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1 Les actes du colloque Génération Entreprise – Entrepreneurs Associés (GEEA) Jeudi 13 Juin 2013 Députés présents : Jacques-Alain Bénisti, Olivier Carré, Gérard Cherpion, Daniel Fasquelle, Annie Genevard, Daniel Gibbes, Arlette Grosskost, Denis Jacquat, Patrice Martin-Lalande, Jean-Luc Moudenc, Patrick Ollier, Catherine Vautrin. Olivier Dassault, Président de Génération entreprise- Entrepreneurs associés, député de lOise Avec – 2 % de chômeurs (soit près de 100 000) le mois de mai a vu se confirmer la tendance que l’on voyait se dessiner depuis le mois de mars. Vous avez compris qu’ici je ne parle malheureusement pas de la France mais de l’Espagne. En Espagne où le gouvernement n’a pas hésité à mener les réformes structurelles nécessaires en réduisant les indemnités de licenciements, en permettant de suspendre les accords collectifs de branche qui protègent les salariés en période de crise, en facilitant les licenciements et encourageant les embauches de jeunes. Ce pays qui aujourd’hui compte près de 5 millions de chômeurs, soit 27% de la population, (plus de 50 % chez les moins de 25 ans) voit sa courbe du chômage s’inverser sous la direction d’un gouvernement…de droite. Ils partent de loin mais avec plus de 10 % de la population active au chômage, la France a suffisamment pris de recul pour enfin s’élancer et franchir le gouffre de la grande réforme du marché du travail tant attendue. Aujourd’hui les outils du gouvernement, contrats aidés, accord de sécurisation de l’emploi, crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE), rouillent sagement au fond de leur boite : 25 000 emplois d’avenir signés en 6 mois, un CICE qu’aucune entreprise n’utilise et un accord qui n’a rien sécurisé si ce n’est le chômage.

Actes du colloque du 13 juin

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Les actes du colloque

Génération Entreprise – Entrepreneurs Associés (GEEA)

Jeudi 13 Juin 2013

Députés présents : Jacques-Alain Bénisti, Olivier Carré, Gérard Cherpion, Daniel

Fasquelle, Annie Genevard, Daniel Gibbes, Arlette Grosskost, Denis Jacquat, Patrice

Martin-Lalande, Jean-Luc Moudenc, Patrick Ollier, Catherine Vautrin.

Olivier Dassault, Président de Génération

entreprise- Entrepreneurs associés, député de l’Oise

Avec – 2 % de chômeurs (soit près de 100 000) le mois de mai a vu se confirmer la tendance

que l’on voyait se dessiner depuis le mois de mars. Vous avez compris qu’ici je ne parle

malheureusement pas de la France mais de l’Espagne.

En Espagne où le gouvernement n’a pas hésité à mener les réformes structurelles nécessaires

en réduisant les indemnités de licenciements, en permettant de suspendre les accords

collectifs de branche qui protègent les salariés en période de crise, en facilitant les

licenciements et encourageant les embauches de jeunes.

Ce pays qui aujourd’hui compte près de 5 millions de chômeurs, soit 27% de la population,

(plus de 50 % chez les moins de 25 ans) voit sa courbe du chômage s’inverser sous la

direction d’un gouvernement…de droite.

Ils partent de loin mais avec plus de 10 % de la population active au chômage, la France a

suffisamment pris de recul pour enfin s’élancer et franchir le gouffre de la grande réforme du

marché du travail tant attendue.

Aujourd’hui les outils du gouvernement, contrats aidés, accord de sécurisation de l’emploi,

crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE), rouillent sagement au fond de leur

boite : 25 000 emplois d’avenir signés en 6 mois, un CICE qu’aucune entreprise n’utilise et

un accord qui n’a rien sécurisé si ce n’est le chômage.

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Un très bon éditorial d’Yves de Kerdrel dans le Figaro « Chômage : le triple échec de

Hollande » : échec économique, échec politique, échec sociétal et il termine son éditorial en

disant « Il est encore temps d’inverser cette spirale infernale pour le pays à condition que

« les princes qui nous gouvernent » admettent une fois pour toute, deux postulats. Primo, ce

sont les entreprises et elles seules qui créent des emplois. Il faut donc leur donner tout

l’oxygène dont elles ont besoin sur le plan fiscal, juridique, réglementaire et politique pour

leur permettre de voir l’avenir avec confiance. » C’est l’objet de notre colloque

d’aujourd’hui. « Secondo, dès lors, de l’emploi repart, tous les autres problèmes

connexes (réformes des retraites, déficit de la branche famille, déficit de la sécurité sociale…)

vont trouver des solutions. Car un individu qui travaille cotise à ces différents organismes.

Et plus il travaille, plus il cotise. Voilà pourquoi les économistes aiment à dire que « le

travail crée de l’emploi ». Voilà pourquoi, il est important de libérer le travail en mettant

fin à cette ineptie des 35 heures ».

Alors au lieu du fatalisme Mitterrandien « contre le chômage on a tout essayé » ou Jospinien

«l’Etat ne peut pas tout » nous répondons : et si, contre le chômage, on faisait, enfin,

confiance aux entreprises ?

Ce joli mot de confiance m’évoque ce vers de Rimbaud qui tombe à propos :

« Je ne demande pas de prières ; avec votre confiance seulement, je serai heureux. »

Jean-Michel Fourgous,

délégué général, porte parole de GEEA

Aujourd’hui, c’est un jeudi noir dans les transports et j’ai peur qu’il y en ait beaucoup

à venir.

GEEA est dans la solution plutôt que dans le problème, plutôt dans l’économie que dans la

politique. Vous l’avez compris, d’ailleurs les Français estiment que les solutions se

trouvent plus dans l’économie que dans la politique. On est là pour redonner confiance aux

entrepreneurs dont l’impact se ressent dans l’emploi et par conséquent dans le

chômage.

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Olivier Dassault

Guillaume Peltier anime nos petits déjeuners de l’opinion tous les mois. Il est vice

président de l’UMP et va nous présenter ses sondages qui nous permettent de mieux

comprendre la relation des Français avec les entreprises. Il n’a pas sa langue dans sa poche,

c’est parfois quelque chose qui lui est reproché, mais au fond, c’est aussi cela d’être un

homme politique.

Guillaume Peltier, directeur de la lettre de

l’Opinion

Je présenterai, de manière synthétique, les sondages réalisés au cours du premier semestre

2013 et qui démontrent l’intérêt des Français envers les entreprises.

A écouter les experts, les spécialistes, les commentateurs, et évidemment les socialistes, on

finirait par croire que la France idéale devrait être une France sans innovation, sans audace,

sans courage, sans entreprise. Une France seulement plantée de fonctionnaires, d’impôts,

de dépenses sociales. Rien n’est plus faux et les Français nous le rappellent à travers ces

chiffres : les Français croient plus que jamais en l’entreprise.

Rapport des Français vis-à-vis de l’entreprise :

Depuis les trente dernières années, c’est la première fois que les Français font davantage

confiance aux entreprises qu’à l’Etat pour coordonner les perspectives économiques de

notre pays. C’est la même chose pour le taux de confiance :

- 87% des Français ont une bonne opinion des patrons de PME

- 74% pour les dirigeants de leur propre entreprise

Alors qu’on évoque une jeunesse de France principalement tournée vers la fonction

publique, on voit bien qu’un Français sur quatre et près d’un jeune sur deux, rêvent de

créer ou reprendre une entreprise, c’est un chiffre extrêmement important et qui doit être

la colonne vertébrale de notre réflexion pour nos politiques de demain.

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C’est la même chose lorsqu’on interroge les Français sur un certain nombre d’acteurs :

entre les syndicats, les partis politiques, les organisations patronales, le monde de

l’entreprise, c’est aux entreprises qu’ils font davantage confiance pour s’occuper

d’économie et des situations professionnelles.

Hervé Novelli a porté la réforme la plus courageuse, innovante et concrète, qui touche au

quotidien des Français. Cette réforme fait l’actualité puisqu’ elle est remise en cause par

l’actuel Gouvernement ; je parle de la réforme de l’auto entrepreneur : 85% des Français

veulent maintenir ce statut. Les jeunes à 94% sont d’accord avec cette idée.

Rapport des Français avec la politique économique du Gouvernement :

Là où il y avait une adhésion vis à vis du monde de l’entreprise, c’est exactement

l’inverse de la perception que les Français ont de la politique menée par le Gouvernement :

- 14% des dirigeants de TPE font confiance à l’exécutif

- 13% des Français jugent que le Gouvernement prend en compte leur situation

- le trio de Bercy et ministère du travail connaissent des scores très faibles (24% pour Michel

Sapin et 27% pour Arnaud Montebourg et Pierre Moscovici).

- malgré ses différentes annonces, François Hollande ne recueille que 32% d’opinion

favorable pour rétablir la confiance entre le président et les entrepreneurs

Quelles sont les attentes des Français sur la question de l’entreprise ?

- l’apprentissage qui constitue les piliers dans la perspective d’emploi : 83% des jeunes en

France considèrent que c’est le meilleur moyen pour lutter contre le chômage. C’était

l’une des grandes réformes menée lors du dernier quinquennat qui est abîmée depuis 13

mois.

- l’allégement des charges patronales qui pèsent sur les salaires, des mesures spécifiques

en faveur des PME ou encore l’allégement de la fiscalité globale sur les grandes

entreprises.

- Même sur l’augmentation du temps de travail sans augmentation du salaire, 35% (+20

points en un an) considèrent que ce type de réforme constitue une priorité pour relancer la

croissance et la compétitivité des entreprises.

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- les Français sont très préoccupés par les inégalités entre le public et le privé. Entre 60 et

85% des sondés souhaitent un alignement absolu entre les secteurs du public et du privé, que

ce soit sur les jours de carence, la question des hôpitaux public-privé, ou encore les retraites.

Tous ces chiffres démontrent la nécessité d’une révolution économique, d’une révolution

entrepreneuriale avec des réformes audacieuses sur le temps de travail, le code du travail, la

stabilité fiscale et juridique. Le 21ème siècle sera entrepreneurial ou ne sera pas.

