20
www.lesfongecifont30ans.fr 30 récits, 30 parcours professionnels et personnels Quand la formation permet de changer de vie

30 récits, 30 parcours · Il passe son CAP de pâtissier et prend plaisir à bien faire son métier. En 2002, des analyses dé- ... Sauf mes rapports avec mon employeur... Ma directrice

Embed Size (px)

Citation preview

www.lesfongecifont30ans.fr

30 récits, 30 parcoursprofessionnels et personnels

Quand la formation permet de changer de vie

Contacts du réseau FONGECIF Alsace FONGECIF AquitaineFONGECIF AuvergneFONGECIF Basse-NormandieFONGECIF BourgogneFONGECIF BretagneFONGECIF CentreFONGECIF Champagne-ArdenneFONGECIF CorseFONGECIF Franche-ComtéFONGECIF Guadeloupe FONGECIF Guyanne FONGECIF Haute-NormandieFONGECIF Ile de FranceFONGECIF Languedoc-RoussillonFONGECIF LimousinFONGECIF LorraineFONGECIF MartiniqueFONGECIF Midi-PyrénéesFONGECIF Nord-Pas de Calais FONGECIF P.A.C.A.FONGECIF Pays de LoireFONGECIF PicardieFONGECIF Poitou-CharentesFONGECIF RéunionFONGECIF Rhône-AlpesFAF.TT

FPSPP

ÉditionFonds de Sécurisation des Parcours Professionnels, réseau des Fongecif

Conception éditoriale et coordinationBruno BERTOLI, Nathalie PRETERRE-DESHAYES, Fonds de Sécurisation des Parcours ProfessionnelsAvec les conseils de L’Acteur Rural / Village Magazine.

Collecte des témoignages• Brigitte COSTES, Fongecif Aquitaine • Nathalie PIOUD, Fongecif Bourgogne• Christophe CHÉZEAUX, Fongecif Centre• Gilles VASILIC, Fongecif Champagne-Ardennes• Nathalie VANDEKERKHOVE, Fongecif Franche-Comté• Carole GUILLOUX, Fongecif Ile de France• Jean Marc QUILES, Fongecif Languedoc-Roussillon• Denis BONAMOUR, Fongecif Limousin• Benjamin BURNOD, Fongecif Nord Pas-de-Calais• Michèle JEAN, Fongecif Haute-Normandie• Générosa GONCALVES , Fongecif Picardie• Marie Pierre DE LEPINAY, Fongecif Poitou-Charentes• Yannick BOURDAREL, Fongecif Paca• Joëlle LASCOLS, Fongecif Rhône-Alpes• Stella CORNAND, F.A.F du Travail Temporaire

Secrétariat de rédactionPauline BOITTIN - L’Acteur Rural / Village Magazine

Conception graphique : aprim-caen.fr Impression : Imprimerie Lecaux (50) Édition Novembre 2013 Tiré à 6 000 exemplaires

www.fongecif-alsace.comwww.fongecifaquitaine.org

www.fongecif-auvergne.org www.fongecifbassenormandie.com

www.fongecif-bourgogne.fr www.fongecif-bretagne.org

www.fongecifcentre.comwww.fongecifchampagneardenne.fr

www.fongecif-corsica.com www.fongeciffc.org

www.fongecif-guadeloupe.fr www.fongecif-guyane.com

www.fongecif276.orgwww.fongecif-idf.fr

www.fongecif-lr.fr www.fongecif-limousin.com

www.fongecif-lorraine.orgwww.fongecif-martinique.fr

www.fongecifmp.orgwww.fongecif5962.fr

www.fongecif-paca.comwww.fongecif-pdl.fr

www.fongecif-picardie.frwww.fongecifpoitoucharentes.fr

www.fongecif-reunion.comwww.fongecifrhonealpes.fr

www.faftt.fr

www.fpspp.org/

Éditorial

30 ans des Fongecif, 30 parcours de vie…

Ce recueil est un hommage à l’action conjuguée des fondateurs des Fongecif et de ces femmes et de ces hommes qui ont décidé, un jour, de prendre en main leur mobilité professionnelle. Ces témoignages illustrent l’utilité du congé individuel de formation au service de la diversité et de la singularité des projets professionnels.

Francis Da Costa et Michel Fortin, présidents du FPSPP

1

Sa scolarité, Franck, il l’a plutôt subie. Ce qu’il voulait, c’était devenir rapide-ment autonome. Il passe son CAP de pâtissier et prend plaisir à bien faire son métier. En 2002, des analyses dé-pistent des allergies. Pour ne plus être en contact avec les farines, il travaille en grande surface. Il pressent alors qu’il peut faire autre chose.En 2004, premier contact avec le Fonge-cif et décision de faire un bilan de com-pétences. Il dégage trois pistes : devenir infographiste, travailler dans les espaces verts ou reprendre ses études. Poussé par son épouse, il choisit la dernière option. «  Pendant deux ans, je suis mes études à distance et en cours du soir, et je travaille toujours mes 35 heures alimentaires... Et au bout, j’obtiens le DAEU1. Vous vous rendez compte, c’est comme le bac… J’étais fier  » se souvient-il. «  Les enseignants étaient formidables et passionnés. Un professeur de français m’a montré la magie des lettres et je suis devenu boulimique de lectures. »

Reprendre des étudesFranck décide de poursuivre jusqu’au Deug. « Pour moi, simple pâtissier jusque-là, ça me semblait incroyable. Et après, je décide d’aller jusqu’à la licence, avec un Deug on ne fait rien. Et alors là, j’obtiens la licence avec d’excellentes notes  !  » Une enseignante, passionnée également, lui propose un tout nouveau master à dis-tance en littérature comparée. D’abord réticent, car ce n’est pas toujours facile de concilier vie professionnelle, vie familiale et vie de formation, Franck se laisse cependant convaincre. Il s’inves-tit, travaille d’arrachepied et avec plai-sir. Il obtient le master 1 avec la mention bien. «  J’étais très fier. Plus rien ne me faisait peur. Sauf mes rapports avec mon employeur... Ma directrice des ressources humaines voyait ces études d’un mauvais œil. Une seule issue était possible : séparer nos chemins. » Il décide donc de prendre un CIF. « Le Fongecif Aquitaine m’a finan-cé et le conseiller qui suivait mon dossier répondait à toutes mes interrogations, me soutenant lorsqu’il le fallait. »Quant au choix de la formation, c’est le master 2 Enseignement, éducation, for-mation. « J’ai dû me rendre à l’évidence : ce qui avait chapeauté mes expériences, c’était l’admiration pour la pédagogie des per-sonnes que j’avais en face de moi. » Franck s’oriente vers le métier d’enseignant.

Être déterminéCe projet dure depuis 7 ans, temps néces-saire à la reprise d’études et à l’obten-tion des diplômes requis. Aujourd’hui, il manque à Franck le concours. Cela ne l’empêche pas de réaliser des remplace-ments, qui se passent toujours très bien. Une de ses forces, c’est sans doute de pouvoir se mettre à la place des élèves non motivés ou qui éprouvent des dif-fi cultés. Il comprend leur refus et leur raconte l’histoire d’un petit pâtissier de-

venu enseignant. Souvent, l’exemplarité prévaut dans ce type de métier. Il arrive à convaincre les récalcitrants des bienfaits du travail.Certes sa situation est parfois précaire, mais il vit de sa passion. Il pense que le sacrifi ce en vaut la peine. Et puis, il sait qu’il le décrochera un jour le concours. Il s’applique le conseil qu’il donne à ceux qui veulent un changement profession-nel : ne jamais baisser les bras. Reprendre des études quand on n’a plus vingt ans n’est pas si facile... Les nuits blanches pendant la période des révisions sont moins bien supportées. Alors, c’est cette détermination qui fait la diff érence.

1 Diplôme d’Accès aux Études Universitaires

BORDEAUX (33)

D’un CAP à un master 2

Après son BEP Secrétariat, Victoire arrive à Paris en tant que fi lle au pair. Elle découvre la capitale et décide de s’y installer. Elle obtient un premier emploi d’assistante tech-nique en 1984 dans une entreprise de loca-tion de machines à aff ranchir. En 1998, elle évolue vers un poste de chargé de clientèle. En 2004, sa société est en passe d’être ra-chetée. Victoire explique : « J’ai eu 40 ans, je n’étais plus en harmonie avec ce que je faisais et c’était compliqué ».Travail et déplacements en région parisienne deviennent de plus en plus pesants. Elle demande alors sa mutation en province. Elle obtient un poste sur Orléans et déménage avec ses deux enfants de 4 et 7 ans. Victoire s’adapte bien à ce change-ment mais la pression commerciale reste omniprésente. « J’avais très envie de changer de vie professionnelle.  » Elle réfl échit à son avenir. Sa personnalité et toutes ses expé-riences l’orientent vers le secteur social. Elle s’intéresse à la fonction d’aide médico-psy-chologique. Elle va sur les lieux où le métier s’exerce et rencontre les professionnels. Son choix de reconversion est conforté.Début 2005, elle entame ses démarches, et puis ses deux parents décèdent la même année. Malgré la disparition de son « port d’attache », elle décide de se battre pour mener à bien son projet.

Aller de l’avantSes contacts, ses démarches auprès du Fongecif, de l’organisme de formation et de

l’employeur se succèdent et s’accélèrent. « Les personnes rencontrées étaient à l’écoute, j’ai pu me faire comprendre et elles m’ont fait confiance. » Elle est admise en formation et son fi nancement est accordé. Elle convainc le directeur d’un établissement accueillant des adolescents défi cients intellectuels de l’accepter durant toute la période de stage pratique. Accompagnée par un aide médico-psychologique et une monitrice-éducatrice, elle apprend, découvre un secteur avec « de nouveaux mots et de nouveaux maux ». Pas-sionnée, elle vit son apprentissage intensé-ment : « Je me levais souvent à 3 h 30 du matin pour lire, écrire, produire, progresser ».Des licenciements dans son entreprise sont prévus et elle est consultée. Sans hésiter, Victoire préfère laisser sa place pour fi na-liser sa formation. Un relais de fi nance-ment est assuré par le Fongecif et l’ANPE. En juin 2007, elle décroche son diplôme et

ressent le besoin de se ressourcer avant une recherche active d’emploi. Dès septembre, elle exerce son métier d’AMP dans plu-sieurs établissements : maisons de retraite, établissements d’accueil de personnes po-lyhandicapées et défi cientes intellectuelles. À l’occasion d’un remplacement en CDD, elle découvre le monde des sourds. Nou-velle expérience, nouvel apprentissage. Aujourd’hui, elle maîtrise la langue des signes. Victoire est ravie de cette transition professionnelle et personnelle.Enfi n, en 2012, elle postule dans l’établis-sement où elle a eff ectué son apprentis-sage. Elle est embauchée en CDI à temps partiel, 106 h/mois. Victoire a pour projet de compléter son temps de travail par une autre activité. Elle pourra ainsi prendre du recul par rapport à un métier passionnant mais qui, humainement, conduit à beau-coup s’impliquer.

Victoire compte les années. Déjà 8 ans qu’elle a changé de vie. Elle se souvient de son parcours professionnel, de sa formation et de son passage du monde commercial au secteur social. Battante et courageuse, elle a franchi un à un les obstacles.

D’envie et de courage

Victoire VANCAMPEN48 ans63, rue des Beaumonts - 45 000 ORLÉANS06 11 82 46 53 [email protected]

Chargée de clientèleCIF-CDI en 2005-2006 puis CIF-CDD en 2007

DEVENU Aide médico-psychologiqueFONGECIF CENTRE

Franck était pâtissier. Il doit changer de métier pour cause d’allergie. Après un bilan de compétences, il décide de reprendre des études et découvre le plaisir d’apprendre et de lire. Aujourd’hui, son master en poche, il est enseignant.

Franck SCUDIERI33 ans - 33 100 [email protected]

Pâtissier Bilan de compétences en 2004CIF en 2010 : master 2 Enseignement, éducation, formationDu DAEU au master 1 : en cours du soir ou à distance, sans fi nancement

DEVENU Professeur des écoles remplaçantFONGECIF AQUITAINE

ORLÉANS (45)

PROFESSEUR DES

ÉCOLES REMPLAÇANTFranck

AIDE MÉDICO-PSYCHOLOGIQUEVictoire

Quand la formation permet de changer de vie30 récits, 30 parcours professionnels et personnels2 3

Des ronds de roues. Des ronds de montres. Bref, une aff aire de ronds. C’est la vie de Cyril. Qui tourne encore plus rond depuis qu’il a changé de braquet. Dix ans durant, dans une grande en-seigne du sport à Montbéliard puis à Besançon, il a musclé son CV. Vendeur, puis formateur, puis responsable du rayon cycles. Ce trentenaire fon-du de vélo a poursuivi son ascension posément. Mais il s’est heurté à une politique managériale qui ne permettait d’atteindre le sommet qu’avec « bac + 4 ou 5, et je n’avais que bac + 2. Donc mes possibilités d’évolution étaient limitées  ». Coup de frein. C’est pour lui l’occasion de changer de rythme, de rompre avec l’amplitude horaire de la grande distribution et de se recentrer sur ce qui lui plaît.

Tester sa motivation«  J’ai toujours été attiré par les montres et par le métier d’horloger  ». Cyril ne cherche pas midi à quatorze heures et décroche son téléphone pour appeler des entreprises d’horlogerie afi n d’obte-nir des entretiens-conseils. Osé, mais fructueux. Dans le même temps, il se rapproche du Fonge-cif. «  Ils ont testé ma motivation et m’ont proposé de suivre un bilan de compétences ». Le projet est vérifi é et Cyril intègre l’Afpa. Douze mois de for-mation couronnés d’un diplôme de technicien horloger. Compte à rebours vers une nouvelle ère professionnelle.

