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    PLACE DE LOPINION DAUDIT LGAL DANS LES MISSIONS DANALYSES

    FINANCIRES

    Aymen ABBADI

    Laboratoire GRM, Universit de Nice.

    24, avenue des Diables blues

    06357 Nice

    Tl. +33492001101

    Fax: +33492001143

    Courriel: [email protected]

    ABSTRACT

    This study examines the perception of financial

    analysts of the opinion expressed by the

    auditor in his general report.

    Strengthening the position of financial analysts

    and their growing information needs have

    necessitated the use of new and more credible

    sources of information.

    The audit report is the culmination of the

    statutory audit engagement is a potential

    source of information. This document although

    it is routinely consulted by users, remains

    unattractive and does not constitute a major

    information carrier. Different factors interact in

    this situation.

    The empirical study in the context of this paper

    reveals that factors related to the audit report,

    the auditor and users are behind the low

    utilization reserved to this document by the

    French financial analysts.

    KEY WORDS Audit report Auditor

    Financial analysts Use low of audit report-

    Explanatory factors.

    RESUME

    Cette tude sintresse la perception des analystes

    financiers de lopinion exprime par le commissaire

    aux comptes dans son rapport gnral.

    Le renforcement de la position des analystes

    financiers et laccroissement de leurs besoins

    informationnels ont rendu ncessaire le recours

    des nouvelles sources dinformation plus crdibles.

    Le rapport daudit qui est laboutissement de la

    mission daudit lgal constitue une source

    potentielle dinformation. Ce document bien quil

    soit consult systmatiquement par tous les

    utilisateurs, demeure peu attractif et ne constitue pas

    un support majeur dinformation. Diffrents facteurs

    interagissent dans cette situation.

    Ltude empirique ralise dans le cadre de ce

    papier rvle que des facteurs lis la fois au

    rapport daudit, son metteur et ses utilisateurs, se

    cachent derrire la faible utilisation qui lui est

    rserve par les analystes financiers franais.

    MOTS CLES Rapport daudit Auditeur- Analystes

    financiers Faible utilisation du rapport daudit -

    Facteurs explicatifs.

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    INTRODUCTION

    La fiabilit des supports dinformations divulgus par les entreprises ne cesse danimer les

    dbats avec acuit depuis lclatement des scandales financiers au dbut des annes 20001 et

    la crise conomique de 2008. Les affaires rvles ont gnr une crise de confiance chez les

    utilisateurs de linformation financire. Ces derniers ne font plus confiance aux informations

    qui leur sont communiques. De surcrot, ils se sentent souvent mal informs par les

    dirigeants des entreprises, Frandron (2006).

    Cette situation sest traduite par une crdibilit entache de la communication financire des

    entreprises et un scepticisme accentu des utilisateurs envers les supports classiques

    dinformation (tats financiers, rapports annuels et coupures de presse). Ds lors, une qute

    vers de nouvelles sources dinformations plus fiables est mise en place.

    Le rapport daudit (dsormais RA) concrtise la fin de la mission daudit financier. De par sa

    nature de document lgal, produit par un professionnel externe et indpendant, il constitue une

    source dinformation potentielle pour les utilisateurs (Soltani 1992; Ben Ammar et Vigier

    2000).

    Des tudes sont menes aussi bien en France qu lchelle mondiale sur lutilisation du RA

    par certains professionnels (banquiers, investisseurs, actionnaires) dans leurs processus de

    prise de dcisions. Le principal constat qui merge de ces recherches concerne la faible

    utilisation de ce document comme une source dinformation. Cependant, trs peu dlments

    pouvant aider comprendre les causes de faible utilisation du RA par ces professionnels, sont

    fournis.

    Parmi les utilisateurs du RA, nous retenons les Analystes Financiers (dsormais AF). Ces

    derniers jouent un rle crucial des marchs financiers et simposent comme des acteurs

    majeurs des politiques de communication financire des entreprises. De ce fait, il advient

    danalyser les formes dutilisation du RA par les AF et de comprendre les causes de la faible

    utilisation de ce document.

    1 Les affaires Enron, Worldcom, Parmalat et Vivendi.

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    1. LE RAPPORT DAUDIT: UNE REVUE DE LITTRATURE

    1.1. CADRE LEGAL ET INSTITUTIONNEL DU RA

    Lensemble des vrifications ralises par lauditeur externe, dans le cadre de sa mission

    daudit, dbouche sur llaboration dun document dans lequel il exprime son opinion sur la

    fiabilit des comptes contrls, il sagit du RA (figure 1).

    Le principal objectif du RA est dinformer les parties prenantes 2 dune entreprise sur la

    sincrit, la fiabilit et limage fidle des comptes contrls par rapport au rfrentiel

    comptable applicable, Gonthier (1999).

    Lmission du RA est rgie par des lois et des normes daudit aussi bien lchelle mondiale3

    quen France4. Ces normes prcisent les rgles respecter par lauditeur dans lexpression de

    son opinion. Elles dfinissent les diffrentes formes que prend lopinion de lauditeur et

    dictent mme la formulation que doit utiliser lauditeur dans la formulation de son rapport.

    Lopinion mise par le commissaire aux comptes (dsormais CAC) peut prendre lune des

    trois formes suivantes: une certification pure et simple, une certification avec rserves ou un

    refus de certification. Les RA comportant une certification pure et simple constituent le cas le

    plus rpandu aussi bien en France qu lchelle mondiale. Certains auteurs (Asare et Wright,

    2012 ; Carcello, 2012; Ciesielski et Weirich, 2012) ont analys le contenu et les formes

    dutilisation de ce type de document.

    Le deuxime type correspond aux RA avec rserves. Ces rapports ne sont pas nombreux mais

    suscitent davantage lintrt des chercheurs notamment en ce qui concerne leur impact sur les

    dcisions prises par les auditeurs (Houghton, 1983; Dodd et al., 1984; Dopuch et al., 1986;

    Chen et Church, 1996; Soltani, 1996).

    Le troisime type correspond aux RA avec refus de certification des comptes. Il sagit du

    cas extrme traduisant limpossibilit pour le CAC dmettre un avis sur les comptes

    contrls.

    2Lensemble des acteurs conomiques qui sintressent lactivit dune organisation. Il sagit, principalement, des actionnaires, investisseurs, Etat, analystes financiers, salaris, clients et fournisseurs. 3A lchelle internationale, lopinion exprime par lauditeur externe dans son rapport est rgie par les normes internationales daudit: International Standards Auditing ISA. La norme ISA700, concerne le rapport daudit sur les comptes annuels et consolids. 4En France, la loi du 24 Juillet 1966 sur les socits commerciales impose aux entits rpondant certains

    critres de dsigner un CAC. Ce dernier est tenu de prsenter un rapport dans lequel il exprime son opinion sur la

    mission de contrle des comptes annuels qui lui est dvolue par larticle 228 de cette loi. De mme, la Norme dExercice Professionnelle NEP700 tablie par larrt du 18 Juillet 2007 constitue un guide pratique pour les CAC pour lmission de leur opinion sur les comptes contrls.

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    Figure 1. Processus de formulation de lopinion de lauditeur (Source: Felix & Kinney, 1982: Research in the auditors opinion

    formulation process: State of the art)

    1.2. CONTENU INFORMATIONNEL ET UTILITE DU RAPPORT DAUDIT

    Les recherches menes sur le RA se sont concentres sur lutilisation de ce document par les

    banquiers dans leurs processus doctroi de crdits (Libby 1979b, Eliott, 1982, Houghton 1983,

    Soltani 1992 et 1996, Bessell et Anandrajan 2004). Lensemble de ces auteurs analyse

    lincidence du contenu informationnel du RA sur les dcisions doctroi de crdit prises par les

    banquiers. Dautres auteurs (Firth, 1978; Chow et Rice, 1982; Eliott, 1982; Citron et Taffler,

    1986; Fields et Wilkins, 1991; Citron et Taffler, 2004) ont analys limpact des rserves

    exprimes par les auditeurs sur les dcisions prises par les analystes financiers et les

    actionnaires.

