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Etude mandatée par la Banque Julius Baer & Cie SA A l’ère de la transparence, quelles conséquences sur la gestion du patrimoine des fondations ? Etude sur les pratiques de gestion du patrimoine des fondations d’utilité publique basées en Suisse romande en 2014

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Page 1: A l’ère de la transparence, quelles conséquences sur … · A l’ère de la transparence, quelles conséquences sur la gestion du patrimoine des fondations ? Etude sur les pratiques

Etude mandatée par la Banque Julius Baer & Cie SA

A l’ère de la transparence, quelles conséquences sur la gestion du patrimoine des fondations ?

Etude sur les pratiques de gestion du patrimoine des fondations d’utilité publique basées en Suisse romande en 2014

Page 2: A l’ère de la transparence, quelles conséquences sur … · A l’ère de la transparence, quelles conséquences sur la gestion du patrimoine des fondations ? Etude sur les pratiques

2

Le souhait d’une société davantage solidaire et pérenne suscite plus que jamais l’engagement d’acteurs

déterminés. En Suisse notamment, véritable berceau d’une tradition humanitaire, nous avons vu les

fondations se rapprocher pour partager leurs bonnes pratiques et maximiser ainsi la portée de leurs

actions. Une impulsion nouvelle a été donnée dans ce secteur aux efforts de collaboration, de

transparence et de professionnalisation.

Fidèle à son positionnement innovateur face aux attentes d’une clientèle toujours plus sensible à la

durabilité de ses placements, Julius Baer a résolument pris le chemin d’une intégration systématique des

critères d’investissements responsables mesurant l’implication et le développement social, éthique et

environnemental dans son processus d’analyse financière (critères ESG).

Consciente de la valeur ajoutée qu’un conseil intégré peut offrir à des fondations, qui n’ont pas encore fait

évoluer la gestion de leur portefeuille vers plus de cohérence avec leur mission, tout en minimisant aussi

bien les risques financiers que les risques d’image, Julius Baer a voulu en savoir plus sur les mécanismes

et les enjeux de ce secteur. C’est pourquoi elle a confié à deux partenaires de premier ordre dans le

domaine du conseil en philanthropie et des investissements responsables, WISE et Conser, le soin de

cerner les enjeux d’aujourd’hui.

Cette première étude menée en Suisse romande complète une enquête similaire conduite sur

les fondations en Suisse allemande. Il en résulte d’ailleurs une concordance dans les conclusions.

Nous espérons que cet éclairage apporté grâce à la précieuse contribution des fondations et des experts

interrogés, que nous remercions chaleureusement, puisse être une base de discussion et de réflexion pour

les fondations et leurs partenaires dans leur approche concernant la gestion de leur patrimoine.

Que ce monde des fondations en mouvement puisse évoluer vers une participation encore plus efficace au

bien-être des bénéficiaires et de la population en général.

Giovanni M.S. Flury Membre du Comité Exécutif

Responsable Région Suisse

Banque Julius Baer & Cie SA

Pourquoi cette étude ?

Page 3: A l’ère de la transparence, quelles conséquences sur … · A l’ère de la transparence, quelles conséquences sur la gestion du patrimoine des fondations ? Etude sur les pratiques

3

Les fondations d’utilité publique participent large-

ment à la qualité sociale, culturelle ou environne-

mentale de notre société. Leur réputation dépend

aussi de l’adoption de bonnes pratiques en termes

de gouvernance, de transparence et de gestion.

Désireux de faire reconnaître et valoriser leur bon

fonctionnement, ainsi que de soutenir leur évolu-

tion par un partage de connaissances, Conser et

WISE, avec le soutien de la Banque Julius Baer, se

sont associés pour réaliser une étude approfondie

sur le sujet.

Les pratiques de gestion du patrimoine de ces

fondations sont au cœur de cette enquête.

Un comité d’experts ad hoc a été constitué afin

d’enrichir le débat et d’accompagner le processus

de réalisation de l’étude :

Bernard Vischer

(Avocat, associé Schellenberg Wittmer)

Didier Cherpitel (Trésorier de la Fondation Mérieux et

secrétaire de la Swiss Philanthropy Foundation)

Georg von Schnurbein

(Directeur du Centre d’Etudes de la

Philanthropie, Université de Bâle)

Olivier Baudry

(Membre du Management Committee Région

Suisse auprès de la Banque Julius Baer)

Notre objectif est d’établir un état des lieux des

pratiques de gestion de patrimoine en Suisse

romande, ainsi que de favoriser le partage d’expé-

riences et la diffusion des bonnes pratiques. Un

sondage comportant 37 questions a été mené

au premier semestre 2014 auprès de fondations

d’utilité publique basées en Suisse romande.

Les trois grands thèmes abordés sont :

1

la mission - MRI 2

Ce rapport livre les résultats de cette enquête,

enrichis par des témoignages de fondations et des

interviews d’experts dans le domaine. A la fin du

document, le professeur Georg von Schnurbein

du Center for Philanthropy Studies (CEPS) ajoute

un éclairage sur la situation en Suisse alémanique

et sur les pratiques à l’échelle internationale. Sa

participation à une recherche similaire, menée en

2012 par CEPS en Suisse allemande, apporte une

analyse comparative des résultats obtenus dans

les deux régions.

Nous tenons remercier chaleureusement tous

les participants de leur précieuse contribution.

Pour rester fidèles au principe de transparence,

nous avons diffusé notre étude aux parties

concernées ainsi qu’au grand public.

Angela de Wolff, Conser

Etienne Eichenberger, WISE

Introduction

1 Les auteurs utilisent la notion de patrimoine en faisant référence au patrimoine financier

2 MRI – Mission-Related Investment

Page 4: A l’ère de la transparence, quelles conséquences sur … · A l’ère de la transparence, quelles conséquences sur la gestion du patrimoine des fondations ? Etude sur les pratiques

4

Pourquoi cette étude ? p.2

Introduction p.3

Résumé exécutif p.5

Perspectives p.7

Fondations d’utilité publique : le Panorama en Suisse p.8La tradition suisse du don

De la diversité des fondations d’utilité publique

Quelles perspectives pour les fondations d’utilité publique ? p.9

Panel de l’enquête p.10Un taux de participation significatif et une typologie très variée

Un panel illustratif p.11

Des ressources financières multiples p.12

Gouvernance p.13Entretien avec Peter Brey, Directeur de la Fondation Leenaards

Organisation opérationnelle p.15

Composition du conseil de fondation p.16

Délégation des tâches p.17

Niveau de satisfaction

La gouvernance va devenir un enjeu important p.18

Entretien avec Bernard Vischer, avocat, associé Schellenberg Wittmer

Gestion du patrimoine p.20Entretien avec Didier Cherpitel de la Fondation Mérieux et de la Swiss Philanthropy Foundation

Organisation p.22

Délégation p.23

Critères de sélection p.24

Objectifs de gestion p.25

Philosophie d’investissement p.26

Niveau de satisfaction et perspectives p.27

Entretien avec Olivier Baudry, Membre du Management Commitee Suisse, Banque Julius Baer p.28

Gestion du patrimoine en accord avec la mission - MRI p.30Entretien avec Jean Fiaux et Yves de Montmollin, Fondation Hahnloser p.31

Le MRI dans la réalité des fondations interrogées p.32

Les causes du manque d’intérêt pour le MRI p.33

Quelles motivations en faveur du MRI ? p.34

L’évolution future du MRI p.35

Entretien avec Anne Gloor, Fondatrice et Directrice de PeaceNexus p.36

Eclairage sur les pratiques en Suisse allemande et dans le monde p.38L’utopie de la fondation éternelle

Différences à l’échelle internationale concernant les obligations légales

Comparaison intra-suisse : le tableau complet p.39

Augmenter la confiance en encourageant la professionnalisation p.40

Le petit doigt ou toute la main ?

Augmenter les connaissances sur la gestion du patrimoine p.41

Remerciements p.42

Table des matières

Page 5: A l’ère de la transparence, quelles conséquences sur … · A l’ère de la transparence, quelles conséquences sur la gestion du patrimoine des fondations ? Etude sur les pratiques

5

Cette étude établit un état des lieux des bonnes pratiques des fondations basées en Suisse romande et favorise le partage d’expériences. Les résultats de l’enquête sont enrichis par des témoignages de fondations et des interviews d’experts.

Qualité du panel

proche des 30%.

fortune supérieure à CHF 10 millions.

(buts), de l’organisation et du financement des institutions.

Gouvernance

Globalement, les conseils de fondation comprennent des membres de qualité qui assument leurs

responsabilités.

La délégation est ciblée sur des activités techniques comme la gestion du patrimoine ou la

sélection de projets.

fondations » dans l’organisation et l’optimisation des ressources.

Curieusement, ces résultats très encourageants sont en contradiction partielle avec les préoccupations

d’avenir exprimées par les sondés.

être améliorés en priorité.

(banquiers ou comptables). Cela explique peut-être l’évocation des conflits d’intérêts.

50 %des sondés estiment que

les questions liées à

l’organisation des conseils

et aux conflits d’intérêt

devraient être améliorés

en priorité

Résumé exécutif

Page 6: A l’ère de la transparence, quelles conséquences sur … · A l’ère de la transparence, quelles conséquences sur la gestion du patrimoine des fondations ? Etude sur les pratiques

6

Gestion du patrimoine :

La gestion de patrimoine doit s’inscrire dans un

processus dynamique, qui prend en compte l’évolu-

tion de la situation propre de la fondation ainsi que

des conditions du marché.

assume la responsabilité stratégique et délègue

la gestion opérationnelle à un comité ad hoc ou

à l’externe.

le conseil de fondation au suivi de la gestion du

patrimoine est très modeste (10% du temps).

de plus de CHF 10 millions qui consacrent

le plus de temps et qui disposent de compé-

tences internes.

-

tataires externes sont l’intégrité, la compétence

et l’indépendance, en ligne avec la préoccupa-

n’importe quel prix. »

Les objectifs de gestion et philosophie d’investisse-

ment sont relativement homogènes :

comme une priorité.

éthiques à leur gérant.

avec un profil de placement plutôt prudent.

Les résultats expriment un certain conservatisme

et une aversion pour le risque, d’où, peut-être, la

faible propension pour des approches de gestion

innovantes et originales. Pourtant, à l’heure où

le rendement est extrêmement bas, la revue des

objectifs à la baisse ou l’augmentation du profil de

risque paraît inévitable.

De manière générale, les sondés sont très

satisfaits des pratiques actuelles. Ce résultat peut

surprendre au vu du plébiscite des mêmes sondés

pour améliorer le niveau de professionnalisme

et de transparence, en particulier concernant le

cumul des frais de gestion.

La gestion du patrimoine en accord avec la mission (MRI 3) :

Si le concept est largement connu (69% indiquent

en être familiers), son application effective dans

les portefeuilles reste encore modeste.

Aujourd’hui, seules 11% des fondations appliquent

une philosophie MRI à leur portefeuille :

invoquent la méconnaissance de l’offre et la

mesure insuffisante de l’impact.

l’influence d’un membre du conseil de fondation

bonnes pratiques (cité par 45%).

l’utilisent largement dans la gestion de leur

portefeuille (45% l’appliquent à plus de la moitié

de leur fortune).

A l’avenir, 40% des répondants envisagent un

renforcement de leurs investissements

dans ce domaine. Néanmoins, il semble que la

complexité du MRI dans sa compréhension

et son application retienne bon nombre de fonda-

tions et les prive d’une innovation-clé en

matière de gestion.

3 MRI – Mission-Related Investment

11 %des fondations appliquent

une philosophie MRI

à leur portefeuille

53% des fondations consacrent

moins de 10% de leur temps

au suivi de la gestion

Page 7: A l’ère de la transparence, quelles conséquences sur … · A l’ère de la transparence, quelles conséquences sur la gestion du patrimoine des fondations ? Etude sur les pratiques

7

Les fondations de Suisse romande – et avec elles

les fondateurs et les donateurs – sont d’une vita-

lité remarquable ; mais elles peuvent faire mieux

encore, en visant une utilisation optimale de leurs

ressources financières ou humaines.

Les résultats de cette étude nous permettent de

formuler cinq questions fondamentales que les

conseils de fondation pourraient se poser en rela-

tion avec la gestion du patrimoine de la fondation

afin d’améliorer l’impact de ses investissements.

