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7/29/2019 Agents politiques : dans les coulisses du pouvoir (Partie 2)
http://slidepdf.com/reader/full/agents-politiques-dans-les-coulisses-du-pouvoir-partie-2 1/1
Dossier
15
No 116 21 AVRIL 2012
sur le terrain, en tant que « porte- parole » du parti auprès deshabitants, rappelle Reza Gunny.Selon Vhalraj Servanshing,« l’agent, c’est lui qui connaît les
gens du quartier, il connaît exactement les tendances en faveur de tel ou tel parti, car il vit là. Un
candidat ne peut pas dire qu’il connaît toute la circonscription,avec 12 écoles de vote comme dans la circonscription ».
L’agent joue également unrôle de travailleur social : donsaux défavorisés, organisationd’activités caritatives ou de loisirsdans les cités, à l’écoute desproblèmes sociaux… « Par exemple si une famille n’a pas de maison, ou si un chemin n’est pas
asphalté, les habitants viennent voir l’agent. Ils savent qu’il est unagent du parti au pouvoir et qu’ils
peuvent faire entendre leur voix à travers lui. L’agent va venir voir quel est le problème et le faire savoir aux élus », explique NavinRamsoondur.
« KOUSTIK POLITIK »
L’action des agents a doncune efficacité en termes demarketing politique pour les élus: « Quand le problème a été résolu,quand la rue a été asphaltée, alors l’agent va faire savoir aux habitants que c’est grâce à l’intervention du ministre ou dudéputé ».
Les agents doivent aussi gérer
les décalages entre les réalités duterrain et les décisions oudéclarations des hautes instancesdu parti. Ce sont eux quiessuient les pots cassés en cas dedérapages des élus. Bawansing Sunkur s’offusque que, « quand un ministre "koz n’importe",
quand il tient des propos communalistes, qui c’est qui va devoir le défendre après ? Ce n’est
pas facile du tout pour nous face aux mandants. Nou gagne zouré ek dimoun ».
Autre moment délicat pourles agents : les alliances.« Lalians, li ene koustik politik »,se désole Bawansing Sunkur,« ça
peut être difficile pour nous de faire comprendre aux gens. Ce sont
les agents politiques qui sont les dindons de la farce ».
Le vice-président de la Labour Agents’ Associationdéplore d’ailleurs que l’agent,pourtant la « cheville ouvrière »du parti, soit souvent ensuite legrand oublié dans la distribution
des récompenses politiques etautres nominations de prestige :« Demain quand vous avez fini de leur apporter votre vote, quand ils sont élus, ils coupent le contact. Ils restent assis dans leur belle voiture.Ils ne vous connaissent plus,attention que vous ayez besoind’eux… » La Labour Agents’
Association a d’ailleurs étéfondée en 1977, par les agentseux-mêmes, pour fournir une
assistance aux agents et à leurfamilles en cas de pépin : « Aulieu d’aller supplier un ministre,qui ne vous prend pas en compte,nu prefer dibut lor nu prop lipye », explique son trésorierSashikan Mangar, rappelant quec’est d’ailleurs suite au décès
d’un agent travailliste lors d’unecampagne électorale quel’association a été créée.
Alors, l’agent politique, angeou démon ? Toujours est-il que,« si pena agent, ministre pas existe », affirment-ils, avec unecertaine fierté.
◗ Le Official Electoral AgentChaque candidat désigne son agent électoral officiel le jour du dépôt descandidatures. C’est celui qui est autorisé à encourir les dépenses du candidatet à les soumettre à la Commission Electorale, selon les termes des NationalAssembly Elections Regulations. Cet agent peut avoir son importance pour leprestige du candidat, au point que « pour les élections partielles, il peut arriverque le candidat du gouvernement désigne un ministre pour ce rôle », confie
Mahmad Ally Dahoo, Chief Electoral Officer.