Saisir les opportunitésCyril doit trouver un stage. Par les temps qui courent, autant chercher une aiguille dans une meule de foin. Mais le travail d’anticipation fourni paie. Une très grande marque horlogère qui pro-pose des montres de luxe le prend sous son aile et lui promet un contrat avant même la fi n de sa for-mation. Son horizon se dégage. Il travaille sur des modèles haut de gamme utilisés dans le milieu aéronautique. Mais il reste un dernier palier à franchir. Cyril doit valider son apprentissage. « Je devais démonter, nettoyer et régler complètement un chronographe ETA avec six complications. Soit deux

Cyril a su attendre son heure. Avec le Fongecif, il a dessiné un nouveau plan de vol de carrière en quittant la grande distribution pour la minutie du travail d’horloger.

jours de travail. Et réussir l’entretien de motivation le troisième jour ». Mission accomplie et bienvenue dans la patrouille de Besançon. Un emploi taillé sur mesure. « J’ai été validé sur une cinquantaine de calibres pour le reconditionnement des mouvements du réseau de service après-vente (France, Belgique, Italie). C’est-à-dire le démontage, la vérification de toutes les fonctions, la détection de dysfonctionne-ments… Aujourd’hui, je réalise aussi des diagnostics qui permettent d’établir les devis de production ». Un concentré de technologie, de fi abilité et de préci-sion qui refl ète le parcours de Cyril. Avec persé-vérance, il a su mettre tous ses cadrans au vert.

TECHNICIEN HORLOGERCyril

À la bonne heure !

Cyril MOREAU 40 ans25 870 BONNAY [email protected]

Responsable de rayonBilan de compétences en 2007CIF en 2008

DEVENU Technicien horlogerFONGECIF FRANCHE-COMTÉ

BONNAY (25)

5Quand la formation permet de changer de vie30 récits, 30 parcours professionnels et personnels4

Béatrice et Laurent POULAIN 50 ans64 230 [email protected]

Assistante documentaire dansl’aéronautique et Opérateur d’enrobageCIF-CDI 2006-2007 : DE Infi rmier 1re année Co-fi nancement du conseil régional d’Aquitaine sur la 2e et 3e année de formation

DEVENUS Infi rmiers en psychiatrieFONGECIF AQUITAINE

INFIRMIERS EN

PSYCHIATRIE

Béatrice et Laurent

S’installer coûte que coûteNeuf mois après la formation et malgré les dif-fi cultés, Le Pain du Peuil ouvre son fournil à Varces, près de Grenoble : «  Aucune banque ne m’a suivie. J’ai eu du mal à trouver mon local et la commune ne m’a pas aidée. J’ai souvent pensé  : Si personne ne me suit, est-ce parce que mon projet est irréaliste ? Mais il n’était plus possible de revenir en arrière. Ma prime de licenciement et mes économies ont financé mon installation ».Depuis 4 ans, Catherine est au four et au mou-lin. Elle crée ses propres recettes de pain et de viennoiseries, elle va à la rencontre de ses clients sur les marchés bios grenoblois. Elle transmet aussi son savoir-faire et sa passion en proposant des cours collectifs. La qualité de ses produits, les matières premières qu’elle choisies et son exigence dans le processus de fabrication ont conquis une clientèle aujourd’hui fi dèle. Catherine a pourtant peiné à se créer un réseau : elle n’était pas du métier et la boulange est un milieu fermé majoritairement masculin. Mais son passé professionnel très riche l’a aidée, ana-lyse-t-elle. Prête à poursuivre son aventure en équipe afi n de partager toutes les responsabilités d’un chef d’entreprise, elle souhaite maintenant trouver un associé. «  Aujourd’hui, je suis moins dans la vie économique et syndicale qu’auparavant, et même si l’industrie me manque, les contacts et les relations actuelles sont plus authentiques. C’est plus une vie du quotidien ».

Reconversion à deux !

Juan Nicolas est retraité lorsqu’il re-vient sur son parcours professionnel et de formation. C’est surtout ce dernier qui a été le plus enthousiasmant, lui qui aime les challenges et conserve curio-sité d’esprit et appétit pour la Science.Il a 44 ans en 1991 lorsqu’il s’engage dans un CIF. En avril 1992, il soutient son mémoire d’ingénieur en mécanique industrielle à la Faculté des sciences de Limoges. Il obtient la certifi cation et de-vient ingénieur diplômé d’État. C’est à partir de son vécu professionnel et de sa forte implication qu’il travaille son mé-moire. En eff et, il prend conscience que la connaissance en matière de transfor-mation des plastiques est perfectible dans son entreprise. Le moulage par canaux chauds fait l’objet de dysfonc-tionnements. Il souhaite donc faire un état des lieux et améliorer la technique. L’entreprise pourrait réaliser des éco-nomies. En 1990, il propose à ses res-ponsables d’étudier le sujet. Contribuer à l’optimisation des systèmes de canaux chauds dans les moules d’injection pour thermoplastiques est donc son thème de mémoire. Il réalise celui-là dans le cadre d’un Congé Individuel de Formation.

« Je suis devenu ingénieur sans le bac »Si le parcours de formation a commencé il y a plus de 10 ans, il a seulement 9 mois pour réaliser cette étude. Même avec l’appui de son directeur de mémoire, c’est court. Pourtant, la réussite est au bout du chemin. Résonne encore dans sa tête la phrase du directeur du CNAM1 le jour de sa soutenance : « Le CNAM est fait pour des gens comme vous  ! ». Juan Nicolas a alors compris l’admira-tion de l’enseignant pour son parcours.À son retour dans l’entreprise, ses re-

cherches ne sont pas mises en applica-tion. C’est une vraie déception eu égard à son investissement. En eff et, son ambi-tion avant son CIF était de « mettre en pra-tique les conclusions de ses travaux et d’être promu cadre  ». Cette ambition ne trouve pas écho. Pourquoi cette non-reconnais-sance ? Barrière de l’âge ? A priori des uns ? Manque de confi ance des autres ? Diffi cultés à faire sa place ? Diplôme obtenu pas assez prestigieux ? Les ques-tions resteront sans réponse même si Juan Nicolas a son avis là-dessus... Après bien des aléas et des freins professionnels, il termine sa carrière comme chef de projets dans la même entreprise.Et si c’était à refaire ? Il choisirait la même formation ! Quelle satisfaction d’avoir obtenu ce diplôme, d’avoir été soutenu par des professeurs et d’avoir côtoyé des « hommes de terrain ». Mais il changerait d’entreprise ! Il aurait aimé être mieux appuyé par sa hiérarchie, que ses travaux servent à son entreprise, avoir une pro-gression de carrière plus franche. « Mais tout cela est loin à présent, je suis retraité » sourit-il. Bricolage, randonnées, voyages. Juan Nicolas parcourt les montagnes du globe et n’a pas le temps de s’ennuyer.

1 Conservatoire National des Arts et Métiers

À l’origine diplômé d’un BP Dessinateur industriel, Juan Nicolas travaille pendant 20 ans dans un bureau d’études spécialisé en moulage des plastiques par injection. Passionné par les maths, la physique et la technique en général, il s’inscrit au CNAM en 1981 « simplement pour le plaisir d’apprendre ».

Le plaisir d’apprendre

Un four en panne ? Catherine reste souriante ! Aff airée au pétrissage et au façonnage de ses pains bios, elle raconte comment, après 25 ans dans le secteur industriel, elle a quitté son poste de DRH pour créer une boulangerie artisanale bio : « Je souhaitais faire quelque chose de A à Z, redonner du sens à la notion de faire  : le pain était une évidence ve-nue de l’enfance ».En 2007, Catherine commence à

élaborer son projet de reconversion. Elle ren-contre des professionnels, fait des stages d’ob-servation, met la main à la pâte et construit son business plan. Mais ce rêve ne peut deve-nir réalité que si elle obtient son CAP de bou-langer. L’année suivante, à 47 ans, Catherine débute son apprentissage en boulangerie et viennoiserie, très loin de ses études en droit social, sa formation initiale. « J’ai trouvé la for-mation non adaptée au métier de boulanger tel qu’il est exercé aujourd’hui. On nous apprend à faire le pain comme il y a 20 ans. Avec le recul, cependant, je sais que l’on m’a donné les bases et la technique me permettant aujourd’hui de com-prendre la pâte, de créer de nouvelles recettes ».

Directrice des ressources humaines, Catherine a tourné la page d’une vie professionnelle en milieu industriel pour passer un CAP et créer sa boulangerie bio.

En 2002, à l’aube de leurs 40 ans, Laurent et Béa-trice ont des situations professionnelles inquié-tantes. Lui est opérateur d’enrobage dans une fonderie aéronautique. Métier salissant, nocif pour la santé et désespérément répétitif. Aucun plan de carrière à l’horizon. Laurent s’ennuie. Elle, est assistante documentaire aéronautique dans un bureau d’études depuis 20 ans. « Repê-chée in-extremis » lors de deux plans sociaux. Un troisième s’annonce et c’est une épée de Damo-clès au-dessus de sa tête.En 2003, c’est la naissance d’un projet commun de reconversion : devenir infi rmiers. Plus jeunes, Laurent voulait être kinésithérapeute et Béatrice puéricultrice. C’est avec plaisir qu’ils envisagent de se retrouver ensemble sur les bancs de l’école.

Formation au long coursEn 2004, 1er défi : obtenir le DAEU, un diplôme de niveau IV obligatoire pour présenter les concours

infi rmiers. Tout en travaillant, deux années de cours du soir intenses et de bons souvenirs à la pelle. Ils rencontrent ensuite le Fongecif Aqui-taine pour expliquer le bien-fondé de leur projet et constituer leur dossier.En 2006, 2e défi : être admis en IFSI1. La prépara-tion personnelle aux concours infi rmiers est pour eux une période anxiogène au-delà de ce qu’ils pouvaient imaginer. Le résultat escompté arrive : ils sont tous deux admis à Tarbes.Entre 2006 et 2009, 3e défi : passionnés par la dé-couverte du milieu médical, il s’agit de réussir éva-luations et mises en situations professionnelles. Trois années de travail appliqué, de fatigue, de stress, de découragement voire de détresse. Mais aussi d’explo-sions de joie, d’épanouissement et d’enrichissement. Dans ce parcours, ils se sont soutenus mutuellement. Ils ont aussi été aidés par leur famille et par le per-sonnel de l’IFSI. C’est vrai qu’à cette époque, ils sont peu disponibles pour leurs enfants.

En octobre 2009, dernier défi : valider les épreuves du diplôme d’État d’infi rmier. Puis, passée l’euphorie de la remise de diplômes, ils doivent retourner dans leurs sociétés res-pectives. Ils ne se sentent plus à leur place. Trois mois après, les contrats sont rompus et ils quittent leurs entreprises. Maintenant, depuis plus de trois ans, Béatrice et Laurent sont infi rmiers psychiatriques dans un Centre Hospitalier Spécialisé près de chez eux. Titulaires, ils aiment travailler dans une équipe pluridisciplinaire et au service des pa-tients. Au total, il leur aura fallu 8 ans pour que ce projet de reconversion aboutisse.

1 Institut de Formation en Soins Infirmiers

Rarement un couple décide d’une reconversion ensemble et sur une longue durée. S’épaulant l’un l’autre lors des moments de doute, ils racontent avec enthousiasme et émotion ce long cheminement.

LESCART (64)

Juan Nicolas MANAS63 ansLes Gabies - 87 920 CONDAT-SUR-VIENNE dbonamour.fongecifl [email protected]

Dessinateur-projeteur CIF en 1991-1992

DEVENU Chef de projets,ingénieur CNAM

FONGECIF LIMOUSIN

CONDAT-SUR- VIENNE (87)

CLAIX (38)

Catherine ROUX 52 ans1 Chemin de la Garetière 38 640 CLAIXhttp://www.lepaindupeuil.fr/

DRH d’une grande entreprise industrielleCIF en 2008

DEVENUE Création d’une boulangerie artisanale bio

FONGECIF RHÔNE-ALPES

Le pain au quotidien

7

CHEF DE PROJETS, INGÉNIEUR CNAMJuan Nicolas

BOULANGÈRE ARTISANALE BIOCatherine

Quand la formation permet de changer de vie30 récits, 30 parcours professionnels et personnels6

Fort de plusieurs expériences techniques, René réalise un bilan de compétences qui lui ouvre les yeux. L’éolien sera sa voie pour mixer ses compétences et son désir d’évolution dans un environnement chargé en émotions fortes.

« Je n’ai jamais su ce que je voulais faire comme profes-sion quand j’étais jeune, je me suis inspiré de ce qu’a fait mon frère ainé pour trouver une voie. Il a fait mé-canique, donc j’ai pris mécanique. Mon père voulait que j’aille dans le bâtiment, mais je ne voulais pas. » Le CAP en poche, René commence à travailler dans une station-service. L’emploi est ingrat, mal payé, mal considéré, mais il continue jusqu’à son départ à l’armée. Au cours de son service mili-taire, il se forme à la mécanique spécifi que des turbines. Alors en 1989, après son engagement, il intervient en centrales nucléaires. Il devient chef d’équipe 2 ans plus tard. Il occupe ensuite des fonctions d’auditeur-qualité dans le secteur de l’industrie en Picardie. «  Je m’ennuyais, mon cerveau avait besoin d’être en activité » dit-il. Il a envie de bouger et décide de reprendre une for-mation pour obtenir un bac Plasturgie. En 1998, le Fongecif Picardie lui fi nance cette formation. À son retour, pas d’évolution. Il part alors tenter sa chance dans d’autres entreprises. « J’ai toujours été soutenu par ma femme, elle sait que tout est ana-lysé et que je ne prendrai pas de risque par rapport à la famille. » Mais sa nouvelle vie professionnelle ne lui convient pas.

