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Εθνικό και Καποδιστριακό ΠΑΝΕΠΙΣΤΗΜΙΟ ΑΘΗΝΩΝ Jean-Christophe Pitavy Université Jean-Monnet, Saint-Étienne (France) “Μεταφερόμενος λόγος” και πολυφωνία Discours rapporté et polyphonie

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  • Jean-Christophe Pitavy Universit Jean-Monnet, Saint-tienne (France) Discours rapport et polyphonie

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  • 1. Discours rapport

  • 1.1. Distinctions courantes (grammaire standard)

  • Dans ce coursDiscours rapport discours indirectMais en franais, ces deux termes sont souvent confondus.

  • Dans ce coursDiscours rapport discours indirectMais en franais, ces deux termes sont souvent confondus.De mme en anglais (reported / indirect speech)

  • Dans ce coursDiscours rapport discours indirectMais en franais, ces deux termes sont souvent confondus.De mme en anglais (reported / indirect speech)

  • Terminologie suivie iciDiscours rapport =3 types de discours :discours directdiscours indirectdiscours indirect libre

  • Terminologie suivie iciDiscours rapport =3 types de discours :discours directdiscours indirectdiscours indirect libreM

  • Jai emprunt les termes , employs parfois comme quivalents du discours rapport

  • 1.1.1. Discours direct (DD) / { Athnes} Vasso ma dit : Je prends des cours ici.{ Athnes} Vasso ma demand : Que fais-tu ?(prs.) / Viendras-tu me voir demain ?(fut.)

  • 1.1.2. Discours indirect (DI) / {A Athnes} Vasso ma dit (pass) quelle prenait(pass) des cours l-bas / Athnes.Vasso ma demand(pass)ce que je faisais(pass) / si je viendrais(futur dans le pass) demain ?Le discours rapport tant pass, le prs. devient pass (imparfait), le futur devient futur dans le pass (conditionnel).

  • 1.1.3. Discours indirect libre (DIL) / { Athnes} Vasso ma tout expliqu : elle prenait des cours l-bas / Athnes.Vasso ma questionn : Quest-ce je faisais ? / Est-ce que je viendrais ?Les expressions ma tout expliqu et ma questionn permettent de comprendre que ce qui suit est du discours rapport (DIL: cest Vasso qui parle, et non le narrateur).

  • 1.2.1. Discours direct libre/fondu (DDL) Vasso narrtait pas de parler. Je prends des cours ici. Et toi, que fais-tu ? Viendras-tu me voir demain ?Lexpression narrtait pas de parler permet de comprendre que ce qui suit est du discours rapport (DDL: cest Vasso qui parle, et non le narrateur).

  • 1.2.1. Discours direct libre/fondu (DDL) Et partout comme ici, de misre. Des mangues de la misre. Du riz de la misre. Du lait de la misre, du lait trop maigre de leurs misrables mres. Ils mouraient avec leurs poux dans les cheveux et ds quils taient morts le pre disait, cest bien connu, les poux quittent les enfants morts, il faut lenterrer tout de suite sans a on va tre envahi, et la mre, attends que je le regarde, et le pre, que deviendrons-nous si les poux se mettent dans la paillote de la case ? Et il prenait lenfant mort et lenterrait encore chaud, dans la boue, sous la case. Et bien qu'il en mourt par milliers il y en avait toujours autant sur la piste de Ram. Il y en avait trop et les mres les surveillaient mal. Marguerite Duras, Un barrage contre le Pacifique

  • 1.2.1. Discours direct libre/fondu (DDL) Et partout comme ici, de misre. Des mangues de la misre. Du riz de la misre. Du lait de la misre, du lait trop maigre de leurs misrables mres. Ils mouraient avec leurs poux dans les cheveux et ds quils taient morts le pre disait, cest bien connu, les poux quittent les enfants morts, il faut lenterrer tout de suite sans a on va tre envahi, et la mre, attends que je le regarde, et le pre, que deviendrons-nous si les poux se mettent dans la paillote de la case ? Et il prenait lenfant mort et lenterrait encore chaud, dans la boue, sous la case. Et bien qu'il en mourt par milliers il y en avait toujours autant sur la piste de Ram. Il y en avait trop et les mres les surveillaient mal. Marguerite Duras, Un barrage contre le Pacifique

  • 1.2.2. Discours narrativis (DN) / Prsente le discours, sans le rapporter, cest--dire sans en prsenter le contenu exact. On ne sait pas prcisment ce qui est dit, car les paroles sont prsentes sous formes de verbes daction qui sinsrent dans le rcit.

