsi, il est tout à fait légitime d’avoir unedéclaration telle que la croyance fonda-mentale numéro 6.

DéveloppementdoctrinalMais la déclaration actuelle concer-

nant la création a-t-elle besoin d’être re-formulée ? Certains prétendent que no-tre structure doctrinale s’effondrera sinous laissons s’infiltrer le doute concer-nant la lecture littérale des premiers cha-pitres de la Genèse. La moindre ouver-ture vers l’adoption d’une formed’évolution théiste, déclare-t-on, ébran-lera également d’autres vérités, tellesque celle d’un déluge mondial ainsi quel’apparition du péché et de la mort.

Une certaine flexibilité quant à la doc-trine de la création pourrait avoir degrandes répercussions. Pour cette raison,nous pourrions être incités à adopterdes mesures d’urgence pour changerla formulation de la croyance fondamen-tale sur la création. Ceci semblerait êtrela voie logique à emprunter, et elle nouspermettrait d’être en parfait accord avecla tendance historique selon laquelletout énoncé ou reformulation de doc-trine survient, habituellement, dans lecontexte d’une controverse doctrinale.Cela ne s’est pas uniquement produitlorsqu’il avait été estimé nécessaire demieux définir la vérité, mais égalementafin d’exposer des pensées erronées etde bâtir une défense contre l’apostasie.Par conséquent, devrions-nous prendredes dispositions dans ce sens et réviserl’énoncé actuel ? J’aimerais énumérerquelques considérations qui, à mon avis,suggèrent de ne pas se précipiter danscette voie.

Tout d’abord, on pourrait se de-mander : Est-il possible et souhaitablede faire en sorte que nos doctrinessoient énoncées sans aucune ambi-guité, qu’elles soient redéfinies au pointde ne susciter aucune question et d’an-ticiper toutes conclusions erronées?

on écarterait toute théorie d’unecréation en périodes, et l’inter-prétation des «six jours» commereprésentant de plus longs lapsde temps.

Le débat a été davantage ali-menté par des rapports selonlesquels certains professeurs debiologie enseignant dans desuniversités adventistes n’étaientpeut-être pas aussi « adven-tistes» qu’on aurait pu l’espérer.

Ce sujet a de sérieuses implications.Tout d’abord, il présente le risque demultiplier les difficultés au sein du sys-tème éducatif adventiste. Il soulève desquestions fondamentales telles quel’exercice responsable de la liberté aca-démique, le contrôle de la dénominationsur les programmes d’études de nosécoles, nos moyens de résoudre lesconflits, le besoin d’équilibre, ainsi quede transparence totale et, par dessustout, ce sujet soulève la question decomment définir adéquatement ce quel’église considère comme étant un en-seignement juste. En d’autres mots : unedes questions sous-jacentes est cellede notre recherche individuelle et col-lective de la vérité.

Deux questionsDès que nous abordons le sujet de

notre recherche de la vérité, de nom-breuses questions surgissent. Certainessont générales, d’autres se rapportentdirectement au thème de nos origines.J’aimerais ici examiner deux aspects enparticulier :

1. Est-il indispensable de rendre lespoints de doctrine encore plus spéci-fiques ?

2. Est-il nécessaire que l’Église déve-loppe une position officielle sur chaquesujet important et, en particulier, sur lajuste compréhension des détails présen-tés dans le récit de la création ?

Le corpus de la théologie adventiste

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Quatrièmement, nous devonsréaliser que la formulation des doctrinesest, de manière générale, un processuscomplexe 7, en particulier dans l’Égliseadventiste du septième jour. La doctrineadventiste n’est pas statique, mais ellea été développée et changée de ma-nière considérable au cours de l’histoirerelativement courte de notre Église 8. Ilserait naïf de suggérer que nous avonssimplement besoin de relire notre Biblepour trouver toutes les réponses. Per-sonne ne lit la Bible dans le vide, sansaucun arrière-plan. La lecture de la Biblese produit toujours dans un certaincontexte historique et culturel. Il noussemble donc important de déterminerla signification d’un enseignement par-ticulier de manière actuelle, et de limiterle danger que de faux enseignementssurgissent ou soient défendus sansmême qu’on tente de les corriger. Maisil est également essentiel de ne pasnous laisser trop écraser par lescontraintes du moment. Le développe-ment des doctrines fait partie deschoses qui prennent du temps.

Si l’histoire des doctrines peut nousenseigner quoi que ce soit, c’est queles doctrines sont généralement l’abou-tissment d’un long processus. Dans lespremiers siècles, lorsque les doctrinesde la nature du Christ, de la Trinité ainsique d’autres enseignements chrétiensfondamentaux furent formulées, le dé-veloppement des doctrines s’étendaitsur plusieurs siècles. L’histoire de notrepropre Église révèle que le développe-ment de certains enseignements adven-tistes a pris plusieurs decennies, oumême davantage.

Il pourrait être important d’arriver àdes positions claires concernant lesquestions importantes, et l’Église doit seprononcer de manière appropriée auxtemps dans lesquels nous vivons. Maisnous devrions être particulièrement surnos gardes de peur que de nouvellescontroverses surviennent et que des ar-guments infondés soient avancés.

Troisièmement, il y a plusieursautres questions à prendre en compte,car les différentes préoccupationsconcernant la création ne sont en faitqu’un aspect d’une controverse beau-coup plus vaste. Des questions au sujetde l’inspiration et de l’herméneutiquebiblique embarrassent encore bien desesprits malgré les récentes publicationsdu Comité de Recherche Biblique 6.Ainsi, il ne serait peut-être pas sage detraiter la question de la création commeun problème isolé devant être résolu demanière décisive. Le débat concernantl’herméneutique n’a pas encore étéconclu, et l’Église doit consacrer à cethème fondamental toute l’attentionqu’il nécessite.

De plus, la recherche de réponsesplus satisfaisantes concernant la relationentre la science et la révélation bibliquese poursuivra, et les questions qui sur-gissent lorsque les informations du récitbiblique semblent ne pas s’accorderavec celles révélées dans la naturecontinueront d’alimenter le débat. Denombreux spécialistes adventistes étu-dient ces questions avec sincérité, et onne peut s’empêcher de se demanders’il serait vraiment utile de dire mainte-nant à ces scientifiques : « Écoutez, sivous voulez être considérés comme desadventistes fidèles, vous devez accepterqu’il n’y a qu’une seule façon de voirles choses. »

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Examinez un instant la formulation des28 croyances fondamentales. Vous vousrendrez compte que pour chacune desdoctrines, certaines questions demeu-rent et qu’il est possible de parvenir àde nombreuses déductions inexactes.Devrions-nous essayer de remédier àcette situation ?

Deuxièmement : Que pourraitapporter une formulation plus élaboréede la doctrine sur la création ? Elle pro-curerait certainement satisfaction à ceuxqui défendent l’adoption d’un langageexprimant clairement que toute lecturenon-littérale de la Genèse est inaccep-table. D’un autre côté, ceci causeraitune grande déception, et même danscertains cas le désespoir, parmi ceux àqui l’Église ne permet pas d’exercer uneindépendance d’esprit pouvant les éloi-gner, à certains égards, des points devue adventistes traditionnels.

Pour beaucoup, la lutte pour une re-formulation de la sixième croyance fon-damentale ne concerne pas seulementnotre compréhension de Genèse 1.Cette déclaration est aussi largementconsidérée comme une preuve que lesystème écclésiastique adventiste es-saie de prescrire exactement ce que lesmembres (y compris les professeurs etautres spécialistes) doivent croire s’ilsveulent être acceptés comme étant devrais adventistes.

R E I N D E R B R U I N S M A

Bien que la foi soit plus que desimples doctrines, les doctrines sontnécessaires à la foi afin de clarifierles croyances de la communauté et

ce qu’elle considère comme étant lesimplications principales de cette foi.

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CRÉER UN CLIMAT PROPICE À LA DÉCOUVERTE DE LA VÉRITÉ ...

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d’autres gagnants, que de compter surl’œuvre du Saint-Esprit.

1. Pour l’énoncé spécifique de cette croyancefondamentale, référez-vous à Ce que croientles adventistes, Vie et Santé, Dammarie-lès-Lys. 2. Pour connaître le contexte de cette initiative,référez-vous à l’Adventist Review, 29 juin2010 : « Actions and Proceedings, Tenth Busi-ness Meeting. » Disponible au http://www.ad-ventistreview.org/article.php?id=3604.3. Alister E. McGrath définit un « credo »comme étant « une déclaration concise, for-melle et globalement acceptée des pointsprincipaux de la foi chrétienne. » Voir sonlivre Historical Theology: An Introduction tothe History of Christian Thought. Oxford: Black-well Publishing, 1998, p. 30. 4. George A. Lindbeck,The Nature of Doctrine:Religion and Theology in a Postliberal Age.Louisville, KY: Westminster John Knox Press,1984, p. 74. 5. Idem, p. 79-84. 6. George W. Reid, ed., Understanding Scripture:An Adventist Approach. Silver Spring, MD:Biblical Research Institute/General Conferenceof Seventh-day Adventists, 2005, et GerhardPfandl, ed., Interpreting Scripture: Bible Ques-tions and Answers. Silver Spring, MD: BiblicalResearch Institute/General Conference of Se-venth-day Adventists, 2010.7. Pour un excellent aperçu des différentsfacteurs jouant un rôle significatif dans le dé-veloppement doctrinal, voir Rolf J. Pöhler,Continuity and Change in Adventist Teaching.Frankfurt am Main : Peter Lang, 1999, p. 44,45. 8. Voir Rolf J. Pöhler, Continuity and Changein Adventist Teaching. Frankfurt am Main:Peter Lang, 2000, adapté de l’édition 1999,et George R. Knight, En quête d’identité. Dam-marie-les-Lys : Vie et Santé, 2008.

position finale sur chaque question im-portante. Il serait peut-être prématuré depublier des déclarations de positions oude lutter pour que l’Église mondiale seprononce. Ceci pourrait stimuler la po-larisation et la controverse au lieu dedonner l’instruction et l’orientation quiseraient bénéfiques au corps descroyants dans son ensemble. La meil-leure preuve d’une administration solideserait peut-être qu’elle essaie, de façonintentionnelle et systématique, de créerune atmosphère dans laquelle le vraidialogue et la croissance spirituelle peu-vent se produire, un environnement danslequel les membres puissent s’écouterles uns les autres et, sous l’influence duSaint-Esprit, avancer ensemble, peut-êtrelentement mais sûrement, vers une com-préhension plus profonde de certainesvérités. À la longue, ceci pourraitconduire l’institution de l’Église à déci-der de ratifier officiellement la compré-hension générale comme étant la meil-leure formulation pour une convictiondonnée.

Cette démarche comporte-t-elle desrisques ? Cela signifie-t-il que certainsdemeureront insatisfaits et feront ensorte que les autres sachent ce qu’ilspensent ? Bien sûr. Par conséquent, jene plaide pas pour que cette approchesoit suivie sans aucun paramètre oustratégie dans le but de donner auxmembres les ressources nécessairespour un dialogue constructif et uneétude plus approfondie de la Parole deDieu. Mais en fin de compte, il est plusrisqué de s’appuyer sur des processusadministratifs précipités à l’issue des-quels certains se retrouvent perdants et

Cinquièmement, ceci engendreencore une autre préoccupation : avecraison, l’Église adventiste a toujours dés-approuvé d’autres communautés reli-gieuses qui ont laissé les traditions dupassé guider la pensée actuelle. Elle cri-tique d’autant plus les systèmes reli-gieux qui comptent sur le magistèrepour prendre des décisions définitives.Courrons-nous le danger de suivre lemême chemin ? Une fois de plus, il fautmaintenir un équilibre. Il est absolumentessentiel que l’Église guide et protègele développement des doctrines, maisen même temps, elle doit veiller à nepas institutionaliser les opinions despenseurs influents, ni essayer d’utiliserla bureaucratie pour limiter la recherchede la vérité. À mon avis, la découvertede la vérité ne se produit pas par descomités, des institutions ou d’autres pro-cessus administratifs. Les convictionsspirituelles ne résultent pas seulementd’une majorité de votes durant lesconseils annuels ou les sessions de laConférence générale. Ces éléments ontleur place, mais nous devons reconnaî-tre l’importance d’accorder assez detemps et d’espace pour le dialogue etla découverte, afin que les convictionssoient l’œuvre du Saint-Esprit agissantau sein d’une communauté de foi quiécoute sa voix tout en révisant ses en-seignements, et qui étudie et ré-étudiesans cesse la Bible avec une grandeouverture d’esprit. Au lieu de vouloir in-tervenir rapidement et de forcer le pro-cessus, nos dirigeants devraient peut-être faire preuve de patience et compterdavantage sur l’œuvre du Saint-Esprit.

