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Repères – Le genre de la nouvelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18 Lecture – LE NARRATEUR ET LA CONDUITE DU RÉCIT (extrait 1) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20 – LES PROCÉDÉS DE LA DRAMATISATION (extrait 2) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24 – LA CHUTE (extrait 3) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28 LECTURE DIMAGE : P.-A. Renoir, Le Déjeuner des canotiers (1881) . . . . . . 30 Prolongements : lecture, oral – Diversité du genre de la nouvelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32 Outils de la langue / Activités d’écriture – ENTRAÎNEMENT À L ÉCRITURE : écrire le début d’une nouvelle, écrire la suite et la chute, faire parler les personnages . . . . . . . . . . . . . 34 – ORTHOGRAPHE : l’accord sujet-verbe ; dictée préparée . . . . . . . . . . . . . . 36 – CONJUGAISON : imparfait, passé simple, plus-que-parfait et passé antérieur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36 – VOCABULAIRE ET FIGURES DE STYLE : les verbes de parole et l’expression des sentiments; comparaison, métaphore, personnification . . . . . . . 37 Évaluation – LECTURE : Émile Zola, « Un mariage d’amour », nouvelle intégrale . . 38 – ÉCRITURE : écrire la suite d’une nouvelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41 Autres lectures – CHOISISSEZ UNE LECTURE : lire des nouvelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42 – TENEZ VOTRE CARNET DE LECTURE : lire et prendre des notes . . . . . . . . . . . . 43 – ACTIVITÉS EN CLASSE : lire à haute voix, débattre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43 16 1 La nouvelle Guy de Maupassant, « L’enfant » (1882), nouvelle intégrale Objectifs : analyser les caractéristiques du genre de la nouvelle, écrire une nouvelle.

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Repères– Le genre de la nouvelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18

Lecture– LE NARRATEUR ET LA CONDUITE DU RÉCIT (extrait 1) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20– LES PROCÉDÉS DE LA DRAMATISATION (extrait 2) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24– LA CHUTE (extrait 3) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28– LECTURE D’IMAGE : P.-A. Renoir, Le Déjeuner des canotiers (1881) . . . . . . 30

Prolongements : lecture, oral– Diversité du genre de la nouvelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32

Outils de la langue / Activités d’écriture– ENTRAÎNEMENT À L’ÉCRITURE : écrire le début d’une nouvelle, écrire la suite et la chute, faire parler les personnages . . . . . . . . . . . . . 34– ORTHOGRAPHE : l’accord sujet-verbe ; dictée préparée . . . . . . . . . . . . . . 36– CONJUGAISON : imparfait, passé simple, plus-que-parfait et passé antérieur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36– VOCABULAIRE ET FIGURES DE STYLE : les verbes de parole et l’expression des sentiments ; comparaison, métaphore, personnification . . . . . . . 37

Évaluation– LECTURE : Émile Zola, « Un mariage d’amour », nouvelle intégrale . . 38– ÉCRITURE : écrire la suite d’une nouvelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41

Autres lectures– CHOISISSEZ UNE LECTURE : lire des nouvelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42– TENEZ VOTRE CARNET DE LECTURE : lire et prendre des notes . . . . . . . . . . . . 43– ACTIVITÉS EN CLASSE : lire à haute voix, débattre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43

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1 La nouvelleGuy de Maupassant, « L’enfant » (1882), nouvelle intégrale

Objectifs : analyser les caractéristiques du genre de la nouvelle, écrire une nouvelle.

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� August Macke (1887-1914), Mère et enfant au parc (1914), huile sur toile, 56,3 x 46 cm (Kunsthalle, Hambourg, Allemagne).

LIRE L’IMAGE1. Identifiez l’auteur du tableau, l’époque et la technique utilisée.2. Quelle est la scène représentée ? Quel en est le contexte ?3. Quelles sont vos impressions face à ce tableau ?

Pour commencerlDonnez les sens du mot nouvelle :– Avez-vous lu les dernières nouvelles ?– Je n’ai aucune nouvelle de lui.– Goûtez cela, vous m’en direz desnouvelles.– Maupassant a écrit des nouvelles.l Comment appelle-t-on un écrivainauteur de nouvelles ?

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Le genre de la nouvelle : définitionl La nouvelle (de l’italien novella qui signifiait auXVe siècle « récit imaginaire ») est un genre littérairequi tient son originalité de sa brièveté : de quelqueslignes à une centaine de pages, parfois plus. La nou-velle est centrée sur un événement : elle peut évo-quer un moment précis d’une existence, comme ellepeut mettre en scène une existence entière, dans lamesure où cette existence est présentée autour d’unélément central qui l’organise entièrement.

lLa forme brève de la nouvelle impose une construc-tion dramatique ramassée : les personnages sontpeu nombreux, les passages descriptifs sont réduitsà l’essentiel, les événements s’enchaînent rapide-ment : ce qui n’est pas nécessaire à la compréhen-sion de l’histoire est écarté. Toute l’action tend versla chute (dernières phrases de la nouvelle) et l’effetqu’elle doit produire sur le lecteur.

L’origine et le développement du genrel La nouvelle, souvent appelée aussi conte, bienqu’elle en diffère par l’absence d’éléments merveil-leux, est l’héritière des récits brefsen vogue au MoyenÂge (fabliaux, épisodes du Roman de Renart…). Elleest rendue populaire au XIXe siècle avec le dévelop-pement de la presse: les journaux publiaient des nou-velles sous forme de feuilletons tandis que lesécrivains s’inspiraient souvent des faits divers.

RepèresLe genre de la nouvellelChronologieQuelques auteurs de nouvelles1803-1870 : Prosper Mérimée (Mateo Falcone, 1829 ; Colomba, 1840).1840-1902 : Émile Zola (« Jacques Damour », 1880 ; « L’attaque du moulin »,1880).1850-1893 :Guy de Maupassant (« Boule de suif », 1880 ; Contes de la bécasse,1883 ; Contes du jour et de la nuit, 1885 ; Le Horla, 1887).1902-1967 : Marcel Aymé (Le Passe-muraille, 1943).1906-1972 : Dino Buzzati (Le K, 1966).1916-1990 : Roald Dahl (Bizarre ! Bizarre !, 1953 ; Kiss Kiss, 1960).

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� Théophile Alexandre Steinlen (1859-1923), illustration pour « La maison Tellier », de Guy de Maupassant, dans Gil Blas du 9 octobre 1892 (Bibliothèque des Artsdécoratifs, Paris).

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l Prosper Mérimée (1803-1870), Théophile Gautier(1811-1872), Émile Zola (1840-1902) et surtout Guyde Maupassant (1850-1893) ont contribué au déve-loppement du genre en France.

l À l’étranger, citons les écrivains anglo-saxonsEdgar Allan Poe (1809-1849), Roald Dahl (1916-1990),Ray Bradbury (né en 1920), l’écrivain russe AntonTchekhov (1860-1904), l’écrivain italien Dino Buzzati(1906-1972)…

Un maître de la nouvelle : Guy de Maupassant (1850-1893)lNé en 1850 en Normandie, Guy de Maupassant,après la séparation de ses parents, est élevé par samère à Étretat. Il mène une existence libre, parta-gée entre les études et la campagne normande, lesbains de mer, les parties de pêche au petit matin etla contemplation des belles baigneuses sur lesgalets. Il fait, à dix-sept ans, la connaissance de l’écri-vain Gustave Flaubert, un ami de sa mère, qui joueraun rôle important dans sa formation littéraire.

lEn 1870, la guerre éclate entre la France et la Prusse.Maupassant est mobilisé quelques mois puis il entreau ministère de la Marine. Le dimanche, il part cano-ter sur la Seine et fréquente les bals et les guin -guettes au bord de l’eau.

lGrâce à Flaubert, il entre en relation avec les grandsécrivainsde son temps, dont Émile Zola. Sa premièrenouvelle, « Boule de suif » (1880), qui raconte l’his-toire d’une prostituée emplie d’héroïsme, marque ledébut de sa gloire. En dix ans, il publie quinze recueilsde contes et nouvelles et six romans, dont Une vie(1883) et Bel-Ami (1885). Il a de nombreuses maîtresses,achète une villa à Étretat, « La Guillette », et un yachten Méditerranée, le « Bel-Ami ».

lMais sa santé se détériore. L’écrivain est peu à peuatteint de troubles nerveux et mentaux, d’insom-nies et d’hallucinations, tandis que son frère, qui asombré dans la folie, meurt en 1889. Maupassanttente de se suicider, il est interné à Paris à la cliniquede Passy d’où il ne sortira plus. Il meurt à l’âge de43 ans, le 6 juillet 1893.

L’œuvre de Maupassant :personnages et thèmesl L’œuvre de Maupassant se caractérise par son pes-simisme : Maupassant s’attache à peindre une réa-lité cruelle et mesquine, adoucie parfois par certainesfigures innocentes et honnêtes. Les personnagessont issus de milieux qu’il connaît bien : paysansnormands, petits fonctionnaires, notables de pro-vince. Certains thèmes se retrouvent dans l’ensem-ble de ses récits: la paternité, la condition des enfantsnaturels, l’amour malheureux, l’égoïsme, l’amour del’argent, la cruauté, les vies ratées… Dans ses der-nières nouvelles, le fantastique l’emporte, avec lethème de la folie.

1. Quelles sont les principales caractéristiquesd’une nouvelle ?2. Citez des auteurs de nouvelles.

3. Quels types de personnages Maupassantmet-il en scène dans ses nouvelles ? Quels sontles principaux thèmes de ses nouvelles ?

2 Lire et repérer

� Ferdinand Bac, illustration (1900) pour la couverture de Bel-Ami (1885), de G. de Maupassant.