  • 1.2.2. Discours narrativis (DN) / Discours directil a dit: NonJe ne veux pasJe ne suis pas daccordetc.Discours narrativis

    Il a refus.Prsente le discours, sans le rapporter, cest--dire sans en prsenter le contenu exact. On ne sait pas prcisment ce qui est dit, car les paroles sont prsentes sous formes de verbes daction qui sinsrent dans le rcit.Exemple:

  • 1.2.2. Discours narrativis (DN) / Elle ne parla de ce projet qu Suzanne seule ; Joseph, disait-elle, tout intelligent qu'il tait, avait aussi sa btise et, comme il ne pouvait pas tout comprendre, il ne fallait pas tout lui dire. Il fallait tre habile, revoir M. Jo sans lui faire souponner quon lavait recherch, et reprendre avec lui les relations anciennes. Prendre son temps. Les renouer, ces relations, sy tromper et jusqu provoquer de nouveau en lui un dsir rmunrateur. Lessentiel, ctait a, ctait de laffoler, dobscurcir sa raison au point quil en revienne, de nouveau dsespr, lui abandonner les deux autres diamants ou mme un seul. Suzanne lui promit de renouer avec M. Jo si jamais elle le rencontrait mais elle refusa de le rechercher. Marguerite Duras, Un barrage contre le Pacifique

  • 1.2.2. Discours narrativis (DN) / Elle ne parla de ce projet qu Suzanne seule ; Joseph, disait-elle, tout intelligent qu'il tait, avait aussi sa btise et, comme il ne pouvait pas tout comprendre, il ne fallait pas tout lui dire. Il fallait tre habile, revoir M. Jo sans lui faire souponner quon lavait recherch, et reprendre avec lui les relations anciennes. Prendre son temps. Les renouer, ces relations, sy tromper et jusqu provoquer de nouveau en lui un dsir rmunrateur. Lessentiel, ctait a, ctait de laffoler, dobscurcir sa raison au point quil en revienne, de nouveau dsespr, lui abandonner les deux autres diamants ou mme un seul. Suzanne lui promit de renouer avec M. Jo si jamais elle le rencontrait mais elle refusa de le rechercher. Marguerite Duras, Un barrage contre le PacifiqueSuzanne promit elle refusa : nous ne savons pas exactement ce que dit Suzanne (les paroles prcises).

  • 1.3. Exemples dans un mme texte (Houellebecq)MichelHouellebecq

  • 1.3. Exemples dans un mme texte (Houellebecq)Catherine Lechardoy confirme ds le dbut toutes mes apprhensions. Elle a 25 ans, un BTS informatique, des dents gtes sur le devant; son agressivit est tonnante : Esprons quil va marcher votre logiciel ! Si cest comme le dernier quon vous a achet une vraie salet ! Enn videmment ce nest pas moi qui dcide ce quon achte. Moi je suis la bobonne, je suis l pour rparer les conneries des autres... etc.Le hros, personnage principal dans lextrait, est aussi le narrateur.

  • 1.3. Exemples dans un mme texte (Houellebecq)Catherine Lechardoy confirme ds le dbut toutes mes apprhensions. Elle a 25 ans, un BTS informatique, des dents gtes sur le devant; son agressivit est tonnante : Esprons quil va marcher votre logiciel ! Si cest comme le dernier quon vous a achet une vraie salet ! Enn videmment ce nest pas moi qui dcide ce quon achte. Moi je suis la bobonne, je suis l pour rparer les conneries des autres... etc.Les premires phrases sont clairement narratives. Le narrateur dcrit ce quil voit ( discours).

  • 1.3. Exemples dans un mme texte (Houellebecq)Catherine Lechardoy confirme ds le dbut toutes mes apprhensions. Elle a 25 ans, un BTS informatique, des dents gtes sur le devant; son agressivit est tonnante : Esprons quil va marcher votre logiciel ! Si cest comme le dernier quon vous a achet une vraie salet ! Enn videmment ce nest pas moi qui dcide ce quon achte. Moi je suis la bobonne, je suis l pour rparer les conneries des autres... etc.Cette phrase dcrit le comportement de Catherine Lechardoy et introduit le discours direct (DD)

