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ACTIVITÉ INTRODUCTIVE Objectif : Identifier les spécificités des mers, océans et espace Identifier les acteurs des mers, océans et espace Travail en groupe – 2/3 élèves Choisir l’un des deux espaces : mers – océans OU espace Forme du travail Tableau Mers – Océans / Espace Caractéristiques spécifiques Acteurs : caractéristiques + buts principaux Contenu o Pas de texte rédigé o Texte à puces Idée en gras et en couleur Exemple Chiffres o Pas de copier-coller 0 automatique Tableau à rendre en classe – mercredi 8 septembre

ACTIVITÉ INTRODUCTIVE

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Page 1: ACTIVITÉ INTRODUCTIVE

ACTIVITÉ INTRODUCTIVE

Objectif :

• Identifier les spécificités des mers, océans et espace

• Identifier les acteurs des mers, océans et espace

Travail en groupe – 2/3 élèves

• Choisir l’un des deux espaces : mers – océans OU espace

Forme du travail

• Tableau

Mers – Océans / Espace Caractéristiques spécifiques Acteurs : caractéristiques + buts principaux

• Contenu

o Pas de texte rédigé

o Texte à puces

▪ Idée en gras et en couleur

• Exemple

• Chiffres

o Pas de copier-coller → 0 automatique

• Tableau à rendre en classe – mercredi 8 septembre

Page 2: ACTIVITÉ INTRODUCTIVE

Documents sources sur les océans

Trailer du film Abyss (1989)

Trailer du film K.19 the Widowmaker (2002)

Trailer du film Kursk (2018)

Trailer du film documentaire Deepsea Challenge 3D (2014)

« Les abysses : dernier lieu pratique inexploré… pour l’instant », Sciences et avenir, 18 mars

2019.

C’est la frontière la plus hostile et la plus inconnue du monde : la zone dite hadale, qui s’étend de -6.000 à -11.000 mètres dans les profondeurs océaniques, est bien moins explorée… que la planète Mars ! Dernier territoire vierge, elle attire aujourd’hui plusieurs projets d’exploration.

Ainsi la Chine, après la Lune, veut partir à la conquête des abysses. Selon le quotidien hongkongais South China Morning Post, le président Xi Jinping, lors de sa visite en novembre 2018 à l’Académie des sciences de Pékin, a ainsi lancé le projet Hadès, du nom du dieu grec des Enfers. Soit un avant-poste sous-marin qui pourrait être installé à 5400 mètres de profondeur dans la fosse de Manille, en mer de Chine méridionale. C’est là que la plaque eurasienne rencontre la plaque Pacifique, au cœur d’une région hautement volcanique et sismique. Or les ondes émises lors des tremblements de terre sous-marins engendrent en surface des tsunamis pouvant atteindre quatre mètres.

D’où l’intérêt, pour les Chinois, d’y installer une base sous-marine de surveillance et d’alerte, servant à la fois de port et de laboratoire : des drones bardés de capteurs en partiront pour sonder les fonds, découvrir de nouvelles formes de vie, enregistrer des données chimiques et collecter des minéraux. Les cheminées volcaniques qui s’élèvent sur le plancher de la fosse de Manille émettent en effet des composés chimiques issus du manteau terrestre, riches en informations géologiques. De retour à leur plate-forme d’amarrage, les robots sous-marins transmettront leur récolte aux différents laboratoires de la station gérés par intelligence artificielle à des fins d’analyses in situ. Les résultats seront ensuite transmis à la surface. La base sera en effet reliée à une plate-forme flottante - ou un navire - par des câbles d’alimentation électrique et de communication. Précision d’importance : selon le président chinois, cette base sous-marine pourrait aussi servir à des fins militaires. La mer de Chine méridionale est en effet une zone politiquement instable, source de revendications concurrentes des États riverains. (…)

Le projet, estimé aujourd’hui à 1,1 milliard de yuans (140 millions d’euros), nécessitera de développer de nouveaux matériaux et une électronique capable de résister à la pression phénoménale des grands fonds, plus de 1000 fois supérieure à celle de l’atmosphère. Il leur faudra aussi survivre au milieu corrosif et à la géologie instable qui règnent à ces profondeurs. Ce projet va sans conteste stimuler la recherche chinoise en science des matériaux, intelligence artificielle, etc. Dans son discours, Le président Xi l’a d’ailleurs qualifié de "marche dans l’océan afin d’accélérer le développement d’une puissance maritime".

