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29 Mémorial äßemorial ht? (Bro&^QogtumofiuïcîtiBurg. du ßraii-DtcM ie Lixemhoiri» IVTerciedi, 29 mai 1929. AMEIE 2. SDUtttwä, 29. mai 1£29. La Situation de l'Industrie et du Commerce en 1928. Annexe à l'arrêté du 30 avril 1929, publié au № 25 du Mémorial 1929, p. 416. Aperçu général. L'année 1928, la deuxième depuis la stabilisation du franc sur la base du septième de sa valeur, laisse une impression très satisfaisante : elle marque le retour définitif à la vie normale des affaires. Au sortir de la période d'inflation on entrevoyait des perturbations sans fin qui devaient accompagner la nécessaire élimination de tous les éléments morbides, des entreprises d'une vita- lité précaire. Ces craintes ne se sont pas réalisées. A part un léger malaise, d'ordre psychologique le plus souvent, les affaires ont conservé une allure régulière. Avec le retour de la confiance dans le franc stabilisé, la formation des capitaux qui, même au plus fort de la crise, n'avait jamais complètement cessé, recommença aussitôt et, depuis deux ans, le marché des capitaux a passé par une phase d'activité extraordinaire. Le crédit, au lieu de se resserer, restait aisé. Le loyer de l'argent s'acheminait vers la baisse. Le taux de l'escompte, qui était de 7% au moment de la stabilisation, tomba graduellement à 4%. Le taux hors banque a serré de près le taux officiel pour rester à peu près immuable, une fois ce dernier fixé. Des signes de prospérité économique apparaissent aujourd'hui dans tous les domaines : les recettes d'impôts sont en augmentation appréciable sur les prévisions budgétaires ; les dépôts à la Caisse d'épargne, baromètre du bien-être des classes laborieuses, progressent de manière continue ; la balance commerciale, qui est un indice de l'activité productrice, s'est améliorée d'une année à l'autre de plus d'un milliard de francs. Il était admis qu'à la suite du retour à un régime monétaire normal l'industrie traverserait une phase assez difficile avant de pouvoir s'adapter à la situation nouvelle. Cette période fut moins difficile qu'on ne le supposait. Dans l'abondance des capitaux et dans la perspective d'un avenu- stable désormais, l'industrie a trouvé des compensations matérielles et morales, et elle s est remise promptement d'aplomb sur la situation nouvelle.

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Mémorial äßemorialht?

(Bro&^QogtumofiuïcîtiBurg.

du

ßraii-DtcM ie Lixemhoiri»IVTerciedi, 29 mai 1929. AMEIE № 2. SDUtttwä, 29. mai 1£29.

La Situation de l'Industrie et du Commerceen 1928.

Annexe à l'arrêté du 30 avril 1929, publié au № 25 du Mémorial 1929, p. 416.

Aperçu général.

L'année 1928, la deuxième depuis la stabilisation du franc sur la base du septième de savaleur, laisse une impression très satisfaisante : elle marque le retour définitif à la vie normale desaffaires.

Au sortir de la période d'inflation on entrevoyait des perturbations sans fin qui devaientaccompagner la nécessaire élimination de tous les éléments morbides, des entreprises d'une vita-lité précaire. Ces craintes ne se sont pas réalisées. A part un léger malaise, d'ordre psychologiquele plus souvent, les affaires ont conservé une allure régulière.

Avec le retour de la confiance dans le franc stabilisé, la formation des capitaux qui, mêmeau plus fort de la crise, n'avait jamais complètement cessé, recommença aussitôt et, depuis deuxans, le marché des capitaux a passé par une phase d'activité extraordinaire.

Le crédit, au lieu de se resserer, restait aisé. Le loyer de l'argent s'acheminait vers la baisse.Le taux de l'escompte, qui était de 7% au moment de la stabilisation, tomba graduellement à4%. Le taux hors banque a serré de près le taux officiel pour rester à peu près immuable, unefois ce dernier fixé.

Des signes de prospérité économique apparaissent aujourd'hui dans tous les domaines : lesrecettes d'impôts sont en augmentation appréciable sur les prévisions budgétaires ; les dépôtsà la Caisse d'épargne, baromètre du bien-être des classes laborieuses, progressent de manièrecontinue ; la balance commerciale, qui est un indice de l'activité productrice, s'est amélioréed'une année à l'autre de plus d'un milliard de francs.

I l était admis qu'à la suite du retour à un régime monétaire normal l'industrie traverseraitune phase assez difficile avant de pouvoir s'adapter à la situation nouvelle. Cette période fut moinsdifficile qu'on ne le supposait. Dans l'abondance des capitaux et dans la perspective d'un avenu-stable désormais, l'industrie a trouvé des compensations matérielles et morales, et elle s est remisepromptement d'aplomb sur la situation nouvelle.

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Les préoccupations monétaires s'estompent aujourd 'hui ; le souvenir des angoisses passéess'éteint. L e nouveau franc demeure d'ailleurs en for t bonne posture par rapport aux autres mon-naies. Sa tenue sur le marché des changes t radui t une santé robuste et aucune menace n'apparaîtà l 'hor izon en ce qui concerne sa technique. I l constitue, au taux actuel, u n excellent instrumentde t ravai l .

* *.*Au point de vite agricole les résultats ont été assez divers, n'atteignant point , dans leur ensemble,

ceux des années précédentes. L e temps froid et humide qu i se prolongeait jusqu'au début del'été, suivi d'une longue période de sécheresse, était peu favorable à l 'agriculture.

Les ensemencements d'automne s'étaient faits dans d'excellentes conditions. Les blés tallaientbien, mais l'épiaison s'annonçait mal et les plantes n 'ont p u atteindre leur plein développement.Si les moissons étaient favorisées par le temps, les rendements ne dépassaient guère la moyenne.Malgré leur bon conditionnement, une grande partie des récoltes restaient invendables.

D 'une manière générale, les fourrages ont fourni u n rendement médiocre. L a fenaison s'estfaite dans d'excellentes conditions, mais la quantité des foins était peu abondante et les regainsont complètement manqué. Ce déficit n'a pu être compensé par les plantes fourragères descultures sarclées. Les dérivés de l'élevage montrent une allure normale. L a production beurrière aaugmenté proportionnellement au nombre croissant des coopératives de laiterie. Les exportationsétaient en général satisfaisantes au point de vue des quantités et des p r ix .

L a récolte des pommes de terre, qu i avait fait naître de sérieuses appréhensions, a été plutôtabondante et les pr ix, assez élevés au début, se sont rapidement tassés. L a récolte des fruits , parcontre, était fortement déficitaire.

Seule la vigne s'accommodait de la température anormale pour les autres cultures et l'étatsanitaire des vignobles restait satisfaisant.

Les rendements comparés des trois dernières années s'établissent comme suit :Quintaux métriques

1926 1927 1928Froments 169.249 190.685 194.145Seigles 89.734 89.826 . 89.528Méteils 56.735 58.584 55.947Avoines 471.621 400.986 435.590Pommes de terre 1.165.149 1.424.244 1.677.383Foins et regains 1.111.020 1.036.820 922.078

A travers les hasards et les caprices des récoltes annuelles, l'agriculture, poursuivant soneffort d'organisation méthodique rationnelle, arrive à consolider ses positions. Grâce à cet espritd'initiative, la généralité des exploitations agricoles ont joui d'une bonne prospérité. Les culturesmaraîchères et horticoles surtout bénéficient dans une large mesure du développement de l'indus-trie et s'étendent d'année en année.

* **L'activité industrielle et commerciale, stimulée, comme en 1927, par l'abondance des capitaux

disponibles et l'aisance du crédit, a été générale. Si toutes les branches de l'industrie n'ont pasété également favorisées, les chiffres de production de la plupart d'entre elles sont en progrès.

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Les efforts des usines métallurgiques en vue de la rationalisation de la production qui luipermettra d'augmenter le rendement net et de se rapprocher toujours davantage du consomma-teur par le finissage des produits dominent leurs aspirations d'avenir. La régularisation du courantd'affaires et la bonne tenue des prix doivent être ramenées à l'action stimulante et régulatricede l'Entente internationale de l'acier.

Un revirement très heureux s'est produit vers la fin de l'année dans la situation des ateliersde construction qui ont été vivement sollicités tant par le marché intérieur que par les demandesà l'exportation. L'orientation nouvelle de cette branche qui s'est faite au milieu des plus grandesdifficultés paraît être définitivement terminée.

Dans le bâtiment nous constatons un essor extraordinaire. Les programmes de constructiond'habitations à bon marché, élaborés par les pouvoirs publics de même que les mesures prisespar les grandes sociétés industrielles pour assurer dans d'excellentes conditions le logement deleur personnel ouvrier et employé garantiront le développement de cette branche tout en exerçantune heureuse influence au point de vue de la production et au point de vue social.

Cette activité exceptionnelle a entraîné les industries et métiers tributaires du bâtiment,les carrières et ardoisières, l'industrie des ciments, la briqueterie, l'industrie céramique etl'industrie du bois, où le volume des affaires s'est considérablement développé.

La tannerie a ressenti le contre-coup des fluctuations violentes dans les prix des matièrespremières ; comme conséquence de la mévente du cuir tanné, elle a fortement diminué sa pro-duction. La ganterie est aux prises avec des embarras continuels procédant des difficultés dansles approvisionnements en matières premières. Quant à l' industrie textile, les variations des coursdu coton et de la laine expliquent en partie l'allure diverse des affaires. Le vêtement, parcontre, est en progrès.

Dans les brasseries nous nous plaisons à relever une situation très prospère avec une productionen augmentation de 13,6%. La meunerie, fortement concurrencée par l'industrie belge, montreune fabrication en recul. L'industrie des tabacs a poursuivi son développement régulier et satisfaisant.

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Dans l' extraction du minerai de fer, le recul constaté pour l'année 1927 s'est légèrement accen-tué : la production a encore diminué en 1928 de 118.041 tonnes, soit de 1,6%. L'année 1928 aété caractérisée par un nouveau fléchissement des exportations coïncidant avec un relèvementtrès significatif des importations de minerais lorrains qui concurrencent nos minerais assez pauvresen fer tant sur les marchés étrangers que sur le marché national.

L'industrie métallurgique a continué à développer normalement son programme de production.Dans tous les compartiments l'activité a été entretenue par un courant d'affaires régulier dontl'ampleur s'est accrue pendant le deuxième semestre. La courbe de production marque une pro-gression ininterrompue :

MineraisFonteAcier

1926

t. 7.756.2402.559.1512.321.437

1927

t. 7.244.2732.732.4932.470.509

1928

t. 7.026.8322.770.0612.554.753

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Comme le marché national du travail est limité dans ses ressources, l' écart entre l' offre et lademande s'accroît d'année en année, et l'industrie doit suppléer aux insuffisances de l'offre indi-gène par un appel de plus en plus large à la main-d'œuvre étrangère. La proportion des ouvriersétrangers, qui était de 28% en 1925, s'est élevée progressivement à 30,5% en 1926 et à 32,6%en 1927 pour atteindre 35,8% en 1928. Parmi les ouvriers étrangers figurent 2.160 Belges, 4.621Allemands, 1.070 Français, 4.990 Italiens et 2.160 autres nationaux.

Le commerce extérieur de l'Union belgo-luxembourgeoise continue à se développer favorable-ment. Ses progrès sont restés constants.

Voici comment se présente le bilan comparé des échanges extérieurs pour les deux dernièresannées :

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A travers le commerce de détail nous constatons une marche absolument normale et un volumed'affaires en légère augmentation. A mesure que le souvenir de l'inflation vécue s'efface, le com-merce poursuit un développement plus régulier en même temps que les rapports avec la clien-tèle s'empreignent de plus de confiance. L'élimination progressive des éléments morbides sepoursuit avec une inexorable logique.

Sur le marché du travail nous constatons un nouvel accroissement de la demande de main-d'œuvre qui a atteint son point culminant vers la fin de l'automne. La comparaison du nombredes ouvriers occupés dans l'industrie s'établit comme suit pour les quatre dernières années :

1925192619271928

1er trim.

34.90736.85040.29241.783

2e trim.

35.79837.86440.86743.228

3e trim.

36.73938.38942.33744.055

4e trim.

36.19740.20641.32543.385

Importations

Quantités (en tonnes)Valeur (en mill ions de francs)

1927

38.061.39329.140

1928

39.510.08231.164

Exportations

Quantités (en tonnes)Valeur (en mill ions de francs)

1927

24.222.20726.695

1928

26.572.56030.145

Les importations marquent un accroissement de 1.450.000 tonnes et de 2.426 millions defrancs. Relativement à 1927, les exportations sont en progrès de 2.352.000 tonnes et de 3.443millions de francs. A un accroissement des importations de 3,9% correspond un accroissementdes exportations de 9,7%. Au total et en gros, la balance commerciale s'est améliorée d'une annéeà l'autre de plus d'un milliard de francs.

A l'importation, c'est en particulier dans le groupe des matières premières et dans celui desproduits fabriqués que le mouvement d'ascension continue est le plus significatif. Dans la plupart

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des autres groupes, la courbe, peu nette au début de l'année, s'est dessinée avec plus de précisionà mesure que l' année avançait.

Passant aux exportations, nous constatons une courbe d'ascension plus irrégulière et fré-quemment coupée de pointes, mais l'augmentation dans l'ensemble des groupes s'est maintenuedu commencement jusqu à la fin de l'année. Le dernier trimestre présente un mouvement accé-léré décisif pour la balance commerciale. Des chiffres-record sont relevés pour une série de posi-tions et de groupes.

Non seulement la balance commerciale est meilleure qu'avant la guerre, mais les produitsmanufacturés tiennent une place plus considérable qu'autrefois dans l'ensemble des exportations :de 38,7% en 1913, la quotité a passé à 58,1% en 1928.

Si nous étendons la comparaison du mouvement des échanges extérieurs aux quatre der-nières années, il faut éliminer nécessairement la valeur qui, à cause des fluctuations de la devise,et partant des prix, ne saurait fournir un terme de comparaison suffisamment sûr, et se borneraux tonnages.

Cette comparaison s'établit comme suit :

Au point de vue de la politique économique internationale un ordre nouveau s'établit lentement.La politique proposée par la Conférence économique internationale, en éclairant la voie et enindiquant la meilleure méthode à suivre pour arriver à de bons résultats, commence à réaliserdes progrès qui deviennent plus apparents d'année en année.

1925192619271928

Importations Exportations(en 1000 tonnes)

33.26534.30538.06139.510

20.92423.20324.22226.572

Ce qui, dans ce tableau rétrospectif, doit surtout retenir l'attention, c'est la progressioncontinue des importations de matières premières et de demi-produits qui indique un accroisse-ment de l'activité industrielle. L'industrie, en transformant ces matières, sollicite le travail etle bénéfice réalisé sur la plus-value des produits viendra grossir le patrimoine commun.

Toutefois, l'accroissement de la production n'a pas empêché nos importations de produitsfabriqués de se développer fortement, grâce à un tarif douanier assez libéral. Que faut-il en con-clure ? Doit-on relever les coefficients pour barrer le chemin aux produits étrangers ? Evidemmentnon. La production, dans son ensemble, s'est accommodée du régime actuel. Cet accroissementdes achats de produits finis à l'étranger témoigne simplement du relèvement de notre capacitéd'achat.

Pour la période de 1925 à 1928 la continuité du progrès des exportations doit nous frapper.Ce mouvement en avant, particulièrement fort pour les produits manufacturés, s'est emparé detoutes les positions indistinctement.

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La convention de Genève du 8 novembre 1927 et l'accord complémentaire du 11 juillet 1928marquent un nouveau pas dans la voie du progrès économique. L'ensemble de ces deux accords,si nous y ajoutons la convention relative à l'exportation des peaux et des os, forment, avec la con-vention internationale pour la simplification des formalités douanières signée à Genève en 1923,les deux actes les plus importants de la Société des Nations dans le domaine de la politique com-merciale.

La convention pour la suppression des prohibitions, qui doit entrer en vigueur le 1er janvier1930, aura essentiellement deux effets. En premier lieu elle interdit toute politique tendant àrenforcer le caractère protectionniste d'un tarif par un système de restrictions, abolissant défi-nitivement aussi la pratique suivie par divers pays. Son deuxième effet est de rendre la libertéà la circulation des matières premières, à l'exception des mitrailles et des charbons.

I l est vrai que ces questions n'ont qu'une importance secondaire au regard des droits dedouane et que la démobilisation tarifaire vers laquelle doivent tendre tous nos efforts constitueune tâche autrement difficile et ingrate. Mais le moindre progrès dans le domaine de la politiquecommerciale a sa signification et sa répercussion sur les esprits et sur les affaires.

La politique douanière de l'Union belgo-luxembourgeoise était dominée par l'accord avec laFrance du 23 février 1928 qui constitue un acte d'une portée incontestable. I l se substitue auxaccords partiels de 1924, 1925 et 1926 qui ne constituaient qu'un règlement provisoire, qui, parailleurs, n'avaient plus de sens depuis la révision douanière française amorcée par l'accord franco-allemand du 17 août 1927 et continuée par la loi dite de l'additif douanier.

Le régime nouveau constitue à peu près l'équivalent du régime ancien, sauf qu'i l procureraaux producteurs belges et luxembourgeois une protection plus élevée. La France et l 'Union éco-nomique se sont, en quelque sorte, donné l'une à l'autre l'assurance qu'elles ne projetaient pointd'autres majorations douanières que celles qu'elles se sont réciproquement communiquées, etelles se sont réciproquement réservé un droit de dénonciation, au cas où des majorations nonprévues viendraient leur porter un préjudice sérieux.

Si l'on se rappelle la menace devant laquelle la production belge et luxembourgeoise se trou-vait au moment où fut déposé le projet français portant révision du tarif douanier, la sécuritéque le traité instaure, à côté des améliorations considérables qu'il apporte, n'apparaît pas sansvaleur. I l constitue, en tout cas, un premier pas dans le sens de la stabilité des régimes douaniersque l'industrie et le commerce ne cessent de réclamer.

Cet accord est entré en vigueur le 15 avril. Ses premiers résultats s'annoncent comme trèssatisfaisants. Non seulement l'Union a retrouvé la situation antérieure à l'accord franco-allemand,c'est-à-dire précédant le relèvement du tarif minimum français, mais elle a encore, dans l'ensemble,amélioré ses positions à l'exportation. Quant à l'importation, l'Union n'a guère accordé sur sontarif de réduction de droits sensibles, à part quelques articles caractéristiques de l'exportationfrançaise. L'accord ne pouvait donc avoir qu'une importance relativement faible pour les impor-tations françaises qui sont, en effet, restées sensiblement à leur niveau antérieur.

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L'arrangement du 15 décembre avec l'Espagne, qui se substitue au modus vivendi de 1925,en instaurant le régime du traitement réciproque de la nation la plus favorisée, mais sans aucunengagement tarifaire du côté espagnol, marque certainement un léger progrès. Il n'a rien, toutefois,d'un accord définitif. En fait, il proroge l'état de choses actuel jusqu'à la mise en vigueur dunouveau tarif espagnol.

