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OFFICE DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE OUTRE-MER 47. bld des Invalides PARIS VIla COTE DE CLASSEMENT N° 3001 SOCIOLOGIE - ETHNOLOGIE N° 3002 RITES DE LA RECONSTRUCTION DU VILLAGE MNONG GAR (DLANG RNGOOL ET MI:IAAM Hm) par G. CONDOMINAS !nti.and Surv.

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OFFICE DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUEET TECHNIQUE OUTRE-MER

47. bld des InvalidesPARIS VIla

COTE DE CLASSEMENT N° 3001

SOCIOLOGIE - ETHNOLOGIE

N° 3002

RITES DE LA RECONSTRUCTION DU VILLAGE MNONG GAR (DLANG RNGOOL ET MI:IAAM Hm)

par

G. CONDOMINAS

!nti.and Surv.

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RITES DE LA RECONSTftUCTIOli DU VILLAGE r:NONG GAR-----------------------------------------------

(Dlang mool et mharon !!!h)

A l'Ouest de l'étroite bande cStière intensément mise envaleur par une popu~ation viêtnamienne de forte densité se dressel'abrupt de la Chaine Annamitiqua, imposant massif montagneux qui,par une série de plateaux/s'abaisse progressivement jusqu'à la val­lée du fleuve le plus puissant du Sud-Est Asion, le r-tékong. Oevaste territoire tout en montagnes et en plateaux couverts de forêtset de jungles est par contre très faiblement peuplé par une pous­sière de tribus qui constituent le stock humain culturellement leplus attardé de cette partir de Sud-Est Asien : les Proto-Indochi­nois, plus connus sous les dénominations très péjoratives de H21,~ ou PnOM dont les affubJ.ent leurs voisins viêtnamiens, laotienset cambodgiens. Au Viêtnmm Central on peut subdiviser en gros cestribus en trois groupes selon la famille linguistique à laquelleel.l.es appartiennent : au centre, les tribus dont les dialectes re­lèvent de la famille mal~o-po1yné8ienne (Rhadéa,~aral,etc••• ) etqui se sont inserrées dr.ns la masse des tribus de parler mSn-~rqu'elles ont ainsi séparées en deux parties ~ le groupe septentrio­nal avec les B~rs, Sedangs, etc••• , et 10 groupe méridional dontfont partie les Maa', les Srêe et les nombreux sousgroupes Hnong{I)C'est à ce dernier ensemble qu'appartiennent les Hnong Gar ou~Br3e ("les Hommes de la For3t") comme les appellent leurs prochesvoisins proto-indochinois.

1. Cf. le chapitre consacré aux tribus protoindochinoises dans notreEthnologie et Bibliog~aphie ethnologique de l'Indochine publié dansle Tome II de l'Ethnologie de l'Union Française par A.G. LEROI-GOUR­HAN et J.POIRIER avec la collaboration de A.G. HAUDHICOURT et G.COilDO:UNAS. Paris, Presses Universitaires de France, 1952.

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Le pays mnong gar est situé entre Dalat et Ban-I-1:~-Thuot

dans une région de fortes ondulations que traverse le Krong K~Ô1

e'le Fleuve HaJ.e"J.;qui/après sa fonc:tion avec le Krong Ana ("le fleuvEFem:e.œleU ) en pays bihforme la Brêpok, important affluent oriental duf4ékong. Une imposante chaîne de montagnes disposée en un grand arcNord-Est - b~d-Ouest l'isole des plateaux du Lang-Biang (où se trouveDalat) et de Djiring ; les chalnons mnong gar les plus septentrionauxbordent directement la plaine du Lac peuplée par les ~1nong Rlâm etles Dih.

Comme dans la très grande luajorité des tribus proto-indo­chtloises, 1 ' agriculture mnong gar est une agriculture itinérante surbrGlis selon la technique que les géographes français sont coutumede désigner du nom viêtnamien de r&y, technique extrêmement.r.épandu

~dans tOllS., les pays tropicaux (2). Eux-m3mes l'appellent ~: ondéfriche un la~ge pan de for~t au début da la saison seche, on laissela y~gétation ainsi abattue déssécher sur place, et peu de tempsavant l 'arrivée des premières pluies on met le feu aux abattis puâ.a,

on sème le paddy dans les poquets faits dans le sol enrichi de cen­dres ; la saison des pluies est occupée à protéger la plante en crois~

sance contre les animaux de la for3t et, par le sarclage, contre l'en·vahissement des mauvaises herbes ; après la moisson, le champ est 1

abandonné à la forêt qui reprend son domaine ravi une wUlée, parfoisdeux, par les hommea, L'année sUivante on "mange" un autre pan de fo­rat, le village défriche ainsi à tour de rÔle toutes les parties deson territoire en une vingtaine d'années ne laissant intacts que leshautes futaies, habitats des génies : on ne revient sur le m~me ter­rain que tous les dix ou vingt ans, tenps nécessaire pour que la vé­gétation arbustive ait eu le temps de repousser et de refùire le 601.

