11
La Revue des Etudes byzantines est ouverte a tous les chercheurs qui desirent I'utiliser pour publier leurs travaux et elle offre desormais plus de place aux apports exterieurs. Sont accept6es, apres examen, toutes les etudes et notes qui portent sur les divers domaines de l'histoire et de la civilisation byzantines. INSTRUCTIONS AUX AUTEURS I. On veiliera a presenter un manuscrit ciair, aere et sans surcharges. Le texte sera dactylogra- phie avec un double interligne. 2. On dactylographiera sur des feuilies separees les notes, qui seront presentees en nllmerota- tion continlle. Les appels de notes seront inscrits dans le texte en position haute et sans parentheses. Dans la redaction des notes, I'autellr se conformera alltant que possible aux normes suivies par la revue. 3. Le grec sera egalement dactylographie. Dans la mesure du possible, les mots grecs isoles seront translitteres. 4. L'auteur fournira lui-meme le resume dont la revue accompagne chaqlle articie. Le texte sera redige dans la me me langue que I'articie et sous une forme impersonnelie. 5. Une seule epreuve, apres mise en pages, est fournie it l'auteur. 6. A la parution de la revue, I'auteur reo;:oit 30 tires apart de son articie. f REVUE DES ETUDES BYZANTINES TOME 44 ANNEE 1986 Publie avec le concours du Centre National de la Recherche Scientifique INSTITUT FRAN<;AIS D'ETUDES BYZANTINES PARI S 1986

A.failler, La Proclamation Impériale de Michel VIII Et D'Andronic II

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A.failler, La Proclamation Impériale de Michel VIII Et D'Andronic II

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  • La Revue des Etudes byzantines est ouverte a tous les chercheurs qui desirent I'utiliser pour publier leurs travaux et elle offre desormais plus de place aux apports exterieurs. Sont accept6es, apres examen, toutes les etudes et notes qui portent sur les divers domaines de l'histoire et de la civilisation byzantines.

    INSTRUCTIONS AUX AUTEURS

    I. On veiliera a presenter un manuscrit ciair, aere et sans surcharges. Le texte sera dactylogra-phie avec un double interligne.

    2. On dactylographiera sur des feuilies separees les notes, qui seront presentees en nllmerota-tion continlle. Les appels de notes seront inscrits dans le texte en position haute et sans parentheses. Dans la redaction des notes, I'autellr se conformera alltant que possible aux normes suivies par la revue.

    3. Le grec sera egalement dactylographie. Dans la mesure du possible, les mots grecs isoles seront translitteres.

    4. L'auteur fournira lui-meme le resume dont la revue accompagne chaqlle articie. Le texte sera redige dans la me me langue que I'articie et sous une forme impersonnelie.

    5. Une seule epreuve, apres mise en pages, est fournie it l'auteur. 6. A la parution de la revue, I'auteur reo;:oit 30 tires apart de son articie.

    f

    REVUE DES

    ETUDES BYZANTINES

    TOME 44 ANNEE 1986

    Publie avec le concours du Centre National de la Recherche Scientifique

    INSTITUT FRAN

  • In memoriam

    LUCIEN STIERNON (27 mars 1921-11 janvier 1986)

    Natif de Chtelet (Belgique), Lucien Stiernon rejoint Paris en 1952 pour travailler a I'Institut franyais d'Etudes byzantines. Apres y avoir passe une vingtaine d'annees, il le quitte en 1970, regagne la Belgique et se consacre a d'autres activites. Lorsqu'il prend sa retraite en 1981, il retrouve ses travaux de byzantiniste et les poursuitjusqu'a la fin. La cruelle maladie qui l'avait frappe lui laisse une courte remission, avant de l'enlever a la veille de ses soixante-cinq ans.

    La signature de Lucien Stiernon apparait dans la Revue des Etudes Byzantines en 1955 : dans le tome 13, il signe trois recensions. Plus tard, de 1959 a 1966, il y publie six articles : le premier est une etude sur I'Etat autonome de I'Epire, incorrectement qualifie de despotat, comme il a ete un des premiers a le demontrer ; les suivants concernent la prosopogra-phie et la titulature byzantines , pour reprendre le titre general qu'i! leur a donne, de l'epoque des Comnenes et des Anges. On trouvera la liste des articles parus dans la REB dans le volume de tables de cette revue (tome 41, 1983, p. 33). Citons aussi sa communication au XIIe Congres international des Etudes byzantines (1961), intitulee Les origines du despotat d'Epire et parue dans le volume II des Actes (Belgrade 1964, p. 197-202), ses recensions d'ouvrages dans la REBde 1955 a 1970 (tom es 13, 15,21,27 et 28) et ses notices dans diverses encyclopedies.

    Lucien Stiernon avait entrepris ces dernieres annees la traduction de l'ouvrage de C. Varzos sur les Comnenes CH ycv&aAoyia ,mv KOf.1VTJvmv, Thessalonique 1984), dont il projetait de publier, en franyais, une version abregee. Sur les cent quatre-vingt-quinze notices que contiennent les deux tomes de C. Varzos, il avait redige une version abregee des trente-deux premieres. Il a poursuivi ce travail jusqu'a ses derniers jours.