    En France, deux auteurs (Soltani et Gonthier) ont analys le contenu et les formes dutilisation

    du RA par des professionnels. Gonthier (1996) analyse le contenu informationnel du RA et sa

    fonction communicative en se basant sur le modle de communication de Shannon5. Lauteur

    tudie les formes dutilisation de ce document par les banquiers et les analystes financiers.

    5Le modle de communication de Shannon et Weaver (1948) ou le systme gnral de la communication.

    Orientation Evaluation prliminaire Planning des activits Tests de conformit

    des contrles internes daudit de la pertinence des comptables contrles

    Evaluation des contrles Tests substantifs des Agrgation des Formulation de

    internes comptables rsultats et soldes rsultats lopinion

    Rapport daudit

    Rapport daudit

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    Soltani (1992 et 2001), observe lincidence de la publication du RA (standard et avec

    rserves) sur le cours boursier dun chantillon de socits franaises cotes. Lauteur

    constate le faible impact des RA standards sur le cours boursier des actions observes.

    Cependant, les opinions avec rserves produisent plutt un impact ngatif sur les actions des

    entreprises cotes.

    Il est noter que durant les trois dernires annes, le RA a fait lobjet dtudes cherchant

    amliorer son contenu informationnel. Ainsi, des groupes de travail et de rflexion se sont

    forms au Canda6, en Europe

    7, en France

    8 et aux Etats Unis

    9 afin didentifier les attentes des

    utilisateurs de ce document. Lensemble de ces travaux vise une meilleure satisfaction des

    besoins informationnels des utilisateurs du RA.

    Parmi les questions qui se posent autour de lutilisation du RA, nous notons son rle doutil

    de rduction de lasymtrie informationnelle subie par certaines parties prenantes dune

    entreprise, Soltani (1992). Lasymtrie dinformation telle que dfinie par Jensen et Meckling

    (1976) oppose les dirigeants dune entreprise ses actionnaires. Souvent, ces derniers se

    trouvent mal informs face des dirigeants opportunistes qui essayent de tirer profit de leur

    avantage informationnel. Une relation qui se traduit par des cots dagence et entrave le

    fonctionnement normal dune organisation affectant, principalement, les actionnaires et les

    investisseurs.

    La rduction du dsquilibre informationnel ncessite lutilisation doutils tels que laudit

    externe dont la vocation premire est dinformer les utilisateurs des tats financiers et les

    parties prenantes sur la sant financire de lentit contrle, (Watts and Zimmerman, 1983;

    Mansi et al, 2004). Le RA en tant quaboutissement du processus global daudit, constitue

    lunique support de communication dont dispose le CAC pour informer les utilisateurs des

    tats financiers et les parties prenantes dune organisation. A travers son rapport, lauditeur

    contribue la rduction du dsquilibre informationnel subi par les parties prenantes dune

    entreprise et participe lamlioration de la communication financire des entreprises.

    6Amlioration de la qualit de laudit: un point de vue canadien: le modle de rapport de lauditeur, Mars 2012.

    7LUnion Europenne a constitu un groupe de rflexion sur le rapport daudit. Les premiers rsultats de ce groupe ont dbouch sur lmission du rapport MARC en 2011. 8Compagnie Nationale des Commissaires aux Comptes (2011), tude sur la perception de la justification des

    apprciations des commissaires aux comptes. Cette enqute concerne, juste la deuxime partie du rapport

    daudit, telle que dfinie par la Norme dExercice Professionnel N700 (NEP700). 9Le PCAOB (normalisateur amricain) a commandit une enqute relative aux possibilits de rvision du rapport

    daudit standard.

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    2. LES FORMES DUTILISATION DU RAPPORT DAUDIT

    Lutilisation du RA par certains professionnels dans leurs processus de prise de dcisions a

    fait lobjet de certaines tudes aussi bien en France qu lchelle mondiale. Dans le cadre de

    ce papier, nous commenons par une prsentation de lutilisation du RA par les banquiers et

    les investisseurs institutionnels. Par la suite, nous analyserons lutilisation rserve ce

    document par les AF.

    2.1. UTILISATION DU RA PAR LES BANQUIERS ET LES INVESTISSEURS INSTITUTIONNELS

    Le processus doctroi des crdits bancaires rpond des critres de plus en plus stricts depuis

    la crise conomique de 2008. Les banquiers sont devenus plus averses aux risques et

    multiplient les mesures pouvant les rassurer quant la solvabilit des clients. Ainsi, ils

    exigent pour toute demande demprunt bancaire la remise des tats financiers certifis par un

    CAC. Cependant, lopinion exprime dans le RA ne constitue quun lment parmi dautres

    que les banquiers mobilisent dans leur processus de prise de dcision doctroi de crdit,

    (Houghton, 1983; Soltani 1992; Gonthier 1996; Soltani 1996). La perception de lutilit du

    RA par les banquiers diffre selon son contenu informationnel et plus particulirement selon

    la nature de lopinion exprime par le CAC.

    Une revue des recherches menes par (Soltani 1992 et 1996) sur le lien entre le RA et la

    dcision doctroi de crdit montre que les banquiers ne ragissent pas de la mme faon face

    aux diffrents types dopinions rendues par les auditeurs.

    Lutilisation du RA par les banquiers est voque par diffrents auteurs (Libby 1979 (a et b);

    Firth 1980; Houghton 1983; Soltani 1992; Bamber et Stratton 1997; LaSalle et Anandarajan

    1997). La majorit de ces tudes analyse limpact des rserves formules par lauditeur dans

    son rapport, sur les dcisions doctroi de crdit prises par les banquiers et les analystes de

    crdit. La faible utilisation du RA par les banquiers trouve des explications dans larchitecture

    mme de ce document et sexplique par la forme et le contenu du rapport qui ne rpondent pas

    aux attentes des banquiers.

    Dautres auteurs (Firth 1979; Gul 1987; Bamber et Stratton, 1997; LaSalle et Anandarajan,

    1997) ont dmontr limpact du contenu du rapport du CAC sur le taux dintrt appliqu par

    les banquiers aux demandes de crdits. Ce taux est souvent fix en fonction de lampleur des

    risques encourus par lentreprise.

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    La revue des tudes que nous venons dexposer nous permet de relever deux constats,

    dabord, lanciennet de ces recherches ralises, essentiellement, avant la crise bancaire et

    financire de 200810

    . Cette crise denvergure mondiale a provoqu des changements dans le

    secteur bancaire et les conditions doctroi des crdits.

    Le deuxime constat concerne la place quoccupe le RA. Il ne constitue pas une source

    dinformation privilgie chez les banquiers. Il est faiblement utilis en tant que source

    dinformation potentielle pour les banquiers.

    Le deuxime groupe dutilisateurs du RA comprend les investisseurs. Ces derniers se sont

    imposs durant les dernires annes comme des acteurs majeurs de lconomie mondiale vu

    limportance des transactions quils ralisent sur les marchs financiers, (Bricker et Chandar,

    2000; Jeffers et Plihon, 2001). Souvent, ils se trouvent mal informs et victimes dun

    dsquilibre informationnel. De mme, ils ne font plus confiance aux sources classiques de

    communication financire adoptes par les entreprises. Cette situation les a pousses

    chercher de nouvelles sources dinformation plus fiables. Cependant, les besoins

    informationnels des investisseurs varient selon leurs profils, soit des investisseurs individuels

    ou des investisseurs institutionnels11

    . Au niveau de ce paragraphe, nous nous intressons aux

    investisseurs institutionnels vu leur poids conomique et lintrt quils accordent aux sources

    dinformations quils utilisent, Benkraiem (2007). De surcroit, ce sont les investisseurs

    institutionnels qui mandatent les AF pour valuer les situations financires des entreprises qui

    les intressent vu quils sont plus susceptibles dutiliser le RA.