Cette manière de procéder fournit aux mnong leur seul mode d'étalon­nement du temps : on désigne chaque a~ée du nom de la for&t que levillage auro. "mangée" ; ainsi à Sa.r Luk l'année 1949 est dite l'annéeoù "nous avons mangt! la forêt de la Pierre-Génie Gao" du nom de laportio~,de territoire défrichée et mise en culture cette exmée-là(3);

,. -~·C'est pour cette raison que nous avons donné oe titre à la chronique ~eSar Luk dressée à la suite des observations que j'ai faites au cours el'&lllée agricole 1949. Cf. l'Introduction (p 7 - 11) de cet ouvr~e~iPa­raître prochainement aux Bditions du Meroure de France. Sur le~. ec queset rites agraires d'autres groupes proto-indochinois cf R.P. ~lML!~ 0 i

HRites agraires des R~a~\~ Bulletin de l'Ecole Fran aise d'Bxtreme- r entome IX (1909), p. 493-522 èt tome X 1910 p. 131-158.

t~~~MAURICE (Albert) - Trois fêtes ag1ra(i1r9~sl)Rhadé1~~ 207 avec~~e~ - Tome XLV rase, ~, p. . ~-

GUILLEHINET P1/ 207 - 212. .. t.~. \.)lIGictet...~:.1AURICE (Albert) et PROUX (Geor~es Harie) - L'Ame dU. Riz ,~} ~~ _ n.s. Tome XXIX nO 2 - '3 {2ème et '3 ème trimestres 1954~ p. 125 - 258 (1 ~4 pp.), fig 11 - 2'3 (photo, desgae /cartes) bibliog.

appe~dùe (textes rhadés).

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'('0.

L'organisation familiale mnog gar repose sur le clan oump60l : la résidence est matrilocale et la descendance matÙlinéairele mari vient norm&lement habiter dana le village de sa fe~Le, et lesenfants appartiennent au clan de la mère. Avant l'arrivée des Françaisl'organisation politique ne dépassait pas le cadre du village, parailleurs de petite dimension/et où les décisions n'ét~ient pas prisespar lm chef mais par le groupe d'où émergent les trois tthorIW.es sacrés"(~~) parfois renforcés d'un quatrième, chargés de l'exécutiondes rites intéressant toute la collectivité notamment les rites agrai­res et ceux de la reoonstruction du village. Dans ce dernier cas c'estplus spécialement "l'homme sacré dans le village" (~Weer.iQ.Q.m

bboon) qui joue le rÔle principal. ~n matière religieuse, le seuluspécialiste U véritable, l'intermédiaire entre les hoihmes et les nom­breux .g';nies -~ - qui 'peuplent la nature est le nJau ou chamune;c'estvà lui aussi qu'incombe la difficile-et fréquonte- entreprisede disputer aux sorciera les Ames des viv~~ts qu'ils s'apprAtent àdévorer.

** *

\

L,~·,.1,

Situé au bord du Daak Kroong - 10 fleuve - ou de l'un de :Jasaffluents, ou encore sur une hauteur à ~rox1mité d'une sourceflle vil­lage nll'lOng gar se présente comme un groupement do quelques lOIlgues mai­sons disposées en aligno~enta parallèles, orientées non pas selon unaxe Nord..;.Sud com:ne les maisons rhadées (4), mais en suivant en gros laconformation du terrain. L'habitation mnong gar est une lon.rue maisonabtrt~nt plusieurs foyers liés entre eux p~r la parenté ou l'amitié zles maisons mono-familialJs~~~~~;~~~lbscases de surveillancdes cultures isolées ahacune dans le champ q~elle domine et où l'onse réfugie en cas d'abandon du vallage pourraient à la ri§tle'~ répond~

à ce type- .La case .tt~ong gar nOTlIlale est une construction allongée qui'pout a~toindre 30 à 40 mbtres de long, bâtie à m~me le sol, un éno~e

toit de chaume aux extrémités arrondies la couvre entièrement, lesrebords du toit s'abaissant jusqu' à cin!~uunte cms du sol ne laissant

4) - cf. L. ;,;r...urice _AL'habitation rhadée - Rites et Technique~')- Bulletin de

l' Inetitut Indoch nois our l' }~tude de l'HO:!!P.le Tome IV (1942) t'asc 1 87-- voir la cur °e ae h page 88. • lJI. p.

Sur diffé!ents types d'habitation proto-indochinoises cf l'importante étudde P.HUARD et A. HAUlUCE.,tLes 1'1nonl$ du .Plateau central ü;doch1no1s (1 ère sé~rieVl ~; Tom~ 1, fasci. 1 (1939), p. 27-148.

