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    Les Brigades rouges en France

    Le ministre de l'Interieur italien, M. Scalfaro, etait si furieux contreles Francais qu'il s'arrangea pour que ce1a se sache a Paris. L'occa-sion vint, Ie 24 aout 1984, avec un journaliste du Corr ie re d ella S eraqui, l'interviewant, lui demanda ce qu'il dirait a son homologuefrancais s'ill'avait devant lui. Le ministre italien repondit : J e luidirais : cher collegue, a quel titre, s'agissant d'un pays comme Ienotre, dont les tribunaux respectent la democratic et Ia liberte, O Ule citoyen inculpe beneficie de garanties de defense de toutes sor-tes, refusez-vous de restituer ce citoyen a la justice? II s'agit d'unfait extremernent negatif Nous, dans nos rapports avec Ia France,nous ne nous comportons pas ainsi. Quand je pense qu'il y a enFrance trois cents terroristes traites comme s'il s'agissait des freresRosselli, poursuivis par le fascisme I, je sens la colere meprendre.

    M. Roland Dumas, alors notre ministre des Relations exterieu-res, se declara surpris de la vivacite des propos tenus a l'egard dela France et mit au point sur-Ie-champ un communique pour cal-mer les esprits : J e respecte, disait notamment Roland Dumas,les procedures democratiques de la justice italienne et l'indepen-dance de ses magistrats, qui ne saurait etre mise en doute, et je suis

    1. Carlo et Nello Rosselli sont devenus en Italie dessymboles de la resistance au fas-cisme. Apres son evasion, en 1929, des Iles Lipari, O U il avait ete interne par Ie regimemussolinien, Carlo se refugia en France O U il poursuivit son action politique en fondant, notamment Ie journal Giustizia e Liberia. II fut assassine avec son frere Nello en juin1937, pres de Bagnoles-de-I'Orne, par des membres du Comite secret d'action revolu-tionnaire ou Cagoule , l'organisation clandestine ayant monnaye . ce double assassi-nat contre la livraison d'armes italiennes.

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    Les B riga des ro uges en F ra ncecertain que, au fond des choses, des sentiments de reciprocite exis-tent dans l'esprit des dirigeants italiens.Le discours se voulait ferme, iln'etait qu'ernbarrasse. A ladecharge de Roland Dumas, ilfaut dire qu'il ne defendait pas unecause facile... La France donnait, depuis trop longtemps, de faci-les lecons de democratic a un pays meurtri par les attentats.On sait que l'Italie avait ete, a partir des annees 70 et jusqu'en1981, le pays europeen le plus durement eprouve par le terrorisme.Durant ces annees de plomb , plusieurs organisations italiennesd'extreme-gauche, se declarant elles-memes le parti en armes ,avaient acquis a coups de meurtre une sinistre renommee interna-tionale.

    La plus virulente de ces organisations, les Brigades rouges (BR),allait devenir le modele des groupements constitutifs de l'euroter-rorisme, notamment en ce qui concerne la strategic anti-O'TAN.Les terroristes francais ne s'y tromperent d'ailleurs pas et, dessa sortie de prison, Regis Schleicher, le lieutenant de Jean-MarcRouillan, entreprit de resserrer les liens avec les Italiens. Laconjoncture s'y pretait : en Italie, les forces de l'ordre etaient entrainde briser l'offensive terroriste et, en France, le gouvernementsocialiste accueillait, avec legerete et desinvolture, ceux qui fuyaientla justice de leur pays. L'un des artisans de ce rapprochement auraitete Jean-Louis Baudet, un pseudo-journaliste, ami d'un inspecteurdes Renseignements generaux detache a la protection de M. de Gros-souvre, secretaire general de l'Elysee (voir page 42).

    Des la fin de 1981, l'italisation d'Action directe etait mani-feste et l'apport technique des brigadistes italiens n'a sans doutepas ete etranger a la brusque reprise du terrorisme en France. Ainsi,l'on arreta quatre extremistes italiens impliques dans le hold-up deConde-sur-Escaut. Plus recemment, le 14 octobre 1983, un vol amain armee fut commis contre une agence de la Societe generalea Paris. Au cours de I'attaque, un ressortissant italien, Ciro Riz-zato, militant des Brigades rouges, fut tue. Le 2 fevrier 1984, lapolice interpellait, a Levallois-Perret, Spano Vincenzo, membre desCOLP (Communistes organises pour la liberation proletaire). Lorsde la perquisition effectuee a son domicile, on decouvrit un lot tresimportant d'armes et de munitions.La position du gouvernement socialiste francais et son interpre-