    Il faut noter que trs peu de recherches sont menes sur lutilisation du rapport du CAC par

    les investisseurs dans leur processus de prise de dcisions dinvestissement. Souvent, ce sont

    les certifications des comptes avec rserves qui intressent les auteurs (Firth, 1978; Ben

    Ammar et Vigier 2000; Asare et Wright 2012). Ces auteurs analysent limpact des rserves

    formules sur lutilisation du RA dans la prise des dcisions dinvestissement et concluent que

    limpact des rserves varie en fonction de leur type et lincidence quils ont sur la situation

    financire de lentreprise.

    10Cest est la seconde phase de la crise financire de 2007-2010. Elle intervient suite la crise des subprimes de 2007 et la crise conomique mondiale de 2007-2009. Cette phase est marque par la propagation dune crise de liquidit et de confiance en plus dun renchrissement du crdit cause de laugmentation du taux interbancaire travers le monde. 11

    Ce terme est utilis pour dsigner, principalement, les banques, les compagnies d'assurance, les caisses de

    retraite, les FCP ou les SICAV11. Lactivit principale des investisseurs institutionnels consiste dans la gestion

    des portefeuilles de fonds investis et lacquisition des actions proposes la vente par les entreprises sur le

    march financier.

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    Rcemment aux Etats Unis, conscient du poids des investisseurs dans le paysage conomique

    et financier, le PCAOB12

    a lanc un projet de rforme du RA standard13

    . Ce projet vise

    lamlioration du contenu du rapport mis par lauditeur et ladaptation de son contenu aux

    attentes des utilisateurs. Diffrents auteurs (Asare et Wright 2012; Carcello 2012; Church et

    Shefchik 2012; Ciesielski et Weirich 2012) ont ragi au lancement de ce projet en menant des

    recherches sur ce type de rapport. Ces tudes tentent didentifier les attentes des investisseurs

    amricains du RA et souhaitent proposer des pistes damlioration inspires des rponses

    collectes.

    Lensemble des tudes prsentes approuvent la faible utilisation du RA par les investisseurs

    dans leur processus dcisionnel. Il sagit de dceler les diffrents facteurs pouvant expliquer

    la rticence de ces acteurs envers le rapport du CAC.

    2.2. UTILISATION DU RA PAR LES AF FRANAIS

    2.2.1. Sources dinformations utilises par les AF

    Les AF sont de plus en plus prsents dans le paysage financier comme acteurs influents suite

    aux scandales financiers des annes 2000 et la crise de 2008. Les premires apparitions de ces

    acteurs remontent la fin des annes 1980 au temps de la bulle Internet. Selon Bayle et

    Schwartz (2005) les annes 1990 furent mme qualifies dre des analystes.

    En France, malgr lexistence dun organisme14 rassemblant les professionnels de lanalyse

    financire, le mtier dAF est rest peu rglement jusqu lapparition de la Loi de scurit

    financire (LSF) du 1er

    aot 2003 qui a donn pour la premire fois une dfinition15

    au mtier

    dAF (Saghroun, 2003; Bayle et Schwartz, 2005; Bessire et Shatt, 2011). Ainsi, la profession

    sest autorgule, principalement, par le biais de son code de dontologie qui fixe les rgles et

    les pratiques professionnelles que doit suivre tout AF. Cependant, durant les dernires annes

    le mtier dAF a enregistr une orientation vers des missions commerciales. La forte

    12

    Public Company Accounting Oversight Board (PCAOB) est un organisme amricain charg de superviser les

    audits des entreprises publiques afin de protger les intrts des investisseurs et promouvoir l'intrt public dans

    la prparation de rapports d'audit informatifs, prcis et indpendants. 13

    Standard Audit Report: SAR. 14Socit Franaise des Analystes Financiers SFAF. 15 Lanalyste financier: exerce une activit danalyse financire toute personne qui, titre de profession habituelle, produit et diffuse des tudes sur les personnes morales faisant appel public lpargne, en vue de formuler et de diffuser une opinion sur lvolution prvisible desdites personnes morales et, le cas chant, sur le prix des instruments financiers quelles mettent.

  • 9

    exposition des AF aux fluctuations du march boursier a abouti des parcours professionnels

    diffrencis (Benchemam, 2009).

    La typologie du mtier dAF sorganise selon deux axes: le premier axe oppose les analystes

    actions aux analystes crdit, alors que le second axe diffrencie les analystes sell-side de

    leurs homologues buy-side, (Saghroun et Eglem, 2008). Cest cette deuxime classification

    quon retrouve plus couramment dans les recherches conduites par certains auteurs (Sranon-

    Boteau, 1998; Garcia, 2001; Mazet, 2001; Chambost, 2007; Benchemem, 2009). Une

    classification qui sopre selon la nature de lactivit de lAF et son positionnement sur le

    march financier. Ainsi, les AF sell-side, se positionnent du ct des vendeurs. Ils interprtent

    les donnes comptables, financires et stratgiques et formulent des recommandations de

    vente ou dinvestissement (Chambost, 2008)16.

    Les AF buy-side sont souvent employs par une socit de gestion ou un investisseur

    institutionnel. Leur rle consiste centraliser et organiser la diffusion des informations

    fournies par les Sell-Side ainsi que de conseiller les investisseurs (les grants des socits de

    gestion dactifs, FCP, SICAV..) dans leurs dcisions d'investissement.

    Dans le cadre de ce papier, nous avons choisi dtudier la perception des AF quant lutilit

    du RA et la place quil occupe dans leur mission danalyse financire. Lchantillon que nous

    avons interrog est compos de plusieurs profils danalystes avec une concentration sur le

    profil des AF buy-side.

    Le dveloppement du mtier dAF en France, intervient dans un contexte caractris par un

    manque de confiance des utilisateurs des tats financiers envers les politiques de

    communication financire des entreprises. La crise de confiance qui a branl les actionnaires

    et les investisseurs, doubls dun accroissement de lasymtrie informationnelle bnficiant

    aux dtenteurs des avantages informationnels, ont accentu le dsquilibre informationnel

    dans les entreprises, Bessire et Schatt (2011). Ds lors, le recours des mcanismes de

    rduction de ces formes dasymtrie simpose notamment lintervention de professionnels

    externes pouvant rassurer les utilisateurs tels que les analystes financiers et les CAC.

    16Les analystes financiers dits sell-side sont employs par les socits de courtage, qui ralisent les

    transactions pour le compte dinvestisseurs, gnralement des socits de gestion. Au sein des socits de courtage, les conclusions des analystes sell-side sont communiques, sous une forme trs concise, aux vendeurs,

    chargs de les diffuser aux clients actuels ou potentiels. Lorsque un intrt est manifest, les analystes sell-side

    prsentent leur analyse au cours dentretiens avec les grants de fonds et/ou les analystes dits buy-side, conseils de ces derniers (Chambost, 2010).

  • 10

    La mission danalyse financire conduite par les AF est dfinie par Cohen (1997) comme

    tant un antidote aux asymtries informationnelles, un modrateur des tentations

    opportunistes auxquelles les dirigeants sont exposs et un rducteur du risque moral qui

    affecte les investisseurs. Ds lors, lAF joue le rle de rducteur du dsquilibre

    informationnel subi par les parties prenantes dune organisation, plus particulirement, les

    investisseurs, offrant plus de transparence sur la situation financire dune entreprise.

    Lune des principales missions des AF est daider les investisseurs choisir les meilleurs

    actifs ou les catgories dactifs qui leur conviennent, (Bessire et Schatt, 2011). Les travaux

    danalyse financire doivent permettre aux investisseurs de mieux connatre la nature des

    risques encourus en ralisant un investissement et de les aider choisir le taux de rentabilit le

    plus lev.

