8755 Guide Secret de la Gascogne V1 - fnac-static.com · Henri IV entraîna ses Gascons à Paris et la mode resta. L’esprit gascon fut salué jusqu’au xix e siècle, avec Alexandre

G U I D E S E C R E TDE LA

GASCOGNE

PAR JEAN-LUC AUBARBIER

PREMIÈRE ÉDITION

R E N N E SÉDITIONS OUEST-FRANCE

RUE DU BREIL, 13

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GuideSecretGascogne_001A144.indd 3 16/02/2018 17:36

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G U I D E S E C R E T D E L A G A S C O G N E

Bonaguil, le châteaule plus hanté de FranceAux confi ns de l’Agenais, du Périgord et du Quercy,

la forteresse de Bonaguil dresse ses ruines formidables et inutiles. Bâtie sans aucune raison, elle dissimule

bien des secrets ésotériques et des fantômes.

Personne ne sait ce qui a poussé Béranger de Roquefeuil à ériger, en un lieu sans intérêt stratégique ou économique, une forteresse médiévale en plein cœur de la Renaissance. Le paranoïaque sei-gneur craignait tant ses semblables

qu’il apporta un soin particulier à sa construction. Jamais place forte ne fut plus soignée ! Avec sa barba-cane, ses six tours et ses sept ponts-levis scandés de tourelles, il érigea une place imprenable que per-sonne ne songea jamais à attaquer.

Visiter BonaguilOn peut visiter les formidables ruines du château de Bonaguil, dans la commune de Saint-Front-sur-Lémance (Tél. 05 53 41 90 71). Une découverte saisissante, surtout si l’on connaît l’histoire.


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É S O T É R I S M E

Et si d’aventure, quelqu’un s’y fut essayé, les murailles n’auraient pas résisté longtemps à l’artillerie. Mais Béranger de Roquefeuil craignait avant tout les révoltes de croquants et souhaitait s’en protéger. Le bon-homme mit quarante ans pour ache-ver les travaux et y laissa toute sa for-tune. La place resta à l’abandon jusqu’à la Révolution, où elle servit de carrière de pierres. Le château fut visité par Viollet-le-Duc, Lawrence d’Arabie et André Breton, qui le qualifi a de « sur-réaliste ». En 1972, d’étranges graffi tis furent découverts près d’une fenêtre, des portraits datant du XVIe siècle et un carré magique ésotérique qui peut se lire dans tous les sens, por-tant les mots « Sator, Arepo, Tenet, Opera Rotas », ce qui signifi e « le se-meur tient avec soin les roues ». Le château a la réputation d’être hanté par une dame blanche. Selon la légende, le cruel Béranger de Roquefeuil aurait refusé que sa fi lle, Marguerite de Fumel, épouse l’homme qu’elle aimait, préférant la ma-rier à un riche barbon.

Prisonnière, elle hanterait depuis la forteresse. Les caméras de la télévi-sion ont traqué ce malheureux fan-tôme. Il en reste un mystérieux cliché et l’enregistrement d’une bande-son où l’on entend des bruits de vent et des hurlements. Il n’en fallait pas plus pour faire de Bonaguil la porte de l’enfer.

Le donjon et la cour d’honneur

de Bonaguil, le château hanté.



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La légende de saint SeverMartyr du temps des barbares, victimes des Vandales

qui pratiquaient un christianisme différent, saint Sever sortit de son tombeau, six siècles plus tard,

pour libérer la Gascogne des Vikings qui la rançonnaient.

Sever – ou Severus – est roi de Scythie quand il se convertit au christianisme. À Rome, il reçoit pour mission d’évangéliser la Novempopulanie, nom ro-main de la Gascogne. Il par-vient à convertir le monarque local, Adrien, dont la capitale est établie sur la butte de Morlanne. En cette même année 407, la région est investie par les Vandales qui pratiquent l’arianisme, un christianisme dif-férent pour lequel Jésus est un homme.

