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(A. Meurant - UCL - 2003- 2004) 1 « Dionysos aux cheveux d'or, de la blonde Ariane, fille de Minos, fit sa plantureuse épouse, et le fils de Cronos la lui rendit immortelle et éternellement jeune ». Hés., Théog., 947-949 Hésiode (VIII e /VII e siècle a.C.n.) Traces anciennes Les circuits mythiques « annexes » du labyrinthe

(A. Meurant - UCL - 2003-2004)1 « Dionysos aux cheveux d'or, de la blonde Ariane, fille de Minos, fit sa plantureuse épouse, et le fils de Cronos la lui

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(A. Meurant - UCL - 2003-2004) 1

« Dionysos aux cheveux d'or,  de la blonde Ariane, fille de Minos,  fit sa plantureuse épouse,  et le fils de Cronos la lui rendit immortelle et éternellement jeune ».

Hés., Théog., 947-949

Hésiode

(VIIIe/VIIe siècle a.C.n.)

Traces anciennes

Les circuits mythiques « annexes » du labyrinthe

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(A. Meurant - UCL - 2003-2004) 2

Apollodore

(Ier a.C.n./p.C.n.)

« Quand Minos s'aperçut de la fuite de Thésée et de ses compagnons, il en tint Dédale pour responsable, et il l'enferma dans le labyrinthe avec son fils Icare, que Dédale avait eu de Naucraté, une esclave de Minos. Alors Dédale construisit des ailes, et les attacha sur son propre dos et sur celui de son jeune fils, en lui recommandant de ne pas voler trop haut, afin que les rayons du soleil ne fassent pas fondre la colle qui tenait assemblées les plumes, ni non plus trop près de la mer, afin que l'humidité n'alourdisse pas les ailes ».

Apoll., Epit., I, 13

Les circuits mythiques « annexes » du labyrinthe

Dédale et Icare

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Mais Icare, emporté par l'enthousiasme, oublia les recommandations de son père, et vola toujours plus haut. La colle fondit alors, et le garçon tomba dans cette portion de mer qui, à partir de son nom, s'appela ensuite Icarios, et il mourut. Dédale, par contre, se sauva, et il parvint à arriver à Camicos, en Sicile ».

Apoll., Epit., I, 13

Piola

Saraceni

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Dédale et Icare

Apollodore

(Ier a.C.n./p.C.n.)

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« Déjà ils avaient laissé à gauche Samos, consacrée à Junon ; derrière eux étaient Délos et Paros. Ils se trouvaient à la droite de Lébynthos et de Calymné, en miel si fertile, lorsque le jeune Icare, devenu trop imprudent dans ce vol qui plaît à son audace, veut s'élever jusqu'au cieux, abandonne son guide, et prend plus haut son essor. Les feux du soleil amollissent la cire de ses ailes ; elle fond dans les airs ; il agite, mais en vain, ses bras, qui, dépouillés du plumage propice, ne le soutiennent plus. Pâle et tremblant, il appelle son père, et tombe dans la mer, qui reçoit et conserve son nom. Son père infortuné, qui déjà n'était plus père, s'écriait cependant : ‘Icare ! où es-tu ? Icare ! dans quels lieux dois-je te chercher ?’. Il aperçoit le fatal plumage qui flotte sur les eaux. Alors il maudit un art trop funeste ; il recueille le corps de son fils, l'ensevelit sur le rivage, et ce rivage retient aussi son nom ».

Ov., Mét., VIII, 220-235

Gowi

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Dédale et Icare

Ovide

(43 a.C.n.-17/18 p.C.n.)

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« Les liens de ses ailes se relâchent ; la cire se fond aux approches du soleil, et ses bras qu'il remue n'ont plus de prise sur l'air trop subtil. Alors, du haut des cieux, il regarde la mer avec épouvante, et l'effroi voile ses yeux d'épaisses ténèbres. La cire était fondue ; en vain il agite ses bras dépouillés ; tremblant et n'ayant plus rien pour se soutenir, il tombe ; et dans sa chute : ‘Ô mon père ! ô mon père ! s'écrie-t-il, je suis entraîné’. Les flots azurés lui ferment la bouche. Cependant son malheureux père (hélas ! il avait cessé de l'être) : ‘Icare ! mon fils ! lui crie-t-il, où es-tu ? vers quel point du ciel diriges-tu ton vol ? Icare !’. Il l'appelait encore, quand il aperçut des plumes flottant sur les ondes. La terre reçut les restes d'Icare, et la mer garde son nom. Minos ne put empêcher un mortel de fuir avec des ailes ; et moi j'entreprends de fixer un dieu plus léger que l'oiseau » .