    Schwartz et Bayle (2005) prcisent que lactivit des AF peut tre segmente en trois

    grandes tches: le recueil des informations gnrales, conomiques, financires et spcifiques

    sur les socits suivies; lanalyse et lutilisation de ces donnes dans des modles de

    prvision afin dlaborer un objectif de cours (target price), des recommandations associes

    et la prsentation de ces travaux aux clients (investisseurs, gestionnaires, buy-side).

    Lensemble des activits que lAF est tenu daccomplir ncessite le recours des sources

    dinformations diversifies et de qualit.

    Les sources dinformations utilises par les AF font lobjet de plusieurs tudes (Allioualla et

    Laurin 2002; Saghroun 2003; Chambost 2007; Saghroun et Eglem 2008; Benchemam 2009;

    Chambost 2008). Ces auteurs identifient la nature des informations utilises par les analystes

    dans le cadre de leurs analyses ainsi que la prfrence dont bnficient les informations

    comptables et financires.

    Labguore (2002) expliquent que les sources dinformation en provenance de lentreprise sont

    les plus utilises lors dune introduction en Bourse (dossier dintroduction, rapport annuel,

    relations avec les dirigeants), ce qui est comprhensible, mais relativise lobjectivit de

    lanalyse financire si ces sources ne sont pas confrontes dautres informations. Cependant,

    une question se pose : quen est-il de lutilisation du rapport daudit par les AF dans leur

    mission danalyse financire? Comment peroivent-ils lutilit de ce document?

  • 11

    2.2.2. Utilisation du RA dans les missions danalyses financires

    Lutilisation du RA par les AF na pas suscit beaucoup dtudes aussi bien lchelle

    mondiale que nationale contrairement aux autres sources dinformations. En France, Soltani

    (1992 et 1996) et Gonthier (1996) ont explor limpact du RA sur les missions danalyse

    accomplies par les AF.

    Selon Soltani (1992), malgr lintrt gnral des tudes menes dans le contexte anglo-saxon

    (Libby, 1979b; Bamber et Stratton, 1997; LaSalle et Anandarajan, 1997; Carcello, 2012) et les

    modles statistiques utiliss par ces auteurs, les rsultats de ces travaux ne peuvent pas tre

    transposs au contexte franais. En effet, les diffrences culturelles, sociales et conomiques

    entre le modle anglo-saxon et le modle franais rend ncessaire la conduite dune recherche

    dans le contexte local.

    Ltude empirique ralise par Soltani (1992) est mene via un questionnaire envoy 350

    AF franais. Cette tude na pas suscit beaucoup dintrts (32 rponses positives) ce qui

    rend les rsultats obtenus peu reprsentatifs. Ce biais de reprsentativit de lchantillon

    interrog est soulev aussi dans ltude de Gonthier (1996). Lenqute ralise auprs de 300

    AF franais travaillant, exclusivement, dans des tablissements bancaires et des assurances a

    permis de collecter un faible taux de rponse positive (15%).

    Les principaux constats qui mergent des tudes de Soltani (1992 et 1996) et Gonthier (1996)

    concernent limportance relative du RA comme source fiable dinformation. Dautres

    documents tel que les tats financiers (principalement le bilan et le compte de rsultat) et les

    informations conomiques et sectorielles constituent les sources dinformations les plus

    consultes par les AF, (Soltani, 1996).

    Bien que lopinion du CAC ne soit pas une source principale dinformation, elle constitue une

    source fiable que les AF utilisent pour complter leur analyse. Selon Gonthier (1996) en

    ce qui concerne le rapport du CAC, les AF le demandent de manire assez systmatique (73%

    des professionnels interrogs) pour les entreprises dont ils sont amens examiner la sant

    financire. Sachant que les principales sources dinformations mobilises par les AF se

    concentrent sur les entretiens raliss avec la direction, les informations boursires, les

    cotations de la Banque de France et les agences de notation. De mme les AF utilisent les

    lments prvisionnels concernant le plan de financement, les investissements, les rsultats

    des socits (Soltani, 1992).

  • 12

    Pour Soltani (1992) et Gonthier (1996), le faible recours des AF au RA peut sexpliquer par la

    forme de ce document ainsi que son contenu informationnel qui ne rpondent pas aux

    exigences des utilisateurs des informations comptables et financires. Toutefois, le RA avec

    rserves suscite plus dintrts mme si limpact des rserves formules par le CAC nest pas

    le mme chez tous les professionnels. Un intrt particulier est accord aux rserves de type

    incertitude qui sont considres par les AF comme tant les plus graves. Tandis que les

    rserves de type limitations sont perues comme tant les moins graves (Soltani, 1996).

    Les tudes prsentes ci-dessus interviennent avant lvolution du mtier dAF et la rforme

    du RA en France. Ce document a fait lobjet dune premire rforme initie par la CNCC en

    1995. Par la suite, des nouvelles normes relatives lmission du RA sont introduites en

    200317

    . La dernire rforme du rapport dopinion du CAC date de 200718 avec lintroduction

    des NEP 700 et 705.

    Lensemble de ces transformations se sont traduits par des nouveauts touchant la fois la

    nature de lopinion exprime par le CAC, les rserves quil peut mettre et la structure mme

    du RA.

    Ces mutations rendent ncessaire la conduite dune tude dans le contexte franais relative au

    RA sous sa forme actuelle et le nouveau statut des AF. Cette tude permettra de recenser la

    perception de ces acteurs de lutilit du RA et la place quil occupe dans leurs travaux

    danalyse financire. De mme, elle permettra didentifier les facteurs pouvant expliquer la

    faible utilisation du RA comme source dinformation.

    17

    Norme N2-601-CNCC: Rapport gnral sur les comptes annuels et norme N2-602-CNCC: Rapport sur les comptes consolids de 2003. 18

    Cette norme d'exercice professionnel a t homologue par arrt du 18 juillet 2007 publi au J.O. n 174 du 29

    juillet 2007. La NEP 700 est applicable aux rapports relatifs aux comptes annuels et consolids des exercices

    ouverts compter du 1er janvier 2008. Elle remplace les normes 2-601 rapport gnral sur les comptes

    annuels et 2-602 rapport sur les comptes consolids du rfrentiel normatif CNCC de juillet 2003.

  • 13

    3. PLACE DU RA DANS LES MISSIONS DANALYSE DES AF FRANAIS:

    METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE

    Le travail empirique conduit dans le cadre de cette tude sinscrit dans une dmarche

    qualitative fonde sur des entretiens semi-directifs raliss auprs dun chantillon dAF et

    des conseillers en investissement financier.

    3.1. UNE ETUDE EMPIRIQUE AVEC UNE ORIENTATION QUALITATIVE

    Selon Guba et Lincoln (1994), lapproche de collecte des donnes retenir dans un travail de

    recherche dpend de la nature de ltude ralise ainsi que lobjectif de cette recherche. Nous

    nous fixons comme point de repre lobjectif de notre recherche: que voulons-nous produire

    comme type de connaissance?

    Ltude que nous ralisons un double objectif: comprendre la perception de lutilit du RA

    par les AF et la place quil occupe dans leurs missions danalyse. Par la suite, recenser les

    facteurs pouvant expliquer la faible utilisation du RA comme source dinformation. La

    finalit de ce travail nous a conforts dans le choix de lapproche qualitative pour mener

    ltude empirique. Cette dmarche a pour mission de reprer des similitudes et des diffrences

    entre les contextes pour donner un sens aux situations, Wacheux (1996). Cest le sens et la

    valeur accord par les AF au RA que nous souhaitons recenser travers ce travail de

    recherche. De mme, vu la nature de lchantillon dAF mobilis (diffrents profils), la

    mthode qualitative savre la mieux adapte pour rpondre notre objet dtude. Pour

    Seghroun (2003) les analystes financiers exercent leur mtier dans des contextes diffrents.

