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Agriculture et agroalimentaire : choisir l’avenir Document de consultation

Agriculture et agroalimentaire : choisir l’avenir · 2007-06-14 · des perspectives de développement pour des produits qui répondront à des préoccupations de la population

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Agriculture et agroalimentaire :choisir l’avenirDocument de consultation

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Une invitation à participer 3

1 Les besoins alimentaires de la population 6

2 La production agricole 9

3 La transformation alimentaire 15

4 La distribution des produits alimentaires 18

5 Le commerce extérieur de produits agricoles et agroalimentaires 22

6 Le développement des ressources humaines 25

7 L'agriculture, l'agroalimentaire etl'environnement 29

8 La santé et les préoccupations desconsommateurs 33

9 La ruralité et le développement régional 37

10 La gouvernance 40

Comment participer 43

Références 46

Sommaire

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Commission sur l'avenir de l'agriculture et de l'agroalimentaire québécois

Jean Pronovost, présidentMario Dumais, commissairePascale Tremblay, commissaire

Suzanne Dion, secrétaire générale

RECHERCHE ET RÉDACTIONDenis Cormier, directeur de la rechercheJean Dionne, directeur des communicationsJean-François Aubin, analysteJacques Bélanger, analysteMichel Carignan, analysteBertrand Venne, analyste

CONTRIBUTIONEco Ressources Consultants

COORDINATION DE LA PRODUCTIONGino Desrosiers, conseiller en communications

SOUTIEN TECHNIQUEOdette Côté, adjointe administrativeSylvie Jolicoeur, adjointe administrativeFrance Pelletier, conseillère en communications

RÉVISION LINGUISTIQUEPierre Senéchal

TRADUCTION ANGLAISEBenjamin Waterhouse

CONCEPTION GRAPHIQUEFolio et Garetti

PHOTOS Guy Tessier

This document is also available in English

© Commission sur l'avenir de l'agriculture et de l'agroalimentaire québécoisDépôt légal : Bibliothèque nationale du Québec, janvier 2007

ISBN 978-2-550-48759-3 (version imprimée)ISBN 978-2-550-48760-9 (PDF)

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L’agriculture et l’agroalimentairequébécois ont pour mission premièrede contribuer à nourrir les gens d’iciet d’ailleurs. Tout en répondant ànotre besoin vital de nourriture, lesecteur produit aussi des biens noncomestibles comme des fibres, desproduits de l’horticulture ornementaleet des bioénergies. Ce faisant, il sesitue au cœur d’enjeux sociaux quinous concernent tous et toutes.

La production, la transformation et la distribution, incluant l’hôtellerie, la restauration et les institutions (HRI),sont des activités économiquesgénératrices de richesse, d’emplois et d’exportations. Le secteuragroalimentaire emploie au Québec452 000 personnes.

Pour ceux et celles qui la pratiquentet en vivent, l’agriculture est un modede vie, source de nombreusessatisfactions personnelles etfamiliales. Y réussir requiert plusieurscompétences. La formation, leconseil, la recherche et l’innovation en constituent donc des élémentsstratégiques.

En 2001, le Québec comptaitquelque 47 390 producteurs et productrices agricolestravaillant dans 30 539entreprises agricoles.

Une invitationà participer

Graphique 1 – RÉPARTITION DES EMPLOISDU SECTEUR AGROALIMENTAIRE AUQUÉBEC

Distribution et HRI : 71 %

Transformation : 16 %

Production : 13 %

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L’agriculture est l’assise territoriale dela ruralité québécoise. Par définition,elle est le premier et le plus stabledes facteurs d’occupation dynamiquedu territoire. Elle contribue largementà façonner son paysage et àdévelopper son économie.

Parce qu’elle occupe une grandepartie du territoire habité du Québec,l’agriculture a un impact déterminantsur notre environnement. Des modesde production agricole respectueuxde la qualité de l’eau, du sol et de l’air bénéficient à toute la population.

L’agriculture et l’agroalimentaire sont au cœur de toute stratégie de protection et de promotion de la santé. Bien en amont des soinsmédicaux, l’adoption de saineshabitudes de vie, notamment par laconsommation d’aliments sains etvariés, est un facteur déterminant denotre santé individuelle et collective.

Pour chacun de ces enjeux, nousobservons des difficultés et desturbulences. Plusieurs acteurs utilisentmême le mot crise. Lorsqu’il a présentéau public les membres de laCommission, le ministre de l’Agriculture,des Pêcheries et de l’Alimentation duQuébec, M. Yvon Vallières, a d’ailleursfait les observations suivantes :

« Nous vivons un resserrementcontinu de l’environnementd’affaires : crise des revenusagricoles; faiblesse chronique desprix dans les céréales; difficultédans le secteur du porc; crise de la vache folle; menace à la gestionde l’offre; force de la devisecanadienne. On note aussi bonnombre de paradoxes : prix desterres en hausse; augmentation dela valeur des quotas; progressiondes ventes agricoles. De plus, desépisodes de crises à court termedissimulent des tendances lourdesà long terme : plafonnement desprix agricoles; hausse des coûts;montée de la concurrence ».

Au fil des années, les attentes de lasociété à l’égard des hommes et desfemmes qui ont pour profession denourrir la population se sont accrueset complexifiées. La santé financièreprécaire des fermes, les tauxd’endettement, les niveaux importantsde stress vécus par les famillesagricoles ainsi que les problèmes derelève font partie des problématiquesfréquemment soulevées.

La profession d’agriculteur estexigeante en temps, en formationainsi qu’en investissementspersonnels et financiers. Nousattendons de ceux qui la pratiquentqu’ils produisent toujours plusefficacement en quantité et en qualité,qu’ils répondent aux goûts de plus enplus variés des consommateurs etqu’ils contribuent vigoureusement à la croissance de nos exportations.Ceci, dans un contexte de compétitionmondiale où les prix des denréesalimentaires ont tendance à stagner,voire à baisser, alors que ceux desfacteurs de production augmentent.

Dans le monde rural, l’agriculturen’est plus seule ni même majoritaire.Des citadins s’y installent et leshabitants des milieux périurbains ainsique d’autres citoyens ruraux yaffirment de nouvelles valeurs. Ilsposent aussi de nouvelles exigencesquant à la minimisation des impactsde la production agricole sur la qualitéde l’environnement.

Aujourd’hui, la populationagricole du Québec nereprésente plus que 6,4 % de la population rurale.

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La taille des fermes augmente alorsque leur nombre diminue de façonconstante. Cela n’est pas sansconséquence sur le dynamisme descommunautés rurales.

Les préoccupations croissantes de la population à l’égard de la santé et de la qualité de son alimentationinterpellent aussi directementl’agriculture et l’industrie alimentaire.Nous notons, à l’occasion, uneérosion du lien de confiance qui lie le consommateur à la chaînebioalimentaire de production, detransformation et de distribution.

Certains sont convaincus que certainesdes innovations technologiques,l’introduction des organismesgénétiquement modifiés (OGM) parexemple, constituent une menacepour la santé humaine, celle destroupeaux ainsi que pour la diversitébiologique et l’environnement.

Les transformateurs, quant à eux, sesentent coincés entre les producteurs,les distributeurs et les exigences de laconcurrence internationale.

Certains observateurs croient qu’il esttemps d’examiner la gouvernance desinstitutions du secteur. Est-ce que lesrelations entre les acteurs et larépartition des rôles doivent êtreactualisées pour mieux répondre auxdéfis de l’avenir?

Dans ce contexte, le gouvernementdu Québec nous a confié le mandat :

• de dresser un état de situation desenjeux et des défis de l’agricultureet de l’agroalimentaire québécois;

• d’examiner l’efficacité desinterventions publiquesactuellement en place;

• d’établir un diagnostic;

• de faire des recommandations en tenant compte des défis de la compétitivité et des revenusagricoles, des attentes sociétales et de la mise en valeur despotentiels régionaux.

Pour mener à bien ce mandat, noustiendrons des consultations à lagrandeur du Québec de façon àpermettre à tous ceux qui le souhaitentde s’exprimer. Dans le même ordred’idées, nous ferons un effort délibérépour examiner toutes les dimensionsdes problèmes traités et recueillirsystématiquement les différentspoints de vue. Nous favoriserons ledialogue, la conciliation des points de vue, l’équilibre des solutions et,autant que faire se peut, l’articulationde consensus viables.

C’est dans cet esprit que nous avonspréparé le présent document deconsultation. Il comprend dix chapitresportant sur des thématiques précisestelles que la production, latransformation, l’environnement, etc.Des problématiques comme la santé,l’innovation, la rentabilité et la relèveconcernent plus d’une thématique etsont évoquées en différents endroits.Chaque chapitre inclut des constatsgénéralement reconnus ou fréquemmentavancés, des données qui illustrentdes tendances et des questionssoumises à la consultation. Cesdonnées, notons-le, sont souvent desvaleurs moyennes qui ne reflètent pastoujours toutes les particularités dusecteur, les spécificités liées auxproductions, aux réalités régionales, à la taille des entreprises, etc.

Nous ne prétendons en rien àl’exhaustivité et ne voulons surtoutpas préjuger des conclusions de notredémarche, ni des recommandationsqui en découleront. L’objet du présentdocument est de brosser un tableausynthèse susceptible de déclencher et de soutenir la discussion. Cetableau est conçu de façon à aider les participants à dégager une visionet des lignes directrices ainsi qu’àproposer des choix.

Le gouvernement du Québecnous invite à élaborerensemble les principauxéléments d’une visionrenouvelée de l’agriculture et de l’agroalimentaire. Nous sommes persuadés que,pour y parvenir, la voie deséchanges ouverts, transparentset rigoureux est la meilleure.

C’est dans cet esprit que vous sontsoumises les observations et lesquestions qui suivent et que vousêtes instamment conviés à participeraux travaux de la Commission.