Page 3: ACTIVITÉ INTRODUCTIVE

Mais l’humain veut, lui aussi, conquérir ces dernières zones inviolées du globe. À ce jour, plus de 6000 personnes ont gravi l’Everest, 12 hommes ont foulé le sol lunaire, à 300.000 kilomètres de nous… mais seuls trois hommes ont plongé jusqu’au point le plus profond de la planète, le Challenger Deep à 10.900 mètres de profondeur au fond de la fosse des Mariannes. Les premiers furent le Suisse Jacques Piccard et l’Américain Don Walsh à bord du bathyscaphe Trieste en 1960. Et le second, le réalisateur James Cameron, seul, à bord du petit sous-marin Deepsea Challenger en 2012.

Une nouvelle tête brûlée a décidé de relever le défi ! Le riche trader américain Victor Vescovo qui, après avoir gravi les plus hauts sommets des sept continents et rallié les pôles Nord et Sud en ski, veut désormais être le premier homme à atteindre les zones les plus profondes des cinq océans. Le projet baptisé Five Deeps Expédition le mènera ainsi dans la fosse des Sandwich du Sud (-8183 m) dans l’extrême sud de l’Atlantique, dans celle de Java (-7290 m) dans l’océan Indien, jusqu’au Challenger Deep (-10 925 m) dans le Pacifique et la fosse Molloy (-5573 m) au plus profond de l’Arctique. La première étape a déjà eu lieu en décembre 2018 : l’homme de 53 ans a été le premier à atteindre le point le plus profond de l’Atlantique, en plongeant en sous-marin à 8376 m de profondeur dans la fosse de Porto Rico, située au large de l’île éponyme. L’expédition a nécessité de construire un nouveau sous-marin à deux places de 11 tonnes, le Limiting Factor de la société américaine Triton Submarines, doté de trois hublots en matériau acrylique. La coque sphérique en titane, de 9 cm d’épaisseur, a été réalisée d’une seule pièce, sans soudure qui aurait pu fragiliser la structure. Sa fiabilité a été testée dans le centre de recherche Krylov à Saint-Pétersbourg (Russie) : pour résister aux -11.000 m de la fosse des Mariannes, le sous-marin a été soumis à une pression correspondant à 13.300 m de profondeur, supérieure à celles de toutes les fosses connues… Trois atterrisseurs robotiques équipés de caméras, de capteurs et de pièges biologiques accompagnent le submersible au fond des fosses. Ce sont eux qui enregistrent différents paramètres et prélèvent des échantillons bio logiques et sédimentaires, qui seront ensuite confiés à l’université de Newcastle, au Royaume-Uni. L’un de ses écologistes marins, Alan Jamieson, est d’ailleurs le leader scientifique de l’expédition. Une quinzaine de collaborateurs rejoindront Alan Jamieson au cours des onze mois de mission. Objectif affiché : en connaître davantage sur ces écosystèmes de l’extrême… Des laboratoires scientifiques ont été installés sur le pont, mais un grand nombre d’échantillons seront congelés pour être analysés à terre. À la fin de cette année, une fois l’expédition de 74 000 kilomètres achevée, tous ces équipements seront proposés à des instituts publics ou privés, pour la coquette somme de 48,2 millions de dollars. Les prochains mois devraient ainsi être riches de découvertes abyssales surprenantes.