    Or, la dmarche qualitative permet la prise en compte des spcificits des personnes

    interroges.

    3.2. METHODE DE COLLECTE DES DONNEES: DES ENTRETIENS SEMI-DIRECTIFS

    Pour Quivy et Campenhoudt (2006) ...Les entretiens vont permettre douvrir des pistes de

    rflexion, dlargir les horizons de lecture, de les prciser et de prendre conscience des

    dimensions et des aspects dun problme auxquels le chercheur naurait sans doute pas pens

    spontanment. Le principal atout des entretiens cest la possibilit dobtenir diffrentes

    rponses pour chaque question/item tudi selon le nombre des personnes interroges. Ces

  • 14

    rponses sont spcifiques chacun et refltent sa propre perception des phnomnes et sujets

    tudis.

    Le choix de lentretien laisse plus de marge linterview pour livrer sa propre vision du

    phnomne tudi et par consquent comprendre les facteurs pouvant expliquer certains

    comportements ou positions. Quivy et Campenhoudt (2006) prcisent que sous leurs

    diffrentes formes, les mthodes de lentretien se distinguent par la mise en uvre des

    processus fondamentaux de communication et dinteraction humaine. Correctement mis en

    valeur, ces processus permettent au chercheur de retirer de ses entretiens des informations et

    des lments de rflexion trs riches et nuancs. Le choix du type dentretien retenir se

    trouve ainsi conditionn par lobjet de la recherche et les rsultats attendus par le chercheur.

    Pour ltude empirique que nous ralisons, le choix a port sur des entretiens individuels de

    type semi-directifs.

    3.3. ECHANTILLON ET DEROULEMENT DE LETUDE EMPIRIQUE

    Ltude empirique mene porte sur les entretiens raliss avec des AF et des Conseillers en

    Investissement Financiers (dsormais CIF). Lchantillon retenu regroupe 31 professionnels

    (tableau 1). Il se compose de 25 AF et 06 CIF.

    Pour les AF, trois profils sont retenus savoir, des AF sell-side (03), des AF buy-side (19) et

    des AF en entreprises (03). Pour les CIF, il sagit de professionnels indpendants qui

    fournissent des prestations de conseils des investisseurs, principalement, dans le cadre

    doprations de fusions et dacquisitions.

    Le choix dinterroger des profils htrognes dAF se justifie par la volont de garantir une

    meilleure reprsentativit des rsultats collects (tableaux 2 et 3). Toutefois, une prfrence

    est accorde aux AF buy-side (61% des professionnels interrogs) qui ralisent des analyses et

    fournissent des prestations de conseil, principalement, dans le cadre doprations

    dacquisition pour le compte dinvestisseur institutionnel.

    La construction de lchantillon, sest faite en plusieurs tapes: Dabord une premire prise de

    contact par voie lectronique travers lenvoi de courriels lectroniques diffrents

    professionnels. Cette premire dmarche na pas permis de recueillir un taux de retour

    significatif.

  • 15

    De mme, les tentatives de prise de contact avec la SFAF19

    nont pas abouti malgr la

    multitude de dmarches accomplies. Laccs lannuaire des AF demeure rserv

    exclusivement aux membres de lassociation. De ce fait, nous avons opt pour une prise de

    contact directe en passant par des associations, via des recherches sur le web et en ayant

    recours des rseaux de professionnels qui nous ont facilit les prises de contacts avec les

    professionnels.

    Les diffrentes dmarches entreprises ont permis de contacter environ 270 professionnels et

    mener 31 entretiens semi-directifs, soit un taux de rponse positive denviron 11.50%. Ce

    taux bien que faible demeure en cohrence avec la nature de ltude mene et sexplique par

    les clauses de confidentialits qui rgissent lactivit des AF et des CIF.

    Profil AF Buy Side AF Sell Side AF en

    entreprise

    CIF Total

    Nature de

    lentretien

    Entretiens:

    -Tlphoniques

    -En face face

    -Via skype

    Entretiens:

    -En face face

    -Tlphoniques

    Entretiens:

    -En face face

    -Tlphoniques

    Entretiens:

    -Tlphoniques

    -En face face

    -Via skype

    ***

    Nombre

    dinterviews

    19

    03

    03

    06

    31

    Sexe de

    linterview

    Homme: 15

    Femme: 04

    Homme: 03

    Femme: 00

    Homme: 02

    Femme: 01

    Homme: 04

    Femme:02

    Homme:

    24

    Femme:

    07

    Pourcentage 61.30% 9.70% 9.70% 19.30% 100%

    Tableau 2.1 Profils des AF et CIF interrogs

    Secteur

    dactivit Banque et

    assurances

    Industriel Conseils

    Autres Total

    Nombre 05 04 19 03 31

    Pourcentage 16% 13% 61% 10% 100%

    Tableau 2.2.Secteur dactivit des interviews

    19

    Socit Franaise dAnalyste Financiers

  • 16

    Nombre dannes dexprience

    Moins de 5 ans Entre 5 et 10 ans Plus que 10 ans Total

    Nombre 05 17 09 31

    Pourcentage 16% 55% 29% 100%

    Tableau 2.3. Exprience professionnelle des interviews

    Lenqute mene auprs de lchantillon slectionn a pris la forme dentretiens individuels

    semi-directifs dune dure moyenne de 45 min. Le droulement de ces entretiens sest fait

    selon trois mthodes: lors dentrevues en face face, des conversations tlphoniques ou via

    Skype. La quasi-totalit des entrevues ralises a t enregistre ce qui a facilit le traitement

    des donnes recueillies.

    La conduite des entretiens sest faite en se basant sur un guide dentretien (annexe 1) tabli au

    pralable selon les thmes identifis travers la revue de littrature et les objectifs de cette

    tude. Ce guide dentretien sert de trame pour la conduite de nos entrevues et pour garantir

    lhomognit des interviews ralises.

    3.4. TRAITEMENT DES DONNEES COLLECTEES

    Les enregistrements dentretiens raliss ont fait lobjet dune retranscription manuelle. Une

    analyse du contenu de lensemble des donnes collectes a t faite. Nous avons commenc

    notre traitement par une lecture flottante de la retranscription intgrale des entrevues ralises.

    Par la suite nous avons eu recours au logiciel de traitement des donnes qualitatives, Nvivo

    (version 10) pour finaliser lanalyse des donnes collectes. Au dbut, une identification des

    principaux nuds20 qui seront utiliss dans le traitement des donnes, est faite. Ces nuds

    correspondent aux principaux thmes voqus lors des entretiens et autour desquels notre

    tude empirique est construite.

    20Un nud est un ensemble de rfrences sur un thme, un lieu, une personne ou tout autre sujet particulier. Le

    traitement des donnes collectes consiste rassembler des rfrences en consultant des sources, telles que des

    entretiens ou des groupes de rflexion, et en organisant les informations recueillies au sein de nuds pertinents:

    ce processus s'appelle lencodage.

  • 17

    4. PERCEPTION DE LUTILITE DU RA PAR LES AF ET CAUSES DE SA FAIBLE

    UTILISATION

    Le degr dutilit accord par les professionnels interviews au RA dpend de leur perception

    du contenu informationnel de ce document. De mme, cette perception varie selon le statut de

    chacun. Pour Guba et Lincoln (1994): Il n'existe pas une perception unique du rsultat par les

    AF, mais des perceptions multiples qui sont le produit de constructions mentales individuelles

    ou collectives et qui sont susceptibles d'voluer au cours du temps.

    Le traitement des donnes recueillies a permis de recenser la perception de la valeur du RA

    par les AF. De mme, nous avons identifi les principaux facteurs pouvant expliquer la faible

    utilisation du RA dans les missions danalyses financires.