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apercevoir que le pied~ mur, d'ailleurs bas (il n'atteint pas unmètre oinquante) et fait de claies de bambou tressé. En généraltoutes les cases du village présentant leurs ouvertures sur la m&mefaçade : oee portes sont basses, il faut se baisser pour pénétrer à

l'intérieur, bien qu'un arceau de rotin relév~ à cet endroit le pandu toit ; près des portes, tout contra le mur et donc abrités sous lerebord du toit on a installé les poulaillers, sortes de boltes oblon­gues en planches ou en varu~erie dans lesquelles on enferme la volailleà la tombée du jour. Dans les cours (~guung) que constituent lesespaces séparant chaque longue maison (~) ae dre3sent les porche­ries protégées par une palissade sérroe, des abris sur hauts pilotissemblables à ceux des champs et servant ici de remise ou d'abria pourles tisseuses, et un peu en bordure du village le parc à buffles. Maisce qui attire le regard du voyageur qui approche du villaBe mnogg cesont les longs poteaux et mâts de sacrifice qui s'élèvent gracieuse­ment au dessus des masses trapues des toits de chaume. Ces piècesdu déoor rituel sont ré~ervées exclusivement au Sacrifice par eXCel­lence, le sacrifice du buffle (5). De telles constructions signalentaux visiteurs III demeure ·d'un riche, d'un puissant (kuang): les deuxportes sont enrichies d'une avancée sur courts pilotis, à un mètredu rebord du toit se dressent un ou deux, selon le nombre de victimesimmolées, poteaux de sacrifice faits chacun d'un tronc épineux biendroit de bom~ au aom:nE.:t scuJ.pté et surmonté d'une longue tige debambou ornée de bras de palmes, d'effilochades de bambous, de pla­quettes de bois sonores. l'~esque au milieu de. la cour se dresse d'unseul jet d6passant parfois vingt mètres de haut un bambou géant dontle so~~et orné le plus souvent d'un grand oiseau sculpté domine deuxgrandes~ de palmes qui comme ceux des potea.ux de bomb~ sontégalement prolongés de jeux de plaquettes sonores sur lesquelles lamoindre brise vient composer un air. Ces mats m;J.enses (!!9:!!h~)

sont cependant ;IDoins résistants que les poteaux de bambaX. (ndah 'blaane;ils ~iennerit d~1fficilement plusieu.rs années aux forts orages de la

le décor rituel~F-~~51ff~~lE~~=~~~~~3~~~h::1.pitreaII, IV et VIII eL.-

~~)~~ l')'t~ ..

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saison des pluies, alors que les bombax rejettent de nouvelles bran­ches qui finissent par se débarasser du décor de bambou et de palme;chaque poteau en effet ayant sOlide~ent pis racine a repoussé en unarbre~ solide qui grandira d'année en année, témoignant du prestigede celui qui l'aura planté. C'est ainsi que en parcourant la forêt,

on reconna1t aisément un rhggol, un emplacement de village mnong g(~r,

au grand nombre de faux-*apokter plus ou moins alignés 'lui y ont re­poussé à la suite de sacrifices du buffle.

Nous avons dit plus haut ~ue ces 10n&)Uos maisons ou !QQiét~ient pluri-familiales : chaque toit abrite plusieurs h!h n~ oudemeures mises bout à bout. Celles-ci se composent d'un énorme greniermonté sur de hauts et forts pilotis et sous lequel se trouve le foyerfait de trois cylindres taillés dans de la terre de termitière, c'est

là que la ma1tresse de maison fait sa cuisine ; lorsque en plus ducouple et de ses enfants, la m nâm abrite le ménage d'une fillerécemment mariée (ou parfois d'un fils, ou d'une soeur, •• ) le greniersupporté par six piliers au lieu de quatre, abrité deux foyers en li­gne. Un bat flanc en bambou écrasé ou Wl ~k., court tout le long dumur du fond d'un bout à l'autre de la~, et tient ainsi le tiersde la largeur de la case. C'est sur ce bat-flanc tout contre le maurque s~nt align6es les jarres, à la foie monnaie principale de cetteéconomie de troc et biens dont le nombre et la valeur affirme la ri­chesse de leur propriétaireic'est dans ces jarres que l'on préparela bière-de-riz (rn5Bm), la boisson alcoolisée spécifique des Proto­indochinois que l'on ~oit à l'aide d'un chalumoau (6); au-dessus desgrandes jarres suspendues en un ou deux aligne~ents superposés d'au­tres jarres plus petites et sans col, les~ dâm : elles servent aumême usage mais sont de beaucpup plus faible valeur.

~,~""4.(fMe-Entre les deux greniers~ des deux h!!!. nâm voisi-

nes un grand espace libre communiquant avec l'extérieur par une porte

~) Cf. G. CONDOHINAS - Nous avons manué la forêt •••• p. 26 ":l.-7Jet "Notes sur le

~âm bSh mae baa . a Rüen/'change de sacrifices ent/e un enfant et ses père etmère (l{nong Rlâm "Archives Intûrnationales d'Ethnosraphie {~eyde),Vol. XLVII,n 0 2, 1955, p. 134, note 4.