La patienceLa patience n’est pas un signe de fai-

blesse mais un des fruits du Saint-Esprit(Ga 5.22). Pour que l’administration del’église soit efficace, il n’est pas néces-saire qu’en tout temps, des positionsfermes soient prises et défendues. Nousne devrions pas penser qu’il soit indis-pensable de développer rapidement une

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que Jésus lui demande à boire (Jean4.10). Jésus a parlé à la femme Sama-ritaine même si lui était un Juif. Par cetteinteraction, Il lui a montré qu’elle avaitune appartenance même si, pour plu-sieurs, les Samaritains devaient être évi-tés. Believe = Croire Jésus a révélé à la femme Samaritainequ’il se souciait d’elle même si ellen’était pas juive. Il lui a aussi révélé qu’ilsavait tout de ses relations passées etque son dossier moral et spirituel étaitloin d’être satisfaisant. Elle vivait en effetune vie de péché. Jésus lui a offert lesalut en l’invitant à croire en lui commele Messie (v. 21-26). Behave = Se comporterLe comportement de la femme achangé. Elle a commencé à parler deJésus à d’autres. Cette femme, venueau puits au milieu de la journée de peurde se faire remarquer par les autres,parle maintenant à chaque personnequ’elle rencontre en ville. Elle a invité laville à venir rencontrer cet homme qui,croit-elle, pourrait être le Christ (v. 28-30). De sa cachette au soleil de midi,elle prend le large pour amener d’autresà rencontrer le Fils de Dieu.

Jean ne nous a pas dit exactementce que sont devenues ses nouvelles re-lations; mais nous pouvons noter unchangement dans l’attitude de cettefemme envers les autres dès le momentoù Jésus l’a aidée à savoir qu’elle aune appartenance et qu’elle a cru enlui (v. 39).

Luc 19 : Zachée le Publicain

Belong = Appartenir Des foules de gens suivaient Jésus tan-dis qu’il cheminait à travers Jéricho. Sou-dain, Jésus a remarqué un nain perchéau sommet d’un arbre. Jésus a non seu-lement appelé Zachée à descendre,mais il s’est lui-même invité pour le visi-ter à son domicile (Luc 19.5). Jésus achoisi de s’associer avec quelqu’un qui,comme la femme Samaritaine, était engénéral rejeté par la communauté juive.Jésus a montré à Zachée qu’il en étaitmembre à part entière. Il est allé chezce collecteur d’impôts. Pour Jésus, Za-chée appartenait à la communautéavant même de changer de comporte-ment (v. 8). Believe = Croire Luc s’est gardé de nous livrer la teneurde la conversation chez Zachée. Mais ilest évident pour le lecteur que Zachéea accepté Jésus et ses enseignements.Il a cru au message de Jésus. Et le Christa dit que Zachée, le collecteur d’impôts,est devenu un racheté, un fils d’Abraham(v. 9, 10). Behave = Se comporter

Zachée a promis de changer sa ma-nière de percevoir les gens et l’argent. Ila décidé de donner la moitié de sesbiens aux pauvres et de rendre quatrefois plus à tous ceux qu’il avait escroqués.Ce revirement à 180⁰ de ce collecteurd’impôt malhonnête ne s’est produit quelorsque Jésus a appelé Zachée à des-

Je me rappelle l’année où notrefils est entré en CE1. Comme pa-rents nous étions fiers de ce que

chaque semaine il n’apportait à la maisonque des A. Il m’a dit : « Papa, je ne veuxaucune note inférieure à un A. » Monépouse et moi lui avons dit combiennous étions heureux de ce qu’il voulaitfaire de son mieux pour obtenir seulementdes A. Mais nous avons aussi dit que,tant qu’il ferait de son mieux, nous serionsheureux même s’il revenait à la maisonavec un B inquiétant.

Toute cette discussion sur les notesm’a fait penser à ce dont une église abesoin pour être en bonne santé etcroitre en Jésus. Un ancien de monéglise précédente m’a enseigné qu’uneéglise a besoin d’apporter à la maisonrien que des B. Pour refléter Jésus devantle monde, elle a besoin de trois B dansl’ordre correct: Belong (Appartenir), Believe(Croire) et Behave (Se comporter).

Pensez aux dialogues de Jésus dansla Bible. Il a mis l’accent sur l’ordrecorrect des trois B. Ceci nous fournit unmodèle pour notre façon d’interagir avecles gens, qu’ils soient des étrangers oudes amis.

Jean 4 :La femme au bord du puits Belong = Appartenir Une femme Samaritaine est venue aupuits pour puiser de l’eau vers la mi-journée. Elle a remarqué Jésus qui sereposait près du puits. Elle a été surprise

M I C H A E L H A L F H I L L , MAPMin, est pasteur del’Église adventiste du 7e jour de Piedmont Park,Lincoln Nebraska, États-Unis.

N’obtenir rien d’autreque des B !

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cendre de l’arbre, au milieu de la foule,et lui a montré son appartenance enchoisissant d’aller chez lui.

Croyanceet comportement : le lienComportement et croyance sont étroi-

tement liés chez le nouveau venu commeon le constate dans les histoires de lafemme au puits et de Zachée. Le problèmese pose quand l’église et ses membresobligent les nouveaux membres ou es-pèrent voir ces derniers embrasser uncertain ensemble de croyances et secomporter d’une certaine manière avantde les aider à se sentir intégrés. L’idéed’appartenance ne concerne pas le statutde membre d’église. Être membre d’églisedevrait venir plus tard. Il s’agit plutôtd’aider les nouveaux venus qui sont ap-paremment différents de nous et anxieu-sement en quête de relation à sentir età savoir qu’ils peuvent être intégrésmême s’ils visitent notre église pour lapremière fois.

J’ai vu des gens qui ont été baptisésà l’église et pourtant ne se sentent pasappartenir à la communauté des mem-bres. Ils se tiennent à l’écart lors desprogrammes sociaux de l’église. Ils peu-vent s’asseoir en arrière sur les bancsde l’église. Ils attendent que quelqu’unde l’église les incluent pour les aider àse savoir acceptés. Même des croyantsnouvellement baptisés, qui ont acceptél’évangile et la puissance du Saint Espritpour changer leur vie, finissent par quitterl’église s’ils n’acquièrent pas le sensd’appartenir grâce aux relations avecles membres.

Comment mon église obtient-elle des B dans l’ordre correct ?Modèle. Commençons par le pas-

teur. Les membres espèrent que leurpasteur soit chaleureux et qu’il accueilletous les nouveaux venus. Le pasteur doit

visiter toute personne nouvellement ar-rivée, c’est une priorité. Les membresdoivent aussi voir leur pasteur établirdes relations avec la population endehors de l’église. Le pasteur peut pré-senter l’idée d’appartenance en chaire,dans le bulletin d’église, dans les ren-contres du comité et les conversationsordinaires. Les membres doivent appren-dre que Jésus a eu recours à cette mé-thode pour approcher les gens.

Il suffit de peu. Dans Apocalypse4 et 5, le chœur continue à grandir. Toutd’abord les 4 êtres vivants commencentà louer Dieu (4.8). Puis les 24 vieillardschantent (4.9-11). Soudain, tous lesanges se joignent à eux (5.11, 12). Enfin,toute la création loue Dieu (5.13).

Ce modèle aidera une église à changersa manière de penser et sa pratique àl’égard des nouveaux visages. Le pasteurdoit aider les anciens et le comité d’égliseà saisir la vision d’appartenance dès lapremière fois où un nouveau venu visitel’église. D’où le besoin de former lesmembres affectés à l’accueil dans l’artd’aider le visiteur à se sentir commechez lui après un long voyage, dès lapremière fois où il franchit les portes del’église. La congrégation entière com-prendra lentement ce qui se fait et finirapar l’accepter. Finalement, une églisequi y arrive peut partager l’idée avecd’autres églises.

Travailler patiemment. Près dequatre ans se sont écoulés entre le jouroù j’ai compris le message évangéliqueet celui de mon baptême. Le Seigneuravait un travail immense à faire en moi.Et cela a pris du temps. Les églises ontbesoin de se rappeler que Dieu continueà travailler avec les nouveaux croyants.Bien souvent, les changements durablesdans la vie se produisent graduellement.D’habitude, les changements drastiqueset hâtifs ne durent pas longtemps. Et lesgens retournent à leurs anciennes pra-tiques. Jésus est patient avec nous. Demême, nous devrions être patients avecles autres aussi (2 Pi. 3.9).

Que devrait faire un pasteur si unmembre de la congrégation résiste etveut continuer avec les modèles rétro-grades où le comportement passe avantles croyances et l’appartenance? Lepasteur devrait travailler avec lui. Ignorerles opposants dans une église c’estaussi efficace qu’ignorer le cancer pourle soigner. Aussi difficile que cela puisseêtre, le pasteur devrait s’asseoir et écouterles récriminations des opposants. Il pourraalors partager avec eux des récits devictoire de gens qui se sont joints à la foigrâce à la méthode qui consiste à lesaider à s’intégrer d’abord. L’essentiel?S’approcher de ceux qui sont en désac-cord avec le plan. Ne les ignorez pas.

Idées pratiques pour mettre le modèle en application.Quand dans l’église, le positif se produit

intentionnellement, nous considéronscela comme un grand événement. Ilarrive des fois qu’une église découvrantcette idée d’appartenance, la mette enapplication sans un plan d’action réel.Mais ces églises sont rares. Si les pasteursveulent que leurs églises soient des abrissûrs où les nouveaux venus se sententintégrés, un plan s’avère nécessaire.Chaque église est unique mais il y a desidées pratiques qui ont fait leurs preuvesdans le passé.

Organiser des groupes pastoraux. Cesont des petits groupes destinées à tra-vailler avec un membre, sous la super-vision d’un responsable. Chaque bergern’a pas plus de dix membres dans son«troupeau». Il doit rester en contact avecles membres par téléphone, courrierélectronique, cartes et visites à domicile.Cela crée des relations entre les membreset les nouveaux venus peuvent être ré-partis dans ces groupes qui ont appriscomment aider les gens à se sentir inté-grés et dans l’ambiance.

Des activités visant à atteindre lasociété sont cruciales en ce qui concernele modèle Appartenance, Croyance et

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Dans le choix des activités visant lapopulation, l’église doit identifier unbesoin ressenti par cette population eten prendre conscience. Les habitants dela ville commencent à penser à Dieu età la religion durant les fêtes de Noël et àla saison pascale de chaque année. Cesont d’excellents moments pour inviterles gens à des événements gratuits oùils peuvent découvrir Jésus et éprouverun sentiment d’appartenance.

Décembre peut être froid mais lesnouveaux venus à une exposition deNoël peuvent boire du chocolat chaudtandis que nous bavardons avec eux etleur montrons qu’ils sont des nôtres. Aucours de la semaine pascale, plusieursvont à l’église le mercredi, le jeudi, levendredi saint et le dimanche matin.Cela semble une occasion parfaite pouroffrir un programme à la population dugenre mini-représentation théâtrale dela Passion le samedi soir de cette semainede Pâque. Si votre ville organise des pa-rades les jours de fêtes nationales, vouspouvez y apporter une bannière. Faites-la représenter Jésus et faites en sortequ’elle soit amusante. Cette bannièrepeut même montrer la vérité selon la-quelle avec Jésus chacun a une appar-tenance (peut-être représenter Zachéeau haut de l’arbre). Des membres peuventdéfiler avec cette bannière et inviter lescurieux à une crêpe partie, à un séminairede santé ou à une journée de récréationfamiliale dans un parc.

Les idées et occasions sont illimitées.Le premier pas consiste à former desmembres dans l’art d’aider les nouveauxvenus à se sentir chez eux. Le deuxièmepas à créer des occasions de faire denouvelles rencontres. Lorsque la véritébiblique leur est présentée, Dieu convain-cra les cœurs des nouveaux venus et ilscroiront. Le comportement changera aufil du temps. Mais la première étaperevient à créer des relations et à montreraux gens qu’ils appartiennent à la com-munauté.

