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AGREGATION D’ECONOMIE ET GESTION

Mr. YAHYA YAHYAOUI

Professeur de l'enseignement SupérieurUniversité Mohammed premier Oujda

1

AGREGATION D’ECONOMIE ET GESTION

OPTION : ECONOMIE

Rapport du jury Session : 2018

Présenté par Mr. YAHYA YAHYAOUI

Professeur de l'enseignement SupérieurUniversité Mohammed premier Oujda

Président de jury

Professeur de l'enseignement Supérieur

2

SOMMAIRE Page

Liste des membres du jury 3

Synthèse sur le concours 4

Epreuves écrites d’admissibilité 8

Epreuve écrite de « Sciences économiques » • Observations du jury • Sur la forme • Sur le fond • Attentes et recommandations du jury

9

Epreuve écrite de « Droit économique » • Observations du jury • Sur la forme • Sur le fond • Attentes et recommandations

12

Epreuve écrite de « Note de synthèse en géopolitique » • Observations du jury • Sur la forme • Sur le fond • Attentes et recommandations

15

Epreuves d’amission 17

Epreuve orale de « Exposé sur une problématique de Géopolitique » • Observations du jury • Sur la forme • Sur le fond • Attentes et recommandations

18

Epreuve orale de « Thème économique, juridique et géopolitique » • Observations du jury • Sur la forme • Sur le fond • Attentes et recommandations

20

Epreuve orale de « Présentation d’une leçon en économie » • Observations du jury • Sur la forme • Sur le fond • Attentes et recommandations

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Annexes 24

Epreuve écrite de "Sciences Economiques" 25

Epreuve écrite de "Droit économique" 26

Epreuve écrite de "Note de synthèse en Géopolitique" 32

3

Composition du jury

Monsieur YAHYAOUI Yahya Professeur de l’Enseignement Supérieur Faculté des Sciences Juridiques économiques et sociales – Oujda Président du jury

Monsieur BACHIRI Mustapha Professeur Habilité Ecole Normale Supérieure de l’Enseignement Technique – Rabat Vice-président du jury Monsieur ABOULHASSEN Aziz Professeur agrégé d’économie et gestion Lycée Omar Slaoui – Agadir Madame BELLAKDIOU Siham Professeur agrégé d’économie et gestion Mohammed Ben Abdelkrim Elkhattabi – Nador Madame BOUHRACHI Khadija Professeur agrégé d’économie et gestion Lycée Ibn Taymiya – Marrakech Monsieur ELAIDOUNI Mostapha Professeur de l’Enseignement Supérieur Faculté des Sciences Juridiques économiques et sociales – Oujda Madame EL IDRISSI FAOUZI Zaineb Professeur agrégé d’économie et gestion Lycée Omar Slaoui – Agadir Monsieur ENNHAILI Mohamed Professeur agrégé d’économie et gestion Ecole Nationale du Commerce et de Gestion – Casablanca Madame KHANFER Fatima Zahra Professeur agrégé d’économie et gestion Lycée Al Khansa – Casablanca Monsieur MECHEROUH Jamal Professeur Habilité Ecole Nationale du Commerce et de Gestion – Kénitra Monsieur MECHRAFI Mustapha Professeur de l’Enseignement Supérieur Faculté des Sciences Juridiques économiques et sociales – Salé Monsieur YAHYAHOUI Taoufik Professeur de l’Enseignement Supérieur Faculté des Sciences Juridiques économiques et sociales, Agdal – Rabat

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SYNTHESE DU PRESIDENT DE JURY

La session 2018 du concours d’agrégation d’économie & gestion, option Economie, intervient un an après la mise en œuvre de la nouvelle formule du concours.

Le nombre de candidats inscrits lors de cette session a connu une forte hausse. Il a été de 214 candidats contre 87 en 2017, soit une augmentation de 146%. L’attractivité du concours a été significative et a révélé une meilleure préparation des candidats.

Le concours comporte des épreuves d’amissibilité et des épreuves d’admission. Les épreuves portent sur l’ensemble du programme des deux années préparatoires du cycle de préparation à l’agrégation d’économie et de gestion, option "Economie".

Les épreuves d’admissibilité se composent de :

- un sujet en sciences économiques, - une note de synthèse en géopolitique, - un sujet en droit économique.

Les épreuves d’admission comportent de : - un exposé sur une problématique de géopolitique, - un thème économique, juridique et géopolitique, - la présentation d’une leçon en économie.

A l’issue des épreuves écrites 27 candidats ont été admissibles contre 10 en 2017 (soit une augmentation de 170%), avec une moyenne de 6,55 /20, contre 7/20 en 2017.

A l’issue des épreuves orales, 16 candidats ont été déclarés admis. De ce fait, 80% des postes ouverts ont été pourvus, contre 15% en 2017. La moyenne d’admission a été de 8,69/20, contre 9/20 en 2017.

Cette année encore, le jury insiste sur l’importance de la préparation pour répondre aux attentes d’un métier exigeant qui requiert une maitrise aussi bien écrite qu’orale, en particulier :

- la connaissance des références théoriques et la maitrise des concepts fondamentaux de la géopolitique, du droit et de l’économie. A ce titre, le jury constate que les références théoriques des candidats sont limitées et ne sont pas toujours adaptées au sujet et à la problématique;

- la capacité à mettre en œuvre et justifier les savoirs techniques liés à la spécialité, avec une prise de recul suffisante. Le jury regrette le manque de contextualisation des connaissances mobilisées notamment dans les épreuves en rapport avec la géopolitique.

- la capacité d’analyse, d’argumentation et de synthèse. En vous souhaitant une bonne préparation aux épreuves du concours pour 2019, le jury vous invite à prendre connaissance dans la suite de ce rapport des remarques, indications et recommandations qui vous sont données par les commissions en charge des différentes épreuves.

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I. Organisation matérielle de la session

Les épreuves écrites du concours d’Agrégation d’économie et gestion, option "Economie", se sont déroulées à l’Annexe Al Irfane de l’Ecole Normale Supérieure de Rabat selon le calendrier suivant :

De 8 heures à 13 heures Epreuves Mercredi 2 mai 2018 Sciences économiques Jeudi 3 mai 2018 Droit économique Vendredi 4 mai 2018 Note de synthèse en géopolitique

La coordination efficace entre l’UCFC, la direction du CRMEF de Rabat et la direction de l’ENS de Rabat a permis de passer les épreuves écrites dans les meilleures conditions.

Par la suite, les membres du jury se sont organisés en commissions pour corriger les copies des épreuves d’admissibilité. Les résultats d’admissibilité ont été proclamés à l’issue de cette 1ère étape.

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Statistiques relatives aux sessions du concours depuis 2002

SESSIONS 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2017 2018 Nombre de postes mis au concours 16 18 9 40 18 36 32 24

15

25

20

20

15

20

20

Inscrits 32 53 16 49 55 71 87 139

129

148

197

284

114

87

214

Présents à l'ensemble des épreuves 26 28 13 43 37 60 73 83

65

86

127

128

70

63

117

Moyenne des candidats présents à l'écrit 10,06 7,87 8,79 7,85 6,21 6,64 6,27 5,95

5,08

5,9

3,71

1,90

2,54

2,81

4,76

Admissibles * 23 19 12 26 13 21 25 25 17

25

20

22

9

10

27

Barre d'admissibilité sur 20 9,00 9,43 8,50 8,25 8,07 8,21 8,07 8,66 8,07

7,86

7,57

8,06

7,43

7

6,55

Rapport admissibles/présents

à l'écrit

88,46%

67,86%

92,31%

60,47%

35,14%

35,00%

34,25%

30,12%

26,15%

28%%

15,74%

17,18%

7,89%

11,49

23,07%

Moyenne générale des candidats admissibles 10,96 11,25 9,60 9,69 9,54 9,05 9,4 10,42

9,33

10,35

9,40

9,06

9,18

8,02

9,01

Meilleure moyenne générale à l'admissibilité 15,64 15,60 11,29 11,79 12,64 11,07 12,07 13,80

12,14

13,07

12,14

11,21

11,07

10

11,66

Admis * 16 14 9 19 8 13 13 15 8

17

13

9

4

3

16

Barre d'admission sur 20 10,00 9,18 9,79 9,11 9,14 9,18 9,64 9,69 9

9

9,14

9,03

9,04

9

8,69

Rapport admis/présents à l'écrit

72,73%

50,00%

69,23%

44,19%

21,62%

21,67%

17,81%

18,07%

12,3%

19,8%

10,23%

7,03%

8,45

3,44

13,67%

Moyenne générale des candidats admis 11,69 10,21 10,41 10,64 10,91 10,09 10,86 11,22

10,65

10,11

10,56

8,58

10,38

9,36

10,05

Meilleure moyenne générale à l'admission 14,89 12,11 12,29 13,75 13,22 12,11 12,80 13,44

12,00

11,86

13,29

10,18

10,86

10

11,40

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II. Orientation générale

La maîtrise par les futurs candidats des concepts, des théories et des outils des disciplines économiques, géostratégiques et juridiques inscrites dans le programme officiel du CPA sont les principales attentes du jury. Il faut pour cela que le candidat :

• Dispose d’une bonne connaissance générale des problématiques économiques actuelles ;

• Maitrise les outils de la modélisation en microéconomie et en macroéconomie ;

• Maitrise la méthodologie de réflexion en sciences économiques.

• Possède une bonne connaissance de l’environnement juridique de l’entreprise ;

• Dispose d’une connaissance approfondie du droit économique ;

• Maitrise la méthodologie de l’analyse juridique ;

• Soit capable de mener une réflexion sur une thématique juridique ;

• Ait une connaissance générale des problématiques géopolitiques actuelles

• Maitrise la méthodologie de la note de synthèse de documents ;

• Soit en mesure d’étudier une carte (interpréter une carte, concevoir un croquis).

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Ces épreuves se sont déroulées du 2 au 4 Mai 2018 à l’Annexe Al Irfane de l’Ecole Normale Supérieure de Rabat.

La surveillance a été assurée par les cadres du Ministère de l’Education Nationale, de la formation professionnelle, de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique.

