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AÏKIDO AÏKIDO m a g a z i n e FÉDÉRATION FRANÇAISE D’AIKIDO AIKIBUDO ET AFFINITAIRES MARCEL DROMER Un sourire fédérateur PASCALE GIROD Une quête d’harmonie LE RÉALISME AÏKI D’ARNAUD WALTZ DES STAGES ET DES INFOS AIKI MAG-IA 17/06/03 8:38 Page 1

AIKI MAG-IA 17/06/03 8:38 Page 1 AÏKIDO magazine · Olivier Gaurin dans « Comprendre l’aïkido » - Budo Editions page 299). Maxime Delhomme Président de la FFAAA 2 éDITO par

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AÏKIDOAÏKIDOm a g a z i n e

F É D É R A T I O N F R A N Ç A I S E D ’ A I K I D O A I K I B U D O E T A F F I N I T A I R E S

MARCELDROMERUn sourirefédérateur

PASCALEGIRODUne quêted’harmonie

LE RÉALISME AÏKID’ARNAUD WALTZ

DES STAGES ET DES INFOS

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LE COMBAT DE LA PAIX

À force d’entendre que l’Aïkido est une pratique se passant volontiers de discours, règle-ments et autres contraintes dangereuses pour la liberté de cet art que cela en devient natu-rel. Il est dit aussi que la diversité de la discipline, grâce à la transmission du savoir maître àélève, lui assure vitalité et avenir.Tout cela est forcément vrai puisque c’est dit.Mais ne nous trompons pas : l’objectif de la Fédération n’est pas d’intervenir sur l’objet del’aïkido mais simplement de permettre à tous ceux qui le souhaitent de rencontrer la/lespratiques leur convenant, quelles que soient leurs motivations. Cela nécessite de rappelerque l’Aïkido est un bien commun que nous devons donc gérer démocratiquement, avecl’expression libre de tous, ce que seule l’organisation fédérale nous permet.C’est pourquoi nous avons proposé au Ministère la fusion complète des deux Fédérationsactuellement agréées, sachant déjà qu’elles coopèrent, dans le cadre de l’Union desFédérations d’Aïkido, pour les passages de grades.Nos collègues de l’autre Fédération, la FFAB, autour de Maître Tamura, se refusent à cettefusion. Mais nous espérons voir une avancée significative d’ici quelques mois grâce à la mis-sion de conciliation confiée par le Ministère à Jean-Luc Rougé, directeur de la FFJDAÀ supposer que cette fusion ne puisse intervenir que sur les seuls passages de grades, ellepermettrait ainsi de supprimer les jurys paritaires au bénéfice d’un corps unique de jugesdans lequel ne serait plus distinguée l’appartenance à l’une ou l’autre Fédération. Cetteétape, dont les modalités sont encore en cours de discussion, devrait permettre d’aboutirensuite en peu d’années à effacer cette anomalie historique qu’est l’existence de deuxFédérations pour une seule discipline.

Il ne s’agit pas seulement de prôner l’harmonie sur le tapis,faut-il encore la pratiquer dans l’ensemble de la vie pourque l’aïkido prenne son sens et ne soit pas simplement unassemblage de techniques.Qu’il serait en effet triste et creux cet aïkido enfermé dansdes obédiences diverses qui se livreraient à une sorte decompétition sourde qui est tout le contraire de la plénitu-de vers laquelle a voulu nous conduire O Sensei qui nousa tout de même prévenus des difficultés : « L’art de la paixn’est pas facile. C’est un combat sans merci, une luttecontre les désirs maléfiques et toutes les faussetés qui lesaccompagnent. »(Morihei Ueshiba traduit par John Stevens et cité parOlivier Gaurin dans « Comprendre l’aïkido » - Budo Editionspage 299).