M I C H A E L H A L F H I L L N’OBTENIR RIEN D’AUTRE QUE DES B !

Comportement. S’il a jamais existé, letemps où il suffisait d’ouvrir l’église pourvoir les gens y affluer est maintenant ré-volu. Se reposer uniquement sur unecampagne d’évangélisation de cinq se-maines pour établir des relations aveccette population n’est pas efficace si onn’établit pas un contact suivi. Des évé-nements réguliers tout au long de l’annéedonnent aux visiteurs l’occasion de venirà l’église et de voir s’ils s’y sententintégrés ou non.

Mon église a organisé différentes ac-tivités dans la ville pour inviter les gensà venir. Chaque église est différente.Chaque communauté est particulière.Habituellement, les activités visant la po-pulation réussissent à merveille aprèsdes essais et des erreurs, des échecs etdes succès. Mon église a commencé àorganiser une alternative au Jour desmorts pour notre communauté. Chaquesalle de l’École du Sabbat et même lescouloirs sont décorées comme des his-toires de la Bible. Tandis que les enfantscirculent dans les locaux pour collecterdes friandises, ils apprennent des véritésbibliques en écoutant des histoires eten participant à des activités amusantes.Ils jettent des petits sachets sur unénorme Goliath en carton, rampent àtravers une baleine comme Jonas, etfrappent à la porte de la Tour de Babel.Pour un tel événement, tout était gratuit :les promenades, les friandises et mêmela nourriture (on reçoit des dons). Lesmembres qui aident reçoivent une for-mation pour s’assurer que chaque par-ticipant y trouve du plaisir et se sente in-tégré. Nous avons le plaisir de voir plu-sieurs centaines d’habitants de la com-mune prendre part à cette activité chaqueannée. Et ils repartent avec le sentimentde faire partie de notre église.

Inviter les gens de la ville à des activitéspour lesquelles ils n’ont aucun intérêtrevient à déployer de grands efforts pourrecueillir de maigres résultats.

ConclusionAu début du cheminement qui a fait

de moi un disciple de Jésus, on ne m’apas rencontré d’abord avec une liste decroyances. Le Seigneur ne m’a pas faitun discours sur le gâchis que j’avais faitde ma vie. Il ne m’a pas non plus reprochémes comportements qui avaient besoind’être changés (et il y en avait beaucoup).D’abord, Jésus m’a aidé à réaliser quej’avais une appartenance. J’étais à lui.Avec le temps, j’ai appris à croire en sonamour et dans son plan de salut pourmoi. Finalement, cette croyance m’a aidéà prendre conscience des changementsà faire dans ma vie. Alors, j’ai laissé auSaint Esprit le loisir de changer moncomportement.

J’ai accepté le message avant de ren-contrer un membre d’église parce queje suivais des sermons sur vidéo. J’ai fi-nalement décidé que je devrais essayerd’aller à l’église. J’ai été remarqué partous quand j’ai foulé l’enceinte de lapetite chapelle avec mes longs cheveuxet mon manteau de cuir. Je ne me suispas identifié avec les gens présents. Ce-pendant chacun m’a aimé dans cettepetite église du Midwest. Tous m’ont faitsentir que j’étais intégré même avecmon apparence et mon comportementpeu communs. Ils m’ont encouragé àrevenir et à rencontrer le pasteur. Le pas-teur m’a contacté et nous avons com-mencé à étudier. Il y avait plein de chosesdans ma vie qu’il fallait changer ; maisle pasteur ne s’est pas focalisé sur elles.Il a fait de moi son ami et m’a parlé deJésus et j’ai appris que j’appartenais àChrist.

Dieu travaille encore avec moi. Il m’en-seigne encore ce que je dois croire. Ilcontinue à changer mon comportementpour ressembler davantage à Christ. Jesuis aujourd’hui un pasteur parce quej’ai cru au message et Dieu a changémon comportement. Mais tout a com-mencé avec Dieu et son peuple, il m’aaidé à savoir que j’avais une apparte-nance. M

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Environ 300 adventistes venus des 12 Unions de laDivision intereuropéenne ont vécu trois journées intensesd’écoute, de partage, de réflexion, de prière et d’adoration

à Torre Pedrera, près de Rimini en Italie du 13 au 16 mars 2013. La préoccupation principale des organisateurs de cette conven-

tion est le défi de la mission de l’Église adventiste du septièmejour en Europe. Le système d’organisation choisi par l’église ad-ventiste et les habitudes ancrées depuis des dizaines d’annéesnous font souvent travailler séparément en fonction des dépar-tements et des ministères que nous servons. Il nous faut doncapprendre à être « unis pour servir » comme le disait le motd’ordre de cette convention. Non seulement pour éviter degaspiller nos énergies et nos moyens limités, mais surtout pourêtre plus efficace dans une approche holistique de la personnehumaine et de la société européenne.

Tous les responsables des départements de la Division, desUnions et des Fédérations étaient invités, ainsi que des membres d’église qui pouvaient et souhaitaient participer.Et la plupart ont répondu à l’appel puisque nous étions environ 300. Pour nous aider dans cette réflexion l’équipede la Division était présentent au grand complet ou presque. Elle avait invité plusieurs représentants de laConférence générale : Ella Simmons, une afro américaine et la seule femme vice-présidente de l’Église adventistemondiale, Linda Koh, originaire de Singapour et responsable du Ministère auprès des enfants, Elaine et WillyOliver, un coupe d’afro américains responsable du département de la famille, Derek Morris, anglais d’origine,rédacteur en chef de la revue Ministry®, Bill Knott, américain d’origine allemande, rédacteur en chef d’AdventistWorld et d’Adventist Review, et d’autres spécialistes comme Valérie Dufour, diététicienne à Bâle, Suisse, JosephKidder, irakien, professeur de théologie pastorale à l’Université Andrews, Don MacLafferty, américain, initiateurdu programme Kids in discipleship, Laszlo Szabo, hongrois professeur de missiologie à Friedensau, Allemagne etArnold Zwalen, suisse, pasteur en Suisse alémanique. Chacun de ces invités a apporté sa contribution spirituelle ettechnique au cours des rencontres plénières et ou l’un des 35 ateliers programmés.

Chacune des journées était centrée sur l’un des trois volets du mot d’ordre de la Conférence générale : Cher-chons-Le (Reach up), c’est-à-dire notre relation avec Dieu qui est la clef de la mission pour le premier jour.Cherchons ensemble (Reach accross), c’est-à-dire, en unissant la richesse de notre diversité d’origine, de talents et de

ministères, pour le deuxième jour. Et Cherchons-les (Reachout), c’est-à-dire, mettons-nous au service de la population ennous mêlant au gens pour tenter de satisfaire leurs besoins.

Trois commissions spéciales ont travaillé et fourni un rapporten fin de convention. La première s’est penchée sur l’évangélisationen Europe aujourd’hui comme démarche consistant à répondreaux besoins réels des personnes. La seconde a travaillé sur lamanière de créer une synergie effective entre les différentséchelons de l’organisation de l’église (église locale, Fédérations,Union et Division) et donc de travailler tous ensemble. Latroisième s’est tournée vers une réflexion sur la façon de travailleren équipe représentant les différents départements et ministèresde l’église.

Les présentations et les rapports des commissions sont dispo-nibles en téléchargement sur le site créé à cet effet :

bemydisciple.adventist.eu

NOUVELLES

Torre Pedrera, Italie du 13 au 16 mars 2013Première Convention interdépartementale de la Division intereuropéenne

JOSEPH KIDDERs'adresse à l'assemblée plénière

Au cours d'un atelier

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LO R E N S E I B O L D, DMin, est pasteur dans l’étatde l’Ohio, et rédacteur de Best Practices forAdventist Ministry, un bulletin électronique pourles pasteurs d’Amérique du Nord.

Pierre d’achoppementLe mot grec skandalon fait référence

à un objet qui fait trébucher quelqu’unet lui fait perdre l’équilibre, quelquechose qui cause un faux pas. Métapho-riquement (la seule façon dont ce motest employé dans le Nouveau Testament),la forme verbale est traduite par « tré-bucher», «échouer», ou (transitivement)« offenser ».

Il y a des offenses, dit Jésus, quevous ne devriez jamais causer. « Mais,si quelqu'un scandalisait un de cespetits qui croient en moi, il vaudraitmieux pour lui qu'on suspendît à soncou une meule de moulin, et qu'on lejetât au fond de la mer. » (Mt 18.6).

Mais pour d’autres offenses, il nedonne aucune excuse. Quand certainsdisciples furent offensés par la notionapparemment bizarre de manger sachair et de boire son sang (Jn 6.53-61), il n’a pas dit « Oh non, laissez tom-ber, ce n’est pas important. » Mais il lesa laissés partir (v. 66) plutôt que de serétracter, ou même (dans ce contexte)clarifier l’enseignement.

Paul aussi est intolérant envers ceuxqui sont offensés par le Christ. Il reconnaitque la crucifixion fut un skandalon pourles juifs (1 Co 1.23), mais ça ne l’em-pêche pas de la prêcher. Il réserve l’in-sulte la plus brutale de toutes ses lettrespour les partisans de la circoncision,les accusant d’être offensés par la croix(Ga 5.11, 12).

Comme Jésus, Paul emploie aussile mot pour décrire une situation danslaquelle il faudrait éviter d’offenser unepersonne vulnérable. « C'est pourquoi,si un aliment scandalise mon frère[skandalizel], je ne mangerai jamaisde viande, afin de ne pas scandalisermon frère [skandaliso] » (1 Co 8.13).« Il est bien de ne pas manger de viande,de ne pas boire de vin, et de s'abstenirde ce qui peut être pour ton frère uneoccasion de chute. » (Rm 14.21).

À première vue ces instructions peu-vent ressembler à une condamnationgénérale de Jésus concernant l’offensefaite aux « petits », et suggérer devoirtoujours céder aux croyants faibles. Maisparce qu’il ressent le besoin de conseilleraux membres forts d’être sensibles àl’égard des nouveaux croyants, cela neveut pas dire que Paul souhaite uneéglise contrôlée par des chrétiens faibles.Si Paul avait pensé que nous devonsempêcher l’Église d’avancer à chaqueobjection, il aurait contredit sa proprepratique pastorale : toute une vie passéeà repousser les objections théologiques,culturelles et pratiques.

Une consciencefaibleEn tant que juif, Paul n’avait jamais

fait partie de la culture religieuse do-minante de l’empire. Maintenant, entant que juif chrétien, chargé de latâche importante de greffer la branchedes non-juifs (Rm 11.17), il cherche à

L ’un des grands principes pauli-niens pour le disciple chrétienest celui de la liberté en Jésus-

Christ. Nous sommes libérés du péchépar sa grâce, libérés de l’esclavage lé-galiste et libérés afin de refléter lemodèle et les enseignements de Jésus.Alors que Paul défend vigoureusementcette liberté (Ga 5.1), par deux fois il yajoute une restriction : nous devonsparfois volontairement restreindre notreliberté pour le bien des autres, plusfaibles que nous dans la foi(1 Co 8-10 ; Rm 14).

Les implications de ces passages ontun effet de grande portée sur notre mi-nistère. Je ne connais pas de pasteurqui n’ait été entravé dans ses effortspour effectuer des changements né-cessaires dans un programme d’église,et encore moins pour lancer une activitécréatrice, parce que « quelqu’un seraitoffensé. » Les sermons, les relations, lesplans sont tous la proie des sensibilités,parfois tendres, souvent coléreuses, du« frère faible ».

Le résultat possible est que l’Égliseadapte ses activités en fonction de lacapacité du membre qui a le plus deproblèmes. Je connais une église oùun seul homme a des objections colé-riques au sujet des repas en commun,pour des raisons qui ne sont ni logiquesni bibliques. Pendant vingt années,l’Église n’a pas eu de repas en commun.L’opinion irrationnelle d’un seul hommea dicté les actions de tous. Est-ce là ceque Paul avait à l’esprit ?