  • 1.3. Exemples dans un mme texte (Houellebecq)Catherine Lechardoy confirme ds le dbut toutes mes apprhensions. Elle a 25 ans, un BTS informatique, des dents gtes sur le devant; son agressivit est tonnante : Esprons quil va marcher votre logiciel ! Si cest comme le dernier quon vous a achet une vraie salet ! Enn videmment ce nest pas moi qui dcide ce quon achte. Moi je suis la bobonne, je suis l pour rparer les conneries des autres... etc.Cest Catherine Lechardoy qui parle (je = Catherine et toutes les marques usuelles du DD)

  • 1.3. Exemples dans un mme texte (Houellebecq)Je lui explique que ce nest pas moi qui dcide de ce quon vend non plus. Ni ce quon fabrique. En fait je ne dcide rien du tout. Ni lun ni lautre nous ne dcidons quoi que ce soit. Je suis juste venu pour laider, lui donner des exemplaires de la notice dutilisation, essayer de mettre au point un programme de formation avec elle...Mais rien de tout cela ne lapaise. Sa rage est intense, sa rage est profonde. Maintenant, elle parle de mthodologie.

  • 1.3. Exemples dans un mme texte (Houellebecq)Je lui explique que ce nest pas moi qui dcide de ce quon vend non plus. Ni ce quon fabrique. En fait je ne dcide rien du tout. Ni lun ni lautre nous ne dcidons quoi que ce soit. Je suis juste venu pour laider, lui donner des exemplaires de la notice dutilisation, essayer de mettre au point un programme de formation avec elle...Mais rien de tout cela ne lapaise. Sa rage est intense, sa rage est profonde. Maintenant, elle parle de mthodologie.je lui explique que introduit au DI ( ce nest pas moi qui).

  • 1.3. Exemples dans un mme texte (Houellebecq)Je lui explique que ce nest pas moi qui dcide de ce quon vend non plus. Ni ce quon fabrique. En fait je ne dcide rien du tout. Ni lun ni lautre nous ne dcidons quoi que ce soit. Je suis juste venu pour laider, lui donner des exemplaires de la notice dutilisation, essayer de mettre au point un programme de formation avec elle...Mais rien de tout cela ne lapaise. Sa rage est intense, sa rage est profonde. Maintenant, elle parle de mthodologie.Ensuite, glissement vers le DIL ( laider, lui donner = Catherine Lechardoy).

  • 1.3. Exemples dans un mme texte (Houellebecq)Je lui explique que ce nest pas moi qui dcide de ce quon vend non plus. Ni ce quon fabrique. En fait je ne dcide rien du tout. Ni lun ni lautre nous ne dcidons quoi que ce soit. Je suis juste venu pour laider, lui donner des exemplaires de la notice dutilisation, essayer de mettre au point un programme de formation avec elle...Mais rien de tout cela ne lapaise. Sa rage est intense, sa rage est profonde. Maintenant, elle parle de mthodologie.Rcit ( discours rapport) puisque le narrateur dit ce qui se passe. La dernire phrase ( elle parle de mthodologie ) rejoint le discours narrativis.

  • 1.3. Exemples dans un mme texte (Houellebecq)Daprs elle, tout le monde devrait se conformer une mthodologie rigoureuse base sur la programmation structure ; et au lieu de a cest lanarchie, les programmes sont crits nimporte comment, chacun fait ce quil veut dans son coin sans soccuper des autres, il ny a pas dentente, il ny a pas de projet gnral, il ny a pas dharmonie, Paris est une ville atroce, les gens ne se rencontrent pas, ils ne sintressent mme pas leur travail, tout est superficiel, chacun rentre chez soi six heures, travail fini ou pas, tout le monde sen fout.Passage au DIL, et mme au DDL, puisque la phrase reprend le rythme de loral (rptition il ny a pas) et certaines expressions marques par la subjectivit.

  • 1.3. Exemples dans un mme texte (Houellebecq)Elle me propose daller prendre un caf. videmment, jaccepte.Distributeur automatique. Je nai pas de monnaie, elle me donne deux francs. Le caf est immonde, mais a ne larrte pas dans son lan. Paris on peut crever sur place dans la rue, tout le monde sen fout. Chez elle, dans le Barn, ce nest pas pareil. Tous les week-ends, elle rentre chez elle, dans le Barn. Et le soir elle suit des cours au CNAM, pour amliorer sa situation. Dans trois ans elle aura peut-tre son diplme dingnieur.