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~~u centre de la façade oPr-oséc au bat-flanc ; 1e~ ou salle den hôtee1

partagé en une li~e idéale entre les deux dàmaures voisines qu'en de-i J

hors des deux colonnes centrales de soutene~ent du toit aucun signe• 1· àmateriel ne vient 1ndiquer. C'est l que viennent s'installer les

étran6ers què l'on reçoit et qu'on fait asseoir Slœ le bât-flanc dufond ; il serait in,écent de leur part de~ndre dans le ~, la par­tie de l'ap~artement où se dresse le grenier et dont la portion debat-flanc qui s'y t~uve sert de couches aux membres de la fami11e et

~de remise pour les hottais, les marmites et aussi les grnnds silos à!

grains où l'on garde les nemences pour lu prochaine saison. Le grenier1

de la troisième hih;'. est acco1é dos-à-dos à oelui de la deuxième ; l• 1

à hauteur deleurs d13r:niera piliers qui se touchent presque tAne porteintime commune aux deux foyers et interdite aux étrangers. Puis on re­trouve une autre salle d.ea hÔtes, avec sc-\, port.; au centre dumur de fa­

~ade-eelle du troisième et du quatrième foye~ puis le quatrième gre­nier etc•••

Les plus importantes, lon~ues maisons que j'aie rencontrées E:

en pays mnong gar comprenaient cinq!Y:h.!!!! ; elles sont loin d'atteindre les tailles considérables que l'on trouve par exemple chez lesrihadés, je penae que en plus de la plus forte cohésion de l'organisa-

""-tion cla~ique qui existe chez ceux-ci, on doit tenir compte de l'as-peot du terrain rarement plan en pays gar, et la ,:.a1son construitesur sol battu est au point de vue de la plan1~ude plus exigeante quecelle bâtie sur Pilotis(oe qui est de cas de la waison rhadée).

* *

1

bis7 -1

De même que l'on peut opposer la ~ixité des rizières viet­namientles (ou dea champs européens) à l' i tinérunce des cultures surbrt1lis des pl~oto-indochinois, de m~l·e à cette même .fix1té de l' hab!tatvietnamien (ou européen) on pout comparer la tràs grande mobilité duviLlage "montllclnardu. Co:ne pour lea cultures cette mobilité n'est pasinfinie, elle évo1ue ~ l'intérieur do certaines limites: celles for­mées par lGS frontières du. territoire spparten;,l,ut au village. S1 l'ampleur des constructions écaete l'idée <l'un rapprochement avec les cam,-

__ pej:~ents de nO:nade_s_ sulv8stres, 11 n'en reste Das SQins Que cette forme---- --- .------

. ~cf. HUARD (p) en l~AUHICE (A) - Las I~ong du Plateau Central Indochinois( 1~re série}') Bulletin de l ' Institut Indochinais-pOllr. l'Etude de l'Hommetome II, fas. 1, {1939~ fig. 8, p. 41" (carte du bas) ------

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d' habitnt ae.:ni:'nomade .~e situe à mi-chemin entre celui-ci (dont onpeut voir dea 1'estlges déjà si évol.ués dans 10 !!ml m!!!:, l'abrichamp8tre) et l'habitat fixé dé:flnitive;nlltnt du type vi8tnamlen.

, Quellell sont les raisons qui PQuvont présider au déplace­ment d ''lUlV111a.ge~ D'abord la mobilité des cul.turea : changeant cha­que ann6e de ":ror3;; à. manger" on a13lo1gne progressivement du villageet 11 arrive que la dL1tance qui aép:l.ro celui-ci des cultures atteigni

plusieurs kilomàtreo obligeant les habitrolts à de longs va-et-viel~

arISant un aurero1t de fatigue lors de tr,l;.vaux pénibles comme ceux dudétriche::,ent, ou accroissant 10 travail lui-même com e par exemple

~or3 de 10 moi38on où chacun doit procéder à la rentrée de sa récoltE

:0. dos d'hoJLIe (~). Il dovient alors moins pénible de profiter d'unepériode creuso pou~ reconstruire le vill~ge auprès des ~uturea cUl­

tures que d'effeotuer o~s allées et ven~s oontinuelles de plusieurski10mètres pel.dant les I,\1ois do durs travaux agricoles.

f1aifil, m~~ile ho _l'heure actuelle les caUSGS de deplliCEl-:lCmts

des villagos les plus !t.équentes sont ~es épidémies; des raisons pluspurement mystiques, s11.' 011 peut dire'. 8' imposaieùt uutrofo1a avec

plus de t'oree q,u' uujourd.' hui (S>. Ih.is que ule Ciel frappe" (Tr8ok

!lli!), qu'une épidémie aVabatte sur ~e village, dès qu'elle a tuétrois ou quatre personnes. les habj"tante quittent leurs 10n!tUes é­.§.2!!!! et se réfUGient dans lours ab:r.1s individuols dea ohampa ou siceux-ai ne ,30nt pas encore oonstr~ta, dresaent à proximité de leurs

prochaines cultures ou à. quoJ.que d~stance du villf..gs, un village tem­poraire fait d'habitations basses ;.Jans hautes colonr..ee do soutenner:Jentabris sur sol battu (~) (co~e 11 en existe dans los champs doublant

ceux sur haut pilotis)' ou élongation de ceux-ci jusq~'à remplir le rÔ­

le de longues maisons pluri-fa.;nl1~esnon p1us .!:2Q.!, mais raaal ouroBn selon aes dimenst10n0., ~~- . , (~)