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La population doit non seulement être nourrie, elle doit aussi être biennourrie. Les taux croissants d’obésitéet de diabète observés dans lapopulation et les problèmes cardio-vasculaires qui leur sont liés, créentdes enjeux de santé publique quiinterpellent le secteur de l’agricultureet de l’agroalimentaire. Un de cesenjeux consiste à créer desenvironnements propices à l’adoption,par le plus grand nombre possible, desaines habitudes alimentaires.

LE MARCHÉ QUÉBÉCOIS

Certaines caractéristiquessociodémographiques exercent une influence sur les besoinsalimentaires. Compte tenu de lastabilité de la population et du niveaude consommation déjà atteint, levolume de la consommationalimentaire québécoise plafonnera.

Les Québécois et les Canadiensconsacrent à l’alimentation une partde moins en moins grande de leursdépenses. Cette proportion estpassée, en moyenne au Québec, de13,2 % à 12,5 %, entre 1997 et 2004.Au Canada, elle est passée, pour lamême période, de 11,5 % à 10,9 %.1

L’augmentation de l’espérance de vieet de l’âge moyen de la population, la diminution de la taille des ménages,l’accroissement du niveau d’éducationet le changement des systèmes devaleurs, ainsi que la diversitéculturelle, influeront sur la nature de la demande alimentaire.

Nous observons un vieillissement de la population au Québec et auCanada. L’Institut de la statistique du Québec (ISQ) prévoit que laproportion de la population âgée de50 ans et plus, qui était de 31 % en2001, atteindra 44 % en 2036.2 Lespremiers baby-boomers entrent dansla soixantaine en 2006 et joignentprogressivement les rangs desretraités. Nous constatons égalementque, depuis 20 ans, la proportion dela population québécoise de 65 ans et plus augmente tandis que celle demoins de 15 ans diminue.

Selon les projections de l’ISQ,dès 2010, le nombre depersonnes de 65 ans et plusdépassera celui des 15 ans et moins.

Selon le scénario de référence utilisépar l’ISQ pour prévoir la tendancedémographique, la population duQuébec devrait cesser de croître en2031 alors qu’elle atteindra tout prèsde 8,1 millions de personnes.3 Selonles mêmes prévisions, la courbedémographique suivra par la suite unepente descendante, d’abord plutôtfaible, puis de plus en plus marquée.

En raison de ce vieillissement, la consommation alimentairequébécoise offrira vraisemblablementdes perspectives de développementpour des produits qui répondront à des préoccupations de lapopulation à l’égard de la santé et du vieillissement.

Le secteur de l’agriculture et de l’agroalimentaire québécois répondaux besoins des gens d’ici et d’ailleurs. Dans un monde

d’interrelations, il participe à un réseaud’échanges économiques qui ont coursà la fois sur les marchés québécois,canadiens et internationaux. Lesexportations et les importations qui sontainsi effectuées contribuent à répondre à des besoins alimentaires.

1Les besoinsalimentairesde lapopulation

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Les consommateurs sont de plus en plus sensibles à la composition et à la valeur nutritionnelle desaliments et recherchent un meilleuréquilibre alimentaire. Lesconsommateurs affichent aussi despréoccupations de plus en plusaffirmées pour la qualité et l’innocuitédes aliments. Face à une populationqui cherche à demeurer active et ensanté le plus longtemps possible,l’agriculture et l’agroalimentairedevront vraisemblablement miser deplus en plus sur les caractéristiquesqualitatives de leurs produits.

L’obésité et ses complications, ainsique plusieurs problèmes cardio-vasculaires ont des déterminantsalimentaires importants qui sont assezbien compris par les scientifiques etla population en général. Laconsommation alimentaire québécoiseoffrira vraisemblablement desperspectives de développement pourdes produits qui répondront à cespréoccupations sociales.

Les familles sont plus occupées etleur emploi du temps est de plus enplus chargé. Les deux conjointstravaillent et disposent de moins detemps à consacrer à la préparationdes repas. Ces tendances se fontsentir depuis quelque temps déjà ettout indique qu’elles demeurerontprépondérantes. Dans ce contexte, le consommateur recherche desaliments sains, rapides et faciles à préparer.

Nous assistons aussi à une diminutiondu nombre de personnes par ménageet la tendance est aux ménagescomposés de une ou deux personnes(63 % des ménages en 2001).4 Lenombre de couples sans enfant et la présence accrue de jeunes adultes(20-29 ans) qui vivent avec leursparents sont aussi des phénomènesqui modifient les habitudes.

Il faut également tenir compte del’influence sensible qu’exercent lescommunautés culturelles. Celles-ciimportent leurs préférencesalimentaires qui influencent à diversdegrés la variété des aliments qui seretrouvent sur le marché etcontribuent à faire évoluer leshabitudes de consommation.

Depuis les années 90, lesconsommateurs intègrentgraduellement des critères éthiques,politiques et environnementaux dansleurs choix d’aliments et deconsommation. Cette tendance setraduit par de nouvelles exigencesquant au respect de certaines valeursappliquées aux activités de production,de transformation et de distribution.Le bien-être animal, l’achat local ourégional, la certification environne-mentale, le commerce équitable, lesproduits écologiques et l’agriculturebiologique font dorénavant partie descritères qui influencent les choix deconsommation.

Les médias ont joué et continuent dejouer un rôle de premier plan dansl’évolution des goûts et des habitudesalimentaires. Les chefs réputés sontmaintenant connus du grand public.La qualité des produits ainsi que leurvaleur nutritive et gustative sontdiscutées dans les journaux et lesrevues, à la radio et à la télévisionmodifiant les choix et les perceptionsdes consommateurs.

7

La Commission sollicite lesréflexions des participants sur lesprincipaux changements quiinfluencent la demande de produitsalimentaires :

• Est-ce que le secteur agricole etagroalimentaire québécois estbien préparé pour répondre auxbesoins actuels et futurs desconsommateurs?

• Quelles réflexions vous inspirentles problématiques de santépublique, notamment celles qui appellent la créationd’environnements plus propices à de saines habitudesalimentaires?

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Dans ce contexte, la Commissionsouhaite connaître vos pistes deréflexion et de solution.

• Comment le Québec doit-ils’inscrire dans la dynamique deséchanges mondiaux de produitsagricoles et alimentaires?

• L’accroissement prévisible de la demande mondiale pour desprotéines animales doit-il ou nonêtre vu comme une opportunitépour le secteur agroalimentairequébécois?

LA DEMANDE MONDIALE DEPRODUITS ALIMENTAIRES

Selon les études publiées parl’Organisation des Nations Unies pourl’alimentation et l’agriculture (FAO),5 lapopulation mondiale augmente à raisonde plus de 70 millions d’habitants parannée et plafonnera vraisemblablementà environ 9,3 milliards d’humains en2050. Cette croissance de lapopulation mondiale viendra surtoutde l’Asie, de l’Afrique et de l’Amériquelatine. La population mondiale quiétait urbaine à 45 % en 1995, le seraà 60 % en 2015. Ce phénomène auraune incidence marquée sur l’agriculture.

La croissance démographique,conjuguée à la croissance desrevenus ainsi qu’à l’évolution desrégimes alimentaires et de laconsommation par personne,conditionne, pour une large part, lademande d’aliments. L’augmentationde la consommation alimentairejournalière moyenne par personne sefera dans les pays en développement,car, dans les pays développés, cetteconsommation moyenne atteint déjàdes niveaux élevés.

Selon les prévisions de la FAO,de 2000 à 2030, la demandepour les produits agricolescroîtra de 60 %. Elle auradoublé en 2050.

Les régimes alimentaires vont aussichanger. L’Organisation decoopération et de développementéconomiques (OCDE) et la FAO6

prévoient que l’augmentation de laconsommation alimentaire parhabitant se fera principalement enprotéines animales. Ce phénomèneest lié à la croissance des revenus parhabitant dans de nombreuses partiesdu monde. En disposant d’un meilleurrevenu, les gens choisissent deconsommer plus régulièrement de laviande, du poisson, des oeufs et desproduits laitiers au lieu de se nourrirplus exclusivement de céréales tellesque le riz, le maïs et le millet.

Dans le cas de la viande, l’effetcombiné de l’évolution des régimesalimentaires et de la croissancedémographique a fait presquequadrupler, de 1950 à 1997, laconsommation mondiale. La FAOprévoit une hausse additionnelle de23 % pour la période 2006-2015.

La FAO prévoit aussi que laproduction mondiale d’alimentsdevrait normalement répondre à cettedemande dans la prochaine décennie.L’augmentation de la production sefera notamment par l’adoption denouvelles technologies de production,l’augmentation des superficies enculture, l’intensité culturale,l’amélioration des rendements,l’utilisation des biotechnologies et devariétés de cultures mieux adaptées,ainsi que par la vulgarisation desconnaissances et la recherche.

Par contre, des problématiques dedéficit alimentaire, principalementliées à des problèmes d’accès et dedistribution, continueront à se fairesentir, particulièrement dans les paysen développement où, aujourd’hui,776 millions de personnes sontencore sous-alimentées.

PAUVRETÉ, ABONDANCE ETGASPILLAGE

À tous les niveaux de la chaîneagroalimentaire, des quantitéssignificatives de produits agricoles etd’aliments sont perdues. Des étudesaméricaines estiment que ces pertescumulatives font en sorte que de 40 % à 50 % de la nourritureproduite, transformée et distribuée ne se rend pas au consommateur.

La famille américaine gaspilleen moyenne 130 kg denourriture par année.7Sans disposer de nombresaussi précis pour le Québec et le Canada, nous pouvonsprésumer que lescomportements y sontsensiblement les mêmes.

