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(c) LES EDITIONS DE L’AVENIR S.A. CE JOURNAL EST PROTEGE PAR LE DROIT D’AUTEUR. LA REPRODUCTION DE TOUT ELEMENT (TEXTE, PHOTO, INFOGRAPHIE), PAR QUELQUE MOYEN QUE CE SOIT, EST SOUMISE A AUTORISATION. TEL : +32 81/248.801 FAX : +32 81/222.840 L L ’étrange destin ’étrange destin du prince héritier Supplément au journal du 14 avril 2010 50 e ANNIVERSAIRE DU PRINCE PHILIPPE

50 ANNIVERSAIRE DU PRINCE PHILIPPE L’’étrange … · droit et sincère avant d’être un ... veut tout savoir, tout étudier. Il se donne un mal fou. Il se dé- ... 6 ans en

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(c) LES EDITIONS DE L’AVENIR S.A. CE JOURNAL EST PROTEGE PAR LE DROIT D’AUTEUR. LA REPRODUCTION DE TOUT ELEMENT (TEXTE, PHOTO, INFOGRAPHIE), PAR QUELQUE MOYEN QUE CE SOIT, EST SOUMISE A AUTORISATION. TEL : +32 81/248.801 FAX : +32 81/222.840

LL’étrange destin ’étrange destin du prince héritier

Supplément au journal du 14 avril 2010

50e ANNIVERSAIRE

DU PRINCE PHILIPPE

(c) LES EDITIONS DE L’AVENIR S.A. CE JOURNAL EST PROTEGE PAR LE DROIT D’AUTEUR. LA REPRODUCTION DE TOUT ELEMENT (TEXTE, PHOTO, INFOGRAPHIE), PAR QUELQUE MOYEN QUE CE SOIT, EST SOUMISE A AUTORISATION. TEL : +32 81/248.801 FAX : +32 81/222.840

� Cather ine ERNENS

S es yeux bleu océan sont in-saisissables. Comme voilésd’une infinie mélancolie.

En fuite perpétuelle de toutcontact trop pénétrant. Son re-gard brille d’un immense soucid’être et de bien faire. Mais tousceux qui ont tenté, un jour, desonder le regard de Philippe ontcroisé furtivement une solitudeindicible. Le prince Philippe estd’abord un homme émouvant,droit et sincère avant d’être ungrand mystère.

Le « prince sourire » a cin-quante ans. Il porte désormais labarbe. Elle lui vaut des compli-ments qui le font rougir. Unebarbe comme un message subli-minal. L’éternel gamin d’Albertest devenu un homme accom-pli, un sage, un quinquagénairequi assume le poivre et le sel.Parce que cela lui va bien. C’estla femme sacrée la plus élégantedu monde qui le lui dit. Lasienne. La princesse Mathilde.

La vie de Philippe aurait dûêtre un conte de fées des tempsmodernes. Elle ne l’est pas. Ellene l’a jamais été.

Un quart belge, un quart sué-dois et à moitié italien, cela de-vait lui donner un tempéramenthors du commun, exubérant etréfrigérant à la fois, joyeux etconvivial dans tous les cas. Lavie en a décidé un petit peuautrement. Mais Philippe a untrait de caractère éminemmentbelge : c’est un courageux. Cer-tains disent comme un OuestFlamand, un Yves Leterme.

C’est aussi un prince maudit.Comme le sont d’ailleurs ses col-lègues, les Felipe d’Espagne,Charles d’Angleterre et WillemAlexander, tous condamnés àjouer les seconds rôles depuisdes décennies, les rides auxyeux, la bouche en cœur. La ma-lédiction des princes héritierstouche toutes les monarchies duXXIe siècle, toutes celles qui ontréussi à garder leur couronnehors de l’eau.

Regardez Philippe. Le princecharmant. L’héritier fils à papa.On le prie d’être strass, pailletteset glamour. Et en même temps,on le tance d’être le bien né quidoit tout à ses gènes et rien à seséventuels mérites. La situationest impossible. Psychiatrique. Àcinquante ans, Philippe doit êtreun fantasme vivant pour maga-zines tout en restant ce gaminpeu dégourdi qui fait les centpas dans l’antichambre de papa.Tous les deux ans, une rumeur

fait fureur : Albert va abdiquer.Cette fois, il laisse le trône. « Il ya des signes », disent des gens quise croient bien informés. Etpuis, rien. Papa reste sur letrône « pour le bien de son filsqui n’a pas l’air tout à fait prêt ».Le fils a cinquante ans. Pendantces décennies d’interminablepréparation, Philippe s’est

construit une carapace. Il s’estforgé une discipline de vie. Avecson tempérament d’ingénieur,méthodique, consciencieux, ilveut tout savoir, tout étudier. Ilse donne un mal fou. Il se dé-mène. Il lit des tonnes de livres.Il s’est mis à étudier le chinois.On devrait le trouver admirable,on le dit besogneux. Tristesse. Ilécrit ses discours lui-même, lesannote, les récite, les retravailleencore et encore. Mais lorsqu’ils’agit de les prononcer en pu-blic, une peur de mal faire sub-merge le prince. On le voit alorsgauche, hésitant, artificiel. Tris-tesse. Philippe est resté un hy-persensible.

L’enfance fut douloureuse. Lesujet est sensible. Philippe avait6 ans en 1966 quand le drame acommencé, Astrid 4 ans et Lau-rent à peine 3. On les casait dansles familles de compagnons declasse. Enfant, Philippe était tur-bulent. Malheureux, sûrement.Triste, déjà.

Le week-end, on emmenait en-core le prince Philippe dansd’autres familles. On avaitmême créé une meute de louve-teaux au Belvédère, rien quepour lui, en recrutant quelquesenfants. Sa jolie maman faisaitla « une » des magazines tandisque des gouvernantes trimbal-laient les enfants. Paola et Al-bert n’avaient jamais connu queça. On n’élevait pas soi-mêmeses enfants dans ces familles-là.

Philippe et Mathilde mettentaujourd’hui un point d’honneurà faire l’inverse. Philippeconduit ses enfants tous les ma-tins à l’école. Mathilde va les re-chercher chaque soir. Et à Lae-ken, on les entend rire et courirtous ensemble, tous les six.

« Quand vous entrez chez eux, àLaeken, vous enjambez les petitesvoitures et les poupées. C’est le ba-zar », raconte un proche. « Vousauriez dû voir les enfants courirvers leur père quand il est rentréd’Inde », sourit un autre.

Philippe avait dix ans lorsquela diplomatie s’intéressa à sonsort. Baudouin n’avait pas d’en-fant. Philippe serait le futur roides Belges. Son éducation com-mença. Très vite le Royaume en-tier se mit à bruisser de rumeursmoqueuses sur le neveu du roi.Le fils d’Albert n’était guère ma-lin, voire franchement imbécile,ricanait-on. Philippe avait14 ans. C’était un adolescent unpeu fragile, un peu niais,

comme le sont en réalité tousles adolescents.

Herman Liebaers, Grand Maré-chal du roi Baudouin, a scellé lamalédiction. Ce Flamand, librepenseur et socialiste de cœur,était le premier à occuper cettehaute fonction sans être issu de

La malédictiL e temps a filé. Philippe adésormais cinquante ansau compteur. Un demi-

siècle de vie. Un tourbillonde missions économiques àl’étranger. Quatre enfants.Une épouse qui émerveille lemonde entier. Et une réputa-tion qui lui colle à la peau.

Voici seize pages d’hommageet d’analyse, de rêve et d’in-terrogations. Ses proches, sescollègues, ses souvenirs, sonmystère. La vie d’un hommede cinquante ans. La vie denotre prince. Nous lui souhai-tons le meilleur des anniver-saires. ■ C . E rn .

Le prince a cinquante ans. Il porte désormais la barbe. Elle luivaut des compliments qui le font rougir. Une barbe commeun message subliminal. L’éternel gamin d’Albert est devenuun homme accompli, un sage. Mais pas encore un… roi.