    TABLE DES MATIERES

    I. ARTICLES

    I. J. DARROUZES, Sur les variations numeriques des eveches byzan-tins ..................................................................................................... .

    2. P. GAUTIER, Deux manuscrits pselliens : le Parisinus graecus 1182 et le Laurentianus graecus 57-40 ......................................... .

    3. P. GAUTIER, Quelques lettres de Psellos inedites ou deja editees 4. J. A. MUNITIZ, A missing chapter from the typikon of Nikepho-

    ros Blemmydes ................................................................................. . 5. P. SPECK, Klassizismus im achten Jahrhundert? Die Homelie des

    Patriarchen Germanos ber die Rettung Konstantinopels ........ 6. Persephone ANTONIOU, Sur une epigramme byzantine contenue

    dans le Marcianus graecus 507 .................................................... .. 7. J.-c. CHEYNET, Note sur l'axiarque et le taxiarque .................. .. 8. A. FAILLER, La proclarnation imperiale de Michel VIII et

    d' Andronic I I .................................................................................. .. 9. A. FAILLER, L'eglise des Ancnitains a Constantinople ............ ..

    10. L. MARGETIC, Toparque, tep'ci (topoteretes) et dad en Croatie au 11 e siecle .......................................................................................... ..

    11. N. OIKONOMIDES, Apropos d'une nouvelle publication de sceaux byzantins ........................................................................................... .

    12. Ch. WALTER, Christological Themes in the Byzantine Marginal Psalters from the Ninth to the Eleventh Century ....................... .

    11. - BIBLIOGRAPHIE

    ACHEIMASTOU-POTAMIANOU Myrtale, H .1lOvf] TWV

  • 338 REVUE DES ETUDES BYZANTINES

    BLDRIESI Roberta, Enlroterra ravennate e orizzonti barbarici. .. ................ 301 Byzantine (The) Aristocracy. IX to XlII Centuries .. 30 I Bu(/tvrw,;. Festschri/i fr Herber! Hunger zum 70. Geburtstag. 303 Byzantium and the Low Countries in the Tenth Century. Aspeets o/Art and History

    in the Ottonian Era ................................................................................... 304 Bvzanz und der Westen. Studien zur Kunst des Europischen Mittelalters ............ 324 Cahiers archeologiques. 32 .......................................................... 325 CHARAI.AMPIDES K. P., '0 aTwKt:ipaAtcr,uo; revl' ,uapn;pwv ci,; ra,; iaropIKOipl}c!)AOY1-

    Ka; Jr/]ya,; Kai TI]V BusavTlviw r!:XV1]V ........................................................ . 304 Collegio (11) greco di Roma. Ricerche sugli alunni. la direzione, l'attivita 305 Cmm BIZZARRO F., Demetrio Crisolora. Cento epistole a Mamlele 11 Paleologo.. 292 Corpus Papyrorum Raineri, VII312 et IX/6 ............................... ......................... 331 COUNE M., laie de la Tran.~figuration d'apres les Peres d'Orient ............................ 292 Cupido legum .............................................. ,................................................................... 306 DAGRON G., ,Constantinople imaginaire. Etudes sur If! reeueil des Patria ........ 307 DES PLACES E., Eusebe de CI!saree. La Preparation Evangelique, XII-XIII 293 Eikon. Fichier de la bibliotlu?que d'etude de l'icne du Professeur E. Voordeckers 332 GEANAKOPLOS D. J., Byzantium. Church, Society, and Civilization Seen through

    Contemporary Eyes .................................................................................................... 308 GREGORlou-lANNIDou Martha, llapaK/-l1) Kai JrTWm] roO (}t:,IWTlKOlJ (}t:CJ,uoD ........ 309 GRILLET B., SABBAH G., FESTUGIERE A.-J., Sozomene. Histoire Eedesiastique ........ 294 HALKIN F. et FESTUGIERE A.-J., Dix textes im!dits tires du Menologe imperial de

    Koutloumous .............................................................................................................. 294 HLLGER W., Die handschriftliche berlieferung der Gedichte Gregors von Nazianz.

    I. Die Gedichtgruppen XX und Xl.......................................................................... 310 HUNGER H., KRESTEN 0., HANNICK Ch., Katalog der griechischen Handschriften der

    sterreich ischen Nationalbibliothek. 312. Codices Theologici 101-200 ................ 295 IMPELLIllERI S., CRISCUOLO U., RONCHEY Silvia, Micheie Pse!lo. Imperatori di

    Bisanzio (Cronograjia) .............................................................................................. 296 KALAVREZOU-iv!AXEI~ER loli, ~;;zantine Icons i;Z Steatite, I-I! ................................ 326 LAMPslDEs 0., Eippaz,u roD AlVWV Xpovoypaipta ...................................................... 332 LAouRDAs B. et WESTERINK L. G., Photii patriarchae Constantinopo/itani Epistulae

    et Amphilochia, 2-3 .................................................................................................... 296 LEDER S., Die arabische Ecloga. Das vierte Buch der Kanones der Knige aus der