Le vent lui donne des ailes

René LECACHEUR 5, impasse des Coquelicots - 80 440 BOVES06 46 23 94 13 [email protected]

Auditeur qualité – magasinierCIF bac pro Plasturgie 1998-2000Bilan de compétences en 2012CIF Techniques de maintenance des parcs éoliens 2013-2014

DEVENU Technicien de maintenancede parcs éoliens

FONGECIF PICARDIE

BOVES (80)Trouver sa voieEn 2012, il engage un bilan de compétences : « Cette opportunité fut la plus belle chose qui me soit arrivée ». Il met à plat son parcours professionnel et prend du recul, « le bilan m’a permis de trouver ce qui fonction-nait en moi et qui n’était pas sorti, j’ai vécu des émotions intenses ». L’idée de l’énergie éolienne germe : « J’ai rencontré des professionnels et c’était l’extase, j’ai tout de suite accroché. ». Ils ont eux-mêmes étaient séduits par son profi l, son dynamisme et son professionna-lisme. Il a aujourd’hui la conviction qu’il réussira tant ce projet est en adéquation avec sa personnalité. Comme lui, ce métier porté par l’avenir est exigeant, audacieux et insolite.Pour réussir son projet professionnel, il a besoin d’une deuxième formation, celle de technicien de maintenance de parcs éoliens. Le bac Plasturgie va

lui servir pour assurer la maintenance des pales. Quand il en parle, il a des étoiles dans les yeux.À 45 ans, il a totalement confi ance en son avenir pro-fessionnel. Dans l’éolien, les possibilités sont nom-breuses. «  Je suis pleinement satisfait, car je sais que je vais avoir tout ce que je recherche, je sais que je pars dans un environnement qui me permettra de continuer à apprendre. »

9

TECHNICIEN DE

MAINTENANCE DE

PARCS ÉOLIENS

René

Quand la formation permet de changer de vie30 récits, 30 parcours professionnels et personnels8

ANALYSTE

CONCEPTUEL ET

DIRECTEUR

DE PRODUCTION

Élisabeth& PascalÉlisabeth& Pascal

Après un CAP–BEP et un BTS en mécanique et automatisme industriel, Pascal est recruté comme technicien de maintenance. Il sent rapidement une envie de progresser, d’encadrer une équipe, d’avoir plus de responsabilités. « Ça n’avançait pas ! Parce ce que je n’avais ni le niveau scolaire ni le diplôme pour accéder à des responsabilités, je ne pouvais prétendre à aucun poste intéressant pour moi ». Un collègue lui parle du CIF : « Je n’avais plus que cela en tête ! Il fallait que ça marche ! » Son entreprise est favorable à son départ pour une formation d’ingénieur en génie industriel, en alternance, sur 3 ans. Avec l’aide de son entre-prise, il fi nance une remise à niveau de 6 mois et une partie de sa formation. « Avant, l’école, je la subissais, et là c’était différent, c’est moi qui était acteur ! »En 2000, Élisabeth, secrétaire de direction, n’en peut plus de son poste : « Pas assez d’autonomie et de réflexion ». Elle conforte son envie de change-ment par un bilan de compétences. L’informatique est sa voie. Élisabeth compare les cursus et négocie avec son employeur son départ en formation. Elle entre en année spéciale à l’IUT d’informatique.

Pascal dit que l’école n’a jamais été son fort ; Elisabeth sait être faite pour étudier toute sa vie. D’un constat bien diff érent, c’est ensemble qu’ils ont suivi un CIF il y a plus de 10 ans. Ils ont tous deux réussi leur évolution professionnelle. L’un dans le management d’entreprise, l’autre dans l’informatique. Parcours singuliers et côte à côte.

Se révéler Allier vie professionnelle et personnelle, forma-tion et déplacements de Pascal n’est pas facile tous les jours. Mais ils ont les mêmes contraintes : « Les soirs et le week-end, on était tous les deux sur notre petit bureau à faire nos devoirs ». Malgré le rythme à prendre, Élisabeth constate : « Finale-ment, cette formation fut extraordinaire, un vrai bol d’air ! Je me suis même révélée en maths ! » sourit-elle en regardant son mari. Elle réussit si bien cette année-là que suite à une rupture de contrat avec son employeur, elle continue en licence pro-fessionnelle Réseaux et télécommunications. Pour Pascal, tenir 3 ans est une gageure. La for-midable solidarité entre les stagiaires l’aide. Son diplôme obtenu, il lui faut encore faire ses preuves. Aujourd’hui, il est directeur de sites.À l’issue de sa licence, mention bien, Élisabeth est recrutée comme développeur analyste. Depuis 2 ans, elle occupe le poste d’analyste conceptuel dans la même entreprise. Pour Élisabeth et Pascal, cette période de forma-tion fut aussi un temps de partage, d’échanges et d’enrichissement personnel. Le CIF a été un tremplin pour leur carrière. Sans cela ils au-raient pris, de toute façon, d’autres che-mins, plus longs, moins sûrs… mais en-semble assurément car « À 36 ans, notre formation finie, on a fait comme font tous les étudiants  : on s’est mariés et on a eu notre petit garçon ! »

Ensemble, c’est tout !

L’ennui comme déclencheurEn 1995, Philippe est chauff eur de maître et s’en-nuie dans sa vie professionnelle. C’est un spor-tif passionné, un bénévole actif dans plusieurs associations. Il est éducateur sportif et organise des compétitions de fi tness. Il décide de se pro-fessionnaliser et veut obtenir le diplôme d’État d’éducateur sportif. Il autofi nance une première partie, le tronc commun, et s’autorise 3 mois sans solde. Les épreuves de sélection sont très diffi ciles et la formation dure un an. Philippe ne connait pas alors le CIF, le projet de formation semble irréalisable, il change de stratégie. En 1997, il s’associe pour créer une salle de sport. Il est gérant associé et multiplie les casquettes : diri-geant, éducateur, commercial. Il ne s’ennuie plus !

Plusieurs activités pour assurerLa salle se développe jusqu’en 2001 mais suite à un déménagement mal négocié l’activité décroît : il faut vendre. En 2004, il est adjoint de récep-tion depuis presque un an et il décide de se for-mer au massage sportif dans le cadre d’un CIF. « Aujourd’hui encore, je me sers de ces techniques de massage  » explique-t-il. Il autofi nance ensuite le diplôme de préparateur physique. En parallèle, Philippe découvre et s’approprie le dispositif de VAE. Il a toujours en tête de valider le brevet d’État d’animateur et d’entraîneur sportif. Une, deux, trois… cinq tentatives, sans succès. En 2007, découragé, il réalise un bilan de compé-tences. « Cette étape a été déterminante, j’étais sur le point d’abandonner. » La réfl exion, guidée avec bienveillance par une consultante, lui redonne confi ance. Il a des compétences et les exerce au quotidien en tant que bénévole, il doit persévérer. Il se voit proposer un accompagnement à la VAE et obtient fi nalement la validation complète du diplôme en 2008. Enfi n offi ciellement reconnu entraîneur sportif !

Philippe, 48 ans, est réceptionniste dans un hôtel. Mais depuis 9 ans, il est aussi éducateur sportif, entraîneur et coach. Son cadre de vie s’est amélioré et ses clients sont satisfaits. Chronique d’une transition parfois diffi cile et un peu déroutante.

Philippe conserve néanmoins un mi-temps en tant que réceptionniste. Il développe aussi sa propre activité dans les salles de sport et pour les particuliers. En vacation dans un premier temps, il devient auto-entrepreneur ensuite. Il s’appuie sur le réseau développé au fi l des années et le bouche à oreille fonctionne.Philippe s’est créé, grâce à son parcours aty-pique, une off re de services qui lui correspond : préparation physique, pilates, interval training, massage de récupération pour jeunes et moins jeunes en individuel ou en collectif.« C’est vrai, je n’ai pas fait les choses dans le bon ordre, mais, avec le recul, tout me sert aujourd’hui. Si c’était à refaire, je le referai tel quel  ! » La passion a aidé Philippe à rester centré sur son projet. En 2014, il va uniquement travailler dans le domaine sportif. Il a su se former pour assurer.

Philippe

Persévérer pour réussir

Philippe MANFREDI 48 ans06 500 [email protected]

Adjoint de réceptionCIF-CDI en 2004Bilan de compétences en 2007VAE en 2008Formation HTT en 2011-2012

DEVENU Réceptionniste et Coach sportifFONGECIF PACA

MENTON (06)

Élisabeth PRUDENT-GROSPELLIER 47 ans - [email protected] 310 ARCEAU

Assistante de directionBilan de compétences en 2001CIF-CDI en 2002-2003 DUT Génie informatique

DEVENUE Analyste conceptuel

Pascal PRUDENT 44 ans - [email protected] 310 ARCEAU

TechnicienCIF-CDI en 2000-2003 École centrale de Lyon et INSADiplôme d’ingénieur ITII en Génie industriel

DEVENU Directeur de production de deux sitesFONGECIF BOURGOGNE

ARCEAU (21)

11

RÉCEPTIONNISTE

ET COACH SPORTIF

Quand la formation permet de changer de vie30 récits, 30 parcours professionnels et personnels10

Marielle, plutôt littéraire, passe le bac Lettres/langues option arts plastiques. Un DUT de Techniques de commercialisation ensuite, puis un master de Tourisme inter-national. En octobre 2000, elle est chargée de mission tourisme et communication au Parc naturel régional de La Narbonnaise. Au bout de quelques années, elle constate qu’il manque un aspect créativité dans son métier.Alors elle se construit un nouveau projet mêlant artisanat, culture, tissus, matières, formes, commerce et éthique. Pour elle, c’est une certitude. Un atelier de création de cos-tumes de spectacle, de vêtements et tenues de mariage doit voir le jour. « J’ai vécu auprès d’une mère qui virevoltait avec les tissus et la couture de façon empirique et une grand-mère qui, elle, créait des vêtements avec méthode  » se souvient-elle. Cours de couture en 2006 et 2007, rencontres avec des profession-nels, réfl exion sur les besoins des clients, les contraintes fi nancières. C’est décidé, elle entame une reconversion.

Se former aux métiers de la créationPour créer son atelier, la formation de costu-mier de spectacle s’impose. Tout s’enchaîne alors. Un centre de formation à Pézenas, un dossier déposé pour une demande de fi nan-cement au Fongecif Languedoc-Roussillon, l’accord et le soutien de son employeur. Puis, un stage de créateur d’entreprise réalisé à la chambre des métiers et de l’artisanat de l’Hérault et une acceptation de fi nancement à temps partiel sur deux ans.Mais la formation devra se dérouler à Paris. Le centre de Pézenas, antenne de Paris, ne peut ouvrir car la directrice a des problèmes de santé. Un changement s’impose, de région, de lieu de vie. La qualité de l’enseignement, l’appréciation des résultats qu’off re cette for-mation répond exactement aux besoins de son projet. Cela est plus compliqué, fi nanciè-

rement plus lourd à supporter. Pendant deux ans, elle aura un salaire amputé et une partie de formation dépassant les 1 200 heures à sa charge... « J’y vais malgré tout. »La formation débute en octobre 2008 à Paris auprès de l’Atec-Tabarmukk. Elle nage dans cet environnement comme un poisson dans l’eau. Elle apprend, confectionne, stresse, passe des nuits à fi naliser ses créations. Elle suit des cours de dessin académique, de nu. Pour Marielle, c’est génial, elle ne sait pas dessiner. Elle maîtrise alors le corps dans sa structure, ses mesures : «  C’est indispen-sable que l’imaginaire passe par le dessin pour concrétiser le projet et entamer l’ébauche de ce que représentera le costume » explique-t-elle.Au bout de 2 ans, un défi lé va mettre un terme à l’apprentissage. Un jury composé de professionnels doit évaluer le travail. Emplie de doute et d’incertitude, elle présente ses réalisations. En mai 2010, elle est diplômée costumier de spectacle.

Ouvrir son atelierMarielle retrouve famille et domicile et en juillet elle crée son atelier. Elle rejoint Éner-gies alternatives, coopérative qui permet de démarrer une activité tout en étant accom-pagné. Elle est membre du collectif, salariée-entrepreneur. La Compagnie des Perdrix est née ! Le nom ? Elle le trouve lors de ses bal-lades solitaires. Son imaginaire gambade. Les « rêveries du promeneur solitaire » sont source d’inspiration ! « Et puis je n’avais pas envie d’un énième «Machin Truc Créations». »Son projet s’affi ne et s’oriente vers les cos-tumes pour mariage. Du sur mesure en fonc-tion des goûts de chacun et des costumes de scène pour le théâtre, la danse, le cirque. Elle dessine, pense, adapte, coud, assemble et les modèles voient le jour. Elle a son style qui se veut au plus proche des désirs de la clientèle. Elle puise son inspiration dans l’histoire de la mode. « Faire de la «meringue» n’est pas mon

truc, il y a des boutiques qui font cela très bien » dit-elle. Si le moindre problème se présente, elle refait, même s’il faut y passer la nuit... Quand elle a réalisé dans les délais une robe de mariée, elle l’expédie comme convenu en Suisse. Celle-là n’arrive pas ! Qu’à cela ne tienne... ce petit bout de femme la refait en une nuit : « Laisser une mariée sans sa robe, c’est impensable ! ».En 2011, elle participe au Salon du mariage de Narbonne et crée cinq modèles de robes de mariée. En 2012, son bébé naît et en juil-let 2013, une autre naissance... celle de son entreprise située à Clermont-l’Hérault. Nou-veau lieu, nouveaux projets, nouveau nom : En Compagnie des Perdrix, « C’est plus proche de ce que je fais aujourd’hui ». Ses yeux brillent, son anxiété est présente mais elle sourit. Elle nous dit combien son conjoint représente un soutien permanent. Il a toujours été là, il l’est encore pour faire face au quotidien et lui per-mettre de vivre sa passion. Elle est artisan, le chemin n’a pas toujours été sans embuche mais « Si c’était à refaire, je le referai ! » clame-t-elle.Elle doit partir, le Salon du mariage de Mont-pellier l’attend avec de nouvelles créations et de nouveaux tissus…

Une scolarité sans encombre, une activité qui s’impose à elle. Cependant, un passe-temps qui prend de plus en plus de place et devient une évidence. La création doit faire partie de son quotidien. La lecture, l’imaginaire, le théâtre l’attirent ; les costumes la fascinent. Il est temps de prendre une nouvelle direction, sa passion doit devenir son métier. Marielle vit aujourd’hui un épanouissement professionnel et personnel dans son atelier de couture.