◗ Les Room AgentsLes National Assembly Elections Regulations spécifient que ces agents doiventêtre postés dans la salle de vote « de telle manière qu’ils peuvent voir toutesles personnes qui se présentent comme électeurs, et entendre leur nom, maisqu’ils ne puissent pas voir comment cette personne vote ».Ils assistent à la fermeture des urnes et accompagnent le transport des urnesvers la chambre forte où elles sont stockées, avec les unités de la Special MobileForce. Ils peuvent également rester de garde la nuit auprès des urnes. « On ale droit si on veut, mais ce n’est pas systématique. C’est beaucoup plus dufolklore, des agents excités qui veulent dire qu’ils ont passé la nuit à garderles urnes », commente Vhalraj Servansingh.
◗ Les Yard AgentsLes yard agents sont présents dans la cour de l’école pour accueillir et orienterles électeurs, mais n’ont pas le droit de faire du canvassing. L’agent fautif est
passible de prison, selon la loi.Du côté des partis politiques, on contourne le problème subtilement : « Leyard agent a une grande importance, car c’est la dernière personne qui peutfaire basculer les opinions. Alors, on essaie d’avoir un notable, car il n’a pasle droit de leur parler, mais avec sa personnalité, ou une tape dans le dos…», confie Vhalraj Servansingh.
◗ Le Counting AgentCe rôle est également défini par le texte de loi, qui stipule que « chaquecandidat peut désigner deux personnes au maximum, pour suivre ledépouillement et le comptage des voix ».
◗ Les agents de tableCe rôle sort du cadre légal. Dans une circonférence de 200 m avant les écolesde vote, chaque parti tient une table, où des activistes font un suivi sur les listesélectorales. « C’est là qu’on va pouvoir repérer qui n’a pas encore voté. Cetteliste, nous l’achetons auprès de la Commission Electorale, ensuite nous la
cassons en termes de rues. Chaque agent a sa liste pour sa rue, il doit s’assurerque tous les sympathisants connus de sa rue sont allés voter », commenteVhalraj Servansingh. Le parti fournit le transport de ces électeurs, surtout dansles quartiers éloignés des centres de vote.
Les agents sont présents tout au long de la chaîne électorale, tant pours’assurer que l’électeur va bien s’acquitter de son devoir civique (et depréférence pour leur parti), que pour prévenir les tentatives de fraudeélectorale.
Les différents rôles des agentspendant les élections
« L’activité d’agent, c’est dangereux. Il y a beaucoupde risques, surtout quand on va coller les affiches, lesadversaires viennent nous agresser. J’ai déjà été frappépendant une campagne électorale, dans ma jeunesse,c’était à la Place Margéot, à Rose-Hill ».
« On ne fait pas la politique à travers la télévision.Ce n’est pas la MBC qui fait voter les gens, ce sontles agents. Si pena agent, ministre pas existe . »
Bawansing Sunkur, PRO et vice-président dela Labour Agents’ Association :
« Tôt le matin ce sont les sympathisants connus quivont voter. Après, il y a ceux qui ne sont pas encore
décidés ou qui ne savent pas pour qui voter. C’est là letravail des agents, on doit s’efforcer de convaincre cespersonnes-là. Quoiqu’on ne peut rien garantir. C’est untravail de fourmi. »
M. Vhalraj Servanshing, responsable pour lacirconscription n°1 au bureau central du MSM :
« On va leur expliquer notre objectif, notre motto,notre vision, pourquoi l’adversaire a échoué. On n’essaye
jamais de convaincre les partisans. On sait que si c’est la maison d’un adversaire ce n’est pas la peine d’aller. »
Navin Ramsoondur, vice-président de la régionaleMSM pour La Caverne-Phoenix :
« Dans ma jeunesse, au collège, j’étais déjà membre de clubs sportifs et sociaux. C’est ce quim’a poussé vers la politique active, pour l’idéal. »
Reza Gunny, président de la régionale deQuatre-Bornes du MMM :
Sashikan Mangar, trésorier de laLabour Agents Association :