    Sammlung des Makarios .......................................................................................... 332 Lexikon des Mittelalters, IIII4-6 ................................................................................ 310 Lo CASCIO F., Apo!lonio Tianeo. Epistole e frammenti .............................................. 333 MANGO c., Le developpement urbain de Constantinople (IV'-Vll" siedes) ............ 311 MAUROMATE-KATSOUGIANNOPOULOU SouItana, 'H Xpovoypaipia roD M1Xar,A n,vK

    Kai oi Jr1]Y!:'; Tl]'; (J[[;piooo,; 100 Jr.x. - 1118 ,u.X) ................................................ 311 MEl.AlZO L., Calendario siciliano. 11 teslO dei codice Messinese greco 107 ............ 333 Memorial Andre-Jean Festugit?re. Antiquite pai'enne et chretienne .......................... 312 MERCIER Ch., Phi/on d'Alexandrie. Quaestiones et solutiones in Gene-

    sim llI-IV-V-VI e versione armeniaca ...................................................................... 333 MpouRDARA Kalliope A., Kaf)oO'iwat,; Kai Tupavvi,; KaTa TOt),; j.l!:O'ov,; BvSavTlvov,;

    Xpovov,;, 1056-1081 .................................................................................................... 313 MpouTslKAs A. D., 'H apxaia "HAl';. Mv(}oAoyia, 'JaTOpia, PXatOAoy[a, Aaoypa-

    ip[a .............................................................................................................................. 314 MpouTslKAs A. D., H ippaYKoKpaTia O'Tl]V H).da (1205-1428). H KVptapx[a rwv

    ~!:vwv Kat 1] JrOAlTlKf7 TOV';, I .. ................ .............. .......... ................ ............ .............. 314 MUNITIZ J. A., Nicephori Blemmydae Autobiographia sive curriculum vitae necnon

    Epistula ,universalior .................................................................................................. 297 NTOUROU-ELIoPOULOU Mafia, 'H v8t:yavlKr, KVptapx[a O'n)v Pw,uavia !:Jri Kapo-

    AOV A' (1266-1285) ...................................................................................................... 314 OUTTIER B. et ALlI, Let/res des Peres du desert Ammonas, Macaire, Arsene, Serapion

    de Thmuis ........ ........................................ ................ .............. ............ .............. .... ........ 292 PAPATRIANTAPHYLLOu-THEoDRIDE Nike, 'H X&lpoypaip1] Jrapaoo07] Tet)V ifpywv roD

    NlK1]ipOPOV Xov,uvov (1250/55-1327) ........................................................................ 315 PAPOULIDES K. K., To PWatKO ApXaLOAoYlKO !VO'TlTOVTO KwvO'mvTlvovJrOACW';

    (1894-1914) .................................................................................................................. 316

    TABLE DES MATIERES

    PARAMcLLE J., Phi/on d'Alexandrie. Questions sur la Genese 11 1-7 ...................... . PETERSEN W. L., The Diatessaron and Ephrem Syrus as SOl/rees (If Romanos the

    Melodist ........................................ ..................... .. ................................. .. PINGREE D., The astronomical works o{ Gregory Chioniades. I. The Zz] al-'Al 'I, I PIOMPINOS Ph. 1., "EAA1]I'C'; aYLOypaipOI ,U(;Xpl ro 1821 ........................................... .. PITSAKES K. G., T KW}"V/-lfi ya,uov },oY(V avyycvda,; !:oo,uov a(},uoO!:~ alparo,; ar

    BvsavTlv oiKaLO ................................................................................................. .. l/olKiAa BvsavTlva. 4. Varia! ......... .. ................................................................ . llpaKTlKa I:v,u,!oaiov KUJrptaK17'; '1aropfa,; {1lE:uKwaia, 2-3 Malm} 1983) .............. ..

    REVEl.-,NEHE~ Elisabeth, L'arche d'alliance dans l'art juif et ehretien du second au dlxleme slecles. Le slgne de la rencontre ............................................................. ..

    SALACHAS D. 1., To ,UVO'Tr,pLO roD yaf-/OV O'T v!:o Kc[;olKa KavOl'IKoO LllKaiov rTi; Pw,uaLOKaf)oAlKTi,; 'EKK},7]O'ia; ................................................................................. . S~l.IM A. M., Oi aVTlKvr:pvl]TlKi:,; O!:al:l'; O'rf]v Ai'yvJrro aJro r 284 c/)O; ro 45/ ,u.X Septuaginta (La) en la investigaci6n contemporanea ............................................... . Simposio Biblico Espanol (Salamanca, 1982) ............................................................. . SOPHIANOS D. Z., '0 vwpaprupa,; MlXar,A Mavpoclory,; 0 optavovJroAlrl]';

    (i' ca. 1490, optaVOt)JrOA1]) ................. ; .................................................................. .. Survey archeologique des Kellia (Basse-Egypte). Rapport de la campagne 1981 .. .. THIERRY Nicole, Haut Moyen Age en Cappadoce. Les eg/ises de la region de