Epreuves écrites d’admissibilité

9

EPREUVE ECRITE DE: SCIENCES ECONOMIQUES.

RESULTATS D’ENSEMBLE ET COMMENTAIRES DU JURY

Eléments statistiques

2017 2018 Moyenne 5,30/20 4,64/20 Ecart type 3,10 3,45 Nombre de copie ayant une note supérieure ou égale à la moyenne 27 55 Nombre de copie ayant une note supérieure ou égale à 12 1 5 Nombre de copie ayant une note supérieure ou égale à 10 10 13 Nombre de copie ayant une note inférieure ou égale 8,5 54 107 Meilleure note 13/20 15/20

Le sujet de sciences économiques prend la forme d’une réflexion sur une problématique économique. Il n’est accompagné d’aucune documentation d’appui. La dissertation en sciences économiques permet de juger les capacités d’analyse, de réflexion et de rédaction du candidat. Ce dernier doit montrer qu’il est capable de proposer une réflexion personnelle et argumentée. L’épreuve du concours exige du candidat, en plus de la rigueur dans la définition des concepts, une démarche analytique et synthétique l’amenant à confronter l’analyse théorique à l’approche empirique des problèmes économiques actuels. Le jury s’attend à un argumentaire bien construit et à un choix de références théoriques et factuelles appropriées.

L’épreuve est composée d’un seul sujet qui doit être traité sous forme de dissertation. Il ne correspond pas à une question de cours et offre la possibilité de développer une réflexion autonome.

La dissertation consiste à explorer dans un premier temps les enjeux du sujet et à en définir soigneusement les contours. Il convient dans un deuxième temps d’en décliner la problématique et de l’analyser selon des lignes directrices en employant des arguments issus de références théoriques adéquates, actualisées et d’exemples précis et diversifiés.

Les parties de la dissertation doivent être équilibrées. La taille de l’introduction ne doit pas être démesurée et il convient de ne pas négliger la conclusion qui doit à la fois prendre position par rapport au sujet et à ouvrir des perspectives.

Sujet

Le sujet intégral figure en annexe.

10

Observations du jury

Sur la forme

Cette année encore, on relève un niveau trop souvent déplorable de l’orthographe et de la grammaire. Le jury rappelle que c’est une exigence fondamentale dans le cadre d’un concours de recrutement d’enseignants. Certaines copies sont difficilement lisibles. Les règles académiques qui régissent la dissertation, en particulier l’introduction, sont respectées de manière variable. L’exercice de la dissertation commence par une analyse approfondie des termes du sujet, qui doit permettre de percevoir les enjeux sous-jacents. L’introduction est une étape fondamentale. Elle doit permettre de montrer l’intérêt et l’actualité du sujet, d’en définir précisément les termes. Une bonne copie montre un cheminement clair depuis la contextualisation du sujet, la définition des termes, leur mise en tension jusqu’à la problématique qui en découle. La problématique ne saurait donc se résumer à une question reprenant plus ou moins habilement l’intitulé du sujet. La définition des termes, souvent considérée par les candidats comme une obligation dont on s’acquitte, est en réalité un moment clé, puisqu’elle permet de déceler puis de poser les problèmes. Elle est le gage de la précision de l’argumentation qui va suivre. Le plan est un élément clé de l’évaluation des copies. Le jury, rappelle qu’un plan apparent facilite la structuration de la pensée et sa compréhension par le correcteur. De la même manière, la lecture est facilitée par des titres soigneusement rédigés (mais pas trop longs), des conclusions intermédiaires et une mise en page soignée.

Sur le fond

Une minorité, non négligeable, de copies, montre une réelle préparation à l’épreuve : le sujet est contextualisé, analysé, mis en tension, des références théoriques sont mobilisées de manière pertinente, au service d’une démonstration qui répond à une problématique clairement formulée. Pour autant, ce n’est pas le cas de la grande majorité des copies. Le jury déplore, cette année encore, un grand nombre de copies hors-sujet, qui explique la proportion importante des copies ayant obtenu moins de 8,5/20. Beaucoup de candidats ont présenté des développements sans aucun rapport avec le sujet. Ce dernier est trop souvent pris comme prétexte à la mobilisation de connaissances qui ne peuvent alors être valorisées. Les introductions sont souvent très courtes et permettent rarement de montrer l’intérêt et l’actualité du sujet. Les définitions des termes sont souvent absentes, notamment la définition de la DIT. Cela explique l’importance des copies qui n’ont pas pu traiter le sujet posé. Recommandations aux candidats

L'épreuve de sciences économiques est conçue de manière à permettre aux examinateurs de vérifier la capacité des candidats à délimiter les problèmes posés par le sujet. Il convient d'établir une définition économique, et non simplement usuelle, des termes du sujet dans

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l'introduction. Tous ces éléments conditionnent la problématique ainsi que le plan choisi par le candidat pour développer son argumentation. Le jury a pu constater, cette année encore, dans de trop nombreuses copies, un manque important de travail sur la problématique. C'est pourtant le critère principal qui a permis aux meilleures copies de se démarquer. Il est conseillé aux futurs candidats de passer un temps suffisant à cerner le sujet et à le problématiser. A l’inverse, les copies ayant proposé une vingtaine de pages de verbiage ont rarement été valorisées dès lors qu'elles ne proposaient pas une véritable structuration dont il est rappelé qu’elle doit être en lien avec la problématique établie en introduction.

Les candidats doivent être en mesure de mobiliser des références théoriques, des connaissances relatives au sujet et des données factuelles pour appuyer leur argumentation.

12

EPREUVE ECRITE DE: DROIT ECONOMIQUE

RESULTATS D’ENSEMBLE ET COMMENTAIRES DU JURY

Eléments statistiques

2017 2018 Moyenne 2,28/20 3,52/20 Ecart type 2,45 2,96 Nombre de copie ayant une note supérieure ou égale à la moyenne 21 44 Nombre de copie ayant une note supérieure ou égale à 12 0 0 Nombre de copie ayant une note supérieure ou égale à 10 1 6 Nombre de copie ayant une note inférieure ou égale 8,5 62 105 Meilleure note 10,5/20 11,66/20

Observations du jury :

Présentation générale de l’épreuve

L’épreuve du droit économique est composée de deux parties, la première porte sur l’analyse de cas pratiques et la deuxième sur des questions de réflexion sur une ou plusieurs problématiques juridiques, conformément à la notice du concours d’agrégation d’économie & gestion, option "Economie". La première partie de l’épreuve de droit économique est conçue de manière à permettre aux examinateurs d’apprécier la capacité d’analyse des candidats basée sur des fondements juridiques et sur les faits ainsi que leur capacité à proposer une ou plusieurs solutions juridiques. La seconde partie de l’épreuve invite les candidats à mener une réflexion, en intégrant dans un raisonnement juridique, les enjeux relatifs à chacune des questions posées.

Remarques sur la forme

L’épreuve du droit économique exige une structuration de la réponse en respectant la méthodologie d’analyse (comme le cas du syllogisme juridique). Cependant cette méthodologie des cas pratiques est absente dans la plupart des copies. Les réponses sont directes.

Remarques sur le fond

Sujet

Le sujet intégral figure en annexe.

13

Le jury a constaté un manque de maitrise des fondements juridiques, une quasi-absence de la terminologie juridique et une confusion dans l’utilisation des concepts juridiques. Dans certaines copies, les fondements juridiques avancés ne sont pas compatibles avec les exigences des questions posées (exemple : pour le dossier 3, considérer le changement de l’horaire comme une modification substantielle du contrat du travail et non pas comme une modification du règlement intérieur de l’entreprise).

Recommandations pour les candidats

- Cas pratiques : o Premier dossier : le dossier traite le cas d’une invention réalisée par deux salariés

de l’entreprise. Et on se demande à qui revient la propriété de l’invention. Le jury attendait des candidats de mettre en valeur l’apport de la loi 17-97 sur la propriété industrielle et précisément la mobilisation des articles relatifs au cas du salarié inventeur pour répondre à la problématique posée.

• Deuxième dossier : il aborde la problématique relative à une pratique anticoncurrentielle. Le jury attendait des candidats l’application des dispositions de la loi 104-12 relative à la liberté des prix et de la concurrence et particulièrement l’article 6 pour montrer le caractère illicite des pratiques abusives (cas de l’entente) qui fausse le libre jeu de la concurrence. Cependant, les candidats majoritairement n’ont pas fait usage de la dite loi. En plus de la confusion entre les pratiques restrictives à la concurrence et les pratiques anticoncurrentielles.

• Troisième dossier : il porte sur le droit du travail. Il s’agit d’une modification de l’horaire du travail de plusieurs salariés. Cette modification entre dans le cadre d’une réorganisation de l’entreprise et le refus de cette modification a entrainé des mesures envisagées par l’employeur comme les retenues sur salaire et le licenciement. Le jury attendait des candidats une analyse juridique qui fait la différence entre une modification substantielle du contrat du travail et une modification relative au règlement interne. Et ce en rappelant les dispositions de la loi 65-99 sur le droit du travail et en indiquant la condition suivante : « si l’horaire de travail n’a pas été un élément déterminant lors de la conclusion du contrat de travail et si le changement de cet horaire n’entraîne aucune baisse de salaire, la modification n’est pas substantielle ». Le jury attendait aussi une argumentation pour justifier les retenus sur salaire et le licenciement.

• Dossiers 4, 5 et 6 : ils soulèvent des problématiques relatives à l’usage des moyens de règlement (le chèque et la lettre de change normalisée). Les candidats sont amenés à clarifier pour chaque cas la possibilité pour une banque de refuser le paiement soit en présence d’une provision incomplète (dossier 5) ou après le décès de l’émetteur du chèque (dossier 4). Le dossier 6 évoque l’usage d’une lettre de change normalisée et les effets de l’escompte de cette lettre de change auprès de la

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banque, ainsi que les possibilités de non recouvrement de la valeur de la lettre de change à l’échéance. Le jury attentait des candidats des réponses argumentés en faits et en droit en respectant la méthodologie de rédaction. Pourtant, les réponses étaient directes et sans fondements juridiques.