Quand les tissus vivent et volent CLERMONT-

L’HÉRAULT (34)

Marielle MAURY 37 ans06 08 86 93 8834 800 CLERMONT-L’HÉ[email protected] perdrix.fr

Chargée de missionCIF Costumier de spectacle en 2008-2010

DEVENUE Créatrice d’un atelier de coutureFONGECIF LANGUEDOC-ROUSSILLON

13

CRÉATRICE D’UN ATELIER DE COUTUREMarielle

Quand la formation permet de changer de vie30 récits, 30 parcours professionnels et personnels12

OlivierENTREPRENEUR

PLOMBIER-CHAUFFAGISTE

Olivier BRON33 ans - 24 700 MONTPON MÉNESTÉROL06 64 74 63 92

Vendeur-magasinier Formations : tuyauteur industriel en 2001, soudeur en 2004, installateur thermique et sanitaire en 2011.

DEVENU Entrepreneur plombier-chauffagiste FAF.TT

Liberté, quand tu nous tiens…

Du caractère, Olivier n’en manque pas. S’il n’a pas toujours bien su ce qu’il voulait faire dans sa jeunesse, il n’a jamais manqué de dé-termination pour s’en sortir. Tout commence par un apprentissage dans la mécanique mais « Au final, cela ne me plaisait pas vraiment et je n’ai pas eu envie d’enchaîner sur le bac pro » sou-pire-t-il. Il se lance alors dans un deuxième apprentissage dans les espaces verts et cela ne s’avère pas tellement plus concluant. Oli-vier revient ensuite à Lacanau où il travaille 2 ans comme vendeur-magasinier dans une maison de bricolage. L’enthousiasme n’est toujours pas au rendez-vous.

Cumuler les formationsGrâce à une de ses connaissances, il découvre le métier de tuyauteur industriel. Olivier se plaît à imaginer qu’il pourrait partir sur des

chantiers à l’étranger. Ailleurs, ce métier est très demandé. Il entame alors une formation de 10 mois à Bordeaux. «  J’ai appris pas mal de choses pendant la formation. À peine sorti, j’avais des propositions de mission d’intérim dans ce domaine. J’ai travaillé sur plusieurs chantiers  » se souvient-il. On lui propose même un CDI mais Olivier préfère sa liberté : « Il y avait toujours des missions alors j’ai pré-féré rester en intérim et travailler à ma conve-nance en étant mieux payé. » De chantier en chantier, il réalise qu’il pour-rait avoir des missions plus intéressantes s’il savait également souder. Une formation de 4 mois lui permet d’acquérir les compétences nécessaires. Puis une importante entreprise de maintenance industrielle lui propose un CDI avec un salaire intéressant. Ce CDI lui permet de réaliser un de ses rêves : acheter

une maison avec sa compagne entre Périgueux et Bordeaux. «  Et puis je me suis dit que je voulais travailler pour moi et pas pour un patron. J’ai eu envie de m’installer à mon propre compte dans la plom-berie  » explique le jeune homme. Il souhaite capitaliser sur ses diff érentes compétences acquises au fur et à mesure. Pour obtenir la garantie décennale et s’inscrire à la chambre des métiers, il lui faut repasser par la case formation. En 10 mois, il obtient le diplôme d’installateur thermique et sanitaire. «  Cette formation m’a aussi permis d’effectuer des stages qui m’ont conforté dans mon envie de monter ma boîte » indique Olivier qui s’apprête à devenir papa au même moment.En mars 2012, il atteint son but et ouvre son entreprise. « C’est beaucoup de travail avec une partie administrative qui n’est pas toujours évi-dente. Mais c’est très valorisant de travailler pour soi. J’ai de plus en plus de clients et j’ai le loisir de pouvoir m’organiser comme je veux ! » conclut-il.

« J’ai fait beaucoup de choses avant de trouver ce que je voulais vraiment faire » résume Olivier, jeune entrepreneur de 33 ans. Retour sur un parcours sinueux qui a fi ni par prendre tout son sens par la création d’une entreprise dans le Périgord.

MONTPON MÉNESTÉROL (24)

« Avoir une vision plus claire sur un avenir actuellement bouché  », tel est l’objectif que s’est fi xé Tony lorsqu’il choisit de se reconvertir à 32 ans. Après plusieurs «  emplois alimentaires  » dans la vente de poissons, de biens domestiques ou comme attaché commercial en immobi-lier, Tony souhaite une autre vie profes-sionnelle pour lui et son foyer. Trouver un métier en phase avec sa personna-lité, améliorer ses revenus et éviter la précarité des CDD.En 2006, après 6 mois de réfl exion et de remise en question, Tony fait un bilan de compétences. Le métier d’infi rmier émerge alors. Il découvre ensuite cette ac-tivité grâce à des échanges avec des profes-sionnels. Un stage d’observation de 3 jours au sein d’une maison de retraite confi rme son choix. Il se sent prêt à « tout accepter du patient ». Il sait qu’il pourra réaliser les diff érentes tâches inhérentes au métier, il est déterminé à devenir infi rmier.

Atteindre son objectifTony suit donc une préparation au concours infi rmier pour augmenter ses chances de réussite. Parallèlement, il met en place une VAP 1 car il ne possède pas le baccalauréat. Il peut ainsi se présenter au concours.L’année 2007 amène à Tony son lot de bonnes nouvelles : la naissance de son second enfant, la réussite au concours, et enfi n l’acceptation par le Fongecif de son dossier CIF CDD. En véritable passionné de l’être humain et de la relation à l’autre, Tony débute la formation d’infi rmier en octobre. C’est au même moment que toute sa famille découvre son projet. Par peur d’être jugé en cas d’échec, il n’en avait pas parlé.La prise de notes diffi cile, le rythme sou-tenu de la formation et l’organisation fa-miliale ne l’aff ectent pas. Tout le monde est mis à contribution pour la réussite de ce papa. Son épouse le motive et le sou-

tient, ces enfants font le silence « Chut, papa révise ! », et sa sœur, elle-même en formation d’infi rmière, lui sert de guide dans ce long parcours.Durant les stages, les sourires échangés avec les enfants malades atteints de can-cer, l’aide apportée aux personnes en fi n de vie, accentuent son désir de faire le «  plus beau des métiers  ». De la souf-france des autres, Tony apprend. Trois ans d’études pour 4 760 heures de for-mation à l’IFSI de Boulogne-sur-Mer lui permettent d’atteindre son objectif.En 2010, avant même la remise de di-plômes, Hospitalisation à domicile l’em-bauche. Aujourd’hui, Tony travaille tou-jours pour cette structure. Son planning est établi au jour le jour. Souvent en bi-nôme, il arpente les routes aux alentours de Boulogne-sur-Mer afi n de pratiquer des soins allant du simple pansement à la toilette mortuaire. Il a également pris des responsabilités. Il est référent-étudiant, référent-médicaments et référent-éthique Du matin, d’après midi ou encore de garde, Tony est heureux de ce change-ment et transmet chaque jour son bon-heur aux siens. Maintenant, il peut s’aff é-rer aux travaux de la maison…

1 Validation des Acquis Professionnels. La VAP permet d’accéder à un niveau de formation, sans

avoir les diplômes requis, au regard des acquis développés par le candidat.

Tony a laissé sa maison pendant plusieurs années en chantier. En eff et, il a privilégié son changement de vie professionnelle à son confort matériel. Engagé dans la relation humaine, c’est en garant des règles et procédures qu’il se positionne dans la vie. En 2006, il décide de franchir le cap et se tourne vers le métier d’infi rmier.

La relation à l’autre dans le sang

ARDRES (62)

C’est une activité qu’il connait et apprécie. Avec l’Institut de soudure de Dunkerque, il passe les licences TIG1 et soudure à l’arc.

Le réseauLes licences en poche, Rudy n’a plus qu’un objectif : «  ne pas perdre la main et dévelop-per des compétences  ». Après deux missions en tant qu’intérimaire rapidement trouvées, son précédent formateur le recommande à un employeur. Il intègre alors des chantiers en Europe. Les déplacements ne le dérangent plus. Rudy a mûri et a appris à travailler dur

Né en 1985, Rudy entre dans la vie profes-sionnelle à 16 ans. Il obtient son BEP Méca-nique automobile par le biais d’un contrat en alternance. Ce travail manuel l’intéresse beaucoup mais les fi ns de mois sont diffi ciles et limitent les projets personnels. Alors, pour gagner plus, il change de métier.

La familleRudy travaille d’abord quelques temps comme manutentionnaire en eff ectuant des missions d’intérim. Grâce à son papa, chef d’équipe dans le domaine de la soudure et du montage en char-pente métallique, il obtient ensuite un poste de monteur. En 2004, il assemble des modules dans la construction d’usines. Il se déplace à la semaine en Belgique, et parfois au mois, comme en Norvège. Ces déplacements vont rythmer sa vie professionnelle mais au détriment de sa vie personnelle. Il décide donc en 2007, grâce à un CIF, de se former en soudure pour se stabiliser.

Rudy habite le Dunkerquois, un pôle énergétique et un site

industriel international qui compte plus de 260 entreprises dans

le champ de la métallurgie. Il a 28 ans et livre son témoignage

entre deux déplacements. Parcours d’un talentueux

soudeur, qui, aidé par sa famille, le lui rend bien aujourd’hui...

Une histoire de contacts

DUNKERQUE (59)

Rudy DOIGNEAUX 28 ans 59 140 [email protected]

Monteur CIF-CDD Soudeur en 2007

DEVENU Soudeur FONGECIF NORD – PAS-DE-CALAIS

pour son foyer. Il fait aussi une très belle rencontre : son nouveau chef, qui lui ouvre d’autres opportunités professionnelles. Il signe un CDI en 2008.Une confi ance réciproque s’instaure promptement entre les deux hommes. Rudy recommande son père à son chef et dans son réseau professionnel. À 54 ans et avec vingt années de CDD derrière lui, son père est sur le point de signer son 1er CDI, en partie grâce à son fi ls.Aujourd’hui, Rudy continue de perfection-ner sa technique et gère occasionnellement les équipes de travail. Il envisage d’appro-fondir ses compétences en tuyauterie. D’ici quelques années, il veut être chef !

1 Tungsten Inert Gas

Tony DIAS MARTINS 39 ans06 84 24 84 [email protected]

Vendeur Bilan de compétences en 2006CIF-CDD Infi rmier longue durée en 2007-2010

DEVENU Infi rmierFONGECIF NORD-PAS-DE-CALAIS

15

INFIRMIERTony

SOUDEURRudy

Quand la formation permet de changer de vie30 récits, 30 parcours professionnels et personnels14

Selda a eu envie de donner une nouvelle coloration à son existence en recentrant sa vie professionnelle sur sa véritable passion : la coiff ure. Contrariée dans son premier choix d’orientation, elle a dû travailler dans des domaines qui ne lui convenaient pas. Aujourd’hui, à 30 ans, elle envisage d’ouvrir son propre salon de coiff ure.

Pendant 5 ans s’ensuit un cortège de petits bou-lots. Selda est alors agent de production dans une usine de métallurgie. Elle veut couper court à ces jobs ternes et sans relief qui pèsent sur son moral comme une enclume : « Je n’avais plus envie d’aller travailler le matin. J’en avais mal au ventre  !  » se souvient-elle.

Oser se lancerSa passion est toujours enracinée au plus profond d’elle-même. Elle a envie de s’épanouir dans ce qu’elle a toujours voulu faire : la coiff ure. Mais du haut de ses 24 ans, Selda est « trop vieille » pour nombre de salons, non disposés à consentir l’ef-fort fi nancier pour l’accueillir en apprentissage. Comment démêler cette situation ?Des connaissances lui parlent alors du Fongecif, «  qui aide à la reconversion  ». Printemps 2008, premier contact rassurant pour la jeune Bison-tine. Elle apprend d’emblée qu’il n’y a pas d’âge limite pour suivre une formation. Selda remplit les dossiers. Le temps presse, la session ouvre début septembre. Elle prend le risque d’acheter tout son matériel. Des bigoudis, des peignes, un sèche-cheveux… L’horizon se dégage. Le Fongecif donne son feu vert.Selda appréhende : «  J’avais peur de me retrou-ver avec des filles de 16-17 ans ». Tenace, la jeune femme sourit pourtant à ce nouvel avenir pro-fessionnel qui lui tend les bras. « Au début, on est un peu perdu. C’est certainement le fait de devoir retourner à l’école. »La suite s’écrit en lettres majuscules. Comme CAP. Et avec le titre de meilleure apprentie de Franche-Comté. C’est en mai 2009 qu’elle dé-croche ce titre parmi quarante concurrentes de la région. Une coiff ure imposée parfaitement maîtrisée suivie d’une fi gure libre accueillie cha-leureusement par le jury. « J’étais la seule à avoir travaillé sur un effet mouillé.  » Chapeau bas ! Et emploi à la clé !Mais Selda ne souhaite pas s’arrêter en si bon chemin. Elle décroche le brevet professionnel auquel elle s’est inscrite en candidat libre. Elle a toujours et encore une idée en tête : ouvrir son propre salon. Et boucler la boucle.