Table ronde n°1

« Une économie française à l’arrêt :

Pour quelles raisons ? Pour combien de temps ? »

Olivier Dassault

Pour répondre à ces questions, trois anciens ministres et trois économistes interviendront.

Cela démontre ainsi notre attachement à la parité.

La parole est donnée à Christian Saint-Etienne, économiste chevronné, professeur, écrivain,

élu parisien et membre de l’UDI de Jean-Louis Borloo. Il vient de publier « France : état

d’urgence » où il analyse la situation de notre pays et propose des solutions économiques et

institutionnelles pour sortir de notre marasme.

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Christian Saint-Etienne,

« France : état d’urgence ? »

La situation est extrêmement sérieuse. La chute est rapide, elle s’accélère. Le décrochage

français n’est pas récent. On a parlé des 35 heures mais il y aussi une rupture, depuis 1999,

avec un ralentissement des parts de marché. Entre 1999 et 2012, la part de la valeur ajoutée

industrielle dans le PIB en France a baissé de 30% et la part des exportations françaises dans

les exportations mondiales a baissé de 43%. C’est d’autant plus essentiel de le noter que

le mot « industrie » est devenu un « gros mot » comme celui d’ « entreprise » auxquels on

associe pollution et exploitation.

Il faut rappeler que grâce à des travaux menés par l’OCDE, sous la direction d’Angus

Maddison, on sait que dans les deux millénaires qui ont précédé la révolution industrielle (de

Jules César comme sous Louis XVI), le PIB a stagné et l’espérance de vie s’est maintenue

à 25 ans.

De 1781 à 1981, le démarrage de la troisième révolution industrielle, le niveau de vie a été

multiplié par 20 et l’espérance de vie par 3. Le mot « industrie » change ainsi de nature.

Cette analyse est cohérente avec ce que disent les médecins. Un rapport du Haut Conseil à la

Santé Publique du début de l’année 2000 a assigné 90% de la hausse de l’espérance de vie,

à la hausse du niveau de vie. C’est également cohérent avec ce qu’on sait la moitié des

dépenses de santé qui permet d’augmenter de six mois l’espérance de vie des Français.

Au moment de la troisième révolution industrielle, La France a posé son sac et on s’est

permis d’ajouter deux causes d’effondrement qui aggravent la situation dans laquelle

nous sommes :

- depuis le discours de François Hollande en février 2012, on a abreuvé les

entrepreneurs d’un discours violemment agressif qui a conduit un certain nombre

d’entre eux à se décourager partiellement ou même à partir

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- la loi de finances 2013, véritable cas d’école, puisque elle a alourdi la fiscalité du

capital à environ deux fois, voire deux fois et demie, le niveau de la fiscalité dans les

autres pays.

Au point, d’ailleurs, que Philippe Aghion, professeur à Havard, chief economist de François

Hollande pendant la campagne, écrit que « l’alignement de la fiscalité du travail sur celle

du capital est une catastrophe totale ». Il attire l’attention de la situation de la Suède qui

n’est pas moins distributrice que celle de la France. Il y a quinze ans, alors que la Suède

était au fond du trou, elle a décidé d’aligner sa fiscalité du capital sur les pays les plus

compétitifs et de réserver la redistribution aux revenus du travail. Ils ont compris que

si on faisait fuir les entreprises et les investisseurs, cela ne permettrait pas le développement

de la Suède.

Si on veut remettre le pays d’aplomb, on peut s’inspirer du modèle suédois en alignant la

fiscalité du capital à 25 ou 28% (voire 30%), soit la moyenne dans les autres pays.

La fiscalité des entreprises en Europe et la violence de la compétition fiscale en Europe sont

infiniment plus fortes que dans le reste du monde. Ce qui menace le système français

aujourd’hui c’est la compétitivité fiscale et sociale de l’Europe et pas le coût du travail

en Chine. D’ailleurs, une étude publiée hier montre que la délocalisation se réalise

principalement dans d’autres pays européens.

Cela suppose aussi de redonner de la rentabilité aux entreprises. Aujourd’hui, si on

compare les taux de profit, la rentabilité française est d’un tiers plus faible que dans les

pays voisins. Comment rattraper le retard à investir, faire de la recherche alors que le taux

de profitabilité rentabilité est trop faible ? Si on veut favoriser l’industrie et la production,

il faudra aussi basculer une partie significative des dépenses de notre protection

sociale, telle que la TVA sociale.

Il faut donner envie aux entrepreneurs, d’entreprendre et de travailler. C’est tout le

contraire de ce que le Gouvernement a mis en place depuis 13 mois.

C’est une vision, un discours et une volonté qui donneront confiance à notre pays. C’est le

moment d’essayer de faire confiance aux entreprises et surtout aux Français.

Jean-Michel Fourgous :

Nous devons réfléchir sur une convergence ou une harmonisation fiscale au niveau

européen, ce qui règlerait le problème de l’impôt sur le revenu, de l’ISF, de l’impôt à

75%, de la plus value à 62%, et de tout ce qui entoure l’imposition sur le capital et le

travail.

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Question de la salle :

Françoise Saillant :

La concurrence fiscale n’est-elle pas préférable à l’harmonisation fiscale ?

Christian Saint-Etienne

La concurrence et l’harmonisation sont deux cas extrêmes. On passe à coté de la

coordination qui doit se mettre en place sur la concurrence entre les normes fiscales et

sociales. Les écarts de fiscalité en Europe ; sur le capital de 1 à 2 et demi, d’une fiscalité sur

les entreprises de 1 à 2,75, toujours au détriment de la France qui a la plus lourde fiscalité ;

handicapent les entreprises françaises. Il faudrait une coordination fiscale qui imposerait des

minima fiscaux et sociaux donnant des objectifs minima – normes indicatives :

- une fiscalité du capital et des entreprises de 20% minimum : cela éviterait que

l’Allemagne et la France aident un pays comme l’Irlande à un taux d’imposition

de 12%

Je ne suis pas favorable à l’harmonisation parce que cela voudrait dire qu’on se situe au

taux français.

- Un salaire minimum : la France maintien un smic qui tourne autour des 2/3 du

salaire moyen. Toutes les études montrent qu’un smic minimum doit tourner

autour de 40% du salaire moyen.

La conjonction des charges sociales et du salaire minimum trop élevé et décalé par rapport à

la norme internationale conduit à ce qu’une grande partie du travail et du capital se mette

hors marché. Il faut enrichir le débat public pour converger vers les minima européens

plutôt que de se battre sur des projets philosophiques qui nous éloignent des réalités du

terrain.

Olivier Dassault

Nicolas Baverez est normalien, énarque, docteur en histoire, agrégé de sciences sociales,

avocat, il est ce que la France peut produire de meilleur.

Comme disait Montaigne, « parrain » de sa promotion de l’ENA : « mieux vaut tête bien

faite que tête bien pleine », si tous les énarques pouvaient être comme lui…n’est-ce pas

Jean-Michel ? Toi qui souhaites supprimer l’ENA !

Son premier livre publié en 1994 s’appelait « Impuissance publique » et son dernier, publié

en 2012 « Réveillez-vous ».

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Nicolas Baverez

« Une crise inédite ? Perspectives historiques et

internationales » :

Le 21ème siècle est placé sous le signe de la mondialisation. Ceux sont quatre

phénomènes avec des forces qui rassemblent … :

- l’universalisation du capitalisme

- la révolution technologique, informatique, économie de la connaissance avec un

passage des machines aux réseaux et maintenant des données

… et d’autres qui segmentent:

- la multipolarité, c’est un monde qui n’est plus assuré par une seule puissance

comme le Royaume-Uni au XIXème siècle ou les Etats-Unis au XXème siècle

- l’hétérogénéité puisque ces grands pôles qui structurent la mondialisation ont des

institutions, des valeurs, des règles qui sont différentes.

Trois grandes crises inter réagissent :

- la crise de la mondialisation entame sa septième année

- la crise de l’Europe et de l’euro rentre dans sa quatrième année

- la crise française qui est à sa quarantième année. Son dernier budget en excédent date

de 1973. La France est le seul des grands pays développés qui n’est ni revenu à

l’équilibre budgétaire, ni à l’équilibre de son marché du travail depuis les années

70. C’est une singularité française.

Comme le disait le Général de Gaulle, « La France ne fait des réformes qu’au moment des

révolutions ». Suite à l’échec successif des réformes, la crise politique s’impose.

Avec la crise de la mondialisation (depuis la fin des années 1970) on a vu apparaître

l’émergence du sud. La mondialisation est un progrès historique, moral, économique. Elle

a sorti de la pauvreté un milliard de personnes en l’espace de deux décennies. Le sud

représente 56% de la production industrielle, 46% des exportations, 2/3 des levées de fonds

et nous connaissons une deuxième vague de pays comme l’Indonésie, le Mexique, ou

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encore le continent africain qui connaîtra un taux de croissance de 6,2% cette année alors que

la zone euro est en récession.

A l’inverse, les pays du nord souffrent avec des problèmes de sous-compétitivité, de

désindustrialisation, de chômage et de dettes. Certains pays comme le Canada, la Suède,

l’Australie, la Nouvelle Zélande, l’Allemagne ont réussi à se réformer. Ils ont réussi à

concilier l’efficacité économique, la solidarité, la baisse des dépenses et de la dette publique.

Les Etats-Unis ont une grande responsabilité dans la mondialisation mais ont mené une

politique cohérente qui leur a permis de sortir des difficultés : désendettement des

entreprises et des ménages, recapitalisation du système bancaire et étalement dans le temps

de l’ajustement des finances publiques, l’innovation et le gaz de schiste permettent de

recapitaliser et recréer des emplois, les investissements dans les nouvelles technologies (380

milliards de dollars). Aujourd’hui, les Etats-Unis repartent sur un rythme de 2,2% de

croissance, l’emploi est recréé, la profitabilité des entreprises est record et la richesse des

ménages américains repart. Le secteur privé permet à l’Amérique de retrouver de la

croissance.