- Les questions de réflexion : A Propos des questions de réflexion, le jury s’attendait à

une réponse structurée autour d’une problématique posée par le candidat et argumentée par les fondements juridiques adaptés. L’analyse devrait également tenir compte de l’évolution du droit et des pratiques dans la matière.

• Première question de réflexion : porte sur l’analyse du licenciement en droit et ses conséquences juridiques par l’usage de l’apport de la loi 65-99 sur le droit du travail pour argumenter une problématique juridique. Les candidats, majoritairement, ont traité le sujet d’une façon descriptive. En présentant les cas du licenciement et les conséquences sur l’employé et l’employeur. La problématique a été mal formulée voire complètement absente. Dans certaines copies, elle est en discordance avec les arguments avancés dans le développement.

• Deuxième question de réflexion : concerne le dispositif juridique de protection du consommateur selon la nouvelle loi (31-08) en matière de pratiques commerciales interdites et réglementées. Les candidats, majoritairement, n’ont pas pu distinguer les pratiques interdites et réglementées. La problématique est souvent mal formulée. Le non-respect de la méthodologie de rédaction est évident en plus de l’absence de l’analyse juridique.

15

EPREUVE ECRITE DE: NOTE DE SYNTHESE EN GEOPOLITIQUE

RESULTATS D’ENSEMBLE ET COMMENTAIRES DU JURY

Eléments statistiques

2017 2018 Moyenne 3,85/20 6,05/20 Ecart type 2,87 3,50 Nombre de copie ayant une note supérieure ou égale à la moyenne 27 50 Nombre de copie ayant une note supérieure ou égale à 12 2 9 Nombre de copie ayant une note supérieure ou égale à 10 5 25 Nombre de copie ayant une note inférieure ou égale 8,5 57 83 Meilleure note 13/20 14/20

Observations du jury

Le sujet se compose de 7 documents qui traitent la situation géopolitique au Moyen-Orient. Les candidats sont appelés à rédiger, conformément à la notice du concours d’Agrégation d’économie & gestion option "Economie", une synthèse de 1000 mots avec plus au moins 10%.

L’épreuve est conçue de manière à permettre aux examinateurs d’apprécier d’une part, la capacité des candidats de dégager les idées principales relatives à une problématique centrale et de mettre en évidence les différents aspects géopolitiques du phénomène étudié. Et d’autre part, leur degré de maitrise des règles méthodologiques propres à l’épreuve.

Sur la forme

• La majorité de candidats se sont contentés de paraphraser les documents. • Plusieurs candidats ont donné des titres à la note de synthèse (exemple : "Le Moyen-

Orient : une arme à double tranchant!!!" !). • De nombreux candidats n’ont pris la peine de lire la consigne formulée au début de

l’épreuve. Celle-ci doit permettre de guider le travail sur le dossier documentaire. • Certaines copies présentent les idées selon l'ordre des documents en mentionnant le

numéro de chaque document, ce qui n'est pas demandé. • Dans certaines copies on a des idées qui ne relèvent pas du dossier documentaire (il

faut rester objectif et neutre).

Sujet

Le sujet intégral figure en annexe.

16

Sur le fond

Malgré une amélioration sensible dans le travail de synthèse, le jury a constaté que de nombreuses copies présentent des défaillances au niveau de la maîtrise de la méthodologie de la note de synthèse. A titre d’exemple, La présentation sous forme d'une introduction (avec problématique et annonce du plan), un développement et une conclusion n'est pas respectée dans de nombreuses copies. Le nombre de mots n'est pas non plus respecté et il n'est pas mentionné sur la copie (pour la majorité des copies). Enfin, de nombreuses copies présentent des défaillances linguistiques sérieuses (exemple : "insurgents", "nouveau élant", "élèrogène", etc.).

17

Les épreuves se sont déroulées du 20 au 22 juin 2018 au centre national de la formation – Takadoum - Rabat.

Epreuves orales d’admission

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EPREUVE ORALE DE : "EXPOSE SUR UNE PROBLEMATIQUE DE GEOPOLITIQUE"

RESULTATS D’ENSEMBLE ET COMMENTAIRES DU JURY

Eléments statistiques

2017 2018 Moyenne 9 9,27 Ecart type 3 3,8 Nombre de copie ayant une note supérieure ou égale à la moyenne 12 15 Nombre de copie ayant une note supérieure ou égale à 12 3 6 Nombre de copie ayant une note supérieure ou égale à 10 3 15 Nombre de copie ayant une note inférieure ou égale 8,5 -- 10 Meilleure note 14/20 14/20

Sujets posés suite au tirage aléatoire par les candidats

• L’organisation de la coupe du monde de foot : soft power (cas du Maroc et Qatar).

• Le retrait des Etats-Unis de l’accord sur le nucléaire iranien.

• Russie, Iran, Chine et Turquie: Alliés stratégiques pour un nouveau régime mondial ou alliés de circonstances?

Observations du jury

Un seul sujet est proposé à tous les candidats convoqués le même jour. Le sujet propose une réflexion sur un sujet de géopolitique contemporaine. Son traitement exige de relever et de confronter les dimensions géopolitiques, historiques et géographiques.

Sur la forme

Les sujets proposés se caractérisent: - Par leur diversité et l’étendue du champ couvert. - Par leur potentiel de problématisation: à chaque fois, la formulation proposée permet la mise en tension, la détermination d’enjeux, de problèmes. - Par le travail qu’ils imposent sur la définition des termes et leur articulation. Sur le fond

Sur le plan académique, les remarques formulées à propos de l’épreuve écrite sont globalement transposables. Les sujets proposés exigent un travail de contextualisation (Pourquoi le sujet est-il important? Quelle est son actualité? Etc.), de définition, de problématisation, de structuration, analogue à celui d’une dissertation.

19

Le jury rappelle que la dimension académique reste fondamentale lors de l’épreuve orale. La présence d’une autre dimension (didactique et pédagogique) ne signifie pas que les exigences scientifiques sont plus faibles. Toutefois, comme à l’écrit, maîtrise scientifique ne signifie pas exposé de connaissances non reliées au sujet et à une problématique. Quatre profils d’exposés ont pu être identifiés : 1. Des exposés témoignant d’une capacité à poser un problème et à mobiliser les connaissances (concepts, théories, exemples) pertinentes pour le traiter. Les candidats ont alors obtenu des notes satisfaisantes. 2. D’autres exposés montrent une bonne connaissance des concepts et des théories, mais sans que cette maîtrise soit mise au service d’une réflexion autour du sujet, de ses enjeux... Les connaissances sont ainsi mobilisées de manière opportuniste. 3. A contrario, certains exposés montrent une réelle capacité à percevoir des enjeux et problèmes, une certaine intuition, mais sont desservis par une connaissance approximative des concepts et des théories liés. 4. Enfin, de trop nombreux exposés ne font preuve, ni d’une capacité à poser un problème, ni d’une connaissance, même élémentaire, des fondamentaux en géopolitique. Le jury déplore un manque flagrant de culture géopolitique chez de nombreux candidats. Recommandations aux candidats

Le jury rappelle que l’épreuve de géopolitique est un exercice de communication orale. Le jury a toujours la satisfaction d'écouter des candidats qui n'hésitent pas à se détacher de leurs notes personnelles, qui ne s'efforcent pas de lire des notes préalablement préparées et qui essayent de convaincre au lieu de se contenter d'énoncer des idées.

L’exposé des candidats fait l’objet d’une double évaluation: - Académique: maîtrise des concepts, connaissances théoriques, capacité à

problématiser, construire une réflexion et illustrer ses propos. - Didactique et pédagogique: les capacités évaluées sont différentes et permettent de

tester l’aptitude des candidats à enseigner. L’échange avec le jury a pour objectif de vérifier le niveau de maîtrise des concepts mobilisés par les candidats, d’approfondir certains points et d’en explorer d’autres. Les membres du jury peuvent interroger les candidats sur les auteurs, les notions, leur demander d’illustrer leurs propos, etc. Une partie de l’interrogation porte sur les éléments didactiques et pédagogiques, le jury cherchant à évaluer la pertinence et la crédibilité des propositions qui sont faites.

20

EPREUVES ORALES DE : THEME ECONOMIQUE, JURIDIQUE ET GEOPOLITIQUE

RESULTATS D’ENSEMBLE ET COMMENTAIRES DU JURY

Eléments statistiques

2017 2018 Moyenne 5,10 9,08 Ecart type 3,3 3,72 Nombre de copie ayant une note supérieure ou égale à la moyenne 6 15 Nombre de copie ayant une note supérieure ou égale à 12 0 6 Nombre de copie ayant une note supérieure ou égale à 10 1 15 Nombre de copie ayant une note inférieure ou égale 8,5 -- 11 Meilleure note 10/20 15/20

Sujets poses suite au tirage aléatoire par les candidats

• Les crises découlent-elles de la mondialisation ?

• La financiarisation des économies.

• Les accords de libre-échange connaissent de plus en plus de succès dans les relations commerciales internationales. Aucun pays n’échappe désormais à cette dynamique devenue universelle et le nombre de ces accords régionaux de commerce dépasse largement les 500 accords selon les chiffres de l’OMC. Veuillez analyser les enjeux juridiques, économiques et géopolitiques des accords de libre-échange conclus par le Maroc.

Observations du jury

L'épreuve de TEJG répond à deux séries d'exigences : des exigences de fond et des exigences de forme.

• Sur la forme - Le traitement du sujet manque d’originalité ; - La problématique est souvent très longue ou sous forme de question directe, et

parfois elle manque de clarté ; - Les problèmes de langue (beaucoup de fautes) ; - La majorité des candidats ne respecte pas l’usage des transitions entre les parties ; - Le plan est souvent descriptif (comme un plan de cours) et ne traduit pas le respect

de la méthodologie d’analyse ;

21

- Lors de la présentation du sujet devant le jury, les candidats, majoritairement, étaient attachés aux notes. Ils étaient limités à une lecture monocorde de leurs notes ;

- Les membres du jury ont également constaté des présentations « hors sujet ».