Le relèvement de l'indice du coût de la vie depuis le mois d' août n' a rien d' anormal, rien quidoive nous inquiéter. C'est un phénomène qui accompagne nécessairement toute stabilisationqui n'a pas été précédée d'une longue période d'adaptation.

Notre indice actuel correspond à l'indice-or 122,7 ; il est donc sensiblement en retard surl'indice mondial que nous pouvons situer vers 150. Cet écart ne pourra probablement pas semaintenir. L'indice ne peut se soustraire à l'inexorable logique des faits économiques : les diverspays ne sont pas étranches au point de laisser subsister une différence aussi considérable du coûtde la vie. L'adaptation des prix de détail à l'indice mondial se poursuivra avec une rigoureuselogique, imperturbablement.

Aurons-nous jamais les prix mondiaux ? Fort probablement non. Les éléments qui composentle coût de la vie et l'indice sont variés à l'infini et il est permis de douter que nous arriveronsau nivellement intégral du prix. Avant la guerre, le coût de la vie variait d'un pays à l'autre etil n'y a pas de raison pour que les différences de niveau disparaissent.

La fin de l'année 1928 est marquée par des efforts très sérieux pour réaliser définitivementl'adaptation à la vie économique de la Belgique et arriver à un règlement des principaux points

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Le nombre-indice, après dix mois d'apparente stabilité, reprenait son mouvement en avantau mois d'août pour se fixer à 844 au mois de décembre. Ses variations, traduites en or, sontplutôt faibles : le pourcentage d'augmentation est de 4,97%. La comparaison entre l'indice desprix de gros et celui du coût de la vie s'établit comme suit :

JanvierFévrierMarsAvrilMaiJuinJuilletAoûtSeptembreOctobreNovembreDécembre

Indicedes prix de gros

122,6122,2122,2122,1121,6121,6121,2119,8119,8120,0122,1123,2

Indice du coût de la vieOr

114,8114,3113,8113,6113,4113,4115,0116,1117,6118,7119,4120,6

Papier804800797795794794805813821831836844

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litigieux restés en suspens : l'unification du réseau ferré, les tarifs ferroviaires et la question desalcools. Si les débats n'ont pas épuisé toutes ces questions, l'état actuel des négociations doit êtreconsidéré déjà comme un progrès énorme, et permet de bien augurer de l'avenir.

L'irritant problème des tarifs vient de trouver, en avril 1929, une solution de fait : les deuxGouvernements se sont mis d'accord qu'à partir du 1er mai 1929 il y aurait égalité parfaite entreles tarifs appliqués aux industries métallurgiques des deux pays. Cette mesure est de nature àaméliorer les relations entre les deux partenaires de l'Union belgo-luxembourgeoise.

Si, autrefois, au moment où le conflit est né, l'opposition d'intérêts entre les deux industriesétait évidente, incontestable, en est-il encore ainsi à présent ? Si les usines sont demeurées sépa-rées, si la concurrence entre elles persiste, ne s'est-il pas produit entre elles des fusions financièresqui rendent les intérêts communs, tout au moins dans une certaine mesure ? L'union indispen-sable se réalisera sur le domaine financier.

Ainsi les divergences de conceptions et d'intérêts qui se manifestent nécessairement pendantles périodes d'adaptation disparaîtront petit à petit. Des règlements successifs contribueront àrendre l'assimilation des conditions économiques plus intimes et feront disparaître d'autres mal-entendus et disparités.

Vannée 1929 s'est ouverte sous des auspices très encourageants. Rien, en ce moment, nelaisse entrevoir un arrêt dans la marche vers l'avenir.

Toutefois, cette renaissance économique, au lendemain même des troubles monétaires d'unegravité exceptionnelle, ne doit pas faire perdre de vue des grands problèmes de demain. L'adap-tation à la situation nouvelle une fois terminée, serons-nous en mesure de produire et de vendreà des conditions qui nous permettront de maintenir et de consolider notre position sur les marchésétrangers ?

Pendant que, de toutes parts, les forces productives se regroupent dans un double effort deconcentration et de rationalisation pour comprimer les prix de revient et arriver à un maximumde rendement, l'indice de nos prix de détail, sur lequel se base le salaire des ouvriers, poursuitune ascension lente mais continue, rétrécissant graduellement nos possibilités de concurrence etrendant moins aisée la lutte pour le placement des produits.

Il importe alors que tous, patrons et ouvriers, secondés par l'Etat, comprennent que, si nousvoulons garder notre place sur le marché international et l'asseoir solidement, il devient de plusen plus nécessaire de joindre leurs efforts dans une œuvre commune.

Notre avenir économique est à ce prix.

Minières.L'extraction du minerai de fer, en forte diminution pendant l'année 1927, marque un nouveau

recul pour 1928 ; de 7.266.249 tonnes elle est tombée à 7.026.832 tonnes, se répartissant commesuit sur les trois bassins :

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Si la consommation de minerai de fer dans le Grand-Duché était plus forte qu'en 1927, cesont les minerais lorrains qui ont profité de cette situation, alors que les minerais indigènes ontété plus négligés. La diminution de la consommation de minerais indigènes dans le pays mêmene provient pas d' un fléchissement de l'extraction des minières aux mains des sociétés métallur-giques indigènes, mais du fait que celles-ci ont acheté moins de minerai dans le pays. Ces quantitésreprésentent toutefois 69% de la production totale contre 67,8% en 1927 des 10 millions de tonnesque consomme le Grand-Duché.

Le mouvement des échanges extérieurs est caractérisé par un nouveau recul des exporta-tions coïncidant avec un accroissement considérable des importations. A u total, les exportationsont rétrogradé de 60.158 tonnes. Les expéditions vers la France sont en diminution de 133.848tonnes, celles vers l'Allemagne, par suite de la forte concurrence des minerais lorrains et de l'arrêttemporaire de l'industrie sidérurgique rhénane, de 68.991 tonnes. Les expéditions vers la Sarreet la Belgique, par contre, sont en augmentation : de 45.636 tonnes vers la Sarre et de 97.045tonnes vers la Belgique. Les importations de minerais lorrains sont en augmentation de 659.642tonnes : elles ont atteint 5.057.430 tonnes.

Dans les minières indépendantes des sociétés métallurgiques, la situation se présente commesuit : L'extraction de minerais silicieux dans le bassin de Rodange-Differdange-Belvaux est restéetrès active. Toutes les exploitations ont travaillé à plein rendement. Les minerais ont été livrésen majeure partie aux usines du pays et en Belgique ; de forts tonnages ont été expédiés en Sarre,les expéditions en France sont en diminution.

Dans le bassin calcareux d'Esch-Kayl-Rumelange, la situation reste la même qu'en 1927.Un seul exploitant a pu occuper un nombre restreint de son personnel ouvrier et a réussi à placerenviron 25% de son extraction ; deux autres ont travaillé pendant quelques mois, alors que lamajorité des exploitations a été réduite au chômage complet.

D'une manière générale, la faible teneur en fer des minerais luxembourgeois ne leur permetpas de lutter contre la concurrence toujours grandissante des minerais calcareux français quibénéficent en outre de tarifs ferroviaires plus avantageux et n'ont pas à supporter les fortescharges sociales qui grèvent nos minerais. Les minières appartenant aux sociétés belges et alle-

37

TonnesValeur (fr.)Ouvriers occupés

Rumelange Dudelange1.899.396

40.704.7301590

Pétange-Differdange3.367.771

69.665.7412356

Esch1.759.665

33.431.4721614

Totaux7.026.832

143.801.9435560

La comparaison des éléments principaux de la statistique de production pour les deuxdernières années s' établit comme suit

Ouvriers occupés

Salaires et traitementsProduction

Valeur

Prix moyen par tonne

1927.

5850fr. 84.592.842t. 7.266.249fr. 134.090.223fr. 18,47

1928

5560fr. 86.386.877t. 7.026.832fr. 143.841.943fr. 20,52

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Les minières ont consommé 31.637 m3 de bois d' une valeur approximative de 10 millions,322,7 tonnes d'explosifs brisants, 482 tonnes de salpètre et 73,7 tonnes d'oxygène liquide.

D'une manière générale, les salaires proprement dits étaient soumis à de fortes variationsdans les différents bassins et exploitations. En décembre, les salaires nets moyens des ouvriersmineurs oscillaient entre 50 et 81 fr., ceux des rouleurs entre 50 et 76 fr., ceux des journaliersentre 31 et 48 fr. par journée de travail.

La dépense en salaire par tonne extraite a continué à augmenter au cours du dernier exercice :de 11,64 fr. elle est montée à 12,29 fr. En 1928, les salaires payés représentaient 60% de la valeurde l'extraction contre 63% en 1927. Comparé à 1913, le salaire annuel moyen a augmenté de780%, tandis que la valeur du rendement a augmenté de 672% et la valeur d'une tonne de 688%.

Le prix de revient, sous la poussée de l'augmentation des salaires et surtout de la hausse dumatériel et des matières premières poursuit sa marche en avant. En même temps les chargessociales ont atteint jusqu'à 2.500 fr. par an et par tête d'ouvrier occupé ; pour les exploitationssouterraines elles se chiffrent à 30% des salaires payés, soit à environ 18% du prix de revientdes minerais.

Le prix des minerais silicieux a fléchi légèrement. Les moyennes obtenues varient entre22 et 24 fr. à la tonne pour minerai de 33/34% de fer.

En général, le rendement financier a été moins satisfaisant que pendant l'année 1927 quiaccusait déjà des résultats inférieurs à ceux des deux années précédentes ; il est inférieur encore àcelui des minières lorraines qui obtiennent des prix plus rémunérateurs.

Les exploitants de mines appellent de nouveau l'attention des pouvoirs sur la situation désas-treuse qui leur est créée par l'isolement de nos chemins de fer.

38

mandes ont ralenti le travail. L'industrie belge, d'un côté, était trop abondamment pourvue deminerai lorrain, calcareux surtout ; les affaires avec l'Allemagne, de l'autre côté, étaient difficilespar suite des frais de transport si élevés qui affectent surtout les minerais pauvres.

Si le rendement varie considérablement, non seulement d'un bassin à l'autre, mais encored'exploitation à exploitation et même de chantier à chantier suivant la nature du gisement et lesinstallations mécaniques, il marque un progrès sur l'année précédente : de 1.242 tonnes par ouvrier,il est monté à 1263 tonnes. L'augmentation est due au rendement journalier plus élevé ainsi qu'àla restriction des travaux non productifs. Toutefois il reste encore bien inférieur à celui des années1925 et 1926 parce que l'industrie sidérurgique continue à exiger des minerais soigneusementtriés.

Ce résultat a été obtenu grâce à la mécanisation progressive de l'extraction aussi bien quepar un effort accentué du personnel ouvrier des mines, dont d'ailleurs la qualité s'améliore dans'es dernières années. Aussi le rendement par ouvrier en général marque une certaine reprise parrapport à l'année précédente :

Moyenne 1928Moyenne 1927

Mineur en galeriet. 19.779

19.255

Mineur et rouleur9.4019.044

Ouvrier en général5.2575.042

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39

Rappel de la production des Minières depuis 1868.

Année

18681869187018711872187318741875187618771878187918801881188218831884188518861887

Tonnes

772.039924.382911.695990.499

1.174.3341.331.7431.442.6681.090.8451.196.7291.262.8251.407.6171.613.3922.173.4632.161.8812.539.2952.551.0902.447.6342.648.4492.361.3722.649.710

Année

18881889189018911892189318941895189618971898189919001901190219031904190519061907

Tonnes

3.261.9253.102.7533.359.4133.102.0503.370.3523.351.9383.958.2803.913.0764.758.7415.349.0095.348.9516.014.3946.171.2294.455.1795.130.0696.010.0126.347.7815.595.8607.229.3957.492.870

Année

190819091910191119121913191419151916191719181919192019211922192319241925192619271928

Tonnes

5.800.8685.793.8756.263.3856.059.7976.533.9307.333.3725.007.4576.139.4346.752.2074.276.5503.131.4003.112.4723.704.3903.031.6364.488.9744.079.5495.333.5806.678.1927.756.2407.266.2497.026.832

Mouvement des exportations et des importations de minettes depuis 1919.

Exportations vers

1919192019211922192319241925192619271928

l'Allemagne la SarreTonnes784.702

1.362.6631.143.775

981.973281.832600.882

347.690400.000308.156239.165

449.731543.883247.204292.800

la FranceTonnes94.767

188.450167.031190.082120.438274.082231.086280.770185.54051.692

la BelgiqueTonnes328.041551.768357.776747.853742.153

1.175.5931.289.7251.696.1481.538.0001.635.045

TotauxTonnes

1.207.5102.042.8991.665.5821.919.9081.144.4232.060.5572.318.2432.830.8522.278.9082.218.742

Importationsde FranceTonnes611.139965.124

1.054.4472.632.8572.310.9302.354.6133.021.2623.480.8524.399.7885.057.430

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40

STATISTIQUE

Bassin

Esch

Rumelange

Pétange

Totaux en 1928

Totaux en 1927

Nombremoyen des

ouvriersoccupés

engalerie

936

913

1316

3165

3354

à cielouvert

678

677

1040

2395

2496

Salaires ettraitements

payés

fr.

26.299.355

23.463.144

36.624.378

86.386.877

84.592.842

Désignationdu

minerai

minette

calcaire

Total

minette

calcaire

Total

minette

calcaire

Total

minette

calcaire

Total

minette

calcaire

Total

Production

Nombrede

tonnes

1.752.149

7.516

1.759.665

1.869.366

30.030

1.899.396

3.318.275

49.496

3.367.771

6.939.790

87.042

7.026.832

7.141.041

125.208

7.266.249

Teneurmoyenneen 100°

en feren %

29,38

24,76

29,35

27,46

22,00

27,37

33,22

20,29

33,03

30,70

21,26

30,63

31,00

21,76

30,86

Valeur duminerai

sur wagon

fr.

19,02

14,01

19,01

21,68

5,89

21,43

20,90

6,36

20,70

20,63

6,86

20,52

18,67

6,98

18,47

Ten

eur

en

phos

phor

een

%

0,640

0,530

0,640

0,630

0,579

0,630

0,680

0,650

0,680

0,660

0.610

0,650

0,637

0,595

0,639

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41

MINIÈRE 1928.

Quantitésvendues ou

consomméesdans leGrand-Duché

to.

1.590.127

1.539.930

1.718.145

4.848.202

4.932.056

Quantités exportées en

Allemagne

to.

3.450

235.695

20

239.165

308.156

Sarre

to.

_

292.840

292.840

247.204

France

to.

51.692

51.692

185.540

Belgique

to.

205.958

133.003

1.296.084

1.635.045

1.538.000

Total

to.

209.408

368.698

1.640.636

2.218.742

2.278.900

Quantitésimportées

deFrance

to.

2.936.983

682.168

1.438.279

5.057.430

4.399.788

Dépôts

Quantitésmises

en dépôt

2.496

36.648

35.673

74.790

113.807

Quantitésprises

du dépôt

42.339

45.880

26.683

114.902

58.514

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42

Production des Minières.Tonnes

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Métallurgie.

L'amélioration de la conjoncture qui se dessinait dès le début de l' année 1928 a continuéà se développer sans interruption.

D'une manière générale, l'année écoulée a été satisfaisante tant au point de vue du volumedes affaires que des résultats financiers obtenus. La production gardait une allure régulière etnormale. La production de la fonte est en progrès de 37.566 tonnes, celle de l'acier, qui a exacte-ment doublé par rapport au maximum atteint avant la guerre, de 96.314 tonnes.

Un léger fléchissement s'observait vers la fin de l'année où le marché témoignait d'une cer-taine hésitation. Si les prix des produits métallurgiques parvenaient à se maintenir avec aisance,la demande devenait moins abondante, moins pressée surtout. Cette situation s'est prolongée àtravers les premiers mois de l'année 1929.

Au point de vue des approvisionnements, il n'y a pas de difficultés à signaler. Les besoinsen cokes étaient largement couverts. En minettes, cependant, les livraisons étaient moins régu-lières et insuffisantes parfois par suite de l'accroissement de la consommation mondiale, maissans gêner la marche de la production.

Au point de vue social l'année s'est déroulée dans le calme. La collaboration de plus en plusconfiante du capital et du travail permet d'envisager l'avenir avec sécurité. L'adaptation dessalaires au coût de la vie s'est faite en conformité des faits économiques.

A travers les modifications de la conjoncture nos usines poursuivent activement leur travailde rationalisation par la transformation des installations en vue d'augmenter le rendement net dela production et de se rapprocher davantage du consommateur par le finissage des produits. Unvaste programme de modernisation est en voie d'exécution qui se répartira sur plusieurs annéeset permettra aux usines d'affronter dans de meilleures conditions la concurrence étrangère.

Alors que le tonnage des demi-produits s'amenuise progressivement et est descendu de399.487 à 384.281 tonnes, nous constatons dans la plupart des produits laminés une avancesur les chiffres de l'année précédente, qui est de 61.024 tonnes pour les poutrelles et gros profilés,de 79.188 tonnes pour les barres et petits profilés, de 14.899 tonnes pour le fil machine, de 12.362tonnes pour les feuillards et de 18.372 tonnes pour les tôles et larges-plats. Un recul de 83.741tonnes est constaté d'autre part pour le matériel fixe de voie.

La situation satisfaisante que nous relevons au point de vue des prix doit être ramenée engrande partie à l'action régulatrice de l' Entente internationale de l' acier.

Le tonnage-programme de 29.295.770 tonnes fixé pour les trois derniers trimestres de l'année1927, a été maintenu également pour tout l'exercice 1928 pour les quatre pays fondateurs : Alle-magne, Belgique, France et Luxembourg, y compris la Sarre. A l'accord fait avec le Groupe del'Europe centrale au début de l'année 1927 a été substitué, dans une réunion qui a eu lieu au moisde juillet, une nouvelle convention avec effet à partir du 1 e r juillet 1928, aux termes de laquelleil a été donné aux usines tchécoslovaques toute liberté de pourvoir aux besoins de leur marchéintérieur, alors qu'un contingent leur a été assigné qui augmente et diminue proportionnellementau programme de production des quatre pays fondateurs.

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Le chiffre de production allemand, qui a été de 16.251.885 tonnes pendant 1 année précé-dente, est descendu à 14.458368 tonnes, surtout par suite du lock-out en novembre. La Francea vu augmenter sa production de 8.274.284 à 9.427.615 tonnes ; la raison principale de cette aug-mentation réside dans l'amélioration très sensible de son marché intérieur. Les chiffres de laBelgique, du Luxembourg et de la Sarre avaient été en 1927 respectivement de 3.606.613 t.,2.470.509 t. et 1.884.915 tonnes.

Au début de l'année passée, l'Entente internationale de l'acier avait à déplorer la perte deson promoteur et premier Président, M . Emile Mayrisch.. Dans la réunion de juillet, le Comitédirecteur a décidé d'offrir le siège de Président à M . Aloyse Meyer. Des négociations s'ouvrirontà bref délai pour la prolongation de l'Entente qui expire en 1929.