  • 1.3. Exemples dans un mme texte (Houellebecq)Elle me propose daller prendre un caf. videmment, jaccepte.Distributeur automatique. Je nai pas de monnaie, elle me donne deux francs. Le caf est immonde, mais a ne larrte pas dans son lan. Paris on peut crever sur place dans la rue, tout le monde sen fout. Chez elle, dans le Barn, ce nest pas pareil. Tous les week-ends, elle rentre chez elle, dans le Barn. Et le soir elle suit des cours au CNAM, pour amliorer sa situation. Dans trois ans elle aura peut-tre son diplme dingnieur.Exemple clair de DN (elle me propose, jaccepte).

  • 1.3. Exemples dans un mme texte (Houellebecq)Elle me propose daller prendre un caf. videmment, jaccepte.Distributeur automatique. Je nai pas de monnaie, elle me donne deux francs. Le caf est immonde, mais a ne larrte pas dans son lan. Paris on peut crever sur place dans la rue, tout le monde sen fout. Chez elle, dans le Barn, ce nest pas pareil. Tous les week-ends, elle rentre chez elle, dans le Barn. Et le soir elle suit des cours au CNAM, pour amliorer sa situation. Dans trois ans elle aura peut-tre son diplme dingnieur.Narration qui prpare le retour au discours indirect libre (a ne larrte pas)

  • 1.3. Exemples dans un mme texte (Houellebecq)Elle me propose daller prendre un caf. videmment, jaccepte.Distributeur automatique. Je nai pas de monnaie, elle me donne deux francs. Le caf est immonde, mais a ne larrte pas dans son lan. Paris on peut crever sur place dans la rue, tout le monde sen fout. Chez elle, dans le Barn, ce nest pas pareil. Tous les week-ends, elle rentre chez elle, dans le Barn. Et le soir elle suit des cours au CNAM, pour amliorer sa situation. Dans trois ans elle aura peut-tre son diplme dingnieur.DIL (marqu par la 3me personne).

  • 1.3. Exemples dans un mme texte (Houellebecq)Ingnieur. Je suis ingnieur. Il faut que je dise quelque chose. Dune voix lgrement atrophie, je menquiers : Des cours de quoi ? Des cours de contrle de gestion, danalyse factorielle, dalgorithmique, de comptabilit financire. a doit tre du travail , remarqu-je dun ton un peu vague.Oui, cest du travail, mais le travail ne lui fait pas peur, elle. Souvent le soir elle travaille jusqu minuit, dans son studio, pour rendre ses devoirs. De toute faon dans la vie il faut se battre pour avoir quelque chose, cest ce quelle a toujours pens.

  • 1.3. Exemples dans un mme texte (Houellebecq)Ingnieur. Je suis ingnieur. Il faut que je dise quelque chose. Dune voix lgrement atrophie, je menquiers : Des cours de quoi ? Des cours de contrle de gestion, danalyse factorielle, dalgorithmique, de comptabilit financire. a doit tre du travail , remarqu-je dun ton un peu vague.Oui, cest du travail, mais le travail ne lui fait pas peur, elle. Souvent le soir elle travaille jusqu minuit, dans son studio, pour rendre ses devoirs. De toute faon dans la vie il faut se battre pour avoir quelque chose, cest ce quelle a toujours pens.Discours direct, monologue intrieur (ce que pense le hros ce moment-l).

  • 1.3. Exemples dans un mme texte (Houellebecq)Ingnieur. Je suis ingnieur. Il faut que je dise quelque chose. Dune voix lgrement atrophie, je menquiers : Des cours de quoi ? Des cours de contrle de gestion, danalyse factorielle, dalgorithmique, de comptabilit financire. a doit tre du travail , remarqu-je dun ton un peu vague.Oui, cest du travail, mais le travail ne lui fait pas peur, elle. Souvent le soir elle travaille jusqu minuit, dans son studio, pour rendre ses devoirs. De toute faon dans la vie il faut se battre pour avoir quelque chose, cest ce quelle a toujours pens.Narration: formule qui introduit au discours direct.

  • 1.3. Exemples dans un mme texte (Houellebecq)Ingnieur. Je suis ingnieur. Il faut que je dise quelque chose. Dune voix lgrement atrophie, je menquiers : Des cours de quoi ? Des cours de contrle de gestion, danalyse factorielle, dalgorithmique, de comptabilit financire. a doit tre du travail , remarqu-je dun ton un peu vague.Oui, cest du travail, mais le travail ne lui fait pas peur, elle. Souvent le soir elle travaille jusqu minuit, dans son studio, pour rendre ses devoirs. De toute faon dans la vie il faut se battre pour avoir quelque chose, cest ce quelle a toujours pens.Discours direct avec rpliques alternes.