• Sur le fond - Un manque de la pluridisciplinarité. Le volet juridique est souvent mineur, voire

absent par rapport aux volets économique et géopolitique), la plupart des candidats accordent une part importante au volet géopolitique ;

- Des confusions soulevées dans les définitions des concepts ; - La faiblesse constatée dans le cadre théorique et factuel (l’actualité économique et

juridique est quasi-absente) ; - Des échanges souvent pauvres avec les membres du jury.

Une remarque générale :

Il y avait des présentations similaires (même contenu, même problématique, mêmes arguments… lors de la présentation du deuxième sujet sur la financiarisation des économies).

Attentes et recommandations du jury

Plusieurs conseils peuvent être utilement donnés aux candidats :

• Le suivi de la presse nationale et internationale ; • L’ouverture sur des disciplines telles que le droit marocain, le droit international,

l’histoire de la pensée économique et les théories économiques contemporaines ; • Le thème, quelle que soit sa nature, ne peut être confiné aux références théoriques

traditionnelles, désormais insuffisantes pour expliquer les évolutions économiques et géopolitiques actuelles ;

• Vu la formulation des sujets, Il est expressément demandé aux candidats d’éviter les délimitations sur le contexte marocain ;

• De trop nombreux candidats ne se sont malheureusement pas préoccupés de capter l'attention et se sont limités à une lecture monocorde de leurs notes. Les candidats sont donc invités à mettre à profit cette épreuve pour montrer qu'ils savent faire preuve de qualités pédagogiques ;

• Les candidats sont aussi invités à travailler davantage la méthodologie.

22

EPREUVES ORALES DE : PRESENTATION D’UNE LEÇON EN ECONOMIE

RESULTATS D’ENSEMBLE ET COMMENTAIRES DU JURY

Eléments statistiques

2017 2018 Moyenne 7,20 8,02 Ecart type 2,5 3,94 Nombre de copie ayant une note supérieure ou égale à la moyenne 7 13 Nombre de copie ayant une note supérieure ou égale à 12 0 8 Nombre de copie ayant une note supérieure ou égale à 10 2 12 Nombre de copie ayant une note inférieure ou égale 8,5 -- 14 Meilleure note 10/20 15/20

Sujets poses suite au tirage aléatoire par les candidats

• L’économie de la connaissance.

• Le système monétaire international.

• La croissance verte.

Observations du jury

Le sujet propose un travail structuré qui combine des connaissances académiques et des qualités pédagogiques. Cette exigence a été rarement respectée. Sur la forme

• La leçon n'est pas bien située dans le programme avec confusion pour certains entre le niveau ciblé ;

• Incapacité de certains candidats de mener un échange avec les membres du jury ; • La majorité des candidats ne maîtrisent pas les modalités d'évaluation d’une séquence

pédagogique ; • La majorité des candidats n’ont pas prévu de supports de cours à remettre aux élèves ;

Sur le fond

• Les lacunes de fond ont influencé négativement la partie pédagogique dans la mesure où l’échange avec le jury a été relativement pauvre ;

• Un manque de maitrise des différentes parties du programme et des masses horaires correspondantes ;

23

• Certains candidats ne maitrisent pas les notions de base ce qui les pousse à faire des leçons "hors sujet" (exemple : traiter la croissance économique alors que la leçon est sur l’économie de la connaissance).

24

Annexes

Concours d’A

Épreuve : Sciences économiques Durée : 5 heures

L’économie marocaine face à la nouvelle division internationale du travail.

Ministère de l’Education Nationale et de la Formation Professionnelle de l’Enseignement Supérieur

Annexe Hassan

25

d’Agrégation d’Économie et Ges

Option : Économie

Session : Mai 2018

Sciences économiques

Coefficient

L’économie marocaine face à la nouvelle division internationale du travail.

Ministère de l’Education Nationale et de la Formation Professionnelle de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique

Annexe Hassan – Unité Centrale de la Formation des Cadres Tél/Fax : 05 37 72 44 73

Gestion

Coefficient : 2

L’économie marocaine face à la nouvelle division

Ministère de l’Education Nationale et de la Formation Professionnelle de l’Enseignement Supérieur

: 05 37 72 44 73

Concours d’A

Épreuve : Droit économique Durée : 5 heures

Ministère de l’Education Nationale et de la Formation Professionnelle de l’Enseignement Supérieur

Annexe Hassan

26

Concours d’Agrégation d’Économie et Ges

Option : Économie

Session : Mai 2018

économique

Coefficient

Ministère de l’Education Nationale et de la Formation Professionnelle de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique

Annexe Hassan – Unité Centrale de la Formation des Cadres Tél/Fax : 05 37 72 44 73

et Gestion

Coefficient : 2

Ministère de l’Education Nationale et de la Formation Professionnelle de l’Enseignement Supérieur

: 05 37 72 44 73

27

AVERTISSEMENT

Si le texte du sujet, de ses questions ou de ses annexes, vous conduit à formuler une ou plusieurs hypothèses, il vous est demandé de la (ou les) mentionner explicitement dans votre copie.

PREMIERE PARTIE : MISE EN SITUATION JURIDIQUE

Des produits marocains de qualité qui allient tradition et modernité, un esprit d’innovation très présent, une grande diversité de l’offre avec plus de 200 variétés de confiseries, des savoir-faire transmis depuis une trentaine d’années, etc. Ce sont autant d’atouts qui font la force du secteur de la Biscuiterie, Chocolaterie et Confiserie (BCC).

Le secteur de la confiserie représente au Maroc, près d’une vingtaine d’entreprises dont 94% de PME et emploie près de 3 000 salariés.

Malgré les conjonctures économiques qui pourraient affecter le secteur de la BCC, les ventes n’ont pas été fortement remises en cause. Les consommateurs restent très sensibles aux petits plaisirs abordables.

Investir dans un marché où existent déjà des concurrents bien installés peut paraître risqué mais n’est pas forcément une mauvaise idée. La success story de GOMERI, le confiseur local devenu leader au Maroc, est là pour le rappeler.

Ingénieur des Ponts et Chaussées, Moussa MAJDI, industriel officiant déjà dans la confiserie, profite de son expérience pour lancer sa propre entreprise GOMERI, créée depuis près de 4 ans. Spécialisée dans la confiserie et la chocolaterie, qui constituent son «cœur de métiers», l’entreprise importe également des biscuits. Les produits GOMERI sont présents à travers le royaume, grâce au relais de son distributeur agréé, qui dispose d’un réseau aux quatre coins du pays. Malgré son jeune âge, l’entreprise basée dans la zone industrielle d’Aïn Sebaâ a très vite compris que l’exploration des marchés étrangers est un véritable relais de croissance. «Nous exportons en Afrique depuis environ 3 ans. GOMERI y est présente dans plusieurs pays, notamment en Afrique de l’Est, de l’Ouest et Centrale, et assez timidement dans la partie australe», confirme son directeur M. MAJDI.

Les familles de produits les plus vendues et exportées :

- Les spécialités : nougats, pates d’amandes, calisson (37% des volumes exportés) ; - Les gommes, gélifiés et pâtes de fruits (26% des volumes exportés) ; - Les sucres cuits (13% des volumes exportés) ; - Chewing-gums (12% des volumes exportés) ; - Arrivent en tête, les bonbons et sucettes qui totalisent 52,5% des parts de marché, avec

une progression de +3,1% sur 1 an et de près de 24% depuis 2010. - Enfin, les spécialités de confiserie de sucre totalisent 7,1% des parts de marché et

affichent une stabilité sur l’année.

28

De nos jours, les consommateurs cherchent à avoir accès à ces petits plaisirs gastronomiques à bas prix. Les chocolatiers essayent de répondre à cette tendance en développant de nouveaux produits. Dans cet esprit, GOMERI dispose de son propre laboratoire de recherche et développement. Elle y fait travailler une équipe composée de deux chercheurs.

Vous êtes le conseiller juridique de la société GOMERI. Votre supérieur hiérarchique

M.MAJDI vous a soumis un ensemble de données importantes et vous a demandé de

réaliser une analyse détaillée, motivée et fondée sur des arguments juridiques.

DOSSIER 1 :

Les structures qui parviendront à tirer leur épingle du jeu et resteront compétitives sont celles qui miseront sur l’approvisionnement, l’export, l’innovation, l’investissement technologique et la différenciation par des produits de qualité.

Dans le cadre de sa stratégie de dynamisation des ventes et de l’élargissement de l’offre « produit », la société GOMERI, consciente de l’importance de l’achat impulsif, lance de temps en temps des nouveautés sur le marché.

Dans ce sens, les 2 chercheurs du laboratoire, MM. Ali SARINE et Hicham YAKINE, ont mis en place 2 nouvelles variétés de confiseries destinées aux enfants : l’une à base de chocolat et l’autre à base de fraise.

Les premiers tests de dégustation auprès des enfants sont des succès. La société GOMERI décide alors de breveter cette invention. Mais, M. YAKINE conteste ce dépôt dans la mesure où il considère qu’il a, tout seul, mis en place la formule de la confiserie à base de fraise.

M. MAJDI vous demande conseil sur le point de savoir à qui appartient juridiquement la

propriété du brevet en question ?

DOSSIER 2:

Le secteur de la BCC comporte une vingtaine d’unités industrielles, dont la plupart sont des entreprises familiales. La moitié de ces entreprises est concentrée à Casablanca. Il faut souligner que l’activité s’est fortement développée ces cinq dernières années.

Chaque année, tous ces professionnels se donnent rendez-vous du 3 au 5 janvier, au Salon Professionnel des Plaisirs Gourmands (SPPG) de Casablanca. Pendant 3 jours, le salon invite à découvrir et à rencontrer des producteurs, artisans, spécialistes de produits de qualité et d’exception, pour la plupart en circuit-court.

