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L’ADAPT Association pour l’insertion sociale et professionnelle des personnes handicapées Conférence PRÉPARER L’AVENIR DES JEUNES AVEC LES JEUNES Lundi 12 novembre 2012 Cité des sciences et de l’industrie (Paris 19 e ) Actes de la conférence d’ouverture de la 16 e Semaine pour l’emploi des personnes handicapées.

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L’ADAPT Association pour l’insertion sociale et professionnelle des personnes handicapées

ConférencePRÉPARERL’AVENIR

DESJEUNESAVECLESJEUNES

Lundi 12 novembre 2012

Cité des sciences et de l’industrie (Paris 19e)

Actesdelaconférenced’ouverturedela16e Semainepourl’emploidespersonneshandicapées.

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« Préparer l’avenir des jeunes avec les jeunes ! »

Actes de la conférence de lancement de la

16e Semaine pour l’emploi des personnes handicapées

Lundi 12 Novembre 2012

Introduction

Dominique Baudis, Défenseur des droits

Première table ronde

«Agir sur le temps scolaire pour préparer l’accès à l’emploi»

Sophie Cluzel, Présidente de la FNASEPH Florence Janssens, Inspectrice, conseillère ASH du recteur de l’Académie de Versailles Clara Kapela, Chef de projet du programme PHARES-ESSEC Marc Massamba, Diplômé d’un master RH

Jean-Marc Roosz, Président de Ecole 2 demain

Michel Trollé, Directeur territorial L’ADAPT Nord/Picardie

Zineb Rachedi-Nasri, Sociologue, Chargée d'études à l’INSHEA

Deuxième table ronde

« Accompagner le parcours de professionnalisation pour préparer l’accès à l’emploi »

Charlotte Brun, Conseillère régionale Ile-de-France Christophe Collin, Directeur du développement RH, Generali

Giselen Delgado, Etudiante en BTS tourisme Christian Grapin, Directeur de Tremplin

Serge Kroichvili, Délégué général de l’UNML Manuèle Masset, Directrice adjointe de la plateforme insertion de L’ADAPT/Essonne

Pierre Roques, Inspecteur, conseiller ASH du Recteur de l’Académie de Toulouse Jean-Jacques Tartinville, Directeur général de l’ALJT

Conclusion Emmanuel Constans, Président de L’ADAPT

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Introduction

Vincent Edin.- Bonjour à tous. Prenez place, je suis Vincent Edin et je vais vous accompagner toute la matinée. Cette conférence sera transcrite sur tweeter, vous pouvez poser vos questions directement via le hashtag pour que ce soit interactif. Les intervenants ne sont pas les seuls à avoir la science infuse sur le sujet ! Pour lancer la Semaine pour l'emploi des personnes handicapées de L’ADAPT, j'invite son président à lancer le débat. Emmanuel Constans.- Monsieur le défenseur des droits, Mesdames et Messieurs, chers amis. Je suis heureux de vous accueillir au nom de L’ADAPT et je laisserais à Dominique Baudis qui nous donne le privilège de sa participation, le soin d'ouvrir la 16e Semaine pour l'emploi des personnes handicapées. Je le remercie de sa présence. Nous avions également prévu la venue, c'est ce qui avait été convenu, de Madame George Pau-Langevin, ministre déléguée à la réussite scolaire qui nous a indiqué qu'elle ne pourrait pas être parmi nous ce matin. Elle nous a envoyé un message, parce que ce sujet des jeunes en situation de handicap, que nous allons traiter lors de cette conférence nationale, lui tient à cœur, comme à nous tous. Je vais vous le lire : « Monsieur le Président, Messieurs et Mesdames, merci pour votre invitation. J'exprime mes regrets de ne pas être parmi vous aujourd'hui, à l'occasion de la conférence que vous organisez dans le cadre de la semaine. C'est la réussite de tous les élèves que je veux ériger comme possibilité potentielle, concrète et réelle pour permettre à tous les jeunes en situation de handicap, d'être inclus dans un parcours scolaire leur permettant d'acquérir l'autonomie nécessaire pour faciliter leur insertion dans la vie professionnelle avec tous les atouts nécessaires. Cette nécessité d'intégration dans l'école et de réussite pour tous concerne au premier chef les élèves en situation de handicap pour qui les voies vers la scolarisation restent un parcours du combattant. Avec leur famille, ils doivent en effet emprunter bien des chemins pour aboutir et atteindre ce qui est pourtant leur droit le plus fondamental. Si la loi de 2005 a permis à un grand nombre d'élèves à besoin adapté d'être aujourd'hui scolarisés en milieu ordinaire (ils sont près de 227 000 cette année contre moins de 190 000 en 2009), la tâche reste énorme pour que l'accueil puisse se faire de façon continue et sans heurt pour les jeunes et leur famille. Nous avons déjà lancé ce vaste chantier pour l'amélioration de la qualité de la prise en charge et de l’intégration en milieu ordinaire des enfants en situation de handicap. Le Président de la République a en effet annoncé que la formation des enseignants tiendrait compte des problématiques et pédagogies spécifiques au handicap. C'est une avancée majeure et nécessaire pour les enseignants qui sont démunis dans leur classe pour répondre aux besoins des élèves et d'autre part, pour les élèves au service de qui tous les moyens pédagogiques vers l'apprentissage et la réussite doivent être mis en œuvre. Avec Marie-Arlette Carlotti, j'ai aussi mis en place le 16 octobre dernier un groupe de travail sur la professionnalisation des AVS (auxiliaires de vie scolaire). Celui-ci rendra un rapport au premier ministre au cours du prochain trimestre et permettra, je l'espère d'avancer vers une reconnaissance du rôle crucial des AVS sur le chemin de l'intégration pour tous. Enfin, la journée du handicap qui se tiendra le 3

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décembre prochain se prépare. Je souhaite qu’elle revête une ampleur particulière dans les établissements scolaires pour faire connaître les enjeux et créer des temps de partage. Vous l’aurez compris, l'intégration de tous, le lien humain pour chaque parcours me touche particulièrement et me sont chevillés au corps pour une meilleure insertion dans la vie professionnelle. Je reste plus décidée que jamais à relever les défis. Je suis sûre que vos travaux iront dans le sens d’un vivre ensemble avec une grande autonomie. Bien sincèrement, George Pau-Langevin. » Voilà le message de la Ministre. Vincent Edin.- Merci Monsieur le Président. J'en profite pour saluer le travail des interprètes et des sténotypistes. Comme la conférence s'appelle « Préparer l'avenir des jeunes avec les jeunes », nous leur donnons la parole via un film avant d’entendre Dominique Baudis. (Projection d'un film) Dominique Baudis.- Merci de m'avoir proposé d'ouvrir cette semaine. Je voudrais utiliser ces minutes pour présenter une institution avec laquelle travailler pour tenter de faire reculer les discriminations. Le Défenseur des droits, c'est quoi ? C'est une institution destinée à faire respecter et à promouvoir les droits et libertés des citoyens. Elle exerce quatre missions, dont plusieurs concernent les problématiques que vous allez traiter durant cette semaine. Nous sommes chargés de traiter les dysfonctionnements qui interviennent entre les citoyens et les administrations et services publics en général (c’est ce que faisait le médiateur de la République), de la défense des enfants (veiller à l'application de la Convention Internationale des Droits de l'Enfant), de la lutte contre les discriminations et la promotion de l'égalité qui était la mission de la Halde, et enfin de la déontologie des personnels de sécurité (une mission portée jusqu’à 2011 par la commission nationale de déontologie de la sécurité, CNDS). L'ensemble des femmes et des hommes qui travaillaient auparavant dans les quatre organes fusionnés, travaillent désormais au sein du Défenseur des droits avec un dispositif qui permet un suivi attentif sur les questions de discrimination. Quel intérêt dans le regroupement de ces institutions qui agissaient séparément ? La simplicité de l'accès au droit pour le citoyen. Prenons un cas concret. Une famille a un fils qui souffre de handicap, qui se déplace en fauteuil roulant. Elle rencontre des difficultés pour inscrire ce jeune dans un établissement scolaire. Avant la réforme, la famille pouvait s'adresser au Médiateur de la République pour une médiation avec l'Education nationale. Elle pouvait s'adresser au Défenseur des enfants, elle pouvait enfin s'adresser à la Halde puisqu'il était victime d'une discrimination en raison du handicap. Parfois une famille confrontée à une difficulté s'adressait aux trois institutions qui n'échangeaient pas les informations et traitaient le dossier à leur rythme. Aujourd'hui, il y a une seule porte d'entrée : le Défenseur des droits. Nos équipes vont aller chercher dans la boîte à outil l'instrument juridique le plus approprié pour essayer d'apporter satisfaction à ceux qui font appel à nous. Nous avons deux façons d'agir : au titre de la protection des droits, c'est-à-dire essayer autant qu'on le peut de résoudre les problèmes individuels auxquels les personnes sont confrontées. Au titre de la promotion des droits pour agir de façon préventive, faire évoluer les textes, lois et décrets par exemple

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de la société pour faire reculer les discriminations. Pour la protection des droits, nous avons un large éventail utilisé au service de ceux qui font appel à nous. N'hésitez pas à transmettre des dossiers quand vous constatez des discriminations dans votre activité, dans vos engagements associatifs que ce soit dans le domaine de l'accès à l'emploi, mais aussi au logement, ou de l'accès aux biens et services. Nous agissons par des voies de médiation quand c'est possible pour rapprocher et faire en sorte que la personne ait une compensation. Quand c'est nécessaire, on accompagne sur une voie judiciaire, pénale ou administrative en déposant des observations auprès de la juridiction. Nous sommes intervenus devant des tribunaux, par exemple, aux côtés d'une personne qui avait été discriminée dans son emploi. Il s'agissait d'une jeune femme, qui travaillait dans un grand établissement de service, à La Poste et avait pour mission l'entretien et la distribution du courrier en interne. Cette femme souffrait d'un handicap mental léger, qui toutefois l'empêchait de conduire. Cette personne se voit tout à coup proposer par son entreprise une affectation à 30 km de là. Impossible pour elle de rejoindre son poste de travail. Elle refuse cette affectation. Puis une deuxième et une troisième toujours aussi éloignée de son domicile alors que le lieu où elle travaillait était proche. Résultat : elle est licenciée. Elle s'est adressée à nous, a saisi la justice et après une première décision défavorable aux Prud'hommes, la Cour d'appel l'a rétablie dans ses droits, l’a réintégrée et l'entreprise a versé une indemnité pour préjudice. Voilà ce que nous faisons. Il peut arriver que nous soyons saisis pour l'accès aux biens et services. Fortement relayé par la presse, vous avez certainement en mémoire le dossier du refus dont ont fait l’objet un groupe de personnes sourdes qui se sont vues interdire l’accès à un avion, il y a quelques mois à Marseille. Nous intervenons également dans le domaine du logement. L'année dernière, nous avons été saisis de réclamation de personnes handicapées dans différentes régions de France. Elles s'étaient adressées au réseau Foncia. Elles se sont vues refuser le logement parce qu'elles touchaient l'AAH. Nous nous sommes adressés au réseau qui nous a indiqué que l'allocation adulte handicapé n'est pas saisissable, ce n'est pas bon pour le propriétaire. Si le premier réseau en France agit de cette manière, les autres suivent et, concrètement, il ne sera plus possible pour une personne handicapée de trouver un logement locatif. Nous avons délivré une injonction à cette entreprise en lui donnant 15 jours pour donner des instructions à toutes les agences de son réseau et mettre fin à ce système discriminatoire. Cela a été fait. Nous pouvons agir en réparant comme pour la personne licenciée par la Poste, mais aussi de façon préventive en disant à l'entreprise « vous avez discriminé ». Nous faisons injonction de cesser immédiatement la pratique. En intervenant en amont, dès que nous voyons émerger de nouvelles discriminations, en intervenant rapidement, nous évitons que des mécanismes discriminatoires finissent par s’installer durablement dans notre société. Notre mission consiste à faire en sorte que les pratiques progressent dans le bon sens. C'est le travail de promotion des droits que j'évoquais tout à l'heure avec, par exemple, la publication de documents sur la façon dont le Défenseur des droits peut s'engager pour faire respecter les droits. Veiller à l'application et au suivi de la convention internationale des droits des personnes handicapées, signée et ratifiée par la France il y a deux ans relève aussi de nos missions. J'y travaille en compagnie de Mme Maryvonne Lyazid, mon adjointe, sur ces questions. Nous sommes un partenaire de vos actions et engagements. Ensemble nous pouvons agir avec une plus grande efficacité pour faire reculer les discriminations dont sont victimes les personnes handicapées dans tous les domaines et notamment le travail. Merci de votre attention.