1. Sommes-nous au clair sur les objectifs

de notre fondation ?

La fondation est constituée autour d’une mission.

Il est essentiel que le(s) fondateur(s) partage(nt)

la définition de cette mission avec le conseil de

fondation et la direction, ainsi que la théorie du

changement qui les guide. Cet alignement garantit

une vision claire et un engagement solidaire au sein

de l’organe de direction.

Questions fondamentales : Quelle est la vision et la mission de notre fondation ? Quels bénéfices sociétaux ambitionnons-nous d’atteindre à titre individuel et collectif ? Quel niveau d’engagement sommes-nous prêts à donner (temps, réseau, etc.) ?

2. Nos ressources internes et externes sont-elles

adéquates ?

Les membres du conseil, la direction et autres

acteurs internes constituent autant de ressources

participant au développement d’une fondation.

Elles sont en général complétées par des res-

sources externes, tant pour l’organisation de la

fondation que pour les actions sur le terrain.

Questions fondamentales : Avons-nous les bons experts au sein du conseil et de nos équipes ? Connaissons-nous les experts nécessaires pour compléter nos besoins ? Quels partenaires ou réseaux (formels ou informels) pourraient renforcer notre pratique ?

3. De quels moyens financiers disposons-nous ?

La fondation dispose de certains moyens financiers

pour remplir sa mission. Il est primordial d’évaluer

la fiabilité et la visibilité des revenus financiers

pour assurer une gestion optimale. Le conseil de

fondation doit planifier les dépenses annuelles et

à long terme, planifier les cycles d’une fondation

(création, croissance, cofinancement), mesurer

les moyens dont il dispose à l’aune de ses

ambitions et donner des indications précises aux

gérants de ce patrimoine.

Questions fondamentales : Avec quels moyens disponibles (revenus et/ou capital) pouvons-nous compter ? Ceux-ci permettent-ils de couvrir nos engagements annuels ? Avons-nous clairement communiqué à nos gérants ou experts financiers nos besoins à court et moyen terme, ainsi que notre profil de rendement/risque ?

4. Quel est notre processus d’évaluation ?

Les fondations sont peu sujettes aux pressions

externes. Les critères de qualité et d’efficacité sont

du ressort du conseil. En réponse à un contexte

changeant et exigeant, une fondation se doit

d’établir volontairement un cadre de fonctionne-

ment, des garde-fous ainsi que des processus de

contrôle. La mesure de la qualité et de l’impact

favorise le déploiement de la mission.

Questions fondamentales : Comment procédons-nous à l’évaluation de la qualité de nos actions ? Nos prestataires, notamment nos gérants de fortune, disposent-ils d’objectifs précis ? Ont-ils atteint les résultats escomptés ? Avons-nous clairement exprimé nos attentes, aussi en termes d’impact ? Avons-nous évalué avec diligence les options pour gérer notre capital en accord avec notre mission ?

5. Formons-nous un leadership responsable

et innovateur ?

La liberté dont disposent les fondations leur

confère une marge de manœuvre et une capacité

d’innovation considérables pour l’organisation,

la gestion et l’adoption des meilleures pratiques.

Cette liberté est à la fois un atout, une opportunité

et un défi. En partageant ses expériences, la fonda-

tion devient source d’inspiration et d’exemplarité.

Questions fondamentales : Savons-nous agir avec audace et en tant qu’entrepreneurs responsables dans notre mission d’utilité publique ? Osons-nous inspirer le changement et partager nos succès et échecs avec nos pairs ?

Nous espérons que les éclairages apportés par

cette étude permettront aux conseils de fondation

d’entrevoir leur engagement de manière pratique.

Nous sommes reconnaissants des commentaires

ou suggestions que tout lecteur voudrait bien nous

faire concernant cette publication.

Perspectives

Page 8: A l’ère de la transparence, quelles conséquences sur … · A l’ère de la transparence, quelles conséquences sur la gestion du patrimoine des fondations ? Etude sur les pratiques

8

La tradition suisse du don

La création d’une fondation constitue un des

moyens pour les donateurs qui disposent d’un

certain capital et qui souhaitent pérenniser leur

démarche philanthropique. La Suisse a toujours

favorisé la création de fondations. L’Inselspital,

créée à Berne en 13544, est l’une des plus

anciennes fondations encore en activité en Europe !

Les premières fondations ont été créées dès le

XIIe siècle. Le code civil suisse date quant à lui de

1907 ; les fondations y sont réglementées dans une

douzaine d’articles. Cette loi n’a d’ailleurs connu

que très peu de révisions au fil des décennies,

témoignant de la confiance du législateur dans

la capacité du fondateur à utiliser sa liberté de

manière responsable.

Selon le rapport 2014 sur les fondations en Suisse,

il existait, fin 2013, 12’909 fondations5 d’utilité

publique inscrites au Registre du Commerce.

Comparée à d’autres pays européens, la Suisse se

démarque largement : en France, il existait 3’220

fondations6 (à fin 2012, selon l’Observatoire de

la Fondation de France et le Centre Français des

Fonds et Fondations). En Allemagne, on compte

une fondation pour 5’000 habitants.

Avec une fondation pour 620 habitants, la Suisse

est l’un des pays au monde avec la plus grande

densité de fondations. En termes de montants, les

fondations suisses distribuent en moyenne 3% de

leur capital, sauf celles qui ont décidé de distribuer

l’intégralité de leur capital et donnent en moyenne

5% de leur capital par an7.

Enfin, on estime qu’en Suisse romande uniquement

les fondations disposent d’une fortune d’environ

CHF 20 milliards.

De la diversité des fondations d’utilité publique

Comment expliquer une telle importance des

fondations en Suisse ?

Une des premières raisons est sans aucun doute

la volonté politique de favoriser leur essor. En

effet, il est relativement simple de créer sa

propre fondation en droit suisse et les contraintes

réglementaires sont limitées8. Par ailleurs, les

fondations d’utilité publique sont exonérées

d’impôts sur le revenu et le capital. De plus, les

dons du contribuable suisse à une telle fondation

peuvent être déduits de son revenu taxable jusqu’à

concurrence de 20% de son revenu au niveau

fédéral (ce pourcentage peut varier d’un canton à

l’autre pour l’impôt cantonal).

Les acteurs du secteur de la philanthropie sont

de plus en plus ouverts et dynamiques. Dans ce

contexte, le fondateur pourra s’appuyer pour son

projet sur des nouveaux métiers et ressources

qui facilitent la gestion d’une telle organisation,

comme par exemple le Swiss Foundation Code9

(code de gouvernance). Mais, d’une manière

générale, il y a aussi en Suisse une tradition de

participation à la vie publique et de solidarité qui

explique le développement de ce secteur. Les

motivations particulières d’un donateur pour créer

une fondation d’utilité publique varient : volonté de

soutenir une cause de manière durable, engage-

ment pour faire la différence, ou désir de laisser

une trace pour les générations suivantes.

Il faut constater l’immense richesse et diversité du

secteur en Suisse.

D’une part, le législateur suisse a laissé au

fondateur une très grande liberté pour déterminer

le but qu’il veut donner à la fondation, les moyens

qu’il veut lui attribuer et comment il veut en

organiser les opérations. De cette liberté, découle

une variété de formes.

Fondations d’utilité publique : le Panorama en Suisse

Au fil des siècles et en particulier dans les moments de crise comme celui que nous traversons, la fondation est devenue un rouage économique et social déterminant qui participe au nouvel équilibre de notre société, entre transfert de compétences et de capital, entre partage avec la collectivité et quête de sens personnel. A l’heure où les Etats se désengagent, ces entités à but non lucratif jouent un rôle prépondérant dans la solution des enjeux sociaux et environnementaux.

4

5

6

fonds-et-fondations-en-france 7

12’909fondations d’utilité publique

étaient inscrites au Registre

du Commerce à fin 2013

Page 9: A l’ère de la transparence, quelles conséquences sur … · A l’ère de la transparence, quelles conséquences sur la gestion du patrimoine des fondations ? Etude sur les pratiques

9

D’autre part, la notion suisse d’intérêt public dont

découle le statut d’exonération fiscale est, en

comparaison internationale, relativement large.

Les domaines d’activité qu’elle englobe sont

étendus (caritatif, sanitaire, écologique, éducatif,

scientifique et culturel). De plus, ces buts peuvent

être poursuivis en Suisse mais aussi à l’étranger,

sans que cela remette en question le statut

d’utilité publique.

Cette ouverture à l’étranger, qui témoigne de la

solidarité internationale de la Suisse, contribue au

rayonnement et à la diversité de ses fondations.

Ce contexte favorable aux fondations a aussi

permis le développement de fondations de

tailles très différentes. Il faut cependant que ce

patrimoine soit et reste adapté pour permettre la

réalisation de son but. Si son but devenait inattei-

gnable, notamment faute de moyens financiers,

elle pourrait être dissoute par l’autorité de

surveillance compétente.

Force est de noter donc l’importance du patrimoine

financier dans la vie d’une fondation et, par voie de

conséquence, sa gestion qui va nous intéresser ici.

Quelles perspectives pour les fondations d’utilité publique ?

Les perspectives de croissance du secteur des

fondations sont bonnes. En 2013, il s’est créé plus

d’une fondation d’utilité publique par jour (381). La

même croissance est observée sur le montant de

Mais l’avenir des fondations doit s’inscrire dans

l’évolution des attentes et préoccupations de leurs

fondateurs. Ceux-ci cherchent de plus en

plus à donner de leur vivant et la pérennité de la

fondation n’est plus toujours une priorité. Ils

peuvent vouloir changer le but de leur fondation

en cours de route. Ils recherchent une certaine

souplesse d’action en même temps qu’un

accompagnement par des professionnels dans

le conseil de leur fondation pour sélectionner les

projets, orienter les investissements et s’assurer

de l’impact de leur action.

On assiste donc à une évolution des stratégies

des fondateurs et à une professionnalisation de

l’action philanthropique.

8

9

Page 10: A l’ère de la transparence, quelles conséquences sur … · A l’ère de la transparence, quelles conséquences sur la gestion du patrimoine des fondations ? Etude sur les pratiques

10

Nous avons envoyé un questionnaire ciblé à 210

fondations d’utilité publique, auquel 60 d’entre

elles ont accepté de répondre. Après un tri des

réponses complètes et utilisables, 54 question-

naires ont été retenus et exploités dans notre

analyse. Le taux de participation, qui atteint

presque 30%, est significatif.

La grande majorité des répondants assume, au

sein de leur fondation, une fonction de directeur ou

de secrétaire général, voir de membre du conseil.

Les questions relatives à la gestion du patrimoine

sont celles qui ont posé le plus de problèmes.

La technicité liée à la politique d’investissement

décourage encore beaucoup d’acteurs et explique

les réponses partielles ou approximatives dans les

deux parties dédiées aux placements financiers.

Il est intéressant de constater que 60% des répon-

dants sont des fondations récentes créées après

l’an 2000. Nous nous sommes interrogés sur le lien

entre la jeunesse des fondations et leur ouverture

à partager. Peut-être les nouvelles fondations

disposent-elles d’une organisation plus institution-

nelle, qui leur permet de mieux communiquer.

Il faut relever aussi que les missions et les actions

portées par ces fondations sont diverses. Cela

confirme la présence en Romandie d’un bassin

important d’acteurs actifs dans la philanthropie.

Leur contribution est fondamentale à la qualité

sociale (solidaire), culturelle et environnementale

de notre société.

La multiplication des thèmes (3 à 4) au sein

de certaines fondations soulève le risque de

dispersion et de dilution de l’impact.

Cette problématique ne fait pas l’objet d’une

analyse spécifique dans notre rapport, mais elle a

le mérite de rappeler quelques recommandations.