Les banques alimentaires utilisent au mieux de leur capacité desressources alimentaires saines qui seraient autrement jetées, et les redirigent vers les plus démunis,dont de nombreux enfants. Parailleurs, les groupes de défense des droits sociaux dénoncentrégulièrement le paradoxe d’unesociété d’abondance et de gaspillagedans laquelle des Québécois de tousâges sautent des repas, faute deressources financières. Les groupesde consommateurs soulignent aussiles défaillances du réseau dedistribution dans les quartierspauvres, notamment en ce quiconcerne la disponibilité des fruits et des légumes.

La Commission aimerait recevoirdes commentaires et desrecommandations sur ce sujet.

• Comment le secteur agricole et agroalimentaire peut-ilcontribuer aux efforts pourcombattre la sous-alimentation et la malnutrition?

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Une très faible proportion du territoirequébécois est réservée aux activitésagricoles, c’est-à-dire moins de 2 % de sa superficie totale. Environ80 % de la production est aujourd’huiconcentrée dans la vallée du Saint-Laurent, principalement dans la plaine de Montréal.

Tableau 1 – QUELQUES DONNÉES SURL’AGRICULTURE AU QUÉBEC

Nombre de producteurs1 47 390

Nombre d’entreprises1 30 539

Emplois1 55 800

Ventes (millions $)2 5 487,8

PIB (millions $)2 2 324,6

Sources : 1. Statistique Canada, Recensement agricole, et 2. Institut de la statistique du Québec et ministèrede l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentationdu Québec, Profil sectoriel de l’industrie bioalimentaireau Québec, édition 2005, janvier 2006

La production des fermesquébécoises peut être venduedirectement à des consommateurs,servir de matière première à desentreprises de transformation ouencore être livrée directement à des distributeurs, des détaillants ou des restaurants sur les marchésquébécois ou extérieurs.

La production des fermesquébécoises peut être venduedirectement à des consommateurs,servir de matière première à desentreprises de transformation ouencore être livrée directement à desdistributeurs, des détaillants ou desrestaurants sur les marché québécois

ou extérieurs.

Les produits agricoles de base, c’est-à-dire les produits de large

Le climat frais et pluvieux du Québec, particulièrement favorableà la production d’herbages, a conditionné l’évolution de

l’agriculture québécoise. Près de 75 % de sa production provient en effet de l’élevage alors qu’environ 55 % de la production canadienne et 40 % de l’agriculture mondialesont de ce type. L’agriculturequébécoise s’est orientée, dès la fin

du XIXe siècle, vers ce qui allait devenir sa principalespécialité : l’industrie laitière.

2La productionagricole

Tableau 2 – PRINCIPALES PRODUCTIONS AGRICOLES AU QUÉBEC RECETTES MONÉTAIRES EN 2005 (MILLIERS $)

PRODUITS ANIMAUX RECETTES (milliers $) POURCENTAGE*

Lait 1 847 225 34

Porc 1 030 220 19

Volailles et œufs 586 651 11

Autres productions animales incluant bovins, moutons et agneaux 555 565 10

Total bétail et produits animaux 4 019 661 74

CULTURES

Maïs, oléagineux, céréales 423 620 8

Cultures maraîchères (légumes et pommes de terre) 394 342 7

Fleurs et pépinières 249 701 5

Fruits et autres 228 897 4

Produits de l’érable 151 673 3

Total cultures 1 448 233 27

RECETTES PROVENANT DU MARCHÉ 5 487 780 100

* Les pourcentages ont été arrondis.

Source : Activité bioalimentaire au Québec, Bilan 2005, ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et del’Alimentation du Québec, Annexe, page 41.

Les produits agricoles de base, c’est-à-dire les produits de large consommation,constituent la majorité de la production du Québec comme le montre leTableau 2. L’évolution des goûts des consommateurs et l’adoption de nouvellestechnologies ont favorisé l’apparition de produits aux caractéristiquesparticulières, par exemple les produits du terroir et régionaux, les produitsbiologiques et des produits avec d’autres caractéristiques spécifiques.

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Les rendements dans les élevages sesont aussi fortement accrus. Parexemple, la production moyenne delait par vache a augmenté de 14 % en dix ans, passant de 7 102 kg/anen 1996 à 8 115 kg/an en 2005.1

Dans le cas du porc, la productivitépar truie en production est passée de20,1 porcelets sevrés par année en1995 à 23,2 porcelets en 2003, uneaugmentation de 15 %.2

Comme le montre le Graphique 2, la production s’est concentrée chezun nombre restreint de producteurs, si bien que 20 % d’entre eux, soitceux dont les revenus bruts sontsupérieurs à 250 000 $, généraient,en 2001, 70 % des recettes agricolestotales. Par ailleurs, la majorité desentreprises (56 %) ne fournissaientque 9 % des recettes agricoles pourla même année.

L’introduction et l’adoption denouvelles technologies et méthodesde production ont contribué à lamodernisation de l’agriculture.Certaines de ces technologies sontgénéralement bien reçues. D’autressuscitent aujourd’hui crainte etméfiance, notamment celles quiimpliquent l’utilisation de pesticides,d’antibiotiques, d’hormones decroissance et d’organismesgénétiquement modifiés. Les citoyensy voient des risques pour la santé,l’environnement et la biodiversité.D’autres technologies associées à laconservation et à la préservation desressources, comme la technique desemis direct, l’agriculture de précision,les méthodes de production biologique,sont accueillies plus favorablement.

Les exigences accrues de laréglementation, conjuguées auxinvestissements requis par lestechnologies modernes, ont contribuéà l’accroissement de la taille desentreprises agricoles et de leursbesoins en capital. Les besoins enapprovisionnements réguliers et engrande quantité des entreprises detransformation et de distributionalimentaire ajoutent à ces phénomènes.

Cette évolution de l’agriculture n’estpas unique au Québec. Elle estobservée ailleurs au Canada et dansl’ensemble des pays développés.

10

LES MÉTHODES ET LES STRUCTURES DE PRODUCTION

Au cours des années, la production agricole est devenue l’affaire d’entreprisesde plus en plus spécialisées. Le volume de la production, la taille des entreprises,les capitaux investis, la productivité du travail agricole et de la terre ont tousconsidérablement augmenté. De 1941 à 2001, le nombre de fermes est passéde 155 000 à 30 539.

Tableau 3 – ÉVOLUTION DE L’AGRICULTURE AU QUÉBEC

1961 2001 Variation

Superficie totale des terres agricoles (milliers ha) 5 746 3 417 - 41 %

Superficie en culture (milliers ha) 2 110 1 850 - 12 %

Nombre de fermes 95 777 30 539 - 68 %

Superficie moyenne par fermes (hectares) 60 106 + 77 %

Superficie moyenne en culture par fermes (hectares) 22 71 + 223 %

Recettes moyennes par entreprise agricole ($ courants) 4 359 179 029 + 4 007 %

Capital par entreprise ($ courants) 17 000 668 000 + 3 830 %

Source : Statistique Canada, Recensement de l’agriculture

Graphique 2 –TAILLE DES FERMES ET REVENUS BRUTS, QUÉBEC

Source : Statistiques Canada, Recensement de l’agriculture 2001, Résultats pour le Québec

Moins de 100 000$ 1000 000 – 249 999$ 250 000$ et plus

Pourcentage des fermes

Pourcentage des revenus bruts

50

60

70

80

40

30

20

10

0

56 %

9 %

24 %21 % 20 %

70 %

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LES REVENUS DESENTREPRISES ET DESFAMILLES AGRICOLES

Le revenu des agriculteurs et desfamilles agricoles est une sourceconstante et majeure depréoccupations. Les besoins desfamilles agricoles sont comparables

à ceux de leurs concitoyens urbains.Par contre, les investissementscroissants des entreprises agricolesentraînent des responsabilitésfinancières de plus en plus importantes.Les revenus des fermes peuvent aussivarier d’une année à l’autre en raisondes fluctuations des prix, de mauvaisesconditions climatiques, de catastrophesnaturelles, de décisions politiques oud’autres impondérables.

L’agriculture est une activitééconomique à haute intensité decapital. Comparativement à d’autressecteurs, la quantité de capital qu’ilfaut investir par unité de produitvendu y est, en général, plus élevée.Dans l’ensemble de l’économiecanadienne, il faut à une entrepriseenviron 2 dollars d’actif par dollar devente alors que, en agriculture, cerapport se situe de 4 à 6 dollarsd’actif par dollar de vente.3

Le revenu net agricole, incluant les paiements provenant desprogrammes, est plus stable et unpeu plus élevé au Québec qu’ailleursau Canada.4 Cependant, sans lesprogrammes gouvernementaux, lemontant de ce revenu serait négatifdepuis quelques années. Ce faiblerevenu net agricole n’est pas propreau Québec puisqu’il s’agit d’unecaractéristique de la plupart deséconomies développées.