Au sujet des autres ententes internationales qui intéressent les produits luxembourgeois,soit la fonte et le fil machine, il n'y a pas de changement à signaler. Le comptoir des rails, qui estvenu à expiration le 1 e r mars 1929, a été renouvelé pour un terme de six ans.

Sur les divers marchés exportateurs n'apparaît aujourd'hui nulle tendance à la réductiondes droits d'entrée. La tendance est plutôt au renforcement du protectionnisme dont la métallurgieluxembourgeoise, qui vit surtout d'exportation, s'accommoderait difficilement.

Si l'année 1927 a eu à enregistrer de fortes expéditions de produits métallurgiques en Alle-magne, cette situation a changé en 1928 où le marché allemand était plus difficile à travailler, etle volume des expéditions est en fort recul.

Au point de vue des transports la situation particulièrement désavantageuse et absolumentcontraire à la logique que nous relevons ici depuis des années ne s'est pas modifiée en 1928.

Ainsi que nous le signalons dans notre précédent rapport, le règlement de la question destarifs appliqués aux produits luxembourgeois sur le réseau belge est resté toujours en suspens.Le tribunal arbitral, constitué en 1926, qui sera appelé en conformité de l'art. 28 du pacteéconomique à trancher le litige, n'a pas encore formulé ses conclusions.

La Chambre de Commerce espère que les négociations qui se poursuivent depuis quelquetemps entre les deux Gouvernements conduiront à une solution satisfaisante, conforme à la saineraison économique et aux intérêts de la métallurgie luxembourgeoise.

L unification de nos deux réseaux à voie normale que l'industrie et le commerce appellentde tous leurs vœux et qui paraît proche, fera disparaître l'irritant problème des transports etmettra définitivement fin aux embarras de l'heure présente.

44

Par contre, l'Autriche et la Hongrie forment depuis le 1 e r juillet deux Groupes individuelsdans l'Entente, avec les mêmes droits et les mêmes obligations que par le passé.

La métallurgie luxembourgeoise continue à tenir le quatrième rang parmi les pays del'Entente au point de vue des chiffres de production.

Pays fondateurs :AllemagneFranceBelgiqueLuxembourgSarre

14.458.568 t.9.427.6153.850.5422.567.1082.063.862

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Statistique de production,

a) Hauts Fourneaux.

Nombre des fours existantsNombre des fours à feu.Nombre des semaines de travailNombre des ouvriers occupés.Montant des salaires payés.

Année 1926

4739 — 40

18896650

fr. 66.271.858

Année 1927

4739

20137327

fr. 94.516.107

Année 1923

4739

19117236

fr. 101.284.738

Consommation de minerais :indigènesétrangers

Consommation de cokes

t. 5.466.6183.183.9623.022.320

t. 5.433.6284.194.6993.341.997

t. 5.687.4994.341.5663.486.092

Production :fonte de moulagefonte Thomasfonte d'affinageFonte, Fe, Mn. et Spiegel..

Ensemble

t. 87.2912.465.375

6.485—

t. 2.559.151

t. 73.8232.645.297

5.2758.100

t. 2.732.495

t. 54.7812.710.603

4.677—

t. 2.770.061

Valeur de la production :fonte de moulagefonte Thomasfonte d'affinagefonte Fe, Mn. et Spiegel .

Ensemble

fr. 38.284.0601.176.600.880

2.550.910—

fr. 1.217.435.850

fr. 40.079.1401.305.954.324

2.627.00013.369.350

fr. 1.362.029.814

fr. 28.680.3651.349.522.222

2.360.000—

fr. 1.380.562.587

Le tableau ci-après donne le mouvement et la valeur de la production de la fonte pendantles huit dernières années comparées à 1913 :

191319211922192319241925192619271928

Production

t. 2.547.861970.336

1.679.3181.406.6662.157.1702.363.2532.559.1512.732.4952.770.061

Valeur totale

fr. 163.591.161239.257.324363.651.540556.612.888760.193.128717.385.803

1.217.435.8501.362.029.8141.380.562.587

Prix moyen de la tonne

fr. 64,11246,57217,74395,79352,43308,21475,75498,45570,58

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L'acier coulé et au four électrique renseigne pour les huit dernières années :

46

b) Aciéries.

Nombre des aciériesNombre des ouvriers occupésMontant des salaires payés

Année 19267

2734fr. 26.460.789

Année 19277

3342fr. 41.889.379

Année 192873226

fr. 43.979.177Consommation de matières premières :

fontesmitrailleschaux et dolomies

t. 2.418.624113.285367.943

t. 2.664.069124.425409.367

t. 2.771.101131.830432.582

Production :acier brut (lingots)acier couléacier au four électriquescories de déphosphorationautres scories

t. 2.231.4374.9337.363

522.106123.367

t. 2.458.4395.5506.520

570.649126.969

t. 2.554.7535.6566.699

598.215113.256

Valeur de la production :acier brut (lingots)

acier couléacier au four électriquescories de déphosphoration.autres scories

fr. 1.186.125.52016.118.720

122.053.24014.123.950

fr. 1.367.114.88111.100.0007.257.500

124.506.25618.264.862

fr. 1.508.267.50214.140.0008.563.000

113.993.61016.058.488

Le tableau ci-après donne le mouvement et la valeur de la production de l'acier brut (lingots)pendant les huit dernières années :

192119221923..19241925192619271928

Productiont. 750.974

1.387.9021.193.4711.880.8002.080.2642.231.4372.458.4392.554.733

Valeur totalefr. 219.836.385

373.362.405580.386.870821.190.542835.111.649

1.186.125.5201.367.114.8811.508.267.502

Prix de la tonnefr. 292,73

269,01486,30436,80397,87532,17556,18590,00

1921192219231924192519261 9 2 7 :1928

Productiont. 3.098

6.0707.7136.0815.977

12.29612.07012.355

Valeur totalefr. 3.955.250

4.605.3058.467.0206.006.4594.565.890

16.118.72018.357.50022.703.000

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c) Laminoirs.

Nombre des laminoirsNombre des ouvriers occupésMontant des salaires payésConsommation de lingots

Année 19266

6687fr. 68.695.359t. 2.253.568

Année 19276

7428fr. 99.079.530t. 2.502.355

Année 19286

8109r. 115.902.788t. 2.638.514

Production :demi-produitsmatériel fixe de voiepoutrelles et gros profilésbarres et petits profilésfil machinefeuillardstôles et larges-platschutes

t. 535.118155.443272.531657.352111.38973.27516.117

279.473

t. 399.487236.804331.999763.535106.79876.95464.938

350.508

t. 384.281153.062393.029842.723121.69789.31683.810

369.590Valeur de la production :

demi-produitsmatériel fixe de voiepoutrelles et gros profilésbarres et petits profilésfil machinefeuillardstôles et larges-platschutes

fr. 328.284.855107.908.520204.444.035461.347.82082.427.86064.315.08016.922.850

107.733.790

fr. 265.571.680217.573.701286.119.482601.160.65080.098.50072.742.50071.404.600

168.471.288

fr. 276.838.326157.809.269347.772.307721.561.310100.400.02589.196.75096.381.500

178.556.403

d) Fonderies.

Nombre des fonderies en activitéNombre des ouvriers occupésMontant des salaires payés

Année 192711810

fr. 9.764.551

Année 1928111041

fr. 12.077.430Consommation des matières premières :

fontesmitrailles

t. 25.18327.061

t. 28.48828.414

Production :

poteriemachinesfonte pour bâtimentsfontes spéciales diversespièces en fonte brute et parachevées.

Tonnes742

5.5131.900

39.672920

48.747

(Valeur fr.)1.741.250

10.803.6003.796.750

34.614.4742.928.000

54.497.324

Tonnes597

7.6351.822

28.29714.494

52.843

Valeur (fr.)1.497.400

19.577.5003.625.700

22.637.60017.054.397

64.392.597

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Année

1886188718881889189018911892189318941895189618971898189919001901190219031904190519061907190819091910191119121913191419151916191719181919192019211922192319241925192619271928

Nombredes hauts fourneaux

21212121212122232323252728282823272728323333313434384345474747474737474747474747474747

Production Productiondes hauts fourneaux des aciéries

(Tonnes) (Tonnes)

300.644492.038523.776561.733559.912544.944586.515558.289679.816694.812898.898870.373954.867982.929970.885916.403

1.080.3051.217.8301.198.0021.368.2521.460.1051.485.2721.299.9181.552.5901.682.5191.728.9732.252.2292.457.8611.827.2701.590.7731.950.5141.528.8651.266.671

617.422692.935970.336

1.679.3181.406.6662.157.1702.363.2532.559.1512.732.4952.770.061

20.65457.34569.73997.00097.462

110.920103.310129.123131.220134.812136.955143.692170.153166.206184.714257.055314.930371.979366.302397.942435.285444.268460.576535.202598.310716.194947.184

1.334.8401.136.495

980.3841.296.4071.053.596

857.937366.231569.545750.974

1.378.9021.193.4711.880.8002.080.2642.231.4372.470.5092.554.753

Productiondes fonderies

(Tonnes)

2.5853.6444.6154.6425.9097.0626.2817.7648.3288.7479.3079.8749.358

11.15411.2939.9819.658

11.11913.43713.62816.87718.05416.38215.44217.21716.00220.89326.51322.95416.46924.57123.60919.96811.96916.84916.09726.49623.57231.88539.38740.76348.74752.843

48

Rappel de la production sidérurgique depuis 1886.

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TonnesProduction de la Fonte.

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50

Répartition de la Production de la Fonte.

Tonnes

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Production de l'Acier.Tonnes

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Production des Fonderies.

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Ateliers de construction et petite métallurgie.Dans les ateliers de construction et les fonderies nous constatons un relèvement de l'activité

né des besoins accrus du marché intérieur de l'Union belgo-luxembourgeoise. Indépendammentdes demandes de la grosse métallurgie provoquées par l'agrandissement des usines, les fortesdemandes du bâtiment et les besoins considérables pour la réfection de la voirie ont amené auxateliers un courant d'ordres très appréciable.

Néanmoins, une moitié à peine de la production est placée à l'intérieur ; l'autre moitié estabsorbée par l'exportation. Le traité de commerce avec la France, tout en apportant quelquesaméliorations dans nos échanges, n'a guère satisfait nos ateliers.

Il y aurait lieu de rappeler ici la remarque qui a été faite dans notre précédent rapport surles difficultés que rencontrent les ateliers à développer leur position sur le marché mondial parsuite du manque d'une organisation commerciale appropriée et de l'absence de crédits officielsà l'exportation. Cette situation est particulièrement regrettable parce que les risques spéciauxet les forts capitaux engagés grèvent l'exportation de lourdes charges financières.

D'une manière générale, les ateliers ont continué à améliorer leur outillage industriel et leursméthodes de travail. Les petits établissements ont une tendance à se développer et à prendrerang dans l'industrie moyenne. Au point de vue financier, la situation apparaît saine aujourd'hui ;les moyens financiers ont été suffisants pour le volume d'affaires.

Les frais de fabrication ont augmenté proportionnellement au renchérissement de la main-d'œuvre et de la matière première. Les prix de vente ont suivi la hausse, mais d'une manièreplus lente et avec un certain décalage. La marge entre les prix de revient et les prix de vente a, parconséquent, été comprimée au détriment des bénéfices escomptés.

Les matières premières sont restées stables, avec une tendance à la hausse vers la fin de l'annéequi s'est particulièrement dessinée dans les mitrailles.

Les relations entre patrons et ouvriers ont continué à se développer dans une ambiancede compréhension réciproque des nécessités économiques et sociales. On se plaît encore àconstater un rendement plus élevé de la main-d'œuvre. Si les aptitudes professionnelles sonten progrès, des efforts incessants et onéreux se poursuivent pour la formation des apprentis.

Les salaires sont en augmentation variant entre 10 à 12%. Dans certaines catégories d'ou-vriers spécialisés, où le recrutement est assez précaire, le salaire est en avance sur le nombre-indice. Le recrutement souffre toujours de la pénurie des logements ouvriers, surtout à la cam-pagne.

L'échange de main-d'œuvre entre la Belgique et le Luxembourg, corollaire nécessaire del'Union économique, est extrêmement restreint. Ce fait doit frapper. En Belgique, où existe unexcédent de population ouvrière, les chômeurs sont assez nombreux, alors que le Luxembourgéprouve des embarras continuels à se procurer le supplément de main-d'œuvre étrangère qu'ildoit se procurer. On peut voir la cause de cette situation dans la différence de langue et de genrede vie et aussi dans la crise des logements.

Un revirement très significatif s'est produit dans la situation des ateliers et fonderies aupoint de vue de leur orientation. La crise qui s'était abattue sur la petite métallurgie après ladénonciation du Zollverein paraît définitivement liquidée.

53

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Meubles en fer.

Les divers compartiments de l'établissement Berl & C ie étaient bien occupés pendantl'année 1928, à l'exception du dernier trimestre où le volume des affaires était en diminution.

Il a été constaté que les lits avec décoration ornementale, fabriqués jusqu'ici dans la fonderie,étaient moins demandés et que la faveur de la clientèle, sous l'influence de la mode qui préfère laligne droite, va aux modèles plus simples fabriqués avec des tubes d'acier sans soudure. Dans leslits en bronze, ce courant existe depuis quelques années et pour les modèles plus simples lademande est en augmentation. Les lits en bronze dans les modèles actuels auxquels a été ajoutéune série de nouveaux modèles, les lits d'enfants et les meubles de jardin trouvent placementpartout où des produits de qualité sont demandés.

En meubles sanitaires, les collections de l'établissement ont été augmentées d'une série demodèles aseptiques nouveaux. Les meubles, lits, tables de nuit, chaises, tables d'instruments,etc., ont été fournis, comme précédemment, aux hôpitaux, cliniques et asiles.

L'établissement projette des changements importants de ses installations de fabrique quisont déjà en voie d'exécution.

Clouterie.

La fabrication de l'usine de Bissen pendant 1928 s'est maintenue au niveau de l'annéeprécédente. La vente devient chaque année plus difficile, les souliers ferrés étant de plus en plusdélaissés au profit de la chaussure fine.

Tandis que les prix des matières premières n'ont cessé d'augmenter continuellement, lesprix de vente des produits finis n'ont pu s'adapter partiellement que vers la fin de l'année.

Il y a lieu de relever que les charges sociales deviennent chaque année de plus en plus lourdeset menacent déjà maintenant très sérieusement la capacité de concurrence sur les marchés mon-diaux. Elles finiront par l'annihiler complètement si cette augmentation continuelle ne peut pasêtre enrayée.

L' usine de Bissen a occupé régulièrement 60 ouvriers à des salaires en progression.

54

Nos programmes de fabrication et nos spécialités étaient orientés autrefois vers les débouchésintérieurs de l'Allemagne le puissant Hinterland qui nous assurait une occupation assez régulière.L'accord avec la Belgique nous liait à un pays qui, sans consommation propre suffisante, étaitlui-même réduit à l'exportation de produits similaires aux nôtres. Il s'en est suivi une crise deproduction très grave qui faillit compromettre jusqu'à notre existence et qui était d'autant plusdangereuse que pendant la guerre la Belgique avait perdu elle-même ses anciens marchésd'exportation.

Aujourd'hui, le marché belge s'est ressaisi : il entraîne nos ateliers dans son mouvementd'expansion. Depuis que la Belgique a reconquis sa place sur les marchés mondiaux, le Luxem-bourg bénéficie de son essor. L'attention des ateliers, aujourd'hui, se porte de plus en plus versl'exportation où est leur avenir.

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Fabrication de limes et d'outillage.La production annuelle de l'usine de Lintgen, qui oscille entre 150 et 200 tonnes, est en

léger progrès. Malgré l'augmentation ininterrompue des salaires et le relèvement des matièrespremières, surtout de l'acier, les prix de vente sont restés stationnaires. Si les ventes ont gardéune allure satisfaisante, il n'a pas été possible d'écouler toute la production. Diverses machinesspéciales d'un nouveau modèle qui ont été installées dans le courant de l'année réalisent unprogrès considérable au point de vue de la technique de la fabrication.

La jeune industrie des limes a occupé régulièrement 70 à 80 ouvriers. Le recrutement de lamain-d'œuvre présente toujours de sérieuses difficultés. Si, d'un côté, il n'est pas facile de retenirles ouvriers spécialistes étrangers, la main-d'œuvre indigène, de l'autre, est rare et insuffisammentspécialisée. La formation des apprentis, où nous nous plaisons à relever un certain progrès, esttoujours en retard et ne correspond pas aux besoins réguliers.

Au point de vue douanier, cette industrie occupe une position très désavantageuse. La con-currence française, encouragée par les droits d'entrée si bas, peut se déployer librement sur lemarché intérieur de l'Union belgo-luxembourgeoise, alors que des droits très élevés nous fermentvirtuellement le marché français. Une situation analogue se constate pour d'autres pays. La con-currence est d'autant plus à redouter que les laminoirs de l'Union, ne fournissant pas certainesdimensions d'aciers nécessaires à la fabrication des limes, cette industrie doit s'approvisionneren partie à l'étranger. La réciprocité des droits d'entrée seule pourrait assurer son avenir.

Industrie du bâtiment.

L'animation extraordinaire que nous constatons depuis quelques années a accentué sonrythme en 1928. Le travail, grâce à une température relativement clémente, n'a pas chômé pen-dant l'hiver. Avec le réveil du printemps le bâtiment est entré dans une période d'activité inconnuejusqu'alors qui s'est continuée jusqu'à la fin de l'automne pour ne se ralentir qu' avec l' apparitiondes premiers froids. C'est la pénurie de la main-d'œuvre qui a empêché un essor plus magni-fique encore.

D'une manière générale, le bâtiment est en progrès dans toutes les agglomérations commer-ciales et industrielles. L'activité a été particulièrement forte sur le territoire de la ville de Luxem-bourg, à Bettembourg, ainsi que dans les grosses localités du bassin minier, à Esch, Differdange,Dudelange, Pétange, Rodange. En dehors du nombre très considérable de maisons ouvrièresque les usines ont fait construire, l'initiative privée s'est exercée le long du parcours des tram-ways intercommunaux où le goût des entreprises n'a été tempéré que par l'insuffisance des capi-taux. Dans toutes les autres agglomérations du pays, qui sont des centres de communications oule siège d'industries, l'activité dans le bâtiment a dépassé considérablement l'ampleur d'avant-guerre.

Il y a lieu de relever ensuite que les agrandissements et les transformations d'immeublesont amené de fortes commandes à cette industrie. Les besoins modernes de l'éclairage ont conduit

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Une nouvelle augmentation de 20% du prix de revient des nouvelles constructions, provoquéepar le renchérissement des matériaux et de la main-d'œuvre, est constatée pour 1928. Si les ferset les aciers se sont maintenus sensiblement à leurs anciens niveaux, tous les autres matériauxde construction : pierres de taille, briques, ciment, bois, etc., ont suivi une hausse ininterrompuequi paraît devoir s'accentuer encore en 1929.

