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Repères – Petite histoire du roman d’aventures . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 206 Lecture – LE SURGISSEMENT DE L AVENTURE : P. Mac Orlan . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 208 – LES RESSORTS DU RÉCIT DAVENTURES : LA PEUR… : J. M. Falkner . . . . . . . . . . . 212 – LE TRAÎTRE DÉMASQUÉ : J. Verne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 216 – L’EMPOISONNEMENT : A. Dumas . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 220 LECTURE DES IMAGES : quatre scènes de romans d’aventures . . . . . . . . 226 Prolongements : lecture, oral – Les lieux de l’aventure . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 228 Outils de la langue / Activités d’écriture – ENTRAÎNEMENT À L ÉCRITURE : exprimer la succession des actions . . . . 230 – GRAMMAIRE : assurer les enchaînements logiques . . . . . . . . . . . . . . . 230 – ORTHOGRAPHE : adverbes en -ment, dictée préparée . . . . . . . . . . . . . . 231 – CONJUGAISON : les temps du passé de l’indicatif, le conditionnel, le subjonctif . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 232 – VOCABULAIRE ET FIGURES DE STYLE : désignation des personnages, vocabulaire des perceptions, vocabulaire de la peur; comparaison, métaphore, répétition, gradation . . . . . . . . . . . . . . . . . . 232 Évaluation – LECTURE : Alexandre Dumas, Le Comte de Monte-Cristo . . . . . . . . . . . 234 – ÉCRITURE : écrire une scène de suspense . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 235 Autres lectures – CHOISISSEZ UNE LECTURE : les romans d’aventures . . . . . . . . . . . . . . . . . . 236 – TENEZ VOTRE CARNET DE LECTURE : lire et prendre des notes . . . . . . . . . . . 237 – ACTIVITÉS EN CLASSE : élaborer une bande-annonce . . . . . . . . . . . . . . . . 237 204 7 Le roman d’aventures Objectifs : lire un roman d’aventures, écrire une scène de suspense.

7 Le roman d’aventures - plandetudes.ch

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Repères– Petite histoire du roman d’aventures . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 206

Lecture– LE SURGISSEMENT DE L’AVENTURE : P. Mac Orlan . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 208– LES RESSORTS DU RÉCIT D’AVENTURES : LA PEUR… : J. M. Falkner . . . . . . . . . . . 212– LE TRAÎTRE DÉMASQUÉ : J. Verne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 216– L’EMPOISONNEMENT : A. Dumas . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 220– LECTURE DES IMAGES : quatre scènes de romans d’aventures . . . . . . . . 226

Prolongements : lecture, oral– Les lieux de l’aventure . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 228

Outils de la langue /Activités d’écriture– ENTRAÎNEMENT À L’ÉCRITURE : exprimer la succession des actions . . . . 230– GRAMMAIRE : assurer les enchaînements logiques . . . . . . . . . . . . . . . 230– ORTHOGRAPHE : adverbes en -ment, dictée préparée . . . . . . . . . . . . . . 231– CONJUGAISON : les temps du passé de l’indicatif, le conditionnel, le subjonctif . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 232– VOCABULAIRE ET FIGURES DE STYLE : désignation des personnages, vocabulaire des perceptions, vocabulaire de la peur ; comparaison, métaphore, répétition, gradation . . . . . . . . . . . . . . . . . . 232

Évaluation– LECTURE : Alexandre Dumas, Le Comte de Monte-Cristo . . . . . . . . . . . 234– ÉCRITURE : écrire une scène de suspense . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 235

Autres lectures– CHOISISSEZ UNE LECTURE : les romans d’aventures . . . . . . . . . . . . . . . . . . 236– TENEZ VOTRE CARNET DE LECTURE : lire et prendre des notes . . . . . . . . . . . 237– ACTIVITÉS EN CLASSE : élaborer une bande-annonce . . . . . . . . . . . . . . . . 237

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7 Le romand’aventures

Objectifs : lire un roman d’aventures, écrire une scène de suspense.

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� Howard Pyle (1853-1911), Attaque d’un galion par des pirates (1887), illustration tirée de l’ouvrage Book of Pirates.

LIRE L’IMAGE1.a. Que représente l’image ? De quel ouvrage est-elle tirée ? b. Vous chercherez ce qu’est un galion.2.Quel est l’effet produit par la composition et le mouvement, les couleurs, l’éclairage ?3.À quel genre de roman cette image renvoie-t-elle ?

Pour commencerl Aimez-vous les romans ou les filmsd’aventures ? Selon vous, quand peut-ondire qu’ils sont réussis ? Citez quelquesœuvres que vous connaissez.

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Les origines antiques et médiévalesl Les récits d’aventures existent depuis l’Antiquité :l’Odyssée d’Homère (VIIIe siècle av. J.-C.) et, bien plustard, l’« Histoire de Sindbad le marin », rattachéeaux Mille et une nuits et issue de la tradition oraleorientale (du VIIIe au XIIe siècle), racontent les aven-tures de héros voyageurs et les différents périlsqu’ils affrontent.

l En France, le roman d’aventures naît au MoyenÂge, avec Chrétien de Troyes (XIIe siècle). Premierromancier français, il met en scène le roi Arthur etses chevaliers de la Table ronde en quête d’aven-tures chevaleresques et amoureuses et à larecherche du Saint-Graal, le vase qui aurait recueillile sang du Christ.

Du XVIIIe au XXe sièclel Le roman d’aventures prend son essor au XVIIIe siècle en Angleterre avec un ouvrage fonda-teur, Robinson Crusoé (1719) de Daniel Defoe. Ce der-nier s’est inspiré de l’aventure réelle de l’ÉcossaisAlexandre Selkirk, abandonné sur une île à six centskilomètres de la côte du Chili en 1704, à la suite d’unemésentente avec son capitaine. Un autre navire leretrouvera en 1709. Le thème du naufragé et de sa

survie sur une île déserte connaîtra un succès extra-ordinaire et donnera naissance au mythe deRobinson.

l Au XIXe siècle, le goût de la lecture de divertisse-ment touche les couches populaires, notamment àla faveur du développement des éditions bon mar-ché et des romans-feuilletons que publient abon-damment les journaux alors en pleine expansion.Le roman d’aventures connaît son âge d’or. On retien-dra les œuvres d’Alexandre Dumas (Les Trois Mous -que taires, 1844; Le Comte de Monte-Cristo, 1844-1845)et de Jules Verne (Le Tour du monde en 80 jours, 1873;Michel Strogoff, 1876). C’est à ce moment aussi quenaît la littérature enfantine favorisée en France parl’éditeur Pierre-Jules Hetzel (1814-1886) et dont leshéros sont des enfants : Hector Malot (Sans famille,1878), R. L.Stevenson (L’Île au trésor, 1883), J.M.Falkner(Moonfleet, 1898).

l Au XXe siècle, Pierre Mac Orlan (1882-1970), écri-vain voyageur, remet au goût du jour les histoiresde piraterie avec Les Clients du Bon Chien Jaune(1926) et L’Ancre de miséricorde (1941). L’aventurierHenri de Monfreid (1879-1974) s’inspire de sesvoyages pour écrire Les Secrets de la mer Rouge (1931)et Pilleurs d’épaves (1955).Les récits d’aventures mettent en avant les valeurshéroïques : Antoine de Saint-Exupéry montre deshommes qui vont au bout de leur courage et de

Repères

lChronologieVers 1220 : anonyme, La Quête du Saint-Graal.1719 : Daniel Defoe (1660-1731), Robinson Crusoé.1844 : Alexandre Dumas (1802-1870), Les Trois Mousquetaires.1844-1845 : Alexandre Dumas, Le Comte de Monte-Cristo.1873 : Jules Verne (1828-1905), Le Tour du monde en 80 jours.1876 : Jules Verne, Michel Strogoff.1878 : Hector Malot (1830-1907), Sans famille.1883 : Robert Louis Stevenson (1850-1894), L’Île au trésor.1898 : John Meade Falkner (1858-1932), Moonfleet.1903 : Jack London (1876-1916), L’ Appel de la forêt.1926 : Pierre Mac Orlan (1882-1970), Les Clients du Bon Chien Jaune.1941 : Pierre Mac Orlan, L’ Ancre de miséricorde.1954 : William Golding (1911-1993), Sa Majesté des mouches.1971 : Michel Tournier (né en 1924), Vendredi ou la Vie sauvage.

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Petite histoire du roman d’aventures

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2077 Le roman d’aventures

leur volonté (Vol de nuit, 1931 ; Terre des hommes,1939). Joseph Kessel raconte les vols aériens àl’époque de l’aéropostale (Vent de sable, 1929) et lesaventures de deux hommes violents, aux abords dela mer Rouge (Fortune carrée, 1955). L’aventure, c’estaussi la découverte de l’amitié, avec Henri Bosco(L’Enfant et la Rivière, 1960), André Dhôtel (Le Paysoù l’on n’arrive jamais, 1955), mais aussi de la vio-lence et de la cruauté, avec William Golding (SaMajesté des mouches, 1954) ; ce peut être aussi unéloge de la vie sauvage, avec Michel Tournier(Vendredi ou la Vie sauvage, 1971) qui reprend lemythe de Robinson Crusoé. De nos jours, l’aventuredemeure un thème privilégié de la littérature dejeunesse, avec des écrivains comme Évelyne Brisou-Pellen, Alain Surget, Philip Pullman…

Les diverses formes du roman d’aventuresLes récits d’aventures couvrent un large champ. Onpeut les classer en catégories.

l Les romans d’aventures maritimes : ils contentdes histoires de pêcheurs aux prises avec les élé-ments : Moby Dick (1851) de Herman Melville (1819-1891), Pêcheur d’Islande (1886) de Pierre Loti(1850-1923), ou bien mettent en scène des naufra-gés recueillis sur un navire et contraints de se plierà la vie à bord (Rudyard Kipling, Capitaines coura-geux, 1897) ou encore d’affronter des personnagesviolents et brutaux qui font régner la terreur sur lenavire (Jack London, Le Loup des mers, 1904).

l Les romans de piraterie, dont la figure principaleest le pirate : R. L. Stevenson, L’Île au trésor (1883),Pierre Mac Orlan, Les Clients du Bon Chien Jaune(1926).

l Les robinsonnades (du nom du personnage deRobinson Crusoé) sont des récits d’aventures quidécrivent la survie de naufragés seuls face à unmonde hostile (Jules Verne, Deux ans de vacances,1888).

l Les récits de voyage : ils mettent en scène deshéros qui tentent l’épreuve de l’inconnu et vont jus-qu’au bout de leurs limites (Saint-Exupéry, Kessel…).

l Les romans historiques : l’Histoire sert de toilede fond à l’intrigue qui, elle, est fictive : A. Dumas,Les Trois Mousquetaires (1844), dont l’action sedéroule sous le règne de Louis XIII. Les romans his-toriques peuvent prendre la forme de romans decape et d’épée (allusion à la cape des mousque-taires). Ils sont riches en rebondissements; les héros,des aventuriers, justiciers ou traîtres, s’affrontenten duel. Dans cette veine, citons aussi Ivanhoé (1819)de Walter Scott (1771-1832) et Le Bossu (1857) de PaulFéval (1817-1887).

l Le roman de la science avec Jules Verne : l’écri-vain, inspiré par le développement accéléré dessciences et des techniques, fait de la science le res-sort de l’intrigue romanesque et ouvre les voies del’imagination et du rêve (Voyage au centre de laterre, 1864 ; Vingt mille lieues sous les mers, 1869).

� Illustration pour De la Terre à la Lune (1865) de J. Verne,lithographie en couleurs, XIXe siècle (collection privée).

1.Quelles sont les origines du roman d’aventures ?2.Quel siècle voit l’essor du roman d’aventures ? pour quelles raisons ?3.Quelles sont les différentes catégories de romans d’aventures ? Citez quelques titres à l’appui.

