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157 rue des Blains - 92220 BAGNEUX Tél. 01 45 36 41 51 [email protected] www.selfrance.org UNE ACTION CHRÉTIENNE DANS UN MONDE EN DÉTRESSE Labourer, semer, récolter riment avec aider ! 70 % des personnes qui souffrent de la faim sont des paysans SENSIBILISATION

70% des personnes souffrent sont des paysans - … · Saveur et couleur des fruits et légumes ... cette politique a des effets pervers, car les céréales à bas coût (100 euros/tonne)

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157 rue des Blains - 92220 BAGNEUXTél. 01 45 36 41 [email protected]

www.selfrance.orgU N E A C T I O N C H R É T I E N N E D A N S U N M O N D E E N D É T R E S S E

Labourer,semer,récolterriment avec aider !

70% des personnes

qui souffrent de la faimsont des paysans

S E N S I B I L I S A T I O N

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1AGRICULTURE

SOMMAIRE DU DOSSIER

Information - SensibilisationPaysans du Monde – Paysans du Sud Quelle irrigation pour les pays en DéveloppementBible et EcologieLa jachèreLa mondialisation Réflexions sur les OGM

Animation du culte sur la fête des TabernaclesCanevas de prédicationAnimation et sujets de prière

Les enfants de 4 - 6 ansFaites la fête ! Réjouissez-vous pleinementEtude biblique et animation sur la fête des TabernaclesPréparation d’un culte spécial avec les enfantsHistoire pédagogique de la famille Cocotte

Les enfants de 7-11 ansGarder et cultiver le jardinEtude biblique sur Genèse 1 et 2Etude de cas : présentation de trois familles du Burkina Faso (avec activités pédagogiques)Je fabrique mon compostJe crée mon jardin potagerJe surveille le caddie et les placardsVrai - FauxHistoire à trous et sa phrase mystérieuse

Les adolescents et les jeunesSoirée-Débat suite à la projection du film « Le cauchemar de Darwin »Rallye dans la ville Les principes du commerce équitable

CD-Rom :Jeu sur les fruits et les légumes (pour les enfants)Quiz sur l’agriculture (pour adultes)Le petit cultivateur (pour les enfants)

Saveur et couleur des fruits et légumes 

Glossaire

Bibliographie

Clip

Affiche

Paysans du mondePaysans du Sud

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1950/1980 : l’Europe sort traumatisée de laguerre et toutes les analyses soulignent que lesbesoins alimentaires de notre planète vont aug-menter avec la natalité galopante de nombreuxpays. L’agriculture de ces années-là se doit d’êtreintensive, il faut moderniser, produire plus, tou-jours plus car les besoins sont importants.Effectivement, pendant quelques années, toutva bien, les marchés répondent à l’offre et lemonde agricole français peut être fier.

Vingt ans plus tard, cette période idyllique estoubliée et les tendances inversées : il y a tropde tout, les marchés sont saturés et les prix sesont effondrés. Les conséquences économiqueset sociales sont désastreuses. Chaque année,3 % des agriculteurs disparaissent de notreFrance rurale, c’est l’hécatombe. Sans compterque des pratiques agricoles excessives ontgénéré des conséquences dramatiques surl’environnement.

Alors que, dans nos sociétés traditionnelles,bonne récolte signifiait fête, bonne santé,sécurité..., de nos jours, nos agriculteurs en vien-nent à rêver de pénurie, seul espoir à leurs yeuxpour une remontée des prix et pour pouvoir(sur)vivre dignement, sans les aides finan-cières de Bruxelles, et envisager l’avenir avecoptimisme. Paradoxe de la vie moderne qui faitque la faiblesse d’une production engendre larichesse de son producteur.

Tous les paysanssont-ils malheureux ?

Même si 70 % des personnes qui souffrent dela faim dans le monde sont des paysans, tousles paysans du monde ne sont pas malheureux.

Dans beaucoup de pays, y compris parmi ceuxqui sont les plus pauvres, on observe que despaysans trouvent largement les moyens devivre. Ces paysans « privilégiés » bénéficientde situations qui leur permettent de bienvendre leurs produits, principalement sur desaxes de circulation bien fréquentés et à proxi-mité des grandes villes. C’est évident : pour bienvendre, il faut des acheteurs, beaucoup deconsommateurs à proximité.

Dans ces conditions, la forte demande denourriture encourage la production, à bonnemarge, d’une large palette de denrées alimen-taires. Et ces paysans, souvent plus instruits,mieux équipés et mieux organisés, sont capablesde mieux gérer toutes sortes de risques natu-rels.

La gestion du risque

Un bon cultivateur est un bon gestionnaire desrisques. Les agriculteurs occidentaux en saventquelque chose et ils ont mis en place ungrand nombre de techniques et d’organisationsqui limitent les effets des maladies et desinsectes sur les cultures mais aussi des effetsde la grêle, des appétits des «bétonneurs », del’incompétence des gouvernants, etc.

Le paysan des pays pauvres doit affronterune tout autre réalité et ne peut contenir lesappétits de certains « prédateurs mangeurs depaysans ». Dans tous ces pays, les paysans dis-persés, pauvres, peu instruits ont du mal à orga-niser la résistance.

Essayons de voir quelques facteurs qui font cou-rir de nombreux risques aux paysans.

Regard de paysan

1AGRICULTURE

Marcel Jeanson, agriculteur, président d’Artisanat SEL,membre associé de la Chambre d’Agriculture de la Somme,

trésorier d’Agrotransfert Ressources et Territoires

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Les excès climatiques

En France, du fait de notre proximité historique avecles pays du Sahel, nous mesurons assez bien toutesles conséquences générées par le manque d’eau.Il ne faut pas oublier pour autant que les excès d’eaugénèrent dans le monde plus de famines que lessécheresses, et tout laisse à penser que les dérè-glements climatiques annoncés ne feront qu’accen-tuer grandement ce risque d’excès d’eau. Les popu-lations les plus touchées sont celles des deltas, danslesquels de fortes populations sont concentrées àdes niveaux proches de celui de la mer. L’exempledu Bangladesh est le plus connu où une moussonabondante peut provoquer la famine pour des mil-lions d’habitants. On a peu parlé en 2004 des cinqcyclones successifs qui ont balayé l’île de Madagascar,faisant d’énormes dégâts dans les rizières et obli-geant ce pays pauvre à importer d’importantes quan-tités de riz.

Les appétits de l’agrobusiness

Les firmes qui ont développé toutes sortes de pro-duits chimiques et de semences performantes ontpermis des progrès considérables au niveau de laproductivité. Partout dans le monde, elles ontconcouru à éviter un plus grand nombre de famines.Mais on sait aujourd’hui que l’utilisation excessivede pesticides amène progressivement des pollutionsque les pays pauvres auront bien du mal à gérer.Mais plus grave encore est la dépendance que cescompagnies imposent à coup de lobbying et de publi-cité (mensongère ?) aux paysans, qui sont incitésà abandonner leurs variétés locales adaptées à leurterroir et à leur climat, pour semer des variétés sélec-tionnées étrangères (hybrides et OGM...) qu’il leurest impossible de ressemer l’année suivante. C’estainsi que, chaque année, ces firmes poussent lespaysans à acheter très cher leurs semences, les obli-geant souvent à s’endetter, les rendant en quelquesorte esclaves de leur politique mercantile. Or, onsait qu’il serait, dans la plupart des cas, bien plusintéressant pour le paysan de se faire aider àsélectionner lui-même ses propres semences carcelles-ci lui reviennent beaucoup moins cher pourun résultat économique souvent supérieur.

Les options économiquesdes organisations interna-tionales

Dans les années d’après-guerre, la priorité desorganisations chargées du développement consis-tait à favoriser l’autonomie alimentaire des payssujets à la famine. Aujourd’hui, la tendance est inver-sée et l’objectif de l’autonomie alimentaire a étédélaissé au profit « du recours partiel aux impor-tations » de produits alimentaires. C’est ainsi quedes pays souffrant régulièrement de sécheresse sontincités à « mieux gérer leurs ressources en eau »et à délaisser leurs productions alimentaires de basepour produire des fleurs coupées, des fraises, desfruits... exportables. Cette nouvelle vision deschoses fait frémir, car elle implique qu’un nouvelordre mondial garantisse une production suffi-sante et adaptée aux habitudes alimentaires despopulations concernées, ainsi que des échanges com-merciaux durables et équitables, sans fluctuationde prix.

Il est évident qu’à terme, cette option fait entrerle pays pauvre dans un état de dépendance dontles pays les plus riches sauront profiter.

La nourriture bon marché

Certains pays riches (USA, UE...) ont développé unepolitique d’exportation massive de produits alimen-taires à bas prix et on peut se réjouir qu’ainsi despays pauvres aient la possibilité d’importer des quan-tités importantes de nourriture bon marché. Maiscette politique a des effets pervers, car les céréalesà bas coût (100 euros/tonne) produites chez nousviennent directement concurrencer les produc-tions locales des pays pauvres. Or un paysanpauvre, pour survivre, a besoin de vendre sa tonnede céréales beaucoup plus cher (300 euros/tonne)et se trouve donc dans l’incapacité de concurren-cer des denrées d’importation à bas prix. Ne pou-vant plus vendre à un prix rémunérateur sur sonmarché local, il abandonne la production agricole,ainsi que son village, pour venir grossir les rangs dessans-emploi dans les villes.

Conflits d’intérêts

Partout dans les pays pauvres, le paysan peut êtrevictime d’intérêts qui le dépassent et contre lesquelsil ne peut se défendre. Car sa terre a un prix maislui n’en a pas. Toutes sortes de raisons font qu’unpaysan peut être chassé, dépouillé de sa terre :

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conflits armés inter-nations, conflits ethniques oureligieux, spéculation foncière et appropriationmafieuse des terres, exploitation minière ou pétro-lière, aménagements fonciers, barrages, etc. Laliste est longue en Asie, en Afrique ou en Amériquelatine.

Un film « Le cauchemar de Drwin » aborde parfai-tement l’importance de ces conflits d’intérêts enAfrique.

Pour conclure

Les excès de la nature ne sont pas seuls à rendreprécaire, voire dramatique, la situation d’un grandnombre de paysans dans le monde. J’ai énuméréun certain nombre de prédations potentielles sus-ceptibles de les assujettir. Beaucoup de ces risquesimpliquent lourdement les pays riches et donc monpays.

Ce qui se trame derrière la grande complexité desaccords de l’OMC, selon les grandes orientations éco-nomiques des nations, dépasse bien souvent notrecapacité à comprendre facilement. Ces orientations,leurs enjeux, auront des conséquences considérablespour les paysans du monde, particulièrement pourles plus pauvres qui n’ont pas les moyens de se faireentendre ; ils sont dispersés, confrontés à dessituations de grande précarité, peu instruits...

Alors que puis-je faire ? Essayer de comprendre estun premier pas indispensable mais je pense que lesinitiatives de certaines ONG, notamment du S.E.L.et d’Artisanat SEL dans leurs actions de développe-ment, peuvent nous rapprocher concrètement desdifficultés énoncées et aider à apporter des solu-tions ponctuelles efficaces.

Dès que l’on donne à des communautés les moyensde vivre mieux, d’être mieux instruites, on peut espé-rer que parmi elles s’élèveront des représentantsplus compétents, des voix éprises de justice et deliberté.

Les chrétiens ont un rôle important à jouer dansces évolutions du monde. Ne devraient-ils pas êtreles mieux placés pour défendre ce qui manque ausein même des évolutions esquissées dans cetarticle : l’amour de l’autre ?

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Croissance démographique Les prévisions actuelles considèrent que la pop-ulation mondiale va continuer à s’accroîtrejusque vers 2050 où la terre porterait près de9 milliards d’humains, en comparaison avec6,7 milliards estimés en 2008. Avec un taux decroissance de la population supérieur à 2 % paran, la plupart des pays africains compteront deuxfois plus de bouches à nourrir dans moins de40 ans, si aucun incident majeur ne vientinverser cette tendance. Cependant, l’épidémiedu sida qui frappe le plus durement certainsEtats d’Afrique australe et centrale a d’ores etdéjà provoqué un net recul de l’espérance devie et décimé une partie de la population enâge de travailler.

Il faut aussi souligner que la croissance démo-graphique non maîtrisée qui a cours dans laplupart des pays du Sud conduit à une pro-portion des habitants de moins de 25 ans quidépasse 50 %.

Dégradation du milieu naturelSi les spécialistes de la question du réchauffe-ment climatique ne se trompent pas, lasécheresse qui a déjà frappé à plusieursreprises depuis 20 ans de vastes zones ducontinent africain reviendra à intervalles plusfréquents et portera atteinte aux équilibresbiologiques. En zone sahélienne qui ne béné-ficie que d’une seule saison des pluies, larépartition des pluies au cours de cette péri-ode devient vraiment capricieuse et nuit aubon déroulement du cycle des cultures.

Le couvert végétal, déjà fragilisé par la per-turbation du climat, est constamment mis àmal par des pratiques humaines destructri-ces : abattage de la forêt pour créer deschamps à cultiver ou pour la préparation decharbon de bois, mise à feu de la savane pourstimuler la repousse de l’herbe, surpâturagerésultant de la concentration des troupeaux àproximité des points d’eau, mise en culturede terres sensibles à l’érosion.

Le manteau forestier qui protégeait le sol del’érosion et contribuait à la régulation dudébit des cours d’eau a quasiment disparu dela zone sahélienne tandis que le désert gagnedu terrain vers le Sud à raison d’un à deuxkilomètres par an.Certaines zones côtièresressentent désormais l’influence du climatdésertique par l’arrivée de vents chaudschargés en poussière.

Exode ruralSous l’effet de la forte croissance démo-graphique, de la dégradation du milieunaturel et de l’absence des conditions favor-ables pour intensifier la production agri-cole, les jeunes générations quittent lescampagnes et vont s’établir à la périphériedes grandes villes, dans des bidonvilles pourla plupart, ou tentent l’aventure de l’immi-gration. C’est ainsi que les capitalesafricaines concentrent une proportion crois-sante de la population du pays. Pour pren-dre l’exemple de la Mauritanie, la capitaleNouakchott qui comptait à peine 100 000habitants en 1960 dépasse désormais

Vers une gestion durable de l’eauet des sols

Défis actuels pour l’agriculture des pays en développement

par Erik DUBREUIL

Ingénieur agronome, ex volontaire en Mauritanie pour l’aménagement du lac R’Kiz

Le propos développé dans

le texte est fortement ins-

piré par la situation qui

prévaut dans les pays

d’Afrique sahélienne dans

lesquels, au cours des

années qui ont suivi l’ac-

cession à l’indépendance,

des surfaces importantes

ont été aménagées en

vue de la culture irriguée,

surtout à l’initiative de

sociétés publiques de

développement agricole

mais aussi par des com-

munautés villageoises ou

des investisseurs indivi-

duels.

Quelle irrigation pour les pays en développement

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1 million alors que la population dupays est passée dans le même tempsde 1 à 2 millions d’âmes.

Le phénomène de l’exode rural peutêtre réversible lorsque les migrantsrestent en contact avec leur village d’o-rigine et sont disposés à participer à lamise en valeur d’un nouveau projet deproduction agricole.

Concurrence des produitsagricoles importés

Cette urbanisation galopante accroît ledéficit alimentaire dans les pays con-cernés et stimule l’importation de pro-duits alimentaires de base qui, reven-dus à bas prix,découragent la produc-tion locale.En effet, le secteur agricoledans les pays industrialisés fonctionneselon un modèle productiviste selonlequel la production structurelle d’ex-cédents est prise en charge par desmécanismes de régulation financéspar des fonds publics : un de cesmécanismes consiste à exporter lessurplus au prix du marché mondial ou

gratuitement sous forme d’aide ali-mentaire prise en charge par lesagences de l’ONU.

Le prix faible auquel ces produits arriventdans les ports africains permet auxcommerçants sur place de les revendreà un prix abordable pour la populationpauvre des villes tout en empochant unbénéfice non négligeable. Pour leurpart, les dirigeants sont satisfaits d’apaiserla faim de leurs administrés et de fairerentrer en même temps des taxesdouanières dans les caisses de l’Etat alorsque la production locale ne rapporte pasau budget de l’Etat. Finalement, il existedans les pays du Sud une collusion d’in-térêts entre les compagnies interna-tionales de commerce agroalimentaire,les commerçants nationaux et lesdirigeants de ces pays.

Le grand perdant dans l’affaire estle producteur local de denrées ali-mentaires qui ne trouve pas pre-neur à un prix rémunérateur poursa production concurrencée par leriz, le maïs ou la viande d’importa-tion.

2AGRICULTURE

L’intensification agricole par la construction de systèmes d’irrigation

Objectifs de l’agricultureirriguéeIrriguer consiste à faire en sorte quel’eau nécessaire à la croissance des plantessoit apportée dans les quantités et selonle calendrier répondant le mieux auxbesoins spécifiques à chaque espèce cul-tivée. Le paysan obtient par ce moyen lagarantie que sa récolte ne sera pas com-promise par manque d’eau et l’espoirqu’elle sera abondante puisque les plantsauront été arrosés en suffisance à tous lesstades de la croissance.

Contexte appropriéPour assurer une bonne répartition del’eau sur l’ensemble de la surface duchamp, il est capital que le sol soit aplaniet nivelé. Cette condition préalable sup-pose bien souvent de vastes et délicatstravaux de terrassement dont la réalisa-tion est généralement confiée à une

entreprise spécialisée qui dispose d’enginslourds.La végétation naturelle présente là oùseront implantées des cultures irriguéesdoit être totalement extirpée de façon àpermettre le travail du sol en profondeuravec des outils tractés et à mettre en cul-ture la totalité des surfaces aménagées.

La culture irriguée s’opère de manière favo-rable sur des sols capables de retenirl’eau apportée pour la restituer auxplantes pendant un temps suffisant pourespacer les opérations d’arrosage et pourempêcher son infiltration en profondeur.

L’eau utilisée pour l’irrigation a parcouruun chemin en surface ou souterrain avantde parvenir à la parcelle cultivée et sa com-position a des effets sur la croissance desplantes.

Il importe aussi que la nature du solconstitue un matériau adapté à laconstruction de canaux pour la distribu-tion de l’eau et de levées de terre entre

les différentes parcelles de culture. Si lasurface du terrain est sablonneuse, lescanaux bâtis dans un tel matériau ne résis-teront pas à l’érosion.

Contraintes de la cultureirriguéeUne partie des déboires rencontrés par lesfamilles qui ont essayé de pratiquer la cul-ture irriguée tient aux contraintes parti-culières à celle-ci.Par différence avec lescultures traditionnelles, le bon déroule-ment de la campagne de culture dépenddu maintien en état de fonctionnementdes ouvrages nécessaires à la distributionde l’eau. Les travaux d’entretien (curagedes canaux,réparation des brèches, rehaus-sement des digues) doivent être effectuéssans retard et requièrent la participa-tion de tous les bénéficiaires. Il est vitalpour la pérennité des ouvrages d’irrigationque les exploitants des parcelles ne se

Fluctuation des coursmondiaux pour les produitsd’exportation

Quant aux paysans qui sont engagés dansla production agricole destinée à l’exporta-tion, ils ont à redouter la concurrence desproduits équivalents placés sur le marchémondial par d’autres pays du Sud.

Cette concurrence s’intensifie car un nom-bre croissant de pays pauvres comptentsur leurs exportations agricoles pour aug-menter leurs recettes tandis que lademande mondiale croît à un rythme pluslent. Dans ces conditions, il faut craindreune tendance à la baisse pour les prixmondiaux des matières premières agri-coles, ce qui n’exclut pas une remontéepassagère des cours à la suite de circon-stances imprévues.Pour quelques produitstropicaux, une organisation internationalespécifique a été créée pour regrouper lesintérêts des pays producteurs mais elleparvient rarement à stabiliser les coursmondiaux et, en période de baisse, lesEtats la répercutent sur le prix d’achatversé à leurs producteurs respectifs.

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désintéressent pas de celles-ci pendant lamorte saison.

De même, la distribution de l’eau aux par-celles doit être fixée selon un calendrierprécis afin que chaque agriculteur puissearroser sa parcelle à intervalles réguliers.Il en résulte que chaque exploitant doitse rappeler quand reviendra son tourd’eau, ce qui n’est pas aisé pour des pay-sans analphabètes et habitués à vivre aujour le jour.

Une motopompe doit être employéedans de nombreuses situations pourremonter l’eau depuis le plan d’eau ou lanappe aquifère jusqu’au niveau des ter-

rains irrigués ; ce matériel désormais trèsrépandu nécessite de prévoir l’achat et lestockage de carburants et pièces derechange et la formation d’un préposé àl’entretien courant. Par conséquent, unecontribution financière doit être acquit-tée par chaque utilisateur de l’eau.

Une structure collective doit être solide-ment établie afin de faire respecter le« tour d’eau », régler les différends entreusagers, encaisser les redevances et orga-niser les travaux d’entretien.

Effets indésirables observés

Dans les zones aménagées pour l’irriga-tion dont les exploitants n’ont pas unsavoir-faire traditionnel pour ce modede culture, il arrive souvent que les ren-dements chutent au bout de 2 ou 3 ansde moitié ou plus par rapport aux résul-tats annoncés par l’encadrement agri-cole. Cette situation tient à la conjonctionde facteurs défavorables à la culture :

• Le développement des mauvaisesherbes favorisé par les apports réguliersd’eau : comme les agriculteurs n’ont pasaccès à l’utilisation des herbicides chi-miques et sont dépassés par l’ampleurdes travaux de désherbage, les culturespâtissent d’une telle concurrence et lephénomène se renforce d’une année àl’autre si les mauvaises graines sont lais-sées en terre, à moins de s’organiser pourles faire lever avant la mise en place dela culture suivante.

• La mauvaise qualité des semences : sile paysan est contraint ou tenté de réuti-liser des graines de sa précédenterécolte en guise de semences, il nepourra espérer atteindre le même ren-dement qu’avec des semences obtenuesde manière rigoureuse qui donnentseules une garantie de pureté de lavariété et de germination élevée.

• L’appauvrissement du sol : le maintiende rendements élevés exige que l’agri-culteur restitue au sol des quantités deminéraux et de matière organique,sinon la plante qui manque ne serait-ce que d’une seule substance aura undéveloppement limité au niveau permispar l’élément défaillant (loi du « facteurlimitant » bien connue des agronomes).Le déséquilibre du sol est générale-ment aggravé par le fait que la mêmeculture est implantée d’une année surl’autre ainsi qu’à cause de l’éliminationdes résidus de récolte par le feu ou parle pâturage des animaux.

• La salinisation des sols : la plupart desplantes ne supportent pas la présencedans le sol de concentration de certainsminéraux dépassant un seuil variableselon l’espèce. L’apport répété d’une eaunaturellement riche en minéraux va éle-ver la teneur du sol jusqu’à dépasser leseuil admissible. L’aboutissement à cepoint de rupture est accéléré dans le casoù les apports d’eau sont exagérés (legaspillage de l’eau dans les champsirrigués est malheureusement une pra-tique courante) et où le drainage n’estpas assuré.

• L’érosion des sols : il est rare que la pro-tection anti-érosion soit prise en comptedès la conception, de sorte qu’on assisteau fil du temps à des signes d’érosion,

particulièrement dans les pays sahéliensoù les parcelles agricoles restent nuespendant les longs mois de la saisonsèche et sont alors soumises à l’actiondu vent qui emporte les particulesfines du sol et provoque l’ensablementdans les zones les plus exposées à ladésertification.

Comme autre cause pouvant conduire àl’échec de la culture irriguée, il faut citerla difficulté des paysans à assumer lesdépenses nécessaires pour obtenir des ren-dements élevés : achats de semences, d’en-grais et de pesticides, redevances pour lepompage de l’eau et l’entretien desouvrages. Ces frais ne sont supportablesque si une récolte abondante a effective-ment été obtenue. Confrontés à unenouvelle politique de vérité des prix pourles fournitures agricoles et à la fin de l’èredes « cadeaux » pour la remise en état deséquipements collectifs d’irrigation,denombreux groupements de paysans ouinvestisseurs individuels ne parviennentpas à faire face à leurs dettes et se retrou-vent privés de crédit.

La présence d’eau stagnante dans lescanaux et les drains favorise la proliféra-tion des moustiques et de parasites. Laproximité entre villages et cultures irri-guées est préjudiciable à la santé des habi-tants, d’autant plus que ceux-ci sont ten-tés de puiser l’eau de boisson sur place.

Une étude récente réalisée à la demandede la Banque mondiale estime que plusde 60 % des surfaces aménagées pour l’ir-rigation avec des financements interna-tionaux ont été abandonnées.

Le modèle de la production agricole irri-guée décrit ci-dessus est mis en pratiquesur 16 % des terres agricoles à l’échellemondiale et son extension connaît un netralentissement puisqu’il se réalise surdes terrains de moins en moins propiceset à un coût de plus en plus élevé.Parailleurs, il n’est pas réaliste de penser quele secteur agricole pourra continuer àconsommer 70 % des volumes d’eau pré-levés pour l’activité humaine alors que lapénurie d’eau se fait sentir chaque annéede façon plus préoccupante dans de nom-breux pays. Certes, il existe des installa-tions d’irrigation économes en eau commele système de distribution au goutte à

3AGRICULTURE

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goutte mis au point pour les culturesmaraîchères et fruitières, mais elles ne sontpas accessibles jusqu’à présent aux pay-sans du Sud en raison du coût élevé dumatériel et du suivi technique néces-saire.

Aperçu sur différentstypes d’aménagementIl existe, en fait, deux schémas fondamen-taux d’aménagement selon la topographiedu terrain :• Si les terres irrigables sont situées en

plaine, un canal sera creusé pour ame-

ner l’eau depuis le lieu de prélèvement(cours d’eau, forage,barrage) jusqu’àl’entrée de la zone irrigable. Ce canal ali-mente un réseau de canaux secon-daires à partir desquels l’eau est déver-sée sur les cultures.Un réseau de canauxservant de drains pour évacuer d’éven-tuels excédents d’eau doit normale-ment être prévu.

• Lorsque les terres irriguées sont dispo-sées sur des flancs de vallée, il faut préa-lablement aménager des terrasses éta-gées selon des règles précises.L’alimentation en eau est assurée par uncanal d’amenée débutant en amont

de la zone à desservir et dont le tracépermet d’irriguer par gravité sur toutela longueur du tronçon de vallée culti-vée.Dans ce cas, il est indispensable decreuser des drains, non seulement pouréliminer l’eau en excès, mais aussi pourservir à transférer l’eau d’un étage deparcelles à celles du niveau inférieur.Selon la répartition des pluies et le calen-drier de culture des espèces, la construc-tion d’un ouvrage de retenue des eauxde ruissellement peut être utile pourcouvrir les besoins en eau d’un secondcycle de culture.

4AGRICULTURE

L’intensification agricole par la rétentiondes eaux de ruissellement

Intérêt de cette approche D’après les perspectives évoquées ci-des-sus, l’essentiel de la production agricolecontinuera à provenir de terres non irri-guées dont les surfaces sont plutôt enrégression à cause des phénomènes d’éro-sion, de désertification et même d’urba-nisation à proximité des grandes villes. Sinous voulons éviter que la pénurie alimen-taire chronique qui touche certains paysdu Sud n’empire, il faut avant tout encou-rager la défense du patrimoine des terresarables et obtenir un accroissement desquantités produites par unité de surface.L’objectif de conservation des sols contreles menaces et l’objectif d’intensifica-tion de la production agricole peuvent êtreconciliés par des techniques d’aménage-ment appropriées que nous allons voir.

Certaines d’entre elles ont fait leurspreuves grâce à l’expérience acquisepar des générations de paysans qui sesont succédé sur le même sol maiselles ont été ignorées au profit d’unevision plus moderniste de l’agriculture.

Contexte approprié L’aménagement du terrain afin d’obte-nir la rétention des eaux de ruissellementprend tout son sens dans les zones ac-cidentées où l’érosion produit ses effetsles plus destructeurs et sous les climatsdont la pluviométrie irrégulière n’as-sure pas l’alimentation en eau des cul-tures de façon satisfaisante. Ceci dit, le

même souci de faire profiter au maximumles champs cultivés de l’eau tombée duciel et de combattre ses effets érosifs de-vrait aussi prévaloir plus souvent dans lespays tempérés dont le climat devient im-prévisible et contrasté.

Les techniques d’intensification agricoleà travers la lutte anti-érosive s’adaptentà des communautés isolées dans lamesure où elles peuvent se mettre enplace sans recours à des engins de travauxpublics et où la production agricolecherche à s’appuyer sur les ressourceslocales et le savoir-faire traditionnel.

Cette approche est aussi recommandéepour les zones rurales à population densepuisque la pénurie de terres agricoles rendla paysannerie plus réceptive à la néces-sité d’intensifier la production agricole etqu’il s’y trouve une main d’oeuvre abon-dante pour réaliser les travaux.

Lorsqu’on rencontre sur place une volontécollective d’agir pour inverser la ten-dance au déclin de la production agricoledécoulant de la dégradation des sols et del’instabilité du climat, alors la démarches’engage sur une base solide. Cependant,il est important de savoir au préalable siles acteurs sur place seront les bénéfi-ciaires effectifs des améliorations foncièrescar les exploitants qui ont le statut de fer-mier ou de métayer peuvent craindre quele propriétaire foncier prélève le surplusde production obtenu à la suite des tra-vaux fonciers.

Contraintes de l’aménage-ment anti-érosion

Pour qu’il ait des effets durables et par-tagés, l’aménagement doit concerner l’en-semble du bassin versant, depuis lespentes supérieures jusqu’aux bas-fonds. Or,à une échelle aussi vaste, cohabitent descommunautés qui ne partagent pas lamême vision de l’utilisation du terrain. Ilrevient donc aux promoteurs de l’opéra-tion de concilier les différents intérêtsautour d’un projet consensuel.

Contrairement aux aménagements irriguéspour lesquels les contraintes techniquessont telles que le choix de la solution estdéterminé dans une large mesure par laréalité physique du lieu à aménager dontla configuration peut être profondémentremaniée grâce à des moyens méca-niques, les travaux de conservation des solsont intérêt à s’appuyer à la fois sur la réa-lité physique et sociale afin de trouver lecompromis entre l’efficacité des travauxet la capacité des communautés localesnon seulement à les exécuter correcte-ment, mais aussi à en comprendre l’uti-lité de sorte qu’elles acceptent de secharger de l’entretien du dispositif dansl’avenir.

La population locale doit prendre encharge une grande partie des travauxd’aménagement tout en assumant lestâches agricoles habituelles. Cela implique

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de planifier les travaux d’une façon com-patible avec la nécessité de continuer àproduire pour manger. De plus, la naturedes travaux peut rappeler à certainespopulations le souvenir douloureux des tra-vaux d’intérêt collectif qui ont été impo-sés à leurs aînés par l’administration.

La relation entre travaux d’aménagementet amélioration attendue des rendementsest loin d’être immédiate car elle reposesur un phénomène de reconstitutiond’une couche fertile. Il faut donc s’accor-der un délai d’observation suffisant pourjuger les effets réels des efforts consen-tis.

C’est pourquoi le découragement peut faci-lement gagner les partenaires engagésdans l’opération alors même que le suc-cès de celle-ci tient à la capacité deveiller à maintenir en bon état les struc-tures mises en place. Ceci dit, certainesexpériences ont montré que les paysansrecherchaient au travers de ces travaux àrendre leur production plus régulière ouplus diversifiée, l’objectif d’accroître le ren-dement n’étant pas primordial à leursyeux.

Effets indésirables possibles

Plus la situation de départ est fragile, plusgrand est le risque de voir échouer lesmesures adoptées. Ainsi, en aménageantdes terrasses sur une pente érodée, il estprobable que la mince couche superficielledu sol qui est le support favorable à la cul-ture sera mélangée avec des couchesplus profondes et stériles, de sorte que lesrendements seront plus faibles qu’avantles travaux et cela jusqu’à la reconstitu-tion d’une couche de sol fertile.

L’édification de structures anti-érosivesselon les courbes provoque un morcelle-ment des parcelles agricoles dont certainspaysans peuvent se plaindre car ellecomplique le travail du sol avec un atte-lage ou un engin.

Par souci de gagner du temps ou d’allé-ger la peine, il peut arriver que des inter-venants extérieurs se soient chargés destravaux. Il est alors fréquent que les com-munautés locales se désintéressent de l’en-tretien des ouvrages ainsi édifiés, soit parce

qu’elles ne s’en sentent pas responsables,soit parce qu’elles espèrent qu’une aideextérieure leur sera aussi accordée pourla remise en état.

Aperçu sur les différentstypes d’aménagement

En fonction de la situation observée surle terrain et des termes de collaborationnégociés avec les partenaires, l’équipetechnique propose un programme de tra-vaux basé sur la combinaison adéquatede techniques élémentaires qui sontregroupées sous trois catégories : tra-vaux de terrassement, travaux agrono-miques et travaux de plantation.

La création de terrasses selon les courbesde niveau est la réalisation la plus spec-taculaire (Fig. 1 et 2) ; adaptée aux fortespentes, cette technique requiert desmoyens mécaniques et des dispositifs desoutien des talus et de drainage des ter-rasses. Par contre, la construction de cor-dons de pierres ou de talus est suffisantepour ralentir l’écoulement de l’eau et rete-nir la terre arable sur des pentes faibles(Fig. 3). Le déploiement de claies fixées ausol par des piquets joue le même rôle. Lecreusement de fossés ou de cuvettesconstitue un autre moyen de favoriser lapénétration de l’eau dans le sol. Dans lescas où le sol atteint un niveau de dégra-dation avancé, la première mesure préco-

5AGRICULTURE

Fossé d’évacuation des eaux de ruissellement

FIG. 1 : AMÉNAGEMENT DE PENTE FORTE (MADÈRE)

Fossé d’évacuation des eaux en excès

FIG. 2 : AMÉNAGEMENT DE PENTE MOYENNE (USA)

Terrasse cultivée

Terrasse cultivée

Couverture végétale permanente sur talus

Muret de soutènement (perméable)10 % minimum

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nisée est la clôture d’un périmètre de façonà stopper les activités humaines qui ontcontribué à détruire le milieu naturel.

Sous le terme de techniques agrono-miques, il faut entendre les soins prodi-gués au sol cultivé pour qu’il résistemieux à l’impact de la pluie et des eauxde ruissellement. Afin de faire en sorte quele sol ne reste pas nu, on répand sur le soldes débris végétaux (paillage) ou onsème des graines d’espèces qui assurent

une couverture végétale dense. La prépa-ration du sol pour la culture est effectuéeavec le souci de réduire l’effet de l’érosion :les sillons sont creusés selon les courbesde niveau ou bien des banquettes étroitessont dressées en travers de la pente etséparées entre elles par des sillons danslesquels l’eau de pluie ira s’accumuler.

Grâce à leurs racines, les plantes ont lafaculté de retenir le sol et de faciliter lapénétration de l’eau. Une plate-bande ou

une haie constitue un moyen de protec-tion durable pour peu que des soins luisoient accordés aux premiers stades de sondéveloppement. Les espèces plantéesdoivent être judicieusement choisies afinde ne pas concurrencer les plantes culti-vées, de résister à l’épreuve de la séche-resse, voire du feu ou du bétail et de pré-senter si possible un intérêt commercial.La part couverte par cette protectionvégétale peut atteindre 20 % de la surfacedu terrain.

6AGRICULTURE

Quelles leçons pour une agriculture durable dansles pays sahéliens ?

Les opérations d’aménagement à grandeéchelle préparées par des bureaux d’étudeset approuvées au niveau des ministères

ont abouti généralement à l’échec àcourt terme. L’analyse des causes révèlesouvent les mêmes carences et inspire une

série de recommandations dont nousénumérons ci-dessous celles qui noussemblent les plus négligées.

Bande de terrain cultivable

Haie plantée (apport d’humus)

Trajectoire de l’eau de ruissellement

Cordon de pierres selon la courbe de niveau

(érosion ralentie)

Levée de terre en forme de croissant (rétention d’eau)

Petite cuvette (rétention d’eau)

Culture en cuvette

FIG. 3 : AMÉNAGEMENT DE PENTE FAIBLE À MODÉRÉE (BURKINA FASO)

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Associer les bénéficiairesdès la conception de l’amé-nagement

Il a déjà été vu que l’entretien d’un dis-positif d’irrigation ou plus simplement derétention d’eau est compromis si lesfamilles concernées restent sur l’idéeque l’ouvrage n’est pas leur affaire person-nelle car elles n’ont pas été assez consul-tées dès la phase de conception pourprendre en compte leurs intérêts priori-taires.Prendre le temps de bien observer la réa-lité et de décrypter le message souventcodé de la communauté partenaire dansl’aménagement permet de répondre auxbesoins d’une façon pertinente et d’enga-ger un vrai partenariat dès le départ. Laparticipation des femmes doit être acquiseet leur voix entendue car certains travauxagricoles leur incombent.

