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Douleurs, 2004, 5, 6 337 ACTUALITÉS LES BRÈVES DE « DOULEURS » Brefs échos des congrès et des sociétés savantes, notes de lecture des revues spécialisées à l’usage des cliniciens, cette rubrique est ouverte à tous. La revue Douleurs encourage tous ses lecteurs à lui faire parvenir des informations brèves issues de leurs lectures, de leurs rencontres, de leurs expériences, de leurs travaux, de leurs voyages ou de leurs navi- gations sur le web, à l’adresse suivante : [email protected] Une référence bibliographique pour ceux qui souhaitent en savoir plus, un court commentaire critique seront bienvenus. Céphalées chroniques quotidiennes : diagnos- tic, prise en charge et prévention L’ANAES met à la disposition des professionnels de santé de nouvelles recommandations : « Céphalées chroniques quotidiennes : diagnostic, rôle de l’abus médicamenteux, prise en charge ». Ces recommandations pour la pratique cli- nique ont été élaborées à la demande de la Société française d’étude des migraines et des céphalées et de l’Association des neurologues libéraux de langue française. Elles complè- tent les recommandations « Prise en charge diagnostique et thérapeutique de la migraine chez l’adulte et l’enfant : aspect cliniques et économiques » éditées par l’Anaes en 2002. LES CCQ (CÉPHALÉES CHRONIQUES QUOTIDIENNES) : UNE PATHOLOGIE MÉCONNUE Les CCQ sont encore largement méconnues des profession- nels de santé non spécialisés comme du grand public. Il s’agit le plus souvent d’une céphalée initialement épisodi- que (migraine ou céphalée de tension) qui sous l’influence, notamment d’un abus médicamenteux, évolue vers des céphalées présentes plus de 15 jours par mois, pendant plus de 3 mois et qui durent plus de 4 heures (en l’absence de traitement). La méconnaissance des CCQ induit une insuffisance de dia- gnostic qui expose les patients à une prise en charge ina- daptée. Or 3 % de la population française adulte est concernée par cette pathologie dont le retentissement psy- cho-affectif, social et professionnel est important. L’abus médicamenteux, qui est assez fréquent (1/3 des cas), fait obstacle à une prévention efficace, facilite l’apparition des CCQ et entrave leur traitement. Ces recommandations préconisent donc : UNE PRISE EN CHARGE SPÉCIFIQUE – En cas d’abus médicamenteux, un sevrage assorti de mesures d’accompagnement. – En l’absence d’abus médicamenteux, la mise en place du traitement de fond de la migraine ou de la céphalée de ten- sion, et une prise en charge des facteurs associés. – Pour tous les patients, une éducation concernant la ges- tion des crises. UNE PRÉVENTION AMÉLIORÉE – Développer l’identification des patients à risque. – Proposer la tenue d’un agenda des céphalées par le patient afin d’objectiver le nombre de jours de céphalées. – Mettre en place une éducation thérapeutique. Tout patient souffrant d’une migraine ou d’une céphalée de ten- sion doit bénéficier d’une éducation thérapeutique, préci- sant notamment la nécessité de ne pas dépasser régulièrement deux prises de traitement de crise par semaine. Il convient par ailleurs de sensibiliser l’ensemble des acteurs de santé, au premier rang desquels les pharma- ciens d’officine, les médecins généralistes, et les patients pour améliorer la prévention, le diagnostic des CCQ et leur prise en charge spécifique. Le rapport complet et la synthèse sont téléchargeables sur le site www.anaes.fr, rubrique « Publications ». ANAES : Responsable communication : Karen Candau Contact presse : Virginie Lanlo : 01.55.93.73.18. e-mail : [email protected] De la musique pour soulager la douleur et l’anxiété des patients aux urgences L’engorgement des urgences est un phénomène bien connu en France. Certains patients peuvent attendre parfois des heures avant d’être pris en charge par les équipes soignan- tes. La même chose se passe aux Etats-Unis où il n’est pas rare que les patients pour lesquels le délai d’attente est trop long se voient proposer une activité récréative telle que regarder la télévision, lire des journaux ou écouter de la