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(Applaudissements) Vincent Edin.- Nous avions besoin de savoir que nous pouvions compter sur votre vigilance active. J'invite les personnes de la première table ronde à me rejoindre. Avant de reprendre les débats je vous propose la suite du film pour redonner la parole aux jeunes. (Projection d'un film) (Applaudissements)

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Première table ronde

« Agir sur le temps scolaire pour préparer l’accès à l’emploi »

Vincent Edin.- Sophie, vous aviez dit que le titre de la table ronde, « Agir sur le temps scolaire pour préparer l'accès à l'emploi » ravissait la FNASEPH. Sophie Cluzel.- Tout à fait, préparer la sortie vers l'emploi, on le réclame. Nous pensons que les jeunes peuvent aller vers une inclusion sociale en étant bien accompagnés. Être accompagné, ce n'est pas forcément être seul. C'est l'enjeu du chantier de Mmes Carlotti et Pau-Langevin. Vincent Edin.- Pourquoi dites-vous que la notion de temps vous ravit ? Un élève en situation de handicap a besoin de deux fois plus de temps que les autres ? Sophie Cluzel.- C'est indéniable. Nous sommes dans un carcan avec les couperets d'âge. Prendre son temps n'est pas compatible avec le scolaire. Le sujet est à mettre à plat. Un jeune porteur de handicap a besoin de mûrir son projet de façon plus longue. Il faut trouver de façon intelligente des passerelles plus longues à la sorties des lycées, pour les troubles cognitifs ou les trouble intellectuels. Il y a des ULIS, mais il en faudrait après le lycée. Autre couperet sur l'accompagnement des jeunes : la rupture entre référent scolaire et référent d’université. Madame Kapela pourra en parler. Il y a beaucoup de liaison à faire entre les deux mondes Vincent Edin.- Comment agir pour l'accès à l'emploi ? Sophie Cluzel.- Dès le collège, il faut découvrir le monde professionnel, affiner les parcours professionnels des jeunes. Pourquoi un jeune accompagné au collège ne peut-il l’être lors de ses stages ? Il doit être autonome. Il faut réfléchir à un cadre plus souple pour les accompagnants et qu'on puisse aller du médico-social à l'école, au sens large, de façon plus fluide. On a parlé de notifications de parcours (mais ça, c'est dans une autre vie !), cela peut être un atout. Il faut travailler bien en amont du collège. Faire comprendre aux familles qu'il n'y a pas de linéarité. Il y a peut-être besoin d'allers retours. C'est compliqué. Le temps partagé, la notion d'aller et de revenir de l'ordinaire au spécialisé. C'est difficile pour les familles. Il faut être plus ouverts et intelligents et créer les passerelles qui manquent. Vincent Edin.- Michel Trollé, vous partagez le diagnostic : il faut mettre le paquet au collège ? Michel Trollé.- Il y a un effort dans la scolarisation au niveau élémentaire et collège avec un dispositif développé. Dans les lycées, il y a encore beaucoup à faire. Au niveau des chiffres, nous avons 60 000 élèves en situation de handicap dans les collèges et plus que 14 000 dans les lycées, soit 23 % d’élèves qui passent en lycée. Il y a énormément d'arrêt de parcours, soit en cours de scolarisation soit à la fin. Le passage au lycée reste aujourd'hui difficile. Chaque rentrée scolaire nous avons des difficultés dans les lycées (je parle des établissements pour enfants avec intégration des jeunes en lycée que L’ADAPT gère). La culture d'accueil des élèves en situation de handicap est moins développée dans les lycées que dans les collèges et écoles élémentaires. C'est lié à la loi de 2005. Il y a un gros effort de démarrage

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sur le collège. Sur le lycée, on a moins travaillé. Il y a moins d'ULIS. Les ULIS de lycée ne doivent pas être celles du collège. On ne peut pas imaginer qu'une ULIS regroupant l'ensemble des élèves soit satisfaisant, puisque les élèves auront des orientations différentes. Il faut un dispositif plus souple pour un accompagnement au niveau du territoire. La deuxième question soulevée, est celle de l'orientation et du choix scolaire ou professionnel. Elle n'est simple pour aucun jeune. Pour les jeunes en situation de handicap, aujourd'hui, je dirais que c'est une orientation par défaut. On va éliminer tout ce qui n'est pas possible et préconiser les situations qui restent possibles : on regarde les restrictions du handicap, le lycée accessible pour accueillir le jeune. Si dans un lycée, il y a une ULIS on y regroupe les jeunes concernés, sachant que ce n'est pas la question de la formation qui est posée en premier lieu. Il y a un vaste chantier à ouvrir sur la question de l'orientation professionnelle des jeunes dans le milieu scolaire. Il faut d'abord travailler sur le projet du jeune (aptitudes et compétences) et regarder dans un second temps les restrictions et inaptitudes. Aujourd'hui, on ne prend pas le temps de faire cela. La question de l'orientation reste difficile. La question de la vie universitaire, se pose également. Néanmoins, tant qu’il n’y aura pas plus de jeunes en lycée, on n'en aura pas plus en université. C’est un vaste chantier. Vincent Edin.- Cela explique que seul 23% des élèves de collège soit présent au lycée. Michel Trollé.- Non, il y a aussi d’autres explications. Certains jeunes ont des handicaps, des déficiences ou troubles qui font qu'ils ne pourront pas poursuivre. On peut aller plus loin : cela s'explique dans le temps. On a beaucoup investi sur l’école à la suite de la loi du 11 février 2005 et moins investi sur la charnière orientation-passage en lycée. L'urgence est aujourd'hui le lycée. Il y a un gros investissement à faire sur le lycée et sur l'orientation professionnelle. Je prends l'exemple de nos établissements : on parlait de coopération entre le médico-social et l'Education nationale. Fin 2005, on a vu les effectifs baisser dans nos établissements puisque les enfants allaient en milieu ordinaire. Aujourd’hui, on les retrouve en rupture scolaire. La moyenne d'âge est montée. On est passé de 8 à 15 ans ces dernières années. Ce sont des jeunes en rupture de scolarisation en cours ou en fin de collège. Nous réinventons des services d'accompagnement scolaire et professionnel en coopération avec l'Education nationale pour reconstruire un projet avec le jeune ou le réintégrer en milieu scolaire quand le projet est construit. Cela change le métier des établissements médico-sociaux. Cela nous oblige à coopérer avec l'Education nationale dans le domaine de l’orientation des jeunes. Vincent Edin.- On va demander à l'Education nationale. Peut-être un commentaire ? Florence Janssens.- On peut s'améliorer. Je suis d'accord. Beaucoup de choses ont été faites depuis la loi de 2005. Ceux que l’on nomme « la génération 2005 » arrive aujourd’hui au niveau lycée. Nous avons encore peu d'élèves qui frappent à la porte, d'une part et d'autre part, en fonction du type de handicap, nous avons des parcours de formation qui ne passent pas nécessairement par le lycée. Les SFIPRO (Section d’Initiation et de Formation professionnelle), offrent aussi des moyens d'accès à l'insertion professionnelle. C'est une voie, un parcours que nous devons développer. Nous avons un gros effort à fournir. Aujourd’hui, nous n'avons pas la possibilité de donner à l'élève une attestation de compétences clairement établie, reconnaissant ce qui a été acquis dans ces établissements médico-

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sociaux. Là, comme ailleurs, l’élève ne doit pas sortir comme si rien ne s'était passé pendant ses années de formation. Il faut garder une trace de compétences développées, de ce qu'il a acquis. En lycée, nous avons des attestations de compétences professionnelles acquises dans le cadre d’une formation de niveau V suivie, elles permettent de garder une trace des compétences acquises, même si le jeune n’a pas la totalité du diplôme. Je pense aux élèves avec un handicap cognitif, ils doivent être en mesure de montrer ce qu'ils ont appris lorsqu’ils arrivent sur le marché du travail (ce que je sais faire et non pas ce que je ne sais pas faire) ce qu’ils savent faire et non ce qu’ils ne savent pas faire. Vincent Edin.- Par défaut, quelles solutions nous apportent les intervenants ? Florence Janssens.- Le travail d'orientation doit se faire très en amont. Vous l'avez évoqué, cela doit être dès le collège. En 6e on arrive, on découvre. Mais dès la 5e on doit se demander ce que l'on va faire. Vers quoi s'orienter. Nous avons des parcours de découverte « des métiers et formations PDMF» pour les élèves handicapés comme pour les autres. Il faut travailler la question très en amont de la sortie du collège. Nous avons des partenaires qui nous aident en organisant des stages de sensibilisation, de découverte pour savoir ce qu'est le monde du travail. C'est un monde inconnu pour le jeune. Nous avons des partenaires comme les associations telles Arpejh qui permettent de faire le lien entre les entreprises et nos jeunes. Sans partenaire, nous ne pouvons pas agir. Il faut des passerelles. Cela peut être des associations qui nous permettent de nous tourner vers les entreprises, et permettent aussi aux entreprises de mieux découvrir les jeunes. Les entreprises ont une méconnaissance et une peur du handicap. Il faut améliorer les liens en cultivant des relations simples entre entreprise et école pour faciliter l’insertion professionnelle des jeunes. Vincent Edin.- Le but est de décloisonner. Vous disiez qu’en amont, la facilité est de les orienter vers l'ESAT. Florence Janssens.- L'ESAT est aussi une forme d'insertion professionnelle parmi tant d’autres, correspondant aux capacités de certains jeunes et tant mieux. Nous en avons besoin. L'entreprise ordinaire doit et peut accueillir. Ce n'est pas l'un ou l'autre, mais en fonction du projet. Le travail d'orientation est important, comme la personnalisation du parcours. Les jeunes nous ont obligés à avoir une attitude plus souple en personnalisant les parcours. Pour ces élèves et beaucoup d’autres avec des difficultés diverses : langue maternelle autre que le français, difficultés d’apprentissage, conditions de vie précaire… Tous ces jeunes qui ont besoin d'une adaptation plus personnalisée nous obligent à nous adapter. Et cela profite à tous. Vincent Edin.- Un dernier mot, sur le projet et le besoin de souplesse, il faut saluer le travail des enseignants référents. Vous disiez que vous ne connaissiez aucun cas d'abandon de poste. Florence Janssens.- Cela existe peut-être à la marge, je ne connais pas tous les enseignants référents de France ! Ce sont des gens qui ont choisi cette mission, qui étaient enseignants spécialisés de formation. C'est une mission qui n'est plus d'enseignement mais d'accompagnement du jeune en lien avec la MDPH et la famille. Ils font un travail colossal, ils sont investis. Ils sont incontournables,

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connaissent les familles sur le long court. C'était le but de la loi de 2005 que la même personne accompagne le jeune. La rupture de l'université, c'est la rupture du passage à un autre ministère. Les référents ne sont pas habilités à aller à l'université. Mais les universités se sont maintenant organisées pour accueillir les jeunes en situation de handicap. Vincent Edin.- Jean-Marc, vous voulez rebondir ? Jean-Marc Roosz.- Je suis d'accord avec ce qui a été dit. Cependant, je ne voudrais pas qu'on laisse croire qu'une espèce de machine, un collège d'experts et de gens bien intentionnés qui s'occupent de jeunes en situation de handicap va très tôt (je sais que ce n'est pas le cas, mais je précise) s'occuper de l'orientation du jeune en situation de handicap dès la 5e. Au même titre que n'importe quel jeune, les élèves en situation de handicap doivent avoir les mêmes chances, les mêmes capacités de rêve, de se projeter dans l'avenir sans tenir compte de la contrainte du handicap. C'est à l'institution de s'adapter à la situation de handicap, y compris pour les troubles cognitifs, notamment, spécifiques (troubles spécifiques des apprentissages), en aménageant le rythme de scolarisation, par exemple. Des enfants, dès lors que c’est inscrit dans leur projet personnalisé de scolarisation, peuvent préparer le brevet des collèges en deux ans, peuvent faire la terminale en deux ans. Ce sont des dispositifs qui permettent à un enfant d'envisager une formation diplômante, une section générale, un BAC, une carrière universitaire et intellectuelle. Vincent Edin.- Il peut entrer dans le plan numérique gratuit de 2012 et se tourner vers Ecole2demain. En quoi le recours au numérique peut-il permettre aux jeunes de mieux apprendre ? Jean-Marc Roosz.- Pour la suite, la solution la plus pertinente est l'utilisation du numérique, des ordinateurs, des tablettes, aussi bien en termes de supports pédagogiques qu’en termes de communication entre l’enseignant et les élèves, tout comme en termes d'adaptation des supports. Certains élèves ont besoin d'avoir un espacement entre les lignes, une police de caractère particulière, des lignes surlignées de façon alternative pour que le regard, en cas de dyspraxie, ne se perde pas sur le support, etc. Il y a des aménagements simples à réaliser grâce au numérique. C'est pourquoi le Plan France Numérique 2012 a inclus la mesure 28, dédiée au handicap. La plateforme prévue dans ce plan nous a été confiée. Il existe sur le territoire des compétences. Malheureusement, la France est découpée en académies, puis en circonscriptions. Si c'est un gage de bon fonctionnement local, cela cloisonne l'Education nationale. Idem pour les systèmes et services de rééducation, les paramédicaux, les médecins... Tout le monde est éparpillé sur le territoire. Forts de ce constat, nous avons décidé avec Ecole2demain, de favoriser la confluence de ces compétences, pour que chacun monte en compétence au sein de sa communauté. Vincent Edin.- Jules Renard disait « Si l'argent ne fait pas le bonheur, rendez-le ! ». C’est un bon programme mais qui paye ? Jean-Marc Roosz.- Une tablette n'a pas besoin d'antivirus, a des applications natives et cela ne revient pas plus cher qu'un ordinateur. À vérifier. Supposons qu'il s'agisse d'ordinateur portable, qui paye ? C'est l'Education nationale sur prescription de la MDPH. Si on généralise l'usage du numérique au sein