Choisir un aménagementadapté aux conditionslocales

Réussir à long terme un programmed’aménagement agricole dépend nonseulement de la bonne analyse des para-mètres physiques du site et de ses apti-tudes agronomiques, mais aussi de laprise en compte des obstacles liés à l’en-vironnement social et économique avantde retenir une solution technique. Malgrél’attente exprimée par la communautérurale à l’égard d’un aménagement qui luipermet de mieux vivre, d’autres centresd’intérêt, de l’ordre de la production oudes relations sociales, viennent interférerdans la nouvelle organisation du travail.Le problème répandu que pose l’approvi-sionnement en carburant, pièces derechange et autres fournitures venant deloin ou l’impréparation des responsableslocaux à assumer des tâches de gestionfinancière ou d’entretien du matérielincite à bien identifier les risques avantde retenir une solution.

Disposer d’une structurelocale pour les besoinsd’organisation

Les aménagements dont il a été questionexigent une préparation du sol plus pous-

sée que pour la culture traditionnelleainsi que des travaux d’entretien régulierssur les ouvrages. Pour obtenir la mobili-sation de la main d’oeuvre en tempsvoulu, une réorganisation de l’ensembledes activités doit être conduite au sein dela communauté afin que les change-ments soient acceptés dans le cadre desstructures sociales traditionnelles quiauront déjà été reconnues comme parte-naires à part entière au cours de la phased’élaboration du projet. Par ailleurs, faceaux obligations financières créées parles investissements, la responsabilité indi-viduelle n’est assumée avec certitudeque dans le cadre d’un cautionnementmutuel exercé dans le cadre des structurestraditionnelles de solidarité, comme lestontines en Afrique.

Obtenir des résultatsrapides et durables

Les populations qui s’engagent dans unedémarche novatrice ne sont pas totale-

ment convaincues du bien fondé de leurchoix tant qu’elles n’ont pas expérimentépar elles-mêmes la réalité des améliora-tions annoncées ; de plus, elles acceptentde prendre des risques précisément parcequ’elles vivent dans une situation de pré-carité croissante qui ne leur permet pasd’attendre très longtemps la récompensepour les efforts consentis. En vertu del’adage selon lequel « le mieux est l’ennemidu bien », il serait contre-productif de vou-loir régler en même temps les diffé-rentes facettes : il s’agit plutôt de privilé-gier d’abord des mesures dont l’effetvisible à court terme et facile à mainte-nir dans la durée permet d’instaurer unevéritable adhésion des partenaires locauxà la démarche et d’engager ensuite desopérations plus lourdes et plus hasar-deuses. Parvenir rapidement à des signesde changement positif implique qu’uneéquipe de conseillers consacre beaucoupde temps pour accompagner les parte-naires dans l’exécution des travaux et lamise en valeur du nouvel aménagementde façon efficace.

7AGRICULTURE

Deux remarques s’imposent à notre avispour conclure sur ce sujet :

• Les chercheurs scientifiques qui se penchent sur le sort des paysans despays en développement depuis des décennies ont déjà amassé des connais-sances suffisantes pour démontrer quels dangers guettent l’humanité etpour proposer un éventail de plus en plus large de mesures correctives.Malheureusement, la volonté politique à l’échelle mondiale de donner audéveloppement durable la priorité tarde encore à se manifester au-delà desdiscours officiels dans les instances politiques internationales ou à la têtedes Etats, alors que la menace de pénurie alimentaire et de catastropheécologique s’accroît.

• Les objectifs du Millénaire pour le développement fixés par l’assembléegénérale de l’ONU pour l’horizon 2015 ne pourront être atteints en ce quiconcerne la durabilité de l’environnement et la réduction de la pauvretésans un effort financier sans précédent en faveur des populations ruralessous forme de travaux d’aménagement et d’appui technique au plus prèsdes réalités vécues par les villageois.

• Le thème de l’irrigation devra être à l’ordre du jour lors de la prochaineconférence mondiale sur le climat en décembre 2009 à Copenhague(Danemark) dès lors que l’accord global qui doit succéder au protocole deKyoto tiendra compte de l’eau dans la stratégie d’adaptation au change-ment climatique.

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Plusieurs couples de verbes sont employés dansle livre de la Genèse pour définir le mandat cul-turel adressé par Dieu à l’humanité. Troiscouples de verbes résument cette mission, tou-jours actuelle, de bien cultiver le « jardin » danslequel nous avons été placés par Dieu aucommencement : « Multiplier et remplir »,« dominer et soumettre », puis « cultiver et gar-der » la terre. Que signifient ces verbes de laGenèse, en quoi consiste ce mandat que Dieunous confie ? Quelles en sont les conséquencespour le milieu naturel, pour notre environne-ment ? Enfin, les chrétiens ont-ils une respon-sabilité particulière dans le domaine de la pro-tection de l’environnement ?

Multiplier et remplir la terreOn dénombrait, au début du 19e siècle, envi-ron 1 milliard d’individus, 4 milliards en 1930,6 milliards en l’an 2000 et environ 6,7 milliardsen 2008. Cette « explosion démographique »est en partie la cause de la dégradation de notreenvironnement actuel. Il a fallu, en effet, nour-rir cette population sans cesse croissante et,pour cela, développer l’agriculture et l’indus-trie, puis assurer la distribution à grandeéchelle des produits : ces mesures indispensablesont malheureusement entraîné une pollutionindubitable et perturbé les équilibres naturels.

Sur le plan de l’alimentation, la situation esttrès inégale dans le monde. Dans certainesrégions, la malnutrition est toujours une réa-lité, en particulier en Afrique subsaharienne.La famine demeure une menace, lorsque lesconditions climatiques sont défavorables ou,

plus souvent, lorsque des conflits éclatent ouque l’aide est mal répartie. En revanche, dansnos pays « développés », nous avons largementdépassé le seuil du bien-être élémentaire,même si certains de nos concitoyens ne béné-ficient pas toujours, hélas, de cette abon-dance.

On estime que la population mondiale pour-rait culminer à 10 ou 12 milliards, voire 14 mil-liards d’individus d’ici un siècle (selon les esti-mations les plus réalistes). Il semble qu’il soitpossible de nourrir cette population, à condi-tion qu’aucune perturbation majeure, climatiqueou politique, ne survienne. Mais le défi estaujourd’hui de trouver des solutions agricoles,industrielles et urbaines qui nuisent le moinspossible à l’environnement, tout en permettantde nourrir et d’abriter au mieux le plus grandnombre d’individus et cela sans freiner le pro-grès économique, technologique et scientifique.C’est une définition du développement durable.Le rapport Bruntland (1987) précisait que ledéveloppement actuel devrait aussi permettreaux générations futures de vivre dans desconditions de vie décentes.

Dominer et soumettreNous voyons se développer, depuis les débutsde l’âge industriel, parfois même en prenantappui sur ces verbes de la Genèse, une domi-nation immodérée, une exploitation presquesans bornes de toutes les ressources naturellesde la création. Les conséquences de cette sur-exploitation sont parfois tragiques. Il n’est pasnormal que le souci du rendement, qui a sa part

Introduction

Bible et écologieProtection de l’environnement

et responsabilité chrétiennepar Frédéric Baudin

Ecrivain et conférencier, directeur de l’association « Culture-Environnement-Médias »(Article publié dans la Revue Réformée, n° 232, mars 2005, avec autorisation)

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légitime, ait conduit les éleveurs à utili-ser, souvent sans esprit critique ni précau-tions suffisantes, des farines animales, desantibiotiques ou des hormones de crois-sance. Il n’est pas juste d’utiliser la formi-dable puissance de nos machines pourdétruire sans frein les espaces naturels :près de 9 millions de km2 ont été défri-chés et transformés depuis 1850 pourrépondre aux besoins d’une population etd’une urbanisation croissantes. La gestionde l’espace urbain n’a pas toujours été lameilleure, l’organisation de nos villes oude nos régions laissent parfois pensifs. Etque dire de nos loisirs, de nos invasionssaisonnières dans les montagnes ou surles plages qui laissent souvent des tracesindésirables dans « la nature », parfois àmoyen et long terme ? Il n’est enfin pasnormal que l’on développe l’industrialisa-tion sans se préoccuper aussi de la pol-lution qu’elle peut engendrer. Certains sitesont été totalement défigurés, souillés,anéantis, par une pollution parfois drama-tique et mortelle (Seveso en 1976, Bhopalen 1984, Tchernobyl en 1986 ; les maréesnoires : Torrey Canyon en 1967, AmocoCadiz en1978, Exxon Valdez en 1989, Erikaen 1999, Le Prestige en 2002, etc.)

On a recensé, dans le monde, environ unmillion d’espèces végétales et quatrecent mille espèces animales. Il y aurait pro-bablement en réalité quatre à cinq foisplus d’espèces à la surface de la terre. Lesmilieux les plus riches disparaissent cepen-dant à grande vitesse, en particulier la forêtéquatoriale des pays en développement,par centaines et même par milliers d’hec-

tares chaque jour (100 000 km2/an). Onavance que deux à trois espèces ani-males ou végétales disparaîtraient chaquejour et, parmi elles, certaines plantes quiauraient pu contenir des éléments néces-saires à la fabrication de médicaments. Desmilliers d’espèces sont directement mena-cées d’extinction. Parmi les causes de cesdisparitions prématurées figurent la pres-sion démographique, l’extension des zonesindustrielles et résidentielles, le drainageintensif des marais et la destruction desforêts, l’usage abusif des pesticides ou desengrais, les pratiques agricoles discu-tables, mais aussi nos mauvaises habitudeset notre négligence.

Domination excessive, donc, mais l’excèscontraire ne vaut pas mieux : certains sys-tèmes religieux, des courants écologiqueset philosophiques préconisent en effet laméthode douce, et parfois même le lais-ser-faire absolu. Les adeptes du mouve-ment nébuleux et syncrétiste du NouvelAge prônent en général un respect de lanature qui semble a priori très estimable ;mais il s’inspire en réalité d’une vision pan-théiste et orientale de la nature : on netouche pas à tel animal, car il est une par-celle de la divinité, il est sacré, il est la réin-carnation d’un individu, homme oufemme, qui a plus ou moins bien agi danssa vie antérieure.

Les systèmes religieux et philosophiquesqui recommandent de ne pas intervenirsur la nature sont inspirés par un idéalismemystique ou par le fatalisme, dont nouspouvons constater certains effets funestessur les populations si longtemps livrées àla maladie, à la malnutrition et à la proli-fération anarchique. Il nous faut doncfaire un choix entre le tout « dominer etsoumettre », en vogue depuis l’âge indus-triel et l’utopique laisser-faire prôné par dedoux rêveurs ou par les plus résignés, quine sont pas toujours les plus inoffensifs.

D’après la Genèse, les hommes et lesfemmes étaient invités à remplir, domi-ner et cultiver la terre en communion avecDieu, c’est-à-dire avec l’amour, la sagesseet le discernement que Dieu leur inspirait.Il ne s’agissait pas pour eux d’exercerleur tyrannie sur la création, mais plutôtd’en prendre soin pour le bien de toutesles créatures et pour la gloire du Créateur.L’un des verbes hébreux traduit par domi-ner (radâ), est employé à plusieurs reprisesdans le Pentateuque. Dans le Lévitique,en particulier, il est rappelé aux descen-dants d’Abraham, dans le cadre des lois surle travail domestique, qu’ils ne doivent pasdominer sur leurs frères de façon tyran-nique (Lv 25 et 26). Ces lois étaient don-nées pour éviter les problèmes de l’escla-vage. Les serviteurs juifs pouvaient êtrerachetés par un membre de leur famille ;ils avaient la possibilité de recouvrer laliberté lors de l’année sabbatique, tous lessept ans, ou lors du jubilé, tous les cin-quante ans. Le même verbe dominer estemployé par les prophètes, commeEzéchiel ou Jérémie, qui rappellent quele roi doit exercer sa domination pour le

bien de son peuple, comme un bergerenvers son troupeau et non comme untyran assoiffé de pouvoir.

Cultiver et garder la terreEn hébreu, les verbes « cultiver » (’avad)et « garder » (Samar) ont aussi une conno-tation religieuse : on « garde » les com-mandements de Dieu ; le verbe cultiver,travailler, peut avoir le sens de « rendreun culte », « servir Dieu ». Ce verbe estemployé pour désigner l’activité desLévites dans le tabernacle dressé dans ledésert ou dans le temple de Jérusalem.Les prêtres étaient tenus de « garder » lesanctuaire, et notamment de préserver lapureté du lieu saint de toute souillure pro-fane. L’autorité des êtres humains, délé-guée par Dieu, leur vocation – remplir etcultiver la terre, identifier, nommer et pro-téger les êtres vivants –, leur dominationimplique également leur responsabilitédevant Dieu.

La nature porte l’empreinte du Créateur,comme le suggère l’apôtre Paul au débutde l’épître aux Romains, où il fait écho àde nombreux psaumes et à d’autres textesde l’Ancien Testament. Cette révélation deDieu dans la nature est partielle, mais leshommes et les femmes créés à l’image deDieu peuvent au moins reconnaître, danscette nature, la marque de la divinité. Celales rend même, souligne l’apôtre Paul, inex-cusables de ne pas avoir rendu leur culteau seul vrai Dieu. Cette révélation fondedonc leur responsabilité. Elle dévoile,d’une certaine manière, leur faute devantDieu : ils se sont tellement fourvoyés qu’aulieu de servir le Créateur, ils ont servi lacréature. Autrement dit : ils ont rendu unculte à la créature ; ils ont travaillé pourla seule créature. Le renversement est alorscomplet : au lieu de dominer sur les pois-sons, les oiseaux et les reptiles, les animauxde tous les milieux, les hommes et lesfemmes en sont réduits à adorer cescréatures, à les diviniser. C’est littéralementle cas pour la Deep Ecology et les mou-vements qui empruntent aux religionspaïennes le culte de la déesse Gaia, la Terredivinisée, pour justifier un écologismeéquivoque.

Les fautes dénoncées par l’apôtre dans lasuite de sa lettre aux Romains sont élo-quentes : elles trahissent la prétention de

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l’être humain à la démesure, à franchir leslimites de sa condition, tant sur le plan spi-rituel que moral et pratique, dans tous lesdomaines, familial, sexuel, social et éco-nomique. Or, c’est bien dans le respect deslimites fixées par Dieu que se trouve sansaucun doute l’alternative à l’exploitationdémesurée de la création, à cette divini-sation, ce culte idolâtre dénoncé par lesprophètes et les apôtres. En voulant s’af-franchir de Dieu, en servant la créatureau lieu du Créateur, l’homme qui se croitsage se conduit en réalité comme uninsensé.

Les êtres humains prétendent mettre enœuvre leur raison et leur vision mécanisted’un monde sans Dieu, où ils ne voientqu’un enchaînement de causes et d’effetsqu’il leur appartient de comprendre pourmieux le maîtriser. Mais leur volonté dedominer la création, afin d’en tirer leplus grand bénéfice — et le plus immé-diat —, leur cupidité les conduit à appau-vrir cette création de façon aujourd’huialarmante, à la polluer d’une manière par-fois irréversible à court ou moyen terme,à la modifier (notamment sur le plan géné-tique) sans toujours maîtriser ces change-ments, un peu comme l’apprenti sorcier.

Dans son ouvrage Révélation des Origines,le théologien évangélique, Henri Blocher,affirme que si « l’homme obéissait à sonDieu, il serait le moyen d’une bénédictionpour la terre, mais dans son avidité insa-tiable, dans son mépris des équilibres créa-tionnels, dans son égoïsme à courte vue,il la pollue, il la détruit, il fait d’un jardinun désert… » (p. 181).

Les chrétiens n’échappent pas toujours,hélas, à cet enchaînement nuisible pourla création. Mais comme le prétendait LynnWhite, dans un article de la revue« Science » (1967) demeuré célèbre, leschrétiens portent-ils une responsabilitéparticulière dans la crise écologique ?

Ecologie et responsabilitéchrétienne

Les lois de l’Ancien Testament, énoncéespar Moïse et rappelées par les prophètes,mettent en évidence le lien entre laterre, sa fécondité, et l’obéissance moraleet religieuse du peuple de Dieu. Le peupled’Israël devait observer le sabbat, un jour

par semaine, et ne pas travailler ce jour-là ; le repos était pour ces hommes et cesfemmes un signe de leur dépendanceenvers le Seigneur, de leur foi en Dieu quipouvait pourvoir à leurs besoins mêmelorsqu’ils se reposaient. C’était pour euxle rappel qu’ils étaient des créatures limi-tées dans le temps et dans l’espace et qu’ilsdevaient respecter leurs limites aussibien que celles des autres créatures, dontles animaux avec lesquels ils travaillaient.La terre même devait « jouir de ses sab-bats », se reposer pour être plus féconde.Mais lorsque ces commandements étaienttransgressés, la terre, littéralement,« vomissait » les habitants (Lv 18.27).L’image biblique est éloquente ! La terrene supporte pas la surexploitation par leshommes, et cela la rend malade. Ellesubit les effets de la désobéissance deshommes à la Loi de Dieu. Dans les livresdu Lévitique et du Deutéronome, en par-ticulier dans l’énoncé des bénédictions etdes malédictions, un lien étroit est sou-ligné entre l’obéissance à Dieu, le climatfavorable, la fertilité de la terre et l’abon-dance des récoltes : la solidarité entre lescréatures assure la sauvegarde de l’en-semble de la création.

Cela demeure toutefois un idéal àatteindre ; il serait pour le moins exces-sif de considérer tout désordre actueldans le monde comme la conséquence desfautes précises d’un peuple ou d’individusenvers Dieu. Nous savons à quels excèscette interprétation simpliste peutmener… Le monde reste marqué par laréalité du mal, il est « assujetti à lavanité ». Les hommes peuvent donc sou-mettre la création, à condition de restereux-mêmes soumis à Dieu, à ses comman-dements, à condition qu’ils demeurent encommunion avec Dieu. Et cela est possible,au moins jusqu’à un certain point, souli-gnent les auteurs du Nouveau Testament,puisque Dieu lui-même a rétabli cette com-munion par Jésus-Christ, le Fils de Dieu,le médiateur d’une nouvelle allianceentre Dieu et son peuple.

Le peuple de Dieu n’est cependant pasencore dans la « nouvelle création »,même si les chrétiens sont d’ores et déjà,insiste l’apôtre Paul, de nouvelles créatures,littéralement (en grec) une nouvelle créa-tion en (dans l’union à) Jésus-Christ (2 Co5.17). Certains chrétiens vivent plus ou

moins bien cette tension entre le présentet l’avenir, spécifique à la foi chrétienne.Ils ont parfois tendance à mettre l’accentsur les dernières phrases du Credo, leretour de Jésus-Christ, le jugement dernier,la « dissolution de toutes choses » évo-quée par l’apôtre Pierre dans sa deuxièmelettre, la « fin du monde », pour employerune expression plus familière aux accentsapocalyptiques ! Tout doit disparaître !Après moi, le déluge ! Mais la fin a com-mencé depuis deux mille ans, Jésus et sesdisciples l’affirment. La discontinuitéentre l’ancienne et la nouvelle créationn’est peut-être pas aussi radicale.

La Bible l’évoque, Jésus lui-même le sou-ligne : le jugement purificateur aura lieu.Mais l’Ecriture mentionne aussi la conti-nuité entre cette création devenue cor-ruptible et la nouvelle création incorrup-tible à venir, déjà révélée en Jésus-Christressuscité. Au jour de la résurrectionfinale, la nature elle-même, le ciel et laterre, seront régénérés, renouvelés, recréés,transformés… Dieu demeure le Seigneurde toute la création, de toute créature, etc’est donc l’ensemble de cette création quiest appelé, avec les élus de Dieu, ausalut, au rétablissement de toute chose,évoqué par l’apôtre Paul (Rm 8.18-23), c’est-à-dire au rétablissement de relationsjustes, dans la foi en Jésus-Christ, entre lescréatures et leur Créateur, mais aussientre les créatures elles-mêmes.

Dans la Bible, la matière n’est pas assimi-lée au mal. Dieu lui-même choisit de s’in-carner en homme et Jésus ressuscite avecun corps que ses disciples peuvent recon-naître et que Thomas peut toucher. Ilnous faut lutter contre l’idée, issue du pla-tonisme et du gnosticisme, d’un « ciel »ou d’un « royaume de Dieu » désincarné,qui serait libéré de toute matière assimi-lée au mal, le lieu des âmes pures sanscorps. On retrouve un peu cette même pen-sée dans les religions ou philosophiesorientales, qui considèrent le mondematériel comme une illusion, pour mettredavantage l’accent sur le monde spirituel,qui lui serait supérieur. La pensée bibliquene méprise pas cette création, qui est décla-rée bonne. Elle insiste également sur lanouvelle création, une régénération spiri-tuelle, déjà commencée en ceux qui ontfoi en Jésus-Christ, mais aussi une rédemp-tion corporelle, la résurrection des êtres

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humains dans de nouveaux corps incorrup-tibles, appelés à vivre sous le règne de Dieu.Les chrétiens, comme d’ailleurs les non-chrétiens, vivent parfois avec la pensée,plus ou moins consciente, que les res-sources naturelles sont sans limite, que ladiversité biologique ne semble pas souf-frir d’un appauvrissement, qu’il y aura detoute façon « une solution » et quel’homme vaut bien plus qu’une fleur, unoiseau, un poisson, un coléoptère ou unserpent. L’homme et la femme sont descréatures précieuses ; nous avons raisonde nous préoccuper du salut et du bien-être de nos contemporains. Mais nous cher-chons précisément, en tant que chré-tiens, à protéger cette création à traverslaquelle Dieu se révèle et que noussommes appelés à gérer comme de bonsintendants mandatés par leur Créateur.Nos réserves naturelles et énergétiquessont limitées : l’eau potable manque dansde nombreuses régions du monde (ellepose aussi des problèmes d’approvision-nement et de régénération dans nospays développés), bien des ressources nesont pas inépuisables. Nous devons doncchanger nos modes de comportement, sinous voulons que les générations suivantesvivent dans des conditions acceptables.Nous pouvons économiser nos ressources,protéger le patrimoine naturel qui nousest confié, penser aux générations futureset dénoncer l’égoïsme de notre généra-tion.

Nous relevons le défi, en tant que chré-tiens, de respecter les limites esquisséespar Dieu. Nous devons essayer de gérercette création, de « cultiver le jardin », deremplir cette terre et d’en prendre soind’une façon intègre, en communion avecnotre Créateur, autant qu’il est possibledans le cadre de la « nouvelle alliance »,avec amour, sagesse et discernement. Làse pose une réelle question d’éthique :quelles sont, dans ces conditions (lesmeilleures !), les limites du fameux « prin-cipe de précaution » ? Quelle place peut-on laisser à la créativité, à la rechercheet au développement, qui impliquentparfois – souvent – le dépassement de cer-taines limites ?

Quoi qu’il en soit, nous partageons cetteresponsabilité de bien gérer notre patri-moine naturel avec l’ensemble de noscontemporains engagés dans tous les

domaines : les autorités politiques, lesindustriels, les chercheurs et les biologistes,les agriculteurs, les grands distributeurs etles consommateurs que nous sommestous ! Il serait trop facile de rejeter la res-ponsabilité sur un seul des maillons de lachaîne. Les recommandations publiées lorsde grands rassemblements internatio-naux vont dans le même sens, de mêmeque les conseils émis par le gouvernementfrançais pour contribuer à la préservationde l’environnement dans notre pays.

A bien des égards, les chrétiens ne sontpas davantage responsables que lescroyants d’autres religions. Un bilan mitigépourrait être dressé pour diverses civili-sations ou pour des pays sous l’influenced’autres religions. L’Orient réputé si res-pectueux de la nature, à juste titre dansbien des cas, a fini par tomber dans lesmêmes travers que les pays occidentaux,notamment la Chine ou le Japon. La cul-ture sur brûlis en Afrique et le surpâtu-rage en Méditerranée dans les empiresgrecs ou romains montrent que les consé-quences de ces pratiques agricoles sur lessols demeurent, aujourd’hui encore, sen-sibles et visibles dans les paysages.Certaines idéologies politiques comme lecommunisme en URSS et dans les paysd’Europe de l’Est ont totalement négligél’environnement : la situation écologiquede ces régions est souvent désastreuse,elle présente de sérieux dangers pour lespopulations.

Les adeptes les plus radicaux de la DeepEcology et des courants du Nouvel Ageaffirment que l’homme est dénaturé etqu’il faut, pour préserver la biodiversité,changer de paradigme. Selon eux, leshommes doivent renoncer à leur anthro-pocentrisme pour le remplacer par un« biocentrisme » propre à une civilisationévoluée et post-moderne. L’être humainse retrouve alors relégué à la périphériedu système, il n’est plus qu’un élément insi-gnifiant sur cette terre qui le devance dansle temps et lui survivra. Sa disparition pour-rait même favoriser la biodiversité puis-qu’il est la principale cause des désordresactuels !

Si le christocentrisme des chrétiens leurpermet d’éviter ces excès, il reste néan-moins vrai qu’ils ont commis des erreurs.Ils n’ont pas toujours été un modèle, indi-

viduel et collectif, de bonne gestion desressources naturelles ; ils ont souventcontribué, au contraire, à les surexploiter.Nous pourrions également dénoncer lesdérives d’une société outrageusementconsumériste, précisément dans les paysde tradition chrétienne, qui ont négligél’enseignement biblique dans ce domaine.Pourtant, notre point de vue chrétien estporteur d’un projet de vie pour ce mondeprésent, même si les chrétiens n’en ontpas toujours été les meilleurs témoins, loins’en faut !

Nous avons une vision du monde, de notreprochain, de notre environnement, spéci-fique à la foi en un Dieu Créateur. Notreregard se tourne également vers le mondeà venir, car nous croyons que Dieu renou-vellera un jour cette création. Et nouscroyons que notre responsabilité actuellen’est pas sans conséquences sur le mondeà venir. Nous savons, en tant que chrétiens,qu’il n’y a pas (et qu’il n’y aura pas)d’écologie parfaite. Nous ne croyons pasque l’homme sera capable d’établir lerègne de Dieu sur terre, grâce à son intel-ligence, son habileté technique, ni mêmegrâce à ses mesures de protection de l’en-vironnement ou pour assurer un dévelop-pement durable. Nous continuons àdénoncer la réalité du mal, comme aussil’utopie du progrès, de la productivité oude l’écologie qui nous délivreraient de cemal ancré dans le cœur de l’homme.C’est sur ce point précis que la théologiesous-jacente du mouvement inaugurépar le physicien Von Weiszäcker révélaitquelque faiblesse.

Il nous faut donc rester vigilants pour nepas considérer la protection de l’environ-nement, aussi nécessaire soit-elle, commela panacée, le remède universel à notrecondition humaine corrompue, affaibliepar le mal. C’est la tentation de ces cou-rants qui tendent à diviniser la nature, detendance panthéiste et syncrétiste, trèsprésents dans les milieux écologistes.Cette influence est parfois sensible jusquedans les rassemblements organisés par leFonds Mondial de la Nature (WWF) etl’Alliance des religions et de la conserva-tion (ARC). Une première manifestationde ce courant a eu lieu en marge du ras-semblement inter-religieux d’Assise, en1986. Il a pris une certaine ampleur, jus-qu’au rassemblement de Katmandou en

4AGRICULTURE

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l’an 2000. En France, ce mouvement sedéveloppe depuis les rassemblementsinter-religieux en 2001 au monastère(orthodoxe) de Solan, dans le Gard etcelui du Mont-Saint-Michel en avril2003. L’apport des différentes tradi-tions religieuses sur la réflexion et laprotection active de l’environnementest souvent positif, mais le flou syncré-tiste qui semble caractériser ces rassem-blements des grandes et petites reli-gions pose problème. L’écologie risquede devenir une nouvelle idéologie deportée mondiale, c’est peut-être mêmela prochaine grande utopie univer-selle…

Les chrétiens ne sont pas pour autantcontre le progrès ou l’évolution des tech-niques qui procurent un certain confort !Mais ce confort, sans Dieu, peut être unpiège, dès lors qu’il conduit à ne plusreconnaître en Dieu le Créateur, dontnous demeurons dépendants (Cf. Dt 8).Ce confort peut aussi nous donnerl’illusion que notre pouvoir sur la créa-tion et les créatures (dont les hommes)est sans limite. L’annonce de l’Evangile,la conversion des hommes et desfemmes à Dieu, un véritable change-ment de comportement dans tous lesdomaines de notre vie peuvent atté-nuer les effets du mal, tant parmi leshumains que dans la nature. La créa-tion tout entière sera ainsi mieux res-pectée. Mais nous savons que notreéthique de la création n’apporteraqu’une amélioration partielle. Dieuseul reste souverain pour régénérercette terre, pour « créer de nouveauxcieux et une nouvelle terre ». Cela nedoit pas non plus nous empêcher decombattre le mal sous toutes sesformes, d’être sensibles à notre envi-ronnement, dans une authentiqueperspective chrétienne, en commu-nion avec Dieu.

Car prendre soin de la création, dans letemps présent, c’est aussi une façon d’ai-mer Dieu et notre prochain…

5AGRICULTURE

Pistes pratiquesComment pouvons-nous, dans notre univers quotidien, contribuer à protégerla création, à lutter contre la surexploitation des ressources ? Les pistes deréflexion que nous suggérons ici sembleront peut-être utopiques, voire sim-plistes… L’idéal à atteindre est élevé ; il s’apparente même à la quadraturedu cercle, si l’on cherche à satisfaire toutes les conditions du « développementdurable », parfois contradictoires…

Nous pouvons :

■ Tout simplement résister aux tentations de la publicité, de la mode, du

matérialisme ! Et, en revanche nous contenter davantage de ce qui estnécessaire et non superflu pour vivre : n’hésitons pas à marcher à contre-courant ! Revenons à un style de vie plus modéré…

■ Eviter de tomber dans les pièges de la civilisation des loisirs, du divertis-

sement (la diversion est contraire à la conversion !). Exerçons notre espritcritique, notre discernement humain et spirituel, à la lumière de la Bibleet n’ayons pas peur de remettre ainsi en cause les modèles dominants…Tout est permis, sans doute, mais tout n’est pas utile, loin de là !

■ Réduire notre consommation et marcher davantage ou utiliser nos

vélos ! Nous pouvons aussi réduire, dans certains cas, notre consomma-tion d’eau potable, d’électricité, etc.

■ Lutter contre la pollution domestique et pratiquer le tri sélectif des déchets

en vue du recyclage (à condition que des filières de recyclage existent,soient bien organisées et rentables) et inciter nos autorités locales dansce sens.

■ Favoriser le développement des énergies renouvelables (solaire, éolienne,

hydro-électrique, etc.), mais est-il réaliste de tout en attendre ? L’énergienucléaire restera très probablement indispensable, il importe donc de favo-riser la recherche pour mieux la maîtriser…

■ Développer l’éducation, la sensibilisation à l’environnement, en particu-

lier auprès des jeunes, dans le cadre de l’enseignement religieux, par exemple,et des associations ou des organismes spécialisés (camps de jeunes, scouts,etc.).

■ Dénoncer la désinformation dont nous sommes souvent l’objet, ce qui sup-

pose que nous fassions l’effort de nous informer, même si cela n’est pastoujours facile…

■ Prendre place dans le débat politique (gestion de la cité) : rien ne nous

empêche de faire entendre notre voix auprès des autorités locales, régio-nales ou nationales, pour les encourager à prendre des mesures sainesvisant à protéger l’environnement.

■ Etre sensible à la situation des pays en développement, où les risques de

pollution et de surexploitation sont accrus à cause de l’absence de régle-mentations sur place, du manque de moyens pour lutter efficacement età cause de l’appétit parfois démesuré des grands groupes industriels (quipeuvent par ailleurs avoir, dans certains cas, une influence positive).

■ Rechercher des solutions adéquates par le biais de nos œuvres ou mis-

sions chrétiennes et favoriser, par exemple, le « commerce équitable ».

■ Aborder ce sujet lors d’un débat dans nos églises et trouver ensemble des

solutions pratiques à notre portée. Il faut continuer dans ce sens et nepas négliger les petits commencements : la mise en pratique des recom-mandations formulées par les autorités civiles ou religieuses commencepar nos gestes très simples qui visent à préserver la Création dans notreunivers quotidien.

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Une fois cela admis, il est indispensablede chercher à connaître ses exigences. C’estla Bible qui nous les transmet. Jésus, parexemple dans la parabole des vignerons,rappelle qu’il est en droit d’attendre du fruitde la terre qu’il nous confie et que nousserons sévèrement jugés si nous nous l’ap-proprions indûment. Il est vrai que cetteparabole vise probablement en premierlieu les responsables religieux d’Israëlplus prompts à chercher leur propre inté-rêt qu’à servir. Il est vrai également quesi Dieu attend du fruit de notre gestion,ce n’est pas pour lui-même – Dieu ne sau-rait avoir besoin de quoi que ce soit –, maisau profit des autres créatures qui endépendent. L’image repose, pour le moins,sur l’évidence des droits inaliénables dupropriétaire sur la propriété.

Tout appartient à Dieu. Il le rappelle à denombreuses reprises par la plume desauteurs sacrés1 : l’or, l’argent2, les bêtes deschamps, les animaux domestiques ousauvages3.

Dès avant qu’Israël soit entré dans l’hé-ritage qui lui était réservé, Dieu, commefondement des règles qui devaient en régirla culture et l’exploitation, lui précisaclairement, voire solennellement, ce prin-cipe de base : Le pays est à moi ; vous êteschez moi comme étrangers et commehabitants4. La première conséquence enest exprimée en tête du verset  : Lesterres ne se vendront point à perpétuité.

La mission du gérant

Dieu a toute autorité pour prescrire lamanière dont il veut voir l’homme accom-plir sa mission de jardinier et d’agriculteur.Cette mission, Il l’a, en effet, confiée àAdam dès le début. Genèse 2 le rapportede façon lapidaire mais explicite : L’ÉternelDieu prit l’homme et le plaça dans le jar-din d’Éden pour le cultiver et pour le gar-der. La communion entre le Créateur etla créature étant alors sans faille, il n’estni farfelu ni osé de penser qu’Adam reçutde Dieu toutes les directives nécessairespour accomplir parfaitement sa tâche.

Ce que nous appelons l’agriculture est sansconteste la première et, par là, la plus nobledes responsabilités humaines.

Hélas, la malédiction consécutive à la déso-béissance du premier couple adamique nepouvait que changer la donne. La culturedu sol allait, dès lors, impliquer l’inévitableet incessante lutte contre des ennemis

La jachère

1AGRICULTURE

par le pasteur Richard Doulière

A qui appartient la terre ?

Tout choix légitime en matière d’agriculture doit reposer en premier lieu sur une reconnaissance deDieu, en sa qualité non seulement de Créateur, mais encore de propriétaire de la planète et du sol.

1 Sous le ciel, tout m’appartient. (Job 41.2). Toute la terreest à moi (Exode 19.5). Voici, à l’Éternel, ton Dieu, appar-tiennent les cieux et les cieux des cieux, la terre et toutce qu’elle renferme (Deutéronome 10.14). A l’Éternel laterre et tout ce qu’elle renferme (Psaume 24.1).2 Aggée 2.83 Tous les animaux des forêts sont à moi, toutes les bêtesdes montagnes par milliers. Je connais tous les oiseauxdes montagnes, et tout ce qui se meut dans les champsm’appartient… car le  monde est à moi et tout ce qu’ilrenferme (Psaume 50.10,11).

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naturels : épines, ronces, mauvaises herbes,parasites…

Néanmoins, il n’est pas du tout certain quecela ait transformé radicalement les prin-cipes que l’homme avait appris au tempsde la proximité immédiate de son Créateur.

Quoi qu’il en soit, ces principes, Dieu, parMoïse, les rappela (ou les établit) dès avantl’établissement du peuple élu en Canaan,et lia, à leur respect, la garantie de la pros-périté. L’oublier représente encore unenégligence aux conséquences probable-ment incalculables.

Israël, paradigme5

permanent

Il est nécessaire d’aborder les exigencesformulées à l’intention d’Israël dans laperspective de leur validité universelle,au moins en qualité de paradigmes. Leurlégitimité remonte en effet aux com-mencements. La jachère, l’une des pres-criptions essentielles, est significative àcet égard en ce qu’elle se rattache au prin-cipe du sabbat, couronnement de la créa-tion6.

La jachère, une institutiondivine

Aujourd’hui, la mise en jachère, parfoisimposée par les autorités, a pour seulobjectif les quotas économiques. De plus,des terres demeurent abandonnées tan-dis que d’autres s’épuisent en raisond’une exploitation intensive et continue.De là, le recours aux engrais dont on com-mence à peine à mesurer toutes lesconséquences parfois dramatiques.

En quoi différait la jachère imposée àIsraël ? Nous avons dit qu’elle se rattachait au prin-cipe du sabbat. Comme Dieu se reposa leseptième jour de toute l’œuvre qu’Il avaitfaite, ainsi l’homme est invité à accom-plir tout son travail en six jours et à se repo-ser le septième7 ; ainsi doit-il également,tous les sept ans, accorder du repos à saterre : champs, oliveraies et vignes, et enabandonner le produit aux pauvres, auxétrangers et aux bêtes des champs.