Ses passionsL’hélicoptère. Mais on prêteégalement au prince un grandintérêt pour la philosophie,l’histoire et les sciencespolitiques. Il lit beaucoup, à peuprès tout ce qui est publié dansces domaines. Il a déjà épatépar ses connaissances nombred’interlocuteurs.

Son plat préféré MamaPaola a transmis l’amour de lacuisine italienne à ses fils.Comme Laurent, Philippe n’avraiment qu’un seul plat favori,les spaghettis à la sauce tomate.

Ses missions Le prince amené 56 missions économiquesà l’étranger. Et cela en 17 ans.

Ses vacances Philippe,Mathilde et les enfants partentrégulièrement dans le midi de laFrance, à Grasse, dans lademeure familiale. Ils partentaussi chaque année faire du skiavec des amis.

Son net-workingIl côtoie les dirigeants et lesintellectuels du monde entier.Avec Mathilde, il participe chaqueannée au forum économique deDavos qui débat des problèmesles plus urgents de la planète, ycompris dans les domaines de lasanté et de l’environnement.

Sa journée typeLe prince conduit chaque matinses enfants à l’école à 8h45avant de rejoindre le palais. Il litles journaux puis se réunit avec

ses conseillers pour discuter del’actualité et fixer son agenda. Ilreçoit ensuite des visiteurs ou serend à l’extérieur.

Son courrier Les Belgesécrivent énormément au prince.Il reçoit une caisse bourrée demissives diverses, appels ausecours tous les jours. Toutes leslettres reçoivent une réponse,assure le Palais. Mais pasforcément de la main du prince,on s’en doute. Parfois il reçoit enaudience ou rend visite à l’un deceux qui ont fait appel à lui.

Ses 50 ans Le prince sedit fier de ses 50 ans qui luipermettent de créer un lien enprofondeur et dans la duréeavec les gens. Il a par exempleeu l’occasion de rencontrer troisfois le Premier ministre d’Inde.50 ans, pour lui, c’est aussi uneétape. Pour rester en forme, ilfait du jogging régulièrement et…joue avec ses enfants.

Son bureau On y trouvedes cadres avec les photos deses enfants et celle du roiBaudouin. Et le visage desdizaines de personnalités qu’il apu rencontrer. Les tableaux, parcontre, sont d’époque et lepapier peint aussi. Contrairementà sa mère, la reine, grandeamatrice de design et d’artcontemporain, il n’a vraimentpas relooké les lieux. À côté deson bureau se tient une salle deréunion avec une grande tableovale. Le prince y tient sesréunions secrètes etconfidentielles. C . E rn .

Bon anniversaire Monseigneur

Le prince est gaffeur? Il a, en réalité, commis deux dérapagesretentissants.

En 2004, le prince héritier prend position contre les partisséparatistes. Il dit, il ose ceci : «Dans notre pays, il y a despersonnes, des partis tels que le Vlaams Belang, qui sont contrela Belgique, et veulent détruire notre pays. Je peux vous assurerqu’ils auront affaire à moi ».

C’est le tollé. Les membres de la famille royale sont tenus à undevoir de réserve, une retenue, particulièrement concernant lespartis politiques, fussent-ils d’extrême droite. Guy Verhofstadt,qui était alors Premier ministre, monte à la tribune du Parlementet remonte les bretelles du prince. C’est une première. Jamais larue de la Loi n’avait critiqué ni le roi ni son fils.

L’affaire marque le prince au fer rouge. Il limite désormais aumaximum les interviews et n’offre plus d’exclusivité aux médias.« L’interview est un exercice difficile pour lui, voire impossible»,commentent de concert les observateurs de la famille royale.

Le roi est tenu au silence. Et chacun de ses propos ou discoursdoit recevoir l’assentiment du gouvernement fédéral. Pas leprince héritier. Il peut parler. Mais s’il dérape, c’est l’embardée.Car ses propos ne sont pas «couverts» par le gouvernement.

L’autre gaffe se passe en marge d’un cocktail où la presse estinvitée. Le prince enguirlande sans retenue deux rédacteurs enchef flamands pour la couverture faite par leurs médias de samission économique récente en Afrique du Sud. Le prince lesmenace de ne plus les inviter à suivre ses missions futures.

Tous les journaux se feront l’écho de cette scène et condamne-ront le prince en invoquant la liberté de la presse et le droitsouverain à l’expression. C . E rn .

PHILIPPE, CÔTÉ INTIME

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s

Il se donne un mal fou. Il se démène. On devraitle trouver admirable, on le dit besogneux. L’histoirede Philippe est celle d’un prince maudit.

Philippe, côté « boulettes »

C’est un

courageux. Certains

disent comme

un Ouest Flamand,

un Yves Leterme.

Herman Liebaers,

Grand Maréchal

du roi Baudouin,

a scellé

la malédiction.

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(c) LES EDITIONS DE L’AVENIR S.A. CE JOURNAL EST PROTEGE PAR LE DROIT D’AUTEUR. LA REPRODUCTION DE TOUT ELEMENT (TEXTE, PHOTO, INFOGRAPHIE), PAR QUELQUE MOYEN QUE CE SOIT, EST SOUMISE A AUTORISATION. TEL : +32 81/248.801 FAX : +32 81/222.840

l’aristocratie. Liebaers n’en pou-vait plus de l’atmosphère bigotequi régnait à la Cour. Les charis-matiques avaient fait leur appa-rition. Le Grand Maréchal, aubout de quelque déjeuner bienarrosé, persifla sur le compte dupauvre petit prince. Imaginez cegrand ado mal dans sa peau,sommé d’être le prince héritier,et soumis à la risée générale.Chaque fois que Philippe entraitquelque part, il guettait les re-gards en se demandant si on leprenait pour un idiot. Il engarde des séquelles. Ses procheseux-mêmes en sont restés trau-matisés. Ce qui n’a pas aidé le ti-mide Saxe-Cobourg à trouver del’assurance.

Combien de fois précepteurs etconseillers lui ont répété « votrerôle, Monseigneur, est de prendrede la hauteur » ? Mille fois. Dixmille fois. Quarante ans durant.Pas étonnant que Philippeprenne son hélicoptère. De toutlà-haut, en solitaire comme il atant appris à l’être, il contemplece petit pays qui, un jour, serason royaume.

L’hélicoptère est sa grande pas-sion, et peut-être la seule. Phi-lippe prend de la hauteur à samanière. Ce doit être son hu-mour, son sens de la dérision tel-lement spécial comme le souli-gnent ceux qui le connaissent.« Incompréhensible. Totalement in-déchiffrable », confie un prochedu palais qui s’est plus d’une

fois retrouvé les yeux écar-quillés à écouter le prince sepayer un trait d’esprit. Ledrame, ce sont les politiques, lessarcastiques qui ricanent alorssous cape, dans le dos du prince,à deux mètres de lui. Pauvre Phi-

lippe. On le comprend mal.Il passe sa vie à peser chaque

mot, à tourner ses phrases dixfois avant d’oser les prononcer.Alors quand il parle, on luitrouve l’élocution guindée et lepropos insipide. Pire : il a dumal à terminer la moindrephrase. « C’est le point commun detous les grands timides de ne pasoser aller au bout d’une idée, d’uneparole », analyse un observateur.

Jeune homme, la trentaine soli-taire, on l’avait assigné dans unappartement au palais. Philippes’enfermait dans ces pièces im-menses avec un feu de bois etune télévision pour seule com-pagnie. Et, la nuit, deux gendar-mes sur le pas de sa porteveillaient sur lui.

Le prince sourire serre les

mains. Le prince sourire est lemeilleur ambassadeur de l’éco-nomie belge. Il ouvre les portesaux politiques et chefs d’entre-prises belges. Tous l’affirmentavec une unanimité déconcer-tante. Et lui renvoient bien mall’ascenseur. Il doit être une fonc-tion avant d’être un homme.Pire : une fonction qui n’existedans aucune loi. Le statut deprince héritier n’est défini nullepart.