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de l'Education nationale, comme certains établissements et systèmes éducatifs le font à l'étranger, il y a une économie considérable à réaliser, puisque le papier et l’encre coûtent cher et polluent. En réalité, il y a un investissement de départ, mais le gain économique et ergonomique, en qualité, (puisque nous sommes là non pas pour parler de quantité mais de qualité d'éducation pour tous les élèves, notamment en situation de handicap) est en réalité considérable. Vincent Edin.- Pour vous le e-learning, c'est éviter la fatigue, la rupture et le décrochage pour un élève à qui on demande trop d'efforts ? Jean-Marc Roosz.- Je me méfie de la notion de confort. Un élève qui a des troubles des apprentissages peut s'adapter, mais il ne fait alors que cela et ne peut aller au fond du sujet. S'il fait de l'histoire et qu'il n'a pas accès aux cartes, aux tableaux à double entrées, par exemple, il aura du mal à rendre ses acquisitions, lors des évaluations. Vincent Edin.- Clara, votre but, c'est de dire qu’accéder aux études supérieures, c'est possible. Clara Kapela.- Tout à fait. Je reviens sur mon parcours professionnel car c'est là que j’ai rencontré la problématique. J'ai été enseignante « classique » et j'ai fait une formation dans le champ du handicap moteur. Pendant trois ans, j'ai été enseignante spécialisée itinérante. Sur un territoire délimité, j'allais visiter les élèves handicapés moteur de la petite section de maternelle, aux classes préparatoires. Je proposais dans le cadre scolaire, dans les classes, les adaptations pédagogiques ou des adaptations techniques aux équipes pédagogiques pour que le jeune puisse avoir une scolarité plus efficace et confortable. Puis, par la suite, j'ai été enseignante référente. Du coup, j'étais confrontée au handicap en général. Au bas mot, j'ai dû assister à 500 réunions d’équipes de suivi de scolarisation sur les quatre ans, puisque je gérais dans ma première mission, une centaine de dossiers, 140 dans la deuxième. C'était quand même assez important. J'avais à cœur de ne pas me limiter à une seule réunion de l’équipe de suivi de scolarisation pour chaque élève. Il n'était pas rare d'en avoir deux ou trois. C'était beaucoup de travail, mais cela permettait une vision sur l'année pour les accompagner au mieux. Ce qui m'a frappée pendant ces années, c'est le manque d'ambition des jeunes, une autocensure de leur entourage aussi. Il faut être honnête jusqu'au bout : il n'y avait pas que le milieu scolaire qui n'était pas ambitieux, que ce soit pour les familles ou le service de soin, on limite les dégâts. On a peur qu'ils échouent et on propose des formations plus faciles que leur capacité. On va toujours un cran en-dessous. On invoque la fatigabilité, les problèmes de transport. Je constate aussi que quand on fait quelque chose qui ne nous plaît pas, on est très fatigué et même plus fatigué (même si cela demande des efforts) que quand on envisage quelque chose d'ambitieux. Puis j'ai été contactée par l'ESSEC. Ils ont un institut qui propose des innovations sociales où des programmes sont proposés, expérimentés, évalués. S'ils sont convaincants, on les essaime. À l'époque, c'était « pourquoi pas moi une grande école », pour accompagner les jeunes de milieux défavorisés vers des ambitions. Ici on a une problématique analogue. Le programme Phares est né en 2008 avec le fond pour l'éducation de la MAIF. Il a fallu trouver des jeunes pour en bénéficier. J'avais l'impression d'être une VRP, et il fallait expliquer pourquoi y participer. Le programme Phares est à destination des jeunes en situation de handicap, qui envisagent un BAC professionnel, technologique ou général. Nous recrutons en fin de 4e. Nous accompagnons ces jeunes

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vers des études supérieures pendant quatre ans, de la 3e à la terminale. C'est quatre ou cinq ans, ce qui n'a pas d'importance, puisqu'il y a parfois interruption pour hospitalisation. Vincent Edin.- On monte d'un cran en ambition et en quantité mais vous ne comptez pas aller au-delà de 50 jeunes? Clara Kapela.- Tout à fait, on a commencé par 3 jeunes, puis 6, 18, 36, 44. En termes de qualité de suivi, ce n'est pas possible d’augmenter les effectifs, on compte sur d'autres établissements supérieurs pour le faire. Les jeunes suivent une fois par semaine une séance de tutorat, 14 étudiants s'occupent pendant 2h30 d'un petit groupe de jeunes. Ils ne sont pas regroupés par handicap, mais par niveau de classe. Ils assistent à des ateliers sur les compétences transversales : aisance verbale, développement de l'esprit critique car les jeunes en situation de handicap sont beaucoup pris en charge par des adultes et finalement, peuvent avoir tendance à subir les décisions prises autour d'eux. Les positionner comme des acteurs de leur vie, c'est important. Nous travaillons la notion de projet d'équipe, de collectif. Il y a peu de jeunes en lycée ordinaire, comme vous le disiez. Du coup, ils ne s'identifient pas entre eux. Il y en a trois ou quatre, qui ne savent pas qu'il y en a d'autre. Ils sont solitaires. On travaille beaucoup la notion de travail d'équipe et de collectif. Nous travaillons aussi tout ce qui est culture générale. On ne néglige pas l'anglais qui souvent passe à la trappe, puisque c'est une matière qui n'est pas considérée comme fondamentale, mais on sait que dans les études supérieures, c'est discriminant. La seule chose que l'on ne fait pas, c'est l'écrit. Tout est fait à l'oral. On peut utiliser à la marge l'ordinateur si besoin. Mais on pense que l'écrit est souvent vécu comme quelque chose de fatigant et coûteux. Il faut les appâter. Nous n'avons aucun écrit dans les activités. Nous travaillons différents modules : l’orientation avec le témoignage de professionnels handicapés. Tremplin nous facilite d’ailleurs la tâche en nous mettant en contact avec les professionnels. Pour ceux de BAC général, nous proposons des stages où ils suivent un professionnel en entreprise sur une journée car ils n'ont pas l'occasion de le faire. On visite aussi des entreprises par petit groupe. On peut tous bénéficier du programme Phares dans la mesure où on est en situation de handicap, qu’on envisage un BAC et que l'on est motivé. Toutes les semaines, le jeune se lève très tôt le samedi matin (les séances ont lieu de 10 à 12h30). Ils viennent de tout le département du Val-d'Oise. Ils ne viennent pas pour rien. Vincent Edin.- Et si on n'est pas du Val-d'Oise ? Clara Kapela.- La FEDEEH a pris les choses en main pour essaimer ce programme. 15 établissements supérieurs ont pris cela en charge. Dans trois ou quatre ans, ils en auront 50 aussi. Vincent Edin.- Le rôle des ambassadeurs qui ont été accompagnés et vont chercher à casser l'autocensure, comme Fatima en prépa littéraire à Enghien, est important. Clara Kapela.- En 3e on travaille sur (c'est un bien grand mot) l'acceptation du handicap. On prépare la 2nde où on fait un flash sur toutes les adaptations. On accepte le handicap et on peut peut-être communiquer dessus. Bien souvent en 2nde les jeunes changent d'établissement et veulent faire peau neuve. On n'est pas repéré, un lycée, c'est grand. On n'a même plus l'ordinateur, on ne demande pas

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de photocopies aux profs. Le couperet tombe. Si en janvier, les résultats ne sont pas à la hauteur, on s'aperçoit que le jeune aurait dû demander les adaptations et parfois, c'est un peu tard. C'est là qu’on risque une réorientation ou un redoublement. Le redoublement, ce n'est pas très grave à mon avis, mais une orientation c'est plus dommage. L’objectif de la 2nde est donc de communiquer sur le handicap. La 1ere, c'est particulier. Le niveau scolaire est très exigeant en quantité et au niveau programme. On accompagne de façon plus proche et on encourage beaucoup pour ne pas abandonner le programme Phares. En terminale, à un moment, il faut rendre la balle aux plus jeunes. On leur demande de témoigner, de venir encourager les plus jeunes. Dès qu'il y a des conférences, ils racontent ce que ça leur a apporté, comment ils envisagent l'avenir. On n'a pas besoin de les forcer. Ils sont contents. Comme, les jeunes disent que « personne ne connaît le handicap », l'idée est aussi de changer le regard sur le handicap des étudiants-tuteurs qui sont de futurs managers. Je ne dis pas que le recrutement a été facile puisqu'ils ne connaissaient pas. Maintenant Phares est connu dans l'ESSEC, cette année, on a trouvé les 15 tuteurs plus facilement qu'au début de l'expérience. On travaille cette approche du handicap. Les étudiants qui ont une vingtaine d'années sont un peu impressionnés au début, ils ont un groupe de 6 ou 7 jeunes à gérer tous handicaps confondus. Ils osent, ils y vont. La première séance, c’est l’échange sur « toi, tu as quoi ? Comment cela se passe ? » et après, ils n’en parlent plus. Les tuteurs disent qu'ils oublient. Ce sont des adolescents, le handicap n’est qu’un qualificatif de plus. Cela n'a rien de fondamental dans la relation qu'ils peuvent avoir avec eux par la suite. Ils restent amis. Vincent Edin.- Je lis le tweet qui s'affiche sur l'écran en ce moment : « on parle beaucoup du lycée alors que l'école, ce n'est pas gagné ». On va y revenir. Marc Massamba, pouvez-vous dire un mot sur votre parcours ? Votre déficience s'est déclarée à 24 ans, c'est ça ? Alors que vous entamiez votre master 1. Auparavant, vous n'aviez pas eu de problème de rupture spécifique. Marc Massamba.- Tout à fait. Je suis déficient visuel. Auparavant, j'étais myope fort, je lisais de très près. C'est ma motivation et mon envie qui m’ont d'abord permis de faire mon année de 2nde en milieu ordinaire. J'étais donc dans un collège, un lycée internat, je crois que j'étais quasiment le seul lycéen avec un problème de vue. C'est vrai que la question s'est un peu posée au départ: comment faire pour les déplacements dans le campus, au réfectoire, les cours, toutes les actions du quotidien. J'ai dû m'adapter au début, faire preuve de créativité, d'inventivité pour pallier tout ça. Ensuite, j'ai pris attache avec une assistante sociale de l'INSHEA et c'est par la suite que je suis arrivé à Paris où j'ai connu le milieu spécialisé pour aveugles et amblyope. Vincent Edin.- Après votre 1ère et votre terminale, vous avez appris à utiliser de nouvelles techniques parce qu’auparavant, vous perdiez trop de temps à utiliser un stylo. Vous arrivez à la fac, ça a été pas mal système D, les copains qui prennent des cours pour vous, ce genre de choses ? Marc Massamba.- Oui. Arrivé à l'université, ça a été le changement total parce que je partais de l'INSHEA où ont bénéficiait d'une certaine adaptation du matériel. J'arrive à la fac où je ne connais personne, je n'ai pas eu de visite découverte de la fac, du service handicap, il a fallu apprendre au quotidien, découvrir, chercher par moi-même comment faire et développer tous les systèmes possibles pour pouvoir compenser sachant que les profs ne sont pas sensibilisés. Même indifférents parfois

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quand on va les voir et qu’on leur explique qu’on peut être assis au premier rang et ne pas voir le tableau parce qu’on est malvoyant, qu’on a besoin des cours sur supports informatiques pour pouvoir adapter la police de caractère... Parfois, les polycopiés sont des photocopies de photocopies donc il faut compter sur un copain le soir pour qu'il relise les polycopiés pour préparer la séance TD du lendemain. Ça a été assez laborieux pendant toutes ces années. Arrivé au master 1 je perds totalement la vue suite à une opération, il a fallu redoubler d'efforts pour continuer ma scolarité. Vincent Edin.- Vous me dites qu’au cours de votre master 1 et 2, ça été plus facile avec la synthèse vocale. L'université Paris-X-Nanterre ne vous a pas forcément aidé mais il y a eu des associations à vos côtés, Clara Kapela citait la FEDEEH qui vous a aidé et l'association Tremplin qui n'est pas très loin dans la salle et qui sera là au cours du second échange, ils vous ont donné un coup de main ? Marc Massamba.- J'ai surtout reçu un grand coup de main de la FEDEEH et de Tremplin pour tout ce qui a été constitution du réseau professionnel dans mes recherches de stages. Parce qu’en master 1, il est prévu d'effectuer un stage de 3 mois. Grâce aux Handicafés© j'ai pu trouver mon stage en M1 et 2. C'est vrai qu’à l'université, ce n'est pas évident, déjà de trouver un accompagnement sur le campus lui-même ! Depuis quelques années, ça s'améliore un tout petit peu mais il y a encore beaucoup de progrès à faire. Je discute avec d'autres étudiants qui me disent que ça va mieux, qu’ils y arrivent. Mais il faut quand même faire preuve d'une grande motivation et d'une grande volonté parce qu'à côté, il y a plein de difficultés. Il faut aussi professionnaliser l'accompagnement parce que moi-même j'ai su me débrouiller mais il y en a d'autres qui ont plus de difficultés et qui ont parfois besoin de preneur de notes. Si l'on fait des cours en anglais, il faut arriver à trouver un preneur de notes qui comprenne et qui écrive l'anglais sans trop de difficultés pour pouvoir prendre le cours pour l'étudiant. Là aussi, avec toutes les difficultés, on peut parfois être amené à faire des choix par défaut. Vincent Edin.- Pour nous donner du baume au cœur annonçons que vous êtes diplômé et que vous avez un master 2. Je crois que je ne vais pas trahir un secret, vous allez d'abord faire un petit voyage, histoire d’être frais et serein. Comment aborderez-vous le monde du travail nonobstant votre handicap? Marc Massamba.- Avec l'expérience que j'ai pu acquérir lors de mes différents stages, je me dis que c'est possible. Maintenant que j'ai développé la présentation de soi, la mise en avant mes compétences et pas de mon handicap qui n’est qu'une question secondaire. Avec le réseau professionnel que j'ai pu constituer avec Tremplin et la FEDEEH, je me dis que je pourrais facilement aller à la rencontre des recruteurs me présenter, présenter mon parcours, leur montrer mon envie. Je pense qu'avec un peu de chance, ça marchera et la question du handicap sera secondaire pour entrer sur le marché du travail Vincent Edin.- Merci pour ce témoignage plein d'optimisme. Sophie Cluzel, vous vouliez réagir ? Sophie Cluzel.- Oui, sur les deux derniers tweets, je les cite : «Etudes : autocensure ou réalisme ? » et « est-ce que c'est toujours à la personne de se bouger ? ». Je voudrais dire que ce n'est pas que de l'autocensure : il n'y a pas de fluidité dans les parcours. Je suis mère d'une jeune fille trisomique de 16 ans qui est en lycée professionnel aux apprentis d'Auteuil. On a quand même une pression énorme en commission [CDAPH ndlr], pour toujours prouver qu’on a notre place à l'école. Ca répond aussi à un autre tweet qui disait : « l'école, ce n'est pas encore gagné ». C'est vrai, ce n'est pas encore linéaire