Ov., Ars, II, 84-99

Bruegel

Monper

Dédale et Icare

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Ovide

(43 a.C.n.-17/18 p.C.n.)

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« Minos se lança à la poursuite de Dédale, et, dans chaque région qu'il traversait, il montrait aux habitants un gros coquillage en colimaçon ; ses hérauts promettaient une très grosse récompense à celui qui réussirait à faire passer un fil de lin dans la spirale du coquillage ; seul Dédale, pensait Minos, en serait capable, et de cette façon il découvrirait sûrement où il se trouvait. Et un jour, Minos arriva aussi à Camicos, en Sicile, à la cour de Cocalos, là même où Dédale se cachait ; et là également il fit voir le coquillage ».

Apoll., Epit., I, 14

Slodtz

DraperDédale et Icare

Apollodore

(Ier a.C.n./p.C.n.)

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(A. Meurant - UCL - 2003-2004) 7

« Cocalos le prit, déclara qu'il était en mesure de faire passer le fil, et porta le coquillage à Dédale. Dédale alors fit un petit trou dans le coquillage, puis il attacha le fil de lin à une fourmi, il la fit entrer par là et elle, ensuite, sortit par la partie opposée, après avoir tiré le fil sur toute la longueur de la spirale du coquillage. Quand Minos constata que le problème avait été résolu, il comprit que Dédale se trouvait à la cour de Cocalos, et il demanda qu'il lui fût remis. Cocalos le lui promit et, en attendant, il invita Minos à faire une halte, en étant son hôte : alors qu'il prenait son bain, les filles de Cocalos le tuèrent - certains disent qu'il fut ébouillanté ».

Apoll., Epit., I, 15

Apollodore

(Ier a.C.n. p.C.n.)

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Dédale et Icare

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(A. Meurant - UCL - 2003-2004) 8

On raconte de Dédale qu'il avait sculpté des statues qui marchaient toutes seules. Cela me paraît impossible, qu'une statue se déplace seule. La vérité est celle-ci. Autrefois, les statuaires et les sculpteurs représentaient les pieds joints ensemble, et les bras alignés le long du corps. Dédale, le premier, représenta un pied décalé par rapport à l'autre afin de donner l'impression de mouvement. C'est pour cette raison que les gens disaient : ‘Dédale a fait une statue qui marche, non qui reste à sa place’, comme aujourd'hui nous disons aussi  : ‘Des hommes sont représentés en train de combattre’, et ‘Des chevaux qui courent’, et ‘Un navire dans la tempête’.C'est ainsi qu'on disait de Dédale qu'il faisait des statues en mouvement.

Palaiphatos, Histoires incroyables, 21

Dédale et Icare

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Palaiphatos

(IVe a.C.n.)

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(A. Meurant - UCL - 2003-2004) 9

« Lorsque (Thésée arrive en Crète), Ariane, fille de Minos, amoureusement disposée à son égard, lui donne une pelote de fil qu'elle avait reçue de Dédale, l'architecte, et elle lui recommande d'attacher, après être entré, le début de la pelote au verrou du haut de la porte, d'avancer en la déroulant jusqu'à ce qu'il arrive au fond et, lorsqu'il aurait saisi le Minotaure endormi et l'aurait vaincu, de sacrifier à Poséidon des cheveux de sa tête, puis de revenir en réenroulant la pelote ».

Phérécyde (= 3 F 148 FGrH), apud Scholies de l'Odyssée, XI, 322 Dindorf

Ariane

Phérécyde

(VIe a.C.n.) Thésée

Ariane

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« (Suite à son exploit), Thésée prend (la mer en direction de) l'île de Dia, débarque et se couche sur la plage. Athéna se dresse près de lui et lui ordonne de laisser Ariane et de partir pour Athènes. À l'instant il se relève et s'exécute. À Ariane qui se lamente Aphrodite apparaît et elle l'exhorte à prendre courage : elle va être l'épouse de Dionysos et devenir célèbre. Puis le dieu lui apparaît et lui donne une couronne d'or, que, par la suite, les dieux changèrent en constellation, pour faire plaisir à Dionysos. <On dit> qu'elle fut tuée par Artémis pour avoir renoncé à sa virginité. L'histoire se trouve chez Phérécyde.

Phérécyde (= 3 F 148 FGrH), apud Scholies de l'Odyssée, XI, 322 Dindorf

Ariane

Phérécyde

(VIe a.C.n.)