Toute la communauté vit'idans le village temporaire pendantquelques mois au cours desquels on tl,ura eu 10 tQ;JpS da discuter surles m.érites rospec·1fa des diffJ.t'enta rMool ou rhaang (eoplacements

,; - Sur le caraotère de ce travail voir Nouf.:J avons mnn!;é la f,or&t •••• , chapitreXj __ come par exemple la souillure d'un oUiJJide,~ - p. 1 \7

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LtE9). Cette

qu~te

de ytllage) : la qualité la p~us appréoiée d"~ ~ool est aa si­tuation à proximité des oultw~as J mais aujourd'hui l'accord del'Administration entre en jeu, On parle aussi de la période où ons'attaquera à. la reconstruotion 1 on choisit oelle où les travauxagricoles moins pressant lo.isE:ent quelques répita, c'est en g6nél'all'époque du second sarclage (ç~1tombe à peu près aux mois d'Ao~t~

Septembre) qui èonv1ent le mieux : le premier oarolage plua as..trei~~t que le second a victorieusement débarassé la plante dudanger d'étouffement par les mauvaises herbes ; d'autra part lepaddy n'étant pas encore en grains, les enfanta suffisent encoreà la surveillance des champs contre les b~tea, les oiseaux aur~

tout; enfin lea pluies tombent moins abondamment e:b il arrive m~me

qu'on bénéfioie au cours de ce~;e période de quelques be~ jO~_Ir

Cette dernière raison n'est d'ailleurs pas dominante car il suffi-rait-d'atteindre le début de la saison sèche, mais la moisson se­rait alors rentrée et il faudrait la transporter une deuxième fois;alors qu'en bâtissant pendant le second sarclùge on pourra rentrerdirecte~ent la récolte dans les greniers du nouveau village.

C'est alors 'lue l'''homme sacré dans le village" (~~ tëom bboo~) ou In2h va jouer le rale principal. C'est luiqui fixe la date où l'on ira "voir l'emplacement du village"(dlang rngool) et le jour venu servira de guide r1.tuel. Le matindu jour fixé il conduit le groupe des "houes sacrés" et le chefd'autres foyers; des jeunes gents portent un tambour, d'autresune petite jarre sans co~ontenant de la biàre de riz, des réci-

pients pour la c.orvée d "eau, des cors, un grv3. pied de "plante

magique de Frai.cheur" (.man~) dét~~tin~tme sur le rugoolabandonné t là où il avait été planté l'~~cédent~,••••L'homme sacré ouvre la marche ; il arrache la première feuille derkÔong - un arbuste à feuilles alternes rencontrée et souffla des­sus en demandant au chevreuil de no pas br~er et à tout autre in­dice néfaste de ne pas se manifester ce qui obligerait de rebrous­ser chemin et retarderait l'exécution de la cérémonie QO).

incantation de m1-ie de routa est la m~me quo celle prononcée pour lade bambou géant Mous avons mangé la for3~~' p. 44

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Lorsque le groupe arrive surl'emplace~ent du village ohoisi,le.E!2h dégage au coupe-coupe un. petit espace de un à deuxmètres carrés, on y dépose la petite jarre et les jeunes gensinstallent le tambour à proximité suspendu sur une traversepos~e sur deux piquets de bambou. On prélève un peu de mo~t de

bière dano le fond de la jarre avant de la bourrer de feuilla­

ges ou d'herbes à paillote et de la remplir d'eau. Le~

coupe un tuoeTcule de la plante magique, la passe à un autre-ftEho;nme sac.cé qui le tailla e~l1ndres ou un seuJ. dans c er­tains villages, fend ceux-ci en deux parties égales et les

donne à l'autre homme sacr~ ; ca dernier les do~~e à l'assis­tant des croo wear qui 103 rend au~• .L'un. des hommes sacréeégoege au couteau la po~le au-dessus du moat de bière qui ainsis'imprègne du sang da la viotime, et tend le chalumeau à boire

au rnoh, "l'hol1J,;.je sacré dans le village". Au moment ou celui-cL-plante le ohalu,neau dans la jarre, deux jeunes gens qui, munischacun d'une pah."e de cJaillets, se sont installés de cha.que c6té dy. tambour suspendu, le font r6son:n.er d'un double roulement

synoopé pendant qu'un rratre les accompa&~e des trilles stri­

dentes de son cor taillé dans une corne do buffle (1t). Ceconcert étourdisfJant couver la voix de "l'homme l'Jaoré dans levillageU qui tou1i en plantant le chalumeau récité dos formules

de voeux veraifiÉ'ea (!'.~.Q) dei!1Dndant sant~ et prospérité pourtous sur le nouve'l emplacement puis sans s' interrompre en­

cha1ne SUl" la IIg~néalO€ie1f (!19.2..1~ ·JF.tJ)des me.1tres des m.r.çoolqui l'ont précédc dans cette fonctio La consécration de lajarre se poursUit ...;ar l'onction au s':'.ng dea plantes magiques

