Abu Median

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  • 9CULTURELundi 21 Mars 2011

    La ville de Tlemcen a abrit,mercredi et jeudi derniers, uncolloque internationalconsacr Sidi Boumediene.Place sous le thme AbMadian : une voie, uneuvre , cette rencontrereprsente un avant-coupd'envoi des festivitsprogrammes l'occasion dela manifestation Tlemcen,capitale de la cultureislamique 2011.

    L a tenue de ce colloque con-cide, aussi, avec le septimejour du Mouloud (anniversairede la naissance du ProphteMohamed (qssl)), autre ftereligieuse jadis officiellement clbrepar les sultans de cette ville, a soutenu, leDr Khenchelaoui, chercheur et anthropo-logue des religions, mardi Alger. SidiAbou Madiane Choab ben Al-Ansari d'Al-Houssein, surnomm Aboumediene Al-Ghawth est n Sville en 520 (H), 1126(G). Il tudie Fs, auprs de matres degrand renom. Sidi Abou Madiane tait unprofesseur, un disciple, un auteur et unpote du Soufisme. Il est le fondateur dela principale source initiatique du sou-fisme du Maghreb et de l'Andalousie. Ilest n Cantillama dans la rgion deSville et est dcd Tlemcen. Il tait leguide spirituel d'Abdeslam Ben MchichAlami. Il est le saint patron de Tlemcen.Ibn Arab a appel Abou Madyane leprofesseur des professeurs . AbuMadyan tait encore jeune lorsqu'il s'estdplac au Maroc, il a habit Ceuta,Tanger et Marrakech. Il tudia Svillepuis Fs o il reut son ducation reli-gieuse et o il subit l'influence des ensei-gnements d'Abd al Qadir al-Jilani, d'AbuYaza et d'Al-Ghazl ( travers Ibn Hri-zim, et d'Abu Bakr Ibn al-Arabi matred'Abu Yaza). Il fut lve du cheikh AbouYeza, qui l'initia aux secrets du soufisme.Quittant Cheikh Abou Yeza, pour prendrele chemin de l'Orient, ayant dj acquis larenomme de thologien consomm, ilarrive Tlemcen et comme il cherchait lasolitude, il se retira au dessus d'El Eub-bad, auprs du tombeau de Ouali SidiAbdellah Ben Ali. Aprs un sjour d'unecertaine dure, il dit adieu Tlemcen qu'ilne devait revoir qu'une fois, longtempsaprs, et pour y mourir. Il se dirigea versl'Orient, s'arrtant toutes les villesimportantes qui se trouvaient sur saroute.

    Ab Madian disciple de Abd al Qader al-Jilani

    Arriv la Mecque, il fait connais-sance avec Cheikh Sidi Abd al Qader al-Jilani qui complte alors son instructionsur la doctrine soufie et fit de lui son dis-ciple bien aim. A la mort de son matre,il devint le plus clbre de tous lesCheikhs que Sidi Abd al Qader al-Jilaniavait forms son cole. Renoncementau monde, contemplation des mystresdivins, recherche des secrets du spiritua-lisme. Ctait un souf parfait d'une lo-quence rare. Aprs son plerinage LaMecque et ses tudes au Moyen-Orient, ilretourne pour enseigner Bjaa. Sur lechemin du retour, il fit un dtour en Pales-tine o il aurait particip avec Saladin une bataille importante contre les Croi-ss. Sidi Boumediene, notent les histo-riens et spcialistes en la matire, voya-geait beaucoup. Avant Bejaia, il professa

    Baghdad, Sville et Courdoue. Ilchoisira, donc, Bejaia pour stablir dfi-nitivement. Bejaia une ville o la sciencetait alors en grand honneur. Entour dela vnration publique, la connaissanceapprofondie des dogmes de l'islam, ilgagnait celles des lois morales, mais cequi le distinguait de tous les autressavants de son sicle, un degr cla-tant, c'tait la perspicacit merveilleuseavec laquelle il avait sond les mystresde la vie spirituelle. Rien n'tait cachpour lui des choses du monde invisible.Concentrant les chanes initiatiques dri-ves de l'Ecole de Baghdad, d'Al Jilani,d'Al-Ghazl, Abou Madyane les transmitpar Ibn Machich et par Chadili la plupartdes thourouq du Maghreb. Savant, mysti-que, professeur, pote, il disait : Quandla Vrit apparat, Elle fait tout disparatre. Il avait crit plusieurs traits de doctri-nes spiritualistes et il se plaisait compo-ser des posies allgoriques, il fut sur-nomm le Cheikh des Cheikhs, le ouali,c'est dire l'ami de Dieu, le Saint, leKotb, ce qui signifie littralement le ple,dans le langage mystique du soufisme.C'est le Saint par excellence, le Ghawth.Cest galement un tre unique qui occu-pait le degr le plus lev dans l'chellemystique. Il est le recours suprme desaffliges, le sauveur. Il quitte Bougie l'ap-pel du Sultan Abou Youcef Yacoub ElMansour, Sultan Almohade pour Marra-kech. Arriv Ain Tekbalet, aux environsde Tlemcen, Sidi Boumediene indique ses compagnons le Ribbat d'El Eubbad,puis il s'cria, comme inspir, combience lieu est propice pour y dormir en paixde l'ternel sommeil . A sa mort, Il ditd'une voix teinte, Dieu est la vritsuprme. Allah Houa El Hak . Il renditl'me El Eubbad en 594 (H), 1197 / 98(G,), l'age de 75 ans. C'est l que l'ondifia son mausole. Construit par le suc-cesseur almohade d'Al-Mansour,Muhammad an-Nasir, honorant lammoire du saint, ce monument quiexiste encore, devenu lieu de plerinage,a t restaur et embelli par le sultan zia-nide Yaghmurasen, puis par le sultanmrinide Abu al-Hasan Ali qui lui adjoi-gnit, mis part un petit palais, une mos-

