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66-67 Jeûne Dr Lallement 145

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Une méthode accessible à tous, gratuite et efficace contre autant de maladies

graves et invalidantes, sans que cela soit encore connu et diffusé, voilà qui a de quoi laisser son-geur et dubitatif... (Pour ceux qui l’auraient manquée, il est possible de revoir cette émission en redif-fusion durant quelques semaines : je vous y encourage fortement !)*

Une méthode qui mérite une caution scientifique

Ce reportage nous apprend que les pionniers de ces études sur le jeûne thérapeutique ont été les Russes, et en premier lieu pour des patholo-gies psychiatriques  ! Puis d’autres équipes, également russes pour la plupart, ont montré les bénéfices étonnants de cette méthode face aux maladies métaboliques (dia-bète, hypertension artérielle...), aux rhumatismes inflammatoires, aux allergies et à l’asthme, etc.Beaucoup plus récemment, un chercheur américain d’origine ita-lienne a montré l’impact très posi-tif d’une courte période de jeûne avant chaque séance de chimio-thérapie.

En tant que spécialiste en cancéro-logie, je me consacre depuis plu-sieurs années au rôle déterminant de l’alimentation sur les maladies chroniques et dégénératives. Il m’a donc semblé utile de prendre posi-tion sur les bases fondamentales et métaboliques de cette technique de jeûne, avant de pouvoir faire part également de mon expérience clinique sur les patients qui la pra-tiqueront.J’affirme sans plus attendre que les arguments présentés dans le repor-tage, et que je vais passer en revue, me semblent suffisants pour que l’on puisse apporter une caution scientifique à cette méthode.

L’origine nutritionnelle des maladies...

L’efficacité du jeûne sur les dif-férentes pathologies présentées dans le reportage est avant tout la preuve de l’origine nutritionnelle prépondérante de toutes les mala-dies évoquées. Ceci est assez évi-dent et logique pour les maladies métaboliques, qui dépendent di-rectement de notre alimentation, mais nous connaissons désormais le processus fondamental qui fa-

vorise l’apparition des pathologies neuro-psychiatriques, allergiques, auto-immunes et cancéreuses. Il s’agit de l’inflammation chronique, dont les causes nutritionnelles sont maintenant connues : aliments pro-inflammatoires d’origine indus-trielle, intolérances alimentaires, carences micro-nutritionnelles, in-toxication par les polluants conte-nus dans la nourriture : métaux lourds, pesticides...Dès lors, il est logique d’imaginer qu’une période de jeûne, en inter-rompant l’intoxication d’origine alimentaire, puisse avoir des effets bénéfiques rapides sur ces patho-logies.Cette efficacité présente, à mon

A propos de l’émission : « Le jeûne,

une nouveLLe thérapie ? »Les lecteurs qui ont eu la chance de visionner le documentaire

projeté sur Arte le 29 mars au soir doivent se poser de très nombreuses questions !

Le Dr Lallement, cancérologue et auteur de Les Clés de l’alimentation santé (voir p. 100) nous donne ici son avis.

avIs méDICaL

*Au moment où nous publions cet article, nous ne savons pas encore quel moyen permettra de revoir l’émission, mais nous vous donnerons dès que possible toutes les informations sur le site rebelle-sante.com, et dans le prochain magazine.

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sens, l’immense avantage de sen-sibiliser les patients à l’importance de leur alimentation sur leurs mala-dies, ce qui n’est pas toujours évi-dent : jusqu’à présent, je proposais des régimes de quelques semaines, mais le jeûne permet de se faire une idée en quelques jours seule-ment. Cependant, si la privation de nourriture permet une amélioration rapide des symptômes, le reportage précise pour chaque pathologie que c’est ensuite une alimentation équilibrée qui permet de maintenir dans la durée les bénéfices obtenus.

Comment expliquer que le jeûne est un allié de la

chimiothérapie ?

Le cas des cancers est bien diffé-rent, car l’efficacité du jeûne repose dans ce cas sur la différence de mé-tabolisme entre les cellules saines, capables de s’adapter à la privation de glucose, et les cellules cancé-reuses, qui en sont dépendantes.Otto Warburg, un prix Nobel de médecine, a montré en 1924 que les cellules cancéreuses ont un mé-tabolisme au moins partiellement anaérobie, très fortement consom-mateur de glucose. Cette dépen-dance des cellules cancéreuses au glucose est confirmée de nos jours par l’examen appelé TEP-scan (to-mographie par émission de posi-tons), qui objective la concentration de glucose radio-actif au niveau de ces cellules. On comprend dès lors l’agression que représente la pri-vation en glucose pour le métabo-lisme tumoral. Cependant, s’il est séduisant d’«  affamer  » le cancer, cette stratégie ne peut durer très longtemps, l’organisme souffre éga-lement.Le génie du chercheur valter Longo est d’avoir proposé le jeûne en as-sociation avec les chimiothérapies anti-cancéreuses. En effet, dans le protocole à l’étude actuellement aux Etats-Unis, la courte durée du jeûne (2 à 3 j.) ne suffit pas à affaiblir l’organisme, mais suffit par contre à faire passer le métabolisme des cellules saines en mode de « diète cétogène  »  : les tissus n’utilisent plus le glucose pour fonctionner, mais les corps cétoniques issus de

l’utilisation des réserves graisseuses (lipolyse, comme cela est expliqué dans le reportage). Or, selon val-ter Longo, les cellules cancéreuses n’apprécient pas ce nouveau car-burant !a ce stade, l’arrivée des drogues an-ti-cancéreuses semble alors beau-coup plus préjudiciable pour les cellules cancéreuses que pour les cellules saines, selon les premiers résultats obtenus sur dix patients. Bien entendu, les résultats définitifs de l’étude en cours sont nécessaires pour s’assurer non seulement des la diminution des effets secondaires des chimiothérapie, mais surtout pour confirmer l’absence de baisse d’efficacité des drogues adminis-trées.

Des résultats à confirmeret un protocole à tester

En attendant de nouvelles études à plus grande échelle, rien n’interdit à un patient de prendre l’avis de son cancérologue, reportage à l’appui,

sur cette courte diète avant chaque chimiothérapie. selon moi, il est logique d’effectuer une diète stricte de 3 jours avant l’injection de la chimiothérapie, mais en apportant par contre durant cette période des doses assez fortes de certaines vitamines et oligo-éléments  : les patients sont déjà très souvent ca-rencés en vitamines B et D, en zinc, magnésium et sélénium, et le jeûne ne doit pas aggraver encore ces ca-rences (éviter par contre le fer et le cuivre). En outre, durant la semaine qui suit la chimiothérapie, il est lo-gique de proposer une alimentation appauvrie en polyamines, grâce aux produits de la gamme Castase, développés spécifiquement.Je suis, pour ma part, convaincu du bien fondé de la logique du jeûne sur les différentes pathologies évo-quées ci-dessus, mais la conviction ne saurait bien sûr remplacer les preuves ! Espérons que celles-ci ne tarderont pas à venir.

Dr Michel Lallement