Maxime DelhommePrésident de la FFAAA

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éDITO par maxime delhomme

AÏKIDO MAGAZINE juin 2003 est édité par FFAAA, 11 rue Jules Vallès - Tél: 01 43 48 22 22 - Fax: 01 43 48 87 91.www.aikido.com.fr - Email : [email protected]

Directeur de la publication: Maxime Delhomme. Directeur administratif: Sylvette Douche.Photographe: Jean Paoli. Illustrateur: Claude Seyfried - stix. Toutes reproductions interdites sans autorisation préalable. Réalisation: Ciné Horizon

INFO ASSURANCES

Selon les dispositions del’article 38 de la loi n° 84-610 du 16/07/84, les groupements sportifs sonttenus d’informer leursadhérents de leur intérêt àsouscrire un contrat d’assurance de personnecouvrant les dommagescorporels auxquels peutles exposer leur pratiquesportive.L’adhérent aucontrat collectif peut aussi souscrire des garantiesindividuelles complémen-taires.Tout adhérent peutégalement demander leremboursement de la partie assurance non obligatoire incluse dans la licence fédérale,soit 1,20 € TTC.

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infos-stages

◆ STAGE PRÉPARATOIREBEES 1er et 2e degrésdu 7 au 11 juillet 2003 à Vichy avecG. Maillot, P. Muller et G. Rettel. Rens : 0143482222.

◆ STAGE ENSEIGNANTSet futurs enseignantsdu 25 au 29 août 2003 à Dinardavec Franck Noel et Bernard Palmier.Rens: 0143482222

STAGES D EST ECHN I C I E NS

◆ Praguestage dirigé par Joel Roche, 5e dan,du 28 juin au 4 juillet 2003.Renseignements au 0241487566.

◆ Andernos les bainsstage dirigé par Philippe Léon, 5e dan, du 5 au 10 juillet 2003. Renseignements au 0611149091ou : spuc-aikido.ifrance.com

◆ Méze prés de Sétestage dirigé par Philippe Gouttard, 5e dan, du 5 au 12 juillet 2003. Renseignements au 477419503 [email protected]

◆ Gujan-Mestrasstage dirigé par J.M. Mérit, 5e danDTR poitou-Charentes, du 6 au 11 juillet 2003.Renseignements au 0546963161.

◆ Ile de Noirmoutierstage dirigé par Joel Roche, 5e dan,du 12 au 17 juillet 2003. Renseignements au 0241487566.

◆ Lampaul Plouarzelstage dirigé par Jean Luc Subileau 6e dan, du 12 au 18 juillet.Renseignements au 0549096074.

◆ Porto Vecchiostage dirigé par Christian Mouza,4e dan, du 12 au 19 juillet 2003.Dojo Ste Lucie de Porto-Vecchio.Apporter jo et ken.Renseignements au 0608162488.

◆ Roquebrune / Argensstage dirigé par Christian Tissier, 7e dan, du 12 au 25 juillet 2003.Renseignements au 0603247649ou : www.christiantissier.com

◆ Annecystage dirigé par Alain Guerrrier6e dan, et Philippe Grangé 4e dan,du 19 au 22 juillet. Rens : tél / fax : 0494531400ou : 0556808658.

◆ Autransstage dirigé par Bernard Palmier,6e dan, du 19 au 26 juillet 2003.Venir avec Ken, Jo et Tanto.Renseignements au 0476953055.

◆ St Piere d’Oléronstage dirigé par Franck Noel,6e dan, du 21 juillet au 2 août.Renseignements au 0563335170ou 0561261031.

◆ Berlinstage dirigé par Michel Erb, 4e dan,du 23 au 27 juillet 2003.Renseignements au 0389077203.

◆ St Flourstage dirigé par Gilbert Maillot, 4e dan, du 26 au 31 juillet 2003.Renseignements au 0683304922Email: [email protected] : www.aikimaillot.fr.st

◆ Crest (Drome)stage dirigé par Alain Guerrier, 6e dan, du 26 au 29 juillet 2003.Renseignements au tél / fax : 0494531400.

◆ Berck-sur-merstage dirigé par Bruno Zanotti, 4e dan, du 26 juillet au 2 août.Renseignements au 0608169572 et 0608215226.

◆ Montrevel (Bourg en Bresse)stage dirigé par Patrick Bénézi,6e dan, du 27 juillet au 1er août etdu 3 août au 8 août à Montrevel.Renseignements au 0148086442ou 0611401931. www.aikido-bénézi.com

◆ Boulder Colorado USAstage dirigé par Saotome Mitsugi,Ikeda Iroshi et Christian Tissierdu 27 juillet au 3 aout.Rens : 0603247649

◆ Biscarossestage d’été dirigé par Alain Verdier,5e dan, du 2 au 7 août.Dojo stade Ducom.Prévoir tanto, jo et bokken.Renseignements au 0556120794ou 0556070737 et 0558787121.