Le taux d’endettement (dette totale/actif total) des entreprises agricolesquébécoises s’accroît de façonconstante depuis 1994 et s’avère plusélevé que celui des fermes des autresprovinces. Il est ainsi passé de 21 %en 1994 à 28 % en 2004, alors qu’il a crû de 14 % à 19 % au Canada.5

L’endettement des entreprisesagricoles québécoises apparaîtcomme un indice de fragilisation dusecteur même si, comparativement au taux d’endettement de 74 % del’actif observé pour l’ensemble desautres secteurs, un tel taux n’apparaîtpas particulièrement élevé en soi. 6

La situation du revenu des famillesagricoles dans plusieurs paysdéveloppés est comparable, sinonsupérieure, à celle des familles nonagricoles, comme les études del’Organisation pour la coopération et le développement économique(OCDE)7 l’ont démontré. Au Québec,les familles agricoles avaient, en2000, un revenu moyen de 59 696 $,comparativement à 59 297 $ pourl’ensemble des familles québécoises.8

Au Canada, les familles agricolesavaient, toujours en 2000, un revenumoyen de 66 270 $, comparativementà 66 160 $ pour les familles nonagricoles. Cette situation s’explique,en dépit du faible rendement courantdes entreprises agricoles, par le faitque les familles agricoles du Québectiraient, en 2000, 57,6 % de leurrevenu hors de la ferme. À l’échellecanadienne, ce taux s’élevait à 73,5 %.Cette tendance s’est maintenuepuisque, en 2003, les gains horsferme s’élevaient à 62,2 % du revenudes familles agricoles du Québec,contre 78,8 % dans le cas desfamilles agricoles canadiennes. Auxfins de comparaison, le pourcentagedu revenu des familles agricolesaméricaines venant de l’extérieur dela ferme est passé de 53 % en 1960 à 95 % en 2000.9

Plus endettés que la moyennecanadienne, les propriétaires desfermes québécoises bénéficienttoutefois de l’accroissement de lavaleur de leurs actifs. Ainsi, la valeurnette moyenne des fermes (l’actifmoins le passif), qui s’élevait à 170 000 $ en 1981, était de 721 000 $en 2005, incluant les quotas deproduction.10

Rappelons que ces donnéesreprésentent des moyennes etrecouvrent des situations fortdifférentes.

LES POLITIQUES AGRICOLES

Les politiques agricoles couvrent demultiples aspects de l’agriculture.Parmi les plus connues, mentionnonsl’innocuité des aliments, la santé desanimaux et des plantes, la protectiondes sols et de l’environnement,l’amélioration et la stabilisation desrevenus, le financement, la formationet la main-d’œuvre, la recherche et ledéveloppement, la vulgarisation et letransfert technologique, le soutien auxorganisations agricoles, leremboursement de taxes foncières.Certains de ces champsd’intervention relèvent des deuxpaliers de gouvernement.

11

Dans ce contexte, la Commissionsouhaite obtenir des réactions auxquestions suivantes :

• Que signifient ces tendances pour l’avenir des fermesquébécoises, petites, moyennes et grandes?

• Quelles stratégies devrions-nousretenir pour en gérer lesconséquences?

• Quel rôle doit jouer l’État?

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En 2003-2004, le Québec seclassait deuxième parmi lesprovinces canadiennes pour lesdépenses gouvernementalesréalisées en agriculture. Il avaitdépensé 704 millions dedollars, c’est-à-dire l’équivalentde 12,9 % des revenusagricoles générés par lesfermes. L’Alberta était premièreavec 13,4 % des revenusagricoles, ou 981 millions dedollars. L’Ontario arrivait au 4e rang avec 455 millions dedollars, ou 5,6 % des revenusagricoles.11

Les politiques agricoles du Québec,comme celles de la plupart des paysindustrialisés, visent principalement à améliorer et à stabiliser les revenusdes agriculteurs et à assurer auxcitoyens un approvisionnementrégulier en nourriture, à des prixaccessibles.

Les politiques canadiennes etquébécoises se sont orientées autourde trois axes : la mise en marchécollective, l’amélioration et lastabilisation des revenus agricoles et le financement des entreprises.

LA MISE EN MARCHÉCOLLECTIVE

Traditionnellement, les agriculteursvendaient eux-mêmes leurs produits à des intermédiaires relativement peunombreux qui fixaient les conditionsde vente. Dans les années 1950, le gouvernement québécois a créé le Comité d’enquête pour laprotection des agriculteurs et desconsommateurs (Commission Héon)qui a déposé son rapport en 1955. La principale recommandation faite augouvernement par cette commissionlui suggérait d’établir des mécanismesqui permettraient aux agriculteurs demettre en marché collectivement leurproduction. Le rapport précise que : « les recommandations […] visentnettement à provoquer une haussesensible du revenu net réel et dupouvoir d’achat de notre secteuragricole ».

La mise en marché collective, par la force du nombre et par unecentralisation des opérations devente, contribue à améliorer le pouvoirde négociation des producteursagricoles. Elle peut se pratiquer dedifférentes façons. Nous distinguonstrois principales approches. Unepremière consiste à s’organiser surune base volontaire, sans adhésionobligatoire, par l’intermédiaire d’ungroupement ou d’une coopérative de mise en marché. La seconde met en place une organisation unique et obligatoire de vente du produit,appelée « plan conjoint ». Une foissanctionné, celui-ci est obligatoirepour toutes les unités de productiondu produit visé. La troisième ajoute au plan conjoint des contingents, ouquotas de production, répartis entresles producteurs.

En 1956, le gouvernement donnaitsuite aux recommandations de laCommission Héon par la Loi sur lamise en marché des produitsagricoles, alimentaires et de la pêche,qui permet la création de plansconjoints de mise en marchécollective de produits agricoles.Depuis, les producteurs ont mis enplace des plans conjoints dans lesproductions suivantes : lait, poulets,dindons, œufs de consommation,œufs d’incubation, porcs, acériculture,bovins, bleuets, cultures commerciales(grains), lapins, légumes detransformation, pommes et pommesde terre, chèvres et ovins. Pour mettreen œuvre ces plans conjoints, desoffices de commercialisation ont étécréés à la demande des producteursagricoles. Ils sont, en général, géréspar des fédérations de producteurs.

Le gouvernement fédéral a ajouté, àla formule des plans conjoints, unsystème de gestion de l’offre aveccontingentement (quota) à l’échellecanadienne. La production du lait, des œufs de consommation etd’incubation, du poulet et du dindonsont sous gestion de l’offre. Cerégime sert à réglementer et à limiterla production pour l’ensemble canadienet par province, en fonction du marchéintérieur. Ce système permet de fixerl’offre du produit en fonction de lademande estimée afin d’obtenir pource dernier un prix calculé sur la basedes coûts de production.

Lorsqu’on met en place un telsystème dans une production donnée,il y a répartition du quota canadienentre les provinces productrices, surla base de la production historique.Les offices provinciaux decommercialisation administrent lesquotas et les répartissent ensuiteentre les producteurs sur la base del’historique de production de chacunet s’occupent de la mise en marché.

Ce pouvoir de contingentement de la production est lié à la possibilité de contrôler les importations. Legouvernement canadien protège lemarché intérieur en fixant des tarifsdouaniers élevés à l’importation :192,3 % pour les œufs en coquille,280,4 % pour le poulet entier, 289 %pour le fromage cheddar, 351,4 %pour le beurre. En dépit de ces tarifsdouaniers, des quantités nonnégligeables de ces produits entrentau Canada. C’est le cas notammentpour des œufs en provenance desÉtats-Unis.

En général, les quotas se transigentde gré à gré entre producteurs ou lors de la vente de la ferme. Nousestimons que la valeur globale desquotas, dans tous les segmentscontingentés au Québec, s’élevait à environ 9,2 milliards de dollars, en 2005.11

12

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Le cas du lait fait exception : lesquotas se vendent par l’intermédiairede la Fédération des producteurs delait du Québec qui a créé un systèmecentralisé de vente des quotas. Nousconstatons, là comme dans toutes les autres productions contingentées,une hausse graduelle de la valeur des quotas. En octobre 2006, unquota correspondant à peu près à la production d’une vache laitière se transigeait à plus de 33 000 $, un sommet historique. La hausse desprix des quotas interpelle de plus enplus les fédérations de producteurs,particulièrement celle des producteursde lait du Québec et des autresprovinces canadiennes. Le prix élevédu quota est une barrière pour celuiou celle qui souhaite acheter uneentreprise agricole. Il est aussi une descauses de l’endettement des fermes.

Notons aussi que l’arrivée sur lemarché de certains produits auxquelsnous n’appliquons pas les mêmesexigences tarifaires permet enquelque sorte de contourner lesbarrières douanières, protégeant les secteurs dans lesquels il y a des quotas.

Ainsi, des nouveaux produits, dont on n’avait pas prévu la fabrication au moment où on avait érigé cesbarrières, se retrouvent maintenant surles marchés canadien et québécois.C’est le cas, notamment desconcentrés de protéines de lait, moinschers, et qui sont principalementutilisés comme substituts dans lafabrication de fromage et de yogourt,ainsi que des mélanges d’huile debeurre et de sucre qui servent à lafabrication de crème glacée.

Les modalités de la gestion de l’offreet de la mise en marché collective nefont pas toujours l’unanimité. Une descritiques adressées à ce mécanismeest sa difficulté à s’ajuster rapidementà l’évolution de la demande. Certainsprétendent que l’élimination desquotas amènerait une baisse des prixdes produits et une augmentation dela demande des consommateurs etque les transformateurs deviendraientplus concurrentiels.

LES PROGRAMMESD’AMÉLIORATION ET DESTABILISATION DESREVENUS

Pour diminuer les effets des risquesinhérents à la production agricole etpour améliorer les revenus desproducteurs agricoles, les deuxgouvernements ont mis en place un ensemble de mécanismesd’intervention. Ainsi, le Québec bénéficiede programmes d’assurance-récolteset d’assurance-stabilisation desrevenus agricoles.

Le premier niveau d’intervention enmatière d’amélioration et de stabilisationdu revenu est le Programme canadiende stabilisation des revenus agricoles(PCSRA) qui a vu le jour en 2003. Ilvise à stabiliser le revenu global de laferme en se basant sur le revenu nethistorique, indépendamment duvolume de production réalisé.

Ce type de programme est dit« découplé » car il n’est pas basé surun volume de production. Il n’offre pasde garantie de prix pour les produits.Il est, par conséquent, jugé conformeaux normes négociées dans le cadredes ententes internationales. Ceprogramme est administré au Québecpar La Financière agricole.13 Il estfinancé à 60 % par le gouvernementdu Canada et à 40 % par legouvernement du Québec. Laparticipation financière desagriculteurs varie d’une année àl’autre, selon le choix du niveau decouverture. En 2004, le programme a versé 181 millions de dollars auxproducteurs agricoles. Il estprésentement en révision, dans le contexte d’un nouveau cadrestratégique agricole canadien prévu pour 2008.