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« Cette étoffe, brodée d'antiques figures des humains, montre avec un art étonnant les prouesses des héros. Voici, du rivage de Dia aux flots sonores, dirigeant ses regards vers Thésée, qui part avec sa flotte rapide, le cœur lourd de fureurs implacables voici Ariane : tout ce que voient ses yeux, ses yeux refusent toujours d'y croire ; et en effet, elle vient de s'éveiller d'un sommeil trompeur pour se retrouver abandonnée, la pauvre, sur une plage solitaire : tandis qu'oublieux le jeune homme en sa fuite bat les ondes de ses rames, laissant ses vaines promesses au vent de la tempête ».

Cat., LXIV, 50-70

Catulle

(87-54)

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Ariane

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« Il s'éloigne et, depuis les algues, la Minoïde, aux grands yeux tristes, telle la statue de pierre d'une Bacchante, le fixe là-bas, hélas ! là-bas, et les chagrins la roulent, de leurs grandes vagues :  elle ne retient pas la mitre fine sur ses cheveux blonds, elle ne dissimule pas d'un léger vêtement sa poitrine dénudée, elle n'enclôt pas ses seins de lait dans la courbe d'une écharpe ; tout a glissé de son corps ici, là : et les vagues salées en jouaient à ses pieds. Mais elle, alors, insoucieuse de sa mitre, insoucieuse du vêtement qui surnageait, avec tout son cœur, Thésée !, toute son âme, toute sa pensée elle s'accrochait à toi éperdument ».

Cat., LXIV, 50-70

Catulle

(87-54)

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Ariane

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« Après que Dédale y eut enfermé la double créature, mi-taureau, mi-jeune homme,  que par deux fois le monstre se fut nourri au sang de l'Acté, le tirage au sort fixé tous les neuf ans à la troisième reprise l'a dompté ; et dès qu'avec l'aide de la vierge fut trouvé l'infaisable chemin que nul n'avait suivi deux fois auparavant,  grâce au fil remis en pelote, aussitôt le fils d'Égée ravit la Minoïde et fit voile vers Dia et là sur le rivage, le cruel, il lâcha sa compagne. Dans son abandon elle exhalait mille plaintes : Liber lui offrit le secours de ses bras, et pour que l'éternité d'un astre l'illuminât il prit à son front la couronne et la lança au ciel : elle vole parmi les airs subtils, et pendant qu'elle vole les gemmes se changent en feux étincelants et se fixent, tandis que l'image de la couronne subsiste, à mi-chemin entre l'Agenouillé et le Porteur de serpent ».

Ov., Mét., VIII, 169-182

Ovide

(43 a.C.n.-17/18 p.C.n.)

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Ariane

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« Cependant le dieu, sur son char, couronné de raisins, lâchait les rênes dorées aux tigres qui le traînaient. La jeune fille perdit tout à la fois les couleurs, le souvenir de Thésée, et la voix. Trois fois elle voulut fuir, trois fois la frayeur la retint. Elle frissonna, comme tremble l'épi stérile agité par le vent, comme tremble le roseau léger dans l'humide marais. Le dieu lui dit : ‘Je viens pour te vouer un amour plus fidèle ; cesse de craindre ; c'est Bacchus qui sera ton époux, fille de Gnosse. Comme présent je te donne le ciel ; au ciel tu seras un astre que l'on contemple ; souvent le vaisseau indécis se dirigera sur la Couronne de la Crétoise’. Il dit et, de peur que les tigres n'effraient Ariane, saute de son char (la trace de ses pas s'imprime sur le sol) ; il la serre contre sa poitrine et l'enlève (en effet elle n'aurait pu résister) ; est-il rien de difficile à la puissance d'un dieu ? Les uns chantent ‘Hyménée’, d'autres crient ‘Evius, Evohé’. C'est ainsi que sur la couche sacrée s'unissent la jeune épouse et le dieu ». 

Ov., Mét., VIII, 525-564

Ovide

(43 a.C.n.-17/18 p.C.n.)

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Ariane

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(A. Meurant - UCL - 2003-2004) 15

« demi réveillée, languissante de sommeil, je me soulève et, pour saisir Thésée, vers lui j’étends mes mains. Personne ! Je retire mes mains, puis à nouveau tâtonne, et j’agite mes bras à travers tout le lit : personne ! La peur a chassé le sommeil : je me lève épouvantée, et tout mon corps a bondi du lit vide. Ma poitrine aussitôt résonne sous les coups, je m’arrache les cheveux dans le désordre du sommeil. Il faisait clair de lune. Je regarde si j’aperçois autre chose que le rivage. Mais le rivage seul vient s’offrir à mes yeux. De-ci, de-là, des deux côtés, je cours sans savoir où ; mes pieds de jeune fille s’enfoncent dans le sable profond. Cependant, tout le long du rivage, ma voix criait « Thésée ! »  Et le creux des rochers me renvoyait ton nom…

Ov., Hér., X, 11-24

Ovide

(43 a.C.n.-17/18 p.C.n.)