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Après avoir longtemps juré qu’il ne se marierait jamais, JacquesBourdillère avait soudain changé d’avis. Cela était arrivé brus-

quement, un été, aux bains de mer.Un matin, comme il était étendu sur le sable, tout occupé à regar-

der les femmes sortir de l’eau, un petit pied l’avait frappé par sa gen-tillesse et sa mignardise1. Ayant levé les yeux plus haut, toute lapersonne le séduisit. De toute cette personne, il ne voyait d’ailleursque les chevilles et la tête émergeant d’un peignoir de flanelle2 blanche,clos avec soin. On le disait sensuel et viveur3. C’est donc par la seulegrâce de la forme qu’il fut capté d’abord; puis il fut retenu par le charmed’un doux esprit de jeune fille, simple et bon, frais comme les joueset les lèvres.

Présenté à la famille, il plut et il devint bientôt fou d’amour. Quandil apercevait Berthe Lannis de loin, sur la longue plage de sable jaune,il frémissait jusqu’aux cheveux. Près d’elle, il devenait muet, inca pablede rien dire et même de penser, avec une espèce de bouillonnement dansle cœur, de bourdonnement dans l’oreille, d’effarement dans l’esprit.Était-ce donc de l’amour, cela ?

Il ne le savait pas, n’y comprenait rien, mais demeurait, en tout cas,bien décidé à faire sa femme de cette enfant.

Les parents hésitèrent longtemps, retenus par la mauvaise réputa-tion du jeune homme. Il avait une maîtresse, disait-on, une vieille maî-tresse, une ancienne et forte liaison, une de ces chaînes qu’on croitrompues et qui tiennent toujours.

Outre cela, il aimait, pendant des périodes plus ou moins longues,toutes les femmes qui passaient à portée de ses lèvres.

Alors il se rangea4, sans consentir même à revoir une seule fois celleavec qui il avait vécu longtemps. Un ami régla la pension de cette femme,assura son existence. Jacques paya, mais ne voulut pas entendre par-ler d’elle, prétendant désormais ignorer jusqu’à son nom. Elle écrivitdes lettres sans qu’il les ouvrît. Chaque semaine, il reconnaissait l’écri-

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1. mignardise :manières peunaturelles maischarmantes.2. flanelle :tissu de laine douxet pelucheux.3. viveur :bon vivant.4. il se rangea :changea de vie.

Le narrateur et la conduite du récitPréparez votre lectureLa nouvelle s’intitule « L’enfant ». À quelle histoire vousattendez-vous ?

Extrait 1« Le mariage eut lieu à Paris, dans les premiers jours de mai »

Guy deMaupassant(1850-1893)

« L’enfant »(1882)

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5. persévérance :obstination.6. agréée : acceptée.7. sauterie :petite fête.8. boudoir :petit salon élégant.9. alanguis : ici : doux, tamisés.

ture maladroite de l’aban-donnée; et, chaque semaine,une colère plus grande luivenait contre elle, et ildéchirait brusquement l’en-veloppe et le papier, sansouvrir, sans lire une ligne,une seule ligne, sachantd’avance les reproches etles plaintes contenus là-dedans.

Comme on ne croyaitguère à sa persévérance5,on fit durer l’épreuve toutl’hiver, et c’est seulement auprintemps que sa demandefut agréée6.

Le mariage eut lieu àParis, dans les premiersjours de mai.

Il était décidé qu’ils ne feraient point le classique voyage de noces.Après un petit bal, une sauterie7 de jeunes cousines qui ne se pro-longerait point au-delà de onze heures, pour ne pas éterniser les fatiguesde cette journée de cérémonies, les jeunes époux devaient passer leurpremière nuit commune dans la maison familiale, puis partir seuls,le lendemain matin, pour la plage chère à leurs cœurs, où ils s’étaientconnus et aimés.

La nuit était venue, on dansait dans le grand salon. Ils s’étaient reti-rés tous les deux dans un petit boudoir8 japonais, tendu de soies écla-tantes, à peine éclairé, ce soir-là, par les rayons alanguis9 d’une grosselanterne de couleur, pendue au plafond comme un œuf énorme. Lafenêtre entrouverte laissait entrer parfois des souffles frais du dehors,des caresses d’air qui passaient sur les visages, car la soirée était tièdeet calme, pleine d’odeurs de printemps.

Ils ne disaient rien ; ils se tenaient les mains en se les pressant par-fois de toute leur force. Elle demeurait, les yeux vagues, un peu éper-due par ce grand changement dans sa vie, mais souriante, remuée, prêteà pleurer, souvent prête aussi à défaillir de joie, croyant le monde entierchangé par ce qui lui arrivait, inquiète sans savoir de quoi, et sentanttout son corps, toute son âme envahis d’une indéfinissable et délicieuselassitude.

Lui la regardait obstinément, souriant d’un sourire fixe. Il voulaitparler, ne trouvait rien et restait là, mettant toute son ardeur en despressions de mains. De temps en temps, il murmurait : « Berthe ! » etchaque fois elle levait les yeux sur lui d’un mouvement doux et

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� Aristide Maillol (1861-1944),Femme à l’ombrelle (vers 1900),huile sur toile, 190 x 149 cm(Musée d’Orsay, Paris).

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tendre ; ils se contemplaient une seconde, puis son regard à elle, péné-tré et fasciné par son regard à lui, retombait.

Ils ne découvraient aucune pensée à échanger. On les laissait seuls ;mais, parfois, un couple de danseurs jetait sur eux, en passant, un coupd’œil furtif, comme s’il eût été témoin discret et confident d’un mystère.

Une porte de côté s’ouvrit, un domestique entra, tenant sur un pla-teau une lettre pressée qu’un commissionnaire10 venait d’apporter.Jacques prit en tremblant ce papier, saisi d’une peur vague et soudaine,la peur mystérieuse des brusques malheurs.

(À suivre, p. 24)

Guy de Maupassant, « L’enfant » (1882).

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� George Elgar Hicks (1824-1914), Le Mariage (1862), huile sur toile, 151 x 89 cm (Musée Geffrye, Londres, Grande-Bretagne).

10. commissionnaire :garçon de courses.

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2 Lire et analyserLe narrateur, la mise en place de l’action,le contexte1. À quelle personne le narrateur mène-t-il lerécit ? Est-il personnage ou non de l’histoire ?2. a. Dans quelle ville et à quel moment del’année, du mois, de la journée le mariage entreJacques et Berthe a-t-il lieu ? Montrez que lecontexte est en accord avec le bonheur despersonnages.b. Quel événement vient rompre ce momentde bonheur ? Quel temps de l’indicatif signalela rupture ?

La conduite du récit3. a. Délimitez le passage qui constitue unretour en arrière par rapport au jour dumariage. Quel est le temps de l’indicatif uti-lisé ?b.À quel moment de l’année le narrateur fait-il remonter les événements? Appuyez-vous surles indications temporelles.c.Quel type d’informations le narrateur four-nit-il par ce retour en arrière ?

4. Montrez que le narrateur fournit au lecteurles informations nécessaires à la compréhen-sion du récit.5. a. Relisez les lignes 27 à 51 : relevez un sautdans le temps (ellipse).b. Sur quelle scène le narrateur s’attarde-t-ilensuite ? Pour quelle raison ?

Les personnages6. a.Quelle image le narrateur donne-t-il deJacques et de Berthe ? Appuyez-vous sur letexte.b.Pour quelle raison Jacques n’est-il pas acceptétout de suite par la famille de la jeune fille ?

Les effets produits7. Citez quelques éléments qui créent l’illusionde la réalité. Quel effet le narrateur cherche-t-il à produire sur le lecteur ?

EXERCICE D’ÉCRITURE8. Imaginez le contenu de la lettre. Vous rédi-gerez le message.

l Leçon Le narrateur et la conduite du récitl Le narrateur. Le narrateur d’une nouvellepeut mener le récit à la première personne (entant que personnage ou témoin de l’histoire)ou à la troisième personne (extérieur aux évé-nements).l Le point de vue. Lorsque le récit est à la troi-sième personne, le narrateur adopte assez sou-vent un point de vue omniscient : il fournit aulecteur les données nécessaires à la compré-hension du récit (2 LEÇON 24, p. 360).

l Le rythme. Dans une nouvelle, tout s’en-chaîne sur un rythme rapide : le narrateur éli-mine les épisodes qui ne se rattachent pasdirectement à l’action. Il introduit des ellipses(sauts dans le temps), pour mieux s’attardersur les moments importants (scènes).l La chronologie. La nouvelle est un récit net-tement structuré à l’aide de repères tempo-rels précis. Le narrateur raconte le plus souventles événements selon l’ordre chronologique,mais il peut procéder à des retours en arrière.

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Il regarda longtemps l’enveloppe dont il ne connaissait point l’écri-ture, n’osant pas l’ouvrir, désirant follement ne pas lire, ne pas savoir,

mettre en poche cela, et se dire : « À demain. Demain, je serai loin, peum’importe ! » Mais, sur un coin, deux grands mots soulignés : TRÈSURGENT, le retenaient et l’épouvantaient. Il demanda: « Vous permet-tez, mon amie? », déchira la feuille collée et lut. Il lut le papier, pâlissantaffreusement, le parcourut d’un coup et, lentement, sembla l’épeler.

Quand il releva la tête, toute sa face était bouleversée. Il balbutia :« Ma chère petite, c’est… c’est mon meilleur ami à qui il arrive un grand,un très grand malheur. Il a besoin de moi tout de suite… tout de suite…pour une affaire de vie ou de mort. Me permettez-vous de m’absentervingt minutes ; je reviens aussitôt ? »

Elle bégaya, tremblante, effarée: « Allez, mon ami! » n’étant pas encoreassez sa femme pour oser l’interroger, pour exiger savoir. Et il disparut.Elle resta seule, écoutant danser dans le salon voisin.

Il avait pris un chapeau, le premier trouvé, un pardessus quelconque,et il descendit en courant l’escalier. Au moment de sauter dans la rue,il s’arrêta encore sous le bec de gaz du vestibule et relut la lettre.

Voici ce qu’elle disait :

« MONSIEUR,Une fille Ravet, votre ancienne maîtresse, paraît-il, vient d’accou-

cher d’un enfant qu’elle prétend être à vous. La mère va mourir etimplore votre visite. Je prends la liberté de vous écrire et de vous deman-der si vous pouvez accorder ce dernier entretien à cette femme, quisemble être très malheureuse et digne de pitié.