13

D’autres allèguent,13 au contraire, que les expériences de déréglementation ontprovoqué une baisse des prix payés aux producteurs, sans que lesconsommateurs n’en bénéficient pour autant. Certains souhaiteraient qued’autres intervenants, notamment les transformateurs, les distributeurs et lesconsommateurs, soient associés à la gestion des offices de commercialisationau Québec.

Dans ce contexte, la Commission se pose notamment les questions suivantes :

• Les mécanismes actuels de mise en marché collective des produitsagricoles permettent-ils aux industries agroalimentaires de répondrerapidement et adéquatement aux besoins des marchés québécois,canadiens et internationaux?

• Font-ils assez de place à l’innovation, aux nouveaux produits et auxproduits-créneaux?

• Les stratégies de mise en marché qui s’appuient sur la gestion de l’offreont-elles leur place dans le contexte de libéralisation des marchés? Si oui, quels en sont les avantages et inconvénients, et comment pourraient-elles être améliorées?

• Quelles mesures devrions-nous privilégier pour aider les secteurs deproduction sous gestion de l’offre à mieux composer avec une concurrenceinternationale qui réussit à contourner les plus hautes barrières tarifaires?

• L’organisation des offices de mise en marché, actuellement sous laresponsabilité des producteurs agricoles, devrait-elle être élargie pourfaire place à d’autres intérêts comme ceux des consommateurs et destransformateurs?

• Les politiques agricoles devraient-elles faire plus de place aux objectifs de bonne nutrition et de santé publique?

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L’assurance-stabilisation du revenuagricole (ASRA) est un programmequébécois qui a vu le jour dans lesannées 1970. Il est aussi administrépar La Financière agricole et complètele programme fédéral pour unevingtaine de produits*. L’objectif duprogramme est d’offrir aux producteursune protection contre les risques dumarché. Un tiers de ce programmeest financé par les producteurs et, les deux autres tiers, par legouvernement. Il enregistrait un soldenégatif de 373 millions de dollars pourl’année financière 2005-2006.

Nous constatons que, depuis leur adhésion, 12 des20 productions ont fait l’objet,chaque année, d’unecompensation de l’ASRA.Aucune limite d’aide parentreprise agricole n’estprévue.

Puisqu’il vise des productionsprécises et s’appuie sur les prixobtenus par les producteurs pour les productions couvertes, il est pluscontestable du point de vue desrègles internationales du commerce.L’OCDE considère que les programmesde soutien à certaines productions,bien qu’ils réduisent la variabilité durevenu, faussent les règles du marchéet permettent de maintenir uneproduction, indépendamment desbesoins exprimés sur le marché. Cesprogrammes n’inciteraient pas lesproducteurs à questionner leurs choixde production. Cette forme de soutiendu revenu fait partie de celles qui sontsusceptibles d’être réduites en vertudes ententes conclues dans le cadredes négociations de l’OMC.

Pour sa part, la FAO14 considère que le soutien à l’agriculture devraitfavoriser des objectifs de protectionde l’environnement ou des aspectssociaux plutôt que des objectifs deproduction.

D’autres mesures sont également en place pour assurer la gestion des risques inhérents à l’agriculture,comme la protection contre lescatastrophes naturelles parl’assurance-récoltes. Ce programmen’assure que 16 productions et ne couvre que certains risques. Il a versé, en couverture, près de 56 millions de dollars en 2005.

Les programmes gérés par LaFinancière agricole du Québec (FADQ)sont financés en partie par le ministèrede l’Agriculture, des Pêcheries et del’Alimentation du Québec. Le Ministèrea versé à la FADQ, en 2005-2006, 305 millions de dollars, soit près de la moitié de son budget de 637,4 millions de dollars. De plus,93,5 millions de dollars ont étédéboursés la même année, par le Ministère, pour couvrir leremboursement d’une partie destaxes foncières aux producteurs.

Le programme de remboursementdes taxes foncières, rappelons-le,permet de tenir compte de lacapitalisation plus élevée en agricultureque dans d’autres secteurséconomiques et du rendement ducapital qui y est plus faible qu’ailleurs.On évite ainsi de pénaliser cetteindustrie par rapport aux autressecteurs.

14

* Porcs à l’engraissement, porcelets, veaux d’embouche, bouvillons, veaux de grain, veaux delait, agneaux, agneaux de lait, agneaux lourds, maïs-grain, soya, orge, avoine, blé fourrager,blé d’alimentation humaine, blé d’alimentation animale, orge, pommes de terre (entreposées etnon entreposées), pommes.

Dans ce contexte, la Commissionpropose les pistes de réflexionsuivantes :

• Dans quelle mesure l’État doit-il intervenir pour soutenir ou hausser le revenu desentreprises agricoles?

• Quelle forme ces interventionsdevraient-elles prendre en ce quiconcerne le type d’agriculture,de fermes ou de productions?

• Quels objectifs prioritaires l’État devrait-il poursuivre?

• Quel type d’aide l’État doit-iloffrir aux producteurs?

• L’aide financière devrait-elle êtrefonction de la nature et duvolume des produits, du revenuglobal de l’entreprise agricole,de la taille, du stade dedéveloppement de l’entreprise ou d’autres critères?

• L’État doit-il continuer à soutenirfinancièrement des productionsqui sont déficitaires depuis, dans certains cas, 10, 12 et même 20 ans?

• Quels gestes les agriculteurspourraient-ils poser pour rendreleurs entreprises moins fragileset augmenter leur marge demanœuvre?

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LES INDUSTRIESAGROALIMENTAIRES :UN SEGMENT IMPORTANTDE L’ÉCONOMIEQUÉBÉCOISE

Premier employeur du secteurmanufacturier au Québec avec 70 000 emplois, la transformationalimentaire contribue de façonsignificative à l’économie québécoise.Avec des ventes totales de plus de 18 milliards de dollars en 2005,1 latransformation alimentaire représentait1,9 %2 du PIB québécois et 11 %3

de celui du secteur manufacturier.

Graphique 3 – ORIGINE DES INTRANTSUTILISÉS PAR LES ENTREPRISES DETRANSFORMATION ALIMENTAIRE

Données 2005, source : MAPAQ, L’activitébioalimentaire au Québec - bilan 2005

Graphique 4 – TAILLE DES ENTREPRISESDE TRANSFORMATION ALIMENTAIRE

Sources : ICRIQ, avril 2004; Statistique Canada etMAPAQ

L’industrie de la transformation alimentaire est composée dedeux secteurs manufacturiers : celui des aliments et celui des

boissons. On reconnaît généralementl’existence de trois niveaux detransformation. La carcasse d’animalet la farine de blé constituent deuxexemples de produits de premièretransformation. La découpe de laviande est une opération de

deuxième transformation. Le troisième niveauconcerne l’assemblage de produits et d’ingrédientsdéjà transformés. Les pizzas surgelées, tartes,biscuits en sont des exemples.

3Latransformationalimentaire

Québec : 70 %

Autres provinces : 19 %

Extérieur : 11 %

Moins de 50 employés : 78 %

50 à 99 employés : 9 %

100 à 249 employés : 8 %

Plus de 250 employés : 5 %

De 2000 à 2003, la croissance moyenne du secteur de la transformation a étéplus forte que celle de l’ensemble de l’économie québécoise, soit 4 %comparativement à 2,5 %. Présente dans la plupart des régions, l’industrie dela transformation alimentaire y joue souvent un rôle névralgique. Les régions deMontréal et de la Montérégie génèrent environ 50 % des emplois et 70 % de la valeur ajoutée en transformation alimentaire du Québec.4

Les entreprises agroalimentaires transforment annuellement jusqu’à 85 % de la production agricole québécoise. Les achats annuels d’intrants alimentaires,effectués au Québec par les industries de transformation, sont de l’ordre de 8,5 milliards de dollars.1

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Parmi les entreprises québécoises, 22 % ont moins de 5 employés, 38 %, de 5 à 19 et 18 % emploient de 20 à 49 personnes. Ces entreprisesde moins de 50 employés fournissent19,5 % des emplois du secteur.

Graphique 5 – ACHETEURS DES PRODUITSTRANSFORMÉS QUÉBÉCOIS

Le secteur coopératif occupe uneplace importante dans l’industrie de latransformation alimentaire au Québec.Il contribue à environ 25 % deslivraisons manufacturières. Lescoopératives transforment environ 85 % de la volaille et plus de la moitiédu lait et des porcs produits auQuébec.4

Les entreprises de transformationcomposent avec deux univers trèsstructurés. Elles sont situées en aval de la production agricole et en amontde la distribution alimentaire, deuxmaillons très organisés de la chaîneagroalimentaire.

LA TRANSFORMATION ET LA PRODUCTIONAGRICOLE

Il est généralement reconnu que lestransformateurs québécois bénéficienthabituellement d’approvisionnementsréguliers et bien structurés en matièrespremières agricoles. La transformationalimentaire québécoise se caractérisepar un lien avec la production,particulièrement dans les filièresdirectement liées à la productionanimale (lait, viandes, œufs et volailles),qui représentent 53 % de la valeurdes livraisons manufacturières, etpour lesquelles, plus de 70 % desrecettes des transformateurs sontconsacrées à l’achat des matièrespremières agricoles.1

La mise en marché collective couvreune très forte proportion de laproduction agricole du Québec. Cette réalité confère aux agriculteursun certain rapport de force dans leurstransactions avec les transformateursquébécois. L’industrie de latransformation alimentaire ontarienneest beaucoup plus diversifiée etmoins dépendante du coût desapprovisionnements en matièrespremières. Certains observateurssoulignent que les mécanismes demise en marché collective québécoiset canadiens peuvent avoir, danscertains cas, une influence à la haussesur les coûts d’approvisionnements,rendant de ce fait les entreprises detransformation moins compétitivesface aux concurrents étrangers.D’autres signalent que les systèmesde mise en marché collective sontmoins bien adaptés aux besoins destransformateurs qui fabriquent desproduits-créneaux.