COIFFEUSESelda De mèche

avec le Fongecif

Selda ORHAN 30 ans 25 000 BESANCON

Agent de production en métallurgieCIF-CDD CAP Coiffure 2008-2009

DEVENUE CoiffeuseFONGECIF FRANCHE-COMTÉ

BESANÇON (25)

Depuis l’enfance, Selda a toujours été captivée par la coiff ure. « Une coiffure révèle un visage, une personnalité, un style. On est dans la créativité per-manente. » C’est donc tout naturellement dans ce domaine qu’elle souhaite s’orienter en fi n de 3e. Malheureusement, diffi cile de trouver un salon permettant de se former en zone rurale. « Malgré toute ma détermination, je n’ai pas réussi à trou-ver de maître d’apprentissage. Il fallait choisir une orientation. Je suis partie dans la vente parce que je ne savais pas quoi faire d’autre. »

17Quand la formation permet de changer de vie30 récits, 30 parcours professionnels et personnels16

ESTHÉTICIENNECatherine

Lorsque vous poussez la porte de l’institut de beauté So’Zen, vous êtes envahis par une agréable odeur qui émane de l’huile de Tahiti, à base de fl eurs de tiaré et de vanille, utilisée pour les mas-sages. Les couleurs orange, beige et framboise créent l’harmonie parfaite avec le concept qu’elle a voulu développer : cocooning et bien-être.Depuis son enfance, Catherine veut travailler dans l’esthétique mais des problèmes de santé l’obligent à prendre une autre orientation. Elle passe alors un BEP Banque/Assurance. «  À l’époque, on pouvait sans souci gravir les échelons » constate-t-elle. Elle élève ses 3 enfants et assiste son époux dans sa vie professionnelle pendant 20 ans. À 47 ans, une lassitude s’instaure. « Je peux vous dire que j’en ai bavé, ce n’était pas tous les jours facile d’être le tampon entre les clients, le person-nel et mon mari. » Alors, à 50 ans, elle s’affi rme. «  Il est peut-être temps de décider, les enfants sont grands, je me lance ». Mais Catherine précise avec force : « Ce n’était pas un coup de tête, je ne me suis pas réveillée un matin en me disant, tiens, je vais me lancer dans l’esthétique  ! C’était quelque chose qui était très ancré en moi, j’ai ce besoin d’être active, ce besoin tactile ».Catherine décide en 2010 de se faire entendre de son entourage et impose sa volonté. Elle veut s’orienter vers ce qu’elle a toujours voulu faire et devenir esthéticienne. Elle tente des cours par correspondance mais renonce. Le Congé Indivi-duel de Formation a été sa « bouée de secours ».

Vivre de sa passion«  L’année de formation n’a pas été facile, il a fallu se lever tous les matins à 5 heures pour prendre la direction de Saint-Quentin dans l’Aisne, et le soir il y avait les devoirs. Mais le Fongecif Picardie m’avait

Catherine rêvait de rendre sa vie professionnelle plus intense. À 50 ans, elle décide de se lancer dans l’esthétique. Aujourd’hui, elle a ouvert son salon à Amiens, propose une large gamme de soins et a embauché une salariée pour faire face à la demande.

offert l’opportunité de me former, ce n’était pas pour abandonner ! »Elle décroche son CAP Esthétique en juin 2011. Pour garder la main, le temps de trouver son lieu d’installation, elle s’exerce sur ses amies et sa fa-mille. Elle continue à se former à titre personnel sur d’autres pratiques. Puis elle achète une petite maison en bois pour créer son entreprise mais les normes liées à l’accueil l’obligent à revendre.Enfi n, en mars 2013, Catherine ouvre son insti-tut So’Zen à Amiens. Elle pratique les prestations classiques d’un institut de beauté et propose du conseil en image, de la réfl exologie plantaire et de la luminothérapie.Aujourd’hui, elle a 160 clients fi dèles et a embau-ché une esthéticienne. Elle est épanouie, conti-nue à se former pour développer So’Zen et vient travailler tous les matins avec bonheur.

DURY (80)

Épanouie et SO’Zen...

En octobre 2008, à 26 ans, Matthieu décroche son premier contrat en tant que danseur. Il est encore en stage après sa formation en danse contemporaine dans le cadre du CIF. Il ne danse pourtant que depuis 4 ans. Tout est allé très vite depuis. Il mène de front son activité au sein de diff érentes compagnies, de la fi guration et des projets de création.Après un échec en seconde générale, Matthieu se découvre de réelles aptitudes et un vrai inté-rêt pour les métiers de la comptabilité. Son bac pro en poche, il poursuit ses études à l’étranger et profi te d’une vague de recrutements pour inté-grer un grand groupe national. Première étape de vie bouclée en temps record. Néanmoins, la lassi-tude arrive rapidement. Au bout de 2 ans, l’acti-vité s’essouffl e, beaucoup de collaborateurs envi-sagent de se réorienter. Matthieu est décidé, il est maintenant urgent de changer, la limite d’âge le guette ! Depuis son enfance et encouragé par sa famille, Matthieu a toujours aimé et pratiqué plu-sieurs sports. Gymnaste en sport-études, adepte du tumbling, il commence la pratique de la danse à 23 ans comme loisir nécessaire à son épanouis-sement. Et pourquoi ne pas en faire son métier ?

Faire le lienC’est en spectateur assidu qu’il découvre la danse. À son retour d’Angleterre en 2003, Matthieu in-tègre le conservatoire municipal de Marignane : d’abord un cours semaine, puis deux, puis trois. Après une brève pause pour s’investir profession-nellement dans son métier de comptable, il prend conscience de la nécessité impérieuse de passer d’une pratique en amateur à une activité profes-sionnelle.Il commence à Istres, au sein de la compagnie Co-line, un apprentissage en danse contemporaine. Vingt mois à temps plein. Même si le ministère de la Culture ne labellise pas cette formation, il obtient la reconnaissance de ses pairs. Ensuite les contrats s’enchaînent.

27 jours de marche, 900 km parcourus sur le chemin côtier de Saint-Jacques-de Compostelle. C’est l’été 2013 et Matthieu vient de vivre une belle expérience. D’une voix douce ponctuée de sourires, il raconte son parcours de transition professionnelle... ses hauts, ses bas et sa vie d’artiste à 31 ans. Itinéraire d’un enfant sportif, à la fois curieux et compétiteur, devenu danseur.

Matthieu est heureux quand il danse, heureux de ce nomadisme et de la multiplicité des projets. Pleinement conscient des cycles liés au métier, il recherche presque l’instabilité pour créer, sentir, atteindre des objectifs. Les phases de creux et de rupture font partie de son activité. Il passe régu-lièrement des auditions.Il défi nit cette transition comme quelque chose de « doux et violent ». Il n’a pas abandonné son histoire et se sert des compétences acquises lors de ses expériences précédentes. Il fait de façon presque improbable le lien : la rigueur, l’organi-sation, la créativité liée au travail en équipe. Loin d’être une perte de temps, sa première vie profes-sionnelle l’a façonné et l’aide aujourd’hui à gar-der les pieds sur terre.

DANSEUR FREE-LANCEMatthieu

De spectateur à danseur

Matthieu SPARMA31 ans69 008 [email protected]

Comptable bancaire CIF-CDI formation de danseur en 2006-2007

DEVENU Danseur free-lanceFONGECIF PACA

Catherine MISURNYInstitut So’Zen - 03 22 41 99 361, allée de la Pépinière - Centre Oasis 80 480 [email protected]

Assistante de direction CIF CAP Esthétique – 09/2010 à 06/2011

DEVENUE EsthéticienneFONGECIF PICARDIE

LYON (69)

19Quand la formation permet de changer de vie30 récits, 30 parcours professionnels et personnels18

Jean-Luc habite une maison de pierres blanches typique du sud de la Haute-Marne, l’ancienne maison du menuisier du village. Il y installe son atelier en 2003 et se souvient des habitants heu-reux d’entendre à nouveau les machines tour-ner. Il se revoit aussi, enfant, jouant à chercher des chutes de bois dans cet atelier. Il est fi er de présenter son lieu de travail. Les serre-joints ali-gnés ne sont jamais assez nombreux, les meubles démontés sont en piteux état et attendent son intervention. D’autres éléments déjà passés entre ses mains deviendront des meubles. À côté des outils, un diplôme rappelle qu’il a reçu un pre-mier prix pour la création d’une œuvre.

Volonté et soutienJean-Luc voulait sortir d’un rythme trop régulier, d’un environnement trop commercial. Il savait que son avenir professionnel passerait par un tra-vail manuel. Il se plait à dire que les énergies de la maison l’ont orienté vers le bois. Il devient donc artisan après avoir pris un CIF. Peu de personnes l’encourageaient dans son projet et surtout pas à créer son entreprise. Il a cependant le soutien inconditionnel de son épouse qui l’accompagne dans ses voyages à travers la France pour trou-ver la bonne formation. Finalement, il se forme à Revel dans la Montagne Noire. Pas question de rentrer tous les weekends pour être en famille. Il loge dans un village près de chez l’artisan qui l’accueille. Il passe sa vie à l’atelier quand il ne jardine pas chez son propriétaire.

Le prix de l’indépendanceQuand il parle de son atelier, du travail qu’il accomplit, des essences de bois, des styles de meubles, on entend la passion d’un métier. On entend aussi comme un regret. Celui de ne pas pouvoir vivre uniquement de l’activité d’arti-san d’art. Il a dû s’orienter vers l’agencement chez des particuliers et des professionnels. Les photographies d’intérieurs qu’il a transformés témoignent de son talent et de la maîtrise de son art. Il ressent un certain isolement dans son tra-vail. Aussi, il constate : « Pour l’artisan, son indé-pendance lui coûte cher  ». Il n’ose pas prendre d’apprenti comme le lui conseille son maître

Après 10 ans dans une librairie-papeterie, Jean-Luc ressent le besoin de se réaliser en exerçant un métier manuel, en étant indépendant et autonome. Il devient alors artisan d’art-ébéniste.

de stage. Il ne se sent pas légitime. Son épouse l’incite, il y a bientôt deux ans, à décrocher son téléphone pour contacter le CFA du bâtiment de Chaumont. En trois jours, il devient formateur en menuiserie. Il admet que suivre un référentiel de formation n’est pas le plus facile. Il aimerait parfois sortir du cadre pour ouvrir les élèves à d’autres aspects du travail du bois. Mais en se lançant dans la transmission du savoir, il s’est off ert le luxe de se concentrer sur ce qu’il aime avant tout, l’ébénisterie d’art.Pour le nom de l’atelier, Jean-Luc a évidemment sollicité les copains…

ÉBÉNISTE, ARTISAN D’ART

ET FORMATEUR

EN MENUISERIE EN CFA

Jean-Luc

Les copeaux d’abord

Jean-Luc POISSENOT 52 ansLes copeaux d’abord22, rue du docteur Chaufour52 210 [email protected] 25 03 42 60

Responsable de librairie-papeterieCIF-CDI 2002-2003

DEVENU Ébéniste, artisan d’art etformateur en menuiserie en CFA

FONGECIF FRANCHE-COMTÉ

ARC-EN-BARROIS (52)

21Quand la formation permet de changer de vie30 récits, 30 parcours professionnels et personnels20

REPRISE D’UN ATELIER

D’ENCADREMENT D’ARTCatherine

Sortir du cadre ?

NINA57 ans

Mécanicienne en confectionCIF Aide médico-psychologique en 1996Demande de CIF en 2013

DEVENUE Aide médico-psychologiqueFONGECIF POITOU-CHARENTES

Nina habite les Deux-Sèvres. Comme beaucoup de jeunes fi lles de sa génération, elle s’est orien-tée vers la confection. Après un CAP et une expérience de quelques années dans une entre-prise d’habillement, elle privilégie l’éducation de ses enfants. Au moment de retravailler, elle laisse le fi l et l’aiguille en découvrant le secteur sanitaire et social.Après quelques remplacements en foyer-loge-ment et maisons de retraite, Nina entame une reconversion. En 1996, avec l’aide d’un CIF, elle devient aide médico-psychologique. «  J’ai pris conscience que les personnes âgées avaient besoin d’aide autant physiquement que moralement. J’ai voulu évoluer et apprendre, améliorer mes connais-sances » indique-t-elle. Depuis l’obtention de son diplôme, elle a tou-jours travaillé. Elle accompagne des personnes en situation de handicap ou de dépendance dans diff érentes maisons de retraite ou EHPAD. Elle les aide dans tous les gestes de la vie quotidienne et favorise leur épanouissement. Ouverte et avec l’envie d’apprendre, elle suit les formations pro-posées par son établissement. Formations liées au soin, à l’accompagnement de la personne, à la relation d’aide... Occasionnellement, elle

travaille avec les animateurs, aide à mettre en place des projets d’activité, à créer une chorale, à monter un séjour de vacances en bord de mer. Elle découvre alors les fonctions d’animation.

Se former à tout âgeAujourd’hui, Nina a envie de devenir animatrice dans des structures accueillant la personne âgée ou handicapée. Animer, c’est important pour elle : «  Animer, c’est donner un sens à la vie, du mouvement, de la chaleur. L’animation a un rôle principal pour une plus lente perte d’autonomie de la personne vieillissante et/ou handicapée. Propo-ser des animations : atelier mémoire, ateliers créa-tifs, sorties en groupe ou individuelles, que la per-sonne soit déficiente ou pas, c’est l’aider à garder des liens sociaux, à mieux vivre une fin de vie souvent difficile à accepter » explique-t-elle.Cependant, sans une formation BPJEPS spécia-lité Animation sociale, Nina ne peut qu’aider les animateurs. Or, elle a envie de plus. Comme elle le souligne : « J’ai évolué tout au long de ma carrière et fait des formations internes. J’ai pris la décision de pouvoir être reconnue en tant qu’anima-trice, revaloriser ma fonction, améliorer mes com-pétences car mon diplôme d’AMP ne suffit plus ».

C’est pour cette raison que, 17 ans après un pre-mier CIF, Nina revient voir le Fongecif Poitou-Charentes pour continuer à évoluer. Comme elle le résume : « J’ai 57 ans aujourd’hui, et si j’ai une baisse de force physique, malgré cela, j’ai toujours l’envie d’avancer ».

AIDE MÉDICO-

PSYCHOLOGIQUE

Nina

L’agent technique devenu ingénieur

Catherine a repris un atelier d’encadrement d’art en 2012, aboutissement d’un projet né en 2008 avec le Fongecif. Elle était alors vendeuse à temps partiel depuis 4 ans. Elle nourrit son projet, prépare une de-mande de CIF et se tourne vers son employeur pour obtenir une autorisation d’absence. Ce dernier refuse. Cela ne la décourage pas. Catherine se met à la re-cherche d’autres fi nancements et aussi d’un atelier : « Il était temps pour moi. À près de 50 ans, je ne voulais pas attendre plus ». Elle signe une rupture conventionnelle.L’Institut Régional des Métiers d’Art et Création Contemporaine, dispositif de préservation des métiers d’art pour la région Rhône-Alpes, lui permet de suivre une formation tout en approfondissant son projet de reprise d’un atelier d’encadrement. Elle trouve une aff aire saine. Son dossier est accepté, sa formation est fi nancée. Catherine a le soutien de la mairie de Bourg-en-Bresse, de sa famille et de ses amis : «  J’ai eu la chance d’avoir un climat porteur ».Elle travaille six mois avec l’ancien propriétaire avant la reprise de l’atelier. Puis, durant la première année, elle l’embauche en CDD à temps partiel. La clientèle suit. Une clientèle agréable, sensible à l’art, « qui compte beau-coup sur moi, ça porte. C’est aussi grâce à eux que je vis ».

