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1 2 ème Journée d’étude régionale pour la préparation du Mois du Film Documentaire 2009 - Mardi 30 Juin 2009 de 10H à 17H- Médiathèque André Malraux de Béziers

2ème Journée d’étude régionale pour la préparation du Mois …...Le mystère Toledo de Lucas Mouzas, 52’, 2008, Mille et une Production en présence de Jefferson Mouzas. 16h45

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    2ème

    Journée d’étude régionale pour la préparation du Mois du Film Documentaire 2009

    - Mardi 30 Juin 2009 de 10H à 17H-

    Médiathèque André Malraux de Béziers

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    SOMMAIRE

    Edito p 3

    Programme de la journée p4

    Liste des participants p5

    Présentation du comité de sélection du Mois du Film Documentaire 2009 en LR p8

    Intervention de Kees Bakker sur le documentaire p9

    Filmographe 2008-2009 p13

    Le temps des amoureuses p13

    TransOccitan, de l’Atlantique à l’Aveyron p15

    Et pourtant, elle tourne p16

    Les voix du stade p18

    Gruissan à la voile p19

    Un village en campagne p20

    L’œuvre au tambour p21 La naissance de Bartas p22 Soulages, le noir et la lumière p23 Mosaïca p24 Les sentinelles de Thau p25 Herbe p26

    Les deux films coups de cœur du comité : Jour de parloir p28

    Le mystère Toledo p30

    Présentation de Hors Œil Edition p32 Siegfried Kessler, A love secret par Christine Baudillon p33 Informations pratiques p34

    Contacts p35

  • 3

    EDITO Madame, Monsieur, Cher(e) collègue, 10 ème édition nationale Le Mois du Film Documentaire, manifestation nationale coordonnée par Images en Bibliothèques réunit des centaines de programmateurs engagés dans la diffusion du cinéma documentaire et désireux de partager le plaisir de voir des films rares avec des publics curieux. Ainsi Novembre est le rendez-vous annuel depuis 9 ans des passionnés du cinéma documentaire, dans une multitude de lieux de projection : les médiathèques, salles de cinéma, associations et autres espaces de projection possibles sont investis par la volonté de rendre visibles au plus grand nombre des films rares. La première édition régionale du Mois du Film Documentaire en 2008 a permis de mesurer l’importance et l’intérêt d’une telle manifestation. Plus de 80 projections, plus d’une vingtaine de lieux ont souhaité participer à cette formidable dynamique. Donner à voir des œuvres cinématographiques peu diffusées, favoriser la rencontre entre le public et les œuvres documentaires répondent donc à une réelle nécessité, un vrai besoin ; offrir à ces films une seconde chance un enjeu majeur. Une seconde chance nous est donc aussi offerte pour cette seconde édition régionale. Comme en 2008, nous vous proposons de nous retrouver lors d’une journée d’étude pour découvrir, en présence de leur réalisateur, trois œuvres marquantes sélectionnées parmi un ensemble de films réalisés ou produits en région, thème que nous avons choisi de vous présenter en 2009. Les étapes et modalités de la préparation du Mois du Film Documentaire 2009 seront également détaillées. Cette journée d’étude intitulée Mois du Film Documentaire 2009 se déroulera le 30 juin de 10h à 17h dans les locaux de la Médiathèque de Béziers qui s’associe à notre initiative en nous accueillant. Merci aussi au CIRDOC qui nous reçoit pour le déjeuner. Avec nos meilleurs sentiments Laurent Joyeux Emmanuel Bégou Directeur Chargé de mission médiathèque et patrimoine Languedoc-Roussillon Cinéma Languedoc-Roussillon Livre et Lecture

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    PROGRAMME DE LA JOURNEE

    9h45 Accueil.

    10h00 Présentation de la journée et bilan du mois du film documentaire 2008.

    11H15 Projection et débat en présence de la réalisatrice Christine Baudillon pour son film Siegfried Kessler, A love secret, 54’, 2004, Hors Œil Éditions.

    12h45 Buffet au CIRDOC.

    14h00 Projection des deux films coups de cœur du comité de sélection et débat.

    Jour de parloir de Chantal Marchon, 46’, 2009, ADL Production en présence de la réalisatrice.

    Le mystère Toledo de Lucas Mouzas, 52’, 2008, Mille et une Production en présence de Jefferson Mouzas.

    16h45 Mot de clôture et fin.

    CIRDOC :

    1 bis boulevard Du Guesclin - B.P. 180

    34 503 BEZIERS

    Tél: 04.67.11.85.10

    Fax: 04.67.62.23.01

  • 5

    NOM PRENOM FONCTION ETABLISSEMENT ADRESSE CP VILLE COURRIEL

    Aubry Kristell Responsable audiovisuel AD 34 2, avenue de Castelnau CS 54495 34093 Montpellier [email protected]

    Augier Gisèle Conservateur Carré d'art

    bibliothèque Place de la Maison Carré 30000 Nîmes [email protected]

    Bakker Kees Directeur Institut Jean Vigo Arsenal, 1 rue Jean Vielledent 66000 Perpignan [email protected]

    Barbier Catherine Responsable son image Médiathèque de

    Mauguio 106 bd de la Liberté 34130 Mauguio barbier@mauguio-carnon,com

    Baudillon Christine Réalisatrice Hors œil Editions 11, rue des Aiguerelles 34000 Montpellier [email protected]

    Bernar Marie ÉCHOS-CI, ÉCHOS-

    LA - Festival Le Moulin - Sales 81240 Lacabarede [email protected]

    Bégou Emmanuel CM bibliothèque et patrimoine Languedoc-

    Roussillon livre et lecture

    BP 402 34204 Sète [email protected]

    Bissonnier Hervé Responsable multimédia médiathèque Jules

    Verne 21, rue Auguste Renoir 34430

    Saint Jean de Védas

    [email protected]

    Buffong Joséphine Bibliothécaire CIRDOC 1 bis boulevard Du Guesclin - B.P.

    180 34503 Béziers [email protected]

    Callant Emmanuel Responsable vidéo Victor Hugo

    Médiathèques médiathèque

    centrale d'agglomération

    218, Bd de l'Aéroport international 34000 Montpellier [email protected]

    Castagnier Patricia Enseignante Lycée Professionnel

    Jean Moulin Avenue des martyrs de la

    Résistance 34500 Béziers [email protected]

    Chayé Corinne Professeur (Lycéens au cinéma) Lycée Professionnel

    Jean Moulin Avenue des martyrs de la

    Résistance 34500 Béziers corinne,chaye@gmail,com

    Da Silva Nadège Bibliothécaire Médiathèque de

    Portiragnes 7, rue de Toulouse 34420 Portiragnes mediathè[email protected]

    Degouzon Nathalie Coordinatrice Mois du Film

    Documentaire Languedoc-

    Roussillon cinéma 6, rue Embouque d'Or 34000 Montpellier nathalie@languedoc-roussillon-cinema,fr

    Dewast Marie France Productrice/ Présidente de la

    ligue des producteurs extraordinaire

    LPELR 11 rue de la Gare 34430 Saint Jean de

    Védas [email protected]

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    Duplan Cécile Responsable image et son Médiathèques de

    Sérignan 146, avenue de la Plage 34410 Sérignan [email protected]

    Dussaut Sophie Animatrice audiovisuelle Quand les Arts s'en

    mêlent 50 rue des Escais 34300 Agde cedex glasem@yahoo,fr

    Feulié Emmanuel Responsable cinéma, audiovisuel

    et multimédia Région 201, avenue de la Pompignane 34064

    Montpellier cedex 2

    [email protected]

    Gillot Frédérique Bibliothécaire Médiathèques de

    Sérignan 146, avenue de la Plage 34410 Sérignan [email protected]

    Girard Christophe Responsable vidéo Médiathèque Jules

    Verne 21, rue Auguste Renoir 34430

    Saint Jean de Védas

    [email protected]

    Gleize Colette Vidéothécaire Médiathèque de

    Perpignan 15 rue Emile Zola 66000 Perpignan [email protected]

    Goupy Myriam Bibliothécaire Médiathèque de

    Gignac 22, place du Jeu de ballon 34150 Gignac mediiathè[email protected]

    Harek Nadja Réalisatrice 230 rue du Jeu de mail des abbés

    34000 Montpellier [email protected]

    Joyeux Laurent Directeur Languedoc-

    Roussillon Cinéma 6, rue Embouque d'Or 34000 Montpellier laurent@languedoc-roussillon-cinéma.fr

    Lagarde François Photographe/Réalisateur Hors Oeil Editions 11, rue des Aiguerelles 34000 Montpellier fr,lagarde@free,fr

    Marchon Chantal Réalisatrice Videka 66000 Perpignan videka@wanadoo,fr

    Martinez Isabel Conseiller cinéma, audiovisuel et

    multimédia Drac

    5, rue de la Salle l'évêque CS 49020

    34967 Montpellier

    Cedex 2 [email protected]

    Méaulle Caroline Conseil en événementiel cinéma

    et logistique tournage Caroline Méaulle [email protected]

    Mouzas Jefferson Auteur 84000 Avignon [email protected]

    Mutuel Anne bibliothécaire Médiathèque de

    Gignac 22, place du Jeu de ballon 34150 Gignac mediiathè[email protected]

    Ravaz Yvan Bibliothècaire coordinateur EPCI Vallée de

    l'Hérault 2, Parc d'activité de Camalcé 34150 Gignac yvan.ravaz@cc-vallée-herault.fr

    Roy Evelyne Cabinet conseil marketing

    cinéma Roy and Daughters Perpignan eroy@royanddaughters,com

  • 7

    Roy Sophie Cabinet conseil marketing

    cinéma Roy and Daughters Perpignan seroy@royanddaughters,com

    Sinic Yann Réalisateur Pharos 215 Grand rue 30270 Saint Jean du

    Gard [email protected]

    Thomasset Céline Chargée de mission auteur/médiation

    LR2L 1030 avenue Jean Mermoz 34000 Montpellier [email protected]

    Van Elslande Dominique Responsable service animation Maison des savoirs place du Jeu de ballon CS 50007 34306 Agde cedex [email protected]

    Vanbockstael Bruno Photographe/Réalisateur Métaphore 17, Grand’ Rue 34700 Lodève [email protected]

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    PRESENTATION DU COMITE DE SELECTION Le comité Le comité de sélection du Mois du Film Documentaire 2009 s’est réuni deux fois dans l’année pour visionner les films soit le 12 mars 2009 à la Maison des Savoirs d’ Agde et le 12 mai 2009 à la Médiathèque Centrale d’agglomération Federico Fellini. Le comité était composé de (par ordre alphabétique) : - Kees Bakker, directeur de projet de la Cinémathèque Euro-Régionale Institut Jean-Vigo à Perpignan - Emmanuel Callant, vidéothécaire à la Médiathèque Victor-Hugo à Montpellier - Philippe Couvert, vidéothécaire à la Médiathèque centrale d’agglomération Federico Fellini à Montpellier - Nadège Da Silva, vidéothécaire à la Médiathèque de Portiragnes - Colette Gleize, vidéothécaire à la Médiathèque de Perpignan - Dominique Van Elslande, vidéothécaire à la Maison des Savoirs à Agde Films visionnés par le comité de sélection Tous les documentaires* montrés lors de ces deux journées ont été soutenus financièrement par le Fonds d’aide mis en place par la région en 2005. Pour des raisons de faisabilité, seuls les films terminés en 2008 et début 2009 ont été projetés devant le comité de sélection. Les copies des films existent sur DVD et sont consultables sur place dans les locaux de l’association Languedoc-Roussillon Cinéma. Le Cinemed (Festival International du cinéma méditerranéen) les possède aussi en grande majorité, consultables en salle de visionnage. Leur site internet recense une base de données des films en région : http://www.cinemed.tm.fr/. *à l’exception du film de Christine Baudillon Siegfried Kessler, A love secret Avis du comité de sélection Chaque membre du comité rédige un avis sur un film visionné.