LA TRANSFORMATION ET LA DISTRIBUTIONALIMENTAIRE

Au cours des deux dernièresdécennies, au Québec comme auCanada, on a assisté à un phénomènede concentration et de consolidationdu secteur de la distribution. L’accèsaux marchés est devenu plus difficile,notamment pour les petites etmoyennes entreprises de transformationqui n’ont pas toujours la capacité defournir les volumes requis par lesgrands réseaux de distribution. Laconcentration de la distribution rendla concurrence plus vive. De plus, lescentres de décision stratégique de ladistribution sont maintenant, pour une bonne part, situés à l’extérieur du Québec.

Les entreprises agroalimentaires font face aux défis de la concurrenceet de la productivité. La productivité des entreprises québécoises detransformation est moindre que cellede l’Ontario. En effet, StatistiqueCanada révèle que la productivitécombinée de la chaîne productionagricole-transformation de l’Ontarioest supérieure à celle du Québec. Le PIB par emploi est aussi considérécomme un bon indicateur deproductivité. En transformationalimentaire, celui du Québec estinférieur de 27 % à celui de l’Ontario.Certains affirment que cet écart deproductivité peut être expliqué, dumoins en partie, par le fait que lesentreprises de grande taille (500 employés et plus) sont moinsnombreuses au Québec (2,8 % desétablissements) qu’en Ontario (5 %) et qu’ailleurs au Canada (4,2 %).5

La technologie constitue égalementun important vecteur de productivité.À cet égard, un marché intérieurquébécois plus petit rend plus difficilel’accès à la technologie de pointe.Les possibilités d’économiesd’échelle et le pouvoir d’achat sontégalement moindres.

16

Commerces de détail et HRI Qc : 39 %

Commerces de détail et HRI autres provinces : 26 %

International : 18 %

Production et transformation Qc : 17 %

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La marge bénéficiaire brute des industries de transformationalimentaire du Québec a été en moyenne de 23 %, entre2000 et 2003, contre 27 % en Ontario et 20 % pourl’ensemble des autresprovinces canadiennes.D’autres analyses montrentque la rentabilité desentreprises canadiennes de latransformation est inférieure de50 % à celle des États-Unis.

Les entreprises québécoises sontaussi vulnérables face aux barrièrescommerciales tarifaires et nontarifaires, particulièrement celles des États-Unis et du Japon, les deuxprincipaux pays d’exportation duQuébec.

La disponibilité de la main-d’œuvreconstitue un autre facteur importantde productivité. Comme plusieurssecteurs manufacturiers, latransformation alimentaire connaît des difficultés de recrutement.

Tant sur les marchés extérieursqu’intérieurs, la force de la devisecanadienne accentue la concurrenceétrangère, notamment celle des États-Unis.5

Les entreprises québécoises detransformation alimentaire peuventtoutefois compter sur un réseau de ressources institutionnelles pourcombler leurs besoins en formation,recherche et développement. L’étendueet la qualité de programmes sociaux,efficaces et bien structurés, quirépondent aux besoins de leursemployés, constituent également desatouts à considérer. Le Québec offredes facteurs de production parmi lesplus avantageux au monde, dont unapprovisionnement énergétique fiable,abondant et financièrement compétitif,ainsi que l’accès à une ressource eneau abondante et de qualité.

LE DÉVELOPPEMENT DENOUVEAUX MARCHÉS

Plusieurs intervenants soulignent que peu d’entreprises québécoisesdétiennent ou contrôlent des marquesreconnues par l’ensemble du marchécanadien. Inversement, le marchéquébécois accorde beaucoup deplace à des produits de marquescontrôlées par des entreprisescanadiennes hors Québec ouinternationales.

Les marques de distributeurs gagnentprogressivement des parts de marchéet les entreprises les plus productivessont favorisées lors de l’octroi descontrats de sous-traitance. Enconséquence, la reconnaissance demarques nationales contrôlées pardes entreprises québécoisesconstitue un enjeu stratégique.

Dans plusieurs segments d’activité,dont les produits de masse, il estdifficile pour les entreprisesquébécoises de concurrencer lesgrandes sociétés canadiennes etétrangères, particulièrement sur les marchés d’exportation.

La nécessité de fournir des grandsvolumes de façon régulière limitel’accès aux marchés à plusieurspetites entreprises.

Certains soutiennent que latransformation alimentaire du Québecpeut se développer en misant sur lesmarchés de créneaux à plus grandevaleur ajoutée tels les produits deluxe, comme le foie gras, le cidre deglace, les fromages fins, les alimentssanté comme les mets végétariens,les produits biologiques et lesaliments fonctionnels, les produits degrande praticité tels que les pommesprécoupées, les viandes et les metspréparés, etc.

La conquête des segments de marchéexige, de la part des entreprises, unsens aigu de l’innovation, et une grandecapacité à s’adapter rapidement auxconjonctures particulières. Plusieurssuccès d’entreprises actives dans desmarchés à créneaux, démontrent quela polyvalence et la créativité de leursentrepreneurs leur permettent de saisirde nouvelles occasions d’affaires.

17

La Commission s’interroge sur lesmesures à prendre pour améliorerla productivité et la compétitivitéde l’industrie québécoise de latransformation alimentaire :

• Comment les entreprisesquébécoises de transformationalimentaire peuvent-elles miserdavantage sur leurs forces etaméliorer leur compétitivité sur les marchés intérieurs etextérieurs?

• Existe-t-il une problématique descoûts des matières premièresagricoles? Si oui, quelles en sont les caractéristiques et lesconséquences?

• Comment faciliter auxtransformateurs spécialisésl’accès aux réseaux dedistribution?

• Comment assurer aux entreprisesla main-d’œuvre qui leur estnécessaire?

La Commission invite lesparticipants à réagir aux questionssuivantes :

• Quels sont les créneaux demarchés les plus porteurs?

• Quelles sont les conditions àfavoriser pour mieux saisir lesoccasions d’affaires?

• Quels moyens peut-on se donnerpour que les maillons de lachaîne agroalimentaireperçoivent les signaux du marchéet travaillent conjointement poury répondre?

• Quel rôle l’État doit-il jouer?

• Comment inciter lestransformateurs à créer desproduits ayant descaractéristiques positives pour la santé?

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LE COMMERCE DE DÉTAILEN ALIMENTATION

Dans les années 1950, la distributionalimentaire était assurée par deschaînes telles qu’A&P, Dominion,Steinberg, Union et des épiceriesindépendantes de taille modeste.Nous avons ensuite assisté à unprocessus de consolidation qui s’est accéléré au début des années1990. Ce processus a favorisél’agrandissement et la modernisationdes infrastructures des commercesd’alimentation.

Aujourd’hui, trois entreprisescontrôlent 75 % du commercede détail au Québec et 57 %au Canada. Ce sont Loblaws(Loblaws, Provigo, Maxi, Maxiet cie, etc.), Sobeys (IGA etIGA Extra, Sobeys, Tradition,BoniChoix, Rachelle-Béry, etc.)et Métro (Métro, Super C,Loeb, A&P, etc.).2

Le reste du marché est occupé enpartie par des marchandsindépendants, des chaînes à portéerégionale, de petites surfaces offrantdes produits surgelés, des magasinsspécialisés indépendants ou affiliés à des chaînes qui sont surtoutprésentes dans les créneaux desproduits de luxe, biologiques, ousanté. Une part non négligeable du marché est occupée par desmagasins non spécialisés tels Costco,Wal-Mart, Zellers, des magasins deproximité (dépanneurs) et des chaînesde pharmacie.

La frontière entre les commercesspécialisés et non spécialisés est deplus en plus ténue. Nous constatonsd’ailleurs que certains distributeursalimentaires élargissent leur gammede produits non alimentaires enréaction à l’entrée dans le commercealimentaire de chaînes non spécialisées.

Les marchés canadiens et québécoisdu commerce de détail se distinguentpar un niveau de concentrationparticulièrement élevé, surtout si nous les comparons aux États-Unisoù le marché est encore relativementsegmenté.

Malgré leurs parts de marchéimportantes, les grands distributeurscanadiens sont, sur le plan mondial,de taille relativement modeste. À titred’exemple, en 2004, Wal-Mart,premier distributeur alimentaire aumonde, a généré des ventes totalesde 309,4 milliards de dollars américainsalors que Loblaws se situait au 30e rang mondial avec 22,5 milliardsde dollars américains de ventes.3

Nous pouvons décrire trois catégoriesde commerce de détail en alimentation :

• les commerces détenus à 100 %par une chaîne de distribution(commerces corporatifs ouintégrés);

• les commerces indépendants, mais affiliés à une chaîne et quiportent une bannière (commercesindépendants associés);

• les commerces indépendants.

Deux grands canaux distincts servent à distribuer les produitsalimentaires : le commerce de détail et ce qu’on appelle les HRI,

c’est-à-dire l’hôtellerie, la restauration et les institutions. En 2004, ces deuxsegments de la distribution totalisaientdes ventes de plus de 18 milliards dedollars et employaient un peu plus de152 000 personnes.1 Les réseaux dedétail et de HRI achètent plus de 45 %

de leurs aliments à l’extérieur du Québec, dont 27 % des autres provinces canadiennes.2

4La distribution des produitsalimentaires

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Le type de liens qu’entretientun commerce avec une chaîneinflue sur ses décisions d’achat.Il détermine notamment lamarge de manœuvre dumagasin dans le choix de ses fournisseurs et dans sacapacité de s’approvisionnerauprès de producteurs ou de transformateurs locaux.