L’Europe est le maillon faible de l’univers de la mondialisation. Nous avons tous les

problèmes du monde développé, un vieillissement important et puis nous devons gérer ce

grand choc avec la monnaie unique.

Les économistes montrent qu’il faut remplir cinq conditions pour obtenir une monnaie

unique :

- Un gouvernement économique

- Une banque centrale, préteur en dernier ressort

- Un mécanisme de solidarité

- Du contrôle budgétaire

- La mobilité des facteurs de production : travail et capital

Avec Maastricht, la monnaie unique a été créée sans remplir aucune de ces conditions. La

crise était assurée même si nous n’avions pas eu le choc de la mondialisation.

Donc l’Europe d’aujourd’hui a son problème économique, la récession, son problème

social, le chômage de masse (12,2%), son problème de banque non recapitalisée, une crise

financière (Chypre) et maintenant une crise politique (Italie).

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Néanmoins, on a progressé sur trois points :

- les institutions économiques : un début de gouvernement économique à 17, une banque

centrale qui prête de manière illimitée, comme un prêteur en dernier ressort de facto

- un mécanisme de solidarité de 950 milliards d’euros, un traité budgétaire, un début

d’union bancaire

- une mobilité sous la contrainte. Cette année un million de personnes sont rentrées en

Allemagne dont 400 000 jeunes qui viennent d’Europe du sud et de France. Alors que

l’Allemagne se dépeuplait, elle se repeuple par l’immigration.

L’ajustement marche comme en Irlande ou en Espagne où l’économie réelle refonctionne,

un déficit courant qui a réduit de 10 à 2% du PIB ; en Italie, on a retrouvé un excédent

commercial. Il y a des progrès.

Il faut continuer les réformes structurelles parce que cette amélioration est fragile. La

France peut faire sauter l’ajustement de la zone euro.

Pourquoi ?

La France est en train de passer du déclin relatif à l’absolu :

- Elle a perdu un point de croissance par décennie depuis les années 70

- le chômage structurel est supérieur à 9% de la population active

- la dette publique est passée de 4% au début des années 80, elle sera de 96% du PIB en 2014

C’est donc une crise très longue, de quatre décennies.

En ce moment, c’est pire :

Depuis 2008 :

- la France a gagné 1,4 million d’habitants, le PIB a fait moins 1% en terme de

volume.

- l’industrie, moins 16% en production industrielle, le PIB par habitant, moins 13%

par rapport à l’Allemagne.

- L’emploi public culmine à 16,4 millions, alors que l’emploi privé est inférieur à 16

millions.

On entre dans une mécanique de déflation et de déclin absolu. Cette rupture s’est faite par

l’effondrement de l’appareil de production, l’effondrement des entreprises.

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Nous avons le taux de marge des entreprises le plus faible du monde : 27% contre 40% en

Allemagne, plus de 66 000 faillites dans l’année et surtout il reste en France 185

entreprises de plus de 5000 salariés, 4000 ont entre 250 et 5000. Sur ces 4000 PME dans le

pays, 3000 sont des filiales de grands groupes. Il reste 1000 qui sont en train d’être

abattues contre 12 000 en Allemagne.

La dette française n’est financée aujourd’hui que par une pure configuration de marché,

par l’afflux de liquidité.

Il serait temps de traiter nos problèmes avec :

- un pacte productif en remontant le taux de marge des entreprises en baissant la

fiscalité et surtout les charges sur le travail

- un pacte social en sortant des 35 heures, plus de flexibilité du marché du travail

- un pacte citoyen afin de trouver des solutions pour les 2 millions de jeunes qui sont

en hors de toute formation et activité

- un pacte budgétaire avec l’interdiction des hausses d’impôt et des dépenses

- un pacte européen en arrêtant de mettre en scène le différend avec l’Allemagne

Il est temps que La France se secoue.

Olivier Dassault :

Il existe tout de même un espoir : Les recettes existent, il n’y a pas de fatalité. Il suffit

simplement de savoir les saisir et d’expliquer à nos gouvernants quelles sont les priorités.

Nous donnons la parole à Markus C. Kerber, fondateur du think-tank Europolis, deux

exemples donneront une idée de l’homme:

En 2006, il publie un ouvrage au titre choc : « L’Europe sans la France ? » où il dit tout le «

bien » qu’il pense de notre pays.

En 2011, il introduit un recours devant la cour constitutionnelle allemande contre la

ratification du traité instituant le Mécanisme européen de solidarité et un autre contre la

politique de la BCE devant la Cour de justice européenne.

Voici donc un homme qui ne s’embarrasse pas de langue de bois. Montaigne, disait « quand

on me contrarie, on éveille mon attention », alors cher Docteur n’hésitez pas, contrariez-

nous. !

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Markus C. Kerber :

« trop d’impôts, trop de dépenses publiques : un frein

à l’emploi »

En Allemagne, on commence à s’inquiéter de la situation française.

La récréation est terminée. La réalité frappe à la porte.

Les voisins commencent à se rendre compte que le bonheur de l’ « hollandisme » dans

lequel la France se berçait, pendant une année, est terminé définitivement.

Cette réalité n’est pas conforme avec le discours du Gouvernement. Comment parler des

dépenses publiques en disant que l’austérité devrait être terminée ?

Comment la France avec une dynamique d’endettement peut être brisée ?

Quand on écoute Pierre Moscovici, on a l’impression que la rigueur, c’est pour les autres !

On réclame le droit d’exception éternel.

Les propositions que tient Nicolas Baverez ne résoudront pas les problèmes de la zone euro

mais nous rapprochent du précipice. L’Allemagne s’oppose à ce que la banque centrale

devienne une assurance pour le financement public.

Un gouvernement refuse de prendre en compte la réalité alors qu’il s’endette sous les

mêmes conditions que l’Allemagne. La BCE est devenue le « pacemaker » d’une

distorsion de la concurrence sur le marché des capitaux. Si on suspend le rôle que doit jouer

les taux d’intérêt, on crée une situation fatale.

Les trois grandes dépenses du budget fédéral allemand sont les retraites, les dépenses

sociales, la dette.

Alors que l’Allemagne reçoit des recettes fiscales d’un niveau historique, les verts et les

sociaux démocrates proposent de nouveaux impôts même sur le patrimoine de l’entreprise.

Certaines pathologies sont internationales !

L’euro fausse la concurrence : il n’est pas assez cher pour l’Allemagne et procure à son

industrie d’exportations de grands avantages.

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Quelle est la spécificité du modèle allemand ?

- La force des entreprises familiales qui sont partout.

- La vie entrepreneuriale dans la province est valorisée. En France, il faut aller vers une

décentralisation en supprimant des strates régionales/ départementales. Les régions

doivent être mises en concurrence.

- Les gens s’intéressent au travail dans les entreprises alors qu’en France, les ingénieurs

vont dans la haute finance au lieu d’aller vers l’économie réelle.

Olivier Dassault

Yves de Kerdrel écrivait dans le Figaro, « le socialisme, un art de détruire ce qui marche », il

disait que « dans cette boîte à outil, il n’y a qu’une tronçonneuse, une hache et une

massue ». Il a aussi qualifié de remarquable la réforme portée par Hervé Novelli sur le statut

des auto-entrepreneurs.

La parole est à Hervé Novelli, ancien député d’Indre et Loire, ancien ministre et co-

fondateur en 2002 de Génération entreprise, première version.

Libéral de cœur et d’esprit, Hervé Novelli a permis à plus d’un million de Français de fonder

leur entreprise, ce régime a généré six milliards d’euros de chiffre d’affaires et un milliard de

recettes fiscales pour l’Etat, en trente mois. Nombreux seraient les ministres, surtout ceux

de l’actuel gouvernement, à rêver d’un tel bilan !

Hervé Novelli « La boîte à outils gouvernementale :

miracle ou mirage ? »

Quelle est la consistance de cette boîte à outils ?

Elle n’avait aucune chance de réussite parce qu’elle était fondée sur du sectarisme, sur de

l’improvisation, sur une compréhension du monde fausse et sur une idéologie anti-

entrepreneuriale.

Cette politique s’est assise sur une destruction systématique de ce qui avait été fait

précédemment, sans discernement. Le sectarisme l’a emporté.

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Renoncer à cette augmentation de TVA pour baisser les charges et donc le coût du travail

alors qu’elle était installée, par sectarisme, a conduit à mettre en place de manière

improvisée le « crédit compétitivité emploi » qui est compliqué, et qui ne sera opérationnel

que l’année prochaine. Ce sont des avances de trésorerie qui sont faites pour le moment, à

court terme. Il n’y a aucun résultat à en attendre sauf pour certaines entreprises qui en

feront la demande l’année prochaine.

Concernant l’accord national interprofessionnel, une bonne négociation est préférable à

une loi.

Si nous avions su négocier sans durée légale, nous n’aurions pas eu ces 35 heures !

Seules la France et la Belgique imposent les 35 heures, les autres pays fonctionnent avec des

accords de branches, encadrés par la législation européenne sur la durée du travail.

Cet accord était une bonne méthode mais n’a pas donné un résultat satisfaisant parce

qu’il est assis sur une vision défensive et non offensive. Il passe à côté des besoins des

TPE-PME.

Les socialistes se basent sur un logiciel faussé qui ne tient pas compte de la réalité du monde.

Ils croient toujours que l’on peut relancer l’économie à travers l’action publique. Cette idée

n’a aucune chance de réussir surtout dans un univers mondialisé. Nous sommes dans un

monde de l’offre et non dans la demande.

Le climat anti-entrepreneurial où les socialistes baignent est le suivant :

- Les grandes entreprises avec la surfiscalité

- Les entreprises innovantes avec une taxation des plus values de cession invraisemblable

- les entrepreneurs pauvres qui n’ont que leur projet, leur dynamisme pour essayer de s’en

tirer

Ce climat rend inutile et sans chance, pour la politique menée, d’avoir une action positive

sur la croissance.