  • LA PROCLAMATION IMPERIALE DE MICHEL VIII ET D'ANDRONIC II

    Albert F AILLER

    Les etapes de I'accession au pouvoir de Michel VIII Palaiologos sont desormais bien etablies, grace a I'Histoire de Georges Pachymeres, aux discours de Manuel Holoblos et a plusieurs chroniques breves, dont la Chronique de 1352. On peut negliger le recit partial de Georges Akropoli-tes, car le partisan de Michel VIII se contente de brosser un tableau general, ou ne ressort aucun detail precis. Quant a l'expose de Nicephore Gregoras, qui a beneficie longtemps de la preference des historiens et egare les plus autorises d'entre eux, G. Ostrogorsky et F. Dlger, il ne donne de cette epoque qu'une vue succincte et souvent inexacte dans le detail, comme V. Laurent l'avait signale des 19371 Les donnees concordantes des sources autorisent a etablir le calendrier suivant : Michel Palaiologos fut procIame empereur le ler janvier 1259 au palais de Nymphee2, il fut couronne par le patriarche Arsene une premiere fois a Nicee en 1259 et une seconde fois a Constantinople, apres la reprise de la Ville par les Byzantins, en septembre-octobre 1261 3

    I. Sur la chronologie de l'accession au pouvoir de Michel VIII, voir A. FAILLER, Chronologie et composition dans I'Histoire de Georges Pachymere, REB 38, 1980, p. 39-44, 65.

    2. La mention du lieu se trouve aussi bien chez Manuel Holoblos que dans la Chronique de 1352. Nicephore Gregoras place la proc\amation a Magnesie, ce qu'il a pu deduire du recit de Georges Pachymeres, imprecis sur ce point. Il est vrai que les deux villes n'etaient distantes que d'une vingtaine de kilometres. Mais on ne voit pas comment il est possible de fondre les deux donnees, comme le fait Aikaterine CHRISTOPHILOPOULOU (H ewnacrtA.eia Ei

  • 238 A. FAILLER

    Les trois etapes sont c1airement indiquees dans I'Histoire de Georges Pachymeres : proc1amation, premier couronnement a Nicee, second cou-ronnement a Constantinople. La premiere phase n'appelle aucune remar-que particuliere : le I er janvier 1259, Michel Palaiologos fut proc1ame empereur au palais de Nymphee. Bien qu'on ne connaisse pas dans son detail la ceremonie de la proc1amation, on peut affirmer qu'elle comprenait trois rites essentiels : prise des insignes imperiaux et en particulier des chaussures rouges, elevation sur le pavois et acc1amations. Ceremonie civile, malgre sa reference religieuse, la proc1amation se deroulait dans une enceinte civile. Le couronnement, au contraire, etait devenu une ceremonie ecc1esiastique, que presidait le patriarche dans une enceinte ecc1esiastique. Cela etant, la question se pose et l'opinion a ete avancee d'une nouvelle proc1amation a l'occasion de chacun des deux couronnements de Michel VIII.

    Ainsi, F. Dlger pense que le second couronnement de Michel VIII a Sainte-Sophie de Constantinople fut accompagne d'une nouvelle proc1a-mation imperiale4. Adoptant les memes premisses, P. Wirth affirme que le premier couronnement fut egalement precede, le meme jour, d'une deuxieme proc1amation imperialeS. En resumant les ceremonies concernant les trois phases, on obtient donc, selon P. Wirth6, le tableau suivant :

    - I,,,e proc1amation a Nymphee (au palais imperial, residence des empereurs de Nicee),

    - 2C proc1amation et ler couronnement a Nicee (sans doute a Sainte-Sophie),

    - 3e proclamation et 2C couronnement a Constantinople (a Sainte-Sophie).

    Le schema parait surprenant. La proc1amation est un acte parfait et definitif, d'autant plus que Michel VIII acquit des le depart le titre de basileus et autokrat6r. Une fois qu'il eut revetu les chaussures rouges, qu'il eut ete eleve sur le pavois et acc1ame, il possedait le caractere imperial. Rien ne vint, apparemment, faire obstac1e a son pouvoir ou I'abroger. Pourquoi des lors renouveler une telle ceremonie ? On comprendrait a la rigueur la reiteration de la proc1amation avant le second couronnement a Constanti-

    4. En deux pass ag es successifs, l'historien distingue bien les deux rites : ... Ende August 1261 Michael Palaiologos in der H. Sophia erneut zum Kaiser ausrufen lie und zum zweiten Male krnte (F. DLGER, Die dynastische Familienpolitik des Kaisers Michael Palaiologos [1258-1282], Festschrift E. Eichmann, 1940 = napaanopa, Ettal 1961, p. 180) ; Michael VIII. selbst... erneut zum Kaiser ausgerufen und vom Patriarchen ein zweites Mal gekrnt wurde (ibidem, p. 185).

    5. P. WIRTH, Die Begrndung der Kaiserrnacht Michaels VIII. Palaiologos, JBG 10, 1961, p. 85-91, surtout p. 85-86; F. DLGER-P. WIRTH, Regesterr-, Munich 1977, p. 60 (avant le n 1857).

    6. P. WIRTH, art. cit., p. 91.

    LA PROCLAMATION IMPERIALE DE MICHEL VIII ET D'ANDRONIC 11 239

    nople, dans la mesure ou l'empereur de Nicee devenait empereur de Constantinople, Mais pourquoi renouveler, lors du premier couronnement a Nicee, une proc1amation qui s'etait deroulee quelques semaines plus t6t a Nymphee, dans les formes voulues ?