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comme parcours. On est là mais il faut toujours prouver qu’on a la compétence pour rester et c'est fatigant. Ce n'est pas que de l'autocensure, on a une pression très forte pour sortir du milieu scolaire on nous dit « allez dans le médico-social » et c'est compliqué et fatigant à vivre en tant que parents. Mais au niveau du lycée, il y a des pistes pour améliorer la formation des enseignants référents. Ils sont issus du premier degré majoritairement et ont encore une méconnaissance du secondaire. Le fort levier d'amélioration possible, est donc de les former sur ce qu'est le secondaire, les formations possibles et le monde de l'entreprise. Enfin, et Mme Janssens en a parlé tout à l'heure, la validation de compétences. Ce qui est intéressant pour l'entreprise, ce sont les compétences et dans quels domaines d'employabilité elles vont aller. Ces portefeuilles de réussite montrent cette adéquation entre la compétence scolaire que j'ai pu acquérir et la retransmission de mon savoir-faire dans l'entreprise. Il y a des innovations intéressantes. M. Roques va présenter le dispositif de Toulouse, c'est intéressant parce que ça va vers cette employabilité. Florence Janssens.- Je voudrais revenir sur ces attestations de compétences : elles sont professionnelles et calées sur le référentiel de CAP. C'est quelque chose de professionnalisant. Ce n'est pas juste le socle palier 1, 2, 3. On est bien sur un savoir-faire que les entreprises peuvent utiliser. Monsieur le président nous a tout à l'heure lu l’allocution de Mme le ministre qui évoque la formation des enseignants qui va être maintenant systématique et obligatoire pour tous les enseignants qui vont être formés. Il y aura un temps de sensibilisation au handicap. Les référents sont majoritairement issus du premier degré, même si nous appelons de nos vœux les enseignants du second degré ! Nous faisons en sorte qu'ils connaissent le monde du travail car globalement, les enseignants ne le connaissent pas puisqu’ils ne sont jamais sortis de l'éducation nationale pour la plupart. C'est aussi quelque chose à travailler. Quelles sont les exigences ? Comment ça se passe ? Qu’est-ce qu’il va se passer au lycée ? On a peur que les élèves soient perdus... Au collège, ils vont être perdus... A l’entrée au CP, ils vont être perdus... Les enseignants ont toujours l'impression que le niveau supérieur est un niveau terrible où ils seront beaucoup moins suivis. Il y a aussi cette connaissance à avoir de ce qui se passe dans un collège quand on est enseignant de premier degré, de ce qui se passe dans un lycée quand on est enseignant de collège. C'est peut-être aussi un phénomène qui explique, pour une part, le fait qu'il y ait peu d'élèves en lycée. Peut-être aussi que les enseignants ne favorisent pas ce passage au lycée par crainte du manque de suivi, qu’ils ne soient pas accompagnés comme il se devrait. Quand ils sont au lycée, ils sont dans une classe ordinaire. Et si la MDPH a souhaité qu'il y ait l'appui d’une ULIS alors il y a cet appui mais ce n'est ni obligatoire, ni nécessaire. Ils ont leur PPS, c’est vraiment ce qui leur permet d’avancer. Quand ils sont au lycée, ils sont dans une classe, ils ont l'appui de l’ULIS ou pas, mais ils suivent un enseignement classique. Vincent Edin.- On va maintenant demander à Zineb si tout ce que l'on a entendu jusqu'à présent reflète la situation de la France. Vous avez essayé de répondre à cette grande question via une étude que vous avez menée pour l'INSHEA en France, en Italie et au Danemark. La France, ce n'est pas « si pire » en matière d'intégration des jeunes ? Zineb Rachedi-Nasri.- Tout à fait, j'aimerais juste revenir sur les chiffres. On a parlé tout à l'heure de déperdition entre l'école primaire et le collège. Entre le collège et le lycée, entre le lycée et l'université. J'ai noté tout à l'heure qu'il y avait à peu près 14 000 lycéens qui s'inscrivaient en 2nde. Arrivés en première année de licence, on n'en a plus que 10 000 ! Cette déperdition, on la retrouvera ensuite entre

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la L1 et la L2 et entre la L2 et la L3. Plus les années d'études passent et plus on a d’étudiants qui, malheureusement, jettent l'éponge. J'aimerais replacer mon intervention dans le cadre plus large d'une étude expérimentale qui a été menée à l'INSHEA, l'institut national supérieur de l'éducation et de la formation des jeunes en situation de handicap et des enseignements adaptés. L'étude a été menée dans le cadre d'un projet européen pour un transfert d'innovation avec le Centre de Conseil et d’Orientation d’Aarhus, université du Danemark. Ce qui était intéressant et qu’on a constaté un peu partout en Europe est l'augmentation du nombre d'étudiants et du nombre de personnes handicapées diplômées depuis quelques années. Mais cette augmentation ne se traduisait pas par une hausse du nombre de personnes handicapées en situation de travail. Face à ce paradoxe, il a semblé intéressant de fouiner et d'aller voir ce qui se passait chez nos voisins européens. Une fois n'est pas coutume, c'est dans les pays du Nord qu'on est allé voir. On a donc regardé de près ce qui se passait au sein d'une université au Danemark et on a fait un transfert de compétences. On observait comment travaillaient les conseillers et les chargés d'accueil handicap au sein de cette université. On a essayé, d'adapter ce qu’ils faisaient à notre situation en France. On a étudié le Danemark, l’Irlande et l’Italie. Et là, nous ne sommes pas si mauvais élèves que ça ! On s'est rendu compte qu’au-delà du contexte national, il existe des logiques de sites (même s’il est vrai que le contexte national est extrêmement important pour comprendre comment le handicap est posé à l'université). En Irlande, par exemple, on avait d'un côté l'université de Dublin et de l'autre le Trinity college. Les deux établissements n'avaient pas du tout la même pratique en matière de transition vers l'emploi ni en matière d'accompagnement des étudiants handicapés dans l'accès à l'emploi. Pour la France, c'est pareil, on avait 3 universités pilotes (Nanterre, Strasbourg et Montpellier 1) et on ne peut pas parler des résultats de la France de manière globale. Les résultats sont contrastés. En France, il est évident que la problématique de l'accès vers l'emploi est éclatée au sein des universités et même au sein de différentes structures dans les universités. Si je me mets à la place d'un étudiant handicapé, il faut que je me déclare comme étant étudiant handicapé auprès du service handicap de l'université. Ensuite, si je veux avoir un accompagnement personnalisé, ça peut se faire dans certains cas au sein du service handicap mais ça peut également se faire au sein du service d'orientation et d'insertion professionnelle. Ça peut également se faire dans des structures extérieures à l'université : avec des entreprises partenaires, des associations partenaires. Pour « univers emplois » (nom qui a été donné à l’étude expérimentale menée dans le cadre de ce projet européen), l’association partenaire, pour la France, était Tremplin. C'est elle qui a aidé l'INSHEA à mettre en relation d'un côté les étudiants en situation de handicap et de l'autre les entreprises. Le cœur du projet « univers emploi » était de proposer une méthodologie d'accompagnement à ces étudiants. C'était basé sur un tutorat, un parrainage. On a mis en relation un référent professionnel, une personne en situation de travail, handicapée ou pas, avec un jeune de L3 ou de M2 (années de transition pour tout étudiant). A travers les rencontres, l’idée était de travailler sur la posture de l'étudiant : « quand et comment dois-je dire le handicap ? »… C’était aussi travailler plus prosaïquement sur la recherche d’annonces, la préparation de mon entretien d'embauche, la présentation de soi et là on a eu de très bons résultats. J'ai en tête des étudiants qui disaient lors d'un groupe de travail : « maintenant, je sais que le savoir-être peut compenser le handicap ». Cela n'est possible qu’à une échelle micro. Je vous rejoins vous disiez tout à l'heure « on ne peut pas prendre en charge plus de 50

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élèves ». On aimerait donner des résultats globaux extrêmement beaux et généreux etc. Mais la logique macro, la logique de vouloir faire des chiffres est inadaptée : on y perd qualitativement. Dans le cadre de l'étude d'emploi, on avait 20 étudiants, on pouvait faire dans la broderie et quand il s'agit d'accès à l'emploi, ce n'est pas un luxe ! Les résultats de l’étude montrent l'importance des synergies entre les différents acteurs. Pléthore d'associations s'intéressent au handicap à l'insertion et à l'accès à l'emploi d’une part et de l’autre on a les universités qui, depuis la charte université et handicap de 2007, ont un service handicap accompagnant les étudiants vers l'emploi. Toutes ces petites choses-là existent mais on n'a pas de lien. Quand on est étudiant handicapé, et je rejoins ce que disait Marc tout à l'heure, on peut facilement être perdu. On peut acquérir des outils par ailleurs, des ficelles pour se faufiler dans cet environnement-là. Mais dans beaucoup de cas on vit l'accès à l'emploi comme une immense zone d'incertitudes et ce n'est pas spécifique aux étudiants handicapés ! Les accompagnements personnalisés réalisés par des personnes expérimentées sont nécessaires. Nous, c'était des référents professionnels mais ça peut être des élèves en terminale ou des jeunes qui ne sont peut-être pas très expérimentés sur le plan professionnel mais ont l'expérience de la recherche d’emploi. Ils ont cette expérience qu’ils peuvent transmettre de façon intuitive. L'un des autres résultats souligné par beaucoup d'étudiants était que cette expérience leur avait permis de dédramatiser l'accès à l'emploi, de dédramatiser ce qu'était le monde de l'entreprise. On a des étudiants qui, quand le référent professionnel faisait visiter l'entreprise, entraient pour la première fois de leur vie dans une entreprise. Ils visualisaient ce qu'était une salle de réunion, ce qu’était un accueil, comment se présenter à un accueil. Toutes ces choses qui peuvent paraître évidentes mais qu’on peut ne pas avoir connu quand on a 24 ans, qu'on est en situation de handicap et qu’on n’en a pas fait l’expérience dans le cadre de stages ou emplois d'été. Vincent Edin.- Merci beaucoup. Je précise que l'étude sera en ligne prochainement, fin novembre. Florence, je crois que vous vouliez revenir sur l'ouverture de davantage d'ULIS. Florence Janssens.- Pour répondre à la question sur les ULIS, bien sûr qu'il faut en ouvrir plus. Nous le faisons tous les ans. Avec deux objectifs, couvrir le territoire, avoir un maillage qui permette aux jeunes de ne pas avoir trop de temps de transport. Cette question est essentielle car c’est aussi un frein dans la scolarisation partagée entre les établissements spécialisés et les établissements ordinaires, un véritable frein que nous n'avons pas réglé. On fait en sorte d'en disposer de la façon la plus harmonieuse possible sur le territoire en fonction de la densité démographique. Deuxième élément à prendre en compte : les formations qui sont proposées dans les lycées où nous allons implanter l'ULIS. Il faut diversifier les offres de formation. Il ne faut pas suivre une formation par défaut parce qu’il n'y a pas d’ULIS dans l'établissement où je veux aller. Nous faisons en sorte à chaque fois de diversifier les établissements dans lesquels nous allons implanter une ULIS. Vincent Edin.- Un mot de conclusion, Michel ? Michel Trollé.- Pour cette question des ULIS au niveau des lycées, il faudrait penser à une ULIS commune où c'est l'accompagnant qui se déplace vers les lycées et non le jeune. On expérimente ça