1. S’assurer que les moyens disponibles

(humains et financiers) sont adaptés aux

objectifs

2. Fédérer les fondations avec mission, objectifs

ou champs d’actions similaires

Panel de l’enquête

Un taux de participation significatif et une typologie très variée

La mission de votre institution traite-t-elle des thèmes suivants :

42%

Santé, recherche médicale

45%

Aides sociales

20%

Culture, art ou loisir

25%

Protection de l’enfance

25%

Soutien aux femmes

50%

Education, formation

22%

Aide humanitaire

24%

Protection de l’environnement et de la nature

35%

Autre

30%taux de réponse réjouissant

de près de 30%

Page 11: A l’ère de la transparence, quelles conséquences sur … · A l’ère de la transparence, quelles conséquences sur la gestion du patrimoine des fondations ? Etude sur les pratiques

11

< 1 mio

9

1 à 5 mios

8

5 à 10 mios

2

10 à 50 mios

14

> 50 mio

12

Capital disponible en CHF

Un panel illustratif

83% des répondants, à savoir 45 fondations, sont

dotés d’un capital. Ce qui correspond parfaitement

à notre cible recherchée pour évaluer les pratiques

de gestion du patrimoine. Les 17% restant sont

constitués de fondations dont le financement est

assuré soit par des flux réguliers provenant des

fondateurs ou d’une entreprise, soit par des appels

de fonds au public.

Parmi les fondations dotées de capital, 58%

disposent d’un montant sous gestion supérieur à

10 millions. Dans ce groupe, 12 annoncent un

montant supérieur à 50 millions, dont certaines

avec un capital de plusieurs centaines de millions.

Par déduction, le montant total géré par notre

échantillon est estimé à près de CHF 3 milliards.

83%des répondants, soit 45

fondations, sont dotés

d’un capital

Page 12: A l’ère de la transparence, quelles conséquences sur … · A l’ère de la transparence, quelles conséquences sur la gestion du patrimoine des fondations ? Etude sur les pratiques

12

Au rendement du capital de la fondation

Aux flux réguliers assurés par les fondateurs

A l’utilisation du capital

A la recherche régulière de fonds auprès de donateurs

A des co-financements avec d’autres fondations

Autre (veuillez préciser)

54%

37%

28%

26%

20%

26%

Pour le financement de ses projets, votre institution recourt (plusieurs réponses possibles) :

Des ressources financières multiples

Avant d’évaluer l’organisation et les techniques

financières utilisées, voyons comment sont finan-

cées les fondations. Les sources de revenus sont

souvent multiples et ne se limitent pas uniquement

au rendement de la fortune.

sur le rendement de leur fortune.

en partie grâce à leur capital, que ce soit par

la génération d’un rendement régulier ou par

l’utilisation de celui-ci.

multiples de financement qui leur permettent

d’assurer le fonctionnement de la structure et

le financement des projets.

On constate l’émergence de nouvelles manières

de générer du revenu ou de disposer de moyens

financiers supplémentaires. Citons en particulier

le co-financement qui permet de joindre les

forces et les moyens de plusieurs fondations pour

soutenir un projet.

63%des fondations sont financées

en partie grâce à leur capital

Page 13: A l’ère de la transparence, quelles conséquences sur … · A l’ère de la transparence, quelles conséquences sur la gestion du patrimoine des fondations ? Etude sur les pratiques

13

La bonne gestion d’une institution (appelée aussi

gouvernance) comprend l’ensemble des organes

et règles de décision, d’information et de surveil-

lance qui permettent de respecter les intérêts et

d’entendre les voix des parties concernées dans le

fonctionnement de l’institution.

Cette enquête était importante pour comprendre

l’organisation actuelle des fondations, leur mode

de fonctionnement et le rôle du conseil afin d’esti-

mer le niveau d’adoption des bonnes pratiques.

La diversité ressort comme un facteur récurrent

de notre analyse. L’historique, l’engagement per-

sonnel des fondateurs, la mission poursuivie ainsi

que les moyens à disposition influencent fortement

la structure et la gouvernance de chaque fonda-

tion. Les enjeux liés à la bonne gouvernance et la

volonté de la plupart de fondations d’y adhérer

sont évoqués de manière de plus en plus fréquente,

comme l’expriment ces deux sondés :

compétences variées et complémentaires, avec

la volonté de transparence et de pratiques

éthiques ainsi que le souhait de collaborer avec

d’autres fondations. »

des bonnes pratiques entre autres par : des ateliers

et formations plus accessibles, des possibilités

d’autoévaluation, des interventions de partenaires

externes, la rédaction d’un code ou recommanda-

tions à l’attention des fondations

mixtes également. »

Gouvernance

Fondée en 1980 par le couple Leenaards, la Fondation s’est donné pour mission de stimuler la dynamique créatrice dans l’arc lémanique. Dotée d’un capital d’origine de CHF 325 millions, la Fondation œuvre sous la forme de mécénat et soutient des projets culturels, sociaux et scien-tifiques retenus pour leur caractère novateur, leur qualité et leur ambition d’accompagner les mutations rapides de la société.

La gouvernance de la fondation n’a eu de cesse d’évoluer depuis son origine. En 1996, après le décès de M. Leenaards, le conseil de fondation a mis en place une structure comprenant des commissions par domaine d’activité, dont une commission financière indépendante. Des règles de fonctionnement plus précises du conseil ont été établies (clauses d’incompatibilité, principe de récusation, etc.).

Depuis, la structure a continué d’évoluer avec une préoccupation d’adapter le fonctionnement et les directives aux nouvelles exigences du secteur. Dès 2013, le nouveau président et le directeur poursuivent dans cette direction et œuvrent pour l’adoption des meilleures pratiques, en s’inspirant entre autres du code de gouvernance de la « Swiss Foundation ».

L’organisation très structurée de la Fondation

Leenaards lui confère un aspect unique. Elle est

dotée d’un conseil de fondation, d’une équipe de

direction et de quatre commissions (finances,

sociale, scientifique et culturelle).

Comment expliquer cette évolution vers une

gouvernance forte ?

La Fondation Leenaards a explicité sa vision

stratégique. De son rôle traditionnel d’acteur

philanthropique, elle évolue vers une responsabi-

lité plus large d’investisseur social, qui souhaite

accompagner des mutations de la société avec

l’ambition d’en évaluer les résultats concrets.

Pour ce faire, l’institution doit disposer du bon

savoir au bon niveau. La présence de compétences

fortes est une nécessité, tant au niveau du conseil

et des commissions qu’au niveau de la direction.

Une bonne gouvernance ne garantit pas un

résultat, mais une mauvaise gouvernance rend la

réalisation de la mission quasiment impossible.

C’est une condition de base.

Entretien avec Peter Brey, Directeur de la Fondation LeenaardsSur les bonnes pratiques en matière de gouvernance

Page 14: A l’ère de la transparence, quelles conséquences sur … · A l’ère de la transparence, quelles conséquences sur la gestion du patrimoine des fondations ? Etude sur les pratiques

14

Quel a été le moteur de cette démarche ?

L’évolution s’est faite dans la continuité. De par sa

taille et son rayonnement régional, la Fondation

Leenaards a développé une culture de bonne gou-

vernance qui lui assure une véritable indépendance

(politique et thématique) et renforce sa crédibilité.

Cela fait partie de son ADN.

Nous avons établi des règles précises qui défi-

nissent les rôles et les responsabilités entre le

stratégique (conseil de fondation) et l’opérationnel

(commissions et direction). Ces mécanismes en

place sont essentiels pour assurer une collabora-

tion efficace avec d’autres partenaires, anticiper et

gérer les conflits d’intérêt et assurer une utilisation

optimale des ressources (humaines, financières

ou techniques).

Comment trouver les bons profils pour

gérer la relève ?

Grâce à la qualité et l’impact de ses programmes

ainsi qu’à sa réputation, la fondation bénéficie du

soutien et de l’apport de compétences de près de

40 personnes actives dans divers organes

ou commissions.

La présidence de chaque commission est assurée

par un membre du conseil de fondation, ce qui

assure une fluidité de l’information et de la prise de

décisions. Les clauses de limite d’âge et de durée

des mandats qui figurent dans les statuts obligent

la fondation à se préoccuper régulièrement du

renouvellement de ses organes.

La commission des finances regroupe de

nombreux experts : quel est leur rôle et leur marge

de manœuvre ?

La volonté d’organiser une commission financière

existe depuis longtemps. Elle s’est concrétisée en

1996 et s’est fortement professionnalisée depuis.

Dans le cadre stratégique donné par le conseil,

la responsabilité de l‘allocation tactique est

assumée par la commission finances qui se réunit

6 à 8 fois par an.

Cette commission est composée de membres très

qualifiés et disposant d’une longue expérience dans

le domaine de l’investissement. Cela dit, il n’y a pas

de volonté d’internaliser la gestion. Les mandats,

en général par type d’instrument financier, sont

confiés à l’externe. Le choix des gestionnaires

répond à des critères de sélection précis et est

conforme au règlement d’investissement. La règle

d’or reste la diversification qui limite la concentra-

tion des risques et évite les conflits d’intérêt.

Quels enseignements retenir de ce mode d’organi-

sation et partager avec vos pairs ?

Un système structuré permet aux membres du

conseil de se concentrer sur les enjeux et les

réflexions stratégiques et aux membres des

commissions de se concentrer sur les questions

thématiques. L’inconvénient c’est qu’une action

plus stratégique requiert de leur part un engage-

ment sur la durée et un contact régulier avec la

direction. Celle-ci se doit d’être professionnelle.

Sa responsabilité première est de faire fonctionner

cette organisation assez complexe en gardant la

vision globale et d’agir comme force de proposition

en assurant la cohérence de l’ensemble. Son rôle

se rapproche de celui de chef d’orchestre.

Votre conclusion ?

Une bonne gouvernance est un postulat de base

pour assurer le bon fonctionnement d’une orga-

nisation. Une démarche d’introspection permet

au conseil de fondation de se poser les bonnes

questions et l’aide à définir la forme de gouver-

nance la plus appropriée en fonction des objectifs

et moyens à disposition. Les crises de gouvernance

sont plutôt la règle que l’exception dans notre

secteur il est donc important d’anticiper !

la règle que l’exception dans notre secteur, il

est donc important d’anticiper ! »

Page 15: A l’ère de la transparence, quelles conséquences sur … · A l’ère de la transparence, quelles conséquences sur la gestion du patrimoine des fondations ? Etude sur les pratiques

15

Organisation opérationnelle

opérationnel (le) ou d’un secrétaire général, un rôle

essentiel pour assurer la gestion opérationnelle

et le suivi des programmes, ainsi que d’alléger

l’activité du conseil qui peut se concentrer sur les

questions stratégiques.

L’absence de cette fonction n’est pas forcément

liée à la taille ni au patrimoine sous gestion,

mais dépend de l’histoire ou de la mission de la

fondation. Cette fonction est souvent inexistante,

lorsque le fondateur (ou autres membres de la

famille) est présent et engagé personnellement.

Une autre raison peut être la collaboration avec

d’autres institutions et les opportunités de syner-

gies sur des projets.

La présence d’un directeur financier est plutôt une

exception, puisque seules 22% des fondations ont

pourvu cette fonction. Ce poste existe principale-

ment dans les fondations importantes dotées d’un

capital supérieur à CHF 10 millions ou disposant de

flux financiers récurrents.

Relevons la très grande variété des fondations

dans la manière de s’organiser opérationnellement.

Il y a peu de corrélation entre la taille du patri-

moine et le nombre d’employés, de bénévoles ou

de membres du conseil de fondation. Ceci reflète la

variété des institutions qui justifie l’organisation et

le type de financement de chacune.

12

41

39

12

Vorte organisation dispose-telle ?

secrétaire général ?

D’un directeur financier ?

oui

non

78%des fondations disposent

d’un directeur ou

d’un secrétaire général

Page 16: A l’ère de la transparence, quelles conséquences sur … · A l’ère de la transparence, quelles conséquences sur la gestion du patrimoine des fondations ? Etude sur les pratiques

16

Composition du conseil de fondation

Organe-clé de l’organisation, le conseil de fonda-

tion joue un rôle fondamental dans le fonctionne-

ment et la pérennité de la fondation.

A l’exception de trois fondations, l’ensemble des

répondants ont un conseil de fondation constitué

au minimum de 3 personnes. 53% indiquent

disposer d’un conseil de fondation avec 4 à

7 membres et 27% déclarent un nombre de

membres supérieur à 8.

Les fondations disposant d’un conseil de fondation

important (supérieur à 8 membres) sont principale-

ment de grandes fondations (70% des cas), dotées

d’un capital de plus de 10 millions. Celles-ci ont

besoin d’une répartition claire des rôles et respon-

sabilités. Ceci dit, les fondations fortement

dotées ne bénéficient pas systématiquement d’un

conseil nombreux.