    Les conc1usions de F. Dlger et de P. Wirth ont un seul fondement : un texte du rheteur Manuel Holob610s. Si la conc1usion de F, Dlger parait, au premier abord, plus logique sur le plan institutionnel, celle de P. Wirth epouse mieux par contre le recit de Manuel Holob610s, tel du moins que I'interpretent les deux historiens. Si l'on admet une deuxieme proc1amation de Michel VIII, il n'y a en effet, comme p, Wirth le souligne justement\ aucune raison de refuser une troisieme proc1amation.

    Voyons le texte, Dans un eloge adresse a Michel VIII, Manuel Holob610s ecrit que le prince couronne par Dieu fut proclame pour la troisieme fois basileus et autokrat6r par une foule innombrable a Constantinople en 1261 8

    Avant d'expliquer le sens de ce passage, qui doit etre replace dans le contexte, iI est utile de resumer l'eloge imperial, dont on peut donner le plan suivant :

    L Introduction : sur le tribut annuel offert par le rheteur a l'empereur et sur le contenu des deux eloges precedents (p. 78 1_81 11 ).

    2. Actions imperiales et evenements au lendemain de la prise de Constantinople :

    - l'eloge de l'empereur pour la conquete de la Ville (p. 81 12_8435), - ses actions en I'honneur de Dieu et en faveur des hommes

    (p. 8436_888), la mise au pas des Italiens (p. 889_9033),

    - la naissance du porphyrogenete9 (p. 9034_92 15), - la proclarnation de I'empereur (p. 92 16_9431 ). 3. Conc1usion : sur la renaissance de la culture a Constantinople

    (p. 9431 _988). Les deuxieme et troisieme proc1amations de Michel VIII ont pour seul

    fondement le troisieme eloge de l'empereur par Manuel Holob610s. Suivant la chronologie des evenements narres dans les eloges, c'est dans le premier d'entre eux qu'est rapportee l'accession de Michel VIII au pouvoir,

    7. Ibidem, p. 86. 8. ... iOetv ae Kai 'tphov J.u';yav avayopcu6fLeVOV 1tapa fLUptq> 1tA."Sel aatAta Kai

    mJ'tOKpa'tOpa (M. TREU, Manuetis Holoboti orationes, Postdam 1906-1907, p. 9219.2~. Ce passage est cite par P. WIRTH (art. cit., p. 85). Le deve10ppement de F. Dlger est plus vague. Une analyse rigoureuse du texte l'aurait conduit aux memes conclusions que P. Wirth. La date a laquelle fut prononce le discours n'intervient pas dans le present raisonnement; elle sera examinee plus loin pour un autre probleme (ci-dessous, p. 245).

    9. Constantin, le troisieme fils de Michel VIII, naquit au palais, et plus precisement dans la salle de la Porphyra, dont il tire le nom sous lequel il sera connu.

  • 240 A. FAILLER

    c'esHl-dire sa premiere proclamation, mais l'orateur n'en traite que brieve-ment et par preterition lO Il n'enumere pas les rites de la proclamation et du couronnement, mais mentionne simplement les insignes du pouvoir impe-rial: les souliers rouges et le diademe. L'introduction du deuxieme eloge, Oll est resume le discours precedent, rapporte, sans plus, que Michel VIII avait ete proclame empereur

    " ; la conclusion du deuxieme eloge, o est

    annonce le theme du discours suivant, evoque le deuxieme couronnement de l'empereur a Constantinople en 1261 '2, sans faire etat d'une deuxieme proclamation. Ainsi, seul le troisieme eloge mentionne, dans le dernier point du developpement, une tripie proclamation imperiale de Michel VIII.

    Si on examine le contexte, on decouvre du meme coup le but que poursuit l'auteur : etablir un parallele entre le roi David et l'empereur Michel VIII. Le procede litteraire exige qu'a la tripie onction du premier corresponde aussi une tripie consecration imperiale du second 13 Le jeune David fut oint une premiere fois par Samuel (I Samuel 16, 13), une deuxieme fois par la tribu de Juda a Hebron (11 Samuel 2, 7) et une troisieme fois a Hebron par les anciens d'Israel, lorsqu'il devint le roi de toutes les tribus (II Samuel 5,3). Oe meme, ecrit le rh6teur, Michel Palaiologos fut proclame une premiere fois a Nymphee en Ionie, une deuxieme fois a Nicee et une troisieme fois a Constantinople. La tripie proclamation de David est deja mentionnee dans le premier eloge '4, mais

    10. M. Treu, p. 352.21 . 11. acrt4u14 .... op6'l KUKEI TV acrtAta Kai npo

  • 242 A. FAILLER

    d'un patriarche. Il semble que, dans certains cas, les deux termes puissent englober I'ensemble des ceremonies de la procIamation et du couronne-menel, mais il demeure excIu que la ceremonie du couronnement soit qualifiee, a elle seule, de procIamation ou que le couronnement soit precede d'une nouvelle procIamation. Dans le cas present, la tri pie procIa-mation de Michel VIII est induite par la tripie onction du roi David.

    Au sens propre, le terme procIamation ne convient ni au roi David ni a I'empereur Michel VIII. Dans le cas du roi David, il indique un rite d'onction22 ; dans le cas de Michel Palaiologos, il designe successivement la proclamation au sens strict et le double couronnement. 11 faut donc I'entendre dans un sens large, image ou metaphorique.