de fra1cheur (mb.!!!!m gun lJf.) (M'<"): .-""--_._--.........--~

La dcscr~ion faite ici du dlaug ri~ool correspond à la théorie nmong gar decette cérémonie~on m'a dit notammen qu'on "frappait le tambour et soufflaitdans les ,cors" en for~t "comme pour l'incendie de la forêt défrichée" Jvoy:'~la descriWon de cette cérémon.ie dans "UOUEI avonë3-9ill..1sé !a t'or3t ... Il "p.Y...4Dans les réalisations auxquelles j'ai asaistê auoun concert nia accompagnéle rite. Ce fut le ca.'3 notanur.e::lt à Pa,ang Dong où los photographies qui i1­1ustrent cet article ont été p:rises t le 24 aoilt 1949 sur l'emplacement dit"dans les bombax" (rbgool t8tSm blan.ne) protpriéttS du cl<m. Rtung• .Les deuxdernières illustrations on't"é'tti prises lors du mha!f§ h!!! (onotion au sangdes demeures) de ce m3me v111~!e, le 28 septembre 49.

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tous les homLes sacrés - et non plus le seul rnoh - prennent unepincé~ de moftt de bière ensanglànt~ et L'appliquent ensemble surle pied de la plante magi~ue, les morceaux de tubercule taillés,100 divers ingrodienta. Faisant cela ils renouvellent les formulesde voeux r'::citées précedem:~ent. Enfin le croo~ 1§!!m bboonseacoroupit devant la petite jarre sans 001 et aspira à l'extr~­

mi~~ libre du oh?lumeau : étant mattre de céans il boit en premier.Un jeune ho~ùe en face de lui veille à co que le plun de l'eau soittouiou~1a au niveau de laltboucheudu récipient. Lorsque le serveuraura ainsi versé deux fois le contenu du tube de bambou pyrogravéutilisé coa~e moeure, le. rnoh cèdera sa place à un autre "hommeaacr6 tt

• PerJ.dant que boit ce dernior, le mattre des emplacements devillage "consulte (les génies) à l'aide de la plante magique deFraN:cheur" (poo~ filBl1!).

Ce procédé divinatoire est on fait comme la majorité despool (11) plutSt qu'un moyen de conna1tre l'avenir, un procédé pour

1 ~~~~obtenir~ agrément sur le choL~ opéré, on ne se fie pas à la dé-oiGion des "dés", mais on ne s'arrête que lorsqu'ils se sontmontr~E;

favorables, on leur arrache presquo leur conselltemont. En effet pre~

mnt uno paire do deux cylin.dres, le ~!!2!! récite ses formules devoeux et la liste de aes prédece3seurs puis laiDse tomber les deuxmoitiés oblongues, si elles tombent parallèlement l'une à l'autre,la plus proche du connultant présentant son p~an de coupure, et laplus éloignée reposant au contraire our oelui-c! : oela. signifie­que les cnc~t.t'es et lEIS divin!t~s ont agréé le choix des hozn;:aes.~iinon il renouvelle Bon "pile ou fa.oe" juaqu' à obtenir satisfactionet s'il échoue, 11 pa::lse des "dés" à un autre 1'hom;ae sacré" ainsi deauite. Et après la pa:l.l'e lcmgv.e (les "lnâles1t

) on procède à la mêoeconsultation avec la :.ç,lus j?ctita (1e3 nfamel1es"h dana de nombrouxvillagea on n'o:çère 'lu.'avec un seul c't1indre de plan;;e magique. Laconsultation peut durer aosez longtemps 1 ce qui permet à chaque membre de l'assistance de siroter ses deux mesures de bière-de-riz auchalumeau de la petite jarre s~s col.

Lorsque les auspices se O()fl~ ~fi'Wntr&e favorables le ma1~

tre des rugool de~ande à chacun de~ l'endroit où 11 peut consCf R~avo~laforêt •••••• , les pages citées au mot Divination deùe lflIndex ~~'~

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- 11 --construire sa nouvolle domeuro. Puls revient l)'nccroup1~ auprès dela potite jarre et l' endro1t UnL:!6 où quelqucs 1nst[i1'~ta e.u,pùravanton jetaj.t los dés, et entorra les divers 1lJl~r6dlenta et objets ma­giques apportds : une p3ire de tenailloG, de3 petits coquillagesJUOE m3em, une feuillo de rk80M ; ot surtout planta le pied do~~ enrepousaant proté6ora 10 nouvoau villaee do sa présenceb6üt:l1qua,. aorte de lien vivaoa eutre 100 divera o:nplnce. enta surlesquels cette coromunuuto sCr:11-no;,a::.de vivra. Buooe.JêÜVQJlent cu 10ns

du déroule:.ent du. te;:nps.