2 Lire et repérer

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208

Le narrateur Louis-Marie Bénic, devenu adulte, raconte son histoire : en 1756,après la mort de son père, alors qu’il est âgé de quatorze ans, il est recueillipar son oncle, propriétaire de l’auberge du Bon Chien Jaune, à Brest.D’inquié tants personnages fréquentent le lieu, dont un certain Pain Noir quiréclame régulièrement une livraison de «morts». Du grenier où il loge, au-dessus de la grande salle, le narrateur, intrigué, tente d’en savoir plus…

Je connaissais les moindres recoins de la grande salle. Elle étaittraversée dans sa largeur par une énorme poutre qui donnait dans

le grenier. À l’endroit où elle pénétrait dans ma soupente le mur étaitécroulé. Il ne restait qu’une grosse pierre branlante que je pouvais dépla-cer facilement. De cette manière, il m’était aisé de suivre la poutre enme glissant entre elle et le plafond de la grande salle.

Je m’exerçai à ce jeu un peu avant le repas du soir. En cas d’alerte,c’est-à-dire en cas qu’il prît fantaisie à l’oncle de monter dans ma sou-pente, j’avais le temps de regagner ma paillasse avant qu’il eût grimpél’escalier. Je replaçais derrière moi la pierre et le tour était joué.

Après le souper, je montai me coucher, vers huit heures du soir. Ily avait peu de clients dans la grande salle […].

C’étaient des clients relativement tranquilles. Ils burent une ou deuxbolées de cidre et s’en allèrent sans tapage. Derrière eux l’oncle fermases volets. Et je n’entendis plus aucun bruit dans la demeure quandAnne1 eut fermé pour la nuit la porte du taudis où elle reposait.

J’étais rompu de fatigue et il me fallut faire des efforts inouïs pourne pas choir dans le sommeil. L’oncle monta trois fois à pas de louppour voir si je dormais. Je sus lui inspirer confiance en ronflant commeun sonneur de cloches. J’entendis une à une les heures criées par leveilleur de nuit. Et quand il annonça : « Il est minuit. Il fait beautemps ! » je m’assis sur ma paillasse, merveilleusement éveillé, atten-tif au plus léger bruit.

J’entendis mon oncle ouvrir tout doucement la porte de la rue. Jeprofitai de ce moment pour déplacer ma pierre et me glisser le long dela poutre. J’étais à peine installé que deux hommes pénétrèrent dans

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251. Anne :jeune servante.

Le surgissement de l’aventurePréparez votre lecture1. Cherchez l’origine du mot aventure.2. Que signifient les expressions avoir l’esprit d’aventure, courirl’aventure, tenter l’aventure, partir à l’aventure ?3. Comment appelle-t-on un homme qui a le goût de l’aventure ?

«L’aventure me tourmentait »

Pierre Mac Orlan(1882-1970)

Les Clients du Bon ChienJaune(1926)

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2097 Le roman d’aventures

la grande salle. À cause du peu de clarté répandue par une petite lan-terne sourde2, je ne pouvais guère apercevoir leurs visages. Trois autresvinrent rejoindre les deux premiers. Il se passa encore quelques minuteset deux individus apparurent, suivis de près par un huitième person-nage que je reconnus pour Pain Noir, grâce à son chapeau luisant.

Ils étaient donc sept dans la salle, sept hommes bien vivants, quel’oncle et Pain Noir appelaient des «morts». Mes yeux s’habituaient àl’obscurité. Ces futurs morts étaient habillés à la mode des matelots.Leurs visages étaient marqués par le diable. Cela ne me surprit guère,car la clientèle du Bon Chien Jaune ne m’avait jamais révélé l’imageconsolante de la vertu3.

Mais ce qui me laissa perplexe, ce fut de voir, en place des cadavresque je m’imaginais, des hommes bien vivants. Je me torturais l’esprità me demander quelle pouvait être la cause de ce macabre4 surnom,quand Pain Noir éleva la voix.

«Sors-nous tes pistoles, tes écus et tes livres, Bénic, et verse du rhumà tous ces bons garçons. Je reconnais Tom Crow, qui a dû naviguer, si ma mémoire est bonne, avec le capitaine Charly Vane. Cela ne te

2. lanternesourde :lumière peuéclairante.

3. vertu :qui porte à faire le bien.

4. macabre :qui évoque la mort.

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� Pierre Leconte, Les Pirates dans leur taverne (1947),illustration pour L’ Ancrede miséricorde (1941) de Pierre Mac Orlan,gravure sur bois.

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rajeunit pas, matelot. Et cette fois encore, tu vas embarquer sur leHollandais-Volant, le navire des morts… Ah ! Ah ! Les morts duHollandais-Volant ! De fameux coquins, s’ils te ressemblent tous.

– Merci pour le coquin, fit Tommy Crow. Et à ta santé, camarade.L’enfer nous réunira un jour ou une nuit.

– Ce n’est pas tout ça, interrompit l’oncle Benic. Vous êtes recrutéspar Pain Noir pour être inscrits au rôle d’équipage du Hollandais-Volant.Vous embarquerez après-demain matin au petit jour sur la chaloupe laGrâce-de-Marie, où vous trouverez un homme qui vous conduira chezun estimable commerçant de Londres. Là, vous trouverez d’autres mate-lots, qui ne demandent pas mieux que de faire des morts…, des mortsde combat, ricana l’oncle. Je vais vous verser votre prime et c’est à Londres que mon ami Watson vous dirigera vers votre damné bâtiment. […] »

Cela dit, l’oncle Benic prit un sac de toile assez lourd. Il en sortit despièces d’or et compta à chacun sa part.

On but ferme le restant de la nuit dans la salle du « Bon ChienJaune ». Pour moi, je ne cessais de me tourner et de me retourner surma paillasse. L’ aventure me tourmentait. J’avais vu les fameux morts.Ces morts, quoique vivants, étaient d’incontestables bandits. Ils par-taient cependant pour une expédition mystérieuse qui me tentait fort.J’avais entendu parler du fameux Hollandais-Volant, ce navire fantômequi sème la désolation sur toutes les mers. La Grâce-de-Marie, petitbrick5 ancré dans le port de Brest, m’offrait les clefs d’une aventure quifaisait bouillir mon sang dans mes veines. Quand je m’endormis, jesavais déjà ce que j’allais faire.

Pierre Mac Orlan, Les Clients du Bon Chien Jaune, 1926 © Comité Pierre Mac Orlan.

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� Howard Pyle (1853-1911), Portrait de pirate (1887), illustration.

5. brick :voilier à deux mâts,dont les voiles sont carrées.

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2117 Le roman d’aventures

2 Lire et analyserLe narrateur et le contexte du récit d’aventures1. a.Qui est le narrateur ? À quelle personneet à quels temps mène-t-il le récit ? Se pré-sente-t-il comme ayant vécu les événementsqu’il raconte ?b.Quel âge avait-il au moment de l’histoire ?Aidez-vous du chapeau.2.À quelle époque et dans quel lieu l’action sedéroule-t-elle ?3. Quel est le moment de la journée ? Où lenarrateur se trouve-t-il précisément ? Quelsdétails fournit-il sur la configuration du lieu ?Dans quel but le fait-il ?

Le surgissement de l’aventure4.À quelle scène le narrateur assiste-t-il ? Quelrisque prend-il (l. 7 à 9)? A-t-il mis en place unestratégie de repli ? Citez le texte.5. a. Quel type de personnages sont réunisdans l’auberge ? En quoi sont-ils inquiétants ?

b. Relevez les éléments qui créent le mystèreet renvoient à l’aventure.

Le point de vue6. Montrez que le narrateur raconte la scèneselon le point de vue du jeune garçon qu’ilétait :a. relevez les notations de bruit et de silence ;b. précisez les conditions d’éclairage. Le nar-rateur distingue-t-il les personnages? Relevezla façon dont il les désigne ;c. que comprend-il des paroles qu’il entend ?7. Quel intérêt le choix de ce point de vueprésente-t-il pour le lecteur ?

Les réactions et attentes du lecteur8. a. Dans quel état d’esprit le narrateur setrouve-t-il à la fin de l’extrait ? b. À quoi le lecteur peut-il s’attendre de sapart ? Est-il incité à poursuivre sa lecture ?

l Leçon Le surgissement de l’aventurelDe nombreux récits d’aventures sont menésà la première personne ; le héros peut être unadolescent, ce qui permet au jeune lecteur des’identifier aisément à lui.l L’aventure surgit à la suite de rencontres inat-tendues, de secrets surpris… Les motivations àvivre l’aventure sont variées : déjouer unemachination, partir à la recherche d’un trésor…

l Le héros affronte des personnages qui tien-nent le rôle de «méchants» : bandits, pirates,forbans, contrebandiers, traîtres…l Le narrateur maintient le lecteur en haleineen lui permettant de partager le point de vuedu héros.

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212

L’action se déroule en 1757. Le narrateur, John Trenchard, vit avec sa tantedans le petit village de Moonfleet. Un soir, poussé par l’espoir de trouver lediamant que Barbe-Noire, un malfaiteur, mort depuis plus de cent ans, auraitcaché dans le cimetière, il s’introduit dans un passage découvert sous une tombeet se retrouve dans un caveau, au milieu de vieux cercueils, là même où Barbe-Noire a été enterré… Il n’y trouve rien d’intéressant, et comprend que le lieusert de repaire à des contrebandiers…

J’avais passé un certain temps en recherches infructueuses1 etvenais de renoncer à poursuivre mes investigations2 et de déci-

der de rentrer à la maison lorsque l’horloge du clocher sonna minuit.Jamais, sûrement, heure sinistre n’a résonné dans un endroit plussinistre. Les cloches de Moonfleet étaient réputées dans la moitié dupays, et la plus belle d’entre elles était celle de l’horloge. On racontaitque, dans les temps anciens (où l’on carillonnait peut-être plus sou-vent qu’aujourd’hui), la voix de cette cloche avait ramené à bon portdes navires perdus dans le brouillard. Cette nuit-là, ce fut dans le caveauque pénétra son timbre grave et mélodieux. Ding-dong, faisait la cloche,ding-dong, douze coups sonores qui ébranlaient les murs, suivis dedouze échos assourdis, puis d’un ronflement et d’une vibration de l’air,si bien que l’oreille ne pouvait déterminer à quel moment cela cessait.

Peut-être mon ouïe, surexcité comme je l’étais par l’étrangeté del’heure et du lieu, était-elle plus fine qu’à l’accoutumée, mais, avantque le frémissement de la cloche ne fût complètement éteint, je com-pris qu’il s’y mêlait un autre son et que le terrible silence du caveaun’était plus absolu. Au début, je fus incapable d’identifier ce nouveaubruit, ni de déterminer d’où il provenait. Par moments, j’avais l’impres-sion qu’il s’agissait d’un bruit ténu tout proche ; à d’autres, d’un grandbruit lointain. Et puis il se rapprocha, se précisa, et je compris bientôtque c’étaient des voix. J’avais dû commencer à les entendre alors qu’ellesétaient encore à bonne distance, et, pendant une minute qui me parut

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201. infructueuses :qui restent sansrésultat.

2. investigations :recherches.

Les ressorts du récit d’aventures : la peur, le suspensePréparez votre lecture1. Quels sont les cinq sens qui permettent la perception de la réalité ?2. Trouvez les adjectifs correspondant à chacun des sens.Ex. : ouïe ’ sensation auditive.

«Les voix se rapprochèrent »

John MeadeFalkner(1858-1932)

Moonfleet(1898)

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2137 Le roman d’aventures

3. Simplet Jones :jeune garçon qui a été trouvé mortprès de la tombequi ouvre sur le caveau.

4. Barbe-Noire :on dit, au village,qu’il hante le cimetière, la nuit.

5. Ratsey :sacristain quis’occupe de l’égliseet du cimetière. Le narrateur le connaît bien.

durer une éternité, elles se turent. Quelle affreuse minute j’ai passéelà ! Aujourd’hui encore, après tant d’années, je me souviens de l’an-goisse qui m’étreignait et de la façon dont je tendais l’oreille, les yeuxécarquillés, le visage baigné de sueur froide, en attendant l’arrivée descauseurs. C’était l’anxiété du lapin au fond de son terrier, quand lesyeux du furet brillent dans l’obscurité et que chien et fusil l’attendentà la sortie. J’étais pris au piège, et je savais que les contrebandiers avaientune manière à eux de fermer les yeux trop curieux et de faire taire leslangues trop bien pendues. Et je me rappelai le pauvre Simplet Jones3,dont on avait attribué la mort à une rencontre nocturne avec Barbe-Noire4 sous prétexte qu’on l’avait retrouvé dans le cimetière.