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dans le Nord : l’ULIS s'adapte au projet du jeune et se déplace là où le jeune est scolarisé. C'est une voie d'expérimentation qu'il faudrait que l'on développe. Sophie Cluzel.- Je voudrais dire qu'on devrait passer d'une logique d'offres d'emploi à une logique de diffusion des compétences qui vont sortir des lycées vers les employeurs. Une logique de diffusion des compétences à venir. Ça pourrait être intéressant. Vincent Edin.- Ca marque la transition vers la seconde table ronde, Jean-Marc un petit mot de conclusion? Jean-Marc Roosz.- Lorsqu’on s'intéresse aux élèves en situations de handicap, cela améliore le bon fonctionnement de tout le système, de toute la classe, y compris en termes de résultats. De la même manière, il me semble que si on s'intéresse de plus près aux bonnes conditions d'insertion professionnelle et personnelle des personnes en situation de handicap, je pense que l'on pourra également améliorer l'ensemble de l'entreprise. Nous avons repéré plusieurs cas où un salarié en situation de handicap était au bord de l’explosion, tellement ça se passait mal pour lui. L'entreprise s'est rendue compte que ça avait une valeur d'indicateur : cette personne en situation de handicap était en train d'indiquer que l'ensemble du service allait mal et que quelque chose n'allait pas bien. C'est aussi intéressant de penser au rôle positif des personnes en situation de handicap. Vincent Edin.- C'est la fragilité au sein de nos entreprises qui concerne tout le monde, Clara vous vouliez réagir ? Clara Kapela.- Ce que je ressens par rapport à ce qu'on a pu entendre aujourd'hui, c'est que tout cela est l'affaire de tous. Dans le cadre du programme Phares, nous avons un partenariat stupéfiant avec l'éducation nationale. Je vous l'explique : l'éducation nationale (dans le Val-d'Oise) a mis à disposition un enseignant spécialisé à mi-temps pour le programme Phares-Essec. Il s'assure que les compétences acquises dans le cadre du programme sont bien exprimées dans le cadre scolaire. Donc c'est très intéressant. Il va aux réunions des équipes de suivis de scolarisation et peut ainsi faire le lien. L'autre mi-temps de « pédagogie Phares » (c'est comme ça qu'il s'appelle dans le Val-d'Oise) est utilisé dans les ULIS collège à raison de 2h obligatoires par semaine. L'année dernière, il travaillait sur l'aisance à l'oral et la méthodologie. Cette année, il y a l'orientation en plus. Les coordinateurs d’ULIS ont été formés à la « pédagogie Phares ». Et l'idée est que ça se développe et que ça essaime à l'éducation nationale au niveau national. Vincent Edin.- Zineb, un dernier mot ? Zineb Rachedi-Nasri.- Il faut garder à l'esprit qu'un étudiant handicapé est avant tout un étudiant et qu’un étudiant, c'est avant tout quelqu'un qui est en devenir. Je pourrais dire la même chose du lycéen ou du collégien. C'est là où l'accompagnement peut poser problème et c'est là où la formation des accompagnateurs est extrêmement importante. Comme toute personne en devenir, c'est une personne fragile, c'est une personne qui a besoin d'être accompagnée mais c'est une personne vis-à-vis de laquelle la société a un devoir de confiance. Je voudrais juste terminer sur ça : personne en devenir,

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fragilité, confiance. Je trouve que ces termes sont extrêmement importants. Ne pas oublier aussi que vivre ensemble, chacun avec sa différence, c’est réduire le handicap à une différence, rien de plus. (Applaudissements) Vincent Edin.- Donnons le mot de la fin aux jeunes, Marc ? Marc Massamba.- Ce qui me paraît le plus important pour que nous, jeunes en situation de handicap, puissions avoir un meilleur avenir, c'est que nous puissions bénéficier d’une information la plus large possible sur l’accompagnement, pour que nous puissions avoir la possibilité, comme tout le monde, de réaliser nos rêves. Qu’on ne se limite pas à ce qu'on nous dit : « à cause de votre handicap, vous ne pouvez pas... » Non ! Il faut vraiment que grâce à l'information nous puissions arriver à devenir ce que nous voulons. (Applaudissements) Vincent Edin.- Ça me paraît être une superbe conclusion. Merci à tous les 7, je vous libère, je vous rends à la salle et à vos obligations diverses. Merci d'être venus témoigner pour lancer cette semaine pour l'emploi des personnes handicapées. Avant de reprendre nos échanges sur l’accompagnement professionnel lors de la seconde table ronde, on va redonner la parole aux jeunes avec le film. (Projection d’un film)

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Deuxième table ronde

« Accompagner le parcours de professionnalisation pour préparer l’accès à l’emploi »

Vincent Edin.- Un film qui montre qu'il n'y a pas de différence entre les jeunes en situation de handicap et les autres. J'ai à nouveau 7 intervenants qui vont nous apporter leur témoignage pour voir les choses concrètement. Charlotte, vous êtes professeur d'histoire-géo à mi-temps, ce sont forcément des sujets qui vous touchent particulièrement… Charlotte Brun.- Il me semble que l'école inclusive est le chantier majeur d’aujourd’hui. Il est déjà bien entamé. Je pense qu'il ne faut pas dire que rien n’a été fait. Pour autant, c'est quand même un chantier important. On nous a parlé tout à l'heure de la formation des enseignants. Bien plus qu’un ascenseur, c'est un obstacle aujourd'hui à l'inclusion des enfants en milieu ordinaire. On est nombreux à ne pas avoir eu de sensibilisation à un certain nombre de handicaps même les plus commun comme la dyspraxie et la dyslexie ou des surdités moyennes ou plus importantes, ou au fait d'adapter la police d'un document, de ne pas multiplier les photocopies en caractères 8 et en police courbée... Ces choses devraient faire partie, à mon sens, de la formation initiale. Elles méritent bien plus que de la sensibilisation mais un vrai cœur de formation initiale. Il y a quand même quelque chose qu'il faut dénoncer : l’École à une responsabilité en termes de modèle. Aujourd'hui, le fait que l'éducation nationale soit le seul employeur qui ne soit pas obligé de respecter le quota de personnes en situation de handicap ne me semble pas acceptable. S'il y a bien un endroit où on doit pouvoir être tous ensemble et montrer que, justement, on peut être en situation de handicap et enseigner, être en situation de handicap et faire partie d'une équipe pédagogique ou du personnel administratif de l'établissement, c'est bien l'école ! Je pense qu'il faut se mobiliser pour obtenir le fait qu’à l'école, on lève cette exception... Pour autant, la région Île-de-France a des responsabilités. On entend beaucoup parler aujourd'hui d'un acte 3 de la décentralisation où le handicap (même si ça reste à confirmer, on verra ce que les parlementaires font de ce chantier-là) sera davantage de la responsabilité départementale que régionale. Je pense, et c'est la ligne de la région, que le handicap est par définition le chantier de l'inclusion. Comme le premier ministre l’a dit, chaque loi et chaque projet écrit par des ministres (charge aux parlementaires de faire pareil) doivent contenir un volet handicap. On va faire du handicap partout. Il y a un ministre chargé de vérifier que la politique du handicap fonctionne et avance, mais il faut que ces questions-là irriguent l'ensemble des sphères de la société. C'est ma conviction. Ce n'est pas parce que la région n'a pas de compétences spécifique handicap que nous n'avons pas de responsabilité. Dans nos principaux domaines de compétence, les lycées, on s'est de plus en plus engagé sur la réussite éducative. Le handicap est donc présent dans les projets visant la réussite éducative des lycéens. Il y a aussi la question des transports, on en a parlé tout à l'heure. C'est l’un des premiers freins d'accès à la formation et à l'emploi. Après, je suis plutôt investie sur la culture en région Île-de-France, on mène un certain nombre de projets pour aider les cinémas à être accessibles, pour

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que les films français soient sous-titrés en français écrit. Cette accessibilité des lieux culturels, les lieux sportifs… montre qu’on est vraiment favorable à ce que ça irrigue l'ensemble des champs. Sur la question des transports, concrètement il y a deux volets dans la politique régionale : rendre accessibles l'ensemble des sites. Premier problème en région Île-de-France : quand on est une banlieusarde comme moi, c'est difficile d'aller de banlieue à banlieue. Quand on nous envoie dans un lycée à 5 ou 10 km mais qu’on est obligé de passer par Paris c’est problématique pour tous les lycéens. Quand on est mis en situation de handicap parce que la gare n'est pas accessible, mal éclairée, qu’il n’y a pas d'ascenseur etc. ça devient le parcours du combattant ! Nous avons mis en place il y a quelques années (vous savez que la région Île-de-France a récupéré tardivement la compétence transports) un programme de mise en accessibilité des 150 gares franciliennes à échéance 2018. On a doublé ce programme par le fait de rendre accessibles tous les bus parisiens. C'est déjà le cas. Vincent Edin.- On ne prend pas les mêmes bus ! Charlotte Brun.- Mais la région et le Stiff financent intégralement les projets des villes donc il faut faire une pression sur vos élus locaux pour qu'ils puissent mettre à la bonne taille les trottoirs des bus pour faire en sorte que les bus soient intégralement accessibles. Il faut que le trottoir soit à la bonne hauteur et que le matériel roulant soit équipé de l'avancée qui permet d'être accessible pour les fauteuils Vincent Edin.- Engagement 2018 ? Charlotte Brun.- C'est en ce moment que ça se fait ! Dans ma ville, les trottoirs sont accessibles, la RATP ne peut plus nous dire qu’ils ne le sont pas. C'est en ce moment que la région finance l’accessibilité de tous les trottoirs. Pour les gares, engagement 2018. Nous avons complété cela par le réseau PAM de transport collectif à la demande, qui est mis en place dans les départements avec un financement tripartite département, région et stiff, chacun à peu près pour la même somme Vincent Edin.- Il y a quand même des inégalités très fortes et le PAM92 et le PAM93 ne disposent pas des mêmes moyens. (Applaudissements) Charlotte Brun.- Vous êtes des électeurs que puis-je vous dire d'autre... La région Île-de-France a mis en place un dispositif dans lequel les départements mettent plus ou moins d'argent. Le fait de reconnaître l'échelon local fait que parfois certains peuvent aller plus loin que d'autres. Je veux juste dire que il y a un problème de base, les départements aujourd'hui n'ont pas forcément les mêmes pouvoirs et leviers financiers. Quand on parle de choses techniques, par exemple un acte 3 de la décentralisation, il y a des vrais sujets à l'intérieur. Comment ces collectivités peuvent-elles avoir les moyens de leur politique ? Il y a aujourd'hui des départements qui ne vont pas bien financièrement. Parce que l'État pendant des années ne leur a pas donné l'argent nécessaire pour mener leur politique. Il ne faut pas jeter la pierre aux départements et même à certaines régions. C’est plus facile pour la région Île-de-France qui a plus de levier financier (et pourtant nous avons aussi des difficultés financières !). Concrètement on lève un impôt qui n'est pas juste : la taxe foncière qui touche tout le monde de manière très peu progressive. C'est un vrai sujet. Comment lever un impôt plus progressif,

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plus juste et qui donne plus de moyens ? Vous avez vu qu'il y a un élu qui fait une grève de la faim devant l'assemblée nationale. Il dit que les villes pauvres ont moins de possibilités que les villes plus riches. Ce n'est pas juste. Concernant la question de la formation, aujourd'hui dans les CFA, concrètement c'est 0, 5 % des apprentis qui sont en situation de handicap. On part de très loin. Tout comme on a 1% des étudiants qui font des études dans l’enseignement supérieur. C'est le bout de chaîne. Nous avons mis en place un dispositif financier pour accompagner les CFA dans l'adaptation aux situations de handicap. Les objectifs ? Nous voulons multiplier ce nombre par 4 en 3 ans. Ça ne fait pas grand-chose 2%, mais c'est quand même un objectif ! Ça me semble très important de se donner des objectifs forts d'ouverture dans l'apprentissage en milieu ordinaire. Ça passe par une meilleure formation des missions locales et de tous les lieux qui accueillent en milieu ordinaires des jeunes qui cherchent à mieux se former. Là aussi la région a sa part de responsabilité. Nous avons un accord avec l'Agefiph pour faire en sorte d'améliorer la pré qualification ou la qualification des jeunes en situation de handicap en recherche d'emploi. La région Île-de-France, c'est également des aides à l'investissement en milieu spécifique, au fonctionnement des ESAT, des entreprises adaptées. En région Île-de-France, ce sont 4 000 personnes qui travaillent en ESAT, presque 1 000 en entreprises adaptées. La région Île-de-France a vraiment la volonté d'être davantage présente sur l'apprentissage, la formation initiale ou continue des jeunes. Mais c'est aussi, de manière plus spécifique, une volonté en direction du handicap. Nous avons mis en place (vous avez entendu parler des emplois d'avenir aujourd'hui) des emplois tremplin en 2005. Ce sont des emplois à destinations des jeunes qu’on ouvre aux personnes plus âgées sorties de l'emploi depuis longtemps. C'est une aide à l'emploi, pour les postes. Il y a pas mal de jeunes en situation de handicap qui en bénéficient, comme d'autres qui ne sont pas en situation de handicap. Pour vérifier les progrès ou non de la région Île-de-France dans cette volonté de mettre en place une politique inclusive globale, nous avons mis en place un conseil consultatif des personnes en situation de handicap. Ce Conseil régional consultatif du handicap a charge d'évaluer notre politique en direction du handicap, de tirer la sonnette d'alarme, de nous taper sur les doigts s’il le faut et de veiller à ce que nos engagements de campagne puissent être réalisés. Pour finir je rappelle la volonté d’avoir dans chacune des politiques à un échelon donné un volet handicap. C'est dans cet esprit-là que Jean-Marc Ayrault a souhaité partir pour demander à chaque ministre qu'il y ait un relais handicap. Je vous remercie. Vincent Edin.- Merci Charlotte. On a vu la volonté et le chemin qui reste à parcourir. Pour mettre cette table ronde sous les auspices de la concrètologie, Ghislaine, vous ne prenez pas les même bus ! Giselen Delgado.- Tous les bus ne sont pas accessibles, c'est clair et net ! Soit il est accessible et la palette ne fonctionne pas, soit, concrètement, le chauffeur à la flemme d'appuyer sur un bouton. On peut aussi avoir le logo avec le petit fauteuil qui dit que c'est accessible et le chauffeur qui n’est pas formé pour mettre la palette donc il est désolé mais il ne peut pas nous prendre. Il peut y en avoir un, deux ou quatre qui passent comme ça et je reste à l'arrêt à attendre.