◆ Evianstage dirigé par Gilbert Maillot, 4e dan, du 1er au 8 août 2003.Renseignements au 0615200696Email: [email protected]

◆ Estavarstage dirigé par Franck Noel,6e dan, du 9 au 16 août.Renseignements au 0468731334.

◆ Wegimont (Belgique)stage dirigé par Christian Tissier 7e dan, du 9 au 16 août 2003.Rens : 32-2-5374762www.aikido.be

◆ Dublinstage dirigé par Philippe Gouttard,5e dan, du 6 au 10 août. Rens : 00353-1-8749595www.dublinaikido.com

◆ Wattens en Autrichestage dirigé par Paul Muller, 6e dan, du 9 au 15 août 2003.Renseignements sur le site ou :[email protected]

◆ Antibesstage dirigé par Paul Muller, 6e dan,du 18 au 24 août 2003.Renseignements sur le site ou :[email protected]

◆ Le temple-sur-Lotstage adultes et enfants dirigé parJ.M. Mérit, 5e dan, DTR Poitou-Charentes du 11 au 16 août 2003.Renseignements au 0553405050 et Fax: 0553405051.

◆ Lons le Saunierstage dirigé par Michel Erb, 4e danDE, du 22 au 24 août 2003 au dojo de la piscine.

◆ Le Viganstage international d’été dirigé parSaotme Mitsugi shihan, du 23 au 31 août. Apporter jo, bokken, shotobokken, tanto.Rens: 0299688248 ou 0687428828 www.aikido-harmonie.com

BUDOL’espritdes artsmartiauxMichelCoquet

Ce livre est une œuvre majeure en cequ’elle résulte de toute une vie d’ex-périences intenses vécues auprès desplus grands maîtres. Michel Coquetest avant tout un pratiquant de Budotraditionnel. Instruit aux sources lesplus pures, il a eu le privilège de ren-contres exceptionnelles et aujour-d’hui son espoir est de contribuer àréanimer la flamme de la pure tradi-tion du Budo dont le dessein ultimedemeure “la réalisation de soi”. 286 pages, très illustré. 28€

Guy Trédaniel Éditeur.

Encore un été riche en

propositions de stages, dirigés par

nos techniciens fédéraux, qui se

présente à tous les pratiquants, en

France et à l’étranger.

E N K I O S Q U ELa dernière livraison du Hors sérieAïkido Aïkibudo estdisponible chez votremarchand de jour-naux avec ses articlesconsacrés à la tech-nique et aux grandsmaîtres du Japon etde France.

A LIRE

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rencontre avec

Un sourirefédérateur

MARCEL, VOUS ÊTES ÀL’ORIGINE DU CLUBD’AIKIDO D’UNE VILLESOMME TOUTE PETITE,COMMENT CELA S’EST-ILPASSÉ, ÇA N’A PAS DUÊTRE ÉVIDENT ?Non, dans ma petite com-mune il y avait un petitDojo dont les tatamisétaient la propriété duJudo, et le professeur enplace refusait tout autre artmartial. Ce n'est qu'en1993, en accord avec leconseil municipal, et à l'oc-casion du changement deprofesseur de Judo, que j'aiobtenu une plage horairepour adultes et enfants. En1998 j'ai arrêté les coursaux enfants en prenant lesados avec les adultes (+ de 14 ans).

QUELLES CIRCONSTANCESVOUS ONT AMENÉ ÀL’AÏKIDO ?Je suis venu à l'Aïkido trèstard. Ma profession melaissant peu de loisirs, jene pouvais suivre les

cours. C'est à 57 ans que mon filsJudoka me dit un jour, en parlantde ma future retraite que j'allaisprendre l'année suivante après 45années de travail, «tu devrais venirvoir après mon cours de Judo, il y aun cours d'art martial qui devrait teconvenir». C'est ainsi que j'ai com-mencé l'Aïkido en suivant seule-ment quelques cours la premièreannée.