  • 1.3. Exemples dans un mme texte (Houellebecq)Ingnieur. Je suis ingnieur. Il faut que je dise quelque chose. Dune voix lgrement atrophie, je menquiers : Des cours de quoi ? Des cours de contrle de gestion, danalyse factorielle, dalgorithmique, de comptabilit financire. a doit tre du travail , remarqu-je dun ton un peu vague.Oui, cest du travail, mais le travail ne lui fait pas peur, elle. Souvent le soir elle travaille jusqu minuit, dans son studio, pour rendre ses devoirs. De toute faon dans la vie il faut se battre pour avoir quelque chose, cest ce quelle a toujours pens.Retour au discours indirect libre.

  • 1.3. Exemples dans un mme texte (Houellebecq)Nous remontons lescalier vers son bureau. Eh bien bats-toi, petite Catherine me dis-je avec mlancolie.Elle nest vraiment pas trs jolie. En plus de dents gtes, elle a des cheveux ternes, des petits yeux qui brillent de rage. Pas de seins ni de fesses perceptibles. Dieu na vraiment pas t trs gentil avec elle.Je pense que nous allons trs bien nous entendre.

  • 1.3. Exemples dans un mme texte (Houellebecq)Nous remontons lescalier vers son bureau. Eh bien bats-toi, petite Catherine me dis-je avec mlancolie.Elle nest vraiment pas trs jolie. En plus de dents gtes, elle a des cheveux ternes, des petits yeux qui brillent de rage. Pas de seins ni de fesses perceptibles. Dieu na vraiment pas t trs gentil avec elle.Je pense que nous allons trs bien nous entendre.Narration (ne peut pas faire partie dun discours dans cette situation)

  • 1.3. Exemples dans un mme texte (Houellebecq)Nous remontons lescalier vers son bureau. Eh bien bats-toi, petite Catherine me dis-je avec mlancolie.Elle nest vraiment pas trs jolie. En plus de dents gtes, elle a des cheveux ternes, des petits yeux qui brillent de rage. Pas de seins ni de fesses perceptibles. Dieu na vraiment pas t trs gentil avec elle.Je pense que nous allons trs bien nous entendre.Discours direct.

  • 1.3. Exemples dans un mme texte (Houellebecq)Nous remontons lescalier vers son bureau. Eh bien bats-toi, petite Catherine me dis-je avec mlancolie.Elle nest vraiment pas trs jolie. En plus de dents gtes, elle a des cheveux ternes, des petits yeux qui brillent de rage. Pas de seins ni de fesses perceptibles. Dieu na vraiment pas t trs gentil avec elle.Je pense que nous allons trs bien nous entendre.Monologue intrieur qui commente la situation, donc du ct du narrateur.

  • 1.4.1. Parler sans preuves Je dis cela parce que je le sais. Je raconte cet vnement, parce que je lai vu. Certaines langues disposent de marques grammaticales spciales indiquant que le locuteur nest pas pleinement responsable de ce quil dit (par exemple pour la vrification de linformation).

  • 1.4.1. Parler sans preuvestre tmoin, avoir des preuves, des sourcesmarqueurs videntiels (videntialit)anglais evidence evidential[ity]grec : -- et . Je dis cela parce que je le sais. Je raconte cet vnement, parce que je lai vu.

  • 1.4.1. Parler sans preuvesMarqueurs de vraisemblance (hypothse)Vasso doit tudier AthnesVasso tudie Athnes, probablement.Vasso est tudiante Athnes, on dirait.Il semble que Vasso soit tudiante Athnes.Ces marqueurs indiquent que le locuteur naffirme pas ce quil dit, mais met une supposition.Vasso tudie Athnes

  • 1.4.1. Parler sans preuvesMarqueurs videntielsIl semble que Vasso soit tudiante Athnes.Apparemment Vasso est tudiante Athnes.Il parat que Vasso est tudiante Athnes.Ces marqueurs indiquent que le locuteur rpte ce quil a entendu dire. Vasso tudie Athnes

  • 1.4.2. Marqueurs videntiels en grec ?Phrase sans videntiel Baheye bir mee aac diktimjai plant un chne dans le jardin (je le sais, parce que cest moi qui lai fait)diktim = dik+ti+m (planter + pass + 1Sg)Gksel & Kerslake, Comprehensive Turkish Grammar, 21.4.3.1.Turc: langue videntiel grammaticalis