La tyranniedu frère faible

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voir à travers les yeux des gentils. Ilcomprend que les idoles qu’il sait ob-jectivement n’être rien, peuvent en faitêtre un problème subjectif pour lesconvertis païens. Une lecture rapide de1 Corinthiens 8 et 10 nous donne lesentiment qu’il y pense pendant qu’ilécrit, et du fait de la transition parlaquelle passe l’Église, c’est compré-hensible.

Dans les villes antiques, les lieux deculte et les marchands occupaient lecentre de la ville. Les idoles étaient ex-posées. Le boucher, le marchand ou lerestaurateur pouvait offrir une prière àses dieux et leur consacrer tout sonstock, dans l’espoir d’augmenter sesventes.

En dehors des juifs et des chrétiens,la plupart des peuples antiques étaientpolythéistes. La transition d’une multitudede dieux régionaux ou ethniques, à unseul Dieu universel, pouvait être difficile.Comme l’hindouisme d’aujourd’hui,l’ancien paganisme était moins uneconviction ou une conversion, qu’uneculture : les dieux étaient le contextespirituel de la vie journalière. La personneque Paul décrit vient tout juste d’entrerdans le christianisme. Elle est toujoursentourée de temples et d’idoles, et elleréalise presque inconsciemment l’em-prise indéfinissable, et presque sub-consciente, que le paganisme exercesur elle. Elle sent qu’il lui est nécessairede faire une séparation bien définie.

C’est celui dont Paul écrit, « Car, siquelqu'un te voit, toi qui as de la connais-sance, assis à table dans un temple

d'idoles, sa conscience, à lui qui estfaible, ne le portera-t-elle pas à mangerdes viandes sacrifiées aux idoles ? » (1 Co 8.10). Si la conscience est le lieude production des culpabilités, commenous définissons ce mot aujourd’hui,une conscience faible désigne la per-sonne qui n’a pas encore développéune robuste boussole morale. Elle estfacilement influencée. Son muscle morals’épuise, et elle pourrait retomber dansses anciennes habitudes.

Faible peut aussi contenir le sens de« tendre », suggérant que le sens morald’une personne est surcompensé. Ceciest sous-entendu dans Romains 14, oùPaul parle de la personne qui, en réalité,n’a pas besoin d’être aussi zélée ausujet des aliments et des jours de célé-bration, mais dont les doutes peuventêtre traités tout au long de la croissancede sa foi.

D’une façon ou d’une autre, il y acertaines choses que nous savonsconcernant ce frère qui est faible.

Premièrement, le problème est per-sonnel. Paul suggère que le frère quiest faible ne voit pas encore clairementque ce ne sont ni les enseignementsde l’église ni les actions des autreschrétiens, mais sa conscience, qui me-nace de le faire trébucher. « Une chosen'est impure que pour celui qui la croitimpure » (Rm 14.14). Ce qui est en jeuest sa foi, et non la foi.

Deuxièmement, si d’autres dansl’Église lui donnent satisfaction, ce n’estpas parce qu’il a raison, mais parcequ’il est faible. Ce qui le menace spiri-

tuellement n’est pas nécessairementréel : « Nous savons qu'il n'y a pointd'idole dans le monde, » dit Paul (1 Co8.4). Il s’en suit que le frère faible n’estpas celui qui, ignorant les convictionsd’autres étudiants de la Bible dans lacommunauté de l’Église, est autorisé àimposer ses scrupules à tous. Il y a desdémarches établies dans l’église pourrepenser la doctrine, ou établir l’ortho-doxie, mais demander tout simplementque tous se conforment aux convictionsd’une personne n’en fait pas partie.

Troisièmement, on s’attend à ce quecelui qui est faible devienne plus fort.Paul encourage la croissance dans lafoi (2 Th 1.30) et la connaissance (Col1.10) vers une maturité chrétienne (Ep4,15). Quand un enfant apprend à mar-cher, on prépare la voie pour lui afinque ses petits pieds ne trébuchent pas,et on lui tend les mains pour le soutenirs’il devait tomber. Vous ne voulez pas,pour le reste de sa vie, déblayer chaquesentier, et lui tendre les mains pourqu’il marche! Vous voulez qu’il apprenneà monter les escaliers, à marcher surun sol rugueux, à participer à des jeuxsans trébucher sur ses pieds, ou surceux d’un autre.

Ainsi ce n’est pas un chèque en blancpour manipuler l’Église. Celui qui tapedes pieds et menace de créer un conflit,à moins que les autres voient les chosesà sa façon, n’est pas qu’un « frère faible».Il a un problème spirituel, mais ce n’estpas celui dont Paul parle ici.

Les églises sont autant détruites par la capitulation trop facileface aux membres qui ont moins de maturité ou une conscience

faible, que par des doctrines erronées.Car les églises qui sont consumées par l’offense

explosent à cause de relations tendues.

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LO R E N S E I B O L D

Questions contestablesUne fois encore, quand un enseigne-

ment est central pour le témoignagechrétien, ni Jésus ni Paul n’ont cédé.Donc, si les croyants désirent accom-moder la personne faible, ou conflictuelle,ce ne peut être que pour des domainessans effet défavorable sur l’œuvre deDieu ou sur le salut des croyants.

L’emploi par Paul de la phrase discutersur les opinions (Rm 14.1) montre qu’ilreconnait que, dans l’Église, certainséléments de foi et de pratique seronttoujours sujets à discussion. On nepourra jamais éliminer tous les différentspoints de vue, et la conviction d’unepersonne ne peut dicter le point de vuecollectif.

Plusieurs parmi nous luttent aveccela, car nos convictions nous disentqu’il n’y a aucun point de doctrine oude conduite qui doive être finalementdéfinitivement établi ; après tout, je l’aiétudié et j’ai pris une décision claire. Etpourtant, une partie de ma maturationspirituelle est de réaliser que, non seu-lement toute question qui vient en dis-cussion dans l’église n’est pas d’im-portance salvatrice et, que pour certaines,on n’en a pas besoin, ou on ne peutpas être d’accord. Paul le reconnaitquand il écrit que pour maintenant« nous connaissons en partie » (1 Co13.9). Les questions controversées nedevraient pas empêcher l’église d’avan-cer, même si tous ne sont pas d’accordsur un sujet.

La sensibilité de Paul à ce sujet peutvenir de son expérience dans le judaïsmepharisaïque, où l’harmonie de la com-munauté dépendait de l’accord sur desmilliers de comportements spécifiques.Sa position contre le légalisme, suite àsa conversion, semble avoir joué unrôle pour les questions juives (jours dejeûne, nourriture, attitude envers l’ido-lâtrie) qu’il discute en Romains 14. Paulsemble rejeter la base de ces pratiques(p.ex. « Je suis persuadé par le SeigneurJésus que rien n'est impur en soi » v.14), il signale tout de même que l’église

ne doit pas laisser ces choses décou-rager les nouveaux croyants.

Ceci ne va pas suffire à mettre finaux conflits d’Église, car les pinailleurssont maîtres en matière de tourner l’ar-gument pour savoir si la question endiscussion est négociable ou non né-gociable. Sans aucun doute, beaucoupde questions de débat dans les Églises,se situent entre les deux pôles. Maispour Paul, les pôles sont clairs. Les dif-férends liés au rituel, au cérémoniel età la nourriture sont clairement dans unpôle. La primauté de Christ, ses ensei-gnements et sa puissance dans l’autrepôle. Dans ses lettres Paul traite dedouzaines de problèmes, mais il souligneune seule croyance unificatrice : la sou-veraineté de Christ, et la vie en relationavec sa souveraineté.

Notez, s’il vous plait, ces deux exi-gences : le frère faible doit être faibledans la foi, et pas seulement dogmatiqueou dictateur. Et nous n’allons pas ac-commoder sa conscience faible à toutce qui ferait boiter l’évangile de Jésus-Christ.

Le maillon faible Paul n’hésite pas à demander un

comportement adulte à ceux qu’il s’at-tend à trouver matures. Les chrétiensfaibles, il les nourrit, même s’il ne consi-dère pas que leurs scrupules viennentde Dieu. Mais quand Pierre travaille enGalatie, Paul s’attend à ce qu’il soutiennela liberté chrétienne. Il va jusqu’à « luirésister en face » (Ga 2.11) pour avoirrefusé de manger avec les chrétiensgentils en présence des autres chrétiensjuifs.

Mais qu’en est-il de celui qui restefaible volontairement, ou involontaire-ment ?

Chaque Noël je me bats avec mesampoules de Noël qui ne s’allumentpas. Sur 100 ampoules, 99 fonctionnent.Une seule est défectueuse et, à causede celle-là, aucune des autres nemarche.

Si c’était le modèle de l’ecclésiologiede Paul, et qu’on l’appliquait à l’occasiondans certaines congrégations, nousn’aurions plus d’Église chrétienne au-jourd’hui. Paul n’a jamais enseigné quel’Église devrait être contrôlée par lemaillon le plus faible. Exactement lecontraire ! L’Église est un temple fait depièces qui s’assemblent, s’élevant à lagloire de Dieu (Ep 2.21, 22). L’Égliseest un corps composé d’organes indi-viduels, certains importants et d’autresmoins (1 Co 12.12-30), mais tous ca-pables de se compléter, même si certainsne contribuent pas.

Voilà une ecclésiologie parallèle etvigoureuse. Le faible, entouré et soutenupar le fort, soutient la structure et la faitavancer, de préférence avec lui, maissinon, en dépit de lui. Un joint de mortierfaible ne fera pas tomber le temple, caril y a redondance. Un doigt coupé nemet pas tout le corps en péril.

Et Paul ajoute avec tact, si certainesparties étaient « les moins honnêtes » (1 Co 12.23) elles sont maintenuescachées par modestie. Pensait-il à cesmembres d’église, faibles mais pénibles,qui causent des problèmes quand onne leur accorde pas suffisamment d’im-portance visible ?

Le faible légaliste Les passages sur le « frère plus faible»

doivent être nuancés avec soin si nousne voulons pas contredire la plus belleet forte ecclésiologie de Paul. Le motoffenser ajoute à la confusion, car onpeut être offensé par suite d’irascibilité,de crainte, d’obstination ou d’ignorance,des caractéristiques dont l’usage deskandalon prouve que ce ne sont pasdes excuses valables. Paul recommandel’accommodation au faible uniquementdans certaines situations, quandquelqu’un est inutilement poussé au-delà du niveau de croissance qu’il aatteint, et uniquement pour des questionsdont les seuls enjeux sont une limitationmineure de sa propre liberté jusqu’à lamaturation du faible.

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LA TYRANNIE DU FRERE FAIBLE

Pour Paul, le chrétien strict et légaliste est celuiqui est faible. Évidemment, celui qui est faible nese reconnait pas comme tel. Il peut penser qu’êtrestrict est sa force. Pour le légaliste, la grâce deDieu en Christ ne semble pas suffisante. Dieu ré-clame de lui une obéissance artificielle et forcéeà une liste qui s’allonge de plus en plus. Ceci de-vient très évident quand il demande que tous seconforment à ses convictions, car alors nousvoyons qu’il n’est pas juste en train de lutteravec sa propre conscience, mais qu’il cherche àlégiférer pour contrôler une zone qui le stabilisedans son absence de stabilité. Or, cette stratégiene marche que rarement, et nous constatonsl’assurance du salut la plus faible, et la ruine laplus grande, parmi les plus légalistes de nosmembres.

Une part de notre lutte dans nos Églises conser-vatrices résulte de notre propre confusion ausujet du légalisme et de ce qui est strict. Quandquelqu’un se met en furie à cause de ce qui estservi au repas en commun, ou des instrumentsqui sont utilisés dans le culte, le voyons-nous(peut-être inconsciemment) comme exerçant unfort contrôle de soi, et une aptitude à lutter enfaveur des principes ? Dans ces situations, nouspouvons perdre de vue notre liberté chrétienne,et nous retrouver en train de perdre notre tempsau sujet de choses négociables et de peu d’im-portance, et ainsi prolonger l’adolescence spirituelledu croyant faible.

Les Églises sont autant détruites par la capitu-lation trop facile face aux membres qui ont moinsde maturité ou une conscience faible, que pardes doctrines erronées. Car les Églises qui sontconsumées par l’offense explosent à cause derelations tendues. De plus, le chrétien le pluspointilleux n’est pas nécessairement un chrétiensolide et productif. Accorder trop d’attention aufaible définit la foi par ce qui n’est pas fait plutôtque (comme le dit Jésus dans Mt 25.34-36) parce qui est bon, juste, charitable. Il est difficile devoir comment Paul, qui n’a jamais toléré lareligion du judaïsant, aurait eu l’intention d’acceptersimplement de devoir céder à ces frères ousœurs faibles qui réclament ce qu’ils veulent,plutôt que de les encourager à plus de maturitédans leurs relations avec Christ.