En même temps que les progrès hygiéniques s'affirment d'année en année, l'industrie dubâtiment, désireuse de réaliser la rationalisation et la standardisation du logement, simplifiel'aspect extérieur et cherche surtout à satisfaire les besoins pratiques à l'intérieur. La vie moderne,devant les exigences du personnel de maison, demande une adaptation plus pratique des apparte-ments. Dans les petites maisons familiales et ouvrières on cherche à éviter la monotonie, en leurdonnant un cachet plus personnel. Si nous comparons nos constructions à celles de l'étranger,nous constatons une exécution plus solide et plus cossue en général, et partant plus coûteuse.

Le volume des transactions en immeubles, assez réduit en 1927, continue d'être insignifiant.En général, l'offre est très limitée ; la demande, de son côté, admet difficilement les prix actuels,et la plupart des transactions restent en suspens à cause des prix élevés des immeubles. Commeen 1927, les nouvelles constructions s'enlèvent facilement à des prix rémunérateurs.

La tendance naturelle et logique des loyers de s'adapter étroitement au prix de revient desnouvelles constructions les a portés à des niveaux plus élevés. Le relèvement des loyers affectesurtout lés maisons de commerce et atteint des proportions considérables dans les artèresrecherchées par le commerce. Si les maisons familiales suivent à une allure plus modérée, lesloyers s'adaptent aisément aux nouveaux prix de revient. Il est à remarquer d'ailleurs que laprogression continuelle du prix de revient des constructions détourne les propriétaires des bauxà long terme.

Si le marché national de la main-d'œuvre offre des ressources insuffisantes pour les besoinsde l' industrie en général, cette insuffisance apparaît surtout dans le bâtiment, industrie essentielle-

56

à des dispositions nouvelles des étalages qui ont nécessité la transformation des façades des maisonsde commerce dont le bâtiment a bénéficié dans une forte mesure et dont il continuera à bénéficierpendant un nombre d'années.

La comparaison des autorisations de construire, accordées à Luxembourg et à Esch-s.-Alzette pour les trois dernières années, permet de juger de l'ampleur de l'effort réalisé.

192619271928

Ville de LuxembourgAutorisations de construire

413455612

(dont constructions neuves)

275307412

Ville d'Esch-s.-Alz.192619271928

195528317

145467246

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Quoique la pénurie des logements n'existe plus à proprement parler, la conjoncture favorablene semble pas près de sa f in. 1929 s'annonce sous un aspect très rassurant. Le renchérissementprogressif du coût des constructions et la bonne marche de l'industrie en général, qui laisse entre-voir aux employés et ouvriers un gain assuré, stimulent énergiquement l'initiative privée. Laconjoncture favorable se maintiendra selon toute prévision tant que le coût des constructionsn'aura pas atteint le prix mondial sur lequel il est encore fort en retard.

Carrières.

Le nombre des carrières en activité pendant l'année 1928 était de 410, dont 178 à caractèreindustriel et 232 à caractère éphémère, occupant ensemble 1.568 ouvriers, dont 146 sous terre.La valeur totale de la production peut être évaluée à 24 millions de francs.

La majeure partie des exploitations ont été vivement sollicitées par les demandes suivies dubâtiment et les fortes demandes de pierrailles et de pavés pour la remise en état de la voirie. Iln'y a eu de fléchissement que dans un nombre restreint d'exploitations, comme les carrières àdolomie, les carrières de pierre à plâtre et les carrières de pierre à chaux. Les prix pratiqués ontété rémunérateurs.

La production des pierres à plâtre est en forte diminution par suite de l'arrêt complet d'unedes principales exploitations et du peu d'intérêt que leur témoignent les cimenteries. Par contre,la production du plâtre est en augmentation. Le nombre des fours à feu était de 9, celui des moulinsen exploitation de 3. Cinq plâtrières, dont 3 souterraines, ont été remises en marche au cours del'année écoulée.

57

ment saisonnière, qui doit se fournir de plus en plus à l'étranger pour le recrutement des ouvriersde toutes catégories. A une demande ample et pressée correspond une offre rare et réservée. Commele bâtiment doit se rabattre très souvent sur de la main-d'œuvre peu apte, le rendement s'enressent nécessairement.

Les salaires, sous la poussée du relèvement du coût de la vie, ont gagné une nouvelle et assezforte avance. Les barèmes, d'ailleurs, devancent toujours le nombre-indice. Si les augmentationsde salaire varient avec les catégories d'ouvriers et l'ampleur de la demande, la comparaison desdeux dernières années laisse apparaître une avance oscillant autour de 20%.

Terrassiers

Maçons

Charpentiers, couvreurs et tail-leurs de pierres

Plafonneurs

Menuisiers

1927

fr. 4,00—4,255,25—5,50

6,00—6,505,50—6,005,25—5,50

1928

fr. 4,50—5,006,50—7,00

7,00—7,507,00—7,507,00—7,50

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L'exécution de quelques bâtiments publics en pierres de taille a contribué beaucoup à amé-liorer la situation des carrières de pierres de taille qui continuent en général à souffrir de laconcurrence des produits étrangers et du béton. Plusieurs carrières, arrêtées dans le courant de1927, ont été remises en exploitation, au moins partiellement, portant à 16 le nombre des carrièresen activité. La production a passé à 3.087 m 3 , dont 1.424 m 3 de pierres ouvrées. Les exportationsne renseignent que 287 m 3 .

La production des pavés continue d'augmenter, malgré la concurrence des produits étrangerset des nouvelles méthodes en usage pour la confection des routes. Les quantités employées pourla réfection de la voirie dépassent de beaucoup celles des années précédentes.

La forte allure du bâtiment a influencé l'exploitation des carrières fournissant la pierre àbâtir qui, malgré une légère diminution par rapport à l'année précédente, est restée élevée. Ainsila production renseigne 148.168 m 3 et 2.215 m 2 de parements, contre 152.426 m 3 et 424 m 2

de parements en 1927.

Malgré l'emploi généralisé du laitier de hauts fourneaux, la réfection générale de la voiriepublique a nécessité de fortes quantités de pierrailles. La production, sollicitée encore par lesprix élevés, est en augmentation.

La production du quartzite servant à la fabrication des produits réfractaires, poursuivantson mouvement de baisse, n'a plus atteint en 1928 que 2.242 tonnes contre 2.528 tonnes en 1927.

La production des fours à dolomie, par suite du manque de la main-d'œuvre dans les car-rières alimentant les usines, a légèrement diminué. L'extraction dans les carrières indépendantesdes usines a été peu importante par suite des difficultés d'exportation.

L'industrie de la chaux continue à souffrir de la concurrence étrangère qui a causé des diffi-cultés de placement et une nouvelle diminution de la production. La production totale n'a atteintque 25.126 tonnes de chaux vive ; la production du tuf calcaire est descendue de 160 à 140 tonnes.La production de la pierre à calcaire non soumise à la cuisson était de 6.000 tonnes, qui ont étéexportées.

La production des sablières s'est élevée à 77.883 m 3 de sable et gravier ainsi qu'à 15.870tonnes de sable de moulage contre respectivement 74.865 m 3 et 10.076 tonnes en 1927.

Un recul, provenant de l'arrêt complet d'une briqueterie silico-calcaire, est constaté pourla production des briques, dont la fabrication n'a atteint que 6,5 millions contre 9,5 millions en1927. L'emploi des briques de laitier se généralise d'année en année et tend à évincer les briquesd'argile.

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Désignation des exploitations, des principaux siègesd'exploitation et spécification des produits Production Prix de l'unité

fr.Quantitéexportée

I. Carrières de pierres à pavés :1) Grès liasique, exploité principalement clans

les communes de Betzdorf, Dalheim, Flax-weiler, Hesperange, Marner, Mondorf-les-Bains, Steinfort etc.

pavés (mille)2) Grès coquillier, exploité principalement dans

la commune de Bettendorfpaves (mille)

Total : pavés (mille)

2.695

835

3.530

390.000—2.000.00

1.000.00— 1. 250.00

390.00—2.000.00

747

110857

II. Carrières des pierres à bâtir :ouvertes dans toutes les formations géologiques

affleurantes :pierres à bâtir (m3) 148.168 12.00—18.00parements (m2) 2.215 25.00—35.00

III. Carrières de pierrailles :1) Grès liasique (benglik, voir II),

pierraille concassée (m3)2) Calcaire keuprique, exploité à Bissen :

pierraille concassée (m3)3) Calcaire coquillier, exploité principalement

dans les communes de Bettendorf, Biwer,Grevenmacher, Remerschen, Remich, Stadt-bredimus, Wormeldange :

pierraille concassée (m 3)4) Qaartzite et Grauwacke (Hassel) exploités

principalement dans les communes de Cler-vaux, Erpeldange, Eschweiler, Hosingen, Kau-tenbach, Munshausen, Perlé, Wiltz :

pierraille concassée (m3)

Total : pierraille concassée (m3)

30.259

250

13.310

29.230

73.049

15.00—30.00

22.00

20. 00—25.00

40.00—60.00

15.00—60.00

IV. Carrières de pierres de taille :1) Grès liasique, exploité principalement dans

les communes de Beaufort, Dalheim, Laro-chette, Niederanven, Reisdorf :

pierres brutes (m 3)pierrailles taillées . … … … . (m3)

1.396457

250.00— 600.00600.00—1.300,00

107

59

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Désignation des exploitations, des principaux siègesd'exploitation et spécification des produits

2) Grès coquillier, exploité principalement dansles communes de Bettendorf, Mertzig, Mom-pach Rosport, Wormeldange :

pierres brutes (m3)pierres taillées (m3)dalles (m2)

3) Grès bigarré, exploité dans la commune deRosport :

pierres brutes (m3)4) Calcaire à polypier, exploité dans la com-

mune d'Esch~s.-Alz, :pierres brutes (m3)pierres taillées (m3)

Total : pierres brutes (m3)pierres taillées (m3)dalles (m2)

V. Carrières de quartzite pur,exploitées dans la commune de Munshausen :

quartzite pur (t.)

VI. Carrières de dolomie :Calcaire coquillier, exploité principalement dans

les communes de Grevenmacher, Stadtbre-dimus, Wormeldange :

dolomie brute (t.)dolomie frittée (t.)

VII. Carrières de chaux :1) Calcaire liasique, exploité principalement

dans les communes de Contern, Luxembourg,Kehlen, Strossen :

chaux vive (t.)2) Calcaire coquillier, exploité principalement

dans les communes de Berg, Diekirch, Mer-tert, Remich, Wormeldange :

calcaire (t.)chaux vive (t.)

3) Calcaire à polypier du canton d'Esch-s.-Alz..4) Tuf calcaire, exploité dans la commune d' Ech-

ternach (t.)

Total : chaux vive (t).calcaire (t.)

Production

14084220

120

7125

1.6631.424

20

2.242

6.04719.485

12.698

6.00012.288

140

25.1266.000

Prix de l'unité

fr.

300.00—800.00800.00 — 1.300.00

25.00

350.00

250.00420.00—550.00

250.00—600.00420.00—1.300.00

25.00

60.00

15.00140.00 — 155.00

85.00—100.00

20.00120.00—175.00

180.00—200.00

85.00—200.0020.00

Quantitéexportée

12060

22760

2.242

6.04712.680

3.171

6.0002.781

16

5.9686.000

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Désignation des exploitations, des principaux siègesd'exploitation et spécification des produits Production Prix de l'unité

fr.Quantitéexportée

VIII. Plâtrières :

1) Keuper moyen, exploité dans les communesde Bous, Steinsel, Walferdange :

pierres à plâtre (t.)plâtre (t.)

2) Calcaire coquillier moyen, exploité dans lescommunes de Reisdorf, Remerschen, Rosport :

pierre à plâtre (t.)

Total : pierre à plâtre (t.)plâtre (t.)

58611.888

1.920

2.50611.888

40.00120.00

25.00—35.00

25.00—40.00120.00

403350

70

473350

IX. Sablières :

1) Grès liasique (voir II ) :sable (m3)

Grès Iiasique, exploité principalement dans lescommunes de Beckerich, Lorentzweiler,Mersch :

sable de moulage (t.)

2) Alluvion, exploitée principalement dans lacommune de Mertert :

sable (m3)gravier (m3)

64.368

15.870

11.2452.270

15.00—25.00

12.00—18.00

28.00—35.0018.75—26.00

5.500

X . Briqueterie :

Briques d'argile et briques silico-calcaires, fabri-quées à Beaufort, Bettembourg, Esch :

briques (mille) 6.490 214 1.190

Ardoisières.

La production des ardoisières est en assez forte progression. De 13.075.000, la fabricationdes ardoises est montée à 14.299.000 pièces ; la production des dalles, de 1728, a passé à 1918 m2 ;la fabrication des éviers, par contre, est descendue de 288 pièces à 240 pièces. Les quatreexploitations en activité pendant l'année 1928 ont occupé 400 ouvriers, dont 104 au fond.

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L'amélioration de la demande du bâtiment sur le marché intérieur ainsi que de la demandeà l'exportation a stimulé l'exploitation, et les stocks qui, au début de l'année, s'élevaient à 470wagons, sont descendus à 360 wagons. Toutefois les prix de vente n'ont pu s'adapter au prix derevient en augmentation, et ce sont précisément les prix avantageux qui ont déterminé un courantd'affaires plus actif.

Les prix des matières premières utilisées dans cette industrie : charbons, huiles, poudres,carbures, etc. se sont maintenus sensiblement au niveau de l'année précédente. Ce n'est que versla fin de l'année qu'une hausse générale variant entre 5 et 10% a été déclanchée.

Au point de vue de la main-d'œuvre nous constatons une offre à peine suffisante pour lesbesoins ordinaires. Les ouvriers ont travaillé assez régulièrement et ont su tirer le maximum derendement des outils mécaniques mis à leur disposition. Un service spécial d'autobus a été orga-nisé aux Ardoisières de Haut-Martelange pour amener les ouvriers aux exploitations.

Une certaine amélioration est signalée au point de vue des débouchés à l'étranger. Cependant,nos expéditions en Belgique sont handicapées par les charges sociales plus fortes que notre industriea à supporter. Ainsi les exploitations belges, qui disposent souvent de facilités de transport etd'expédition que notre industrie ne possède pas, sont en mesure de fournir à meilleur marché,et ce n'est qu'au prix de sacrifices que nos ardoisières peuvent lutter sur le marché intérieur del'Union économique. Cette situation a amené l'arrêt d'une importante ardoisière du pays audébut de l'année 1929.

Il est avéré ensuite que l'exécution trop rigide de la loi sur la journée des huit heures metnos exploitations dans une situation inférieure vis-à-vis des exploitations belges, où cette loi estappliquée dans un esprit plus libéral. Assez souvent les ouvriers préfèrent aller travailler auxardoisières belges qui leur offrent la possibilité de se faire de plus fortes journées.

Les expéditions vers la France restent loin des tonnages antérieurs. La cause en est dans lesdroits élevés sur les ardoises à leur entrée en France, dans la plus grande fissilité des schistesfrançais et dans les charges sociales moins élevées. Ainsi les ardoises françaises ont un prix derevient et, comme corollaire, un prix de vente moins élevé.

Si l'Allemagne est restée le plus fort client de nos ardoisières, les expéditions, tout en restantsatisfaisantes, sont en recul par rapport à 1927. D'ailleurs, les droits de douane si élevés absorbentune part des bénéfices qui pourraient être réalisés sur ce marché.

Un desideratum que l'industrie ardoisière ne cesse de rappeler concerne la question destransports. Le raccordement de la ligne Martelange-Nœrdange aux chemins de fer vicinauxMartelange-Bastogne, qui faciliterait singulièrement les expéditions et les transports, est toujoursen suspens.

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La statistique comparée du mouvement de la production et des exportations s'établit commesuit :

Ardoises (en mille)Eviers (en pièces)Dalles (en m3 )

Production1927

13.075288

1.728

192814.299

2401.918

Exportation1927

10.79432

1.508

192810.282

1051.368

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Faïencerie.La marche normale des affaires s'est maintenue en 1928. La production, comparée à celle

de 1927, est en augmentation de 5%. Le nombre des ouvriers régulièrement occupés à des salairesplus élevés que ceux de l'année précédente a oscillé entre 250 et 270.

L'allure des ventes a été régulière et les stocks en magasin à la fin de l'année 1928 ne dépassentpas le chiffre normal. Il n' y a pas de variation à signaler dans les prix des matières premières.L'augmentation des salaires a eu nécessairement une répercussion sur le prix de revient qui asubi une légère hausse, alors que les prix de vente sont restés stationnaires.

D'importants travaux d'amélioration et des installations modernes ont permis de fabriquerun produit de plus grande valeur et le rendement s'en est trouvé favorablement influencé. Lesefforts faits pour orienter la fabrication vers une production plus artistique n'ont été qu'en partiecouronnés de succès.

La main-d'œuvre apprise indigène faisant défaut ou étant insuffisante tant au point de vuede la qualité que de la quantité, cette industrie est obligée d'embaucher des spécialistes étrangersqui constituent un élément essentiellement migrateur en même temps qu'une main-d'œuvrechère.

Fabrication de carreaux de grès cérame.

La production fait ressortir un mouvement ascensionnel assez prononcé par rapport à l'exer-cice précédent. Les effets salutaires de cette nouvelle situation ont été malheureusement neutra-lisés par une majoration des salaires de plus de 25% et une augmentation très sensible des matièrespremières et surtout du combustible.

Grâce aux facilités accordées pour le recrutement des ouvriers étrangers, l'établissement deWasserbillig a pu se procurer, d'une façon assez satisfaisante, le supplément de main-d'œuvrequi lu i était nécessaire. Il est vrai que, pour obtenir ce résultat, il fallait majorer considérablementle salaire horaire et fournir à des prix déficitaires la nourriture aux ouvriers des environs. La citéouvrière, décidée l'an dernier, progresse. Le Foyer de l'usine héberge en moyenne 60 à 70 ouvrières.Si la main-d'œuvre étrangère a permis d'exploiter d'une façon plus rationnelle les moyens deproduction et l'outillage, il convient, par contre, de signaler les complications de la journée deshuit heures et de son application trop rigoureuse dans la production et les salaires.

En raison de la consommation relativement importante par rapport à l'unité du produit,l'influence de la valeur du charbon sur le prix de revient est presque aussi grande que dans lamétallurgie. Quant aux matières premières, leur qualité continue d'être inversement proportion-nelle à leur prix continuellement en hausse. Les fournisseurs expliquent cette hausse par l'aug-mentation successive des frais de transport et de la main-d'œuvre.

L'accès de la production aux grands pays limitrophes, c'est-à-dire à la France et à l 'Alle-magne, est interdit par les barrières douanières. Le débouché belge, qui est relativement peuimportant, manque d'intérêt par suite de la concurrence acharnée des producteurs indigènes.

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La plus grande partie des briques ordinaires a été absorbée par le marché intérieur, notam-ment dans le sud ; les briques creuses ont été employées surtout par l'agriculture pour le dallagedes écuries de bovins et de porcins.