Ces pensées défilèrent dans ma tête en une seconde, puis les voixse rapprochèrent et, en entendant un choc sourd à l’entrée du souter-rain, je compris que l’un des hommes venait de sauter dans la fosse.Aussi jetai-je un regard éperdu autour de moi, souhaitant désespéré-ment découvrir une issue. Mais les murs et la voûte de pierre étaientd’une solidité à toute épreuve, et les tonneaux trop serrés pour cacherquoi que ce soit de plus volumineux qu’un rat. Maintenant, un hommeparlait du fond du trou à d’autres restés dans le cimetière. Tout à coup,

mes yeux furent attirés comme par un aimant parun grand cercueil de bois posé tout seul sur l’éta-gère supérieure, à plus de six pieds du sol. Enregardant ce cercueil, je compris qu’un répitm’était accordé, car j’estimai que l’espace qui leséparait du mur devait être suffisant pour dissi-muler ma modeste carcasse. En un clin d’œil,j’eus soufflé la chandelle, escaladé les étagères,manqué me défoncer le crâne en le cognantcontre la voûte et tassé mon corps entre le muret le cercueil. Je restai blotti sur le flanc, haletant,séparé du mort par une mince planche pourrieet étourdi par le coup que je m’étais asséné surla tête, tandis que les nouveaux arrivants lon-geaient le souterrain et que la lueur vacillante deleurs torches rougissait la voûte au-dessus de moi.

De ma cachette, la seule partie visible ducaveau était la voûte. Je ne voyais donc pas lesvisiteurs, mais j’entendais tout ce qu’ils disaientet je reconnus vite l’une des voix : c’était celle demaître Ratsey5. Je n’en fus pas autrement surpriset cela me soulagea d’un grand poids, car je medis qu’au pire, si j’étais découvert, j’aurais aumoins un ami auprès duquel plaider ma cause.

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� Affiche (version espagnole) pour Les Contrebandiers de Moonfleet, film de Fritz Lang (1955).

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«C’est une chance que la terrese soit éboulée la nuit, un jour oùon était là pour s’en apercevoir,disait le sacristain. Je suis passédans le cimetière en débutd’après-midi et, à ce moment-là,tout était encore normal. Il auraitété assez fâcheux que ce trous’ouvrît en plein jour, lorsque lepremier passant venu pouvait ledécouvrir. »

Il y avait déjà quatre ou cinqhommes dans le caveau, et j’enentendais d’autres arriver par lesouterrain, probablement lour-dement chargés, à en juger par

leurs pas pesants. Je perçus également le choc de tonnelets que l’onposait par terre, accompagné d’un clapotis de liquide à l’intérieur, puisdes bruits de tonneaux que l’on déplaçait.

«Cela fait un bout de temps que je me disais que ça risquait de s’ef-fondrer, continua Ratsey, avec ce vent qui dessèche le sol et la pressionde nos pieds sur le bord de la fosse quand nous déplaçons la pierre laté-rale pour entrer. Mais, Dieu merci, les dégâts sont aisément réparables ;une dalle ou deux, quelques pelletées de terre, et il n’y paraîtra plus.J’en fais mon affaire. »

Le narrateur entend la conversation des contrebandiers. L’un d’entre eux pré-vient les autres de se méfier du «petit Trenchard». Puis ils finissent par par-tir. Le narrateur, avant de quitter le caveau, découvre dans une tombe unmédaillon dans lequel se trouve un papier plié portant une inscription mys-térieuse. Il s’apprête ensuite à sortir, mais l’issue est bloquée…

Néanmoins, j’espérai parvenir à déloger la pierre latérale en grat-tant la terre au-dessous, mais, pendant que je réfléchissais à la meilleurefaçon de m’y prendre, la chandelle vacilla, sa mèche bascula brusque-ment, et je me retrouvai dans le noir.

Ma situation était vraiment critique, car je n’avais plus rien à brû-ler pour m’éclairer et mon travail de sape6 ne servirait à rien si je nevoyais pas ce que je faisais. […] Pourtant, je ne me décourageai pas etdécidai d’attendre l’aube qui, je le savais, devait maintenant être proche,car j’espérais que, à ce moment-là, il filtrerait suffisamment de lumièrepar les fissures du tombeau sous lequel je me trouvais pour me per-mettre de distinguer sur quel endroit devaient porter mes efforts.

John Meade Falkner, Moonfleet (1898), traduit de l’anglais par N. Chassériau © éd. Gallimard.

6. travail de sape :consiste à creuserun trou pourdégager la pierre.

� Photographie extraite desContrebandiers de Moonfleet,film de Fritz Lang (1955).

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2157 Le roman d’aventures

2 Lire et analyserLe narrateur, le contexte, l’action1. À quelle personne et à quels temps le nar-rateur mène-t-il le récit ? Relevez un passagequi montre qu’il écrit l’histoire bien des annéesaprès les faits. Le souvenir est-il resté intact ?2. Dans quel lieu le narrateur se trouve-t-il ?Qu’est-il venu y faire? Aidez-vous du chapeau.En quoi ce lieu est-il sinistre ?3. Retracez la succession des événements vécuspar le narrateur. Appuyez-vous sur les organi-sateurs temporels.

La narration : tensions, détentes4. Montrez que le narrateur alterne lesmoments de détente et de tension :a.Quelle est la situation de départ ? À partirde quel moment le danger survient-il ?b.Qui parle dans les lignes 67 à 77 et dans leslignes 86 à 91? Quel est l’effet produit par l’uti-lisation des paroles rapportées directement ?c. À quel moment la situation semble-t-elles’arranger ? Quel rebondissement, à la fin del’extrait, apporte une nouvelle complication ?d.Quel effet cette alternance produit-elle surle lecteur ?

Le suspense5.Montrez que le narrateur a le souci de fairepartager au lecteur les émotions qu’il a vécues.Appuyez-vous :a. sur le champ lexical du bruit et du silence.À quoi le narrateur attribue-t-il les différentsbruits ? Pourquoi n’en dévoile-t-il pas tout desuite l’origine, au début de l’extrait ?b. sur les termes qui expriment la peur (voca-bulaire, comparaisons) ;c. sur les organisateurs temporels. Le narra-teur a-t-il l’impression que le temps passe viteou lentement ?d. sur les analyses que fait le narrateur de lasituation (évaluation du danger, état inté-rieur…). Citez le texte.

Le héros et le lecteur6. a. À quels différents dangers le héros est-ilconfronté ?b.Quel est le sens qu’il met le plus en œuvre?c. De quelles qualités fait-il preuve ?7. a. Le lecteur s’inquiète-t-il pour lui? Pourquoiest-il certain que le héros est sorti vainqueurde l’aventure ?b. D’où vient alors le plaisir de la lecture ?

l Leçon Les ressorts du roman d’aventures : danger, peur, suspenseLa narration du récit d’aventures est organiséede façon à tenir le lecteur en haleine et à jouersur ses émotions.l Le narrateur installe la peur et le suspense(moments d’attente angoissée de ce qui va seproduire), mais à la peur du lecteur répond lecourage du héros, ce qui rend cette peur capti-vante parce qu’elle est surmontée.

l Le narrateur introduit des situations dedétente, aussitôt suivies de complications quicréent des tensions encore plus fortes.l Le récit est souvent raconté après coup, sousla forme d’un récit rétrospectif : le lecteur, quisait que le héros est sorti vainqueur de l’aven-ture, se pose la question de savoir comment ily est parvenu.

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Le tzar (ou czar) a chargé Michel Strogoff de porter une lettre à son frère legrand-duc, dans son palais d’Irkoutsk en Sibérie, pour le prévenir de l’arri-vée d’un traître, Ivan Ogareff. Or, ce dernier, arrivé avant lui, s’est fait pas-ser pour Michel Strogoff auprès du grand-duc et se prépare à livrer la villeaux Tartares. Michel Strogoff, au cours de son aventureux voyage, s’est sou-vent trouvé aux prises avec Ogareff qui lui a fait brûler les yeux. Il a rencon-tré Nadia qui se fait passer pour sa sœur. Michel et Nadia arrivent enfin aupalais, mais séparés…

Nadia courait, éperdue, à travers les salles basses, appelant soncompagnon, demandant à être conduite devant le grand-duc.

Une porte, donnant sur une chambre inondée de lumière, s’ouvritdevant elle. Elle entra, et elle se trouva inopinément en face de celuiqu’elle avait vu à Ichim, qu’elle avait vu à Tomsk1, en face de celui dont,un instant plus tard, la main scélérate2 allait livrer la ville !

« Ivan Ogareff ! » s’écria-t-elle.En entendant prononcer son nom, le misérable frémit. Son vrai nom

connu, tous ses plans échouaient. Il n’avait qu’une chose à faire : tuerl’être, quel qu’il fût, qui venait de le prononcer.

Ivan Ogareff se jeta sur Nadia ; mais la jeune fille, un couteau à lamain, s’adossa au mur, décidée à se défendre.

« Ivan Ogareff ! cria encore Nadia, sachant bien que ce nom détestéferait venir à son secours.

– Ah ! tu te tairas ! dit le traître.– Ivan Ogareff ! » cria une troisième fois l’intrépide3 jeune fille, et

d’une voix dont la haine avait décuplé la force.Ivre de fureur, Ivan Ogareff tira un poignard de sa ceinture, s’élança

sur Nadia et l’accula dans un angle de la salle.C’en était fait d’elle, lorsque le misérable, soulevé soudain par une

force irrésistible, alla rouler à terre.«Michel !» s’écria Nadia.C’était Michel Strogoff.

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1. Ichim, Tomsk :différents lieuxdans lesquelsOgareff a, d’unefaçon ou d’uneautre, tendu despièges à Strogoff.

2. scélérate :qui peut commettre un crime.

3. intrépide :qui n’a pas peur du danger.

Un motif du roman d’aventures (1) : le traître démasquéPréparez votre lecture1. Cherchez dans le dictionnaire la définition du mot traître.2. Qu’est-ce qu’un t r ? Recherchez l’origine du mot. Dans quel(s) pays y avait-il des t rs ?

«Le traître est armé »

Jules Verne(1828-1905)

MichelStrogoff(1876)

zaza

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2177 Le roman d’aventures

Michel Strogoff avait entendu l’appel de Nadia. Guidé par sa voix,il était arrivé jusqu’à la chambre d’Ivan Ogareff et il était entré par laporte demeurée ouverte.

«Ne crains rien, Nadia, dit-il, en se plaçant entre elle et Ivan Ogareff.– Ah! s’écria la jeune fille, prends garde, frère! Le traître est armé!…

Il voit clair, lui !… »Ivan Ogareff s’était relevé, et, croyant avoir bon marché de l’aveugle,

il se précipita sur Michel Strogoff.Mais, d’une main, l’aveugle saisit le bras du clairvoyant, et de l’autre,

détournant son arme, il le rejeta une seconde fois à terre.Ivan Ogareff, pâle de fureur et de honte, se souvint qu’il portait une

épée. Il la tira du fourreau et revint à la charge.Il avait reconnu, lui aussi, Michel Strogoff. Un aveugle ! Il n’avait,

en somme, affaire qu’à un aveugle ! La partie était belle pour lui !Nadia, épouvantée du danger qui menaçait son compagnon dans

une lutte si inégale, se jeta sur la porte en appelant au secours !«Ferme cette porte, Nadia! dit Michel Strogoff. N’appelle personne

et laisse-moi faire ! Le courrier du czar n’a rien à craindre aujourd’huide ce misérable ! Qu’il vienne à moi, s’il l’ose ! Je l’attends.»