Indépendamment de la taille, chez 66% des

répondants, le conseil se réunit deux à quatre

fois par an.

Les professions les plus représentées dans les

conseils de fondation sont les experts légaux

(avocats ou juristes) et financiers (banquiers ou

comptables). Leurs compétences semblent être

essentielles au bon fonctionnement et au suivi

juridique de l’institution. On peut toutefois s’inter-

roger sur leur surreprésentation qui s’élève à près

diversification des compétences et de potentiels

conflits d’intérêts. (Voir l’entretien avec Bernard

A l’inverse, on peut s’étonner de la faible présence

d’experts scientifiques ou de représentants issus

de l’univers des ONG, alors que nombres d’objectifs

poursuivis par ces fondations concernent ces

domaines. Ce constat est pondéré dans certaines

réponses par la présence d’autres professions

indépendantes comme des médecins, des

conseillers en philanthropie, des entrepreneurs

ou des artistes.

Banquier ou expert financier

Avocat ou juriste

Comptable ou fiduciaire

Représentant d’ONG (actuel ou ancien)

Expert scientifique

Politicien (actuel ou ancien)

Autre (veuillez préciser)

Quelles professions sont représentées dans votre conseil de fondation ? (plusieurs réponses possibles)

66%

68%

28%

25%

23%

17%

64%

66%des sondés ont un conseil

qui se réunit deux à quatre

fois par an

Page 17: A l’ère de la transparence, quelles conséquences sur … · A l’ère de la transparence, quelles conséquences sur la gestion du patrimoine des fondations ? Etude sur les pratiques

17

Délégation des tâches

Pour une large proportion (43%), le conseil de fondation assume et gère la plupart des tâches relatives à

la gestion de la fondation. En effet, 23 fondations indiquent ne rien déléguer.

Les tâches déléguées sont celles qui font appel à une expertise particulière, comme la gestion du

patrimoine, la sélection et gestion de projet ou le comité scientifique. Il paraît naturel de rechercher des

spécialistes pour ces domaines techniques et, dans certains cas, d’externaliser ces rôles.

Une large majorité (73%) dispose d’équipes internes ou de bénévoles qui soutiennent le conseil dans la

gestion et le suivi de ces activités.

Niveau de satisfaction

Malgré la charge de travail qui incombe à certains conseils, le sentiment général quant au fonctionnement

du conseil de fondation est relativement positif. L’organisation semble adaptée à l’institution, les rôles bien

définis et les tâches efficacement réparties.

La grande majorité des répondants (69%) exprime une satisfaction totale. Quelques-uns (25%)

reconnaissent la nécessité d’améliorer certains aspects. Seules trois fondations expriment une

insatisfaction, due à une situation particulière comme une transformation ou une réorganisation.

Le conseil de fondation a-t-il délégué certaines tâches à des comités ou commissions ad hoc ?

Fonctionnement approprié du conseil de fondation

Aucune

Gestion du patrimoine

Sélection et gestion de projets

Recherche de fonds

Autre (veuillez préciser)

36%

43%

26%

13%

21%

69% Entièrement d’accord

25% Partiellement d’accord

6% Pas d’accord

27%des fondations ne disposent

pas d’ une équipe interne ou

de bénévoles

Page 18: A l’ère de la transparence, quelles conséquences sur … · A l’ère de la transparence, quelles conséquences sur la gestion du patrimoine des fondations ? Etude sur les pratiques

18

Ces résultats très encourageants concernant la

gouvernance sont pourtant en contradiction par-

tielle avec les préoccupations d’avenir exprimées

par les sondés. En effet, nombre d’entre eux juge

nécessaire une amélioration de la gouvernance.

La majorité des répondants (50%) estime que

la composition des conseils de fondation est

un thème de haute importance qui devrait être

amélioré en priorité.

La question des conflits d’intérêt ressort éga-

lement comme méritant toute l’attention des

conseils pour 50% des répondants. On relève une

dichotomie entre l’analyse de sa propre fondation

et les enjeux du secteur.

La gouvernance va devenir un enjeu important

Entretien avec Bernard Vischer, avocat, associé Schellenberg WittmerSur la gouvernance, la transparence et le conflit d’intérêts

Le sondage révèle que 35 fondations sur 36

estiment que l’organisation de la gestion du

patrimoine ne présente pas (ou pas vraiment)

de conflit d’intérêts.

Est-ce à dire que la problématique des conflits

d’intérêts concerne peu les fondations ?

Les situations de conflit d’intérêts peuvent être

diverses et variées. Il est difficile d’appréhender la

problématique de manière générale et abstraite.

Le droit suisse des fondations ne prévoit pas

de règles détaillées traitant des conflits. Ce ne

sont que les cas évidents de poursuite d’un

intérêt personnel par un membre du conseil au

détriment de la fondation qui pourront engager

la responsabilité des membres du conseil au

titre d’une violation de leur devoir de loyauté de

mandataire (art. 398 al. 2 CO).

Ainsi, la loi n’empêche en principe pas une

fondation de confier la gestion de son patrimoine à

la banque (de bonne réputation et performante)

où travaille le banquier qui met (bénévolement) ses

compétences au service de la fondation.

Pourtant, il s’agit bien d’une situation de conflit

d’intérêts, potentiellement dommageable. Le

conseil devrait donc à tout le moins avoir pris la

décision en connaissance de cause et s’être

assuré qu’elle est bien dans le meilleur intérêt de

la fondation.

Le risque de laisser l’intérêt particulier d’un

membre du conseil prévaloir sur le meilleur intérêt

de la fondation est accentué par le fait qu’une

fondation n’a pas d’organe qui surveille l’activité

du conseil de fondation en opportunité ;

l’autorité de surveillance ne contrôle que la légalité

de la gestion.

Quels sont, selon vous, les thèmes à améliorer en priorité dans le fonctionnement des fondations concernant la Gouvernance ?

Très important

Neutre

Pas important

Composition du conseil de fondation

Organisation du conseil de fondation

Gestion des conflits intérêts

50%estiment que la composition

des conseils de fondation

est un thème de haute

importance

Nombre de réponses

Page 19: A l’ère de la transparence, quelles conséquences sur … · A l’ère de la transparence, quelles conséquences sur la gestion du patrimoine des fondations ? Etude sur les pratiques

19

De plus, les membres d’un conseil de fondation

auront une tendance naturelle à considérer que

les intérêts qui peuvent paraître opposés vus de

l’extérieur sont en réalité convergents.

Comment alors prévenir les conflits d’intérêts ?

Au vu de l’impact négatif que les conflits d’intérêts

peuvent avoir sur les résultats de la gestion

financière, sur l’action et sur la réputation d’une

fondation, il faut prévoir la manière de les identifier

et de les gérer.

Les principales mesures envisageables, sont les

suivantes, comme l’illustre la recommandation 11

du Swiss Foundation Code de 2009 :

permanent, la personne concernée renonce à

faire partie du conseil de fondation.

− La personne concernée signale le conflit

d’intérêts. Cette information est nécessaire

même si la personne concernée se récuse.

− Elle se récuse au moment de la décision

et, selon les cas, ne participe même pas

à la discussion.

− Le conseil de fondation procède à un

appel d’offre et documente les motifs

de la décision.

Une règlementation des conflits d’intérêts vous

paraît-elle nécessaire ?

Dans le cas d’une fondation, la gestion des conflits

d’intérêts est avant tout basée sur l’adoption,

sur une base volontaire, de règles claires par le

fondateur ou le conseil de fondation ; ensuite

c’est une affaire de discipline individuelle des

membres du conseil de fondation.

Anticiper les situations de conflit d’intérêts par une

réglementation interne adéquate permet de

fixer les standards de manière objective, à tête

reposée, et met les membres du conseil de

fondation devant leurs responsabilités lorsqu’ils se

retrouvent effectivement dans une situation

de conflit d’intérêts.

C’est une chance pour les fondations suisses

de pouvoir adopter des règles adaptées à leurs

situations spécifiques, sans cadre légal trop

contraignant, mais il convient qu’elles la saisissent.

auront une tendance naturelle à considérer que

les intérêts qui peuvent paraître opposés vus

de l’extérieur sont en réalité convergents. »

Page 20: A l’ère de la transparence, quelles conséquences sur … · A l’ère de la transparence, quelles conséquences sur la gestion du patrimoine des fondations ? Etude sur les pratiques

20

L’objectif d’une fondation donatrice est la poursuite de son but en préservant durablement l’équilibre financier. Ce principe devrait être pris en compte au mieux dans la gestion du patrimoine 10.

Tributaire de la complexité des marchés financiers,

la gestion de patrimoine requiert des compétences

et des ressources toujours plus importantes. La

stratégie de placement est définie à l’aune des

objectifs de rendement, des risques assumés ainsi

que des contraintes éthiques de la fondation.

Le choix d’éventuels prestataires externes pourrait

également être pris en considération. La gestion de

patrimoine s’inscrit dans un processus dynamique,

qui demande à être revu régulièrement, en prenant

compte de l’évolution de la situation spécifique à la

fondation ainsi que des conditions du marché.

Gestion du patrimoine

Pour une fondation, quels sont les enjeux liés à

gestion du patrimoine ?

Avant toute démarche liée à la gestion du patri-

moine, je conseille aux fondations d’établir leur

profil financier, à savoir une cartographie de leurs

besoins relativement à leurs moyens.

Il faut d’abord définir l’horizon de temps et le mode

de fonctionnement : la nature de la fondation, selon

qu’elle se projette dans une durée de vie

permanente ou limitée dans le temps, détermine

sa stratégie financière. La couverture de ses

coûts de fonctionnement influence également

ses besoins. Est-ce une fondation donatrice

ou opérationnelle ? Doit-elle intégrer les coûts

de fonctionnement dans son budget annuel et

dégager un revenu stable ?

Enfin, la typologie du financement des pro-

grammes est aussi déterminante. Est-ce que

la fondation gère et organise seule ses

programmes ? Ou recherche-t-elle du cofinance-

ment, des partenaires financiers ?

Ensuite, il faut évaluer la nature du capital et des

ressources disponibles : il est nécessaire d’évaluer

les moyens financiers dont dispose la fondation.

Si elle bénéficie d’un capital, de quoi ce dernier

est-il constitué ? De valeurs mobilières (actions ou

obligations) ? D’un parc immobilier ? De brevets ?

La fondation peut-elle compter sur des flux

réguliers du fondateur ou d’une entreprise ? Les

réponses permettent de mettre en perspective

les mécanismes de revenus en fonction des flux

ainsi que les ressources financières dont dispose

la fondation.

Une fois cette cartographie établie, le trésorier

peut préparer pour le conseil de fondation un plan

de financement à long terme qui tient compte des

éléments suivants :

- Rendement attendu : assurer une régularité des

revenus en fonction de la nature du capital.

- Profil de risque : évaluer la stabilité et prévisibi-

lité des rendements en fonction de leur nature

(actions, obligations, immobilier, royalties, etc.).

- Internalisation ou externalisation de la gestion :

définir la capacité existante de la fondation

de gérer ses ressources financières, ou la

nécessité d’acquérir cette compétence, ou de

gestionnaires ou banques).

Les conseils de fondation sont-ils assez conscients

des choix à consentir entre stabilité du rendement

et prise de risque ?

La vraie question à se poser est de savoir si les

actifs disponibles aujourd’hui sont adaptés aux

ambitions de la fondation.

Dans l’environnent économique actuel de taux bas

et de rendement faible, il peut s’avérer nécessaire

de sortir des placements classiques. Il est

possible de rechercher de nouvelles sources de

rendement en sélectionnant des classes d’actifs

Entretien avec Didier Cherpitel de la Fondation Mérieux et de la Swiss Philanthropy FoundationSur les enjeux de la gestion du patrimoine pour une fondation et le partage d’expériences

10 Référence Swiss Foundation 2012

actifs disponibles aujourd’hui sont adaptés aux

ambitions de la fondation. »

Page 21: A l’ère de la transparence, quelles conséquences sur … · A l’ère de la transparence, quelles conséquences sur la gestion du patrimoine des fondations ? Etude sur les pratiques

21

plus atypiques, souvent moins liquides

(p.ex. le private equity ou produits structurés), ou

en investissant dans des régions périphériques

(ex : pays émergents).