S’épanouir par le travailCe projet a mûri durant une dizaine d’années après avoir rencontré une personne pratiquant l’encadrement en loi-sir créatif. Catherine aime la peinture, « J’ai toujours eu la passion de chercher des peintures, des gravures chez les gens, dans les salons ou chez les antiquaires. J’ai toujours eu re-cours ensuite à un encadreur. C’est une marotte ». Catherine aime ce qu’elle fait, ne compte pas ses heures. Elle a suivi des études de coupeur de fourrures et a travaillé chez un

fourreur de 1979 à 1985. Un employeur large d’esprit qui lui a permis de faire un métier réservé aux garçons et lui a confi é des fourrures de qualité : « La minutie nécessaire me sert encore aujourd’hui ». Il lui aurait été possible de res-ter sans emploi mais « le travail m’apporte beaucoup, change le regard des gens sur vous, y compris celui de vos proches. Le travail est un facteur d’intégration dans la société ». Au bout d’un an d’activité, Catherine dresse le bilan : « J’ai réussi une partie de mon projet. Mais je ne saurai qu’en 2014 si les prédictions économiques s’avèrent vraies. J’aurai passé un cap. Nous étions en binôme. Se retrouver seule depuis juillet 2013 était l’inconnu, mais j’y arrive. Il faut avoir de la volonté et de la constance. Je ne regrette rien ».

Vendeuse en boutique à temps partiel, Catherine ne se voyait pas « vendre des vêtements jusqu’à l’âge de la retraite ». Passionnée de peinture, elle a fait de l’encadrement son métier, renouant ainsi avec le travail après vingt ans d’inactivité professsionnelle.

Mécanicienne en confection en début de vie professionnelle, Nina a décidé de se consacrer aux autres il y a 17 ans en devenant aide médico-psychologique. Aujourd’hui, elle se sent prête à franchir une nouvelle étape.

Une « petite main » qui a tendu la sienne

Avec un bac Sciences et techniques et deux années de prépa, Jean-Jacques pense être suffi samment armé pour devenir ingénieur. La déception est grande lorsqu’il n’est pas admis aux concours et en particulier à celui de l’École des Mines de Douai. Il part au service militaire et, à son retour, accepte son premier emploi dans une grande entreprise aéronautique. Il est agent technique en intérim. En parallèle, il suit des cours du soir au CNAM1.

Le CIF lui est inconnuSon contrat devient au bout de 2 ans un CDI. Dans le cadre du plan de formation interne, il participe à une formation dans l’informatique. Co-inves-tissement déjà puisque il se forme également le samedi matin. Il obtient le DUT Informatique. Pour Jean-Jacques, c’est une première étape. Il

souhaite devenir ingénieur, l’exprime au Service des ressources humaines et est orienté vers le Fongecif. Il apprend alors l’existence du CIF et la possibilité d’obtention d’un fi nancement. Bonnes surprises !« Obtenir un financement du Fongecif, cela m’a permis de régler une bonne partie de ‘‘ la logistique ’’ dit- il. C’est important la logistique, c’est ce qui fait que ça va bien et qu’on a l’esprit libéré. » Financement du sa-laire, du coût de formation et d’une partie des frais de déplacement et d’hébergement. « Cela ne m’a pas paru trop compliqué. Faire le bon choix d’école, suivre les cours, préparer les examens et concours, organiser l’activité professionnelle. Il faut cependant être atten-tif à tout. Surtout que c’était pas tout près de chez moi et puis j’étais papa... » Jean-Jacques est marié et son projet de formation, c’est aussi un projet de

couple. Sa femme est infi rmière, avec des journées de 12 heures, et elle gère les aléas du quotidien. Après 25 ans, il déclare : « Ce diplôme, nous l’avons eu à deux  ». Alors, pour réussir un tel parcours, il est nécessaire selon Jean-Jacques de mélanger trois ingrédients indispensables et indissociables : projet partagé, motivation soutenue et conditions matérielles facilitées. C’est ce qu’il appelle «  la triangulaire de réussite ».

Aller toujours plus loinAprès l’obtention de son diplôme et du statut d’in-génieur, Jean-Jacques envisage d’évoluer soit en interne soit en externe. Sa hiérarchie ne le laisse pas partir et il devient cadre dans le Service qua-lité. Tout au long de sa carrière, il a su saisir les opportunités. Il a toujours eu le sentiment de pou-voir encore et toujours faire des choix. Il a changé plusieurs fois de poste, de service, a encadré de pe-tites équipes. Aujourd’hui, toujours dans la même entreprise, il va saisir une nouvelle perche.

1 Conservatoire National des Arts et Métiers

Jean-Jacques a 57 ans. Dès son début de carrière, il a pour objectif de devenir ingénieur et d’évoluer professionnellement. Il obtiendra ce titre par le biais de la formation et en s’appuyant, il y a plus de 25 ans, sur le Congé Individuel de Formation. Aujourd’hui, il regarde son parcours passé et à venir.

Jean-Jacques MOREAU57 ans - 27 200 VERNON

Agent technique CIF Ingénieur Mines d’Ales en 1987

DEVENU Ingénieur FONGECIF HAUTE-NORMANDIE

Catherine CHAMPAGNON 53 ansrue du Docteur Descos 01 370 MEILLONNAS • 04 74 22 16 91

Vendeuse en boutiqueFormation fi nancée par la Région Rhône-Alpes en 2011-2012

DEVENUE Repreneuse d’un atelier d’encadrement d’artFONGECIF RHÔNE-ALPES

MEILLONNAS (01)

VERNON (27)

23

INGÉNIEUR

Jean-Jacques

POITOU-CHARENTES

Quand la formation permet de changer de vie30 récits, 30 parcours professionnels et personnels22

Une redécouverte professionnelle qui impulse un élan personnel en sommeil. Un savoir-faire qui se révèle au-delà de la réalité quotidienne. Nathalie a été licenciée en 2011. Autodidacte, elle a valorisé ses 20 années d’expérience grâce à un accompagnement rassurant et dynamisant. Avec une VAE associée à des formations complémentaires, elle est aujourd’hui titulaire d’un master 1.

qui ai un parcours autodidacte. En fait, on fait sans savoir que l’on fait, et là on met le doigt dessus. » Un vrai enrichissement. Cette mise entre parenthèses lui permet de vivre sereinement, tant sur le plan professionnel que personnel, cette étape. « Tous mes collègues étaient dans le stress et l’angoisse. Moi, les 24 heures de pose réflexive me donnent un regard dif-férent par rapport à mon futur licenciement. Quelque chose me portait, je me sentais plus forte que mes col-lègues. De plus, la consultante qui me suivait, outre nos entretiens, a toujours été présente par téléphone et e-mail. Elle répondait à mes angoisses, réflexions, interrogations… »Les enquêtes sur le métier d’auxiliaire puéricul-trice lui révèlent que cette activité envisagée n’est pas réaliste. Filtre du concours, entrée en formation décalée dans le temps. Même si elle est très attirée par ce métier, ça ne va pas ! Nathalie a besoin d’un

ASSISTANTE ADMINISTRATIVENathalie

Nouvel élan après licenciement

TEYRAN (34)

Nathalie a travaillé pendant 20 ans dans une société de distribution de réactifs et de consom-mables de laboratoire. Secrétaire, assistante ad-ministrative des ventes, référente qualité avec la certifi cation « norme ISO 9001 », elle a constam-ment évolué. D’un niveau CAP–BEP Secrétaire-comptable au départ, elle est ravie de ses postes et de sa progression. Mais en juin 2011, la direc-tion annonce la fermeture défi nitive de la société, prévue pour janvier 2012.

Faire le point« Une amie me parle du Fongecif, que je contacte im-médiatement. J’obtiens rapidement un rendez-vous avec un conseiller. À cette rencontre, j’arrive pani-quée, déboussolée, perdue… L’échange se passe dans un climat sécurisant et positif. Il faut aller de l’avant. Nous mettons en place un bilan de compétences. L’idée première est de « poser mes valises » pour ré-fléchir à ce que je dois faire et où je dois aller. »Réactivité oblige, au mois d’août, le bilan de com-pétences débute. « J’ai pris un réel plaisir à me dé-couvrir professionnellement, à constater tout ce que je savais faire, les compétences que je possédais, moi

diplôme pour acquérir une meilleure em-ployabilité et pour sécuriser son parcours. Elle a l’expérience, un diplôme qui corres-pond, c’est donc la VAE qui est la voie toute choisie. Le BTS Assistant de gestion PME–PMI correspond à ses compétences. En septembre 2011, son dossier est recevable. En regardant de plus près les référentiels, un problème se pose : le domaine des res-sources humaines lui est inconnu. Nathalie décide donc de suivre une formation pour appréhender le sujet : « Pour cela, je mobilise mon DIF1, à raison de 2 jours par mois. J’anti-cipe le passage devant le jury et les questions sur les RH. C’est un domaine que je découvre et qui m’intéresse particulièrement. En paral-lèle, je poursuis la rédaction de ma VAE. Il n’y a toujours pas de temps à perdre. Et, cerise sur

le gâteau, grâce à l’Agefiph en qualité de tra-vailleur handicapé, je mets en place le Passe-port de compétences informatiques européen (PCIE) afin de me perfectionner sur Word, Excel, Powerpoint… »

Penser aux stagesNathalie a découvert les RH et souhaite en faire un point d’ancrage de son projet pro-fessionnel. Licenciée et demandeur d’em-ploi, elle sollicite Pôle emploi et Adecco pour un stage d’immersion. Ce stage de 6 semaines auprès d’une DRH augmente son désir de se diriger dans ce domaine. Une formation est indispensable. « Je décide donc de poursuive avec le master 1 RH en alter-nance au foyer d’accueil médicalisé de Cla-piers.  » Cette formation est fi nancée dans

le cadre de la CSP2 signée lors du licencie-ment économique.Le Fongecif a été présent pour le fi nance-ment d’un bilan, de la VAE et surtout par un indéfectible accompagnement : lieu d’écoute, de soutien, de relais, d’assistance positive et dynamique. Nathalie en a eu besoin. Le centre de bilan de compétences a joué un rôle essentiel : «  Des rencontres formidables qui m’ont permis d’atteindre le ni-veau bac + 5 en un an et demi ». Aujourd’hui, le master en poche, Nathalie recherche un emploi. Elle a déjà des contacts auprès de PME–PMI de la région auxquelles elle pourra apporter son potentiel et son œil aiguisé.

1 Droit Individuel à la Formation2 Convention de Sécurisation des Parcours

Nathalie MAS 45 ans 34 820 TEYRAN Bilan de compétences 2011-2012VAE BTS Assistant de gestion PME–PMI DIF en 2012 : modules RH et PCEI par Agefi ph

CSP en 2013 : master 1 RHDEVENUE Assistante administrativeFONGECIF LANGUEDOC-ROUSSILLON

Quand la formation permet de changer de vie30 récits, 30 parcours professionnels et personnels24 25

Le regard franc et le sourire chaleureux, Mehdi adopte dans les mots le même rythme que dans la vie : rapide, agile. Il vient de s’off rir un nouveau jeu vidéo et a encore en tête les images de son récent voyage au Japon. Pour lui, tout semble être une question d’opportunités et de hasards.En 2005, fraîchement diplômé d’un bac Com-merce, il est attiré par la communication. Il pos-tule en BTS mais son mauvais dossier scolaire de lycéen le poursuit. Peu enthousiaste à l’idée d’entrer à l’université, il va de petits boulots en petits boulots puis se spécialise dans les mis-sions de télé-conseiller. Toutefois, il se lasse des CDD à répétition. C’est une remarque de sa sœur, « Tiens, je te verrais bien moniteur auto-école », qui l’amène à s’intéresser à ce métier. Ni une, ni deux, Mehdi contacte un centre de formation préparant au BEPECASER1. Sur place, il expose sa situa-tion et l’école lui explique qu’il peut accéder au CIF-CDD. Il rencontre un conseiller au Fongecif Île-de-France dans la foulée et monte son dossier. Quatre mois plus tard, il démarre sa formation. Il se souvient avec nostalgie de ses camarades, et avec fi erté de sa réussite : « 18 à l’écrit, même moi j’étais étonné ! ».Juin 2009. Fidèle à son mode de vie, il prend d’abord deux semaines de vacances et recherche son premier emploi en prospectant directement les auto-écoles. Il restera quatre ans dans la pe-tite entreprise de Villeparisis : « Dans ce milieu-là, trouver du travail, c’est un détail, mais il faut chercher le bon patron, avec les bonnes conditions » précise-t-il avec sagesse. Il ne compte pas ses heures, réalise qu’avec son diplôme il ne maîtrise que « 20 % du métier ». Il s’investit dans ce rôle d’accompagnant, de formateur, où il exprime ses qualités de communicant. La routine ne s’installe pas grâce à la mention deux roues fi nancée par son employeur en 2012. Il varie ainsi les plaisirs en enseignant la conduite auto et moto. Stress et pression planent constamment mais la route de-vient son cinquième élément.

Bouger, rencontrer des personnalités hétéroclites, découvrir et aider son prochain. C’est le leitmotiv de Mehdi qui, à 22 ans, a décidé de changer de vie professionnelle. Digne représentant de la génération Y, il écoute ses envies autant que son environnement.