    Soulignons, pour terminer, que Manuel Holoblos indique, de maniere explicite, que la ceremonie se deroule tout entiere a Sainte-Sophie23, et non dans une enceinte civile, comme I'impliquerait une procIamation avec elevation sur le pavois. Le recit de Georges Pachymeres concernant la procIamation imperiale de Michel IX a I' Augousteon et son couronnement a Sainte-Sophie temoigne de la difference de caractere des deux ceremo--nies, la premiere etant civile et la seconde eccIesiastique24

    On peut concIure que Michel VIII beneficia, comme il est naturei, d'une seule procIamation imperiale, qui se deroula le I er janvier 1259 au palais de Nymphee; les deux couronnements de I'empereur par le patriarche Arsene, le premier a Nicee et le second a Constantinople, ne furent pas precedes chacun d'une nouvelle procIamation.

    * **

    21. On peut donner comme exemple les deux emplois du verbe avayopEuElV par le PsEUDO-KDINOS (J. Verpeaux, p. 256', 25722-") ; dans le second cas, on attendrait un participe passif aoriste au lieu du present, puisqu'il est question du couronnement d'un empereur qui a ete proclame au prealable ; voir, a ce sujet, Aikaterine CHRISTOPHILOPOU-LOU, 'EKAOyi}, avay6pEV(y!~ Kai (jTi:"'I~ roD Bv(avTlvoD aVToKparopo~, Athenes 1956, p. 189, avec la note 4. Si on ajoute un passage du De cerimoniis (A. Vogt, H, p. 19 '6) et un autre de ThCodore Skoutarites reprenant le texte de Georges Akropolites ('End Oi; aVT\yopEuOl] Kai aO'lAtu~ 0 aotA.tu~ Mlxai]A. Akropolites : 'EnEi OE Kai Ti]v O"tc

  • 244 A. FAILLER

    qu' Andronic est deja empereur en aout 1261 et qu'il est ge de moins de deux ans; mais les deux elements sont manifestement faux 31

    La demonstration de F. Dlger s'appuie donc uniquement sur le discours de Manuel Holobolos. En premier lieu, il cite le discours catechetique que le rheteur composa au nom du patriarche Germain III (1265-1266). Ce discours se clot par une priere pour l'empereur, dans laquelle il est fait mention de son fils tres doux, notre saint maHre et empereur 32. Il s'ensuit qu'a la date Oll fut compose le discours, c'est-a-dire en 126533 , Andronic etait deja revetu de la dignite imperiale.

    F. Dlger fait appel en second lieu a deux des trois eloges adresses par le meme Holobolos a Michel VIII. Tout d'abord, dans la conclusion du deuxieme eloge, le rheteur mentionne, au moment d'annoncer par avance le contenu du troisieme eloge, la presence d'Andronic34 De fait, le troisieme eloge contient une longue description du couronnement de l'empereur a Sainte-Sophie de Constantinople ; il s'agit du texte qui a ete analyse plus haut, apropos d'une pretendue troisieme proclamation imperiale de Michel VIII. On y signale a nouveau la presence d' Andronic aupres de ses parents35

    Ces deux passages montrent en effet qu'Andronic est empereur au moment ou Manuel Holoblos prononce ses eloges, mais ils n'impliquent pas qu'Andronic est deja empereur au moment Oll se deroulent les faits, c'est-a-dire lors du couronnement de ses parents. Les deux expressions utilisees par le rheteur peuvent n'avoir qu'un sens general de presence. La premiere implique une participation d' Andronic au couronnement de ses parents (K0tVffiVV Exovn;s 1:OU1:OU Kai TV ... aatA{;a TV Ilf:yav 'AVOPOVtKOV), mais aucunement sa propre proclamation imperiale. La seconde expression est apparemment plus explicite : Andronic participait a la proclamation des empereurs ses parents36 ou, dans un sens plus precis, beneficia avec les

    31. Andronie II etait ne en 1258, sans doute au eours de l'ete ; au moment de l'entree a Constantinople, il allait probablement atteindre ses trois annees, s'il ne les avait deja ; voir A. FAILLER, La restauration et la ehute definitive de Tralles au l3e siecle, REB 42, 1984, p. 259-261.

    32. cruveqHx 1:i YAUKU1:thq> uii Kai ayiq> liJ.1rov ecrn6ru Kai acrlAeI (M. Treu, p. 192526). 33. F. DLGER (art. cU., p. 185) date de 1267 le patriareat de Germain III, eomme les

    historiens anterieurs. On sait a present que Germain fut patriarehe en 1265-1266; voir A. FAILLER, Chronologie et eomposition dans I'Histoire de Georges Paehymere, REB 39, 1981, p. 164-169. Divers passages du diseours suggerent que eelui-ei fut prononee peu de temps apres l'eleetion du nouveau patriarehe.

    34. Voir le texte cite a la note 12 (M. Treu, p. 7721 .22). Le premier eloge eontient egalement une allusion a Andronie (M. Treu, p. 5089) : 6 tJ.10~ ecrn6TIJ~ Kai amAet'J~, 0

    cro~ AeOV1:tTJ~ crK6J.1vo~ ... 35. Voir le texte eite a la note 18 (M. Treu, p. 9330-32). 36. Signaions l'emploi du pluriel basileis pour designer les souverains ou le couple

    imperial. Cette forme, relativement frequente dans les textes, n'implique done pas necessairement le regne simultane de plusieurs empereurs associes.