Le conseil de fondation prend alors des risques

supplémentaires, qu’il doit bien comprendre et

évaluer correctement.

Quelle influence peut avoir la taille de la fondation

sur la gestion ?

La taille de la fondation influence directement le

style de gestion à adopter et le niveau de risque à

assumer. De manière simplifiée, je dirais que les

petites fondations dotées de moins de CHF 50

millions doivent opter pour une gestion prudente et

plutôt conservatrice.

Leur marge de manœuvre est modeste et limite

les possibilités de choix dans l’allocation.

Une délégation de la gestion à l’externe semble

généralement plus appropriée.

Les fondations plus importantes dont la taille du

capital est supérieure à CHF 50 millions disposent

d’une plus grande marge de manœuvre. Elles

peuvent consentir à des investissements plus

complexes, voire plus risqués.

Pour certaines, il est possible d’envisager une

internalisation de la gestion si les compétences

sont disponibles. Néanmoins, l’appui d’un

expert externe pour des choix plus techniques

devrait être envisagé.

Quels seraient les compromis à faire et à ne pas

faire en termes de gestion ?

Idéalement – pour assurer une gestion pérenne

de la fondation grâce à son capital – on recom-

mande une consommation maximale de la

fortune de 3% à 4% par an. Cette règle peut faire

exception lors du démarrage ou d’une période de

transformation. Des compromis financiers peuvent

alors se justifier. Ces situations particulières

exigent en effet des investissements importants

en termes de personnel, de technologie (IT) ou

de déplacements.

Par contre, il y a des compromis qu’il ne faut pas

faire, au risque de mettre en danger la viabilité

de la fondation : une consommation immédiate et

conséquente du capital supérieure à 20% lors de

la création de la fondation, par exemple. Le capital

ainsi dépensé n’est plus suffisant pour assurer les

revenus récurrents nécessaires. Il faut éviter de

mettre tous les œufs dans le même panier en ne

choisissant qu’un seul gestionnaire ou en n’inves-

tissant que dans une seule classe d’actifs (p.ex.

uniquement en actions). La diversification est le

mot-clé pour la pérennité.

Un débat doit avoir lieu au sein du conseil pour

déterminer la ligne de conduite financière

en fonction des objectifs de la fondation, de

sa stratégie, de ses partenaires (ou non) et

de la taille de son capital ou sa fortune.

Prévisibilité rime avec pérennité !

Page 22: A l’ère de la transparence, quelles conséquences sur … · A l’ère de la transparence, quelles conséquences sur la gestion du patrimoine des fondations ? Etude sur les pratiques

22

Gestion du patrimoine : organisation

Si l’objectif de la fondation est de poursuivre son

but à long terme grâce au rendement de son

capital, celle-ci doit se préoccuper de la gestion du

patrimoine. L’implication du conseil de fondation

et le temps qu’il y consacre dépendent directement

des compétences à disposition.

Pour 53% des fondations, le temps consacré par

le conseil de fondation au suivi de la gestion du

patrimoine est très modeste (10% du temps).

A l’opposé, 13% des fondations consacrent

plus de 25% de leur temps à ce suivi. Ce sont

essentiellement des fondations dotées d’un capital

important (plus de 10 millions). En revanche, le

nombre de membres au Conseil n’a pas d’influence

directe sur le temps consacré.

On constate une répartition assez claire des

responsabilités entre la réflexion stratégique

(règlements et principes de placement et alloca-

tion stratégique) et la gestion opérationnelle.

La responsabilité stratégique est largement assu-

mée par le conseil de fondation. Elle comprend la

définition du règlement, la stratégie de placement,

la sélection des gestionnaires externes et la revue

de l’activité de placement.

La gestion opérationnelle est, quant à elle, majori-

tairement déléguée à la direction ou comité ad hoc,

voire externalisée.

Lors des séances du conseil de fondation, quel pourcentage du temps est consacré au suivi de la gestion du patrimoine ?

Qui du conseil de fondation, du comité, de la direction, ou d’une ressource externe est responsable des tâches suivantes ?

< 10%

10 - 25%

> 25%

Conseil

Direction

Conseiller externe

Rédaction du règlement de placement

Définition de la stratégie de placement

Fixation d’indices de référence

Sélection des gestionnaires de fortune (mandat ou fonds)

Revue de l’activité de placement

10%c’est le temps moyen

consacré à la gestion

du patrimoine

Nombre de réponses

Page 23: A l’ère de la transparence, quelles conséquences sur … · A l’ère de la transparence, quelles conséquences sur la gestion du patrimoine des fondations ? Etude sur les pratiques

23

Gestion du patrimoine : délégation

Les activités opérationnelles de gestion, qui

comprennent les transactions et le suivi des

portefeuilles, sont partiellement ou totalement

déléguées à l’externe. Sur les 45 fondations

dotées en capital, 33 ont entièrement délégué

cette tâche, 12 s’appuient aussi sur des ressources

internes et 2 ont entièrement internalisé la gestion.

En toute logique, ce sont principalement des fon-

dations disposant d’un capital de plus de CHF 10

millions qui disposent de compétences financières

internes. A l’inverse, il est intéressant de constater

que les fondations plus modestes n’utilisent pas

leurs forces vives pour l’activité de gestion. Ces

dernières font le choix de solliciter des experts

externes pour la mise en œuvre opérationnelle.

Dans le choix des prestataires pour leurs inves-

tissements, les très grandes fondations dotées

de plus de 50 millions privilégient la collaboration

avec des institutions bancaires. Les fondations de

taille moyenne octroient des mandats aussi bien

aux banques qu’à des tiers gérants.

La gestion du patrimoine est assumée opérationnellement par (plusieurs réponses possibles) :

Collaborateur(s) interne(s) - membres du conseil de fondation, du comité ou de la direction 1 à 3 mandats

> 3 mandats

Nombre de réponses

Page 24: A l’ère de la transparence, quelles conséquences sur … · A l’ère de la transparence, quelles conséquences sur la gestion du patrimoine des fondations ? Etude sur les pratiques

24

Gestion du patrimoine : critères de sélection

Si la délégation d’une partie ou de la totalité de la

gestion se justifie pour optimiser les ressources et

donner accès à des compétences spécifiques, elle

nécessite cependant une attention et une diligence

particulières. Les critères prioritaires dans le choix

des prestataires externes sont :

(notamment liée aux frais de gestion)

La performance historique, sans être primordiale,

ressort presque unanimement comme un

facteur important. Parmi les critères considérés

comme secondaires, citons l’innovation

(offre originale, offre durable, etc.), la taille de

l’institution et la présence locale. Ces résultats

sont en ligne avec les préoccupations actuelles

des investisseurs qui souhaitent de la performance

mais pas à n’importe quelles conditions.

Pouvez-vous hiérarchiser les critères principaux utilisés pour sa sélection ?

Indépendance - absence conflit d’intérêt

Expertise spécifique - compétence

Offre d’investissement durable - éthique

Service - conseil

Frais de gestion - transparence

Intégrité - réputation

Reporting - documentation

Présence locale - proximité

Performance financière historique

Taille institution financière

Innovation - originalité offre

Très important

Important

Peu important

Nombre de réponses

Page 25: A l’ère de la transparence, quelles conséquences sur … · A l’ère de la transparence, quelles conséquences sur la gestion du patrimoine des fondations ? Etude sur les pratiques

25

Gestion du patrimoine : objectifs de gestion

Interrogés sur leurs priorités concernant la

gestion du patrimoine, 55% des sondés citent la

protection du capital comme une priorité. Didier

que la gestion du patrimoine doit être le résultat

d’une analyse des besoins relativement aux

moyens de la fondation ainsi que de ses objectifs.

La conservation du patrimoine est particulière-

ment critique pour les petites fondations dotées de

moins de 5 millions. Est-ce une question de survie ?

On constate ici les limites du modèle du finance-

ment par le rendement du capital au-dessous d’un

certain seuil.

L’objectif de rendement absolu, à savoir un

rendement régulier et stable, semble concerner

principalement les très grandes fondations dotées

de plus de 50 millions, qui dépendent de la régula-

rité des flux financiers provenant des placements

pour assurer le fonctionnement de la fondation.

Quant à l’objectif de rendement relatif (comparé

à un indice de référence), cette pratique n’est

pas étendue dans le secteur des fondations mais

elle est coutumière des grands investisseurs

institutionnels. Il n’y a que 37% des répondants qui

utilisent cette mesure et la taille ne semble pas

jouer un rôle déterminant dans ce choix.

Relevons enfin que 34% des répondants imposent

des critères éthiques à leurs gérants, comme

par exemple l’exclusion de secteurs sensibles

(tabac ou armement), de certaines classes

d’investissement controversés (hedge funds,

produits structurés).

Ces résultats expriment un certain conservatisme

qui prévaut dans le secteur à l’égard de la gestion

du patrimoine. Cette volonté claire de protection

du capital se traduit par une aversion au risque,

ce qui explique peut-être la faible propension pour

des approches de gestion innovantes et originales.

Pourtant, dans le contexte actuel de rendement

extrêmement bas, rares sont les fondations qui ont

revu leurs objectifs à la baisse ou augmenté leur

profil de risque. Il en va pourtant de la pérennité

de la fondation de régulièrement remettre en

perspective les besoins relativement aux moyens.

Quels sont les deux principaux objectifs donnés à votre (vos) gérant(s) :

Assurer un rendement absolu

Protéger le capital - patrimoine

Respecter des directives éthiques

Budget de risque maximum

55%

37%

34%

18%

Je ne sais pas

5%

8%

34%imposent des critères

éthiques à leurs gérants

Autre (veuillez préciser)

18%

Page 26: A l’ère de la transparence, quelles conséquences sur … · A l’ère de la transparence, quelles conséquences sur la gestion du patrimoine des fondations ? Etude sur les pratiques

26

Philosophie d’investissement

Cette prudence se reflète logiquement dans

l’allocation d’actifs, où les profils des placements

sont généralement balancés. Les institutions les

plus agressives, dont le pourcentage en actions

dépasse 45%, sont celles qui sont le moins dépen-

dantes de la régularité des revenus. Certaines

bénéficient de flux additionnels des fondateurs,

d’autres ont décidé d’utiliser en partie le capital, ou

ont opté pour des solutions innovantes en partici-

pant, par exemple, au cofinancement de projets.

On observe que 52% des sondés privilégient une

approche active pour la gestion des actions, tandis

La poche obligataire est quand à elle gérée de

manière passive pour 50% des répondants et de

manière active pour 42%.

L’utilisation de véhicules de placement collectif est

relativement importante : ils sont présents dans

70% des portefeuilles. Dans 42% des cas, ils sont

complétés par des lignes directes.

Quelle philosophie d’investissement appliquez-vous à la gestion ?

Mixte

Approche active

Approche passive (réplication d’indice de marché)

Action

Obligation

Je ne sais pas

La stratégie de placement est principalement mise en oeuvre par :

42% Fonds de placements

25% Lignes directes

42% Mixte

6% Je ne sais pas

70%L’utilisation de véhicules

de placement collectif est

importante : ils sont présents

dans 70% des portefeuilles

Nombre de réponses

Page 27: A l’ère de la transparence, quelles conséquences sur … · A l’ère de la transparence, quelles conséquences sur la gestion du patrimoine des fondations ? Etude sur les pratiques

27

Niveau de satisfaction et perspectives

Une très large majorité des fondations interrogées

exprime une grande satisfaction de la gestion du

patrimoine de leur propre organisation. Seules trois

réponses évoquent le problème de la transparence

des frais de gestion.

Cette satisfaction quasi unanime peut toutefois

surprendre au vu de la faible fréquence de revue

des prestataires. En effet, seule une fondation

sur deux procède de manière systématique à une

évaluation annuelle des performances et presta-

Conscients de la complexification des enjeux liés

à la gestion de fortune, les sondés expriment cer-

taines inquiétudes pour l’avenir. Pour une majorité

d’entre eux, il faut améliorer le professionnalisme

et la transparence notamment autour du cumul

des frais de gestion.

Mixte

Approche active

Approche passive (réplication d’indice de marché)

53% Oui

47% Non

Pouvez-vous indiquer s’il existe un processus systématique de revue/évaluation des gestionnaires ?