    Les rsultats obtenus sont prsents en deux temps: dabord, nous exposons la perception des

    AF de lutilit du RA comme source dinformation. Par la suite, nous prsenterons les

    principaux facteurs pouvant expliquer la faible attractivit de ce document.

    4.1. PERCEPTION DE LUTILITE DU RA PAR LES AF FRANAIS

    La perception de lutilit du RA dpend du profil de linterview, de son activit principale et

    de la structure laquelle il appartient (AF en entreprise ou mtier libral). De mme, le

    positionnement de lanalyste (sell-side ou buy-side) influence sa perception de lutilit du RA.

    Il incombe de rappeler que la pratique de lanalyse financire dans les services financiers des

    entreprises industrielles ou commerciales peuvent revtir certaines diffrences par rapport

    lexercice de cette activit dans les compagnies dassurance ou sous forme dactivit librale.

    Le principal constat qui merge des entretiens raliss concerne la perception du RA par les

    AF comme un outil de confirmation des tats financiers, dpourvu dun rel apport

    informationnel.

    Lopinion exprime par le CAC dans son rapport apparait alors comme une simple validation

    des comptes annuels qui vient confirmer les comptes annuels. Ds lors, la valeur du RA se

    limite la part de lgitimit acquise par lentreprise en recevant la validation de ses comptes

    par le CAC. (AF.12, AF buy-side): le RA ne constitue pas une source majeure

    dinformation dans nos missions danalyses...on demande ce document mais nous ne le

    considrons pas comme une source principale dinformationil sagit plutt dun outil de

    confirmation des autres informations mises notre disposition.

  • 18

    De par sa nature de document obligatoire, lutilit du RA chez les AF ne dpasse pas son

    caractre formel puisquil constitue une obligation qui simpose aux socits qui rpondent

    certains critres.

    Bien que les avis de tous les professionnels interrogs saccordent sur la faible utilit du RA

    et la pauvret de son contenu informationnel, nous constatons que leurs perceptions de la

    valeur de ce document varient selon la nature de lopinion quil contient. Un intrt particulier

    est accord aux RA comportant des rserves. Dans ce sens, tous les professionnels interrogs

    considrent les RA avec rserves comme un facteur dclencheur qui les incitent approfondir

    leurs analyses et les pousse comprendre les facteurs ayant conduit le CAC mettre ces

    rserves. Cependant les rserves formules par le CAC ne produisent pas le mme effet chez

    tous les AF. Linterprtation de cette information varie selon la nature de la rserve formule

    (rserve pour dsaccord ou pour limitation) et le profil de lAF.

    De mme, lintrt accord aux rserves exprimes dans le RA se trouve tributaire de limpact

    quelles peuvent avoir sur la mission danalyse financire raliser. Selon (AF.08, sell-side),

    Cest vrai que nous naccordons pas le mme intrt toutes les rserves et nous sommes

    conscients quelles nont pas toutes le mme impact sur la sant financire de lentreprise.

    Souvent on distingue les RA avec une certification pure et simple de ceux comportant des

    rserves. Dans ce mme ordre dide, on distingue les rapports avec rserves selon la nature

    de celle-ci.

    Concernant la perception du RA comme source dinformation pour les travaux danalyse

    financire, les AF et CIF interrogs affirment que ce document ne fait pas partie des

    principales sources quils utilisent dans leurs travaux dvaluation. Il sagit plutt dun

    lment de confirmation, dpourvu de tout apport informationnel. Cette perception du faible

    apport informationnel du RA est notifie par Soltani (1996) dans le cadre dune enqute

    ralise auprs dun chantillon dAF franais. Ces derniers affirment que lopinion du CAC

    occupe la troisime place parmi les sources dinformation, derrire les tats financiers et les

    informations sectorielles.

    A travers ltude empirique ralise, nous constatons que lapprhension de la valeur et

    lutilit du RA diffre selon le statut des analystes interrogs: les AF sell-side accordent

    moins dintrt ce document que les AF buy-side. Ces derniers sont souvent la recherche

    dinformation pouvant les rassurer sur la sant financire et lauthenticit des informations

    communiques par les entreprises dans lesquelles ils souhaitent investir. Cependant, les AF

    sell-side, privilgient les supports dinformation mettant en exergue la sant financire de leur

  • 19

    clients. Cette divergence entre AF sexplique par le profil et la position occupe par chacun

    dentre eux.

    4.2. CAUSES DE LA FAIBLE UTILISATION DU RA

    Le deuxime axe de cette tude empirique qualitative concerne les causes de la faible

    utilisation du RA par les AF et les CIF. Diffrents facteurs, de natures diffrentes,

    interagissent dans cette situation. Nous avons choisi de regrouper les causes de la faible

    utilisation du RA en trois catgories: des facteurs lis au RA, des facteurs lis la personne de

    lauditeur qui met le RA et des facteurs lis la connaissance du processus global daudit qui

    conduit lmission du RA.

    4.2.1. Facteurs lis la forme du RA

    Lexpression de lopinion du CAC dans son rapport est rgie par la norme NEP 700 en France

    et la norme ISA 700 lchelle mondiale. Ces normes constituent un modle que le CAC est

    tenu de suivre dans llaboration de son rapport. Lopinion rendue la fin de la mission

    daudit doit rpondre un certain formalisme que lauditeur est tenu de respecter. Ce

    formalisme bien quutilis par les auditeurs pour minimiser leur exposition aux risques fait

    lobjet de divers critiques. Il se trouve parmi les principales causes de la mauvaise perception

    du RA par les utilisateurs.

    A travers lensemble des entretiens mens, nous constatons que le caractre formel du RA

    constitue une entrave son utilisation. Ce constat concerne principalement les RA standards

    pour lesquels les CAC expriment une opinion pure et simple sans rserves ni observations.

    Les auditeurs utilisent alors un modle standard dict par la NEP 700 pour exprimer leur

    opinion. Selon lun des analystes interrogs, (AF. 18, AF sell-side):je trouve que les

    rapports daudit se ressemblent beaucoupon a limpression que cest du copier-

    collersouvent, il na pas une grande diffrence entre les RA de deux entreprises diffrentes,

    surtout quand il sagit de rapport standard..

    Ce formalisme des RA est voqu dans les travaux de Soltani (1992) et Gonthier (1996 ;

    2001) qui prcisent que la forme simpliste et standard du RA se prsente comme un frein

    son utilisation. Ces deux tudes menes dans le contexte franais sont ralises avant la

    rforme du RA par la Compagnie Nationale des Commissaires aux Comptes CNCC en

    1995. Une rforme dont lobjectif tait de moderniser le RA et daccroitre son attractivit.

  • 20

    Cependant, les rsultats obtenus confirment que la forme du RA demeure un obstacle devant

    sa pleine utilisation et ne satisfait pas les AF et les CIF franais.

    De mme, labsence de vision propre de lauditeur sur les comptes quil contrle savre tre

    un frein son utilisation. Lauditeur exprime son opinion travers des standards dfinis quil

    doit appliquer toutes les entreprises abstraction faite de la taille de celle-ci, de sa structure

    ou de son secteur dactivit.

    Il faut rappeler que le CAC est tenu dune obligation de non immixtion dans la gestion de

    lentit quil contrle. Cette obligation lui interdit toute interprtation personnelle des comptes

    contrls. Cependant, certains AF interrogs affirment que le CAC doit enrichir son rapport

    avec plus dinformations pouvant clairer davantage les utilisateurs dans la lecture de son

    rapport.

    Un autre constat merge de notre enqute; certains AF et CIF (5 cas) affirment ne pas lire le

    RA en entier. Ils se limitent la premire partie relative lopinion de lauditeur et

    considrent les rapports sans rserves comme tant dpourvus de tout contenu informationnel.