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� Jules Férat (1819-1889 ?),Nadia, Michel Strogoff et Ivan Ogareff dans Michel Strogoff (1876), de Jules Verne (éditionHetzel, 1876), gravure.

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Cependant, Ivan Ogareff, ramassé sur lui-même comme un tigre,ne proférait pas un mot. Le bruit de son pas, de sa respiration même,il eût voulu le soustraire à l’oreille de l’aveugle. Il voulait le frapperavant même qu’il fût averti de son approche, le frapper à coup sûr. Letraître ne songeait pas à se battre, mais à assassiner celui dont il avaitvolé le nom.

Nadia, épouvantée et confiante à la fois, contemplait avec une sorted’admiration cette scène terrible. Il semblait que le calme de MichelStrogoff l’eût gagnée subitement. Michel Strogoff n’avait que son cou-teau sibérien pour toute arme, il ne voyait pas son adversaire, arméd’une épée, c’est vrai. Mais par quelle grâce du Ciel semblait-il le domi-ner, et de si haut ? Comment, sans presque bouger, faisait-il face tou-jours à la pointe même de son épée ?

Ivan Ogareff épiait avec une anxiété visible son étrange adversaire.Ce calme surhumain agissait sur lui. En vain, faisant appel à sa raison,se disait-il que, dans l’inégalité d’un tel combat, tout l’avantage était ensa faveur ! Cette immobilité de l’aveugle le glaçait. Il avait cherché desyeux la place où il devait frapper sa victime… Il l’avait trouvée ! Quidonc le retenait d’en finir ?

Enfin, il fit un bond et porta en pleine poitrine un coup de son épéeà Michel Strogoff.

Un mouvement imperceptible du couteau de l’aveugle détourna lecoup. Michel Strogoff n’avait pas été touché, et, froidement, il semblaattendre, sans même la défier, une seconde attaque.

Une sueur glacée coulait du front d’Ivan Ogareff. Il recula d’un pas,puis fonça de nouveau. Mais, pas plus que le premier, ce second coup

ne porta. Une simple parade du large couteau avait suffià faire dévier l’inutile épée du traître.

Celui-ci, fou de rage et de terreur en face de cettevivante statue, arrêta ses regards épouvantés sur lesyeux tout grands ouverts de l’aveugle. Ces yeux quisemblaient lire jusqu’au fond de son âme et qui nevoyaient pas, qui ne pouvaient pas voir, ces yeux opé-raient sur lui une sorte d’effroyable fascination.

[…] Ivan Ogareff se sentit perdu. Mais, par un sur-saut de sa volonté, reprenant courage, il se précipital’épée en avant sur son impassible adversaire. Les deuxlames se croisèrent, mais au choc du couteau de MichelStrogoff, manié par cette main de chasseur sibérien,l’épée vola en éclats, et le misérable, atteint au cœur,tomba sans vie sur le sol.

Jules Verne, Michel Strogoff (1876).

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� Couverture de Michel Strogoff(1876), de Jules Verne, éditionHetzel (collection privée).

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2197 Le roman d’aventures

2 Lire et analyserUn motif du roman d’aventures : le traître démasqué1.Dans quel lieu la scène se déroule-t-elle ?2. a. En quoi Ivan Ogareff est-il un traître ?Comment Nadia l’identifie-t-elle ?b. Combien de fois crie-t-elle son nom? Dansquel but ? Quel effet ce cri produit-il chezOgareff ?3.Quel personnage intervient au moment oùOgareff croit pouvoir tuer Nadia ?4.Quelles sont les armes des deux adversaires?Retracez les étapes de l’affrontement et relevezles verbes qui expriment la violence du combat.5. a. Par quels différents termes le narrateurdésigne-t-il Ivan Ogareff (l. 8, 20, 46-47, 70, 82)?b. Relevez les expressions qui traduisent l’étatintérieur d’Ivan Ogareff, ainsi que la compa-raison et les mots qui traduisent sa brutalité.6. Face au traître, de quelle qualité MichelStrogoff fait-il preuve ?7. Comment la scène se termine-t-elle ?

Suspense et dramatisation8. Analysez les procédés utilisés par le narra-teur pour ménager le suspense et dramatiserla scène.

Pour répondre :a. dites à quel moment survient MichelStrogoff et quand il est nommé ;b. relevez à partir de la ligne 56 la phrase quipeut faire croire que Michel Strogoff a été tué ;c. relevez les commentaires du narrateur, quise présentent sous forme de phrases interro-gatives (l. 49 à 61) ;d. comptez le nombre de fois où Michel Strogoffest désigné comme un « aveugle » ; puis rele-vez les expressions par lesquelles le narrateursouligne, par opposition, le fait qu’Ivan pos-sède la vue. L’affrontement est-il égal ?

Le couple dans les récits d’aventures9.Quel lien existe-t-il entre Michel Strogoff etNadia ? Comment chacun réagit-il devant ledanger qui atteint l’autre ?10.Quelles sont les expressions par lesquellesle narrateur désigne Nadia ? De quelle qualitéfait-elle preuve dans cette scène ?

Les réactions du lecteur11. Quels sentiments le lecteur éprouve-t-il àla lecture de cette scène ? Le dénouement lesatisfait-il ?

l Leçon Un motif du roman d’aventures : le traître démasquél Le personnage du traître est l’une des figuresdu roman d’aventures. Le moment où le traîtreest démasqué constitue une péripétie impor-tante et donne lieu à une scène d’affrontementviolent entre « le bon » et « le méchant ».L’affron tement peut se terminer par la mort du«méchant ».

l Le roman d’aventures peut se doubler d’unroman d’amour. Le personnage féminin faitsouvent l’objet d’un sauvetage in extremis ; iltémoigne alors le plus souvent de courage, semontrant digne du héros.

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Les mousquetaires ont sauvé la reine Anne d’Autriche, épouse de Louis XIII,des perfides manœuvres du cardinal de Richelieu, secrètement amoureux d’elle,et se sont heurtés à son redoutable agent, Milady de Winter. Pour se vengerde d’Artagnan, celle-ci a décidé d’enlever la femme dont il est épris, ConstanceBonacieux. Femme de chambre et confidente de la reine, Constance s’est réfu-giée dans un couvent pour échapper à Richelieu qui la poursuit car, détentricede trop de secrets sur la reine, elle pourrait déjouer ses plans.

D’Artagnan se presse de rejoindre le couvent pour sauver Constance. Pendantce temps, Milady fait croire à la jeune femme qu’elle est une amie de d’Aragnanet qu’elle est, elle aussi, menacée par le cardinal. Milady propose à Constancede fuir avec elle. Un carrosse attend dans la cour. Soudain, les deux femmesentendent le bruit d’une troupe de cavaliers…

«Oh ! mon Dieu, dit Mme Bonacieux, qu’est-ce que ce bruit ?– Celui de nos amis ou de nos ennemis, dit Milady avec son sang-

froid terrible ; restez où vous êtes, je vais vous le dire. »Mme Bonacieux demeura debout, muette, immobile et pâle comme

une statue.Le bruit devenait plus fort, les chevaux ne devaient pas être à plus

de cent cinquante pas ; si on ne les apercevait point encore, c’est quela route faisait un coude. Toutefois, le bruit devenait si distinct qu’oneût pu compter les chevaux par le bruit saccadé de leurs fers.

Milady regardait de toute la puissance de son attention ; il faisaitjuste assez clair pour qu’elle pût reconnaître ceux qui venaient.

Tout à coup, au détour du chemin, elle vit reluire des chapeauxgalonnés et flotter des plumes ; elle compta deux, puis cinq, puis huitcavaliers ; l’un d’eux précédait tous les autres de deux longueurs decheval.

Milady poussa un rugissement étouffé. Dans celui qui tenait la têteelle reconnut d’Artagnan.

« Oh ! mon Dieu ! mon Dieu ! s’écria Mme Bonacieux, qu’y a-t-ildonc?

AlexandreDumas(1802-1870)

Les TroisMousquetaires(1844)

Un motif du roman d’aventures (2) :l’empoisonnementPréparez votre lecture1. Cherchez dans le dictionnaire la définition du mot mousquetaire.2. Donnez les noms des quatre mousquetaires. Au service dequi sont-ils ?

«“Elle ! qui elle?” demanda d’Artagnan»

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2217 Le roman d’aventures

– C’est l’uniforme des gardes de M. le cardinal ; pas un instant àperdre ! s’écria Milady. Fuyons, fuyons !

– Oui, oui, fuyons», répéta Mme Bonacieux, mais sans pouvoir faireun pas, clouée qu’elle était à sa place par la terreur.

On entendit les cavaliers qui passaient sous la fenêtre.«Venez donc! mais venez donc! s’écriait Milady en essayant de traî-

ner la jeune femme par le bras. Grâce au jardin, nous pouvons fuirencore, j’ai la clef ; mais hâtons-nous, dans cinq minutes il sera troptard.»

Mme Bonacieux essaya de marcher, fit deux pas et tomba sur sesgenoux.

Milady essaya de la soulever et de l’emporter, mais elle ne put envenir à bout.

En ce moment on entendit le roulement de la voiture, qui à la vuedes mousquetaires partait au galop. Puis trois ou quatre coups de feuretentirent.

«Une dernière fois, voulez-vous venir ? s’écria Milady.– Oh ! mon Dieu ! mon Dieu ! vous voyez bien que les forces me

manquent ; vous voyez bien que je ne puis marcher : fuyez seule.– Fuir seule ! vous laisser ici ! non, non, jamais », s’écria Milady.Tout à coup, un éclair livide1 jaillit de ses yeux, d’un bond, éperdue,

elle courut à la table, versa dans le verre de Mme Bonacieux le contenud’un chaton de bague2 qu’elle ouvrit avec une promptitude singulière.

C’était un grain rougeâtre qui se fondit aussitôt.Puis, prenant le verre d’une main ferme :« Buvez, dit-elle, ce vin vous donnera des

forces, buvez.»Et elle approcha le verre des lèvres de la jeune

femme, qui but machinalement.«Ah! ce n’est pas ainsi que je voulais me ven-

ger, dit Milady en reposant avec un sourire infer-nal le verre sur la table, mais, ma foi ! on fait cequ’on peut.»

Et elle s’élança hors de l’appartement.Mme Bonacieux la regarda fuir, sans pouvoir

la suivre ; elle était comme ces gens qui rêventqu’on les poursuit et qui essayent vainement demarcher.

Quelques minutes se passèrent, un bruitaffreux retentissait à la porte ; à chaque instantMme Bonacieux s’attendait à voir reparaîtreMilady, qui ne reparaissait pas.

Plusieurs fois, de terreur sans doute, la sueurmonta froide à son front brûlant.

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� Lana Turner (Milady),dans Les TroisMousquetaires (1844)d’Alexandre Dumas, film de George Sidney (1948).

1. livide :pâle, blême.

2. un chaton de bague :tête d’une bague(partie creuse)dans laquelle est normalementenchâssée la pierre.

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Enfin elle entendit le grincement des grilles qu’on ouvrait, le bruitdes bottes et des éperons retentit par les escaliers ; il se faisait un grandmurmure de voix qui allaient se rapprochant, et au milieu desquellesil lui semblait entendre prononcer son nom.

Tout à coup elle jeta un grand cri de joie et s’élança vers la porte,elle avait reconnu la voix de d’Artagnan.

«D’Artagnan! d’Artagnan! s’écria-t-elle, est-ce vous? Par ici, par ici.– Constance! Constance! répondit le jeune homme, où êtes-vous?

mon Dieu !»Au même moment, la porte de la cellule céda au choc plutôt qu’elle

ne s’ouvrit ; plusieurs hommes se précipitèrent dans la chambre ;Mme Bonacieux était tombée dans un fauteuil sans pouvoir faire unmouvement.