29

La force est dans l’union ! C’est ainsi que des entreprises du secteur de la BCC voient les choses pour mieux s’imposer sur le marché. Dans ce sens, et pendant le salon, 2 représentants de 12 entreprises du secteur de la BCC sont entrés discrètement en contact avec la société GOMERI. Ils lui proposent d’une part, de pratiquer les mêmes prix bas par rapport à la concurrence, et d’autre part, de vendre séparément leurs produits par zone en visant 4 régions du Maroc : l’approvisionnement de chaque région sera assuré par 4 entreprises.

Les 2 représentants ont expliqué à M. MAJDI que cette opération qui va durer juste 1 an, a pour objectif de conserver la compétitivité de ces entreprises afin de pouvoir faire face à une concurrence de plus en plus rude.

Avant de prendre sa décision, M. MAJDI vous demande de l’éclairer sur la légalité des

pratiques proposées ?

DOSSIER 3 :

Dans le cadre de la réorganisation de son entreprise, M. MAJDI a modifié les horaires de travail de plusieurs salariés, dont celui de M. IBRAHIMI. L’employeur a décalé la journée de travail qui s’achèvera désormais à 18h30 au lieu de 17h. M. IBRAHIMI a refusé de venir travailler selon ces nouveaux horaires malgré plusieurs rappels et deux mises à pied. Cette nouvelle organisation ne lui convient pas dans la mesure où elle l’empêche d’exécuter d’autres engagements. M. MAJDI envisage une retenue sur salaire, voire de licencier M. IBRAHIMI pour faute grave.

M. IBRAHIMI peut-il refuser ces nouveaux horaires ? Les sanctions envisagées par M.

MAJDI vous paraissent-elles légales ? Quels délais M. MAJDI devrait-t-il respecter dans

le cadre de la procédure de sanctions ?

DOSSIER 4 :

M. SAID, client de l’entreprise GOMERI, avant son décès a émis un chèque d'un montant de 250 000 Dh à l'ordre de son fournisseur M. MAJDI. Celui-ci se présente à la banque du défunt pour réclamer le paiement du chèque. La Banque s’oppose au paiement pour cause de la disparation de son client SAID.

La décision de la banque est-elle fondée en droit ?

30

DOSSIER 5 :

M. MAJDI s'est vu remettre en main propre par M. NABIL un chèque d'un montant de 300.000 Dh. Lorsque M. NABIL a émis le chèque de 300.000 Dh à MAJDI, son compte à la Banque était provisionné à hauteur de 200.000 Dh.

M. MAJDI peut-il demander à la banque le paiement du chèque à concurrence de la

provision disponible ? La banque peut-elle refuser ?

DOSSIER 6

Vu toutes ces complications relatives au mode de paiement par chèque, M. MAJDI décide de privilégier pour ses opérations commerciales le moyen de la Lettre de Change Normalisée. En effet, à l’occasion de la vente d’une quantité importante de biscuits à un de ses clients, celui-ci lui a remis une Lettre de Change Normalisée d’une valeur de 200.000 Dh payable à un mois d’échéance. Seulement, M. MAJDI, se trouvant en manque de liquidité, a décidé d’escompter l’effet au profit de sa banque. Celle-ci a accepté l’opération de l’escompte.

A la date d’échéance, le client de M. MAJDI a-t-il le droit de refuser de payer la banque?

Quelles seraient les options juridiques ouvertes à la banque pour assurer le recouvrement

de son argent ?

DEUXIEME PARTIE : QUESTIONS DE REFLEXION

Traitez de manière structurée les deux questions de réflexion suivantes :

Question 1 :

Le licenciement marque la rupture forcée de la relation de travail entre l’employeur et l’employé. Compte tenu de sa gravité et de ses conséquences lourdes, le licenciement obéit à un encadrement juridique précis et complet de la part du droit de travail.

Analysez les différentes formes du licenciement et leurs conséquences juridiques.

31

Question 2 :

Le Maroc s’est doté depuis le 7 Avril 2011 de la loi n° 31-08 édictant des mesures de protection du consommateur.

Cette loi a consacré de nombreuses règles nouvelles visant à renforcer la protection des consommateurs, à consolider leurs droits et à promouvoir la culture consumériste. Elle complète ainsi le dispositif juridique existant en essayant d’établir un équilibre dans les relations entre consommateur et fournisseur.

En quoi consiste le dispositif juridique de protection du consommateur selon la nouvelle loi

en matière de pratiques commerciales interdites et réglementées?

Concours d’A

Épreuve : Note de synthèse en géopolitique Durée : 5 heures

Ministère de l’Education Nationale et de la Formation Professionnelle de l’Enseignement Supérieur

Annexe Hassan

32

Concours d’Agrégation d’Économie et Ges

Option : Économie

Session : Mai 2018

Note de synthèse en géopolitique

Coefficient

Ministère de l’Education Nationale et de la Formation Professionnelle de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique

Annexe Hassan – Unité Centrale de la Formation des Cadres Tél/Fax : 05 37 72 44 73

et Gestion

Coefficient : 2

Ministère de l’Education Nationale et de la Formation Professionnelle de l’Enseignement Supérieur

: 05 37 72 44 73

33

A partir du dossier documentaire, rédigez une note de synthèse de 1000

mots environ (à plus ou moins 10%) sur la situation géopolitique au Moyen-

Orient.

Composition de Dossier documentaire :

� Document 1 : Le jeu des puissances au Moyen-Orient Vieil échiquier, nouveaux

acteurs?

� Document 2 : Un Moyen-Orient en feu, la décomposition annonce-t-elle la

recomposition ?

� Document 3 : Du parrain omnipotent au géant hésitant.

� Document 4 : La Russie et le Moyen-Orient.

� Document 5 : La rivalité russo-américaine en Syrie, une nouvelle guerre froide ?

� Document 6 : Vers la fin des frontières ?

� Document 7 : Cartes.

……………………………………………………………………………………………………………………………………

Document 1 : Le jeu des puissances au Moyen-Orient vieil échiquier, nouveaux

acteurs?

(…) Des pays occidentaux incertains

Après le soutien aux printemps arabes affichés au sommet de Deauville de mai 2011, leur

priorité est maintenant à la stabilisation d’une région devenue chaotique. Elle se traduit

notamment par la lutte contre les mouvements djihadistes, en particulier l’État islamique (EI)

; une coopération active avec le gouvernement irakien ; un soutien sans état d’âme au régime

militaire égyptien ; un rapprochement avec l’Iran ; et en Syrie l’effacement progressif de

l’objectif initial d’un départ préalable de Bachar Al-Assad. Mais la nouvelle administration

américaine ouvre beaucoup d’incertitudes. Obama avait fait du désengagement du bourbier

moyen-oriental au profit du « pivot » de la zone du Pacifique un objectif majeur. Le président

Trump, après des premiers pas quelque peu erratiques, a donné l’impression, lors de sa

tournée spectaculaire au Moyen-Orient de mai 2017, de vouloir définir une nouvelle politique,

non exempte de contradictions : lutte contre le terrorisme avec frappes renforcées tant en

Syrie qu’au Yémen ; mention explicite de l’Iran comme pays soutenant le terrorisme et appel

à un regime change ; renforcement du soutien à Israël et aux monarchies du Golfe incitées à

coopérer dans cette lutte ; interventions militaires accrues visant le régime syrien ; volonté de

34

contrer une Russie à l’influence grandissante. Ses déclarations seront-elles sans lendemain ou

se traduiront-elles par un réengagement stratégique des États-Unis au Moyen-Orient ?

Forte détermination russe et iranienne

La politique russe apparaît claire et déterminée. La sécurité de la Russie, avec son importante

communauté musulmane, passe par une politique d’influence au Moyen-Orient et en Asie

centrale. L’ancrage en Syrie et en Iran doit donc être préservé et consolidé, les liens

historiques avec l’Égypte resserrés, ainsi que la coopération avec Israël où vit une

communauté d’origine russe de plus d’un million de personnes. Après éclipse, l’influence

russe se fait de nouveau sentir. De son côté l’Iran, obsédé par la menace arabe incarnée voici

peu encore par Saddam Hussein, entend consolider une situation très favorable. Grâce à

l’intervention américaine de 2003, Téhéran est débarrassé de ses deux principaux ennemis, les

Talibans et Saddam Hussein, et « protège » le gouvernement chiite de Bagdad. Son alliance

stratégique avec la Syrie des Al-Assad le conduit à apporter un soutien sans faille au régime

de Bachar et à lutter contre l’EI.

Turquie et Arabie Saoudite sur la défensive

La Turquie a tenté de promouvoir une diplomatie néo-ottomane d’influence en direction de

ses voisins proches. Incarnée par l’ancien ministre des Affaires étrangères, puis Premier

ministre, Ahmet Davutoglu, elle s’est fracassée sur les révolutions arabes qu’elle a

encouragées, s’opposant ainsi à la Syrie de Bachar Al-Assad et à l’Iran. Depuis lors, Ankara

est obsédé par la question kurde : lutte à outrance contre le Parti des travailleurs du Kurdistan

(PKK) ; détermination à éviter toute création d’un Rojava – entité autonome kurde dominée

par le Parti de l’union démocratique (PYD)-, émanation du PKK ; et nécessité de contrôler le

nord de l’Irak, base arrière du PKK et foyer d’une minorité turkmène importante. La lutte

contre l’EI, menace réelle pour sa sécurité, n’est ainsi pas sa priorité.

L’Arabie Saoudite est peu à peu devenue un acteur régional majeur, supplantant la diplomatie

égyptienne. Depuis 2011, de nouveaux objectifs sont apparus. Surprise, comme d’autres, par

les printemps arabes, sa première réaction a été de les contrer.

(…) De plus, la priorité est devenue la lutte contre l’hégémonisme iranien : mobiliser les pays

amis contre l’Iran, reprendre en main le Yémen, depuis toujours vu comme une arrière-cour,

et soutenir les rebelles syriens.