PAR QUELLES ACTIVITÉS SPORTIVES AVIEZ-VOUS DÉBUTÉ ?Comme tous les jeunes, j'ai prati-qué de nombreuses activités spor-tives. La première a été le cyclis-me. En 1937, travaillant depuis 2ans je me suis payé un vélo decourse très perfectionné pourl'époque - cadre REYNOLS -dérailleur super champion à 3vitesses, etc. Chaque fin de semai-ne je faisais les courses dites decampagne, d'environ 200 Km, jus-qu'au tour de France en 1939.Après la guerre j’ai monté uneéquipe de Ping-Pong où nousavons été jusqu'en finale duChampionnat de Paris. Entretemps, Foot-ball dans une équipede Puteaux à Bagatelle et du Judosans rechercher la compétition, et

Aussi discret qu’efficace, Marcel Dromer est de ces hommes sans lesquels une fédération ne pourrait véritablement fonctionner. Trésorier de laFFAAA, à 80 ans, il cumule avec une énergie sansfaille cette fonction avec son rôle de professeurdans un club qu’il a créé et ses responsabilités demembre du bureau fédéral, le tout avec ce souriremalicieux dont il ne se départit jamais. Rencontre avec un fédérateur remarquable.

Hors ou dans le dojo, sourireet bonne humeur communica-tive sont toujours de misechez Marcel Dromer

marcel dromer

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j’ai fini par le Tennis loisir que jecontinue à pratiquer.

JE ME SUIS LAISSÉ DIRE QUE VOSQUALITÉS PHYSIQUES VOUS ONTFAIT VIVRE DES AVENTURES PEUCOMMUNES, DANS DESMOMENTS DIFFICILES, COMME LA PÉRIODE PÉNIBLE DE LA GUERRE. A-T-ELLE INFLUÉ SURVOTRE ENGAGEMENT DANS LAPRATIQUE DE L’AÏKIDO ?Non pas directement, ne connais-sant pas l’Aïkido à ce moment,mais cette période m’a fait prendreconscience qu’il fallait trouver duplaisir dans ce que l’on fait. Quandje suis devenu Cadre de Banque,mon travail me plaisait et jen’éprouvais pas le besoin de cher-cher autre chose. C’est surtout àpartir de 1980, quand j’ai perdu mapremière femme. Je ne pouvais pasrester à la maison les fins de se-maine, j’ai participé activement àl’Aikido en faisant beaucoup destages animés par différents profes-seurs. En dehors de ChristianTissier que je suivais régulière-ment, il y a trois sensei japonaisqui m’ont bien marqué :Yamaguchi sensei, Saotome sensei,et Ikéda sensei à Boulder auxÉtats-Unis. Ils m’ont tous persuadéque la meilleure défense est l’es-quive et de là les enchaînementspossibles en faisant bouger soncorps c’est-à-dire en prenant

conscience de la mobilité deshanches et par les déplacements,la fluidité permet de s’adapter àtoutes les situations.

VOUS AVEZ TRAVAILLÉ AVEC DES GRANDS SENSEI, QUE VOUSONT-ILS APPORTÉ ?Mes différents séjours au Japonm’ont confirmé l’importance durespect de son partenaire et de tra-vailler toujours en harmonie aveclui et ne jamais employer la force :à chaque fois que l’on met de laforce, ce n’est plus de l’Aïkido et onne neutralise pas son agressivité ni

celle de son partenaire. L’Aïkidopermet de se maîtriser, d’être conti-nuellement conscient de ce quel’on ressent et de ce que l’on donneen toute harmonie, toujours avec lerespect de tout l’environnement.

TECHNIQUEMENT, SUR QUELS POINTS FAITES-VOUS PRINCIPALEMENT TRAVAILLER ?Mes cours d’Aikido ressemblent àce que je fais continuellement dansla vie, apporter quelque chose auxélèves, les faire progresser parniveau ( débutants, 1 an de pra-tique et gradés ), le support princi-pal étant les armes, : 1/3 de mes

cours vont à l’enseignement desarmes en alternant chaque mois(jo, bokken, tanto) à l’exceptiondes mois de décembre et mai oùnous révisons les techniques pourle passage des kyu. Pendant cesdeux mois, nous pratiquons seule-ment à mains nues, (tout en faisantbien la relation avec les armes).

APPLIQUEZ-VOUS UNE MÉTHODEPARTICULIÈRE POUR LA PROGRESSION DE VOS ÉLÈVES ? Pour la progression de mes élèves,c’est principalement la répétitiondes mouvements en corrigeantcontinuellement et en évitant desacquis erronés qui pourraientdevenir un handicap si la tech-nique n’est pas correctement exé-cutée.