  • 9

    INTERVENTION DE KEES BAKKER SUR LE FILM DOCUMENTAIRE Kees Bakker est actuellement directeur de projet à la Cinémathèque euro-régionale Institut Jean Vigo à Perpignan.

    « J’ai fait mes études de cinéma aux Pays-Bas où j’ai commencé par travailler à la Fondation européenne Joris Ivens, une

    des fondations pionnières pour le cinéma documentaire. Puis, je suis venu en France pour travailler à l’Institut Jean Vigo

    où, depuis quelques temps, nous programmons tous les mois un film documentaire qui n’est pas projeté dans les circuits

    commerciaux habituels.

    Je suis, également, chargé de la programmation de la section « Histoires de docs », dans le cadre du festival du

    documentaire de Lussas. Chaque année, nous choisissons un pays pour démontrer l’histoire et l’évolution de sa

    production dans le domaine du cinéma.

    Mon intervention sera à la fois modeste et prétentieuse (j’adore les paradoxes). Je parcourrai l’histoire du documentaire

    car je pense qu’elle est primordiale pour comprendre d’où vient le documentaire, les tendances qui ont été à la base de

    son évolution et ce qu’il en est aujourd’hui. J’esquisserai donc les différentes étapes qui ont jalonné l’évolution de ce

    genre. Mais en 45 minutes, cet exposé restera forcément modeste.

    Même dans le contexte universitaire, il n’y a pas toujours accord sur les dates du début du cinéma documentaire. Des

    historiens très sérieux prétendent que le documentaire est né avec les films des frères Lumière, ce qui me semble être

    erroné. Bien évidemment, la technologie est présente à ce moment-là et des prises de vues sont filmées dans le monde

    réel, mais ce n’est pas encore la naissance du documentaire. Son évolution voit le jour dans les années 20, avec quelques

    expériences antérieures qu’il faut prendre en compte.

    Je distingue habituellement 3 tendances :

    - les films d’actualités des années 1910 qui montrent des événements et des personnalités de la vie d’une ville, d’un pays

    ou du monde pour informer le public ;

    - les films de voyage, pour explorer le monde, dans l’esprit d’Albert Kahn : les frères Lumière ont envoyé leurs opérateurs

    à travers le monde pour filmer des territoires encore inconnus ; il y a surtout une valeur d’exotisme à travers ces films de

    voyage : vous connaissez tous Nanouk l’Esquimau de Flaherty, normalement considéré comme le premier documentaire de

    l’histoire du cinéma. Pour moi, il s’agit d’un film plus proche du film de voyage car il exploite surtout l’exotisme des Inuits

    en Alaska pour éveiller notre curiosité, même si c’est un film important dans l’histoire du documentaire ;

    - les films d’avant-garde qui apparaissent un peu plus tard : il y a quelques années un historien a découvert le film In the

    Land of the Head Hunters, de Edward S. Curtis, qu’il considère comme le premier documentaire de l’histoire du cinéma,

    daté de 1914, bien avant Nanouk l’Esquimau, avec des acteurs non professionnels. Le réalisateur exploite l’exotisme par

    rapport à des mondes inconnus mais plutôt sur le mode de la fiction car l’histoire a été écrite puis jouée par des acteurs.

    Ce n’est pas la vie quotidienne des acteurs qui est montrée, mais une histoire apportée par le réalisateur et tournée dans

    leur village et décor naturel.

    Plus tard, Vertov, cinéaste russe soviétique, s’appuie plutôt sur les actualités, filme sans intervenir dans la réalité et

    travaille ensuite par le montage et le trucage ce qui a été filmé. Il dénature les actualités en utilisant des effets qui

    généralement ne sont pas utilisés pour celles-ci, leur objectif étant essentiellement d’informer. Vertov y ajoute une

    intention esthétique et créative. Cette démarche de Vertov a commencé en 1922 avec des petits journaux filmiques. Par

    la suite, dans L’homme à la caméra (1929), il exploitera beaucoup d’éléments que l’on trouve déjà dans ces séries

    d’actualités créatives.

  • 10

    C’est pour le film Moana de Flaherty, tourné en 1925 dans les îles Pacifique et sorti en 1926, que le mot

    « documentaire » a été utilisé, pour la première fois, en lien avec l’expression « cinématographique ». Le film repose sur

    le même principe que Nanouk l’Esquimau : il écrit une narration à partir de la vie quotidienne de Moana et de sa famille.

    Dans une critique écrite en 1926, John Grierson, autre pionnier du film documentaire, pointait « la grande valeur

    documentaire du film Moana ». La construction narrative est guidée au niveau du récit par la vie des habitants d’une île

    de Polynésie et la photographie apporte un traitement esthétique à travers le cadrage, le montage, la sélection des

    images, etc. S’il y a encore beaucoup de similitudes avec le film de voyages, le traitement est ici nettement plus élaboré.

    Mais, c’est bien le réel qui détermine la valeur documentaire du film et le réalisateur organise ce monde réel en images.

    Cette intentionnalité du réalisateur est très importante car, pour moi, c’est bien cette intention du réalisateur qui définit

    le documentaire.

    Dans la même année, Grass, des frères Schoedsack, raconte l’histoire de la transhumance d’une communauté à la

    recherche d’herbes fraîches pour leurs troupeaux. Les réalisateurs ne font que suivre cette transhumance et, dans ce film

    de voyage, c’est bien l’événement qui impose et organise la narration. Nous sommes là encore complètement dans le film

    de voyage alors que Moana a un traitement beaucoup plus esthétique et narratif.

    Très vite, le mot « documentaire » n’est plus utilisé, comme ce fut le cas dans la critique de Grierson, comme adjectif

    mais comme nom propre. Grierson a donné une première définition du documentaire – qu’il trouvait lui-même très

    maladroite –, « le documentaire est le traitement créatif de l’actualité ». Cette définition comporte plusieurs éléments :

    l’actualité (le monde réel dont on parle) mais aussi un traitement et, de surcroît, un traitement créatif. Nous sommes en

    1928-1929, alors que dans les années 20, il y eut un grand mouvement d’avant-garde dans le domaine de l’art, mais

    aussi dans le cinéma, avec beaucoup d’expérimentations. Cette avant-garde a également beaucoup influencé les débuts

    du documentaire.

    Les origines du documentaire sont bien le rassemblement de trois tendances : les films d’actualités, les films de voyages

    et les films d’avant-garde.

    Par la suite, le documentaire évoluera dans différentes directions.

    Jean Vigo, dans À propos de Nice, apporte un autre exemple du traitement créatif avec, selon le réalisateur, un « point de

    vue documenté ». Le « point de vue » souligne la subjectivité du cinéaste avec des cadrages inhabituels. Jean Vigo

    élabore à travers ce film la juxtaposition entre les riches qui flânent sur les boulevards de Nice et les pauvres, quelques

    rues plus loin, qui travaillent pour survivre. Dans les transitions, la caméra de Vigo bouge, pour rappeler les vagues de la

    mer proche, et le traitement cinématographique fait de ce film une œuvre d’art tout en nous parlant du monde réel.

    Dans les années 30, les films scientifiques sont eux aussi influencés par cette attitude esthétique. Dans Misère au

    Borinage, tourné en 1932 par Henri Storck et Joris Ivens, les réalisateurs « filment une grève importante en Belgique

    dans la région minière du Borinage. Au côté des ouvriers, dans des conditions quasi clandestines, ils filment leur dure

    condition de travail, leur vie misérable et la répression liée à la grève. Ce ne sont pas tant les inventions techniques qui

    marquent cette période que l’engagement des cinéastes au côté des laissés pour compte d’une société en crise. »1 La

    grève a eu lieu en 1932 mais le film fut tourné en 1933 : la grève est donc reconstruite et les mêmes personnes la

    rejoueront. En filmant, cette reconstruction devient une grève en soi et c’est la mise en scène qui devient réalité. Le

    cinéma est mis au service du documentariste pour qu’il puisse raconter ce qu’il a à dire sur le monde réel.

    L’intentionnalité du documentariste est très importante à souligner notamment par rapport au journaliste audiovisuel. Un

    journaliste doit éviter d’être subjectif et adhère à un code de déontologie national ou international. Le documentariste

    n’est pas un journaliste car il raconte « son récit » sur le monde réel. Introduire des éléments de mise en scène ou de

    fiction ne nuit en rien à l’approche du documentaire ; au contraire c’est le cinéma de quelqu’un qui veut raconter quelque

    chose sur la réalité.

    1 Commentaire de l’Institut Jean Vigo sur le film.

  • 11

    De fait, la définition du documentaire devient de plus en plus problématique, car s’il y a une vaste zone grise entre la

    fiction et les actualités, la frontière entre fiction et documentaire est souvent plus difficile à cerner. Luis Buñuel, par

    exemple, dans Terre sans pain intervient de manière radicale dans le réel. Initialement, il s’agissait d’un film muet filmé

    en 1932 et sonorisé en 1934. À partir de l’histoire d’un homme pauvre, en Espagne, il montre la vie villageoise. L’objectif

    de ce film est d’inciter le gouvernement à intervenir et apporter une aide dans cette région complètement oubliée par les

    administrations. Dans ce film, il y a une intervention radicale : une chèvre est tuée pour rendre plus dramatique la

    pauvreté de la population et les conditions de vies difficiles même pour les animaux. Cette dramatisation est au service du

    propos de Luis Buñuel. Pour certains puristes, cette intervention n’est pas tolérable et les amènent à considérer ce film

    comme un film de fiction. Selon cet argument, quasiment tous les documentaires des années 30 à 50 furent alors des

    fictions.