La septième année était déterminée à par-tir de celle que Dieu avait ordonnée lorsde l’entrée de son peuple en pays deCanaan. Dieu l’avait précisé : Quand vousserez entrés dans le pays que je vousdonne, la terre se reposera. Ce sera un sab-bat en l’honneur de l’Éternel. Pendant sixannées tu ensemenceras ton champ,pendant six années tu tailleras ta vigne ;et tu en recueilleras le produit. Mais la sep-tième année sera un sabbat, un temps derepos pour la terre, un sabbat en l’hon-neur de l’Éternel 8. On pouvait se nourrirde ce que produisaient naturellementles grains tombés ou la vigne non taillée,mais au fur et à mesure des besoins seu-lement. Pauvres, étrangers et bêtes deschamps pouvaient ainsi y accéder de lamême manière.

Que ce repos sabbatique avait lieu àdate fixe est confirmé par le fait qu’il étaitassocié aux remises des dettes et aux libé-rations d’esclaves pour lesquelles cettefixité du moment était évidente9.

Année sabbatique etjubilé10

Ce repos annuel du sol était augmentéd’un même repos coïncidant avec lejubilé imposé la cinquantième année11.Tous les cinquante ans, le sol devait doncêtre laissé en jachère pendant deuxannées consécutives. Il fallait à l’Israéliteune foi vivante en son Dieu pour le vivre.Certes, dans un pays chaud, les grains per-dus peuvent à eux seuls assurer une véri-table récolte… Mais, surtout, Dieu avaitfait des promesses. Sa bénédiction sur lesrécoltes de la sixième année devait enassurer l’abondance, permettant de pas-ser l’année de jachère (et la suivantelors du jubilé) sans que rien vienne à man-quer  : Le pays donnera ses fruits, vousmangerez à satiété, et vous y habiterezen sécurité. Si vous dites : que mangerons-nous la septième année, puisque nous nesèmerons point et ne ferons point nosrécoltes ? Je vous accorderai ma bénédic-tion la sixième année et elle donnera desproduits pour trois ans…12

En dépit de ces promesses et de la malé-diction annoncée en cas de négligence,l’observation de la jachère semble avoirété bien rare, au moins avant la déporta-

tion à Babylone. Celle-ci avait été annon-cée comme ayant pour but [entre autressans doute] de permettre le repos du soljusque-là négligé13.

Le seul texte attestant le respect de cetteloi est postérieur à l’exil et se trouve dansle premier livre apocryphe des Maccha-bées, chapitre 6, versets 49 et 53 : Les Juifsde Beth-Sem sortirent de leur ville, car ilsn’avaient pas assez de vivres pour y res-ter enfermés plus longtemps : c’étaitl’année sabbatique pendant laquelle onne cultivait pas les champs… Il n’y avaitplus de vivres dans les entrepôts dutemple, car c’était l’année sabbatique.

Peut-on le vivreaujourd’hui ?

Devons-nous revenir à la loi mosaïque ence qui concerne l’agriculture ? Est-ce seu-lement possible ?

Quand Dieu donna à Israël la terre pro-mise, il leur a aussi donné ses lois pourservir de modèle ou paradigme auxnations. Cela signifie que, dans toute lamesure du possible, il est raisonnable d’y

2AGRICULTURE

4 Lévitique 25.235 Nous entendons par là qu’Israël, à travers les lois qui luiont été expressément communiquées, demeure unexemple qui, sans devoir être rigoureusement copié, doitservir de modèle au comportement des non-juifs.6 Genèse 2.27 Tu travailleras six jours et tu feras tout ton ouvrage.Mais le septième jour est le jour du repos de l’Éternel, tonDieu. Tu ne feras aucun ouvrage ni toi, ni ton fils, ni tafille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni ton bétail, nil’étranger qui est dans tes portes. Car en six jours, l’Éter-nel a fait les cieux, la terre et la mer et tout ce qui y estcontenu, et il s’est reposé le septième jour(Exode 20.9-11). Pendant six jours, tu feras ton ouvrage, mais le sep-tième jour, tu te reposeras afin que ton bœuf et ton âneaient du repos… (Exode 23.12)8 Lévitique 25.2-49 Cf. par exemple Deutéronome 15.9 Garde-toi d’êtreassez méchant pour dire en ton cœur  : la septièmeannée, l’année du relâche approche… Une autre confir-mation se trouve en Deutéronome 31.10,11, car c’estdevant tout le peuple rassemblé lors de la fête des taber-nacles que la loi devait être lue tous les sept ans, annéesdu relâche.10 On pourra trouver un développement plus complet deces institutions dans la Bible annotée (notes surLévitique 25), dans le Nouveau Dictionnaire Biblique(articles ‘sabbat’ et ‘jubilé’) et dans Les Institutions del’Ancien Testament par R. De Vaux. éditions du Cerf 1976,pages 66-68.11 La personne qui avait été contrainte de se vendre pourraisons économiques retrouvait sa liberté et le terrainvendu retournait à son propriétaire. Les recommanda-tions relatives au jubilé sont longuement exposées auchapitre 25 du Lévitique, à partir du verset 8.12 Lévitique 25.18-2213 Voir Lévitique 26.35, 43 et 2 Chroniques 36.21.

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chercher, pour le moins, des pistes deconduite.

Bien entendu, on ne saurait espérer enconvaincre tous les agriculteurs de laplanète, ni même ceux de tout un pays,voire de toute une région.

Il serait, par ailleurs, impossible de savoircomment retrouver l’année correspondant,dans notre calendrier, à l’ordonnancemosaïque14.

Mais la mise en jachère, chaque année,d’un septième de la surface cultivéeserait, me semble-t-il, en harmonie avecl’exigence vétéro-testamentaire.

Est-ce cependant possible ? Cela sup-pose évidemment une perte apparente deproductivité. Quoiqu’écrivant « appa-rente », j’admets qu’il en serait ainsi aumoins au début, compte tenu de la longueabsence de respect d’un tel comporte-ment.

Une affaire de foi

N’étant pas agriculteur, je ne peux me pla-cer que sur le terrain de la foi. Obéir, danstoute la mesure du possible, à ce que Dieua clairement demandé à son peuple eny reconnaissant pour le moins de sagesdirectives ne saurait qu’entraîner Sa béné-diction. C’est la promesse qu’il avait jointeà l’exhortation, nous l’avons vu. On peutajouter cette autre promesse, égalementliée au respect du repos et du relâche sab-batique et jubilaire : Toutefois, il n’yaura point d’indigent chez toi, car l’Éter-nel te bénira dans le pays que l’Éternel,

ton Dieu, te fera posséder en héritage,pourvu seulement que tu obéisses à la voixde l’Éternel, ton Dieu, mettant soigneu-sement en pratique le commandementque je te prescris aujourd’hui. L’Éternel,ton Dieu, te bénira comme il te l’a dit :Tu prêteras à beaucoup de nations, et tun’emprunteras point…15

En résumé, la terre nous est confiée endépôt. En tant que gérants, nous ensommes responsables et aurons descomptes à rendre à son véritable proprié-taire.

Parmi les directives qu’Il a pris soin de don-ner pour sa culture se trouve la mise enjachère du sol tous les sept ans. Ce sab-bat est aussi important à ses yeux que lerepos hebdomadaire pour l’être humainet son cheptel.

La bénédiction divine, la prospérité agri-cole sont avant tout liées à l’obéissanceaux directives divines relatives à ce reposdu sol. Les règles données à Israël ontvaleur de paradigmes ; elles peuvent etdoivent nous servir de modèle, même s’ilnous appartient de les adapter à notreépoque.

Lors de la réforme de la PAC en 1992,l’Union européenne a rendu obligatoirele système de mise en jachère, essen-tiellement pour répondre à une logiquede surproduction. Le gel d’une partie desterres était compensé par l’octroi desubventions aux producteurs soumis aurégime général. Le taux de mise enjachère obligatoire était initialementdéfini chaque année. Dans un souci desimplification, il a été fixé de manière

permanente à 10 % dès l’an 2000, ce quireprésente 1,1 million d’hectares enFrance et environ 3,5 millions enEurope. Au-delà de ce minimum, lesagriculteurs pouvaient pratiquer desjachères volontaires jusqu’à hauteur de30 % des terres déclarées. Mais en 2007et 2008, le Conseil des Ministres estrevenu sur sa position et a décidé deréduire le taux à 0 %. L’objectif est désor-mais d’augmenter la production decéréales et de répondre à une demandeexponentielle, dans un contexte où lescours mondiaux flambent et les stockss’épuisent. A tel point que les Etats ontsuivi la proposition de la Commissionvisant à supprimer totalement la miseen jachère obligatoire à compter de2009 pour pouvoir produire au moins10 millions de tonnes de céréales etd’oléagineux chaque année. Les agricul-teurs ne sont pas tenus cependant deretirer des terres de la production pourobtenir le versement des montantsétablis par les droits de mise en jachère,qui deviennent des droits normaux. Sileurs engagements pris au titre du pro-gramme de développement rural per-durent, les obligeant à mettre en placedes surfaces en couvert environnemen-tal, la jachère européenne semble s’êtredéfinitivement mise en … jachère.

3AGRICULTURE

14 Pas plus que l’on ne peut établir le jour de notre calen-drier correspondant au sabbat hebdomadaire del’époque où la loi fut donnée. Au cours de l’exil, sous l’in-fluence des Babyloniens, les Juifs, en effet, abandonnè-rent le calendrier solaire de 360 jours en faveur d’uncalendrier luni-solaire nettement différent.15 Deutéronome 15.4-6

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4AGRICULTURE

Une année sur trois, par exemple, unagriculteur ne cultive pas un champet laisse la végétation naturelle s’yinstaller. Cela ne veut pas dire quel’agriculteur abandonne son champcar il continue ses opérations cultu-rales d’entretien : broyage des résidusvégétaux, travail du sol, etc., sansapport d’engrais ou de fumier. Lajachère se distingue ainsi de la friche,où le champ est entièrement livré àlui-même pendant une durée « illimi-tée ». L’objectif principal de la jachèreest de faire reposer le sol pour assurerune plus grande fertilité et limiter laproduction en gelant des surfaces cul-tivables.

L’agriculture mondiale a doublé saproduction en trente ans en augmen-tant les surfaces cultivées et les ren-dements. Aujourd’hui, la réserve deterres utilisables s’épuise et les sols sedégradent. L’augmentation de la pro-duction et le maintien de la qualitédes sols repose maintenant sur destechnologies utilisant les ressourcesbiologiques.

En raison de l’usage intensif desengrais et de la recherche du maxi-mum de productivité de la terre, lajachère avait quasiment disparu en

Europe au XXe siècle (jusqu’en 1990) ;elle subsiste dans les pays méditerra-néens, en Afrique, en Asie, enAmérique latine, en zones semi-aridesou tropicales.

Lors de la réforme de la PAC en 1992,l’Union européenne a rendu obliga-toire le système de mise en jachère,

essentiellement pour répondre à unelogique de surproduction. Le gel d’unepartie des terres était compensé par l’oc-troi de subventions aux producteurs sou-mis au régime général. Le taux de miseen jachère obligatoire était initiale-ment défini chaque année. Dans unsouci de simplification, il a été fixé demanière permanente à 10 % dès l’an2000, ce qui représente 1,1 milliond’hectares en France et environ 3,5millions en Europe. Au-delà de ce mini-mum, les agriculteurs pouvaient prati-quer des jachères volontaires jusqu’àhauteur de 30 % des terres déclarées.Mais en 2007 et 2008, le Conseil desMinistres est revenu sur sa position eta décidé de réduire le taux à 0 %.L’objectif est désormais d’augmenter laproduction de céréales et de répondreà une demande exponentielle, dansun contexte où les cours mondiauxflambent et les stocks s’épuisent. A telpoint que les Etats ont suivi la propo-sition de la Commission visant à sup-primer totalement la mise en jachèreobligatoire à compter de 2009 pourpouvoir produire au moins 10 millionsde tonnes de céréales et d’oléagineuxchaque année. Les agriculteurs ne sontpas tenus cependant de retirer desterres de la production pour obtenir leversement des montants établis par lesdroits de mise en jachère, qui devien-nent des droits normaux. Si leurs enga-gements pris au titre du programme dedéveloppement rural perdurent, lesobligeant à mettre en place des surfacesen couvert environnemental, la jachèreeuropéenne semble s’être définitive-ment mise en … jachère.

La mise en place de la jachère aujourd’hui La jachère est une terre labourable non cultivée « temporairement » pourmaintenir la fertilité du sol d’une parcelle.

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La mondialisation, vous en avez certainemententendu parler − les problèmes des délocalisa-tions, la globalisation, les organismes interna-tionaux, les institutions internationales, tellesque l’OMC, l’ONU, la Banque Mondiale, le FMI,le Tribunal Pénal International, les traitésinternationaux, les mines antipersonnelles, leprotocole de Kyoto, la protection des baleines, …− de plus en plus d’ouvrages traitent de ce sujet.La déclaration de Queretaro, ville du Mexiqueoù un réseau d’organisations humanitairesévangéliques (le réseau MICHÉE) s’est ras-semblé en septembre 2003, la définit ainsi :« La mondialisation revêt différentes signifi-cations suivant le contexte : d’abord, dans sonsens premier, elle fait référence à ces proces-sus sociologiques qui déconnectent les activi-tés humaines de leurs implantations locales etqui les relient au-delà des frontières nationales.C’est la croissance des technologies de l’infor-mation et de la communication qui se trouvederrière ce processus.Deuxièmement, la mondialisation fait référenceà l’émergence d’une société civile mondiale àcôté du système de l’État-nation, en incluantdes acteurs transnationaux de toutes sortes etavec des degrés divers d’influence globale.Troisièmement, la mondialisation fait réfé-rence au système économique global, [...] à unmarché unique global dans lequel toutes les bar-rières au commerce et aux flux financiers dis-paraîtraient. [...]La mondialisation, selon les deux premièressignifications, démontre la vérité bibliqueselon laquelle nous sommes liés ensemble enune seule famille humaine au travers dedépendances mutuelles. D’autre part, elle met

en relief la nature humaine déchue et notrepropension à l’idolâtrie et à la fragmentation.La mondialisation divise autant qu’elle unit. Lesnouvelles technologies qui sont au coeur desprocessus de mondialisation ne sont pas parnature des processus d’exploitation. Elles offrentdes occasions sans précédent pour résister àdes régimes d’oppression, pour dénoncer l’in-justice, pour chasser l’ignorance et éradiquerdes maladies.La mondialisation a aussi le potentiel d’encou-rager un dialogue véritable entre les cultures.Aucun groupe culturel, religieux ou ethnique,ne peut se couper des autres. Cependant,étant donné les énormes inégalités de pouvoiréconomique entre les cultures et le contrôledes médias internationaux par une poignée degroupes géants, la tendance est que les images,modèles et pratiques culturelles les plus puis-sants dominent les moins puissants dans unecirculation généralement à sens unique. »Ce marché unique global auquel il est fait réfé-rence est plus réel après la fin du « rideau defer », la chute du système communiste qui avaitdéveloppé de son côté toute une pratique à lafois commerciale, idéologique, etc. Donc, il n’ya plus vraiment aujourd’hui d’autre « modèle »que celui d’un marché unique dans lequel lesystème économique est appelé à se dévelop-per.Amartya Sen, qui a reçu un prix Nobel d’éco-nomie, est Indien et habite en Grande-Bretagne,il écrit : « La mondialisation n’est pas un phé-nomène nouveau, pas plus qu’elle n’est unesimple occidentalisation. Pendant des milliersd’années, la mondialisation a progressé dufait des voyages, du commerce, des migrations,

Contexte de la mondialisation : une société sans limites

Extrait d’une intervention de Patrick Guiborat dans le cadre d’un atelier au Congrès Européen d’Ethique à Strasbourg (Ed. Emmaüs, CH-1806 St Legier, 2006), complété par un chapitre «Mondialisation et agriculture», par Marie-France Berton.

La mondialisationet l’agriculture

1AGRICULTURE

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Le développement actuel de la mondia-lisation est sous-tendu par une philosophiemondiale d’échanges, avec l’existence dece marché mondial dans lequel il devraity avoir le moins de restrictions possibles :disparition des barrières, des obstaclesdouaniers, des barrières tarifaires, avec lalibre circulation des biens et des capitaux(la libre circulation des êtres humains sou-lève d’autres questions), la concurrence surtout, dans tous les domaines, le rôle de l’É-tat qui doit s’amenuiser de plus en plus,et toutes les questions sur le servicepublic – qu’est-ce qui relève du servicepublic, qu’est-ce qui peut être soumis à laconcurrence ou ne pas l’être ? – c’est biend’actualité en France. Cette approchecommerciale, économique, est parfoispoussée à ses extrêmes. On parle alors denéolibéralisme pour mettre un termesur cette logique poussée assez loin.Certains pensent que c’est finalement lasolution à tous les problèmes de la pau-vreté sur cette terre : plus le commercepeut se développer avec le moins defreins possible, plus la richesse et laconsommation peuvent se développer, etplus la pauvreté finira par disparaîtred’elle-même de manière naturelle. Cetteidéologie peut être appelée « un fonda-mentalisme de marché ». Effectivement,il est indéniable que l’échange commer-cial apporte une certaine richesse, maisdire que c’est la solution à tous les pro-blèmes de la pauvreté dans le monde està mon avis totalement faux, et cela tra-duit une certaine hypocrisie de la part despays les plus riches. D’une part, nos paysriches ne se sont pas construits de cettemanière, mais au contraire, l’ont fait enmettant des barrières, en faisant beaucoupde protectionnisme, en se développant demanière très cadrée dans un long proces-sus ; d’autre part, ces mêmes pays qui ont

les entreprises les plus riches et qui prô-nent cette solution, sont pleins d’hypocri-sie, puisqu’en demandant à des payspauvres de ne pas subventionner lesbiens de première nécessité, ces mêmespays accordent des subventions pourprotéger plusieurs secteurs : le secteur agri-cole, le secteur aéronautique depuis le 11septembre, le secteur du coton ou de l’acier,le secteur du textile avec la Chine, etc.La mondialisation a une grande respon-sabilité dans l’augmentation de la pauvretéou en tout cas dans celle de l’écart entrepauvres et riches, que ce soit par l’exploi-tation de ressources naturelles (achetéesde surcroît à un prix extrêmement faible),l’exploitation des personnes que l’on payetrès peu, ce qui « profite » au consomma-teur occidental ; il y a tout un tas de ques-tions sur le commerce international, toutun tas de questions qui touchent au pro-blème de la dette qui induisent par ce sys-tème un accroissement de la pauvretédans le monde. La mondialisation spon-tanée, sans freins, accroît considérable-ment les écarts entre riches et pauvres.C’est finalement la loi du plus fort qui pré-vaut. Cela ne devrait pas nous surprendreen tant que chrétiens : la nature humaine,entachée par le mal, si elle laisse libre coursà l’intérêt et à l’égoïsme, ne peut qu’en-gendrer finalement plus de dégâts.Il existe d’autres critiques extrêmementfortes contre la mondialisation actuelle :les applications de certaines politiques, parexemple du Fonds Monétaire Internationalet de la Banque Mondiale, justementdans le cadre du rééchelonnement de ladette de certains pays pauvres ont étérégulièrement soumises à critique et ontdû être changées plusieurs fois au coursdes décennies parce que les dégâts sociauxétaient beaucoup trop dramatiques : le faitpar exemple d’enlever les barrières tari-

faires ou de faire qu’il y ait de moins enmoins de services publics dans un certainnombre de pays en développement a eudes conséquences brutales pour des mil-lions de personnes.Est également souvent critiquée la ges-tion des rapports entre pays riches et payspauvres dans le cadre de l’OMC, où l’ob-jectif est de faire en sorte qu’il y ait lemoins possible de freins au commerce :le problème, c’est que ce sont les paysriches qui ont le pouvoir et les moyensd’envoyer et de payer tout un tas d’expertsinternationaux juridiques et spécialisés,capables de bien négocier, alors que lespays pauvres n’ont pas autant d’expertsni de connaissances, et ne peuvent doncpas négocier sur un pied d’égalité.Il y a plusieurs personnes bien placées ausein de ces organismes internationaux quiaffirment que, finalement, le seul but deces grands organismes est de pousser leplus loin possible à la privatisation et àla libéralisation du commerce au lieud’être au service d’une croissance durableet équitable. C’est cet aspect qu’on pour-rait appeler une sorte d’idéologie de fon-damentalisme du marché.Il y a aussi l’existence des zones franches,des zones de libre échange, qui ont étémises en place, dont on ne parle plus beau-coup en ce moment. Ces zones concer-naient, il y a quelques années, 27 millionsde personnes dans environ 70 pays ; cesont des zones qui sont en dehors des sys-tèmes de taxation du pays, des zones «hors droit » pourrait-on dire, où quasimentrien de ce qui est produit par les gens dupays ne reste au pays, où les personnessont sous-payées, et où, si une entre-prise rencontre trop de difficultés, elle parttout simplement dans une autre zonefranche.

2AGRICULTURE

de l’expansion des cultures, de la propa-gation du savoir et des découvertes. Lesinfluences ont joué dans diverses direc-tions. Aux environs de l’an 1000, l’Europes’imprégnait de la science et de la tech-nologie chinoises, des mathématiquesindiennes et arabes. Il existe un héritagemondial de l’interaction, et la mondiali-sation actuelle s’inscrit dans cette histoire.

Aujourd’hui, le mouvement s’opère engrande partie depuis l’Occident. »Il y a dans la mondialisation cette idée demouvement, du particulier vers le mon-dial, qui a toujours existé, mais qui, ces der-nières décennies, s’est accéléré de manièreextrêmement forte et qui n’est certaine-ment pas fini.C’est aussi un phénomène complexe et

multiple. En France, on parle de décentra-lisation, de collectivités locales, il y a lesrégions, il y a les départements, il y al’Europe à 27, l’euro, le G7, le G8 avec laRussie, l’OCDE… Les mouvements vontdans différentes directions, à la fois pourla mondialisation et pour la décentralisa-tion.

Des critiques contre la mondialisation actuelle

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Pendant qu’une partie du globe s’enri-chit, une autre partie s’appauvrit au fildes ans.La malnutrition est loin de reculer etcontinue ses ravages dévastateurs. Elletue, chaque année, près de 6 millionsd’enfants dans le monde. Accepterions-nous, pays du Nord, que nos enfantsmeurent de malnutrition ?La situation de l’agriculture mondialeest tout autant contrastée.D’un côté, il y a quelques millions d’agri-culteurs (30 millions environ) qui prati-quent une agriculture dite « moderne »et améliorent très nettement leur pro-ductivité par l’utilisation massive detracteurs, de semences sélectionnées,de produits chimiques. Ces agriculteurspeuvent cultiver jusqu’à 200 ha chacunet avoir un rendement de 1 000 voire 1500 tonnes de grains par actif et par an.De l’autre côté, plus loin de nous, enAfrique, en Asie, il y a un milliard de fer-miers qui travaillent la terre sans lerecours au tracteur, ni même à la cultureattelée. Ces paysans disposent seule-ment d’un outillage manuel sommaire(houe, bêche, machette, etc.) et faute deréaliser des bénéfices, ne peuvent s’of-frir ni engrais chimiques, ni semencessélectionnées. Ces paysans sont extrê-mement pauvres, sous-équipés, etvivent dans des régions peu favorables :terres peu irriguées, sécheresse, salure,

excès d’eau, etc. Leur productivité nedépasse pas 1 tonne de grain par tra-vailleur et par an. La situation pourraitencore se compliquer en raison deconflits armés dans le pays ou par lesida qui touche davantage la populationactive et donc celle qui est en âge de tra-vailler.Cependant, les paysans du Nord rencon-trent également des difficultés. EnFrance, par exemple, il ne reste plus que650 000 exploitations ce qui représente3,5 % de la population active. Beaucoupde petites et de moyennes exploitationsn’ont pas résisté à la concurrence desgrandes exploitations employant peu depersonnel, misant sur une mécanisationet une chimisation intensives et surl’utilisation de semences sélectionnéespour leur résistance et leur rendement.Chaque année, la France perd ainsi 3 %de ses agriculteurs. Certains néanmoinsse lancent dans l’agriculture biologique,mais le marché a du mal à se dévelop-per.

La situation est-elle meilleure ailleurs ?

Prenons le cas de l’Inde, après 40 ans demodernisation agraire. Swaminathan aété à l’origine de la révolution verte et asauvé l’Inde de la famine. Aujourd’huiâgé de 84 ans, il dresse le bilan dans lejournal L’Express du 20 décembre 2004 :

« sa révolution verte a entraîné desexcès... L’agriculture industrielle polluel’environnement et a rendu les paysansesclaves des sociétés agroalimentaires,qui les poussent à la consommation ».De son côté, la physicienne VandaniaShiva, fondatrice de l’ONG indienneNavdania, ajoute « la pression des OGM,des produits chimiques, du libéralismedéfini par l’OMC a conduit 25 000 pay-sans indiens au suicide en dix ans etcinq millions de personnes quittentchaque année l’agriculture ».En fait, une dizaine de firmes internatio-nales contrôlent l’essentiel de l’agricul-ture mondiale : semences, pesticides,engrais, etc. Les prix sont toujours revusà la hausse, les semences ne tiennentpas toujours leurs promesses de produc-tivité, les pesticides n’empêchent pastoujours les chenilles de ravager unerécolte de coton. Les semences et lesproduits de traitement coûtent cher. Despaysans ont parfois accepté de s’endet-ter pour investir dans les cultures du rizet de coton et sont totalement dépen-dants des firmes agroalimentaires. Lemoindre aléa les enfonce dans la crise etles imprévus en agriculture ne man-quent pas : sécheresse, maladie, etc.Pourtant, l’Inde fait aujourd’hui partie,avec la Chine et le Brésil, des trois paysqui ont su tirer parti de la mondialisa-tion. Pour sa croissance, l’Inde, comme

Une mondialisation mieux maîtriséeaurait les moyens de réduire significati-vement l’extrême pauvreté au lieud’être un facteur d’accroissement de lapauvreté. C’est là que l’éthique doitintervenir et doit dire que c’est une prio-rité de mieux maîtriser la mondialisa-tion, pour éviter davantage de pauvretédans le monde.La mondialisation actuelle aggrave lapauvreté, elle donne de l’ampleur à l’in-justice, et je dirais que, quelque part, elle

donne l’occasion au péché de s’exprimerde manière beaucoup plus mondiale.Être contre la mondialisation n’a pasbeaucoup de sens, ce serait comme êtrecontre la conversation entre les gens...Ce n’est pas la mondialisation en tantque telle qui est mauvaise pour lespauvres, c’est qu’il faudrait la mener demanière à ce que les pauvres en profi-tent, en surmontant justement les han-dicaps qui sont liés à leur pauvreté.Joseph Stiglitz, prix Nobel d’économie

et ancien vice-président et économisteen chef de la Banque Mondiale, a écritplusieurs ouvrages sur la BanqueMondiale et le FMI et est devenu assezvirulent contre la politique de cesgrands organismes internationaux. Ilrésume ainsi la situation : « Le problèmen’est pas la mondialisation, c’est la façondont elle est gérée. L’Occident a organi-sé sa mise en place de façon à recevoirune part disproportionnée de ses béné-fices ».

3AGRICULTURE

Gestion de la mondialisation

Paysans du monde - paysans du Sud : un travailet un rendement inégal

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beaucoup d’autres pays d’Asie, a comptésur sa main-d’oeuvre bon marché pourimporter des composants, les assembleret les exporter. C’est ainsi que BharatForge est devenu le plus grand fabricantindien de pièces détachées de véhiculeset contrôle 60 % du marché américaindes essieux et 30 % du marché mondial.L’Inde est aussi présente dans le domai-ne de l’automobile, la pharmacie, lessupports informatiques, le ciment,l’acier, l’aluminium, etc., mais les expor-tations indiennes ne représententqu’1 % des exportations mondiales. Ledécollage de l’Inde a été facilité parl’usage de l’anglais répandu dans le payset à son réseau ferroviaire implantédans tout le pays. Le point faible del’Inde, c’est son agriculture et la pauvre-té de ses paysans. Chaque année, lapopulation indienne s’accroît de 20 mil-lions de personnes. L’agriculture tellequ’elle est aujourd’hui, ne suffira pas àcouvrir les besoins. L’État impose destaxes agricoles les plus élevées dumonde pour protéger ses agriculteurs,sans grand résultat.

La Chine, quant à elle, est devenue lasixième puissance économique dumonde avec un seul mot d’ordre : lesexportations. La Chine est un produc-teur mondial gigantesque : 85 % destracteurs, 75 % des horloges et desmontres, 70 % des jouets, 60 % de lapénicilline, 55 % des appareils photos,50 % de la vitamine C, 50 % des ordina-teurs portables, 30 % des climatiseurs et29 % des téléviseurs. Mais les fabricantschinois copient tout sans respecter lesdépôts de brevets existants et lesmarques. Avec les salaires les plus basdu monde et un taux de change favo-rable, le produit chinois s’exporte bien.Le pays n’en compte pas moins 700 mil-lions de ruraux dont les conditions devie sont miséreuses. Beaucoup de cespaysans vivent grâce aux envois d’ar-gent des enfants partis travailler enville. Dans les villes chinoises, les voi-tures remplacent peu à peu les bicy-clettes mais la Chine doit importer sanourriture.

Le troisième pays à avoir décollé est leBrésil. Aujourd’hui, tout comme l’Inde,les exportations du Brésil représentent1 % des échanges mondiaux. Mais,

contrairement à l’Inde et à la Chine, leBrésil a développé son agriculture. Il estle premier producteur et exportateurmondial de sucre, de café, de jus d’oran-ge, premier exportateur mondial detabac, de viande bovine et de poulet, etle deuxième exportateur de soja. LeBrésil est le troisième exportateur mon-dial derrière les États-Unis et l’Unioneuropéenne. Il aura fallu seulementquatre années au pays pour multiplierpar deux ses exportations. L’Union euro-péenne est son premier client devantles États-Unis, mais le Brésil a aussicomme clients la Chine, l’Inde, la Russieet l’Afrique du Sud. L’idée est, à longterme, de créer un bloc commercialavec plusieurs pays, appelé le Marché

commun du Cône Sud « MERCOSUR1 ».Pourtant quelque 15 % des Brésilienssouffrent de la faim. D’après le journalLe Monde – Dossiers et documentsn° 145 de septembre 2005 : « La popula-tion brésilienne est urbaine à 80 % sousl’influence d’un exode rural non maîtri-sé qui grossit chaque jour les bidonvillesoù tout manque, hygiène comme nour-riture ». Le pays est coupé en deux.« Une moitié des 180 millions deBrésiliens se partagent 13 % du PIB,autant que 1 % des plus riches (1,8 mil-lion de personnes). » Comment le Brésilpeut-il être un si grand exportateur deproduits agricoles tout en affamant sapopulation ? La réponse est simple : lesfermes familiales ont disparu du paysa-ge, alors qu’elles fournissaient l’alimen-tation de base à la population, au profitde grosses exploitations qui produisent,elles, la canne à sucre et le soja... desti-nés à l’exportation. Au Brésil, 1 % desplus riches possèdent 45 % des terresexploitées. De nombreux paysans ontété lésés et se sont assemblés pour for-mer le « Mouvement des sans-terre ». Ilsrevendiquent la redistribution des terrespromises par le président Lula. En dixans, les réformes agraires dans le paysont conduit à la fermeture d’un milliond’exploitations et à l’exode rural. Depuisson élection en janvier 2003, le prési-dent Lula a distribué des terres à117 555 familles. Son discours parlait de430 000 parcelles.La situation est particulièrement cri-tique sur le continent noir. En Afriquesubsaharienne, le nombre de pauvres adoublé en vingt ans, passant de 164 à

314 millions alors que l’Afrique était, en1975, deux fois plus riche que l’Asie entermes de revenu moyen par habitant.Le déficit commercial des pays d’Afriquesubsaharienne, inexistant au début desannées 80, est passé de 600 millions dedollars en 1990 à 11,5 milliards en 1996,soit presque vingt fois plus en six ans !Pourtant, ces pays exportent les troisquarts de leur production, mais sur desbases inégales. Ils exportent vers le Norddes matières premières (cacao, café,caoutchouc, pétrole, minerais, coton,sucre, etc.), sans valeur ajoutée etimportent des pays riches des produitsmanufacturés, des technologies à fortevaleur ajoutée mais également descéréales de base. Si leur balance exté-rieure est déficitaire, c’est aussi parceque les prix des matières premières necessent de baisser. Depuis 1980, les ren-trées de devises liées aux exportationsont ainsi perdu la moitié de leur valeurpar rapport aux produits importés. Pourpouvoir équilibrer la balance commer-ciale, les pays doivent exporter encoredavantage. La demande des pays duNord allant croissant, les paysans du Sudse lancent dans les cultures d’exporta-tion au détriment des cultures vivrières.Le commerce des produits alimentairess’est multiplié par 12 entre 1950 et 2000.Cinq entités politiques contrôlent lesexportations : USA, UE, Australie,Argentine et Canada. Ils déterminent lesprix et orientent à la baisse les cours quiviennent des pays pauvres car ils sontleurs seuls clients. Mais à l’avenir, deplus en plus d’échanges se feront du Sudvers d’autres pays du Sud. Selon leschiffres de la Cnuced, 40 % des exporta-tions des pays en développement sontdestinées à d’autres pays en développe-ment et ce commerce Sud-Sud est enconstante augmentation : 11 % par ancontre 4 à 5 % pour l’ensemble du com-merce mondial. En général, lesmeilleures terres sont réservées pour lesproduits d’exportation et les sols peufertiles utilisés pour les cultures de sub-sistance. En principe, ce seront lesfemmes qui travailleront cette parcelle,espérant en tirer de quoi nourrir lafamille. Mais ces femmes ne disposent,faute d’argent, ni des fertilisants, ni desmeilleures semences. Le rendement estfaible. Cette situation ne peut permettreni au pays de se développer, ni d’assurer

4AGRICULTURE

1. MERCOSUR : fondé en 1991 par l’Argentine, le Brésil, l’Uruguay et le Paraguay. La Bolivie et le Chili s’y sont associés en 1996.

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sa sécurité alimentaire. Ici et là, chaqueannée, les médias rapportent des situa-tions de crise alimentaire dans la régiondu Sahel. Il faut retenir que la majoritédes personnes souffrant de la faim nesont pas des consommateurs-acheteursmais des producteurs-vendeurs de pro-duits agricoles. Les subventions accor-dées par les pays riches pour défendreleurs agriculteurs font chuter les prixdes produits agricoles sur le marchémondial.

La Banque Mondiale estime que « l’éli-mination des subventions et des diffé-rentes entraves au commerce augmen-terait de 32 % les échanges agricoles etréduirait de 144 millions le nombre depersonnes qui vivent avec deux eurospar jour en Afrique subsaharienne».Alors que l’impact négatif des subven-tions agricoles des pays riches sur lespays en développement retient l’atten-tion, l’aide alimentaire a rarement étéconsidérée jusqu’à maintenant commeproblématique (sauf lorsqu’elle se pro-longeait au-delà de la période de crise).Aujourd’hui, elle devient un sujet decontroverse à l’OMC parce qu’elle estutilisée par différents États comme unmoyen détourné d’obtenir des subven-tions à l’exportation pour leurs excé-dents agricoles. Depuis toujours, les fonds de l’aide ali-mentaire ont tendance à augmenterdans les périodes de production excé-dentaire et à baisser lorsque la produc-tion est moindre... Or, les pays pauvresont de façon générale plus besoin d’aideen période de faible production et dehausse des prix. Mais, même dans cescas-là, il faut faire très attention à privi-légier les achats dans les pays procheset éviter de déséquilibrer les marchés.L’ONG Oxfam décrit ainsi cette situationperverse : « lorsque le prix des matièrespremières était élevé au milieu desannées 1990, l’aide alimentaire a bénéfi-cié de 4 à 7 % des exportations céréa-lières des États-Unis, mais lorsque lesprix ont chuté, en 1999 et 2000, l’aide ali-mentaire a augmenté à hauteur de 12 à20 %. En 2000 par exemple, les cultiva-teurs de riz guyanais ont connu unecrise, parce que leurs exportations com-merciales vers la Jamaïque ont été sup-plantées par l’aide alimentaire américai-ne, laquelle avait soudainement doublé,

suite à une récolte exceptionnelle auxÉtats-Unis. »Pourtant l’expédition de produits agri-coles vers les pays déficitaires induit descoûts élevés de transport et une aug-mentation des délais d’acheminementpouvant aller jusqu’à 4 à 5 mois. L’OCDE(Organisation de Coopération et deDéveloppement Économiques) estimecette hausse entre 33 et 50 % de plusque le prix d’achat sur place. Cetteexportation des excédents agricolesmodifie également les habitudes ali-mentaires locales et contribue à dévalo-

riser la production locale comme lemanioc, le sorgho ou le mil au profit dumaïs, du riz ou du blé. Or, la culture deces derniers n’est pas adaptée au climatet au sol des pays en développement,alors que depuis déjà plusieurs généra-tions les paysans ont pu cultiver du sor-gho et du mil.Les discussions à l’OMC devraient aussiaborder la question de l’aide alimentairepour qu’elle aille là où elle est vraimentessentielle, c’est-à-dire dans les cas où lanourriture ne se trouve pas dans le paysou dans les pays limitrophes.