D’Artagnan jeta un pistolet encore fumant qu’il tenait à la main, ettomba à genoux devant sa maîtresse, Athos repassa le sien à sa cein-ture ; Porthos et Aramis, qui tenaient leurs épées nues, les remirent aufourreau.

«Oh! d’Artagnan! mon bien-aimé d’Artagnan! tu viens donc enfin,tu ne m’avais pas trompée, c’est bien toi !

– Oui, oui, Constance ! réunis !– Oh! elle avait beau dire que tu ne viendrais pas, j’espérais sourde-

ment ; je n’ai pas voulu fuir ; oh ! comme j’ai bien fait, comme je suisheureuse ! »

À ce mot elle, Athos, qui s’était assis tranquillement, se leva tout à coup.

«Elle ! qui elle? demanda d’Artagnan.– Mais ma compagne ; celle qui, par amitié pour moi, voulait me

soustraire à mes persécuteurs ; celle qui, vous prenant pour des gardesdu cardinal, vient de s’enfuir.

– Votre compagne, s’écria d’Artagnan, devenant plus pâle que le voileblanc de sa maîtresse, de quelle compagne voulez-vous donc parler ?

– De celle dont la voiture était à la porte, d’une femme qui se ditvotre amie, d’Artagnan ; d’une femme à qui vous avez tout raconté.

– Son nom, son nom! s’écria d’Artagnan; mon Dieu! ne savez-vousdonc pas son nom ?

– Si fait, on l’a prononcé devant moi; attendez… mais c’est étrange…oh ! mon Dieu ! ma tête se trouble, je n’y vois plus.

– À moi, mes amis, à moi! ses mains sont glacées, s’écria d’Artagnan,elle se trouve mal ; grand Dieu ! elle perd connaissance ! »

Tandis que Porthos appelait au secours de toute la puissance de savoix, Aramis courut à la table pour prendre un verre d’eau; mais il s’ar-rêta en voyant l’horrible altération3 du visage d’Athos, qui, deboutdevant la table, les cheveux hérissés, les yeux glacés de stupeur, regar-dait l’un des verres et semblait en proie au doute le plus horrible.

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1053. altération :changement,modification.

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«Oh! disait Athos, oh ! non, c’est impossible ! Dieu ne permettraitpas un pareil crime.

– De l’eau, de l’eau, criait d’Artagnan, de l’eau !«Oh! pauvre femme, pauvre femme!» murmurait Athos d’une voix

brisée.Mme Bonacieux rouvrit les yeux sous les baisers de d’Artagnan.« Elle revient à elle ! s’écria le jeune homme. Oh ! mon Dieu ! mon

Dieu ! je te remercie !– Madame, dit Athos, Madame, au nom du ciel! à qui ce verre vide?– À moi, Monsieur…, répondit la jeune femme d’une voix mourante.– Mais qui vous a versé ce vin qui était dans ce verre ?– Elle.– Mais, qui donc elle?– Ah! je me souviens, dit Mme Bonacieux, la comtesse de Winter…»Les quatre amis poussèrent un seul et même cri, mais celui d’Athos

domina tous les autres.En ce moment, le visage de Mme Bonacieux devint livide, une dou-

leur sourde la terrassa, elle tomba haletante dans les bras de Porthoset d’Aramis.

D’Artagnan saisit les mains d’Athos avec une angoisse difficile àdécrire.

«Et quoi ! dit-il, tu crois… »Sa voix s’éteignit dans un sanglot.« Je crois tout, dit Athos en se mordant les lèvres jusqu’au sang.

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� Mort de MadameBonacieux, dans Les Trois

Mousquetaires (1844),d’Alexandre Dumas,

gravure (1860), collection « Les Bons Romans ».

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– D’Artagnan, d’Artagnan! s’écria Mme Bonacieux, où es-tu? Ne mequitte pas, tu vois bien que je vais mourir. »

D’Artagnan lâcha les mains d’Athos, qu’il tenait encore entre sesmains crispées, et courut à elle.

Son visage si beau était tout bouleversé, ses yeux vitreux n’avaientdéjà plus de regard, un tremblement convulsif agitait son corps, la sueurcoulait sur son front.

« Au nom du ciel ! courez appeler ; Porthos, Aramis, demandez dusecours !

– Inutile, dit Athos, inutile, au poison qu’elle verse il n’y a pas decontrepoison.

– Oui, oui, du secours, du secours ! murmura Mme Bonacieux ; dusecours ! »

Puis, rassemblant toutes ses forces, elle prit la tête du jeune hommeentre ses deux mains, le regarda un instant comme si toute son âmeétait passée dans son regard, et, avec un cri sanglotant, elle appuya seslèvres sur les siennes.

«Constance ! Constance ! » s’écria d’Artagnan.Un soupir s’échappa de la bouche de Mme Bonacieux, effleurant

celle de d’Artagnan ; ce soupir, c’était cette âme si chaste et si aimantequi remontait au Ciel.

D’Artagnan ne serrait plus qu’un cadavre entre ses bras.Le jeune homme poussa un cri et

tomba près de sa maîtresse, aussi pâleet aussi glacé qu’elle.

Alexandre Dumas, Les Trois Mousquetaires(1844), chapitre 63.

� Couverture du Journal des romans populaires illustrés,illustration (début XXe siècle) pour Les Trois Mousquetaires(1844), d’Alexandre Dumas (collection privée).

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2257 Le roman d’aventures

2 Lire et analyserLe narrateur, le contexte, l’action1. À quelle personne le narrateur mène-t-il lerécit ?2. a. À quelle époque historique l’action sedéroule-t-elle ?b.Dans quel lieu les deux femmes se trouvent-elles ?3.Quels sont les différents éléments qui com-posent le décor extérieur et intérieur ?4. Reconstituez la chronologie des événe-ments. Relevez les principaux organisateursde temps qui marquent la rapidité de l’action.

Un motif du roman d’aventures :l’empoisonnement5. a. Relevez, dans les lignes 1 à 53, les termesqui font de Milady un être inhumain et démo-niaque.b. Pour quelle raison empoisonne-t-elleConstance ? De quelle manière le fait-elle ?c. Relevez les effets de la progression du poi-son. La mort survient-elle rapidement ?

Le suspense et le point de vue6. a. Quel point de vue le narrateur adopte-t-il pour signaler l’arrivée des cavaliers ?

Appuyez-vous sur les verbes de perceptionsvisuelles et auditives.b. Comment le narrateur ménage-t-il le sus-pense ? À quels signes Milady reconnaît-elleles mousquetaires ?c. À quel moment Constance les reconnaît-elle ? Précisez la ligne. 7. Montrez que le temps joue contre les per-sonnages. Quel est l’effet produit sur le lec-teur ?

La dramatisation8. À quel moment d’Artagnan apprend-il lenom de l’empoisonneuse ? Par quel procédéle narrateur retarde-t-il sa révélation ? Quelest l’effet produit sur le lecteur qui, lui, en saitplus que le personnage ?9. Comment le narrateur traduit-il dans lesgestes et les paroles :a. l’émotion de d’Artagnan et de ses compa-gnons (ponctuation, interjections, répétitions)?b. l’amour que se portent Constance etd’Artagnan ?10.Quelles émotions le lecteur ressent-il à lalecture de ce passage ?

l Leçon Un motif du roman d’aventures : l’empoisonnementl La mort par empoisonnement fait partie desmotifs du roman d’aventures : un personnagepeut en supprimer un autre ou bien peut absor-ber lui-même du poison en guise d’échappa-toire. La mort est mise en scène de façondramatique avec notation des effets progres-sifs du poison sur le visage et le corps.

l Le temps joue souvent contre les person-nages : le fait d’arriver trop tard, par exemple,contribue largement à la dramatisation (pré-sentation dramatique, grave des événements).l Le roman d’aventures est souvent construità partir d’une toile de fond historique : il meten scène de façon romancée certains person-nages de l’Histoire ayant réellement existé.

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Lecture des images

2Observer et analyserLa nature des documents1. Identifiez la nature des documents: vignette,tableau, lithographie…2. Repérez les textes apparaissant sur lesimages : quelles informations apportent-ils ?3. Quels romans précis les images 1, 3 et 4 illustrent-elles ? À quel univers romanesquel’image 2 renvoie-t-elle ? Donnez un titre enexemple.

Les scènes représentées4.Décrivez chacune des scènes représentées :lieux, personnages (costumes, attitudes, gestesou expressions du visage). Ces derniers sont-ils seuls ou en groupe ? Que font-ils ?5. Recherchez à la bibliothèque les scènes desromans que les images 1, 3 et 4 pourraient illus-trer : document 1 (ch. XXI à XXIV), document 3(dernier chapitre) et document 4 (chapitre XIV).

Les techniques utilisées : composition, cadrage, couleurs6.a.Analysez la composition de chacune de cesimages (premier plan, second plan, arrière-plan).

b. Les éléments représentés sont-ils tous à lamême échelle sur le document 1 ?c.Quel est l’intérêt du plan d’ensemble utilisédans tous les documents (2 LEÇON 40, p. 411) ?Quel est l’angle de prise de vue choisi pour ledocument 3 ?7.Dites quelles sont les couleurs utilisées surchacun des documents. Notez les contrastes.Quel est l’effet produit ?

Les codes du roman d’aventures8. Quels ingrédients du roman d’aventuresretrouve-t-on sur ces documents? Pour répon -dre, appuyez-vous sur le contexte géogra-phique, sur le type de héros, sur les actionsreprésentées et sur les motifs qui poussent lehéros à partir.9. Quelle impression ces représentationsvisent-elles à produire sur le spectateur ou lelecteur ? Est-il incité à lire des romans d’aven-tures ?

l Leçon L’illustration dans le roman d’aventuresl Le roman est un des supports privilégiés del’image illustrative. La fonction de cette der-nière n’est pas seulement de donner à voir ceque le texte raconte avec des mots ; elle l’enri-chit en nourrissant l’imaginaire du lecteur (oudu futur lecteur).l L’illustrateur peut choisir de condenser plu-sieurs événementsdans une seule image (docu-ment 1) ; il peut aussi s’attacher à représenter

une scène de forte intensité dramatique (docu-ment 3), ou une scène caractéristique du genre(document 2). Il peut enfin retenir un passagequi renvoie à un univers exotique (document 4).l L’illustrateur a recours a des codes spécifiquespour représenter l’aventure : il joue sur la com-position, les couleurs, le décor, la représentationdu mouvement, les attitudes des personnages.

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2277 Le roman d’aventures

4) Publicité pour le chocolat Poulain (XXe siècle), Phileas Fogg,Passepartout et la princesse India dans Le Tour du monde en 80 jours (1873) de Jules Verne, lithographie en couleurs.

3) Jonathan Barry (XXe siècle), Moby Dick,huile sur toile, inspirée du roman (1851) de Herman Melville(collection privée).

1) Affiche publicitaire (XIXe siècle) pour Le Comte de Monte-Cristo (1844-1845), d’Alexandre Dumas, lithographie encouleurs (collection privée).

2) R. J. Gallant (XIXe siècle), Chef-pirate enterrant un trésor,lithographie en couleurs (collection privée).

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� LES LIEUX DE L’AVENTURE

EXTRAIT 1

En 1830, Pauline, mariée avec l’étrange Horace deBeuzeval, commence à se méfier de son mari lors-qu’elle apprend que des bandits sévissent dans larégion. Un soir, alors qu’elle est seule dans le châ-teau, elle découvre dans la bibliothèque un boutonde cuivre qui ouvre un passage sur un petit escalier.Le lendemain soir, elle retourne à la bibliothèque…

J’allai droit, d’un pas ferme et sans hésiter à la porte dérobée, j’enlevai le volume qui cachaitle bouton, je poussai le ressort, le panneau s’ouvrit.

Je m’engageai dans l’escalier, il offrait juste pas-sage à une personne ; je descendis trois étages.À chaque étage j’écoutai, je n’entendis rien.