Page 4: ACTIVITÉ INTRODUCTIVE

« L’exploitation des profondeurs des océans, une aventure qui peut prendre encore vingt ans

avant de se concrétiser », Les Échos, 7 octobre 2016.

L'Inde vient d'obtenir le 25e permis d'exploration accordé par l'Autorité internationale des fonds marins (AIFM). Cette organisation apparentée à l'ONU gère les profondeurs des océans pour le compte de l'humanité. Avec la France, la Russie, la Chine, l'Allemagne ou plusieurs îles du Pacifique, l'Inde appartient au club fermé des pays à même de scruter les abysses à la recherche de gisements miniers. On suppose que les richesses y sont immenses, contenues dans des nodules polymétalliques1, des encroûtements et des sulfures hydrothermaux. A plusieurs centaines de mètres et jusqu'à plusieurs milliers, on y trouve du fer, du manganèse, du cuivre, du cobalt, des terres rares, de l'or ou du platine, et souvent dans des concentrations bien plus élevées que celles des gisements terrestres. Mais les obstacles pour les exploiter un jour sont à la hauteur... « Les enjeux sont multiples : scientifiques et technologiques, certes, mais aussi administratifs, sociaux et environnementaux. Sans oublier les enjeux de financement, car il faut beaucoup d'argent pour ce type de projets », explique Laurent Corbier, directeur des affaires publiques d'Eramet. Dans le cadre d'un partenariat public-privé, le groupe français a participé aux trois campagnes d'exploration menées par la France entre 2010 et 2012. Il en faudra encore bien d'autres pour terminer la cartographie des ressources potentielles. Or, « actuellement, la recherche est freinée en termes de financement », avoue Laurent Corbier. Avec plus de 11 millions de kilomètres carrés, la France possède le deuxième territoire maritime mondial. « Le pays a un droit gigantesque sur les fonds marins, dans beaucoup d'endroits et sur tout type d'environnement : Kerguelen, Saint-Pierre-et-Miquelon, les Caraïbes, la Guyane... Mais, comparativement à d'autres pays, la France ne met pas autant de moyens », note Geoffroy Lamarche, géophysicien à la Niwa, l'agence maritime néo-zélandaise.

Dans un rapport récent, la Banque mondiale évoque, elle, les difficultés rencontrées par les sociétés minières cotées, en particulier par les spécialistes de l'exploration, pour lever des fonds. « La tendance pour nombre d'entre elles est de tenter de conserver leur permis le plus longtemps possible sans pour autant explorer activement. » Le monde regarde donc avec grand intérêt les expériences menées par une petite société australienne, Nautilus Minerals, la première à avoir obtenu un permis d'exploiter accordé par la Papouasie-Nouvelle-Guinée. C'est aujourd'hui l'entreprise la plus avancée pour développer une mine sous-marine et commencer à produire, peut-être à partir de 2018. Mais Nautilus reste une pionnière. En réalité, l'exploitation commerciale des gisements miniers du fond des mers doit s'envisager davantage à horizon d'une vingtaine d'années... si des ressources intéressantes sont avérées, estime-t-on chez Eramet.

Le temps, peut-être, de mieux appréhender les millions d'espèces qui y vivent. « Nous ne connaissons que de façon très partielle ces géo-écosystèmes particuliers, ont averti le CNRS et l'Ifremer en 2014 dans un rapport qui fait référence sur les impacts environnementaux de l'exploitation des grands fonds. Il est donc essentiel de poursuivre un effort de recherche conséquent. »

1 Les nodules polymétalliques sont de petits blocs de minéraux mettant environ 3 millions d’années à se former. On les trouve en vaste champs sur les plaines abyssales de tous les océans du monde, et en particulier dans le Pacifique dans la « zone de fractures de Clarion-Clipperton » , au large du Mexique, entre 3000 et 6000 mètres de profondeur. La profondeur de ces champs de nodules les place en haute mer, donc en dehors de la juridiction de tout Etat.