5AGRICULTURE

Pistes d’action pour améliorer lasituation des paysans dans les pays endéveloppement :• La suppression des subventions agricoles à l’exportation, au moins pour

celles qui concurrencent injustement le travail de millions de paysanspauvres.

• La revalorisation des prix des matières premières et des produits agricolesen général.

• Un meilleur accès aux marchés des pays du Nord.

• La réduction de la dette des pays pauvres qui les oblige à rechercher desdevises, et donc notamment à utiliser les meilleures terres pour y cultiverdes produits pour l’exportation au détriment des cultures vivrières.

• Le commerce équitable qui assure un revenu plus élevé aux producteurs, unéventuel préfinancement, un engagement dans la durée.

• L’encouragement à une production agricole plus respectueuse de la naturecomme l’agriculture bio ou raisonnée au lieu d’une agriculture productivis-te dont on connaît les effets néfastes sur l’environnement et qui rend lespetits producteurs dépendants des dix plus grandes firmes agroalimen-taires.

• Le développement de l’agriculture locale par des techniques agricoles adap-tées localement, et l’investissement dans des outils servant à améliorer laproductivité. Si la situation des paysans s’améliore, l’exode rural pourra êtrefreiné.

• L’achat local de céréales dans le cas de pénurie alimentaire si la nourriturese trouve dans le pays en quantité suffisante pour pourvoir aux besoins despopulations.

• Le soutien financier à divers projets locaux de développement liés à l’agri-culture.

• Dans la mesure du possible, orienter sa consommation vers les produitséquitables, éthiques ou solidaires.

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La question n’est pas d’être pour ou contre lamondialisation, mais d’intervenir pour qu’ellese construise selon des principes bibliques dejustice et de compassion. En paraphrasant Jésusqui parlait du sabbat, on pourrait dire que cen’est pas l’homme qui est fait pour la mon-dialisation, mais que la mondialisation doit êtrefaite pour l’homme.

Déclaration du réseau Michée (extrait) : « Nousreconnaissons l’importance du marché pourune économie saine, mais nous rejetons la ten-dance qui donnerait au marché un statut

suprême, donnant aux biens de consomma-tion le pouvoir de définir notre identité, etabandonnant le sort des pauvres aux seulesforces du marché. Nous nommons cela de l’ido-lâtrie. Bien que la mondialisation contribue àla création de sociétés plus ouvertes, l’effet finalest une exclusion massive des pauvres. Peut-être la tâche sociale la plus urgente de l’Eglisepour notre génération est-elle de proposer unealternative attirante aux déséquilibres injustesde notre ordre économique mondial, et auxvaleurs de sa culture de consommation ».

6AGRICULTURE

1 MERCOSUR : Fondé en 1991 par l’Argentine, le Brésil, l’Uruguay et le Paraguay. La Bolivie, le Chili et le Pérou y sont associés. En Décembre2005, le Venezuela devrait rejoindre le bloc et l’adhésion du Mexique est en examen.2 OCDE : Organisation de Coopération et de Développement Economiques

Michée 6.8 :

« On t’a fait connaître, ô homme,

ce que l’Eternel demande de toi :

c’est que tu pratiques la justice,

que tu aimes la miséricorde,

que tu marches humblement

avec ton Dieu »

Conclusion

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Définition

Un Organisme Génétiquement Modifié est unorganisme vivant (végétal ou animal, micro-orga-nisme...) dont le patrimoine génétique a ététransformé par l’introduction d’une petiteconstruction génétique issue d’autres orga-nismes vivants. La technique implique d’isolerdes gènes et de les transférer d’une espèce àune autre (c’est pourquoi on parle de transgé-nèse ou d’organismes transgéniques). Ainsi, lesorganismes vivants créés combinent des carac-tères nouveaux qui n’auraient pu exister natu-rellement.

La création d’OGM nécessite donc d’interve-nir directement sur la molécule ADN, ce qui a

été rendu possible par les progrès récents dela biologie moléculaire.

Cela permet le franchissement de la barrièresexuelle entre espèces : il s’agit donc d’une rup-ture scientifique, car, jusqu’à ce jour, la sélec-tion conventionnelle consistait à utiliser la varia-bilité des êtres vivants à l’intérieur d’unemême espèce ou le croisement d’espècesapparentées.

L’histoire des OGM est très récente :le 1er OGM a été mis au point en1983 (tabac), et le 1er produit com-mercialisé est une tomate à mûris-sement ralenti en 1994.

OGM : éléments deréflexion

1AGRICULTURE

Hélène Farelly, enseignante en économie et gestion

PRINCIPAUX AVANTAGES MIS EN AVANT

PRINCIPAUX INCONVÉNIENTS MIS EN AVANT

Une meilleure efficacité agricole : amélioration possibledes rendements à l’hectare (grâce à la résistance desplantes par exemple) et de la productivité du travail (parexemple, l’agriculteur peut passer moins de temps sur saparcelle pour la traiter). En conséquence, les coûts deproduction baissent.

Contre-arguments : les rendements augmentent trèspeu et l’amélioration de la productivité bénéficie sur-tout aux grandes exploitations des pays développés.

Eco

no

miq

ues

L’achat de semences transgéniques coûte cher, un surcoûtqui n’est pas forcément toujours compensé par les éco-nomies d’intrants.

Les agriculteurs pourraient être « pris en otage » car sou-mis à l’achat annuel de semences OGM (dont la reproduc-tion est interdite ou impossible) : problème de sécuritéalimentaire des populations rurales.

Le commerce des OGM (réservé à un petit nombre d’en-treprises qui en possèdent les brevets) peut être vu commeune privatisation du vivant, qui peut être considérécomme relevant du secteur non-marchand car apparte-nant à l’humanité dans son ensemble.

Contre-arguments: la méthode en est à ses débuts, les pro-grès et la baisse des coûts seront croissants à l’avenir.

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2AGRICULTURE

PRINCIPAUX AVANTAGES MIS EN AVANT

PRINCIPAUX INCONVÉNIENTS MIS EN AVANT

Les OGM peuvent permettre de limiter les différentstraitements (herbicides, insecticides), ce qui est favo-rable à la protection écologique des sols.

Contre-arguments : les OGM résistants à certains trai-tements conduisent à amplifier l’utilisation de ceux-ci.Les herbicides sont par exemple toujours autant utili-sés mais leur nature change. Or, ce sont souvent lesmêmes entreprises qui vendent les semences OGM etles traitements correspondants, elles peuvent doncavoir intérêt à favoriser la production d’OGM nécessi-tant des produits qu’elles fabriquent également.

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PRINCIPAUX AVANTAGES MIS EN AVANT

PRINCIPAUX INCONVÉNIENTS MIS EN AVANT

Les OGM peuvent permettre de limiter les différentstraitements (herbicides, insecticides...), ce qui est favo-rable à la protection de la santé humaine.

L’introduction de nouvelles propriétés dans les alimentspeut être favorable à la nutrition (exemple : le riz trans-génique enrichi en vitamine A – riz doré – a la particu-larité de limiter les risques de cécité des enfants malnu-tris).

La recherche apporte de nouvelles perspectives enmatière de production de médicaments : étude despathologies humaines à partir d’animaux génétique-ment modifiés, création par transgénèse de médica-ments très ciblés sur un sous-groupe de maladie, ce quifacilite le contrôle des effets toxiques.

La transgénèse ouvre la voie à la réduction, voire à l’éli-mination, de la présence de certains composantstoxiques naturels dans les aliments, tels que le cyanuredans le manioc.

Contre-arguments : selon Greenpeace, il faudraitconsommer 9 kg par jour de riz doré pour obtenir saration nécessaire de vitamine A.

Aucune absence de risque pour la santé humaine n’estscientifiquement prouvée.

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Certaines plantes OGM (maïs Bt) présenteraient une résis-tance aux antibiotiques, éventuellement transmissible àl’homme.

Certaines plantes OGM (maïs Starlink) auraient deseffets allergènes.

La nouveauté des techniques impliquerait de rester pru-dent et de tester les effets sur une longue durée.

Contre-argument : aucun risque pour la santé humainen’est scientifiquement prouvé.

L’adaptation des parasites aux traitements exige une recru-descence de l’utilisation de (nouveaux) produits.Risques pour la biodiversité : les OGM peuvent provo-quer la disparition de certains insectes ou plants et désé-quilibrer la chaîne animale, et la diffusion de modèlesuniques (de maïs transgénique par exemple) est à termeun renoncement de la biodiversité.

Les cultures proches des OGM peuvent être contaminéespar leur pollen (par dissémination).Les séquences génétiques insérées dans les plantespeuvent se « réarranger » de façon imprévisible et dif-ficilement maîtrisable.

Les résultats des tests confinés en laboratoire et en champsexpérimentaux ne peuvent être raisonnablement extra-polés à la diversité des milieux et des conditions danslesquels sera cultivée et transformée la variété transgé-nique commercialisable.

Contre-arguments : on peut limiter les risques de conta-mination en décalant les périodes de floraison des par-celles voisines (de 2 ou 3 semaines).Ce sont surtout les 10 premiers mètres des cultures voi-sines qui peuvent être touchés par une contaminationà plus de 1 %, seuil qui exige d’étiqueter sur la présenced’OGM.

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Intérêt de la technique

Les OGM présentent de nouvelles propriétés héré-ditaires qu’on ne trouve pas à l’état naturel : parexemple, la majorité des plantes génétiquementmodifiées disposent de nouvelles caractéristiquesgénétiques comme la production de leur propreinsecticide, une meilleure tolérance aux herbi-cides... En agriculture, cela permet donc d’amélio-rer les techniques culturales, grâce à de meilleursrendements et par exemple une résistance accrueaux prédateurs. Aujourd’hui, les OGM resistants auxherbicides (soja, colza) représentent 63 % des hec-tares d’OGM cultivés dans le monde. La techniqueest aussi utilisée pour le maïs, la banane, la chico-rée, le coton, etc.

Avantages et inconvénients des OGM

L’intérêt et les risques des OGM soulèvent aujour-d’hui dans le monde un large débat, si bien que deux« camps » s’opposent : les « pro-OGM » et les« anti-OGM ». Il est donc intéressant de lister les avan-tages et les inconvénients de cette techniquerécente, avant d’en délimiter les enjeux pour l’ave-nir de l’humanité et de la planète.

Les intérêts liés aux OGM

Les OGM comme solution à la faimdans le monde : présentation despistes de réflexionSelon la FAO1, 923 millions de personnes souffrentactuellement de la faim. Pour se faire une idée surce que peuvent apporter les OGM à ces populationsen très grande difficulté (beaucoup périssent), il estintéressant de comparer les arguments des pro-OGMet des anti-OGM.

Arguments favorables à l’utilisationdes OGM pour combattre la faimdans le mondePlus de 70 % des pauvres (vivant avec moins de 1 $par jour) des pays en développement vivent dansdes zones rurales. De plus, selon la FAO, pour com-penser l’augmentation démographique mondiale àvenir, la production mondiale de nourriture devracroître de 2,3 % par an. Un accroissement de la pro-duction agricole dans ces zones rurales (grâce à des

cultures OGM économes en intrants, en temps detravail et plus productives) pourrait permettre :• d’améliorer la satisfaction des besoins alimentaires

locaux,• de faciliter l’insertion des producteurs sur le mar-

ché mondial grâce à une meilleure compétitivitéde leur production (dans le domaine du coton parexemple) : la richesse ainsi créée serait redistri-buée dans le cercle familial et villageois, aubénéfice d’un grand nombre,

• de maîtriser certaines maladies et parasites fou-droyants qui mettent en péril les récoltes (patatesdouces ou manioc en Afrique par exemple).

Ainsi, le Programme des Nations Unies pour leDéveloppement considère aujourd’hui les culturesOGM comme le meilleur outil de développementdes agricultures défavorisées. C’est l’humanitétoute entière qui tirerait profit de cette formidableavancée de la science.

Arguments qui remettent en causel’utilisation des OGM pour résoudrele problème de la faim dans lemonde

La question de la pauvreté et de la faim n’est pasliée à une insuffisance de production mais à sa répar-tition : c’est la position défendue notamment parle prix Nobel d’économie Amartya Sen. « La faimn’est pas le résultat d’un manque de ressources ali-mentaires mais d’une mauvaise organisation oud’une absence de contrôle politique sur les res-sources ». Par exemple, l’Inde disposait en 2003 de40 millions de tonnes de surplus agricole, alors qu’unepartie de sa population souffre de la faim ou de mal-nutrition.

La question de la faim doit être analysée au regardde la structure de la production dans les pays duSud, et en particulier de la place occupée par lescultures d’exportation. Il existe en effet de fortesinégalités au sein d’un même pays dans les modesde production agricole et dans l’accès à la nourri-ture. Ainsi, au Brésil, les firmes multinationales pos-sèdent plus de terres que l’ensemble des agricul-teurs brésiliens. Ces terres sont surtout utilisées pourdes cultures destinées à l’exportation. Le Brésil estle quatrième exportateur mondial de produitsagricoles, mais 7 % des enfants souffrent de dénu-trition et presque 40 % de la population totale vitdans l’insécurité alimentaire (incertitude sur la capa-cité à se nourrir le lendemain). Le FMI2 conseille auxpays du Sud fortement endettés de s’insérer sur lemarché mondial des produits agro-alimentaires plu-tôt que de développer les cultures vivrières.Parallèlement, les productions orientées vers la satis-

3AGRICULTURE

1. FAO : FoodAdministrationOrganization -chiffres 2008

2. FMI : FondsMonétaireInternational

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faction des besoins alimentaires locaux souffrentde la concurrence accrue (et fortement contestéecomme étant déloyale) des productions des paysriches qui subventionnent leurs exportations.L’introduction sur une grande échelle d’OGM dansles pays souffrant de la faim pourrait donc avoir poureffet de réorienter les agricultures locales vers descultures d’exportation (en effet, le soja, le maïs etle colza qui représentent la grosse majorité des OGMproduits dans le monde sont des cultures d’expor-tation). D’autre part, ces cultures d’exportationpourraient impliquer une profonde modification desstructures agricoles vers une mécanisation et uneintensification de la production, avec la même évo-lution que celle vécue dans les pays riches : aug-mentation de la taille des parcelles et des exploi-tations pour s’adapter aux exigences d’une agricultureindustrialisée, diminution du nombre d’actifs agri-coles (et donc du nombre d’emplois), dégradationde l’écosystème, due aux pratiques agricoles pro-ductivistes.

• Les OGM sont mal adaptés aux besoins des agri-culteurs des pays du Sud qui ont peu de capaci-tés d’investissement. Or, il faut acquérir lessemences et les intrants correspondants auxtypes de variétés OGM cultivées.

• Les OGM pourraient rendre les producteurs trèsdépendants des semenciers internationaux, parle phénomène des brevets. En effet, les entreprisesmultinationales sont propriétaires des semencesvendues, qui ne peuvent être reproduites (ellesdoivent donc être rachetées chaque année, ainsique les traitements correspondants).

• Les variétés transgéniques ne sont pas adaptéesaux pays du Sud, dont les cultures paysannes repré-sentent une forte diversité, sur de très petites par-celles. Or, les OGM tendent à limiter les variétésau profit de variétés uniques aux caractéris-tiques très ciblées. Il existe donc un risque de pertede diversité au détriment de la sécurité alimen-taire de ces pays. D’autre part, les risques de conta-mination des cultures voisines sont amplifiés dansces pays du fait de la petite taille des parcelles.

• Il existe d’autres pistes pour résoudre le problèmede la faim : en particulier miser sur le maintiend’une agriculture paysanne, vivrière, orientéevers les besoins locaux, riche en main-d’oeuvrelocale et permettant la souveraineté alimentairedes pays concernés.

• Pour aboutir à une synthèse entre ces deuxapproches, il semble pertinent de placer laréflexion sur le terrain de l’analyse économique,car c’est à ce niveau que l’opposition prend sasource.

Analyse économiqueautour des OGM

Le problème de la faim dans le monde est dépen-dant du niveau de production agricole, des typesde productions, et de la répartition des revenus géné-rés par l’activité. Ce débat est donc lié à des ques-tions de politique économique.

OGM et niveau de productionEn accroissant les rendements, les OGM apportentune perspective intéressante en terme de quanti-tés produites. Mais de nombreux analystes s’accor-dent à dire que les quantités ne sont pas un élé-ment déterminant car la production mondialeactuelle devrait suffire à satisfaire les besoins detous. L’aide alimentaire du Nord vers le Sud grâceà une amélioration des rendements au Nord est unepiste, mais uniquement dans des cas extrêmes, pourcertaines situations d’urgence. Si elle devient struc-turelle, elle ne peut en aucun cas suffire à nourrirla planète car elle mettrait en péril les producteursdu Sud (avec augmentation de la pauvreté etdéplacement des populations vers les centresurbains). C’est donc plutôt une augmentation desquantités produites dans les pays en développementqui est nécessaire.

OGM et structure de la productionDeux types de production agricole sont possibles :la production peut s’orienter vers des culturesvivrières propres à satisfaire des besoins locaux, ous’orienter vers des cultures destinées à l’exporta-tion. La cohabitation des deux types de productionest bien sûr possible, et actuellement, elle estd’ailleurs une réalité. Quoi qu’il en soit, les écono-mies de la quasi-totalité des pays s’inscrivent dansun contexte mondialisé où le jeu de la concurrenceinfluence considérablement les résultats. En effet,en économie ouverte, les productions vivrièrescomme les cultures d’exportation sont concurren-cées par les productions des autres pays.

Les OGM peuvent contribuer à rendre plus compé-titives les agricultures des pays actuellement les plusen difficulté et faciliter leur insertion dans l’éco-nomie mondiale.• Mais une première réserve peut ici être introduite :

cette perspective doit être rattachée à l’organi-sation du commerce mondial et en particulier auxrègles qui le régissent. En simplifiant, on peut consi-dérer en premier lieu que les besoins (notammentalimentaires) de tous les habitants de la planètepourraient être satisfaits par le libre jeu de laconcurrence. En s’insérant dans le commerce mon-dial, les agricultures du Sud deviendront compé-

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titives et permettront de nourrir toute la popu-lation grâce à une meilleure répartition desrichesses. A contrario, on peut considérer que lalibéralisation des économies et la suppression desfreins au commerce est le plus sûr moyen de tuerles agricultures les plus en difficulté et les moinsproductives, d’autant plus que les pays où la pro-duction agricole est la plus moderne (Amériquedu Nord, Europe) sont également les pays qui pro-tègent le plus leur agriculture de la concurrenceextérieure (par la PAC en Europe par exemple)ou qui octroient des subventions à l’exportation.En ce sens, les OGM peuvent être considéréscomme un moyen supplémentaire de favoriserles agricultures européennes et américaines touten condamnant à terme les agricultures paysannesdes pays les moins développés, qui n’ont pas lesmoyens de protéger par des subventions leurs pro-ducteurs de la tendance à la baisse des cours mon-diaux. Les économies induites par les OGMseront en effet encore très longtemps moins inté-ressantes pour les pays du Sud que pour les paysdu Nord, du fait de la petite taille des exploita-tions dans le Sud. Et si un jour les OGM rendentpossibles des productions tropicales en zone declimat tempéré, les avantages comparatifs du Sudseront en plus remis en question.

En fait, généraliser les OGM dans les pays enretard de développement (et souffrant de sous-nutri-tion ou de malnutrition) pour les rendre plus com-pétitifs, revient à miser sur l’insertion de ces agri-cultures dans le commerce mondial. Or, la luttesemble actuellement inégale, tant les agriculturesdes pays riches sont protégées par le mécanismedes subventions.• La seconde réserve est liée à la prise en compte

des logiques individuelles dans le développementd’un système agricole où les OGM tiennent uneplace importante : en effet, miser sur les OGMpour nourrir l’ensemble de la population peut reve-nir à croire que le bien-être de l’humanité reposesur quelques firmes agro-alimentaires. Celles-cisont cinq à posséder la quasi-totalité des brevetset des organismes de recherche en biotechnolo-gies, et ce sont elles qui détiennent le plus d’in-térêts financiers dans le développement desOGM.

Comment ces logiques individuelles vont-elles per-mettre d’atteindre des besoins collectifs ?

Le système économique mondial actuel repose engrande partie sur l’idée que les intérêts individuelss’agrègent harmonieusement pour conduire à l’in-térêt collectif. Ainsi, il faut faire confiance aux acteursen concurrence pour susciter une dynamique éco-nomique, la croissance et l’emploi. C’est sur ce pos-

tulat que les organismes de gouvernance mondiale(FMI, Banque Mondiale, G8...) fondent leurs déci-sions et conduisent les États vers une déréglemen-tation au nom des bienfaits de la concurrence.Plusieurs économistes s’élèvent depuis plusieursannées pour remettre en cause ce mouvement(nommé « Consensus de Washington ») ou pour enproposer une version allégée.

La science économique tend à montrer que lalogique des entreprises privées (recherche du pro-fit pour pérenniser leur activité) est compatible avecle bien-être de l’humanité, et en particulier avecla possibilité pour chacun d’avoir des conditions devie décente, à condition que des mécanismes derépartition d’une partie des richesses produitessoient également appliqués. Mais l’observationactuelle des tendances montre que la plupart despays pauvres, notamment en Afrique, s’enfoncentdans un cercle vicieux de la pauvreté (cette réalitéest à nuancer, car de multiples facteurs politiques,économiques et sociaux entrent en jeu), et que lafraction la plus riche de la population mondiale s’en-richit encore. D’autre part, les opposants aux OGMrappellent que les entreprises productrices de cesorganismes appartiennent souvent aux mêmesgroupes que celles qui détiennent des brevets surles médicaments (notamment les thérapies delutte contre le sida), dont le coût ne permet pas auxpopulations pauvres de se soigner. Sans contesterle fait que la recherche du profit est favorable à ladynamique économique et donc à une création derichesse favorable à tous, il ne faut pas perdre devue que la vocation des entreprises commerciali-sant les OGM n’est en aucun cas de favoriser l’ac-cès à la nourriture des populations les plus pauvres.Elles mettent en avant cette possibilité, mais celapeut être perçu comme un argument de commu-nication justifiant leur action.

Le résultat de la généralisation des OGM pour sti-muler la production agricole pourrait être la satis-faction des besoins alimentaires d’un plus grandnombre, mais rien n’est moins sûr. En effet, les méca-nismes de la pauvreté montrent que d’autres fac-teurs sont en jeu. C’est la raison pour laquelle laconfiance en des acteurs privés ne suffit pas : il fautune prise de conscience publique internationale afinde limiter tous les inconvénients listés ci-dessusconcernant l’utilisation d’OGM pour lutter contrela faim. Les avantages des OGM en termes de com-pétitivité ne seront donc atteints que si d’autresconditions sont remplies : règles du jeu du commerceinternational réaménagées et introduction degarde-fous pour éviter l’abus de pouvoir des acteursprivés commercialisant les OGM. Force est deconstater que la tendance s’oriente plus vers unelibéralisation accrue (avec volonté de lever les bar-

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rières douanières par exemple) que vers un enca-drement renforcé et protecteur des plus faibles.OGM et répartition des revenus issus de l’agricul-ture

A priori, les deux aspects ne sont pas liés directe-ment entre eux. En économie de subsistance, lesrevenus issus de la production sont répartis immé-diatement entre ceux qui travaillent la terre et leursproches. Des techniques OGM maîtrisées pourraientcontribuer à une sécurisation des récoltes et desrevenus. Mais la technologie OGM semble pour l’ins-tant peu adaptée à ce type de production vivrière,car elle exige des investissements (semences, trai-tements, mécanisation...), qui ne sont pas à la por-tée de ce type d’agriculteurs pour l’instant. D’autrepart, la recherche sur les OGM s’oriente plutôt actuel-lement vers des cultures plus rentables, destinéesà une commercialisation sur une grande échelle(soja, colza, maïs). Les revenus issus de ces culturessont très aléatoires, car soumis aux cours mondiauxet concurrencés par les producteurs subventionnésde certains pays. En conséquence, il apparaît queles OGM pourraient peut-être avoir un effet posi-tif sur l’éradication de la faim, mais sous plusieursconditions :• En favorisant dans un premier temps les produc-

tions de subsistance, afin de privilégier la souve-raineté alimentaire des pays concernés par la faim.

• En s’accompagnant de règles économiques qui nesoient pas défavorables aux productions despays en difficulté économique (n’ayant pas lesmoyens de se protéger).

• En limitant le pouvoir des acteurs individuels (enparticulier les entreprises qui possèdent les bre-vets) afin de limiter la dépendance des produc-teurs par rapport à ces entreprises.

• En s’accompagnant de précautions relatives à larépartition des richesses générées par l’utilisationd’OGM (par exemple en s’assurant que l’utilisa-tion d’OGM ne soit pas le corollaire d’un trop vastemouvement de concentration des petites exploi-tations du Sud).

Conclusion

L’approche de chacun influencera ses conclusions :soit la confiance en l’impact positif des logiques indi-viduelles et de l’économie de marché sans régula-tion, soit la proposition de mécanismes correcteurspour protéger les acteurs les plus fragiles du mar-ché que sont les paysans du Sud.

Néanmoins, la solution OGM pour résoudre laquestion de la faim doit être envisagée avec beau-coup de prudence. En effet, les OGM présentent desatouts en terme de volumes produits, alors que levrai problème est ailleurs. Le cadre économique danslequel s’inscrivent les agricultures des pays concer-nés par la faim entre en ligne de compte, car la qua-lité de la répartition des richesses est plus impor-tante que leur quantité.

C’est pourquoi, il paraît indispensable de situer aussile débat sur un autre plan, plus philosophique,éthique, voire moral ou théologique.

Sources :

Sites Internet :www.infogm.orgwww.crii-gen.orgwww.monsanto.frwww.ogm.gouv.fr (site Internet interministériel)www.ogm.orgwww.cpdh.infowww.afssa.fr

Revues :Le Monde (articles parus entre 2001 et 2005)POUR, revue du groupe de recherche pour l’éducation et la pros-pective, dossier « Sciences et agriculture, accords et désaccords »,n°178, p.146-151Revues protestantes : Le Christianisme aujourd’hui, Servir en l’at-tendant, Construire Ensemble, Nuance, IDEA

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Ces questions éthiques peuvent s’articuler autourde deux dimensions : par rapport à l’environnementet par rapport à la justice sociale.

L’environnement : questionséthiques liées à la manipulation duvivant

La plupart des chercheurs considèrent la transgé-nèse comme une étape supplémentaire de l’avan-cée scientifique, au même titre que les progrès ensélection des variétés réalisés depuis des millénairespar l’humanité. Il n’y a donc peu de remise en causedu principe même de la technologie. C’est la posi-tion adoptée par exemple par le généticien PhilippeVernet. Mais pour d’autres, les manipulations géné-tiques peuvent être considérées comme enfreignantles lois de la nature (on va peut-être vers une dis-parition de la notion même d’espèce). Jean-MariePelt5 défend une position assez proche : le déve-loppement des plantes transgéniques s’intègredans un mouvement d’instrumentalisation géné-ralisée de la nature par l’homme, qui cherche à ladominer par une artificialisation croissante desmilieux naturels. Beaucoup d’ONG demandentque ce mouvement ne s’opère pas sans une largeréflexion philosophique et éthique. Les associationsécologiques et environnementalistes se fondent sou-vent sur la nécessité de préserver la nature des dan-gers que lui fait courir l’homme.

La justice sociale : questionséthiques liées au respect de l’êtrehumain

Concernant les consommateurs que nous sommestous, beaucoup considèrent qu’il n’est pas accep-table de contraindre des individus à consommer desaliments contre leur gré, avec des risques exactsméconnus. Or les OGM se répandent petit à petitdans les produits agro-alimentaires, avec une infor-mation insuffisante.La recherche scientifique doit-elle se poursuivre sielle n’est pas socialement acceptée ? Il y a aussiune question de démocratie dans ces débats, carla population rejette majoritairement les OGM (maisla majorité a-t-elle toujours raison et, même si ellea tort, son avis ne devrait-il pas primer en démo-cratie ?).

Enfin, cette question de la justice sociale concerneégalement les producteurs qui pourraient êtreenfermés dans un schéma de production « géné-tiquement modifiée », car liés contractuellementou économiquement aux fournisseurs d’OGM et d’in-trants pour leurs cultures, et aux intermédiaires pourla vente de leurs récoltes. Il s’agit d’une lutteinégale, celle du pot de terre contre le pot de fer.Les OGM pourraient bien être une « illusion éco-nomique » destinée à favoriser ceux qui les déve-loppent.

Ces deux dimensions font débat actuellementdans la société, beaucoup d’associations, de mou-vements politiques, syndicaux et plus largement lemouvement social alter-mondialiste s’y investissent. Il est intéressant de se pencher sur la façon dontles chrétiens – et plus particulièrement les évan-géliques – s’impliquent dans ce débat.

Quelques points de vue de chrétiens

Dans le monde protestant et évangélique, la pré-occupation des OGM ne prend pas beaucoup deplace et peu de personnes l’ont traitée sous un anglethéologique. En effet, les chrétiens (en particulierles évangéliques) manifestent souvent une certaineprudence par rapport aux questions écologiques,parfois perçues comme « ésotériques », « pan-théistes », reliées au Nouvel Age, et privilégiant lacréature au détriment du Créateur.Il y a trente ans déjà, Jacques Ellul alertait les chré-tiens : « dans la mesure où les églises n’ont rien ditet rien fait depuis un siècle dans ce domaine (éco-logique), cela signifiait pour le monde qu’il n’y avaitaucune limite. Cela veut dire que les chrétiens ontune fois de plus manqué l’occasion de leur sainteté.Cela veut dire qu’ils sont responsables eux et euxseuls du désastre dans lequel nous commençonsà vivre. »Selon Daniel Rivaud6, les chrétiens devraient s’in-téresser plus aux questions d’éthique et de société,et entamer une réflexion pour y voir plus clair surles OGM.

7AGRICULTURE

Les questions éthiques autour des OGM qui font actuellement débat dans la société

ENJEUX ÉTHIQUES ET THÉOLOGIQUES

5 Jean-Marie Pelt : Professeur émérite de l’Université de Metz, fondateurde l’Institut Européen d’Ecologie6 Daniel Rivaud : pasteur, association Sentinelle, membre du CPDH (ComitéProtestant évangélique pour la Dignité Humaine)

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Mais il est tout de même possible de rapporterquelques points de vue de plusieurs penseurs,pasteurs, professeurs qui ont abordé dans leurs écritsla question des OGM ou plus largement des biotech-nologies.

• Au niveau international7, on constate que les chré-tiens dans le monde (en particulier occidental), n’ontpas les mêmes opinions vis-à-vis des OGM enagriculture. Certains semblent penser qu’ils peuventêtre bénéfiques, comme un groupe canadien d’agri-culteurs chrétiens (CFFO : Christian FarmersFederation of Ontario), selon qui l’utilisation des bio-technologies permet d’explorer des nouveauxmoyens pour améliorer leur « stewardship forGod’s Creation », c’est-à-dire leur mission au servicede la Création de Dieu. Quoi qu’il en soit, le CFFOreste prudent quant aux conditions d’utilisation desOGM, notamment vis-à-vis de leur commercialisa-tion. D’autres, au contraire, s’y opposent fermement,telle l’Eglise Protestante Allemande EKD, qui a lancéen 2003 une campagne contre la culture des OGMsur les territoires de l’église, pour la raison princi-pale que les risques environnementaux sont malconnus.

• En France, peu de prises de position ont été réper-toriées.

En 2002, le rapport d’un groupe de travail sur la bioé-thique et les biotechnologies de la commission «église et société » (Conférence des EglisesEuropéennes) propose une « théologie de la créa-tion qui cherche l’équilibre entre une interventionhumaine admissible et la nécessaire limitation impo-sée par le souci de l’être humain et des autresaspects de l’ordre créé par Dieu. Il n’y a pas decondamnation de principe sur la modificationgénétique, mais un regard critique à porter dessus».La Fédération Protestante de France s’est position-née (en 1999) de la façon suivante : « nous rappe-lons que l’être humain a été fait par Dieu, non paspropriétaire, mais dépositaire et gestionnaire de lacréation. C’est pourquoi nous nous inquiétons decertaines recherches et manipulations dans ledomaine agroalimentaire effectuées par de grandesentreprises multinationales. Il s’agit en particulierdu développement des semences « TPS » nommées« Terminator » par les médias. Ces semences ontpour particularité de voir leur capacité de germi-nation bloquée peu avant la récolte. La conséquenceest l’impossibilité de prélever une partie desgraines récoltées pour des semailles ultérieures. Lespays pauvres risqueraient fort de ne plus avoir lesmoyens d’acheter des semences, sinon au prixfort. Les risques de famine à l’échelle planétaire s’entrouveraient considérablement accrus. Nous esti-

mons devoir alerter l’opinion et dire notre préoc-cupation face à de telles dérives, contraires à touteéthique chrétienne. Il n’est pas acceptable, eneffet, que des intérêts purement économiquesfassent courir des risques aussi graves, menaçantla survie de populations entières, notamment dansles pays les plus pauvres, voire celle de toute l’hu-manité. Il n’est pas permis de jouer aussi cynique-ment avec la nature et la vie de nos frères et sœurs.Ni la justice ni l’amour voulus par Jésus-Christ n’ytrouvent leur compte. C’est pourquoi nous appelonsà la plus grande vigilance face à toute dérivescientifique risquant de mettre en péril ce que Dieunous confie ».

Ces prises de position « officielles » prennentdonc en compte la place de l’homme dans la créa-tion et le souci de la préservation de la dignité del’être humain. En tant que gestionnaire de la créa-tion, celui-ci doit mesurer son intervention sur lanature créée par Dieu et préserver le sort de sessemblables, dans un souci de justice et d’équité. Iln’y a donc pas de condamnation absolue desOGM, mais la manifestation d’une certaine prudencevis-à-vis de ces derniers.

Pistes de réflexion théologique

Il est délicat de forger son opinion sur les OGM auregard de ce que nous dit la Bible, car il n’en est évi-demment pas fait clairement et directement allu-sion. Mais plusieurs ont fait part de leurs réflexionsfondées sur la Bible, en rédigeant des ouvrages oudes articles pour des revues chrétiennes(L’Avènement, Nuance, Construire Ensemble, Serviren L’attendant, IDEA…). Les réflexions bibliques ci-dessous s’inspirent de ces auteurs d’articles ououvrages :

Michel Johner (professeur d’éthique à la Facultéde Théologie d’Aix)Thierry Hernando (dans L’Avènement)Steve Tanner (dans L’Avènement)Pierre Berthoud (professeur à la Faculté deThéologie d’Aix)Corinne Fines (pasteur)Charles Nicolas (pasteur)Norma Schenkel (biologiste)Samuel Debrot (vétérinaire)Walter Wahli (professeur de biologie à Lausanne)Lydia Jaeger (physicienne, professeur à l’InstitutBiblique de Nogent)Jean-Pierre Bory (pasteur)Francis Schaeffer (écrivain, « la pollution et lamort de l’homme »)

8AGRICULTURE

7 Recherches réalisées par Sophie Tron (A Rocha)

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Remarque importante : ces analyses sont despistes de réflexion et de discussion et ne pré-sentent pas de caractère absolu et définitif.

L’environnement : passagesbibliques

La question des OGM (non traitée directement dansla Bible) peut être reliée à celle de l’environnement.Il est donc intéressant de se pencher sur les pas-sages bibliques qui peuvent nous aider à nous for-ger une opinion sur ce sujet.

Romains 1 – 20 : « depuis la création du monde, lesperfections invisibles de Dieu, sa puissance éternelleet sa divinité se voient dans ses œuvres quand ony réfléchit. »Psaume 19 – 2 : « les cieux racontent la gloire deDieu et l’étendue manifeste l’œuvre de ses mains».Psaume 119 – 91 : « selon tes ordres, tout subsisteaujourd’hui, et tout dans l’univers se tient à ton ser-vice ».➔analyse possible : la création nous parle de qui

est Dieu, elle rend gloire au Créateur. La détruireou la bouleverser reviendrait donc à supprimerun des moyens par lequel Dieu se révèle à l’hu-manité.