Les exportations vers la France sont toujours gênées par les droits de douane, tandis quenotre marché intérieur n'est pas protégé à cet égard contre la concurrence étrangère.

Industrie des ciments.

La production de ciment des usines d'Esch et de Dommeldange est en légère augmentation.Le nombre des briques de laitier fabriquées par l'usine de Dommeldange a également dépassécelui de l'année 1927. Comme les années précédentes, ces produits ont été écoulés principalementdans le Grand-Duché, en France et dans le Territoire de la Sarre. L'usine d'Esch a occupé enmoyenne 233, celle de Dommeldange, 109 ouvriers.

Les résultats obtenus ont été assez favorables par suite de la grande activité qui régnaitdans le bâtiment. Toutefois, les prévisions pour l'année 1929 ne sont pas très bonnes. Pendantles premiers mois, époque de grands froids, les expéditions ont été très restreintes. On annonceen outre, pour cette année, une forte diminution de la consommation de ciment dans le Grand-Duché.

En 1927, des ententes ont été conclues entre fabricants de ciment français, belges et luxem-bourgeois, ayant pour but de régler, d'une part, les expéditions de ciment de l'Union belgo-luxem-bourgeoise vers le territoire douanier français, d'autre part, celles de France vers la Belgique, leGrand-Duché et les Pays-Bas. Ces accords n'ont pas manqué de créer un élément d'ordre sur lesmarchés respectifs et de renforcer la position de l'industrie du ciment de l'Union belgo-luxem-bourgeoise sur le marché hollandais. C'est ainsi qu'au début de 1928 les cimentiers belges sont

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Briqueterie mécanique.

L'année 1928 a été caractérisée par un développement intense des industries de la construc-

t ion . Bien que depuis quelques années la production des briques de laitier ait augmenté dans de

notables proportions, la brique rouge filée a su conserver ses positions.

La Briqueterie Wecker-Hartz d'Esch-s.-Alz. a repris à peu près sa fabrication normale avecenviron 2 millions et demi de briques, tandis que la société des Briqueteries et Tuiler ies L u x e m -bourgeoises à Bettembourg: indique pour les deux derniers exercices les chiffres suivants :

Production de briques

Expédition de briquesProduction de briques creusesExpédition de briques creusesProduction de tuilesExpédition de tuiles

1927

4.653.0004.615.000

1928

5.490.0005.496.000

85.00055.00025.00014.000

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parvenus à conclure avec leurs collègues allemands un arrangement, suivant lequel les fabricantsde ces deux pays se sont partagé par parts égales les tonnages de ciment importés par la Hollande.

Les difficultés dans nos relations avec l'Allemagne ont pu, dans le courant de 1928, êtrepartiellement aplanies par un arrangement avec les cimentiers de ce pays.

Marbrerie.Dans les ateliers de sculpture et de marbrerie la marche des affaires est restée satisfaisante

pendant toute l'année 1928. Le nombre des ouvriers occupés régulièrement a oscillé autour de 120.

Les petits établissements, qui travaillent principalement le granit belge et les marbres italiens,français et belges pour l'ameublement, le bâtiment et les monuments, ont été largement occupéspar les besoins du marché national. La maison principale, qui travaille en outre et surtout lesgranits de Suède, continue à développer favorablement ses ventes tant à l'intérieur qu'à l'étranger.

Alors que les affaires avec la Belgique se développent normalement, le marché français estplus difficile à travailler. La légère reprise des affaires avec la région allemande en bordure dela frontière s'est maintenue.

Tannerie.La tannerie a travaillé en 1928 environ 120.000 cuirs pour semelles et un million de peaux

de veaux. Le nombre des ouvriers occupés régulièrement a oscillé autour de 1.400.

La longue période de sécheresse ainsi que la concurrence que font au cuir les semelles caout-chouc et autres produits ont contribué à la mévente des cuirs tannés. Pour ces raisons la tanneriea fortement diminué sa production. Les perspectives pour l'année 1929 ne sont guère plus encou-rageantes : une crise générale sur le marché du cuir semble s'annoncer.

Si la tannerie luxembourgeoise a réussi à consolider ses positions sur le marché belge, cemarché est toujours assez restreint et largement approvisionné par l'industrie nationale. Le marchéallemand faisait presque complètement défaut, et le marché français, abrité par des droits d'entréetrès élevés, restait difficile à travailler. Par contre, les pays orientaux offrent des débouchés assezintéressants pour nos tanneries.

L'année 1928 a été caractérisée par des fluctuations importantes dans les prix des matièrespremières qui ont eu les conséquences les plus néfastes. C'est ainsi que les Buenos-Aires frigori-fique bœufs se payaient jusque 15 5/8 d. en janvier pour arriver à 10 1/2 d. au mois d'octobre.

Les premiers mois ont produit une hausse tout à fait exagérée par suite de la crainte de l'épui-sement de la matière première et de la concurrence entre le continent d'une part et les Etats-Unis et la Russie d'autre part. La seconde moitié amène une sérieuse réaction due à la méventedu cuir tanné en Europe ; dès ce moment les stocks sur le marché européen se comblent et lademande fait défaut.

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Les prix des gros cuirs bruts ont subi un nouvel assaut au mois de janvier. Comparativementaux prix or pratiqués en 1928 et même au début de 1927, nous sommes à un minimum qui n'avaitjamais été atteint depuis deux ans et il faut revenir au milieu de l'année 1926 pour trouver descotations du même ordre.

Les cuirs indigènes ont suivi le sort des exotiques. Ainsi les cours des bœufs et vaches quidébutaient à 15—15,50 fr. sont descendus à environ 11,50—12 fr. à la fin de l'année et les taureauxcotent entre 9 à 10 fr.

Les extraits de Québracho qui se payaient 23 £ au commencement de l'année ont été augmentésà 24 £ au mois de janvier et ce prix a été maintenu pendant toute l'année.

Les écorces de chêne sont de bonne qualité par suite du temps favorable de la saison desécorçages. Malheureusement la crise dans la tannerie empêchait celle-ci d'acheter de sorte quepresque toute la récolte restait invendue. Les prix variaient entre 80 fr. lors de la récolte et 60 fr.vers la fin de l'année. Les prix des bois écorcés s'établissaient autour de 1.200 fr. le wagon.

En peausserie nous constatons à peu près la même situation. Des changements importantsse sont produits dans le coût de la matière première. Les veaux de New-York qui cotaient aucommencement de l'année jusqu'à $ 4,45, ne valaient à la fin de l'année que $ 3,45. Les veauxde Chicago, qui avaient atteint 30½ cents au début de l'année, étaient descendus jusqu'à 24 centsà la fin de l'année. A diverses ventes allemandes, où la marchandise était cotée au début de l'année2,40 — 2,50 Mk., elle descendait jusqu'à 1,80 Mk. en décembre. En France les mêmes faits sesont produits : les veaux de Paris, qui étaient à 18,90 fr. au début, se vendaient à 17,40 fr. à lafin de l'année.

Nous retrouvons une situation analogue dans les autres centres de production européens.Les prix de la peausserie finie, qui n'avaient jamais complètement suivi les mouvements de hausse,baissaient avec la diminution des cours de vente du brut, et étaient peu rémunérateurs.

En résumé, la tannerie se trouvait en 1928 sur le marché indigène vis-à-vis d'une forte con-currence, surtout américaine, et du fait de droits de douane, quasi prohibitifs pour l'entrée deses produits dans les pays limitrophes, elle ne pouvait pas exporter comme les années précédentes.La vente, qui était encore satisfaisante dans les premiers mois de l'année 1928, diminuait constam-ment jusqu'à la fin de l'année et demandait beaucoup de sacrifices de la part des tanneurs.

66

Voici le prix des cuirs en poil de fin 1928 comparé à celui de fin 1927 :

Buenos Aires frigorifiqueMontevideo frigorifiqueBuenos Aires AméricanosMontevideo AméricanosColombie secs

fin 192811 1/2 d.11 7/816 1/417 3/418 1/4

fin 1927

14 1/8 d.14 5/819 1/22021 1/2

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Industrie de la chaussure.

L'industrie de la chaussure n'est pas près de sortir de la conjoncture si difficile dans laquelleelle est entrée en 1927. Elle est visiblement gênée dans l'écoulement de sa production à l'expor-tation, alors que la concurrence belge, à laquelle est venue se joindre depuis quelque temps laconcurrence allemande, travaille activement le marché national.

Cette industrie occupe régulièrement 150 ouvriers environ produisant 450 paires de chaus-sures par jour. Comme l'allure des ventes était assez faible, les fabriques ont dû mettre un certaincontingent de la production en stock. Le recrutement de la main-d'œuvre qualifiée est toujoursprécaire par suite du manque d'ouvriers spécialistes dans cette branche.

Ganterie.

Les espoirs justifiés qu'on avait mis dans le relèvement de l'industrie gantière en 1928 ne sesont pas réalisés ; les difficultés de la fabrication, bien au contraire, se sont accentuées.

Comme pour les années précédentes, il fallait les plus grands efforts, auxquels le Gouverne-ment a pris une large part, pour se procurer les peaux brutes. Il serait à désirer que l'abolitiondes défenses d'importation et d'exportation projetée pour le mois d'octobre 1929 se réalisât,car toutes ces entraves provoquent un renchérissement général incompatible avec la situationactuelle de la ganterie.

Les salaires ont été majorés de 20 à 40%, et cette majoration coïncidant avec la baisse con-tinuelle des prix de vente sur le marché mondial, a créé une situation tendue à l'extrême. Lafabrication, dans ces conditions, deviendra tous les jours moins rémunératrice, à moins qu'iln'intervienne bientôt un grand changement dans les conditions de production. La ganterie dansla plupart des pays souffre des mêmes difficultés et beaucoup de fabriques ont réduit le personnelou chôment complètement.

Grâce aux plus grands efforts, la production a pu être maintenue à 600.000—700.000 peauxpour la mégisserie et la teinturerie et à 30.000—35.000 douzaines de paires de gants. Le nombredes ouvriers occupés est resté stationnaire à 600.

Les principaux débouchés sont inondés de produits bon marché et de qualité inférieureprovenant de différents grands centres de l'industrie gantière de l'étranger.

Aux Etats-Unis on étudie un projet de calculer les droits de douane par douzaine de pairesde gants, calculés actuellement « ad valorem . La réalisation de ce projet serait encore au détri-ment de la ganterie luxembourgeoise.

67

Industrie textile.

L'allure de la fabrication a été diverse suivant les compartiments : à un recul en draperiecorrespond une activité exceptionnelle en bonneterie, qui n'a pu satisfaire les demandes trèsabondantes et généralement pressées. La production des tissus peut être évaluée à 5¼ millionsde francs, soit une diminution de 20% environ, celle des tricots à 4 millions de francs, soit une

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augmentation de 17% environ. La fabrication a été entravée par la pénurie d'ouvriers qualifiés quipersiste toujours. Le nombre des ouvriers régulièrement occupés dans l'industrie textile a oscilléautour de 460.

D'une manière générale, les prix de production et de vente ont été plus élevés qu'en 1927.Les ventes auraient pu être plus actives encore s'il avait été possible de sortir les pièces à tempset les retards dans la livraison ont empêché un supplément d'ordres. Cette situation est due à lajournée des huit heures et au congé ouvrier ainsi qu'à la répugnance des ouvriers de fournir desheures supplémentaires.

Il n'y a pas de modifications à signaler dans l'orientation de cette industrie. Une partie de laproduction, tant en draperie qu'en bonnterie, est placée sur le marché intérieur de l'Union belgo-luxembourgeoise ; le reste est absorbé par l'exportation. Alors que les marchés français et allemandse dérobent, le marché anglais est un débouché intéressant pour les tricots et les draperies.

Les prix élevés des laines et des cotons se sont maintenus pendant toute l'année. Le renché-rissement du coton est dû en grande partie aux inondations du Mississipi qui ont eu une répercus-sion sur le marché mondial.

La comparaison avec la situation d'avant-guerre donne lieu aux constatations suivantes pourles tricots : En 1913, les Draperies de Schleifmühl ont pu fabriquer 28.000 douzaines de tricotsau prix de 33,30 fr. soit 233,10 francs-papier. En 1928, malgré la modernisation des installations,elles n'ont pu terminer que 19.550 douzaines, soit 8.050 douzaines en moins, à 212,10 fr. par suitede la journée des huit heures et du congé ouvrier. La production a donc diminué entre ces deuxdates de 30% ; le prix de vente, malgré la main-d'œuvre plus élevée et le renchérissement desmatières premières, a diminué de 20,90 fr. par douzaine.

On peut en conclure que le public se porte de préférence vers les articles de qualité moindre,et le fabricant doit suivre ce revirement chez la clientèle en employant des matières premièresmoins chères. Aussi l'emploi de la laine diminue, tandis que l'emploi du coton pour les sous-vêtements augmente constamment. De 60% la laine est descendue à 30%, alors que l'emploi ducoton, de 40%, est monté à 70%.

L'année 1929 laisse entrevoir un développement très satisfaisant de l'industrie textile. Lasituation en draperie, par suite du relèvement des demandes à l'exportation, tend à s'améliorer.En bonneterie, où l'hiver si rigoureux a conduit à l'épuisement des stocks, la demande est trèsforte par continuation.

Teinturerie. — Au cours de l'année 1928, la bonne allure que nous constatons dans la tein-turerie s'est encore affirmée : la production a atteint 4.000 à 5.000 m. par semaine, soit une aug-mentation de 15% comparativement à l'année précédente. Indépendamment des fortes demandesde vêtements de travail, qui sont la conséquence du développement de la métallurgie, l'automobilealimente également le volume des affaires. Les matières colorantes et produits chimiques sontrestés stables. L'année 1929 ouvre des perspectives très rassurantes.

Commerce des chiffons. — Le marché des chiffons était assez calme. Comme les prix d'achatde la marchandise mêlée ne baissaient pas et que, par contre, les prix des sortes triées ne

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parvenaient pas à se relever, le triage des chiffons était peu intéressant, constatation qui a étéfaite dans tous les pays. Les perspectives pour 1929 paraissent s'améliorer légèrement.

Comme nous l'avons déjà relevé dans le rapport précédent les acheteurs russes commencentà réapparaître sur le marché et, en 1928, le marché russe était un fort acheteur pour les bonnessortes de laine. L'Italie était également sur le marché pour certains lainages. Les chiffons de cotonétaient délaissés et certaines sortes n'étaient vendables qu'à des prix très bas.

Industr ie du vêtement.

La production de l'industrie du vêtement est en progrès ; elle peut être évaluée à 6 millionsde francs pour l'année 1928. Le mouvement des ventes a été très actif et à la fin de l'année lesstocks en magasin ont trouvé des acquéreurs par suite de la forte demande. C'est la bonne allurede l'activité industrielle dans le bassin minier qui a favorisé le vêtement de travail. Si les prix derevient ont augmenté par suite du relèvement des salaires, les prix de vente se sont maintenus àleur niveau antérieur. Les prix des matières premières, à part quelques fluctuations insignifiantes,sont restés inchangés.

Cette industrie ne parvient pas, malgré ses efforts, à se créer un débouché sérieux sur lemarché belge qui continue à se dérober. Les 4/5 de la production sont placés sur le marché national.

L'industrie du vêtement a occupé régulièrement environ 500 ouvriers. Elle est toujoursgênée dans son essor par les difficultés que présente le recrutement des ouvriers, et c'est préci-sément l'impossibilité où elle se trouve de se procurer la main-d'œuvre nécessaire qui forme leprincipal obstacle à l'accroissement de la production. A Larochette, 60 à 80 ouvriers pourraienttrouver du travail en atelier, une partie des machines devant nécessairement chômer.

Brasserie.

L'industrie brassicole a été favorisée en 1928 par un été exceptionnellement sec et chaud.La vente des bières a été particulièrement intense pendant les mois de juin, juillet et août.

La production est en augmentation de 13,6% sur celle de 1927. La comparaison des deuxderniers exercices renseigne pour les 10 brasseries en activité dans le Grand-Duché :

19271928

Soit une augmentation de

Farine déclaréepour la fabrication

kg.7.532.1889.256.070

1.723.882

Productionde la bière

hl.429.430497.244

67.814

Droits d'accisepayés

fr.9.020.426

11.107.284

2.086.858

Au point de vue des prix la situation est restée stable : aucune augmentation des prix de labière n'est à signaler. Les prix de revient, par contre, sont restés sous la double influence de la

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baisse des charbons et des houblons, d'une part, et du renchérissement des malts et de la plupartdes articles de brasserie ainsi que de l'augmentation du prix de la main-d'œuvre, de l'autre.

De la comparaison des prix de revient et des prix de vente se dégagent les deux constatationssuivantes : En général, les prix de revient, en dehors des autres éléments qui s'y incorporent, sontfortement grevés par l'impôt sur le chiffre d'affaires, la taxe à l'importation et les droits d'accise.Les prix de vente, qui subissent toujours l'influence de la concurrence étrangère, restent station-naires.

En 1928, les bières étrangères ont de nouveau fait leur apparition sur le marché national à lafaveur d'une réclame intense et de sacrifices hors de proportion avec les résultats obtenus.

Le nombre des ouvriers occupés par la brasserie s'est élevé à 560, contre 530 en 1927. Lesouvriers ont été régulièrement occupés pendant toute l'année à des salaires adaptés au progrèsde l'indice. Comme les années précédentes, il leur a été accordé une prime d'automne pour leurfaciliter les approvisionnements d'hiver en charbon et en pommes de terre.

Les bières luxembourgeoises offrent l'avantage d'être exemptes de substances saccharines etde glucoses. Les brasseries, au demeurant, ont le souci constant de fabriquer des bières de premierchoix pouvant supporter la comparaison avec les produits étrangers. Grâce à leur bonne qualité,nos bières sont arrivées à consolider leur position sur le marché belge.

Les quantités exportées en dehors du territoire de l 'Union économique belgo-luxembourgeoisese sont élevées à 3.777 litres. Les droits restitués de ce chef s'élèvent à 111.985 fr.

Il a été dénaturé 111.239 I, dont 53.517 1. en Belgique. Les droits d'accise restitués de cechef s'élèvent à 2.845.312 fr.

Pour les liqueurs, le marché s'est considérablement rétréci depuis quelques années. Ledébouché belge est très précaire et la production tend à diminuer.

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Distillerie.Le nombre des distilleries en activité, qui était de 1228 en 1927, est descendu à 1116 en 1928.

La statistique de production s'établit comme suit :2 distilleries de mélasses ayant produit

409 de matières farineuses ayant produit705 de fruits ayant produit

Soit ensemble

9.521,91 .d alcool pur1.635.059,7

70.625,4

1.715.207,01.d'alcoolpur.La dernière campagne fait ressortir une forte avance de la production, qui est de 345.285 1.,

soit de 25% sur la campagne 1927,

19271928

Production

1.370.9221. d'alcool pur1.715.207

Droits d'accise payés

fr. 36.183.27744.607.746

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A part une légère augmentation des salaires, les prix de revient sont restés stationnaires, etcomme les droits de douane et d'accise ainsi que l'impôt de banderole n'ont pas subi de change-ment, il a été possible de maintenir les prix de vente à leur niveau antérieur. Si dans les tabacsbruts de certaines provenances on a enregistré de petites oscillations dans le sens de la hausse oude la baisse, déterminées par le rendement en quantité ou en qualité des récoltes dans les différentspays producteurs, la moyenne ne s'est pas sensiblement écartée de celle de 1927.