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Vincent Edin.- Ce manque d'accessibilité de la cité a eu un impact direct sur votre cadre professionnel ? On est là pour parler de l'accessibilité à l'emploi. Vous êtes bachelière et vous vous êtes inscrite en BTS en alternance l'année dernière… Giselen Delgado.- Et là, il y a eu beaucoup de souci. Déjà pour les transports, j'avais 1h30 de trajet de chez moi, trois bus différents à prendre pendant un mois et demi pour trouver un employeur. Que je n'ai d'ailleurs pas pu trouver. Donc j'ai dû abandonner et j'ai eu une année sabbatique obligatoire ! Honnêtement j'ai fait ça pendant un an et demi tous les jours de 9h à 15h ou 17h, ça dépendait de ma fatigue. De 9h à 17h j’appelais, si mon CV ne collait pas, ça, je pouvais comprendre. Mais si la personne était au téléphone et qu'elle disait qu'il n'y avait pas de problème, que j'annonçais que j'étais en fauteuil et que je sentais la réticence… On commence, une fois, deux fois, trois fois et puis on en a marre. Je n'ai pas abandonné parce que j'avais envie d'abandonner mais parce que je n'avais pas le choix. Au bout d'un mois et demi, deux mois, si on n’a pas trouvé d'employeur, on ne peut pas reprendre les cours. Donc j'ai dû laisser tomber. Vincent Edin.- Vous avez quand même passé des entretiens. Votre CV restait sans retour ? Giselen Delgado.- Pour l'alternance, j'ai tenu deux mois, après j'ai laissé tomber. Je me suis lancée dans la recherche d'emploi pendant un an pour éviter de ne rien faire, pour reprendre mon BTS après. Mais je n'ai pas trouvé à cause de l'accessibilité et des réticences des employeurs. J'avais postulé dans un cabinet d'avocat. Je dois le raconter. C'était très drôle. La personne m'envoie un mail pour me dire que mon CV a été retenu, qu'il fallait que je me présente au rendez-vous le lendemain. J'y suis allée sans problème, ce n'était pas loin de chez moi. Arrivée au rendez-vous, avant l'ascenseur, il y avait quatre marches, après, deux. L'ascenseur était tout petit. Mon fauteuil ne passait pas. Personne n'est descendu pour me dire que l'on n'avait pas prévu ce détail, alors que j'avais prévenu. J'ai attendu une heure et personne n'est venu. Vincent Edin.- Vous avez fait l'entretien dans le hall ? Giselen Delgado.- Non, il n'y a pas eu d'entretien ! Je suis repartie en BTS où j'ai des stages. Une semaine en décembre et 7 semaines en mai/juin. Je n'ai pas trouvé pour décembre. Je dois faire un stage en agence de voyage. C'est le même problème : accessibilité ou réticence de l'employeur. J'ai postulé pour un stage dans une grande surface. Au début, la personne était très motivée. Je me suis présentée. J'ai laissé ma convention puisqu'on ne m'a pas demandé de CV mais ma convention. On m’a dit qu'il n'y avait pas de problème. J'ai vu qu'au bout d'une semaine, personne n'appelait et j'ai rappelé. On m'a dit que ce n'était pas possible, je n'ai pas eu d'autres explications. Vincent Edin.- Merci pour ce témoignage franc et qui place devant les difficultés. Christophe Collin.- Je vous confirme qu’il y a des entreprises qui recrutent des jeunes en situation de handicap ! Le problème de l'accessibilité est réel. Nos locaux sont modernes et accessibles à la plupart des handicaps. Cependant, tout en étant à proximité du RER à Saint-Denis, le trajet domicile – entreprise peut être une difficulté. Aussi, nous sommes amenés à prendre en charge l'acheminement en transports privés. En fonction du handicap, nous prenons en charge le financement du transport même

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avec des zones éloignées en grande banlieue. Vincent Edin.- Vous payez ? Christophe Collin.- Oui, nous prenons en charge dès lors que nous sommes dans cette situation. Vincent Edin.- Il n'y a pas suffisamment de personnes handicapées dans les métiers qui vous intéressent, vous vous êtes dit « on va les qualifier nous-mêmes ». Christophe Collin.- Le chemin vers la qualification est essentiel. Vu de Generali, nous avons besoin de compétences qualifiées. Nous recrutons des collaborateurs qui pour 70% d’entre eux (hors forces de vente), ont un BAC+4 ou 5 et, pour le reste BAC+2. Les collaborateurs handicapés qui correspondent à ce profil sont extrêmement rares. C'est un sujet valable pour l'assurance plus globalement. La vocation pour les métiers d'assureur n'est pas spontanée. Des gens ne disent pas « quand je serais grand, je serais assureur ». Pour autant, nous faisons partie des secteurs qui recrutent. Les écoles fournissent 50 % des besoins d’expertise. Comment orienter des jeunes qui se posent des questions vers ces métiers ? J'ai beaucoup entendu parler d'orientation. Comment orienter vers une filière professionnelle avec des débouchés et des métiers intéressants ? Nous avons développé très tôt une politique d'alternance. Nous avons 7 000 collaborateurs et 300 alternants permanents avec une volonté forte de chercher dans ce vivier nos futurs collaborateurs. Quand la question de l'emploi du handicap s'est posée de façon concrète il y a quatre ou cinq ans, nous avons pris le sujet en main avec la même modalité : on peut construire des parcours qualifiants à travers des formations supérieures en alternance avec des jeunes de niveau BAC. C'est le travail réalisé avec un certain nombre de partenaires, faire des montages avec les écoles. Avec l'ESA, nous avons une formation d'assurance avec 50 % de jeunes en situation de handicap. Aujourd'hui, nous en avons 10. Demain, on espère 20. Cela ouvre de réelles perspectives d'insertion professionnelle. L'enjeu est de recruter ensuite en CDI. C'est clair. On ne sait pas trouver ces jeunes, c'est le travail engagé, on souhaite le poursuivre. L'alternance est un élément pivot et clé. Nous avons parlé de formation au collège. C'est un point essentiel. Si on ne passe pas au lycée, on ne va pas jusqu'à l'alternance. On voit où se situe le nœud. Il a été évoqué le rôle d'associations et je reviens sur Arpeijh qui donne envie aux jeunes d'aller plus loin. C'est possible d'envisager d'avoir un métier qualifié. Si on arrive à être dans cette aspiration du lycée, comment transformer l'essai ? Beaucoup d'entreprises cherchent des compétences et qualifications, le secteur de l'assurance en fait partie, misons dessus et travaillons en partenariat. Ce n'est pas l'application d'une obligation légale, on prend en compte un sujet de société. En tant qu'assureur, c'est évident. La volonté politique est présente. Après, un manager qui recrute cherche d’abord des compétences. Et il y a un travail à faire sur son regard : sortir du schéma classique du diplomé conventionnel. C'est un travail de fond avec le management. Je reviens sur l'idée de stage de jeunes en 4e ou 3e. Chez Generali, il y a 70 % de cadres. Il faut éviter d'orienter la politique de recrutement de personnes handicapées vers des services à faibles qualifications. Il faut aller dans des domaines techniques d'assurance, de forte qualification et d’informatique. Nous avons des managers

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naturellement très sensibilisés, ceux des services administratifs. Nous avons des managers qui ne le sont pas autant, ceux des autres secteurs. En intégrant des jeunes en 4e ou 3e une semaine dans l'année, on sensibilise ces secteurs et derrière ils acceptent plus facilement d'entrer dans le recrutement d'un jeune en alternance pour un an. Passé un an, on voit qu'il a les compétences, parfois une maturité plus importante et une capacité plus importante. Pour le CDI qui va suivre, c'est à lui que l'on va penser. Vincent Edin.- Passons le micro à Christian Grapin. 85 % des personnes handicapées ont un niveau inférieur au BAC, qui les recrute ? Christian Grapin.- Quelques points rapides sur Tremplin avant tout. C'est 20 ans d'existence. Un objet social voulu par les entreprises qui nous ont créées : développer le niveau de qualification des personnes en situation de handicap et développer leur expérience professionnelle. On s'inscrit exactement dans la dynamique inclusive entre jeune handicapé et entreprises décrite par les deux sénatrices qui ont remis dernièrement leur rapport d'information. Il y a 20 ans, les entreprises avaient déjà créé cela. Quand on est dans une dynamique inclusive, on travaille sur deux publics : les jeunes en situation de handicap et les entreprises. L'objectif est que les jeunes intègrent le monde de l'entreprise ou la connaissance de l'entreprise dans leur parcours de formation, et que les entreprises intègrent la problématique de formation des jeunes en situation de handicap dans leur processus de recrutement. Dynamique inclusive, cela veut dire que les uns rencontrent les autres. C'est le propre, le cœur de Tremplin : permettre, à travers différentes actions, que les uns rencontrent les autres. Cette année, ce sera 900 actions de rencontre sur tout le territoire national. Vincent Edin.- Sur la question directement posée, 85% ? Christian Grapin.- C'est une donnée statique. Nous nous positionnons en dynamique. Comment faire pour que ce taux se réduise ? Et que les jeunes aillent vers les études supérieures : grandes écoles, BTS, niveaux de qualification professionnelle. Pour m'appuyer sur un point soulevé par Sophie Cluzel tout à l'heure, ce qui est intéressant chez nous est que les entreprises se positionnent pour répondre aux besoins de nos jeunes. C'est-à-dire que nous sommes dans une diffusion non pas d'offre, mais de projet de nos jeunes. Les entreprises sont là pour répondre aux projets. Ces projets sont accompagnés par notre équipe. C'est comme cela, aussi, dans le temps, qu'un jeune va passer dans son parcours de BAC à BAC+2 ou 3 et avancer. Nous avons vu des parcours intéressant avec des jeunes en Segpa aller en BEP puis en BAC pro etc. L'idée de Tremplin, c'est justement de donner confiance à ces jeunes pour qu'ils avancent. Ils sont en devenir. Il faut leur laisser le temps d'avancer. Vincent Edin.- Peut-on citer une ou deux expériences innovantes de mise en relation ou d'insertion professionnelle ? Christian Grapin.- Évidemment, chez Tremplin nous sommes au courant des initiatives et tentatives des entreprises. Pour répondre à Generali, nous voyons que des entreprises se regroupent pour offrir à des jeunes ou moins jeunes la possibilité d'augmenter leur niveau de qualification en proposant des parcours de formation, qualification ou un diplôme. On les trouve dans les domaines de l'assurance, prévoyance, industriel, de logiciel. Bref, quand on regarde, il y a de plus en plus d'entreprises qui se remontent les manches et proposent des cursus de formation adaptés, en s'appuyant aussi sur des

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organismes de formation tout à fait classiques. Vincent Edin.- Très bien. Parole à Serge Kroichvili, pour nous expliquer les missions locales. Serge Kroichvili.- Près de 500 missions locales accompagnent, 1,3 millions de jeunes quelle que soit leur situation. Il faut arrêter de parler des jeunes à partir de leurs difficultés. On va dire la même chose des jeunes en situation de handicap. Il faut sortir du modèle de Wood où on parle du jeune à partir de ses incapacités et déficiences. Prenons en compte les jeunes à partir de leurs compétences, talents et goûts et prenons en compte leurs projets. Ce ne sont pas que des personnes en devenir, mais des citoyens à part entière et pas seulement de futurs travailleurs. Il faut sortir de la vision négative qu’a notre société de la jeunesse. Arrêtons de prendre en charge et commençons à prendre en compte les jeunes et commençons à prendre en compte les personnes et leurs projets. Vincent Edin.- Quel avenir pour ceux qui ne vont pas au BAC +++ ? Serge Kroichvili.- L'Europe parle des jeunes qui ont un manque d'opportunité. C'est une façon négative de voir la jeunesse. Les jeunes, en contact avec les missions locales, sont 80 % à avoir un niveau V. Cela ne veut pas dire que l'on est incapable de faire quoi que ce soit. Évidemment, le représentant de Generali recherche des compétences de niveau BAC+2 ou supérieures. Mais il y a d'autres fonctions support et vous avez besoin de jeunes de niveau V au BAC. Comment organiser un parcours ou processus d'accès à la formation, à la qualification et à l'emploi, correspondant au projet à partir du niveau des jeunes ? En personnalisant les réponses apportées aux jeunes. A partir de la situation de Giselen, on peut noter quatre points de progrès : il faut prendre en compte son projet et essayer d'adapter l'ensemble des dispositifs dans son processus, adapter les centres de formation, les lieux d'accueil pour rencontrer une mission locale, Pôle Emploi ou un partenaire sans limite dans la chaîne du déplacement. Travailler avec le monde de l'entreprise pour l'adaptation de son poste de travail et, dernier point, laisser le temps au temps. Les jeunes en situation de handicap ont besoin de plus de temps que les personnes dites valides. Il faut reconnaître les différences et mettre en œuvre les moyens et processus qui permettent d'accéder à l'emploi sans validation des acquis telle qu'elle est conçue aujourd’hui. Il faut donc faire différemment. Pour arriver à cela, il faut mobiliser les partenaires sur ces questions. Quand on parle de jeunes de niveau 5, il faut créer les conditions pour réunir autour d'eux les partenaires. Pourquoi Cap Emploi n'est-il pas aux côtés de Giselen et comment organiser l'entreprise et le poste de travail ? L'Agefiph et Pôle Emploi ont un rôle important avec un devoir d'information des entreprises sur l'obligation d'emploi des personnes handicapées. Charlotte Brun avait raison de dire qu'il faut que la société s'ouvre à l'ensemble des différences. Puis il faut évoquer la question des parcours. Pour les jeunes de niveau V, on peut adapter les processus et les modalités de formation des jeunes qui sont en situation difficile d'accès à la connaissance. Ce ne sont pas que des jeunes en situation de handicap, ce sont également les jeunes « décrocheurs ». Mais je n'aime pas le terme. Je préfère les « décrochés de l'école », car leurs difficultés ne viennent-elles pas également de l’école ? Un élément concret : l'accompagnement ou l’aide personnalisée. Quand le jeune arrive à la mission locale, il est pris en compte à partir de ce qu'il