Romains 8 – 19 à 22 : « aussi la création attend-elleavec un ardent désir la révélation des fils de Dieu.Car la création a été soumise à la vanité - non deson gré mais à cause de celui qui l’y a soumise - avecl’espérance qu’elle aussi sera affranchie de la ser-vitude de la corruption, pour avoir part à la libertéde la gloire des enfants de Dieu ».➔Analyse possible : la création tout entière fait

partie du plan du salut de Dieu. Si Dieu désirela restaurer, rien ne justifie donc de la mettre enpéril et de la considérer comme juste bonne àsatisfaire les besoins de l’être humain.

Genèse 2 – 15 : « Dieu prit l’homme et l’établit dansle jardin d’Eden pour le cultiver et le garder. »➔Analyse possible : l’homme a un double man-

dat : exploiter la terre en la protégeant. Cultiverimplique une transformation, mais jusqu’où ? Lacréation a un ordre voulu par Dieu, et elle a unevaleur car elle est l’œuvre de sa volonté créatrice.D’après F. Schaeffer, la religion conditionne lavision qu’a une société de la nature, et le chris-tianisme est souvent considéré comme étant àl’origine de la crise écologique actuelle parce qu’ila justifié et souvent encouragé la domination de

la nature par l’homme. Depuis la chute, l’hommefait mauvais usage de sa place privilégiée au seinde la création (en tant que créé à l’image de Dieu),car il se place lui-même au centre de l’univers. Or,si l’homme est chargé de dominer la nature, rienne l’invite dans la Genèse à en devenir le souve-rain. Après le déluge, Dieu a d’ailleurs établi unealliance avec tous les êtres vivants, avec une placeprivilégiée pour l’être humain. Une bonne gestionde la création implique donc une certaine respon-sabilité de l’intendant : un espace de liberté, uneutilisation pertinente des dons que Dieu a accor-dés à l’être humain (son intelligence pour se lan-cer dans la recherche afin de comprendre l’ordrede l’univers voulu par Dieu et afin d’améliorer sacondition), mais en respectant l’intégrité de ce quilui a été confié. La nature n’est pas un matériauinerte malléable dont on doit abuser.

Genèse 1 – 11 : « que la terre se recouvre de ver-dure, d’herbe portant sa semence, et d’arbres frui-tiers produisant du fruit selon leur sorte, portantchacun sa semence »➔Analyse possible : la formule « chacun selon

son espèce » ou « chacun selon sa semence »revient une dizaine de fois dans les premiers cha-pitres de la Genèse. Elle peut être comprisecomme une invitation à considérer que lasemence vient de la plante elle-même ; l’hommen’aurait donc pas à intervenir pour créer lasemence en modifiant la structure d’une semenceexistante. La manipulation génétique trans-forme et ne respecte pas l’espèce (NormaSchenkel). Elle remet peut-être en cause l’ordrenaturel et l’harmonie préétablie par le Créateur.

Genèse 2 – 1 : « ainsi furent achevés le ciel et laterre ».➔D’après Pierre Berthoud, un monde achevé

n’est pas un monde fini, c’est un monde à vivre,dont les potentialités sont à découvrir, ce queDieu propose à l’homme de faire en lui enjoignantde nommer les espèces (Genèse 2 – 19).

La science apporte à l’homme d’immenses possi-bilités d’action sur son environnement. En luidonnant une place privilégiée dans la création eten lui demandant de cultiver le jardin, Dieu lui laisseune marge de manœuvre considérable, à chargepour celui-ci d’en faire bon usage. Les OGM, en modifiant des plantes dans leurnature même, respectent-ils l’ordre voulu par Dieudans la création ? Où se trouve la limite de l’inter-vention humaine ? Aucune réponse ne fera l’una-nimité parmi les chrétiens, qui doivent avant toutse pencher avec humilité et sagesse sur ces ques-tions.

9AGRICULTURE

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C’est pourquoi deux autres passages mesemblent bien conclure cette réflexion.

Ezéchiel 3 – 17 : « fils d’homme, j’ai faitde toi une sentinelle ».➔D’après Jean-Pierre Bory, le croyant est

responsable de veiller à la sécurité etd’avertir du danger, en discernant lesmotivations profondes de chaque acte,les enjeux politiques et financiers, enévaluant les conséquences à longterme de l’utilisation qui sera faitedes découvertes.

Psaume 143 – 8 : « conduis-moi dans Tesvoies ».➔Si les OGM en tant qu’avancée scien-

tifique et économique sont très discu-tables, si les arguments pour et contrene peuvent être départagés dans l’étatactuel des connaissances, se tournervers la sagesse de Dieu reste un recoursà privilégier. Les voies de l’Eternelsont de pratiquer la justice. Tout déve-loppement des OGM devrait donc res-pecter la nature mais aussi l’êtrehumain.

10AGRICULTURE

Les questions posées sur les OGM sont arri-vées à un tel degré de finesse qu’il estdevenu impossible d’y répondre de façonunivoque, parce que les paramètres sonttrop nombreux.

Les risques sont pour l’instant surtoutpotentiels, même si des voix s’élèventdésormais pour apporter des preuves(contestées) des conséquences allergènes,des contaminations des cultures voisines,des résistances aux produits, de la perted’autonomie des paysans engagés dans lafilière OGM, etc. Même si on n’adhère pasaux mises en garde éthiques (ou à cellesfondées sur des passages bibliques) concer-nant les OGM, les énormes inconvé-nients et risques environnementaux etéconomiques paraissent indéniables.Force est pourtant de constater que cesrisques ne sont pas souvent pris encompte par la recherche, qu’elle soit pri-vée ou publique.

Je souhaite en conclusion intégrerquelques extraits des apports du chercheurPierre-Henri Guyon8 qui amènent à réflé-chir à la relation entre science et progrès(en particulier concernant les OGM) et,en extrapolant, qui me permettent deposer la question du rôle du chrétien danscette dialectique.

« Les sciences et techniques ont été, d’unecertaine façon, les vedettes de l’époquedite « moderne » où tout pouvait êtresacrifié au progrès. Ce progrès était sup-posé améliorer la vie des humains etconstituer le moteur du dynamisme éco-nomique. En fait, toutes ces raisons ont

permis de définir le progrès comme un buten soi, n’ayant plus besoin de se justifier.La science alimente la technique qui ali-mente le progrès et les hommes, et toutva bien. Dans cette vision moderne, lescientifique se sent investi d’utilité et d’au-torité.

La période « post-moderne » remet encause cet édifice. Le principe de précau-tion en est un des aspects. Les scientifiquesse défendent contre ce courant post-moderne parce qu’il les retire de cettesituation confortable de noyau de lamachine à progrès. On a souvent vu leprincipe de précaution comme un freinau progrès. L’époque post-modernedemande effectivement un progrès un peuplus lent dans le domaine de la technique,mais aussi un progrès plus sûr. Ceci n’en-traverait pas du tout la science, maispourrait l’amener à se réorienter en fonc-tion des demandes des citoyens et desquestions posées par la problématique durespect de l’environnement et du déve-loppement durable.

Ceci demande aux scientifiques de s’in-vestir beaucoup plus dans des démarchesprospectives à l’échelle des écosystèmes,des populations, de l’épidémiologie ou del’atmosphère, par exemple.

Or, la recherche scientifique le fait très malà l’heure actuelle. Les scientifiques n’ontpas été habitués à cela dans la plupart deleurs domaines. C’est normal, ils étaient

Conclusion générale :

8 Professeur à l’Université de Paris-Sud, à l’Agro et à l’EcolePolytechnique, directeur du laboratoire d’Ecologie,Systématique et Evolution du CNRS

Révolution transgéniqueau Sud ?

Dans les décennies à venir, il faudratrouver de quoi nourrir deux milliardsd’individus supplémentaires. D’autrepart, plus de 60 % des populations deséconomies en développement viventdans des régions rurales et dépen-dent donc de revenus agricoles prove-nant, outre la production vivrière, descultures d’exportation. Les OGM sontprésentés par les multinationalescomme un moyen pour les pays du Sudde venir à bout de la sous-alimentationet de développer leur économie. Quelssont les avantages et les inconvé-nients des biotechnologies pour cespays ? Des scientifiques qui travaillentsur le sujet nous donnent leur point devue.

Les pays qui passent aux OGM. Enplantant 98 % de soja transgénique, lesArgentins se sont hissés en sept ans surla deuxième marche du podium despays cultivant des OGM. Avec 20 % dela semence mondiale en OGM,l’Argentine est en effet derrière lesEtats-Unis (59 % des OGM dans lemonde) . Co lombie , Honduras ,Philippines, ces Etats modestes se lan-cent à leur tour dans les semencestransgéniques. L’exemple à suivre :celui des nouvelles puissances commela Chine, l’Inde, le Brésil ou l’Afrique duSud. En effet, ces pays développent leurrecherche génétique et produisentleurs propres semences. C’est le cas dela Chine qui possède désormais soncoton transgénique made in China etva bientôt commercialiser trois varié-tés de riz transgénique. JacquesMeunier, directeur du départementd’amélioration des méthodes pourl’innovation scientifique du Cirad*,aime souligner qu’en Inde, c’est sousla pression des petits paysans que lescotonniers transgéniques sont apparusdans les champs. « Le gouvernementne voulait pas les autoriser, les paysans

OGM : le temps du bilan

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dans la machine à progrès, c’était celaqu’on leur demandait de faire et ils le fai-saient bien. Il faudrait qu’ils arrêtent decroire qu’on exige d’eux le risque zéro. Ilest simplement demandé le mépris zéro.Les derniers avatars du dossier « OGM »illustrent bien cette situation. Des scien-tifiques reconnus sont convaincus qu’ilfaut développer cette technique, et onpeut les suivre sur ce point. Mais pourjuger du dossier dans son ensemble, ilsdevraient se poser la question des impactsécologiques et économiques de l’applica-tion de leurs découvertes. Pourquoi desscientifiques si distingués oublient-ilsainsi les règles déontologiques de leur pro-fession ?

Il y a ce qu’on peut appeler le « syndromedu pont de la rivière Kwaï ». Dans ce film,des prisonniers anglais (après des négo-ciations avec leurs ennemis asiatiques quiles ont en charge) ont construit un pont.Ils y ont mis tout leur art, leur techniqueet leur savoir-faire. Une fois l’ouvrageachevé, le commandement allié envoieun commando pour le détruire ; mais lessoldats sont si fiers de leur oeuvre qu’ilstentent de s’y opposer bien que ce soit l’in-térêt de leur armée de le faire... Beaucoupde scientifiques se retrouvent dans cettesituation : ils ont été toute leur vie danscette idée du progrès ; ils ont pensé quece qu’ils faisaient était bien, et cela l’était! Et tout d’un coup, on se met à leur direque ce qu’ils viennent de faire, il faut peut-être ne plus le faire. Il est difficile d’ad-mettre l’idée que ce qu’on essaye defaire depuis 30 ans n’était pas la chose àfaire sur le plan technique.

Il est vrai que les progrès scientifiques ontété extraordinaires ; les menaces qu’ils sonten passe d’entraîner sont à la mesure.

Quand donc l’establishment scientifiquecomprendra-t-il qu’il est temps de réorien-ter son attitude et cessera-t-il d’invoquerGalilée en face de son tribunal à chaquefois que la société l’interroge ?

Aujourd’hui, il faudrait impérativementque les scientifiques, dès le début de leurrecherche c’est-à-dire au moment où ilssont en train de chercher la molécule quisoignera telle ou telle maladie, au momentoù ils sont en train de penser à telle outelle nouvelle manière de produire de

l’énergie ou de la nourriture, ne se posentpas seulement la question de savoir com-ment cela permettra de faire tourner lamachine à progrès, la machine écono-mique, la machine technique, mais ausside savoir comment cela s’intégrera dansl’environnement, quel jeu cela jouera, etquels intérêts cela servira. »

Selon Pierre-Henri Guyon, la société doitpeser sur la recherche pour l’orienterdans le bon sens, vers un progrès plus sage,aux conséquences maîtrisées.

Et les chrétiens ?

L’ensemble de cette réflexion m’amène àproposer quelques pistes. Tout d’abord, ilme semble que les chrétiens devraient s’in-téresser à la question des OGM, se docu-menter, en débattre et ne pas y rester indif-férents. Les sentinelles doivent d’abordobserver et chercher à comprendre.Ensuite, je crois qu’ils pourraient s’inté-grer dans ce débat en réaffirmant leursconvictions et en y apportant une pers-pective chrétienne, tout en se préservantavec l’aide de Dieu de ce qui peut accom-pagner cette réflexion sur les OGM : lespeurs, ainsi que la tentation de sacraliserla création plutôt que le Créateur.

Une prise de position « chrétienne » estdélicate car aucune réponse tranchéene semble pouvoir être apportée sous unangle scientifique (pour l’instant) commethéologique. Pourtant, il me paraît impor-tant en tant que chrétienne de m’associerà un mouvement qui amène à réfléchirsereinement sur les OGM et de réaffirmer :

• Que les risques réels ou supposés desOGM doivent inciter à la prudence. Il mesemble que c’est un des rôles des chré-tiens de mettre en lumière des pointsde vue qui incitent au respect de la créa-tion et de l’intégrité de la personnehumaine, et de peser pour qu’ils soientà l’avenir pris en compte en amont parla recherche scientifique. En effet, il nefaut pas compter sur les firmes « com-mercialisatrices » pour intégrer cesaspects, ce n’est pas leur rôle. Ces posi-tions chrétiennes n’incluent pas unecondamnation de la recherche, mais peu-vent proposer de lui apporter un cadredifférent de celui qui existe actuellement

11AGRICULTURE

ont mis le feu à un centre de recherchedans le Gujarat, des PME se sont pro-curées des semences d’une multinatio-nale, les ont multipliées et dissémi-nées », explique-t-il.

Un remède miracle ? Quels sont lesavantages d’une plante qui peut pous-ser des paysans à incendier un centrede recherche ? « On perd 50 % de laproduction avant la récolte du faitdes maladies, des insectes et du cli-mat », explique Jacques Meunier. « Onn’a pas idée en Europe des dégâts cau-sés par les pesticides sur l’environne-ment et la santé des agriculteurs despays du Sud », s’indigne le scienti-fique. Surdosages massifs, pollution desnappes phréatiques, intoxications, lesagriculteurs ne savent pas utiliser cor-rectement des produits dont ils ne pos-sèdent souvent pas le mode d’em-ploi. D’autre part, une plante résistanteaux parasites permet au paysan deréduire le nombre de ses traitementset d’augmenter ses rendements. Sil’on prend l’exemple du soja transgé-nique, cette plante se cultive facile-ment : pas de labour, on sème direc-tement sur le sol, on pulvérise une oudeux fois l’herbicide et le tour estjoué. Enfin, des scientifiques travaillentsur des plantes OGM aux qualitésnutritionnelles améliorées, commedes riz enrichis en provitamine A ouen fer, des nutriments indispensablesà une alimentation équilibrée.

L’envers du décor. « En agriculture iln’existe aucun remède miracle », tem-père Suman Sahai, généticienneindienne. En monopolisant la produc-tion de semences, les grandes entre-prises imposent leur prix. La semenceOGM est vendue cher : les grandsproducteurs peuvent l’acheter mais pasles petits paysans qui sont défavoriséssur le marché. Cette inégalité entraîneune redistribution des terres au profitdes plus gros, surtout en AmériqueLatine. Pour Suman Sahai, le paquettechnologique alliant monocultureintensive et produits chimiques n’est

OGM : le temps du bilan(suite)

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(porté vers le progrès à tout prix),comme le proposent également certainsscientifiques comme Pierre-HenriGuyon.

• Que les solutions que les OGM peuventapporter à la question de la faim dansle monde ne suffiront pas à résoudre leproblème dans sa globalité, voire pour-rait même l’aggraver. Il s’agit donc sur-tout pour les chrétiens de réaffirmer leurengagement à lutter contre la pau-vreté, à aider à améliorer la productionactuelle des paysans et l’adaptationdes variétés locales, et à promouvoir unemeilleure répartition des richesses dansle monde par d’autres moyens, dans lesouci de la dignité humaine.

• Que l’être humain devrait déployerplus d’humilité dans sa quête du progrès,et réfléchir aux effets qu’elle engendresur la création de Dieu dans sonensemble et sur l’humanité en particu-lier.

12AGRICULTURE

pas la panacée. « En cas de mauvaiserécolte ou de baisse des cours, lesrisques sont plus forts pour une petiteexploitation, qui peut être ruinée enune saison », s’indigne la scientifique.D’autre part, au bout de quelquesannées d’utilisation non-stop sur lesmêmes sols de l’herbicide le plusvendu avec les OGM, à savoir lefameux Roundup, des plantes résis-tantes apparaissent et il faut augmen-ter les doses. Le bénéfice pour l’envi-ronnement ne dure donc qu’un temps.Enfin, les OGM ne peuvent résoudretous les problèmes liés à l’agriculturedes pays du Sud. Comme l’expliquaitArturo Martinez de l’Organisation desNations Unies pour l’alimentationdans une interview au journalLibération : « Avant d’être un pro-blème de technologie, la faim est unproblème de distribution des richesses,d’accès au marché alimentaire desplus pauvres. Pour l’éradiquer, il fautrégler les problèmes d’accès à l’eau età l’éducation dans les campagnes, enparticulier celle des femmes, car ce sontelles qui cultivent la terre dans de nom-breux pays du Sud. »

Caroline Caldier(Radio France, le dossier de la

semaine, 13 juin 2005)www.radiofrance.fr/reportage/dossier

*Centre de coopération internationale enrecherche agronomique pour le développe-ment

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Note :Pour le bon déroulement du culte etl’organisation, le dimanche du cultespécial devrait suivre le samedi oùaura lieu « le rallye dans la ville ». Ainsi, les enfants et les jeunes ayantparticipé au rallye auront aussiacheté et préparé les recettes pourle repas communautaire.

Matériel nécessaire :une pelote de laineune agrafeuse avec des agrafesdes feuilles de papier (trois couleurs)des ciseaux des stylos

Préparer la salle du culte en glissantsur chaque chaise :

• un petit papier de différentesformes (rond, carré, rectangulaire)de couleur : jaune pour dire notrelouange pour ce que Dieu est, vertpour dire notre reconnaissancepour ce que Dieu fait et bleu pourl’intercession pour le monde(mélanger les couleurs).

Accueil

« Comme la terre fait éclore son germe, etcomme un jardin fait pousser ses semences, ainsile Seigneur, l’Eternel, fera germer le salut et lalouange, en présence de toutes les nations ».Esaïe 61.11

« J’entrerai dans ses portes avec la joie dans moncœur. Je viendrai louer le Seigneur. Je dirai : voicile jour que l’Eternel a fait ; qu’il soit pour noustous (pour moi) un sujet de joie ».

Chant  J’entrerai dans ses portes - LTC 328 - JEM 181

PrièreLecture biblique : Lévitique 23

« L’Eternel parla à Moïse, et dit : parle aux enfantsd’Israël, et tu leur diras : … Voici quelles sontmes fêtes… : on travaillera six jours ; mais le sep-tième jour est le sabbat, le jour du repos : il yaura une sainte convocation… (1-3)Le premier mois, le quatorzième jour du mois,entre les deux soirs, ce sera la Pâque del’Eternel. Et le quinzième jour de ce mois, cesera la fête des pains sans levain en l’honneurde l’Eternel… (5-6) Quand vous serez entrés dans le pays que je vousdonne, et que vous y ferez la moisson, vousapporterez au sacrificateur une gerbe, pré-mices de votre moisson…(10)Le septième mois, le premier jour du mois, vousaurez un jour de repos, publié au son destrompettes, et une sainte convocation…(24)Le dixième jour de ce septième mois, ce serale jour des expiations… (27)Le quinzième jour de ce septième mois, ce serala fête des tabernacles en l’honneur de l’Eternel,pendant sept jours… Le quinzième jour du sep-tième mois, quand vous récolterez les produitsdu pays, vous célébrerez donc une fête àl’Eternel, pendant sept jours (34,39) ».

Dieu aime la fête. Dieu est un Dieujoyeux et il veut que les chrétiens seréjouissent.

Chant  Chante ta joie - JEM 251 - LTC 200Chantons, chantons sans cesse - ATG 54Quand l’Esprit de Dieu - AEC 715

Le Seigneur nous convoque aussichaque dimanche et à l’occasion dechaque fête afin que ses enfantspuissent se réjouir ensemble. La fêtese vit aussi ensemble dans la commu-nauté.

L’adoration que Dieu attend de nousest plus qu’une bouche qui prie et quichante des louanges. C’est l’offrevolontaire de notre être tout entier àson service.

« Poussez vers l’Eternel des cris de joie,vous tous, habitants de la terre !Servez l’Eternel avec joie, venez avecallégresse en sa présence ! Sachez quel’Eternel est Dieu ! C’est lui qui nousa faits, et nous lui appartenons ; noussommes son peuple, et le troupeau deson pâturage. Entrez dans ses portesavec des louanges, dans ses parvis avecdes cantiques ! Célébrez-le, bénissezson nom ! » (Psaume 100.1-4)

Chant Vous qui sur la terre habitez - ATG 20Psaume 100 - JEM 14Ensemble nous pouvons chanter -AEC 218 - LTC 1694Louons le Seigneur ensemble - LTC 794

Prière

Animation

du culte

1AGRICULTURE

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Lecture : Lévitique 23.33 à 43

Introduction

Nous consacrons peu de temps à l’étudede livres comme le Lévitique et leDeutéronome. Beaucoup de lois, pen-sons-nous, y sont cérémonielles et spécia-lement destinées à Israël, peuple de l’al-liance (et « des » alliances : Romains 9.4).C’est vrai. Ils rappellent cependant aussiet codifient des lois destinées à toutel’Humanité et connues bien avant Moïse.Les rabbins en comptent sept. [Ainsi enest-il, par exemple, de ce qui concerne lesviandes comestibles ou non, distinctionsque Noé connaissait déjà].

Nous avons à prendre conscience de ceque, si tout ne nous est pas directementapplicable, tout nous est cependant donnécomme instruction ou pour nous servird’exemple. C’est dans cet esprit que nouspouvons aborder le thème de la fête destabernacles.

La fête des TabernaclesParmi les ordonnances rituelles, les fêtesont une grande place, à commencer parle sabbat hebdomadaire. Trois étaientcependant considérées comme particuliè-rement importantes. Ce sont : - la fête des pains sans levain qui durait

une semaine ; - la fête des semaines (ou des prémices)

qui culminait avec le jour de laPentecôte, et

- la fête des tabernacles (appelée aussi deshuttes, des tentes ou de la récolte).

Pour ces trois fêtes-là, tout mâle valideétait tenu de se présenter devant Dieu aulieu de son sanctuaire (Ex. 23.17 ; Dt. 16.16).

Il est difficile de dire ce qui, de l’appella-tion des huttes ou de la récolte exprimele mieux le sens premier de cette fête. Lesmembres du peuple d’Israël étaient invi-tés à vivre les sept jours de la fête sousdes tentes faites de branchages, ce qui jus-tifie la première désignation. Il s’agissait de se souvenir, pour en rendre

grâces à Dieu, de la manière dont Il avaitpris soin de son peuple, lui assurant nour-riture et breuvage durant les quaranteannées vécues au désert après sa libéra-tion de l’esclavage en Égypte.

En même temps, comme son autre noml’indique, elle est liée à la récolte et fixée

le 15e jour du septième mois du calendrierjuif, c’est-à-dire après que soient terminéesmoisson et vendange, et cinq jours aprèsle Grand Jour des Expiations, journéeannuelle d’humiliation et d’expiationpour tout le peuple. ( journée traitéecomme un sabbat).

Elle est donc rattachée à la moisson[comme la fête des Semaines qui compor-tait l’offrande d’une gerbe des prémicesde la moisson (Lévitique 23.10)].

Les trois fêtes représentent une invitationà la reconnaissance. - La fête des Pains sans levain rappelle la

délivrance de l’esclavage ; - celle des Semaines, l’entrée en Terre

Promise où devait, pour la première fois,être présentée la gerbe des prémices(Lév. 23.10 : Quand vous serez entrésdans le pays que je vous donne et quevous y ferez la moisson, vous apporte-rez au sacrificateur une gerbe, pré-mices de votre moisson.) et

- celle de la Récolte qui annonce la mois-son finale. Mais sa place par rapport auJour des expiations rend évident que lareconnaissance incluait en priorité l’ac-tion de grâces pour le pardon reçu.

Il fallut la captivité et le retour sousEsdras et Néhémie pour que l’institutiondivine de la fête des Tabernacles soit res-pectée (Néh. 8.17). Pourtant, son impor-tance aux yeux de Dieu est telle qu’elleest la seule à être expressément mention-née pour la fin des temps. Tous ceux quiresteront de toutes les nations venuescontre Jérusalem monteront chaqueannée pour se prosterner devant le roi ,l’Éternel des armées, et pour célébrer lafête des Tabernacles (Zacharie 14.16).Ainsi, même les non-juifs seront un jourconcernés.Le sommes-nous déjà aujourd’hui ? Oui,

dans la mesure où nous comprenonsqu’avec les deux autres grandes fêtes, elleest une invitation à la reconnaissance.Tout nous est donné : - le salut, la libération de l’esclavage du

péché et de sa condamnation ; - le pardon renouvelé des fautes de la

« marche » ;- les bénédictions présentes qui découlent

de l’œuvre du Christ ; car, dès mainte-nant, nous avons les prémices de l’Esprit(Ro. 8.23), gage de notre héritage (Éph.1.14) ;

- les plus merveilleuses promesses (2 Pi.1.4) : la vision béatifique (nous le ver-rons tel qu’il est - 1 Jn 3.2) et la trans-formation à sa ressemblance qui endécoule ; la révélation des fils de Dieu(Ro. 8.19), c’est-à-dire notre parutionavec Christ quand il paraîtra dans lagloire (Col. 3.4) ; enfin, la jouissance, àjamais, de sa présence (nous seronstoujours avec le Seigneur - 1 Thes. 4.17).

Conclusion En première place, dans la reconnais-sance, doit venir le souvenir du prix payépour notre salut. La fête de la récolte seraitincomplète si elle n’était précédée de peupar le Jour des Expiations. [Venir louer Dieusans nous être d’abord humiliés de nospéchés et sans avoir réclamé le pardon estune forme de mépris, pour le moins d’ou-bli, de la sainteté de Dieu.]

La reconnaissance (ou action de grâces)ne nous est pas naturelle. Bien des chré-tiens, par exemple, ne croient pas utile derendre grâces avant un repas, comme sitout nous était dû !

Pourtant, l’absence de reconnaissancedéfinit l’impiété. Paul exprime ainsi ce quiperd celui que nous appelons « païen » :Ayant connu Dieu, ils ne l’ont point glo-rifié comme Dieu, et ne lui ont point rendugrâces. (Ro. 1.21).

La gravité de l’ingratitude découle du faitque c’est ce péché-là qui conduit à tousles désordres que la suite du chapitre pre-mier de Romains dépeint de façon ter-rible : passions sans frein, vices contre

2AGRICULTURE

Canevas de prédicationpar le Pasteur Richard Doulière

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ChantMerci Seigneur - ATG 47 - JEM 113 - LTC 458

Apprenons à remercier Dieu pour toutechose : que notre vie soit une vie de recon-naissance et d’actions de grâces !

« Mon âme, bénis l’Eternel ! Eternel, monDieu, tu es infiniment grand ! Tu esrevêtu d’éclat et de magnificence ! … Deses hautes demeures, il arrose les mon-tagnes ; la terre est rassasiée du fruit detes œuvres. Il fait germer l’herbe pour lebétail, et les plantes pour le service deshumains, pour tirer le pain de la terre. Levin qui réjouit le cœur de l’homme, et faitplus que l’huile resplendir son visage, etle pain qui soutient le cœur de l’homme…Que tes œuvres sont en grand nombre,ô Eternel ! Tu les as toutes faites avecsagesse. La terre est remplie de ce que tupossèdes... ». (Psaume 104.1,13-15,24)

Aujourd’hui, pour beaucoup d’habitantsdes pays riches, nous pouvons nous réjouirparce que nous ne manquons pas dunécessaire : travail, nourriture, accès auxsoins, logement, etc. Nous pouvons direnotre reconnaissance au Seigneur quipourvoit.

Demander aux personnes de montrer lepetit papier de couleur qu’elles ont dû trou-ver sur leur chaise.

Sur le papier jaune, les personnes doiventécrire quelques mots simples de louangepour ce que Dieu est.

Sur le papier vert, les personnes doiventécrire quelques mots simples de reconnais-sance pour ce que Dieu fait chaque jour.

Mais, sur une autre partie du globe, dansles pays en développement, Plus d’1 mil-liard de personnes souffrent encore de la

faim. 70 % sont des paysans. Ils tra-vaillent la terre mais ne peuvent plus vivrede leur travail. Les exportations à bas prixdes pays riches tout comme parfois lesaides alimentaires contribuent à appau-vrir les paysans du Sud. En changeant leshabitudes alimentaires des populations,elles créent une dépendance vis-à-visdes pays riches et dévalorisent la produc-tion locale.

Les paysans africains doivent régulière-ment lutter contre la sécheresse et lesinondations successives, les conflits natio-naux, la corruption, l’exode rural parce quele travail de la terre ne nourrit plus lafamille. Le manque d’outils, de formationet parfois de semences empêche les pay-sans de produire plus et mieux. En toutcas suffisamment pour nourrir leur familleet sortir de la pauvreté.

Sur le papier bleu, les personnes doiventécrire quelques mots d’intercession pourles paysans du Sud.

Demander aux personnes d’écrire surleur feuille de couleur selon les indications.

Recueillir les feuillets dans une corbeille.

Une personne se chargera d’agrafer tousles feuillets sur la pelote pour en faire uneguirlande.

Diffusion du clip(uniquement pour les églises qui ne peuvent paspoursuivre ce moment l’après-midi)

Collecte

nature, mentalité pervertie. Peut-on mieux montrer l’importancede la reconnaissance même pour lesbienfaits journaliers les plusdiscrets ou banals à nos yeux ?

3AGRICULTURE

Temps de prière

Remettre l’un des bouts de la guirlande à la première personne au premier ranget dérouler la guirlande. Les personnes peuvent reprendre l’une des prières écritessur le feuillet en face d’elle ou s’en inspirer.

Prier pour…� une bonne saison des pluies dans les pays du Sahel

� les responsables des pays et des organisations internationales, qu’ils recher-chent le bien des populations les plus pauvres

� plus de justice dans les échanges mondiaux des produits agricoles

� l’engagement des nations riches à diminuer les subventions à l’expor-tation accordées à leurs agriculteurs

� le développement du commerce équitable

� une plus juste rémunération du travail de la terre

� l’équipement et la formation des paysans du Sud pour accroître leurproduction

� la vente des produits agricoles sur le marché mondial à un prix suffi-samment rémunérateur pour les paysans

� la hausse des prix des matières premières provenant essentiellementdes pays en développement

Annonces

Chant : canon à 4 voixTous ensemble, amis - AEC 703 - LTC 1619 - JEM 97 Tous ensemble, amis, chantons - ATG 189

Bénédiction

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Dans la Bible de nombreuses fêtes sontmentionnées et font même l’objet d’unenseignement sur leur signification et lamanière de les célébrer.- Signification : les fêtes portent essentiel-lement sur la célébration du Dieu créateuret du Dieu rédempteur. En effet, chaquefête constitue l’occasion d’un vécu particu-lier devant Dieu et dans la plupart des cas serésume en une action de grâces pour tel outel bienfait qu’il accorde à son peuple, maisces actes de Dieu dont on rappelle le souve-nir et dont on se réjouit appartiennent soità l’ordre de la création et du cours naturel deschoses, soit à l’ordre de la Rédemption, c’est-à-dire aux événements spécifiques de larelation entre Dieu et Israël. Donc ces fêtesfont mention de la grâce commune parlaquelle chacun peut profiter des joies de lavie comme de la grâce particulière dontIsraël est l’objet et qui ouvre des perspectivesde salut. Ainsi en ce qui concerne la fête des Huttes(celle qui nous intéresse dans cette étude) la

prophétie de Zacharie s’achève sur une pers-pective messianique universelle. Dans ses der-nières paroles, le prophète désigne cette

Faites la fête !Réjouissez-vous pleinement !

ECOLE DU DIMANCHEEnfants de 4 à 6 ans

La fête des Huttes

(Deutéronome 16.13-17)

I) Notes pour l’animateur (à partir du texte « Les fêtes dans la Bible » de la Commission de Liturgie des EREI)

Le principe de la fête semble universel. En effet, on ne connaît pas de communautés orga-nisées sans rites festifs. La fête est un jour de recommencement, de libération, de ruptured’avec le quotidien, un jour pour célébrer, un temps de communion avec les autres. Elle estun phénomène social, vécu en communauté. Le besoin de faire une fête est inné chez l’êtrehumain.

La fête des Huttes• Propositions d’anima-

tion pour les enfantsâgés de 4 à 6 ans

• Propositions pour vivreun culte de fête « intergénérations »

par Corine Fines

Plan proposé

I) Notes pour l’animateur sur lafête des Huttes

II) Expliquer cettefête aux enfantsâgés de 4 à 6 ans

- Quatre notions importantes (Joie, Tous ensemble, Merci,Confiance)

- Chants

- Activités

III) Vivons la fête ! Propositions d’animationpour un culte de fête « inter générations »

1AGRICULTURE

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fête comme étant le grand rendez-vousde Dieu adressé à l’ensemble de l’huma-nité (Zacharie 14.16-19). Cette vision a étéretenue par le judaïsme postérieur qui,chaque année, durant la fête offrira dessacrifices en faveur des 70 nations de laterre. - Mode de célébration : les fêtes sonttoujours l’occasion d’un rassemblement,de rituels sacrificiels et de jours de reposavec l’arrêt des activités ordinaires.

Dans la Bible, il est fait mention de nom-breuses fêtes (Lev 23 et Nb 28-29) donttrois principales : la fête de Pâques, la fêtede Pentecôte et la fête des Huttes (Ex23.14-17, 34.18-23 et Deut 16.1-17). Ces troisfêtes nécessiteront par la suite (à partirde l’époque royale) le pèlerinage àJérusalem. C’est cependant les fêtes dela Pâque et des Huttes, qui sont les plusdéveloppées dans la loi de Moïse et quisont le plus souvent mentionnées dansles récits historiques tant dans l’AncienTestament que dans le NouveauTestament. Cette place privilégiée estnotamment due à leur durée exception-nelle d’une semaine, le premier et ledernier jour étant chômé, mais c’est sur-tout leur poids de signification au niveausymbolique qui est déterminant. Les trois fêtes des pèlerinages sont l’oc-casion d’apporter des offrandes à Dieu enles remettant aux Lévites ou aux prêtres(Deut 16.16-17). Ce geste est constitutifde la fête en ce qu’il rend manifeste lesrichesses que Dieu dispense à son peuple.

La fête des Huttes« Souccoth » est la troisième fête annuelle

de pèlerinage (7e mois : septembre /octobre).En français, elle reçoit plusieurs appella-tions : fête des tabernacles (transcriptiondu terme utilisé dans la Vulgate, traduc-tion latine de la Bible), fête des tentes (tra-duction du mot latin), et fêtes des huttesou cabanes, cette dernière appellationétant la plus fidèle au sens du mothébreu. Les cabanes font allusion auxhuttes de branchages qu’on élevait dansles vignes et vergers pendant la récoltedes fruits, des olives et pendant les ven-danges. Après avoir récolté les fruits dela terre, on rend grâces à Dieu en le célé-

brant au temps des moissons et des ven-danges.Cette fête est la plus importante et la plusfréquentée lors du pèlerinage. Lev 23.39l’appelle « la fête de Yahvé » et Ez 45.25la désigne simplement comme « la fête ».C’est donc la fête par excellence. Chaquejour, des sacrifices et des offrandes sontapportés (Nb 29.12-34 en donne la listedétaillée. En aucune autre occasion onoffrait autant de sacrifices).

➜ une grande fêteagricole :C’est d’abord une très grande fête agricole,une fête de reconnaissance pour tous lesproduits de la terre que Dieu accorde danssa générosité. Ensuite, elle devait égale-ment renvoyer à la période du désert (Lev23:42-43). C’est la fête la plus joyeuse del’année (Deut 16.14-15) qui témoigne dela faveur de Dieu qui a écarté la famineet redit la confiance en Dieu. Pourtant ellen’est citée qu’une seule fois dans leNouveau Testament en Jean 7.1ss. Dansce passage, Jésus se rend en secret àJérusalem pour le pèlerinage commetout Juif pieux à cette époque. Un Huitième jour (Lev 23.36, Nb 29.35-38)mentionne aussi une cérémonie solen-nelle ou de clôture avec des prières pourque la pluie féconde le sol (cf. AndréBoulagnon, la signification spirituellesdes fêtes juives, Ichtus n° 1982/4 , p13.).On y trouve aussi un rituel de libations :à Jérusalem la foule se rendait d’abord auréservoir de Siloé et, là, un prêtre puisaitl’eau avec une cruche en or. Cette eauramenée en procession au Temple, étaitensuite mélangée avec du vin et répan-due au pied de l’autel. C’est probablementdans ce contexte que se situe l’exclama-tion de Jésus en Jean 7:37-38 : « Si quel-qu’un a soif qu’il vienne à moi et qu’ilboive ». En effet, Jean précise que Jésusprononça ces paroles le dernier jour, legrand jour de la fête en référence à la fêtede Souccoth, fête des Huttes.