Si vous deviez évaluer la mise en œuvre de la gestion du patrimoine de votre institution vous diriez qu’elle est :

Entièrement d’accord

Partiellement d’accord

Partiellement en désaccord

Pas d’accord

53%procèdent à une revue

systématique

des gestionnaires

Nombre de réponses

Page 28: A l’ère de la transparence, quelles conséquences sur … · A l’ère de la transparence, quelles conséquences sur la gestion du patrimoine des fondations ? Etude sur les pratiques

28

Entretien avec Olivier Baudry, Membre du Management Committee Région Suisse, Banque Julius BaerSur le rôle des banques et des gestionnaires à l’ère de la transparence

Le secteur financier fait face à une nouvelle donne :

les clients et les régulateurs exigent plus de

transparence, d’intégrité et une meilleure gestion

des conflits d’intérêts.

pour répondre à ces nouvelles exigences ?

La crise financière de 2008 et ses conséquences

(la faiblesse de la croissance économique et

l’endettement des pays industrialisés) ont touché

l’ensemble du secteur financier et de ce fait la

banque privée suisse. Ceci a suscité une vague de

changement et de transparence.

Certaines banques ont disparu, d’autres ont été

ébranlées ou ont dû revoir leur modèle d’affaire.

Les rétrocessions des fonds, importantes sources

de profit pour le secteur financier, ont été rendues

transparentes (ou créditées au client final).

L’approche en architecture ouverte (conseil en

investissement des meilleurs produits du mar-

ché versus les produits internes), en constante

croissance depuis lors, permet de minimiser les

conflits d’intérêts.

Ce modèle, qui est celui de notre établissement,

a gagné en maturité et répond aux demandes

de transparence, de qualité et de rendement

de la clientèle.

Face à ces nouvelles donnes, quelles banques

vont réussir à s’adapter et quelles banques

vont échouer ?

Une des clés de la survie consiste probablement

à tirer profit des marchés où se crée la richesse

comme les pays émergents.

Les banques devront également pouvoir répondre

aux plus jeunes générations via les dernières

solutions digitales.

De plus, les banques ne doivent également plus

s’attendre à ce que les clients viennent a elles

mais à aller les servir directement dans leur pays

de résidence (on shore).

Enfin, dans le domaine qui nous intéresse, les

banques devront intégrer dans leur processus

d’investissement les aspects environnementaux,

sociaux et de gouvernance (ESG) de manière

plus structurée.

Ces évolutions auront des incidences importantes

sur la transparence, la traçabilité et la protection

des consommateurs.

Quels sont, selon vous, les thèmes à améliorer en priorité dans le fonctionnement des fondations concernant la gestion du patrimoine ?

Diversification

Gestion en accord avec la mission (MRI)

Transparence

Professionnalisation

Très important

Neutre

Pas important

Nombre de réponses

Page 29: A l’ère de la transparence, quelles conséquences sur … · A l’ère de la transparence, quelles conséquences sur la gestion du patrimoine des fondations ? Etude sur les pratiques

29

Les fondations se trouvent-elles aussi à un période

charnière et seront-elles le moteur d’un change-

ment au travers d’une gestion plus transparente

et responsable ?

La Suisse a une longue tradition philanthropique,

notamment grâce à un environnement juridique

porteur. La Suisse héberge un grand nombre d’ONG

et d’organisations internationales et, de ce fait, est

toute indiquée pour définir les tendances en

la matière. La diversité et la taille des fondations

ont généré un environnement hétéroclite et

parfois opaque.

Seules les grandes fondations sont obligatoire-

ment auditées et l’obligation de communication de

leurs données-clés est minime. J’ajouterai encore

que dans la pratique, nous observons un bon

nombre de fondations contrôlées par des banques,

avocats ou fiduciaires.

Donc, oui, les fondations Suisse pourraient

montrer l’exemple, mais leur environnement doit

encore passablement évoluer pour arriver

à l’objectif souhaité.

Comment le secteur financier peut-il accompa-

gner les fondations qui seraient particulièrement

sensibles à ces aspects ?

Cela fait déjà de nombreuses années,

que des acteurs financiers ont développé des

initiatives dans le domaine philanthropique

et intègrent de plus en plus les préoccupations

sociales et environnementales dans leur

stratégie d’investissement.

De nombreux établissements actifs dans le

domaine philanthropique, tels Julius Baer, ont

ainsi une compréhension approfondie des besoins

spécifiques du secteur et proposent une politique

d’investissement responsable et durable. Certaines

banques ont également développé des outils,

services et équipes spécialisées pour répondre aux

besoins de leurs clients.

Grâce à cette tendance, le secteur financier

est à même d’informer et d’accompagner les

fondations pour leur permettre d’harmoniser

leur gestion et leur préoccupations tout en

visant la rentabilité souhaitée.

Cette prise de conscience ainsi que la notion de

transparence et d’équité sont dorénavant des cri-

tères essentiels dans le soutien que nous pouvons

leur apporter.

Quelle place pour le dialogue et l’échange de

bonnes pratiques ?

Dans le monde des affaires, l’objectif consiste à

augmenter le profit. Dans le domaine philanthro-

pique, la création de valeur se mesure plutôt dans

le changement qui a pu être généré afin d’augmen-

ter l’impact social.

Le dialogue et l’échange de bonnes pratiques est

donc crucial car c’est le moteur de tout change-

ment, quel que soit le secteur d’activité.

Le déploiement de ces bonnes pratiques devrait

permettre aux fondations d’être toujours plus

professionnelles ce qui n’enlèvera en aucun cas les

élans du cœur mais en augmentera encore

les effets.

d’investissement les aspects environnementaux,

sociaux et de gouvernance (ESG) de manière

plus structurée. »

Page 30: A l’ère de la transparence, quelles conséquences sur … · A l’ère de la transparence, quelles conséquences sur la gestion du patrimoine des fondations ? Etude sur les pratiques

30

Les investissements consentis par une fondation peuvent renforcer l’impact positif de sa mission ou, à l’inverse, aller à l’encontre des buts poursuivis. Il existe aujourd’hui des outils ou des styles de gestion permettant d’intégrer les enjeux environnementaux, sociaux ou de gouvernance (ESG12) dans les décisions d’investissement.

Gestion du patrimoine en accord avec la mission - MRI 11

La notion de gestion en accord avec la mission

(Mission-Related Investment -MRI) s’est large-

ment répandue auprès des fondations ces cinq der-

nières années. Ce concept, reconnu et soutenu par

a publié plusieurs ouvrages sur le sujet), séduit par

la possibilité d’appliquer des principes éthiques

et à la gestion du patrimoine.

Cette approche soutient l’objectif premier de la

fondation en renforçant son impact et en assurant

une cohérence à l’ensemble de la démarche, d’où

l’intérêt suscité auprès des fondations.

L’investissement responsable (IR), qui englobe la

notion d’investissement en accord avec la mission

(MRI), peut s’exprimer de multiples façons. En

qualité d’expert, la société Conser a établi un pano-

rama des diverses approches qui sont accessibles

à la plupart des investisseurs, et contribuent de

manière complémentaire et positive au finance-

ment d’une économie équitable et durable.

Voici ce qu’ont exprimé deux sondés :

pour décider des soutiens accordés. Autant la

politique d’investissement doit disposer d’une

vision à moyen et long terme et être en adéquation

avec sa mission (but). »

plus professionnelles et éthiques dans la gestion

l’impact d’un investissement financier; meilleures

stratégies MRI. »

Impact investingthème, micro finance, etc.

Dialogue - Engagementactivisme, proxy voting, etc.

ESGenvironement, social & gouvernance,

best-in-class, intégration, etc.

Exclusions

exclusion éthique

impact

impact ++ style objectif

innovation

influence

promotion

protection

Solutions d’investissement13

11MRI – Mission-Related Investment

12ESG – Environnement, Social & Gouvernance

13 Source : Conser

Page 31: A l’ère de la transparence, quelles conséquences sur … · A l’ère de la transparence, quelles conséquences sur la gestion du patrimoine des fondations ? Etude sur les pratiques

31

La Fondation Hahnloser est engagée depuis long-temps dans une transformation en profondeur de la société par le biais de l’association Initiatives et Changement (I&C) qu’elle soutient exclusivement. Elle œuvre en priorité sur le lien entre le change-ment individuel et le changement politique et social et vise à inspirer, soutenir et équiper chacun pour qu’il puisse contribuer à la construction d’un monde juste, pacifique et durable.

La fondation a été créée en 1964, à Lucerne, par

la veuve et les enfants de l’entrepreneur Robert

Hahnloser, l’un des pionniers de Caux. Dotée à

l’origine d’un capital de CHF 100’000, elle bénéficie

aujourd’hui d’avoirs supérieurs à CHF 10 millions.

Cette fortune est actuellement investie principale-

ment en immobilier et en valeurs mobilières.

La personnalité de Monsieur Zemp, ancien

conseiller d’Etat de Lucerne en charge des

finances et président de la fondation de 1980 à

2009, a fortement marqué le style de la Fondation

et son développement. Assurer la continuité et

viser la pérennité de la fondation sur le long terme

constituent un défi et une opportunité pour

l’équipe actuelle. La gestion de la succession s’est

traduite par une réflexion et une révision

profonde de l’organisation.

Comment préparez-vous la succession de

la présidence ?

Une relève se prépare de longe date. Avant d’iden-

tifier des candidats potentiels, il faut s’assurer

que l’organisation est apte à accueillir la relève, en

allégeant notamment la charge du Président.

En ce qui concerne la fondation Hahnloser, une

réelle transformation de l’organisation a été initiée

ces dernières années pour s’adapter à son

nouveau fonctionnement.

Comment votre fondation est-elle aujourd’hui

organisée ?

Historiquement, la fonction de Président s’accom-

pagnait d’importantes charges opérationnelles.

Les processus ont été redéfinis et la gouvernance

simplifiée. Le conseil remplit aujourd’hui les tâches

du comité exécutif. La structure est désormais

plus claire et chaque membre supervise une

activité en particulier (gestion des projets et

programmes, suivi des placements et investis-

sements, etc.). Parallèlement, une secrétaire

générale a été nommée pour s’occuper de la

gestion opérationnelle. Conscient des limites du

bénévolat, notre Conseil s’est doté d’une ressource

rémunérée qui assure le suivi régulier et profes-

sionnel de la Fondation.

Depuis deux ans, votre fondation a intégré des

principes liés à la mission dans sa politique de

placement. Pourquoi cette démarche ?

La fondation Hahnloser est particulièrement

attachée à la notion d’exemplarité. Renforcer

l’action sociale de la fondation au sens large par

les investissements était intéressant. D’abord

réservé et prudent sur les possibilités offertes,

notre Conseil s’est engagé dans cette voie et a

formalisé une philosophie de gestion responsable

et éthique après un processus par étapes qui

a généré la confiance nécessaire pour avancer

comme un collège.

Comment avez-vous procédé concrètement ?

Un des membres de notre conseil a suggéré de

faire évoluer la gestion du portefeuille vers plus

de cohérence avec la mission. A la suite d’une

formation et du partage de bonnes pratiques,

nous avons été convaincus que cette voie pouvait

être explorée. Les ressources à l’interne étant

limitées, nous avons mandaté des experts pour

nous accompagner dans ce processus puis dans

la gestion. Cette expertise et cette indépendance

ont été déterminantes pour la réussite de notre

démarche. En parallèle de la redéfinition de notre

profil de gestion, nous avons aussi structuré nos

programmes de donations pour être à la fois plus

professionnels et plus orientés vers le long terme.

Entretien avec Jean Fiaux et Yves de Montmollin, Fondation HahnloserSur les défis et opportunités auxquels fait face une institution de taille moyenne

Page 32: A l’ère de la transparence, quelles conséquences sur … · A l’ère de la transparence, quelles conséquences sur la gestion du patrimoine des fondations ? Etude sur les pratiques

32

Votre conclusion ?

Le défi lié à la succession s’est transformé en

opportunité pour redéfinir l’organisation et la

gouvernance. Les limites du bénévolat ont été

constatées. La nécessité de compter sur des com-

pétences externes s’est imposée ainsi que l’utilité

de collaborer et d’échanger avec nos pairs via des

réseaux de fondations. Il faut parfois consentir des

dépenses supplémentaires, envisager comme un

investissement, afin d’améliorer le fonctionnement

et l’efficacité de la fondation.