Votre serviteur,Dr BONNARD. »

Quand il pénétra dans la chambre de la mourante, elle agonisaitdéjà. Il ne la reconnut pas d’abord. Le médecin et deux gardes la soi-gnaient, et partout à terre traînaient des seaux pleins de glace et deslinges pleins de sang.

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Les procédés de la dramatisationPréparez votre lecture1. Rappelez qui sont Jacques et Berthe. Que célèbrent-ils ?2. Quel événement engage véritablement l’action ?

Extrait 2« Il lut le papier, pâlissantaffreusement »

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L’eau répandue inondait le parquet ; deux bougies brûlaient sur unmeuble ; derrière le lit, dans un petit berceau d’osier, l’enfant criait, et,à chacun de ses vagissements, la mère, torturée, essayait un mouve-ment, grelottante sous les compresses gelées.

Elle saignait ; elle saignait, blessée à mort, tuée par cette naissance.Toute sa vie coulait ; et, malgré la glace, malgré les soins, l’invinciblehémorragie continuait, précipitait son heure dernière.

Elle reconnut Jacques et voulut lever les bras ; elle ne put pas, tantils étaient faibles, mais sur ses joues livides des larmes commencèrentà glisser.

Il s’abattit à genoux près du lit, saisit une main pendante et la baisafrénétiquement ; puis, peu à peu, il s’approcha tout près, tout près dumaigre visage qui tressaillait à son contact. Une des gardes, debout,une bougie à la main les éclairait, et le médecin, s’étant reculé, regar-dait du fond de la chambre.

Alors d’une voix lointaine, en haletant, elle dit : « Je vais mourir,mon chéri ; promets-moi de rester jusqu’à la fin. Oh! ne me quitte pasmaintenant, ne me quitte pas au dernier moment ! »

Il la baisait au front, dans ses cheveux, en sanglotant. Il murmura :« Sois tranquille, je vais rester. »

Elle fut quelques minutes avant de pouvoir parler encore, tant elleétait oppressée et défaillante. Elle reprit : « C’est à toi, le petit. Je te lejure devant Dieu, je te le jure sur mon âme, je te le jure au moment demourir. Je n’ai pas aimé d’autre homme que toi… Promets-moi de ne

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� Joaquin Sorolla y Batisda (1863-1923), Mère (1895), huile sur toile,125 x 169 cm (Musée Sorolla, Madrid,Espagne).

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pas l’abandonner. » Il essayait de prendre encore dans ses bras ce misé-rable corps déchiré, vidé de sang. Il balbutia, affolé de remords et dechagrin : « Je te le jure, je l’élèverai et je l’aimerai. Il ne me quitterapas. » Alors elle tenta d’embrasser Jacques. Impuissante à lever sa têteépuisée, elle tendait ses lèvres blanches dans un appel de baiser. Ilapprocha sa bouche pour cueillir cette lamentable et suppliante caresse.

Un peu calmée, elle murmura tout bas : « Apporte-le, que je voie situ l’aimes. »

Et il alla chercher l’enfant.Il le posa doucement sur le lit, entre eux, et le petit être cessa de

pleurer. Elle murmura: « Ne bouge plus! » Et il ne remua plus. Il restalà, tenant en sa main brûlante cette main que secouaient des frissonsd’agonie, comme il avait tenu, tout à l’heure, une autre main que cris-paient des frissons d’amour. De temps en temps, il regardait l’heure,d’un coup d’œil furtif, guettant l’aiguille qui passait minuit, puis uneheure, puis deux heures.

Le médecin s’était retiré ; les deux gardes, après avoir rôdé quelquetemps, d’un pas léger, par la chambre, sommeillaient maintenant surdes chaises. L’enfant dormait, et la mère, les yeux fermés, semblait sereposer aussi.

Tout à coup, comme le jour blafard filtrait entre les rideaux croisés,elle tendit ses bras d’un mouvement si brusque et si violent qu’elle fail-lit jeter à terre son enfant. Une espèce de râle se glissa dans sa gorge ;puis elle demeura sur le dos, immobile, morte.

Les gardes accourues déclarèrent : « C’est fini. »Il regarda une dernière fois cette femme qu’il avait aimée, puis la

pendule qui marquait quatre heures, et s’enfuit oubliant son pardes-sus, en habit noir, avec l’enfant dans ses bras.

(À suivre, p. 28.)

Guy de Maupassant, « L’enfant » (1882).

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� Edvard Munch (1863-1944), Désespoir(1893), huile sur toile, 92 x 72,5 cm (Musée Munch, Oslo, Norvège).

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271 La nouvelle

2 Lire et analyserL’action, le contexte1. De quel personnage le narrateur suit-il leparcours ? Où ce personnage se rend-il ?2. Opposez le contexte et la situation qu’ildécouvre au contexte et à la situation qu’il vientde quitter.3. Quel événement tragique survient à la finde l’extrait ? Quelle décision Jacques prend-il ?

La conduite du récit4. L’ordre du récit. Reconstituez l’enchaîne-ment des actions. Le récit suit-il l’ordre chro-nologique ?5. Le rythme. a. Sur quelle scène le narrateurs’attarde-t-il ? Combien de lignes y consacre-t-il ? Quelle est sa durée ? Quel est l’effet pro-duit par l’évocation du temps qui passe ?b. En quoi y a-t-il ellipse entre la fin de la lettre(l. 26-27) et la reprise de la narration à la ligne28 ? Évaluez la durée de cette ellipse et justi-fiez sa présence.

6. La fausse piste. Sur quelle fausse piste lenarrateur a-t-il entraîné le lecteur à propos ducontenu de la lettre ? Quel est le moyen uti-lisé par le narrateur pour faire en sorte que lelecteur ait connaissance du contenu de cettelettre ?

La dramatisation7. a. Relevez le champ lexical de la faiblessephysique et de la mort.b. Relisez les paroles rapportées des person-nages. Quel est leur état intérieur ?c. Quel effet le narrateur cherche-t-il à pro-duire chez le lecteur ?

Le parcours des personnages8. a. Jacques assume-t-il ses responsabilités ?Justifiez votre réponse.b. Comment Berthe a-t-elle réagi au départ deson mari ?

l Leçon Les procédés de dramatisationl Le narrateur de la nouvelle mène souvent lerécit de manière à conduire le lecteur sur unefausse piste pour créer un meilleur effet desurprise.

l La nouvelle saisit souvent les instants par-ticulièrement dramatiques d’une vie. Le nar-rateur met en œuvre des procédés de ladramatisation :

– présence d’organisateurs temporels signa-lant l’écoulement du temps (2 LEÇON 22, p. 356et 29, p. 370) ;– utilisation d’un vocabulaire spécifique (mort,souffrance, peur…) ;– utilisation des paroles rapportées directe-ment (2 LEÇON 12, p. 334) qui permet au narra-teur de restituer de façon intacte les émotionsdes personnages.

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Après qu’il l’eut laissée seule, sa jeune femme avait attendu, assezcalme d’abord, dans le petit boudoir japonais. Puis, ne le voyant pointreparaître, elle était rentrée dans le salon, d’un air indifférent et tran-quille, mais inquiète horriblement. Sa mère, l’apercevant seule, avaitdemandé : « Où donc est ton mari ? » Elle avait répondu : « Dans sachambre ; il va revenir. »

Au bout d’une heure, comme tout le monde l’interrogeait, elle avouala lettre et la figure bouleversée de Jacques, et ses craintes d’un malheur.

On attendit encore. Les invités partirent;seuls, les parents les plus proches demeu-raient. À minuit, on coucha la mariée toutesecouée de sanglots. Sa mère et deux tantes,assises autour du lit, l’écoutaient pleurer,muettes et désolées… Le père était partichez le commissaire de police pour cher-cher des renseignements.

À cinq heures, un bruit léger glissa dansle corridor ; une porte s’ouvrit et se fermadoucement; puis soudain un petit cri pareilà un miaulement de chat courut dans lamaison silencieuse.

Toutes les femmes furent debout d’unbond, et Berthe, la première, s’élança malgrésa mère et ses tantes, enveloppée de son pei-gnoir de nuit.

Jacques, debout au milieu de sa cham-bre, livide, haletant, tenait un enfant dansses bras.

Les quatre femmes le regardèrent effa-rées ; mais Berthe, devenue soudain témé-raire, le cœur crispé d’angoisse, courut àlui : « Qu’y a-t-il ? dites, qu’y a-t-il ? »

La chutePréparez votre lecture1. Rappelez la situation dans laquelle se trouvent Jacques et Berthe.2. À quelle heure Jacques a-t-il quitté le domicile de son anciennemaîtresse ?

Extrait 3« Il y a… il y a… que j’ai un enfant »

� Edvard Munch (1863-1944),Femme à la fenêtre (1892), huilesur toile, 96,5 x 65,4 cm (ArtInstitute, Chicago, États-Unis).

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Il avait l’air fou ; il répondit d’une voix saccadée : « Il y a… il y a…que j’ai un enfant, et que la mère vient de mourir… » Et il présentaitdans ses mains inhabiles le marmot hurlant.

Berthe, sans dire un mot, saisit l’enfant, l’embrassa, l’étreignant contreelle ; puis, relevant sur son mari ses yeux pleins de larmes : « La mèreest morte, dites-vous ? » Il répondit : « Oui, tout de suite… dans mesbras… J’avais rompu depuis l’été… Je ne savais rien, moi… c’est lemédecin qui m’a fait venir… »

Alors Berthe murmura : « Eh bien, nous l’élèverons, ce petit. »

Guy de Maupassant, « L’enfant », nouvelle parue dans Le Gaulois, le 24 juillet 1882.

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2 Lire et analyserL’action et la conduite du récit1. a. Sur quel personnage le narrateur revient-il ?b. Dans quel lieu la scène se déroule-t-elle ?À quel moment par rapport au passage pré-cédent (p. 24 à 26) ?2. Quelle est la durée approximative de l’at-tente de la jeune femme? Comment le nar-rateur marque-t-il l’écoulement du temps ?3. Quel événement marque la reprise du récitdans son ordre chronologique ? Quel est lemoment de la journée ? Citez le texte.4. Quel est le dénouement de la nouvelle ?Quel est l’effet produit par la chute (dernièrephrase) ?