Prince héritier est un rôle decomposition, une mission im-possible qu’il faut tenir avec sé-rénité et élégance. « Le pauvreprince, quand on lui demande de si-gner, doit vérifier attentivement s’ildoit écrire Philippe ou Filip suivantles cas. Et quand il va à l’armée, ildoit obligatoirement être paracom-mando et pilote. On demande à Phi-lippe des choses qu’on ne demande-rait jamais au commun des mor-tels », soupire l’historien FrancisBalace.

Mais la pire malédiction de Phi-lippe est celle de son pays, le nô-tre. Un pays au bord de l’implo-sion dont il doit incarnerl’unité. En serrant les dents. Cars’il vient à dénoncer ceux quiveulent faire crever le Royaumede Belgique, il se fait fusiller parle Premier ministre en per-sonne. Philippe se prépare à êtrele roi d’un pays qui n’existerapeut-être plus. En silence. Princehéritier de la malédictionbelge. ■

on du prince héritier17 ans de patience pour Philippe qui « loupa» sur le fil le

trône à la mort de son oncle le roi Baudouin en 1993. Sonpère Albert, qui ne devait être qu’un roi de transition, occupe letrône depuis tout ce temps.

En 1993, beaucoup croyaient quePhilippe allait devenir roi. «Toutavait été orchestré dans cesens, raconte l’historien VincentDujardin. Quand le roi Baudouinmeurt, Wilfried Martens qui setrouvait au Kenya, dit donc surle champ “c’est évidemmentPhilippe”. Mais le timing n’étaitpas bon. Baudouin est morttrop vite. Quelques mois avantce décès inopiné, un accordavait en réalité été passé entreles deux frères. Baudouin étaitalors entre la vie et la mort,opéré du cœur à Paris. Fabiolaétait très inquiète. Les deuxfrères se sont entendus pourqu’en cas de décès prématuré,ce soit Albert qui succède.Baudouin se souvenait de sa

situation de célibataire trèsjeune lorsqu’il avait accédé autrône. Il ne voulait pas quePhilippe se trouve dans lamême situation. En août 1993,Albert accepte alors la fonctiontrès vite. Il y a eu unicité de vuedans le gouvernement qui atranché en faveur d’Albert.Jean-Luc Dehaene, Premierministre à l’époque, a fait uncommuniqué qui a été annoncéen plein JT. »

Albert devait être un roi detransition. Philippe attenddepuis 17 ans. Et il devraitencore attendre un bout detemps. Car en Belgique, tous leshistoriens s’accordent à le dire,on n’abdique pas. On meurt roi. C . E rn .

Une barbe comme un message subliminal. L’éternelgamin d’Albert est désormais un homme accompli,un sage, un quinquagénaire qui assume le poivreet le sel.

IL A DIT

Comment Philippe ne devint pas roi

«Dans notre pays, il y a despersonnes, des partis tels que leVlaams Belang, qui sont contre laBelgique, et veulent détruire notrepays. Je peux vous assurer qu’ilsauront affaire à moi. » Philippe, dans le magazine flamand Story (décembre 2004)

La pire malédiction

de Philippe est

celle de son pays.

Un pays au bord

de l’implosion.

« J’ai confiance. Je sais que des gensdiront des choses positives. J’aiaussi confiance dans le fait que lesgens vont avoir moins de critiquesà mon égard, ou s’ils en ont, qu’ilsvont changer d’avis lorsqu’ils meconnaîtront mieux. » Philippe, toujours lors de sa mission en Inde

«Le jour où l’on me demandera dedevenir roi, j’y satisferai. » Juin 2008, à la VRT

« Je suis un homme heureux, à50 ans, de pouvoir faire ce que jefais, de la confiance qu’on m’accorde,des liens de confiance que j’ai putisser en Belgique avec lapopulation, les hommes d’affaires. » Le prince Philippe, mission économique en Inde (mars 2010)

3MERCREDI 14 AVRIL 2010

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Les protec

A ucun des rois des Belges n’aété à l’université. Philippesera le premier. Ce sera iné-

dit. Ses prédécesseurs se sonttous « contentés » de l’écoleroyale militaire.

Philippe effectue en français sesétudes primaires et ses trois pre-mières années secondaires auCollège Saint-Michel d’Etter-beek. Il est ensuite interne pen-dant ses trois dernières annéesd’humanité en néerlandais à l’ab-baye de Zevenkerken à Sint-An-dries de Bruges.

Le caractère bilingue des mem-bres de la famille royale a prêté àde multiples spéculations. On lesa taxés de trop francophones à ré-pétition. Des commentaires peuélogieux ont été émis sur leurprétendu mauvais accent fla-mand.

Philippe, là aussi, a travaillé durpour gommer ses imperfectionsdans la langue de Vondel. Et lui-même a fait le choix de mettreses enfants d’emblée dans uneécole flamande tout en leur par-lant le français à la maison.

À 18 ans, Philippe entre àl’école royale militaire de Bruxel-les. Nommé sous-lieutenant en1980, le prince reçoit ses ailes depilote de chasse des mains du roiBaudouin. Il rejoint alors la forceterrestre à la dure école du régi-

ment paracommando. Un princene peut se contenter d’être sim-ple soldat.

Après sa formation militaire, ilséjourne deux mois au TrinityCollege de l’Université d’Oxford.Il poursuit à la Graduate Schoolde l’université Stanford en Cali-fornie. Il y décroche un Masteren sciences politiques. Mais pour-quoi avoir déserté les auditoirespourtant réputés de notre bonRoyaume ?

« L’étranger permettait à la foisune ouverture sur le monde anglo-saxon et d’échapper au choix d’uneuniversité libre ou pas, flamande oufrancophone », explique VincentDujardin.

Les détracteurs du prince racon-tent qu’il a peiné pour réussir sesétudes. Même en humanité, ilaurait fallu le driller pour qu’ilobtienne son diplôme de matu-rité. Le prince ne serait pas inin-telligent. Il serait lent… Légendeou réalité ?

« Être prince et étudiant est une si-tuation difficile. On vient vous cher-cher en plein cours pour une inaugu-ration quelconque. Et le soir, il fautassister à des réceptions plutôt quede bloquer ou d’avoir une vie récréa-tive normale », commente Vin-cent Dujardin, spécialiste de l’his-toire de notre monarchie. ■

C . E rn .

E t puis Mathilde est arrivée.Et la Belgique s’est enflam-mée. Le conte de fée était

forcément inespéré. C’étaitpar un doux automne. Le curédu petit village de Villers-la-Bonne-Eau, dans la provincede Luxembourg, l’annonceavant tout le monde « unefille du pays va unir sa desti-née au prince de Belgique »,dit-il. Les paroissiens sontfiers mais ils se taisent.

Enfin, la rumeur arrive àl’oreille des médias et explose.Le palais improvise à Laekenune conférence de presse oùune jeune femme moderne etsouriante, en pantalon tailleurbleu, est mitraillée par lapresse du monde entier. Phi-lippe bredouille qu’il l’a trou-vée tout seul. La « Mathildema-nia » est lancée.

En novembre 1999, le Palaisorganise une grande soirée àLaeken pour célébrer les fian-çailles. Des Belges, choisis auhasard, participent à cet évène-ment retransmis en direct surles quatre grandes chaînes na-tionales. Pendant plusieurs se-maines, des centaines de Bel-ges prennent part aux Joyeu-ses Entrées pour saluer leurnouvelle princesse.

Le 3 décembre 1999, la Belgi-que s’arrête de tourner. Toutle pays a les yeux rivés la céré-monie de mariage du coupleprincier retransmise à la télé-vision. De cette union naî-

P hilippe et Baudouin se pro-menaient souvent ensem-ble. Philippe admirait et

craignait en même temps cet on-cle un peu réfrigérant, tellementirréprochable et tout aussipieux. L’inverse ou presque d’Al-bert.