Page 5: ACTIVITÉ INTRODUCTIVE

« Les pétroliers qui ont reculé face à

l’Arctique », Le Monde, 28 septembre 2015.

Un net revers pour Shell, une grande satisfaction pour

les défenseurs de l’environnement. La principale

compagnie pétrolière européenne a annoncé, lundi

28 septembre, qu’elle allait cesser toute exploration

au large de l’Alaska, mettant un terme à des forages

violemment contestés par les écologistes. Elle n’est

pas la première à reculer en Arctique, une région

souvent présentée comme une terre promise pour les

compagnies pétrolières mais qui s’avère des plus

hostiles. (…)

Les obstacles à la ruée vers les terres polaires sont nombreux. Le premier écueil est technique. Compte tenu du climat hostile, avec des tempêtes fréquentes, mais aussi de l’éloignement, travailler en Arctique, à de très grandes profondeurs, s’avère très ardu. Shell avait eu l’occasion de le constater en 2012. A l’époque, le pétrolier avait connu une série d’avaries sur trois de ses plates-formes, dont l’une s’était échouée sur une plage et avait dû être remorquée pendant une semaine entière. Ces accidents à répétition n’avaient pas fait de victime ni de dégât sur l’environnement, mais avaient néanmoins relancé les inquiétudes des écologistes comme des autorités. Des enquêtes avaient été lancées sur les activités du groupe, et Shell avait dû suspendre ses opérations pendant plus d’un an. (…)

Deuxième écueil, l’Arctique constitue une zone fragile, scrutée de près par les organisations de défense de

l’environnement et les dirigeants politiques. Certains écologistes en ont fait leur combat principal, afin de

protéger cet océan où la vie marine est spécialement dense. Ils veulent notamment empêcher qu’un accident

provoque une pollution des fonds côtiers, qui resterait active durant des décennies. (…)

Le troisième obstacle, le plus décisif peut-être, est économique. En un an, les cours mondiaux du pétrole ont été divisés par deux. A 45 dollars par baril de brut américain, comme aujourd’hui, tenter d’extraire le pétrole situé dans des zones aussi complexes et risquées que l’Arctique n’a plus de sens. (…)

« Forer en Arctique avec de tels risques environnementaux est devenu anachronique, à une époque où l’on a des solutions bien plus pérennes en termes de transition énergétique, dénonce de son côté Sébastien Blavier, responsable de la campagne climat et énergie de Greenpeace France. C’est pourquoi nous demandons une sanctuarisation de l’Arctique au niveau de l’ONU et la mise en place de cadres réglementaires dans les pays concernés. »

L’abandon de Shell ne signe, cependant, pas le retrait complet des pétroliers, qui restent une demi-douzaine

à tenter d’explorer la zone. (…) [Mais, par exemple,] le britannique Cairn Energy n’est pas parvenu, au

Groenland, à découvrir des volumes de pétrole suffisants pour être commercialisés, après avoir déboursé un

milliard de dollars dans un programme d’exploration de deux ans.

Page 6: ACTIVITÉ INTRODUCTIVE

Campagne mondiale de Greenpeace en cours depuis fin 2019 (capture d’écran du site officiel)

Page 7: ACTIVITÉ INTRODUCTIVE

Documents-sources Espace

VIDEOS :

Trailer du film « Mission to Mars” (2000)

Trailer du film “Gravity” (2013)

Trailer du film “Seul sur Mars » (2015)

« MISSION MARS 2020 - SUCCÈS DE L’ATTERRISSAGE DU ROVER PERSEVERANCE »,

extrait d’un communiqué de presse publié sur le site du CNES (Centre national d’études

spatiales), agence spatiale de l’État français, le 18 février 2021.