    La perception de labsence de valeur informationnelle dans les RA standards est voqu par

    certains auteurs aux Etats Unis (Asare et Wright, 2012; Carcello, 2012; Ciesielski et Weirich

    (2012). Ces tudes interviennent suite au projet lanc par le PCAOB cherchant identifier les

    attentes des investisseurs amricains du RA standard et pallier labsence de contenu

    informationnel dans ce type de rapport.

    Nonobstant, la forme du RA ne constitue pas le seul facteur pouvant expliquer sa faible

    utilisation par les professionnels de lanalyse financire. Dautres facteurs endognes et

    exognes ce document contribuent au degr de son utilisation par les utilisateurs.

    4.2.2. Facteurs lis au contenu du RA

    Souvent les utilisateurs de linformation comptable et financire blment la faiblesse voir

    labsence de contenu informationnel dans le RA. Ce document est peru comme un

    complment des tats financiers et sans grande utilit. Il ne fait pas partie des principales

    sources dinformations mobilises par les utilisateurs pour la prise de dcisions Soltani (1992

    et 1996).

    Le manque dattractivit du RA et la faible utilisation qui lui est rserve par les utilisateurs

    trouvent certains lments de rponses dans les entrevues que nous avons ralises. Le

    principal reproche formul lencontre de ce document concerne labsence dapport

  • 21

    informationnel. Le RA tire sa lgitimit de son aspect lgal, mais ne dispose pas

    dinformations utiles pour les professionnels interrogs. Les critiques formules lencontre

    du RA touchent plusieurs facettes de ce document, ainsi la nature rtrospective de ce

    document qui valide les comptes dun exercice cltur se trouve derrire le faible intrt qui

    lui est accord par les AF et CIF. Ces derniers privilgient les informations prospectives

    capables de les renseigner sur la stratgie et les perspectives futures de leur client. Selon (AF

    29, CIF) la lecture du RA ne me permet pas de mieux comprendre la situation financire

    de lentrepriseje trouve que lavis formul par lauditeur est une simple validation des

    informations donnes dans les tats financiers partir de l, je me demande quelle est

    lutilit de ce document?... me concernant, le RA ne fait pas partie des principaux documents

    que je consulte au quotidien dans mon activit de conseil.

    Les informations contenus dans le RA, telles que dfinies par la NEP 700, ne fournissent pas

    dinformations sur le processus ayant conduit le CAC mettre son opinion sur les comptes

    annuels. Cette opacit qui entoure le droulement de la mission daudit renforce le dcalage

    dans la perception du message daudit transmis par lauditeur travers son rapport. Ce

    dcalage plutt connu sous lappellation Audit Expectation Gap (AEG) est apparu dans les

    pays anglo-saxon et a fait lobjet de certaines tudes (Schelluch et Gay, 2006; Church et al.,

    2008; Gold et al. 2012). En France, des auteurs (Albouaini, 2011; Compernolle 2011;

    Caussimont et al. 2013) analysent lexistence de cet AEG dans le contexte franais. Ils ont

    identifi les principaux facteurs lorigine de ce dcalage savoir la formation,

    lindpendance et la comptence des CAC et le degr de connaissance du travail accompli

    dans une mission daudit. Cependant, le RA demeure le principal lment en cause du

    dcalage soulev dans la transmission du message daudit. Son contenu informationnel

    savre tre en de des attentes des utilisateurs.

    Labsence ou la faiblesse des informations relatives au droulement du processus daudit et la

    mconnaissance du degr dimplication des auditeurs dans le travail de contrle des comptes

    annuels rduit le RA une simple formalit lgale et une validation des comptes annuels.

    4.2.3. Facteurs lis lauditeur

    Le manque dattractivit et la faible utilisation du RA comme source dinformation

    sexpliquent par des facteurs inhrents ce document, mais aussi travers les aspects relatifs

    la personne de lauditeur telle que le degr de son indpendance ou sa comptence.

  • 22

    Lindpendance des CAC dans la conduite de leur mission daudit fait partie des thmes

    voqus dans notre enqute. Bien que la majorit des interviews (65%) pensent que les

    auditeurs sont plutt indpendants, cette indpendance nest pas totalement acquise.

    Selon les affirmations des professionnels interrogs, les auditeurs sont susceptibles dtre

    influencs par leurs clients. Ainsi, lenjeu financier de la mission et la relation auditeur-audit

    sont les principaux facteurs qui interagissent dans la perception de lindpendance des

    auditeurs.

    Souvent laspect financier est mis en avant dans les questions se rapportant lindpendance

    des auditeurs. En effet, vu que le CAC est pay par le client dont il vrifie les comptes, cela

    constitue une source de dpendance financire au regard des utilisateurs. Limpact de lintrt

    financier de la mission daudit sur le CAC et son indpendance est soulev par certains

    auteurs (Antole, 1984; Richard, 2006; Hottejindre et Lesage, 2009; Loyer, 2006) qui

    dmontrent lexistence dun certain conflit dintrts gnr par la dpendance financire du

    CAC et qui est susceptible dinfluencer son opinion.

    Pour certains AF et CIF interrogs (11 cas) lopinion dauditeur sur les comptes contrls,

    avant dtre publie dans son rapport, fait lobjet dune ngociation avec le directeur financier

    ou le comit daudit de lentit contrle. Par consquent, cette concertation avec les

    dirigeants de lentreprise affaibli la valeur du RA. Pour Compernolle (2009), il existe un jeu

    de pouvoir entre les administrateurs dune entit, sa direction financire et le CAC. Lauteur

    explique que ces jeux de pouvoirs seraient la fois sources de contraintes, de rassurance et

    dopportunits pour les CAC dans leur qute dindpendance.

    Certains professionnels interviews affirment que labondance des RA comportant une

    certification pure et simple et la raret des rapports avec rserves, peut sexpliquer par le lien

    financier qui empche lauditeur dtre critique envers ses clients et dmettre des rserves.

    Dautant plus quil risque de voir son mandat non renouvel la suite dune opinion non

    favorable aux intrts de son client. Selon lun des interviews, (AF. 17-AF buy-side):

    Cest un peu difficile de se prononcer sur la question de lindpendance des CAC. Dune

    faon nave, on peut dire quils sont indpendants, surtout au vu des lois et normes en la

    matire.aprs dans la pratique, il faut reconnaitre que les entreprises sont intresses,

    plutt, par un auditeur qui valide leurs comptes et prserve leur image auprs des

    utilisateurssachant que les entreprises ne sont pas prtes divulguer leurs donnes

    confidentielles un auditeur diffrent chaque anne. Donc, il y a une relation de confiance

    qui se cre entre les deux parties aprs, je pense quau-del dun certain nombre dannes,

  • 23

    il est difficile pour le CAC dtre totalement indpendantil subit une certaine influence

    mme indirectement ou inconsciemment.

    Le conflit dintrts des auditeurs, gnr par une dpendance financire est longtemps utilis

    lencontre des CAC en France pour critiquer la fiabilit des opinions quils mettent la fin

    de leur mission. Richard, (2003) voque le conflit dintrt des CAC franais et linstauration

    de la LSF en 2003 comme un mcanisme pouvant rduire ce conflit et accroitre la confiance

    dans les opinions mises par le CAC.

    De mme, lindpendance mitige des CAC est tudie par dautres auteurs (Porter et

    Gowthorpe 2001; Albouaini 2011; Caussimont et al. 2013) comme un facteur pouvant

    expliquer lexistence dun dcalage entre le CAC et les utilisateurs dans la perception du

    message transmis par lauditeur, un phnomne connu sous lappellation AEG 21 . Ces

    auteurs prcisent que, souvent, la perception de lindpendance des CAC par les parties

    prenantes, influence leur comprhension du message daudit.

    En plus de lindpendance mitige du CAC dans son processus de contrle des comptes, se

    pose aussi la question de sa comptence. Notre tude empirique nous a permis de constater

    que la comptence des CAC se trouve, dans certains cas, remise en question par des

    professionnels qui jugent les auditeurs comme tant incapables deffectuer certains contrles.