Selon Francis Balace, Philippea carrément été « formaté par leroi Baudouin. »

C’est d’ailleurs pour cette rai-son que nombre d’hommes poli-tiques craignent l’arrivée autrône du prince héritier. Phi-lippe pourrait être trop sembla-ble à son oncle. Comprenez : ilpourrait vouloir jouer un rôle

décisionnel, envahissant dans lagestion de l’État.

En attendant, « le roi Baudouin ajoué un rôle majeur dans l’éduca-tion de Philippe, confirme Vin-cent Dujardin. Baudouin tenait àpouvoir donner son avis dans leschoix de formation du prince. Phi-lippe a même habité avec lui et lareine Fabiola, puis, a eu son appar-tement au palais. Et il est d’autantplus proche de son oncle que la si-tuation familiale de ses parentsn’était pas toujours simple. Bau-douin nourrissait une grandeconfiance pour Philippe et Philippevoyait en Baudouin un modèle. » ■

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« Philippe fut d’autant plus proche de son oncle que lasituation familiale de ses parents n’était pas toujours simple.Baudouin nourrissait une grande confiance pour Philippe etPhilippe voyait en Baudouin un modèle. » Vicent Dujardin, UCL

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Philippe sera le premierroi universitaire

Mathilde, son ray

Baudouin, le pèrede substitution

Philippe côtoie les dirigeantsdu monde entier, auprèsdesquels il joue lesambassadeurs économiques.Pour preuve, son agenda desprochains mois et années.

En 2010. Alors qu’il vient derevenir d’Inde, le princerepartira pour le Brésil du15 au 22 mai. Après, ce sera leKazakhstan, du 11 au16 octobre. Ensuite, l’Ukraine,du 21 au 24 novembre.

En 2011, le prince Philippepartira, au mois de mars, en

Russie. Dans le courant dupremier semestre, il gagneraégalement les États-Unis. Il iraensuite en Chine au moisd’octobre, pour terminerl’année par un périple auPérou et au Chili ennovembre.

En 2012, plusieurs missionsdéjà programmées : le Vietnamet la Thaïlande en mars ; laJordanie, Le Liban, le Koweït etla Syrie dans le courant dupremier semestre ; la Turquieen octobre et encore le Japonou la Libye en novembre.

Selon l’historien Francis Balace, le prince Philippe a carrément été« formaté par le roi Baudouin».

SES PROCHAINES MISSIONS

100414TE

Belgique : à quel âge sont-ils montés sur le trône ?

Léopold I

30 ans

Albert I

34 ans

Léopold II

32 ans

Baudouin

19 ans

Albert II

59 ans

Léopold III

33 ans

4

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teurs de Philippe

E t les politiques ? Ils sont rares.Ils se méfient du prince qui seméfie d’eux en retour. Nombre

de politiques craignent que le filsd’Albert ne se prenne pour une« réincarnation de Baudouin » (sic) etne soit pas conscient des modestes li-mites d’un roi du peuple belge auXXIe siècle. Quelques dinosaures dela politique ont pourtant gratifié leprince de leurs conseils et enseigne-ments. ■

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L e cercle des proches du prince est bienrestreint. Et les sons de cloche ne son-nent pas forcément des musiques bien

différentes. Entre l’équipe du roi Albert etcelle de son fils, il y a comme du dupli-cage et du tirage.

« Le premier problème du prince, c’est ceuxqui le conseillent. Son équipe est trop faible. Etle général De Bruyne devrait prendre vrai-ment les choses en mains », confie un prochedu roi Albert.Philippe est a priori avant tout un soli-

taire. Un homme qui s’est terré pendantdes années au Palais avec une télévisionsur écran plat, un feu ouvert et deux gen-darmes de faction pour seule compagnie.Ses intimes sont souvent aussi ceux depapa... ■

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«Le premier problème du prince, c’est ceux qui le conseillent.Son équipe est trop faible. Et le général De Bruyne devraitprendre vraiment les choses en mains. »

Un proche du Palais royal

L e« staff » officiel du prince Philippeest regroupé au sein de ce qu’on ap-pelle « la maison des ducs de Bra-

bant », composée de six personnes.

« On est tous un peu interchangeables, ex-plique l’un des conseillers du prince. Et ilrègne un excellent esprit d’équipe entrenous. »

Tous les conseillers du Palais ont unpoint commun, une qualité en or, ilssont d’une discrétion et d’une loyauté àtoute épreuve. ■ C . E rn .

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tront quatre enfants : Élisa-beth, Gabriel, Emmanuel etEléonore. Ils seront et restentle rayon de soleil de leur papa.On le verra sortir de la salled’accouchement, les yeux ha-gards et le bonheur au borddes yeux.

En 10 ans, la princesse Ma-thilde s’est parfaitement inté-grée dans son rôle d’épouse dufutur roi des Belges. La du-chesse de Brabant accompa-gne son époux dans de nom-breuses missions économi

ques. Elle s’est également ren-due seule à l’étranger dans lecadre de missions Unicef dontelle est ambassadrice. Elle a ap-porté chaleur et humanité àson mari.

Philippe, l’aîné d’Albert, estdepuis trop longtemps celuiqui porte la charge, le poidssur ses épaules. Comme danstoutes les fratries du monde,l'aîné est souvent un défen-seur de l'ordre établi, un en-nemi acharné du changement.Il a davantage le sens des res-ponsabilités.

Quelques disputes mémora-bles, de l’avis de ceux qui lesrapportent, ont émaillé la fra-trie d’Albert et Paola. Particu-lièrement entre Philippe etLaurent, jaloux l’un de l’autrede leur position d’aîné et depetit dernier. Mathilde portedésormais le poids du lourdhéritage avec Philippe. ■

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Geert Noels, l’administrateur dela Donation royale, fait aussipartie de l’entourage dePhilippe comme de celuid’Albert. Geert Noels estl’ex-économiste en chef dePetercam. Il est devenuconseiller, notamment au Palais.

Robert Urbain (PS) s’est chargé du commerceextérieur.

Parmi les intimes du cercleinformel, on cite en premier, Fransvan Daele, poids lourd de ladiplomatie belge qui accompagneHerman Van Rompuy au sommetde l’Europe. Frans van Daele étaitpressenti voici deux ans commeremplaçant du chef de cabinetd’Albert...

Pareil pour André Oosterlinck,professeur et ex-recteur de laKUL. Cet ingénieur fait partie duréseau informel de Philippe etd’Albert.

Paul Buysse, grand ami du roi etgrand patron de Bekaert, futaussi le premier président duFonds prince Philippe.

Le premier cité n’est autre que le sénateur cdHFrancis Delpérée qui l’a initié au droitconstitutionnel.

Le délicieux John Cornetd’Elzius conseille le princesur les questionsintérieures belges. Il lemet en relation avec lesmédias et les hommeset femmes politiques. Ill’accompagne aussirégulièrement dans sesdéplacements àl’étranger.

Le major Alain Gérardys’occupe des questionssociales et des visites duprince en Belgique.

Marc Bogaerts est ledirecteur de l’agencepour le commerceextérieur. Il est aussi leconseiller économique duprince. Il prépare toutesles missions de Philippeà l’étranger.

Ghislain D’hoop est leconseiller diplomatiquedu prince et du roi, enmême temps. Il est lechef du départementrelations extérieures duPalais.

Le général-major Noël DeBruyne dirige cettepetite équipe. Il est làdepuis huit ans. Il acommandé les troupesbelges au Kosovo. C’estle grand coordinateurde la maison dePhilippe.

on de soleil

Mathilde illumine chacune desapparitions publiques dePhilippe. Par sa connivenceavec lui, par ses gestesd’affection, par son sourire.Comme ici, lors d’une récentemission économique en Inde.

LE CERCLE DES PROCHES

LES CONSEILLERS POLITIQUES

LE STAFF OFFICIEL

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Les admirat

� Interv iew :Cather ine ERNENS

Stéphane Bern, qui est Philippede Belgique, selon vous?