Le parcours des personnages5. Relisez les lignes 1 à 12.a. Quel est l’état intérieur de Berthe? Commentréagit son entourage ?

b. De quel sentiment témoigne-t-elle vis-à-visde Jacques ?c. De quelle qualité Berthe fait-elle preuve auretour de son mari ? Assume-t-elle sa condi-tion d’épouse ?

De la chute à la relecture6. a. Relevez au début de la nouvelle (p. 20) lesindices par lesquels le narrateur met en placele personnage de la maîtresse. Quelle impor-tance ce personnage revêt-il par la suite ?b. Comparez le comportement de Jacques etde Berthe au début et à la fin de la nouvelle.Dans quel sens ont-ils évolué ?7. En quoi cette nouvelle comporte-t-elle unedimension tragique ? La fin adoucit-elle letragique ?8. Quel sens le titre prend-il au terme de lalecture ? Comparez avec les attentes que vousaviez au début de la lecture.

l Leçon La conduite du récit, la chutel Les scènes parallèles. Le narrateur peut effec-tuer un retour en arrière pour raconter unescène qui a eu lieu au même moment qu’uneautre mais qui se situe dans un cadre différentavec d’autres personnages. Ces scènes ditesparallèles mettent en avant des similitudesou des oppositions entre deux situations. Ellespermettent au lecteur de maîtriser l’ensem-ble des éléments du récit.

l Le titre et la chute. Le titre de la nouvelle seconstruit au fil de la lecture et s’enrichit designifications au moment de la chute. La chuteest la dernière phrase de la nouvelle, tout lerécit tend vers elle. Souvent brutale et inat-tendue, la chute vise à produire le plus grandeffet sur le lecteur : surprise, indignation,tendre émotion, sourire… ; elle peut donner àréfléchir sur les comportements humains.

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Lecture d’image

2Observer et analyserLa nature de l’image1. a. Recherchez ce qu’on appelle impression-nisme en peinture.b. Recherchez qui était Renoir.2. Identifiez la date du tableau, son support,ses dimensions.3. Quelle est la technique utilisée ?

Les éléments constitutifs de l’image4. Le sujet.a.Que représente ce tableau? Quel est le lieureprésenté ? S’agit-il d’un lieu intérieur, exté-rieur, champêtre ? Quel est le moment de lajournée ?b.Caractérisez les personnages (nombre, sexe,âge, classe sociale, humain ou animal). Détaillezleur tenue vestimentaire. Que font-ils respec-tivement? À quoi voit-on qu’il s’agit d’une jour-née de détente ?5. La composition.a. Indiquez les éléments qui occupent le pre-mier plan, le second plan, l’arrière-plan. Montrezque c’est la tente qui sert d’union entre les plans.

b. Repérez les lignes qui structurent le tableau,l’effet de perspective. Comment les person-nages sont-ils répartis selon la diagonale ?c. Repérez les personnages constituant destrios ou des duos. Observez le jeu des regards :qui regarde qui ? Quel est le personnage quitourne le dos aux autres ? À qui s’adresse-t-il ?Quel est l’effet produit ?6. Le cadrage.Est-il serré ou large ? Quel est l’effet produit ?7. Les couleurs et la lumière.a.Quelles sont les couleurs dominantes? S’agitde couleurs chaudes ou froides ?b. Examinez la façon dont le peintre a posé sestouches de peinture.c. L’ensemble du tableau est-il lumineux? D’oùvient la source de lumière ?

Le rapport au réel et l’effet produit8. Le peintre a-t-il cherché à reproduire le réel?9. Quelle impression se dégage de ce tableau?

l Leçon Renoir et Le Déjeuner des canotiersl Le tableau Le Déjeuner des canotiers repré-sente une scène qui se passe à l’auberge dupère Fournaise, guinguette des bords de Seine,dans l’île de Chatou. La maison Fournaise attiredans la deuxième moitié du XIXe siècle descanotiers, des peintres et des écrivains dontGuy de Maupassant, passionné de canotage,et Pierre-Auguste Renoir qui y réalise une deses plus célèbres toiles.l Pierre-Auguste Renoir (1841-1919), né àLimoges, s’engagea avec les peintres ClaudeMonet (1840-1926), Alfred Sisley (1839-1899),Paul Cézanne (1839-1906), Edgar Degas (1834-1917) dans l’aventure impressionniste.

l L’impressionnisme est né dans les années1860. De jeunes peintres, s’émancipant de lapeinture de leur époque, vont peindre en pleinair et non plus en atelier. Ils tentent de saisirles effets éphémères et changeants de l’air etde la lumière en procédant par petites touchesde couleurs juxtaposées.l Les contours chez Renoir sont plus délimités.Sa peinture se caractérise par sa gaieté lumi-neuse, l’opulence des couleurs, des formes etdes motifs.

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� Pierre-Auguste Renoir (1841-1919), Le Déjeuner des canotiers (1881), huile sur toile, 128 x 173 cm (collection Phillips, Washington, États-Unis).

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� LA NOUVELLE : DIVERSITÉ DU GENRE

EXTRAIT 1 Voici le début d’une nouvelle d’ÉmileZola.

La chambre que Nantas habitait depuis sonarrivée de Marseille se trouvait au dernier étaged’une maison de la rue de Lille, à côté de l’hô-tel du baron Danvilliers, membre du Conseild’État. Cette maison appartenait au baron, quil’avait fait construire sur d’anciens communs.Nantas, en se penchant, pouvait apercevoir uncoin de l’hôtel, où des arbres superbes jetaientleur ombre. Au-delà, par-dessus les cimes vertes,une échappée s’ouvrait sur Paris, on voyait latrouée de la Seine, les Tuileries, le Louvre, l’en-filade des quais, toute une mer de toitures,jusqu’aux lointains perdus du Père-Lachaise.C’était une étroite chambre mansardée, avec

une fenêtre taillée dans les ardoises. Nantasl’avait simplement meublée d’un lit, d’une tableet d’une chaise.

Émile Zola (1840-1902), « Nantas » (1883).

EXTRAIT 2 Voici le début d’une nouvelle de RayBradbury.

Ils habitaient une maison en piliers de cristalsur la planète Mars, au bord d’une mer vide et,tous les matins, on pouvait voir Mrs K. mangerles fruits d’or qui poussaient aux murs de cris-tal, ou nettoyer la maison avec des poignées depoudre magnétique qui, après avoir attiré toutela poussière, s’envolait dans le vent chaud.L’après-midi, quand la mer fossile était chaude

et inerte, les arbres à vin immobiles dans la cour,la lointaine petite ville martienne refermée surelle-même et nul habitant ne mettant le nezdehors, on voyait Mr K. lui-même, dans sachambre, lire un livre de métal aux hiéroglyphessaillants qu’il effleurait de la main, comme onjoue d’une harpe.

Ray Bradbury (né en 1920), «Février 1999, Ylla », dans Chroniques martiennes (1950), traduit de l’américain

par J. Chambon et H. Robillot © Ray Bradbury, 1953,renouvelé 1977 © éd. Denoël, 1955

pour la traduction française.

LECTURE

EXTRAIT 3 Le narrateur vient d’acheter un ves-ton à un tailleur. Il trouve un billet dans sa pochedroite.

C’était un billet de dix mille lires1.Je restai interdit. Ce n’était certes pas moi qui

l’y avais mis. D’autre part il était absurde de pen-ser à une plaisanterie du tailleur Corticella.Encore moins à un cadeau de ma femme deménage, la seule personne qui avait eu l’occasionde s’approcher du complet après le tailleur. […]L’unique explication, une distraction de

Corticella. Peut-être qu’un client était venu luiverser un acompte, à ce moment-là il n’avait passon portefeuille et, pour ne pas laisser traîner le billet, il l’avait glissé dans mon veston penduà un cintre. Ce sont des choses qui peuvent arriver.J’écrasai la sonnette pour appeler ma secré-

taire. J’allais écrire un mot à Corticella et lui res-tituer cet argent qui n’était pas à moi. Mais, à cemoment, et je ne saurais en expliquer la raison,je glissai de nouveau ma main dans ma poche.« Qu’avez-vous, monsieur? Vous ne vous sen-

tez pas bien ? » me demanda la secrétaire quientrait alors.

� Dino Buzzati (1906-1972), Portrait d’un vieux nobleautrichien (1966), tempera sur carton, 55 x 41 cm (collection privée).

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J’avais dû pâlir comme la mort. Dans la pochemes doigts avaient rencontré les bords d’un mor-ceau de papier qui n’y était pas quelques ins-tants avant.« Non, non, ce n’est rien, dis-je, un léger ver-

tige. Ça m’arrive parfois depuis quelque temps.Sans doute un peu de fatigue. Vous pouvez aller,mon petit, j’avais à vous dicter une lettre maisnous le ferons plus tard. »Ce n’est qu’une fois la secrétaire sortie que

j’osai extirper la feuille de ma poche. C’était unautre billet de dix mille lires. Alors, je fis unetroisième tentative. Et un troisième billet sortit.Mon cœur se mit à battre la chamade.

Dino Buzzati (1906-1972), « Le veston ensorcelé », dans Le K (1966), traduit de l’italien par J. Remillet

© éd. Robert Laffont.1. lire : ancienne monnaie italienne.

EXTRAIT 4 Hubert Heldinge, victime de chantage,a fait venir l’inspecteur Wens chez lui afin qu’il prennesur le fait le maître chanteur répondant au nom deThiénot. Le concierge annonce l’arrivée de Thiénot.

À ce moment, la sonnerie du téléphone retentit.– Ce doit être lui, dit Heldinge.Il vida son verre d’un coup et, sans se presser,

alla décrocher l’appareil :– Allô !… Oui… Faites-le monter…Il raccrocha :– C’est lui. Voulez-vous vous glisser là-derrière?