➜ une fête du souvenir del’errance dans le désertCette fête a été investie d’un sens nou-veau associé à l’histoire du peuple d’Israël.Lev 23:42-43 précise que la coutume des

cabanes va servir de mémorial du désert.En séjournant 7 jours dans les huttes lepeuple d’Israël se souviendra des jours oùil a erré dans le désert et habité sous destentes. Ainsi durant cette fête, chaquefamille est invitée à construire une huttedécorée de fruits et couverts de bran-chages verts et à y habiter durant toutela fête. Après la construction du Templeà Jérusalem, les cabanes sont élevées par-tout, sur les terrasses et dans les cours inté-rieures des maisons, sur les places de laville et dans les parvis du Temple (Néh8.16). Cette pratique rappelant le séjourau désert permet alors de ne pas oublierque les réussites économiques en Canaanne doivent pas obscurcir la réalité de ladépendance spirituelle et matérielled’Israël vis-à-vis de Dieu.

➜ une fête vraimentjoyeusePar ailleurs, d’autres informations extrabibliques nous font savoir que 4 immenseschandeliers étaient dressés devant l’en-trée du Temple et offraient aux pèlerinsun espace éclairé pour les réjouissancesdu soir avec musique et danses. C’est doncune fête très joyeuse ! Roland Devaux écrit(cf. les institutions de l’Ancien TestamentII, Ed. du Cerf p. 399) que l’on a coutumede dire que : « celui qui n’a pas vu la joiede cette fête de nuit n’a dans toute sa vievu aucune vraie joie ».

➜ une fête porteuse d’ave-nir et d’espéranceCette fête exprime une idée de survie etde lendemain possibles, un avenir, uneespérance. L’abondance de biens ne peutdurer que si le peuple est fidèle à Dieu.Dieu n’est pas seulement le pourvoyeurdes moyens de subsistance mais aussi lemaître de toute vie. Fêter les récoltes, c’estdonc plus que simplement remercierpour une année sans faim. C’est l’affirma-tion que le temps du désert est fini, quel’homme est à l’abri du manque parce queDieu est avec lui. C’est la vision d’un Dieuplein de sollicitude, de tendresse, decompassion.

2AGRICULTURE

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1)La joie : Dieu aime la fête. Insister sur le fait que Dieu aime que son peuple se réjouisse. Il n’est pasun Dieu triste !

2)Tous ensemble : La fête est un rassemblement à vivre tous ensemble : jeunes et plus âgés (inter géné-rations), mais aussi elle est un événement qui rassemble les pauvres et les riches, les autochtones et

les étrangers. Pas question d’exclure les enfants (car trop petits), les personnes âgées (car trop vieilles), lesétrangers (car trop différents), les pauvres (car trop dérangeants)... Elle est vraiment pour tous.

3)Merci ! La fête doit exprimer la reconnaissance pour ce que Dieu nous donne. Dieu est un Dieu géné-reux. La reconnaissance se manifeste concrètement par des offrandes. Aujourd’hui aussi on fait des cadeaux

à ceux qu’on aime ou encore pour remercier une personne qui nous a accueillis ou fait du bien. L’offrandeest toujours un geste d’amour.

4)La confiance : Le souvenir : les cabanes rappellent la vie dans le désert. Il est important de ne pasoublier Dieu quand tout va bien. Dieu intervient dans notre vie pour nous aider et nous rendre heu-

reux. Se souvenir du passé pour mieux vivre le présent et avoir confiance pour l’avenir.

3AGRICULTURE

II) Expliquer cette fête aux enfants âgés de 4 à 6 ansA l’aide des notes et des explications précédentes, l’animateur explique la fête des Huttes aux enfants. Les principalesnotions à développer avec eux sont au nombre de quatre :

Des chants pour les 4-6 ans - J’entrerai dans ses portes

(Ps 100v4, Ps 118v24) - LTC 328 - Dieu ma Joie AEC 708 - Notre Dieu règne encor ATG 41 - JEM 131- Quand l’esprit de Dieu AEC 715 - JEM 152- Merci, Seigneur ATG 47 - JEM 113- Pour les champs de blé AEC 720- Tous ensemble, amis, chantons ATG 189- Tout dit qu’il est merveilleux AEC 724- Pour cet immense bonheur JEM 109- Tous ensemble amis AEC 703 - JEM 97

Des chants pour les plus grands :- Les cieux et la terre ATG 48- La terre au Seigneur appartient SUR LES AILES 8- Viens Seigneur Jésus JEM 326- Vous qui sur la terre habitez ATG 20- Chante ta joie LTC 200- Par toi, Jésus, la joie abonde ATG 158

Noël Colombier (120 chants notés, éd. Air-Libre)- la fête de la joie p.141- Le pain c’est la vie p. 99- En ce jour de fête p. 98- De fête en fête p. 111,112

Propositions d’activités à faire avec lesenfants pour illustrer la fête des Huttes

1)Une sortie en après-midi en forêt pour construire des cabaneset y partager un goûter (du pain, des brioches, des gâteaux, des

fruits, du jus de raisin ou de pomme, etc.) en mettant l’accent sur lefait que ce que l’on mange provient de la terre.

2) L’importance des récoltes : suivant la région dans laquelle habi-tent les enfants, on peut participer aux vendanges, à la récolte

des olives ou aller dans un moulin voir la fabrication de l’huile, etc.Toute récolte de produits agricoles est appropriée.

3)Préparer en plusieurs ateliers les séquences d’un culte de fêtedestiné à l’ensemble de l’église (voir la partie III « Vivons la fête »).

• un atelier pour confectionner un grand panneau avec lesimages/photos de fêtes du monde entier exposées et présen-tées en introduction du culte.

• un atelier « chants de louanges », pour préparer les chants duculte, notamment des chants mimés ou des chants accompa-gnés de percussions.

• un atelier « danses et farandole », pour préparer une dansepour le moment de louanges

• un atelier « cuisine » pour apporter des gâteaux et autresplats lors du moment de l’offrande,

• un atelier « construction de cabanes », pour faire participerles enfants au temps d’exhortation.

Remarque : Quelle que soit l’activité choisie, elle peut être filmée.Si l’église choisit de vivre un culte de fête un dimanche matin, ce filmpeut être montré à cette occasion.

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1- Temps d’accueil

a) Entrée des enfants en chantant parexemple « j’entrerai dans sesportes LTC 328 - ATG 30 » ou « Gloireà ton nom Jésus JEM 181 » accompa-gnés par des tambourins et desmaracas.

b) Un rappel du sens de la fête, de sonuniversalité, de sa nécessité, de sesbienfaits, une invitation à se réjouir.Apporter des images de fêtes et enfaire un grand panneau (fêtes dansd’autres pays, musiques, danses,repas, penser au festin final dans lesBD d’Astérix !) Chant Seigneur tu nous appellesAEC 212 - LTC 2042

c) Un vécu communautaire : tousensemble au culte pour reprendrel’idée de « faire la fête ensemble »Chants :ATG 31 Ah qu’il est doux pour desfrèresAEC 527 Oui nous faisons partieJEM 237 Jeunes et vieuxAEC 201 Nous voici rassemblésJEM De villes en villagesAEC 222 Avec toi Seigneur JEM 188 Ensemble nous pouvonschanterLTC 1619 - ATG 189 - AEC 703 Tousensemble amis (à chanter en canonà 4 voix)

2. Temps deReconnaissance

Il peut être vécu en mêlant troisexpressions différentes de notre recon-naissance.

a) Un temps de prières de remercie-ment pour ce que Dieu est etfait :Les enfants, mais aussi d’autres per-sonnes, des jeunes, des parents, despersonnes âgées disent « merci »pour quelque chose qui leur tient àcœur. Ils viennent le dire devant l’as-semblée ou l’inscrivent sur de petitspapiers qui sont ensuite ramassés etlus par des personnes très diffé-rentes (enfants, ados, parents,grands-parents, homme ou femme,Noir ou Blanc, jeunes ou plusâgés...).

b) Des chants de louanges : il y en abeaucoup dans les recueils dechants. Ce temps peut aussi êtrel’occasion de présenter une dansepréparée par les enfants.

c) Un temps d’offrande : un geste quiconcrétise pour chacun sa reconnais-sance envers Dieu.Chacun apporte de la nourriture« tirée de la terre » : pains, raisins,fruits, légumes, plats préparés... et ledépose sur l’estrade. Durant cetemps, faire entendre une musiquede fête.

3. Temps d’exhortation etde consécration

Avec une animation autour de lacabane : a) Une exhortation brève pour se

souvenir de l’œuvre de Dieu accom-plie pour son peuple et pour renou-veler notre confiance en Lui. Un rap-pel qu’il faut persévérer dans lareconnaissance et l’obéissance àDieu en protégeant la terre quenous habitons et qui nous nourrit.

b) Chant d’exhortation et de consécra-tion LTC 1406 Consécration JEM 232 C’est vers toi que je metourneAEC 154 Je me confie en toiLTC 963 Tu as mis sur moiJEM 245 Tu peux naître de nouveauAEC 621 J’ai tout remis entre tesmainsLTC 614 Seigneur, tu as mis ta joieATG 272 Cherchez d’abord

c) Projection du film des sorties,visites ou ateliers avec les enfants

4AGRICULTURE

III) Vivons la fête !Pour mettre en pratique les 4 notions de la fête des Huttes (Joie, Tous ensemble, Merci, Confiance) nous vous indiquons quelquespropositions d’animation pour une célébration « inter générations » en église, dont les enfants auront pu préparer certains tempsforts dans les ateliers.

4. Final

a) Prière du « Notre Père » ou prière chantée avec le chant AEC 736 « Notre Père »b) Une parole d’exhortation comme 1Thessaloniciens 5.16 à 18 c) Une parole de bénédiction comme Romains 15.13d) Conclure par une farandole sur une musique qui s’y prête (Pat Berning, Exo, John

Featherstone)e) Inviter à partager ce qui a été donné au moment de l’offrande lors d’un repas d’église qui

suit le culte ou bien convenir que chacun reparte chez lui avec un fruit ou un plat préparépour son repas du dimanche.

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Derrière la maison du Père et dela Mère Michel, la famille

Cocotte s’ennuyait ferme. Cages trop petites, aliments sansgoût, beaucoup de bruit. En plus,il y avait beaucoup d’allées etvenues, et même des disparitions.Bref, Papa et Maman Cocotteavaient décidé de partir en voyageavec leurs enfants pour leur fairedécouvrir la vie.

Un soir, profitant de ce que la cageétait ouverte, la famille Cocottes’était tranquillement faufilée parle trou du grillage, derrière le vieuxpuits. C’est ainsi qu’elle

avait dormi à la belle étoile la pre-mière nuit. La conversation allaitbon train : - « Moi, j’aimerais bien voir com-ment ça se passe ailleurs » disaitla petite Cot. Coco, elle, voulait visiter des champsde maïs. GrandCo, le frère aînés’intéressait à l’arrosage des cul-tures. Papa était curieux deconnaître la dimension des cageset les conditions de vie des poules.Maman voulait goûter à la cui-sine exotique. Elle se posait desérieuses questions, comme parexemple : que mangent les poulesailleurs ? Est-ce que l’eau est aussibonne que celle de la rivière ?

par Prisca Michel

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Histoirepédagogique de la famille

Cocotte

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Au petit matin, après un cocorico toni-truant et un petit déjeuner cham-pêtre, la famille Cocotte commenceson voyage. Il fait beau, la route ser-pente entre des champs de maïs etdes champs de blé. Les enfants pico-rent à droite et à gauche. La petiteCot fait des bouquets de fleurs poursa maman. Papa discute avecGrandCo.

A l’heure du déjeuner, la familleCocotte s’arrête pour manger dans lechamp de maïs à l’abri du soleil.Tout le monde est installé pour par-tager le déjeuner avec les délicieusesgraines ramassées dans la matinée.Il y a un petit bouquet de fleurs surla table. - « Que c’est bon de se retrouver tousensemble pour déjeuner ! » s’ex-clame Coco. A peine a-t-elle fini de parler qu’une

pluie bien serrée s’abat sureux. - « D’où vient-elle ? Le ciel

est bleu. Il n’y a aucun nuage à l’ho-rizon ». Au bout du champ, deux agricul-teurs discutent : - « Il faut arroser plein pot, si on veutrécolter quelque chose cette année.La terre est trop sèche. Rien nepousse. Tu crois qu’on arrivera au boutde cet été torride ? Le niveau de larivière est au plus bas. » - « Je ne sais pas. En tout cas, je nevois pas comment on peut faireautrement. » - « Comment font-ils dans les pays oùil n’y a pas d’eau ? »

Le soir, la famille Cocotte est réunieau bord de la rivière. Papa est furieux : - « Je ne connais rien à la culture, maisune chose est certaine, arroser enplein jour, ce n’est pas très utileparce que l’eau s’évapore au fur et àmesure. Ce serait mieux qu’ils arro-sent la nuit, il y aurait moins de gas-pillage d’eau. » - « Moi, dit GrandCo, j’ai fait un tourdans la ferme au bout du champ. Il ya de grands hangars pleins de poulesdans de petites cages suspendues. Lalumière était allumée en plein jour.Ca sentait très mauvais, je vous ai rap-

porté un peu de granulés. » La famille Cocotte goûte en

silence. - « Je préférais les grains d’hier, ilsavaient plus de goût. » - « Allons nous coucher, demain…». Papa n’a pas le temps de finir sa phrase,toute la famille est déjà endormie.

2AGRICULTURE

1er jour Une ferme européenne

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A leur réveil, quelle ne fut pas la sur-prise de la famille Cocotte en enten-dant le vrombissement d’un moteur !Elle eut à peine le temps de lever latête qu’un avion déversait sur lechamp une fine pluie verdâtre. Lafamille Cocotte, toute verte, se mit enmarche à la recherche d’une rivièreou d’un point d’eau. Des heuresdurant, elle marche. Et rien, toujourspas d’eau. Le même rangée de maïsfait des kilomètres. La petite Cot, fati-guée, décide de goûter aux grains :

- « Ce sontpeut-être lesn o u v e l l e svariétés demaïs qui résis-tent mieuxaux maladiesd ’a p rè s l e sspécialistes etq u i o n t u n

meilleur rendement ? » se dit-elle.La famille Cocotte s’arrête pour man-

ger. Au goût, rien ne différencie cesgrains du maïs qu’elle mange d’habi-tude.

Enfin un point d’eau. La familles’avance prudemment, des robinetsd’acier brillent au soleil entourésd’une ronde de tuyaux qui partentdans toutes les directions. On entenddistinctement le ruissellement del’eau, mais on ne la voit pas. Et, ce qui

est plus ennuyeux, pas de robinet nide pompe pour que la famille puissese laver. A l’horizon cahote un groscamion. Il dégage un énorme nuagede poussière qui transforme la familleCocotte en statues de terre. Aprèsbien des émotions et des péripé-ties, la famille Cocotte arrive dans lacour d’une ferme. On y voit davantagede tracteurs, d’élévateurs, de maté-riel agricole que de plantes ou debêtes. Ca ressemble à un petit village.La famille, après s’être débarbouilléedans la gamelle du chien, se dirigevers de grands hangars. Qu’y a-t-il là-dedans ? Des montagnes de sacs.GrandCo, qui sait lire, déchiffre : fon-gicide, pesticide, anti-rouille, désher-bant, anti-chenilles, engrais, etc.

- « Rien à manger ici, dit Maman, pré-occupée par le dîner. Il faut trouverla réserve de grains. »La famille Cocotte est fatiguée, ellese niche dans un coin de hangar ets’apprête à passer sa troisième nuità la belle étoile sans manger. - « Demain, j’aimerais bien aller voirdes éléphants ! » dit Coco.

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2e jour Une grosse exploitation

dans un pays riche

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D’abord, il y a le chant strident desoiseaux qui rayent l’espace d’un traitbleu ou rouge. Les montagnes striéesde grands traits verts jusqu’au cielfument au soleil . Partout, deshommes en tunique et des femmesen sari avancent en chantant. L’eaumurmure. Sur la route en contre-bas, un homme tire un pousse-pousserempli de légumes et de fruits incon-nus qu’il transporte au marché. Unepetite fille marche à ses côtés. Unevache traverse la rue, risquant de cau-ser un accident. Toutes les voituresl’évitent : la vache est reine ici. Ungrand-père assis sur un banc raconteà quelques enfants rassemblés autourde lui la vie dans la vallée autrefois.La famille Cocotte écoute. Grand-père dit que Grand-maman préparaitun délicieux poulet au curry.

- « Est-ce que tu avais toujours à man-ger dans ton enfance ? » demanda lapetite fille. - « Pas toujours. Certaines années, lesinondations détruisaient les récoltes,des orages dévastaient tout sur leurpassage. Il y a eu pire encore, maisbeaucoup plus tard : les jeunes ontquitté la campagne pour aller tra-vailler en ville. Ils ne sont jamais reve-nus au village et les bras ont manquépour travailler la terre.» - « Et maintenant, que se passe-t-il ? » - « On arrive tout juste à nourrir lafamille. Les bonnes années, on venddes légumes et des fruits au marchéet ça nous permet d’acheter dessemences, de t’envoyer à l’école, deréparer le toit. »

La famille Cocotte est très émue.Elle comprend qu’ici, l’impor-tant, c’est de nourrir la familleet si possible de gagner un peud’argent avec le surplus pourréparer, semer à nouveau, brefcontinuer à vivre. Ici, tout lemonde se connaît. L’entraideau village, même si elle n’est plustout à fait comme avant, conti-nue à fonctionner. Les maisons,comme les parcelles de terre,sont toutes petites. Il faut tra-vailler dur. Quand la saison estbonne, tout le monde va auxchamps, chacun y a sa place, desa naissance à sa mort.

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3e jour Une ferme en Asie

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4e jour Une ferme

d’agriculture biologiqueLe quatrième jour, la famille Cocottedébarque dans une ferme d’agricul-ture biologique. Les plantations maraî-chères sont surprenantes : un rang decarottes alterne avec un rang de bet-teraves qui jouxte des haricots verts,lesquels voisinent avec de bellestomates. De tout un peu sur unepetite surface de potager.

Le fermier explique à Maman pour-quoi il mélange les cultures sur de pe-tites surfaces. Il explique que l’in-secte prédateur d’une plante estmangé par le prédateur de son voi-sin et ainsi de suite. Il pense que ceprincipe préserve le sol en évitant demettre des pesticides ou autres pro-duits chimiques qui polluent et dé-

tériorent le goût des lé-gumes. Maman aime bien

le potager de la ferme biologiqueparce qu’il sent bon.

- « Et cette odeur, dans le coin, qu’est-ce que c’est ? » demande Maman.- « C’est le compost qui sert à ferti-liser le jardin, répond le fermier.Chaque fois que l’on coupe de l’herbe,que l’on épluche des légumes oudes fruits, on met les épluchuresdans la fosse. Au bout de quelquesmois, tout est décomposé et l’humuspeut être répandu sur la terre. C’estde l’engrais naturel. La petite fermeélève aussi des poules, des canardset du bétail dont les excrémentssont utilisés comme fertilisants ».

A côté de la ferme, il y a des champsde blé cultivés sans produits chi-miques. Papa se demande commentces cultures peuvent être protégéesdes produits chimiques que les pay-sans voisins déversent sur leurschamps. - « C’est difficile », dit le fermier.Il continue d’expliquer à Papa savision d’une agriculture respectueusedu sol et des rythmes de la nature. - « Il est un peu poète, ce fermier, tune trouves pas ? » dit Petite Cot.

L’échange entre le cultivateur etPapa Cocotte dura longtemps, si long-temps que la famille Cocotte finit pars’endormir à l’ombre du grand tilleuldans la cour de la ferme.

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Le lendemain matin, la famille se réveilledans une concession au Burkina Faso. Ily a plein de poules autour qui leur posentdes tas de questions en même temps. - « D’où venez-vous ? Que faites-vousici ? Vous avez l’air en bonne santé ? » Heureusement le coq vient mettre unterme au chahut. Il s’éloigne de quelquespas avec Papa. - « Vous venez de France, c’est un longvoyage. Qu’est-ce que vous venez faireici ? » - « On visite des fermes avec les petits,histoire de leur montrer comment ça sepasse ailleurs ».Le coq s’éloigne un instant pour parleravec les anciens à qui il expose les raisonsde la visite de la famille Cocotte. - « Bien, bien, bien, je vous propose de vousaccompagner dans différents endroitsde la concession. Vous pourrez voir les cul-tures zaï, les cultures micropaillés, lesdiguettes, les microbullis, les fosses àfumier, les parcs à bétail ».

Le coq parle comme un professeur. Ilentraîne la famille de lieu en lieu, en expli-quant comment on cultive du mil, desoignons, des tomates, des aubergines, despiments, des gombos et même desbananes, des ananas, des mangues, desarachides et du maïs. Sur le chemin, ilsrencontrent des chèvres, des poules, desmoutons et aussi des vaches et descochons. Les cultures sont entourées dehaies vives anti-intrusion pour empê-cher les animaux de les détruire en lespiétinant. Le soir, on enferme les animaux.

Tout est prévu pour récupérer le

fumier qui servira à fertiliser le sol.

Le coq continue sa leçon. Les enfantsCocotte sont émerveillés de l’ingéniositéavec laquelle les paysans tirent parti duplus petit lopin de terre en adaptant lestechniques agricoles au peu d’eau dispo-nible dans le pays.

Là aussi, la couleur des piments, des poi-vrons et des fruits étonne les enfants. Lafamille Cocotte voit les femmes du villagepiler le mil dans de grands mortiers. Lecoq explique à Papa que dans certainesparties du pays, ils ont abandonné la cul-ture vivrière pour faire de l’agricultureintensive pour l’exportation. Il dit aussique, dans ces régions, les familles souf-frent de la faim. Il se met alors à parlerdes cours mondiaux du café, de l’arachide,du cacao… GrandCo voit bien que Papaa du mal à suivre. Le soir, Papa expliquequ’autrefois l’agriculture vivrière permet-tait de faire vivre une famille entière, toutcomme en Asie. Il ajoute que pour gagnerplus d’argent, des paysans se sont lancésdans la monoculture sur d’immensesparcelles. Maintenant les familles ne pro-duisent plus ce dont elles ont réellementbesoin pour se nourrir chaque jour. Le paysest obligé d’importer des aliments de baseà des cours mondiaux élevés.

La famille Cocotte va se coucher près dela case des anciens. Elle s’endort enécoutant les histoires des anciens du vil-lage. Dans le ciel noir, le croissant de lunedort.

6AGRICULTURE

5e jour Une ferme au Burkina Faso

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7AGRICULTURE

6e jour Burkina Faso

+ commerce équitableLa famille Cocotte a décidé de resterun jour de plus au Burkina Faso.Tout le monde est très fatigué. Maistous veulent voir de plus près la viedans ce pays si éloigné et si différentde la ferme du Père et de la MèreMichel. Tout ici est imprégné desoleil : la famille Cocotte a très chaudet très soif. Près du seul puits du vil-lage, les enfants ont trouvé un guidecharmant : Fatoumata. Du haut de sesquatre ans, la petite fille les pro-mène à travers la concession.

Papa, Maman et les enfants Cocottesuivent Fatoumata le long des che-mins étroits. Devant eux s’ouvrent delongues rangées d’arbres avec desfruits de la taille d’une grosse pêche.Les enfants ne reconnaissent pas cefruit mystérieux de couleur vertorangé. Fatoumata cueille alors unfruit de l’arbre et le coupe en deuxpour le faire goûter aux enfants.- « C’est une mangue », leur ditFatoumata. Maman imagine déjà les mets succu-lents qu’elle pourrait préparer avecce fruit si abondant ici : compote,confiture, bœuf aux mangues, etc.Maman Cocotte fait des projets. Lapetite guide très enthousiaste a unsecret et conduit son petit groupe jus-

qu’à un atelier. Les enfants et lamaman s’extasient devant le spec-tacle. Devant une table débordant demangues, tel artisan épluche lesmangues, tel autre coupe les fruits,tel autre les dispose dans un foursolaire, tel autre prépare de petitssachets de mangues séchées, telautre appose une étiquette sur l’em-ballage, tel autre confectionne descolis prêts à expédier. La familleCocotte découvre une petite entre-prise bien organisée et se souvientsoudain que dans la ferme du Pèreet de la Mère Michel, elle avait vu desouvriers charger des boîtes d’œufsdans des camions pour les emmenerau supermarché. Les questions fusent,les enfants veulent savoir où partentles colis de mangues. Fatoumata éclate de rire : - « Vous n’allez pas me croire, dit-elle,nos mangues séchées partent pourla France où elles seront vendues àun bon prix ». La famille Cocotte ne comprend pas. - « Pourquoi ne les mangez-vous pasici, vous ne les aimez pas ? ». - « Si, si, répond Fatoumata, mais leBurkina Faso regorge de mangues. Ily en a bien trop pour nous, alors nousles faisons sécher pour les conserverlongtemps et nous avons conclu un

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partenariat avec une structure com-merciale en France chargée de lavente. »

Le Papa est scandalisé : - « Mais comment pouvez-vous vivreavec le prix qu’on paie vos produits ?Le Père Michel est toujours furieuxlorsqu’il doit discuter le prix de ventede ses œufs. Ils sont vendus unemisère, cela ne paie même pas le tra-vail des ouvriers. »

Fatoumata explique à la famille queles mangues sont vendues à un prixsupérieur aux cours habituels, car ilssont commercialisées dans une struc-ture de commerce équitable quigarantit un salaire juste aux artisanset des conditions de vie plus favo-rables leur permettant même depayer la scolarité de leurs enfants etd’avoir accès aux soins.

La famille Cocotte a une bonne nou-velle pour le Père et la Mère Michel.Papa se tourne vers Maman Cocotteet lui chuchote à l’oreille : - « Chérie, je crois qu’il faut rentrer » !- « Pourquoi, si tôt ? Nous sommestrop fatigués pour entreprendre untel voyage ! »- « Non, chérie, il faut aller dire au PèreMichel de prendre contact avec cetorganisme et nos œufs seront payésà un juste prix. »

Fatoumata a tout entendu et, tout àcoup, elle a une idée. - « Ecoutez, un camion va arriver d’uninstant à l’autre pour prendre lescolis de mangues séchées. Ils doiventêtre acheminés aujourd’hui parcontainer jusqu’en Bretagne… Faitesdes provisions d’eau et de nourritureet montez dans le container. »

Aussitôt dit, aussitôt fait. Mamancourt à travers champs et ramassetomates, poivrons, mil, maïs, hari-cots verts, choux, oignons. Papa faitdes provisions de bois de manguierpour faire du feu. Les enfants suiventFatoumata jusqu’au puits pour puiserde l’eau en grande quantité. Uneheure plus tard, la famille entend levrombissement d’un moteur.

- « Le camion arrive, crie GrandCo.Dépêchez-vous… Faites vite… »

La famille se rassemble en courant etgrimpe dans le container. Une nou-velle aventure commence.

8AGRICULTURE

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9AGRICULTURE

7e jour Le jour du reposC’est aujourd’hui le temps du repos.La Famille Cocotte s’éclaire à lalumière d’une bougie. Le containerembaume les mangues séchées. PapaCocotte ouvre le livre des ancêtrespour faire la lecture. Il n’y a plus un

bruit si ce n’est la voix du père. Toutle monde écoute. L’histoire parled’une famille qui a quitté sa cage pourpartir à la découverte du monde.

Papa Cocotte commence sa lecture :

- « Derrière la maison du Père et de la Mère Michel, lafamille Cocotte s’ennuyait ferme. Cages trop petites, aliments sans goût, beaucoup de bruit.En plus, il y avait beaucoup d’allées et venues, et mêmedes disparitions. Bref, Papa et Maman Cocotte avaientdécidé de partir en voyage avec leurs enfants pour leurfaire découvrir la vie ». •••

Fin

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1AGRICULTURE

A) AVANT Lire Genèse 1 verset 29 :Dieu dit : « Voici que jevous donne toute herbeporteuse de semence (…)et tout arbre fruitier por-teur de semences : ce seravotre nourriture »

Genèse 2 verset 9 :« L’Eternel Dieu fit ger-mer du sol toutes sortesd’arbres d’aspect agréableet bons à manger… » Et verset 10 :« …un fleuve sortaitd’Eden pour arroser le jar-din »

Puis Genèse 2 verset 15 : « L’Eternel Dieu pritl’homme et le plaça dansle jardin d’Eden pour lecultiver et le garder »

A la lecture de ces ver-sets, d’après vous, quedemande Dieu auxhommes qu’Il vient decréer ?Réponse : de s’occuper du« jardin » qu’Il leur confie.

Cela vous paraît-il unemission difficile ? Réponse : Dieu DONNEl’herbe porteuse de semen-ce, et l’homme CULTIVE lejardin et un fleuve l’ARROSE

B) APRESExtraits de Genèse 3 verset 17 :« … le sol sera maudit…c’est avec peine que tu entireras ta nourriture, tousles jours de ta vie il teproduira des chardons etdes broussailles, et tumangeras l’herbe de lacampagne... c’est à lasueur de ton visage quetu mangeras du pain… »

Que s’est-il passé entreces deux séries deversets ? Réponse : la chute et lepéché ; l’homme n’est plusdans le jardin d’Eden (verset 23 : Dieu le renvoyadu jardin d’Eden pour qu’ilcultive le sol d’où il avait ététiré).

L’homme doit désormais tra-vailler dur pour se nourrir, ily a des chardons et desbroussailles, (�une illustra-tion de toutes les difficultés)il doit manger l’herbe de lacampagne (�se courber…), àla sueur de son visage parcequ’il doit fournir beaucoupd’efforts.

C) ET AUJOUR-D’HUI ?Laisser les enfants parler dece qu’ils savent sur l’agricul-ture aujourd’hui, les orientervers leurs propres expé-riences de jardinage.

Quels sont les facteurs favo-rables ?soleil/lumière + eau + bonnesemence + outils adaptés+ travail

Que se passe-t-il quandl’un de ses élémentsmanque ?Imaginez chacun des scéna-rios…Pas de graine à planter… Pas de soleilPas d’eau Pas d’outils pour le jardinPersonne pour travailler…

Et si la terre ne produitpas, que se passe-t-il ? Pas de nourriture pour leshommes et les animaux,La famine,La pauvreté,La maladie…

Garder et cultiverle jardin...

ECOLE DU DIMANCHEEnfants 7-11 ans

Discussion en trois temps : Préambule pour l’animateur :

Ce partage avec les

enfants a pour but de les

informer et de leur faire

prendre conscience des

difficultés rencontrées

dans d’autres pays par

d’autres enfants et aussi

de développer leur recon-

naissance vis-à-vis de

Dieu qui pourvoit. Il est

important de dialoguer

avec eux et de tenter

d’apporter quelques élé-

ments de réponse à leurs

questions sur des pro-

blèmes d’actualité

comme la sécheresse ou

la faim dans le monde.

par Nathalie Dobozy

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Eveil aux difficultés des autres pays :

Proposer aux enfants de se répartir en deux groupes (ou quatregroupes : deux groupes ayant alors la même planche de photos).Chaque groupe prend une série de photos et, d’après les commentaires,essaie de comprendre le thème illustré.Après discussion dans le petit groupe, on désigne un « rapporteur » quiexpliquera aux autres groupes ce qu’il a vu et appris d’après les photos.

Leur indiquer éventuellement comment faire la présentation :Où cela se passe-t-il ?Quel est le problème illustré par les photos ?Que font les paysans africains ?

Planche de photos 1 : Le manque d’outils modernes et efficaces pour bien travailler.

Planche de photos 2 :Le problème de l’eau : sécheresse /difficultés pour irriguer / pluies vio-lentes qui ravagent tout.

2AGRICULTURE

1°) Confiez à chaqueenfant quelquesgraines, et lui demander

de les planter chez lui, s’il aun jardin ou dans un pot s’ilpeut trouver de la terre : leresponsabiliser sur le faitde les cultiver et d’enramener, dans quelquetemps, le « fruit ». Choisir des graines quipoussent vite et facile-ment (lentilles, parexemple).Eventuellement, confection-ner avec eux un joli petit sacagrémenté d’un verset, pourporter les graines. On peut aussi envisager de lefaire en groupe, à l’église, sil’église dispose d’un terrain ouutiliser une jardinière.

Temps de prière et de reconnaissance envers DIEU :

MERCI SEIGNEUR POUR L’ABONDANCE DE CHAQUE JOUR Merci pour le soleil, Merci pour l’eauMerci pour les agriculteursMerci pour le miracle du grain quigerme pour donner la semenceMerci pour le pain de chaque jour…

Activités manuelles :2°) L’awalé : jeu traditionnel africain à base de graines (une illustration ludique de la culture Zaï !)

Matériel : • 24 graines par enfant, (au

choix : haricots secs, noyaux,poix chiches, grains de café…)

• 1 boîte à œufs par enfant, de préférence boîte de 12 ou deux boîtes de 6 œufs• un petit bol pour stocker les graines (facultatif)

Préparation : décorer si possible les boîtes d’œufs avec des motifs africains, (assembler lesdeux boîtes de 6, le cas échéant), répartir les graines.

Ce jeu se joue deux par deux (mais chaqueenfant peut se préparer un jeu pour emmenerchez lui). Chaque joueur dispose de 24 graines.Chaque joueur doit avoir face à lui une des deuxrangées de 6 alvéoles de la boîte à œufs, et choi-sit sa rangée. Chacun dispose 4 graines dans cha-cune de ses 6 alvéoles.

Le 1er joueur, tiré au sort, prend toutes les grainesde l’une de ses alvéoles et les sème, une à une,dans les quatre alvéoles suivantes, en allant versla droite, dans le sens inverse des aiguilles d’unemontre. Il peut donc semer dans le terrain de

son adversaire. Le 2ème joueur fait de même etchacun continue ainsi à semer à tour de rôle.

Chaque fois que la dernière graine seméetombe dans une case adverse garnie d’une

ou deux graines seulement, le joueur pré-lève l’ensemble et le stocke dans son bol.Il s’empare aussi du contenu de la case pré-cédente si celle-ci contient deux ou troisgraines et se situe en territoire adverse. Lapartie s’achève quand on ne peut plus semer.Le vainqueur est celui qui a le maximum degraines dans son bol.

Deux choses à savoir : En semant le contenu d’une alvéole bien rem-plie, on retombe parfois sur la case de départ :il faut la sauter car la règle interdit de redépo-ser une graine dans la case que l’on vient devider.Si un joueur vide toutes ses cases, son adver-saire est tenu de le réalimenter en semant autour suivant afin que la partie puisse continuer.

Ce jeu se trouvesur le catalogued’ARTISANAT SEL. Tél. 02 38 89 21 00

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Les enfants aussi participent aux travaux des champs

L’absence de techniques agricoles modernes rend le travail de la terre plus difficile.

Les outils sont souvent « manuels », et fabriquéspar les paysans eux-mêmes.

3AGRICULTURE

Planche de photos N° 1 Les outils et techniques agricoles

Ces photos et ces exemples sont tirés du travail d’un partenaire du S.E.L. au Burkina Faso.

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4AGRICULTURE

L’eau courante est rare… Pour arroser les cultures, ilfaut se rendre au puits, (quand il en existe un !) etc’est souvent le travail des enfants.

L’eau est nécessaire pour que la récolte soit bonne, maissi les pluies sont trop fortes quand le sol est très sec,elles inondent et ravagent les cultures.

Planche de photos N° 2 :Le problème de l’eau : sécheresse et inondations

La culture ZAÏ :Pour permettreaux semencesde pousser, lespaysans creu-sent des trous,les remplissentde fumier et,après la pluie,sèment lesgraines de mildans chaquetrou. La profon-deur permet deretenir l’eau àl’endroit où estaussi le fumier.Cette techniquelimite lesravages de l’eau,quand les pluiessont très fortes.

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Samuel Sawadogo est agriculteur. Ilpossède 9 champs. 3 d’entre eux sontautour de sa concession, et les 6autres se trouvent dans le périmètreWégoubri («  sauver la brousse  »)aménagé par l’AZN. Ce périmètreWégoubri a l’avantage d’être entourépar du grillage et par des haies vives.Le grillage empêche les animauxd’entrer dans les champs et dedétruire les cultures. Les haies vivescontribuent à lutter contre l’érosioncar elles retiennent l’eau dans le sol.Les champs à l’intérieur du péri-mètre sont entourés par des diguettesen terre pour freiner l’écoulement del’eau en surface, et des microbullis sontcreusés au point le plus bas du champpour contenir l’eau de pluie.

Samuel cultive 2 champs par an surles 6 du périmètre et laisse les autresen jachère. Il possède ces 6 champsdepuis 6 ans.