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est, ce qu'il veut faire et comment. Des jeunes viennent voir la mission locale sur le principe de volontariat, elle n’ouvre pas des droits comme le Pôle emploi. Les missions locales proposent un accompagnement personnalisé à partir du jeune, ce qu'il est et ce qu'il veut devenir... Quand le jeune est accompagné, il a un conseiller qui accompagne son parcours et qui est son référent unique. L’accompagnement est à géométrie variable et c'est vraiment un travail de tisserand. J'avais envoyé un parcours type de jeune, sortant d'un ITEP qui avait besoin d'un accompagnement personnalisé eut égard à son handicap psychique. Malgré ses difficultés personnelles, la mission locale continue à avancer avec lui. Il y a un projet, des essais, une avancée, mais pas d'échec, en essayant de faire avancer différemment. La mission locale va accompagner le jeune avec la prise en compte globale de ses difficultés en dehors de l'emploi, comme l’aide à la mobilité. Comment accompagner un jeune pour accéder à la mobilité en mobilisant des aides financières et des dispositifs d'accès aux logements ? Plutôt que de faire 2h30 de trajet, comment travailler avec l'ALJT pour trouver les conditions de logement à proximité de là où le jeune travaille. C'est l'accompagnement global du jeune dans son projet et dans la réalisation de son parcours en tenant compte des freins. Vincent Edin.- Manuèle Masset, vous vouliez rebondir ? Manuèle Masset.- Oui, sur la possibilité de créer des opportunités pour les jeunes. Nous avons des dispositifs innovants qui permettent aux jeunes lors des stages de découverte métier de 3e d'accéder au CFA avec une année de préapprentissage accompagnée par l'éducation nationale, ce sont des structures comme L’ADAPT avec la passerelle bleue pour accéder à l'apprentissage. Durant l'année de préapprentissage, tout est développé pour les mettre en compétence d'intégrer les entreprises : se rendre sur les lieux d'entreprises et accéder aux formations théoriques. Deuxième exemple, les ESAT Hors-les-murs et notamment la section jeune d'Evry pour les 16-25 ans. Ces jeunes ne pourraient accéder à l'insertion professionnelle seuls. Ils vont être accompagnés par un job coaching ou soutien vers l'emploi personnalisé. Sur la table ronde précédente, était évoquée la haute couture d'accompagnement et le cousu main. C'est proposé par l'ESAT Hors-les-murs. Le jeune sera accompagné par des jobs coach qui vont développer les savoir-faire et savoir-être nécessaires à l'intégration en milieu ordinaire. Mais avant tout, les jeunes handicapés, sont jeunes. Mais ils ont le droit de se tromper, de rêver, de recommencer. Le parcours proposé, permet de mise à disposition en mise à disposition, d'actualiser les connaissances, de partager avec les pairs. Le jeune mis en situation discute, construit son parcours professionnel et ses compétences professionnelles. Vincent Edin.- Il y a 9 ETP à l'ESAT pour 25 jeunes, c'est beaucoup d'encadrement. Manuèle Masset.- Oui, il y a les acteurs visibles et invisibles. Il y a les chargés de relations entreprises et les jobs coachs qui entraînent les jeunes à la réalisation de tâches professionnelles et à l'intégration au travail. La formation des managers se fait à travers la prospection par les chargés de relations entreprises et à l'occasion d'évaluations qui sont des temps d'échanges sur les objectifs posés pour le mois de mise à disposition, entre le tuteur de l'entreprise, le job coach et l'usager. Vincent Edin.- Et les résultats ? 42 % d’insertion?

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Manuèle Masset.- À 10 ans. La section jeunes à ouvert en 2011. Nous ne sommes pas prêts sur les résultats « jeunes ». Mais 42 % depuis l'ouverture de l'ESAT Hors-les-murs. Avec une notion de durabilité. Les gens vont se maintenir sur les CDI signés. Vincent Edin.- Bravo ! (Applaudissements) Jean-Jacques, il y a eu un teasing de Serge disant qu’au-delà de l'intégration il y avait les transports, mais aussi le logement. L'ALJT a son rôle à jouer. Le dispositif n'est pas connu ? Jean-Jacques Tartinville.- C'est peut-être méconnu parce qu'on n'a pas communiqué, mais on le fait. On est passé de quelques résidences à 50. On en aura peut-être 60 dans 18 mois. On sera peut-être plus connu puisque la région Ile-de-France fait campagne sur son action de logement des jeunes. Nous avons pour vocation d'établir un lien possible entre l'emploi et le logement, le logement et l'emploi qui sont très souvent liés. Une étude du Crédoc montre qu'énormément d'emplois ne sont pas pourvus à cause de la problématique d'éloignement et du manque de possibilité de se loger. C'est une problématique forte en région Ile-de-France, que l'on traite depuis 55 ans. On est né à un moment où il y avait déjà une crise du logement, dans les années 55. La spécificité de notre proposition, c'est de traiter deux problématiques importantes lorsqu'on veut aborder le sujet du logement des jeunes : la mobilité d'une part, sous-estimée car elle n'est pas une mobilité classique du logement traditionnel où les gens restent. Il y a un besoin temporaire de rapprochement du logement, de la formation et de l'emploi à une période de la vie où on est en formation et en construction. Le deuxième paramètre qu'il faut absolument intégrer est la précarité : CDD, intérim, alternance. Ce n'est pas forcément une grande précarité, mais vis-à-vis de l'accès au logement, c'est un peu un handicap. Notre proposition est d'abattre ces barrières et de rendre accessibles des logements autonomes dans des conditions abordables, modernes, sécurisées. Ils ont pour caractéristiques d'être en résidence, d’offrir un cadre collectif qui puisse être intégrateur. On joue sur les deux paramètres, l'individu et le collectif. Vincent Edin.- On peut donner le prix du logement ? Jean-Jacques Tartinville.- Oui, on est dans un système très largement administré puisqu’il s’agit de logement social avec des règles très établies. Un logement de 20 m² coute 400€ par mois tout compris, loyer et charges. Le résident ne paye pas l'eau, l'électricité et le chauffage. Le jeune, en règle générale, en fonction de ses ressources antérieures, bénéficie d'une aide personnalisée au logement qui lui permet d'aborder assez facilement ce type de redevance. Nous nous sommes rendu compte que nous avions, de par les obligations de construction, un parc accessible relativement important qui allait émerger et que nous n'avions quasiment aucun jeune en situation de handicap dans nos résidences. Parce que la connexion entre l'offre et la demande ne se faisait pas. Et d'ailleurs on peut dire qu'elle ne se fait pas de façon naturelle si on n’a pas de politique volontariste de construction de partenariat. Avec L’ADAPT, on a signé un partenariat en 2006 ayant abouti à l’ouverture d’un SAVS en 2010, qui vise à accueillir 40 jeunes dans nos résidences parisiennes. Il ne suffit pas d'établir des obligations légales, qui s'imposent, bien sûr, il faut encore que les

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opérateurs que nous sommes, du logement jeune notamment, fassent les efforts nécessaires pour bâtir des offres qui soient connues et alimentent des cycles. C'est un premier aspect que je voulais signaler. Vincent Edin.- Est-ce que l'offre est adaptée ? Si on prend l'exemple du handicap moteur, est-ce qu'elle y répond ? Jean-Jacques Tartinville.- Il serait illusoire de penser que tout est possible. Il y a d'anciens immeubles rénovés qui ne le permettent pas. On s'efforce d'avoir l'offre parce que c'est dans nos obligations et notre volonté. Les opérateurs, et c'est valable pour les bailleurs sociaux, développent des relations de partenariats forts avec des associations pour faire bénéficier les jeunes de cette offre méconnue et abordable. Vincent Edin.- Il y a la question de la pérennité. On reste deux ans, mais derrière, il y a la mairie de Paris avec qui vous travaillez. Jean-Jacques Tartinville.- Oui, il y a un aspect temporaire. Deux ans, ce n'est pas tout à fait cela. On parle de projet du jeune. On ne traite pas avec des « usagers », des « ayant droit » mais avec des citoyens aux projets aboutis. En fonction des difficultés, Giselen par exemple a été obligée de changer son fusil d’épaule. Nous sommes souples. Il faut échanger avec les partenaires. C'est toujours le même raisonnement : isolé, on peut avoir des idées à mettre en perspective. Il faut travailler avec les communes dans lesquelles nous sommes implantés. Pouvoir proposer des solutions à la sortie avec les communes et bailleurs sociaux qui ont des logements disponibles. Nous travaillons dans un univers méconnu : collecteur du 1 %, partenaires sociaux, organisations syndicales et employeurs qui gèrent de façon paritaire la collecte. Ils ont également des réservations dans des parcs sociaux, parfois de façon importante, qui peuvent offrir des solutions. C'est le message. Il y a des choses qui ne sont pas abouties, d'autres possibles. Les différents opérateurs, les associations, en règle générale, peuvent faire progresser cet objectif de lien entre le logement et l'emploi, pour les jeunes en général, et en particulier pour les jeunes en situation de handicap. Vincent Edin.- Merci. Pierre Roques, pour l'instant nous avons eu des échanges assez franciliens. Belle transition : quelles solutions en région ? L’ADAPT lance des conférences dans ses 10 territoires qui mailleront toute la France dans les mois à venir. Pierre Roques.- De ce que j'ai entendu ce matin, je retiens plusieurs aspects. Tout particulièrement, la question du lien et des articulations constitue une évidence. L’Education Nationale dispose de multiples partenaires, Enseignement Supérieur, Ministère du Travail, Agences Régionales de la Santé, associa-tions, …, qui tous s’investissent et mettent en œuvre des démarches pour accompagner les parcours des élèves et jeunes adultes en situation de handicap. Parallèlement, les entreprises recherchent à employer des jeunes en situation de handicap à l’issue de leurs études alors que nous les scolarisons dans nos classes et que nous ne savons pas organiser les partenariats avec elles. Ce qui manque, c'est le fait de coordonner les actions et la question des liens devient prioritaire. L’enjeu pour l’Education Nationale consiste à privilégier et réussir la scolarisation en milieu ordinaire. Cependant, si à l'issue du parcours scolaire, les jeunes sont en difficulté d'insertion professionnelle, ce

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sera un échec pour l'Education nationale, les jeunes, les familles et pour la société. La longueur et la complexité du processus d’accès à l’emploi supposent des actions et des coordinations au niveau sco-laire puis universitaire. Dans cette perspective, l'académie de Toulouse s’est donné pour objectif de concevoir des projets per-mettant de coordonner l'action des divers partenaires et de faire le choix de l'insertion en milieu profes-sionnel ordinaire. 10 000 jeunes en situation de handicap sont scolarisés dans les classes, 6 000 en primaire, 3 000 au collège et 650 au lycée. Concernant le passage des élèves du collège au lycée, la différence peut s’expliquer pour partie par le fait que la loi de 2005 est récente et que le processus de scolarisation au lycée est en cours d’accélération. Pour autant, bien des jeunes qui pourraient s'orienter vers le lycée ne le font pas, notamment parce qu'ils n'y croient pas. Il faut leur faire savoir que c'est possible et que nous les aiderons, c'est un enjeu fondamental. Il est cependant un aspect pour lequel l’académie n’a pas de réponse, c’est la question du devenir des élèves handicapés qui ne poursuivent pas leur scolarité à l’issue du collège. Certains sont réorientés vers le secteur médico-social mais il y a des jeunes dont on ne sait pas ce qu'ils deviennent. Quel est leur parcours, qu’aurions nous pu faire pour que leur parcours se déroule dans de meilleures condi-tions, la question reste entière. Parallèlement à cette question qui demeure, Il y a deux profils de jeunes élèves en situation de handi-cap :

- ceux scolarisés en milieu ordinaire qui se destinent ou pourraient se destiner à un cursus long (BAC, BTS, études supérieures) ;

- ceux qui ont un parcours dans les ULIS, avec troubles cognitifs importants, et qui sont en re-cherche d’emploi à l’issue de leur scolarité.

Pour ces deux profils, nous avons des approches coordonnées mais différentes. La première approche se propose de répondre à la question de l’insertion professionnelle des élèves qui poursuivent leurs études au lycée et au-delà, en coordonnant l’action des divers acteurs. Ce projet est issu d’un échange avec le Recteur de l'académie de Toulouse et le responsable des Ressources Humaines de Thales souhaitant favoriser le recrutement de personnes en situation de handicap. Suite à cet échange, nous avons engagé une réflexion commune. Comment favoriser l’arrivée de personnes handicapées à haut niveau de qualification alors que nous avons déjà tant de difficultés à accompagner le passage du collège au lycée ? Soit on envisageait des actions ponctuelles, qui avaient peu de chances d’aboutir, soit nous engagions un processus de fond et très en amont afin d’identifier les freins au développement des parcours longs. Nous avons bien évidemment identifié la difficulté de l'articulation collège / lycée, Lycées / Universités, mais nous nous sommes aussi rendu compte de l’absence de liaisons entre l’Education nationale et les entreprises. Bien des réunions ont été nécessaires pour envisager une solution globale. Très rapidement, se sont associés le pôle de recherche et d'enseignement de Toulouse, les entreprises comme Airbus, Cap Ge-mini, IBM, Sogeti, ASTRIUM, SAFRAN. A l’issue de ces travaux, une convention a été élaborée et si-gnée. Dans ce cadre, de multiples actions sont engagées :

- Les entreprises proposent des parcours de découverte des métiers en 3ème et 4ème (aéronau-tique, spatial, informatique). Ils permettent aux jeunes de constater qu’un ensemble de possibili-tés sont offertes, que s’ils s’engagent, on peut les accompagner.