    Dans I was a Fireman, de Humphrey Jennings, il s’agit d’une totale reconstruction des bombardements de Londres par les

    Allemands en 1941-1942 et du rôle des pompiers chargés d’éteindre les incendies. L’actualité étant trop dangereuse à

    filmer en direct, cette reconstruction, hormis un ou deux acteurs, est jouée par les pompiers à partir d’une narration

    inspirée par des faits réels. Je ne pense pas qu’il s’agisse pourtant là d’un film de fiction. Joris Ivens, pour montrer

    l’étendue qui est celle du documentaire l’avait défini comme se situant « entre le film de fiction et les actualités ». Nous

    ne sommes pas dans l’actualité car il y a un traitement subjectif et une narration créative, mais nous ne sommes pas non

    plus dans la fiction car des éléments du réel, ou la réalité, donnent au réalisateur le matériel pour son récit.

    Paul Rotha, autre théoricien des années 30 qui travaillait avec John Grierson, donnait pour sous-titre à son ouvrage Le

    cinéma documentaire, «l’utilisation du cinéma pour interpréter la réalité en terme social et raconter sur la vie du monde

    réel ». Dans les années 30 à 50, les réalisateurs n’avaient pas pour ambition de montrer le réel mais de raconter sur le

    réel : le documentaire est une interprétation de la réalité. Dans Farrebique ou les 4 saisons, Georges Rouquier filme dans

    une approche semblable à celle de Humphrey Jennings : « Ce film dont les prises de vue ont duré toute une année a été

    tourné de la première à la dernière image par l’intimité d’une famille paysanne du Rouergue dont voici le grand-père, la

    grand-mère, Rock, le fils aîné, Berthe, sa femme… »2 Dans cette chronique du monde paysan, nous sommes dans une

    approche cinématographique proche de la fiction avec une distribution des rôles, des dialogues, de la musique, mais

    l’ensemble (à une ou deux exceptions près) a été filmé avec des acteurs non professionnels. L’opposition entre

    documentaire et fiction, dans cet exemple, est pour moi une fausse opposition car l’intentionnalité de raconter quelque

    chose sur la réalité est bien présente.

    À la fin des années 50 et au début des années 60, l’introduction du son synchronisé et le développement des caméras

    légères ont considérablement bouleversé les choses. Dans un des premiers films, en son synchronisé, Les raquetteurs de

    Michel Brault (qui travaillera ensuite avec Jean Rouch), la synchronisation n’est pas totalement exploitée – comme ce fut

    le cas par la suite – car l’opérateur ne reste pas à côté de la personne qui s’exprime mais se ballade avec la caméra. La

    mobilité de la caméra permet d’avoir une continuité dans l’image et d’éviter les coûts de montage tout en apportant un

    effet d’authenticité. Le spectateur a l’impression d’être dans la foule grâce à une dynamique rendue possible par la

    légèreté de la caméra et la prise de son directe. Pour rendre le film plus proche de la « vérité », la relation avec la caméra

    est incorporée dans le film et le dispositif cinématographique y est visible. C’est à l’opposé du cinéma direct qui essaie de

    faire oublier la présence de la caméra, aussi bien pour ceux qui sont filmés que pour le spectateur. Dans un film de

    cinéma direct, il n’y a pas de cinéaste devant la caméra, pas d’interview, pas d’interactivité entre l’équipe de tournage et

    les personnes devant la caméra. La caméra se comporte alors comme une caméra de surveillance, « absente », pour

    montrer le monde réel. Il s’agit d’une méthode différente mais toujours pour obtenir un effet d’authenticité.

    Ces deux méthodes ont complètement changé le cinéma documentaire dans les années 60. Dans Classe de lutte, de Chris

    Marker, le réalisateur a laissé sa caméra à des travailleurs de Besançon et Sochaux, le premier film qu’il avait réalisé sur

    leur lutte ne leur ayant pas plu. Il leur a donc proposé de filmer eux-mêmes leur lutte contre le patronat. Ce qui donne

    naissance au film du groupe Metvedkine qui suit une travailleuse devenue syndicaliste.

    2 Extrait du début du film.

  • 12

    Ce film est tourné avec peu de moyens, avec un grain de pellicule pauvre, la caméra bouge beaucoup, circule dans des

    manifestations pour souligner sa présence à l’intérieur de la foule.

    Le cinéma direct et le cinéma « vérité » ont changé le documentaire esthétiquement, mais aussi conjoncturellement à une

    époque où la télévision assume une prédominance dans le traitement des actualités. Dans Reporters, Raymond Depardon

    mélange cinéma d’actualité et cinéma direct : il suit des reporters photographes et télé dans leur travail. Le documentaire

    se rapproche de plus en plus du reportage, donc d’une approche journalistique du monde réel. L’ambition du cinéma

    direct et du cinéma vérité est d’être plus près de la réalité ce qui ne correspond pas forcément aux ambitions des

    premiers documentaristes des années 30 à 50 qui revendiquaient une certaine subjectivité. Cette situation, conjuguée à

    son financement par la télévision, a conduit à un appauvrissement énorme et à une assimilation du documentaire au

    journalisme audiovisuel. Nous sommes malheureusement en train d’oublier l’approche esthétique des pionniers du

    documentaire.

    Dans Afrique, comment ça va avec la douleur ?, Depardon commence presque par une négation du cinéma. En débutant

    son film par une absence d’image, il pointe à quel point tout dans le cinéma est subjectif, manipulation, sélection et

    montage. Pendant le tournage, il improvise puis, bien entendu, s’ensuit un travail de montage. Tout le travail de sélection

    des prises de vues (qu’est-ce que je filme ? qu’est-ce que je ne filme pas ?) est extrêmement important. Ce qui n’est pas

    filmé dit parfois beaucoup plus que ce qu’on nous montre, notamment dans le cadre du journal télévisé. Chez Depardon,

    nous sommes très loin d’une approche journalistique comme il le dit lui-même. L’absence d’image, au début de la

    projection du film, nous ramène au dispositif cinématographique pour nous faire comprendre que le cinéma est une

    construction, le résultat d’une créativité complètement assumée ici. En dehors de quelques approches esthétiques comme

    le mouvement circulaire de la caméra qui revient régulièrement dans le film, il cherche à montrer la douleur en Afrique à

    travers sa propre histoire.

    Cette esquisse rapide du cinéma documentaire a surtout pour objet de vous montrer les origines du documentaire, la

    place qu’il a occupé à l’époque et souligner que des éléments de fiction, de la manipulation, de la construction, de

    l’esthétisme ont fait partie du jeu de celui-ci dès son origine. Or, ce positionnement est de plus en plus difficile à vendre

    aux financeurs, notamment aux chaînes de télévision.»

  • 13

    Filmographie 2008-2009

    Le temps des amoureuses

    Durée/Format : 1h23/35mm Visa N° 112535 04/03/2009 Genre : Documentaire de création Auteur : Henri-François Imbert Réalisateur : Henri-François Imbert

    Libre Cours 12, rue de Paradis - 75010 Paris - Tél : 01.42.46.23.33 Fax : 01.40.22.98.53 Courriel : [email protected] Distribution : Shellac Partenaires : Ville de Narbonne Région Ile-de-France CCAS

    Région Languedoc-Roussillon, Centre National de la Cinématographie

    Dates et lieux de tournage : Narbonne (Aude) Date de 1ère diffusion : Divers festivals Sortie en salle le 11 mars 2009 Sujet : Ce film part d’une rencontre, tout à fait fortuite, entre un homme qui a joué dans un film, il y a trente ans, et un autre, cinéaste, qui aime énormément ce film. Il s’agit du film Mes petites amoureuses, de Jean Eustache ; et leur rencontre se passe à Narbonne, la ville où ce film fut tourné. Le plus jeune des deux hommes, le cinéaste, se lance alors dans la réalisation d’un documentaire sur le tournage de Mes petites amoureuses. Hilaire, celui qui avait joué dans ce film, revient pour lui sur les traces de ce tournage, et tente de reconstituer la bande qu’il formait avec ses copains et que Jean Eustache avait décidé de filmer. Et peu à peu, le documentaire sur le film d’Eustache prend le parti de regarder le cinéma, non pas du point de vue du spectateur, du critique ou du cinéaste, mais du point de vue de ceux qui, sans être des acteurs professionnels, ont joué dans le film, ont prêté leur corps, leur voix, leur histoire. (texte extrait du site internet sur HFI) Réalisateur : Né à Narbonne en 1967, Henri-François Imbert a commencé à filmer en super-8 vers l’âge de vingt ans. Il est peu à peu passé à des documentaires qui restent très liés au film de famille et au journal filmé. Il est également chargé de cours en réalisation documentaire à l’Université de Paris 8. Sa filmographie : André Robillard, à coup de fusils ! (doc, 1993) Sur la plage de Belfast (doc, 1996) ; Doulaye, une saison des pluies (doc, 1999) ; No pasarán, album souvenir (doc, 2003).

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    L’avis d’un des membres du comité

    Sujet Né d’une rencontre fortuite à Narbonne avec Hilaire, l’un des acteurs du film de Jean Eustache « Nos petites amoureuses », tourné dans cette même ville en 1974, le nouvel opus de Henri-François Imbert laisse à penser en premier lieu qu’il s’attache à nous faire revivre l'aventure de ce film. S'il confronte les acteurs, aujourd’hui cinquantenaires, à la bande d’ados qu’ils formaient à l’époque, les anecdotes, les photos de tournage, le retour sur quelques lieux de tournage n’y suffisent pourtant pas. L’enjeu du film repose sur les interrogations récurrentes d’Henri-François Imbert : comment le temps affecte les êtres, quelles relations peuvent exister entre des personnes distantes temporellement. A suivre longuement Hilaire et recueillir son ressenti sur l’époque actuelle, à se mettre dans la même posture que tenait Eustache accroupi face aux gamins, Henri-François Imbert, ici face à des jeunes filles d’un foyer éducatif dans lequel travaille Hilaire, interroge l’état d’esprit de l’adolescence et du monde à des époques différentes. Il va même, à la faveur d’un film super-8 de sa propre classe de neige, poser la question du lien qui relie sa génération à l’une ou à l’autre époque. Au détour d'une rue, l'inscription de ses grands-parents narbonnais dans sa propre histoire, ses filles, dédicataires de ce nouvel ouvrage : Henri-François Imbert questionne notre place dans la lignée humaine.

