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Bulletin d’information de l’Union Interprofessionnelle Solidaires Nord/Pas de Calais 59/62 TRIMESTRIEL N° 4- OCTOBRE 2007 SOMMAIRE l’Édito - p.2 Le « génétiquement correct » : un amendement honteux - p.2 Franchise médicale : vers une Insécurité Sociale - p. 3 La grève de la faim des sans-pa- piers : nouvel exemple de la lutte des « sans » - p.4 et 5 Une attaque globale implique une riposte globale - p.6 Autonomie des universités - p.7 Fonctionnement et effets d’une pédagogie alternative en milieu populaire : l’exemple d’une éco- le « Freinet » à Mons en Barœul - p.8 L’agenda - p.8

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Bulletin d’information de l’Union Interprofessionnelle Solidaires Nord/Pas de Calais

59/62 TRIMESTRIEL N° 4- OCTObRE 2007

SOMMAIRE

l’Édito - p.2

Le « génétiquement correct » :un amendement honteux - p.2 Franchise médicale : vers une Insécurité Sociale - p. 3

La grève de la faim des sans-pa-piers : nouvel exemple de la lutte des « sans » - p.4 et 5

Une attaque globale implique une riposte globale - p.6

Autonomie des universités - p.7

Fonctionnement et effets d’une pédagogie alternative en milieu populaire : l’exemple d’une éco-le « Freinet » à Mons en Barœul - p.8

L’agenda - p.8

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L’éditoLa masse des laborieux, des chômeurs et des

précaires va payer. Les vrais privilégiés encais-seront. Tel est bien le sens de la politique que le gouvernement a décidé de mener avec, comme chef de guerre, Nicolas Sarkozy de Nagy-Bóc-sa. Les réformes mises en œuvre depuis quatre mois ont donné un sérieux coup d’accélérateur à cette orientation, et tout indique que cela continuera si aucune force politique, syndicale ou sociale n’a la volonté d’y mettre un terme.Qu’on en juge par les décisions prises cet été

ou annoncées :

– pas de revalorisation du SMIC en juillet, mais mise en œuvre du paquet fiscal qui va ristourner quelques milliards d’euros aux grosses fortunes ;– retour de la TVA sociale (que paieront avant tout les petits revenus) pour mieux faire cadeaux des cotisations au patronat ;– instauration de nouvelles franchises mé-dicales, tout en laissant les parachutes do-rés aux patrons arrogants ;– les inspecteurs du travail mis au service de la répression des travailleurs immigrés exploités par un patronat que Sarko veut protéger de la pénalisation du droit des af-faires, bien qu’il pense qu’il faille réprimer pénalement les « fous et autres irresponsa-bles » ;– si les RM-istes n’ont jamais été aussi nom-breux, leur allocation n’a jamais été aussi faible (en comparaison avec le SMIC)…

La répression de ceux qui osent simplement crier l’injustice ne tarde pour autant pas à s’abattre. On l’a vu cet été dans le Nord, avec les sans-papiers en grève de la faim, réfugiés dans les hôpitaux (ou devant quand on les en rejetait). Seule la mobilisation a pu enrayer les expulsions en masse de ces populations dé-rangeantes. Ceci devrait être un avertissement pour le mouvement social qui subira le même traitement (à moins d’admettre que le service minimum n’est pas une remise en cause du droit de grève ou que la remise en cause des régimes spéciaux de retraite n’est pas l’élar-gissement de la brèche dans notre système de retraite par répartition).Laisser réprimer les « irresponsables », les

sans-papiers, les précaires, ne rapprochera pas les salariés des classes sociales privilégiées, celles en faveur de qui est menée la politique actuelle. Ne pas se mobiliser dans de telles cir-constances, c’est s’apprêter à encaisser les pi-res coups.

Vous le savez tous, du moins si vous suivez les fictions américaines qui nous gavent des « ex-ploits » de la « police scientifique », la preuve

infaillible, celle qui, in fine, confond tous les coupables, c’est le profil d’ADN.