QU’ELLE EST LA PART DES ARMES

Toute la des-cendance deMarcel Dromerréunie pourfêter les 80ans de leurgrand-père. Ci-contreSharon lacompagnecomplice desaventures dumaître.

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rencontre avec

TRADITIONNELLES DANS VOTREENSEIGNEMENT ?Comme je l’ai déjà dit, les armessont essentielles dans mon ensei-gnement. Elles indiquent la néces-sité d’avoir des gestes cohérents,elles sont le prolongement de lamain. L’étude du bokken apportebeaucoup sur la précision des

gestes, le jo donne satisfaction surla rotation et les directions.

SUR QUELLES VALEURS FONDAMENTALES FONDEZ-VOUSVOTRE ENSEIGNEMENT ?Ma transmission, c’est donner auxautres ce que l’on a reçu, c’estaussi de former des élèves quipourraient nous remplacer. C’est ceque je recherche depuis plusieursannées pour mon petit club, mais àchaque fois qu’ils sont préparés,leur activité professionnelle lesoblige à déménager. Enfin j’ai bonespoir pour l’année prochaine.

AUJOURD’HUI APRÈS AVOIR ÉTÉÉLU À LA PRÉSIDENCE DE LALIGUE DE BRETAGNE, VOUSCONSACREZ TOUJOURS PLUS DETEMPS À NOTRE FÉDÉRATION,QU’ELLES SONT VOS FONCTIONS ? J’ai été élu Président de la Ligue deBretagne en 1983. Au moment dequitter la FFJDA, les clubs del’Aïkido de la région ont été convo-

qués par le Président de la Ligue deBretagne de Judo afin de créer laLigue d’Aïkido. Présenté par monprofesseur Jean Paul Auffray, j’aiété élu et réélu, j’en suis à mon cin-quième mandat. Cette fonctionprend beaucoup de temps, il fautêtre retraité pour pouvoir l’assumerpleinement. À la Fédération, je suistrésorier depuis 1985. J’y ai consa-cré beaucoup de temps surtoutdans les premières années où jedevais tout faire, puis ayant unegrande confiance dans notreDirectrice administrative, SylvetteDouche, petit à petit j’ai déléguétoutes les tâches manuelles en luiapportant toute mon aide pour saformation dans ce domaine. Je nesuis pas comptable, mon métierc’est l'analyse financière. C’est-à-dire que je ne pinaille pas sur lesécritures, je gère les finances de laFédé en observant les orientationsde l’Assemblée Générale ainsi queles décisions du Comité Directeuret du Bureau. ❁

Au club d’Aïkido deMontgermont prés deRennes, qu’il a fondé,Marcel Dromer met unpoint d’honneur à assurer lui-même lescours à ses jeunesélèves.

…En 1937, travaillant depuis 2 ans je me suis payé un vélo de coursetrès perfectionné pour l'époque - cadre REYNOLS - dérailleursuper champion à 3 vitesses, etc.Chaque fin de semaine je faisais les courses dites de campagne,d'environ 200 Km, jusqu'au tour deFrance en 1939…

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ÉQUILIBRE ET HARMONIE

Nous vivons en permanencetiraillés par les contradic-tions, rêvant d'harmonie

écologique, et déversant l'essentiel de notre énergiepour satisfaire les besoins quela société nous a créés.L'engrenage mécanique nousdépersonnalise, la sensibilité,lentement s'émousse, tandisque la fascination abêtit,chaque jour un peu plus.Rares sont ceux qui pourraientdire où se situe le vrai sens de

la vie. C'est un art de voir, decomprendre de mieux ressentirqu'il faut réinventer. Retrouverles harmoniques des fouguesde la vie. Pour les samouraï, cette passionà vivre était justifiée par lasomptueuse allégorie de leurmort. Leur vie éphémère,comme la fleur du cerisier, écla-tante de blancheur et de puretéen plein soleil de midi, jonchele sol, le matin suivant, encoretoute vibrante de lumière.