Leur roi fait décapiter Sever sur la côte de Brille. Le saint prend alors sa tête dans ses mains et la dépose au som-met de la butte, là où sera son tombeau. Une abbaye y fut établie au VIIe siècle. En 982, le duc Guillaume Sanche de Gascogne mène une armée contre les Vikings

qui viennent de débarquer à Capbreton et remontent l’Adour, détruisant au pas-

sage le tombeau de saint Sever. Le puissant duc Sanche, gendre du roi d’Espagne, tombe

st

e e

Le

un

Saint Sever, évangélisateur et protecteur

de la Gascogne.


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L É G E N D E S

en prières, demandant au saint de lui accorder la victoire, charge à lui de lui édifi er un nouveau monastère. Le jour de la bataille, qui se déroule au lieu-dit Taller, commune de Castets, au nord de Dax, saint Sever appa-raît en armes, monté sur un cheval blanc et fait un grand massacre des envahisseurs. Peut-être sa légende infl uença-t-elle celle de saint Jacques, le Matamore, à Compostelle. En 2012, une stèle commémorant la bataille fut édifi ée dans la forêt. Les féodaux refusant de céder à Sanche les terrains

nécessaires à l’édifi cation du tombeau, le duc fut condamné à l’épreuve de l’eau froide, pour prouver sa bonne foi. Le jugement de Dieu était un piège : si son corps, plongé dans l’eau, remontait à la surface, il mentait. S’il restait au fond de la rivière, il disait la vérité… mais était mort noyé. Méfi ant, Sanche préféra envoyer son épouse Urraca et ses deux fi ls. Au moment où l’évêque s’apprêtait à immerger l’un des enfants, le ciel se déchaîna, interdisant l’épreuve. Le duc Sanche put enfi n construire le monastère de Saint-Sever.

Planche gravée au XVIIe siècle représentant l’abbaye de Saint-Sever.


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La guerre des bastidesLa guerre de Cent Ans a duré plus de deux siècles. Du jour où Aliénor d’Aquitaine a divorcé du roi

de France pour épouser le roi d’Angleterre en 1152,les deux pays se sont retrouvés en rivalité.

Les hostilités ont fortement enrichi la Gascogne.

La Gascogne ressemble à un échiquier. Quand le roi de France pousse une pièce en bâtissant une ville nouvelle, l’Anglais lui répond aussitôt en construisant la sienne. Ainsi, le nord du Lot-et-Garonne propose une ligne de défense française (Villeneuve-sur-Lot, Monflanquin, Villeréal, Castillonnes, Tournon-d’Agenais), pour répondre aux positions anglaises du sud Dordogne (Monpazier, Beaumont, Molières). Le Lot-et-Garonne est le pre-mier département de France pour le nombre de bastides – près de 60, sur les 400 du Sud-Ouest.

Cette guerre économique repose sur des bases tout à fait modernes : pour créer une zone de peuplement, on off re des terres et des exemp-tions fiscales à ceux qui veulent bien rejoindre une communauté.

Le plan carré d’une bastide gasconne (remarquer la halle au centre,et l’église déportée sur le coté).

Modèle GASCON

4 axes + 8 îlots + retrait de l’église


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H I S T O I R E

Les zones boisées, sauvages, viennent ainsi à la civilisation. Les villes sont bâties sur un plan carré ou octogonal, comme les camps romains et, plus tard, les villes américaines. Les rues qui se croisent en angle droit convergent vers la place centrale où se trouve la halle. Car c’est bien le com-merce, et non plus l’église, qui marque le centre de la vie. Les rois de France et d’Angleterre, en perpétuel conflit avec la papauté, signent ainsi leur alliance avec la bourgeoisie contre le clergé.

Plan de situation de la bastidede Monfl anquin.

Halle et couverts de Villeréal.