La crise de 2008 a montré qu’on ne pouvait pas sortir de la crise en frappant les entreprises

parce que quand elles sont attaquées, cela détruit de l’emploi et de la richesse.

Il faut bâtir une alternative attractive. Aussi, il faut réfléchir sur cette question : Pourquoi

serions-nous capables demain de réussir ce que nous n’avons pas su réussir hier ?

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Jean-Michel Fourgous

On a intégré une méthode innovante de concertation qu’on vous proposera dans quelques

jours. Avec cette application pour Smartphone, vous rentrerez plus facilement en relation

avec les membres de GEEA ou en tant que participant, vous pourrez vous exprimer sur les

propositions que réalisera, dans quelques mois, GEEA pour améliorer le sort des entreprises.

Nous avons besoin de vos commentaires et de vous donner la parole sur les thématiques qui

tiennent à cœur à GEEA.

Dominique Brogi

Directrice de Meetphone

En tant que chef d’entreprise, je suis ravie de soutenir une association telle que GEEA.

Cette application mobile permettra de fédérer, animer et surtout d’agir pour faire bouger

les choses.

Un e-mail vous sera envoyé pour télécharger l’application sur les Smartphones. Vous

pourrez y inviter d’autres personnes qui s’intéressent à la chose publique.

Olivier Dassault

Maire à 31 ans, ministre à 38, président du groupe UMP à l’Assemblée à 43 et président de

l’UMP à 49. Inexorablement Jean-François Copé avance mû par une force qu'il puise dans

une histoire familiale à la fois terrible et merveilleuse.

Plus trivialement je note que cela fait deux fois que tu es président cher Jean-François et tu

connais l’adage, jamais deux sans trois.

Merci de venir rendre visite à GEEA, nous t’en sommes très reconnaissants car ici comme à

Génération France nous sommes pour « 0% de petites phrases, 100 % de débats d’idées ».

17

Jean-François Copé

Annonce du Président de l’UMP

GEEA est une excellente initiative menée par Olivier Dassault et Jean-Michel Fourgous.

Dans cette période si singulière que traverse notre pays où les piliers fondamentaux sont

ébranlés au nom d’une idéologie, d’un dogmatisme où nous n’arrivons plus à comprendre

les raisons, nous devons montrer aux Français qu’il y a un autre chemin possible.

Notre travail est aussi de proposer, il servira à construire notre avenir pour qu’il soit utile,

le moment venu, sur le chemin de l’alternance. Tirons les leçons des difficultés que nous

avons traversées. Sortons de cette formule, trop souvent entendue, « soyons élus, on verra

après ». Non, le travail à accomplir est tellement important qu’il ne pourra pas se faire sans

préparer psychologiquement notre pays. Notre pays est capable d’être grand lorsqu’il

accepte des mesures positives.

Le principal défaut que l’on peut adresser au Président de la République, c’est l’absence

de lisibilité, de cohérence, de vision. Comment lire et interpréter, le discours d’un

Président de la République qui, en visite officielle au Japon, fait un éloge improbable au

néokeynésianisme, quinze jours avant, au 150ème anniversaire du SPD allemand, un éloge des

réformes libérales de Gerhard Schröeder ! Et qui en parallèle réserve à la France 33

milliards d’impôts supplémentaires soit un étranglement économique aux entreprises comme

aux ménages, la suppression symbolique du jour de carence qui en dit tellement long sur la

réalité. Alors qu’un rapport qui vient de sortir montre que l’introduction de ce jour de

carence avait diminué de 40%, en un an, le nombre d’arrêts maladie, de courte durée, dans la

fonction publique.

Le démantèlement du régime des auto-entrepreneurs et l’introduction de seuils va

dissuader une partie de nos compatriotes.

Cela symbolise ce que nous ne voulons plus voir. Il est temps d’avoir un discours de vérité

sur le monde de l’entreprise. La vrai vie c’est quand un pays fait tomber la muraille de Chine

entre l’école et l’entreprise, la vrai vie c’est lorsqu’on comprend que pour consommer il

faut produire, la vrai vie c’est qu’on préfère un pays de producteurs et d’exportateurs,

18

plutôt qu’un pays de consommateurs et d’importateurs, la vrai vie c’est que chacun y

trouve son épanouissement personnel. Il nous faudra un diagnostic de la crise. Quel est

l’immense malentendu ? C’est qu’on fait croire que nous sommes dans une crise de la

demande alors que c’est bien une crise de l’offre que nous traversons. Ca fait 30 ans qu’on

fait croire aux Français qu’on doit consommer plus, or consommer plus, cela veut dire plus

de dépenses publiques ce qui conduit à des déficits majeurs.

Le déficit commercial est un indicateur que l’on doit regarder avec la plus grande attention.

Fin 2012, nous avons terminé l’année avec un déficit de 67 milliards d’euros alors que

l’Allemagne termine avec un excédent commercial 188 milliards d’euros. Ce seul chiffre

démontre que deux pays à économie comparable, à géographie comparable, une météo

comparable, en réalité, ont fait deux choix stratégiques différents qui ont permis à

l’Allemagne d’être le seul moteur de l’Europe au motif de notre choix de repli sur la

consommation, le déficit public et les importations au lieu de la production.

Libérons-nous des carcans qui ne permettent pas aux Français de créer. Créons une

émulation, faisons de l’attractivité du territoire une priorité absolue pour les investisseurs,

les chercheurs, les créateurs, les artistes. Que l’on imagine autour de cela un gouvernement

et une action publique entièrement dédiée à l’embauche, à la création et à l’investissement !

Des années et des années d’anti-démagogie ont été développées pour expliquer aux

Français que l’entrepreneur ne parlait que de ses profits, jamais de sa création

d’emploi…pour parler de délocaliser son activité au lieu de parler de sa diversification. Cette

manière permanente de parler de l’employeur de savoir comment il prend au salarié au lieu

de prendre la mesure de ce qu’il crée en valeur ajoutée pour notre pays. Il va falloir faire ce

travail. Le climat est hélas propice à le dire courageusement. Le pays, d’un point de vue

économique, est devenu liberticide. Les parlants qui augmentent les réglementations, les

taxes et la culpabilisation bloquent notre économie.

Il faut fixer quelques objectifs simples :

- Diminuer les dépenses publiques inutiles pour pouvoir diminuer les impôts qui

étranglent l’économie. Fixant les dépenses publiques à la moyenne européenne de

49% au lieu de 56% actuellement. Avec des coupures méthodiques sur le personnel de

la fonction publique

- Assumons qu’il faut intégrer de la flexibilité sur le marché du travail. Il n’y a

plus un pays moderne qui ne peut supporter économiquement que les conditions de

travail, la durée du travail, l’organisation de l’entreprise, ne soient générés

qu’au niveau interprofessionnel. C’est au minimum par branche ou par entreprise,

comme en Allemagne, qu’il faut installer un véritable dialogue social.

- Faisons de notre pays un état plus conscient de la nécessité du monde, de déployer,

par exemple, toute l’énergie nécessaire sur le commerce international. La

19

perspective d’un traité sur le commerce international entre les Etats-Unis et

l’Europe, est fantastique pour notre continent à condition qu’on fasse une réforme

structurelle ; que notre pays se prépare à être compétitif. Ce traité n’a de sens que

s’il permet à l’Europe et à la France d’être producteur et vendeur, c’est de la

croissance à venir.

Le dossier des retraites arrive très vite. Nous soutiendrons le Gouvernement s’il est

courageux. Nous ne le soutiendrons pas s’il est dans une logique démagogique et

clientéliste. Le traité de commerce entre les Etats-Unis et la France doit se faire avec une

exception : la culture n’est pas un bien comme les autres. Sinon, dans les autres domaines,

nous devons être offensifs et moderniser nos structures.

Je suis reconnaissant à Jean-Michel Fourgous et à Olivier Dassault pour le travail qu’ils font

en faveur de l’entreprise et la réalité industrielle. Il est nécessaire que chacun prenne

conscience que nous n’aurons pas de deuxième chance. C’est la raison pour laquelle j’ai

souhaité que GEEA travaille avec nous et nous remette une étude sur la manière de

construire le corpus programmatique à présenter aux Français en n’oubliant rien

dans la diversité des entreprises, en rappelant la nécessité de développer les PME, une

des clefs de voûte du succès de l’économie allemande ces dix dernières années et

combien il est important de construire cette perspective. Il y a un indicateur

préoccupant, qui doit être le moteur de votre action, c’est l’hémorragie : ces centaines de

jeunes Français, éduqués en France qui partent parce qu’on leur fait comprendre qu’ils

auraient un meilleur avenir ailleurs et qu’ils n’y parviendraient pas en France. C’est le

pire des signaux pour l’avenir.

Olivier Dassault

Merci Jean-François pour cette charge que tu confies à GEEA. J’aime l’idée de participer

à ce corpus programmatique.

Nous allons donner la parole à Jean Arthuis, ancien secrétaire d’Etat auprès du ministre des

affaires sociales et de l’Emploi ; secrétaire d’Etat chargé de la Consommation et de la

Concurrence et de la participation et enfin ministre de l’Economie et des Finances.

Ancien président de la commission des Finances du Sénat, sénateur de la Mayenne, président

du conseil général depuis 1992, fondateur de l’Alliance centriste et centriste passionné depuis

toujours.

20

Jean Arthuis aurait pu intervenir sur tous les sujets du colloque tant son expérience est riche

et vaste. Pourfendeur de l’ISF, des niches fiscales de la dépense fiscale, fervent défenseur de

la TVA sociale, esprit libre et rigoureux, Jean Arthuis va nous éclairer sur un sujet qu’il

maîtrise à la perfection : la compétitivité de la France.

Jean-François Copé :

Je dois à Jean Arthuis d’avoir totalement été convaincu par la TVA anti-délocalisation.