  • 1.4.2. Marqueurs videntiels en grec ?Phrase avec videntiel Ali bahesine bir mee aac dikmi Apparemment Ali a plant un chne dans son jardin (je ne lai pas vu faire, je ne suis pas tmoin)dikmi = dik+mi+ (planter + vid. + 3Sg)Gksel & Kerslake, Comprehensive Turkish Grammar, 21.4.3.1.Turc: langue videntiel grammaticalis

  • 1.4.2. Marqueurs videntiels en grec ?Phrase avec videntiel Zor snav verirmiim. On dit que je donne des sujets dexamen difficiles.(je suis rput le faire)verirmiim =ver+ir-mi+im (donner + prs. gnral + vid. + 1Sg)Yava 1980 cit par GlTurc: langue videntiel grammaticalis

  • 1.4.2. Marqueurs videntiels en grec ?Les videntiels font partie des caractristiques grammaticales des langues de la zone balkanique, c'est--dire bulgare, macdonien, albanais, serbe, roumain, turc dEurope et grec.Le turc, lalbanais, le bulgare, le roumain ont tous des marqueurs videntiels diffrents.

  • 1.4.2. Marqueurs videntiels en grec ?Et en grec?

  • 1.4.2. Marqueurs videntiels en grec ?Cf. Anastasios Tsangalidis (Thessalonique) Evidentiality and Modality: Evidence from emerging evidentials in Greek &Delveroudi, R., I. Tsamadou & S. Vassilaki, Mood and Modality in Modern Greek: The particle na. In I.Philippaki-Warburton, K. Nicolaidis & M. Sifianou (eds) Themes in Greek Linguistics. Amsterdam/Philadelphia.

  • 1.4.2. Marqueurs videntiels en grec ?Usage de fig la 3Sg . On dit que / il parat quil nest jamais all lcole. nest pas le sujet de .(/) . Elle/il dit quil (celui-ci) nest jamais all lcole / 3Sg est le sujet de 3Sg. . Il se / on dit quil (celui-ci) nest jamais all lcole + P (3Sg) est le sujet de 3Sg.

  • 1.4.2. Marqueurs videntiels en grec ?Usage de fig la 3Sg

    ne saccorde pas avec le sujet des phrases o il apparat et reste la 3Sg. 236,000 . On dit quil y a 236000 citoyens qui sont alls voter pour lui 25 . Nous faisons partie, parat-il, des 25 pays les plus riches au monde = marqueur impers. (3Sg) indiquant que le locuteur rpte un discours entendu (on dit) = videntiel.

  • 1.4.2. Marqueurs videntiels en grec ?Setatos mentionne lusage particulier de pour signaler un fait incroyable (jugement pistmique): 500 . Incroyable : y aurait 500 journalistes brsiliens qui seraient venus.

  • 1.4.2. Marqueurs videntiels en grec ?Comparer avec lusage critique et diffrent de P excusez-moi ou pardon mais P en franais500 journalistes brsiliens qui viennent, excusez-moiPardon mais 500 journalistes brsiliens qui viennentLe locuteur indique quil met srieusement en doute de telles affirmations.

  • 1.4.2. Marqueurs videntiels en grec ?Cas complexe de lemploi de (cf. Veloudis 2001, 2005: 194; Delveroudi et al. 1994): (vs. ) Je vois [bien] / je peux voir quil nage (vs. ) Je lai vu [en train de] nager , . Je lai vu nager, mais je nen mettrais pas ma main au feu

  • 2. Polyphonie : Ducrot et Scapoline

  • musique:polyphonie=composition o plusieurs voix sont prsentes (contrepoint).2. Polyphonie : Ducrot et ScaPoLinE

  • Principe :Dans un nonc, le sujet parlant nest pas unique.2. Polyphonie : Ducrot et ScaPoLinE

  • Unicit du sujet parlanttout ce qui est vhicul dans un nonc (informations, opinions) imputable au locuteur (reprsent par je)le locuteur est seul responsable de ce qui est dit.2. Polyphonie : Ducrot et ScaPoLinE

  • Thorie de la polyphonieLorsque lon parle, on profre en partie des paroles dautrui.Toute phrase (prdication) reprendrait des lments dautres prdications. reprise = acte en soi / srie dactes distincts de la prdication.2. Polyphonie : Ducrot et ScaPoLinE

  • Mikhal Bakhtine(1895-1975)2. Polyphonie : Ducrot et ScaPoLinE

  • Oswald Ducrot(1930-)2. Polyphonie : Ducrot et ScaPoLinE

  • (-), ( ). (1975)2. Polyphonie : Ducrot et ScaPoLinE Dans le parler courant de tout homme vivant en socit, la moiti au moins des paroles quil prononce sont celles dautrui (reconnues comme telles), transmises tous les degrs possibles dexactitude et dimpartialit (ou plutt de partialit). Esthtique et thorie du roman, Gallimard (1978)