Je m’en vais aller à sa rencontre.– Fort bien, dit l’inspecteur.ll prit place derrière le paravent pendant que

son hôte quittait la pièce. […]Le détective regarda encore une fois la pano-

plie1. C’était une superbe panoplie ; toutefois,dans son ordonnance2, quelque chose choquaitWens.Il essayait de préciser son impression,

lorsqu’un cri strident, désespéré, retentit…Renversant le paravent dans sa hâte, l’inspec-

teur, en cinq secondes, eut atteint le palier. Ilaperçut Heldinge qui, près de l’ascenseur ouvert,tenait un homme dans ses bras. La tête et les brasde cet homme pendaient et il avait un stylet3

enfoncé dans la nuque.

Stanislas-André Steeman (1908-1970), Le Mort dansl’ascenseur (1930) © Librairie des Champs-Élysées, 1991.

1. panoplie : lot d’armes présentées sur un panneau mural. 2. ordonnance : façon dont les armes sont rangées. 3. stylet : poi-gnard à lame mince et pointue.

1. Précisez le nom et l’auteur de chacune des nou-velles citées.2. a. Classez les extraits selon qu’ils sont tirés d’unenouvelle :– réaliste (mise en scène de personnages, de lieux,de situations que l’on pourrait trouver dans laréalité) ;– fantastique (mise en scène d’un personnage enproie à un phénomène étrange) ;– de science-fiction (mise en scène de person nagesvivant dans un monde imaginaire dominé par leprogrès scientifique).b. Parmi les nouvelles réalistes, quelle est celle quiappartient au genre policier ? Vous justifierez vosréponses en vous appuyant sur des indices.

� LIRE À PLUSIEURS VOIX

Mettez-vous à plusieurs et lisez à voix haute la nou-velle « L’enfant ». Vous vous répartirez les rôles :narrateur, personnages et vous vous attacherez àmettre les différents tons qui conviennent.

ORAL

l Il existe des nouvelles réalistes, fantas tiques,policières, de science-fiction.l La nouvelle réaliste présente des person-nages, des situations, des lieux que l’on pour-rait trouver dans la réalité ; elle appartient augenre policier lorsqu’elle met en scène unméfait, une victime, un enquêteur, un meur-trier ; la nou velle fantastiqueprésente des phé-nomènes étranges et inexplicables par laraison ; la nouvelle de science-fiction présenteun monde imaginaire dominé par les progrèset le pouvoir de la science.

l L’essentielLa diversité du genre de la nouvelle*

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ENTRAÎNEMENT À L’ÉCRITURE

Écrire le début d’une nouvelle

1 LE PERSONNAGE, LE CONTEXTE, L’ACTION

1. Choisissez un des trois débuts de nouvelle eteffectuez la présentation demandée à partir deséléments qui vous sont donnés (récit au passé à la3e personne).2. Introduisez ensuite l’action. Marquez la rupturepar un organisateur temporel approprié et par l’uti-lisation du passé simple.

NOUVELLE 1Présentation du personnage : le vicomte de

Signoles : allure, grâce naturelle, air de noblesseet de fierté, fortune suffisante ; appelé dans lemonde le « beau Signoles »; la moustache brave,l’œil doux.

L’irruption de l’action : organisation d’une soi-rée théâtrale avec des amis puis invitation aucafé ; incident : un voisin de table dévisage unedes dames ; intervention du vicomte.

NOUVELLE 2Présentation du contexte : Pierre Létoile,

invité à la noce de son cousin dans un châteauen Normandie ; description du bal champêtre,grande table de cuisine, fromage, saucisses,chant des paysans, chansons, rondes, instru-ments de musique, danseurs assoiffés, cidre…

L’irruption de l’action : deux heures du matin;Pierre Létoile a trop bu, il décide de regagner sachambre.

NOUVELLE 3Présentation de la situation : mariage de

M. Lantin (sous forme de retour en arrière auplus-que-parfait), commis au ministère ; jeunefille pauvre, honnête ; beauté modeste, charmeangélique ; bonheur conjugal après le mariage ;jeune femme emplie d’attentions envers sonmari. Ses défauts : passion du théâtre (son marila supplie d’y aller avec une amie) et des fauxbijoux (elle en achète des quantités).

L’irruption de l’action : une nuit d’hiver, soi-rée à l’opéra, Madame Lantin frissonnante defroid, toux, mort huit jours plus tard.

lUne nouvelle commence généralement parune présentation rapide du personnage prin-cipal, du décor ou de la situation. Les tempsutilisés sont l’imparfait ou le plus-que-parfaitpour un retour en arrière (Il avait acheté unemaison…).lUn fait apparemment banal surgit dans lequotidien des personnages. La rupture estmarquée par un organisateur temporel (or,un jour…) et l’emploi du passé simple.

2 LEÇON 34, p. 396

l L’essentielComment écrire un début de nouvelle ?*

Écrire la suite et la chute de la nouvelle2 ENCHAÎNER LES ACTIONS

À l’aide du résumé et des indications temporellesqui vous sont données, écrivez en deux ou troiscourts paragraphes la suite des actions pour la nou-velle que vous avez commencée (exercice 1).

NOUVELLE 1Résumé : le vicomte de Signoles gifle le voi-

sin de table importun. Un duel doit s’ensuivre.Le vicomte est terrorisé à l’idée de ce duel, il nedort pas de la nuit.

Indications temporelles : Puis tout à coup ;Quand le vicomte fut rentré chez lui ; Dès qu’ilfut au lit ; Le jour venait ; Quand il se sentit seulde nouveau.

NOUVELLE 2Résumé : le château est noir et silencieux ;

Pierre Létoile se trompe de chambre et se retrouvedans celle de la fille du colonel Dumoulin… Sononcle l’oblige à épouser la jeune fille.

Indications temporelles : Dès que je fus dans levestibule, trois ou quatre fois mon pied manquales marches; Enfin j’atteignis; Je finis par trouver;Après avoir refermé; Aussitôt ; Et j’entendis despas; Alors; Puis ; Trois semaines plus tard.

NOUVELLE 3Résumé: Lantin est désespéré et mène une vie

misérable. Il se décide à vendre les faux bijouxde sa femme pour quelques sous. Le bijoutierlui affirme que les bijoux sont vrais.

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Indications temporelles : Il pleurait du matinau soir; Tous les jours; Un matin enfin; Dès quel’orfèvre eut aperçu le bijou; Quand il se trouvadans la rue ; Puis il prit un fiacre.

3 LA CHUTE

Voici les différentes chutes présentées sous formede résumés. Rédigez la vôtre avec vos propres motsen deux ou trois phrases qui constitueront un para-graphe.

NOUVELLE 1Chute : Signoles se tue en enfonçant le canon

de son pistolet dans sa bouche. Le valet dechambre découvre son corps.

NOUVELLE 2Chute : Pierre Létoile épouse la jeune fille qui

pleurait, avec l’idée de la quitter. Mais en la regar-dant, il la trouve charmante… Commentaire :mariage et loterie?

NOUVELLE 3Chute: Devenu riche, M. Lantin se remarie six

mois après avec une femme vraiment honnêtemais qui le fait souffrir.

Faire parler les personnages4 INSÉRER UN DIALOGUE

Imaginez un court dialogue (deux à quatrerépliques) qui pourrait figurer dans la nouvelle quevous avez choisie (vous y ajouterez quelques pas-sages narratifs). Vous veillerez à respecter la ponc-tuation et les temps du dialogue. Voici quelquesrépliques en guise d’amorce.

NOUVELLE 1Réplique : Il s’avança vers l’homme et lui dit :« Vous avez, monsieur, une manière de regar-

der ces dames que je ne puis tolérer. Je vous priede vouloir bien cesser cette insistance. »

NOUVELLE 2Réplique : « Mais mon oncle, je vous assure

qu’il ne s’est rien passé… Je me suis trompé deporte. »

NOUVELLE 3Réplique : Dès qu’il eut aperçu le bijou, l’or-

fèvre s’écria :« Ah! parbleu, je le connais bien ce collier ; il

vient de chez moi. »

lDans une nouvelle, où l’action est resserréedans le temps, les organisateurs temporelssont particulièrement nombreux. Ils permet-tent de faire progresser le récit, de dater lesactions, de les enchaîner, d’exprimer leur duréeou leur fréquence (répétition).

2 LEÇON 22, p. 356

l L’essentielComment faire le récit des actions ?*

l Le dialogue est introduit par des guillemetset/ou des tirets et marqué par des passagesà la ligne.l L’emploi du dialogue produit un effet de réel :les personnages expriment directement leurssentiments et émotions, réagissent aux évé-nements, font des révélations qui permettentà l’action d’avancer.

2 LEÇON 12, p. 334

l L’essentielComment et pourquoi faire parler les personnages ?*

� David Hockney (né en 1937), Henry et Eugène (1977), acrylique sur toile (collection privée).

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ORTHOGRAPHE2 LEÇON 32, p. 380

5 L’ACCORD SUJET-VERBEAccordez les verbes avec leur sujet dans les phraseset le texte suivants.

1. a. Dans le jardin abandonné vivai… unemultitude d’oiseaux et de chats errants. b. Jeles connaiss… bien tous. c. Quelquefois, il yav… des garnements qui les chassai…. d. Lesoiseaux aussi on les aimai…. e. À l’angle de larue se dressai… de hautes grues et des béton-neuses. f. Tout un flot de voitures s’engouffrai…sur le périphérique. g. Une foule de promeneurscircul… sous les arbres du parc. h. Le jeunehomme et son père discut… dans le salon.

2. Le narrateur fête Noël avec son père à LaNouvelle-Orléans.Le patio était rempli de bougies, ainsi que les

trois pièces qui donnai… dessus. La plupart desinvités étai… rassemblé… dans le salon où lescourtes flammes d’un feu de bois dans la che-minée faisai… étinceler l’arbre de Noël ; maisbeaucoup d’autres dansai… dans la salle demusique.