C’était un débat très difficile qu’il nous a fallu trancher. Nous avons eu beaucoup de

débat lorsque j’étais ministre du budget, sur ce sujet. Dans la vie il faut être juste et

reconnaître ceux qui font progresser le débat public. Jean Arthuis a été l’inspirateur dans

ce domaine. Il a su porter ce sujet tabou pour faire avancer les choses. Il n’y aura pas de

salut pour notre économie si nous ne faisons pas la fiscalité anti-délocalisation.

Jean Arthuis :

« Chômage endémique en France : un problème de

compétitivité ? »

Le constat est préoccupant. Qu’avons-nous fait, nous, qui avons participé à la gouvernance

publique ? Nous avons beaucoup légiféré sur le droit du travail mais avons-nous été à la

hauteur dans la fonction de gestionnaire des ressources humaines dans les trois fonctions

publiques ? Nous devons faire preuve de beaucoup d’humilité. Nous n’avons pas vu venir

la mondialisation et ses enjeux. On a essayé de pousser ce modèle de « l’Etat providence »

jusqu’aux limites de l’impossible et de la faillite. Nous n’avons pas su anticiper, nous nous

sommes présentés comme les grands défenseurs des consommateurs et nous avons mis en

opposition la production, l’offre et la consommation. Nous avons pris le risque de financer la

protection sociale par des cotisations assises sur les salaires, c'est-à-dire de faire payer un

droit de douane à ceux qui produisent et emploient chez nous.

On a cru très longtemps que les travaux publics n’étaient pas délocalisables. Et bien, allez

sur les grands chantiers publics aujourd’hui ! Il est rare qu’on y parle français. Viennent

vers nous des espagnols, des polonais, non pas comme salariés mais comme prestataires de

service international. Allons-nous remettre en cause nos pratiques ?

21

Allons-nous renoncer à l’opacité pour la pédagogie ? Dans notre pays, nous avons

abandonné la gestion publique en faveur des partenaires sociaux.

Pour faire baisser les dépenses publiques, il faudra remettre en cause les 35 heures dans la

fonction publique. En 1997, ces 35 heures étaient destinées à créer de l’emploi mais pas

question de l’appliquer dans la sphère publique. Un an plus tard, on les a étendues à la

sphère publique. Ce qui coûte plus de 20 milliards par an.

Il y a quelques jours, j’ai interpellé le Gouvernement qui fait pression sur la commission

européenne pour qu’elle baisse ses dépenses publiques (10 milliards par an).

Ainsi, les fonctionnaires européens vont passer de 37 heures et demie à 40 heures sans

contrepartie salariale, avec un départ à la retraite qui passe de 63 ans à 65 ans. Le

Gouvernement français appuie ce dispositif. J’attends qu’il l’étende à notre pays !

La TVA sociale n’est pas un impôt populaire. Tout le monde la paye. Il y a une espèce de

tabou, de convention de langage qui nous égare et nous pousse au précipice. La seule façon

de retrouver de la compétitivité, c’est de réduire le pouvoir des cotisations sociales.

Mais pourquoi l’ancienne majorité a présenté la TVA sociale à la fin du quinquennat et

pourquoi dans une marge aussi infime ?

Nous avons un problème de compétitivité. Si on ne bascule pas 50 milliards, on ne s’en

sortira pas. Après la pédagogie nécessaire, cessons de faire peser le financement de la

protection sociale. Qu’est ce qui justifie que la politique familiale soit entre les mains des

partenaires sociaux ? C’est une affaire de solidarité nationale !

Les danois en 1987, alors socio démocrates, ont décidé de basculer les charges sociales sur le

budget de l’Etat et de porter la TVA à 25%. Voilà une réforme qu’il faudra faire ! Pour

retrouver de la compétitivité et recréer de l’emploi et faire de la croissance, il faudra

également remettre en cause les 35 heures et laisser les conventions jouer entre les

partenaires pour qu’elles soient au plus près du terrain.

Pour la sphère publique, il faudra repasser à 39 heures voire 40 heures. On ne s’en sortira pas

avec des demi- mesures, avec des approximations, avec des conventions de langage.

Il faudra également que l’Europe se constitue avec une véritable gouvernance. La crise de

la zone euro nous révèle que nous n’avons pas su assumer notre partage de souveraineté.

L’euro a eu un effet néfaste pendant 10 ans parce qu’il a anesthésié les marchés, les

agences de notations qui croyaient que la zone euro était un espace fédéral. Dans ces

22

conditions, les Etats, tellement euphoriques, se laissaient aller au déficit public. La

commission n’a pas fait son boulot de gendarme.

Le mécanisme européen de stabilité est probablement la préfiguration d’une union

budgétaire, de ce cœur fédéral que constituera la zone euro.

Laissons vivre les entreprises et retrouvons des marges de liberté et de responsabilité.

Olivier Dassault :

La Lorraine coule dans ses veines autant que ses convictions gaullistes et ses valeurs héritées

d’une famille d’ouvriers dont elle a raison d’être si fière.

Déléguée jeune du RPR en 1986, Nadine Morano devint tour à tour député en 2002, réélue

en 2007, Secrétaire d’Etat en charge de la Famille en 2008, conseillère régionale en 2010

puis ministre de l’Apprentissage et de la Formation professionnelle en 2011.

Elle est aujourd’hui au sein de l’UMP déléguée générale en charge des élections – où elle ne

chôme pas -, toujours fidèle à la France, elle nous fait plaisir de nous livrer son analyse sur

cette situation ubuesque où 500 000 offres d’emplois ne trouvent pas preneur alors que le

chômage bat tous les records.

Nadine Morano :

« 500 000 offres d’emplois non pourvues : à qui la

faute ? »

J’ai fait partie en 2002 de Génération entreprise lorsque j’ai commencé à être députée.

En créant récemment mon entreprise, j’ai vu la réalité du terrain et toutes les embûches, la

complexité des formulaires.

Un mot qui est revenu à plusieurs reprises depuis le début de notre colloque, c’est le mot

« grave ». Elle est grave parce que nous avons une responsabilité majeure pour nos enfants,

nos jeunes. La France a le taux de natalité le plus élevé de l’Union européenne, nous avons

une politique familiale généreuse, un taux de chômage des jeunes de 26%.

23

Les socialistes au pouvoir n’ont pas changé de logiciel. Pour eux, quand un jeune

recherche un premier emploi, on lui propose un emploi aidé ; les fameux « emplois

d’avenir » recyclés par ce qu’ on appelait autrefois les emplois jeunes. Les emplois

d’avenir ne décollent pas, ils ne sont pas une réponse à l’emploi des jeunes de notre pays.

Lorsque nous étions au pouvoir, nous avions mis en place le dispositif « zéro charge » pour

les entreprises. Il avait très bien fonctionné. Nous nous étions fixés des objectifs de création

de formation par alternance pour 800 000 jeunes d’ici 2015. En tant que ministre de

l’apprentissage, j’avais engagé 1,7 milliard d’euros en contractualisant avec les régions

sur la base d’un contrat d’objectifs et de moyens : où l’Etat mettait un euro, les régions

mettaient un euro. Les régions socialistes avaient accepté. Aujourd’hui tout est au point

mort parce qu’ils préfèrent avantager le contrat aidé.

En Allemagne, le taux de chômage des jeunes n’est que de 8% parce que depuis des

décennies, il utilise le dispositif de la formation par alternance.

Madame Ségolène Royal a récemment dénoncé la suppression de l’apprentissage à 14 ans,

les socialistes viennent de le supprimer au Sénat. Nos jeunes ne sont pas tous faits pour

l’enseignement supérieur !

Notre pays est trop figé. Comment mettre en adéquation l’offre et la demande, les besoins

en main d’œuvre ?

Nous avons un potentiel de création de 1,6 million d’emplois alors que 40% des demandeurs

d’emploi rencontrent des difficultés pour trouver cette embauche.

Concernant l’orientation, on va beaucoup vous parler des filières, des écoles, mais pas des

métiers. Il y a beaucoup d’informations mais la réalité c’est que nous avons besoin d’une

projection internationale de l’emploi, en France, en Région. Quels sont les métiers qui

recrutent ? Ce qui veut dire que nous devons faire entrer le milieu économique dans nos

écoles. L’enseignement supérieur et les lycées doivent les préparer à entrer sur le marché

du travail.

On n’a pas de notion d’économie et d’entreprenariat dans les écoles. J’avais proposé

à Nicolas Sarkozy de mettre en place un correspondant par département pour faire entrer

l’économie dans nos écoles, ce qui correspondait à un coût de 5 millions d’euros.

Dans l’éducation nationale, parmi le corps des professeurs, on ne fait pas rentrer

suffisamment de personnes issues du monde économique. Je souhaiterais qu’on puisse

ouvrir l’éducation nationale, pour partie, à des personnes qui ont travaillé dans le milieu

économique et qui ont envie de devenir enseignant.

24

S’agissant des centres de formation, d’apprentissage.

Dans les années 70, nous avions des écoles de l’entreprise. En Allemagne, ces écoles sont

très répandues.

L’entreprise Veolia a créé sa propre école de formation en interne. Je pense que nous

devons redonner aux entreprises la possibilité de créer leur propre école de formation,

par le biais d’un crédit d’impôt. Je voudrais aller plus loin. Pour les TPE, proposer des

centres de formation inter-entreprises par le biais aussi d’un crédit d’impôt.

Je regrette qu’il n’y ait plus de ministère chargé de l’apprentissage et de la formation

professionnelle. Il faudra reprendre la main sur ces dispositifs si nous voulons sortir nos

jeunes de cette impasse qui est le chômage.

80% des jeunes formés en alternance trouvent un emploi dans les six mois après leur

formation.

Ayons le courage de l’entreprise ! Le plus grand risque c’est de n’en prendre jamais !

Au niveau du CV, je suis plus attachée au dispositif anglo-saxon, qui consiste à avoir une

formation puis une profession, et pourquoi pas ensuite reprendre une formation avec un CV

basé sur la compétence, l’initiative…

Jean-Michel Fourgous :

GEEA demande que, même dans les universités, on propose que 50% des administrateurs

dans les conseils d’administration soit du monde de l’entreprise. On pousse loin !