  • Prdication simple :Il fait trs beau.le locuteur exprime son apprciation personnelle lgard des conditions mtorologiques de lendroit o il se trouve et linstant o il produit lnonc.il fait trs beau{je trouve qu}{ici} {actuellement}.2. Polyphonie : Ducrot et ScaPoLinE

  • Emprunt :(1) Guillaume a appel hier : il fait trs beau.le locuteur parle du temps quil fait ailleurs (l o se trouve Guillaume), le jour de lappel tlphonique (la veille) ;le locuteur emprunte le point de vue de Guillaume + le valide comme vrai (Guillaume sait quel temps il fait l-bas, il y est) ;la reprise de cette opinion valide est justifie: ne ncessite pas de prcision (daprs Guillaume qui est digne de conance)2. Polyphonie : Ducrot et ScaPoLinE

  • deux personnes sexpriment avec un seul nonc :lauteur de lnonc (qui dit o se trouve Guillaume)Guillaume lui-mme (premire nonciation de Guillaume L)Lunicit du sujet parlant nest plus admissible.2. Polyphonie : Ducrot et ScaPoLinE

  • Reprise du discours de lautre :Fais le toi-mme, puisque tu es si malin !Ah je suis un imbcile ; eh bien attends un peu !(Ducrot 1984 : 191)2. Polyphonie : Ducrot et ScaPoLinE

  • Reprise du discours de lautre :Fais le toi-mme, puisque tu es si malin ! (a) je suis tonn que tu me demande de faire cela,(b) tu as fait comprendre / clairement dit que tu es malin,(c) tu dois logiquement considrer que cest toi (et non moi) qui dois le faire (et russir) 2. Polyphonie : Ducrot et ScaPoLinE

  • Reprise du discours de lautre :Fais le toi-mme, puisque tu es si malin !Le locuteur nest pas responsable de tu es si malin ce quil pense et dit (pense le contraire)il attribue cette pense lautre, qui la dit / laiss entendre (insinuation, reproches)2. Polyphonie : Ducrot et ScaPoLinE

  • 2.1.2. Forme et marqueurs polyphoniques Parce que connecteur logique entre deux faits (phrase) au niveau micro-syntaxiqueParce que connecteur pragmatique entre deux noncs, au niveau macro-syntaxiqueparce que connecteur pragmatique entre deux noncs / discours et situation.

  • 2.1.2. Forme et marqueurs polyphoniques Parce que connecteur logique entre deux faits (phrase) au niveau micro-syntaxiqueValeur polyphonique : le locuteur emploie parce que pour dire quil vient de comprendre quelque chose quil ne savait pas ( surprise, difficile accepter) et qui reprsente la pense (le discours) d[un] autre[s] participant[s].

  • 2.1.2. Forme et marqueurs polyphoniques Cest drle comme le paysage est beau par ici, finit-il par dire. Ca fait des dizaines de fois que je le traverse, je men tais jamais aperu. Cest la musique qui fait cet effet l, expliqua Gaston. Cest comme au cinma. Une musique bien tudie sur une scne, a la rend tout de suite bien plus forte. Y a aussi le pare-brise, ajouta Pierre. Le pare-brise ? Quest-ce que tu veux dire ? Le pare-brise quoi, la vitre qui protge le paysage. Ah parce que tu crois que le pare-brise, il est fait pour protger le paysage ? En un sens oui. Et alors du coup, a le rend plus beau, le paysage.Michel Tournier, Le Coq de bruyre, 1978Ah parce que introduit le discours / la pense qui est attribue autrui + commentaire dincrdulit (tu penses vraiment cela? cest ridicule)

  • 2.1.2. Forme et marqueurs polyphoniques je comprends pas pourquoi on a pas mis la bche. Ah parce que tas vu a, toi? Tas vu quelque chose qui ressemblait une bche...?! Bon Dieu, allume-moi une cigarette.Philippe Djian, 372 le matin, 1985Ici Ah parce que introduit lexpression dun fait considr comme totalement impossible ou absurde (il ny a pas de bche).