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Douleurs, 2004, 5, 6

337

A C T U A L I T É SL E S B R È V E S D E « D O U L E U R S »

Brefs échos des congrès et des sociétés savantes, notes de lecture des revues spécialisées à l’usage des cliniciens, cetterubrique est ouverte à tous. La revue

Douleurs

encourage tous ses lecteurs à lui faire parvenir des informations brèvesissues de leurs lectures, de leurs rencontres, de leurs expériences, de leurs travaux, de leurs voyages ou de leurs navi-gations sur le web, à l’adresse suivante : [email protected]

Une référence bibliographique pour ceux qui souhaitent en savoir plus, un court commentaire critique seront bienvenus.

Céphalées chroniques quotidiennes : diagnos-tic, prise en charge et prévention

L’ANAES met à la disposition des professionnels de santé denouvelles recommandations : « Céphalées chroniquesquotidiennes : diagnostic, rôle de l’abus médicamenteux,prise en charge ». Ces recommandations pour la pratique cli-nique ont été élaborées à la demande de la Société françaised’étude des migraines et des céphalées et de l’Associationdes neurologues libéraux de langue française. Elles complè-tent les recommandations « Prise en charge diagnostique etthérapeutique de la migraine chez l’adulte et l’enfant : aspectcliniques et économiques » éditées par l’Anaes en 2002.

LES CCQ (CÉPHALÉES CHRONIQUES QUOTIDIENNES) : UNE PATHOLOGIE MÉCONNUE

Les CCQ sont encore largement méconnues des profession-nels de santé non spécialisés comme du grand public. Ils’agit le plus souvent d’une céphalée initialement épisodi-que (migraine ou céphalée de tension) qui sous l’influence,notamment d’un abus médicamenteux, évolue vers descéphalées présentes plus de 15 jours par mois, pendantplus de 3 mois et qui durent plus de 4 heures (en l’absencede traitement).

La méconnaissance des CCQ induit une insuffisance de dia-gnostic qui expose les patients à une prise en charge ina-daptée. Or 3 % de la population française adulte estconcernée par cette pathologie dont le retentissement psy-cho-affectif, social et professionnel est important. L’abusmédicamenteux, qui est assez fréquent (1/3 des cas), faitobstacle à une prévention efficace, facilite l’apparition desCCQ et entrave leur traitement.

Ces recommandations préconisent donc :

UNE PRISE EN CHARGE SPÉCIFIQUE

– En cas d’abus médicamenteux, un sevrage assorti demesures d’accompagnement.

– En l’absence d’abus médicamenteux, la mise en place dutraitement de fond de la migraine ou de la céphalée de ten-sion, et une prise en charge des facteurs associés.– Pour tous les patients, une éducation concernant la ges-tion des crises.

UNE PRÉVENTION AMÉLIORÉE

– Développer l’identification des patients à risque. – Proposer la tenue d’un agenda des céphalées par lepatient afin d’objectiver le nombre de jours de céphalées.– Mettre en place une éducation thérapeutique. Toutpatient souffrant d’une migraine ou d’une céphalée de ten-sion doit bénéficier d’une éducation thérapeutique, préci-sant notamment la nécessité de ne pas dépasserrégulièrement

deux prises

de traitement de crise parsemaine.Il convient par ailleurs

de sensibiliser l’ensemble desacteurs de santé,

au premier rang desquels les pharma-ciens d’officine, les médecins généralistes, et les patientspour améliorer la prévention, le diagnostic des CCQ et leurprise en charge spécifique.

Le rapport complet et la synthèse sont téléchargeablessur le site www.anaes.fr, rubrique « Publications ».