    Traitement Comme à son habitude, le film nous plonge alternativement dans :

    -le récit narratif de Henri-François Imbert qui balise le contour spatial et temporel de l'histoire, exprime les interrogations de l'auteur, ses doutes, ses envies. Les images qui l'accompagnent se traduisent bien souvent par un déplacement dans l'espace, se fixent par des photographies, nous renvoient dans un autre temps, les images super-8 se prêtant alors avec aisance à cette construction.

    -le face à face avec les personnages, dans le temps actuel, ces derniers laissant libre cours à leurs pensées, leurs ressentis, interpellant le réalisateur. Ils sont à peine interrompus (mais pas toujours) de temps à autre par une question de Henri-François Imbert. Sa présence derrière la caméra est très prégnante.

    Avis personnel Après avoir vu ses quatre principaux films, la forme (récit, voix, images) utilisée s'inscrit comme une marque de fabrique. Le sujet revêt alors plus d'importance pour l'appréciation que je peux avoir du film. J'avoue ne pas avoir été spécialement transporté par celui-ci. Peut-être parce que la personne d'Eustache s'est estompée dans la deuxième partie du film. Je pense néanmoins que la forme a fini par « prendre le dessus » et troubler ma réception de l'œuvre. Au final, j'aimerais qu’Henri-François Imbert me surprenne lors de son prochain documentaire.

    Avis professionnel D'une grande qualité cinématographique, ce film a aisément sa place dans une collection cinéma documentaire de médiathèque. Le style particulier d’Henri-François Imbert témoigne de la diversité d'écriture que peut intégrer le cinéma documentaire. Enfin l'aspect régional présent dans le film renforce cette place.

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    TransOccitan, de l’Atlantique à l’Aveyron

    Durée/Format : 3X52’ ou 90’ Occitan/Français Genre : Documentaire de création Auteur : Eric Eratostène & Roland Pécout Réalisateur : Eric Eratostène

    AMDA production 8, rue Bonneterie 84000 Avignon Tél : 04 90 27 10 23 : Courriel : [email protected] Producteur délégué : Guillaume Blanc / Amda production Partenaires : France 3 Méditerranée Région Languedoc-Roussillon Centre National de la Cinématographie Sujet Roland Pecout, écrivain nomade, prend le train qui traverse le Pays d'Oc de Bayonne jusqu'en Italie. Il doit proposer à son éditeur une vision actuelle sur les valeurs d'une culture enfouie dans l'histoire : l’Occitanie. Réalisateur 1982-1985 : reporter-photographe et photographe de studio pour le groupe Dargaud. Collaboration à Charlie Mensuel, Pilote, Rustica. 1985-1989 : réalisation de génériques, clips vidéo et courts métrages (Les Roses blanches, The Shell). 1989-1996 : assistant décorateur et constructeur pour différentes productions cinématographiques, télévisuelles et publicitaires. Depuis 2000 : réalisation de Aïkido, la spirale universelle (26 mn), Le Ventoux, D’arrière las montanhas (2 x 26 mn), Made in Païs (long métrage documentaire 67 mn), Occitans"(26 mn).

    L’avis d’un des membres du comité Sujet et traitement Le TransOccitan est une ligne de train imaginaire sur laquelle vous emmène le poète écrivain Roland Pecout dans son docu-fiction, réalisé par AMDA Production. Le voyage entre Bordeaux, Périgueux, Toulouse, Montpellier et les vallées occitanes d'Italie sera dépaysant et des plus singuliers. Il vous fera découvrir les grandes figures, elles bien réelles, de la culture occitane.

    Avis professionnel et personnel Ce film de voyage traite de la tradition occitane avec humanisme. Le documentaire se déroule comme un guide de voyage. Le rythme est très soutenu, sans cesse en mouvement et les plans s’enchaînent rapidement semblables à ceux des cartes postales. L’auteur à un grand désir de montrer la culture occitane, dommage qu’il ne sorte pas des sentiers battus tel que les repas, danses, rencontres … La place dans nos collections Tout public, facile à porter ce film peut trouver sa place dans les rayonnages des médiathèques. Maintenant il semble très édulcoré et un peu caricatural. On peut le coupler avec un fonds thématique spécifique pour l’établissement des régions occitanes.

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    Et pourtant, elle tourne !

    Durée/Format : 52’/DVCAM/2008 Genre : Documentaire de création Auteur : Gérard Pansanel Réalisateur : Henri de Latour

    ADL Production 11 rue de la gare 34430 Saint Jean de Védas Tél : 04 67 47 54 97 Fax : 09 58 17 39 73 Courriel : [email protected] Directeur de production : Miquel Clemente Productrice déléguée : Marie-France Dewast Partenaires : France télévision France 3 Sud SACEM Région Languedoc-Roussillon Centre national de la Cinématographie/Cosip Dates et lieux de tournage : Printemps 2007 dans le sud de la France Date de 1ère diffusion : Février 2008 Sujet : Un film dans lequel MARTI, poète, chanteur et occitan défend son amour de la langue, du beau, du juste et surtout des autres, valeurs qu’il a partagé avec quelques amis, tels Nougaro, Chabrol, Paco Ibanez et …Galilée, car oui, ça dérange « les âmes grises »….et pourtant, elle tourne ! Ses amis musiciens l’accompagnent dans ce retour sur ses terres nourricières, au croisement des langues française, occitane et espagnole. Réalisateur : Après avoir développé un réseau de cinéma itinérant, Henri de Latour crée ADL en 1985 et commence la réalisation de films documentaires dans sa région d'origine, le Languedoc-Roussillon. Puis il met sa caméra au service du cinéma du réel et, de l'Afrique aux méandres de la Justice française, témoigne de ce qui le préoccupe, la Liberté, l'Egalité, la Démocratie. Son avant-dernier film s’intéresse au sort des demandeurs d’asile à l’OFPRA (Office Français de Protection des Réfugiés et Apatrides) L’asile du droit.

    L’avis d’un des membres du comité Sujet « …et pourtant elle tourne » met en avant l’idée sans cesse défendue depuis une quarantaine d’années par le chanteur occitan Claude Marti de la libre circulation de cette langue qui fait partie « comme les montagnes, les fleuves, les rivières » du paysage languedocien, pour lui permettre d’exister dans une démarche d’ouverture vers d’autres cultures. Pas d’ethnocentrisme donc mais plutôt une foi dans cette culture occitane que l’on retrouve tout au long de ce film jalonné de rencontres (Paco Ibañez, le « parrain » artistique de Marti, Hélène Nougaro, femme de Claude), de répétitions pour un nouvel album du groupe de Marti (composé du guitariste Gérard Pansanel, également auteur de ce film et du contrebassiste Pierre Peyras), d’extraits de concerts, d’images d’archives qui retracent, entre autre, les luttes pour la défense de la viticulture, auxquelles Marti prit part. Traitement Technique C’est le point faible de ce documentaire. L’image manque parfois de netteté dans les scènes d’intérieur, notamment lors de la rencontre avec Paco Ibanez et dans la séquence finale chez Marti où, dans un raccord plus que visible, on voit clairement un spot s’éteindre. Le caméraman est parfois hésitant dans ses cadrages et dans la recherche de la distance vis-à-vis des personnages du film (une mise au point d’une image floue est même effectuée sous nos yeux). Le son est à certains moments un peu sourd, lointain. Le montage des séquences paraît parfois hasardeux. Les moments forts du film sont ceux où la parole poétique et imagée qui irrigue le documentaire de bout en bout, coule de la bouche de Marti et roule de son accent rappelant celui d’un autre Claude, Nougaro, dont la chanson « Toulouse » est adaptée ici en occitan pour un nouvel album. Si, dans les années 70, la reconnaissance de la langue et de la culture occitanes passaient par l’éducation (Marti tient un véritable discours politique aux enfants de l’école de son village et met à profit les questions d’un journaliste lors d’une émission télévisée) et par les luttes violentes avec les forces de l’ordre

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    lors des manifestations de viticulteurs, le discours d’aujourd’hui s’est assagi. Marti se sent honoré d’être « griot » et a la sensation de faire partie de cet « orchestre de l’humanité qui se cherche une symphonie commune et particulière à la fois ». Le pari de faire exister l’Occitanie semble avoir été gagné sauf en ce qui concerne la viticulture. Enfin le sous-titrage nous permet d’accéder à la poésie des chansons. La recherche d’images d’archives a puisé dans les principaux documentaires ayant été consacrés à Marti. Quelques maladresses illustratives, comme ces extraits de concerts des groupes Frizzante Orchestra et Cossi Anatz dont on se doute qu’ils ont un quelconque rapport avec l’Occitanie mais sans qu’aucun lien avec Marti ne soit établi, affaiblissent quelque peu la consistance du film. Avis personnel et professionnel J’ai eu une mauvaise impression lors du visionnement de ce film, sans doute due à la qualité moyenne de l’image. J’ai donc revu le film pour m’en débarrasser et j’avoue avoir été charmé par les mots de Marti, personnage entier et vivant de par sa parole et ses textes. Il correspond, dans son rythme et son montage à un documentaire formaté pour la télévision (il est coproduit par France 3 Sud).

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    Les voix du stade

    Durée/Format : 52’/DVCAM/2008 Genre : Documentaire de création Auteur : Hélène Morsly et Philippe Lignières Réalisateur : Hélène Morsly

    Les Films du Sud 3, rue André Mercadier 31000 Toulouse Tél/Fax : 05.61.63.92.11 Courriel : [email protected] Producteur délégué : Les Films du Sud, Pascal Bonnet Partenaires : Région Midi-Pyrénées

    Région Languedoc-Roussillon Centre national de la Cinématographie Dates et lieux de tournage : 20 jours en discontinu : 20/05/2007 au 15/10/2007 Sujet : Si on parle de culture en matière de rugby, c’est qu’en son centre il y a la parole, une langue avec son imaginaire et ses accents propres, une langue qui dit aussi bien l’affrontement que la communion. Les commentateurs de ce jeu, journalistes, chroniqueurs, amateurs des bords de stades décrivent un monde d’où l’enfance émerge au détour de nombreux récits épiques. La voix de certains de ces commentateurs, Roger Couderc en tête, est comme une main tendue vers tous ceux et celles qui vont au stade, le lieu de la Rencontre et des rencontres. Cette main qui est celle des pères et des grands-pères guidant les petits vers des samedis ou des dimanches après-midi plein de promesses et de jeux suspendus aux mains courantes. “Les voix du stade, le rugby de l’enfance et des jardins” montrera comment le commentaire, sous toutes ses formes, joue ce rôle essentiel de transmission. Ce documentaire dira également l’attachement affectif à tous ceux qui ont su nous raconter leur rugby, celui qui nous relie et nous ramène à l’enfance. Réalisatrice : Hélène Morsly est née le 7 juin 1969 à Toulouse. Journaliste. Les voix du stade est son deuxième film.