Mais qui sont les coupables ciblés par l’amendement Mariani ? Essentiellement des enfants « d’étrangers ». Pas des enfants de riches Saoudiens ou Koweïtiens. Des enfants du Mali, du Sénégal... dont le crime est d’être nés dans ces régions du monde moins propices à l’épa-nouissement de soi que ne le sont nos contrées.

Pour ces enfants-là, la patrie des droits de l’Homme (et de TF1) vient d’exhumer une charogne que la Révo-lution Française avait jetée dans la fosse aux idées abjec-tes : le concept de « bâtard »1. Le député UMP Mariani, soucieux de préserver le peuple français des « hordes sauvages » qui menacent de déborder notre système de protection sociale, a imaginé de trier les candidats au regroupement familial sur la base de leur filiation bio-logique. Auront ainsi le droit de rejoindre leurs parents en France uniquement les enfants qui pourront justifier du génétiquement correct de leur filiation. Les autres, les « bâtards », seront condamnés à demeurer séparés de leur famille.

Du haut de la tribune, Hortefeux et Mariani répon-dent à la critique qu’il est indispensable de « maîtriser les flux migratoires »�, et poussent l’indécence jusqu’à prétendre que « l’outil scientifique » proposé permettra de résoudre les « drames familiaux » dont souffre une certaine population « étrangère » résidant sur notre sol.

Cet amendement honteux n’est jamais qu’un aperçu des métastases qui menacent de proliférer depuis que notre imaginaire collectif s’est laissé imprégner par la peur de l’autre. Si nous ne réagissons pas, le sarkozisme ambiant, version « remasterisée » des fantasmes lepé-niens, conduira l’opinion dans une conception de la France qui n’est pas sans rappeler celle qui prévalait à Vichy à une certaine époque douloureuse de notre his-toire.1 Axel Kahn et Didier Sicard - le Monde du 17/09/�007.� C’est à dire « fermer la porte aux africains » ; rappelons que notre ancien Président s’est fait le porte parole du crétinisme ambiant lorsqu’il a affirmé, dans un tristement célèbre discours prononcé à Orléans le 19 juin 1991, que ces derniers sont bruyants, odo-rants... et bien évidemment polygames. Les vieux clichés sur les africains sont décidément un mythe tenace... et dangereux pour notre démocratie.

Le « génétiquement correct» :un amendement honteux

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L’instauration d’une fran-chise médicale de 50 euros par an et par assuré social,

sous prétexte de diminuer le déficit de la Sécurité Sociale et de « respon-sabiliser » les malades1, était l’une des propositions miracle du candi-dat Sarkozy. Quelques mois plus tard, le président Sarkozy en rajoute : cette franchise financera un plan de lutte contre le cancer et la maladie d’Alzheimer à hauteur de 850 mil-lions d’euros. Que les professionnels de la santé chiffrent à plus de 6 mil-liards d’euros un tel plan ne semble pas perturber outre mesure l’écono-miste Sarkozy.

Hypocrisie, arnaque, mensonge : tous les moyens sont bons pour faire passer la pilule d’une mesure pro-fondément injuste… et la digestion s’annonce particulièrement difficile pour la majorité de la population.

Une chose est sûre : cette franchise s’ajoutera à ce que les assurés sociaux doivent déjà payer. Rafraîchissons-nous la mémoire :

• 1967 voit l’instauration du ticket modérateur (partie non remboursée

par la sécurité sociale).

Depuis, ont été mis en place :

• le déremboursement de nom-breux médicaments ;

• l’instauration d’un forfait hospi-talier fixé à 16 euros ;

• le forfait d’un euro sur tous les actes médicaux (depuis le 1er août, ce forfait peut monter jusqu’à 4 euros) ;

• la participation forfaitaire de 18 euros sur les actes médicaux supé-rieurs à 91 euros.