Chance et travailMehdi note dans un élan : « Quand on veut quelque chose, il faut s’en donner les moyens ! ». Il s’estime heureux de s’être engagé dans un métier en phase avec ses valeurs : aider, former, faire progresser l’autre. Le début d’année 2013 a vu l’activité dégringoler et la concurrence s’intensifi er. Il se résout alors à rompre son contrat de travail avec son premier patron. Maniant toujours l’art de rebondir, il intègre une auto-école du Val d’Eu-rope en août dernier. Il est aujourd’hui en pleine découverte : nouveaux lieux, clientèle plus ai-sée, souvent étrangère, ce qui n’est pas pour lui déplaire. Ce nouvel employeur lui donnera-t-il l’opportunité de créer une section moto ? Mehdi essaie déjà de le convaincre. Il imagine aussi sa vie future dans un autre pays et pourquoi pas, un autre métier.

1Brevet pour l’Exercice de la Profession d’Enseignant de la Conduite Automobile et de la SÉcurité Routière.

L’art de provoquer le hasard

Mehdi CHEKROUNI 27 ans77 181 [email protected]

Téléconseiller CIF-CDD 2008-2009

DEVENU Enseignant de la conduite routièreFONGECIF ÎLE-DE-FRANCE

Corinne revient sur le début de sa carrière avec enthousiasme : « J’ai commencé par être assistante maternelle pendant une dizaine d’années, ce qui m’a permis de m’occuper en même temps de mes enfants ». Ces derniers grandissent et elle ressent le besoin de travailler à l’extérieur. Elle se tourne alors vers l’intérim et enchaîne les missions pen-dant près de dix ans. « Il y avait toujours des rem-placements à faire, dans les écoles, les crèches, ou pour les cantines. Je pouvais aussi accompagner les enfants dans le bus. J’ai fait des choses très dif-férentes et il y avait toujours du travail pour moi ! » se souvient-elle.

Se diplômer par une VAECes diff érentes missions lui permettent d’ap-prendre très vite le métier en exerçant des activi-tés variées. Et puis, elle aspire à davantage de sta-bilité : « Je pouvais être appelée dans cinq écoles diff érentes sur la communauté de communes et je n’avais pas d’horaires fi xes connus à l’avance. J’ai donc voulu devenir ATSEM1 pour avoir les avan-tages d’un emploi plus régulier ». Mais Corinne se retrouve confrontée à un problème : pour passer le concours d’Agent Territorial Spécialisé des Écoles Maternelles, il lui faut le CAP Petite enfance. Elle prend des renseignements et réalise qu’elle pour-rait l’obtenir grâce à une Validation des Acquis de l’Expérience. Elle s’engage alors dans la démarche, aidée par un organisme qui l’accompagne dans la constitution de son dossier. Forte de son expé-rience, elle arrive confi ante à l’examen. « J’ai passé un entretien devant un jury de quatre personnes pour expliquer le travail, comment se passe l’ac-cueil des parents par exemple. Tout s’est très bien déroulé et j’ai décroché le CAP sans problème » sourit-elle.

Quand on demande à Corinne, 47 ans, ce qui l’intéresse dans son métier, la réponse fuse : « C’est le contact avec les enfants ! » Ces derniers ont toujours été au cœur de l’activité professionnelle de cette maman de trois enfants qui vit en Haute-Normandie.

Pendant près d’un an, elle se forme au métier d’AT-SEM mais échoue au concours fi nal. Cela n’entame pas sa volonté de s’occuper d’enfants et elle part travailler dans des centres de loisirs. Aujourd’hui, elle est animatrice et directrice de centre : « Je suis responsable d’une école de la communauté de communes. Je gère l’accueil périscolaire des enfants le matin, le soir, pour la cantine et le mer-credi après-midi ». Elle s’occupe entre autres d’or-ganiser toutes sortes d’activités et d’ateliers. Avec le recul, elle ne regrette rien de son parcours et explique : « Avec la réforme, j’aurais de toute façon été obligée d’avoir le CAP Petite enfance pour exercer mon métier actuel. Je suis contente de l’avoir obtenu à l’époque ! »

1 Agent Territorial Spécialisé des Écoles Maternelles

ADJOINT D’ANIMATION DANS

UN CENTRE DE LOISIRSCorinne

S’occuper des enfants à tout prix

BELLEVILLE-SUR-MER (76)

Corinne BOULINGUEZ 47 ans76 300 BELLEVILLE-SUR-MER

TechnicienVAE : CAP Petite enfance en 2004

DEVENU Adjoint d’animation dans un centre de loisirsFAF.TT

COURTRY (77)

Quand la formation permet de changer de vie30 récits, 30 parcours professionnels et personnels26 27

ENSEIGNANT DE LA

CONDUITE ROUTIÈREMehdi

VILLENEUVE (04)

Maryline DAUGE45 ans04 180 VILLENEUVE [email protected]

CaissièreCIF-CAP Conduite routière en 2010-2011

DEVENUE Chauffeur super lourdsFONGECIF PACA

Elle aime rire, et rit tout le temps. Résolument positive, Maryline fait partager sa joie de vivre et son humour. À 45 ans, cette mère de trois enfants a radicalement changé de vie.Depuis 2011 et suite à un CIF CAP Conduite rou-tière, elle est chauff eur super lourds dans les tra-vaux publics. Avant, elle était caissière dans la grande distribution. Elle aurait pu être employée de bureau ou aide-soignante mais c’était sans compter sur son caractère atypique. Consciemment ou non, adolescente, elle ne voulait déjà pas faire comme tout le monde. Elle aime être diff érente.Mordue d’engins de travaux publics et de moto, elle passe un titre professionnel de mécanicien moto. Bien que passionnée, elle n’exerce pas dans ce secteur : « Il y a 20 ans, les filles n’étaient pas bien vues dans ces formations. C’était bien trop dur  ». Alors, après avoir rencontré son compa-gnon, elle enchaîne les emplois saisonniers dans la grande distribution. Elle donne naissance à ses enfants et les choses auraient pu continuer ainsi.

Honte d’exercer son métier Nouvelle responsable avec qui le courant ne passe pas, conditions de travail si dures que Maryline est opérée d’une hernie discale, honte tenace qu’elle ressent en parlant de son métier de caissière. La responsable du magasin l’informe sur le Fongecif et les possibilités de reconversion. Elle rencontre alors une conseillère qui l’aide à construire son projet.

Une aventure familialeConduire des camions, c’est une idée qu’elle a depuis longtemps. Mais de là à la réaliser... Cela ne se fait pas sans mal. Mener de front une for-mation, l’apprentissage de la conduite et la vie de famille n’est pas facile tous les jours. «  Plus

Après un Congé Individuel de Formation, Maryline exerce un métier plus en adéquation avec ses valeurs et son tempérament : chauff eur super lourds. Elle assume complètement ce travail contrairement à son emploi précédent. Cette transformation, elle la doit à son énergie, à sa ténacité et aux encouragements de son entourage.

mon entourage m’encourageait, plus je m’accro-chais. Entre midi et deux je passais le code, et entre seize et dix-huit heures des heures supplémentaires de conduite » se souvient-elle. Le formateur de l’auto-école, à l’écoute de ses diffi cultés, lui pro-pose plus d’heures de conduite qu’aux autres sta-giaires.Aujourd’hui intérimaire, ses journées com-mencent tôt. Parfois, elle ne travaille pas et en profi te pour être plus disponible pour sa famille. Elle se sent autonome et indépendante. Ses collè-gues masculins ? Ils ne sont pas surpris et plutôt prévenants.C’est une aventure à plusieurs cette histoire-là. Son compagnon, d’abord un peu inquiet, l’a encouragée. Et c’est avec une note de satisfac-tion dans la voix que Maryline explique : « Mes enfants sont super fiers de leur mère. On faisait la course des notes et on travaillait ensemble le soir ». Si on l’interroge sur ses projets, Maryline affi rme vouloir progresser. Elle aimerait que la conduite d’un gros gabarit devienne naturelle. Et puis, elle ferait bien encore une formation !

Les a priori à rebrousse-poil

Quand la formation permet de changer de vie30 récits, 30 parcours professionnels et personnels28 29

CHAUFFEUR SUPER LOURDSMaryline

FORMATRICE D’ANGLAIS ET

D’ALLEMAND

Corinne

TECHNICIENNE

DE GESTION -

CONTRÔLE FINANCIER

Denise

disant : « Il y aussi bien ailleurs, et même mieux ».Depuis novembre 2011, Denise occupe un emploi de technicienne de gestion au centre nucléaire de production d’électricité de Nogent-sur-Seine. 700 personnes et jusqu’à 1400 lors des travaux de maintenance. Le lieu est grand, on se déplace par-fois en navettes et la sensibilité du site impose des accès très contrôlés. Indispensable selon Denise, le dispositif appelé « L’académie des métiers » qui lui a permis de comprendre le fonctionnement de l’entreprise. Il s’agit d’une présentation des dif-férents services par leur responsable auprès des nouveaux arrivants et cela pendant 3 mois. Au-jourd’hui, Denise passe des commandes, gère les dossiers des intérimaires, pointe les heures. Une nouvelle organisation se profi le dans son entre-prise. Patiente, elle espère accéder à un poste plus en adéquation avec son diplôme de comptabilité générale obtenu par le bais du CIF.

Faire des saisons… et des formations !

« J’ai accepté les aléas des vacations tout en jonglant avec l’éducation de mes trois enfants et les contraintes profes-sionnelles de mon mari. Je souhaite aujourd’hui ne pas perdre le bénéfice de ces années mais au contraire les valo-riser et m’ouvrir d’autres portes », explique Corinne. For-matrice dans de nombreux organismes, les vacations, elle connaît. En 1982, elle obtient le DEUG Lettres et civilisations étrangères, poursuit par une année de licence et enseigne l’anglais et l’allemand au collège. Quelques années plus tard, elle quitte l’Éducation nationale et la formation initiale pour s’engager dans la formation continue : d’autres publics, d’autres structures.

Sécuriser son parcoursAujourd’hui, ses enfants devenus étu-diants, elle retrouve une disponibilité. Corinne reprend les choses là où elle les a laissées mais d’une manière dif-férente. Grâce à une démarche Vali-dation des Acquis de l’Expérience, Corinne a validé un master Linguis-tique et didactique des langues – an-glais langue étrangère – à l’Université de Rennes. « J’ai même eu une mention bien  » sourit-elle. C’est une véritable reconnaissance de ses 30 années d’ex-périence professionnelle. C’est aussi une sécurisation de son parcours. L’obtention de ce diplôme est indis-pensable pour poursuivre son activité dans l’enseigne-ment : les nouveaux critères d’exigence de qualifi cation concernant la mastérisation des enseignants entrent en vigueur au 1er septembre 2015.Passionnée par la langue française, Corinne souhaite élargir son champ d’action professionnel. Actuelle-ment, elle forme à l’anglais et à l’allemand un public de jeunes et d’adultes français. Elle a aussi envie de transmettre son savoir à un autre public en enseignant le français à ceux pour qui ce n’est pas la langue mater-nelle. Elle se forme donc, suite à sa VAE, de manière à obtenir un diplôme d’aptitude à l’enseignement du Français Langue Étrangère. Pour cela, elle a mobilisé le dispositif Formation Hors Temps de Travail. Comme Corinne le résume justement : « C’est à mon tour de me former ».

Corinne, formatrice d’anglais et d’allemand, a décidé de faire reconnaître son expérience de 30 années dans le domaine de l’enseignement des langues. Elle souhaite aujourd’hui élargir ses horizons professionnels…

Former et se former

En 2011, Denise quitte la PME dans laquelle elle travaille depuis 14 ans. Elle vend sa maison et déménage d’un village sans commerces vers une petite ville de la région. Aujourd’hui, elle n’y voit que du mieux. Un regret cependant, celui d’avoir dû quitter la troupe de théâtre de Chavanges dans laquelle elle prenait plaisir à jouer des pièces comiques.

Rencontrer des professionnelsCes changements, elle y a réfl échi, notamment via le bilan de compétences réalisé en 2008. Ce dis-positif lui permet de se rassurer sur ses capacités et l’amène à méditer encore, pendant plus d’un an. Elle sait qu’elle doit s’éloigner de la compta-bilité mais n’a pas repéré de métier précis. Elle multiplie les rencontres avec des professionnels de la gestion, de la comptabilité et du contrôle fi nancier. Elle a du mal à mettre des mots sur son avenir professionnel mais, de fi l en aiguille, elle avance et détermine le métier qui lui permettra de s’épanouir : ce sera le contrôle de gestion. Entendre les personnes parler de leur métier lui donne les clés de son changement professionnel. Son projet doit passer par un Congé Individuel de Formation. En 2011, Denise obtient le diplôme de comptabilité générale. C’est un nouveau point de départ : « Maintenant que j’ai vu comment se pas-sait une formation, j’en redemande, même si j’ai vécu des périodes de doute pendant ce temps ». Elle incite même les gens autour d’elle à bouger, en leur

Le parcours professionnel de Denise peut sembler assez logique. Après avoir obtenu un BTS en comptabilité, elle est devenue comptable en PME. Maintenant, elle s’oriente vers le contrôle de gestion. Toutefois, la mise en place de son projet a pris du temps…

Des chiff res et du temps

L’histoire professionnelle du trentenaire Damien commence à l’automne 2003. De la fenêtre de sa fac de géographie, à Grenoble, il contemple les sommets fraîchement enneigés. «  Il était 10 heures. J’ai décidé d’arrêter la fac, d’aller suivre la formation de pisteur-secouriste ». C’est chose faite en avril 2004 grâce à un fi nancement octroyé par une mission locale. Il débute la saison au mois de décembre suivant à l’Alpe-d’Huez… qu’il rejoint, depuis, chaque hiver.Mais que fait-il en été ? « Quand on est saisonnier, il est normal d’avoir deux métiers. Mon père était char-pentier  ». Damien a passé son CAP Charpentier

puis son BP, fi nancement Pôle emploi à la clé.L’histoire a donc deux dynamiques, l’une hiver-nale, l’autre estivale. Chacune se nourrit de pratiques et de formations professionnelles. La stratégie est pertinente pour lui qui ne veut pas quitter la saison. « En décembre, j’ai envie de neige. En avril, j’ai envie d’autre chose. Être saisonnier ne signifie pas forcément être migrateur. Il est possible de s’épanouir avec deux métiers, une famille, une maison ».À condition de développer ses compétences. Ce qu’il fait en permanence, certain qu’avec un bon bagage, il est toujours possible de négocier un

meilleur salaire. Un certifi cat de déclenchement de tir, en 2006, sécurise sa saison hivernale et améliore sa paye dans sa société de remontées mécaniques. Une compétence de maître-chien, en 2013, également fi nancée par le plan de for-mation de son entreprise, s’inscrit dans la même logique.