L’influence, entre soft et hard power

Les moyens traditionnels d’influence

Ces moyens sont d’abord politiques et utilisés au niveau bilatéral ou à celui de l’Organisation

des Nations unies (ONU). Les membres permanents du Conseil de sécurité bénéficient

35

d’avantages certains, pour promouvoir des actions diplomatiques voire militaires, ou

dissuader des mouvements jugés injustifiés ou inopportuns. C’est ainsi que la Russie comme

la Chine se sont opposées à plusieurs reprises à des sanctions contre l’Iran ou la Syrie, ou en

ont limité la portée. Il est clair qu’après l’utilisation jugée abusive de la résolution de mars

2011 autorisant l’intervention de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) en

Libye, les chances de renouveler ce type d’action sont faibles. D’où une certaine paralysie, de

facto, d’un Conseil de sécurité qui, le plus souvent, ne s’accorde que sur l’ambiguïté

d’intentions vagues.

Ces moyens sont aussi de nature économique. La région reste dans l’ensemble sous

l’influence des pays occidentaux (UE et dans une moindre mesure États-Unis) qui conservent

avec la plupart des pays du Moyen-Orient de fortes relations commerciales, y compris dans le

domaine de l’armement, ou comptent parmi les principaux investisseurs étrangers. Cette

situation évolue avec la présence des pays asiatiques. L’exemple de l’Iran et de l’Arabie

Saoudite, dont la Chine est à la fois premier fournisseur et premier client, est ainsi

symptomatique.

Des interventions militaires à géométrie variable

La gamme est ici large, de la coopération pour la formation à la cyberguerre, du

renseignement à la livraison d’armes, de l’envoi de conseillers, de forces spéciales ou de «

volontaires », à une action militaire directe, avec l’accord ou non du gouvernement local.

L’Iran joue habilement de ces différents outils, mais fait un usage extensif de « volontaires »,

en Syrie comme en Irak, avec diverses milices chiites formées, équipées et encadrées par la

brigade Al-Qods, émanation des Gardiens de la révolution. L’intervention russe en Syrie,

essentiellement sous forme de frappes aériennes, a contribué, avec la présence au sol des

milices chiites envoyées par l’Iran, à faire basculer la situation militaire au profit du régime.

Les États-Unis ne sont pas en reste, avec des moyens accrus pour lutter contre l’EI, en Irak à

la demande du gouvernement de Bagdad, et en Syrie avec l’acquiescement russe, sous forme

de frappes aériennes densifiées et avec la présence de forces spéciales de l’ordre de 6 000

hommes. Des interventions récentes contre l’armée syrienne ou contre Al-Qaïda au Yémen

conduisent à se demander si un nouveau seuil ne va pas être franchi par Washington.

D’autres pays de la coalition sont aussi présents, dans des conditions comparables, tant en

Syrie qu’en Irak. Mais ces interventions se font le plus souvent sans troupes au sol et à

distance – frappes aériennes, missiles de moyenne ou longue portée, drones. Le stade ultime

est l’intervention directe. L’armée turque fait régulièrement des incursions au nord de la Syrie

et en Irak. L’Arabie Saoudite, outre son soutien aux milices ou aux rebelles, notamment en

36

Syrie, n’hésite plus à intervenir directement à l’appel des gouvernements légaux : au Bahreïn

en 2011, au Yémen depuis 2015.

Source : Dominique David, Ramses 2018, Institut Français des Relations Internationales

(IFRI)

Document 2 : Un Moyen-Orient en feu, la décomposition annonce-t-elle la

recomposition ?

Des responsabilités partagées

La complexité de la situation fait écho à la complexité des causes. La cause univoque et

évidente ne peut relever que de la théorie du complot.

Des ingérences occidentales persistantes

Les ingérences répétées de l’Europe, et plus récemment des États-Unis, dans une région

stratégique et sensible sont aujourd’hui largement dénoncées, les plus anciennes comme les

plus récentes. Il y aurait un complot de l’Occident, qui serait responsable de tous les malheurs

du Moyen-Orient.

Georges Corm, ancien ministre des Finances libanais, disait en 2003, soit bien avant le chaos

actuel : « Ce sont les Occidentaux qui [y] ont semé les graines de la violence et du fanatisme

». Ce point de vue est largement partagé par les opinions publiques locales, qui rappellent à

foison les conséquences des décisions prises par les pays alliés – essentiellement la France et

la Grande-Bretagne – entre 1917 et 1923.

Les accords Sykes-Picot et les décisions des Alliés au lendemain de la guerre sont ainsi

largement mis en cause, y compris par l’État islamique (EI). S’il est juste de dire que les États

établis à cette époque étaient artificiels, que leurs frontières voire leur existence étaient

contestées, et qu’ils ont été créés sans consultation des populations locales et contre la volonté

des mouvements nationalistes arabes, il est pourtant difficile d’imputer tous les malheurs du

Moyen-Orient actuel à des décisions qui remontent à près d’un siècle.

Il est vrai, en revanche, que des interventions plus récentes ont eu un réel effet déstabilisateur.

L’intervention américaine en Irak en 2003, censée promouvoir la démocratie et une économie

de marché, a été un fiasco politique et militaire majeur de la diplomatie américaine. Cette

intervention a en effet eu un double effet pervers. Elle a débarrassé l’Iran de son principal

ennemi, Saddam Hussein, et lui a ainsi ouvert un espace d’influence continu au Moyen-Orient

37

arabe, de Bagdad à Beyrouth. Le jeu de la démocratie a mis en place à Bagdad un

gouvernement chiite dont Téhéran est un « protecteur » actif.

En outre, la décision prise en mai 2003 par le proconsul américain Paul Bremer de dissoudre

le parti Baas et l’armée irakienne, a conduit les cadres de ces derniers à rejoindre les

insurgents, notamment Al-Qaïda puis l’EI. En Libye, les conséquences de l’intervention de

l’OTAN, menée par la France et la Grande-Bretagne, a eu des conséquences tout aussi

désastreuses. Les conditions de mise en œuvre de la résolution 1973 de mars 2011 du Conseil

de sécurité, ont largement dépassé la « Responsabilité de protéger » censée l’inspirer, et

abouti à un regime change bâclé.

Des gouvernements en échec

De fait, les gouvernements de la région qui se sont succédés, soit dans les nouveaux États

créés sur les ruines de l’Empire Ottoman, soit dans des États qui avaient déjà une histoire

ancienne comme l’Égypte, portent également une lourde responsabilité. Au début des années

2000, la plupart des pays du Moyen-Orient étaient gérés par des régimes autocratiques

vieillissants, « non inclusifs », prédateurs et corrompus qui, s’appuyant essentiellement sur

l’armée et la police, avaient perdu toute légitimité. Le rôle des services de renseignement – les

moukhabarat – au sein des pouvoirs était prédominant. Face à une pression démographique

non maîtrisée, leur gouvernance a été désastreuse, au plan économique comme en matière

sociale, ainsi que l’ont souligné, pour la période récente, les différents rapports du Programme

des Nations Unies pour le Développement (PNUD) sur le développement humain dans les

pays arabes, publiés à partir de 2002. Ces gouvernements se sont avérés incapables de fournir

des emplois à une jeunesse de plus en plus connectée sur les réseaux sociaux mais frustrée car

ayant reçu une formation de médiocre qualité, inadaptée au monde du travail, et souvent sans

emploi.

Le mal nommé « printemps arabes » qui se développe à partir de 2011 sanctionne cet échec,

mais son propre échec contribue aussi à provoquer le chaos actuel. […] Les révoltes ont

tourné court et n’ont pas permis de mettre en place des régimes stables et à caractère

démocratique. Leur échec a de multiples causes, notamment la résilience de certains régimes,

les divisions, l’absence de programme de gouvernement des opposants, leur manque de

maturité politique et les erreurs commises par les mouvements islamistes. Tous ces éléments

ont contribué à semer le chaos et créé un vide politique dans lequel se sont engouffrés les

mouvements djihadistes.

Des réponses inadaptées et en ordre dispersé

38

Le désarroi des gouvernements

Les gouvernements des pays du Moyen-Orient atteints par ce chaos oscillent entre volonté de

réforme et actions répressives visant non seulement les mouvements radicaux mais aussi des

éléments modérés. Pour le régime syrien, un opposant ne peut être qu’un terroriste. Le régime

a usé de cet amalgame dès le début de la révolte contre des protestataires qui, au moins au

début, se contentaient de défiler pacifiquement dans les grandes villes syriennes. En Irak, le

Premier ministre a esquissé une ouverture limitée, pour inclure des personnalités sunnites

dans le gouvernement à des postes de responsabilité, par exemple au ministère de la Défense,

et engager une lutte contre la corruption. En Égypte, le régime s’est engagé dans une politique

répressive qui dépasse largement les mouvements radicaux pour toucher les Frères

musulmans déclarés «mouvement terroriste », ainsi que les éléments libéraux, acteurs de la

révolution de la place Tahrir. En Jordanie, quelques réformes cosmétiques, appuyées d’une

aide américaine de grande ampleur, ont permis de maintenir le calme.

Un avenir incertain

Cette situation chaotique risque de perdurer. Nul scénario laissant apparaître une

recomposition ou une stabilisation du Moyen-Orient ne semble pour l’heure crédible. La pax

americana que George W. Bush avait cru pouvoir imposer en 2003 apparaît

rétrospectivement comme un facteur majeur de déstabilisation. Une aggravation du chaos ne

peut être exclue. L’Égypte reste très vulnérable et la politique de ses autorités nourrit la

radicalisation des Frères musulmans, dont une frange risque de plus en plus de basculer dans

le terrorisme. Les États du Golfe – notamment l’Arabie Saoudite qui abrite une communauté

chiite importante, et doit relever le défi d’une jeunesse nombreuse, connectée et sous-

employée –, ne sont pas à l’abri de troubles graves. De nouvelles cartes commencent à être

dessinées, notamment aux États-Unis. Mais l’abandon des frontières actuelles ne pourrait

qu’aboutir à de nouvelles contestations et à de nouvelles violences. L’hypothèse la plus

probable, entre angélisme et catastrophisme, est sans doute un scénario gris où zones de

stabilité coexisteraient avec zones de troubles. Des partitions pourront intervenir. D’ores et

déjà, le retour à un Irak unifié et stabilisé paraît peu probable : la réunification des trois entités

existant de facto sera difficile à réaliser. Le rejet de la population sunnite reste très fort à

l’égard du gouvernement chiite de Bagdad, et l’autonomie du Kurdistan est sans doute

irréversible. Il en est de même en Libye, État structurellement fragile, où le clivage entre

Tripolitaine et Cyrénaïque risque de persister. Quant à la Syrie, un redécoupage intérieur

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serait en toute hypothèse difficile du fait de l’imbrication des communautés religieuses ou

ethniques.