Au bas du troisième étage, je trouvai uneseconde porte ; elle était fermée au pêne1 seule-ment. À la première tentative que je fis pourl’ouvrir, elle céda.

Je me trouvai sous une voûte qui s’enfonçaithardiment et en droite ligne. Je la suivis pen-dant cinq minutes à peu près ; puis je trouvaiune troisième porte, comme la seconde ; ellen’opposa aucune résistance: elle donnait sur unautre escalier pareil à celui de la bibliothèque,mais qui n’avait que deux étages. De celui-là onsortait par un panneau de fer carré : en l’entrou-vrant j’entendis des voix.

Alexandre Dumas (1802-1870), Pauline (1838).

1. pêne : pièce d’une serrure qui permet d’ouvrir et defermer la porte.

EXTRAIT 2

Frank Cassilis voyage en Écosse ; il décide d’allerrevoir un ami au pavillon des dunes.

Mon seul souci était de trouver des coins écar-tés où camper sans craindre d’être dérangé; c’estainsi que, me trouvant dans une autre partie dumême comté, je me rappelai le pavillon dans lesdunes. Nulle route ne s’en approchait à moinsde trois milles. La plus proche agglomération (ils’agissait d’un simple village de pêcheurs) étaitdistante d’une demi-douzaine de milles. […]

LECTURE

EXTRAIT 3

Cinq personnages, partis en ballon, sont pris dansune tempête et échouent sur une île déserte en pleinocéan Pacifique.

La brume venait de se lever et rendait la nuittrès obscure. Les naufragés marchaient en sui-vant vers le nord la côte est de cette terre surlaquelle le hasard les avait jetés, – terre incon-nue, dont ils ne pouvaient même soupçonner

� Hartmut Krinitz (XXe siècle), Chaumière au bord de la mer,Berneray, Écosse, photographie.

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Le pavillon se dressait sur une étendue plane;un peu en retrait, la forêt commençait par unehaie de sureaux1 que le vent faisait se blottir lesuns contre les autres ; du côté de la façade,quelques dunes écorchées le séparaient de lamer. Des roches qui émergeaient du sol rete-naient le sable, si bien qu’un promontoire sépa-rait le rivage en deux baies peu profondes ; etjuste au-delà du jusant2, les rochers émergeaientde nouveau, formant un îlot minuscule maisaux arêtes saisissantes. Les sables mouvantss’étendaient sur une vaste surface à marée basse,et avaient, dans la région, une sinistre réputa-tion. À proximité du rivage, entre l’îlot et le pro-montoire, on disait qu’ils avalaient un hommeen quatre minutes et demie.

Robert Louis Stevenson (1850-1894), Le Pavillon dans les dunes (1882), traduit de l’anglais

par C. Ballarin © éd. Gallimard.

1. sureaux : arbre au bois très léger, dont la fleur est odo-rante et donne des fruits (rouges ou noirs) en grappes. 2. le jusant : la marée descendante.

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2297 Le roman d’aventures

la situation géographique. Ils foulaient du piedun sol sablonneux, mêlé de pierres, qui parais-sait dépourvu de toute espèce de végétation. Cesol, fort inégal, très raboteux, semblait en decertains endroits criblé de petites fondrières, quirendaient la marche très pénible. De ces trouss’échappaient à chaque instant de gros oiseauxau vol lourd, fuyant en toutes directions, quel’obscurité empêchait de voir. D’autres, plusagiles, se levaient par bandes et passaient commedes nuées. Le marin croyait reconnaître des goé-lands et des mouettes, dont les sifflements aigusluttaient avec les rugissements de la mer.

Jules Verne (1828-1905), L’Île mystérieuse (1874).

EXTRAIT 4

Deux jeunes garçons, Tom et Huckleberry Finn,font une expédition nocturne au cimetière.

Les deux garçons s’enfoncèrent dans l’obscu-rité. À onze heures et demie, ils foulaient l’herbeépaisse du cimetière.

C’était un vieux cimetière comme on en ren-contre tant en Europe. Il était accroché au flancd’un coteau à environ deux kilomètres du village.La palissade folle qui l’entourait penchait tantôten avant, tantôt en arrière, mais n’était jamaisdroite. Les mauvaises herbes y régnaient en maî-tresses incontestées. Les sépultures anciennesétaient toutes effondrées. Il n’y avait pas une seulepierre tombale, mais des stèles de bois arrondiesau sommet et dont les planches mangées des versoscillaient en équilibre instable sur les tombes.« À la chère mémoire de Untel », y lisait-on jadis.Les lettres effacées étaient maintenant presquetoutes illisibles, même en plein jour.

Le vent gémissait dans les arbres, et Tom,effrayé, pensa que c’était peut-être l’âme desmorts qui protestaient contre cette intrusionnocturne. Les deux garçons n’échangeaient quequelques mots à voix basse, car l’heure et le lieules impressionnaient fortement. […]

Le ululement d’un hibou troublait seul lecalme angoissant de la nuit.

Mark Twain (1835-1910), Les Aventures de Tom Sawyer (1876)

© Le Livre de Poche Jeunesse, 2008.

Répondez aux questions suivantes pour chacundes extraits.1. a.Notez le titre du roman, l’auteur, la date.b. Classez-les en romans français et étrangers.

2. a. À quelle personne le narrateur mène-t-il lerécit ? est-il ou non personnage ?b.Quels sont les personnages présents ?3. a. Identifiez les lieux de l’action (intérieurs ouextérieurs).b. Caractérisez chacun d’eux (éléments qui com-posent le paysage ou l’architecture intérieure, végé-tation, flore, faune, éclairage, bruits…). Vous direzen quoi ils sont inquiétants et favorables à l’aven-ture.

� LECTURE EXPRESSIVE

Choisissez un des extraits de la séquence (ou unpassage dans un autre livre). Lisez-le de manièreexpressive, de façon à faire ressortir le suspense età mettre en valeur les moments particulièrementdramatiques : ton, pauses dans la lecture, débit dela voix.

� LECTURE MISE EN SCÈNE

Reprenez l’extrait des Trois Mousquetaires et met-tez en scène le texte (ou un passage du texte auchoix) : vous travaillerez l’intonation des dialogues,les déplacements et les gestes. Apprenez le textepar cœur pour un meilleur effet. Les passages nar-ratifs tiendront lieu d’indications scéniques.

ORAL

Certains lieux sont favorables (propices) àl’aventure: lieux porteurs d’un danger inconnupar leur aspect inquiétant qui peut être dû àla nature du paysage, à l’éclairage, aux condi-tions météorologiques (paysages solitaires,îles, ruines, falaises battues par la mer…) ; lieuxqui recèlent des coins secrets (escaliers, sou-terrains…), permettant aux personnages dese dissimuler, de surprendre des conversations,de voir ou d’entendre sans être vus…

l L’essentielLes lieux*

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GRAMMAIRE

Assurer les enchaînementslogiques3 COMPLÉTER LES PHRASES

Complétez les phrases suivantes en tenant comptedu rapport logique imposé. Vous préciserez lanature de ce rapport (la cause, la conséquence,l’opposition).a. Je n’avais aucun moyen de savoir l’heure car

……. b. Je n’avais rien mangé depuis vingt-quatre heures si bien que ……. c. La nuit étaitnoire, cependant ……. d. Tout cela était un mys-tère si étrange que ……. e. Je m’assis pour mereposer un moment, mais …… car ……. f. Lechemin était très abrupt, aussi ……. g. ……,cependant il s’obstina.

4 UTILISER LES DEUX POINTS

Je passais une heure terrible : mon bateau,soulevé comme une coquille de noix, suivaittoutes les ondulations des vagues.

A. Dumas, Pauline.

1. Quel est le lien logique exprimé par les deuxpoints ?2. Sur le modèle de cette phrase, évoquez un mo -ment terrible vécu par le héros d’un récit d’aven-tures. Vous conserverez l’expression en vert.

5 UTILISER LES CONNECTEURS

Recopiez le texte en introduisant correctement lesconnecteurs : par conséquent, cependant, en effet,mais.

lDans les récits d’aventures, les actions rebon-dissent et s’enchaînent rapidement, ce qui créeun rythme haletant. Les outils grammaticauxqui permettent cet effet sont les temps ver-baux (passé simple, passé antérieur), lesadverbes, la juxtaposition, la coordination etla subor dination.

2 LEÇONS 34, p. 396, et 17, p. 346

l L’essentielComment exprimer la succession des actions ?*ENTRAÎNEMENT À L’ÉCRITURE

Exprimer une succession d’actions

1 METTRE UNE ACTION EN AVANT

a. Nous atteignîmes la terrasse, et nous la tra-versions pour nous attaquer au raidillon quiallait nous permettre de gagner le sommet de la falaise lorsque je vis bouger quelque chosederrière l’un des ronciers dont la corniche étaitparsemée.

J. M. Falkner, Moonfleet, traduit par N. Chassériau © éd. Gallimard.

b. J’étais à peine installé que deux hommespénétrèrent dans la grande salle.

P. Mac Orlan, Les Clients du Bon Chien Jaune, 1946 © Comité Pierre Mac Orlan.

1. Comment les actions des verbes voir et pénétrersont-elles mises en valeur ? Appuyez-vous sur letemps des verbes et sur le subordonnant qui intro-duit la phrase.2. Construisez vous-même deux phrases à partirde chacun des modèles :– Nous… lorsque… – J’étais à peine… que…

2 EXPRIMER UNE SUITE D’ACTIONS

a. Il tourna derrière le château, gagna uneespèce de ruelle fort écartée, et se trouva bien-tôt en face du pavillon.

A. Dumas, Les Trois Mousquetaires.

b. Je ne perdis pas de temps : je mis monpaletot sur mes épaules, et je m’avançai rapide-ment vers la côte.

A. Dumas, Pauline.

c. En un clin d’œil, j’eus soufflé la chandelle,escaladé les étagères, manqué me défoncer lecrâne en le cognant contre la voûte et tassé moncorps entre le mur et le cercueil.

J. M. Falkner, Moonfleet, traduit par N. Chassériau © éd. Gallimard.

1. Retrouvez la façon dont la rapidité des actionsest suggérée dans chacune des phrases. Appuyez-vous sur les éléments en couleur.2. Sur chacun des modèles, construisez une phrasequi présente les actions accomplies par un hérosde récit d’aventures. Vous garderez les termes envert et les temps des verbes. Dans la phrase c, vousintroduirez une succession de participes passés.

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2317 Le roman d’aventures

– Vaillant, confus, prudent, précipité, brutal,prompt, cruel, mortel, brusque, méchant, hardi,terrible.

7 DICTÉE PRÉPARÉE

Le texte suivant vous sera donné en dictée.Répondez aux questions afin de préparer la dictée.

Un naufrageL’eau était glacée et sa morsure me causait des

souffrances intolérables, comme si j’avais étéplongé dans un brasier. J’étais broyé jusqu’à lamoelle des os dans un étau qui ressemblait àl’étreinte de la mort.

Le goût âcre du sel m’emplit la bouche. Lesouffle court, les poumons oppressés, je réussisnéanmoins à refaire surface. Autour de moi desgens se débattaient, s’appelaient les uns lesautres dans le brouillard. Je perçus, tout près,un bruit de rames. Sans doute les marins dubateau fantôme venus sur le lieu du naufrageavec une chaloupe.

Comment n’étais-je pas déjà mort ? Mesjambes étaient paralysées. Mon corps entier étaitenvahi par l’engourdissement. Les lames courtesse brisaient sur ma tête, m’inondant d’écume.La bouche gorgée d’eau salée, je suffoquais. Lecourant m’entraînait.

Jack London (1876-1916), Le Loup des mers (1904),traduit de l’américain par G. Berton © éd. Gallimard.