    L’avis d’un des membres du comité La « culture rugby » racontée par les aficionados dans le sud de la France. Sur des paysages de cartes postales, se succèdent les témoignages d’amateurs de tous bords (de stades), entrecoupés d’images d’archives et d’extraits de matches de campagne. Chacun dit son attachement à ce sport qui le ramène à ses racines, à son enfance. Ce film nous propose un catalogue de tous les clichés rabattus sur le rugby : l’esprit de solidarité, la symbolique du maillot, le parallèle entre le clocher du village et le stade, rien ne nous est épargné. En conclusion, il s’agit plus d’un film sur la nostalgie des verts paysages de l’enfance qu’un film sur la fonction sociale d’un sport. Je pense qu’il ne pourra satisfaire ni les passionnés ni les autres –par exemple les femmes complètement absentes du film-. Aussi les bibliothèques peuvent en faire l’économie.

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    Gruissan à la voile

    Durée/Format : 52’47/HDV/2008 Genre : Documentaire de création Auteur : Philippe Lespinasse Pierre Carles Réalisateur : Philippe Lespinasse et Pierre Carles

    Pages et Images 9, rue du Jeu de Ballon 34000 Montpellier Tél : 04.67.63.50.26 Courriel : [email protected] Directeur de production : Mr Youssef Charifi Partenaires : France 3 Sud Région Languedoc-Roussillon Centre national de la cinématographie Dates et lieux de tournage : 5 semaines de tournage en juin 2008 Date de 1ère diffusion : Les Rencontres Cinématographiques de Pézenas Sujet : « On dit que la vie terrestre est née là, dans cette eau qui ne dépasse pas le genou, dans ces étangs, lagunes et marais où la faune des grands fonds vint s’accoutumer à l’air avant de conquérir la planète, il y a quelques millions d’années. Les étangs sont à la naissance du monde, mais sont aujourd'hui à l’agonie. De Port-La-Nouvelle à Gruissan, le long de la côte est des étangs, subsistent les derniers souffles d’activité des petites économies locales, confrontées de plein fouet à la concurrence. Ainsi, meurent et disparaissent chaque jour les résidus d’un monde ancien: les derniers charpentiers navals, les sauniers, les ramasseurs de plantes, les viticulteurs indépendants ou les éleveurs de taureaux. Nous sommes partis à leur recherche, fascinés par ces marginaux, glaneurs, artisans soigneux, laissés pour compte d’un monde qui n’a que le progrès en bouche. »

    Réalisateurs : Pierre Carles : Pas vu pas pris (1998), La Sociologie est un sport de combat (2001), Enfin pris ? (2002), Attention danger travail (coréalisé avec Christophe Coello et Stéphane Goxe, 2003), Volem rien foutre al païs (coréalisé avec Christophe Coello et Stéphane Goxe, 2006), Choron, dernière (coréalisé avec Eric Martin, 2007). Philippe Lespinasse : Il a réalisé de nombreux films parmi lesquels : Le Royaume de Nek Chand (2005, grand prix festival du film d'art, Montréal) ; Les Fils de la lune (2005) ; La Tribu du mascaret (2005) ; Niyma et les porteurs (2004, prix du jury festival de Banff) ; L'île aux oiseaux (2004).

    L’avis d’un des membres du comité

    Sujet A la manière d'un reportage « inhabituel », les réalisateurs Philippe Lespinasse et Pierre Carles embarquent les spectateurs dans la vie des étangs de Port la Nouvelle à Gruissan, avec un regard nostalgique et bienveillant sur la vie rustique des habitants du marais : pêcheurs, chasseurs, éleveurs de taureaux, viticulteurs, apiculteur … Traitement Tourné délibérément, comme un film « amateur », ce documentaire désacralise le reportage journalistique, les réalisateurs ont choisi de montrer l'envers du décor et de dévoiler les coulisses du tournage, n'hésitant pas à se mettre en scène eux-mêmes, pour se rapprocher de la marginalité de leurs personnages. Avis personnel et professionnel Ce film peut intéresser à la fois les publics de notre région et intégrer le fonds local en y ajoutant De Bages à Sigean à la rame (réalisé par les mêmes cinéastes), mais aussi les amateurs de documentaires, en recherche d'originalité.

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    Un village en campagne

    Durée/Format : 52’/DVCAM/2008 Genre : Documentaire de création Auteur : Réalisateur : Yves Jeuland

    Compagnie des phares et balises 55 bis, rue de Lyon 75012 paris Tél : 01.44.75.11.44 Courriel : [email protected] Partenaires : Région Languedoc-Roussillon Centre national de la Cinématographie Sujet : Au cœur du Languedoc, entre mer et garrigue, Fleury-d'Aude est un village de vignerons, de rugbymen et d'irréductibles chasseurs de sangliers. En suivant pendant plusieurs mois la campagne électorale de cette petite commune occitane, Yves Jeuland trace le portrait d'une autre France politique, loin des enquêtes d'opinion et des plateaux de télévision, et réalise une chronique villageoise drôle et humaine. En plein midi et en plein vent. Réalisateur : Né en 1968 à Carcassonne, il est auteur et réalisateur de documentaires diffusés sur France Télévisions, Canal+ et Arte. Il a obtenu en 2001 le 7 d'or de la meilleure série documentaire pour son film Paris à tout prix sur deux ans de campagne municipale dans la capitale. Il reçoit en 2004 le FIPA d'argent pour son documentaire Camarades et le Lia Award au Festival du film de Jérusalem en 2007 pour Comme un juif en France. Parmi ses autres réalisations : Rêves d'énarques (1999), Bleu, blanc, rose sur trente ans de vie gay et lesbienne en France (2002), La Paix nom de Dieu ! tourné en Israël et en Palestine en 2003 et Le Siècle des socialistes (2005).

    L’avis d’un des membres du comité

    Sujet Chronique d’une campagne électorale : les municipales 2008 à Fleury d’Aude. Particularités de ce (gros) village : Trois sites, Fleury, Les Cabanes et Saint-Pierre-la-mer. La loi électorale autorise le panachage des listes, ce qui peut « corser » le scrutin. Enfin, à Fleury, trois listes sont en présence et les candidats – dont la couleur politique n’est pas toujours identifiée - se sont connus sur les bancs de la maternelle. Le décor posé, la comédie peut commencer, découpée en « actes » ou chapitres chronologiques, jusqu’à l’issue, heureuse pour les uns, moins pour les autres. Une musique légère relève le burlesque de certaines situations, dans lesquelles chacun joue son rôle de prétendant à la mairie. Quand la campagne sera terminée, chacun rentrera dans ses vêtements de Monsieur (ou madame) Toulemonde, et pourra laisser passer ses émotions. Traitement Voilà un film intéressant, jamais ennuyeux, qui permet d’appréhender un aspect moins connu de la démocratie : les élections locales en zone rurale. Les enjeux, ont le voit bien, ne sont pas les mêmes qu’en ville. D’ailleurs, les programmes sont-ils si éloignés… Avis personnel et professionnel Ce film a toute sa place sur les rayons d’une bibliothèque, aux côtés d’autres films sur les élections municipales : Paris à tout prix, du même Yves Jeuland, ou La conquête de Clichy, de Christophe Otzenberger. Et en tant que « production régionale », pourquoi ne pas le programmer lors du Mois du film documentaire ?

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    L’œuvre au tambour (L’Obra Tambornesca)

    Durée/Format : 26’/ DVD et DV CAM Sous-titrage en anglais et en occitan Genre : Documentaire de création Auteur : Ma J’osais Fages Lhubac Réalisateur : Ma J’osais Fages Lhubac Auboi Productions et Majosais Films

    3 Chemin louis Roux 34130 Mauguio Tél : 04.67.29.57.54 Courriel : [email protected] Internet : www.auboi.net Producteur délégué : Jean Michel Lhubac Partenaires : Région Languedoc-Roussillon Centre national de la Cinématographie

    Sujet : Ce documentaire ethonopoétique de 26 minutes écrit et réalisé par Ma J'Osais Fages Lhubac, met en scène les trois plus anciens joueurs de tambour de joutes nautiques actuels que sont Jean-Louis Zardoni, André Rieu et René Redondo. C'est dans la rencontre avec trois de leurs hautboïstes, avec lequel ils forment un couple indissociable, mais aussi avec André Minvielle , chanteur bien connu et récent lauréat des Victoires du jazz 2008, que se déploie un récit ethno poétique savoureux, jalonné de tableaux et objets peints de Pierre François . Réalisateur : Ma j'Osais Fages Lhubac est née le 18 novembre 1959 à Montpellier (34), vit à Mauguio (Hérault/France). Ethno poète. C'est ainsi que cette réalisatrice définit sa démarche artistique et cinématographique. Elle désire mettre en scène la couleur et la lumière en tant que personnages et filmer les lieux et les gens dont on ne parle jamais, surtout ceux qui ont des micros et des macros mouvements de vie spécifique. Elle est elle-même joueuse de tambour traditionnel, diplômée d'état pour l'enseignement de cet instrument qu'elle pratique depuis 1983 mais aussi écrivain, peintre, chanteuse occitane, costumière (extrait du site internet www.majosais.com). L’œuvre au tambour est son premier film.