Le Moyen-Orient est entré dans une phase nouvelle de son histoire déjà riche en turbulences.

Rien ne peut demeurer comme avant. Malgré l’échec des printemps arabes au Moyen-Orient,

la contestation d’autorités réputées corrompues, répressives et amies de l’Occident est loin

d’être terminée. […] Le Moyen-Orient, mais aussi d’autres régions comme l’Europe, devront

apprendre à vivre avec le terrorisme. Même si Al-Qaïda ou l’État islamique sont défaits

militairement sur les territoires qu’ils contrôlent, leurs combattants ne resteront pas inactifs et

se dirigeront vers d’autres terres de djihad.

De façon plus générale, la déstabilisation du Moyen-Orient est en large part le reflet d’une

crise profonde du monde musulman, déchiré par la fitna, la discorde entre les croyants. Un

retour à la stabilité, dans toutes ses composantes, y compris sécuritaires, et l’adaptation des

pays musulmans à un modèle nouveau de gouvernance qui leur soit propre, ne peuvent être

qu’une œuvre de longue haleine, et relevant de la responsabilité des pays eux-mêmes.

L’Occident ne peut avoir qu’une influence marginale sur leur destin, en jouant un rôle

d’accompagnement et de soutien discret, et non ingérant. Il doit éviter les erreurs du passé.

Source : Denis Bauchard, Ramses, 2017, Institut Français des Relations Internationales

(IFRI)

Document 3 : Du parrain omnipotent au géant hésitant

Les Etats-Unis perdent la main

Le positionnement diplomatique américain souffre de plus en plus d’une perception négative

de la part des peuples locaux. Malgré la démonstration militaire de la première guerre du

Golfe en 1991, George H. Bush et son successeur Bill Clinton ne décideront d’aucune

réforme notable de la politique étrangère américaine dans une région dont Washington semble

perdre peu à peu les clés de lecture. Focalisés sur l’immobilisme faussement rassurant des

monarchies pétrolières, le containment vigilant du «diable » iranien et une alliance

inconditionnelle avec l’État hébreu, les États-Unis paraissent aveugles au délitement politique

qui mine en profondeur le Moyen-Orient. Tandis que les sociétés arabes, désenchantées par

l’échec du nationalisme laïc, se sclérosent politiquement et culturellement, l’islamisme

politique confirme sa montée en puissance en capitalisant sur un ressentiment croissant dont

Washington devient une des cibles principales. Le 11 septembre 2001, le réveil est pour le

moins brutal. La réponse américaine le sera plus encore, car elle se focalise sur les

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conséquences de la violence (le mode d’action terroriste) plus que sur ses causes (au nombre

desquelles le non-règlement de la question palestinienne ou la tolérance envers le double jeu

wahhabite, la liste n’étant pas exclusive). En présentant le changement de régime et la

promotion armée de la démocratie comme les réponses les plus adaptées au défi terroriste

islamiste, George W. Bush troque la stratégie pour l’idéologie et met à bas les derniers

éléments de soutènement du fragile édifice politique moyen-oriental. Le résultat principal de

cet aveuglement est d’offrir «sur un plateau» le jeu politique irakien au voisin chiite iranien.

Dès lors, c’est l’ensemble de la stratégie américaine qui perd sa cohérence dans la région: les

États-Unis n’y sont plus considérés comme le courtier indispensable des trêves, des équilibres

de puissance et des négociations, mais comme un élément supplémentaire d’incertitude, y

compris par leurs alliés turcs, égyptiens mais aussi par les obligés saoudiens et israéliens.

Puissants mais usant mal à propos de cette puissance, les Américains s’empêtrent dans un

théâtre d’ombres et de haines trop complexes, où la vision binaire des relations entre morale,

droit et politique, qui semble culminer au début des années 2000 dans les approximations de

l’école néo-conservatrice, ne se révèle d’aucune utilité pratique pour défendre les intérêts de

l’Amérique. L’administration Obama, malgré une entrée en matière prometteuse en 2008,

apparaît elle aussi impuissante à renouveler les pratiques stratégiques américaines : l’onde de

choc des printemps arabes, accompagnée et promue par les États-Unis, secoue les équilibres

régionaux sans rénover les pratiques politiques ni répondre aux aspirations désespérées de

réforme de la jeunesse arabe. La seule innovation positive, sous la forme d’un gambit assez

audacieux, est l’accord nucléaire avec l’Iran en 2015. Mais, au plan général, les États-Unis ne

peuvent que constater le retour d’autres puissances extérieures – dont la Russie – au centre du

jeu moyen-oriental, échec auquel s’ajoute l’émancipation d’acteurs «désalignés »: l’Arabie

Saoudite, désormais engagée pour son compte et sans aucune vision dans une guerre

brouillonne et contreproductive au Yémen; la Turquie, muée en une «démocrature » qui

largue les amarres d’avec l’OTAN et l’Occident; Israël, furieux du rapprochement – pourtant

timide – avec Téhéran.

Trump peut-il rebattre les cartes ?

Dans une telle situation, les intentions du nouveau président américain sont scrutées à la

loupe. Aux États-Unis, certains, tel l’analyste Leon Hadar, n’hésitent pas à présenter la

stratégie de Trump comme un retour à une Realpolitik moyen-orientale qui, à force de

leadership et de démonstrations de force, réparera les dégâts des ères Bush et Obama en

restaurant la crédibilité américaine. Trump, selon Hadar, aurait simplement décidé de «

prendre le Moyen-Orient tel qu’il est », ce qui permettra des gains concrets et solides, loin des

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discours émollients. Il justifie la fermeté adoptée envers l’Iran par le fait que celui-ci est

beaucoup plus puissant aujourd’hui qu’en 2000. Le rapprochement avec l’Arabie Saoudite

vise à rétablir un équilibre que l’intervention en Irak puis la mollesse d’Obama ont menacé.

Rien de moins vrai, rétorque le théoricien réaliste Stephen Walt, pour qui une telle vision fait

beaucoup d’honneur au nouveau président américain : sa « Realpolitik» en trompe-l’œil ne

serait au contraire qu’une navigation à courte vue, oublieuse des leçons de l’histoire,

culturellement limitée, géopolitiquement analphabète et pathétiquement court-termiste. La

véritable politique américaine au Moyen-Orient, argumente Walt, s’est toujours confondue

avec une pratique permanente de l’équilibre de la puissance (balance of power policy): la

manœuvre consistait à prévenir les intrusions diplomatiques soviétiques dans la zone durant la

guerre froide puis, après la fin de celle-ci, à tenir le fléau de la balance entre les différentes

puissances moyennes orientales, en maximisant les profits économiques américains.

Washington, fait-il remarquer pour illustrer son propos, a soutenu Bagdad durant la guerre

Iran-Irak (1980-1988), puis s’est retourné sans états d’âme contre Saddam Hussein en 1991

lorsque celui-ci a envahi le Koweït. L’Amérique, conclut Walt, devrait continuer à jouer des

divisions moyen-orientales en discutant avec chacun, de manière à tenir la dragée haute à

tous. Ce qui impliquerait, note-t-il au passage, d’inclure l’Iran dans le système et de raisonner

les faucons israéliens. Trump fait a priori tout le contraire. Et Walt de conclure que l’hôte de

la Maison-Blanche se leurre profondément en se précipitant de nouveau dans les bras d’une

Arabie Saoudite, tout autant d’ailleurs qu’en laissant la bride sur le cou à une diplomatie

israélienne prise en otage par ses propres extrémistes.

La région n’en est que plus instable, tandis que la crédibilité comme les intérêts américains

ne peuvent qu’en être dégradés à moyen terme. Le réalisme de Trump ne serait donc qu’un

leurre: «En dépit de certains éléments politiques communs, résume Walt, Clinton, Bush et

Obama ont tous trouvé une recette de leur cru pour ficher en l’air le Moyen- Orient. Clinton

par un endiguement dual et un “processus de paix” bancal. Bush en envahissant l’Irak.

Obama en embrassant naïvement les printemps arabes et en pensant que les drones et les

forces spéciales suffiraient à régler n’importe quel problème. Trump n’est pas différent : il a

simplement son approche bien à lui pour rendre le Moyen-Orient encore pire que ce qu’il est

déjà.». L’analyse est pessimiste, et la charge indéniablement rude. Au regard de l’illisibilité

de la shatter diplomacy actuellement pratiquée par les États-Unis, il n’est pas sûr qu’elle soit

totalement injuste.

Source : Olivier Zajec, Revue Conflits, Hors-série n°6, Automne 2017

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Document 4 : La Russie et le Moyen-Orient

Une intervention surprise

[…] L’intervention armée de la Russie en Syrie en octobre 2015, en dehors de sa sphère

d’intérêts privilégiés, a surpris. C’est la réalité du terrain qui l’a imposée. L’armée syrienne

était sur le point de s’effondrer. Une passivité de Moscou aurait entraîné une lourde perte de

crédibilité de la signature russe, y compris dans sa sphère privilégiée. Pragmatique, le

Kremlin a essayé de maximiser les effets de son intervention. La première action médiatisée

de son aviation a été de matraquer la noria de camions qui acheminait le pétrole de Daech vers

le marché mondial, source de financement notoire que les frappes occidentales épargnaient

depuis des années. Ultérieurement, la Russie a concentré ses efforts sur différentes forces de

la nébuleuse anti-Assad, notamment sur les djihadistes venus de Russie que Moscou préfère

éliminer sur place. Le Kremlin a effectué quelques démonstrations militaires à usage plus

général. La première, immédiate, fut l’emploi de missiles mer-sol tirés depuis la Caspienne.