L’intégration d’une nouvelle génération de

membres dans notre conseil a permis d’explorer

des nouveaux processus de fonctionnement. Nous

sommes aujourd’hui satisfaits d’avoir mis en place

des outils de pilotage et des lignes directrices. Ces

éléments nous permettront d’évaluer l’efficacité de

la fondation et d’apporter les évolutions néces-

saires chez nous ainsi que chez les récipiendaires.

La connaissance de ce concept est plutôt élevée

auprès des fondations, puisque 69% indiquent

en être plutôt familières. Une large majorité

des fondations les plus informées (74%) sont de

grandes fondations dotées de plus de CHF 10

millions de capital. La taille et l’implication directe

dans la gestion du patrimoine jouent un rôle clé

dans l’intérêt porté au MRI.

D’ailleurs, la plupart des fondations peu dotées

en capital n’ont pas souhaité répondre

à ces questions, ne se sentant certainement

pas concernées.

Si la connaissance du concept est largement

répandue, son application effective dans les

portefeuilles reste encore modeste.

Aujourd’hui, seules 11% des fondations appliquent

une approche MRI à une large portion de leur

portefeuille.

Si 22% mènent des réflexions sur le sujet, une

grande majorité 67% n’intègre absolument pas ce

principe dans ses pratiques de gestion.

A nouveau, la taille joue un rôle-clé. Ce sont

presque uniquement des fondations dotées de plus

de CHF 10 millions de capital qui s’intéressent

à ce concept nécessitant des ressources humaines

et des expertises particulières. La mise en œuvre

et le suivi du MRI demanderait une grande

implication dans les choix d’investissement, alors

que le marché offre aujourd’hui d’autres solutions

facilement accessibles.

Le MRI dans la réalité des fondations interrogées

Êtes-vous familier avec le concept de gestion en accord avec la mission ou Mission Related Investing (MRI) ?

44% Oui

26% Certaines notions

31% Pas du tout

11%des fondations appliquent une

approche MRI à une large

portion de leur portefeuille

69%des fondations indiquent

être plus ou moins familières

avec le MRI

Page 33: A l’ère de la transparence, quelles conséquences sur … · A l’ère de la transparence, quelles conséquences sur la gestion du patrimoine des fondations ? Etude sur les pratiques

33

Les 67% des sondés qui ne sont pas intéressés

connaissent mal cette approche ou estiment son

impact sociétal ou environnemental insuffisant.

Le problème de la performance n’est plus la prin-

cipale raison évoquée. Néanmoins, la complexité

du MRI dans sa compréhension et son application

maintient bon nombre de fondation à l’écart de ce

mouvement et les prive d’une innovation-clé en

matière de gestion.

-

tuer un travail de simplification, de clarification

et de standardisation. Il faut offrir des solutions

simples, performantes et dotées de mesures

d’impact crédibles. Cet effort est indispensable si

elle souhaite toucher davantage les fondations.

Les causes du manque d’intérêt pour le MRI

Votre politique d’investissement intègre-t-elle des principes liés à votre mission (MRI) ?

11% Oui

22% Réflexions en cours

67% non

Quels sont les freins à l’adoption d’une politique en accord avec la mission (MRI) ?

Crainte d’une sous-performance

Méconnaissance de l’offre

Manque d’intérêt

Impact marginal pour justifier cette démarche

Anticipation d’une augmentation du niveau de risque

Cannibalisation des montants disponibles pour les donations

Contrainte additionnelle

Autre (veuillez préciser)

25%

0%

14%

18%

25%

25%

32%

46%

32%des sceptiques jugent

l’impact du MRI insuffisant

Page 34: A l’ère de la transparence, quelles conséquences sur … · A l’ère de la transparence, quelles conséquences sur la gestion du patrimoine des fondations ? Etude sur les pratiques

34

Quelles motivations en faveur du MRI ?

Le MRI est perçu comme un concept complexe et

dont l’application nécessite une forte conviction.

Les fondations qui l’ont adopté indiquent que

l’impulsion a été donnée :

(cité par 82%).

(cité par 45%).

Les fondations se différencient ici par rapport aux

autres industries. Aucune ne semble réagir à une

pression publique ou politique. Leur indépendance

est forte et leur volonté d’agir en cohérence

avec leurs valeurs est fondamentale. On peut se

demander si elles prennent la pleine mesure de

leur liberté entrepreneuriale.

Il faut relever que les fondations acquises à cette

philosophie l’utilisent de manière large à la gestion

de leur portefeuille (45% l’appliquent à plus de

la moitié de leur fortune). Elles optent pour des

approches éthiques ou durables qui sont variées et

complémentaires. Enfin, elles déclinent le MRI

sur plusieurs classes d’actifs (actions, obligations

et investissements réels).

Pression publique

Membre du conseil de fondation

Donateur

Evolution des bonnes pratiques

Autre (veuillez préciser)

0%

0%

18%

46%

82%

Si « oui » ou « réflexions en cours », sur l’impulsion de qui/quoi ?

Si « oui » ou « réflexions en cours », quel pourcentage de votre capital est investi en accord avec votre mission ?

1-5%

5-20%

20-50%

>50%

Page 35: A l’ère de la transparence, quelles conséquences sur … · A l’ère de la transparence, quelles conséquences sur la gestion du patrimoine des fondations ? Etude sur les pratiques

35

L’évolution future du MRI

Près de 40% des répondants envisagent une

croissance, voire un renforcement de leurs inves-

tissements dans cette approche. Ils confirment

des perspectives réjouissantes pour le MRI.

Une majorité (56%) opte néanmoins pour le

statu quo. Les raisons invoquées sont l’existence

d’autres priorités qui préoccupent les conseils

de fondation. Pour d’autres, l’industrie du MRI

ou la finance durable n’a pas encore su offrir des

solutions adaptées, crédibles et accessibles pour

les fondations, ou elle les a mal communiquées.

Les fondations les plus engagées sont celles qui

perçoivent le potentiel d’avenir du MRI. Une fois

conquises, elles deviennent le fer de lance de ce

style de gestion.

A l’avenir, estimez-vous que l’approche MRI sera :

Renforcée 38%

Statu quo 56%

Réduite 6%

Page 36: A l’ère de la transparence, quelles conséquences sur … · A l’ère de la transparence, quelles conséquences sur la gestion du patrimoine des fondations ? Etude sur les pratiques

36

Entretien avec Anne Gloor, Fondatrice et Directrice de PeaceNexusSur la gestion en accord avec la mission (MRI)

Fondée en 2009 par Anne Gloor, PeaceNexus a pour mission de relier/connecter les acteurs engagés dans les processus de paix, dans les pays en guerre ou post-guerre. L’organisation met à leur disposi-tion de l’expertise interdisciplinaire pour faciliter l’interface entre les enjeux de développement, de démocratisation et de sécurité et favoriser l’émer-gence de solutions.

Dotée d’un capital de plus de CHF 40 millions

et financée par des fonds privés, la Fondation

fonctionne de manière indépendante.

Depuis 2013 et à la suite d’une décision du conseil

de fondation, la globalité de la fortune est

gérée en ligne avec les principes de l’investisse-

ment responsable.

Quel est l’historique de la démarche ?

La fondation a été créée grâce à une généreuse

donation de l’entrepreneur suisse Hansjoerg Wyss.

Au départ, l’objectif principal de la gestion du

patrimoine était d’assurer un rendement maximal

pour financer les nombreux projets. Aucune

mention particulière concernant l’investissement

responsable ou l’éthique n’avait été formulée.

L’équipe de direction a fait évoluer cette logique

d’investissement influencée par divers facteurs :

1. Collaboration avec des entreprises :

PeaceNexus collabore sur le terrain avec le

secteur privé. Ses équipes ont constaté le rôle

fondamental que peuvent jouer les entreprises

dans la construction et la promotion de la paix.

Dans cette optique, la Fondation a établi des

critères de sélection avant de collaborer avec

des entreprises sur le terrain.

2. Risque de réputation : certains projets, menés

dans des contextes politiques sensibles, ont mis

en lumière l’enjeu de la réputation pour

la fondation.

Prenons le soutien de projets liés à la paix

et, par ailleurs, l’investissement dans des

entreprises dont les pratiques (corruption, non

respect des droits de l’homme, pollution, etc.)

peuvent mettre en danger un équilibre social et

écologique parfois très précaire.

3. Processus de gestion opaque : à la suite de cette

prise de conscience, le conseil de fondation a

souhaité évaluer son portefeuille à l’aune de

ces facteurs. Il n’a pas obtenu suffisamment

de détail et transparence de la part de son

gérant historique sur les sociétés présentes

dans son portefeuille.

Pourtant, de nombreux investissements

concernaient des régions sensibles et des

secteurs controversés, tels que l’extraction

de matières premières.

Fort de ce constat, l’équipe a exploré l’application

des principes éthiques, découlant des acquis du

terrain, à la gestion du portefeuille.

Cette démarche, permettant d’assurer une

cohérence entre la mission de fondation

et ses investissements, renforçait l’impact

de la fondation.

créer un dialogue avec le secteur financier et

sensibiliser les banques sur leur contribution dans

la stabilisation de pays fragiles par la

promotion d’un entrepreneuriat responsable. »

Page 37: A l’ère de la transparence, quelles conséquences sur … · A l’ère de la transparence, quelles conséquences sur la gestion du patrimoine des fondations ? Etude sur les pratiques

37

Comment s’est passée la mise en œuvre de ces

principes éthiques ?

Le processus a duré deux ans. Il a débuté par la

définition d’une charte d’investissement,

incluant des critères éthiques et le respect de

minima environnementaux, sociaux et de

gouvernance (ESG) pour les entreprises. Il a abouti

à la transformation complète du portefeuille par

les étapes suivantes :

1. Etablissement d’une charte et définition de

principes éthiques propres à PeaceNexus. Cette

démarche a été pilotée en interne, grâce à une

équipe déjà familiarisée avec le concept. Cette

compétence interne a permis d’impliquer le

conseil dès le départ.

2. Emission d’un appel d’offres auprès d’une

dizaine d’acteurs financiers. Le principe

était autant de solliciter des experts de l’inves-

tissement responsable que de faire

réagir des grandes institutions moins actives

dans le domaine.

3. Sélection finale de trois gérants (deux banques

et un gérant spécialisé en finance durable).

Les solutions retenues ont dû répondre aux

exigences éthiques de la charte et aux objectifs

de rendement financier.

Les gérants ont dû démontrer un intérêt pour

le thème et s’engager à développer des critères

d’analyse permettant d’évaluer le rôle (positif

ou négatif) d’une entreprise active dans des

zones exposées.

Cette transformation complète du portefeuille a

été rendue possible notamment par l’engagement

personnel de la Directrice et sa conviction que

l’investissement responsable (en ligne avec la mis-

sion) offre un rendement similaire aux approches

traditionnelles dans un horizon de 5 à 10 ans.

Votre conclusion ?

Cette démarche a nécessité une part importante

de définition, de compréhension et de dialogue

avec les banques.

La combinaison des projets sur le terrain et la ges-

lui confèrent un effet doublement positif. C’est par

cette démarche que la Fondation a pu créer un

dialogue avec le secteur financier et sensibiliser les

banques sur leur contribution dans la stabilisation

de pays fragiles part la promotion d’un entrepre-

neuriat responsable.

Développer des indices ou des fonds liés à la paix

fait désormais partie intégrante des activités de la

Fondation PeaceNexus.

Page 38: A l’ère de la transparence, quelles conséquences sur … · A l’ère de la transparence, quelles conséquences sur la gestion du patrimoine des fondations ? Etude sur les pratiques

38

L’utopie de la fondation éternelle

Idéalement, une fondation est établie par un

fondateur avec une dotation et les revenus annuels

sont utilisés pour remplir la mission de la fonda-

tion. En fait, le capital de la fondation doit générer

assez de revenus pour couvrir tous les frais et

dépenses et garder une partie importante pour

remplir sa mission.

Comme un mobile perpétuel, cette fondation

idéale tourne toute seule année après

année, décennie après décennie et même

pendant des siècles.