D’après Truman Capote (1924-1984), Un Noël (1982),traduit de l’américain par H. Robillot

© éd. Gallimard.

6 DICTÉE PRÉPARÉE

Le texte suivant vous sera donné en dictée.Répondez aux questions afin de préparer la dictée.Avant l’attaqueLa nuit précédente, un peu avant le jour, il y

avait eu une alerte. Les habitants s’étaient réveil-lés, en entendant un grand bruit d’hommes surla route. Les femmes déjà se jetaient à genouxet faisaient des signes de croix, lorsqu’on avaitreconnu des pantalons rouges en entrouvrantprudemment les fenêtres. C’était un détache-ment français. Le capitaine avait tout de suitedemandé le maire du pays, et il était resté aumoulin, après avoir causé avec le père Merlier.Le soleil se levait gaiement, ce jour-là. Il ferait

chaud, à midi. Sur les bois, une clarté blondeflottait, tandis que dans les fonds, au-dessus desprairies, montaient des vapeurs blanches. Le vil-lage propre et joli, s’éveillait dans la fraîcheur,et la campagne, avec sa rivière et ses fontaines,avait des grâces mouillées de bouquet. Mais cette

belle journée ne faisait rire personne. On venaitde voir le capitaine tourner autour du moulin,regarder les maisons voisines, passer de l’autrecôté de la Morelle, et de là, étudier le pays avecune lorgnette ; le père Merlier, qui l’accompa-gnait, semblait donner des explications. Puis,le capitaine avait posté des soldats derrière desmurs, derrière des arbres, dans des trous. Le grosdu détachement campait dans la cour du mou-lin. On allait donc se battre ?

Émile Zola (1840-1902), L’Attaque du moulin (1880).

1. a. Classez les verbes selon le temps auquel ilssont conjugués et justifiez leur accord. Citez unsujet inversé.b. Justifiez l’accord des participes passés des verbesdu premier paragraphe (l. 1 à 10).2. Expliquez le sens du mot grâces (l. 17). Aidez-vousdu dictionnaire. Donnez un homonyme de ce mot.3. Relevez les verbes à l’infinitif dans la phrase deslignes 18 à 23 (On venait de voir… explications).Justifiez leur emploi.4. Identifiez la classe du mot prudemment (l. 7).Comment est-il formé? Justifiez son orthographe.5.Dans des trous (l. 25) : rappelez la règle du plurieldes mots se terminant en -ou.

CONJUGAISON2 LEÇON 33, p. 390

7 L’IMPARFAITRécrivez le texte suivant en mettant les verbes àl’imparfait.

Lucien et Hortense sont partis en voyage denoces.

Quelle délicieuse semaine ! Ils s’en vont dèsle matin par les sentiers perdus, ils s’enfoncentdans un bois, sur la pente d’une colline, et là ilsvivent leurs journées, cachés au fond des herbesqui abritent leurs jeunes amours. D’autres fois,ils suivent le ruisseau, Hortense court commeune écolière échappée; puis elle ôte ses bottineset prend des bains de pieds, tandis que Lucienlui fait pousser de petits cris, en lui posant debrusques baisers sur la nuque.

Émile Zola (1840-1902), «Voyage circulaire » (1884).

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8 LE PASSÉ SIMPLE

Auguste Saint-Clair décide de ne pas se rendreau rendez-vous que lui a donné sa maîtresse car illa soupçonne d’avoir un amant…

Il se (promener) dans la chambre, puis (s’as-seoir), (prendre) un livre et ne (pouvoir) lireune syllabe. Il se (placer) devant son piano, etn’(avoir) pas la force de l’ouvrir. Il (siffler), il(regarder) les nuages et (vouloir) compter lespeupliers devant ses fenêtres. Enfin il (retour-ner) consulter la pendule, et (voir) qu’il n’avaitpu parvenir à passer trois minutes.«Je ne puis m’empêcher de l’aimer», (s’écrier)-

il. […]Il (prendre) son chapeau et (sortir) précipi-

tamment.

D’après Prosper Mérimée (1803-1870), Le Vase étrusque (1829).

1. Mettez les verbes en vert au passé simple.2. Récrivez le texte en supposant que le narrateurmène le récit à la première personne.

9 PLUS-QUE-PARFAIT ET PASSÉ ANTÉRIEUR

1. Écrivez les verbes au plus-que-parfait.J’allais revoir mon ami Simon Radevin que je

(ne point apercevoir) depuis quinze ans. […]Pendant bien des années nous ne (se quitter)guère. […] Puis il (se marier). Il (épouser) toutà coup une fillette de province venue à Parispour chercher un fiancé.

D’après Guy de Maupassant (1850-1893), « Une famille », dans Le Horla (1887).

2. Écrivez les verbes au passé antérieur.a. Quand ils (visiter) la maison, ils s’en retour-

nèrent à travers les champs. b. Dès qu’elle (ren-trer) dans sa chambre, elle s’assit devant sa tableet se mit à pleurer en pensant à son enfant. c. Unpeu après que minuit (sonner), tous se levèrent.d. À peine il (former, avec inversion du sujet) ceprojet qu’une joie bizarre envahit son cœur.

VOCABULAIRE

10 LES VERBES DE PAROLEET L’EXPRESSION DES SENTIMENTS

Complétez avec les verbes ou expressions : ajouta,fort interloqué, avouai, reprit.

Paul raconte à une amie comment l’épouse deson meilleur ami a voulu le séduire…

Puis, tout à coup, me regardant bien en face :« Qu’est-ce que vous feriez si une femme vous

disait qu’elle vous aime? »Je répondis, …… : « Ma foi, le cas n’est pas

prévu, et puis, ça dépendrait de la femme. […]»Elle …… :« Les hommes ne sont jamais audacieux ni

malins. » Elle se tut puis …… : « Avez-vous quelquefois été amoureux, mon-

sieur Paul ? »Je l’…… : oui, j’avais été amoureux.

D’après Guy de Maupassant (1850-1893), « La bûche », dans Mademoiselle Fifi (1883).

FIGURES DE STYLE

11 COMPARAISON, MÉTAPHORE, PERSONNIFICATION

2 LEÇON 38, p. 406Identifiez les comparaisons, métaphores et per-sonnifications. Quels sont les effets produits ?a. Les canotiers exposaient à l’ardeur du jour

la chair brunie et bosselée de leur biceps, etpareilles à des fleurs étranges, à des fleurs quinageraient, les ombrelles de soie rouge, verte,bleue ou jaune des barreuses s’épanouissaientà l’arrière des canots. (G. de Maupassant.)

b. Sur une petite plate-forme, les nageurs sepressent pour piquer leur tête. Ils sont longscomme des échalas, ronds comme descitrouilles, noueux comme des branches d’oli-vier.

(G. de Maupassant.)

c. Mais une nuit, ils trouvèrent une large luneà l’horizon, dont la face jaune les regardait.

(É. Zola.)

d. Estelle regardait la ville silencieuse, entou-rée des grands arbres de ses promenades ; et,dans l’eau dormante de ses yeux, une rêveriesouriait.

e. La mer, par cette chaude matinée, dormait,pareille à un vaste pan de moire. Des plaques desatin s’étendaient, puis des bandes qui ressem-blaient à une étoffe plissée, s’allongeaient,s’agrandissaient, portant au loin le léger frissondes courants.

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Un mariage d’amour1

Michel avait vingt-cinq ans lorsqu’il épousaSuzanne, une jeune femme de son âge, d’unemaigreur nerveuse, ni laide, ni belle, mais ayantdans son visage effilé deux grands beaux yeuxqui allaient largement d’une tempe à l’autre. Ilsvécurent trois années sans querelles, ne rece-vant guère que Jacques, un ami du mari, dontla femme devint peu à peu passionnémentamoureuse. Jacques se laissa aller à la douceurcuisante de cette passion. D’ailleurs, la paix duménage ne fut pas troublée ; les amants étaientlâches, et reculaient devant la certitude d’unscandale. Sans en avoir conscience, ils en arri-vèrent lentement au projet de se débarrasser deMichel. Un meurtre devait tout arranger, en leurpermettant de s’aimer en liberté et selon la loi.Un jour, ils décidèrent le mari à faire une par-

tie de campagne2. On alla à Corbeil3, et là,lorsque le dîner eut été commandé, Jacques pro-posa et fit accepter une promenade en canot surla Seine. Il prit les rames et descendit la rivière,tandis que ses compagnons chantaient et riaientcomme des enfants.Quand la barque fut en pleine Seine, cachée

derrière les hautes futaies4 d’une île, Jacques sai-sit brusquement Michel et essaya de le jeter àl’eau. Suzanne cessa de chanter; elle détourna latête, pâle, les lèvres serrées, silencieuse et fris-sonnante. Les deux hommes luttèrent un instantsur le bord de la barque qui s’enfonçait en cra-quant. Michel, surpris, ne pouvant comprendre,se défendit, muet, avec l’instinct d’une bête qu’onattaque ; il mordit Jacques à la joue, enlevapresque le morceau, et tomba dans la rivière enappelant sa femme avec rage et terreur. Il nesavait pas nager.Alors Jacques, prenant Suzanne dans ses bras,

se jeta à l’eau de façon à faire chavirer la barque.Puis il se mit à crier, à appeler au secours. Il sou-tenait la jeune femme, et, comme il était excel-lent nageur, il atteignit aisément la rive, oùplusieurs personnes se trouvaient déjà rassem-blées.

LECTURE La terrible comédie était jouée. Suzanne, éva-nouie et froide, gisait sur le sable ; Jacques pleu-rait, se désespérait, implorant de promptssecours pour son ami. Le lendemain, les jour-naux racontèrent l’accident, et les amants ayanttoujours été aussi prudents que lâches, la pen-sée qu’un crime avait pu être commis ne vint àpersonne. Jacques en fut quitte pour expliquer5

la large morsure de Michel, en disant qu’un cloude la barque lui avait déchiré la joue.