"Je ne salue pas l'être, mais l'es-sence de l'être" dit le maître audisciple en rendant hommage àla flèche qui se sépare de l'arc.C'est à la tradition qu'il fautrevenir, à la tradition délaissée,porteuse de vérité. L'homme abesoin de mystère qui le fasci-ne, de renouveau qui le dynami-se et du spectaculaire qui l'exal-te. On dit, dans le Budo japo-nais "devant l'essence pure, ilne peut y avoir d'ombre". Mais commençons par le com-mencement, si le Kyudo peutapporter certaines facultésd'équilibre, ce n'est qu'en l'apprenant par petites étapes,en d'autres termes, nul ne peuten transgresser les orientations,ni les buts. Vouloir modifieréquivaudrait à effacer de lacarte le mot Fuji.La connaissance ne s'assimilepas en quelques gestes etquelques paroles dispersées.Elle implique un engagementtotal. Ceux qui vivent aux fron-tières de l'harmonie refusent lavérité, même si en apparence,ils la réclament. Ce sont, le plussouvent ceux là qui favorisentles climats de conflits.La réalité est une spontanéitéqui s'exprime à chaque instant.On peut bien sûr, en usant d'unbrillant vocabulaire ésotériquemaquiller le manque deconnaissance, de même l'espritde compétition est la porteouvert sur l'envie, le doute, lajalousie et l'orgueil suivi du lotde consolation du grade.Enfin il y a ceux qui jouent etceux qui s'assimilent sincère-ment et profondément à la dis-cipline. Seuls les seconds sontcréateurs.

Jacques Normand

SOSM section Kyudo14, rue sensier

75005 Paris

kyudo

La pure-té desgestestech-niquesduKyudoen fontun artmartialà l’es-thétiqueidéali-sée.

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A la RECHERCHE deL’HARMONIE totaleElle vit l’Aïkido comme une aventure intérieure qui doit mener au dépassement de soi, à lamanière d’une course de fond, sur les tatamis, tout en se sentant également concernéepar la construction de l’Aïkido en France. Esprit indépendant, elle communique sa passionavec une désinvolture apparente qui ne masque pas totalement une réelle rigueur.Entretien avec Pascale Girod, une aikidokate qui pulvérise bien des clichés en vigueur.

pascale girod

entretien avec

J’imagine que l’Aïkido a été une révélation pourvous lorsque vous l’avez rencontré, en quoi a-t-il influé sur votre vie ?

J’ai débuté l’Aïkido en 92 avec Alain Royer comme profes-seur. J’avais un passé sportif varié (gymnastique, escri-me…), avec toujours l’envie de pratiquer un art martial.

Lequel ?Spontanément ma nature m’aurait dirigé vers le Karaté…Puis les années passant, j'ai laissé un peu de côté les com-pétitions pour les études… Le hasard et la curiosité m’ontorientée vers l’Aïkido, par un article lu dans la presserégionale. J’ai donc «foncé» à Royat vers le dojo et les tata-mis en question : Sitôt commencé, sitôt adopté !En cela, je peux donc affirmer que l'Aïkido fut une révé-lation car jusqu’à ce moment, je trouvais toujours une«faille» ou plus exactement un «manque» dans lesdiverses activités sportives que je pratiquais, ainsid'ailleurs qu’à celles que je pratique encore ( course àpied, VTT, ski de fond). Révélation aussi de part le faitque l’Aïkido permet «toujours plus»…De la répétition naît l’envie et le plaisir, qui eux, permet-tent de se perfectionner sans cesse ; sans toutefois êtredans une vérité rigide et immuable ! En clair, «le plusbeau» est éphémère, le «plus fort» aussi… Et le douteconstant… Donc l’humilité présente et par voie de

conséquence l’évolution possible pour l’être humain.Ainsi l’Aïkido a influé sur ma vie, dans le sens où jus-qu’alors je pensais avoir toujours raison et avoir atteint«mes sommets», sans jamais risquer de devoir les remettreen cause.Aussi depuis une dizaine d’années, j’essaye d’être plussouple, plus ouverte sur le monde et sur autrui ; d’êtreauthentique, sincère avec moi-même, avec les pratiquantsmais aussi au quotidien dans ma vie personnelle et pro-fessionnelle. La recherche de l’harmonie fait partie inté-grante de mon rythme quotidien, mais je sens bien que lechemin est encore long…

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PascaleGirodnousmontreque legestejuste, libéré detoutecontraintecomme lepermetl’Aïkidoproduitune formeaussi efficacequ’esthéti-quementparfaite

L’Aïkido par certains aspects n’est-il pas compa-rable à une course de fond ?Oui, par deux aspects au moins : la recherche de la pure-té et la solitude. Je m’explique : dans les deux cas c’est un«combat» intérieur et extérieur (physique) permanentpour atteindre les sommets et pour se perfectionner sanscesse. Sommets que l’on s’est choisis à un momentdonné… L’Aïkido et la course de fond sont comparablessur la forme et le fond car les deux proposent une confron-tation avec soi-même, et permettent d’aller à la rencontrede soi…Pour résumer, c’est un dépassement de soi dans un souciconstant de perfectionnement et d’amélioration.