C’est dans le périmètre que Samuel cul-tive le mil, le sorgho blanc et le sorghorouge, le petit mil. Dans les champs quientourent les concessions, ce sont les ara-chides et le maïs qui sont les plus culti-vés, en général par les femmes.

La famille de Samuel pratique aussiquelques cultures maraîchères pendant lasaison des pluies : tomates, concombres,piments, aubergines, qui sont cultivés auniveau des points d’eau (les microbullis),et ainsi peuvent être arrosés facilement.Comme il n’y a pas de barrage au village

de Guié, ces cultures maraîchères ne sontpossibles que durant la saison des pluies.Samuel possède aussi un petit troupeaude chèvres et de moutons, des porcs et despoules, ainsi que des ânes, pour le trans-por t et les travaux des champs.Actuellement, les enfants emmènenttous les jours les animaux à travers labrousse, pour qu’ils broutent. Lorsque lasaison des pluies aura réellement débuté,Samuel ne laissera plus ses animaux diva-guer, il les nourrira lui-même, et ainsi lesempêchera de brouter le mil et donc dedétruire les cultures.

Toute la famille participe aux travauxdes champs. Dès qu’il pleut, toute la

famille, hommes, femmes et enfants com-mencent les travaux des champs quidureront jusqu’à la récolte. La saison despluies coïncide avec les vacances scolaires,ce qui permet aux enfants d’aider lesadultes. Dans la famille de Samuel, lesenfants ont tous la chance d’aller à l’école.

Samuel affirme qu’il est très satisfaitdepuis qu’il possède des champs dans lepérimètre aménagé, car les récoltes de milsont abondantes et sa famille ne connaîtplus la pénurie grâce à l’utilisation de nom-breuses techniques de culture qui permet-tent d’améliorer les rendements.Premièrement, on empêche les animauxde venir brouter les cultures en grillageant

Rencontre avec 3 familles d’agriculteurs

à Guié au Burkina Faso

ETUDE DE CASEnfants de 9 à 11 ans

La famille de Samuel SawadogoAvec les femmes, les enfants et les personnes âgées, la famille de Samuel compte environvingt personnes, qui habitent toutes dans la même cour.

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le périmètre, ensuite on lutte contre lemanque d’eau en s’efforçant de la rete-nir et de la faire pénétrer dans le sol grâceau creusage de microbullis et en plantantdes haies vives (les racines retiennentl’eau en profondeur). De plus, on luttecontre l’érosion et le lessivage des solsen érigeant des diguettes de terre auxabords des champs, ce qui permet à l’eaud’être retenue dans les champs.Au niveau purement cultural, Samuel esttrès heureux car l’AZN enseigne aussi denouvelles méthodes de cultures, notam-ment la culture zaï et la culture paillée.

Samuel utilise aussi ces techniques pourle maraîchage, et cela lui permet devendre le surplus de légumes qu’il récolte.

L’année 2005 a été très difficile à Guiéà cause de la sécheresse de l’an passé etde l’attaque des criquets qui ont détruitles cultures. Beaucoup de familles sontcontraintes d’acheter du mil, leur grenierétant vide depuis plusieurs mois déjà, par-fois même depuis la récolte de l’annéedernière. Pour gagner l’argent qu’elles uti-liseront pour acheter le mil, ces famillesdoivent trouver d’autres activités, parexemple aller chercher du bois de chauffedans la brousse et le vendre au marché.

Samuel dit que grâce à la culture zaï, ila eu de bonnes récoltes et n’a pas besoinde trouver d’autres activités.

Le déroulement des journées de lafamille de Samuel varie selon les périodesde l’année. Pendant les semis, la journéeest longue, la famille part au champ dèsle petit matin. Une pause rapide pourmanger coupe cette longue journée detravail. En ce qui concerne les repas, lematin tout le monde part au champ saufla personne qui prépare le repas. Quandelle a terminé, elle emmène les marmitesau champ. Le soir, elle arrête de travaillerplus tôt pour aller chercher le bois, l’eau,et revenir préparer le repas à la maison.

Samuel souhaite développer son éle-vage. D’une part, la vente du bétail per-met une bonne source de revenus, etd’autre part, le fumier est nécessaire pourune bonne récolte.Samuel n’a pas assezde fumier et doit envoyer les enfants leramasser dans la brousse.

2AGRICULTURE

La famille de M. Lallé

La famille de M. Lallé compte 6 personnes. Elle possède quelqueschamps autour de sa concession, mais pas dans le périmètre amé-nagé de l’AZN.

Ils n’ont plus d’animaux d’élevage car ils ont dû les vendre pour acheter du mil.M. Lallé est aussi forgeron, il possède une forge chez lui et vend des pioches, descouteaux et divers outils qu’il fabrique.

La période actuelle est difficile. Ils souffrent de la famine, et c’est ainsi tous lesans. Ils manquent de mil et d’eau.

M. Lallé aimerait faire de la culture zaï mais il manque de fumier.

Les meilleures années, M. Lallé peut tenir 6 mois avec ses propres récoltes. Pourles mois suivants, il doit acheter de la nourriture mais c’est difficile car il n’a pastoujours de travail à la forge et donc l’argent n’entre pas toujours régulièrement.

A l’avenir, M. Lallé souhaiterait pouvoir racheter des animaux, et pour cela il comptebeaucoup sur la récolte de cette année, qui, si elle est bonne, lui permettra d’éco-nomiser.

Il souhaite aussi pouvoir acquérir un champ dans le périmètre aménagé, afin queses cultures soient protégées de la divagation des animaux et qu’il puisse faireaussi du maraîchage grâce aux points d’eau existants.

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La lecture de ces trois témoignages nousapporte de nombreux éléments sur lavie quotidienne des agriculteurs vivriersd’un petit village du Burkina Faso.

On y apprend que la culture est un tra-vail familial, que les travailleurs utilisentprincipalement la force de leurs bras etqu’ils s’aident parfois d’un âne ou plusrarement d’un bœuf pour labourer.

On remarque ensuite la différence entreces trois familles. Certes, ce sont toutesdes familles d’agriculteurs  ; certainesréussissent à vivre du travail de la terremais l’une d’entre elles doit cumuleravec une autre activité pour survivre. Lafamille de Samuel Sawadogo a le privilè-ge de bénéficier d’un programme dedéveloppement initié par une associa-tion, la famille de M. Lallé rencontrebeaucoup de difficultés et doit s’en sor-tir sans soutien, et enfin la famille dePourkeita Gagré, réussit à vivre de sontravail sans soutien extérieur.

Dans un même milieu, on rencontretrois situations distinctes. Néanmoins, lapréoccupation est la même pour tous  :pouvoir manger et boire chaque jour. AuBurkina Faso, chaque année on se batpour satisfaire ses besoins primaires.L’eau est un facteur déterminant, le pre-mier enjeu est de la retenir, d’où l’impor-tance de développer des techniques cul-turales adaptées qu’il faut ensuite trans-mettre aux populations qui, le plus sou-vent, n’ont jamais reçu d’enseignementet n’ont pour connaissances que leurexpérience.

A Guié et partout ailleurs, c’est seule-ment lorsqu’une famille aura dégagé unbénéfice de son travail, grâce à unebonne récolte résultant de la maîtrisede son environnement, qu’elle pourraenvoyer ses enfants à l’école et que lesgénérations futures seront un espoirpour le pays.

A nous de participer à l’initiation de pro-jets divers qui seront des tremplins pources familles et leurs enfants, non pluspour une survie mais vers une vie.

3AGRICULTURE9-11 ANS • CAMPAGNE AGRICULTURE

ACTIVITES AVEC LES ENFANTS

• Coloriage d’un périmètreaménagé

• Similitudes et différencesavec les dessins du quoti-dien des trois familles

• Trouvez les dix erreurs

Pourkeita est un agriculteur expérimenté.

Ses enfants sont adultes et ses filles sont mariées.Il a récemment déménagé tout en restant dans levillage de Guié pour disposer d’une parcelle plusfavorable à la culture. Il a reconstruit une conces-sion avec sa femme et son fils encore à la maison.

Il en a profité pour construire aussi des bâtimentspour les animaux. Il possède, en effet, un petit éle-vage de porcs, de bœufs, de chèvres, de poules etde pigeons, et même de lapins.

Tous les animaux sont enfermés dans des enclos,ce qui lui permet de cultiver de grands champsautour de sa concession sans que les culturessoient détruites par les animaux.

Il cultive principalement le mil et quelqueslégumes en saison pluvieuse (surtout le piment).

Pourkeita laboure ses champs avec son âne et pra-tique la culture zaï sur l’ensemble des champs.

Les récoltes sont fructueuses. Il possède aussi plu-sieurs manguiers dont la vente des fruits lui per-met de dégager un revenu supplémentaire.

La famille de Pourkeita Gagré

Synthèse

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5AGRICULTURE

Critères Famille Sawadogo Famille Lallé Famille P. Gagré

Combien y a-t-il de personnesdans la famille ? personnes

A-t-elle...

des outils ?

Fait-elle...

O = oui • X = non

des céréales ?

des légumes ?

la cultureattelée ?

la culture zaï ?

un tracteur ?

une retenued’eau ?

des animaux ?

un enclos ?

une haie vive ?

la pluie ?

du fumier ?

un stock suffisant ?

personnes personnes

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6AGRICULTURE

La famille de Samuel Sawadogo

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7AGRICULTURE

La famille de M. Lallé

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8AGRICULTURE

La famille de Pourkeita Gagré

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9AGRICULTURE

Retrouve les dix erreurs

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Pour fabriquer du compost,utilisable ensuite pour le jar-din potager, il faut que l’enfantdispose de temps et d’unespace de jardin. Ce peut êtrele jardin de l’église ou d’unmembre de la famille situé àproximité de la maison fami-liale. L’enfant aura besoin dusoutien de toute la famillepour mener à bien son entre-prise.

Fabriquer son compost per-met de recycler une bonne par-tie des déchets familiaux. C’estpourquoi, toute la famille doitjouer le jeu.

• Je délimite une zone dans uncoin du jardin à l’abri duvent et du soleil.

• Je creuse une fosse d’unmètre de profondeur et d’unmètre de large environ enprenant soin de garder laterre évacuée du trou à proxi-mité.

• Pour renforcer le trou et per-mettre à l’air de passer, jemets tout autour des palettesde transporteurs et j’en gardeune pour recouvrir ma fosse

à compost. Il ne faut pasque l’eau de pluie remplissela fosse.

• Je dispose au fond de lafosse mes premiers déchetsvégétaux : feuilles mortes,épluchures des fruits et deslégumes, légumes ou fruitspourris, cendres, détritus decuisine, marc de café, tontede gazon, sachets de thé,coquilles d’œufs, couennede jambon, croûte de fro-mage, orties, mauvaisesherbes, fleurs fanées, etc. enveillant à alterner résidushumides et résidus secs. Lesdifférentes couches ne doi-vent pas dépasser 5 cm.

• Avec une pelle, je rajoute unefine couche de terre (celleautour du trou).

• Tous les jours, je rajoute lesdéchets de la famille sousune fine couche de terre etje remue.

• Tous les trois jours, jemélange les détritus à l’inté-rieur de la fosse avec unefourche ou une pelle pourfaire entrer de l’air et accé-lérer le processus de pourris-sement. Je peux également

rajouter, par exemple, l’eau derinçage des fruits et légumessi mon compost est trop sec.

• Quand la fosse est pleine, jeme contente de retourner lecompost tous les quinze jourspour l’aérer.

• Quatre mois après, je vérifiel’état de mon compost : si lamatière est homogène, decouleur sombre et a l’odeurde l’humus des promenadesen forêt, le compost est prêtà être utilisé sinon il faudraencore attendre entre 1 et3 mois.

Activités enfants

1

Je fabrique mon compostLe compost est un fertilisant naturel. Il s’agit d’un engrais fabriqué à partir dedéchets organiques d’origine végétale. Il évite l’utilisation d’engrais chimiques,véritables pollueurs de l’environnement. Il diffère du fumier qui est aussi unfertilisant naturel fait de litières et de déjections animales.

Résidus non autorisés :

• la viande,• le poisson,• les produits laitiers,• les excréments d’animaux

domestiques (chien, chat).

1AGRICULTURE

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2AGRICULTURE

Pour les enfants vivant dans un appartement,il est possible de faire pousser des plantes surun balcon dans une jardinière ou dans un tiroirde placard, par exemple. Il suffit d’utiliser duterreau vendu dans le commerce.

Cultiver des légumes est à la portée de tous.Pour les enfants, choisissez des légumes et desfruits qui poussent vite pour ne pas les décou-rager.

Il existe sur le marché des kits de graines spé-cialement adaptées aux enfants car elles ger-ment très rapidement. Toutefois, même si un

enfant a besoin de voir rapidement le résultatde son travail pour ne pas être découragé, il noussemble préférable d’apprendre aux enfants lerespect des rythmes de la nature. La patienceest un fruit de l’Esprit.

C’est pourquoi, nous suggérons l’usage desgraines potagères classiques comme, parexemple  : les tomates cerise, les salades, lescarottes ou les épinards. Pour la plupart, il fautcompter quatre mois entre le semis et larécolte mais il suffit bien souvent de deux moispour la salade et les épinards.

• Je veille à ce qu’aucune mau-vaise herbe ne subsiste surma parcelle à cultiver.

• A l’aide d’une pioche, jecreuse des trous de 20 cm dediamètre et de 10 cm de

profondeur1, espacés de15 cm environ.

• Je remplis chaque trou avecle compost que j’ai fabriquéet je recouvre d’une finecouche de terre.

• Si ma région est pluvieuse,j’attends la pluie. Sinon, j’ar-rose chaque trou à l’aide d’unarrosoir.

• Je peux maintenant semerdeux ou trois graines dans lestrous en veillant à les recou-vrir de terre en fonction desgraines semées.

• Je laisse la nature faire sontravail.

Pendant ce temps, je surveillela provenance des produitsagricoles dans le caddie fami-lial en me posant deux ques-tions simples :

• Viennent-ils de mon pays ?• Viennent-ils d’un pays étran-

ger ?

1 Pour les espaces plus petits, vous pou-

vez réduire de moitié le diamètre dutrou.

Je crée mon jardin potagerA partir de 6 ans, un enfant peut s’occuper d’un jardin d’une surface de 1,5 msur 1 m. Les plus grands pourront bénéficier de plus grandes étendues en fonc-tion de la surface disponible dans le jardin. Les parents auront, au préalable,pris soin de préparer la terre avec les outils dangereux d’utilisation pour un enfant.

Je mets en pratique la culture zaï comme au Burkina Faso

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3AGRICULTURE

Je surveille le caddie des courseset les placardsL’objectif est d’attirer l’attention des enfants sur les échanges mondiaux des pro-duits issus de l’agriculture. Ce que nous mangeons aujourd’hui est le fruit dutravail des agriculteurs du monde entier.

L’enfant sait déjà que les produits exotiquesne sont pas produits en Europe, mais il doitaussi apprendre que certains produitsprovenant de l’étranger sont égalementproduits dans son pays.

Le moniteur peut aussi expliquer auxenfants que, dans les pays riches, lesagriculteurs, parce qu’ils sont formés etbien équipés en matériels agricoles, pro-duisent plus que ce qui est nécessaire pourl’alimentation de la population du pays.

Il y a donc plus de production que deconsommation. Pour éviter que ce surplusfasse chuter les prix de vente sur le mar-ché, les autorités subventionnent leurspaysans et le surplus est expédié aux paysen développement où il est vendu à desprix très bas, ce qui fait chuter les prix desproduits agricoles des paysans du Sud.

Les paysans du Sud, qui pratiquent géné-ralement une agriculture manuelle, ontune production plus faible et un besoin

plus grand en main d’œuvre. Ils ne peu-vent plus vendre leur production à un prixqui leur permettrait de vivre. C’est un freinà la production alimentaire locale. Si lapauvreté et la faim touchent, en particu-lier, les paysans c’est parce que le travailde la terre ne permet plus de nourrir lafamille et de dégager des bénéfices pourpouvoir investir pour la saison suivante,parce que le paysan n’arrive pas à vendresa production à un prix qui rémunère suf-fisamment son travail.

PRODUITS AGRICOLES PRODUITS DANS MON PAYS VENUS DE L’ETRANGER

TOMATE

AVOCAT

ENDIVE

ANANAS

POMME DE TERRE

FARINE DE BLE

MAIS

SALADE

BOITE DE THON

RIZ

ASPERGES

CREVETTE SURGELEE

OLIVE

PETIT POIS EN BOITE

HARICOT VERT EN BOITE

POULET

BETTERAVE

POISSON SURGELE

PUREE EN FLOCONS

PATES

POMME

Indiquer le pays

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4AGRICULTURE

Entoure les phrases

justes

VRAIFAUX

Réponses à masquer avant de faire les photocopies :1 vrai ; 2 vrai ; 3 vrai ; 4 faux ; 5 vrai ; 6 faux ; 7 vrai ; 8 vrai.

1. Au Burkina Faso, la langue officielle est le français mais il se parle 60 langues.

2. Dans les pays pauvres, le métier le plus exercé, est le métier d’agriculteur.Il concerne près de trois personnes sur quatre.

3. Dans les pays riches, il y a de moins en moins de paysans mais ils travaillentde plus grandes exploitations.

4. Les paysans du Sud possèdent tous un tracteur ou une charrue tirée parun animal.

5. Les paysans du Sud ne mangent pas à leur faim car ils n’arrivent souventpas à vendre leur production à un prix suffisamment élevé.

6. Les agriculteurs du monde n’arrivent pas à produire suffisamment de nour-riture pour les besoins de la planète.

7. Le prix des produits agricoles au niveau mondial est en constante baisse.C’est la surproduction des agriculteurs du Nord et les subventions accor-dées aux agriculteurs des pays riches qui font parfois chuter les prix.

8. La productivité des paysans du Sud est moindre par rapport à celle despaysans des pays riches car ils sont mal formés et disposent de peu d’ou-tils agricoles.

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La phrase mystérieuse...

QUELLE EST LA PHRASE MYSTERIEUSE QUI SE CACHE DERRIERECES LETTRES ?

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1AGRICULTURE

Histoireà trous...

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Le mot agricul ture apparaît peu souvent dans la

Bible mais le concept y est partout présent. On trouve fré-

quemment l’expression « le travail de la terre » ou le terme

« laboureur ». La seule fois où ce mot apparaît dans nos

traductions, il est en lien avec un r oi de Juda

du nom d’Oz ias. La Bible dit de lui « qu’il

aimait l’agriculture ». Le passage se trouve dans

2 Ch ro n i q u e s 26.10. Ozias, appelé aussi Azaria, monta

sur le trône du vivant de son père Amatsia alors qu’il avait

16 ans et régna 52 ans. Il développa l’agriculture, bâtit des

tours dans le désert et creusa des puits. Ce fut un agent

actif de développement pour le royaume de Jud a

auquel il redonna force et indépendance.

Le métier de la terre et de l’éle vage ne s’impro-

vise pas. Il s’apprenait la plupart du temps de père en fils.

C’est un travail où tous les membres de la famille s’im-

pliquent selon les capacités de chacun. Ainsi, David, le cadet

de 8 frères, participait-il au travail en gardant les brebis

de son père Isaï (1 Samuel 16.11).

Toutes les terres ne sont pas équivalentes, certaines sont

plus fe rtiles que d’autres, mais certaines techniques

agricoles améliorent le rendement, notamment quand

l’ea u est rare et qu’il faut maîtriser sa

consommation. De même, la prép arat ion de la terre est

une étape importante dont l’agriculteur ne peut se passer

s’il espère obtenir de bonnes ré coltes.

De plus en plus souvent, en Europe, à cause de la séche-

resse, les autorités imposent aux agriculteurs des mesures

de restrictions d’eau par arrêté préfectoral. Toute la

récolte du paysan s’en trouve menacée. Pourtant, il existe

des moyens d’irriga tion à faible demande en eau.

C’est le cas de la culture za ï et de la culture

paillée pratiquées par l’AZN, partenaire du S.E.L. au

Burkina Faso.

La culture zaï commence après le la bour du

champ avec une charr ue et un attela ge

quand le périmètre est grand ou une charrue à main pour

un champ plus petit. A l’aide d’une daba (pioche), l’agri-

culteur creuse ensuite des trous de 20 cm de diamètre et

de 10 cm de profondeur, esp acés de 15 cm. Chaque

trou est rempli de fum ier, un fertilisant naturel.

Il faut ensuite attendre la pluie (ou arroser) avant de

e quelques graines de mil dans chaque

. Les trous retiennent l’humidité et limi-

tent le lessivage des sols en cas de fortes pluies.

La culture paillée, quant à elle, se pratique sur un terrain

labouré ou pas. Le sol est recouvert d’une épaisse couche

de pai lle d’environ 30 cm. Lors des premières

pluies, la paille va retenir l’eau puis l’humidité ensuite.

L’agriculteur creuse un trou dans la paille et y dépose

quelques seme nces. La technique permet de conser-

ver l’humidité sous la paille même en l’absence prolon-

gée de pluie.

Dans plusieurs pays en développement qui souffrent de

sécheresse ou d’érosion des sols en saison des pluies, ces

deux techniques permettent aux agriculteurs de cultiver

leurs terres avec efficacité.

Pour améliorer encore les résultats, l’AZN construit des

retenues d’eaux de pluie, protège les champs de l’érosion

des sols et des animaux par la plantation d’une haie vive,

aménage des fosses à fumier et respecte le principe biblique

de la jachère.

2AGRICULTURE

Histoireà trous...

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Le mot agriculture apparaît peu souvent dans la Bible

mais le concept y est partout présent. On trouve fré-

quemment l’expression « le travail de la terre » ou le

terme « laboureur ». La seule fois où ce mot apparaît

dans nos traductions, il est en lien avec un roi de Juda

du nom d’Ozias. La Bible dit de lui « qu’il aimait l’agri-

culture ». Le passage se trouve dans 2 Chroniques

26.10. Ozias, appelé aussi Azaria, monta sur le trône

du vivant de son père Amatsia alors qu’il avait 16 ans

et régna 52 ans. Il développa l’agriculture, bâtit des

tours dans le désert et creusa des puits. Ce fut un agent

actif de développement pour le royaume de Juda

auquel il redonna force et indépendance.

Le métier de la terre et de l’élevage ne s’improvise

pas. Il s’apprenait la plupart du temps de père en fils.

C’est un travail où tous les membres de la famille s’im-

pliquent selon les capacités de chacun. Ainsi, David,

le cadet de 8 frères, participait-il au travail en gardant

les brebis de son père Isaï (1 Samuel 16.11).

Toutes les terres ne sont pas équivalentes, certaines

sont plus fertiles que d’autres, mais certaines

techniques agricoles améliorent le rendement,

notamment quand l’eau est rare et qu’il faut

maîtr iser sa consommation. De même, la

préparation de la terre est une étape importante

dont l’agriculteur ne peut se passer s’il espère obtenir

de bonnes récoltes.

De plus en plus souvent, en Europe, à cause de la

sécheresse, les autorités imposent aux agriculteurs

des mesures de restrictions d’eau par arrêté préfec-

toral. Toute la récolte du paysan s’en trouve mena-

cée. Pourtant, il existe des moyens d’irrigation à faible

demande en eau. C’est le cas de la culture zaï et de

la culture paillée pratiquées par l’AZN, partenaire du

S.E.L. au Burkina Faso.

La culture zaï commence après le labour du champ

avec une charrue et un attelage quand le périmètre

est grand ou une charrue à main pour un champ plus

petit. A l’aide d’une daba (pioche), l’agriculteur creuse

ensuite des trous de 20 cm de diamètre et de 10 cm

de profondeur, espacés de 15 cm. Chaque trou est

rempli de fumier, un fertilisant naturel. Il faut

ensuite attendre la pluie (ou arroser) avant de semer

quelques graines de mil dans chaque trou. Les trous

retiennent l’humidité et limitent le lessivage des sols

en cas de fortes pluies.

La culture paillée, quant à elle, se pratique sur un ter-

rain labouré ou pas. Le sol est recouvert d’une

épaisse couche de paille d’environ 30 cm. Lors des

premières pluies, la paille va retenir l’eau puis l’hu-

midité ensuite. L’agriculteur creuse un trou dans la

paille et y dépose quelques semences. La technique

permet de conserver l’humidité sous la paille même

en l’absence prolongée de pluie.

Dans plusieurs pays en développement qui souffrent

de sécheresse ou d’érosion des sols en saison des

pluies, ces deux techniques permettent aux agricul-

teurs de cultiver leurs terres avec efficacité.

Pour améliorer encore les résultats, l’AZN construit

des retenues d’eaux de pluie, protège les champs de

l’érosion des sols et des animaux par la plantation

d’une haie vive, aménage des fosses à fumier et res-

pecte le principe biblique de la jachère.

3AGRICULTURE

Histoireà trous corrigée

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Pour conduire la discussion après le film, voici quelques exemples de questions à soulever :

Diffusion du film « le cau-chemar de Darwin » lors dela soirée.

Le film « le cauchemar deDarwin » a reçu le prix duMeilleur Film DocumentaireEuropéen 2004, le PrixEuropa Cinémas FestivalInternational du Film deVenise 2004 et le Grand Prixdu Festival Premiers PlansAngers 2004.

Le film a été écrit et réalisépar Hubert Sauper.

Des textes et des imageschocs pour dire en quelquesmots (parfois extorqués àleurs auteurs) le cauchemarque peut représenter unecertaine forme de la mondia-lisation quand les échangessont inégaux et que le pou-voir de décision n’est paspartagé.

Même si les images sontfortes et peuvent choquerles plus sensibles, nousrecommandons ce documen-taire car il explique, à partird’un cas concret (et réel) undes drames que vit l’Afriqueaujourd’hui et, en général,tous les pays pauvres, ainsique le rôle que peuventjouer les pays riches pourentretenir cette situation.

• La situation autour du LacVictoria s’est-elle amélioréedepuis l’arrivée de la perche duNil et de sa commercialisation ?

• Que faisaient autrefois les per-sonnes qui travaillent mainte-nant à l’usine de poissons ?

• Sont-elles plus autonomes qu’au-trefois ?

• Expliquez le processus du début àla fin ?

• Pensez-vous que l’ouvertured’une usine dans un pays pauvrefavorise le développement local ?Argumentez votre réponse. Est-cele cas ici ?

• Pourquoi pouvons-nous dire quela perche du Nil est un poisson etun poison écologique et écono-mique ?

• Enumérez les points positifs etnégatifs de la commercialisationde la perche du Nil du point devue des pays riches et du pointde vue de la population locale ?

• Si la Tanzanie connaît la pénuriealimentaire, pourquoi la popula-tion ne peut-elle pas manger lesfilets de perche exportés enEurope et au Japon ? De quoidoit-elle se contenter ?

• Comment les guerres en Afriquecréent-elles de la richesse pourles pays riches ?

QUE DIT LA BIBLE SUR LES ECHANGES ?Parmi les principes que l’on retrouve tout au long dela Parole de Dieu, il y a le principe de partage desrichesses et les principes de justice (pas de balancesfausses). Comment les appliquer aujourd’hui ?

En ce qui concerne les balances fausses, on est aujour-d’hui effectivement au niveau de nos pays dans unegrande hypocrisie par rapport à ces questions : onse plaint avec certaines raisons du textile chinois quienvahit nos marchés, mais nous, nous demandonsque les autres pays laissent leurs marchés ouvertspour nos propres produits, et il nous arrive aussi desubventionner nos produits pour qu’ils puissentmieux entrer chez les autres.

Au Mexique, par exemple, la situation des petits pay-sans du Chiapas est dramatique : ils vivaient de dif-férentes cultures, notamment du maïs, mais nepouvaient plus continuer à cause de l’arrivée de maïsnord-américain subventionné et vendu moins cherque le maïs produit par les paysans mexicains. La situa-tion est la même dans d’autres pays pour d’autres pro-duits.

Vrai-fauxle débat sur le film

« Le cauchemar de Darwin »

JEUNES

1AGRICULTURE

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2AGRICULTURE

Méditation :Jacques 4.17 : « Celui donc qui sait faire ce qui estbien, et qui ne le fait pas, commet un péché ».

Pour animer un débat avec les jeunes,reportez-vous à l’article sur la mondiali-sation et à celui sur les OGM joints au dos-sier. Pour débattre des pistes possibles,reportez-vous à l’article sur le commerceéquitable.

Dans le film, plusieurs ouvriers de l’usinevivaient du travail de la terre avant d’aller tra-vailler à l’usine. Maintenant qu’ils sont occu-pés à l’usine, ils ne cultivent plus leurs terreset doivent acheter leur nourriture.

Dans les pays en développement, des millionsde personnes vivent de l’agriculture. Leur pro-duction se trouve souvent concurrencée par nosproduits agricoles subventionnés. D’un autrecôté, nos pays riches achètent bon marché leursproduits et leurs matières premières.

Nos balances sont-elles justes quand nos paysriches agissent ainsi au détriment des payspauvres ?D’après vous, nos échanges sont-ils équitablesquand nous construisons une usine dans unpays pauvre en ne tenant aucun compte desrisques écologiques et ce, parce que la maind’œuvre y est peu rémunérée ? Pensez-vous que les textes bibliques sur lesbalances fausses doivent s’appliquer à la pro-tection des plus vulnérables ?

Avec cette idée de la balance, il y a aussi la ques-tion de la justice. Le pasteur et professeur LouisSchweitzer faisait remarquer que, si tous lesmatins quelqu’un se faisait attaquer par les bri-gands, le bon Samaritain devrait tous les joursrefaire ce qu’il fait. Ne faudrait-il pas alors seposer la question de la sécurisation de laroute, afin de ne pas avoir à apporter cette aidetous les matins ? Une autre image, c’est cellede quelqu’un qui tombe de la falaise et que l’onva aider et soigner : mais s’il y a toujours quel-qu’un d’autre qui tombe et que l’on va conti-nuer à aider, alors la question à se poser seraitpeut-être d’aller voir là-haut ce qui se passe,pourquoi quelqu’un tombe toujours et commentéviter cela ?

Est-il juste d’entretenir de telles situationscomme celle du film (quand un soi-disantdéveloppement médiatisé comme positif est,en fait, un vrai cauchemar ) ?

Que pouvons-nous faire ?Que puis-je faire, ici et maintenant ?Si je continue à acheter de la Perche du Nil,que se passe-t-il ? Et si je n’en achète plus ?

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Jeunes

✔ 10 lieux

✔ 10 énigmes

✔ un parcours de moins de 3 km

✔ un rassemblement en fin de

parcours

✔ la remise d’un objet à chaque

point trouvé avec une autreénigme à découvrir pour l’étape suivante

Matériel nécessaire par équipe :✘ un panier en osier ou un cabas de

courses

✘ un crayon à papier

✘ une gomme

✘ une lampe torche

✘ un portable dont vous relèverez lenuméro

✘ une bouteille vide (pour rapporter de l’eau)

✘ une petite bouteille vide (pour rapporter de la terre)

✘ un plan de la ville avec le parcours

✘ une pochette ou une enveloppe (pour rapporter des feuilles)

Principes du rallye :L’organisation d’un rallye dans une ville prend un peu de temps mais est aussil’occasion de trouver de nombreux complices chez les commerçants et d’im-pliquer aussi des familles de l’église. Le premier conseil que nous donneronsc’est de constituer une petite équipe de trois personnes maximum dont leresponsable du groupe des jeunes ou des enfants.

L’équipe devra tout d’abord désigner les lieux correspondants le mieux auxénigmes figurant dans le dossier. Ensuite, il faut trouver l’endroit où dépo-ser le « trésor » et l’énigme suivante. N’hésitez pas à demander aux com-merçants de devenir vos complices et de remettre eux-mêmes les pochettesaux joueurs. Certains aiment bien jouer le jeu. De plus, le trésor sera parfoisdes produits achetés dans leur boutique.

L’animateur remet à chaque équipe un plan du parcours mais sans indiquerles étapes. Ce plan permettra que les jeunes arrivent au rassemblement finalmême s’ils ont sauté une étape.

Voici les dix lieux-étapes du rallye :

➔ un arbre

➔ un parc

➔ un point d’eau dans le parc

➔ une boulangerie

➔ un commerçant de fruits et légumes ou un fermier

➔ un lieu avec des animaux (poules, canards, lapins, chats ou chiens)

➔ un terrain abandonné

➔ une horloge dans la ville

➔ un jardin potager chez un particulier ou les champs cultivés d’unagriculteur

➔ une maison où le (la) propriétaire est revêtu(e) d’un tablier et aconfectionné un goûter pour les enfants et les jeunes

Il est temps de photocopier et de découper les énigmes figurant dans le dossier en fonction du nombred’équipes ou de joueurs si le rallye est un rallye individuel. Mettez ensuite les différentes énigmes dansdes pochettes de différentes couleurs correspondant à chacune des équipes. Pour que le rallye se passebien, il est primordial de veiller à ce que les équipes ne soient pas à la même étape en même temps.Les équipes peuvent se croiser et se suivre un temps mais jamais se retrouver à la même étape aumême moment, ou alors il s’agit d’une erreur.

Rallyedans la ville

1AGRICULTURE

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2AGRICULTURE

Première énigme :mot à trouver arbre(Ce texte pourrait être envoyépar sms pour démarrer le jeu etmotiver les jeunes pour le Topdépart)

Trésor : cueillette de quelques feuillesqui serviront à faire des boutures

Trésor : un peu de terre

Trésor : de l’eau

Trésor : différentes sortes de pain(maïs, seigle, blé, son, épeautre)

Trésor : des fruits et des légumes peuconnus si possible

Sous ses ailes, la fatigue des paysans du Nord etdu Sud s’envole mais il est plus que cela au Sudcar il est aussi un lieu de rencontre desvillageois qui discutent des sujets du village etoù le chef du village «rempli de connaissance»prend les décisions.

Deuxième énigme :parc

Troisième énigme :point d’eau

J’espère que vous aimez aller au parc ______________________. Maintenant écoutezbien la troisième énigme qui vous permettra de franchir la troisième étape.

Indispensable à la vie, rare, elle est l’enjeu d’un nouveau genre de guerre.Vous l’avez à proximité et vous l’oubliez parfois tellement elle est présentepartout sauf en de rares exceptions. Mais dans les pays du Sud, il fautparfois parcourir six longs kilomètres pour la trouver et ce sont lespaysans qui en utilisent le plus.

Quatrième énigme :boulangerie

Potable ou non potable, l’eau est rare en Afrique. Les pluies, de plus en plusirrégulières, compliquent le travail des paysans dans ces pays. Parfois, les pluies sontviolentes et balaient tout sur leur passage y compris la semence achetée avec peine. Pasd’eau = pas de récolte, trop d’eau = pas de récolte. Pas facile de cultiver la terre quandla nature semble être contre nous. Pour la prochaine étape, il faut ouvrir vos narines ethumer : que sentez-vous ? Une bonne odeur de chaud, c’est vrai mais encore… l’odeurd’autrefois. Pour cet aliment de base, il faudra aux paysans des litres d’eau pour voirapparaître un bel épi qui sera ensuite façonné de différentes façons. Vous ne voyeztoujours pas ? Vous êtes dans un beau pétrin, alors !

Cinquième énigme :maraîchage

Vous sentez comme cela sent bon. Moi, j’ai faim, pas vous ? Mais que mettre sur latartine, attention, réfléchissez et rêvez si vous voulez mais ne faites pas… Pour connaître la cinquième étape, je vous parlerai de quelqu’un qui n’est pas facileà déchiffrer, avec lui pas possible d’avoir une conversation normale, vous enconnaissez vous des gens comme ça ? Eh bien, lui m’a laissé ce message pour vous.

Devinez ce qu’il veut dire et allez lui rendre visite ! Il vous attend au milieu de millecouleurs et plus encore desaveurs. Il est dans l’unedes boutiques de la rue _______________ et voici un indice :

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Bravo, voilà une étape franchie. L’arbre ne sert pas seulement à faire de l’ombre. Au Burkina Faso, les arbres plantés forment une haie vive qui protège les culturesdu vent, du ruissellement et des animaux. Si vous vous êtes suffisamment reposésà l’ombre de ses feuilles, il est temps de partir pour la prochaine étape.Ecoutez bien la deuxième énigme :

Vous l’avez vu seul mais parfois il a beaucoup de semblables et c’estau Nord un lieu de rencontre des enfants.

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3AGRICULTURE

Sixième énigme : lieu avec des animaux

Trésor : des œufs, du lait, du jambon, dupâté, du beurre, etc. (s’il existeune ferme à proximité) ou unvieux collier de chat ou de chien

Trésor : rapporter le poteau

Note pour l’animateur :remettre une photo d’unquartier avec une horloge sansautre indication, les équipesdoivent reconnaître le lieugrâce à la photo protégée parune enveloppe aux couleurs del’équipe fixée sur un poteauenfoncé dans le champ.