Il fallait attendre au moins treize mois. Lesamants s’étaient concertés à l’avance et avaientdécidé qu’ils agiraient avec la plus grande pru-dence. Ils évitèrent de se voir ; ils ne se rencon-trèrent que devant témoins.Le moindre empressement aurait peut-être

éveillé les soupçons.Jacques, pendant les huit premiers jours, alla

régulièrement à la Morgue6 chaque matin.Quand il eut retrouvé et reconnu sur une desdalles blanches le cadavre de Michel, il leréclama au nom de la veuve et le fit enterrer. Ilavait commis froidement le crime, et il éprouvaun frisson d’épouvante en face de sa victime,horriblement défigurée, toute marbrée de tachesbleues et vertes. Dès lors, il eut toujours devantles yeux le visage gonflé et grimaçant du noyé.Dix-huit mois s’écoulèrent. Les amants se virent

rarement; à chaque rencontre, ils éprouvèrent unétrange malaise. Ils attribuèrent cette sensationpénible à la peur, à l’âpre désir qu’ils avaient d’enfinir avec cette funèbre histoire, en se mariant eten goûtant enfin les douceurs de leur amour.Jacques souffrait surtout de sa solitude; les dentsde Michel avaient laissé sur sa joue des tracesblanches, et il semblait parfois au meurtrier queces cicatrices brûlaient sa chair et dévoraient sonvisage. Il espérait que Suzanne, sous ses baisers,apaiserait la cuisson des terribles brûlures.Quand ils crurent avoir assez attendu, ils se

marièrent, et toutes leurs connaissances applau-dirent. Ils goûtèrent, pendant les préparatifs dela noce, une joie nerveuse qui les trompa eux-mêmes. La vérité était que, depuis le crime, ilsfrissonnaient tous deux la nuit, secoués par d’ef-frayants cauchemars, et qu’ils avaient hâte des’unir contre leur épouvante pour la vaincre.

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1. L’histoire proprement dite est reproduite intégralement. Seules ont été coupées une quinzaine de lignes introductives de Zola qui expliquent les circonstances de rédaction de cette nouvelle. 2. partie de campagne : promenade à la campagne. 3. Corbeil : villesituée non loin de Paris, au confluent de la Seine et de l’Essonne. 4. futaies : forêt d’arbres. 5. en fut quitte pour expliquer : n’eut qu’àexpliquer. 6. Morgue : institut médico-légal où l’on entrepose les cadavres à identifier.

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391 La nouvelle

Lorsqu’ils se trouvèrent seuls dans la cham-bre nuptiale, ils s’assirent, embarrassés etinquiets, devant un feu clair qui éclairait la piècede larges clartés jaunes.Jacques voulut parler d’amour, mais sa bouche

était sèche, et il ne put trouver un mot; Suzanne,glacée et comme morte, cherchait en elle avecdésespoir sa passion qui s’en était allée de sachair et de son cœur.Alors, ils essayèrent d’être banals et de causer

comme des gens qui se seraient vus pour la pre-mière fois. Mais les paroles leur manquèrent.Tous deux ils pensaient invinciblement au pau-vre noyé, et, tandis qu’ils échangeaient des motsvides, ils se devinaient l’un l’autre. Leur cause-rie cessa ; dans le silence, il leur sembla qu’ilscontinuaient à s’entretenir de Michel. Ce terri-ble silence, plein de phrases épouvantées etcruelles, devenait accablant, insoutenable.Suzanne, toute blanche dans sa toilette de nuit,se leva et, tournant la tête :« Vous l’avez vu à la Morgue? demanda-t-elle

d’une voix étouffée.– Oui, répondit Jacques en frissonnant.– Paraissait-il avoir beaucoup souffert ? »Jacques ne put répondre. Il fit un geste, comme

pour écarter une vision ignoble et odieuse, et ils’avança vers Suzanne, les bras ouverts.« Embrasse-moi, dit-il en tendant la joue où

se montraient des marques blanches.– Oh! non, jamais…, pas là! » s’écria Suzanne

qui recula en frémissant.Ils s’assirent de nouveau devant le feu, effrayés

et irrités. Leurs longs silences étaient coupés pardes paroles amères, par des reproches et desplaintes.Telle fut leur nuit de noces.

Dès lors, un drame navrant se passa entre lesdeux misérables. Je ne puis en raconter tous lesactes, et je me contente d’indiquer brièvementles principales péripéties.Le cadavre de Michel se mit entre Jacques et

Suzanne. Au lit, ils s’écartaient l’un de l’autre etsemblaient lui faire place. Dans leurs baisers,leurs lèvres devenaient froides, comme si la mortse fût placée entre leurs bouches. Et c’étaient desterreurs continuelles, des effrois brusques quiles séparaient, des hallucinations qui leur mon-traient leur victime partout et à chaque heure.Cet homme et cette femme ne pouvaient plus

s’aimer. Ils étaient tout à leur épouvante. Ils nevivaient ensemble que pour se protéger contre

le noyé. Parfois encore ils se serraient avec forcel’un contre l’autre, s’unissaient avec désespoir,mais c’était afin d’échapper à leurs sinistresvisions.Puis la haine vint. Ils s’irritèrent contre leur

crime, ils se désespérèrent d’avoir troublé leurvie à jamais. Alors ils s’accusèrent mutuellement.Jacques reprocha amèrement à Suzanne del’avoir poussé au meurtre, et Suzanne lui criaqu’il mentait et qu’il était le seul coupable. Lacolère accroissait leurs angoisses, et chaque jour,pour le moindre souvenir, la querelle recom-mençait, plus âpre et plus cruelle. Les deuxassassins tournaient ainsi comme des bêtesfauves, dans la vie de souffrance qu’ils s’étaientfaite, se déchirant eux-mêmes, haletants, obli-gés de se taire.Suzanne regretta Michel, le pleura tout haut,

vanta au meurtrier les vertus de sa victime, etJacques dut vivre en entendant toujours parlerde cet homme qu’il avait jeté à l’eau et dont lecadavre était si horrible sur une dalle de laMorgue. Il avait souvent des heures de délire,et il accablait sa complice d’injures, la battait,lui répétait avec des cris l’histoire du meurtre,et lui prouvait que c’était elle qui avait tout fait,en lui donnant la folie de la passion.S’il n’avait eu peur de trop souffrir, il se serait

coupé la joue, pour enlever les traces des dentsde Michel. Suzanne pleurait en regardant cescicatrices, et le visage de Jacques était devenupour elle un objet d’horreur dont la vue lasecouait d’un éternel frisson.

� Édouard Manet (1832-1883), En bateau (1874), huile sur toile, 97,2 x 130,2 cm (Metropolitan Museum of Art, New York, États-Unis).

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Enfin se joua le dernier acte de ce drame poi-gnant. Après la haine, vinrent la crainte et lalâcheté ; les deux assassins eurent peur l’un del’autre.Ils comprirent qu’ils ne pouvaient vivre plus

longtemps dans la fièvre du remords ; ilsvoyaient avec terreur leur abattement mutuel,et ils tremblaient en pensant que l’un d’eux par-lerait à coup sûr un jour ou l’autre.Alors ils se surveillèrent ; leurs souffrances

étaient intolérables, mais ils ne voulaient pas ladélivrance par le châtiment. Ils se suivirent par-tout, ils s’étudièrent dans leurs moindres actes ;à chaque nouvelle querelle, ils se menaçaient detout dire, puis ils se suppliaient à mains jointesde garder le silence, et ils restaient soupçonneuxet farouches. Vie terrible, qui les traînait danstoutes les angoisses du remords et de l’effroi.Ils en vinrent chacun à l’idée de se débarras-

ser d’un complice redoutable. Suzanne espérait

vivre plus calme, lorsqu’elle ne verrait plus lajoue couturée de Jacques, et Jacques pensait pou-voir tuer son premier crime en tuant Suzanne.Un jour, ils se surprirent, versant mutuelle-

ment du poison dans leurs verres. Ils éclatèrenten sanglots, leur fièvre tomba, et ils se jetèrentdans les bras l’un de l’autre. Ils pleurèrent long-temps, demandant pardon, comprenant leur infa-mie, se disant que l’heure était venue de mourir.Ce fut là une dernière crise qui les soulagea.Ils burent chacun le poison qu’ils avaient

versé, et expirèrent à la même heure, liés dansla mort comme ils avaient été liés dans le crime.On trouva sur une table leur confession, et c’estaprès avoir lu ce testament sinistre, que j’ai puécrire l’histoire de ce mariage d’amour.

Émile Zola (1840-1902), « Un mariage d’amour », nouvelle publiée dans Le Figaro en décembre 1866.

Évaluation

2 QuestionnaireLe narrateur, la mise en place de l’action, le contexte1. À quelle personne le narrateur mène-t-il lerécit ? Est-il personnage ? (1 point)2. Quelle est la situation initiale ? Quel est l’élé-ment qui lance l’action ? (2 points)3. Dans quels lieux successifs l’action se déroule-t-elle ? (1 point)

L’action, la conduite du récit4. Quelles sont les principales actions qui s’en-chaînent ? Répondez en quelques phrases.Quelle est la chute de la nouvelle ? (3 points)5. a.Quelle est la durée approximative de l’ac-tion ? Appuyez-vous sur les organisateurs tem-porels. (1,5 point)b. Sur quelles scènes principales le narrateur s’ar-rête-t-il ? Pourquoi ? (2,5 points)

Les personnages6. Analysez l’évolution des sentiments entre lesdeux amants. Appuyez-vous sur des termes pré-cis. (3 points)7. a.Montrez que les amants sont en proie à deshallucinations. (1 point)b. En quoi la morsure faite au meurtrier présente-t-elle un caractère inquiétant? De quoi cette mor-sure est-elle la marque? (2 points)

Le sens de la nouvelle8. Quel effet le narrateur a-t-il cherché à produiresur le lecteur ? Quelle leçon a-t-il voulu donner ?(2 points)9. Quel sens donnez-vous au titre de la nouvelle?(1 point)

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SUJETVous allez écrire la suite de la nouvelle de Maupassant « L’enfant » (p. 20 à 29) : l’enfanta grandi, il est âgé d’une quinzaine d’années. Il apprend par hasard que sa mère n’est pas sa « véri-table » mère. Il demande des explications à ses parents…

ÉCRITURE

Quelques mots et expressions…

La conduite du récitl Amorce du dialogue possible : J’ai à vous par-ler de ; j’ai quelque chose de grave à vous dire.l Ton:avec fermeté, avec douceur, ton passionné,indigné, froid, glacial ; avoir des sanglots dans lavoix ; parole qui glace le cœur.l Verbes de parole : questionner ; demander ;annoncer, expliquer, s’écrier, reprendre, répéter,ajouter ; couper la parole, murmurer, prononcerà mi-voix ; parler à cœur ouvert, soulager soncœur ; faire comprendre ; persuader, rassurer, par-ler avec douceur, avec fureur ; s’indigner ; écouterd’une oreille attentive ; ne pas écouter ; garder lesilence, réfléchir, rester sans voix.l Attitudes : baisser les yeux, regarder dans lesyeux, détourner/soutenir le regard ; les yeux bril-lants de colère ; rouge de colère ; devenir livide ;retenir ses larmes.l Émotions, sentiments : être désespéré, se met-tre à pleurer ; avoir de la peine ; trembler ; laisser

éclater sa fureur ; être en proie à la révolte ; êtreempli de dégoût et de colère ; contenir sa colère ;apaiser, calmer, consoler, sécher les larmes, récon-forter, reprendre courage, se faire une raison.