M

C’était en 1889. Pendant des mois Ellen Whitea énormément voyagé pour promouvoir le ré-

veil et la réforme, parlant continuellement de la beautétransformatrice de la justice du Christ. Elle avait déjàpassé trois semaines à prêcher dans un camp-meetingau Kansas, et elle insistait pour aller à d’autres rendez-vous à Williamsport, en Pennsylvanie.

Le voyage n’allait pas être facile. À cause de fortespluies et d’inondations, les trains étaient retardés ouannulés. De nombreux voyageurs retournaient frustrésà New York. En fin de compte, sans aucune autre solu-tion, Ellen et son assistant engagèrent deux cochers avecun chariot et des chevaux pour continuer le voyage. Fi-nalement, Ellen dut marcher plusieurs kilomètres dansla boue et la pluie, glissant sur les rochers de la montagne,contournant des arbres déracinés et des débris d’inon-dation, traversant des ravins où des ponts avaient ététotalement emportés. Elle ignorait qu’un barrage s’étaiteffondré au sud-ouest de Williamsport, provoquant untorrent rugissant à travers Johnstown, avait causé la mortde 2 000 personnes.

Finalement le groupe est arrivé à une auberge, où iln’y avait rien de chaud à manger. Trempés et affamés,ils sont allés se coucher… pour être réveillés par le gron-dement de la rivière, qui maintenant semblait impossibleà traverser. Sans se laisser décourager, Mme White a or-ganisé la construction d’un radeau pour traverser leseaux menaçantes, et est arrivée au camp trempée, parmiles campeurs découragés, mais sains et saufs.

Ce pénible voyage en valait-il la peine, simplementpour parler « réveil et réforme » dans un camp-meetingtrempé ? Ellen White le pensait. Elle a trouvé un groupede croyants qui avait écouté de nombreux discours doc-trinaires, mais qui avait désespérément besoin d’ins-truction pratique sur la manière de croire, simplementcroire, en Jésus-Christ.

– Cindy TUTSCH, DMin, vient de prendre sa retraite. Elle était directriceadjointe de la Fondation Ellen White, Silver Spring, MD, États-Unis.

Fixer les yeux sur Jésus

revivalandreformation.org

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C H A R L E S W E S L E Y K N I G H T, DMin, estpasteur de l’église adventiste du septième jour deDecatur, Géorgie, États-Unis.

cette douleur ne peut être contournéepar un autre lieu de travail du fait qu’elleest dans la chair ; elle est personnelle.Paul la décrit aussi comme persistante.Il est dit qu’il a demandé trois fois àDieu de l’éloigner de lui. Et Dieu ne lui apas accordé ce souhait. Comment unprédicateur, qui prie avec succès pourtant d’autres personnes, s’accommode-t-il du fait que sa douleur personnellepersiste, bien qu’il ait sollicité un sursis?

Le défi de sa douleur est qu’elle estchronique. Nous pouvons tous accepterun temps de douleur, ou d’inconfort,mais la douleur de Paul était de cellesqui durent. Et pire encore, cette douleurétait permise par le Dieu même quil’avait appelé à prêcher l’évangile. Sinous sommes honnêtes, la plus grandedouleur nous vient non de ce qui nousarrive, mais de celui qui la permet. Paulétait occupé à faire avancer le royaumede Dieu. Un des avantages de son travailaurait pu être d’être préservé d’une telledouleur. Pourtant, il en est réduit à parleraux gens d’un Dieu qui permet sa douleurpersonnelle. Le problème de Paul estdouloureux, personnel, persistant, et per-mis. Et pourtant il doit prêcher.

Le problèmen’est pas le problèmeNous pourrions, au départ, être conduits

à croire que la douleur de l’écharde dePaul était le problème, mais cela n’étaitpas le cas. Nous préfèrerions tous ne

pas avoir de douleur, et si possible, sup-primer les douleurs que nous subissonsen tant que prédicateurs. Mais la douleurde Paul n’était pas son vrai problème,pas plus que les douleurs que nous su-bissons. En fait, la douleur de Paul étaitl’antidote au vrai problème. Le problèmepotentiel auquel chaque prédicateur doitfaire face est le succès de son ministère.Dans bien des cas, le diable n’est pasnotre plus grande rétribution. Paradoxa-lement, notre plus grand danger peutvenir d’être utilisé puissamment par Dieu.Ce danger pourrait être le sentiment quinous vient en présentant un messagefort, ou l’euphorie qui nous saisit quandon nous demande de servir comme élé-ment principal d’un évènement vedette,ou d’accepter d’être élu à un poste ad-ministratif hautement important. Le véri-table problème auquel Paul étaitconfronté, comme tout pasteur, est l’or-gueil. Tout pasteur qui se tient devantune église, ou une assemblée de manièrerégulière, doit lutter contre le risque dedevenir vaniteux à cause de la qualitésupérieure du message.

Je dois reconnaitre que ça a été monproblème en tant que prédicateur, carj’ai eu l’occasion, durant mon court stagecomme prédicateur consacré, de prêcherdans plusieurs pays. Il y a eu des occa-sions où la Divinité a rayonné à traversmon manuscrit pitoyable, et enflamméle lieu de conviction et de célébration.J’ai souvent été témoin du miracle du

Tout prédicateur et dirigeant chré-tien accomplit son ministère dansle contexte d’un problème. Paul,

l’apôtre du Nouveau Testament, pouvaitfaire réfléchir les savants de la collinede Mars, mais il avait un problème. Sespuissantes proclamations sont impres-sionnantes, mais il avait quand mêmeun problème. Nous n’entendons Paulparler de ce problème qu’une seule fois,comme si ce problème n’avait pas grandeimportance. Cette unique mention deson problème ressemble à ce que nousfaisons aujourd’hui : minimiser nos diffi-cultés. Trop de prédicateurs ne sont pasen relation avec la réalité de leur propresproblèmes parce qu’ils se spécialisentdans l’aide aux autres face à leurs pro-blèmes.

Le problème de Paul semble êtrerévélé dans 2 Co 12.7 où il décrit «uneécharde… dans la chair » qui lui futdonnée.1 C’est un problème pour Paulparce que c’est douloureux. Cette«écharde» était probablement de naturephysique, causant au prédicateur douleuret inconfort. Comment peut-on prêcheret diriger au milieu de la douleur?

Tous les prédicateurs dirigent avec ungenre de douleur. Et parfois nous sommestentés d’attribuer la cause de la douleuraux personnes que nous dirigeons. Cer-tains pasteurs croient que si on leurconfiait une nouvelle paroisse ou si onles envoyait ailleurs pour un nouveauministère, la douleur disparaitrait. Mais

Le problème

Note de la rédaction : cet article est l’adaptation d’un sermon prêché lors de la conférencesur l’évangélisation et le leadership, présenté à l’université Oakwood, Huntsville,

Alabama, États-Unis, le 6 décembre 2011.

du prédicateur

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tionnelles et psychologiques qui colorentleur manière de voir et de pratiquer leministère.

Malheureusement, du fait des attentessurhumaines que nous plaçons sur nous-mêmes ou que nous acceptons de lapart de nos paroissiens, nous négligeonsla guérison dans ces lieux sombres etprofonds. Ainsi, nous commençons à soi-gner notre estime de soi, brisée et fragile,avec la «médication du ministère». Cettepratique de la médication du ministèrenous permet de prêcher et de dirigeravec l’intention de glorifier Christ, alorsqu’en réalité nous nourrissons notre or-gueil et notre estime de soi dans uneffort inconscient d’agir sur nos propresproblèmes émotionnels et psycholo-giques.

Compareret concourirLa pratique de la comparaison et de

la compétition est également employéedans le ministère pour nourrir notre or-gueil. Nous avons créé un esprit de cor-poration à la mesure de notre succèspastoral. Nous utilisons les nombres debaptêmes comme notre solde final. Lesbâtiments d’église sont considéréscomme développant notre réputation.La présence à l‘église devient la mesurestatistique hebdomadaire que nous uti-lisons pour déterminer le progrès. Nousutilisons ces mesures pour nous compareravec d’autres églises «compétitives.»

Ces outils de mesure sont inadéquatset inappropriés face aux principes bi-bliques. Tous NOUS désirons que noséglises croissent en nombre et en service,MAIS ce ne sont pas là les seules mesuresque Dieu utilise. En fait, Paul nous donneun aperçu de son CV pastoral dans 2Corinthiens 11.23-30, et il ça ne res-semble pas aux curriculum vitae quenous pourrions lire aujourd’hui. Paul de-mande «Sont-ils ministres de Christ? -Je parle en homme qui extravague. -Jele suis plus encore : par les travaux, bienplus; par les coups, bien plus; par lesemprisonnements, bien plus. Souvent endanger de mort, » (v. 23) Paul définit

son ministère, mais non par le nombrede personnes qu’il a gagnées pour Christ.Il définit son service pour Christ par lenombre de défis et de difficultés qu’il aendurés à cause de sa fidélité à l’appel.Il nous en donne la liste ; il a reçu 39coups en cinq occasions différentes, étébattu trois fois avec des verges, lapidé,fait naufrage, été en danger constantsur la mer, dans la ville, et parmi sonpropre peuple. Il décrit des nuits sanssommeil, des jours souffrant de la faim.Il conclut cette sombre liste d’expériencesen déclarant, «S'il faut se glorifier, c'estde ma faiblesse que je me glorifierai ! »(v. 30). Paul mesure son succès pastoralpar ses cicatrices, alors que nous nousmesurons par nos étoiles !

Les expériences de nos jours semblentêtre en opposition directe avec l’expé-rience de Paul et de bien d’autres prédi-cateurs du Nouveau Testament. Au premiersiècle, vous n’aviez pas réellement prêchétant que quelqu’un n’avait pas cherchéà vous tuer. La popularité et l’acceptationdu message n’étaient pas l’objectif cen-tral, comme le contexte de vedettariatde nos jours. La définition du succèsdans le ministère ne doit pas être la per-formance, la présence, le nombre, oumême les finances. Ce doit être la fidélitédans le travail qu’il nous a donné. Dansce but, Dieu permet les échardes dou-loureuses. Pour paraphraser et adapterun negro spirituel : J’ai une écharde,vous avez une écharde, tous les prédi-cateurs ont une écharde.

Paul décrit l’écharde comme «un angede Satan» (2 Cor.7). Ceci soulève laquestion : qui est responsable de cetteécharde? Paul semble placer le blâmesur Satan qui utilise cette écharde afinde le tourmenter. Néanmoins Paul ditque l’écharde est nécessaire pour lemaintenir humble. L’écharde est-ellel’agent de Satan ou celui de Dieu? Dieuet Satan peuvent utiliser les échardesde notre vie. Il y a des réalités doulou-reuses dans la vie de tous les prédicateursque Satan cherche à utiliser pour nousdécourager, ou nous faire taire. L’échardereprésente ce qui, dans votre vie, causeune grande anxiété ou douleur. Ce pour-

grand nombre de personnes repentantess’avançant vers l’avant de l’église en ré-ponse à ce que le Saint-Esprit disait parmoi. Je veux reconnaitre que toute lalouange appartient à Dieu. Je suis d’ac-cord que c’était le résultat de son Espritqui parlait au cœur et à l’esprit desgens. Pourtant, dans ces moments degloire homilétique, j’ai souvent été tentéde voler la gloire à Dieu, ou au moins dela partager. J’ai été tenté de croire quela puissance qui passait par moi, avaitson origine en moi.

Cette rétribution interne est souventprésente avec moi sur la chaire. Desfois, une lutte invisible s’engage sur lachaire : mon orgueil lutte avec le désirde Dieu que je parle à son peuple entoute simplicité. Je peux sentir quandDieu me dit de me détourner des notesque j’ai étudiées et répétées, mais j’aide la peine à obéir car je désire finir lesphrases que j’ai composées avec soin.Il y a même des moments où je sensque Dieu me dit de finir mon sermonplus tôt, mais je soutiens avoir encorequelques perles plus sagaces à partager.Ainsi, malheureusement, je dois admettreque parfois ma volonté égoïste l’emporte.J’ai une écharde, et je soupçonne quetous les prédicateurs en ont aussi une.