Quelqu’un de sensible, d’intel-ligent, plutôt réservé. À la foisde par sa situation personnelle,de ce qu’il a vécu et ensuite depar la situation de la Belgique.Il a appris à ne pas trop expri-mer ses émotions. Mais moi, jevois en lui quelqu’un de trèscompétent. Et surtout, le ma-riage et la paternité lui ont plu-tôt très bien réussi. Il s’est épa-noui grâce à la princesse Ma-thilde.

Est-ce sa timidité qui le rend si mala-droit ?

C’est un grand timide. Maismoi j’avais admiré sa positionoù il dénonçait le Vlaams Be-lang. Tous les partis démocrati-

ques lui sont tombés dessus àbras raccourcis. Pourtant, ilavait parfaitement raison de dé-noncer un parti qui a pour de-vise « que la Belgique crève ». Leprince Charles n’hésite pas nonplus à intervenir sur des grandssujets de société. Les questionsd’extrême-droite sont un sujetde société. Et le prince peut don-ner son avis particulièrement siun parti veut « faire crever » laBelgique.

Le prince Philippe fait l’objet de beau-coup de critiques. Ça vous étonne?

Non. Les gens le connaissentmal. Mais surtout, parmi leshommes politiques, chacunvoit son propre intérêt. Vousavez une famille qui se taitparce que la Constitution leveut, parce que c’est son rôle. Etles politiques se défaussenttous sur la famille royale, ducoup. Ils veulent exister plusfort que le roi. Pourtant la fa-mille royale est ce qui cimentela Belgique.

Nous avons une famille royale très

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« Aucun membre de la famille royale de Belgique n’estpeople. Et c’est plutôt un compliment. Tout le monde estpeople de nos jours. » Stéphane Bern

« Il se bonifieracomme le bon vin »Stéphane Bern est « le» spécialiste du gotha. Il nousparle du «timide Philippe», de la «délicieuseMathilde» et de notre fantastique monarchie.Si Philippe n’est pas encore roi, il discute souvent avec la tête

de l’exécutif. Ici, avec le Premier ministre, en novembre 2008,un mois avant qu’Yves Leterme laisse la main à Van Rompuy.

Le prince Philippe est le président d’honneur de la Fondation polaire internationale d’Alain Hubert.

« Il existe un adage qui dit que lesSaxe-Cobourg se révèlent sur letard», explique Stéphane Bern.

Début décembre 2008, Philippe assiste à la cérémonieorganisée en souvenir de l’inspecteur de police Kitty VanNieuwenhuysen, abattue en service le 4 décembre 2007.

Début février 2010, le prince Philippe assiste à la cérémonied’hommage aux victimes de l’explosion de la rue Léopold, àLiège, en présence des autorités provinciales et communales.

Le 27 février 2010, le prince est présent à la commémoration enmémoire des victimes de l’accident ferroviaire de Buizingen. Àses côtés, Armand De Decker, Patrick Dewael et Yves Leterme.

DÉJÀ PRÉSENT COMME UN ROI

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teurs de Philippe

Alain Hubert, on dit que vous connais-sez bien notre prince. Vous le voyezsouvent?

J’ai des contacts réguliers aveclui, oui. Il est le président d’hon-neur de la fondation que j’ai lan-cée. La station polaire a une im-portance au niveau de notre éco-nomie. Et c’est à ce titre qu’il enoccupe la présidence d’honneur.

Que pensez-vous de lui ?C’est un type que j’apprécie

énormément. Il pose beaucoupde questions. Il veut savoir com-ment les choses bougent, dansquelle direction engager notresociété pour l’avenir. Il est unvrai moteur pour notre écono-

mie à l’étranger. Il relayed’ailleurs partout dans le mondenotre action. Les projets quenous avons montrent que la Bel-gique est capable d’être vision-naire. Et il apprécie cela.

Le prince Philippe est largement criti-qué…

C’est facile de critiquer lesgens. Mais la Belgique existe àl’étranger contrairement à cespetites politiques régionales quivoudraient nous tirer vers lebas. Nous sommes le seul exem-ple de nation qui se met ensem-ble pour savoir comment vivresur cette planète au-delà de nosdifférences. Je partage avec le

prince cette base qui repose surun triptyque de trois fonde-ments : l’éducation, l’économieet la responsabilité. On doitfaire évoluer notre économieparce que derrière elle se trouvenotre modèle social qu’il fautpréserver. Aujourd’hui, on setrouve malheureusement dansun contexte où le court termel’emporte sur le long terme. Etoù les politiques s’occupent depetites affaires dont personnen’a rien à faire en réalité.

Qui est Philippe de Belgique derrièrel’image renvoyée par les médias?

Un homme très convivial. Unepersonnalité. Et le prince a égale-ment un vrai sens de l’écono-mie. Il est appelé à devenir roidans un pays comme le nôtre, cen’est pas rien. Ce type, il ne faitvraiment pas ce qu’il veut. Ilfaut s’en rendre compte.

Le prince Philippe est un élémentd’unité pour notre pays ?

Oui. Avec notre régionalisa-tion, on se fourvoie. On vit dansun pays qui compte 11 millionsd’habitants. Si chacun va vendreses petites affaires de son côté,c’est du non-sens. D’autant quele grand enjeu de ce siècle, le pre-mier, c’est comment allons-nousvivre ensemble. Le prince, dansle rôle qui est le sien, porte unevision sur cet enjeu. Il est impor-tant d’avoir des éléments fédéra-teurs.

Les querelles communautaires vousénervent.

L’incapacité de prendre de ladistance des politiquesm’énerve. Il est évidentaujourd’hui qu’on a poussé telle-ment loin ces questions commu-nautaires qu’il faut y apporterune solution. Mais je suis deceux qui disent que ce n’est pasle véritable enjeu de demain.

Vous avez baptisé votre station prin-cesse Élisabeth, du nom de la filleaînée du prince Philippe. Pourquoi ?

Parce qu’elle est l’avenir. Les en-fants sont l’avenir. Ce choix estsymbolique. Il dit que « oui, laBelgique existera demain. Oui laprincesse Élisabeth est notre fu-

ture reine ». Je fais ce pari.

Un nom de princesse, ça fait rêver ?Ça fait partie de l’histoire. Il y

avait la base roi Baudouin. Lesprinces et princesses donnentdu rêve. Et on doit rêver lemonde de demain. Donnerconfiance dans le monde de de-main est aussi la force du pou-voir royal.

Vous êtes résolument un empêcheurde tourner en rond, un homme àcontre-courant…

Oui. J’ai aussi prouvé que leschangements climatiques sontl’avenir dans lequel il faut s’enga-ger. Il ne faut pas hésiter à allerà contre-courant. On peut exis-ter demain. On a les solutions.

Le prince Philippe fête ses 50 ans.Vous-même vous en avez 56. Devenirquinquagénaire, c’est un cap?

Non. Ce n’est rien. La vie, cen’est pas l’âge qu’on a, c’est lechemin qu’on prend et les pro-jets qu’on porte.

Un message d’anniversaire pour leprince?

Je lui dirais : on a besoin devous, prince, de votre engage-ment, de votre franc-parler et devotre vision. ■ C . E rn .

réservée, un peu plus terne qued’autres, non?

Elle est plus réservée que lesautres familles royales mais pasplus triste ! Je vois au contraireune famille remplie de petits-enfants, une famille joyeuse etturbulente. Je la trouve plutôtsympathique. Chaque mo-narchie d’Europe a sa nature etses usages. En Belgique, elle esten retrait. Par contre, je trouvegrotesque de relancer le débaten faveur d’une monarchie pro-tocolaire. Pour confier la tête del’État à qui ? À des hommes poli-tiques qui entretiennent des pe-tites querelles de toutes sortes ?Moi je vois là un complot dif-fus qui cherche à abattre les der-nières institutions. C’est grave.La Belgique est mal barrée sielle s’aventure sur ce genre dechemin.

Le prince Philippe n’est pas un grandpeople…

Aucun membre de la familleroyale de Belgique ne l’est. Etc’est plutôt un compliment.Tout le monde est people denos jours. Vous passez 15 minu-tes à la télé et vous devenez unestar. Il vaut mieux attendretranquillement, loin de cetteagitation, que cette société dé-boussolée revienne à la raison.