Analyser le marchéMaintenir une telle situation nécessite de savoir analyser correctement le marché du travail. Puis de savoir user de toutes les opportunités de la for-mation continue. Il obtient donc, dans le cadre du CIF, un titre professionnel de conducteur routier marchandises sur porteur. « J’ai voulu, pour l’été 2012, entrer dans une entre-prise familiale et je n’ai pas trouvé. Avoir le permis poids lourds me permet de viser aussi des entreprises assurant elles-mêmes leur transport de bois. Et puis, si je dois arrêter la charpente, je pourrai me diriger vers une entreprise du BTP ! », récapitule Damien.C’est bien dans cette démarche de réfl exion glo-bale sur son employabilité, plus que dans une réaction immédiate à une diffi culté, que s’est ins-crit l’échange avec le Fongecif. Validation d’une perspective à long terme, défi nition du contenu d’une formation, choix d’un organisme de forma-tion… C’est sur tous les aspects de la concrétisa-tion du projet de Damien que le réseau Fongecif a mis en œuvre son expérience.

Depuis 2002, Damien est charpentier, couvreur, zingueur. Chaque hiver, depuis 2004, il est aussi pisteur-secouriste. Il doit travailler toute l’année pour vivre et a compris l’intérêt de se former et d’élargir ses compétences régulièrement.

Damien30 ans

Pisteur-secouriste et charpentierCIF-CDD en 2012 et titre professionnel Conducteur routier marchandises sur porteur

DEVENU Chauffeur decamions l’été

FONGECIF RHÔNE-ALPES

NOGENT-SUR-SEINE (10)

Corinne ROY 54 ans - 79 300 [email protected]

VAE et Formation Hors Temps de Travail en 2013

Formatrice d’anglais et d’allemandFONGECIF POITOU-CHARENTES

BRESSUIRE (79)

Denise DELOL45 ans - 7 avenue de la république 10 400 NOGENT-SUR-SEINE

Comptable en PMEBilan de compétences en 2008CIF-CDI en 2010-2011 Cycle DCG – IUT Troyes

DEVENUE Technicienne de gestion / contrôle fi nancier

FONGECIF CHAMPAGNE ARDENNE

Quand la formation permet de changer de vie30 récits, 30 parcours professionnels et personnels30 31

CHAUFFEUR DE

CAMIONS L’ÉTÉ

DamienRHÔNE-ALPES

Jean-Michel a 58 ans. Il travaille pour une clinique privée sur Nantes depuis près de 10 ans. Reconverti dans le secteur médical après 22 ans dans l’imprimerie, il regarde son parcours accidenté avec clairvoyance et bienveillance, et prouve que tout est encore possible pour les séniors.

Tenter l’aventure à l’étrangerAidé par l’ANPE, Jean-Michel se rend à des salons et identifi e un réel intérêt pour le métier de bou-langer. Il se présente aux sélections et intègre les Grands Moulins de Paris. Il prépare et obtient le CAP de boulangerie. Il décide alors de concilier vie professionnelle et vie de famille et part créer son ac-tivité au Pérou, pays d’origine de sa femme. « Je sais, c’est un peu fou… mais j’avais envie de tenter l’aventure autre part. C’était l’occasion de découvrir une autre culture, de mieux connaitre ma belle-famille  ». Trois années plus tard, Jean-Michel est contraint de reve-nir en France avec ses proches et sans un sou en poche. Il a dû gérer plusieurs challenges à la fois : lancer son activité, s’adapter aux besoins locaux, gérer des ouvriers. Il s’est très vite trouvé dans une situation fi nancière délicate.

Apprendre de ses erreursAprès quelques semaines chez ses parents, Jean-Michel et sa famille retrouvent un logement par l’intermédiaire des services sociaux. Il décroche des contrats ponctuels dans la boulangerie comme dans l’imprimerie. Sa femme saisit une opportunité d’aide médico-psychologique dans une maison de retraite spécialisée. Elle lui parle de ses patients et de la relation instaurée avec eux. Il écoute et s’intéresse, puis explore cette piste en contactant le Fongecif. Il se documente, échange avec des profes-sionnels et réalise une évaluation en milieu de travail. Il décide de devenir aide-soignant et sollicite un CIF-CDD pour réaliser son projet : « Je n’imagi-nais pas que cela était possible… à mon âge… préparer un concours, reprendre des études… »Fort de son diplôme d’aide-soignant, Jean-Michel trouve des postes dans diff érents établissements. Cela fait maintenant près de 10 ans qu’il tra-vaille au sein d’une clinique dans laquelle il a décroché un CDI. Depuis 2011, il est aux urgences avec une équipe de jeunes. C’est agréable, mais pas toujours facile. « Être sous la responsabilité d’un infirmier parfois beaucoup plus jeune demande de l’humilité. Il s’agit aussi de trouver les mots justes et de trouver sa position ».C’est une autre posture qu’il adopte en tant que jury VAE. Ce dispositif l’intéresse à la fois par sa fonc-tion de jury, mais aussi par l’aide qu’il peut appor-ter aux candidats dans la constitution de leur dos-sier. Pas étonnant, lui qui a vécu des expériences variées et formatrices.Lorsqu’il évoque son parcours, Jean-Michel dit qu’il aurait aimé éviter certaines erreurs tout en reconnaissant qu’elles ont probablement contribué à sa réussite. «  Avec du recul, il m’a fallu beaucoup d’expériences pour arriver à découvrir ce qui allait me plaire » confi e-t-il. Et puis, après un silence : « J’aime construire. Il faut reléguer ce qui est destructeur. Il faut savoir déconstruire pour reconstruire, donner un sens à sa vie. Les échecs n’existent pas. Il y a toujours une porte ouverte ».

AIDE-SOIGNANTJean-Michel Savoir rebondir

REZÉ (44)

Après avoir préparé un bac de technicien et un BTS dans une école d’art graphique, Jean-Michel travaille comme photograveur dans l’imprime-rie. «  Un métier agréable et bien payé. Je pensais que ça allait rouler comme cela jusqu’à la fin de ma carrière. Mais rien n’est acquis … ». À 45 ans, dans les années 2000, Jean-Michel est licencié. Il n’a pas pu s’adapter aux évolutions technologiques majeures. Il réalise alors quelques missions d’intérim dans la région parisienne. «  J’ai même travaillé de nuit et pris mon vélo pour aller là où le RER n’allait plus…» Jean-Michel se résigne, il doit changer de métier. « Je tournais en rond, je ressen-tais un mal-être. Je me sentais inutile. Il fallait que cela change. Je n’avais plus de travail, je n’avais plus de vision du monde » se souvient-il avec tristesse.

Jean-Michel LEMARIE58 ans44 400 REZÉ[email protected]

Photograveur dans l’imprimerieCIF-CDD Aide-soignant en 2006-2007

DEVENU Aide-soignantFONGECIF PAYS DE LA LOIRE

Quand la formation permet de changer de vie30 récits, 30 parcours professionnels et personnels32 33

COORDONNATRICE

EN GÉRONTOLOGIE

Sophie

«  Coudre, je n’étais pas faite pour cela  !  » Orien-tée vers un CAP–BEP Couture très jeune, Sophie cherche par tous les moyens à reprendre les études. Au cours d’un parcours chaotique, elle enchaîne les expériences professionnelles précaires et les périodes de chômage. Lors de contrats TUC1 et CES2 à l’hôpital, elle décide de s’orienter vers l’aide aux autres. « Je me suis dé-brouillée toute seule pour trouver des financements » précise-t-elle. À force de persévérance, elle réus-sit à intégrer une remise à niveau en terminale scientifi que. Elle poursuit par un BTS Économie sociale et familiale. « À cette époque, je manquais de confiance en moi. Je n’ai pas réussi pas à décrocher un emploi dans ce domaine.  » Elle s’investit alors comme aide-soignante à domicile. Elle repart en formation pour se diplômer et travaille dans une clinique en chirurgie pendant 9 ans.

Prendre confiance « Le CIF m’a sauvé la vie ! » Les conditions d’exer-cice du métier d’aide-soignante l’amènent à re-considérer son avenir professionnel, « J’y ai laissé ma santé  !  » Ses problèmes de dos deviennent invalidants, il faut très vite trouver une solution. Dans son établissement, il n’y pas de structure sociale qui accompagne les personnes hospitali-sées. Pourtant, il y a beaucoup à faire. Naturelle-ment, elle voit bien ce qui pourrait être proposé et cela conforte l’idée que l’issue, pour elle, est là. Elle choisit de devenir conseillère en économie sociale et familiale. En octobre 2006, elle conti-nue donc son cursus en intégrant la formation dans le cadre d’un CIF : « J’ai vécu cette formation

Son bureau se trouve tout à côté des urgences du centre hospitalier. Sophie est en ligne : elle rassure, écoute, dit qu’il y a des solutions et qu’on va y réfl échir ensemble… Elle qui n’a jamais aimé coudre, elle tisse tous les jours des solutions sur mesure pour le maintien à domicile des personnes âgées.

comme une continuité. Quelque chose de pas fini qu’il fallait que je termine ». Son diplôme obtenu, il faut encore du temps à Sophie pour trouver un poste à temps plein et qui réponde à ses aspi-rations professionnelles. Elle souhaite allier la santé et le social puisque telle est son expertise depuis plusieurs années.Cela fait presque 4 ans maintenant que Sophie est coordinatrice gérontologique. Elle a ajouté à son cursus de formation un DU en Gérontologie et Coordination de Réseaux et, bientôt, un diplôme de Gestionnaire de cas, la formation est inhérente au parcours de Sophie. La formation tout au long de la vie, elle connait Sophie : aujourd’hui, elle entame une démarche VAE pour devenir assis-tante sociale. Elle a besoin de sécuriser son par-cours, son poste est lié aux subventions et se précarise. Assurément, Sophie, cavalière pas-sionnée, sait se remettre en selle.

1 Travaux d’Utilité Collective2 Contrat emploi solidarité

Au fi l de la vieDepuis juillet 2013, Christophe et sa famille sont installés dans leur ferme, cœur d’une exploita-tion agricole biologique. L’itinéraire aura exigé « beaucoup d’énergie » et généré « beaucoup de plai-sir aussi  ». Ses premiers pas dans l’agriculture, comme saisonnier dans l’arboriculture, il les faits alors qu’il n’est encore qu’étudiant. Cinq années de contrats en intérim ont suivi. Et puis un CDI en tant qu’assistant logisticien dans le transport routier.Durant ces années, Christophe s’intéresse à l’agri-culture biologique. Séduit par les valeurs, il se do-cumente et s’investit dans une AMAP (Association pour le maintien d’une agriculture paysanne). Il a une certitude : il est possible de renouer avec une agriculture artisanale de qualité.Côté travail, rien ne va plus : surmenage, confl its... Un long arrêt maladie laisse mûrir un projet de reconversion en arboriculture. D’autant que des agriculteurs bios le lui confi rment : « Oui, on peut vivre de ce métier ». En 2009, Christophe prend sa décision. « Les vergers avaient été mon environne-ment, et mon expérience de saisonnier m’a aidé » se souvient-il. D’assistant logistique à arboriculteur bio, la marche, cependant, peut être haute. Un CIF lui permet de la franchir. Il part huit mois en formation pour obtenir le BPREA (Brevet profes-sionnel de responsable d’exploitation agricole). « La formation est un temps privilégié. Reprendre le rythme d’assistant logisticien a été difficile  », note aujourd’hui Christophe.

Savoir s’adapterPlus diffi cile encore : un grave accident de moto l’oblige à s’arrêter un an. Ainsi se clôt l’étape Transport de son parcours professionnel, une rupture conventionnelle venant acter, en 2011, son départ vers d’autres horizons.Rétabli, Christophe teste ses capacités physiques en retravaillant comme saisonnier. Puis il re-cherche activement une ferme. Sans succès. Il a un projet d’association avec un arboriculteur...

qui n’aboutit pas. Déception. «  Après l’accident, c’était un peu dur à avaler. Je me suis retrouvé sans emploi, et je n’avais plus aucune piste ».Il s’oriente alors vers le maraîchage, moins exi-geant en surface agricole que l’arboriculture. La SAFER1 lui propose une ferme. Faute de disposer d’un apport suffi sant, il se tourne vers Terre de Liens, association qui œuvre à la préservation, via l’achat, de terres agricoles. Acteur de son projet, Christophe en fait la promotion. Salons bios, radio, télévision, presse locale… 160 nou-veaux adhérents actionnaires de Terre de Liens permettent l’achat de la ferme. Christophe et sa famille sont locataires.Aujourd’hui, il cultive enfi n ses légumes bios. Les projets sont nombreux : planter des haies frui-tières, fournir des cantines, créer un magasin de vente directe, une ferme pédagogique…

1 Société d’aménagement foncier et d’établissement rural.

Christophe GAUDRY37 ans103 Avenue de la Libération 42 340 [email protected]

Assistant logistique de transportCIF en 2009

DEVENU MaraîcherFONGECIF RHÔNE-ALPES

Sophie BARBELENET43 ans21 800 [email protected]

Aide-soignanteCIF en 2006-2007

DEVENUE Coordonnatrice en gérontologieFONGECIF BOURGOGNE

QUETIGNY (21)

VEAUCHE (42)

D’abord assistant logisticien, aujourd’hui maraîcher bio, Christophe a franchi de nombreux obstacles pour réussir sa reconversion. Une formation d’exploitant agricole lui a donné une impulsion décisive.

MARAÎCHERChristophe

Du transport au maraîchage

Quand la formation permet de changer de vie30 récits, 30 parcours professionnels et personnels34 35

Quand la formation permet de changer de vie30 récits, 30 parcours professionnels et personnels36

30 récits, 30 parcoursprofessionnels et personnels

Quand la formation permet de changer de vie