La plus forte partie de la production est placée sur le marché national ; une faible partie estabsorbée par la Belgique. Le seul débouché au dehors de l'Union belgo-luxembourgeoise est leTerritoire de la Sarre où nos produits sont très appréciés. L'industrie belge, qui a pris un déve-loppement très considérable grâce à l'avantage qu'elle tire de sa situation favorable au point devue des transports, cherche à étendre ses débouchés en Luxembourg.

Nos fabriques de tabacs ont le souci constant de maintenir leur outillage à la hauteur et dele moderniser par l'installation de machines perfectionnées. Dans le personnel ouvrier des diffé-rents établissements il n'y a pas de variations à signaler.

Meunerie.

La situation de la meunerie ne s'est pas améliorée en 1928 ; la production, au contraire, adiminué comparativement à l'année précédente. Les causes de ce recul ont été exposées dans nosrapports antérieurs : elles tiennent dans la position que notre meunerie occupe vis-à-vis desmoulins belges, raccordés directement à des voies d'eau. Jusqu'à ce jour il n'a pas encore étédonné suite aux justes revendications de nos minotiers, qui, pour compenser les désavantages deleur position, réclament un tarif spécial pour leurs transports de blés d' Anvers.

La question des wagons-citerne est à l'étude et, pour la résoudre, la minoterie aura besoin del'appui du Gouvernement. La ville d'Anvers ayant décidé l'installation d'élévateurs spéciaux

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Indust r ie des tabacs.

L'industrie des tabacs, sollicitée par une demande régulière, a conservé une allure normale.La production se règle strictement sur la consommation courante, et comme la clientèle recherchedes tabacs et cigarettes de fabrication fraîche, ces articles ne sont guère mis en stock.

La production dans les différents compartiments se répartit comme suit :Quantités

Tabacs à fumerTabacs à mâcherTabacs à priserCigarettesCigaresCigarillos

livrées à la consommation livrées à l'exportationdu marché intérieur hors de l'Union belgo-luxembourg.

424.600 kg.18.9001.300

210.300.000 pièces274.20029.000

31.500 kg.——

40.000.000 pièces——

Totaux

456.100 kg.18.9001.300

250.700.000 pièces274.00029.000

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Industrie du bois.Un déplacement très significatif s'est opéré en 1928 dans la consommation des bois de sapin :

alors que les besoins des minières sont en forte augmentation, ceux des charbonnages sont enrecul. En général cependant, les bois provenant des coupes du pays se prêtent surtout aux besoinsdes charbonnages belges, qui ont consommé environ 55% de notre production. Environ 45%ont été livrés aux minières, dont 30% aux minières indigènes et 15% en Lorraine, principalementdans le bassin de Thionville. Toutefois le bois de mines consommé à l'intérieur provient toujoursen majeure partie d'Allemagne. L'emploi des bois de chêne, baliveaux et étançons, tend à diminuer,les nécessités techniques des exploitations minières se limitant aujourd'hui en majeure partie auxbois de sapin.

Les prix des gros bois de sapin pour minières ont subi une légère hausse qui a atteint environ10%. La corrélation que nous avons constatée l' année précédente entre les prix des bois pourminières et pour charbonnages s'est maintenue en 1928 : à la hausse de 10% sur les premierscorrespond une baisse de 5% sur les derniers. En règle générale, les contrats pour fourniture debois ne dépassent guère trois mois, à cause de la variabilité des frais généraux qui influencentfortement les prix de revient. Un changement, qui simplifie le commerce des bois, s'est produitdans le mode de mesurage des bois résineux qui sont mesurés aujourd'hui après écorçage,contrairement au procédé antérieurement en usage de mesurer sur écorce.

Les scieries mécaniques, stimulées par les demandes extrêmement actives du bâtiment,ont travaillé pendant toute l'année à une forte allure. C'est le marché national qui absorbe lamajeure partie de la production. Les exportations, déjà si faibles en 1927, renseignent une nouvellediminution. Parallèlement, nous constatons une forte augmentation des importations de bois de

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pour permettre le chargement en vrac des blés, le transport par wagon-citerne, dès l'achèvementde ces installations, ne sera plus qu'une question de tarif.

L'écoulement des farines a été très difficile dans le courant de l'année 1928, à cause de laforte concurrence belge et de l'impossibilité d'exporter. Beaucoup de moulins ont dû chômerpartiellement, ce qui explique en partie la mévente des blés indigènes.

Afin de rechercher les moyens de faciliter la vente des blés indigènes, le Gouvernementavait institué une commission ayant la mission de faire des propositions ad hoc. Cette commission,au sein de laquelle la meunerie était représentée, avait proposé de rendre obligatoire le mélanged'un certain pourcentage de farine provenant de blés indigènes à toute farine consommée dans leGrand-Duché. Cette proposition, devant la forte opposition des moulins belges, n'a pas reçu desuite. La mévente des blés indigènes existe et est due encore aux bas prix mondiaux des céréales.En présence des prix élevés des fourrages, notre agriculture juge les prix des blés insuffisants etbeaucoup d'agriculteurs prétendent trouver avantage à employer leurs blés à l'alimentation dubétail.

La question des farines françaises n'a toujours pas trouvé de solution, et l'importation, favo-risée par les acquits-à-caution, continue à peser lourdement sur le marché de 1 Union économique.Une solution urgente s'impose.

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toutes essences : en dehors des quantités tirées de Pologne, de Suède et de Finlande, l'Allemagnea augmenté le volume de ses importations qui comportent surtout des bois de chême pour menui-serie. La production des traverses en chêne pour chemins de fer et minières ayant fortementdiminué dans les pays, les consommateurs indigènes doivent se fournir en grande partie enLorraine.

Les petites scieries, qui travaillent exclusivement pour le compte de la clientèle indigène,ne participent point aux échanges extérieurs. Au demeurant, les quantités de bois indigènes propresau sciage sont assez minimes et ne représentent guère plus de 10 à 15% du total des quantitésexploitées. Les prix des sciages et des bois de construction sont restés- très fermes.

Dans le meuble, qui constitue aujourd'hui une branche très intéressante de notre activiténationale, la fabrication continue à se développer normalement. La marche des affaires dans lesdivers compartiments : le meuble classique, le meuble de style et le meuble bon marché fabriquéen série, donne entière satisfaction. Les fabriques, stimulées par les demandes de la clientèleindigène ainsi que par les demandes à l'exportation, travaillent à plein rendement.

D'une manière générale, la qualité des 1928 dépasse légèrement celle de la moyenne. Leséchantillons analysés ont donné un degré mustimétrique allant de 61 à 70° Oechslé. Les aciditésvariaient de 11 à 14%. Il y avait parmi les vins récoltés des lots parfaitement réussis, dont certainsatteignaient à l'état naturel le même degré alcoolique que les 1921.

Le commerce des vins, dans son ensemble, témoignait de peu d'animation. Après les gelées,les prix pratiqués s'établissaient vers 4.500 fr., alors que certains crus privilégiés trouvaient pre-neurs entre 7.000 et 10.000 fr. La veille des vendanges, les 1927 se fixaient entre 4.300 et 4.500 fr.

Pendant et après les vendanges les transactions étaient presque nulles. A u début de 1929, l 'Alle-magne étant réapparue sur le marché, les cours se raffermirent et les vins nouveaux se fixaiententre 3.700 et 4.200 fr., alors que les vins de qualité s'enlevaient facilement à 5.000—6.000 fr.A la vente publique des vins de la Fédération des cours de 8,70 à 25 fr. le litre furent obtenus.

En résumé, on peut dire que les bons vins sont très recherchés et se vendent facilement àdes prix rémunérateurs ; les vins ordinaires, par contre, sont toujours délaissés et à des prix peuintéressants.

En 1928, l'Allemagne a pris environ 1.280 foudres contre 2.400 en 1927 ; il a été exporté574 foudres en Belgique et 191 foudres dans les autres pays, Sarre et Pologne, soit une exportationtotale de 2.045 foudres. La consommation indigène peut être évaluée à 1.200—1.500 foudres.

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Indus t r ie des vins mousseux.

La récolte des vins de 1928, qui n'a fourni que 22,2 h l . à l'ha., reste très au-dessous de lamoyenne que nous pouvons situer vers 48 hl. à l'ha. Les rendements comparés des trois dernièresannées, plus ou moins fortement déficitaires, s'établissent comme suit :

192619271928

38.850 hl..41.620 hl.,30.170 hl.

, soit 22 hl. à l'ha., soit 29,5 hl. à l'ha., soit 22,2 hl., à l'ha.

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La fabrication des vins mousseux est en augmentation : de 500.000 bouteilles elle a passéà 600.000 bouteilles. Les ventes ont conservé une allure régulière et les stocks sont largementsuffisants pour couvrir les besoins du marché. Toutefois, les débouchés étrangers sont difficilesà conquérir du fait de la concurrence des mousseux français.

Si les matières premières nécessaires à la fabrication renseignent une augmentation de 10%,les prix de la main-d'œuvre ont été majorés de 20%. Le recrutement des ouvriers est assez pré-caire et leur préparation s'entoure de difficultés.

Sur le marché belge qui, au début de l'Union économique, apparaissait comme le débouchénaturel et logique de nos vins champagnisés, la situation ne s'est point modifiée. La concurrencedésastreuse des produits de la gazéfaction des matières les plus disparates ne permet pas à nosmousseux de prendre la place que les circonstances semblent leur assigner.

Au point de vue des appellations d'origine, il n'y a rien de changé. Une protection efficacede nos vins sur le marché belge que les viticulteurs et les producteurs de vins champagnisésréclament instamment, fait toujours défaut.

Industrie des explosifs.

L'industrie des explosifs a occupé en 1928 le même nombre d'ouvriers que l'année précé-dente, soit en moyenne 120.

Quoique la production de la poudre de mine ait subi un certain recul, tant pour l'exportationque pour les ventes à l'intérieur, la situation générale est restée satisfaisante dans cette branchede fabrication.

Pour les explosifs brisants il n'y a aucun changement intéressant à signaler. La productiona subi également un léger recul.

La situation de l'industrie des explosifs continue néanmoins d'être prospère et les usines deKockelscheuer ont été bien occupées en 1928.

Brosserie.

La production de brosses de tous genres,, qui a augmenté en 1928 d'environ 10% par rapportà l'année précédente, a été absorbée largement. Nos établissements ont même été surchargés decommandes d'avril à novembre.

Si, d'une manière générale, les débouchés n'ont pas varié, l'adaptation des modèles aux exi-gences de la clientèle sur les divers marchés a amené une augmentation progressive du volumedes affaires. La brosserie ne tire aucun avantage de l'Union économique. Comme la fabricationdes brosses est très développée en Belgique, il en résulte une surproduction que le marché inté-rieur ne peut absorber.

A part une baisse sur la fibre brute de Tula, Tampico et Jaumave, il n'y a pas de fluctuationsensible à signaler dans l'allure des matières premières. L'outillage a encore été perfectionné etmodernisé en 1928 par l'installation de plusieurs machines automatiques à grand rendement.

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Le nombre des ouvriers régulièrement occupés a oscillé autour de 200 ; le prix de la main-d'œuvre a augmenté de 15 à 20%. Cette industrie occupe, exclusivement des ouvriers indigènesdans les diverses spécialités de sa fabrication.

Indus t r ie des goudrons.

La distillation totale réalisée en 1928 atteint environ 3.500 tonnes de goudron brut, tandisque la fabrication des cartons bitumés s'élève à 300.000 m 2 . Par suite de l'application généraliséedes goudrons et de ses dérivés, il a été possible d'augmenter sensiblement la production. Malgréla forte demande les prix ont continuellement baissé. Cette baisse a comme point de départ larégression des prix du goudron brut justifiée par la surproduction des charbonnages et descokeries qui a comblé la pénurie engendrée par la crise minière anglaise de 1926 où les prix ontatteint un niveau inconnu jusqu'à ce jour. Néanmoins, l'écoulement se faisait normalement,malgré la stagnation défavorable sur le marché français.

L'essor que cette industrie a pris depuis les dernières années est à attribuer en substance àl'application du goudron distillé au revêtement des routes. Le goudronnage, d'origine anglaise, aété bientôt considéré comme la solution idéale pour remédier à l'usure excessive des routes par lacirculation moderne. Les besoins toujours croissants des firmes d'entreprises routières a mis laCompagnie générale des Goudrons, qui occupe régulièrement 15 ouvriers, dans l'obligation deperfectionner et de moderniser ses installations.

Si le débouché belge, pris en soi, n'est guère intéressant pour l'écoulement des produits decette industrie, il y a lieu d'ajouter que la taxe d'importation en vigueur dans chacun des deux pays,entrave sensiblement l'extension à laquelle elle procède. Comme les 4/5 des approvisionnementsen goudron brut sont de provenance belge, sa situation n'est nullement privilégiée pour la com-pétition sur le marché belge, indépendamment des frais de transport augmentés de nouveau de10% dont les expéditions sont grevées.

Indust r ie de l 'acide carbonique pu r .

La production de l'acide carbonique pur s'est maintenue au niveau de l'année précédente,soit à 600.000 kg. environ. Il n'y a aucune modification à signaler au point de vue de la fabrication.Comme la consommation de l'acide carbonique pur est restreinte, il n'a pas été possible de tenirles installations en pleine marche pendant toute l'année. Toutefois les stocks ont été épuisés parsuite de l'été sec et chaud. Malgré le renchérissement des produits chimiques et des combustiblesqui a pesé sur le prix de revient, les prix de vente sont demeurés stationnaires.

Le compartiment de la robinetterie, qui vient d'entrer seulement en pleine activité, a produitenviron 10.000 robinets pour tubes à acide carbonique, oxygène et autres gaz, ainsi que des piècesde rechange pour robinetterie. Ces articles ont trouvé un si bon accueil sur le marché internationalque l'usine de Lintgen a dû augmenter le nombre des machines spéciales pour cette fabrication.Il est vrai que les droits de douane pèsent lourdement sur les ventes à l'exportation, en France

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Industrie hôtelière.L'industrie hôtelière a poursuivi en 1928 le développement si favorable que nous constatons

depuis quelques années. Le progrès apparaît partout dans l'agrandissement des exploitationshôtelières ainsi que dans les améliorations très étendues et très variées. A Luxembourg, aux abordsde la gare centrale, de nouveaux immeubles destinés à des exploitations hôtelières sont en voiede construction ; à Mondorf, la maison des Sœurs Ste Elisabeth s'est accrue de 60 places confor-tables et modernes. A travers les établissements de moindre importance, nous constatons denombreuses transactions qui témoignent de la confiance dans les affaires hôtelières.

Cette industrie demande aujourd'hui de forts capitaux : pour l'immeuble lui-même, pourle confort moderne indispensable (chauffage, eau courante, ascenseurs, cuisines frigidaires, etc.)et pour l'inventaire meublant, ainsi qu'un fonds de roulement assez considérable. Beaucoup d'hô-teliers étant devenus ou appelés à devenir locataires, le besoin se fait sentir de définir et de réglerpar la voie législative la propriété du fonds de commerce et de son élément essentiel, la propriétécommerciale.

En marge des hôtels proprement dits se développe, autant dans les grandes agglomérationsqu'à la campagne, l'industrie des chambres meublées louées par des particuliers. La législationa donné une certaine latitude pour la création de pensions de famille pour la durée de la saison.Cette industrie participe ainsi à tous les avantages des hôtels proprement dits sans en assumer lesfrais et les responsabilités. Son développement ne peut pas rester sans influence sur la créationde nouveaux hôtels répondant aux exigences d'une clientèle intéressante.

C'est le tourisme qui forme, à proprement parler, la base de l'industrie hôtelière. D'unemanière générale, le Luxembourg jouit d'une excellente réputation au point de vue touristiqueentretenue par le caractère accueillant de ses habitants, la tranquillité et la sécurité politique etsociale. Le nouvel établissement thermal de Mondorf-Etat, avec son vaste parc et ses attractionsvariées, est venu se placer tout naturellement au centre du mouvement touristique. La réfectionde la voirie a exercé un excellent effet sur la circulation des automobiles.

La clientèle belge n'a pas augmenté en 1928 dans la proportion usitée. La clientèle hollan-daise devient plus intéressante, au point de vue du nombre surtout, alors que l'élément allemandest en décroissance dans les établissements de premier ordre.

Il est vrai encore qu'une certaine clientèle du monde des affaires, s'ajoutant à celle forméepar l'industrie, reste acquise à nos hôtels, et, sous ce rapport, la nouvelle Bourse des valeurs laisseentrevoir des perspectives très encourageantes. Le voyageur de commerce, par contre, tend àdisparaître avec la rapidité et les facilités des moyens de communications qui attirent les acheteursdans les grandes centres, ainsi qu'avec la diffusion du commerce.

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surtout, alors que les articles similaires français sont avantagés sur notre marché par les droitsd'entrée relativement bas.

Cette industrie a occupé régulièrement 25 à 30 ouvriers à des salaires en augmentation. Lepersonnel pour la robinetterie est difficile à recruter, la formation des apprentis restant toujoursdans l'abandon.

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Les salaires dans l'industrie hôtelière sont supérieurs à ceux des autres branches. Si la main-d'œuvre féminine indigène suffit à la demande, nos hôtels doivent faire appel, pour la main-d'œuvre masculine, pour les spécialistes surtout, aux pays voisins, à l'Alsace-Lorraine et à laBelgique. En présence des difficultés que trouvent nos jeunes gens à faire leur éducation profes-sionnelle à l'étranger, en France en particulier, et à s'initier ainsi à la routine internationale,il n'y a plus guère d'espoir de former, comme par le passé, nos nationaux comme cuisiniers etgarçons.

Les conditions de ravitaillement de nos hôtels sont rentrées dans les possibilités normales.Toutefois, l'emploi toujours plus étendu des frigidaires a complètement faussé le libre jeu del'offre et de la demande en permettant de retenir les marchandises pour en fixer les cours.

Les prix de nos hôtels sont, à conditions égales, les mêmes qu'en Belgique. Si nous exceptonsla France, le Grand-Duché reste le pays le meilleur marché du monde, étant donné que les taxesappliquées en Belgique et en France n'y existent pas.

Etablissement thermal et hydrothérapique de Mondorf-les-Bains. — La vogue croissante deMondorf s'est affirmée en 1928, grâce aux améliorations des installations qui ont été réalisées.Le nombre des baigneurs inscrits a été de 3.538, contre 2,715 en 1927 et 2.272 en 1926, dont 707Luxembourgeois, 1.177 Belges, 526 Français, 656 Allemands, 294 Sarrois, 114 Hollandais, 29Anglais et 35 autres nationaux. La colonie thermale a accueilli 209 enfants, contre 189 en 1927et 176 en 1926.