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Ariane

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« Minos, fils de Jupiter et d'Europe, fit la guerre aux Athéniens, et son fils, Androgée, fut tué dans la bataille. Quand il eut vaincu les Athéniens, ils devinrent redevables d'un tribut à Minos : il établit que, chaque année, ils enverraient au Minotaure, pour qu'il les dévore, sept de leurs enfants ».

Hyg., Fab., LXI

C. Julius Hyginus

(64 a.C.n/17 p.C.n.)

« Thésée, retenu dans l'île de Dia par une tempête, songea que, s'il emmenait Ariane dans sa patrie, il se couvrirait de honte. Il l'abandonna donc pendant qu'elle dormait, dans l'île de Dia. Liber, amoureux d'elle, l'enleva de là pour l'épouser. Or Thésée, pendant la traversée, oublia de changer les voiles noires et son père Égée, croyant que Thésée avait été dévoré par le Minotaure, se précipita dans la mer, qui prit à cause de lui le nom de mer Égée. Thésée prit pour épouse Phèdre, la sœur d'Ariane ».

Hyg., Fab., LXIII

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Ariane

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Homère

VIIIe siècle a.C.n.

« L'illustre Boîteux y modèle encore une place de danse toute pareille à celle que jadis, dans la vaste Gnosse, l'art de Dédale a bâtie pour Ariane aux belles tresses. Des jeunes gens, des jeunes filles, pour lesquelles un mari donnerait bien des bœufs, sont là qui dansent en se tenant la main au-dessus du poignet. Les jeunes filles portent de fins tissus ; les jeunes gens ont revêtu des tuniques bien tissées, où luit doucement l'huile ».

Hom., Il., XVIII, 590-605

Geranos

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(A. Meurant - UCL - 2003-2004) 18

« Elles ont de belles couronnes ; eux, portent des épées en or, pendues à des baudriers en argent. Tantôt, avec une parfaite aisance, ils courent d'un pied exercé - tel un potier, assis, qui essaye la roue bien faite à sa main, pour voir si elle marche - tantôt ils courent en ligne les uns vers les autres. Une foule immense et ravie fait cercle autour du chœur charmant. Et deux acrobates, pour préluder à la fête, font la roue au milieu de tous ».

Hom., Il., XVIII, 590-605

Vase François (570-565)

Geranos

Les circuits mythiques « annexes » du labyrinthe

Homère

VIIIe siècle a.C.n.

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(A. Meurant - UCL - 2003-2004) 19

À Naxos, Thésée, après avoir fiché en terre l’énorme statue de bois (ξόανον) d’Aphrodite emportée par Ariane, commença à exécuter avec ses compagnons une danse en l’honneur d’Apollon, le géranos.

Cette danse rituelle et sacrée se dansait la nuit, à la lueur de torches, par des danseurs en ligne, qui se tenaient par la main, chaque ligne étant menée par son chef. Le vase François montre ainsi quatorze jeunes gens et jeunes filles, les mains jointes, entraînés dans cette farandole par Ariane et Thésée qui l’accompagne sur sa lyre.

Geranos

Les circuits mythiques « annexes » du labyrinthe

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(A. Meurant - UCL - 2003-2004) 20

Les circuits mythiques « annexes » du labyrintheGeranos

« Là dansent les femmes, frappant de leurs pieds le sol résistant. Et l’on charge de couronnes l’image sainte et vénérée de l’antique Cypris, que Thésée consacra, avec les jeunes enfants, au retour de Crète : échappés au monstre mugissant, rejeton féronce de Pasiphaé, sortis des détours du tortueux labyrinthe, ils dansaient en cercle, autour de ton autel, au son de la cithare, et Thésée conduisait le chœur ».

Call., IV, 305-315

Cette farandole basée sur une succession de mouvements ondulatoires complexes était censée imiter les méandres du labyrinthe qu’habitait le Minotaure, ou les ondulations du vol des grues dans le ciel (γερανός = la grue), ou encore le mouvement rampant d’un reptile auquel se rattache une symbolique chtonienne.

Callimaque

(305/240-235 a.C.n.)