1. Donnez un indice orthographique qui montreque le narrateur est un homme.2. a. Relevez les verbes : indiquez leur temps et leursujet.b.Observez le verbe s’appelaient (l. 9) et conjuguez-le au présent (à la même personne) ; rappelez larègle des verbes en -eler.3. Relevez les participes passés, avec ou sans auxi-liaire, et justifiez leur accord.4. Repérez les consonnes doubles dans les motssouffrances (l. 2), souffle (l. 7), débattaient (l. 9),suffoquais (l. 18). Donnez deux mots de la mêmefamille pour chacun.5. a. Expliquez l’accent circonflexe porté sur le motgoût (l. 6). Pensez à l’origine latine. Donnez quatremots de la même famille.b. Cherchez la définition du mot âcre (l. 6).

l Le lecteur doit comprendre l’enchaînementlogique des événements du récit. Il convientdonc parfois de préciser les rapports de cause,de conséquence ou d’opposition qui existententre les actions. Les procédés grammaticauxpour les exprimer sont les connecteurs(conjonction de coordination ou de subordi-nation) ou bien la juxtaposition.

2 LEÇONS 22, p. 356, et 30, p. 372

l L’essentielComment assurer les enchaînements logiques ?*

Mon radeau vogua très bien l’espace d’unmille ; …… je m’aperçus qu’il dérivait un peude l’endroit où j’avais pris terre auparavant; celame fit juger qu’il y avait du courant, et ……j’espérai trouver une baie ou une rivière qui me tiendrait lieu de port, pour débarquer ma cargaison.

Je ne m’étais pas trompé ; …… la marée meporta vers une petite crique. Gouvernant de monmieux, je faillis …… faire un second naufrage.

D’après D. Defoe, Robinson Crusoé (1719), traduit parJ. Brécart © éd. Le Livre de Poche Jeunesse, 2008.

ORTHOGRAPHE2 LEÇON 32, p. 380

6 LES ADVERBES EN -MENT

Formez et écrivez correctement les adverbes en -ment correspondant aux adjectifs suivants.

� Ron Embleton (1930-1988), Naufragé, gouache sur papier(collection privée).

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CONJUGAISON2 LEÇON 33, p. 390

8 INDICATIF, CONDITIONNEL, SUBJONCTIF

1.Mettez les verbes au temps de l’indicatif indiqué.a. Malgré ma fatigue, je (ne pas arriver, passé

simple) à m’endormir. b. Dès que je (arriver,passé antérieur) à Londres, j’(avoir, passé simple)le bonheur de tomber en bonne compagnie. c. Je(se garder, passé simple) bien de dire ce que je(voir, plus-que-parfait). d. J’(atteindre, passésimple) sans encombre le village. e. Quand je(parcourir, passé antérieur) environ deux milles,je (s’arrêter, passé simple). f. Je (se résoudre,passé simple) à partir. g. Une angoisse m’(étrein -dre, passé simple) le cœur.

2.Mettez les verbes au temps indiqué du subjonc-tif ou du conditionnel.a. Avant que je (pouvoir, subjonctif passé)

m’interposer, il se précipita sur lui. b. Il me fal-lut attendre que la marée (être, subjonctif impar-fait) haute pour mettre à l’eau mon radeau.c. Quoique nous ne (être, subjonctif imparfait)encore qu’au milieu de septembre, les nuitsétaient déjà froides. d. Je n’osai sortir de macachette de crainte que l’homme ne (revenir,subjonctif imparfait). e. Je cherchais où je (pou-voir, futur du passé) trouver un abri. f. Pendantun moment, j’ai bien cru que je ne m’en (sortir,futur du passé) jamais.

VOCABULAIRE ET FIGURES DE STYLE

9 LA DÉSIGNATION DES PERSONNAGES

a. Une masse énorme avança : c’était un oursde grande taille. b. Nadia se trouva face à l’ani-mal énorme et menaçant. c. La courageuse jeunefille garda son sang-froid contre la redoutablebête. d. Le formidable fauve resta immobile puislentement fit volte-face.

1. Relevez les groupes nominaux qui désignentl’ours puis Nadia. Quelle image donnent-ils de cha-cun d’eux ?2. Par quel procédé la première phrase ménage-t-elle le suspense ?

10 MÉNAGER LE SUSPENSEPAR LES DÉSIGNATIONS

Je vis une forme qui se dissimulait derrière letronc d’un pin. Était-ce un ours, un singe ou unhomme, je n’aurais su le dire. Tout ce que jesavais, c’est que c’était sombre et velu. Mais cetteapparition d’épouvante me cloua sur place.

J’étais maintenant, semblait-il, coupé des deuxcôtés ; derrière moi, il y avait les assassins, etdevant moi, il y avait ce monstre. Je n’hésitai pasà préférer les dangers connus aux inconnus.Silver lui-même semblait comparativementmoins redoutable que cette créature des bois.

[…] D’arbre en arbre, le mystérieux monstrefilait comme un daim, courant sur deux jambes,tel un homme. Mais la façon qu’il avait de secourber en avant n’était pas celle d’un homme.Pourtant, je ne pouvais plus en douter, c’étaitun homme.

R. L. Stevenson (1850-1894), LÎle au trésor (1883),traduit de l’anglais par A. Bay © Librairie Générale

Française – Le Livre de Poche, 1961.

1. Citez les termes qui désignent l’être rencontré.Comment le narrateur retarde-t-il le moment oùil révèle son identité ? Quel est l’effet produit ?2. Sur le modèle suivant, imaginez ce que peut voirun personnage. Utilisez les désignations qui ména-gent le suspense :Je vis ……. Ce / cette ……me cloua sur place.

Mais le / la …… à ma vue. C’était …….

11 LES PERCEPTIONS AUDITIVES

1. a. Dites quelles peuvent être les origines desbruits suivants (plusieurs réponses possibles).

– Une explosion, une détonation, un claque-ment, un crépitement, un rugissement, unmugissement, un roulement, un froissement,un bruissement, un crissement, un clapotis, uncliquetis.

b.Classez ces bruits selon qu’ils sont faibles ou forts.– Un bruit imperceptible /assourdi /assourdis-

sant / perçant / étouffé.

c. Sur le modèle de la phrase suivante (conservezle texte en vert), décrivez un bruit inquiétant.Tout à coup je crus distinguer derrière moi

un bruit lointain et prolongé, pareil à celui queferait une porte en se fermant au fond d’un sou-terrain.

A. Dumas, Pauline.

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2337 Le roman d’aventures

2. a. Comment le silence est-il exprimé dans cha-cune des phrases ? Quel est l’effet produit ?

Il n’y avait pas un souffle d’air. Aucun bruit,si ce n’est celui du ressac, à un demi-mille de là,s’écrasant le long des plages et contre les récifs.

R. L. Stevenson (1850-1894), LÎle au trésor (1883),traduit de l’anglais par A. Bay © Librairie Générale

Française – Le Livre de Poche, 1961.

b. En utilisant les mêmes procédés (aucun bruit, sice n’est…), décrivez un silence inquiétant.

12 LES PERCEPTIONS TACTILES

Un héros d’un récit d’aventures se trouve dans unlieu obscur ou dans l’eau. Décrivez en deux phrasesce qu’il découvre par le toucher (un animal : ser-pent, pieuvre, rat… ; un végétal : algue… ; un objet :clé, médaillon, arme…). Appuyez-vous sur la struc-ture suivante :

Je sentis quelque chose de…, de…, de…. Je venais de réaliser qu’il s’agissait de…

Aidez-vous des mots suivants qui renvoient à desconsistances, à des formes, à des sensations decontact :

– Flasque, huileux, ferme, mou, dur, souple,mince, long, arrondi, poli, lisse, bosselé,rugueux, rêche, velu, soyeux, moite, collant,visqueux, glacé, tiède.

13 LE VOCABULAIRE DE LA PEUR

Cherchez dans le dictionnaire six synonymes dunom peur, six expressions comportant le mot peur,trois expressions traduisant les manifestationsphysiques de la peur.

14 LES CHAMPS LEXICAUX

1. Relevez le champ lexical du feu.« Le feu ! s’écria-t-il. Ils ont mis le feu à la

maison ! »Northmour se leva instantanément, et nous

nous précipitâmes tous les deux par la porte quicommuniquait avec le bureau. Une lueur rougeet incandescente éclairait la pièce. À peineétions-nous entrés qu’une colonne de flammess’éleva devant la fenêtre, et une vitre s’écrasa,dans un tintement de verre brisé sur le tapis.

[…] En même temps, d’épaisses volutes defumée brûlante, âcre et étouffante, commen-çaient à envahir la maison.

R. L. Stevenson (1850-1894), Le Pavillon dans les dunes(1882), traduit de l’anglais par C. Ballarin

© éd. Gallimard.

2. Poursuivez le texte (de deux ou trois phrases) àpartir des expressions suivantes : Tandis que nous…À peine avions-nous atteint… Au même moment…Vous choisirez d’autres mots appartenant champlexical du feu : brûler, embraser, calciner, illuminer,éclater, langue de feu, lueur, chaleur, fournaise, éclair,braises ardentes…

15 LES FIGURES DE STYLE

2 LEÇON 38, p. 406

Repérez dans les phrases suivantes les comparai-sons et métaphores, une répétition, une gradation.a. Se voyant repéré, il se redressa, bondit hors

de la ravine, et fila comme une flèche vers lalisière du bois.

R. L. Stevenson (1850-1894), LÎle au trésor (1883),traduit de l’anglais par A. Bay © Librairie Générale

Française – Le Livre de Poche, 1961.

b. Une pluie glacée rayait l’air en longuesflèches blanches, fouettait, cuisait comme descoups de lanières.

Pierre Loti.

c. De temps en temps, un éclair descendait duciel comme un serpent de feu.

A. Dumas.

d. Brusquement, le vent s’éleva, un vent formidable.

Pierre Benoît.

e. Les jours s’écoulèrent, puis les semaines, puisles mois : Dantès attendait toujours.

A. Dumas.

� Jonathan Barry (XXe siècle), Vingt mille lieues sous les mers(1996), huile sur toile, 22 x 24 cm, inspirée du roman (1869)de Jules Verne (collection privée).

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« Il remonta libre… »

Edmond Dantès, victime d’un complot, a été empri-sonné au château d’If, au large de Marseille. Ildécide de s’évader en se plaçant dans un sac et enprenant la place du cadavre d’un codétenu. Il pro-jette de se déterrer une fois mis sous terre, mais ilne sait pas que les gardiens vont jeter le sac à lamer…

Dantès sentit qu’on le prenait par la tête et parles pieds et qu’on le balançait.

«Une, dirent les fossoyeurs.– Deux.– Trois ! »En même temps, Dantès se sentit lancé, en

effet, dans un vide énorme, traversant les airscomme un oiseau blessé, tombant, tombant tou-jours avec une épouvante qui lui glaçait le cœur.Quoique tiré en bas par quelque chose de pesantqui précipitait son vol rapide, il lui sembla quecette chute durait un siècle. Enfin, avec un bruitépouvantable, il entra comme une flèche dansune eau glacée qui lui fit pousser un cri, étoufféà l’instant même par l’immersion.

LECTURE Dantès avait été lancé dans la mer, au fond delaquelle l’entraînait un boulet de trente-six1 atta-ché à ses pieds.

La mer est le cimetière du château d’If.

Dantès étourdi, presque suffoqué, eut cepen-dant la présence d’esprit de retenir son haleine,et, comme sa main droite, ainsi que nous l’avonsdit, préparé qu’il était à toutes les chances, tenaitson couteau tout ouvert, il éventra rapidementle sac, sortit le bras, puis la tête; mais alors, mal-gré ses mouvements pour soulever le boulet, ilcontinua de se sentir entraîné ; alors il se cam-bra, cherchant la corde qui liait ses jambes, et,par un effort suprême, il la trancha précisémentau moment où il suffoquait ; alors, donnant unvigoureux coup de pied, il remonta libre à la sur-face de la mer, tandis que le boulet entraînaitdans ses profondeurs inconnues le tissu gros-sier qui avait failli devenir son linceul2.

Dantès ne prit que le temps de respirer, etreplongea une seconde fois ; car la première pré-caution qu’il devait prendre était d’éviter lesregards.