un joune homme a apportâ quelquos tlgao do bambou dle1qu'il a d~b1té en bntonnota que le~ en~9~~O autour de la plantemagique pour 1a protégor contra les aniü~~~; quelques bâ.tonnetsDont oft1l6a en mincea baguettes au bout deoquals on pique des pe­tits bouts do ~ g 1 tll'ho.me eucrJ dans 10 V111f.,ge tl plante cesbaguettes aur .l'emplacc;;i.ent do oha,.:tue h1b~, l raison do unebaguette (mong fl'Un !!!) par deL'!leuro, en réeltant à. ohn'lUO ;foia ~a

m!:ml;) fOl'nulc de voeux{f~' F)La cér";t:lon1e 6at tori.'llnéa et chucun re.rJ.tre chez aoi. La

nu:tt qui Buit est importante, on effet ni ~e m9h fuit un r~vo néfas­te, il faudra ohoisir un autro !:P:lI\)oJ. et y effeci...uer le mt?ma riteen le simplifiant co~endant. 81 o'ecit un autre habitant, celui-cichaJ:lscra 1::. place do sn ca.se ; les rêves des fe::rl!J.oa n'ont aucuneimportance cur 01133 no sont pas char~ées du d6friche~ent.

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l)ba le lande.ûain on com~donce le tr....vai1. dt) .ro\'3onstructlon:lua ho:m:.es p~rtols aidô3 dua fOl:lL1oS :f'aucllent au coupe-coupe l'empl.a­ce:ni:nt recouvart d' horbes hau.tes, 1311 dehors des bombax et de quelquo1

arbr~s fruitiers auxquels on ne tou.che pas , il Y a peu do plantesarbustivos sur los rns~oo~ qui ont déjà. auml des ~~1l6rat1ons serviplusieurs fois do torre-plein d'habitation. On y paaso un~ journdc.Los deux journées nuivantea sont occupt1oa à sZ.ll·clo!'~nvcc lCD herminet

tes et !l rât1sser pour égaliser la surface du aolt3·On taille onsuitEl

et on plûI~to les piquots verticaux des murs, on y attache avec deslions de rotin les l.on.suoQ barra3 do b8tlbou horizontales. puis on y

fixOfes olaios de bambou traJs6 en In1a~ant l1bro la plcoo dos r~

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D'autres journses encore pour le creusement des trvus dtimplantation des colonnes dont le~ plus'soiglléos et les plUB grosses serviront de piliers de granlora ; la confection des ferllies du toitelLti.èrem~~~ r;} ~5~b(jufl~ et ngor liés par du ro-tin exi.ge letemps J.~lû§ long~ra.nsport deo j&rre~.t du mobili~rldu. Jl8ddyen grange, le montage de l~ charpente, la couverture du toit en

. (·~~\O)panneaux d'herbes à pailloté,' la réfaction du bat-flrolc dgmanden'égale~ent plusieurs journées. En fait on na renouvelle qu'unepartie dea matériaux utilisés, on r6cupère tous ceux de l'an­o1enne Llaiaon qui sont encore utllis<J.blcs (13) ; la plupart desfoyers groupas en une lonl~e maison associent leurs efforts enéquipes : la plus t,r&nde l1artie du travail est en effet exécutéepar les hommes auxquels les femmes prêtent la main de temps ente.npa SeuleJlent et 10 travail on équipe, outre q~~' il rend l'exé­cution de la tâche plus asr6able, permat d'aller plus vite. Endehors de la construction des demeuros ellas-m~me8, il faut dé­fricher les co~rB (l!ng guups) et un vaste espace autour du vil­lage (~~) - mesur~ de précaution oontre les incursionsdu tigre -; construi~o les p~heriea, divers abris, etc ••••En général, la reconstruo~ion du villago eot achavée en UXletrentaine de journées.

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Lorsq,u'enfin toutes les maisono du village sont term1~

nées, on procède au erand rite de leur inauguration, "l'onctionau sang de:~ de:r.eures n (r-Ihaam h1h), qui comrr..t:J les rites agrairesGat un rlte collectif à exécu~ions individuellea suooeasives(1~)

1~ - Toua les matériaux utilisés sont d'origine végétal~. Pour la déterminationde ceux-ci et des différentes 1-'lantes cités dans cet article cf. ".Premièrecontribution à ltethnobotanique indoohinoise. Es~ai dtethnobotanique mnonggar (froto-indoohinois du Viêt-Nam)" par G.Cm·dJOLIHAS et A.G.HAUDRICOURTRevue Interna.tiouale de Botanigue atJ pli9,.uée et d' Agl'iclllture tropicale 1

,2éme année, janvier février 1952,N°551-~p.1~-27,mars-avril 1952,nO}53-4. p.168-160.