Quel est l’atout principal de Phi-lippe?

Mathilde, bien entendu ! Elleest charmante, délicieuse. Elle a

un excellent contact avec lesgens. Elle s’intéresse à millechoses. Elle pousse le prince às’ouvrir et c’est ce dont il avaitbesoin après une enfance aussidifficile.

L’enfance du prince Philippe a étéchahutée?

On le dit, oui. Il s’est renfermé,étant enfant. Mais ça ne l’empê-che pas d’avoir aujourd’hui qua-tre enfants très équilibrés dontil s’occupe particulièrementbeaucoup.

C’est un papa gâteau…Un papa d’aujourd’hui, qui

s’implique. Et ce n’est pas plusmal, ne trouvez-vous pas ?

Et le chien du prince et de la prin-cesse ? Vous avez écrit un livre oùvous parlez de ce charmant animal.

Un magnifique labrador. Maisil a disparu. C’est un grand mys-tère, le mystère du labradorjaune, parce que le palais necommunique pas là-dessus.Est-il mort ? S’est-il enfui ? Ya-t-il eu un problème entre lechien et les enfants ? Nul ne lesait…

Philippe fête ses cinquante ans enétant toujours prince héritier. Ne de-vient-il pas un peu âgé pour ce rôle?

Vous avez le prince de Gallesdans la même position et, lui, a62 ans. Avoir 50 ans n’est pasun problème pour Philippe. Ilvoulait d’abord fonder une fa-

mille. Et puis, il existe un adagequi dit que les Saxe-Cobourg serévèlent sur le tard. Philippe sebonifiera comme le bon vin. Re-gardez Albert comme il est de-venu bonhomme, sympathi-que, précautionneux avec l’âge.Vous n’imaginez pas tout cequ’on a écrit sur lui lorsqu’iln’était que prince de Liège.

Tout de même, avoir 50 ans et resterl’éternel jeunot qui deviendra roi unjour, ce doit être frustrant, pénible…

Psychanalytiquement parlant,sans doute. Attendre que vos pa-rents meurent pour prendreleur place, c’est compliqué.Mais la vie que le prince mèneaujourd’hui constitue une op-portunité exceptionnelle de par-courir le monde et de faire desrencontres utiles.

Pourquoi les familles royales fasci-nent-elles encore autant de nosjours?

Qu’est-ce qui nous rested’autre pour avoir un senti-ment d’appartenance à une col-lectivité, à une famille ? En Bel-gique, particulièrement, cen’est ni la langue ni la culture.Alors c’est l’histoire. Les fa-milles royales incarnent toutesles autres familles. On se recon-naît en eux. Et puis, nous enFrance, nous avons un prési-dent qui est aimé par 30 % desgens. C’est compliqué commelégitimité. Les princes, eux, sus-citent une vraie affection. ■

«C’est un homme très convivial. Une personnalité. Il est appelé àdevenir roi dans un pays comme le nôtre, ce n’est pas rien. Cetype, il ne fait vraiment pas ce qu’il veut. Il faut s’en rendrecompte. » Alain Hubert

« Philippe, un typeque j’apprécie »

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L’explorateur Alain Hubert fait partie du cercle intimedu prince. Les deux hommes partagent une estimeréciproque et la passion des enjeux planétaires.

Stéphane Bern voit en Philippe quelqu’un de trèscompétent. Et surtout, dit-il, le mariage et lapaternité lui ont plutôt très bien réussi.

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Les années

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L’enfance fut douloureuse. Le sujet est sensible. Philippeavait 6 ans en 1966 quand le drame a commencé, Astrid4 ans et Laurent à peine 3. On les casait dans les famillesde compagnons de classe. » Extrait de notre portrait, en page 2 et 3

1961 Une maman élégante et souriante, un papa attentionné : Philippe pose avec ses parents sur lapelouse du château du Belvédère, à Bruxelles. La famille princière est déjà très courtisée par les photo-graphes tombés sous le charme de la jeune princesse.

Samedi 16 avril 1960 C’est sous ce titre que notre journal salue lanaissance de Philippe. Les Bruxellois ont appris la nouvelle enentendant les 101 coups de canon tirés dans le parc de Bruxelles.

21 avril 1960 Le petit prince à l’occasion de son baptême qui, à l’épo-que, constitue encore un événement national. C’est le roi Léopold quiest le parrain et la princesse Luisa Ruffo di Calabria la marraine.

1968 Philippe grandit. Le jeune prince s’essaye à présent au patinà glace sur la piste du Poseidon, en compagnie de sa jeunesœur Astrid.

1969 La photo d’un gamin (presque) comme les autres. Philippeporte l’uniforme des louveteaux à l’occasion d’une opération debonnes actions. Le regard, déjà, est un peu rêveur.

1970 Jour de la rentrée des classes. Pour laconduit Philippe et Laurent au collège Sainil n’en faut pas moins accomplir sa scolari

1963 Corien suexempl

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«Mathilde est l’atout de Philippe. Elle est charmante, délicieuse.Elle a un excellent contact avec les gens. Elle s’intéresse à millechoses. Elle pousse le prince à s’ouvrir et c’est ce dont il avaitbesoin après une enfance aussi difficile. » Stéphane Bern (lire page 6)

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1963 La famille s’est agrandie avec la naissance d’Astrid. Philippedécouvre les premières histoires que lui lit son père sur le canapéfamilial.

1971 Philippe et le roi Baudouinvisitent un champ de fouillesarchéologiques. La complicité, déjà.

1973 Le départ du Tour d’Italie. Quandon est prince, on a le privilège degrimper sur le vélo de Dierickx.

1975 Les années un peu plus difficiles de l’adolescence. La familleprincière est au grand complet mais les tensions qui divisent lecouple ne simplifient pas la vie des enfants.

1978 Philippe termine ses humanités en néerlandais à l’abbaye deZevenkerken, à Sint-Andries, en Flandre-Occidentale. Le jeune hommes’est un peu distancé du cercle familial.

1978 Heureusement, il y a les vacances qui permettent de prendre lelarge. Voilà Philippe aux États-Unis où il s’initie aux joies de laplongée en compagnie de ses moniteurs.

a circonstance, c’est la princesse Paola quint-Michel d’Etterbeek. On peut être prince,ité.

omme tous les enfants de son âge, unffit pour occuper le prince Philippe. Parle une trompette en plastique…

1964 Moment de vie intime dans le bureau paternel : Philippe vientdistraire son père sous le buste tutélaire du roi Léopold III quisurveille la maisonnée.

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« Être prince et étudiant est une situation difficile. On vient vouschercher en plein cours pour une inauguration quelconque. Etle soir, il faut assister à des réceptions plutôt que de bloquerou d’avoir une vie récréative. » Vincent Dujardin, historien (lire en page 4)

1978 C’est à Fenfe, dans la Famenne,que le couple princier se retire parfois.Ce qui favorise les retrouvailles.

1980 La formation à l’École romilitaire occupe l’essentiel dprincières.

1978 Elsenborn et les premiers entraîne-ments militaires. Avec un tel camouflage,le prince passerait presque inaperçu.

1981 Les deux princes, père et fils, s’affrontent autour du billardfamilial. C’est un passe-temps largement partagé au palais. Baudouinet Fabiola ne dédaignent pas, eux aussi, de faire rouler les boules.

1981 On connaît le goût de Laurent pour la belle mécanique et lavitesse mais Philippe s’adonne aussi aux joies de la moto dans lesbois de Ciergnon.

1981 Une vue du bureau princier, peut-être un peu plus ordonnéque ceux des autres étudiants du même âge. Sans doute untrait de la personnalité de Philippe.

1982 Une date importante pour Philippe : le pdes mains de son oncle le roi Baudouin. La lfamille royale puisque c’est à quelques dizain

1986 Le jeune prince, songeur et un peu timide, dans le bois deFreyr. Pas encore de belle à l’horizon (du moins officiellement)mais de hautes falaises que Philippe aime escalader.