L'ego du prédicateur est un chose fra-gile, facilement nourrie par les occasionsque nous espérons avoir dans le ministère.La nature de la proclamation de l’évangileest de placer le messager dans une si-tuation précaire. La réalité, c’est que,même si toute la louange appartient auDieu qui vous a donné le message, lesgens ne peuvent ni voir ni toucher Dieu.Cependant, les gens peuvent voir et tou-cher le prédicateur. Ils essaient de ré-pondre à un message spirituel et divine-ment inspiré, tout en montrant leur ap-préciation à un messager humain dé-fectueux et fragile. Ceci offre une tentationséductrice pour le narcissisme du prédi-cateur. «Les dirigeants chrétiens utilisentsouvent ceux qu’ils conduisent pour re-hausser leur propre image, et pour amé-liorer ce qu’ils ressentent au sujet d’eux-mêmes.»2 La vérité? Beaucoup de pré-dicateurs souffrent de blessures émo-

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fluents de son siècle, et pourtant il étaitconstamment incompris par sa proprerace, et haï par beaucoup d’américains.L’écharde semble être la marque distinc-tive de chaque prédicateur qui chercheà transformer le monde par la Parole.Tous les prédicateurs de Dieu ont deséchardes.

La foi résolue de Paul, après avoirplaidé pour être débarrassé de sonécharde, peut venir de sa compréhensiondu mot écharde dans le grec classique.Le mot skolops, traduit par écharde, estemployé une seule fois dans la Bible.Cependant, ce mot, dans le grec clas-sique, décrit un pieu qui, enfoncé dansla terre, maintient la tente en place. Lefait que Paul était un faiseur de tentesn’était pas une coïncidence. Paul utilisece mot pour nous signifier le but del’écharde dans son ministère. L’échardeagit comme un pieu pour maintenir leprédicateur en place. Paul savait que,sans le pieu, la tente pouvait être em-portée par des vents qui hurlaient et parde terribles tempêtes. Les échardes dansnotre ministère sont comme des pieuxqui nous gardent en place afin que nousne soyons pas emportés par la douleurinattendue de notre ministère. Dieu saitque si ce n’était mon écharde, j’auraispermis aux exigences de mon ministèrede ruiner mon mariage Si ce n’était monécharde, j’aurais quitté le ministère àcause de l’amertume d’un traitement in-juste. Mais l’écharde me maintient enplace. L’écharde ne me laissera pas par-tir. Elle ne me rendra pas silencieux.L’écharde me pousse à terre dans laprière fervente. L’écharde me rappelleque je ne suis que poussière. L’échardedemande que je m’arrête et sache qu’ilest Dieu (Ps 46.10). Le miracle del’écharde est que ce que j’avais de-mandé à Dieu d’enlever était la chosemême qu’il emploie pour sauver monministère.

Finalement ces deux réalités préser-vent chaque ministère de prédicateur dela destruction : écharde et grâce.L’écharde nous rend humbles, la grâcenous encourage. La solution pour notreorgueil pastoral est l’écharde, représen-

tée par les situations douloureuses dela vie, ainsi que nos insuffisances. Dieua assuré Paul que ce dont il avait le plusbesoin n’était pas sa suppression, maissa révision. Le centre d’intérêt passemaintenant de la douleur du prédicateurà l’objectif de Dieu. La faiblesse pastoralea le potentiel de révéler la force divine.La vérité c’est que les prédicateurs n’ontpas à être surhumains. Nous ne devonspas être corrects tout le temps. Nousaussi pouvons être blessés, pleurer etlutter. Nos échardes révèlent sa grâce.Ainsi donc, il y a un appel inhérent à tousles prédicateurs d’accepter les échardesde leur ministère. Paul dit, « Quand jesuis faible, c'est alors que je suis fort »(2 Cor 12.10). Notre force n’est pas decacher nos insécurités, nos déceptionset nos douleurs, mais de les confesser.Nos églises, nos fédérations ou unionset nos populations ont besoin de com-prendre que nous prêchons et dirigeonsavec des échardes humaines.

La lettre de Paul aux Corinthiens estun acte de confession publique. Paul sa-vait que l’on ne conquiert jamais cequ’on ne confesse pas. L’exemple dePaul pour tous les prédicateurs est devivre dans l’authenticité de leur faiblesse.Confessez la fierté qui cherche à fairedérailler votre prédication. Recevez votreministère comme un don qui n’est làque pour révéler la gloire de Dieu. Sou-venez-vous que la fidélité est la mesuredu succès pastoral. Laissez de côté lafaçade et soyez le canal inadéquat desa grâce. Prêchez, travaillez, et dirigezavec votre écharde. Quand vous le faitesen toute humilité, et par la grâce de Dieu,le problème du prédicateur devient saforce.

1. Tous les textes bibliques dans cet article sontde la Bible version Louis Second.2. Gary L. McIntosh et Samuel D. Rima Sr., Over-coming the Dark Side of Leadership (Grand Ra-pids, Mi; Baker Publishing Group, 1997), 99.

rait être un sentiment d’insuffisance. Lemalin utilise l’écharde pour vous convain-cre que vous ne serez jamais assez bon.Il l’utilise pour vous dire que vous êtesinadéquat et inefficace. Dans 2 Corinthiens12.7, le mot que nous traduisons «souf-fleter » est kolaphizo. Ce mot évoquel’image d’un visage frappé par un poingfermé. Ces coups décourageants peuventdevenir persistants et irrépressibles dansl’esprit du prédicateur. Ils peuvent vousfaire venir devant la chaire, ou au comitéd’église, avec le saignement interne dudoute. La pensée persistante et les doutespeuvent faire croire au prédicateur qu’ilest incapable d’accomplir ses tâchespastorales. La Bible note la futilité de laprédication, et l’appelle « folie» (1 Co1.18). Nous ne serons jamais assezbons ni dignes de la vocation qui agitdans nos vies. C’est vrai. Pourtant cen’est qu’une demi-vérité comme tantdes messages de Satan à l’humanité.

Pourquoi Dieupermet-ilde telles échardes ?Dieu permet cette écharde dans notre

chair pour nous faire connaitre notre fai-blesse et notre fragilité. Ce que Satanfait pour nous décourager a le potentielde nous humilier. L’humilité est la vérita-ble position de puissance. Quand on faitl’expérience de l’humilité, les barrièresde l’ego et de l’agenda humain sontécartées du chemin, ce qui ouvre la voiepour que Dieu se révèle. La grandeur esttoujours accomplie par ceux qui ne re-cherchent pas de gloire personnelle.C’est pour cela que Jésus parlait souventde l’humilité dont il était un modèle. Jé-sus comprenait que l’orgueil était à l’ori-gine du péché dans le ciel, et la seulel’humilité peut le soigner. Jésus permetl’écharde afin de placer Paul, et chaqueprédicateur, dans une position de vérita-ble force spirituelle. Charles Spurgeonétait connu comme un des plus grandsprédicateurs de sa génération; mais sonécharde était une maladie douloureusequi le rendait dépressif. Martin LutherKing Jr. fut un des hommes les plus in-

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C H A R L E S W E S L E Y K N I G H T LE PROBLÈME DU PRÉDICATEUR

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Marc Klinkhamer, est un adventiste hollandais qui vit en France depuis de nombreusesannées. Il est le président de la Ligue Vie et Santé. Professionnellement il estmusicothérapeute et formateur en analyse transactionnelle. Ses activités professionnelles,

comme son engagement bénévole, l’ont conduit à créer et animer de nombreux groupes dans lesquelsle climat de confiance permet à chacun d’apprendre et surtout de prendre des décisions et demodifier ses habitudes de vie.

Dans ce livre, l’auteur partage son expérience et encourage toutes celles et ceux qui le désirent à créer et animer despetits groupes de parole.

Il commence par montrer l’importance de donner la parole aux gens. Il présente ensuite les différents contextes danslesquels fonctionnent aujourd’hui des groupes de parole. Ensuite, de façon simple et pédagogique il décrit unedémarche en 7 étapes pour créer, organiser et animer un groupe de parole. La première étape consiste à bien définir legenre de groupe que l’on veut initier et les conditions qui caractérisent ce genre de groupe. Dans la deuxième étape, ilexplique les conditions nécessaires à la mise en place d’une atmosphère de confiance au sein du groupe. La troisièmeétape rappelle les règles de l’écoute active et les conditions permettant à chacun d’exprimer son ressenti. La quatrièmeétape énonce les conditions d’une écoute réciproque qui évite le jugement et la projection. La cinquième étape seconcentre sur l’évaluation des échanges qui se produisent au sein du groupe. La sixième rappelle les grilles de l’analysetransactionnelle et l’aide qu’elles apportent. Et, enfin, la septième étape donne des pistes pour faire face aux difficultésqui peuvent survenir à l’intérieur d’un groupe de parole.

Tout au long de ce parcours, l’auteur propose 27 exercices pratiques pour acquérir les savoir-faire nécessaire àl’animation d’un petit groupe. Et c’est souvent dans ces exercices que l’animateur trouvera les pistes concrètes luipermettant d’améliorer son animation, d’éviter les écueils et de donner toute sa richesse à la vie du groupe.

Ce manuel pratique devrait figurer dans la bibliothèque de tout pasteur adventiste. Il lui sera très utile pour former lesanimateurs des classes de l’école du sabbat, les dirigeants des commissions et comités dans les églises, les fédérations etles unions, mais aussi les animateurs de groupes ou églises de maison qui, dans l’atmosphère privilégiée de petitsgroupes, permettent le partage de l’évangile de façon concrète avec des voisins et amis des membres de l’église.

Même si ce livre n’est pas écrit spécifiquement pour l’église, il est tout à faitpertinent pour les groupes initiés par l’église. Les exercices proposés permettront àchaque animateur et animatrice de trouver des idées pour lancer de nouveauxgroupes et des techniques faciles à mettre en place pour progresser dans sa manièred’animer.

L’auteur, conscient des besoins de l’église, a écrit un petit complément destinéparticulièrement à l’église pour faciliter l’utilisation de son manuel par lesmembres d’église. Ce complément est accessible sur le site Internet de l’Unionfranco-belge (www.adventiste.org), parmi les documents à télécharger dans larubrique catéchèse –adultes.

Ne vous privez pas de cet outil important pour travailler dans la sociétécontemporaine !

Bernard Sauvagnat

LIVRE

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Marc KLINKHAMER, Créer soi-même un groupe de parole.Comment créer, organiser et animer un groupe de parole en toute autonomie.

Manuel pratique

Nantes : éditions Amalthée 2011, 254 pages, 13,50 €

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S K I P B E L L , DMin, est professeur deleadership chrétien et directeur du programmede Doctorat en ministère pastoral à la Facultéadventiste de Théologie de l’UniversitéAndrews, Berrien Springs, Michigan, États-Unis.

La motivation n’est pas un mystère.Nous pouvons la comprendre. Nouspouvons motiver. Plus exactement, nouspouvons amener les autres à expéri-menter eux-mêmes la montée de lamotivation. Le processus de compré-hension est centré sur l’Écriture. Mais ildécoule des sciences sociales. Com-prendre exige que nous réfléchissionsà ce que nous croyons concernant lavie à notre époque.

Notre discours sur la motivation estassorti d’une sorte de crainte. Craintede ne la poursuivre que pour réalisernos propres agendas égoïstes et pourobtenir le plus possible de ce que nous

Souvent, les responsables d’égliseenvisagent la motivation commeun phénomène mystérieux. C’est

si vrai que notre conception de la moti-vation suscite autant de questions quede réponses. Les disciplines psycholo-giques et la théorie organisationnelleproposent des prémisses qui oriententvers des directions opposées. D’un côté,les gens croient que la motivation tientdu naturel – c’est inné. De l’autre, onenvisage la motivation comme un traitmystique. Même quand il demeure pos-sible d’identifier les forces qui aident etcelles qui freinent, le fait d’être motivédéfie toute définition.