    L’avis d’un des membres du comité Sujet Héritiers d’une tradition transmise de père en fils, trois joueurs de tambours de joutes nautiques nous emmènent au cœur de leur pratique en compagnie des hautboïstes, avec lesquels ils forment le couple musical des défis languedociens. Traitement Le film commence par le dernier tableau de Pierre François, peintre sétois décédé en 2007, à qui le film est dédié. Il représente une scène de joutes dont le premier plan est occupé par un joueur de tambour et un hautboïste, ce qui place d’emblée ce duo comme un élément primordial des tournois de la côte héraultaise. La réalisatrice nous signifie aussi que cette musique est ouverte sur les autres cultures, en témoigne l’échange musical auquel se livrent le sétois Jean-Louis Zardoni (le film est aussi dédié à son père), l’un des joueurs de tambour, également auteur de chansons populaires locales, avec le grand André Minvielle, le béarnais, chercheur et expérimentateur de sonorités issues des langages musicaux traditionnels. Minvielle reçoit de Zardoni et inversement. Le film est fait comme cela, d’échanges, de mouvements. Le mézois André Rieux souligne la recherche de l’harmonie des instruments avec le coup de bogue, la rame en langage de joutes. La caméra, parfois très mobile, participe aussi de cette vitalité qui traverse le film, le montage syncopé de plans de l’étang lui donnant un rythme soutenu. Certaines séquences sont d’une grande qualité filmique, notamment celle de la « baraquette et du cabanon » où l’ombre portée de deux musiciens s’inscrivant dans un plan de paysage d’étang lui confère une touche picturale. Musique et peinture. La démarche filmique de Marie Josais Fages Lhubac est esthétisante pour cette artiste polyvalente, entre autres…joueuse de tambour et diplômée d’Etat d’enseignement de musiques traditionnelles. D’une grande richesse formelle et de contenu, ce film court (26 minutes) et dense nous livre un témoignage empli du cœur et de l’authenticité de ses personnages. Avis personnel Ce film m’a séduit par l’originalité de son sujet et de son traitement. Place dans nos collections : Ce film devrait facilement intégrer les rayonnages de médiathèques. A coupler avec Joutes d’Olivier Pousset pour une programmation « sétoise »

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    La naissance de Bartas

    Durée/Format : 52’ Genre : Documentaire de création Auteur : Laurence Kirsch Réalisateur : Laurence Kirsch

    Argane Productions Siège social 23, rue de la Source 31280 Drémil-Lafage Tél : 05.62.18.03.58 Fax : 05.62.18.03.81 Courriel : [email protected] Directrice de production : Françoise Périllou Productrice déléguée : Carole Giardino Partenaires : Procirep Angoa Région Midi-Pyrénées Région Languedoc-Roussillon Centre national de la Cinématographie Sujet : Bartas, c’est un terrain de 10 hectares de chênes verts et de bruyères, où quelques pins majestueux trônent depuis près d’un siècle, dans un coin magnifique des Cévennes. Bartas, fut ce lieu, destiné il n’y a pas encore très longtemps, à l’implantation d’un projet touristique d’une centaine de mobil home. Cette opération touristique, la mairie n’en a pas voulu et leur a préféré cette initiative d’éco-hameau. Bartas sera ce hameau écologique rêvé par ses futurs habitants. Six familles partagent le même rêve : acheter un seul et unique terrain pour y construire chacun sa maison. Entreprise très méritante et ambitieuse, qui a donné envie à la réalisatrice de suivre ce projet. Bientôt l’achat définitif du terrain sera signé, les futurs habitants vont devoir confronter leurs idéaux. C’est à la naissance de cette micro société écologique et collective que nous convie ce documentaire. Un film qui interroge les fondements de notre société, notre rapport à la nature, à l’argent, aux autres. Outre le chantier concret des briques, ou du bois ; en chantier aussi : le rapport à la collectivité, à l’individualisme… Réalisateur : Laurence Kirsch a 38 ans. En 1990, elle obtient un diplôme National Supérieur d’Expression Artistique et une Licence d’Art Plastique. Après avoir été assistante réalisatrice sur des films institutionnels et des documentaires, elle a réalisé les documentaires Le Temps d'un regard (1995), Gens de Thau (1996), Grandir (1998) présenté aux États généraux du Documentaire de Lussas, Surpris de nature (2000), Dans mon quartier coule une rivière (2002) tous deux diffusés sur France 3 et Présence silencieuse (2005). Elle travaille actuellement sur son dernier film Sylvaine.

    L’avis d’un des membres du comité Département du Gard, village de Vabres : Bartas, terrain de 10 hectares de chênes verts et de bruyères, où quelques pins majestueux trônent depuis près d’un siècle, dans un coin magnifique des Cévennes. Il y a peu, Bartas fut le lieu destiné à l’implantation d’un projet touristique d’une centaine de mobil home. Cette opération touristique, la mairie n’en a pas voulu. . Le film nous fait assister à la genèse puis à la construction d’un projet : faire de Bartas un hameau écologique et collectif, construit de toutes parts par des (futurs) habitants motivés et responsables. En 15 jours, le groupe est constitué, six familles participeront à l’entreprise. Cinq mois plus tard, tous se retrouvent chez le notaire pour l’achat du terrain. De réunion en réunion, sur plus de trois ans, nous allons partager les rires et les colères, les rêves et les doutes de chacun, la confrontation entre les idéaux des uns et des autres d’une part, entre l’utopie et « l’administratif » d’autre part, jusqu’au dépôt des permis de construire et les premières fondations. Très vivant, ce film interroge les fondements de notre société : notre rapport à la nature, à l’argent, aux autres, à la collectivité, à l’individualisme ou à la solidarité…

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    Soulages le noir et la lumière

    Durée/Format : 52’/ DVD Genre : Documentaire de création Auteur : Jean-Noël Cristiani, Pierre Encrevé Réalisateur : Jean-Noël Cristiani -

    Pom Films 7, rue de la Convention 93100 Montreuil Tel : 01.49.88.18.42 Fax : 01.49.88.70.73 Courriel : [email protected] Partenaires : Région Languedoc-Roussillon Centre national de la Cinématographie Sujet : « J'ai décidé de faire de la peinture ma vie. » Ce film lie les moments constitutifs d'une vie aux lignes de force d'une œuvre. Ces correspondances permettent de découvrir un monde intérieur et de rendre la présence d'une peinture. Le peintre raconte les actes fondateurs et les rencontres essentielles. Son amour des grands espaces, sa volonté d'écarter les limites culturelles établies, sont liés à l'« impérieuse nécessité » de peindre. « Je ne sais pas ce que je cherche. C'est ce que je fais qui m'apprend ce que je cherche. » Réalisateur : Depuis Le Silence des organes (1974), Jean-Noël Cristiani a réalisé plus de vingt films, essentiellement documentaires, et pour nombre d'entre eux consacrés à l'art et aux artistes. Parmi ceux-ci plusieurs films sur le jazz (Count Basie, 1995, John Coltrane, 1996, Max Roach, 1997) ou sur les écrivains (Edouard Glissant, 1994, Karen Blixen, 1995, Mika Waltari, 1997). Soulages, le noir et la lumière est le quatrième film qu'il consacre au peintre. En 1994, il a fait un film sur les vitraux de Conques réalisés par l’artiste Les vitraux de Soulages. Son dernier film s’intitule Le marcheur (2009).

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    Mosaïca Durée/Format : 52’/ DVD

    Genre : Documentaire de création Auteur : Michel Gayraud et Alem Surre Garcia Réalisateur : Michel Gayraud

    Mille et Une Productions 11 rue de la gare 34430 Saint Jean de Védas Courriel : [email protected] Internet: http://www.1001prod.com Directeur de production : Michel Coqblin Production exécutive : Marie-France Dewast Partenaires : France 3 Sud Région Languedoc-Roussillon Centre national de la Cinématographie Prochaine diffusion : le 23 mai à 15h50 sur france3 Sud Sujet : Il fut un temps où les Pyrénées ont plus uni qu'elles n'ont séparé, un temps où l'entre-deux-mers tournait résolument le dos au nord de l'Europe et était essentiellement animé par une dynamique méditerranéenne. Des Ibères à l'époque médiévale, ce territoire a connu un brassage très important de peuples et de civilisations et ses populations ont régulièrement noué contact avec celles des rives opposées. Il en a résulté, pour les pays d'Oc et les Pyrénées, un imaginaire riche et complexe profondément original, où s'entrelacent la légende et l'histoire, la passion et la raison, le dogme et le doute. A travers l'évocation des routes séfarades, des principautés pyrénéennes, des conquêtes et reconquêtes, l'errance des troubadours, les mosquées et forteresses musulmanes, les foyers d'art roman, les pensées et spiritualités hétérodoxes, c'est toute une civilisation qui resurgit, longtemps occultée par les historiens français. Alem Surre Garcia le conteur, évoque cette Mosaïque de coups de pierre, de coups de sang et de coups de coeur, surgie d'un passé oublié, dans lequel évoluent les troubadours que sont les musiciens du Groupe Mosaïca. Ce film nous invite à une conversion du regard et à reconsidérer notre connaissance de l'histoire et de la géographie, passées, présentes et à venir. Réalisateur : Michel Gayraud a réalisé Avant la nuit (section Perspectives Festival de Cannes, prix Belfort), l'itinéraire d'une chômeuse jusqu'au suicide, Wiseman USA (FR3 Océaniques), portrait d'un cinéaste américain, et des documentaires sur l'opéra… Il va tourner Séjours / Aufenthalte d'après un texte de Martin Heidegger. Avec Flamenca (1995), Trobadors (1996) et Crosada (1997), Michel Gayraud a mis en relation l'esthétique médiévale et les formes de la télévision pour « dire » la poésie occitane du Moyen-âge dans le langage télévisuel contemporain. En 2007, il réalise 1907, la révolte des vignerons.

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    Les sentinelles de Thau

    Durée/Format : 52’HDV/2009 Genre : Documentaire de création Auteur : José Alcala et Danièle Letellier Réalisateur : José Alcala

    Pages et Images 9, rue du Jeu de Ballon 34000 Montpellier Tél : 04.67.63.50.26 Courriel : [email protected] Directeur de production : Laurent Mercadier Producteur délégué : Youssef Charifi Partenaires : France 3 Sud Région Languedoc-Roussillon Centre national de cinématographie Dates et lieux de tournage : 4 semaines Date de 1ère diffusion : Les Rencontres Cinématographiques de Pézenas Sujet : De Marie, l’ouvrière ostréicultrice, à Agnès la cinéaste, six femmes d’horizons différents portent un regard singulier et profond sur l’étang de Thau. Un lieu dont elles aiment la beauté rugueuse et qu’elles contribuent à faire vivre chacune à leur façon, malgré les difficultés qu’elles affrontent au quotidien. Elles s’imposent sans complexe dans des milieux que les hommes dominent depuis toujours. Qu’ils soient condescendants ou admiratifs, elles ne se soucient que très peu de leurs regards. Ces femmes volontaires et nobles, porteuses de projets de vie forts, ont en commun une détermination inébranlable, étayée d’une farouche indépendance. Réalisateur : Durant une dizaine d’années, José Alcala travaille pour des cabinets d’architecture en qualité de dessinateur projeteur. Cinéphile et passionné des techniques cinématographiques, il devient assistant opérateur, s’approche de la production et de la direction de production, tout en écrivant et réalisant ses propres films. Des moyens métrages qui parlent de femmes, des portraits singuliers, des caractères uniques. Viva Ventimiglia, Case départ et Les Gagne-petit remporteront de nombreux prix et seront diffusés sur le petit écran. Avec Alex, son premier long métrage, José Alcala trace l’histoire d’une femme qui porte les marques d’un passé chaotique, qui cherche son équilibre et son identité. Les sentinelles de Thau est son premier documentaire. (Extrait du site internet d’Unifrance)

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    Herbe

    Durée/Format : 76’ / Visa n° 121 239 27/01/09 Genre : Documentaire de création Auteur : Matthieu Levain et Olivier Porte Réalisateur : Matthieu Levain et Olivier Porte

    Adeva et Amelimages 6, rue Achille-Bège 34000 Montpellier Tél : 06 60 17 42 97 Courriel : [email protected] Internet : www.herbe-lefilm.com Sujet : Au cœur de la Bretagne paysanne, deux visions du métier d’éleveur laitier se confrontent. Alors que des Hommes se sont engagés depuis plusieurs années dans une agriculture autonome, durable et performante, le courant majoritaire de la profession reste inscrit dans un modèle de production industriel, fortement dépendant des groupes agricoles et agro-alimentaires… Réalisateurs : Olivier Porte Il a étudié l'écologie à l'université avant de suivre une formation d'ingénieur agronome à Montpellier. Il appartient à une génération qui admet l'impasse des modèles agricoles intensifs et l'irréversibilité des dégâts qu'ils infligent au patrimoine de l'humanité (biodiversité, savoir-faire, sols…). Il s'intéresse à tous les déterminants autres que techniques, c'est-à-dire historiques, politiques, économiques, sociologiques et psychologiques qui expliquent la lenteur des processus de remise en cause des orientations prises dans le monde agricole. Matthieu Levain Il est né le 23 octobre 1979 à Bourgoin-Jallieu. Il a fait des études audiovisuelles techniques. Il se définit comme autodidacte. Herbe est son premier long métrage documentaire.