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Philippe a séjourné à l’Université d’Oxford et de Stanford.« L’étranger permettait à la fois une ouverture sur le mondeanglo-saxon et d’échapper au choix d’une université libre oupas, flamande ou francophone.» Vincent Dujardin, historien (lire en page 4).

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1996 Le prince apprécie les activitéssportives. Ici, sur le canal Albert où ilparticipe à des compétitions de natation.

oyaledes activités

1985 Philippe poursuit sa scolarité àl’Université de Stanford. L’époque desgrands voyages et des nouveaux horizons.

1983 Philippe, Laurent : deux frères, deux styleset quelques moments de complicité retrouvéedans les jardins du Belvédère.

1985 Il n’y a pas que l’armée. Un futur roi sedoit aussi d’élargir sa formation en tou-chant aux diverses facettes de la vie civile.

1994 Ce n’est pas la partie la plus désa-gréable de l’apprentissage princier : visiterune brasserie avec ses obligations…

1985 La Colombie vient d’être durement éprouvée par un tremblement de terre. Philippe s’y rend avec des sauveteurs et visiteles familles des victimes. À cette occasion, il prend connaissance de la souffrance humaine et des difficiles réalités quotidien-nes que supportent les populations des pays en développement.

1990 Philippe a toujours eu une grande admiration pour son oncle Bau-douin. Trois ans avant la mort du souverain, une vraie connivence intellec-tuelle et spirituelle réunit les deux hommes.

prince reçoit son béret de commando, à Marche-les-Dames,localité a toujours eu une signification particulière pour lanes de mètres de là que se tua le roi Albert Ier en 1934.

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En 1993, beaucoup croyaient que Philippe allait devenir roi. « Toutavait été orchestré dans ce sens. Quand le roi Baudouin meurt,Martens dit donc sur le champ : “C’est évidemment Philippe.”Mais le timing n’était pas bon. » Vincent Dujardin, historien (lire en page 3).

2002 Habillé en soldat, le prince Philippe visite le groupe«Belurokos» (Belgique, Luxembourg, Roumanie), qui prépare àDiest une mission pour le Kossovo, sous l’égide de l’Otan.

2003 C’est une image que le Palais n’aime plus trop voir : le prince entrain de fumer le cigare. Cela se passait le jour de la finale du premierGrand Chelem remporté par Justine Henin, contre Kim Clijsters.

2005 Philippe est en Inde. Leprince, lunettes noires sur le nez,visite le mémorial de Gandhi.

2009. Un vent taquin souffledans le port de Tanger (Maroc),où Philippe est en mission.

3 décembre 1999 Philippe est (enfin) l’homme le plus heureux de la Terre. Le voilà au bras de laprincesse Mathilde, tous deux unis pour le meilleur. C’est l’accomplissement d’une prophétie qui,paraît-il, destinait la demoiselle ardennaise à un mariage royal…

2009 Au défilé du 21 juillet. Le prince Philippe discute avec la reine Fabiola.Peut-être de ce geste qu’elle va poser : montrer à tous une pomme, cibleimaginaire pour la personne qui vient de la menacer de mort.

2003 Philippe et Mathilde dans l’intimité drésistent pas au plaisir de se photographFrancisco. Même si les autres photograph

2005 Unla tendrenfants

2009 Le métier de roi s’apprend aussi dans la rue et pas seulementau contact des gens. Comme Jacques Chirac en son temps, Philippetapote volontiers le museau d’une belle vache sprimontoise.

2010 Une dernière mission en Inde, en mars de cette année, avantde partir au Brésil, le mois prochain. Comme un conte de fée pourle couple princier qui apprécie ces instants partagés.

2004 Les voyages princiers à l’étranger ce sdes discours. Et, parfois, des contacts un pcomme à Burdur, en Turquie, à l’occasion d

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années de Philippe« J’apprécie énormément le prince Philippe. Il pose beaucoup dequestions. Il veut savoir comment les choses bougent, dansquelle direction engager notre société pour l’avenir. Il est un vraimoteur pour notre économie. » Alain Hubert (lire en page 7)

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1991 Comme son oncle et son père, Philippe nourritune curiosité pour les sciences. Le voilà aux Facultésde Namur, en compagnie du gouverneur Wauthy.

du couple. Comme tous les touristes du monde, ils neier devant le Golden Gate qui enjambe la baie de Sanes ne sont jamais bien loin…

ne image centrale dans l’existence princière :resse paternelle et la relation avec ses

s. Bienvenue, donc, au petit prince Emmanuel !

sont des poignées de mains, des visites,eu plus privilégiés avec les habitantsd’une découverte archéologique.

Juillet 2009 Première journée de vacances pour le prince Philippe, laprincesse Mathilde. Et étonnamment ravi pour leurs enfantsÉlisabeth, Gabriel, Emmanuel et Éléonore, au Parc Paradisio.

Août 2009 Petits mots doux entre Philippe et Mathilde, au château deLaeken. Ils fêtent leur dixième anniversaire de mariage. Albert et Paolacélèbrent, eux, leurs noces d’or, et Laurent et Claire leurs six ans de mariage.

2009 Une des nombreuses visites officielles du couple princier dans nosvilles et nos campagnes. Ici, à Court-Saint-Étienne, Philippe s’entretientavec un étudiant de l’institut technique provincial du Brabant wallon.

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I l a 40 ans, il n’est pas encorechef de l’État mais il a été dé-signé comme régent du

trône par son père en 2004, bienque ce dernier conserve tous lespouvoirs royaux. Alois est l’unedes plus grosses fortunes d’Eu-rope. En février 2008, le Liech-tenstein s’est retrouvé au cœurd’un grand scandale financier.Le prince Alois avait condamnéles méthodes du gouvernementallemand qui a payé 5 millionsd’euros un informateur qui a dé-robé des fichiers à la banqueLGT. La famille princière duLiechtenstein est un des action-naires de la banque LGT.

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F ille aînée du roi CharlesXVI Gustave de Suède,un roi largement

contesté lors de son acces-sion au trône, Victoria jouitpar contre d’un large soutiende sa population. La jeunefemme a régulièrement faitla « une » des magazines etjournaux. Elle a traversé despériodes douloureuses liées àses problèmes de dyslexie etd’anorexie. Sa longue his-toire d’amour avec son coachsportif, un certain DanielWestling, n’en finit pas defaire couler l’encre. Elle s’ap-prêterait à l’épouser.

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P hilippe et Mathilde ont unenouvelle fois reçu leurchère amie Victoria, derniè-

rement. La princesse de Suèdeétait de passage à Bruxelles à l’oc-casion du lancement de la prési-dence européenne suédoise.Tout naturellement, elle auraittrouvé le couvert et le gîte au pa-lais de Laeken chez le princetout aussi héritier qu’elle.

Victoria serait d’ailleurs très co-pine avec Mathilde. Et les cou-sins du Luxembourg sont de ten-dres amis aussi. Sans compter lafamille princière du Japon. Phi-lippe ne rate pas une occasion deles saluer quand il est de passagedans leur coin. Et inversement.Philippe et Mathilde sont de tou-tes les fêtes et réceptions princiè-res.

« Je les ai vus dernièrement, maindans la main, au mariage du princeJean d’Orléans », glisse l’intimede nos princes et princesses, Sté-phane Bern.

Le vieux continent est encorepeuplé de nombreuses têtes cou-ronnées qui ont résisté aux guer-res et révolutions. Si on reprendl’Europe des quinze, on ycompte sept royaumes – maisaussi des principautés et ungrand-duché – pour huit républi-ques. Quatre souverains protes-tants font face à deux catholi-ques (les rois d’Espagne et desBelges).

Les princes et les princesses fê-tent leurs anniversaires ensem-ble et se reçoivent à dormir lesuns chez les autres. Ils s’invitentà tous leurs évènements joyeuxet malheureux. Ils se font descourbettes et se donnent du« mon bon frère » même s’ilssont les pires ennemis. « La der-nière internationale qui fonctionne

encore de nos jours, c’est celle de lamonarchie », sourit Francis Ba-lace, grand spécialiste de l’his-toire de nos rois.