…pour vous aider à réussir votre production écrite

� Joseph-François Navez (1787-1869), détail du Portrait d’unjeune garçon songeur, huile sur toile, 44 x 56 cm (Musée duLouvre, Paris).

Consignes d’écritureVous introduirez les éléments suivants :– les circonstances dans lesquelles l’enfant apprendque sa mère n’est pas sa « véritable » mère (quelqueslignes) ;– la scène entre les parents et l’enfant ;– la chute.

Critères de réussiteVous aurez réussi :– si le récit est mené à la 3e personne et au passé ;

– si les temps sont correctement conjugués et utilisés ;– si le dialogue est présent, conforme aux règles(disposition, verbes de parole) ; il rend compte dessentiments des personnages (types de phrases,points de suspension), de leurs explications et argu-mentation ;– si la fin de la nouvelle est cohérente (éventuelle-ment sous forme de chute) ;– si l’orthographe et la langue sont correctes.

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Autres lectures

lGuy de Maupassant, « Aux champs » (Contes dela bécasse, 1883) : un couple aisé achète un enfantà une famille de paysans. « Mademoiselle

Cocotte » (Clair de lune, 1884) : lecocher François adopte une misé-rable chienne, mais son maîtrelui demande de s’en séparer.« Toine » (Toine, 1885) : le pèreToine, tombé malade, doit garderle lit. Sa femme lui fait couver desœufs. «Voyage de santé » (1886) :M. Panard, pour fuir une épidémiede fièvre typhoïde qui s’est abat-tue sur Paris, part dans le Midi. « Laparure » (Contes du jour et de lanuit, 1885) : Mme Loisel a perdu le

magnifique collier que son amie lui a prêté pourune soirée.

l Émile Zola, « L’attaque du moulin » (1880) : lemoulin du père Merlier est soumis aux assautsdes Prussiens le jour où sa fille Françoise va semarier avec Dominique. « Le grand Michu »(Nouveaux contes à Ninon, 1874) : des élèves orga-nisent une révolte au réfectoire pour protestercontre la nourriture servie à la cantine. « JacquesDamour » (1880) : Jacques Damour a participé àla Commune et a été exilé en Nouvelle-Calédonie.Il revient à Paris dix ans après, sa femme lecroyait mort.

l Prosper Mérimée, « MateoFalcone » (1829) : le petit FortunatoFalcone resté seul à la maisoncache un homme blessé poursuivipar des soldats. « Le vase étrus -que » (1829) : Saint-Clair est tombéamoureux de la belle Odile deCoursy. « Colomba » (1840) :Colomba, une jeune fille corse,veut venger son père qui a étéassassiné.

l Stendhal, « Vanina, Vanini »(1829) : Vanina, jeune fille romaine de haute nais-sance, tombe amoureuse d’un révolutionnaire.

l Anton Tchekhov, « La dame au petit chien »(1899) : Gourov, en vacances à Yalta sans safemme, s’intéresse à une jeune femme accompa-gnée d’un chien blanc.

l Marcel Aymé, « Le passe-muraille » (1943) :Dutilleul découvre qu’il a le pouvoir de passer àtravers les murs. « Le proverbe » : M. Jacotin aideson fils à faire son devoir de français.

l Roald Dahl, Mauvaises Intentions,neuf histoires à faire frémir (2000, éd.Gallimard Jeunesse) : «Coup de gigot »(une femme tue son mari. Les policiersne trouvent pas l’arme du crime) ;« Peau » (un homme s’est fait peindresur le corps, par un peintre devenucélèbre, un tableau qui vaut une for-tune). Mieux vaut en rire, Douze his-toires grinçantes (1999, éd. GallimardJeunesse) : « La logeuse » (un jeunegarçon arrive dans une étrange pen-sion de famille).

l Dino Buzzati, Le K (1966, Presses Pocket) :« Esclave » (Luigi soupçonne sa femme de vou-loir l’empoisonner avec des petits fours) ; «L’œuf»(la petite Antonella, fille de la femme de ménage,se retrouve dans une fête d’enfants issus demilieux très aisés).

l J. M. G. Le Clézio, « Villa Aurore » (1983, éd.Gallimard Jeunesse) : la villa Aurore, perdue dansla végétation méditerranéenne, est la proie despromoteurs immobiliers.

lTruman Capote, «Un Noël » (1982-1983): le jeuneBuddy passe les fêtes de Noël avec son père qu’ilconnaît peu.

l Irène Némirovsky, « Le bal » (1930, éd. Hachette) :Antoinette, quatorze ans, se venge de ne pas avoirété conviée au bal que donnent ses parents !

lMichel Tournier, « L’aire du Muguet » (1978, éd.Gallimard Jeunesse) : deux chauffeurs de poids-lourds, Gaston et Pierre, sillonnent l’autoroute A6.Ils s’arrêtent sur l’aire du Muguet.

lAndrée Chedid, « L’écharpe » (1965, L’Étroite Peau,éd. Flammarion) : Jamil, devenu homme d’af-faires, a promis à sa vieille mère, restée au Liban,qu’il viendrait passer la nuit du jour de l’an avecelle. Elle prépare tout pour l’accueillir.

lAnthony Horowitz : « La photo qui tue », (Neufhistoires à vous glacer le sang, 1999, Le Livre dePoche Jeunesse) : Mattew achète un étrangeappareil photo dans une brocante.

C HO I S I S S E Z U N E L E C TU R E

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431 La nouvelle

2 Tenez votre carnet de lectureCréer son carnet de lectureVous allez garder en mémoire vos lectures en éla-borant un carnet que vous garderez et compléte-rez au fil des années. Ce carnet vous est personnel,vous en choisirez le format et le décorerez selonvotre goût.Vous pouvez créer une icône, un symbole pourtraduire votre avis sur la lecture que vous avezfaite (exemple : étoiles, plumes…) ou vous pouvezdonner une note ou une appréciation.Pour chacune des nouvelles que vous allez lire,vous prendrez quelques notes en vous appuyantsur les éléments suivants.

Le titre1. Notez le titre de la nouvelle, le nom de sonauteur, la date de publication ou les dates de l’au-teur. Vous préciserez si la nouvelle a été écrite enfrançais ou traduite, et de quelle langue.

L’énonciation2. À quelle personne l’histoire est-elle racontée ?

Le contexte, les personnages, l’action3. Dans quel(s) principal(aux) lieu(x) et à quelleépoque l’action se déroule-t-elle ? Qui sont lespersonnages héros de la nouvelle ? Quel est l’évé-nement essentiel qui constitue le sujet de la nou-velle ?

La durée, la longueur4. Quelle est la durée de l’action? Combien la nou-velle a-t-elle de pages ?

La chute5. Quelle est la chute de la nouvelle ?

Vos impressions de lecture et vos passages préférés6. Quelle a été votre réaction à la lecture de lachute ? Cette nouvelle vous a-t-elle plu ?7. Choisissez et recopiez un ou plusieurs passagesou phrases qui vous ont particulièrement plu, émusou fait réfléchir.

ACTIVITÉS EN CLASSELire c’est aussi parler avec les autres de ses lec -tures. Vous allez lire une nouvelle à haute voix etéventuellement participer à un débat.

Méthode pour lire une nouvelle à haute voixMettez-vous par groupes et choisissez une nou-velle que vous allez lire à haute voix. Vous déci-derez ensemble du découpage entre les différentslecteurs.

Pour préparer votre lecture1. Soulignez les principaux organisateurs (motsde liaison) susceptibles d’indiquer un changementde rythme (soudain, alors, tout à coup, lorsque…).2.Repérez les verbes de parole qui précisent le tonà travailler (bredouiller, murmurer, implorer, crier,insister…).3. Tenez compte des types de phrases, de la ponc-tuation, de la mise en paragraphes : marquez unralentissement pour les points de suspension etune légère pause lors des passages à la ligne.

4. Travaillez particulièrement le ton que vousadopterez pour la chute, en fonction de l’effet àproduire.

La lecture5.Avant de commencer, attendez le silence; annon-cez le titre de la nouvelle et le nom de l’auteur.6.Marquez une pause et commencez la lecture.Articulez et réglez votre voix de façon à êtreentendu de tous.

Débattre à propos de la chuteLa chutepeut donner lieu à un débatou à des com-mentaires, par exemple la chute des nouvelles deMaupassant « Aux champs » ou « La parure ». Ledébat peut être mené par un élève qui distribuela parole. Vous écouterez les autres et exprime-rez votre avis lorsque la parole vous sera donnée.Au cours du débat, deux élèves prendront desnotes au tableau.Un élève pourra faire la synthèse. Vous pourreznoter cette synthèse dans votre carnet de lecture.