Non indispensables, ces tirs visaient à montrer à l’OTAN que la Russie pouvait tirer des

salves de missiles de croisière à 2 500 km à partir de ses eaux intérieures, action par ailleurs

susceptible d’intéresser des clients potentiels. Cela a supposé l’autorisation de survol de l’Iran

et surtout de l’Irak, allié des États-Unis. Pour insister sur cette dimension diplomatique,

d’autres tirs de missiles ont été ostensiblement effectués par des bombardiers russes en vol au-

dessus de l’Iran. Autre démonstration, technique, l’armée russe a mené un raid de 13 000 km

en novembre 2015. Les avions ont décollé de Mourmansk, contourné l’Europe par Gibraltar,

bombardé et regagné leur base du sud de la Russie, grâce à trois ravitaillements en vol. Celle

du Kouznetsov, venu lancer quelques raids aériens sur des objectifs terrestres, n’a en revanche

pas convaincu. Le seul porte- aéronefs russe, optimisé pour la défense antiaérienne et

antinavires des bases de la flotte du Nord, n’est pas adapté à cette mission.

Le volume de ses forces a été réduit en 2016, mais la Russie a aménagé des bases. Elle y

déploie des troupes au sol, des hélicoptères de combat, des avions d’attaque, qui participent

au combat. Elles sont protégées par les missiles antiaériens les plus performants du marché

(S400) contrôlant l’espace aérien dans un rayon de 400 km (cela signifie que le ciel syrien est

interdit à quelque aviation que ce soit, sauf à attaquer et détruire les bases russes). Ce

déploiement pérenne actuel, hors de sa sphère privilégiée, est un précédent historique.

Politique, et non économique, d’abord

Les considérations de sécurité «de l’avant» pèsent davantage. Si la Syrie est à 3 000 km du

sud de la France, elle n’est qu’à 600 km de la frontière russe du Caucase, région dans laquelle

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s’activent des mouvements djihadistes, présents en Syrie. La frontière russe y jouxte l’arc de

crises qui s’étend de l’Afghanistan à l’Égypte, en passant par le Kurdistan. Ce foyer

d’instabilité peut menacer directement sa sécurité. Sur ce plan, le Moyen-Orient est donc un

espace intermédiaire entre sphère d’intérêts privilégiés, au contact direct, et « terrain de jeu

diplomatique» lointain. Espace d’un intérêt d’autant plus grand que depuis une décennie,

l’équilibre des forces s’y modifie. Un certain vide stratégique s’y installe sous l’effet de deux

dynamiques historiques, l’effacement des Occidentaux et l’affirmation de puissances

régionales.

Source : Pascal Marchand, Revue Conflits, Hors-série n°6, Automne 2017

Document 5 : La rivalité russo-américaine en Syrie, une nouvelle guerre froide ?

Le niveau stratégique

La Russie et les Etats-Unis ont-ils vraiment l’objectif de se supplanter l’un l’autre en Syrie

comme ce fut le cas durant la Guerre froide au Moyen-Orient ?

Remarquons en premier lieu que, malgré l’hostilité apparente des deux parties et leur

opposition à l’égard de la crise syrienne, Moscou et Washington ont su collaborer très

efficacement et trouver des points de convergence. Ainsi, le 14 septembre 2013, les Etats-

Unis et la Russie ont conclu un accord en vue du démantèlement de l’arsenal chimique syrien.

L’offensive de l’Etat Islamique en Irak et en Syrie créa quant à elle un ennemi commun. C’est

dans ce contexte qu’à la veille de l’intervention militaire russe en Syrie, Vladimir Poutine

proposa depuis la tribune de l’Assemblée Générale de l’ONU de créer une coalition

internationale contre le terrorisme, « à l’instar de la coalition anti-hitlérienne ». Même si cette

proposition ne fut pas acceptée par les Occidentaux, la Russie et les Etats-Unis signèrent

néanmoins en octobre 2015 un mémorandum instaurant un mécanisme de prévention des

conflits entre les aéronefs russes et ceux de la coalition dans le ciel syrien, ce qui aurait été

inenvisageable à l’époque de la Guerre froide.

La menace commune que constituait l’Etat Islamique (EI) a également permis la mise en

place des conditions pour un rapprochement entre Washington et les Kurdes syriens. En effet,

les Américains optèrent pour le soutien aux « Unités de Protection du Peuple » (YPG), milice

armée kurde affiliée au PYD (« Parti de l’Union Démocratique » – parti kurde syrien). Le

siège de Kobané, débuté à l’automne 2014, poussa les Etats-Unis à prendre des mesures

décisives et inhabituelles dans leur engagement contre l’Etat Islamique. Non seulement

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l’aviation américaine bombarda les positions de l’EI autour de la ville, en soutien aux

combattants des YPG assiégés, mais elle leur largua aussi des armes et des munitions.

Dans le contexte de guerre contre l’EI, la collaboration des Etats-Unis avec les Kurdes syriens

est sans doute perçue sous un jour positif au Kremlin. Ainsi, les Russes n’ont pas critiqué la

livraison d’armes aux YPG, voyant en cela un moindre mal par rapport à une éventuelle

ingérence militaire directe de l’armée de terre américaine ou turque. En outre, le Kremlin s’est

lui-même engagé dans des rapports étroits avec le PYD.

Malgré ces points de convergence, il faut aussi noter la présence d’indices d’une opposition

stratégique et militaire plus franche en Syrie. Ainsi, on peut penser que l’intervention militaire

russe en Syrie fut une réaction au changement des rapports de force régionaux au Proche-

Orient, lié notamment aux projets d’instauration de zones d’exclusion aérienne et terrestre en

Syrie par la Turquie et la Jordanie avec l’aval américain à l’été 2015.

Source : Alexander Barkhudaryants, Revue Confluences Méditerranée, n°104, 2018

Document 6 : Vers la fin des frontières ?

Echec des frontières, échec des nations ?

Si Israël fut le premier pays de la région à militariser son espace national, les autres États ont

militarisé leurs systèmes politiques. Dans les deux cas, les populations ont été amenées à

redéfinir leurs identités et à vouloir les protéger. On trouva des ennemis: le juif, le Palestinien,

le chiite, le nomade. Et surtout l’Occidental. Pourtant, ni le nationalisme ni l’autoritarisme

n’ont pu accoucher de nations vraiment unifiées. De fait, la Syrie et l’Irak, en développant un

État bureaucratique et intrusif inspiré du modèle européen, espéraient unifier les

communautés du pays ; mais cet État se révéla clientéliste, ethniciste et brutal. On chercha à

homogénéiser le territoire en luttant contre les particularismes, d’où la méfiance à l’égard des

ethnies transfrontalières, forcément indociles. La Turquie vécut dans un sentiment

d’insécurité permanent qui justifia la conquête du Nord de Chypre (1974), puis la guerre

contre les Kurdes dans les années 1990. Il fallait un État fort pour défendre un espace en

danger et remplacer les zones-tampons floues par des lignes matérielles et surveillées.

Si la guerre froide divisa le Moyen- Orient, elle garantit toutefois un certain statu quo

territorial. La guerre du Golfe puis les attentats du 11 septembre consacrèrent le «moment

américain». Après 2003, l’impasse de la géopolitique américaine devint patente, tandis que la

stratégie mondialiste d’Al-Qaïda fut supplantée (provisoirement?) par celle de Daech axée sur

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les territoires. Washington fut tenté de quitter la zone et de la laisser se fragmenter, au nom du

droit des communautés à se constituer en nations. En quelques années, la Syrie, l’Irak et le

Yémen tombèrent dans le chaos. Au sein de cette tension, les communautés locales –kurdes,

alaouites, chiites – suivent leurs intérêts avec pragmatisme, en attendant de pouvoir profiter

du chaos pour constituer leur propre espace politique.

Faut-il redécouper le Moyen-Orient ?

L’effondrement de Daech va sans doute produire de nouveaux territoires. Les espaces kurdes

vont gagner en autonomie administrative, aux dépens des populations arabes sunnites qui ont

accepté la présence du djihadisme. Celles-ci devront composer avec les mêmes pouvoirs en

place à Damas et Bagdad, proches de l’Iran chiite. De nouvelles frontières sont en

perspective, alors que les anciennes se durcissent et se fortifient, ainsi entre Israël ou ses

colonies et la Cisjordanie, entre l’Arabie et l’Irak ou entre la Turquie et la Syrie. Le Moyen-

Orient se couvre lui aussi de murs. Faudra-t-il redécouper la région sur de nouveaux critères ?

Mais lesquels ? Le centralisme est, ici, indissociable de la marginalisation des minorités. La

solution fédérale a été proposée pour la Syrie et l’Irak, mais dans des pays aussi centralisés et

aussi récents, une telle proposition aboutira à l’éclatement. Par bien des aspects, le Moyen-

Orient est en train de redécouvrir des formes de féodalité. Il est même possible que, dans

l’avenir, se constituent des «proto-États»: des entités étatiques quasi fictives, contrôlant des

lambeaux de territoire et bénéficiant de la reconnaissance internationale, mais cohabitant avec

une constellation d’autorités ethniques, régionales ou religieuses. Dans un tel cadre,

l’instabilité serait permanente, la nature des institutions variée d’une zone à l’autre, et les

territoires l’objet de rééquilibrages constants. Pourtant, loin d’être un chaos, il y aurait là une

sorte de statu quo régional, aucun pouvoir ne pouvant l’emporter définitivement sur les

autres.

Source : Olivier Hanne, Revue Conflits, Hors-série n°6, Automne 2017

Document 7 : Cartes

Carte 1 : Le Moyen-Orient entre deux guerres

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Orient entre deux guerres

Source : Revue Conflits, Hors-série n°6

série n°6, Automne 2017

Carte 2 : L’eau au Moyen Orient

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oyen Orient

Source : Revue Conflits, Hors-série n°6

série n°6, Automne 2017

Carte 3 : Les clivages religieux

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: Les clivages religieux du Moyen-Orient

Source : Revue Conflits, Hors-série n°6

série n°6, Automne 2017