Selon le magazine Canadian Grocer,les commerces intégrés ou corporatifscontrôlent une part de marchébeaucoup plus grande au Canada(60,7 %) qu’au Québec (36,7 %).Toutefois, les ventes combinées descommerces intégrés et associés auxchaînes atteignent des parts demarché similaires, soit respectivement95 % pour le Canada et 95,9 % pourle Québec.3 Depuis 20 ans, le nombredes commerces indépendants nonassociés a diminué considérablement.Au Québec et au Canada, leur chiffred’affaires représente aujourd’huienviron 5 % du marché. 2

Plusieurs représentants de l’industriede la transformation déplorent lespratiques commerciales qui rendentdifficile l’introduction des produitsdans les supermarchés. Les chaînesd’alimentation exigent des fraisd’accès, appelés « frais deréférencement », des volumesimportants, la livraison régulière et sur rendez-vous aux centres dedistribution, la standardisation duproduit et la négociation avec lacentrale d’achat. Pour les entreprisessituées en région, l’éloignement descentres de décision ajoute auxdifficultés.

L’OFFRE DE PRODUITSALIMENTAIRES

L’offre alimentaire n’a jamais été aussi abondante et variée. En 2005,30 000 produits occupaient la surfacedes tablettes d’un supermarchémoyen alors que, en 1953, nous n’en comptions que 6 000.4 Cettesituation découle de la volonté desdistributeurs de répondre aux besoinsdes consommateurs aux originesculturelles multiples ainsi que par ladiversité croissante des habitudes deconsommation. Les consommateurssont plus renseignés et réceptifs auxnouveautés. Cette évolution du marchéexplique en partie la tendance à lamodernisation et à l’agrandissementdes supermarchés au Québec. Elleoffre de multiples occasions d’affairesaux producteurs, transformateurs etdistributeurs qui arrivent à anticiperles tendances et à offrir des produitsinnovateurs et compétitifs.

Si ces phénomènes ouvrent desopportunités d’affaires aux fabricants,les défis de commercialisation sonttoutefois plus grands. Lestransformateurs québécois doivent,en effet, faire connaître et adopterleurs produits ou leurs marques à desconsommateurs pressés et soumis àune offre abondante et diversifiée.

Traditionnellement, les grandstransformateurs investissentmassivement dans l’acquisitiond’outils de production à grand débitet souhaitent maintenir desproductions stables et à grandvolume le plus longtemps possible.Mais le cycle de vie des produits tend à raccourcir. Les entreprises quitardent à s’adapter perdent des partsde marché au profit d’entreprises plussouples qui savent s’ajuster rapidementaux nouvelles tendances. On observed’ailleurs que les petites et moyennesentreprises (PME) plus performantessont devenues de nouveaux leadersqui ont su remporter rapidement des succès d’affaires auprès desgrands distributeurs.

LES MARQUES PRIVÉES

La forte concurrence entre lesdistributeurs canadiens ainsi que lacrainte de la concurrence américaineont entraîné le déploiement demultiples stratégies pour fidéliser les consommateurs. L’une d’ellesconsiste à favoriser l’achat de produitsidentifiés aux marques privées ouappartenant au distributeur, cesproduits étant forcément absents desrayons des concurrents. Pour élaborerleurs stratégies de marques privées,les grands distributeurs bénéficientd’information de première ligne sur les attentes et les comportements desconsommateurs. Ceci leur permet des’adapter rapidement aux nouvellestendances. En conséquence, desmarques privées comme Le Choix du Président, Nos Compliments etSélection Mérite viennent concurrencerles marques nationales appartenant à des transformateurs. Ces stratégiesont d’ailleurs créé des occasionsd’affaires pour des entreprisesquébécoises ne détenant pas lecontrôle de marques nationalesdominantes.

Selon Deloitte & Touche (Benchmarkingfor success 2000), les parts du marchécanadien des aliments transformés et des boissons de marques privéesatteignaient déjà respectivement 27 % et 28 % en 1998. Il est à noterque la présence des marques privéesest plus importante au Canada qu’aux États-Unis. Selon AC Nielsen,5

le Canada arrive au neuvième rangmondial pour la pénétration demarchés des produits sous marquesprivées, avec 19 % contre 16 % auxÉtats-Unis. La Suisse arrive au 1er rang avec 45 %.

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L’ouverture progressive du commerceinternational des produits agricoles etalimentaires offre des occasionsd’affaires supplémentaires pour lesgrands distributeurs. Ceux-ci profitentde la possibilité de s’approvisionner à moindre coût, surtout pour lesproduits offerts sous leurs marques.Une devise canadienne forte renforcece phénomène. La concurrence desdistributeurs américains pratiquantl’approvisionnement sur le marchéinternational incite d’autres grandsdistributeurs à suivre cette voie.

L’ÉTIQUETAGE DESPRODUITS ALIMENTAIRES

L’étiquetage des produits alimentairesest régi par l’Agence canadienned’inspection des aliments (ACIA). Ses exigences concernent à la foisl’étiquetage nutritionnel, les allégationsnutritionnelles et les allégations reliéesà la santé. Au Canada, l’étiquetage ducontenu nutritionnel est obligatoirepour la majorité des produits. Cesprescriptions sont exigeantes pourcertains transformateurs qui y voientun coût additionnel relativementimportant. Toutefois, ces nouvellesexigences peuvent ouvrir la voie à des occasions d’affaires en mettanten valeur la qualité nutritionnelle deleurs produits.

Les consommateurs veulent être demieux en mieux informés sur ce quecontiennent leurs aliments. D’autresvont plus loin et souhaitent que nousles informions sur l’origine ainsi quesur les modes de production et detransformation de ces aliments. C’est dans ce contexte qu’il faut lire la problématique soulevée par l’introduction des organismesgénétiquement modifiés (OGM) dansle système alimentaire et l’actueldébat sur l’étiquetage obligatoireplutôt que volontaire qui les concerne.

LES HÔTELS, RESTAURANTSET INSTITUTIONS

Les services alimentaires des hôtels,restaurants et institutions ont connuau Québec une croissance importanteet ils y occupent une place de choix.La portion des dépenses alimentairesdes Québécois qui est consacrée auxHRI est à la hausse. Elle demeurecependant plus faible que celleobservée aux États-Unis.

En 2004 aux États-Unis, la part des dépenses desconsommateurs dans le réseau HRI dépassait pour la première fois celle réaliséedans les magasinsd’alimentation. La même annéeau Québec, la restaurationquébécoise a réalisé desventes de l’ordre de 7 milliardsde dollars, une croissance de 4,5 % par rapport à 2003. Les services alimentaires des hôtels et des institutionsenregistraient, quant à eux, un chiffre d’affaires de 2 milliards de dollars. Les HRI employaient environ 161 000 personnes.6

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La capacité concurrentielle de lachaîne production-transformationconstitue un enjeu majeur pour lesecteur agroalimentaire québécois.La Commission suggère uneréflexion à partir de la questionsuivante :

• Quels moyens ou mesurespourrions-nous prendre pour queles entreprises québécoises detoutes tailles, petites, moyennes et grandes, les fournisseurs desproduits-créneaux ou du terroirpuissent se tailler une meilleureplace dans le système actuel dela distribution alimentaire?

La Commission souhaiterait obtenirdes réactions et des commentairessur les éléments de réflexionsuivants :

• Quel est le rôle de l’étiquetage?Jusqu’où devons-nous aller?

• Quelle information est essentielleaux consommateurs et quedevons-nous trouver sur lesétiquettes?

• L’étiquetage volontaire des OGMdoit-il devenir obligatoire?

• Comment tenir compte descontraintes qu’impose cetteobligation aux entreprises detransformation et de distribution?

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Les politiques d’achat en hôtellerie et en restauration sont différentes de celles du commerce de détail. Lespratiques y sont traditionnellementbasées sur la recherche de produitsspécifiques et sur une relation d’affairesplus directe. Nous constatons aussiun important mouvement deconsolidation dans les secteurs de ladistribution aux HRI, au Québec et auCanada, tout comme dans la gestiondes grands comptes institutionnels etcafétérias de grandes entreprises.Cette consolidation renforce le pouvoird’achat des distributeurs et desopérateurs, et tend à éloigner lesfabricants des centres de décision.L’un des effets de ce changement estl’ajout de barrières à l’entrée pour lespetits producteurs et transformateursqui n’ont pas la capacité de fournird’importants volumes.

Les restaurateurs indépendants et les petites chaînes régionales sontsouvent desservis par desdistributeurs locaux ou régionaux.C’est au Québec que nous trouvonsle plus grand pourcentaged’entreprises indépendantes, nonaffiliées à une chaîne.

L’IMPORTANCESTRATÉGIQUE DES HRI

Le positionnement des entreprises de transformation auprès desdistributeurs HRI s’est souvent avéréstratégique. Le consommateur initié à la cuisine mexicaine, aux sushis ouà la gastronomie par ses expériencesgustatives en restaurant ou par lacommunication média, cherche par la suite les mêmes produits sur lestablettes des magasins.

À ce titre, des institutions, commel’Institut de tourisme et d’hôtellerie duQuébec (ITHQ), et les médias jouentun rôle important dans l’évolution deshabitudes de consommation et lavisibilité accordée aux produitslocaux. L’ITHQ a d’ailleurs contribuésignificativement au développementdu savoir-faire et de la notoriété duQuébec en restauration.

Malgré tout, certains intervenantsdéplorent que le marché du HRI soit souvent négligé par lestransformateurs. Pourtant, en plusd’être stratégique, ce marché estgénéralement considéré moinscoûteux et moins risqué. De plus,l’hôtellerie et la restaurationquébécoises sont à la foisdynamiques et créatives. Ellescontribuent à l’évolution destendances de consommation.