Alexandre Dumas (1802-1870), Le Comte de Monte-Cristo(1844-1845), chapitres XX et XXI (extraits).

1. un boulet de trente-six : boule de métal de trente-sixlivres, soit environ dix-huit kilos. 2. linceul : morceau detissu dans lequel on ensevelit (on enveloppe) un mort.

Évaluation

2 QuestionnaireLe narrateur, l’action, le héros1. À quelle personne le narrateur mène-t-il lerécit ? Expliquez la présence du pronom nous(l. 22). (2 points)2. a.Montrez, dans un premier temps, que Dantèssubit les événements : pour répondre, donnez lafonction du pronom le (l. 1-2) et identifiez la formeou voix (active/passive) du verbe avait été lancé(l. 16). (2 points)b. Relevez, à partir de la ligne 20, six verbes d’ac-tion qui montrent que Dantès reprend le dessus.Identifiez leur temps et leur forme. (2 points)c. Relevez six organisateurs temporels qui sou-lignent l’enchaînement des actions, et résumezles événements en deux phrases. (3 points)3. De quelles qualités physiques et moralesDantès fait-il preuve ? Appuyez-vous sur desexpressions précises du texte. (2 points)

Le suspense et la dramatisation4. Analysez les procédés de la dramatisation.Appuyez-vous sur les champs lexicaux et sur lacomparaison de la ligne 8. (3 points)5. Évaluez la durée approximative de la scène.Par quels procédés le narrateur en ralentit lerythme (l. 6 à 12) ? (2 points)6. La mer est le cimetière du château d’If (l. 19) :quel effet produit ce commentaire ? (1 point)7. a. En quoi cette scène est-elle caractéristiquedu roman d’aventures (donnez deux élémentsde réponse) ? Quel effet produit-elle sur le lec-teur ? (2 points)b.Quelle peut être l’importance de cette scènedans le parcours du personnage ? (1 point)

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SUJETImaginez qu’un personnage devenu adulte raconte les aventures qu’il a vécues dans sa jeunesse.Il fait revivre un moment particulièrement dramatique, au cours duquel il a dû affronter une situa-tion périlleuse. Il conduit le récit de façon à ménager le suspense et à susciter l’émotion du lecteur.Le narrateur peut être un personnage masculin ou féminin ; il peut avoir été seul ou accompa-gné d’un autre personnage.

ÉCRITURE

Consignes d’écriture– Choisissez :1. le contexte : lieu intérieur (auberge, manoir, sou-terrain, cave…) ; extérieur (mer, montagne, ciel, cime-tière, désert, jungle, brousse, côte saharienne…) ; 2. l’époque : contemporaine, historique ;3. la motivation de l’aventure : rechercher un trésor,faire une découverte archéologique, sauver un per-sonnage en danger, démasquer un complot, accom-plir une mission ;4. la nature du danger : nature hostile (tempête,typhon, rio à traverser, falaise, animal dangereux,naufrage…) ; dangers humains (pirates, contreban-diers…) ; problèmes mécaniques (panne d’essence– avion, voiture – dans un lieu hostile…) ;5. la situation du personnage : poursuivant ou pour-suivi, témoin caché (voit sans être vu), seul dans lanature, pris au piège (enfermé, coincé, bloqué…).

– Commencez le texte en précisant rapidement lasituation du personnage (situation de répit précé-dant le péril) puis en mettant en scène l’apparitionsoudaine du danger.– Terminez le texte de façon à clore l’épisode : le per-sonnage triomphe des obstacles.

Critères de réussiteVous aurez réussi :– si vous avez respecté la cohérence générale durécit (narrateur, temps verbaux, enchaînements desactions, présence éventuelle de dialogues…) ;– si vous avez su exprimer et faire partager au lec-teur les sentiments du personnage (peur…) et lafaçon dont il perçoit le réel (bruits…) ;– si vous avez ménagé le suspense en créant un effetd’attente ;– si l’orthographe et l’écriture sont correctes.

Quelques mots et expressions…

l Phrases d’amorce et de clôture (début et fin del’histoire) : Il y avait deux heures que je mar-chais/que nous marchions ; Je me trouvais/nousnous trouvions ce jour-là… / Soudain…, Tout àcoup…/Tout compte fait, mon aventure était ter-minée ; J’étais hors de danger.l Indications de temps : L’aube était encore loin ;Plusieurs heures passèrent de la sorte.lVerbes de perception : distinguer, apercevoir,scruter, entendre, écouter, sentir…lDangers : un éclair aveuglant, un déluge, desgerbes d’écume, un nuage épais de sable jaune ;quelque chose siffla comme une flèche dans l’air.l Peur/souffrance:un mortel frisson me traversa;être saisi de terreur / crispé de froid, la sueur cou-lait dans mes yeux; avoir des éblouissements, des

vertiges ; être hors d’haleine ; sentir un choc etune douleur aiguë.l Force morale/physique : efforts surhumains ; ilfallait coûte que coûte ; je rassemblai ce qui merestait de force, de courage…lVerbes de mouvement : emboîter le pas, se fau-filer, se glisser, se hasarder, franchir, entrer, lon-ger, courir, monter, poursuivre, s’élancer, bondir,ramper, atteindre, éviter, fuir, raser.l État intérieur / commentaires au présent : Jerestais réduit aux suppositions les plus horribles ;J’aurais été incapable de préciser si c’était unhomme ou un animal ; Ma situation était critique;J’en tremble encore aujourd’hui ; Après tant d’an-nées, je sens encore l’angoisse m’étreindre.

… pour vous aider à réussir votre production écrite

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Autres lectures

l Daniel Defoe, Robinson Crusoé, 1719 (coll. « LeLivre de Poche », version abrégée) : Robinson a faitnaufrage. Il se retrouve sur une île déserte où ilapprend à vivre…

lWilliam Golding, Sa Majesté des mouches, 1954(coll. « Folio Junior ») : de jeunes élèves anglaiss’organisent pour survivre sur une île du Pacifique.Mais des rivalités éclatent.

l Jack London, Le Loup des mers, 1904 (coll. « FolioJunior ») : Loup Larsen, capitaine de goélette, estun personnage très inquiétant…

lPierre Mac Orlan, Les Clients du Bon Chien Jaune,1926 (coll. « Folio Junior ») : le jeune Louis-Marierencontre d’inquiétants personnages à l’aubergedu Bon Chien Jaune. L’Ancre de miséricorde, 1941(coll. « Folio Junior ») : en 1777, à Brest, aux tempsde la piraterie, un jeune garçon fait d’étranges ren-contres.

lR. L. Stevenson, L’Île au trésor, 1883(coll. « Folio Junior ») : le jeune JimHawkins part à la recherche d’un tré-sor que des pirates ont enfoui surune île… Le Pavillon dans les dunes,1882 (coll. « Folio Junior ») : FrankCassilis va rendre visite à un vieil amien Écosse…

l Alexandre Dumas, Les TroisMousquetaires, 1844 : les mousque-

taires du roi Louis XIII tentent de déjouer lesmachinations de Richelieu et de son redoutableagent secret, Milady. Le Comte de Monte-Cristo,1844-1845 : Edmond Dantès, condamné injuste-ment, s’évade et décide de se venger au moyend’un plan diabolique…

lHerman Melville, Moby Dick, 1851 :le capitaine Achab a juré de se ven-ger de Moby Dick, la baleine blanche,qui lui a arraché une jambe.

l Paul Féval, Le Bossu, 1857 (coll. « LeLivre de Poche », version abrégée) :sous la Régence, le chevalier deLagardère se déguise en bossu pourfaire triompher le bon droit.

l Jules Verne, Voyage au centre dela terre, 1864 : le professeurLidenbrock entraîne son neveuAxel dans une expédition inima-ginable sous la terre. Le Tour dumonde en quatre-vingts jours, 1873:Phileas Fogg parie qu’il réussira àfaire le tour du monde en 80 jours!L’Île mystérieuse, 1874 : cinq nau-fragés et un chien organisent leursurvie sur une île déserte duPacifique. Deux ans de vacances,1888 : quinze enfants, seuls sur un voilier, échouentsur une île déserte du Pacifique…

l John Meade Falkner, Moonfleet, 1898 (coll.« Folio Junior ») : le jeune John Trenchard, en quêtedu fabuleux diamant de Barbe-Noire, est entraînédans une série d’aventures périlleuses.

l Évelyne Brisou-Pellen, Deux graines de cacao(coll. « Le Livre de Poche Jeunesse », 2002) : enBretagne, en 1819, le jeune Julien décide de s’en-fuir à Haïti, à la recherche de sa famille. Il embarquesur un étrange bateau…

lArthur Bernède, Belphégor, 1927 (coll. « Le Livrede Poche Jeunesse ») : un mystérieux assassin sévitau musée du Louvre ; il tue un gardien devant lastatue du dieu Belphégor…

lPhilip Pullman, Sally Lokhart, vol. 1: La Malédictiondu rubis (coll. « Folio Junior », 2003) : à Londres, àl’époque victorienne, la jeune et intrépide SallyLockhart tente de percer le secret d’un rubis fabu-leux.

l Paul Thiès, Finn et les Pirates, vol. 1 : La Rencontre (coll. « CastorPoche », 2005) : l’histoire de Finn,un jeune mousse engagé sur leCordelia, qui va être mêlé à unemystérieuse affaire de bijoux et depirates.

l Patricia Finney, Lady Grace, vol. 3 : Intrigue au bal masqué(éd. Flammarion, 2006) : à la Courd’Angleterre, au XVIe siècle, les aventures de LadyGrace, une jeune demoiselle d’honneur curieuse,intrépide et amoureuse…

C HO I S I S S E Z U N E L E C TU R E

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2 Tenez votre carnet de lectureLe narrateur et le contexte1. Le narrateur est-il ou non personnage ? S’il estpersonnage, s’agit-il d’un adulte ou d’un enfant ?2. a.Dans quel lieu principal l’action se déroule-t-elle ? Y a-t-il un cadre propice à l’aventure ?b. Précisez l’époque de l’action et sa durée.

Les personnages et l’action3. a. Qui est le héros de l’aventure ? De quellesqualités fait-il preuve ?

b.Qui sont les autres personnages ? Quels sontceux qui aident le héros? Quels sont ceux qui s’op-posent à lui ?4. Résumez l’action dans ses grandes lignes: quelleest la quête du héros ? Quels sont les principauxévénements qui surviennent? Quel est le dénoue-ment (comment l’histoire se termine-t-elle ?) ?

Votre jugement5. Quels passages vous ont tenu(e) en haleine ?Essayez de dire pourquoi.

ACTIVITÉS EN CLASSE

Réaliser la bande-annonce d’un romanVous êtes chargé(e) de la promotion d’un livre :vous allez réaliser une bande-annonce sous formede feuilles collées et pliées en accordéon ou sousforme de livret. L’objectif est de faire connaître lelivre et d’inciter les autres à le lire.

1. Sur la première page, photocopiez, coloriez etcollez la première de couverture.

2. Sur la deuxième page, présentez rapidementl’histoire par un texte d’accroche.

3. Sur les autres pages, recopiez quatre ou cinqcourts passagesparticulièrement forts, sans qu’ilsen dévoilent trop non plus: votre montage doit lais-

ser le suspense entier. Ces passages ne seront pasnécessairement présentés dans l’ordre chronolo-gique. Ils doivent rendre compte de l’atmosphèreet donner envie de lire le roman (comme la bande-annonce d’un film). Vous pouvez leur attribuer untitre (titre personnel ou phrase choisie dans le texte).

4. Sur la dernière page, écrivez en gros caractèresune, deux ou trois questions qui accentueront lemystère.

5. Illustrez par des dessins ou des collages.

6.Vous viendrez présenter le livre à la classe à par-tir de votre bande-annonce que vous déplierez.

7.Vous ferez, si vous le pouvez, une exposition devos bandes-annonces à la bibliothèque.

� Claude Francis Barry(1883-1970), Le Châteaud’If, encre, 15 x 19 cm(collection privée).