ANAES :Responsable communication :

Karen Candau

Contact presse :

Virginie Lanlo : 01.55.93.73.18.e-mail : [email protected]

De la musique pour soulager la douleur etl’anxiété des patients aux urgences

L’engorgement des urgences est un phénomène bien connuen France. Certains patients peuvent attendre parfois desheures avant d’être pris en charge par les équipes soignan-tes. La même chose se passe aux Etats-Unis où il n’est pasrare que les patients pour lesquels le délai d’attente est troplong se voient proposer une activité récréative telle queregarder la télévision, lire des journaux ou écouter de la

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musique. Cette activité, censée apaiser la douleur etl’anxiété avant l’admission, était jusqu’à ici appliquée d’unefaçon empirique. Une étude canadienne publiée dans lenuméro d’octobre du Journal of Emergency Nursing con-firme l’efficacité de la méthode.Le Dr Kathleen Evanovich Zavotsky et ses collègues del’hôpital Robert Wood Johnson au New Brunswick, ontmené une étude expérimentale destinée à comparer leniveau d’anxiété et l’intensité de la douleur avant et aprèsla diffusion de musique auprès de 50 personnes âgées de 18à 81 ans qui s’étaient rendues d’elles-mêmes aux urgences.Les patients n’ont reçu aucun traitement analgésique pen-dant la période d’attente alors que l’urgence était réellepour la quasi-totalité d’entre eux (98 %).Zavotsky et coll. ont comparé les scores d’intensité de ladouleur mesurés à l’aide de l’échelle numérique simpleavant et après la musicothérapie. Pour la mesure du carac-tère anxieux et de l’anxiété, les chercheurs ont utilisé deuxquestionnaires de 20 items gradués de 1 à 4 en fonction dela fréquence de l’état décrit (Spielberger State Trait AnxietyInventory, STAI-I et STAI-S). Ils ont également mesuré lapression diastolique et systolique des patients, ainsi queleur rythme cardiaque.Les chercheurs ont constaté une diminution significative dela douleur, de l’anxiété et de la pression systolique après lamusicothérapie. Par contre la musicothérapie n’a eu aucuneffet sur la pression diastolique ni sur lerythme cardiaque. Zavotsky

et al.

concluent ainsi à l’effica-cité de la musicothérapie, dont la facilité de sa mise enoeuvre dans les services d’urgence est un avantage nonnégligeable. Cette méthode permet non seulement unebaisse de la consommation d’antalgiques ainsi qu’unemeilleure gestion de la durée de séjour.

Dr Marco Dutra

RÉFÉRENCES

1.

Zavotsky KE. The Effect of Music on Pain, Anxiety, and Cardiac Reactivityin ED Patients. J Emerg Nurs. 2004 Oct;30(5):404.

2.

Menegazzi JJ, Paris PM, Kersteen CH, Flynn B, Trautman DE. A randomi-zed, controlled trial of the use of music during laceration repair. AnnEmerg Med. 1991;20:348-50.

3.

Aitken JC, Wilson S, Coury D, Moursi AM. The effect of music distractionon pain, anxiety and behavior in pediatric dental patients. Pediatr Dent.2002;24:114-8.

4.

Ferguson SL, Voll KV. Burn pain and anxiety: the use of music relaxationduring rehabilitation. J Burn Care Rehabil. 2004;25:8-14. www.sante.net

Le Collège National des Médecinsde la Douleur à votre service

Depuis 1987, le collège travaille à lareconnaissance de l’évaluation et dutraitement de la douleur. Interlocuteurprivilégié des pouvoir publics, il œuvre audéveloppement de cette activitétransdisciplinaire en augmentant moyenset reconnaissance de cet exercice particulier.

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Contact :Président, Dr P. Giniès :[email protected] Présidente, Dr C. Delorme :[email protected]étaire général, Dr J.G. Bechier :[email protected]étaire général adjoint, Dr J. Nizard :[email protected]ésorier, Dr G. Cunin :[email protected]ésorière adjointe, Dr R. Duclos :[email protected]