Les opérations balnéaires, au nombre de 54.659, se répartissent de la manière suivante :bains de toutes espèces 24.595, massages 19.382, douches 2.557, pulvérisations 1.740, sudations3.032, inhalations et gargarisations 2.969, injections et irrigations 78, traitement au fango 306.

Commerce de gros et de dé ta i l .

Le commerce, que la stabilisation du franc a ramené dans la voie normale, s'est développé'une manière satisfaisante. L'allure des affaires, régulière pendant toute l'année, a légèrement

accentué son rythme et le volume des transactions est en augmentation.

Dans le commerce de détail, la vente, stimulée par l'accroissement de la population, le relève-ment des salaires et l'activité extraordinaire dans le bâtiment, a été bonne dans la plupart desarticles. Au point de vue du crédit on peut constater de nouveau un certain relâchement. Si l'abusproprement dit du crédit a complètement disparu pendant les années de crise monétaire, uneaugmentation des ventes à crédit est indéniable.

Toutes les branches du commerce continuent à souffrir des charges fiscales et sociales quipèsent lourdement sur les résultats financiers lesquels, tout en restant satisfaisants, ne sont pasproportionnels au volume des affaires.

Nos milieux commerçants attacheraient un prix réel à l'extension de la limite des recouvre-ments par voie d'ordonnance de paiement en rapport avec les besoins nouveaux ainsi qu' au votede la loi sur la concurrence déloyale.

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Denrées coloniales. — L' année 1928, considérée dans son ensemble, renseigne un mouvementd'affaires d'une ampleur incontestable ; ses résultats financiers ont donné satisfaction. La branchedes denrées coloniales a été stimulée par la capacité d'achat accrue de la population, conséquencede la situation prospère de l'industrie, du bâtiment surtout. Au point de vue de la situation ducommerce frontalier il n'y a pas de modifications à signaler.

Dans le compartiment des conserves alimentaires de tous genres on constate que 1 emploide ces articles commence à se généraliser. Dans la région industrielle la clientèle se porte de pré-férence sur les bonnes marques, alors que d'autres régions achètent surtout les marques ordi-naires.

Le commerce de gros est sérieusement gêné dans son développement par la venue de grossesmaisons de détail étrangères et, d'une manière générale, par la concurrence belge. Ses bénéficessont en forte diminution. Cette branche est entrée depuis quelques temps dans une phase plutôtdifficile et ses perspectives d'avenir ne sont guère rassurantes.

Produits agricoles. — Le volume des affaires en céréales et en fourrages était extrêmementréduit. Par suite de l'excellente récolte les prix à l'intérieur pour les céréales tombaient à unniveau très bas qui n'offrait aucun attrait pour le commerce. Rebutés par les bas prix, les cultiva-teurs employaient une partie de leur récolte de céréales à la nourriture du bétail. Si les exportationsétaient impossibles, les importations étaient très limitées.

En pommes de terre les affaires étaient calmes. Quoique la récolte fût abondante, le mouve-ment des exportations était presque nul, malgré les prix assez intéressants du début de l'hiver.

Dans les graines fourragères le commerce d'exportation continuait à se développer normale-ment. Comme la récolte mondiale était abondante, les prix restaient plutôt modérés. Le courantd'affaires avec l'Allemagne ne s'est guère modifié.

Vins et spiritueux. — Le mouvement de recul dans la consommation des vins s'est continuéen 1928 au profit de la bière qui élargit son marché. Si les bons crus de la Moselle ont toujoursretenu l'attention du commerce et des consommateurs et que leurs prix montrent une belle tenue,les qualités ordinaires étaient peu demandées et leurs prix en baisse.

La consommation des vins étrangers, parmi lesquels les vins français tiennent le premierrang, montre un léger recul qu'il faut attribuer à leur renchérissement considérable par suite del'augmentation des prix d'origine et des droits d'entrée si élevés.

Une diminution progressive est constatée dans la consommation des liqueurs. Indépendam-ment des produits indigènes le marché national est alimenté en partie par de bonnes marquesfrançaises, alors que les marques ordinaires sont plutôt négligées.

Drogueries et produits pharmaceutiques. — Cette branche prend un développement régulierentretenu par les besoins croissants du public qui sont fortement stimulés par la réclame desproducteurs. En même temps la marge de bénéfice, influencée par les forts capitaux investisdans les assortiments très variés, les aléas qu'offre l'écoulement des stocks considérables ainsique par les exigences du personnel dont les appointements devancent l'indice, se rétrécit d'annéeen année.

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En drogueries et en produits pharmaceutiques nos maisons doivent se fournir presque exclu-sivement en Allemagne par suite du maintien de la pharmacopée allemande, ce qui explique lesprix relativement élevés de ces articles. Pour la grosse droguerie et les produits chimiques pourle commerce et l'industrie elles s'approvisionnent de préférence en Belgique.

L'usage des spécialités pharmaceutiques tend à augmenter au point qu'elles représententaujourd' hui 55% du volume des affaires. Pour se conformer aux demandes du public, les droguerieset pharmacies doivent avoir constamment un choix très complet de spécialités allemandes, fran-çaises, belges et anglaises. La fabrication d'ordonnances, par contre, est en forte diminution.

Tissus et confections. — Les affaires dans cette branche se sont déroulées d'une façon satisfai-sante au printemps et en été ; elles ont été franchement mauvaises, par contre, tant pour les tissusque pour les confections, en automne et en hiver.

La même situation a déjà été constatée l'année passée. Elle provient probablement, — lesprix de ces articles n'ayant guère subi de hausse, — de ce que les articles de toute première néces-sité : vivres, combustibles, loyers, etc. ont fortement augmenté de prix à l'approche de l'hiver.

Les frais généraux, salaires, charges pour œuvres sociales, etc. ont monté continuellementen 1928, alors que les bénéfices réalisés n'ont pu suivre en proportion.

Le colportage belge pratiqué dans le nord du pays et dans les localités limitrophes de lafrontière belge fait beaucoup de tort au commerce indigène.

Mercerie et bonneterie. — L'année 1928 a donné des résultats satisfaisants dans leur ensemble.Le mouvement des ventes, calme au début, s'est relevé dans la suite pour s'accentuer vers la finde l'année, amenant l'épuisement des stocks dans certains articles.

Les affaires en mercerie, laquelle forme un article de grande consommation, se sont développéesavec une régularité très satisfaisante. Dans le gant de tissu la demande est en progrès ; dans leslaines à tricoter nous constatons une vente normale avec tendance à l'amélioration ; la passemen-terie, complètement négligée par la mode, est de moins en moins demandée. Les tricotages ontfait l'objet d'une forte demande aux approches de l'hiver. Le commerce de la parfumerie et dessavons tend à se concentrer de plus en plus entre les mains des parfumeurs.

En mercerie aussi bien qu'en bonneterie les prix sont restés stables. Comme le renchérisse-ment des salaires pèse sur le prix de fabrication de tous les articles, une hausse pouvant varierentre 5 et 10% paraît s'annoncer pour l'année en cours.

Blanc et lingerie. — L'allure normale des affaires que nous constatons depuis la stabilisationdu franc s'est continuée en 1928 avec un certain fléchissement pendant les trois derniers mois,alors que d'habitude le rendement du mois d'octobre est particulièrement élevé. Après un débuttrès actif les premiers mois de 1929 ont repris le train normal. Si les prix dans ce compartimentsont en forte augmentation, les toiles sont très en retard sur les laines.

Dans les linoléums les approvisionnements sont devenus plus faciles et plus rationnels parsuite de la concentration qui s'est opérée dans cette industrie Dans les tapis l'industrie allemandecommence à reprendre la place qu'elle tenait avant la guerre, surtout dans les articles de toutepremière qualité. Les approvisionnements en laines pour couvertures doivent se faire exclusive-

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ment à l'étranger, les laines indigènes, à cause des croisements défectueux, ne pouvant servirà cet usage.

Cuirs. — La marche des affaires était assez régulière pendant la première partie de l'annéeet les prix se maintenaient à un niveau très élevé pour le cuir tanné. Des signes précurseurs d'unrevirement prochain commençaient à apparaître au mois d'août ; en septembre, sous la pressiondu mouvement de recul qui avait été déclenché sur le marché mondial, les cuirs en poils accen-tuaient leur faiblesse, entraînant le tanné, et l'année se terminait sur une situation difficile pourle commerce des cuirs. Ce brusque affaissement du marché avait touché le commerce à l'impro-viste, surtout qu'une baisse en automne où les cuirs sont habituellement très fermes, n'était pasà prévoir, et le laissait en perte.

L'année 1929 laisse entrevoir un nouveau progrès de la baisse. Les prix des gros cuirs brutsont subi en janvier de nouvelles amputations. En valeur-or nous sommes actuellement redescendusfort au-dessous des prix d'avant-guerre, et en valeur absolue, bien plus bas encore.

En présence de la faiblesse générale du cuir tanné, le marché allemand était plus difficile àtravailler, tandis que les exportations en Alsace-Lorraine et en Sarre n'ont pas changé d'allure.Certaines maisons se sont créé une position solide sur le marché belge par l'importance d'acces-soires tirés de l'étranger. L'emploi des succédanés du cuir, en se développant progressivement,pèse sur le prix du tanné.

Chaussures. — Au point de vue de la chaussure, l'année 1928 a été particulièrement mouve-mentée. Les affaires témoignaient d'une bonne allure jusqu'au mois d'octobre où la clientèlecommençait à se montrer plus réservée ; la situation empirait rapidement pour devenir franche-ment mauvaise vers la fin de l'année. La chaussure bon marché que les fabriques se mirent àproduire alors ne parvenaient pas à ranimer le marché, complètement atone.

Ainsi que nous le faisons remarquer depuis quelques années, les bonnes qualités commencentà évincer petit à petit les deuxièmes et troisièmes qualités. Toutefois, l'assainissement de cettebranche se heurte à la concurrence de la camelote qui tient toujours une certaine place et causeun préjudice sérieux au commerce honnête. On constate dans la chaussure, après les écarts de lamode qui poussaient la clientèle vers la chaussure de fantaisie, une tendance à la normalisationqui diminue le danger de l'encombrement des magasins de rossignols et dont le commerce n'aqu'à se féliciter.

Chapellerie. — L'année 1928 a été marquée par un léger relèvement des affaires. Commed'habitude, les premiers mois de l'année ont été assez calmes et les mois d'avril et de mai ontdonné le plus fort rendement. Le chiffre d'affaires escompté pour la saison estivale, notammenten chapeaux de paille, n'a pas été complètement réalisé, la période du beau temps n'ayant prisson commencement qu'en saison avancée. La marche des affaires s'est ensuite accélérée au moisd'octobre pour redevenir calme jusqu'à la fin de l'année.

La hausse toujours croissante des prix des coiffures en tous genres a pesé sur la chapelleriedurant toute l'année et le public a acheté de préférence les qualités ordinaires. Il apparaît que lesapprovisionnements faits en 1926 sous l'empire de la panique s'épuisent de plus en plus et queles affaires tendent à reprendre leur cours normal.

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Fers marchands et poutrelles. — Le prix des fers pendant l'année 1928 s'est maintenu presqueconstamment au même niveau, sans fluctuations sensibles. Les prix mondiaux, en effet, n'ontguère varié.

Cette circonstance n'a pas été défavorable à la vente des fers qui a encore dépassé le volumede l'année précédente. La forte impulsion que le bâtiment et les constructions publiques avaientreçue les années précédentes a continué à se faire sentir entraînant une consommation croissantede poutrelles et fers U , de fers pour béton armé et autres fers marchands. Beaucoup d'établisse-ments industriels du pays, par l'amélioration et l'agrandissement de leurs installations, ont ren-forcé cette consommation.

D'un autre côté, l'agriculture a continué à transformer une notable partie des terres de labouren parcs à bestiaux, amenant également une progression des piquets de clôture constituée princi-palement par des fers cornières.

Les quantités livrées en 1928 dans le Luxembourg par les usines luxembourgeoises des troisgrandes sociétés productrices Arbed-Terres Rouges, Hadir et Ougrée donnent une idée plusexacte du tonnage des fers laminés consommés sur le marché intérieur : demi-produits 807 tonnes,rails et accessoires 5.933 tonnes, poutrelles et profilés 11.768 tonnes, aciers marchands 9.744tonnes, tôles et autres produits 3.599 tonnes, ensemble 31.851 tonnes. Ces chiffres contiennentégalement les fers consommés par les usines dans leurs propres travaux de réparations et deconstructions nouvelles, ainsi que le tonnage absorbé par les établissements indigènes de pontset charpentes, dont la production est exportée en majeure partie.

Les chiffres, par contre, ne contiennent pas les quantités d'aciers doux laminés importésde Belgique, de France et d'Allemagne consistant principalement en fers de profils spéciaux qui nesont pas laminés dans le Luxembourg ou bien en fers de second choix. S'il est difficile d'établirune statistique exacte du tonnage importé, celui-ci est toujours peu considérable comparé auxchiffres ci-dessus.

Quincaillerie et articles de ménage. — Le volume des affaires dans ces articles doit être con-sidéré comme normal. La situation exceptionnelle du marché ayant cessé avec l'inflation, l'achatet la vente sont retournés de nouveau dans les voies traditionnelles.

Le Grand-Duché ne produit guère d'articles de ménage n i de quincaillerie dans lesquelsnous comprenons les ferrements de bâtiment, sauf les poêles et cuisinières, et quelques autresarticles de poterie en fonte, des cuisinières en tôle émaillée et des limes. La grande majorité deces articles provient de l'étranger, surtout de Belgique, d'Allemagne et de France ; et malgrél'union douanière avec la Belgique, c'est l'Allemagne qui continue d'être notre principal fournis-seur. Malgré les progrès réalisés depuis la guerre par l'industrie belge, la quincaillerie allemandes'impose à notre marché au point de vue de la variété et de la qualité.

Librairie-papeterie. — En librairie la situation ne s'est point modifiée par rapport à l' annéeprécédente. Toutefois, le marché du livre a une tendance à s'améliorer depuis que le public s'esthabitué aux prix relativement élevés des éditions allemandes. Le livre classique conserve unmarché régulier. La confection des éditions luxembourgeoises se fait aujourd'hui dans le pays

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même. Si les éditions luxembourgeoises sont plus favorables pour la clientèle, elles laissent, engénéral, à la librairie une marge de bénéfice très restreinte. Le colportage des éditions de luxeétrangères s'exerce toujours sur la même échelle que par le passé.

La hausse sur les papiers de tous genres, en se développant sans interruption, a atteint 10%en 1928. Au point de vue des approvisionnements en articles de papeterie, nous constatons quenotre commerce s'oriente de nouveau vers le marché allemand qui, par suite de la baisse récentesur ces articles, est aujourd'hui à même de soutenir la concurrence sur notre marché.

Dans les articles de bureau les affaires se développent d'une manière très satisfaisante. Onconstate avec plaisir que les petites maisons de commerce suivent l'exemple donné par les grandesadministrations en modernisant leurs travaux de bureau. Ce compartiment est alimenté ainsipar un volume de commandes en augmentation progressive.

Articles électro-techniques. — Durant l'année 1928, les affaires étaient tenues en suspens parl'électrification générale du pays dont les travaux n'ont commencé à proprement parler qu'en1929. Les travaux d'installation étaient limités essentiellement à l'amélioration et à la réparationdes installations existantes.

Au demeurant, le volume des affaires en articles électro-techniques tend à se développeravec le développement progressif des applications de l'électricité aux manifestations les plusdiverses de la vie moderne. Cette branche doit se fournir presque exclusivement à l'étranger :en Belgique et en France pour les articles courants, en Allemagne, pour une série de spécialités.

Horlogerie-bijouterie. — La bonne marche des affaires que nous avons constatée pour l'année1927 a persisté en 1928. L'horlogerie et la bijouterie ont travaillé dans des conditions très satis-faisantes et la situation, dans son ensemble, tend à se rapprocher de celle d'avant-guerre. Dansla bijouterie, qui forme un article de consommation courante, le volume des affaires tend à sedévelopper avec l'accroissement général du bien-être dans le pays. La joaillerie, par contre, quiconstitue un article de luxe, continue d'être délaissée par la clientèle indigène et les affaires nemontrent nulle tendance à l'amélioration. Si le métal argent est toujours l'objet d'une forte demande,l'argenterie, par suite du renchérissement de l'argent et de la façon, est boudée par la clientèle.Dans la lunetterie, qui se modernise sous l'influence des besoins accrus et mieux compris del'hygiène oculaire, le bon courant d'affaires se maintient.

L'horlogerie se fournit surtout en Suisse et en France ; les autres compartiments se four-nissent en France et en Belgique. La grosse horlogerie allemande fait depuis quelque temps desefforts considérables pour reconquérir sa' position antérieure sur le marché luxembourgeois.Cette branche occupe, aux réparations et aux transformations, un nombre restreint d'ouvriersqui travaillent en chambre.

Matériaux de construction. — Le commerce des matériaux de construction n'offre aucunchangement comparativement à 1927, où cette branche a été vivement sollicitée par l'allure extrê-mement forte du bâtiment dans toutes les grandes agglomérations. Tous les matériaux sans dis-tinction : ciment, chaux, tuiles, briques, ardoises, bois, etc. ont bénéficié d'un courant d'affairesparticulièrement actif. L'année 1929 s'est ouverte sous des auspices très rassurants.

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Assurances.

Tout comme l'exercice 1927, l'année 1928 a été calme dans le domaine des assurances. Lesassureurs contre le risque d'incendie ont continué leur réadaptation laborieuse des polices auxprix du jour. Les assureurs sur la vie de l'homme constatent que la confiance revenait petit à petitaprès les pertes essuyées auprès des Compagnies allemandes et hollandaises. Quant à la branche« accidents et responsabilité civile , les automobilistes continuent à absorber le gros des primes

perçues s'ils ne réussissent à mettre de nombreuses compagnies en déficit. Le sort des assureurs-accidents ne pourra être amélioré que le jour où le législateur, s'inspirant de la loi autrichiennedu 8 octobre 1908, mettra à charge de l'automobiliste 10% de toute indemnité, avec défense àl'assureur d'y déroger.

Au cours de l'exercice révolu, le Mémorial a publié 109 agréations d'agents. Il n'est pas faitde publication des expirations de mandat par décès ou révocation, dont le pourcentage ne peuten aucun cas excéder le chiffre 10. Nous constatons donc un accroissement méthodique du nombredes agents à raison de 100 agents par an. Ce nombre paraît excessif pour notre petit pays et l'onfinira par aboutir au courtage que la loi de surveillance du 16 mai 1891 a voulu prohiber, en pres-crivant l'agréation gouvernementale de toute personne faisant ou tentant de faire des opérationsd'assurances.

La loi française du 5 avril 1928 sur les assurances sociales est venue jeter un peu de désarroidans le mode des assureurs. L'art. 1 e r de cette loi promulgée le 5 avril 1928, réserve à l'Etat sonintervention dans le domaine des assurances sociales couvrant les risques maladie, invaliditéprématurée, vieillesse et décès, ainsi qu'une participation aux charges de famille, de maternitéou de chômage involontaire.