    LA PROCLAMATION IMPERIALE DE MICHEL VIII ET D'ANDRONIC Il 245

    empereurs ses parents de la proclamation (Tfis avayopUCmffis rots TKOOat Kai acn:\ocn Guvano:\aUffiv). Malgre l'ambivalence de la formule, le doute n'est cependant pas permis, car le terme avayopuats n'est pas employe ici dans un sens strict de proclamation imperiale : il indique, de maniere metaphorique et a travers le parallele etabli avec I'onction du roi David, le couronnement. Andronic y participa a sa maniere, mais il ne reyut pas la dignite imperiale. Repetons que la ceremonie qui se deroule a Sainte-Sophie ne peut etre une proclamation.

    Ainsi, la date de la proclamation imperiale d' Andronic est anterieure a celle du discours catechetique }) et des deux eloges de Manuel Holobolos. Si F. Dlger date avec raison le premier du patriarcat de Germain III, il pi ace, avec moins de bonheur, les deux eloges quatre ans plus tot, a la Noel 1261. En etudiant la chronologie de cette periode a travers I'Histoire de Georges Pachymeres, j'etais arrive a la conclusion que ces eloges sont posterieurs acette date et qu'ils doivent etre places en continuite avec le discours catechetique 37. La demonstration en a ete faite depuis lors par Ruth Macrides38 , qui a propose de dater les trois eloges de 1265, 1266 et 1267. Il n'y a pas grand-chose a ajouter a son expose. Il est probable que les cinq discours edites par M. Treu ont ete publies dans leur ordre chronologique : le premier dut etre compose peu de temps apres l'election de Germain au patriarcat et l'entree en charge de Manuel Holobolos ; le deuxieme, qui contient une allusion aux Hoges que l'auteur prononcera plus tard sur les exploits de l'empereur39, le suivit de peu ; les trois eloges imperiaux, qui narrent dans leur ordre chronologique les grands evene-ments du debut du regne, de 1258 a 1261, furent prononces au co urs de trois annees successives. On ne comprend pas comment F. Dlger a pu les dater tous les trois de la Noe11261, alors que l'orateur indique clairement qu'une annee s'ecoule entre chacun d'eux40

    Aux arguments que pro pose Ruth Macrides pour placer les trois eloges a partir de 1265 (ge de Manuel Holobolos, son entree en fonction en 1265, le laps de temps que supposent les actions accomplies par Michel VIII depuis la reconquete de la Ville), on peut ajouter deux points mineurs. D'une part, on s'etonne de ne pas voir citer le patriarche Arsene pour le second couronnement de I' empereur a Sainte-Sophie41 , si ce n' est

    37. Voir la reeension du fascicule 3 des Regesten, reedite par P. WIRTH, dans REB 37, 1979, p. 273, ainsi que REB 38, 1980, p. 63. .

    38. Ruth MAcRIDEs, The New Constantine and the New Constantmople - 1261 ?, Byzantine and Modern Greek Studies 6, 1980, p. 13-41, specialement p. 18-19.

    39. nEpi J.1EV ouv 1:o(mov scr1:at Kai aAAo1:E A6yo~ E1:EPO~ EJ.1oi 1:E Kai nap' tttpou;, oI~ E>wil J.1eyaAela neplKp01:!:Iv l' tq>i:crE(Jl~ (M. Treu, p. 21 24-25).

    40. M. Treu, p. 31 7, 51 25.28, 52 '8, 785-, 79"'''. . 41. La formule employee par l'orateur designe le synode en son entler, sans autre

    specification : napiiv 0 1:a~ J.1ucr1:lKa~ eucria~ tK1:EArov cr()Uoyo~ (M. Treu, p. 93"13).

  • 246 A. FAILLER

    par son nom - car ce genre de discours exclut les details trop precis -, du moins par sa fonetion ou par quelque autre allusion savante et recher-chee. 11 fut pourtant le celebrant principal de la ceremonie. L'omission s'explique mieux, si l'eloge n'est pas prononce en 1261, alors que le patriarche etait en paix avec l'empereur et en charge de I'Eglise, mais vers 1267, deux ans apres sa deposition. D'autre part, un passage du troisieme eloge indique clairement, me semble-t-il, qu'un laps de temps assez consi-derable separe la date du couronnement de Michel VIII a Sainte-Sophie, alors qu' Andronic n'etait encore qu'un enfant de trois ans, et la date du discours, a un moment Oll Andronic est devenu un jeune gar

  • 248 A, FAILLER

    nomme basileus des 1281 par son grand-pere51 , avait en effet ete proclame et couronne autokratr en 129452 . Nicephore Gregoras adopte le meme point de depart, lorsqu'il eva1ue les annees d'autocratorat d' Andronic II a cinquante au moment de la mort de l'empereur en 133253 Ainsi la version de Nicephore Gregoras est corroboree par Georges Pachymeres, sans compter qu'il ne parle plus d'evenements lointains, mais d'un fait et d'un calcul dont il a d entendre faire etat au moment du deces d' Andronic 11.