    L’avis d’un des membres du comité

    Sujet & Traitement Herbe est un documentaire militant, qui prône l’agriculture durable et focalise son discours sur le monde de la production laitière. Il nous présente deux exploitations agricoles bretonnes, l’une fonctionnant sur les principes de l’autosuffisance et prodiguant le pâturage pour ces bêtes, l’autre de type intensive nourrissant ces animaux de céréales importées, sous hangar. Les réalisateurs présentent donc une alternative au productivisme, qui rend dépendant les agriculteurs des groupes agro industriels, et pointent les illogismes de la Politique Agricole Commune. A la vue du synopsis, on pourrait craindre une étude manichéiste entre les bons écolos et les méchants industriels mais ce documentaire évite ce travers par l’absence de voix-off, qui laisse le champ libre à une réflexion personnelle. Ce souci d’équité n’est malheureusement pas maintenu car chaque propos tenu par l’un des camps est immédiatement retraité par les autres. Ce dispositif filmique « ping-pong » apparaît aussi dans la forme même du récit. Aux verts pâturages s’opposent les silos industriels replis de pellets aux origines lointaines et douteuses, la petit ferme en pierres de taille arborée s’oppose à l’exploitation sans âme et grise, les ruminants filmés de loin vagabondant vers les près s’opposent au plan rapproché de bétails aux yeux apeurés, parqués en ligne dans un hangar immense… Ce qui sauve ce documentaire de la caricature, ce sont ces personnages sympathiques, piégés par le système corporatif agricole, dépendant des coopératives pour rembourser le prêt. Une certaine résignation s’affiche sur les visages, laissant transparaître que ces agriculteurs, même s’ils posent des puces électroniques, restent des humains vulnérables et non des producteurs intensifs sans âme. Cette empathie permet de juger durement que les groupes agro alimentaires et la PAC…et c’est là que le bas blesse.

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    Avis professionnel et personnel En effet, cette construction thèse / antithèse qui n’est pas aidée par une mise en scène somme toute un peu molle, manque cruellement de fond. On aurait aimé en savoir un peu plus sur les méandres de la FNSEA, du lobbying des coopératives sur les élevages laitiers et l’implication de l’Etat français. On trouve des interviews téléphoniques (anonymes) mais le spectateur n’a pas assez de cartes en main pour ouvrir un vrai débat de fond. Il manque une peu plus d’investigations pour rendre le tout haletant. Matthieu Levain et Olivier Porte nous offre le petit lait mais on aurait aimé aussi la crème !!! La place dans nos collections Ce documentaire a le mérite d’exister. Il trouve tout à fait sa place dans nos rayonnages, et peut se relever un appui majeur lors d’un débat/conférence. Il arrive malheureusement après les We feed the World ou Nos enfants nous accuseront, plus vindicatifs et aux images plus percutantes. Chronique paysanne matinée d’un discours militant, « Herbe » ne peut convaincre que les convertis, et intriguer les béotiens.

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    LES DEUX COUPS DE CŒUR DU COMITE

    Jour de parloir

    Durée/Format : 45’’ version festivals 51’22 version Tv DVCAM/2008 Genre : Documentaire de création Auteur : Chantal Marchon Réalisateur : Chantal Marchon

    ADL Production 11 rue de la gare 34430 Saint Jean de Védas Tél : 04 67 47 54 97 Fax : 09 58 17 39 73 Courriel : [email protected] Producteur déléguée : Marie-France Dewast Partenaires : Région Languedoc-Roussillon Centre national de la Cinématographie Tournage : 15 jours en juillet 2008 (7 semaines de montage et de postproduction) Sujet : Elles ont un compagnon, un enfant, parfois un frère incarcéré, et chaque semaine elles leur rendent visite. Ce sont des femmes de parloir. Comment font-elles quand la prison est loin? Qu’en est-il lorsque l’enfant ne veut pas les voir, lorsqu’elles veulent rompre avec le compagnon? Sont-elles coupables d’être hors des murs? J'ai souvent longé la maison d’arrêt de Villeneuve-lès-Maguelone, près de Montpellier. Son architecture, son isolement, le trajet qu'il faut faire à pied pour s'y rendre, les arrêts de bus de chaque côté de la voie rapide, l'hôtel Formule 1, m'ont donné envie de rencontrer des femmes qui viennent parfois de loin, en train et en bus, dorment à l'hôtel pour rendre visite à l’un des leurs. Il est vrai que j'affectionne particulièrement ces univers et que ce décor renforçait la possibilité de capter l’invisible de ces singulières histoires. Ce lieu est un théâtre, le parvis et l'hôtel ont été traités comme une scène. Les détenus sont là tout près, mais ne voient rien, n'entendent pas ce qui est joué. Les femmes ne sont pas entendues. Dans Jour de parloir, j'ai voulu montrer que les femmes de parloir purgent aussi une peine, qu'elles n'ont pas de vie à côté, que tout tourne autour de ce rendez-vous hebdomadaire (vécu, fantasmé ou impossible), qu'elles vivent une forme d'enfermement. Plus que l’exactitude des faits, c’est la justesse d’une situation ressentie qui m’a intéressée. CM. Réalisatrice : Chantal Marchon a fondé en 1987, ViDEKA Production, une société qui produisait surtout des films institutionnels. Parallèlement, son intérêt pour la peinture l'a amenée à réaliser des films d'artistes. Actuellement, elle enseigne le cinéma et a des projets de réalisation de documentaire de création. Films d'artistes: Zeyno Arcan, les corps empruntés. Roger Estève, Pells de la Terra Chichorro, Aggloméré En cours de montage: Ecrits d'écrous, un essai sur la trace, tourné au Couvent Sainte Claire, ancienne prison de Perpignan. En cours d'écriture: Ramdam Bizness, un projet documentaire sur les touristes arabes à Genève

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    L’avis d’un des membres du comité Maison d’arrêt de Villeneuve-lès-Maguelone. Devant les murs –bleus- de la prison, sous le soleil, des femmes attendent. Elles attendent l’heure du « parloir » au cours duquel, à travers une vitre, elles pourront, pendant ¾ d’heure, voir leur homme. Arrivées en train, bus ou voiture pour les mieux loties, elles sont en avance car ici l’heure c’est l’heure… Sous un soleil que l’on devine de plomb (ici l’ombre est inexistante), les mouvements de leurs pieds autant que leurs confidences traduisent la nervosité avant la rencontre. Elles racontent l’importance de ce parloir qui rythme la semaine (ou le mois), leur vie au quotidien, les problèmes financiers, et la difficile relation avec le détenu. Dans ce no man’s land situé au bord d’une Nationale entre Sète et Montpellier, elles attendent. Elles évoquent la difficulté à être sur la même longueur d’ondes selon que l’on est d’un côté ou de l’autre du mur de la prison, la solitude, l’exigence des détenus envers leur femme, leur lassitude, le rêve d’une vie pépère, et l’avenir plus qu’improbable. D’ailleurs certaines, malgré leur amour, et surtout malgré leur présence derrière le mur, ont renoncé au parloir. Elles veulent montrer à leur compagnon qu’elles n’y croient plus. Ce film magnifique n’est pas un énième doc sur la prison, mais un témoignage sur la condition de femme de prisonnier, « femme de parloir » mise entre parenthèse pendant la détention de leur homme : de fait elle ne peut qu’attendre la libération qui leur sera commune.

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    Le mystère Toledo

    Durée/Format : 52’/DVCAM/2008 Genre : Documentaire de création Auteur : Jefferson Mouzas, Pascal Carcanade , Lucas Mouzas Réalisateur : Lucas Mouzas

    Mille et Une Productions 11 rue de la gare 34430 Saint Jean de Védas Tel: 06 70 90 32 37 Courriel : [email protected] Partenaires : Planète Région Languedoc-Roussillon Centre national de la Cinématographie Sujet : Un voyage au cœur du Mexique Indien à la découverte de Francisco Toledo, le plus important, le plus coté et le plus subversif peintre mexicain vivant. Le plus insaisissable et le plus énigmatique aussi. Quarante ans après avoir été la coqueluche du tout Paris des années 60, il se retrouve en première ligne d'un soulèvement populaire qui embrase tout l’état d’Oaxaca durant l’année 2006. De Paris à Oaxaca les rencontres avec Toledo, ses amis artistes et ses proches lèvent un coin du voile sur les deux vies de ce peintre reconnu et «Maestro » charismatique. Réalisateur : Lucas Mouzas est né en 1958 à Paris. Il écrit et réalise en 1997 Maïs Amer, un documentaire sur l'exode forcé d'une communauté d'Indiens mixtèques vers les exploitations agricoles du Sinaloa, au Nord du Mexique. En 1999, cela sera A Chœur et à cri, l'histoire oubliée des petits chanteurs de Franco à travers le portrait d'Antonio, quinze ans, premier soliste de la maîtrise de chant grégorien du Valle de los Caidos, le mausolée du Caudillo. Ces documentaires, y compris Sur le sentier de l'école (2006), ont été diffusés sur de nombreuses chaînes télévisées et dans de nombreux festivals français et internationaux.