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La Commission aimerait recevoirdes avis et des commentairesportant sur les questions suivantes :

• Comment l’agriculture etl’agroalimentaire québécoispeuvent-ils déployer un véritablepartenariat avec les HRI et mieuxrépondre aux occasions d’affairesqu’ils représentent?

• Les appels d’offres des institutionspubliques devraient-ils faire uneplus grande place aux produitsquébécois?

• Comment pourrions-nous inciterles distributeurs à mieux tenircompte de l’offre des produitsquébécois?

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LES MARCHÉS EXTÉRIEURS

Les marchés interprovincial etinternational représentent une part deplus en plus importante de laproduction bioalimentaire québécoise,passant de 34 % des ventes totalesen 1999 à 53 % en 2005. Cesmarchés extérieurs sont devenus leprincipal vecteur de croissance dusecteur agroalimentaire avec unehausse annuelle de plus de 10 % des livraisons, comparativement àune hausse de près de 4 % pour le marché intérieur québécois.

Le Québec a connu une augmentationde ses exportations internationales deproduits bioalimentaires plus marquéeque le reste du Canada et del’ensemble des pays exportateurs,comme le montre le Graphique 6.

Le Québec exporte 53 % de sa production alimentaire alors queles importations répondent à 45 % de ses besoins en nourriture.15Le

commerce extérieur de produits agricoles et agroalimentaires

1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005

350

300

250

200

150

100

1998

Graphique 6 – ÉVOLUTION DE LA VALEUR DES EXPORTATIONS INTERNATIONALES DESPRODUITS BIOALIMENTAIRES*

QUÉBEC, AUTRES PROVINCES CANADIENNES ET LE MONDE – 1991 À 2005 EN %

Indice1991=100

* comprend les produits alimentaires et les matières premières

Sources : OMC, statistiques du commerce international. Strategis et ISQ, statistiques du commerce internationaldu Canada et du Québec. MAPAQ, direction des politiques commerciales et intergouvernementales,décembre 2006

Québec : 323

Canada excluant le Québec : 221

Monde : 205

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Graphique 7 – DESTINATION DE LAPRODUCTION ALIMENTAIRE QUÉBÉCOISE(2005)

Depuis 1997, le solde du commerceinternational bioalimentaire duQuébec est positif grâce à seséchanges avec les États-Unis. Leséchanges avec l’ensemble des autrespays restent déficitaires, c’est-à-direque le Québec importe plus deproduits de ces autres pays qu’il n’enexporte.

Graphique 8 – DESTINATION DESEXPORTATIONS ALIMENTAIRES DUQUÉBEC (2005)

Les exportations internationales du Québec ont progressé de 16 % de 2002 à 2005. Le Québec assureplus de 12 % des exportationsinternationales canadiennes, sesituant derrière l’Ontario (28 %) etl’Alberta (16 %).

Alors que les exportationsinternationales s’accroissaient de plus de 14 % entre 2001 et 2005, lesimportations augmentaient de 19 %.2

Cette augmentation des exportationsest survenue malgré un ralentissement,en 2003, dû notamment à la maladiede la vache folle (encéphalopathiespongiforme bovine) et à la hausse dudollar canadien. Notons par ailleurs quecette augmentation des exportationsn’a été que de 1% pour la période2004-2005. Les données du premiertrimestre de 2006 indiquent unediminution de la valeur desexportations. Les exportationsquébécoises de produits agricoles et agroalimentaires représentaientplus de 6 % des exportations totalesde marchandises en 2003.

LA NOUVELLE DYNAMIQUEDES MARCHÉSINTERNATIONAUX

Des pays comme le Mexique, le Chili,le Brésil, l’Inde et la Chine4 occupentde plus en plus de place dans leséchanges internationaux, en offrantdes produits à plus bas prix. Cespays jouissent de certains avantages,notamment leur main-d’œuvre et leurclimat qui leur permettent de produire,à faibles coûts, aussi bien les matièrespremières que les produits transformés.Leur poids croissant sur la scèneinternationale accentue la pression àla baisse déjà observée sur les prix etchangera vraisemblablement plusieursdonnées du commerce international.Cette offre accrue de produits doitcependant être située dans le contexted’une croissance de la demande àl’échelle mondiale. De plus, lesavantages de coût, dont jouissent ces pays, peuvent être contrebalancéspar d’autres désavantages touchantnotamment la qualité, l’innocuité, latraçabilité et la fiabilité des livraisons.

La concurrence sur les marchésinternationaux risque de s’intensifier.Ceci laisse croire que les entreprisesde production agricole et detransformation québécoises devrontse montrer efficaces, faire preuved’innovation et de souplesse pours’adapter à des conditionschangeantes, si elles veulent maintenirou améliorer leur place sur les marchés.De plus, l’érosion probable desprotections tarifaires, en raison de lapression internationale qui s’exerce,notamment dans le cadre desnégociations commerciales soutenuespar l’Organisation mondiale ducommerce (OMC), fragilisera lesmarchés intérieurs, actuellement sousgestion de l’offre.

La plupart des produits exportés sont des produits transformés. Ilsreprésentaient, en 2005, près de 85 % des exportations. Ce ratio est,pour l’Ontario, de 76 % et, pourl’ensemble canadien, de 60 %. Les principaux produits québécoisexportés se composent, notammentdes produits d’origine animalesuivants : la viande de proc fraîche ou congelée, les viandes de volailleset les œufs, les sous-produitsanimaux, les produits laitiers, lesanimaux vivants. Les principauxproduits d’origine végétale exportéssont : les produits du cacao, lesaliments et produits divers, les fruitset légumes, le miel, les produits del’érable et du sucre, les produitscéréaliers, les boissons.

Le Québec a exporté, en 2005,des produits de source animale(incluant ceux du lait) pour 1,6 milliard de dollars,dont 1 milliard de dollars deporc frais ou congelé.4

23

Québec : 47 %

Autres provinces : 30 %

Exportations : 23 %

États-Unis : 63 %

Japon : 14 %

Union européenne : 6 %

Autres : 17 %

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Les produits d’origine animalereprésentaient au moins 43 % desexportations agricoles et agroalimen-taires totales, dont 33 % étaient desproduits de porc. La grande majoritéde ces exportations était destinée aumarché américain. De 2000 à 2005,les exportations de porc y ontaugmenté de 58 %. Les exportationsde produits végétaux représentaient2,2 milliard de dollars en 2005. Lesplus importants sont les produits ducacao, avec des exportations de 340millions de dollars ou 18 % desexportations alimentaires totales,suivis des aliments et produits divers,des fruits et des légumes, desproduits céréaliers, des boissons etdes produits de l’érable.1

Notons que l’augmentation desexportations est survenue dans uncontexte d’appréciation importante de la valeur de la devise canadienne.En effet, au cours de la période 2002-2005, le dollar canadien s’estapprécié de 38 % par rapport audollar américain, de 32 % par rapportau yen et de 11 % face à l’euro.6

Premier secteur d’exportation duQuébec, l’industrie porcine vitprésentement une conjoncture trèsdifficile en même temps qu’elle doitfaire face à la montée en force de laproduction américaine et à l’arrivée de nouveaux pays concurrentscomme le Brésil.1 Les exportations deviandes, majoritairement composéesde porc, ont diminué de 20 % entre2003 et 2005.5

L’exportation des produits dérivés du cacao, moins à risque pour lemoment, dépend toutefois de lapolitique américaine du sucre et du coût des autres facteurs deproduction.

LES IMPORTATIONS

Les importations québécoises,interprovinciales et internationales de produits alimentaires s’élevaient à 3,5 milliards de dollars en 2005 et ont progressé de 17 % de 2002 à 2005.7 Elles satisfont maintenant 45 % de nos besoins alimentaires et représentent 16 % de la valeurtotale des importations canadiennes.Quant à elle, la province de l’Ontariorecevait 57 % des importations, soit12,5 milliards de dollars.1

Les importations du Québec sontcomposées de produits transformésdans une proportion de plus de 70 %.Les produits importés les plusimportants sont les boissons (23 %),les fruits et les noix (19 %), le cacao,le café et le thé (12 %), le miel et le sucre (11 %), les produits à base de composants de lait (7 %) et leslégumes (6 %).8

La hausse du dollar canadien rend lesimportations plus compétitives sur lemarché canadien. Plus le dollar estélevé, plus s’érode la protectiontarifaire effective, surtout lorsque lesprix intérieurs sont à la hausse et lesprix mondiaux à la baisse.9 Cettesituation pourrait favoriser une haussedes importations de certains produits,même pour ceux sous gestion del’offre qui profitent d’une protectiontarifaire élevée.

Comme nous le constatons,l’économie du Québec est relativementdépendante des marchés extérieurs,tant pour sa consommation que poursa production de produitsalimentaires.

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La Commission souhaiterait obtenirdes commentaires sur les élémentsde réflexion suivants :

• Quelle importance le secteuragricole et agroalimentaire duQuébec devrait-il attribuer àl’exportation et aux marchésextérieurs?

• Nos stratégies devraient-elles ou non accorder une importanceparticulière aux produitstransformés?

• Compte tenu de la concurrencemondiale, que doit faire leQuébec pour maintenir ouaccroître ses positions sur lesmarchés mondiaux?

• Comment s’assurer que lestransformateurs soient bieninformés des tendances desmarchés extérieurs?

• Comment concilier gestion del’offre et exportation?

Voici quelques éléments surlesquels les participants sontinvités à se prononcer :

• Quelle place faites-vous à lasécurité alimentaire dans votrevision de l’agriculture et del’agroalimentaire québécois?

• Pensez-vous que la place occupéepar les importations au Québecmenace sa production et sasécurité alimentaire?

• Comment le secteur del’agriculture et del’agroalimentaire devrait-il d’une part, composer avec latendance mondiale à ladiminution des tarifs douaniers et d’autre part, avec la baisse des prix mondiaux?