Trésor : la photo

Septième énigme :terrain vague

Huitième énigme :horloge

Les fruits et les légumes sont essentiels pour se maintenir en bonne santé.Regardez bien tous ces étals savoureux et faites connaissance avec les légumes etles fruits que vous n’avez jamais goûtés. La culture maraîchère est peu répanduedans les pays du Sud car elle nécessite beaucoup d’eau. Nous voici déjà à la sixièmeétape. Qui dit sixième étape dit sixième énigme !

Rendez-vous à la rue ______________________ pour rencontrer votre ou vosmeilleurs amis !

Que c’était touchant cette rencontre avec vos amis, ne trouvez-vous pas ? Ces amis-là sont parfois des amis un peu envahissants car ils détruisent les récoltesdes paysans du Sud si ces derniers ne les gardent pas dans des enclos et neconstruisent pas de haie pour les empêcher de piétiner les champs cultivés. Mais cesont de grands amis aussi pour les paysans car ils leur fournissent l’engrais naturelqui permettra d’avoir une bonne récolte. Poules, porcs, moutons, chèvres et autresdéfécations d’animaux mais aussi les épluchures des légumes et des fruits peuventêtre utilisés comme fertilisant naturel.

Pour l’étape suivante, voici une nouvelle énigme plus difficile, écoutez bien etremuez vos méninges :

Dieu a confié à l’homme la responsabilité de la gestion de la création toutentière et il a aussi donné des directives précises. Pour retrouver la suitede votre parcours de rallye, regardez autour de vous et ne vous attardezpas sur le détail, recherchez son contraire.

Vous voilà arrivés sur un terrain non cultivé ou un terrain vague. Cela est trèsdifférent de la jachère qui est une institution divine se rattachant au principe dusabbat. Comme Dieu se reposa le septième jour de toute l’œuvre qu’Il avait faite,ainsi l’homme est invité à accomplir tout son travail en six jours et à se reposer leseptième : Tu travailleras six jours et tu feras tout ton ouvrage. Mais le septième jour est le jourdu repos de l’Éternel, ton Dieu. Tu ne feras aucun ouvrage ni toi, ni ton fils, ni tafille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni ton bétail, ni l’étranger qui est dans tesportes. Car en six jours, l’Éternel a fait les cieux, la terre et la mer et tout ce qui y estcontenu, et il s’est reposé le septième jour. (Exode 20.9-11). Pendant six jours, tuferas ton ouvrage, mais le septième jour, tu te reposeras afin que ton bœuf et tonâne aient du repos… (Exode 23.12). Ainsi l’homme doit-il également, tous les sept ans, accorder du repos à sa terre :champs, oliveraies et vignes, et en abandonner le produit aux pauvres, aux étrangerset aux bêtes des champs. La septième année était déterminée à partir de celle queDieu avait ordonnée lors de l’entrée de son peuple au pays de Canaan. Dieu l’avaitprécisé : Quand vous serez entrés dans le pays que je vous donne, la terre sereposera (Lévitique 25.2-4).

Regardez autour de vous et comme je commence à me fatiguer, recherchez vous-même votre indice.

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4AGRICULTURE

Neuvième énigme :

Remettre l’histoire à trous àcompléter. Les enveloppes sontscotchées sur l’horloge mais unanimateur les surveille de loin.

Trésor : Histoire à trous complétée

L’agriculture connaît ses saisons et ses temps. Cette horloge rappelle l’écoulementdu temps que l’on soit au Nord ou au Sud. Pour les paysans de Guié, au BurkinaFaso, le temps est venu d’expérimenter de nouvelles techniques agricoles comme laculture Zaï et cette horloge rappelle aussi que la Bible parle d’une fête toutespéciale qui est la fête des récoltes/Huttes/ tabernacles. La fête des récoltes estsynonyme de joie, de louange et de reconnaissance pour la récolte donnée parDieu. Il est temps maintenant de vous regrouper pour découvrir votre prochaineétape mais vous devez passer un examen.

Dans l’enveloppe se trouve un indice pour la prochaine étape.

« Labourer, semer, récolter riment avec aider ».

Quelqu’un vous attend dans la rue ______________________.

Il y a différentes façons d’aider les paysans, en travaillant avec eux ou en leurdonnant les moyens de cultiver correctement leurs champs avec une formation auxnouvelles techniques agraires, avec des outils et des équipements appropriés, etc.C’est la mission du S.E.L.

Prévoir un goûter avec les enfants et les jeunes en y intégrant les produits rapportés par les joueurs.Prévoir un moment de chants de louange et de prières.

Si vous avez encore un peu de temps, demandez aux joueurs de tester leurs connaissances sur les fruits et les légumes.

Indiquer la rue où un membrede l’église complice possédantun jardin potager travaille dansson jardin et attend les enfantsou les jeunes

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1AGRICULTURE

Le versement d’un prixjuste :

Dans le commerce équitable,nous prenons la rémunéra-tion du travailleur comme

point de départ : nos parte-naires sont assurés d’obtenir unprix qui leur donne un niveaude vie décent. Les ateliers sonthabilités à fixer les prix en

tenant compte de tous lesintrants et du salaire permet-tant aux artisans de vivredignement.

Un échange basé sur uneconfiance mutuelle :

Travailler avec les mêmes arti-sans, les mêmes producteursdepuis des années, permetune confiance mutuelle établiedans la durée. Elle est faited’échanges d’informations, devisites régulières et d’évalua-tions externes. Certains parte-naires sont déjà autonomes.Lorsqu’Artisanat SEL com-mence avec un nouveau par-tenaire, il lui est proposé, sibesoin, de l’aider dans sesdémarches.

Un appui technique à nospartenaires :

Lorsqu’un partenaire rencontreune difficulté, une réflexiondoit être menée pour trouverdes solutions et les mettre enplace, par des moyens internesou externes, selon les capaci-tés financières et humaines. Sile besoin est exprimé par le

partenaire, une formation luiest proposée pour diversifierles débouchés, améliorer lesstructures et mieux com-prendre les fonctionnementsdu commerce équitable.

Le pré-financement desmatières premières et dessalaires :

Payer les marchandises avantmême leur fabrication et auplus tard au moment de leurlivraison, assure aux artisansd’avoir un salaire et de pouvoiracheter les matières premièresnécessaires à leur travail.Dans le schéma commercialclassique, ils ne seraient payésqu’à 30 jours ou 60 jours aprèsla livraison, ce qui ne leur per-mettrait pas de faire face auxfrais de fabrication.

Le refus de recourir à l’ex-ploitation par le travail,particulièrement vis-à-visdes enfants :

Le commerce équitable veutaussi développer de bonnesconditions de travail pour lesartisans. Il faut être attentif à

Les principes duCommerce équitable

Un exemple pratiqueavec Artisanat SELArtisanat SEL s’attache à exercer un commerce qui oeuvre à la dignité de ses partenaires eninstaurant des bases d’échange saines, transparentes et réciproques telles que :

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ce que le matériel soit entretenu, que les arti-sans aient les protections adéquates, que lestemps de repos soient respectés, etc.Une attention particulière est portée à ceque les enfants ne soient pas exploités dans lesateliers partenaires d’Artisanat SEL.

La non-discrimination religieuse, ethniqueou sociale des artisans :

Les organisations locales ne font pas de discri-mination. Elles travaillent avec des couches dela population particulièrement vulnérablespour qui un travail et l’apport d’un revenu régu-lier permettent une intégration dans la société.

Des produits de qualité renouvelés régu-lièrement :

Afin de renouveler les gammes de produits,Artisanat SEL travaille avec les designers de sespartenaires et développe sa propre gamme deproduits alimentaires sous sa marque «SaveursEquitables». Ainsi ce sont plus de 1500 objetsqui sont disponibles sur catalogue ou sur inter-net.

Commerce équitable et agriculture

L’année 2004 a vu l’explosion des ventes de produits équitables. En France, en trois ans,les volumes vendus ont été multipliés par huit.

Le commerce équitable est encore un tout petit secteur de l’économie puisqu’il repré-sente 0,02 % du commerce mondial.

Les acheteurs de produits équitables en Europe acceptent de payer un peu plus cher leproduit issu du commerce équitable tout comme le font ceux qui préfèrent les légumesbiologiques.

Les paysans du Sud ne semblent pas encore conquis par cette filière. Ils revendiquentsurtout que leurs produits soient payés à un cours suffisamment élevé pour couvrir lesfrais de production et leur permettre d’investir dans l’équipement et l’achat de semences,etc.

2AGRICULTURE

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1AGRICULTURE

Saveur et couleur des fruits et légumes

Terrine de légumes au riz et noix de cajou

Pour ce dossier, nous

avons souhaité vous

proposer des recettes

comprenant un grand

nombre de légumes

dans le but de faire

découvrir le goût des

légumes aux enfants.

Si vous le pouvez, après

avoir fait le jeu des

fruits et des légumes

sur le Cd-Rom joint

dans le dossier, allez

faire les courses avec

eux pour qu’ils

achètent eux-mêmes

les légumes des

recettes.

Pour que les enfants

aient envie de goûter

les légumes, le mieux

est aussi de les faire

participer à leur

préparation.

Ingrédients :1 oignon émincé1 carotte râpée1 courgette râpée1 tomate en lamelles1 poivron émincé2 cuillères à soupe d’huile d’olive150 g d’amandes effilées grillées100 g de noix de cajou grillées150 g de riz blanc cuit90 g de cheddar râpé (ouemmenthal)2 œufs battus en omelette1 cuillère à café de gingembreconfit finement émincéselpoivre

Préchauffer le four à 180° (therm. 6-7).Saler la courgette râpée et la mettre à dégorger dans une passoire pen-dant 20 minutes, puis égoutter et sécher au papier absorbant.Faire chauffer l’huile d’olive dans une poêle et rajouter l’oignon émincéà faire revenir 4 à 5 minutes.Ajouter le poivron et la tomate et laisser cuire à feu doux en remuantrégulièrement jusqu’à ce que les légumes soient tendres.Ecraser grossièrement les noix de cajou et les amandes.Dans un saladier, mettre tous les légumes, les fruits secs, le riz, le fro-mage, le gingembre et les œufs, saler, poivrer et mélanger le tout.Beurrer un moule à cake et le tapisser de papier sulfurisé. Verser le mélangedans le moule et égaliser en tassant le mélange.Mettre au four pendant 40 minutes à 180°.

La terrine se conserve 3-4 jours au réfrigérateur et se consomme aussibien chaude que froide.

Elle se mange nature ou s’accompagne d’un coulis de tomate ou d’uneratatouille.

Recette extraite du livret « Saveurs équitables » livret N°3, aux Editionsdu Bois (reproduit ici avec autorisation), distribué par Artisanat SEL.

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2AGRICULTURE

Tajine d’agneau aux noix de cajou et dattesséchéesIngrédients :1,2 à 1,4 kg d’épaule d’agneaucoupée en morceaux de 80 genviron2 oignons coupés en morceaux2 carottes en bâtonnets,2 navets coupés en 62 fenouils coupés en 82 courgettes en rondelles de 2 à3 cm2 poivrons rouges en lamelles de2 à 3 cm1 cuillère à soupe de miel2 cuillères à café de raz elhanout1 cuillère à café de cannelle enpoudre1 cuillère à café de cumin2 clous de girofle12 dattes séchées100 g de noix de cajou grillées2 cuillères à soupe d’huile d’olive2 feuilles de laurier1 rondelle de citronselpoivre2 cuillères à soupe de persil platciselé

Marinade :4 cuillères à soupe d’huile d’olive1 cuillère à café de raz el hanout1 cuillère à café de cumin2 pincées de cannelle6 graines de cardamome

Bouillon :1/2 litre de bouillon de légumes6 graines de cardamome1 cuillère à café de cumin1 cuillère à café de cannelle1 cuillère à soupe de raz elhanout

Préparer votre marinade en mélangeant tous les ingré-dients, puis en badigeonner la viande, couvrir d’unfilm et réserver au réfrigérateur pendant 1 heure.Faire préchauffer le four à 200° (therm. 7) pendant15 minutes puis le mettre en position grill.Mettre la viande dans un plat à four et la faire grillerdes deux côtés. Oter ensuite la position grill.Mettre le bouillon à chauffer. Quand il arrive à ébul-lition, ôter du feu et couvrir.Faire chauffer ensuite l’huile d’olive dans une cocotteen fonte, y mettre les oignons à revenir à feu douxpendant 5 minutes.Quand l’oignon devient translucide, ajouter les épiceset le laurier et laisser cuire 1 à 2 minutes. Ajouterensuite le miel, le citron et 4 dattes séchées puis lais-ser cuire encore 3 minutes.Rajouter la viande et son jus, saler, poivrer, mélanger.Mettre les carottes, le fenouil et les navets.Verser également 1/2 cm de bouillon puis porter àébullition.Couvrir et mettre au four pendant 35 à 40 minutesà 200° (rajouter du bouillon de temps à autre si néces-saire).Sortir la cocotte du four et ajouter les courgettes, lespoivrons et les dattes séchées restantes avec un peude bouillon si c’est nécessaire et remettre au four pen-dant 10 minutes.Servir bien chaud et saupoudrer de noix de cajou etde persil plat ciselé.

Ce plat peut être accompagné de quinoa, de blé, desemoule de couscous, etc.

Recette extraite du livret « Saveurs équitables » livretN°1, aux Editions du Bois (reproduit ici avec autori-sation), distribué par Artisanat SEL.

Omelette auxpatates douces

Ingrédients :6 œufs1/2 gousse d’ail2 patates douces1/2 verre de lait

beurre ou huile

Eplucher et râper les patates.Battre les œufs en omelette.Ajouter le lait et les patatespuis le sel et l’ail finementhaché. Faire chauffer l’huile oule beurre dans une poêle et yverser l’omelette. Couvrir etlaisser cuire dix minutes à feumodéré. Retourner, couvrir etlaisser dorer cinq minutes.Servir chaud.

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3AGRICULTURE

Roulés d’aubergines au quinoa et à la fetaIngrédients :250 g de quinoa cuit à l’étouffée3 aubergines200 g de feta15 cl de crème fraîche2 cuillères à soupe de sésamegrillé1 tasse de persil hachéhuile d’oliveselpoivre

Cuisson du quinoa à l’étouffée :Prévoir 2 volumes d’eau pour1 volume de quinoaMettre l’eau à bouillir (avec ou sanssel), verser ensuite le quinoa etmélanger.Laisser cuire à couvert et à feu douxjusqu’à absorption complète del’eau (15 à 20 minutes).Laisser gonfler à couvert hors dufeu pendant 10 minutes.

Eplucher les aubergines, les couperdans la longueur en lamelles de 1/2cm d’épaisseur.Mettre les lamelles dans une passoireavec un peu de sel entre chaque coucheet laisser dégorger 1 heure.Pendant ce temps, mélanger dans un sala-dier la feta, le persil, la crème, les 2/3 dusésame et la quinoa.Rectifier l’assaisonnement si nécessaire etréserver hors du réfrigérateur.Rincer les aubergines à l’eau froide, lessécher et les poêler 10 à 15 minutes dansl’huile d’olive jusqu’à ce qu’elles soientdorées. Les poser sur du papier absorbant.Les mettre ensuite à plat sur un plan de

travail et étaler sur chaque lamelle unebonne cuillère de la préparation au quinoa(environ 3 à 4 millimètres d’épaisseur).Rouler chaque tranche et les disposerdans un plat.Passer au four 10 minutes juste avant depasser à table.Servir parsemé de sésame grillé avec uneconcassée de tomates ou une salade verte.

Recette extraite du livret « Saveurs équi-tables  » livret N°2, aux Editions du Bois(reproduit ici avec autorisation), distribuépar Artisanat SEL.

Ceebu jen (riz au poisson)

Ingrédients500 g de riz 500 g de poisson100 g de poisson sec 1 chou vert 1 carotte1 bâton de manioc (attention, il fautôter la tige interne car elle est toxique)1 oignon 1 aubergine2 citrons1/4 litre d’huile 100 g de concentré de tomatesSel, ail (1/4 gousse)Piment (sec)1/2 botte de persil

PréparationPiler la gousse d’ail, une demi-botte de persil, du sel, du poivre (grain ou poudre),un peu de piment (sec).Nettoyer le poisson, le piquer en 3 ou 4 endroits et introduire dans les trousla farce préparée.Faire chauffer l’huile dans une cocotte, y jeter les oignons, le sel, le concen-tré de tomates délayé dans un peu d’eau.Deux minutes après, mettre le poisson et laisser mijoter un peu (environ 5minutes).Ajouter un litre et demi d’eau et les légumes pelés, laisser cuire pendant uneheure. Quand les légumes sont cuits, les retirer ainsi que le poisson et un peu de sauce. Dans le bouillon qui reste, jeter le riz, couvrir et laisser cuire 15 minutes.Servir le riz dans un plat chaud, accompagné des légumes et du poisson.

Pour le dessert, présenter un plateau de fruits de saison et exotiques

ou de petites brochettes de morceaux de fruits divers sur une crème à la noix de coco.

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1AGRICULTURE

aACCROISSEMENT DÉMOGRAPHIQUE (n. m.) :augmentation ou diminution de la populationd’un pays. Accroissement démographique =(taux de natalité – taux de mortalité) + (tauxd’immigration – taux d’émigration).

ADAPTATIF (VE) (adj.) : un processus adaptatifest un mécanisme conduisant à une réactionappropriée d’un individu ou d’une populationface à une modification des facteurs de l’envi-ronnement.

AGRICULTURE DURABLE (n. f.) : mode de pro-duction alimentaire fondé sur la culture etl’élevage de plantes et d’animaux permettantd’utiliser les ressources naturelles de manièredurable ou renouvelable dans le temps, afinde ne pas porter préjudice aux générationsfutures. (Voir aussi développement durable).

AGRICULTURE INTENSIVE (n. f.) : mode deproduction alimentaire fondé sur la culture etl’élevage de plantes et d’animaux de manièreà maximiser la production (par exemple à l’ai-de d’engrais) sur un espace réduit.L’agriculture intensive conduit souvent au sur-pâturage, à la réduction ou à l’abandon de lajachère et à la monoculture qui fatiguent lesterres.

AGROFORESTERIE (n. f.) : mode de productioncombinant la culture d’arbres et d’arbustes etla culture d’espèces herbacées. L’agroforesterieest préconisée pour augmenter la biodiversitédes écosystèmes agricoles et améliorer la pro-ductivité tout en réduisant la dégradation desterres.

AGRO-SYLVO-PASTORAL (adj.) : mode de pro-duction combinant la culture d’espèces herba-cées et arbustives destinées à la consomma-tion (céréales, légumineuses), la culture d’es-pèces arborées et l’élevage d’animaux domes-tiques.

ARABLE (adj.) : désigne les terres cultivées ouaptes à l’agriculture.

ARBORICULTURE (n. f.) : culture des arbres, enparticulier des arbres fruitiers.

ARIDITÉ (n. f.) : condition climatique marquéepar une insuffisance des précipitations (moinsde 200 mm/an).

AVANCÉE DU DÉSERT (n. f.) : progression de lalimite du désert sur les terres arables.

bBARRAGE VERT (n. m.) : haie d’arbres et d’ar-bustes plantée afin de faire barrage contredes gênes extérieures (feu, sable, vent, inva-sions animales, etc.)

BIODIVERSITÉ (n. f.) : ensemble des espècesvivantes (animaux, plantes, champignons,micro-organismes) que renferme un écosystè-me.

cCITERNE (n. f.) : C’est une sorte de microbullis

amélioré, d’environ 1,50 mètre, où les paroissont bétonnées tout autour et évitent l’éva-cuation d’eau par infiltration.

CONNAISSANCE TRADITIONNELLE (n. f.) :connaissance reposant sur le savoir desancêtres d’un peuple et transmise de généra-tion en génération.

COMPOST (n. m.) : engrais naturel à base dedéchets organiques d’origine végétale utilisépour fertiliser les cultures.

COUVERTURE VÉGÉTALE (n. f.) : ensemble dela végétation (en général plantes basses)recouvrant le sol.

CULTURE (n. f.) : action de cultiver, de mettreen valeur par l’implantation et l’exploitationd’une espèce végétale utile.

Glossaire

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CULTURE CONTINUE OU MONOCUL-TURE (n. f.) : action de cultiver tous lesans la même espèce (par opposition àla polyculture).

CULTURE INTENSIVE (n. f.) : mode deproduction végétale privilégiant la pro-ductivité sur un espace réduit. La cultu-re intensive conduit généralement à ladégradation des terres. (voir aussi agri-culture intensive)

CULTURE EXTENSIVE (n. f.) : mode deproduction végétale privilégiant l’ac-croissement de l’espace agricole pouraugmenter la productivité. La cultureextensive s’accompagne souvent dedéforestations et de défrichage afin degagner des terres arables.

CULTURE PLUVIALE (n. f.) : mode deproduction de végétaux, encore appeléculture sèche, reposant sur l’arrosagenaturel par les pluies, sans système d’ir-rigation artificiel.

CULTURE SUR BRÛLIS (n. f.) : mode deproduction de végétaux consistant àincendier une surface arborée afin dela transformer en terre agricole.

CULTURES VIVRIÈRES (n. f.) : ensembledes cultures végétales cultivées pour laconsommation de l’agriculteur et de safamille ou dont la production est desti-née à la vente ou à l’échange auniveau local par opposition aux cul-tures d’exportation.

CULTURE ZAÏ (n. f.) : après le labour, on

creuse un trou de 20 cm de diamètre et10 cm de profondeur. On espace chacundes trous de 15 cm. On remplit chaquetrou de fumier et on attend la pluie.Après la ou les premières pluies, onsème quelques graines de mil danschaque trou. La profondeur permet deretenir l’eau à l’endroit où est aussimobilisé le fumier, pour garder l’humi-dité. Cela limite lessivage des sols lorsdes pluies qui sont généralement trèsviolentes et entraînent l’écoulement del’eau sans pénétration dans le sol. Avecla culture en zaï, le mil peut atteindre 3mètres de hauteur.

CULTURE PAILLÉE (n. f.) : On recouvrele sol labouré ou non d’une coucheépaisse de paille, d’environ 30 cm. Lorsdes premières pluies, la paille va retenirl’eau, et l’humidité va s’installer. On

creuse un trou dans la paille et l’onsème. Cette technique permet à laplante de continuer à se développermême si par la suite la pluie tarde,grâce à l’humidité retenue par la paille.

dDÉFORESTATION (n. f.) : ensemble desprocessus par lesquels l’homme détruitles écosystèmes forestiers — surexploi-tation du bois, incendies de forêts, miseen culture de zones boisées.

DÉFRICHAGE (n. m.) : ensemble desprocessus par lesquels l’homme suppri-me la végétation existante d’un éco-système naturel pour le rendre propiceà l’agriculture.

DÉGRADATION DES TERRES (n. f.) :perte de fertilité des terres pouvantêtre liée à une diminution de matièresorganiques ou à une accumulation deminéraux dans le sol ou encore à unemodification de la structure du sol pardessèchement ou érosion.

DÉVELOPPEMENT DURABLE (n. m.) :forme de développement qui respectel’environnement et fait un usage pru-dent, fondé sur une exploitation ration-nelle et modérée, de la nature et de sesressources, ce qui assure un maintienindéfini de la productivité biologiquede la biosphère.

DIGUE (n. f.) : chaussée pour contenirdes eaux.

DIGUETTE EN TERRE OU ENPIERRE (n. f.) : elles consistent en unpetit talus de 30 à 40 cm de hauteursur le périmètre du champ. Elles per-mettent principalement de freinerl’écoulement de l’eau en surface, et dela retenir dans le champ pour qu’ellepénètre.

eÉBOULIS (n. m.) : accumulation dematériaux grossiers (pierres, cailloux,terre) au pied d’un relief, due à une éro-sion mécanique.

ÉCOLOGIE (n. f.) : étude des relationsdes organismes vivants avec leur envi-ronnement et des mécanismes quiexpliquent leur distribution, leur abon-dance et leur comportement.

ÉCOSYSTÈME (n. m.) : ensemble interac-tif d’une communauté d’organismesvivants et de l’environnement physiqueet chimique dans lequel ils évoluent.

ÉNERGIES ALTERNATIVES (n. f.) :sources d’énergies provenant de phéno-mènes naturels — énergie solaire, éner-gie éolienne, énergie hydraulique, etc.— dont les disponibilités sont considé-rables. Leur exploitation est une alter-native moins polluante que les hydro-carbures fossiles.

ÉROSION (n. f.) : phénomène résultantde l’action des vents (érosion éolienne)ou de l’eau (érosion hydraulique) quiprovoque l’enlèvement des couchessupérieures des sols et la dégradationdes roches.

ESPÈCE LOCALE (n. f.) : espèce adaptéeà la région biogéographique considé-rée, encore appelée espèce indigène decette région.

ÉVAPORATION (n. f.) : phénomène parlequel de l’eau liquide s’échappe dansl’atmosphère sous forme de vapeurd’eau sans avoir été absorbée par desêtres vivants.

EXPORTATION (n. f.) : action d’exporter,faire sortir des marchandises ou pro-duits agricoles du pays pour les vendreà un pays étranger. (contr. importation)

fFERME PILOTE (n. f.) : voir pilote

FERTILITÉ (n. f.) : fécondité d’un sol. Unsol fertile contient assez de matièresorganiques et minérales pour assurer ledéveloppement et la croissance desplantes qui y poussent.

FOURRAGE (n. m.) : herbe, paille, foindestiné à l’entretien des bestiaux. Lesplantes fourragères sont employéescomme fourrage.

2AGRICULTURE

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FUMIER (n. m.) : mélange de litière etde déjections animales ayant subi desfermentations diverses.

gGESTION PARTICIPATIVE (n. f.) : systè-me de gestion reposant sur la participa-tion active d’une communauté locale.

GRAVITÉ (n. f.) : force d’attraction exer-cée par la terre sur un corps.

hHAIE VIVE (n. f.) : barrière constituée devégétaux vivants. Les haies vives protè-gent les cultures contre le vent, les ani-maux et l’érosion.

HERBICIDE (n. m.) : produit chimiquedétruisant les mauvaises herbes.

HORTICULTURE (n. f.) : culture desfruits, des légumes et des espèces orne-mentales.

HUMUS (n. m.) : mélange complexe decomposés organiques provenant engrande majorité de la dégradation desfeuilles mortes sur le sol et procurantune grande fertilité au sol.

iIMPORTATION (n. f.) : action d’introdui-re sur le territoire national des produitsen provenance de pays étrangers.

IRRIGATION (n. f.) : technique quiconsiste à apporter et répandre de l’eaudans une région sèche par des procé-dés divers. Il existe deux principalestechniques d’irrigation, celle simulantla pluie dite « irrigation par aspersion »et la seconde alimentant directementles racines appelée « irrigation par gra-vitation »

jJACHÈRE (n. f.) : pratique qui consiste àarrêter régulièrement toute culture surun sol pendant un an ou plus, afin depermettre à la couverture végétalenaturelle de reconstituer les sols lors-qu’ils ont été épuisés par la successiondes cultures.

lLABOURAGE (n. m.) : action de retour-ner la terre, avec une charrue, unebêche, un tracteur, etc., pour l’aérer etla préparer aux semis.

LÉGUMINEUSES (n. f.) : plantes richesen protéines capables de croître sur dessols pauvres grâce à leur aptitude àfixer l’azote atmosphérique. Les acacias,les lentilles, le soja ou les petits poissont des légumineuses.

mMALNUTRITION (n. f.) : alimentationinsuffisante et inadaptée.

MATIÈRE ORGANIQUE (n. f.) : substancequi provient des êtres vivants.

MICROBULLIS (n. m) : on creuse untrou de minimum 1 mètre de profon-deur, au point le plus bas du champ, enforme de triangle ou de demi-lune, avecde préférence un côté en pente douce,pour réceptionner et conserver l’eau depluie qui s’écoule, et permettre d’enpuiser pour arroser les cultures maraî-chères alentour.

MONOCULTURE (n. f.) : mode d’agricul-ture consistant à ne planter qu’uneseule espèce sur de très vastes sur-faces. La monoculture est source degraves déséquilibres écologiques carelle peut induire une érosion des solset favorise la pullulation de ravageurs.

nNAPPE PHRÉATIQUE (n. f.) : napped’eaux souterraines, encore appeléeaquifère, qui peut être enfouie plus oumoins profondément dans le sol, selonson origine. La nappe phréatique joueun grand rôle dans les zones arides oùelle représente la majeure partie desressources en eaux.

NITRATES (n. m.) : Sels minéraux del’acide nitrique ; éléments minérauxnutritifs pour les plantes. Dans leszones d’agriculture intensive, l’utilisa-tion d’engrais à base de nitrates conduitfréquemment à une pollution des eauxde surface et des eaux souterraines.

NUTRIMENT (n. m.) : terme désignantles divers éléments minéraux nutritifsindispensables à la physiologie desorganismes. Les nutriments majeursdes plantes vertes terrestres sont lesphosphates, les nitrates, les sels miné-raux et le potassium.

oOGM (n.m.) : Les OrganismesGénétiquement Modifiés sont des orga-nismes (plante, animal, bactérie, virus)dont le patrimoine génétique a étémodifié artificiellement afin de le doterde propriétés n’existant pas à l’étatnaturel. Cette pratique s’est surtoutdéveloppée pour les espèces végétales.Les risques liés aux OGM, tiennent toutd’abord au fait même d’insérer dans unorganisme un élément étranger, quipeut le rendre toxique ou allergénique.Il y a également un risque de dissémi-nation, accidentelle ou volontaire, del’OGM dans l’environnement. Ainsi, sises nouvelles propriétés biologiques luiconfèrent un avantage sélectif, l’organis-me peut envahir des écosystèmes, sedévelopper au détriment d’autres orga-nismes et mettre en danger la biodiver-sité. L’autre problème concerne la ques-tion du flux des gènes, c’est-à-dire lepassage du nouveau gène à des espècesapparentées ou non à l’organisme modi-fié. Enfin, la pratique du brevetage desgènes fait l’objet d’un conflit entre desgrandes puissances industrielles chimi-

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co-pharmaceutiques ou biotechnolo-giques qui possèdent des brevets sur lesOGM et en exigent la commercialisa-tion rapide dans les domaines agricoleet animal, et des ONG qui dénoncentcette opportunité pour des firmes mul-tinationales de s’approprier les res-sources génétiques de la planète. Lesystème des brevets sur les OGM peutposer des problèmes économiques aupays du Sud. Dans le domaine agricole,l’introduction de plantes brevetéesmodifie les pratiques et enferme lespaysans dans une logique de dépendan-ce vis-à-vis des firmes productrices.(définition de Novethic)

OLÉAGINEUX (n. m. et adj.) : planteriche en huiles que l’on extrait pour laconsommation.

ONG (n. f.) : organisation non gouverne-mentale. Organisation généralement àbut non-lucratif (en France, régie par laloi de 1901) ne dépendant pas d’uneautorité gouvernementale.

pPAILLAGE (n. m.) : technique agricoleconsistant à étaler de la paille oud’autres végétaux morts sur le sol pourlimiter l’érosion et conserver l’humidité.

PÉPINIÈRE (n. f.) : espace réservé à laculture des arbres.

PILOTE (adj.) : une action, ou un projetpilote est mené(e) dans un but expéri-mental afin d’en mesurer les effets envue d’actions ultérieures. La ferme pilo-te sert de modèle pour diffuser desméthodes agricoles tout en formantdes agriculteurs.

POLYCULTURE (n. f.) : pratique simulta-née de plusieurs cultures dans unemême exploitation agricole. À l’inversede la monoculture, la polyculture per-met d’équilibrer l’écosystème agricoleen y augmentant la biodiversité.

POTABLE (adj.) : propice à la consom-mation. L’eau potable doit être propreet ne pas porter atteinte à la santé decelui qui la boit.

rREBOISEMENT (n. m.) : action de re-planter beaucoup d’arbres dans unezone déboisée.

RÉHABILITER (v.) : rétablir dans sonpremier état. La réhabilitation de terresdégradées par le reboisement, parexemple, permet d’aider un écosystèmefragilisé à se régénérer.

REPIQUAGE (n. m.) : transplantation dejeunes plantes provenant d’un semis.

sSALINISATION (n. f.) : augmentation dutaux de sel dans le sol.

SALINITÉ (n. f.) : taux de sel dans le sol.

SÉCHERESSE (n. f.) : phénomène carac-térisé par l’absence prolongée de préci-pitations (pluies).

SÉCURITÉ ALIMENTAIRE (n. f. ) : situa-tion dans laquelle l’humanité est assu-rée de l’accès à l’alimentation dont ellea besoin, ainsi que de la qualité decette alimentation.

SEMENCE (n. f.) : graine que l’on sème.

SOUDANO-SAHÉLIEN (adj.) : le climatsoudanosahélien règne au Sahel, c’est-à-dire dans les régions du sud duSahara, entre le Sénégal et la Somalie.Il est caractérisé par une longue saisonsèche et une seule saison des pluies,très courte.

SORGHO (n. m.) : plante cultivée enAfrique et en Asie pour l’alimentationhumaine. Elle présente une granderésistance à la sécheresse.

SOUS-ALIMENTATION (n. f.) : insuffisan-ce de la ration alimentaire. Elle peutêtre temporaire ou chronique. La sous-alimentation est particulièrementrépandue dans les pays pauvres dont lapopulation est majoritairement ruraleet vit principalement de l’agriculture.

SUBSISTANCE (n. f.) : on appelle activi-té ou culture de subsistance tout modede production permettant tout juste de

pourvoir aux besoins alimentaires duproducteur, sans que celui-ci soitcapable de faire des gains par la ventedu surplus.

SUBTROPICAL (adj.) : situé près des tro-piques. Le climat subtropical est carac-térisé par la chaleur et une longue sai-son sèche.

SUCCESSION DES PLANTES (n. f.) : dif-férentes formes de couvertures végé-tales qui se succèdent au cours del’évolution d’un écosystème. On consta-te que ce sont tout d’abord des espècespionnières, plantes annuelles et depetite taille, qui colonisent les terresvierges. Ensuite se succéderont desespèces herbacées, puis des arbustes etenfin des arbres.

SUREXPLOITATION (n. f.) : exploitationabusive conduisant à la dégradation dece qui est exploité (terres, eaux, végéta-tion).

SUREXPLOITER (v.) : voir surexploita-tion

SURPÂTURAGE (n. m.) : excès de brou-tage des animaux domestiques entraî-nant la dégradation de la couverturevégétale.

SURVEILLANCE ÉCOLOGIQUE (n. f.) :suivi et contrôle des changements desprincipales caractéristiques écologiquespropres à un écosystème.

SYLVICULTURE (n. f.) : ensemble desapplications des connaissances rela-tives aux essences forestières, ainsi quedes méthodologies et des techniquesqui en découlent, liées à l’exploitationet à l’utilisation rationnelle des forêt.

t- u - vVERGER (n. m.) : espace réservé à laculture d’arbres fruitiers.

VÉGÉTATIF (VE) (adj.) : qui concerne lesprocessus de croissance et d’entretiendes organismes végétaux et animaux.

VITICULTURE (n. f.) : culture de lavigne.

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ArticlesJournal Le Monde - Dossiers & Documents N°345 - septembre 2005

Article « Protéger la paysannerie pauvre dans un contexte de mondialisation » par Marcel MAZOYER, professeur d’agriculture comparée et de développement agricole àl’Institut National Agronomique Paris-Grignon, et à l’Institut d’Etudes du Développementéconomique et social de l’Université de Paris I -Sorbonne

Journal L’Express du 20 décembre 2004, « Révolution verte à refaire »

Dossier « Main basse sur l’agriculture » paru en février 2005, édité par le CCFD

Nourrir six milliards d’hommes, conférence de Jean-Paul CHARVET, professeur de géographieà l’université de Nanterre, CDDP, Le Havre, 6 mars 2002

« Nature, société et développement durable », texte élaboré par Michel Griffon pour présen-ter les activités du Cirad dans le cadre de la préparation du Sommet Mondial sur leDéveloppement Durable de Johannesburg en septembre 2002

« L’agriculture du Sud face aux sciences de la vie », magazine de la recherche européenne,N°37 - mai 2003

LivresPour la survie de l’ONU : alimentation et agriculture face à la mondialisation, MahamadouMAIGA, aux éditions l’Harmattan

Alternative irrigation, the promise of Runoff agriculture, de Christopher J. Barrow, aux éditions Earthscan Publications ltd, London

World agriculture : towards 2015/2030, an FAO perspective, edited by Jelle BRUINSMA, aux éditions Earthscan Publications ltd, London

Food wars, the global battle for mouths, minds and markets, by Tim LANG and MichaelHEASMAN aux éditions Earthscan Publications ltd, London

Les éditions Atlas

Larousse agricole - le monde paysan au XXe siècle sous la direction de Marcel MAZOYER, édition 2002

Sites intéressants :www.wateryear2003.orgwww.fao.orgwww.lesechos.fr/info/rew_metiers/4211720.htmwww.wto.orgwww.inra.frwww.inter-reseaux.orghttp://www.cicda.org/qui/index.htmlhttp://www.cnrs.fr/cw/dossiers/doseau/decouv/usages/consoAgri/html

Bibliographie