Upload
others
View
1
Download
0
Embed Size (px)
Citation preview
Addictions et DPA (Développement du pouvoir d’agir): Fondements et pistes d’intervention ���
Amnon J Suissa, Ph.D Université du Québec à Montréal
École de Travail Social Courriel: [email protected]
DPA: un nouveau terme pour un vieux concept • Le DPA trouve son origine dans la contestation des pratiques
professionnelles et la volonté de ré équilibrer les pouvoirs au profit des plus démunis
• Qu’est-ce que la perspective de DPA apporte de nouveau dans le champ des pratiques sociales?
• Quels sont les postulats et principes ainsi que les impacts psychosociaux du DPA?
Questions pertinentes au DPA • Qu’est-ce qui pose problème? • Qui définit le problème? • Qui a les ressources nécessaires à sa résolution? • Qui est le mieux placé pour définir les solutions efficaces? • En quoi la résolution du problème contribue-t-elle au renforcement
des réseaux/de la communauté? • La solution proposée contribue-t-elle au développement d’une
société plus juste? Une utopie à prendre au sérieux
Addictions et DPA: postulats et principes
• Les difficultés vécues par les personnes dépendantes sont plus souvent une conséquence de leurs conditions de vie
• La pauvreté, la vulnérabilité sociale et économique (liens sociaux faibles; travail précaire, chômeurs de longue durée, immigrants en difficulté d’intégration, SDF, etc ) créent le sentiment de « perte de contrôle » sur leurs conditions de vie et sur leur estime personnelle
• Le processus d’appropriation du DPA passe par la croyance des personnes en leur capacité d’agir par elles-mêmes et de contribuer à l’amélioration de leurs conditions de vie
• Pouvoir d’agir individuels mais plus regroupés pour sortir de la conception + individuelle des problèmes des dépendances
• Est-il possible de réduire la détérioration des conditions qui génèrent ces mêmes dépendances et problèmes?
Le DPA: Essai de définition • Le DPA relève plus d’un processus multidimensionnel que d’un état • Multi niveaux: s’applique aux personnes, organisations ou
communautés; considère l’ensemble des facteurs influençant la prise de pouvoir des personnes (Zimmerman et al, 1988; Dunst et al., 1992). »
• Le DPA suppose : une présomption des compétences des personnes, la prise en compte des dimensions individuelles et sociales des problèmes, la reconnaissance des facteurs d’inégalité sociale comme obstacles au développement des compétences
• La reconnaissance de la capacité d’autodétermination des personnes vues comme des agents actifs capables d’évoluer et de transformer leur environnement social pour répondre à leurs besoins.
Le DPA: Essai de définition • De nature égalitariste, le DPA reconnaît les compétences des plus
vulnérables et valorise la complémentarité des compétences professionnelles et expérientielles (Le Bossé)
• De l’exclusion sociale et économique au pouvoir de participation • Instrument de progrès social destiné à augmenter l’accès aux
ressources des laissés pour compte
Le DPA: fondements et principes • Trois concepts sont au centre du DPA • 1-Savoirs : savoir, savoir être, savoir faire et savoir dire • 2-Croyances/valeurs: rencontre de 2 systèmes psychosociaux
(processus subjectif, sentiments d’impuissance, etc) • 3- Pouvoir : l’action, passer de la passivité à une mobilisation, qui se
mobilise devient plus l’acteur de sa vie
Le DPA: fondements et principes • A) Le paradigme central dans le DPA est de reconnaître que la
personne est détenteur de pouvoir et de compétences (expert de sa vie) • B) Le rôle de l’intervenant est de placer les individus au cœur du
processus d’intervention • Enjeux: passer du professionnel au « compagnon de projet » en tant
que facilitateur des passages/de créer des conditions + propices aux changements
Le DPA: quelques fondements • Le DPA n a de sens que s’il est orienté vers le changement personnel
et social • Cela permet une réponse + psychosociale que pathologisante/médicale
Conditions de réussite en intervention • Croire que le changement est possible • Reconnaître et travailler avec les forces des personnes • Se placer en relation égalitaire • Accepter d’être influencé par le pouvoir d’agir de l’autre • Accorder une priorité + au processus d’appropriation du
pouvoir d’agir pour des résultats durables • Percevoir le temps comme un outil et non une limite • Regrouper les acteurs concernés (universalité) • Reconnaître les possibilités infinies de passages entre les
trajectoires des personnes et des communautés (circularité) • Faciliter la compréhension du processus d’appropriation du
pouvoir d’agir (accessibilité)
Étapes préalables à l’action • Questions de l’intervenant Quelle est la mission de mon organisme?
• Quel est mon mandat et mes marges de manœuvre? • Quel est mon réseau d’appui?
• Assurer la participation des personnes et de leurs communautés • Aménager un accueil et instaurer l’accompagnement continu • Identifier avec les personnes leurs champs d ’intérêt pour
l’action • Inviter les personnes à participer à partir des forces identifiées
• Ex: implantation du 2ème casino à Pointe St Charles
Pouvoir/savoir(Foucault) et DPA L’acte professionnel comme acte de DPA ne peut être séparé du changement personnel et social
• Dans la mesure où le pouvoir est présent dans toutes les sphères incluant la relation d’aide, il est primordial de s’interroger sur sa place dans le rapport et l’influence qu’il a sur l’intervention.