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    tation pour le moins abusive du droit d'asile transformait la Franceen base de repli pour les rescapes des Brigades rouges, des COLP,de Prima Linea, etc. A l'abri de la justice italienne, ils pouvaientassez tranquillement entreprendre le renouveau de leurs actions ter-roristes dans leur pays et, en remerciement, donner un petit coupde main a leurs homologues francais.D'ailleurs, enferme dans la logique de ses ultras, le gouvernementvenait, en aofit 1981, par la voie legislative, de confirmer son atti-tude proterroriste a deux reprises. La premiere, par une loid'amnistie pour tous les auteurs de delits anterieurs au 22 mai 1981,y compris les auteurs d'incidents d'ordre politique ou socialn'ayantpas entraine mort d'homme . On sait que les membres d'Actiondirecte beneficierent largement de cette nouvelle disposition, qu'ilsfurent elargis et purent ainsi reprendre ce qu'ils nommaient leurcombat , autrement dit assassiner et poser des bombes. II y a deslargesses qui sont des crimes ... Le deuxieme cadeau de la gaucheaux terroristes fut la suppression de la Cour de surete de l'Etat,que le general de Gaulle avait creee pour lutter contre l'OAS.L'homme de de ces dispositions ideologiques tout a fait detacheesde la realite se nomme Louis Joinet. Ne en 1934 a Nevers, il fondale Syndicat de la magistrature et en fut Ie secretaire general puisle president, de 1968 a 1972. Directeur des services de la Commis-sion nationale de l'informatique et des libertes, i1 est aussi specia-liste des relations internationales et expert aupres de la Commissiondes droits de l'homme de l'OND pour les problemes de reconnais-sance des mouvements de liberation nationale du tiers monde. C'estlui qui ouvrit nos frontieres aux brigadistes de tout poil. Et celaau nom, d'une part, d'une croyance assez naive en une perfectibi-lite des terroristes et, d' autre part, au nom d'une theorie fumeusequi distingue, dans tout mouvement subversif, les durs et lesmous , les irreductibles et les recuperables ... La strategic consistea isoler les rnous afin d'affaiblir le noyau des durs par man-que de militants. C'est ce plan qui fut applique, avec Ie succes quel'on va voir, envers divers groupes activistes dont l'ASALA, IeFLNC et les Brigades rouges.Le rapport de la Commission senatoriale d' enquete sur le terro-risme signalait, en mai 1984, la presence sur notre territoire de100 extremistes italiens faisant officiellernent l'objet de recher-34

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    Les Brigades rouges en Franceches - apres accord de la Chancellerie - en vertu de mandatsd'arret internationaux ernis par la justice italienne.

    Le nombre total des refugies et repentis des Brigades rou-ges italiennes et de Prima Linea avoisine les 300. La moitie est c1as-see comme repentie , vit en France avec pignon sur rue et, enpoche, un permis de sejour accorde par le ministere de l'Interieur,valable pour dix ans. Bien.entendu, auparavant, illeur a fallu obtenirIe droit d'asile de l'OFPRA, organisme qui s'occupe des refugieset des apatrides. Cela ne posa pas de probleme ...

    C'est cette situation qui provoqua la colere du ministre italiende l'Interieur. II etait en effet penible, pour nos amis transalpins,de voir Ia France accueillir des ennemis de la democratic, et celaau nom des droits de l'homme ... Absurde politique ... Pourtant, mal-gre les coups de poing italiens sur la table, la situation n'avait tou-jours pas evolue en 1985. Au point que Ie president du Conseil,Bettino Craxi, prenait le relais. Debut fevrier 85, il rappelait devantle parlement italien que son gouvernement avait fait de nombreu-ses interventions aupres du gouvernement francais, y compris al'occasion des visites en France des ministres de l'Interieur et dela Justice , pour obtenir l'extradition des activistes recherches. Mal-gre les tres faibles resultats obtenus, nous continuerons nos deman-des , avait-il ajoute, Le president Mitterrand lui repondit, en fevrier1985, dans son discours de Rennes, que les brigadistes refugies enFrance etaient repentis et que ceux qui ne I'etaient pas etaient inaccessibles .. Une facon comme une autre de faire savoir auxItaliens que les uns et les autres etaient a l'abri de leur justice. Ettant pis si les juges transalpins se posent les memes questions quetout citoyen francais de bon sens : sachant que, sur les 300 refu-gies , une soixantaine a peine peut justifier d'un emploi et que lesautres vivent des subventions de leur organisation, d'ou vien-nent les fonds necessaires a leur subsistance?

    Le 16 juillet 1983, un vent de panique souffie sur ce petit monde.Ce iour-la, Pietro Calogero, juge d'instruction de Padoue, laisseentendre que la confession d'un repenti , Michele Galati, fait appa-raitre le role joue par une ecole de langues parisienne, l'ecole Hype-rion, dans le terrorisme international.

    Hyperion constitue tout simplement une des plaques tournantesde ce terrorisme, un lieu de repos pour brigadistes en fuite. L'un

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    Les Briga des rouges en Francea longtemps flirte avec les Brigades rouges italiennes avant de reveniren France.

    Cette ecole, qui semble bien etre le repaire du terrorisme inter-national, a des succursales a Londres, Bonn, Bruxelles, et, pendantun certain temps, en a eu a Rome et Milan. Le magazine Europeo,qui donne une abondante documentation sur Hyperion dans sonnumero du 29 mars 1982, semble persuade que ce reseau scolaire est directement organise par quelque service secret.