    que dans laquelle Sarmachik, l'archi-tecte de Mohammed El-Kebir beyd'Oran, entreprit des travaux, et laquelle l'Emir Abdelkader fit don d'unminbar.

    Le soufi venu du Maghreb

    la dlivrance d'El-QodsPour le Dr Khenchelaoui, qui sexpri-

    mait la veille du colloque internationalconsacr cet rudit, Al-Ghawth Sidi abMadian reprsente de par l'?uvre lgue,a-t-il soutenu, un ple mystique et le patriarche de tous les saints . Sonnom est traditionnellement accompagnde titres hautement honorifiques tels que le Matre des Matres de l'Islam ou l'Imam suprme de tous les temps ouencore celui dont le nom est universel-lement connu et unanimement vnr ,a indiqu le Docteur. Rappelant qu'abMadian fut le matre direct d'ibn Arab al-Htim al-Ta' ainsi que le ple du Maghrebextrme sidi Abd al-Salm ben Meshsh,lequel fut le matre d'ab al-Hassan al-Shdhul. Le Dr Khenchelaoui a expliquque ce matre soufi a voyag et dispensson enseignement mystique dans d'autresmtropoles de l'Islam, telles que Fs,Tunis, le Caire et el Qods outre les deuxLieux Saints de lIslam savoir, la Mecqueet Mdine. Il a not qu'ab al-Hassan al-Shdhul eut pour mission de diffuser lavoie du matre de son matre ab Madianen Egypte, signe de la prdominance spi-rituelle de Tlemcen sur la ville du Caire .Le Dr Khenchelaoui a ajout qu' sa mortab Madian laissa dans le pays desPharaons une haute ligne d'hritiersgnostiques tels que le saint-patrond'Alexandrie le joyau de la saintet, sidiab al-Abbs al-Murs, ibn At'Allah al-Iskandar auteur du Grand Livre de laSagesse , le chevalier des saints gyp-tiens sidi Ahmed al-Badaw sans oublier lechantre du Prophte, la gloire des bniHammd, ab Abd Allah Sharaf al-Dn al-Busayr al-Sanhj, auteur de l'inimitablepope mahomtane connue sous le nomd'al-Burda (le Manteau) . Parmi ceuxqui se rclament de Sidi ab Madian, mort

    e tenterr Tlemcen en 1197 et dont le mau-sole est une vritable merveille architec-turale, on retient les noms du clbre soufiet exgte sidi Abd al-Rahmn al-Thalib,saint-patron d'Alger ainsi que celui de sidiAhmed ben Ysuf al-Milyn, saint-patronde Miliana, qui fut l'un des piliers du Magh-reb dans le domaine de l'sotrisme auseizime sicle , a-t-il prcis. L'his-toire retiendra la participation active de cesoufi venu du Maghreb central la dli-vrance d'El-Qods. Au lieu de se contenterde bnir la campagne de Hattn lance parSaladin en 1187, Sidi ab Madian choisitde se tenir en premire ligne de l'arme del'Islam jusqu' ce que victoire s'en suivt.Le soufi y laissa son bras en guise de reli-que et en tmoignage de sa foi, irriguant laterre sainte de son sang algrien , apoursuivi le Dr Khenchelaoui. Par grati-tude, le sultan ayyoubide lui lgua une fon-dation pieuse au sein de la ville saintevoue exclusivement aux Maghrbins, a-t-il relev, dplorant que ce quartier qui futadministr par des familles d'origine alg-rienne a compltement disparu aulendemain de l'occupation de la partie Estde la ville par les Israliens qui prirent ladcision d'largir le mur des lamenta-tions . Au petit matin du 11 juin 1967,les pelles mcaniques des sionistes pro-cdrent l'effacement de neuf sicles deprsence algrienne en dmolissant prsde 10.000 m2 de monuments du patri-moine architectural. Quatre jours peineaprs la chute de la vieille ville, placesous occupation militaire, l'opration dedmolition tait termine. Le quartier his-torique, construit au XIIe sicle, n'existaitplus, ainsi a disparu le quartier maghrbinemportant avec lui le dernier tmoignagearchitectural arabo-andalou li lammoire de Sidi ab Madian dans toute laPalestine , a relat tristement le cher-cheur.

    N. Anis

    AB MADIAN : UNE VOIE, UNE UVRE

    Un colloque consacr Al-Ghawth,El Qotb Errabbani