(…) Lancé le 30 juillet 2020 à bord d’un lanceur Atlas V, depuis Cap Canaveral en Floride, Perseverance, le dernier véhicule mobile de la NASA, explorera cette région ancienne de Mars afin de déchiffrer son histoire géologique, caractériser son habitabilité passée et rechercher des traces d’une forme de vie. Au-delà de l’exploration in situ, le rover est conçu pour collecter des échantillons qui seront récupérés et rapportés sur Terre par deux missions conjointes des États-Unis et de l’Europe à l’horizon d’une dizaine d’années (programme MSR, Mars Sample Return). La mission de Perseverance est aussi de préparer l’exploration humaine de Mars.

SuperCam est un peu le « couteau suisse » des scientifiques de la mission. Il utilise cinq techniques d’analyse différentes : une mesure de composition atomique, deux mesures moléculaires (la façon dont les atomes sont liés entre eux et l’arrangement des molécules entre elles), un imageur pour photographier les cibles qui sont analysées et enfin le tout premier microphone scientifique à atteindre la surface de Mars. Ainsi équipé, SuperCam étudiera à distance la chimie et la minéralogie de Mars ou la composition de son atmosphère.

La NASA s’appuie sur le Jet Propulsion Laboratory du Caltech pour le développement de la mission Mars 2020. SuperCam est développé conjointement par le LANL (Los Alamos National Laboratory, États-Unis) et un consortium de laboratoires français, avec une contribution de l’université de Valladolid (Espagne). Le CNES est responsable, vis-à-vis de la NASA, de la contribution française à SuperCam. Le CNES, le CNRS et plusieurs universités et établissements français ont contribué à la construction de cet instrument, qui sera opéré en alternance depuis le LANL et le centre des opérations scientifiques installé au CNES à Toulouse. (…) De nombreux partenaires industriels ont participé à la construction de SuperCam en France, en premier lieu : 3D+, Adveotec, AXON’Cable, CILAS, CIRETEC, COMAT, Fichou, Gerac, Hirex, MAP coatings, Matra Electronics, MecanoID, Microtec, Optoprim, Optosigma, RESA, Steel, Thalès, Winlight System…

À la suite de cet événement extraordinaire, Jean-Yves Le Gall, Président du CNES, a déclaré : « Avec l’atterrissage de Perseverance sur Mars, nous vivons un moment historique de l’étude de la planète rouge. Pour le CNES, c’est une immense fierté que la NASA renouvelle sa confiance dans l’expertise scientifique française. Cela témoigne de la richesse de nos coopérations avec la communauté scientifique, l’industrie, la NASA et le JPL avec lesquels nous avons une relation d’exception. La mission Mars 2020 est le premier segment du programme Mars Sample Return (MSR) piloté par la NASA avec une contribution très importante de l’ESA (l’Agence spatiale européenne) qui fournit l’orbiteur ERO (Earth Return Orbiter.) Ce dernier ramènera des échantillons sur Terre au début des années 2030. L’histoire ne fait que commencer ! »

« Des Humains sur Mars : une mission impossible ? », Le Monde, 15 février 2021.

Embouteillage autour de Mars ! Mardi 9 février, la sonde Hope des Emirats arabes unis s’est mise en orbite autour de la Planète rouge. Le lendemain, la mission chinoise Tianwen-1 l’a suivie. Celle-ci restera en orbite pendant plusieurs semaines afin d’étudier le terrain où devrait se poser, en avril ou en mai, un duo composé d’un atterrisseur et d’un robot mobile. Enfin, le 18 février, la mission américaine Mars 2020 arrivera à son tour pour délivrer sa cargaison, le gros rover Perseverance, lequel aura pour tâche de collecter des échantillons qui devraient à terme être rapportés sur Terre.