Bien qu’il existe des fondations de ce type, la

grande majorité des fondations d’utilité publique a

rencontré des difficultés financières ces dernières

années. En raison de la volatilité des marchés

financiers, les fondations ont dû faire face à des

taux d’intérêt bas et ont subi une grande perte

de leur valeur.

Comme beaucoup de fondations n’ont pas d’autre

source de revenu que leur dotation, il leur est

devenu très difficile de planifier les dépenses

et les allocations. Certaines fondations ont donc

dû réduire leurs dépenses et leurs coûts, voire

cesser d’exister.

Eclairage sur les pratiques en Suisse allemande et dans le monde

par Georg von Schnurbein -

Directeur du Centre d’Etudes

de la Philanthropie, Université

de Bâle

D’un point de vue international, la structure

juridique et les obligations financières diffèrent

largement. Aux Etats-Unis, les fondations doivent

verser annuellement 5% de leur fortune.

Si une fondation veut préserver son capital, elle a

besoin d’un revenu financier supérieur à 5% pour

pouvoir couvrir des coûts et frais supplémentaires,

en plus des contributions distribuées.

En Allemagne, les fondations sont obligées de

dépenser leurs gains financiers dans l’année

(avec quelques exceptions), sinon elles sont

soumises à des impôts.

En Suisse, les fondations profitent de régulations

juridiques souples qui interdisent toutefois les

fondations qui ne distribuent aucun argent afin de

préserver leur capital.

Cette situation permet un large spectre de

stratégies d’investissements pour les fondations

d’utilité publique. Comme dans beaucoup d’autres

pays, les fondations n’ont pas été préparées à faire

face aux incertitudes et aux changements rapides

des marchés financiers.

Différences à l’échelle internationale concernant les obligations légales

Page 39: A l’ère de la transparence, quelles conséquences sur … · A l’ère de la transparence, quelles conséquences sur la gestion du patrimoine des fondations ? Etude sur les pratiques

39

Cette étude sur la gestion des biens de fondations

d’utilité publique en Suisse romande confirme les

résultats de précédentes études menées dans

d’autres pays européens et en Suisse alémanique.

Ensemble, ces résultats montrent qu’aujourd’hui,

les conseils de fondations se préoccupent davan-

tage de la gestion de leurs biens.

Cette étude présente des résultats très semblables

à ceux donnés par une étude menée en Suisse alé-

manique à l’automne 2012 par le Centre d’Etudes

sur la Philanthropie (CEPS) de l’Université de Bâle

et la banque Globalance de Zurich.

Au total, 110 fondations d’utilité publique en Suisse

alémanique ont participé au sondage. De manière

générale, les résultats de cette étude corres-

pondent fortement à ceux de l’étude en Suisse

romande, ce qui montre que les deux études,

réalisées avec de petits échantillons, semblent

bien représenter le secteur des fondations dans

son ensemble (12’909 fondations en Suisse à la

fin 2013). Bien que les fondations de l’échantillon

romand aient tendance à être plus jeunes mais

possèdent davantage de biens, les résultats

concernant le fonctionnement, la structure de gou-

vernance et l’allocation du capital sont similaires.

Comparaison intra-suisse : le tableau complet

< 2 mio 2-10 mio > 10 mio

30%

20%

40%

22%

30%

58%

Capital disponible des fondations sondées (comparatif des deux études)

Page 40: A l’ère de la transparence, quelles conséquences sur … · A l’ère de la transparence, quelles conséquences sur la gestion du patrimoine des fondations ? Etude sur les pratiques

40

Dans les deux échantillons, les professions les

plus représentées au sein des conseils de fonda-

tions sont les avocats, suivis par les banquiers ou

intermédiaires financiers. Ceci a pour conséquence

une auto-évaluation élevée des compétences et

des connaissances du conseil.

De plus, la grande majorité des sondés de part et

d’autre de la barrière de Rösti juge bonne, voire très

bonne la composition de leur conseil.

Cependant, comme le révèle l’étude suisse

alémanique, le manque de connaissances spéciali-

sées est cité comme étant le plus gros risque pour

la gestion des avoirs. Un trait similaire ressort de

l’échantillon romand : la composition du conseil est

considérée comme une question importante dans

le but d’améliorer la gouvernance de la fondation.

Pour conclure sur les structures de gouvernance

des fondations en Suisse, les deux études

brossent le portrait d’un secteur qui est en train

de changer, mettant en œuvre davantage de

standards et de processus professionnels dans la

gestion du patrimoine.

L’image de professionnalisation du secteur est

renforcée par le fait qu’environ deux tiers des

fondations en Suisse romande et alémanique

investissent au moins une partie de leurs biens

selon des standards éthiques.

La supervision par des gestionnaires externes

a lieu dans 53% des cas en Suisse romande

(comparé aux 43,1% en Suisse alémanique). Ceci

pourrait être dû au pourcentage élevé de ban-

quiers, car l’étude suisse-alémanique a constaté

une corrélation positive entre les procédures de

révision financière et l’existence de savoir-faire

financier au sein du conseil.

Augmenter la confiance en encourageant la professionnalisation

Le petit doigt ou toute la main ?

Investing » (MRI) est plus apprécié en Suisse

alémanique.

Bien que la connaissance du MRI soit équivalente

parmi les représentants de fondations en Suisse,

41,6% de l’échantillon alémanique a approuvé

l’investissement d’une partie de ses biens selon les

standards de sa mission.

Cependant, comme dans d’autres études à petite

échelle effectuées en Allemagne, aux Pays-Bas et

au Royaume-Uni, ce pourcentage élevé doit être

examiné avec précaution.

En comparaison avec des études américaines

menées sur des échantillons beaucoup plus

grands, le chiffre de 11,1% de fondations romandes

qui pratiquent le MRI semble plus réaliste.

Si l’on considère que l’attention portée au MRI

n’est que récente, on peut relever un point intéres-

sant qui ressort dans les deux études suisses : si

certaines fondations se lancent immédiatement,

d’autres ont une approche beaucoup plus réservée.

Ceci est un indicateur du manque de confiance

qui règne au sein de conseils de fondations quant

au MRI.

De nombreuses fondations mettent en place

des instruments spécifiques dans une approche

MRI parallèlement à une stratégie traditionnelle

d’investissement, tandis que d’autres utilisent

tout le potentiel du MRI en y investissant la

majorité de leurs biens. Les fondations qui ont

des réserves vis-à-vis du MRI invoquent comme

raison principale leur manque de connaissances

sur le sujet.

Une meilleure connaissance du fonctionnement,

des méthodes et des instruments du MRI est

donc nécessaire à l’avenir, si l’on espère convaincre

davantage de fondations à investir leur capital en

accord avec leur mission.

Cette étude s’intéresse particulièrement aux pers-

pectives d’avenir. Elle aide à comprendre et à déve-

lopper les attentes concernant la gouvernance et

la gestion du patrimoine dans les fondations. Dans

le cas présent, les fondations suisses pourraient

tirer des enseignements d’autres pays. Dans les

pays qui obligent les fondations à distribuer une

partie de l’argent, ces dernières sont plus enclines

à aligner leurs investissements avec leur but ou

mission. Un autre point soulevé par cette étude

concerne la gestion de conflits d’intérêts. Comparé

à l’international, les fondations suisses manquent

de réglementation écrite, notamment en ce qui

concerne les conflits d’intérêts potentiels.

Page 41: A l’ère de la transparence, quelles conséquences sur … · A l’ère de la transparence, quelles conséquences sur la gestion du patrimoine des fondations ? Etude sur les pratiques

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Ainsi, 75,7% des fondations dans l’échantillon

alémanique n’ont pas de règlement écrit régissant

les relations avec leurs partenaires.

De plus, les fondations suisses ont généralement

une structure minimale. Avec un petit nombre de

membres du conseil et seulement quelques

collaborateurs, les fondations suisses se

concentrent sur l’attribution de dons et réduisent

les coûts administratifs.

En ce qui concerne le MRI, les fondations

suisses ont les mêmes opinions que les fondations

dans d’autres pays européens. Les fondations

utilisent généralement la sélection négative

pour être conforme à leur mission dans la

stratégie d’investissement.

Il existe des méthodes plus sophistiquées mais qui

ne sont pas très généralisées. Malgré le manque

de connaissances et de confiance, une autre

explication à cette longue résistance pourrait être

liée aux obligations juridiques.

Les membres d’un conseil de fondation

concentrent principalement leurs efforts sur

la préservation du capital de la fondation,

parce qu’il reste trop de questions ouvertes

et d’incompréhension quant aux techniques

d’investissement plus progressistes.

Cette étude contribue de plusieurs manières à

l’amélioration du secteur des fondations en Suisse

et au-delà.

Les résultats montrent que les fondations en

Suisse se sont adaptées aux développements des

marchés financiers et ont augmenté le niveau

de professionnalisme dans les domaines de la

gouvernance et de la gestion du patrimoine.

Cependant, on relève encore un manque de

connaissances et un manque de confiance au

sein des conseils de fondations concernant

les pratiques d’investissement et du MRI

en particulier.

Augmenter les connaissances sur la gestion du patrimoine

Page 42: A l’ère de la transparence, quelles conséquences sur … · A l’ère de la transparence, quelles conséquences sur la gestion du patrimoine des fondations ? Etude sur les pratiques

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Remerciements

Cette publication est née de l’initiative de la Banque Julius Baer, qui l’a également soutenue.

Nous exprimons nos chaleureux remerciements aux nombreux collaborateurs qui ont permis à cette

étude d’être menée à bien.

Nous avons pu compter sur la participation de nombreuses fondations qui ont répondu au questionnaire

sur lequel est basé notre étude. Pour des raisons évidentes de confidentialité, nous ne pouvons

pas les remercier nominalement. Cependant, sans leur disponibilité et leur volonté de décrire leurs

pratiques, notre étude n’aurait pas été possible. Nous les remercions vivement pour leur confiance; une

pensée particulière va à celles et ceux qui ont accepté de partager publiquement leur expérience :

Anne Gloor, Peter Brey, Jean Fiaux et Yves de Montmollin.

Nous souhaitons remercier sincèrement les membres de l’Advisory Board pour leur disponibilité et leur

précieuse contribution tout au long de cette étude : Bernard Vischer, Didier Cherpitel, Georg von Schnurbein

et Olivier Baudry.

Page 43: A l’ère de la transparence, quelles conséquences sur … · A l’ère de la transparence, quelles conséquences sur la gestion du patrimoine des fondations ? Etude sur les pratiques

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Conser – experts en finance durable

Fondée en 2007 à Genève, Conser Invest est une société de conseil et de gestion 100% dédiée à

l’investissement responsable. Ce spécialiste offre aux investisseurs privés, institutionnels et

aux fondations une allocation du capital intégrant les principes du développement durable.

La mission de Conser est d’apporter une plus-value à ses clients en intégrant dans leurs choix

d’investissement et la gestion de leur portefeuille les critères éthiques et ESG – environnemental, social

Cabinet indépendant, il bénéficie d’une expertise reconnue dans la finance durable grâce

au développement d’outils propriétaires, une connaissance approfondie de l’univers d’investissement

ainsi qu’un réseau local et international. En qualité de conseiller en investissement et gérant d’actifs,

Conser Invest est supervisé par l’association suisse des gérants indépendants (ASG).

www.conser.ch

WISE – conseillers en philanthropie

Fondée en 2004 à Genève, WISE compte aujourd’hui parmi les sociétés de conseil en philanthropie

les plus reconnues en Europe. Depuis près de 10 ans, elle accompagne des donateurs particuliers,

des entrepreneurs et des fondations, depuis l’élaboration de leur stratégie philanthropique jusqu’à la

réalisation de leur projet, de manière à optimiser l’impact de leur action. En leur offrant un service

personnalisé et sur mesure tout au long des différentes étapes de l’engagement, WISE leur permet

ainsi de vivre pleinement leur projet.

WISE a été reconnue par ses pairs pour la qualité de son travail et pour son esprit pionnier. Elle a reçu

notamment le prix de l’Innovation 2012 par la Chambre de commerce, d’industrie et des services de

www.wise.net

Page 44: A l’ère de la transparence, quelles conséquences sur … · A l’ère de la transparence, quelles conséquences sur la gestion du patrimoine des fondations ? Etude sur les pratiques

répondant aux normes FSC

Décembre 2014