    Mais les documents d'archives obligent a revoir la version presentee par les deux historiens et a conclure que Michel VIII avait sans doute introduit dans les faits et dans les institutions une confusion et une ambigu'ite qui etaient destinees a servir les meandres de sa politique et les fluctuations de sa volonte. Aucun document n'attribue a Andronic 11 la qualite d'autokra-tr a la date de son couronnement ; mais dans un acte date d'avril 1277, il signe avec la titulature de basileus et autokratr54 On doit supposer qu'il la detenait egalement en mars 1274, lorsqu'il adresse une lettre au pape Gregoire X sur l'union des Eglises. La lettre n'est conservee qu'en traduc-tion latine55 , mais l'adresse comme la signature porte nt les deux expres-sions rex et imperator Romaeorum. qui sont la traduction de r.tcrtACU~ Kr.ti m'yCOKpu"CWP PW!-WLWV. Nous nous rapprochans ainsi de la date du couron-nement. Meme si la chose n'est pas mentionnee de maniere expresse, il semble qu' Andronic a re

  • 250 A. FAILLER

    Andronic II et son fils Michel 61 datent d'apres la mort de Michel VIII. Restent les deux dernieres poesies62 , dans lesquelles seul Andronic lIest cite. L'editeur en a place la composition apres 128263 , tandis que M. Treu64 et, a sa suite, A. Heisenberg65 les datent de Noel 1272. Voici leur argumen-tation: les deux poesies mentionnent en termes complaisants Michel VIII; or la chose serait peu vraisemblable apres la mort de l'empereur et sa condamnation posthume pour avoir souscrit un accord avec Rome ; donc les deux pieces doivent etre placees avant octobre 1273, c'est-a-dire avant que Manuel Holoblos ne subisse sa seconde disgrce, qui le tiendra eIoigne de la cour jusqu'a la fin du regne de Michel VIII. Comme de plus il est fait assez clairement allusion au couronnement du jeune empereur66, il faut placer les deux pieces dans le court intervalle de temps qui separe le couronnement d' Andronic (novembre 1272) de la disgrce du poete rheteur (octobre 1273). Comme en outre elles ont ete composees pour une fete de Noe167 , il faut les dater de Noel 1272. Or la seconde poesie donne a l'empereur Andronic le titre d'autokratr68 11 s'ensuit qu'Andronic etait autokratr cl Noel 1272, et sans doute l'etait-il alors depuis son couronne-ment le mois precedent.

    Le vers de Manue1 Holoblos viendrait ainsi appuyer le temoignage des signatures apposees par Andronic II aux lettres envoyees a Rome et preciser la date de son accession a l'autocratorat. Ce temoignage est-il incontestable? L'eloge adresse au pe re d'Andronic dans les deux poesies apparait en effet comme un hommage deplace apres la mort de l'empereur et la condamnation de sa memoire; mais par ailleurs le jeune empereur ne semble plus regner avec son pere, mais apres son pere69 Les deux poesies ne pourraient-elles dater plutt de la premiere ou des premieres annees du regne d' Andronic ? L'interrogation demeure, de meme que la contradiction evidente entre le temoignage de Georges Pachymeres, l'historien precis et bien informe, et celui des documents signes par Andronic II en 1274, 1277 et 1279. L'explication pourrait resider dans l'ambigu'ite des mesures prises

    61. Les poesies de Manuel Holoblos pour la prokypsis ont ete editees par J.F. BOIs-SONADE (Anecdo!a Graeca e codicibus regiis, V, Paris 1833, p. 159-182), a I'exception de la derniere, la vingtieme, qui a ete publiee par M. TREU (BZ 5, 1896, p. 546-547), puis, avec un meilleur texte, par X.A. SIDERIDES (EEBS 3, 1926, p. 169).

    62. Poesies 3 et 4 dans I'edition de J.F. BOISSONADE (op. ci!., p. 162-164). 63. lbidem, p. 162 n. 3. 64. M. TREU, Manuel Holobolos, BZ 5, 1896, p. 547. 65. A. HEISENBERG, Aus der Geschichte und Literatur der Palaiologenzeit, Munich 1920,

    p.129. 66. Poesie 3, vers 18 : Kai TOi) cm':q>ou\; O'Ot oOTfJp. 67. Poesie 4, vers 18 : \; VUV O'1tl]A.aiep TiKTt:T(U. 68. Poesie 4, vers 14. 69. Peosie 3, vers 6-8; poesie 4, vers 14-15.

    LA PROCLAMATION IMPERIALE DE MICHEL VIII ET D'ANDRONIC 11 251

    et des formules adoptees par Michel VIII pour le couronnement de son fils en 1272. On peut egalement admettre que Georges Pachymeres, suivi par Nicephore Gregoras, a neglige, pour Andronic II, les annees d'autokratr associe (1272-1282) et retenu seulement les annees d'autokratr principal (1282-1305), tout en faisant etat, de maniere contradictoire, des annees d'autokratr associe de Michel IX (1294-1305)70.

    Albert FAILLER C.N.R.S. - UA 186 et Institut franc;ais d'Etudes byzantines

    70. Voir la note 50.