  • 2.1.2. Forme et marqueurs polyphoniques Ils couchaient ensemble ? Mais non, a se saurait. Pour autant que je le sache, Edouard ntait pas comme son grand-pre. Ah parce que son grand-pre ? Mais do sors-tu ? Il est vrai que cest de la petite histoire. Bon, si tu veux je creuserai la question pour ton anctre et mon Prince Hlne de Monferrand, Journal de Suzanne, 1991Avec Ah parce que le locuteur prsente sa surprise: il vient de comprendre quelque chose quil ne souponnait pas du tout.

  • 2.1.2. Forme et marqueurs polyphoniques Tu sais comment je suis avec largent. Mme cinquante francs, je les rends. Cest plutt les gens qui oublient de me rembourser. Parce que tu prtes de largent, toi ? Des fois, quand jen ai. qui ? Jean-Michel par exemple. Le type avec le chapeau, celui que jai rencontr au stage.Marie Desplechin, Sans moi, 1998Ah parce que reprend le discours de linterlocuteur et le prsente comme faux (tu ne prtes jamais dargent, donc tu ne peux pas dire que tu le fais).

  • Thorie Scandinave de la Polyphonie LinguistiqueScaPoLinEDveloppe par Henning Nlke avec ses collgues scandinaves Inspire par Ducrot ( partir de 1988) sen distingue par ses buts : vise formaliser la description des mcanismes, an den faciliter linterprtation.2.3. Scapoline : quelques connecteurs chez Flaubert

  • Thorie Scandinave de la Polyphonie LinguistiqueScaPoLinEtude des connecteurs logiques marqueurs qui induisent des raisonnements infrentielsCes infrences peuvent reprsenter non pas le narrateur, mais un personnage particulier. Dans Madame Bovary, certains passages narratifs contiennent les marques de la pense dEmma ou dun autre personnage.2.3. Scapoline : quelques connecteurs chez Flaubert

  • 2.3. Scapoline : quelques connecteurs chez FlaubertThorie Scandinave de la Polyphonie Linguistique Ne fallait-il pas lamour, comme aux plantes indiennes, des terrains prpars, une temprature particulire ? Les soupirs au clair de lune, les longues treintes, les larmes qui coulent sur les mains quon abandonne, toutes les fivres de la chair et les langueurs de la tendresse ne se sparaient donc pas du balcon des grands chteaux qui sont pleins de loisirs, dun boudoir stores de soie avec un tapis bien pais, des jardinires remplies, un lit mont sur une estrade, ni du scintillement des pierres prcieuses et des aiguillettes de la livre.La configuration Ne fallait-il pas p ? donc q permet de comprendre que ce nest pas le narrateur, mais Emma Bovary qui fait le raisonnement (description de lide quelle se fait du monde, partir des lectures quelle a et qui la renseigne sur la vie parisienne).

  • Thorie Scandinave de la Polyphonie Linguistique , , ; , , , , , , , ' , , , .2.3. Scapoline : quelques connecteurs chez Flaubert

  • Thorie Scandinave de la Polyphonie Linguistique Emma se repentit davoir quitt si brusquement le percepteur. Sans doute, il allait faire des conjectures dfavorables. Lhistoire de la nourrice tait la pire excuse, tout le monde sachant bien Yonville que la petite Bovary, depuis un an, tait revenue chez ses parents. Dailleurs, personne nhabitait aux environs ; ce chemin ne conduisait qu la Huchette ; Binet donc avait devin do elle venait, et il ne se tairait pas, il bavarderait, ctait certain ! Gustave Flaubert, Madame Bovary 2, X2.3. Scapoline : quelques connecteurs chez FlaubertAu dbut cest le narrateur qui parle.Mais sans doute introduit une conjecture qui doit tre impute Emma. De mme pour dailleurs. Entre les deux, des lments renvoient dautres subjectivits. Donc introduit la conclusion laquelle arrive le raisonneur.

  • Thorie Scandinave de la Polyphonie Linguistique . , , ' ' . , . , . , , , , .Gustave Flaubert, Madame Bovary 2, X2.3. Scapoline : quelques connecteurs chez Flaubert

    Lien entre nonciation (traces des conditions de communication) et pragmatique (utilit, vise interactionnelle).Terme emprunt musique : polyphonie = composition o plusieurs voix sont prsentes (contrepoint). Principe selon lequel dans un nonc, le sujet parlant nest pas unique. Quimpliquerait cette unicit du sujet ? que tout ce qui est vhicul dans un nonc (informations, et surtout opinions) est imputable au locuteur (nonciateur, auteur, celui qui est habilit dire je ) que le locuteur est seul responsable de ce qui est dit.