Olivier Dassault

Tu as oublié Jean-Michel ta proposition de loi pour que les enseignants en économie fassent

un stage de six mois dans les entreprises. Une proposition qui a fortement déplu au milieu de

l’éducation nationale.

Nadine Morano :

Quand j’étais ministre, j’avais mis en place une opération appelée « c’est l’été, découvre

un métier ». Les centres de formation sont fermés pendant l’été et c’est ridicule. Cette

opération avait été lancée sur l’ensemble du territoire pour permettre aux jeunes de

s’essayer à un métier, de rencontrer des formateurs et de choisir.

25

Avec les socialistes, « c’est l’été, restez à bronzer et n’essayez pas d’aller voir comment ça

se passe dans les entreprises ». C’est bien dommage !

Table ronde n°2

« Quelles solutions pour sortir de la crise ? »

Olivier Dassault

Après le constat, voici maintenant le temps des solutions proposées par ceux qui sont

quotidiennement au contact des réalités économiques.

Xavier Fontanet, Ingénieur des Ponts et Chaussées, directeur général de Bénéteau, directeur

général d’Eurest, PDG d’Essilor, président du comité d’éthique du MEDEF, il a contribué à

la Commission dite Attali en 2007.

En Octobre 2010, il publie « Si on faisait confiance aux entrepreneurs – l’entreprise française

et la mondialisation » qui est devenu un blog éponyme.

En 2011, il est désigné « Manager de l’Année ».

Depuis il a pris son bâton de pèlerin pour – je cite – « travailler à améliorer la

compréhension de l’économie, faire découvrir et aimer leurs entreprises aux Français ».

Alors cher Xavier, a-t-on vraiment tout essayé en matière de chômage ?

26

Xavier Fontanet

« Face au chômage a-t-on vraiment « tout essayé »

ou est-ce un problème culturel ?

Tout au long de ma carrière, j’ai beaucoup voyagé, soit 750 000 kilomètres par an, et j’ai

vu ce qu il se faisait à l’étranger. Evidemment, on n’a pas tout essayé !

On a essayé essentiellement la dépense publique. En 40 ans de budget en déficit, on a créé

2 000 milliards de dettes avec un déficit public à 55% du PIB, avec les impôts les plus élevés

du monde. Nous n’avons plus de marge de manœuvre sur les impôts.

On a environ 500 députés, un député fait environ 20 ans de mandat, et sur 40 ans, cela

représente 1000 députés ; donc on peut compter que chaque député est responsable de

2 milliards de dettes !

Je paye plus d’ISF que de revenus ! Beaucoup de mes amis qui sont dans ce cas sont partis.

Ils ne sont plus Français ! L’exil bat son plein actuellement. Notre pays perd des parts de

marché, il est endetté jusqu’au coup, on est en état de mort.

J’ai dirigé plusieurs entreprises dans le monde entier et d’après mon expérience, il est

plus dur de faire de l’argent en France que partout ailleurs. Dans une même usine, même

technologie, même « process », avec la même part de marché, la marge de l’usine est douze

points plus basse en France qu’en Allemagne. Les entreprises ne font pas d’argent en France,

même les leaders mondiaux ne font plus d’argent à cause des charges.

Chez Essilor, on a fermé des usines aux Etats-Unis contenant 1800 personnes en deux mois.

A la fermeture, le personnel m’a donné le dernier verre en me disant combien ils avaient

été fiers de travailler pour Essilor trente ans et tous les gars s’étaient recasés ! En Corée, il

y a trois ans, tout le monde s’est recasé en trois jours parce qu’on avait prévenu qu’on

allait fermer l’usine et les autres entreprises autour ont repris les salariés d’Essilor, ils

avaient bonne réputation. Chômage en Corée 4% !

En France, pour lutter contre le chômage, on bloque le licenciement. Il y a toujours

l’action et la réaction. En économie, on regarde que l’action, mais en économie, la

réaction est plus forte. Quand on bloque le licenciement, automatiquement on bloque

l’embauche ! On ne voit jamais la réaction de son action.

27

On assure le chômage. Notre pays donne la meilleure garantie et c’est très bien. Le seul

problème, c’est que le coût social du chômage, payé par l’employeur et le salarié, on est

30% plus élevé que l’Allemagne. Là bas, en CDI, on bouge le temps de travail sans

licencier alors qu’en France, c’est trop rigide. On crée une économie parallèle, noire, qui

tue les gens qui payent face aux gens qui travaillent au noir entre deux licenciements.

Les entreprises payent une fois le chômage, une deuxième fois le licenciement et si en plus,

on leur demande de réindustrialiser, on doit payer une troisième fois ! Le monde entier sait

désormais que la France est un pays où il est très dangereux d’aller.

L’affaire Goodyear a fait des ravages, les histoires de Mittal pareil. Le directeur était très

mal vu en Inde, depuis qu’il s’est fait engueuler par Arnaud Montebourg, c’est une

vedette !

En France, on ne lutte pas contre les causes du chômage, on lutte contre les conséquences du

chômage. Or, trop de dépenses publiques, ça épuise l’entreprise, ça les empêche

d’investir. La marge brute des boîtes françaises est de 27% contre 40% en Allemagne.

On a essayé les politiques industrielles. La BPI représente 40 milliards, mais connaissez vous

le capital total dans le privé ? 4 000 milliards (=tous les actifs, stocks, fonds de

roulement…hors banque) La BPI c’est 1%. C’est de la blague, on amuse le peuple. Cette

politique industrielle ne peut pas marcher !

On déplace les actifs dans la BPI pour déplacer dans les petites entreprises ce qui revient à

vendre les actifs dans les grandes entreprises : on ne fait que déplacer les investissements.

La France ne représente que 5% du PIB mondial. On est devenu beaucoup trop petit.

On parle de justice fiscale qui se transforme en moralisation de la spoliation. On a truqué la

pensée. L’augmentation de l’impôt sur les revenus est compensée par la baisse de la TVA.

C’est du pipeau ! Le déficit continue à grimper et on continue à augmenter les dépenses

publiques !

Plus personne ne veut investir, ni vendre des actions parce que les plus values vont créer des

impôts. Pour payer des impôts, on est obligé de vendre des actions en plus values, c’est la

création d’une cascade !

La politique qu’on n’a pas essayée, c’est le « business friendly », ça veut dire faire

confiance aux entrepreneurs, cela veut dire que c’est l’entreprise qui va tout faire. La

conséquence des « business friendly », c’est quand l’état devient léger … cela permettrait

de gagner 200 milliards ; la différence entre l’Allemagne et la France. C’est 11% du PIB.

28

Mon dernier propos, c’est qu’on est en retard d’une guerre. Il faut faire attention aux

grandes entreprises qui se sentent en insécurité. La France va abîmer ce qu’on a construit.

La France ne représente pour ces grandes entreprises moins de 10% de leur chiffre

d’affaires !

Il faut sauver les très grandes entreprises les stars du CAC 40 qui sont diabolisées alors

qu’elles sont accueillies à bras ouverts dans d’autres pays !

Olivier Dassault

Il y a des députés qui ne coûtent pas chers à la nation. J’en fais partie car je redistribue la

totalité de mes indemnités, que me fournit l’Assemblée nationale, à l’ensemble de mon

équipe. Je paye un impôt sur une indemnité que je ne touche pas.

La parole est donnée à Philippe Hayat est le fondateur de l’Association 100 000

Entrepreneurs.

Diplômé de Polytechnique et de l’Essec, il rachète sa première entreprise à 28 ans : « les

bâches de France », société fondée par son grand-père.

Kangaroo Village, Architel, Serena Capitals autant de noms qui jalonnent sa brillante

carrière d’entrepreneurs.

A côté de cela, il n’a de cesse de transmettre sa passion d’entreprendre aux plus jeunes et il

fonde les filières « Entrepreneuriat » à l’Essec et à Sciences-Po.

Philippe Hayat

« Comment faire de la France un pays

d’entrepreneurs ?»

Le pays produit 550 000 nouvelles entreprises chaque année. Au niveau quantitatif, nous

sommes plutôt dans les moyennes européennes.

Par contre, seulement 1000 d’entre elles dépasseront le stade, à terme, de 50 salariés, 7000

dépasseront les 10 salariés et quasiment aucune ne dépasseront les 250 salariés.

29

Ce qui abouti au résultat que nous ne comptons que 4500 entreprises de plus de 250 salariés,

contre 8500 en Angleterre, 11 500 en Allemagne et c’est là le drame de l’entreprenariat en

France.

Tous les décideurs politiques ont échoué sur ce plan. En France, on a toujours eu beaucoup

de mal à défendre des entrepreneurs qui réussissent. Tous les plans de ces trente dernières

années ont fait des choses pour l’entreprenariat social par contre pour agir en faveur des

entrepreneurs de croissance, considérés par le grand public comme des nantis, les hommes

politiques de droite comme de gauche ont considéré que ce n’était pas électoralement

payant ! En France, les entrepreneurs n’ont pas les politiques qu’ils méritent !

Sans faire de généralité, il y a des initiatives, comme celle qui nous réunit aujourd’hui qui

permet de faire entendre la voix des entrepreneurs. Pour vous avoir croisé depuis plusieurs

années, je sais que vous militez sincèrement dans ce domaine. Le constat, c’est les chiffres.

Que faut-il faire ?

Il y a un problème de culture. Au Québec, les politiques encouragent les entrepreneurs à

foncer. Ce discours doit être énoncé au plus haut sommet de l’Etat et dans toutes les

strates de l’administration.

Il y a un problème d’innovation. On produit 750 entreprises technologiques par an. C’est

beaucoup moins que le nombre de laboratoires qui existent sur le territoire parce qu’on a

des unités de valorisation de la recherche incapable de déceler un brevet pour en faire une

pépite industrielle. On a un monde trop étanche entre le monde de la recherche et le

business ; De même qu’il y a un monde quasiment étanche entre l’éducation et

l’entreprenariat et entre la classe politique et le monde de l’entreprise. A force

d’étanchéité, le monde entrepreneurial étouffe !