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ART ET RELIGION

C H A P I T R E Q U A T R E

LOURDES, MYSTÈRE ET APPARITION – LES SPORTIVES VIERGES

LANDAISES – LES GUERRES SOUTERRAINES DE RELIGION –

MONSIEUR VINCENT, UN DRÔLE DE PAROISSIEN – LA ROMIEU, LA

CITÉ DES CHATS – BERNARD PALISSY, L’ÉMAILLEUR HUMANISTE –

BERNARD MANCIET, LE PRESQUE PRIX NOBEL DE LITTÉRATURE –

MICHEL SERRES, PHILOSOPHE GASCON – L’ACADÉMIE DES

MENTEURS DE MONCRABEAU – À HAGET, L’INTERDICTION DU

CATHOLICISME.


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• Lourdes (Hautes-Pyrénées)• Labastide-d’Armagnac et Larrivière-Saint-Savin (Landes)• Ferrensac (Lot-et-Garonne)• Saint-Vincent-de-Paul (Landes)• La Romieu (Gers)

1

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5

• Saint-Avit (Lacapelle-Biron) (Lot-et-Garonne)•Sabres (Landes)• Agen (Lot-et-Garonne)• Moncrabeau (Lot-et-Garonne)• Haget (Gers)

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8

9

10

GIRONDEARCACHON

1

AGENNÉRAC

CONDOM

AUCH

MIRANDE

PAU

OLORONSTE-MARIE

TARBES

BAGNÈRES-DE-BIGORRE

ARGELÈS-GAZOST

DAX

MONT-DE-MARSAN

MIMIZAN

BISCAROSSE CASTELJALOUX

LOT-ET-GARONNE

GERS

LANDES

PYRÉNÉES-ATLANTIQUES

HAUTES-PYRÉNÉES

9

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5

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2

4

6

10

8

2

•LIEU CITÉ

La Gascogne ne se laisse pas défi nir aisément. On peut la désigner comme les terres à l’ouest de la Garonne, jusqu’à l’océan, ou par sa langue, le gascon, qui est une des quatre divisions de l’occitan. Nous l’avons limitée aux départements du Lot-et-Garonne, des Landes, du Gers, des Hautes-Pyrénées, et à la partie orientale des Pyrénées-Atlantiques (Béarn).


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Michel Serres,philosophe gascon

Son accent nous dit qu’il est né à Agen (en 1930),mais sa pensée est universelle.

Il est un des grands philosophes de notre temps, un de ceux qui n’opposent pas tradition et modernité.

Il nous aide à mieux vivre.

Quand on écoute parler Michel Serres, on se sent tout de suite plus intelligent, car la pédagogie n’est pas sa moindre qualité. Officier de marine, passé par Normal sup’, agrégé de philosophie, il fut proche de Michel Foucault puis de René Girard qui lui ouvrira les portes des universités américaines. Il enseigna à Stanford. On pourrait le comparer à Montaigne pour sa curiosité, son op-timisme, à Socrate pour sa méthode. On l’a surnommé « la sage-femme du monde du futur », à l’instar du philo-sophe grec qui prônait la maïeutique.

Il s’est consacré aux problèmes éthiques liés aux progrès des sciences. Hostile au déterminisme, il adhère au principe d’incertitude et, sous le signe d’Hermès, dieu messager, spécialise sa pensée autour de la communication. Il défend l’idée d’un contrat natu-rel, associant droit de la nature et droit de l’homme. Optimiste, il se place dans la ligne de l’Histoire, des grands récits et du progrès. La paix lui semble le plus grand des biens. Il refuse tout dogma-tisme et garde son esprit ouvert.


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A R T E T R E L I G I O N

Enfin, c’est aussi un littéraire, un écrivain amoureux des mots. Amoureux de la vie aussi, comme Montaigne, un autre philosophe gascon, il affirme qu’il faut voir le

présent comme un moment unique de l’humanité. Et il ne manque jamais de faire un clin d’œil à sa Gascogne natale, où l’art de vivre est aussi une philosophie.