Pour une opération chirurgicale, les dépassements d’honoraires peu-vent atteindre aujourd’hui plusieurs milliers d’euros. En moyenne, ce qui reste à payer pour se soigner est es-timé à �40 euros par personne et par an.

L’instauration d’une nouvelle fran-chise, en aggravant cette politique menée depuis plusieurs années par la droite, vise à développer une lo-gique d’assurance privée au sein de l’Assurance-Maladie. Le principe qui est au cœur de cette institution

(chacun cotise selon ses revenus et est soigné en fonction de son état de santé) est ainsi remis en cause. Ceux qui n’auront pas les moyens de payer n’auront d’autre choix que de renon-cer à se soigner (ce qui est déjà le cas, faut-il le rappeler, pour les lunettes et les soins dentaires).

Face à cette nouvelle attaque contre la Sécurité Sociale, issue d’une vo-lonté de mettre à mort le principe de solidarité qui fonde notre modèle unique de gestion des soins, il est important que le front de résistance le plus large possible s’organise.

C’est le sens de l’appel à une nou-velle journée de mobilisation uni-taire le 13 octobre à Lille. Cette journée est le point de départ de la construction d’un rapport de force national pour faire reculer le gouver-nement sur cette mesure inique.

Franchise médicale :vers une Insécurité Sociale

1. Si l’on va au bout du raisonnement, le malade n’a que deux possibilités pour satis-faire ce principe de « responsabilité » : être riche... ou mourir !

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Cet été, nous avons assisté à la 14ème grève de la faim des sans-papiers lillois. Pour

comprendre les enjeux de ce mou-vement, il faut remonter un peu en arrière : en juin et juillet �004, une précédente grève de la faim se déclen-che sur Lille. Plusieurs centaines de sans-papiers grévistes se rassemblent à la bourse du travail. Ce mouve-ment, par son ampleur (le nombre de grévistes, la visibilité médiatique...), débouche sur la nomination d’un médiateur. Des accords sont alors signés entre les pouvoirs politiques et les organisations partenaires des sans-papiers (CSP59, LDH, MRAP, CIMADE). Ces accords « Delarue » (du nom du médiateur) prévoient une régularisation reposant sur trois critères principaux : maîtrise de la langue française, travail béné-vole dans une association, promesse d’embauche ; en contrepartie : arrêt de la grève de la faim comme moyen d’action. Ces accords ont permis la régularisation de plusieurs centaines de sans-papiers.

Le contexte politique s’est durci ces dernières années : le discours de la droite s’inspire ouvertement des thématiques de l’extrême droite, de nouvelles lois rendent plus difficiles le séjour et l’installation des étran-gers en France... Avec l’arrivée au pouvoir d’une droite réactionnaire et désormais décomplexée, l’accord Delarue s’est vu remis en cause et les rencontres mensuelles se sont sol-dées peu à peu par une fin de non recevoir (533 dossiers restant à régu-lariser).

Devant cette situation où des sans-papiers ont passé trois ans à constituer leur dossier sans recevoir une régularisation pourtant due, les militants du CSP 59 se sont radica-

lisés et l’idée de la grève de la faim a commencé à faire jour à partir de janvier. Durant la période électorale, le CSP 59 multiplie les occupations de bâtiments publics dans le but de mettre la pression sur la préfec-ture et d’amener un vrai débat sur le thème de l’immigration. Ces dif-férentes occupations (Université de droit, siège du MEDEF, chambre de commerce...) voient la police utiliser de plus en plus la force, et les propos racistes se multiplient.

Le 15 juin, lors de la 6ème occupa-tion (Chambre de Commerce Inter-national du World Trade Center de Lille), une rafle de 60 sans-papiers et la tentative d’expulsion de trois ca-marades (en cours de régularisation) déclenche la grève de la faim de 60 personnes. Celle-ci, rendue publique le 13 juillet par le passage au CHR de Lille (et une deuxième rafle) dé-bouche sur l’occupation par les sans-papiers et leurs soutiens de la Bourse de travail de Lille du �5 juillet au 1er août, date de l’évacuation illégale de la bourse par les CRS.