Ces trois aventures spatiales – elles auraient pu être quatre si le départ de l’européano-russe ExoMars n’avait été reporté à 2022 – revigorent l’intérêt pour Mars et interrogent de nouveau sur le jour où ce ne seront plus des robots qui feront le voyage, mais des humains. Une question de plus en plus d’actualité à la suite des déclarations répétées d’Elon Musk, le bouillonnant patron de la société américaine SpaceX, lequel ne cesse de promettre le début de la colonisation martienne pour les toutes prochaines années, ayant même

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dit en décembre 2020 que le premier vol habité pour la Planète rouge pourrait avoir lieu dès 2024, grâce à son lanceur lourd Starship. Une fusée dont les deux premiers essais à basse altitude (une dizaine de kilomètres) se sont terminés par une explosion à l’atterrissage…

N’en déplaise à Elon Musk, le voyage pour Mars n’est pas pour demain, ni même pour après-demain. Avant d’envoyer des représentants de l’humanité vers la moins inhospitalière des autres planètes du Système solaire, il faudra avoir surmonté trois séries d’obstacles, techniques d’abord, physiologiques ensuite, économico-politiques enfin. L’ennui, avec le vol habité de longue durée, c’est que, précisément, il inclut cette petite chose fragile qui a pour nom Homo sapiens. Un animal qui devra boire, manger, respirer pendant les deux ans et demi que dureront l’aller-retour et le séjour sur place. Et qu’il faudra protéger des multiples

dangers de l’espace, milieu auquel il n’est pas adapté. (…)

Arriver à proximité de la Planète rouge est une chose, y poser un engin de plusieurs dizaines de tonnes en est une autre, hors d’atteinte techniquement pour l’instant. Impossible de reproduire l’atterrissage d’un rover comme Perseverance, avec un freinage ultra-violent lors de l’entrée dans l’atmosphère martienne qui, s’il ne cause pas de tort à une machine, risque de tuer un équipage. Pour contourner la difficulté, une idée consisterait à ralentir le vaisseau avec ses moteurs et à concevoir un gros bouclier gonflable qui sortirait pour la descente dans l’atmosphère. Imaginons que tout cela fonctionne, que les astronautes foulent le sol martien, qu’ils entrent dans la base alimentée en électricité par un mini-réacteur nucléaire, qu’ils disposent de véhicules pressurisés et de scaphandres leur permettant d’explorer la région, qu’ils parviennent à subsister pendant cinq cents jours sans devenir squelettiques comme le personnage joué par Matt Damon dans le film Seul sur Mars. Imaginons que vienne enfin l’heure du retour. Repartir ? Mais rien n’est jamais reparti de Mars ! La mission de retour d’échantillons comporte bien le projet d’une mini-fusée destinée à renvoyer en orbite martienne les cailloux prélevés par Perseverance mais on est loin d’un dispositif capable de faire redécoller un équipage. Ce Mars Ascent Vehicle (MAV) s’apparente encore à de la science-fiction. (…)

[D’autre part], l’espace n’est pas tendre avec les humains. Les longs séjours dans l’espace se traduisent par

des problèmes oculaires et une ostéoporose plus ou moins sérieuse suivant les astronautes. « Un an après

leur retour sur Terre, souligne Guillemette Gauquelin-Koch, ils n’ont toujours pas récupéré leur masse

osseuse. Il faut absolument trouver des contre-mesures pour limiter la perte calcique. » Reproduire

artificiellement une gravité dans le vaisseau serait l’idéal mais la solution s’avère compliquée à mettre en

place. (…) Mais le problème principal sur le plan de la santé n’est même pas là. Il réside dans les radiations

auxquelles seront exposés les astronautes tant pendant l’aller-retour que sur Mars. [Une] source dangereuse

vient des éruptions solaires qui émettent des particules – essentiellement des protons – susceptibles, à haute

dose, de tuer. « On pourra s’en protéger avec un système d’observation du Soleil et d’alerte, rassure Francis

Rocard. En cas d’éruption, les astronautes auront le temps de se réfugier dans un compartiment doté d’une

paroi blindée où ils resteront pendant vingt-quatre à quarante-huit heures. » (…)