À qui profite le plus la pratique mixte en Aïkido : àlui ou à elle ?Je pense que la pratique de l’Aïkido apporte à l’homme età la femme une meilleure connaissance de l’autre, grâceau «toucher» dans la pratique, et donc améliore ainsi lacommunication entre les deux sexes, opposés et complé-mentaires. La mixité des tatamis permet peut-être, d’atté-nuer les «lieux communs» ( ex : l’homme est plus fort quela femme, la femme est plus souple que l’homme etc.). Eneffet, il se peut que certaines femmes ne soient pas soupleset que certains hommes ne soient pas forts non plus ! Jepense donc que la pratique mixte profite aussi bien à luiqu’à elle.Toutefois, pour ma part, j’aime cette pratique mixte qui mepermet de mieux connaître l’Autre dans son corps et sonesprit, car, pour moi, le comportement corporel est lié aumode de penser de l’individu dans l’instant présent.

Le développement d’un style personnel d’Aïkido

nécessite-t-il pour vous de suivre un sensei plutôtqu’un autre ?Je pratique l’Aïkido avec Alain Royer. Je suis fidèle à sonenseignement car dès le début, s’est instauré un climat deconfiance réciproque.Je vais aussi voir d’autres experts, bien évidemment,Christian Tissier ainsi que Patrick Bénézi, PhilippeGouttard, Franck Noel et Bernard Palmier… entre autres.Tous ces sensei m’aident à construire mon Aïkido et mepermettent d’avoir une vision élargie de la discipline.J’entends par là, qu’au-delà des techniques, je perçois cequ’est vraiment l’Aïkido.Toutefois malgré mon niveau de 2e dan, je reste persuadéeque le style personnel est lié au fait d’être soi-même et nonpas de copier tel ou tel autre sensei aussi gradé soit-il ! Celane serait alors qu'une pâle et piètre copie… et puis la natu-re intrinsèque d’un individu lui est propre ! Les techniquesexistent et doivent être transmises avec rigueur. Le stylepersonnel est celui qui vient du cœur et des «tripes»…

Les pratiquantes sont-elles plus naturellement por-tées vers l’harmonie ?De part la forme de notre corps, plus rond, OUI ! Au tra-vers des comportements sur les tatamis, pas forcément…Les femmes veulent parfois prouver qu’elles sont les égalesdes hommes. Alors, dans notre pratique, nous en perdonsla «rondeur» qui nous caractérise.Pour ma part, je pense que le fait de «guerroyer» reste uneétape, indispensable, pour vérifier techniquement et phy-siquement les techniques. Puis, ensuite, nous devons pas-ser à autre chose afin d’abandonner ce combat inutile etstérile sur le long terme. Je pense aborder cette 2e étape etdonc dans ma pratique, je tends à être plus détendue, plussouple, et plus «relâchée». Mon tempérament, ma sponta-

néité et mon dynamisme ne m’aident pasvraiment ! Mais je m’efforce de trouver lenaturel et donc l’harmonie de la femme. Ilfaut que nous, les femmes, nous «lâchionsprises»… Notre rôle n’est pas forcémentde prouver… Soyons en paix avec nous-même ; arrêtons de vouloir nous mesureret de nous confronter aux hommes, toutsimplement ! Ainsi, l’harmonie se dégage-ra de notre corps et de nos comporte-ments. D’ailleurs, ne dit-on pas que lafemme est l’avenir de l’homme ?