Cette dernière entraîne l’arresta-tion de 179 sans-papiers grévistes et soutiens. Les grévistes se retrouvent dispersés dans toute la France (9 à Toulouse, 5 à Rennes, 3 à Bordeaux, plusieurs dizaines à Lesquin), bala-dés entre commissariats et hôpitaux de la région. Les grévistes sont laissés aux portes des hôpitaux puisque les autorités préfectorales leur refusent une hospitalisation durable en utili-sant à des fins politiques les services de santé et de secours et jouent le pourrissement en essayant par tous les moyens de casser le mouvement des sans-papiers grévistes de la faim.

Le préfet expulse 11 guinéens (avec des pressions politiques natio-nales vis à vis de la Guinée) à plus de

50 jours de grève et � marocains à près de 70 jours.

Le �1 août, 31 grévistes sont raflés à la porte des hôpitaux pour Lesquin et Roissy.

Le �9 août, après une consulta-tion des grévistes, l’arrêt de la grève de la faim est décidé avec la pro-position du préfet d’un réexamen « bienveillant » au cas par cas de leur dossier.

Bilan de la lutte et conséquences pour le mouvement social

Le bilan de cette lutte est difficile à établir quelques jours après sa fin officielle. Tout d’abord, l’éparpille-ment des grévistes a eu pour effet de multiplier les points de solidarité, que ce soit dans le Nord-Pas-de-Ca-lais (Valenciennes, Roubaix, Tour-coing...) ou dans d’autres régions (Toulouse, Paris, ...) La population, au contact des grévistes à la porte des hôpitaux, a pris conscience du réel problème des sans-papiers. Les ma-nifestations quotidiennes ont tenu et se sont amplifiées pendant tout le mois d’août. Néanmoins, cette lutte montre bien ce qui nous attend dans les prochains mois. Tout d’abord sur le problème des sans-papiers : le dur-cissement du ton est largement vi-sible. C’est la première fois que les autorités publiques prennent la déci-sion d’évacuer de force des grévistes de la faim à plus de 40 voire 70 jours et sans assistance médicale. La pres-sion préfectorale sur les personnels de santé et de secours s’est faite dès les premiers jours de l’occupation. Des pressions politiques nationales s’exerçaient tant sur le plan juridique (jugement de rétention annulé pour vice de forme en première instance mais confirmé en appel) que sur les

La grève de la faim des sans-papiers lillois :nouvel exemple de la lutte des « sans »

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media (articles odieux et diffamatoi-res des journaux de droite et de la presse régionale).

Les autorités préfectorales ont joué le jeu du pourrissement et utilisé la division entre les associations pour casser le mouvements. Les forces de police ont multiplié les « bavures » et les insultes racistes. Le CSP 59 est, à l’heure actuelle, écarté des négocia-tions. Le doute persiste sur une ré-gularisation des 50 grévistes (que ne pourra permettre qu’un rapport de force important) tandis que les 13 expulsés paraissent « perdus » (bien qu’un comité de soutien se monte sur place avec des apports finan-ciers). Le discours du préfet montre que les accords Delarue et la liste des 1�% (533 dossiers) restent sur la balance. D’ailleurs, tout au long de l’été, la répression s’est accentuée sur les sans-papiers : drame d’Amiens, famille de Cognac, discours d’Hor-tefeux, nouveau rôle des inspecteurs du travail et la nouvelle mouture de la loi sur l’immigration.

Cette situation aura des répercus-sions sur l’ensemble du mouvement social, car le préfet Canepa vient du cabinet de Sarkozy, alors ministre de l’intérieur), et a été nommé à ce pos-te par ce dernier. Ceci nous montre bien la « gestion » d’un mouvement social par la droite décomplexée et réactionnaire. C’est donc par un mouvement social unitaire et in-terprofessionnel que nous pourrons stopper ce gouvernement.