Marguerite Duras à Duras

La romancière Marguerite Duras passa son enfance entre l’Indochine et la maison familiale de Platier, près de Duras – qui deviendra son nom de plume. Son roman Les Impudents (1943) décrit sa vie à Duras. L’association Marguerite-Duras rend hommage à la romancière avec une animation annuelle au château de Duras, ouvert à la visite.Tél. 05 53 83 77 32.

Le château de Duras qui donna son nom de plume à la romancière.


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TA B L E D E S M AT I È R E S

UN PAYS ET UNE LANGUE ! PAGE 4

CHAPITRE PREMIER

ÉSOTÉRISMEPAGE 10

L’ordre du Temple trahi ! PAGE 12Les fantômes des templiers ! PAGE 18

L’évêché cathare d’Agen ! PAGE 20Le premier bûcher de la croisade ! PAGE 24

Le mystère des cagots ! PAGE 26Sorcellerie en Béarn ! PAGE 30

Les possédées d’Amou ! PAGE 32Nostradamus à Agen ! PAGE 34

Le culte du taureau à Lectoure ! PAGE 36Bonaguil, le château le plus hanté de France ! PAGE 38

Des ovnis dans le ciel gascon ! PAGE 40La mort des dieux anciens sous la croix de Béliou ! PAGE 42

CHAPITRE DEUX

LÉGENDESPAGE 46

Les fontaines miraculeuses des Landes ! PAGE 48Le mythe du Bécut ! PAGE 50

Féerie dans les Landes ! PAGE 52Des lacs sans fond ! PAGE 54

Pont de Dieu, pont du diable ! PAGE 58Tastoa, la cité engloutie ! PAGE 60

La tradition des veyrines ! PAGE 62La légende de saint Sever ! PAGE 64

Le pays de l’ours ! PAGE 66Les chemins de Compostelle ! PAGE 68

La forêt landaise, des légendes à Napoléon III ! PAGE 72

! !! !! ! ! !! !!


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T A B L E D E S M A T I È R E S

CHAPITRE TROIS

HISTOIREPAGE 76

Les mains de Vénus ! PAGE 78Le champ de Crassus ! PAGE 82Les recluses d’Agen ! PAGE 84

Gaston Phébus, le dernier troubadour ! PAGE 86La guerre des bastides ! PAGE 88

Les compagnons de Jeanne d’Arc ! PAGE 92Saint Orens, justicier et brigand ! PAGE 94

L’enfance d’un roi ! PAGE 96La cour de Nérac ! PAGE 100

D’Artagnan et les trois mousquetaires gascons ! PAGE 104La république maçonnique d’Icarie ! PAGE 108

Revoir un Latécoère ! PAGE 110

CHAPITRE QUATRE

ART ET RELIGIONPAGE 116

Lourdes, mystère et apparition ! PAGE 118Les sportives Vierges landaises ! PAGE 122

Les guerres souterraines de Religion ! PAGE 124Monsieur Vincent, un drôle de paroissien ! PAGE 126

La Romieu, la cité des chats ! PAGE 128Bernard Palissy, l’émailleur humaniste ! PAGE 130

Bernard Manciet, le presque prix Nobel de littérature ! PAGE 132Michel Serres, philosophe gascon ! PAGE 134

L’académie des menteurs de Moncrabeau ! PAGE 136À Haget, l’interdiction du catholicisme ! PAGE 138


Editeur : Hervé ChiraultCoordination éditoriale : Isabelle RousseauConception graphique : Laurence Morvan,

studio graphique des Editions Ouest-FranceMise en pages : Virginie Letourneur

Photogravure : graph&ti, Cesson-Sévigné (35)Impression : PPO Graphic, Palaiseau (91)

© 2018, EDITIONS OUEST-FRANCE, EDILARGE S. A., RENNES

ISBN 978-2-7373-7660-3N° D’ÉDITEUR : 8755.01.02.03.18

DÉPÔT LÉGAL : MARS 2018IMPRIMÉ EN FRANCE

WWW.EDITIONSOUESTFRANCE.FR


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