Pour commencer, la motivation secomprend mieux à la lumière de l’Écri-ture. Sans nul doute, la science facilitela compréhension et enrichit nos ré-flexions. Pour comprendre la motivationil faut en explorer la signification dansl’existence humaine. Et là, nous dépen-dons d’une révélation spéciale. Ce n’estque lorsque nous comprenons notrerelation au Créateur que nous pouvonssaisir la nature de la motivation. Ainsi,devant la notion de motivation, les dis-ciples du Christ doivent maitriser l’idéede temple du Saint-Esprit et commentil instille le sentiment de l’urgence et laferveur de nos initiatives.

Le facteur motivation :

pourquoi les gens fontce qu’ils font ?

On la trouve chez les membres des églises en pleine expansionaussi bien que dans des organisations qui changent le monde.Apparemment, il en va de même pour les gens qui réussissent.

Une équipe pastorale efficace remplie de l’Esprit en a certainement besoin. De quoi s’agit-il ?

De la MOTIVATION.

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désirons des autres. Cette crainte semanifeste lorsque nous pensons hon-nêtement à la faiblesse de notre proprehumanité. L’égoïsme se dresse sur laroute de cette véritable compréhension.Nous ne pouvons bien comprendre nosmotivations que si nous sommes enpaix avec le sens de notre vie. Et cettepaix est plus profonde que les intérêtsqui trop souvent encombrent le chemindu ministère. La paix ne se découvrepas à travers les évaluations de noscollègues. Elle vient plutôt de laconscience de notre raison de vivre etde faire ce que nous faisons. C’est vraique la motivation augmente la produc-tivité ; mais elle ne peut être compriseque lorsque nous l’approchons entermes de signification, de service etde joie.

Ce qui va suivre est une approche dela motivation enracinée dans la spiri-tualité qui engage les besoins, les talentset les aspirations de ceux que nouscherchons à servir et à conduire auservice de Dieu. Nous débuterons enévoquant quelques approches humainesde la motivation, puis nous étudieronsce que dit l’Écriture.

La motivationdans l’expériencehumaine :Une approche théoriquePrenons le domaine du travail : les

gens se sont organisés ou ont été or-ganisés pour travailler depuis les tempsanciens. Regardez les pyramides

comme le pourcentage de résultat sou-haité en fonction des efforts déployés.Gagner 100 euros en investissant 10euros est productif. Mais en gagner 100avec un investissement de 105 ne l’estpas. On dit alors que la gestion efficientepour la productivité est la clé de lasurvie de l’organisation.

D’un point de vue culturel, la motiva-tion construit sa valeur utilitaire autourde la productivité. La question demeure :comment pouvons-nous motiver lesgens pour que la productivité augmente?Le problème de la productivité commenotion concerne ce que nous mesurons,ce que nous valorisons vraiment. Lamesure de la valeur du travail déterminéepar celui qui le fait peut être différentede celle déterminée par celui qui a be-soin que le travail soit fait. Par exemple,un peintre valorise la beauté d’uneœuvre d’art tandis que le commerçantla valorise selon ce que paiera un ache-teur pour cette œuvre. L’un s’attache àvaleur artistique; l’autre donne la prioritéà la valeur commerciale. Comprendrela motivation exige de changer notreconception de la productivité, en plaçantles termes de la productivité dans lesmains ou plus précisément dans l’âmede celui qui fait le travail en réalité.

Un survol rapide de certaines re-cherches de sciences sociales sur lamotivation peut aider ici. En ce sens,l’œuvre d’Elton Mayo est remarquable.Sa recherche s’appuie sur le travaild’Hawthorne de la Western ElectricCompany de Chicago entre 1924 et1927. Selon Mayo, le monde social del’adulte se construit autour de son travail

d’Égypte. L’un de ces édifices, la GrandePyramide, mesure 230m de long dechaque côté ; 146m de haut. Elle compteplus de 2 millions de blocs de pierredont chacun pèse 2 tonnes. Il manqueseulement 2,13m à la base de la struc-ture pour constituer un carré parfait1.Ce bâtiment a été érigé sans le concoursde moteurs à combustion interne, sanscalculatrices électroniques ni ordinateurs.Des hommes ont travaillé. Pourquoi ?Ils y ont été forcés – asservis.

Généralement, les cultures anciennesfaisaient une distinction entre initiativescréatrices et travail. Elles méprisaientle travail, croyant qu’il perturbait lesarts. Ainsi utilisaient-ils les esclaves pourle travail. Il y a des exceptions. Et ellesont augmenté à mesure que l’histoireavançait. Au Moyen-Âge, les moines ontconstruit des monastères et ont notéleurs temps et méthodes, apparemmentpréoccupé par l’efficience et la produc-tivité 2. Qu’est-ce qui motivait leur travail?Ils ont envisagé le résultat comme glo-rifiant un objectif pour lequel ils se sen-taient appelés.

L’idée du travail comme vertu doitses origines à la Réforme Protestante.Les idées théologiques que nous allonsexplorer ont fait surface. Les gens ensont venus à comprendre qu’ils sontconduits par l’Esprit de Dieu, appelés àun sacerdoce spirituel, et doués pourle service. Le travail a pris une nouvellesignification. Il est devenu épanouissantet respectable; et l’oisiveté déplorable.

Considérons l’idée de productivité.La productivité se définit généralement

La motivation n’est pas un mystère. Nous pouvons la comprendre. Nous pouvons motiver.

Plus exactement, nous pouvons amener les autres à expérimenter eux-mêmes la montée de la motivation.

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et sa motivation est conditionnée parses relations sociales. La reconnaissanceet la valorisation sont plus importantesque les éléments matériels et les rela-tions sociales ont plus d’influence surla motivation que la gestion3.

Abraham Maslow, dont la recherchela plus souvent mentionnée est « ATheory of Human Motivation » (1943)[Une Théorie de la Motivation Humaine]et «Motivation and Personality » (1954),[Motivation et Personnalité], est plusconnue pour sa hiérarchie des besoinshumains : physiologiques, sécuritaires,amour, estime de soi et réalisation desoi. Maslow indique que c’est une hié-rarchie de motivation pour les humainsqui aspirent à un niveau plus élevé. Lacontribution de Maslow à notre investi-gation sur la motivation se résume biendans cette déclaration : « Un musiciendoit faire de la musique, un artiste doit

Les gestionnaires de la théorie X estimentque les gens n’aiment pas le travail.Par conséquent, il faut les contrôler oules récompenser. Les gestionnaires dela théorie Y, par contre, croient quel’énergie au travail est aussi naturelleque celle pour jouer ou se reposer. Lesgens recherchant la responsabilité, sedirigeront eux-mêmes et améliorerontleur performance. Selon McGregor, sarecherche prouve que les organisationsflorissantes sont caractérisées par desgestionnaires pratiquant la théorie Y 6.

Nature et pratiquede la motivationVue de manière extrinsèque, la moti-

vation est l’équivalent du contrôle. Nouspouvons contrôler le comportement desautres par des facteurs externes commeles règlements, la rémunération ou lasanction. Mais ce comportement nepeut pas être défini comme motivation.

La motivation nous fait faire quelquechose parce que nous voulons le faire.Elle est intrinsèque. On l’observe chezceux que nous appelons des initiateurs,des gens qui prennent l’initiative, quiéprouvent de la joie à réaliser les choses.

Pour nous chrétiens, notre théologiedonne forme à notre vision de la moti-vation. Que croyons-nous de Dieu ? Jeconstate qu’en majorité, les gens croienten un Dieu qui contrôle et punit. Je leperçois dans l’approche du moniteurde l’École du Sabbat qui débute saclasse en demandant les heures quechacun consacre à aider ou le nombred’études bibliques données. Je le détectedans les sermons orageux qui nousrappellent notre responsabilité : « Noussommes chrétiens, membres de cecorps; ainsi donc, revenez cet après-midi pour la distribution des imprimés».

Mais il n’est pas nécessaire qu’il ensoit ainsi. En tant que responsables,

peindre, un poète doit écrire s’il veutêtre heureux finalement. Un hommedoit être ce qu’il peut être » 4.

Au cours des années 50, FrederickHerzberg a mené une recherche sur200 ingénieurs et comptables dans larégion de Pittsburg. Il a élaboré la théorieselon laquelle les gens sont motivésparce qu’ils trouvent de la satisfactiondans leur travail. Les facteurs d’hygiène,autant que les règlements, la supervision,le salaire et les conditions de travail nemotivent pas ; mais ils peuvent susciterle mécontentement. Selon lui, la moti-vation est liée à des questions commela responsabilité, la réalisation de soiet la reconnaissance. Elle se trouvedans le travail lui-même5.

Douglas McGregor, dans son travailThe Human Side of Enterprise (1960),décrit deux modèles de gestion qu’ilprésente comme Théorie X et Théorie Y.

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Hiérarchie des besoins selon Maslow

Besoin d'accomplissement de soi

Besoins d'estime(confiance et respect de soi, reconnaissance

et appréciation des autres)

Besoins d'appartenance et d'amour(affection des autres)

Besoins de sécurité(environnement stable et prévisible,

sans anxiété ni crise)

Besoins physiologiques(faim, soif, sexualité, respiration, sommeil, élimination)

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initiatives revêt une grande in-fluence et une grande puis-sance. Cela ne veut pas direque nous devrions reproduirechaque ministère de l’église.Cela sous-entend, cependant,que nous devrions manifesterun zèle qui va au-delà de nosresponsabilités professionnelles.

Intensifier les relations interper-sonnelles. Les réseaux relation-nels sont facteurs de motiva-tion. Des équipes où lesmembres se prennent récipro-quement en charge passent dutemps à prier et à converser. Ilsprennent plaisir à être ensem-ble. Leur motivation grandit.

Croire en Dieu peut faire de cha-cun une personne de valeur.Dieu appelle les gens à être cequ’ils peuvent devenir. Votre vi-sion des gens façonne ce qu’ilsdeviendront.

Fondementthéologiquede la motivation Mais quel est le fondement théolo-

gique de la motivation chrétienne ?Parmi les réponses possibles, j’ai choisile concept chrétien de la joie 7.

Jésus a parlé de la joie triomphantequi émerge du profond chagrin des dis-ciples juste avant sa crucifixion. « Vousvous questionnez les uns les autres surce que j'ai dit: Encore un peu de temps,et vous ne me verrez plus ; et puisencore un peu de temps, et vous meverrez. En vérité, en vérité, je vous ledis, vous pleurerez et vous vous lamen-terez, et le monde se réjouira : vousserez dans la tristesse, mais votre tristessese changera en joie. Vous donc aussi,vous êtes maintenant dans la tristesse ;mais je vous reverrai, et votre cœur seréjouira, et nul ne vous ravira votre joie »(Jean 16.19,20, 22). Comme les pre-miers disciples au moment de sa mort,nous attendons le retour du Christ. L’at-tendons-nous dans la tristesse ou dansla joie ?

Un moment tapis dans ma mémoireoffre un tableau à la fois sérieux et hu-moristique du dilemme auquel sontconfrontés les croyants adventistes dansl’attente du retour de Jésus. C’était unaprès-midi d’été 1990. Le soleil illuminaitle paysage urbain alors que je sortaisde ce que l’on connaissait alors commele Hoosier Dome à Indianapolis, Indiana.Mon cœur était rempli de joie. J’étaisen compagnie de milliers de croyantspleins de foi qui allaient assister à lasession de la Conférence Générale del’Église. Ils avaient plein d’histoires –des histoires de victoires, des histoiresde gens qui s’étaient donnés à Jésus.

nous pouvons motiver l’église pour unmeilleur ministère, et les techniques demotivation que nous utilisons devraientêtre éthiques et compatibles avec laParole. Ce qui va suivre est un bref ré-sumé de ces techniques.

Aider les gens à identifier un be-soin en les exposant à la réalité.Nous le faisons lorsque nous ai-dons un fumeur à visualiser leseffets dévastateurs de la ciga-rette ou que nous exposons unchauffeur négligent à la tragé-die humaine d’un accident.Nous le faisons aussi quandnous donnons à la jeunessechrétienne l’occasion d’expéri-menter la satisfaction spirituelleet la sincère reconnaissance deceux qui vivent dans la pauvretélorsqu’on leur construit uneécole ou une chapelle durantun voyage missionnaire.

Assigner des responsabilitésaux gens. La responsabilité estun grand maître. En se sentantresponsable de contribuer parses efforts, on engage son po-tentiel intellectuel et on relèvede nouveaux défis.