Les princes héritiers se connais-sent donc très bien. Ils ont forcé-ment un feeling particulier, ununivers proche, des préoccupa-tions rares et communes.

« Mais parfois les générations necoïncident pas. Prenez Charles d’An-gleterre, il est d’une autre généra-tion que Philippe, par exemple »,poursuit Francis Balace. Ceuxd’Europe se voient peut-être unpeu plus souvent. Mais les liensde sang royal sont planétaires.

C’est un petit milieu fermé.« Lorsque vous avez un rallye an-noncé dans “L’Éventail”, vous n’ytrouverez évidemment que des gensavec des noms à charnière. Il y aune certaine endogamie au sein dela noblesse », signale encore Fran-cis Balace.

« C’est comme une grand famille,ajoute Stéphane Bern. Il y a unevraie solidarité entre eux. Ils échan-gent leurs points de vue. Ils voya-gent énormément. Ils sont au pre-mières loges de ce qui se passe dansle monde. Ils occupent une positionrare, privilégiée et très intéres-sante. » ■

F rederik de Danemark (41ans) attend dans l’ombrede sa mère. Margrethe II de

Danemark a 69 ans et 37 ansd’un règne très populaire aucompteur. Très sportif, leprince héritier de la couronnedanoise a traversé une jeu-nesse assez mouvementée surle plan des sentiments. En2004, son choix s’est finale-ment fixé sur une jolie Austra-lienne, une certaine Mary Do-naldson. La princesse Mary adonné naissance à un petitChristian qui se place derrièreson père Frederik dans l’ordrede succession.

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aLa dernière internationale qui fonctionneencore de nos jours, c’est celle de la monarchie» Francis Balace, spécialiste de la monarchie

MONARCHIES D’EUROPE

Victoria est venue dormirchez sa copine Mathilde

�LIECHTENSTEIN�

Alois, le plus fortuné

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La princesse Victoria, de Suède,serait très copine avec la prin-cesse Mathilde.

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La princesse Victoria, la plus populaire

�DANEMARK�

Frederik, le prince tellement sportif

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Les princes héritiers d’Europe sont comme une grandefamille. Ils se voient et font la fête ensemble.

L’ÂGE DES PRINCES HÉRITERS

1 Charles d’Angleterre 61 ans

2 Philippe de Belgique 50 ans

3 Willem Alexander d'Orange 43 ans

4 Felipe d'Espagne 42 ans

5 Frederik de Danemark 41 ans

6 Alois du Liechtenstein 41 ans

7 Haakon Magnus de Norvège 36 ans

8 Victoria de Suède 32 ans

9 Guillaume du Luxembourg 29 ans

10 Andrea Casiraghi (Monaco) 26 ans

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H aakon Magnus, 35 ans, sera le qua-trième roi de la jeune monarchienorvégienne. Il a l’expérience du

trône : il a déjà été désigné régent en rai-son de l’état de santé de son père HaraldV (72 ans). Harald V a été opéré d’un can-cer et a subi deux opérations cardiaques.

L’héritier du fragile trône de Norvège agagné l’estime de ses futurs sujets enprenant pour femme une ex-junkie,mère célibataire, Mette-Marit. Un contede fées moderne qui a défrayé la chroni-que. Avec Philippe de Belgique, il par-tage un grand intérêt pour les matièresliées à l’environnement et à la gestiondes ressources durables. HaakonMagnus est un grand fan de musique,de ski et de sports nautiques.

I l est le fils aîné de la princesse Caro-line de Monaco. L’enfance d’Andrea estmarquée par le décès en 1990 de son

père Stefano Casiraghi lors d’un accidentd’off-shore au large de Monaco.

Depuis le décès de son grand-père mater-nel Rainier III en avril 2005, il est seconddans l’ordre de succession au trône de Mo-naco, juste après sa mère Caroline. S’ilétait appelé à régner un jour, il devrait,conformément aux lois successorales deMonaco, abandonner le nom Casiraghipour prendre le nom et les armes des Gri-maldi. Il ne possède aucun titre. La pressedite « people » le gratifie parfois à tort (etsans doute pour des raisons commercia-les) du titre de prince alors qu’il n’a ja-mais été titré prince de Monaco.

A vec ses 25 printemps et son char-mant sourire, Guillaume deLuxembourg est considéré comme

l’un des meilleurs partis d’Europe. Uncœur à prendre. Le fils aîné du Grand-Duc et de la Grande-Duchesse deLuxembourg aime la musique moderneet classique. Il joue du violon et prati-que le tennis, la natation, la voile et leski. Il est très actif dans le mouvementscout du Luxembourg. Dès l’an 2000, ila commencé à assumer la relève de sonpère : il préside le conseil d’administra-tion de la Fondation Kräizbierg qui œu-vre en faveur de personnes handica-pées. Lors de l’assemblée générale del’ONU, il siège aux côtés du Premier mi-nistre Jean-Claude Juncker à New York.

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V oici le plus vieux et le plus patientdes princes héritiers. Le pauvre Char-les a atteint la soixantaine et ne voit

toujours pas le moindre signe d’essouffle-ment de sa mère. Elizabeth II a fêté ses 83ans et ses 57 ans de règne, soit le pluslong règne d’une reine britannique.

En 1981 la cérémonie de son mariageavec Lady Diana Spencer avait été retrans-mise devant un auditoire énorme sur lestélévisions du monde entier. Le couples’est séparé en 1992 et ils ont divorcé en1996 après que Diana eut publiquementaccusé le prince d’avoir une relation ex-traconjugale avec Camilla Parker Bowles.Diana est morte dans un accident de voi-ture en 1997. En 2005, le prince épousaCamilla Parker Bowles.

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C ’est le plus grand du club des prin-ces héritiers. Il mesure pas moinsd’un mètre 97. Prince glamour, il a

épousé en 2004 Letizia Ortiz, une jour-naliste célèbre en Espagne mais rotu-rière et divorcée. La jeune femme, trèsjolie, a su gagner le cœur des Espa-gnols. Et donner a son prince une popu-larité qui ne décline pas.

On présente souvent Felipe commel’héritier le mieux préparé d’Europe.Mais la tâche sera lourde. Son pèreJuan Carlos (72 ans) occupe le trône de-puis 34 ans et est devenu une sorte dehéros national à la mort du dictateurFranco. Juan Carlos promulgua rapide-ment des réformes et permit des élec-tions démocratiques.

L e fils aîné de la reine Beatrix (71ans) a largement atteint la quaran-taine. Sa mère occupe la place de-

puis plus de trente ans. Mais peut-êtreplus pour très longtemps. Aux Pays-Bas,l’abdication fait partie des traditions, aucontraire de chez nous. Après trois géné-rations de femmes sur le trône, il devien-dra roi des Pays-Bas en jouissant d’unebelle popularité. Il la doit à son épouse,la magnifique Maxima. La jeune Argen-tine diplômée d’économie travaillait àNew York, à la Deutsche Bank. Mais lepère de Maxima avait un passé encom-brant. Depuis, Maxima a appris à la per-fection la langue de son pays d’adoptionet a donné naissance à trois filles : Ca-tharina, Alexia et Ariane. ■

Les princes et les princesses fêtent leurs anniversairesensemble et se reçoivent à dormir les uns chez les autres.Ils s’invitent à tous leurs évènements joyeux et malheureux.Au fait : tirent-ils la galette des rois ?

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�NORVÈGE�

Haakon, l’époux d’une ex-junkie

�MONACO�

Andrea, le prince qui n’en est pas un

�LUXEMBOURG�

Guillaume, le plus discret du Gotha

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�ESPAGNE�

Felipe, le plus grand de tous

�ROYAUME-UNI�

Charles, le plus fidèle des infidèles

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�PAYS-BAS�

Willem Alexander, le «mari de»

. 15MERCREDI 14 AVRIL 2010