Solidaires dans le mouvement des sans-papiers

Nous n’avons pas à rougir de l’in-vestissement de Solidaires dans ce mouvement. En effet, que ce soit au niveau humain, matériel et financier, Solidaires était présent (militants sur place, soutien financier pour la mo-bilisation et les camarades expulsés, communiqué de presse local, na-tional, de différents syndicats). Un secrétaire national est venu soutenir les camarades sans-papiers. Le com-

muniqué unitaire a été présentée par l’UR Solidaires.

Néanmoins, plusieurs pistes peu-vent être explorées pour améliorer notre travail sur cette thématique. Ainsi, la parution d’un matériel ac-tualisé et pédagogique sur la ques-tion de l’immigration est rendu nécessaire vis à vis de la politique gouvernementale qui chasse sur les terres nauséabondes de l’extrême droite). L’investissement accru dans les réseaux RESF et RUSF, en res-pectant les cadres démocratiques de ces organisations et dans les diffé-rents collectifs de sans-papiers, peut aussi être envisagé. Depuis des an-nées les sans-papiers ont exprimé leur volonté d’être reconnus et de vivre ici. Ils résistent et mènent avec courage et ténacité une bataille dure, éprouvante, pour faire reconnaître leur citoyenneté. Les sans-papiers ne mettent en danger ni la Républi-que ni le Droit. Ils sont une blessure constante à nos consciences.

De gauche à droite : Roland Diagne (CSP 59), Michel Mercier et Simon Fournier (Solidaires)

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Jamais les acquis sociaux (pro-tection sociale, droit du travail, droit de grève, …) n’avaient eu

à subir des attaques aussi fortes et aussi nombreuses. Les objectifs sont clairs : la baisse du coût du travail pour permettre au patronat et aux actionnaires de s’enrichir encore plus sur le dos des salariés et la mise à mort des principes de solidarité qui fondent notre protection sociale de-puis l’après guerre pour développer les systèmes d’assurances privées.

Aujourd’hui, nous le savons, l’at-taque est globale et le discours de Sarkozy le 18 septembre ne laisse planer aucune ambiguïté sur ses in-tentions.

Face à cela, nous sommes tous convaincus aujourd’hui que l’heure de l’action a sonné.

C’est bien entendu le cas : SUD-RAIL et l’Union Syndicale Solidaires

travaillent dans ce sens. Pour autant, il nous faut éviter les pièges tendus, car la proposition de Sarkozy de renvoyer les négociations aux entre-prises et de leur permettre de défi-nir certaines spécificités n’est qu’une nouvelle manœuvre de division.

D’abord, il tente de briser un éventuel front commun interpro-fessionnel entre les entreprises qui accepteront de rentrer dans les né-gociations et les autres qui préfére-ront rentrer dans l’action. Ensuite, il tente de diviser une nouvelle fois les salariés d’une même entreprise en enfermant les salariés dans des négociations pour savoir qui « mé-rite » d’avoir le label de « travailleur spécifique ».

Le premier de ces pièges serait donc de répondre au chiffon rouge agité devant nous que constitue l’at-taque sur notre régime de retraite et d’entrer uniquement dans une ba-garre sur sa défense en occultant les autres problèmes. Cette stratégie de Sarkozy visant à créer le conflit chez nous pour nous isoler et poursuivre rapidement les réformes sur l’ensem-ble des régimes de retraites.

Le deuxième piège serait bien en-tendu de nous enfermer dans une logique de négociation, d’ailleurs perdue d’avance, avec l’espoir de s’en « sortir mieux que les autres ».

Enfin, le piège ultime serait de rentrer dans une négociation sur les spécificités en croyant tirer parti, chacun dans son métier, d’une quel-conque mesure qui « allégerait » les conditions de remise en cause de notre retraite.