\~ - 0f. d8ns S Nous avons ID é la forêt ••• la rubrique -liites agraire8~ del'Index ; de m me pour 1 e:nploi de9 mêmes herbes rituelles àe ra-")rter . l j'Index dea plantes" du même ouvX'~ge sous le nom cle chac1.IDe d'elles

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Comme pour eUx chaque foyer execute à tour de rôle un sacrificeaccompagné d'une jarre d'alcool, les officiants étant le groupedes "hom1D.as sacrés". La première h!h nb à effectuer le rite estcelle du .f!!2h lui-m8me, une jarre est mise en bonde et un pouletégorgé au-dessus d'un bol mnong contenant du moftt de bière pré­levé de la jarl'e offerto. :fUis les quatre hommes {auxquels ilfaut ajouter dans les autres maiaonnéqs, le maltre de ceans, oi­gnent de mo'1lt de bi~re imbibé~ de sang les diffôrel.l.teo plantesdéposées au pied de la, jarre "plante magique de Fraîcheur" ou

~ l.!. , Curcuma sp•• fiC orne blanche" (Eleuaine iE-dica L~)J " os

de caiJ.letl(~ carp;Ln1folia L,,), "pae iroo (AlOcaGj:§ ?) pendant

'lue ], 'un des .9!.Q.Q. Weer 'plante le chalumeau dans 10. jarre. Un

autr~ pr~nd le bo~ mnong et Be tenant debout devant le donlierpilier du grenier (celui qui so trouve en face de la "porte

ititè~en) qu'il oint d'une pincée d'ingrédient rituel, invoqQ6.. les Génies en une longue prière psalmodiée: 1#. c'est l '41ppel des.Génies au ventre du Paddy" (khual ya.rmg~ Baa) Pendant ce.. temps l'un des officiants creuse au. pied du m~me pilier un troudans leq.uel il enterre le tubercule de ~ lk et plante les herbeirituelles qu'on a oint de aa.ng au début de 18. cérémonie, il ter­mine e\hles Çl.rrosant avec ~'ea.u d'une calebasse qu'on abandoIUle

\I:tk 11.-'sur pl e. En dehors de celui qui prie au ventre du Paddy psal-modiant une lOll8'Ue invocation aux Génies (kh\1al ~an~ chacun desautres officiants acoompaene le geste rituel qu'il exécute d'unerécitation de formules versifiées de voeux (~) dont le thèmereste identique: utin:stallant sur ce nouveau ]'ngool que l'onobtienne santé, prospGrité, abondance de paddy, de jarres, de bu­ffles, que le malheur et les ~aladies ~télolgnent, etc••• C'estégalement une série de formulas idel~iques que récite le ma1trede céano qui, ~r<.mt pris le bol mnong rendu par celui qui priait.circule dans sa h1h nâm pour oindra de moftt de bière imbibé de

sang chacune do 3CS jarre~k tpor e de son grenier h

Bon mobilier; oonsacrant in ' ses ottea,a s1 tous les biens 'il

mOJ;!lent où comme ] U1 11. 1 qu possède au. s naugurent la ncuvelle de~eure.

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~li3 on boit à la jarre. Le voi~in du!nQh ayant préparéson sacrifice invite le groupe des "hommes sacrés" à. venir officierchez lui. Le I:l~me rite so déroule ainsi d'une .h1J! pâm à l'autre, quonitoutes collos d'une même lonp'ua lnatson ont été ainsi conoacr~s, onpasse à la 1:Q.Q..! suivante, etc•••• cependant dans chaque demeure les

ho~~es sacrés changent de rale, ce n'est jamais le même qui fait

l,nappal des gen1es au ventre du Paddy" par exemple: chacun éxécutecatte phase cttuelle à tour de rôle e't son tour revient mu bout detrois ou quatre foyers visités, selon que l'assistant des hommes sa­crés p~rticipe ou non à la c6rémonie.

Il faut blen ~eux bonnes journées pour consacr~r successi­ve'j,ont toutes les hih nam du villa.ge ai Dl1U que celui-ci soit d'unetaille respectable. Deux journées de f6te aux cours desquelles on

boit beaucoup, occas~ion égale~ent de se nourrir de viande, car endehors des sacrifices on ne peut iO::loler des animaux, et le.~ garsont 1J8.r ailleurs deJ l,Jiètres fJr.UBseurs. Le nouveau vi11ace e~'lt

consacré Belon le B riten, l' emplllce;:;lent choisi U été a~réé par lesgélliE:B que l'on 8' 03't rondus favorables par des sacrifices. lIa commu­nauté va reprendre sur ce rlDRool son train de vie tou'jours le mCrœ

nu xxx rythme des travaux agricoles ponctués par la m~me succeS3ionde rites agraires qui marque le déroule,D.ont des années. S1 tout va

bian on restera sur le même emplacclnant le teL1ps da "manger" six ousept forêts, puis soit que le déplacement annu21 des cultures éloi­gnent de trop celles-ci du village soit surtout qu'une dure épidémiefrappe quelques habit~~ts, on abandonnera ce rhgool ~our ~llor unenouvelle fois reconstruire le vil~age sur un aùtre e.mplaceuent que,après a-voir obtenu l'agrément des géllies, on consacrera par dos sa­crifices identi~uea•

Georges CONDŒUNAS,

Ethnologue à l'O.R.J.T.O.M.,Membre correspondant de l'B.F.E.O.

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Condominas Georges (1956)

Rites de la reconstruction du village Mnong Gar (Dlang rngool

et mhaam hih)

Paris : ORSTOM, 14 p. multigr.