Promouvoir la valorisation et lareconnaissance. On réagit po-sitivement quand on a l’assu-rance d’investir son temps etson énergie de manière à fairedu bien aux autres. La recon-naissance de l’église nous as-sure que nos vies ont du senspour Dieu.

Manifester notre enthousiasmepersonnel pour le ministère.Lespasteurs sont des spécialistesde l’exhortation. Mais êtrel’exemple d’une personne mo-tivée pour son ministère et ses

LE FACTEUR MOTIVATION : POURQUOI LES GENS FONT CE QU’ILS FONT ?

[…] nous remplissons notre tâchepour une raison qui sous-tend toutesles autres: nous avons goûté l’amourde Jésus et cet amour a transformé

notre vision du monde.

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Des milliers de gens baptisés, des vieschangées. J’ai applaudi. Des larmes dejoie humectaient mes paupières ; moncœur débordait.

À ma sortie du dôme, une manifesta-tion juste en face de moi faisait contraste.Des bannières exprimaient la convictiondes manifestants qui allaient et venaient :« Les temps actuels sont à la tristesse ».« Pleurez et lamentez-vous ». Des pan-cartes agitées ponctuaient leur message.La littérature que l’on me mettait dansla main réprimait ma joie ressentie.« Nous vivons à la fin des temps, repen-tez-vous, pleurez sur vos péchés », medisait-on.

Je dois confesser que je pleure faci-lement. Est-ce le doute, ce malaise res-senti dans mon âme ? Ou bien est-cepeut-être une expression plus universellede l’expérience religieuse humaine :mélange de tristesse et d’aspiration ?Une centaine de milliers de gens ontpéri lors d’un tremblement de terre enChine. Un enfant anonyme s’est endormidu sommeil de la mort à cause de lafamine en Afrique. Un collègue cher aperdu sa bataille contre le cancer. Uneballe perdue a fauché la vie d’un enfantde six ans à Philadelphie. Se pourrait-ilque ce soit là le monde de mon Père ?Étrangement, mon élan pour Jésus estdevenu une joie plus douce au milieude la souffrance.

Jésus a inclus un mot pour nousdans son message d’adieu et d’espoiraux disciples : «Je vous ai dit ces choses,afin que vous ayez la paix en moi. Vousaurez des tribulations dans le monde ;mais prenez courage, j'ai vaincu lemonde » (Jean 16.33). Durant la suitede leur vie, les onze allaient expérimenterla pauvreté, la richesse, la persécution,les miracles, le naufrage et la célébration.Simultanément, ils auraient à témoigner,à voir la puissance du Saint-Esprit, et àdésirer grandement être avec Jésus. Ilsauraient à attendre, attendre jusqu’à lamort. Attendre avec joie !

avons été créés pour la joie. Oui ! La foiet l’amour ne peuvent être dissociésde l’expérience de la joie. Et nous rem-plissons notre tâche pour une raisonqui sous-tend toutes les autres : nousavons goûté l’amour de Jésus et cetamour a transformé notre vision dumonde.

Souhaitez-vous motiver des membrespour le ministère? Comprenez la naturehumaine, faites preuve d’une directioncompétente qui respecte une déontologiedans la promotion de la motivation et,par-dessus tout, vivez, prêchez, et en-seignez la joie de notre Sauveur res-suscité.

1. Pour une description plus complète de l’in-génierie et de la construction de la Grande Py-ramide de Gizeh, voir N. Smith, « Classic Projects:The Great Pyramid at Giza. » in Engineeringand Technology 6, n° 1 (February 2011), p.112, 113.2. Scott Reeves a fourni une illustration tiréedu travail réalisé des moines qui construisaientleurs monastères : « Les Abbayes cisterciensdu Yorkshire au Moyen-âge. » in British Heritage32 # n°1 (March 2011), p. 50-55.3. Voir Elton Mayo, « Supervision and Morale. »in Journal of the National Institute of IndustrialPsychology 5 n° 5 (January, 31, 1931), p. 248-260. 4. A. H. Maslow, « A Theory of Human Motivation.», in Psychological Reviewue 50, n°4 (July1943), p. 383.5. Pour une application de la théorie d’Herzbergdans un environnement universitaire, voir RyanE. Smerek and Marvin Peterson: « ExaminingHerzberg’s Theory: Improving Job SatisfactionAmong Non-académic Employees at a Univer-sity. » in Research in Higher Education 48, n°2(March 2007), p. 229-250.6. Elizabeth Fisher compare le travail de McGre-gor avec les chercheurs précédemment citésdans cet article; voir Elizabeth Fisher , « Motivationand Leadership in Social Work Managment: AReview of Theories and Related Studies. » inAdministration in Social Work 33, n°4 (Octo-ber-December 2009), p. 347-367.;7. Je recommande deux sources pour appro-fondir une théologie de la joie. Le premier estFloy Branson, « And Now… The Theology ofJoy » in Encounter 34 (Summer 1973), p. 233-245 ; l’autre est Richard Niebuhr, « The WidenedHeart » in Harvard Theological Review 62, n°2(April 1969), p. 127-154.

Souvent, nous aussi, nous reléguonsla joie à la gloire à venir. Nous enfaisons une expérience humaine quidoit être repoussée jusqu’au retour deJésus. Ce faisant, nous nous résignonsà attendre dans la solennité, même àune attente passive. Jésus a parlé desouffrance aux douze ; mais il a misl’accent sur leur joie. La joie a été sapromesse. Parlait-il de ce qui se passeraaprès la fin des temps passés sur cetteplanète, au-delà de la vie de service ?Ou bien croyait-il que leur témoignagedu Christ ressuscité garantirait leur joiedans le présent ?

Jésus a dirigé l’attention des douzesur le temps de leur mission à traversl’exhortation de Jean 16. La joie. Telétait son souhait pour ses disciplesdans cette période du temps : « Deman-dez, et vous recevrez, afin que votrejoie soit parfaite » (v. 24). Jésus leur asouhaité la joie pour le reste des annéesde leurs vies de service sur la terre. « Jevous ai dit ces choses, afin que vousayez la paix en moi. Vous aurez des tri-bulations dans le monde; mais prenezcourage, j'ai vaincu le monde » (V. 33).

Nous avons la joie en Christ ! Ici-baset dès maintenant ! La joie est un donde la grâce. Nous ne nous assuronspas la grâce au moyen d’une œuvreméritoire. Ainsi en-est-il de la joie. J’aiété si souvent face à la tentation dudésespoir comme ces manifestants ar-pentant le centre des congrès à India-napolis, annonçant la mort prochaine ;une mort que je vois aisément venirétant donné la condition du mondesans Jésus. Mais quand le Créateurnous attire à Lui, la joie vient commeun don. Jésus est ressuscité, Il a vaincu !Comme nous désirons grandement êtreavec Jésus, les souffrances ne font querenforcer ce grand désir. Et, en soi, ilrenforce la joie.

Les gens entreprennent des actionsqui leur procurent de la joie. Voilà laclé, le fondement de la motivation. Nous

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La foi et la politiqueMerci pour l’excellent article de John Wesley Taylor V sur les relations entre la foi etla vie politique. Cet article est très équilibré et s’appuie sur la Bible. J’ai particulière-ment apprécié les nombreuses références aux différents personnages de l’Ancien etdu Nouveau Testaments qui éclairent la façon dont nous pouvons aborder les situa-tions politiques auxquelles nous sommes confrontés dans notre monde moderne. Cet article était un véritable contraste avec un autre que j’avais lu il y a plusieurs moiset dans lequel l’auteur nous avertissait que s’impliquer dans «des questions mo-rales», comme celle du mariage gay, était inapproprié pour un chrétien. Son argu-mentation ne tient pas quand on consulte la Bible comme l’a fait le Dr Taylor.Encore merci pour cet article perspicace.

Allen Sheperd, MD, pasteur, Indiana, USA.

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Le monde des espritsJe remercie Kwabena Donkor pour les réflexions qu’il a partagées dans son entretienavec W. Hucks jr. (Ministry®, 4e trimestre 2012). Le spiritisme a envahi tout le tissu dela société humaine avec le projet de tromper et de détruire. Ici en Afrique, nous levoyons se manifester dans les familles, dans les religions, dans les établissementsd’enseignement, dans le langage et dans la culture. La plupart des gens en Afrique croit difficilement que l’on puisse être un chrétien néde nouveau à moins que l’on ne parle en langues. Et, comme l’a dit le pasteur Donkor,la plupart des ministères de délivrance en Afrique et au-delà ont des connotations spi-rites. Chaque jour, nous voyons des jeunes hommes et femmes possédés par le démonqui errent dans les rues des villes principales du Nigeria. C’est très attristant de voir ça.J’ai, personnellement, eu à faire avec des manifestations spirites dans ma vieconcrètes, mais je n’ai pas la place d’en parler ici en détails.

Herbert E.N. Odinkemere, pasteur, Nigeria.

J’ai pensé à mes expériences en Afrique quand j’ai lu l’entretien conduit par W. Hucksjr avec Kwabena Donko. Au cours de la fin des années 1960 et des années 1970, il yavait des manifestations de ce genre dans l’une de nos écoles secondaires. Dans uncas, il s’agissait d’une jeune élève. La directrice de l’internant m’a prévenu et j’ai ras-semblé quelques enseignants pour prier pour cette fille. Pendant la prière elle est de-venu si forte que deux grands gaillards ne parvenaient pas à la maitriser. Nous avonsprié pour sa délivrance au nom de Jésus. Le calme est revenu. Dans un autre cas, ils’agissait d’un jeune homme qui avait fréquenté des cultes sataniques et qui désiraitêtre libéré de cette emprise. Il a demandé au vice-président de l’association des étu-diants qui a rassemblé un petit groupe de garçons qui formaient un groupe de prièredans l’internat. Tandis qu’ils priaient pour lui, ce gars s’est levé, s’est emparé d’une lampe de table, s’est placé derrière le responsableet a levé la lampe pour le frapper. Le responsable a levé la main et dit : «Au nom de Jésus, pose cette lampe». Le gars s’est précipitévers la fenêtre et a brisé la vitre avec son poing; il a été sérieusement blessé. Certains pensaient que ces phénomènes étaient liés à la drogue ou à des troubles émotionnels. Ce n’était pas mon opinion, carj’avais observé plusieurs autres manifestations du même genre dans l’église et son école, chez des adultes. Certaines étaient sisensationnelles qu’on a peine à les croire. En 52 ans de ministère, j’ai vu Satan manifester son esprit mauvais. Je n’ai jamaisraconté la plupart de ces incidents de peur d’être déconsidéré dans le milieu de l’enseignement. Mais je pense que nous nevoyons que le sommet de l’iceberg des esprits. Je loue la puissance du nom de Jésus. Je peux dire que cette puissance n’est souvent pas utilisée et pas appréciée par ignorance.Merci d’avoir publié cet article.

Fred Speyer, mail.

Troisième Conférencebiblique international

J’ai été plutôt déçu de l’article donnant lecompte-rendu de la Conférence biblique in-ternationale qui était censée être consa-crée à l’anthropologie. Contrairement àl’affirmation du titre « La troisième confé-rence biblique internationale innove », cetteconférence a simplement reformulé despositions historiques. Les 5 points mention-nés comme des premières n’avait rien àvoir ni avec la Bible ni avec l’anthropologie.Ce qui m’intéressais, c’est justement ceque cette conférence a choisi de ne pasdiscuter, comme le rôle des femmes dansl’église du point de vue de l’anthropologiebiblique. À un moment où notre église estempêtrée et potentiellement divisée sur cesujet, pourquoi est-il resté comme un élé-phant dans un magasin de porcelaine quepersonne ne veut affronter ? On aurait puse demander : est-ce que le genre joue unrôle dans la proclamation de l’Évangile? Dans l’enseignement primaire, ce n’estque récemment que nous avons prisconscience que le genre joue un rôledans l’apprentissage. Si nous pensonsqu’il est nécessaire d’enseigner différem-ment les garçons et les filles, parce qu’ils« entendent » et « apprennent » différem-ment, il se pourrait aussi que l’évangéli-sation serait plus efficace si elle était lefait à la fois de femmes et d’hommes, surun pied d’égalité. Est-ce que les spécia-listes de l’anthropologie biblique sontprêts à affronter cette possibilité ?

Carlyle Welch

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