L'art. 73 de la même loi prévoit pour le 5 avril 1929 au plus tard un règlement d'administra-tion publique qui définira encore la mise en pratique de la loi. En attendant, il y a lieu de constaterque cette loi française ne vise que les salariés qui gagnent moins de 18.000 fr. par an, et qu'ellen'enlève aux Compagnies d'assurances privées qu'une partie relativement faible de leurs porte-feuilles. N'empêche que le législateur a fait un pas dans l'étatisation des assurances et que l'appétitpourrait venir en mangeant. Dans un autre ordre d'idées, l'Etat français n'a fait que suivrel'exemple donné de longue date par d'autres pays, notamment par l'Allemagne. La législationallemande remonte à une époque assez lointaine. Si l'Allemagne s'est abstenue pendant un demi-siècle ultérieur, de spolier plus amplement l'industrie privée des assurances, il faut espérer quela France s'en tiendra à son tour aux stipulations légales esquissées plus haut. Ces stipulationsparaissent s'inspirer d'une idée d'entr'aide sociale plutôt que d'une velléité de mainmise de l'Etatsur le patrimoine des assureurs.

L'Etat à court de ressources pourrait en France, aussi bien que chez nous, être tenté derechercher dans le monopole général des assurances comme une nouvelle source de revenus.Qu'il ne perde pourtant pas de vue que l'Etat en général est mauvais commerçant et que l 'initia-tive privée seule engendre le rendement financier voulu !

Au surplus, le bénéfice industriel accusé par le compte rendu des grandes Compagnies est

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excessivement réduit et c'est le bénéfice de l'administration financière des puissantes réservesaccumulées durant de longues années qui permet la distribution de dividendes relativementimportants. La gestion de l'Etat est manifestement fort aléatoire, alors que la méthode fiscaleactuelle garantit, à côté des taxes multiples, une sérieuse participation aux réserves des Com-pagnies d'assurances. Il serait donc téméraire de lâcher la proie pour l'ombre et cela d'autantplus que depuis la guerre nous avons vu naître chez nous trois Compagnies nationales, lesquellesont fait de l'industrie des assurances une industrie nationale.

Banques.

L'abondance des capitaux disponibles, l'essor de l'industrie et du commerce et l'obligationd'adapter les trésoreries à la nouvelle unité monétaire ont vivement stimulé l'activité du marchéfinancier. Les émissions des sociétés industrielles et commerciales ainsi que les émissionspubliques, d'une certaine ampleur, ont trouvé facilement preneur.

Le 1 e r juillet 1928, la Banque Nationale de Belgique, qui est le régulateur de notre marché,a ramené son taux d'escompte à 4%. C'est la sixième réduction depuis la stabilisation. Alors quela Banque a été amenée à abaisser plusieurs fois le taux officiel de l'escompte en 1927, elle a pumaintenir, en 1928, une stabilité presque complète.

La prospérité incontestable qui s'est manifestée dans la plupart des branches de l'activitééconomique, a provoqué une recrudescence des opérations d'escompte. Toutefois, ce comparti-ment est loin d'avoir repris, en valeur réelle, son importance d'avant-guerre. Il y a lieu de relevercependant que le monde des affaires revient peu à peu à la pratique des tirages commerciauxqu'il avait abandonnée en partie pendant la période de troubles monétaires, en faveur du créditpar avances en compte courant.

Les opérations de change se sont toujours effectuées avec aisance, dans un marché très largepar lui-même. Après l'effervescence des années d'inflation, elles sont revenues à leur volumenormal.

Des spéculations boursières ont, vers le mois de juin, engendré une crise. Certains prêteurs,oublieux des dures expériences, dispensèrent à la Bourse des crédits exagérés, sans veiller à ceque les gages offrent les marges traditionnelles imposées par la prudence, donnant ainsi uneallure vertigineuse à la hausse des cours d'un grand nombre de valeurs. Une réaction était iné-vitable : elle fut violente et pleine de dangers. La généralisation de la crise put être évitée grâceà des interventions opportunes.

La seconde partie de l'année s'est terminée dans une atmosphère de calme qui tranche surl'effervescence du début : l'épargne, se rendant compte du péril des opérations spéculatives etde la nécessité de s'attacher davantage au rendement, commence à rechercher de nouveau lesplacements à revenu fixe.

Le projet de création d'une Bourse de commerce à Luxembourg sollicitait vivement l'attentiondu monde bancaire, tant à l'intérieur qu'à l'étranger. Ce projet a été réalisé en 1928 par la consti-tution définitive de la Société de la Bourse.

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JanvierFévrierMarsAvrilMaiJuinJuilletAoût

Septembre

Octobre

Novembre

Décembre

Nombre

2.4362.1222.2982.3672.4692.6152.6202.6662.2713.0822.9223.186

31.054

Montant

45.955.270,3748.542.733,0777.190.169,6552.888.623,3165.458.912,2782.359.722,4368.732.173,1067.902.831,7263.994.971,2592.040.058,7278.159.502,7974.374.256,74

817.599.225,42

Le mouvement sur les comptes courants des membres de la Chambre de compensationpendant l'année 1928 s'établit comme suit :

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Dès ce moment on a vu les établissements de banque de la place prendre des dispositionspour être à même de faire face à la situation nouvelle. D'autre part, plusieurs banques étrangèresont établi des agences à Luxembourg.

Chambre de compensation. — Les opérations de la Chambre de compensation pendant l'année1928 renseignent le mouvement suivant :

Soldes débiteurs

Soldes créditeurs

504.492.406,04504.492.406,04

Versements en espèces

Retraits en espèces

Virements à Bruxelles en faveur de la Caisse d'épargne

Virements à Bruxelles en faveur des participants

Transferts du compte de la Recette générale au crédit du compte-compensationdu Bureau des Chèques

119.899.286,78397.968.000,00527.230.000,00418.105.000,00

220.470.000,00

Les opérations entre la Caisse d'épargne et la Banque Nationale renseignent :

Versements en espèces à la Banque Nationale à Arlon

Prélèvements en espèces à la Banque Nationale à Arlon

106.270.199,60155.745.000,00

Le montant total des soldes renseigne :

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La Bourse de commerce de Luxembourg.L'idée qui a guidé le législateur en instituant une Bourse des valeurs à Luxembourg est née

du besoin de créer un marché régulier pour les valeurs indigènes dont, jusqu'ici, quelques-unesseulement étaient admises à la cote à l'étranger. Il a semblé toutefois inutile de s'arrêter à mi-chemin, et, mettant à profit la situation géographique du pays, on s'est décidé à étendre ce marchéaux valeurs étrangères.

La loi du 30 décembre 1927 a créé des facilités et des avantages que ne présentent pas lesBourses qui nous entourent et qui permettront aux bonnes valeurs étrangères de venir sur lemarché luxembourgeois. Les valeurs sont exemptées du timbre de circulation sur les titres étran-gers, du droit de transmission, de l'impôt sur le coupon et de l'impôt de Bourse.

L'exemption du timbre des valeurs mobilières qui font l'objet des transactions de Boursen'atteint que les valeurs étrangères qui, pour les transactions de Bourse, ne supporteront que letimbre du pays d'origine. Quant aux titres luxembourgeois, la charge qui les frappe actuellement(1%o de la valeur nominale), est maintenue. Eu égard au fait qu'il y a exemption totale pour lesvaleurs étrangères et que le timbre sur les valeurs luxembourgeoises est très modique, des sociétés« Holding » en formation auraient tout avantage à s'établir à Luxembourg.

Pour ce qui concerne le droit de transmission créé par la loi du 23 décembre 1913, les valeursétrangères admises à la cote en sont exemptes ; ce droit, qui s'élève actuellement à 2,5%o de lavaleur effective, est maintenu pour les valeurs luxembourgeoises.

Les coupons d'obligations luxembourgeoises sont soumis actuellement à une retenue pou-vant varier entre 2%, 3,5% et 4% selon qu'il s'agit de fonds d'Etat ou des communes (2%) ouselon qu'elles rapportent 4% ou moins (3,5%) ou qu'elles rapportent plus de 4% d'intérêt (4%).

Les coupons d'actions luxembourgeoises ne sont soumis à aucune retenue. Les revenusd'actions indigènes ne sont pas imposables dans le chef du propriétaire des titres, les sociétésindustrielles, commerciales et financières étant directement et intégralement imposées du chef desdividendes payés aux actionnaires.

Les coupons d'obligations et d'actions étrangères sont affranchis de toute retenue ; les cou-pons étrangers sont donc payés à Luxembourg avec simple déduction des impôts du pays d'origine.

Comme le Grand-Duché, jusqu'à ce jour, ne possédait pas de Bourse des valeurs, il s'ensuitqu'un impôt sur les opérations faisant l'objet d'un bordereau est inconnu.

Tout en créant ainsi pour ses propres nationaux un marché des valeurs indigènes qui, dansla mesure du possible, les rendra indépendants de l'étranger, la Bourse de Luxembourg offre auxcapitalistes un marché loyal, présentant toutes les garanties de fixation régulière et sincère descours. Protégés par un régime qui facilitera l'introduction et la circulation des titres internationauxde bonne qualité, les épargnants étrangers auront la faculté de la négociation facile et courantede leurs valeurs sur le marché luxembourgeois, d'où les valeurs douteuses seront rigoureusementécartées.

Les valeurs peuvent obtenir la cotation de trois manières différentes : l'admission peut être

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demandée par la société, elle peut être obtenue par introduction, ensuite la Société de la Bourses'est réservé le droit de coter d'office. L'admission à la cote est soumise à certaines formalitésde publication légale. Le règlement d'ordre intérieur détermine dans un certain nombre d'articlesles formalités à remplir pour obtenir l'admission.

L'admission des valeurs appartient au Conseil d'administration de la Société de la Bourseauquel devra être adressée une demande écrite et signée par les demandeurs. Un des demandeursau moins doit être agréé à la Bourse de Luxembourg.

L'art. 6 de l'arrêté g.-d. du 22 mars 1928 portant règlement d'exécution de la loi du 30 décem-bre 1927 qui défend, sous peine d'amende, à quiconque de porter le titre d'agent de change sansêtre agréé en Bourse de Luxembourg, mérite une attention spéciale. Il n'est pas fait de distinctionde nationalité pour l'admission des maisons étrangères. Le règlement d'ordre intérieur, dans sesart. 10 à 25 détermine les règles et fixe les formalités à remplir en vue de l'admission en Bourse.

Pour favoriser les groupements entre maisons étrangères en vue d'un établissement communà Luxembourg, les sociétés anonymes sont admises en Bourse. Toutefois elles devront justifierd'un capital de 5 millions, dont la moitié devra être versée. Les banques, les banquiers et lesagents de change sont admis au même titre.

Une maison de change agréée à une Bourse étrangère peut simultanément être agréée enBourse de Luxembourg. Cet établissement à Luxembourg n'oblige pas une maison étrangère àrenoncer à son agrément ; toutefois elle devra créer ici un établissement impliquant l'élection dedomicile.

A u sein du Conseil d'administration de la Société de la Bourse, un siège est réservé à unagent de change. Dans la Commission de la Bourse, qui se compose de cinq membres effectifs etde cinq membres suppléants, les agents de change sont représentés par deux membres effectifset deux membres suppléants qui seront choisis parmi les agents de change agréés sur une listedouble à présenter par ceux-ci.

Les valeurs dont la cotation sera recherchée ne pourront être trouvées que parmi les affairespuissantes et solides, à marché large. Outre les valeurs luxembourgeoises déjà mentionnées, laBourse de Luxembourg, grâce à sa situation géographique, attirera sur son marché les valeursrégionales de la Sarre, de la Lorraine, de l'Alsace et de l'Est de la France, disposant déjà d'unmarché régulier aux bourses voisines. Le mouvement d'affaires suscité en ces marchés qui s'épau-leront l'un l'autre, constituera un excellent appoint. En dehors de valeurs régionales, la cote deLuxembourg contiendra les vedettes françaises, belges et allemandes ; enfin les valeurs interna-tionales trouveront à Luxembourg un marché qui permettra des opérations d'arbitrage avec lesBourses principales de l'Europe occidentale.

Les opérations d'arbitrage seront facilitées par des communications téléphoniques que l'onest occupé à rendre aussi sûres et aussi rapides que possible. Sous peu, Luxembourg sera reliépar câble souterrain à Bruxelles, ce qui permettra des communications faciles avec les Boursesde Bruxelles, Anvers, Amsterdam et Londres.

Le câble souterrain Nancy-Metz-Luxembourg est posé actuellement ; à Nancy se fera la

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jonction au câble Strasbourg-Paris, ce qui permettra de traiter sans difficulté avec Paris, Nancy,Strasbourg et Lyon.

Les relations téléphoniques avec l'Allemagne, quoique établies par circuits aériens, permettentdès à présent de s'entendre sans difficultés avec Berlin, Francfort, Dusseldorf et Essen.

Caisse d'épargne et Créd i t foncier.

Les opérations de la Caisse d'épargne, du Crédit foncier et du Service des habitations àbon marché renseignent le mouvement suivant pour l'année 1928 :

I . — Caisse d'épargne.

III. — Service des habitations à bon marche.

VIIe Foire commerciale de Luxembourg.

La VIIe Foire commerciale officielle et internationale de Luxembourg et le Ve Salon del'Automobile et du Cycle, qui ont eu lieu du 11 au 19 août 1928, constituent un véritable succès.

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Avoir des déposantsNombre des versements du trimestreMontant des versements du trimestreNombre des remboursements du trimestreMontant des remboursements du trimestreNombre des livrets en coursAvances en compte courant aux communes et

syndicats intercommunauxAvances au Service des habitations à bon marché .Avances aux Caisses de crédit agricole et profes-

sionnelAvances sur titresAvances à des associations agricoles et viticolesAvances en compte courant au Crédit foncier

fr.

fr.

fr.

fr.fr.

fr.fr.fr.fr.

1er janvier 1928253.840.986 00

88.373108.593.239 00

32.52452.444.097 00

146.796

6.520.187 0031.626.362.28

41.578.00226.636 00

1.319.488 0011.585.687 00

1er juillet 1928

270.945.54846.288

60.718.86920.379

43.614.307148.848

3.722.06740.152.273

40.191247.359

1.653.68227.801.941

1 e r janvier 1929

304.431.09390.567

122.261.26635.443

82.027.308150.900

3.842.34250.925.295

44.093280.940

1.940.71128.507.693

II. — Crédit foncier.

Nombre des prêts réalisésMontant des prêts réalisésSolde en capital des prêts en coursObligations foncières et communales en cir-

culation

fr.fr.

fr.

1er janvier 19285.449

127.113.565 0075.506.247 79

59.182.000 00

1 e r juillet 19285.631

156.995.065 00102.372.623 93

57.596.900 00

1er janvier 19295.880

182.120.565 00122.680.351 18

84.987.000 00

Nombre des prêts réalisésMontant des prêts réalisésSolde en capital des prêts en cours

fr.fr.

3.87153.264.760 0039.058.201 16

4.21763.321.660 0047.000.961.92

4.51772.631.460 0054.229.869 85

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On peut affirmer qu'à tous égards la VIIe Foire commerciale marque un progrès sensiblesur les foires précédentes. Le nombre des exposants croît d'une façon régulière. La surface desemplacements nouveaux va se développant. L'administration de la Foire, pour abriter tous lesexposants, a été obligée de construire deux nouveaux halls, qui ont donné à l'ensemble un cachetplus imposant.

Le nombre des participants, qui était de 556 en 1922 et de 904 en 1927, est monté à 935 en1928, se répartissant au point de vue de leur nationalité comme suit : 348 Belges, 218 Luxem-bourgeois, 172 Français, 107 Italiens, 33 Allemands, 27 Américains, 11 Anglais, 4 Suisses et 14nationaux divers.

Le nombre des visiteurs a été de 130.000 environ. L'affluence des acheteurs a été supé-rieure à celle des années précédentes.

D'une enquête faite par la Direction, il ressort que sur le marché intérieur les transactionsont été très actives et que des ventes intéressantes ont été conclues pour l'extérieur. Le nombredes transactions amorcées a été important. Beaucoup d'exposants renseignent des relations nouéesavec l'étranger, non seulement avec nos voisins, mais également avec les pays d'Outre-mer. Lestransactions ont été particulièrement animées dans le domaine de l'alimentation, et des branchesqui s'y rattachent, ainsi que dans les groupes de la grosse industrie, de l'automobile, du cycle etses accessoires, des machines à travailler le bois, de l'ameublement avec ses articles accessoiresconcernant le ménage et la T .S .F . , des machines agricoles et des produits chimiques pour l'agri-culture.

L'exposition-concours organisée par la Chambre des artisans à la Foire commerciale avaitun succès complet. Les visiteurs étrangers et Luxembourgeois ont été frappés à la fois par sonétendue et sa magnifique ordonnance.

Pour les trois dernières foires commerciales, la participation dans les différents groupess'établit comme suit :

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Groupe I . — Produits alimentaires ; petites machines ;matériel et fournitures pour l'alimentation

Groupe II. — Métallurgie ; mécanique ; industrie de laconstruction ; fournitures industrielles

Groupe III. — Vêtements et confections ; industrie tex-tile

Groupe IV. — Cuirs et chaussures ; maroquinerie ; sel-lerie ; articles de voyage; produits d'entretien..

Groupe V. — Articles de ménage ; serrurerie; machines àcoudre ; quincaillerie ; parfumerie ; bimbeloterie ;savons ; brosses ; jouets ; bijouterie ; horlogerie ;verrerie ; cristallerie ; faïences

Groupe VI. — Machines agricoles ; produits agricoles .

1926

159

84

63

21

3642

1927

201

124

66

38

4865

1928

212

131

52

41

5678

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La VIIIe Foire commerciale aura lieu en 1929 du 10 au 20 août. Les nombreuses demandesde renseignements et d'adhésion qui parviennent de tous les côtés témoignent de l'attraction crois-sante que la Foire de Luxembourg ne cesse d'exercer sur le monde des affaires.

Luxembourg, le 24 avril 1929.

La Chambre de Commerce :

Le Président,

AL MEYER.

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Groupe VII. — Industries électriques ; instruments deprécision

Groupe VIII. — Automobiles ; cycles et accessoires ;armes ; munit ion ; caoutchouc et ses applications ;matériel et matériaux pour la construction deroutes modernes

Groupe IX. — Livres et bureaux ; papiers et cartons

Groupe X. — Ameublement ; arts décoratifs et mobilierd'église

Groupe XI. — Tabacs ; cigares ; cigarettes et articlespour fumeurs ; machines pour l'industrie du tabac.

Groupe XII. — Industrie et produits chimiques

Groupe XIII. — Musique ; photographie ; cinémato-graphie

Groupe XIV. — Service économique

Total

1926

31

8038

43

726

1429

672

1927

42

11639

53

1535

2438

904

1928

43

12042

45

931

2352

935