Pour faire grandir les entreprises, il faut les financer. Or, sur les deux premières années

d’existence, les entrepreneurs ont beaucoup de mal à trouver des financements. La clef de

financement, c’est de laisser les entrepreneurs tendre la main aux nouveaux arrivants

(argent et expérience) en encourageant les « business angel » pour sortir l’argent des

assurances vie pour les mettre dans l’entreprise. Comment inciter à prendre le risque,

c’est en l’incitant fiscalement.

La fiscalité est trop considérée comme celle de l’entrepreneur au lieu de prendre une

fiscalité globale de l’entrepreneuriat. Le salarié aura accès à l’actionnariat de son

entreprise.

La volonté de faire converger la fiscalité du capital et du revenu est un sujet d’arrière garde.

C’est le capital qui crée de l’emploi. A droite comme à gauche, on parlait l’année dernière

de cette convergence. C’est inadmissible.

30

Les autres moteurs : on n’arrive pas à exporter nos PME. Elles représentent 56% de la

valeur ajoutée de l’entreprise France. Elles ne représentent que 25 à 30% des commandes

publiques.

Il faut du courage politique.

En attendant, les entrepreneurs prennent les choses en main en donnant envie

d’entreprendre aux jeunes, dans les écoles. Dans la loi, le Parlement vient d’écrire

qu’il faut développer l’esprit d’entreprendre à l’école. Attendons de voir ce qui en

ressortira. Il y a neuf millions de jeunes dont trois millions dans l’enseignement supérieur.

Nous fédérons cette initiative d’entrepreneurs pour faire en sorte qu’ils donnent un sens

à leur vie, contre la fatalité. Nous souhaitons que les hommes politiques suivent le

mouvement que nous avons lancé.

Olivier Dassault

« Les entrepreneurs n’ont pas les politiques qu’ils méritent ». Mais beaucoup de

politiques ne connaissent pas le monde de l’entreprise. C’est pourquoi nous avons créé

GEEA, pour créer cette passerelle entre le monde politique et le monde économique.

Chère Agnès, voici déjà le second colloque de GEEA auquel nous avons le plaisir de vous

accueillir.

Donc pour ceux qui n’étaient pas avec nous le 6 décembre dernier, Agnès Verdier-Molinié

est Directrice de la Fondation IFRAP (Fondation pour la recherche sur les administrations

publiques).

Elle a publié notamment deux ouvrages « les fonctionnaires contre l’Etat » en 2011 et « la

mondialisation va-t-elle nous tuer » en 2008.

Libérale assumée, cette diplômée d’histoire économique contemporaine va nous expliquer

comment baisser les dépenses publiques, sujet facile s’il en est. Nous transmettrons

l’ensemble de votre intervention à Jean-François Copé qui a parlé de l’importance des

dépenses publiques à diminuer.

Jean-Michel Fourgous

Agnès Verdier-Molinié et son maître à penser, Bernard Zimmern qui est dans la salle, sont à

l’origine de l’ISF-PME. Ca a été dur à faire passer et je n’oublie pas ! C’est à ça que

sert GEEA, de travailler avec des think-tank pour faire passer des idées.

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Le plus gros amendement parlementaire s’appelle amendement Fourgous-Dassault

assurance vie où l’on a pris 75 milliards qui dormaient qu’on a mis dans l’économie.

Dans GEEA, on n’est pas des tchatcheurs. On est aussi dans l’action. Le monde

appartient à ceux qui agissent !

Agnès Verdier-Molinié,

« Baisser les dépenses publiques pour relancer

l’emploi : un impératif ? »

Après avoir travaillé ensemble avec Jean-Michel Fourgous, Olivier Dassault, Bernard

Zimmern, Philippe Hayat, Denis Jacquet et Xavier Fontanet, plus récemment, sur toutes ces

questions, heureusement, qu’on se soutient pour faire passer ces idées qui ne sont pas

toujours faciles de faire avancer et inscrire dans la loi. Nous faisons aussi de la pédagogie

auprès des concitoyens.

L’IFRAP sort des chiffres, des faits qui ne sont pas ailleurs, dans les documents

administratifs, dans les dépêches de l’AFP, dans les statistiques de l’INSEE, pour penser

autrement la réforme. Ce travail commence à payer. Cette semaine, dans les Echos, un grand

papier est sorti sur les retraites, sur les clefs de la réforme. Il y a dix ans, ces mêmes

journalistes me raccrochaient au nez. C’est bien une reconnaissance du travail de

l’IFRAP !

Ce travail n’a été possible que grâce au fondateur, Bernard Zimmern, qui a créé l’IFRAP

en 1985 avec cette idée visionnaire que la société civile devait s’engager, que les politiques

publiques n’étaient pas la propriété de la sphère publique.

Je pense qu’on peut baisser la dépense publique mais ça demande de tout mettre sur la

table. La difficulté en France, c’est qu’on cache tout : les statistiques, la réalité des

déficits des régimes des retraites publiques, les rapports d’activité des caisses primaires

d’assurance maladie ou de l’inspection générale des finances. On ne dit pas le coût réel

d’un élève par an entre le premier et le second degré alors que l’IFRAP a révélé que dans

l’enseignement privé sous contrat, les élèves coûtaient 2000 euros moins chers dans le

premier degré et 2700 euros moins chers dans le second.

Ce sont les retraites publiques qui sont responsables de cet écart. Alors quand on dit que les

enseignants du secteur privé, à carrière identique, gagnent 250 euros net de retraite par mois

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de moins que l’enseignant du public, alors qu’ils cotisent davantage, on voit bien qu’il y

a un problème ! C’est un débat central des prochains mois. La dépense publique est en

grande partie centrée sur les retraites du secteur public et de masse salariale (soit plus de

300 milliards par an sur 1 149 milliards euros de dépenses). Il faut s’attaquer aux dépenses

structurelles de notre pays. On surpaye nos services qui viennent de la sphère publique.

Avec le même budget, les crèches privées sont plus rentables que celles du publiques,

pourtant elles ont 10% d’heures de garde supplémentaires pour les enfants.

Il y a beaucoup de strates territoriales où chacun souhaite donner un petit bout de

financement, avoir un pouvoir, une influence sur le débat. C’est le problème de répartition

des rôles de chaque échelon, on parle beaucoup du « mille - feuille territorial ». On n’a pas

fait la réforme des périmètres en déléguant totalement des compétences, qui doivent être

complétement abandonnée par l’Etat, en fusionnant les départements et les régions.

Aurons-nous le courage de diminuer le nombre de communes ? En France, on compte 40%

des communes de l’Union européenne avec 1800 habitants dans chacune alors que la

moyenne européenne compte 5500 habitants par commune. Quand on en parle à droite

comme à gauche, personne ne bouge. C’est la raison pour laquelle on a 700 000 postes

d’agent de service public en plus que la moyenne européenne !

A aucun moment on ne résout ce problème. La RGPP était censée travailler sur la

répartition des missions et ça n’a pas été le cas.

Dans la réforme de 2010, il y avait ce projet de répartition des rôles. Ca a été bloqué par les

parlementaires !

Il est nécessaire d’évaluer l’efficience de la dépense ! Chaque euro est durement gagné par

les ménages, par les entrepreneurs. Quand il est dépensé, c’est de manière incontrôlée !

Dans les rapports de la Cour des comptes, il n’y a jamais de calendrier de la réforme, de

milliards à économiser, de nombre de personnel à supprimer, de véritable réorganisation à

faire. Ils font de très bons rapports sans se mouiller sur les solutions.

Il y a un gros morceau de l’éducation nationale qu’il faudra décentraliser. Aujourd’hui,

200 000 professeurs ne sont pas devant les élèves. Ce ne serait pas le cas si on avait une

gestion locale. Il faut continuer à comparer les coûts pour produire moins cher.

Olivier Dassault

Vous avez mis le doigt sur un point qui gangrène notre pays.

Lorsque Tony Blair a été nommé, il n’a pas annulé toutes les réformes de Madame Thatcher.

Il les a accompagnées, il les a transformées, il les a appliquées. C’est toute la différence

entre la Grande-Bretagne et notre pays.

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Quand les socialistes sont arrivés, en un mois, en juillet, ils ont anéanti cinq ans de travail

parlementaire parce que c’était nous et pas eux ! Notamment l’économie sur nos régions

et départements où nous avions eu du mal, après de nombreuses discussions, à faire accepter

le principe d’un conseiller général et régional en même temps pour faire baisser le coût de

ces deux administrations. Ils l’ont annulée pour une parité dans des cantons plus grands,

avec deux élus pour que quand l’un n’a pas donné satisfaction, on ira trouver l’autre.

Jean-Michel Fourgous

Claude Garrec, Président de Contribuables associés, qui regroupe 300 000 membres

présentera les propositions juste après l’intervention de Denis Jacquet.

Olivier Dassault

Sportif de haut niveau, diplômé d’HEC, ancien collègue de Christine Lagarde chez Baker

Mac Kenzie, créateur d’Edufactory, président de Yatedo, chroniqueur, créateur de

« Parrainer la croissance » afin d’aider les PME françaises à trouver la croissance en

s’internationalisant ; Denis Jacquet a également monté un groupe d’entrepreneurs « Le

Monde d’Après » qui investit et accompagne ceux qui entreprennent.

Le gouvernement actuel ne s’y est pas trompé en l’invitant à participer aux assises de

l’entrepreneuriat, c’est donc tout naturellement que nous l’avons invité à plancher sur

l’accompagnement des PME.

Je tiens d’ailleurs à signaler que si quelqu’un n’est pas d’accord avec ce que propose Denis, il

est toujours aussi sportif et pratique la boxe.

Denis Jacquet :

« PME : comment accompagner nos premiers

créateurs d’emplois ? »

La France nous appartient. Elle est notre responsabilité.

Si les Français veulent des politiques à niveau, c’est à nous de nous engager et de faire avec

les politiques.