Chacun l’a compris, une attaque globale et frontale mérite une ripos-te globale et frontale, et SUD-RAIL participe à la fois dans l’interpro, avec les autres syndicats de Solidai-res, et à la SNCF avec les syndicats de cheminots, à créer les conditions d’un mouvement fort, unitaire, in-terprofessionnel et reconductible in-dispensable pour mettre en échec la politique de destruction sociale mise en œuvre par ce gouvernement et les précédents.

http://sudraillille.skyrock.com

Une attaque globale implique une riposte globale !

ATTAQUE GLObALE...

... RIPOSTE GLObALE

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Autonomie des universités

Le projet de loi relatif aux li-bertés et responsabilités des universités adopté le 10 août

�007 par l’assemblée nationale est un vieux projet (au moins 30 ans) visant à mettre en concurrence les différentes universités. C’est, pour le corps réactionnaire, une véritable victoire idéologique : enfin, les uni-versités « rentrent dans le rang », car derrière le discours caricatural sur l’efficacité et la compétition mon-diale, c’est une véritable révolution réactionnaire visant à éliminer de l’université cette liberté intellectuel-le vécue comme une menace par les conservateurs. Pour ce faire, Nicolas Sarkozy use de plusieurs méthodes.

Tout d’abord, le rajout dans les missions de l’université de l’orien-tation et l’insertion professionnelle. En clair, l’université s’adapte aux be-soins supposés des entreprises locales (déjà présent dans le rapport Univer-sité/emploi d’Hetzel). L’université n’est plus un lieu de connaissance mais devient un centre de formation soumis aux caprices du patronat lo-cal. C’est toujours le même discours qui rend l’université responsable du chômage alors que ce dernier est la conséquence des cadres socio-écono-miques de notre société. Pour bien mesurer l’étendue de l’absurdité, il faut comprendre que l’insertion pro-fessionnelle est une sorte de course à l’armement : c’est à celui qui sera le plus insérable, donc le plus soumis aux intérêts patronaux, et qui aura le plus assimilé les codes irrationnels en vigueur dans les entreprises. En plus de conditionner les étudiants à devenir des courtisans plus que des travailleurs dotés de droits, il y a une adaptation des enseignements à ces besoins supposés, que ce soit en li-mitant ou supprimant l’accès aux

parcours jugés peu professionnali-sant ou en travestissant les autres.

Cette loi change aussi en pro-fondeur la « gouvernance » des uni-versités. On passe d’un système où la communauté universitaire (étu-diants, personnels enseignants et AI-TOS), représentée dans les conseils prenait les décisions qui la concerne (un système représentatif dont nous connaissons et dénonçons les limites quant à sa démocratisation), à des instances où ce sont des personna-lités extérieures (patronat, élus lo-caux... – aux connaissances d’ailleurs très superficielles sur le fonctionne-ment de l’université) qui prennent les décisions à la place de la commu-nauté universitaire (ces « extérieurs » étaient déjà présents, mais dans des proportions beaucoup plus faibles). Un véritable vol de la démocratie. En même temps, on a une réduction très forte du nombre d’élus. Ce qui diminue d’autant plus la possibilité de contrôle et de proposition. De plus, le président voit ses pouvoirs considérablement renforcés. C’est ce que l’on appelle la gouvernance (gouverner sans légitimité ni apti-tude).

Après la prise de pouvoir politi-que du patronat, ce dernier peut aussi assurer sa mainmise par le biais financier. En effet, avec la multipli-

cation du financement privé sous toutes ses formes (mécénat, chaire d’entreprise...), le MEDEF gou-vernera l’université. Cette situation accentue la mise en concurrence des universités. Ces dernières n’ont plus vocation à travailler ensemble au développement, à la conservation et à la transmission du savoir, elles doivent désormais lutter entre elles pour survivre et trouver des finan-cements.

Cette logique de financement va entraîner une sélection sociale ac-crue, car les universités qui n’arri-veront pas à attirer les financements privés devront s’auto-financer, et on peut donc s’attendre à une augmen-tation des frais d’inscription dans les plus brefs délais. Nous allons nous diriger très vite vers une université qui se vide de la quasi-totalité de ses étudiants d’origine modeste.