    Hyperion est nee d'une association appelee Agora, dont le fon-dateur fut Michel Tubiana, avo cat, secretaire du Comite interna-tional de defense des prisonniers politiques d'Europe de l'Ouest,qui se mobilisa pour la defense de la Bande Baader-Meinhof et celIede l'avocat allemand Klaus Croissant, etroiternent lie ala naissancede la Fraction arrnee rouge.

    Cette etrange ecole de langues possede une facade irreprochable :elle donne des cours aux cadres des grosses societes etablies a Paris(Fiat, Total, IBM, etc). Quel extraordinaire moyen de penetrationdans les spheres dirigeantes de societes capitalistes ... Meme le CentreBeaubourg a un contrat avec Hyperion! Duccio Berio, professeura l'ecole, actuellement sous mandat d'arret international, dirige sapropre compagnie theatrale, specialisee dans la Commedia dell'arte,et situee boulevard Beaumarchais, a Paris. IIa participe au festivalde Rennes et etait finance, pour quelques dizaines de millions defrancs, par Ie budget culturel de la ville de Paris. Corrado Simioni,cofondateur d'Hyperion et sous le coup d'un mandat d'arret inter-national depuis le 14 juin 1982, tient souvent des serninaires dansune villa proche de Rouen, propriete de l'ecole. En realite, ces semi-naires couvrent des reunions des membres de l'ETA, de l'IRA etd' Action directe. On voit qu'on ne se cache pas et qu'on ernargememe aux budgets des economies capitalistes. Ce qui s'appelle sansdoute profiter des contradictions du systeme cornbattu ...

    Le juge d'instruction Rosario Priore et Ie substitut du procureurNicola Amato, assurant la suite de l'enquete sur l'assassinat d' AIdaMoro, sont arrives aux trois conclusions suivantes concernant lcrole de l'ccole Hyperion :

    1. Elle assure l'approvisionnement en armes des Brigades rou-ges. Ces armes sont reunies au Moyen-Orient et distribuees auxgroupes terroristes europeens, Merne filiere, mais avec des armes

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    plus sophistiquees provenant de Suisse, d'Espagne et d' Allemagnefederale.

    2. Hyperion envoie des petites colonnes au Liban et dansd'aurres pays pour y subir un entrainernent militaire et se formera la guerilla urbaine. U ne quarantaine de Francais et d'Italiens ontetl~arretes dans un camp d'entrainement palestinien lors de la per-cee des Israeliens au Liban.

    3. Hyperion gere un reseau d'abris sur le territoire francaisou les terroristes viennent se mettre au vert apres un coup. Hype-rion est un point de rencontre entre diverses organisations terro-ristes europeennes, D'ailleurs, la DST fut amenee a s'interesser auxactivites de I'equipage de la peniche Justine amarree a cent metresde l'ecole Hyperion. Louee par un Armenien, elle recevait beau-coup de monde, a commencer par des membres de l'ecole et posse-dait une foret d'antennes radio qui paraissaient plus quesuperfetatoires pour naviguer sur Ie canal du Midi ... Une plan-que et une ecoute telephonique, realisees courant mars 1984,confirmerent que cette Justine etait en fait l'un des abris en Francedes brigadistes.

    L'autre branche importante du reseau Hyperion se trouve a Lon-dres, avec une couverture socio-professionnelle identique a celle deParis. Le centre de Bruxelles ne manque pas non plus d'interet.11se camoufle sous la raison sociale d'un centre d' etude de langues,Eurologos. Son fondateur-directeur, M. Troiano, Milanais, possedeun passe en tout point semblable a ceux de ses collegues parisiensBerio et Simioni. II vient de la gauche extra-parlementaire , plusprecisernent du groupe Sinistra Proletaria et fut, a la fin desannees 60, membre du groupe terroriste GAP (Groupe proletairearme), anime en Italie par Giangiacomo Feltrinelli, editeur pource pays de la Tricontinentale. II emigra et s'amenda au debutdes annees 70. Ce qui ne l'empecha pas de rencontrer Mulinarisa plusieurs reprises. Leur dernier contact eut lieu a l'aeroport deZaventem (Bruxelles) et Troiano s'y rendit a bord d'un vehiculeportant une plaque diplomatique.

    Le juge Imposimato, charge de l'enquete sur le meurtre d' AldoMoro, realise un enorrne travail de recherche. Son dossier, com-pose surtout de declarations et de confessions de brigadistes, sertd'outil de travail a d'autres juges italiens charges des enquetes sur38

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    radolee aecole.gne,tionsadis-eveleiages.nga-~parns cec'estlabo-rents[< Cl.Il-itisee

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    Les Brigades rouges en Francenisations de liberation du tiers monde, des gouvernements progres-sistes.-Ce meme document devoile aussi les relations existant entre lesbrigadistes de Paris et l'etranger. On decouvre ainsi que

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