- Les grandes écoles (ISAE, ENAC, INSA…) proposent des parcours pour les élèves de 3e et de lycées. Il s’agit sous diverses formes d’organiser des rencontres régulières à caractère social,

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scolaire, accompagnement de parcours, … Les universités et les grandes écoles recherchent les étudiants et élèves qui participent à ces accompagnements.

- Des aides humaines sont financées au lycée, en langue des signes ou en Langage Parlé Com-plété par exemple. De même sont financés des aides matérielles complémentaires parfois très onéreuses.

- Cette démarche se poursuit ensuite dans l'enseignement supérieur. A ce titre des thèses ont pu être financées.

Le financement des actions provient directement des entreprises. En effet, quand elles ne disposent pas de 6 % de salariés handicapés dans leurs effectifs, elles reversent un financement à l'Agefiph. Ce-pendant les grands groupes industriels contractent des accords qui leur permettent de financer directe-ment certaines actions. C’est par ce processus que les membres signataires de la convention financent les actions décidées d’un commun accord à l’occasion de comités de pilotage où les partenaires sont présents. L'intérêt de ce projet, c'est l’analyse commune des questions auxquelles nous n’avions pas été confron-tés. Cette démarche nous permet aussi de croiser des cultures et d’envisager des solutions à dimension prospective. Dans toutes les classes, universités ou entreprises se pose la question de l'aménagement des postes et des matériels. A ce titre par exemple, des matériels sont testés dans les classes, avec des camarades qui prennent les notes sur des tablettes numériques qui transmettent en temps réel sur l’ordinateur de l’élève qui ne peut prendre de notes. Ainsi il peut suivre le cours dans de bonnes condi-tions. Des logiciels de type dragon sont testés par les enseignants afin de favoriser les échanges avec des élèves sourds lorsqu’il n’y a pas d’interprète. Est-ce que ces matériels pourront être généralisés pour des personnes en situation de handicap moteur ou atteints de dyspraxie ou de dysphasie, la question sera étudiée. L’autre projet concerne des élèves scolarisés en ULIS ayant des troubles cognitifs importants. Force était de constater que des 50 jeunes sortis de ces dispositifs, 1/3 étaient au domicile de leurs parents alors que 1/3 contractaient des stages ponctuels. En définitive, seuls quelques jeunes adultes avaient des solutions relativement stabilisées. Le constat est d’autant plus sévère que ces jeunes adultes avaient de réelles compétences professionnelles, nombre d’entre eux avaient acquis un CAP dans son intégralité, les autres, disposant d’attestations de compétences professionnelles. En définitive, cette situation était due au fait que nous ne pouvions les accompagner parce que la question ne s’était jamais posée jusqu’à présent. Pour répondre à cette problématique, l’académie de Toulouse a mis en place un portefeuille qui capitalise les réussites afin que l'entreprise puisse identifier les acquis. L’académie a aussi créé une plateforme d’accompagnement disposant d’une enseignante coordonnant les parcours d’élèves à l’issue de leur scolarité en partenariat avec le GRETA. Les élèves bénéficient ainsi d’une poursuite de formation et d’un accompagnement vers l’entreprise. En coordonnant ces deux projets, l’académie de Toulouse organise l’ouverture sur le monde de l’entreprise et identifie des pistes de solution qui à terme devraient permettre de répondre à bien des questions pour lesquelles nous n’avions pas de réponses jusqu’à présent. Manuèle Masset.- Je voudrais compléter l’intervention de monsieur sur l’accompagnement des jeunes en entreprises au sortir d’ULIS. Les ESAT Hors-les-murs constituent l’une des voies possibles. Les compétences sont reconnues, on développe les savoir-faire et l’apprentissage contextualisé. Concernant l’accès au logement les jeunes ne se préoccupent pas de l’accès au logement tant que

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l’insertion ne prend pas un tour pérenne (CDI)… Christian Grapin.- J’aurais voulu ajouter que lorsqu’on parle des entreprises, souvent on parle de grandes entreprises. Pourquoi ? Parce qu’elles ont de grands moyens financiers ! Et on oublie de parler des PME parce qu’elles ont moins de moyens et donc sont moins sollicitées pour mettre en œuvre des projets. On a vu cette évolution chez Tremplin, si nous existons c’est qu’il y a 20 ans, 4 grands groupes se sont lancés dans notre création. Mais aujourd’hui c’est 200 entreprises dont des PME. Nous avons des entreprises avec 100, 150 salariés... De façon plus confidentielle, elles veulent œuvrer pour accueillir, former et intégrer des personnes handicapées. Je ne voudrais pas qu'on les oublie, parce qu'elles sont actives et parfois plus dynamiques en termes d'emploi. Vincent Edin.- L'obligation d'intégration de la personne handicapée concerne les entreprises de plus de 20 salariés. Rappelons-le. Nous allons diffuser la fin du film. (Projection) (Applaudissements) Charlotte Brun.- Je voudrais dire, mais cela transparaît dans toutes les interventions, que l'enjeu du handicap, c'est de reconnaître enfin le fait que chacun d'entre nous est l’égal de l’autre, avec ses différences. Chacun est différent et une meilleure reconnaissance des situations de handicap dans nos sociétés, conditionne le fait que pour les autres aussi la différence soit reconnue. On parle du monde du travail : il est difficile pour plein de gens en France. La crise impacte tous ceux qui sont un peu différents. Plus cela va et plus on est différent par rapport aux normes que le monde du travail libéral en crise impose. En gros, quand on n'a pas 30 ans, on n'est pas performant. Le premier CDI en moyenne est à 29 ans, pour tout le monde. Quand on a plus de 40 ans, on est dans les plans « senior » pour certaines entreprises. Plus cela va, plus la tranche d'âge dans laquelle on est vu comme performant est réduite. L'enjeu, c'est que les paradigmes, les normes s'inversent et que l'on soit reconnu à égalité avec nos différences comme une richesse. Et que, du coup, grâce à une meilleure prise en compte des handicaps, toute la société en profite. Derrière le chantier de l'inclusion des personnes en situation de handicap, il y a le vrai chantier du vivre ensemble. Manuèle Masset.- Pour rebondir, nous sommes tous concernés par le handicap dans le sens où nous pouvons tous être à un moment en situation de handicap : une jambe cassée, une jeune femme enceinte qui serait commerciale. Le fait que les entreprises partenaires intègrent des travailleurs handicapés amène une organisation du travail plus souple pour faire face aux évolutions des situations des salariés. Dans la prise en compte RH, c'est extrêmement important. Vincent Edin.- On laisse le mot de la fin à Giselen. Giselen Delgado.- Je ne sais pas quoi dire honnêtement. Je pense que s’il y a certains freins tout est possible quand on nous en donne les moyens ! (Applaudissements) Vincent Edin.- Un bel exemple d'optimisme. Merci aux intervenants. J'appelle Emmanuel Constans

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pour clôturer la conférence. Président, êtes-vous heureux pour le lancement de cette semaine ? Emmanuel Constans.- Je félicite ces tables rondes qui étaient denses et riches. Je ne vais pas en faire la synthèse maintenant, mais je crois que nous aurons des actes précis, puisque à partir de cette mine, des échanges de ce matin, il y a beaucoup de travail qu'ensemble nous pouvons faire pour atteindre les objectifs que nous nous fixons dans le domaine de l'insertion et de l'inclusion des personnes en situation de handicap dans la vie sociale, professionnelle et de la citoyenneté. Je voudrais d'abord remercier infiniment tous les participants à ces tables rondes. C'est grâce à eux que nous avons pu avoir ces échanges, cette profondeur d'analyse, pour pouvoir voir ce qui va et ce qui ne va pas. Il est sûr qu'il y a beaucoup d'initiatives, de choses qui ont été faites au cours des dernières années. C'est un chantier qui remonte à longtemps : c’est la 16e Semaine pour l'emploi des personnes handicapées. Il y en aura d'autres. Cela veut dire que les choses avancent mais tout n'est pas rose. Nous l'avons entendu de façon précise. Il y a des progrès, mais il y a encore des retards. Il y a des ruptures lors du passage entre les différents niveaux d'enseignement, entre collège et lycée ; lycée et enseignement supérieur, dans les grande écoles, les universités puis au niveau de l'insertion professionnelle des diplômés. Pour les acquis, je pense à ce qui a été dit sur l'alternance. C'est un moyen que nous avons vu et apprécié. Nous le vivons à L’ADAPT. Il faut une dynamique inclusive par la rencontre. C'est l'origine des semaines pour l'emploi. C'est la rencontre entre personnes handicapées et recruteurs. Il y a quelques années, c'était révolutionnaire. Aujourd'hui, c'est reconnu comme tel. Il faut continuer. C'est une action dans la durée qui ne va pas de soi. Il faut constamment être sur la brèche. C'est le premier point que je voulais souligner. En deuxième lieu, que nous disent les jeunes ? Tout simplement, nous l'entendions à l'instant, qu'ils veulent une vie ordinaire comme tout un chacun, avec un diplôme, une formation, bien sûr, un logement, un emploi, une famille. Leur rêve, finalement, c'est celui de millions de jeunes qu'ils soient ou non en situation de handicap. Je crois que notre objectif est de faire en sorte qu'ils puissent réaliser leur ambition car ils ont droit à l'ambition. Il est important qu'ils puissent se réaliser en étant acteur de leur projet. À tous les stades. Cela a été partagé avec les intervenants. Il faut donc leur faire confiance et leur donner confiance. Le troisième point que je voudrais souligner est de « faire avec » les jeunes et « par les jeunes ». Comme la FEDEEH, qui est un partenaire important de L’ADAPT. Le rôle est précisément de parler, d’intervenir avec les jeunes. Les résultats tels que nous les constatons dans le partenariat, sont spectaculaires. Notamment pour l'enseignement supérieur, l’université, les grandes écoles. Nous entendons bien nous battre à L’ADAPT pour mettre en œuvre notre projet associatif (nous avons mis les jeunes en son cœur) et cet aspect au cours des prochaines années. Nous le ferons avec les jeunes. Nous nous battrons pour que la scolarisation, à tous les niveaux, aboutisse à une insertion sociale et professionnelle. C'est une responsabilité, cela a été dit par les intervenants, de tous : les jeunes, les parents, le corps enseignant, les structures spécialisées, les partenaires associatifs et les entreprises qui sont pour L’ADAPT un partenaire clé. Nous travaillons sur tour le territoire avec plus de 150 entreprises. Nous avons des entreprises qui travaillent d'arrache-pied depuis de nombreux mois (et chaque année cela recommence) pour préparer le succès des rencontres et des recrutements des

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personnes en situation de handicap avec les manifestations qui commencent aujourd'hui en France. Ce sont Areva, BPCE, EDF, Generali, Ikea, SNCF, Société Générale, Thales et Tremplin, l'association d'entreprises de M. Grapin. Ces entreprises sont avec nous, nous sommes avec elles. Elles jouent un rôle moteur. C'est extrêmement important d'avoir leur appui. Enfin, le dernier point que je voudrais souligner, et Vincent Edin l'a dit, la conférence n'est pas une conclusion, mais un départ. Nous organiserons d’autres conférences en régions, sur nos 10 territoires couvrant l’Hexagone. Tout au long du premier semestre de l'année 2013, avec l'ensemble des équipes de L’ADAPT, qui sont sur le terrain avec les personnes en situation de handicap, et nos partenaires : l'Education nationale, les entreprises, les centres de formation d'apprentis… Nous sommes tous attachés à ce fameux parcours de vie des jeunes. Nous contribueront à éveiller la conscience des jeunes. C'est important de les éveiller à leur propre ambition, à leur propre projet. Une école, des formations. Je crois que nous allons pouvoir travailler ensemble dans ce cadre-là. Mais nous devons également veiller et c'est le rôle de la Semaine pour l'emploi, à éveiller et réveiller la société sur les enjeux du handicap et la situation des personnes handicapées. C'est un message fort dans les différents forums, les actions culturelles, qui se déploient depuis ce matin. C'est le rôle des médias qui nous accompagnent chaque année plus nombreux, pour approfondir le sujet. C'est une chose sur laquelle nous nous appuyons, sur laquelle L’ADAPT dans son ensemble, professionnels et bénévoles, nous comptons beaucoup. En termes de sensibilisation de milieu qui ne sont pas toujours au courant et motivés dans l'affaire, je signale une initiative un peu particulière, que L’ADAPT a prise avec un mécène, la société Pomona : organiser le 18 décembre prochain, un concert de musique classique avec l’orchestre de l’alliance, à la salle Gaveau. L'ensemble des recettes ira à un projet éducatif de L’ADAPT en Normandie [un projet de serre pédagogique pour jeunes handicapés ndlr]. C'est aussi montrer la conjonction entre milieu culturel, économique, milieux sociaux. C'est ainsi que nous pouvons avancer. Mesdames et Messieurs, je vous propose de continuer à nous engager tous ensemble, pour donner toute la place qu'elle mérite à la jeunesse handicapée ou pas. C'est un pari de L’ADAPT. Avec vous et grâce à vous. Nous comptons sur vous et vous pouvez compter sur nous. Merci à tous. (Applaudissements) Vincent Edin.- Merci président. Nous avons commencé avec le défenseur des droits. Nous la clôturons avec les entreprises engagées. Merci à tous. (Fin)