    Les principaux reproches la comptence des CAC concernent le manque dexprience de

    certains collaborateurs qui interviennent dans le processus daudit et le manque de formation

    certaines questions techniques qui ncessitent une formation adapte.

    Le manque dexprience des collaborateurs touchent, principalement, les grand cabinets

    daudit (Big for) dont les quipes comptent des jeunes diplms sans une grande exprience.

    De surcroit, souvent, ces quipes changent dune anne lautre ce qui ncessite des

    explications aux nouveaux collaborateurs et des problmes de continuit et de suivi du travail.

    Lensemble de ces lments directs et indirects affectent la perception des utilisateurs du

    degr de comptence du CAC et de la qualit des contrles quil met en place. Selon un

    professionnel interview, (AF. 14, CIF) les CAC nont pas toujours la formation adquate

    qui leur permet dvaluer certains produits financiersce manque de formation rend

    inappropri lavis quils mettent dans leur rapport...de mme, nous savons que les jeunes

    collaborateurs qui participent aux missions daudit nont pas les comptences ncessaires qui

    21

    Audit Expectation Gap.

  • 24

    leurs permettent de faire ce travail.mme sils sont placs sous le contrle dun directeur de

    mission....

    La comptence de lauditeur est souvent rattache sa formation. Ainsi, des questions se

    posent sur ladquation de la formation des auditeurs et de lenseignement de laudit avec les

    exigences du mtier. Bertin (2002), propose une amlioration du programme de formation

    laudit en France pour que le mtier de CAC puisse suivre lvolution internationale. En effet,

    vu lvolution du contexte international cette poque22, lauteur prconise une rforme de la

    formation laudit en France pour quil puisse remplir les fonctions qui lui sont dvoues.

    Nous constatons que lapprhension du RA comme un document avec un potentiel

    informationnel est directement influence par la perception de limage du CAC.

    Lindpendance et la comptence de ce dernier sont dterminantes dans la perception du

    message daudit quil transmet travers son rapport de fin de mission.

    4.2.4. Facteurs lis la connaissance du processus daudit par les utilisateurs

    La perception de labsence de contenu informationnel dans le RA et sa faible utilisation par

    les diffrents utilisateurs, sexpliquent par des facteurs la fois propres au document lui-

    mme et lauditeur qui las mis, mais aussi, par des facteurs inhrents aux utilisateurs du RA.

    Les donnes collectes travers les entretiens raliss laissent apparaitre une certaine

    mconnaissance du processus daudit lgal de la part des AF et CIF. Ces derniers, bien quils

    connaissent le cadre gnral de laudit, semble ne pas maitriser ltendue de la mission

    daudit. En effet, nous avons dcern une certaine mconnaissance de lampleur des contrles

    raliss et la consistance des tests mis en place.

    A ce titre, il est noter que certains professionnels interrogs ont une ide floue du travail

    ralis en amont de lexpression de lopinion daudit. Souvent, ils considrent le travail des

    auditeurs comme un ensemble de tches rptitives de validation des comptes, dpourvues

    danalyses.

    En plus de la mconnaissance de toutes les facettes du processus global daudit, nous avons

    relev la prsence dune ambigit chez un certain nombre dAF et CIF concernant les

    responsabilits engages par lauditeur dans le cadre de sa mission daudit lgale. A ce titre,

    22

    Cette tude intervient juste aprs le scandale financier Enron en 2000 et la mise en place de la loi Sarbanes Oxely en 2002 aux Etats Unis dont lobjectif est de garantir plus de transparence dans la communication financire et amliorer limage des auditeurs.

  • 25

    nous rappelons que selon le code de commerce23

    , le CAC, dans le cadre de sa mission daudit,

    engage ses responsabilits civiles pnales et disciplinaires. Par consquent, il se porte garant

    de la fiabilit des comptes annuels quil valide.

    De mme, nous avons observ un certain flou propos des organismes qui supervisent le

    travail des CAC et les instances qui encadrent ce mtier tel que la CNCC et le Haut Conseil

    de Commissariat aux Comptes (H3C). Autant dlments qui ne sont pas mis en valeur et qui

    sont susceptibles de valoriser le travail accompli par le CAC et par consquent accroitre

    lacceptation du RA.

    CONCLUSION

    Les besoins informationnels des analystes financiers ont connu un rel accroissement durant

    les dernires annes suite la succession des scandales financiers et la rcente crise

    conomique. Dans un contexte entach par des problmes de confiance envers les supports

    classiques dinformation, une course vers des sources plus fiables est engage.

    Le RA en tant quaboutissement de la mission daudit mene par le CAC prsente un potentiel

    informationnel qui demeure non exploit. En effet, la majorit des tudes menes sur

    lutilisation du RA rvlent quil sagit dun document faiblement utilis. Il ne fait pas partie

    des principales sources dinformations consultes. De surcroit, durant les dernires annes,

    limage des auditeurs est impacte par la rvlation de la complicit de certains professionnels

    dans des manipulations frauduleuses.

    Ltude empirique que nous avons conduit auprs dun chantillon dAF franais appartenant

    diffrents secteurs dactivit nous a permis de recenser les principaux facteurs explicatifs de

    la faible attractivit du rapport daudit. Nous avons class ces indicateurs en trois catgories.

    Ainsi, nous avons identifis les lments qui interfrent dans cette situation et qui sont lis au

    document lui-mme (fond et forme) et son metteur. De surcrot, ltude empirique mene

    nous a conduit recenser une certaine mconnaissance de laudit et du RA de la part de

    certains utilisateurs. Des ambiguts persistent autour du statut du CAC, son indpendance,

    ses responsabilits et lampleur du travail accompli en amont de lmission de lopinion

    daudit.

    23 Code de commerce: Articles L820-5, L820-7, L247-1, L242-20, L822-9 et suivants, R822-32, L822-17, R822-70, A822-

    31, L225-254

  • 26

    Autant dlments qui consolident la perception ngative du RA par les utilisateurs qui le

    considrent comme un simple outil de validation des tats financiers.

    Lidentification des facteurs explicatifs de la faible utilisation du rapport daudit, conduira

    terme une identification des principales pistes permettant damliorer la perception du RA.

    De mme, elle facilitera lacceptation de ce document et laccroissement de son attractivit

    auprs des utilisateurs.

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  • 32

    Annexe1.

    Guide dentretien -Analystes Financiers-

    Merci davoir accept de participer cette tude. Je commence par vous prsenter mon travail de recherche

    ainsi que la finalit de cet entretien. Je tiens prciser que cette conversation est enregistre et sera

    retranscrite par la suite afin de faciliter le traitement des informations recueillies. Le contenu de notre

    conversation est couvert par les clauses de confidentialit.

    Phase I: Ouverture

    Q1:Pouvez-vous me parlez de votre parcours: formation universitaire et expriences professionnelles?

    Q2:Lanalyse financire est-elle votre principale activit?

    Phase II: Centrage

    Q3: Quelles sont vos principales sources dinformations?

    Q4: Que pensez-vous du rapport daudit?

    Phase III: Approfondissement

    Q5:Comment trouvez-vous la forme actuelle du rapport daudit?

    Q6:Comment percevez-vous un rapport daudit comportant des rserves ?

    Q7:Quel est votre avis sur lindpendance du commissaire aux comptes?

    Q8:Est-ce que la notorit du Commissaire Aux Comptes/Cabinet daudit, qui met le rapport daudit, peut

    influencer votre analyse?

    Phase IV: Conclusion

    Q9: Quelles informations souhaitez-vous trouver dans le rapport daudit pour que vous puissiez le

    considrer comme une source principale dinformation?

    Donnes sur le rpondant :

    *Nom et Prnom/Raison Sociale:

    *Adresse postale:

    *Courriel:

    *Num. de tl. :