• Pouvoir : « renvoie à l’action, à la capacité de créer une différence dans le cours des événements (Giddens, 1987). »
• Ré appropriation active du pouvoir individuel ou collectif • Le DPA nous renvoie au fait à notre propre relation au
pouvoir • Ex: Accompagner un enfant à faire du vélo avec ses parents
dépendants et pauvres pour la 1ère fois est du DPA
Le DPA: Aider sans nuire • Pouvoir d’agir : « pouvoir qui permet aux individus de poser des
actions, ou de ne pas en poser, afin d’assurer leur bien-être et d’améliorer leur situation, et ce, sans crainte de conséquences (Shera et Wells, 1999). »
• DPA structurel : « critique du système social visant la reprise du pouvoir au plan politique (Viriot Durandal et Guthleben, 2002).
• DPA technocratique : repose sur le maintien de l’autonomie des « usagers » et favorise leur indépendance par rapport aux services.
• Référence aux concepts d’autodéfinition des besoins, de partenariat dans l’intervention, de relation égalitaire (Aronson, 2002).
• DPA au quotidien : provient du contrôle de l’espace personnel, d’être capable de le modifier et de choisir (Morin et al., 2003). »
Paradoxes entre discours et réalité ���• La défense de droits n’est pas toujours du DPA lorsque
l’intervenant agit sans le consentement ni la connaissance des personnes dont il défend les intérêts (Swift et Levin, 1987: 184)
• Encourager l’autonomie OK, que faire quand les décisions de personnes dépendantes et vulnérables compromettent leur sécurité ou celle d’autrui?
• Mettre à jour les contradictions entre cadre théorique et efforts d’application: capacité de questionner les rapports de pouvoir dans la pratique en dépit de leurs bonnes intentions
Outils cliniques et DPA: du contrôle à la collaboration
• S’entendre: il ne s’agit pas seulement de l’identification des objectifs à atteindre mais des façons d’être ensemble (éthique relationnelle, constance, congruence, respect et confiance)
• S’allier/s’affilier: La relation entre le thérapeute et le client est un élément clé de la thérapie.
• 3 éléments participent à créer cette alliance thérapeutique : • 1- Avoir des buts partagés • 2- Une reconnaissance des tâches mutuelles. Le client s’implique et le
thérapeute apporte de l’aide comme accompagnateur • 3- Un lien d’attachement entre le thérapeute et la personne, basé sur la
confiance mutuelle, l’acceptation et l’empathie
Pourquoi inclure les réseaux/familles? • Le réseau/famille occupe une place prépondérante dans la
résolution "privée"des problèmes sociaux et familiaux , sinon + connus dans l'espace public + de prise en charge
• Les liens sociaux et le soutien par les proches représentent 85% des facteurs de réussite
• + de personnes sont impliquées qui autrement n’auraient pas été inclues dans le traitement
• Si des parents sont aidés aujourd’hui, ils seront + compétents dans le futur (prévention)
Quelques effets prometteurs • Contribue à moins blâmer l’individu en co-
responsabilisant les proches du système • À créer de l’espoir dans le réseau/famille • Constitue une occasion de mettre à jour les liens
sociaux et les rôles respectifs • Permet d’explorer le potentiel du réseau de support
pour la personne dépendante • Aux proches de se percevoir également comme des
acteurs compétents durant le processus
Autres considérations cliniques pour le DPA
• L’intervention est subjective • Rencontre de 2 systèmes psychosociaux • Seconde cybernétique • L’équifinalité • La compétence • L’information pertinente • Le temps • Le chaos • Auto Référence : propre santé mentale
Autres considérations cliniques pour le DPA • La pratique clinique ne cadre pas souvent avec la
science, l’évolution du patient est unique • Qui tient le projecteur sur le lieu de la scène en
décidant d’éclairer tant de % plutôt que d’autres? l’usage des instruments n’est pas neutre.
• Appropriation du pouvoir plutôt que prise en charge • 4 éléments: exercer des choix, participer aux
décisions, utiliser son potentiel, pouvoir connaître et défendre ses droits
Vers un DPA du changement psychosocial • Le DPA n’est pas une solution miracle, ce qui change c’est qu’au lieu
de faire partie du problème, l’intervenant contribue plus au développement de la solution
• Une période d’apprentissage et des erreurs de parcours sont inévitables en intervention, les inclure dans le processus
• Travailler simultanément sur les déterminants sociaux des conditions qui génèrent les problèmes c’est contribuer au renouvellement des pratiques et à la résolution des problèmes liés aux dépendances
Vers le changement personnel et social • Peut-on passer de la symptomatologie à l’étiologie tout
en offrant l’accompagnement personnalisé? • Le DPA c’est créer les conditions propices pour
s’affranchir de ses dépendances tout en améliorant des sphères de son style de vie
• Le pouvoir est dans le patient. Peut-on souffrir sans disparaître?
Le mot de la fin On gagne plus en amplifiant les forces et les compétences des personnes et de leur réseau social et familial qu’en s’acharnant à faire disparaître leurs défauts (Ausloos)