    L’avis d’un des membres du comité

    Sujet & Traitement Comment faire un film portrait sur ce peintre aussi célèbre qu’énigmatique qui n’aime pas les mises à nu ? Loin de l’académisme ambiant des productions documentaires qui traitent d’artistes contemporains, Lucas Mouzas prend le parti d’une exposition des diverses facettes de Toledo, par le biais d’interviews d’amis et de collègues qu’ils soient français et mexicains. Cette dualité formelle se retrouvera dans tout le film, ainsi que dans son fond…si un mot devait définir ce documentaire, ce serait Ambivalence. Des images d’archives ponctuent le récit, mais sous la forme d’un dialogue détendu dans un intérieur parisien, l’ordinateur portable égrenant les photos de Toledo jeune. On récupère aussi des bribes de sa vie à la sortie d’une conférence de presse, mais jamais par Toledo. Une séquence le montre même acculé à un mur, entouré de journalistes, il fuit cette horde de micros. L’homme est peu prolixe, il se dévoilera seulement dans son atelier, par le biais d’une œuvre réalisée en direct, ponctuée des phrases du maître. Considéré comme l’un des plus grands peintres mexicains, il reste cependant discret et parfois gêné quant à sa réussite et tente d’en faire profiter les autres en érigeant un institut des arts graphiques sur la colline de son village. Ce lieu culturel permet aux habitants de s’initier, appréhender et exposer leurs créations contemporaines. Les prises de vue de cette incroyable bâtisse témoignent de la réussite du projet, financé en grande partie sur les deniers personnels de l’artiste. On y retrouve Toledo au milieu des ateliers, tel un patriarche fier des ses ouailles. A partir de là, ce documentaire sympathique dans son fond comme dans sa forme, rendant Toledo malicieux et attachant, prend une autre tournure. La révolte populaire qui embrase l’Oaxaca avec son lot d’arrestations, de brutalité va bouleverser le ton du film. Face à ces violences, on ressent un certain abattement chez Toledo, presque une impuissance face à ces événements tragiques. Il retombe dans le mutisme, le film s’ouvre alors sur une situation plus politique qu’artistique….quoique. Toledo décide de « récupérer » les arts contestataires de la rue, affiches et tags, pour les insérer dans ses collections. Résistance symbolique, au même titre que les créations photographiques lacérées au cutter, « body count » artistique, surexposé d’une lumière rouge pour témoigner des sévices perpétrés impunément.

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    Avis professionnel et personnel Les photos d’archives nous montraient Toledo face aux événements politiques de 68, la seconde moitié du documentaire nous dévoile un artiste militant, résistant en laissant des traces artistiques des exactions. Au-delà du simple portrait, le film propose une analyse plus complexe sur la place de l’art dans la société, qui ne tire jamais vraiment les leçons de l’Histoire. La résistance artistique est elle suffisante ? Certainement pas mais elle est essentielle, elle fige dans le marbre les instants propices ou malheureux de l’Histoire d’un peuple. Le visage terne et soucieux de Toledo nous donnait à voir une certaine frustration pourtant…Hors documentaire, on peut trouver sur Internet que Toledo a payé un bataillon d’avocats pour faire libérer les quelques centaines de villageois encore enfermés dans les geôles gouvernementales. Et c’est un peu la morale de ce film : l’art est une arme, de par ses créations qui témoignent, ou par l’économie qu’elle engendre, les capitaux profitant aux opprimés.

    La place dans nos collections Ce documentaire a tout à fait sa place dans nos médiathèques. A classer certes en Art, mais à utiliser dans des thématiques sur l’art militant ou résistant. Son manque d’académisme rend le tout très accessible, et en même temps très sérieux…il en devient en tout cas universel.

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    Présentation de Hors Œil Editions HORS ŒIL EDITEUR, Écran total : une autre édition, par Frédéric Joly.

    Après "Gris banal éditeur" et ses livres rares, François Lagarde s’est lancé dans l’aventure de la production et de l’édition numérique avec HORS ŒIL EDITIONS. Explication et portrait. Les ouvrages publiés au cours des années 80 par "Gris banal éditeur" sont aujourd’hui des raretés. Si le catalogue de cette maison créée par François Lagarde à Montpellier ne comprit qu’à peine plus d’une dizaine de titres, chacun conquit sa place dans le cœur des grands lecteurs. On pense tout de suite au livre désormais mythique du célèbre chimiste Albert Hofmann, LSD, mon enfant terrible. Livre dont aucun éditeur ne voulait prendre le risque de publier. Ce livre est aujourd’hui traduit dans le monde entier. Et ce n’est pas un hasard non plus, si certains d’entre eux s’acquièrent désormais lors de ventes aux enchères, comme ce fut dernièrement le cas par la société Sotheby à New York, pour The beat hôtel du photographe anglais Harold Chapman. Autant de livres qui, au-delà de la beauté de l’objet, de la qualité du travail éditorial, de l’intelligence du rapport texte-images, témoignaient de la part de leur éditeur, d’une sensibilité extrême et d’une idée précise de la littérature. François Lagarde est éditeur et photographe. La liste des artistes et écrivains passés devant son objectif est impressionnante. On aura donc compris que sa grande préoccupation est le rapport qu’entretient la littérature avec l’image et inversement. Ce souci le conduit à la fin des années 90, à reconsidérer entièrement ce qu’est pour lui l’activité d’éditeur, et à fonder une nouvelle structure en 1999, HORS ŒIL EDITIONS, avec la réalisatrice Christine Baudillon et le créateur multimédia Lionel Broye. Les perspectives ouvertes à ce moment-là par le numérique persuadent ce grand amateur de livres d’abandonner l’édition papier pour une édition totalement numérique. C’est à Francfort et au salon du livre de Paris que Lagarde découvre les premiers CD-Rom et décide de tenter l’aventure, plutôt périlleuse au regard de l’investissement financier qu’elle suppose et des difficultés que pose la maîtrise des incessantes innovations techniques. « Le CD-Rom n’est pas une sorte d’anti-livre, c’est une extension du livre, comme le DVD est aujourd’hui une extension du cinéma. Ni l’un ni l’autre ne remplacent le livre ou le cinéma, c’est impossible, mais ils proposent une nouvelle lecture. Il y a une nouvelle distribution entre l’écriture, la photographie, le son et la vidéo. Une disposition moins hiérarchique, bien plus démocratique où la photographie longtemps méprisée (sauf aux Etats-Unis !), ne vient pas en second lieu, comme une simple illustration. Parce que bien comprise, elle n’est pas une caution du texte, encore moins une attestation ou une authentification. Elle a son autonomie propre, inscription de la lumière donc du visible, comme le dit son nom grec. C’est une chose en elle-même sérieuse. Aussi sérieuse que le cinéma ». La structure est donc : producteur, réalisateur, éditeur et diffuseur d’œuvres sur supports numériques. L’idée d’autonomie est centrale aux yeux des fondateurs de cette maison hors normes, puisqu’elle doit englober l’ensemble du processus, de la production, réalisation, post-production à la distribution et gestion des droits. Très vite, la petite équipe suscite des projets multimédia et audiovisuels auprès d’écrivains, artistes, musiciens et philosophes de leur choix. Lorsqu’on leur demande quels critères président aux choix des personnes à participer à ces expériences inédites, François Lagarde, Christine Baudillon et Lionel Broye répondent sans détour : « Leur complexité, leur courage, leur refus de jouer le jeu des médias et leurs exigences exemplaires. Seuls les "irréguliers" et les inclassables nous touchent au plus profond, car bien souvent ils sont sans concessions ». Le catalogue témoigne déjà en effet d’une forme de complicité. La collection « Proëme de » est effectivement conçue comme des introductions à des univers en retrait, que la télévision, pour des raisons de durée et forme de montage, ne saurait aujourd’hui présenter. « Depuis cinq ans, nous avons préservé notre autonomie de production afin d’éviter les gabarits imposés par la télévision. Parce que nos formats garantissent un temps de parole indispensable à l’expression d’une pensée. Parce que nous pensons que le DVD et le DVD-rom, en proximité ou en extension de la littérature et du cinéma, peuvent répondre à la demande de nombreux lecteurs et restituer, au-delà du divertissement, la richesse d’une parole ou la profondeur d’un portrait ».

    Pour l’équipe HORS ŒIL, l’image doit respecter la rigueur et la profondeur du travail présenté, par la justesse du cadre et de la lumière. Mais l’intension qui préside à ces expériences est aussi de savoir s’ouvrir à l’inédit, dévier de l’idée de départ pour aboutir à de l’inattendu. Article paru dans la revue languedocienne Septimanie en juillet 2003.

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    Siegfried Kessler A love secret

    Durée/Format : 56’/DV/2004 Genre : Documentaire de création Auteur : Christine Baudillon Réalisateur : Christine Baudillon

    © Hors Œil Editions Hors Œil Editions Tél/Fax : 33 (0)4.67.64.52.64 Courriel : [email protected] Internet : http://www.hors-oeil.com/ http://www.siegfriedkessler.com/ Musique originale de Siegfried Kessler Image, son et montage : Christine Baudillon Sujet : Siegfried Kessler, pianiste de jazz hors normes, vit depuis plus de vingt ans à La Grande-Motte sur un voilier de course amarré au bout du ponton F. « F comme fa dièse » aime-il préciser. Son bateau, c’est toute sa vie, c’est son amour. Il pourrait aussi bien dire, comme Novecento le pianiste d’Alessandro Barrico, « La terre, c’est un bateau trop grand pour moi. C’est un trop long voyage [...]. Pardonnez-moi. Mais je ne descendrai pas ». Si Kessler est un grand marin, il est aussi tout entier musique. Tout entier jazz. Les touches de son piano vibrent comme un nuage d’argent qui s’ouvre et déverse sa fureur. Kessler prend la mer autant que possible, c’est un fou du grand large. Mais « on n’est pas fou quand on trouve un système qui vous sauve ». Ce portrait filmé « quasi improvisé libre », a été tourné pendant près d'une année par Christine Baudillon. Réalisateur : Christine Baudillon est née en 1970 à Istres. Elle a étudié à l'Ecole supérieure des Beaux-arts de Marseille de 1990 à 1995, section image et son où elle pratique la photographie. Puis, elle commence à filmer en super 8 et en vidéo. De 1998 à 1999 elle fait partie de la première promotion du Fresnoy (Studio national des arts contemporains à Tourcoing). Elle y réalise un film expérimental Sexless et le documentaire, Les Sidérantes. Elle a écrit un scénario adapté de la nouvelle Lenz de Georg Büchner avec le philosophe Philippe Lacoue-Labarthe. Elle a déjà réalisé avec lui, en 2000, une vidéo autour du poème Andenken de Hölderlin. Son dernier film Jo