Précarisation des personnels, sé-lection sociale, financement privé, gestion non démocratique... c’est cela, l’autonomie et la liberté pro-mise. LMD, Pacte de la Recherche, Rapport Hetzel, les attaques sont multiples mais la logique reste la même : la destruction de notre mo-dèle universitaire et de son rôle de service public, d’enseignement su-périeur et de recherche.

DEMAIN, L’AUTONOMIE...

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La pédagogie Freinet se veut une pé-dagogie de la rupture. En simplifiant on peut dire que « la vie entre à l’école et que l’école va vers la vie ». Au quotidien, cela signifie que les enseignants partent de l’expression des enfants, de leur vécu, de leurs productions, en les reliant à la culture scolaire, aux programmes, au patrimoine culturel extérieur…

Ce qui est de l’ordre de la vie sociale de l’école, de la régulation des conflits passe en second et est toujours en lien avec la mise au travail des élèves, leur rapport au savoir et leurs apprentissa-ges.

Selon la recherche menée par le la-boratoire Théodile, entre �001 et �006, les résultats scolaires ont fortement progressé (référence évaluations natio-nales qui n’évaluent pourtant que très peu des compétences mises en place en Pédagogie Freinet) pour rejoindre dans

cette école en REP les résultats du dé-partement et même du national pour certains champs. Le nombre d’élèves de cette école que semblaient aupara-vant fuir les familles qui le pouvaient, a de nouveau augmenté. Toujours selon cette étude, les phénomènes de vio-lence tendent à diminuer, et les élèves dits « à problèmes » ou « en souffrance » semblent également mieux s’intégrer. Les rapports à l’école, au travail, aux apprentissages, aux savoirs… parais-sent aussi évoluer de manière « posi-tive » : climat de travail et valorisation de celui-ci ; autonomisation dans les tâ-ches et prise de risque, développement d’une distance réflexive accompagnée de discours explicatifs et argumentatifs étayés ; sentiment de sécurité et de séré-nité, clarté dans la relation entre situa-tions, activités et objectifs ; conscience et contrôle des tâches ; sens attribué

aux apprentissages et sentiment précoce et important d’être en apprentissage à l’école via le travail ; vision positive de l’école et des savoirs…

Pour en savoir plus sur l’école expérimentale de Mons en Barœul, un débat autour du livre écrit sous la direction d’Yves Reuter aux éditions « L’Harmattan » à la librairie « Le bateau livre » rue Gambetta à Lille le mardi 9 octobre à 18h00.

Site internet : http://www.editions-harmattan.fr Email : [email protected]

Au groupe scolaire Concorde de Mons en Baroeul, une expérimentation pédagogique depuis 2001: les neuf enseignants de ces deux écoles mettent en œuvre la pédagogie Freinet et les effets de leur travail sont évalués par une équipe de onze chercheurs en sciences de l’éducation de l’université Lille 3 (laboratoire THEODILE).

Fonctionnement et effets d’une pédagogie alternative en milieu populai-re : l’exemple d’une école « Freinet » à Mons en barœul

L’AGENDA

13 octobre : suite à l’initiative du 29 septembre, contre les franchises médicales et pour l’accès aux soins pour tous, manifestation unitaire à Lille, départ 15h30 place des Buisses (Euralille).

18 octobre : appel à la grève et à manifestation interprofessionnelle régionale. Rassemblement à 14h00 Porte de Paris. Départ de la manif 14h30. 22 octobre : journée d’appel de Sud Éducation à la grève en soutien à Florimond Guimard, militant RESF compa-raissant devant le TGI d’Aix pour « violences en réunion avec arme » lors d’une manif de soutien contre l’expulsion d’un père de famille et de deux enfants scolarisés.

Pétition : « Non au contrôle génétique de l’immigration » http://tmp.sauvonslarecherche.fr/spip.php?article1625