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Ce qui me choque dans nos réseaux d’entrepreneurs, c’est que dans la journée on fait, le

soir on dit. Il faut continuer à faire, ça ne sert à rien de parler.

Nous, entrepreneurs, en nous mobilisant, nous changerons le destin de notre pays. Toutes

décisions qui seront prises dans les semaines et mois qui arrivent, vont véritablement décider

sur notre retard ou notre rattrapage pour les décennies à venir.

En France, nous avons un fort taux de natalité mais encore faut-il leur livrer un pays dans

un bon état.

Arrêtons de critiquer les politiques, ils ne peuvent pas être bons dans tous les domaines. Ce

qu’on peut leur reprocher, c’est de ne pas écouter, de ne pas essayer de comprendre, de

ne pas essayer d’agir. Il faut créer des passerelles de discussions, comme celle

d’aujourd’hui, pour qu’on puisse se comprendre. GEEA est une bonne initiative, il faut

qu’elle continue.

En France, on connaît tous les problèmes et on connaît aussi toutes les solutions, la

différence c’est le courage politique.

Ce que fait le gouvernement actuel, c’est en grande partie, l’issue de trente années de

dérives droite comme gauche. Il ne faut pas être simplement dans une stratégie d’opposition

mais travailler ensemble à l’avenir du pays.

On a deux travers :

- On pense que Paris, c’est la France. Or, Paris, c’est pas la France, c’est pas juste une

élite. Toutes nos grandes écoles, ce n’est pas la France non plus.

- On a une culture exclusivement de grands groupes, il faut passer à une culture de PME. Ce

sont les seules ressources de création d’emplois nets dans ce pays. Les grands groupes

sont là pour conquérir l’international, être présents sur les plus gros marchés du

monde et d’emmener dans son sillage les PME.

Ce n’est pas un combat de création d’entreprises mais ce qui est important c’est de

savoir comment les accompagner pour grossir, pour nous apporter cette croissance.

Dans ce pays corporatiste et divisé, je vous parle de rassemblement. Ca fait partie de

l’ADN de l’entrepreneur. Tous les jours, on fait vivre des personnes, sur un même lieu,

qui n’ont pas les mêmes opinions politiques, qui ne viennent pas du même milieu social, et

ils bossent ensemble pendant huit heures par jour, pendant des années.

Les mesures de taxation des plus values sont dues à l’absence de dialogue entre les

entrepreneurs et les politiques.

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Les assises de l’entreprenariat sont le fruit de ce dialogue. Neuf entrepreneurs étaient

présents en dehors de toute représentation patronale, dont je faisais partie. On proposé des

choses pragmatiques, des choses simples.

Quarante quatre mesures en sont sorties.

Le Président de la République en a annoncé douze :

- Retour en arrière sur les plus values, ce qui était une évidence absolue

- Extension de la notion d’innovation pour qu’elle ne soit plus uniquement technologique

- Fin de cette côte infamante de la banque de France

Maintenant, il faut s’assurer qu’elles soient appliquées avant la fin de l’année. On surveillera

l’application de ces mesures.

Le deuxième engagement de Fleur Pellerin, qui est un fort soutien, a pour objectif que 100%

des mesures proposées soient appliquées.

Jean-Michel Fourgous et moi-même avons été contactés par une journaliste, il y a quelques

jours, pour préparer un pilote sur une confrontation entre un politique et un entrepreneur.

Sur quoi nous sommes nous confrontés ?

Jean-Michel Fourgous disait justement que les 35 heures, l’ISF étaient de mauvaises

choses et perfidement, j’ai demandé pourquoi la droite ne s’en était pas occupée quand

elle était au pouvoir ? Ce qui est important, c’est qu’aujourd’hui, on doit décider de ce

qui doit être fait pour le pays mais encore faut-il que cela soit fait lorsque vous serez au

pouvoir. Nous y veillerons fortement.

Olivier Dassault

Voilà une belle intervention de conclusion avant de passer à la parole à notre ami Claude

Garrec, Président de Contribuables associés. J’ai retenu une idée qui n’est pas nouvelle

d’associer les grands groupes et les PME, pour réussir ensemble. Cela s’appelle le

portage, l’essaimage, et à une époque, ça s’appelait partenariat France dont j’ai été le

Président d’honneur pendant de nombreuses années. On a réussi à faire un certain nombre

de choses. Il faut accompagner les PME qui n’ont pas forcément les compétences

juridiques. Profiter de l’expérience des grands groupes, c’est extrêmement important.

Sans cesse se remettre à l’ouvrage, c’est aussi une des volontés de GEEA.

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Claude Garrec

Merci de nous associer à cette rencontre.

Voici trois propositions de contribuables associés, association regroupant 300 000 adhérents,

qui n’est pas subventionnée et qui ne vit que des dons de ses membres.

- Baisser la dépense publique pour baisser les charges sociales.

Par rapport au PIB, la France est championne du monde par rapport aux charges sociales :

elles représentent 16,9% contre 12,7% du PIB dans l’Europe des 27. Elles représentent

56% du salaire brut en France contre 40% en Allemagne ou 25% au Royaume Uni. Elles

pèsent sur la compétitivité des entreprises, leurs marges et donc sur l’emploi. Ramener le

taux des charges sociales au niveau européen permettrait d’alléger la facture des

entreprises de l’ordre de 84 milliards d’euros. Pour cela, il est nécessaire de réduire les

dépenses publiques, à commencer par les subventions aux entreprises (65 milliards

d’euros), mais également diminuer les subventions aux associations (35 milliards),

syndicats (5 milliards) et partis politiques (5 milliards d’euros).

- Démission des fonctionnaires une fois élus à la députation.

Les organes législatifs doivent faire une place plus grande au secteur privé. C’est une

question de représentativité.

- Supprimer l’ISF comme l’ont fait la plupart des pays d’Europe.

L’ISF n’est pas seulement un prélèvement sur les riches. C’est un prélèvement injuste,

inéquitable et coûteux. Il déroge à la neutralité fiscale, porte atteinte aux droits de propriété,

frappe davantage les classes moyennes que les grosses fortunes. Il incite à la fuite des

capitaux et se traduit pour l’Etat par un manque à gagner de 2 milliards et demi d’euros.

Cette fuite des capitaux à l’étranger, c’est d’autant de capitaux productifs qui ne sont

pas investis naturellement dans l’économie française et autant d’emplois qui ne sont pas

créés.

Nous demandons également la suppression de l’ENA.

Olivier Dassault :

Je ne peux que soutenir un certain nombre de vos actions. Une que vous venez de citer est

un frein considérable. Je reprendrai une phrase de Michel Rocard, bien qu’il soit socialiste,

avait tout de même un peu de bon sens, et qui disait « on ne peut pas accueillir toute la

misère du monde ». Au lieu d’accueillir la misère du monde, on ferait mieux d’accueillir

les grandes fortunes plutôt qu’elles aillent dans d’autres pays comme en Angleterre, aux

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Etats-Unis, dans les Emirats ! Il faut qu’ils viennent dépenser leurs sous chez nous et créer

des emplois !

Un tout petit clin d’œil à Contribuables associés, dont je suis un membre actif et même

bienfaiteur, et rendre hommage à cette association. Si nous avons rebaptisé Génération

entreprise, GEEA, c’est en pensant à Contribuables associés.

Témoignages :

- Avec l’actuel statut d’auto-entrepreneur, mon business plan fonctionnait. Avec les

nouvelles mesures que souhaitent mettre en place le Gouvernement, je vais devoir

augmenter le prix de mes consultations. Or, elles s’adressent à des personnes qui ne

pourront pas suivre financièrement.

- Dans les futurs gouvernements de droite, il nous faudra des chefs d’entreprise.

- Il est urgent de réformer notre système fiscal qui est trop complexe et réformer les

syndicats

Olivier Dassault

Ce n’est pas dans l’air du temps de donner des responsabilités politiques à des chefs

d’entreprise. Il y a même des projets de loi qui vont dans le sens contraire… Nous allons

nous battre et continuer à faire de la résistance.

Jean-Michel Fourgous

Je rappelle qu’il n’y a aucun ministre qui soit entrepreneur : 93% de fonctionnaires dans

le cabinet de François Hollande et 90 % dans celui de Jean-Marc Ayrault. Dans la BPI, il y a

12 énarques sur 13 administrateurs.

Témoignage de la salle

Il faut lancer une offensive. On ne voit pas assez d’entrepreneurs sur les plateaux de

télévision. Il faut informer et changer les mentalités des Français.

Plus de 90% des journalistes sont à gauche. Le courant de la droite forte propose que plus de

80 journalistes de droite intègrent l’audiovisuel public, pour corriger les choses.

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Jean-Philippe Hubin

Si vous souhaitez régler le problème de la gauche dans les médias, la solution est simple :

c’est celle qu’a appliqué Monsieur Samaras en Grèce, supprimer les chaînes publiques.

Olivier Dassault

Merci d’être venu nombreux à ce colloque. Pour nos adhérents, il y a un petit déjeuner

mensuel de l’Opinion organisé le mardi 25 juin à 8 heures 30, à l’Assemblée nationale.

Sont mis à votre disposition la revue de GEEA et quelques Valeurs Actuelles avec ma tribune

« La vraie réponse au défi du chômage ». Notre prochain colloque aura lieu mi-décembre.

Une invitation vous sera adressée.

Jean-Michel Fourgous

Nous avons trente idées fortes à élaborer dans les trois à six mois. Vous aurez un système

organisé sous forme de mails et par l’intermédiaire de l’application de Meetphone.

Il y a de la croissance à GEEA puisque nous étions 50 parlementaires en septembre, 80 fin de

l’année et 112 aujourd’hui. Nous avons un rapport prévu à remettre à l’UMP.

Osez expliquer vos valeurs !

Olivier Dassault

Pour conclure, je citerai Alfred de Musset : « Pour réussir dans le monde, retenez bien ces

trois maximes : voir, c'est savoir ; vouloir, c'est pouvoir ; oser, c'est avoir. »