Le dernier obstacle qui s’élève sur le chemin de l’aventure martienne n’est ni technique ni sanitaire mais

financier. A la question de savoir combien elle coûtera, Francis Rocard répond avec franchise que « personne

ne le sait ». « On peut l’estimer à 400 milliards de dollars mais ce sera peut-être 600. Je ne crois donc pas

qu’Elon Musk la fera tout seul de son côté. Il a beau être l’homme le plus riche du monde, même pour lui

l’effort est monstrueux. Il essaiera de collaborer avec la NASA, de la convaincre que c’est du gagnant-

gagnant comme il l’a déjà fait. Les Etats-Unis peuvent-ils se payer l’homme sur Mars ? Si l’on considère

qu’ils sont le seul pays dont l’agence spatiale consacre la moitié de son budget, soit environ 10 milliards de

dollars par an, au vol habité, au bout de quarante ans cela fait 400 milliards… Donc oui, ils ont les moyens

de se le payer. » Outre-Atlantique, le milieu de l’industrie spatiale fait tout pour maintenir les budgets

consacrés au vol habité à un niveau élevé et rien n’est meilleur pour cela que la perspective lointaine d’un

voyage martien…

Satisfaire l’industrie et les électeurs des Etats américains où elle est implantée constitue-t-il une raison

suffisante ? Pourquoi, au fond, aller sur Mars ? « Il n’est pas évident de répondre à cette question, concède

Francis Rocard. Y aller pour la recherche et développement ? Il n’est pas intéressant de dépenser autant

pour cela. Pour la science ? L’humain est certes plus efficace que les robots sur le terrain mais ce ne sera

peut-être plus le cas dans les prochaines décennies. Pour faire du business ? Il n’y a aucune recette à

attendre de cette affaire. Pour l’élan, l’inspiration que cela donnera ? Cela ne vaut pas 400 milliards de

dollars. Parce que Mars est notre plan B lorsque la Terre sera devenue invivable ? C’est un projet délirant

et élitiste car seuls les plus riches pourront s’offrir le voyage. Non, si on y va, ce sera pour l’exploration au

sens le plus noble du terme, tout comme on a exploré les pôles, les plus hauts sommets, les fonds marins. »

Page 9: ACTIVITÉ INTRODUCTIVE

Francis Rocard cite l’alpiniste britannique George Mallory, obsédé par l’Everest, à qui l’on demandait

pourquoi il voulait à tout prix s’attaquer au toit du monde et qui répondit : « Parce qu’il est là. » On pourra

seulement espérer que la première mission martienne se terminera mieux que l’aventure de Mallory, mort

sur l’Everest un jour de 1924.

Page 10: ACTIVITÉ INTRODUCTIVE

Extrait de l’article : « Le lever de Terre de 1968 a bouleversé notre vision du monde (et du cosmos) », National Geographic, 2018.

Le 24 décembre 1968, pendant la première mission en orbite lunaire Apollo 8 [dont l’un des buts étaient de devancer les Soviétiques en approche lunaire], l’équipage des astronautes de la NASA photographiait la Terre. Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, des humains pouvaient voir la planète Terre dans sa globalité.

Cette photo de la Terre est souvent considérée comme ce qui a aidé à lancer le mouvement écologiste et a

inspiré 50 années de photographies de notre planète prises depuis l’espace. (…) Pour de nombreuses

personnes, « Lever de Terre » et la famille de portraits terrestres que cette photographie a engendré souligne

le contexte paradoxal dans lequel nous vivons : notre planète est à la fois insignifiante d’un point de vue

cosmique, et la chose la plus importante que nous partageons en tant qu’espèce. (..)

L’astronaute auteur du cliché, Willam Anders, déclara à son retour sur Terre : « Cela m’a donné envie de

rentrer à la maison et de briser toutes les barrières, toutes les hostilités et de tenter d’être ce médiateur entre

les gens qui dit : « Regardez, nous avons cette planète unique où nous vivons et si nous n’agissons pas

ensemble, nous allons tous nous tuer et décimer la planète par la même occasion »