Aujourd’hui, vous enseignez, com-ment cette décision a-t-elle été prise ?Comment distinguez-vous l’ensei-gnante que vous êtes de la prati-quante ? J’envisageais d’enseigner mais pas forcé-ment aussi rapidement (pour des raisonsprofessionnelles). Puis, l’an dernier, unami coureur à pied, m’a mise en relationavec la mairie de Blanzat, qui souhaitaitorganiser une démonstration d’arts mar-tiaux à la rentrée. J'ai alors convaincu lamunicipalité du bien-fondé d’ouvrir unesection d’Aïkido. L’opportunité a donc pro-

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voqué ma décision. Le club démarre bien, dans le sens oùles pratiquants (tous débutants entre 16 et 53 ans), sontune quinzaine sur le tatami, très assidus, deux fois parsemaine, et participent déjà aux divers stages organisés parla Ligue.Des, «anciens» d’autres clubs, viennent parfois et contri-buent ainsi à la bonne ambiance qui règne au Dojo.Enseigner est une grande responsabilité. Par respectenvers la discipline et mes élèves, je me dois de donner lemeilleur de moi-même, cela implique plus de rigueur etplus d’engagement et une remise en question de tous lesinstants. Mais, que j’enseigne ou que je pratique, je penserester moi-même c’est-à-dire dynamique, spontanée, gen-tille et parfois… impulsive !

Il n’existe pas de compétitions en Aïkido, comme ilen existe en Judo, cela vous semble-t-il un handicap

pour la progression des élèves ?Non pas du tout. Il est important de préciser que la com-pétition en Judo concerne plus particulièrement les ado-lescents et les enfants, qui sont majoritaires dans cette discipline.Hors, les enfants, chez nous ne représentent que 30% envi-ron des effectifs. La majorité de nos pratiquants sont desadultes adhérents aux principes de notre discipline. Jepense au contraire que l’absence de compétition est un«plus» pour une progression vers une plus grande qualitéd’échange et de coopération.

Quelle place faites-vous dans votre enseignementaux techniques avec armes ?Les techniques avec armes sont «intimement» liées auxtechniques à main nues. Il faut toujours envisager la tech-nique à main nue avec une arme afin de mieux voir etcomprendre l’attaque, sa direction et ses effets. Je pensedonc que l’apprentissage des armes est indissociable del’apprentissage de l’Aïkido à mains nues. Je préfère le jo etle tanto, car ils me semblent plus accessible à mon niveauactuel. Le tanto pour son côté «irimi» et le Jo pour l’ampli-tude des mouvements. Ces armes là sont peut-être com-plémentaires ? Quant au bokken, son maniement deman-de une grande régularité dans la pratique pour acquérirune bonne maîtrise des frappes, pour développer lesnotions d’attitude (concentration, précision, etc.).

Peut-on concilier facilement la rigueur de la mar-tialité et la féminité ?Si l’on rapproche la martialité de son étymologie «art de laguerre», alors on ne peut, pour ma part, concilier martia-lité et féminité. En revanche, si l’on considère ce terme demartialité dans le sens d’un engagement, d’être irimi, alorsoui, la féminité peut-être martiale et la martialité fémi-nine… La féminité c’est le charme, la douceur, la délica-tesse… L’engagement corporel, physique et mental dans

…Je profite de cet entretien poursolliciter des pratiquants de tousniveaux leur participation auxdiverses activités fédérales adminis-tratives : n’hésitez pas à questionnervotre professeur, votre président deligue, faîtes-vous plaisir en étantactifs et impliqués dans votre passion : l’Aïkido ! Pratiquer,entendre, participer au développe-ment de l’Aïkido, techniquement ouadministrativement, vous permetd’«être» dans l’Aïkido…

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une voie peut-être aussi doux et délicat ! N’est-ce pas lebut ultime de la pratique ?

Votre engagement dans l’Aïkido ne s’arrête pas auxportes du dojo, parlez-nous de vos activités fédérales.Je suis présidente de la Ligue d'Auvergne depuis 6 ansmaintenant, membre du Comité Directeur de la fédération.J’adore toujours cette mission qui m’est confiée, même sima vie professionnelle ne me permet pas d’y consacrertout le temps que je souhaiterais. Au terme de cette 6e année, j’ai encore beaucoup de fougue pour des projetsconcernant la promotion de notre discipline dans marégion. Je profite de cet entretien pour solliciter des prati-quants de tous niveaux leur participation aux diversesactivités fédérales administratives : n’hésitez pas à ques-tionner votre professeur, votre président de ligue afin

d’éveiller votre curiosité et ensuite, faîtes-vous plaisir enétant actifs et impliqués dans votre passion : l’Aïkido !Pour conclure, pratiquer, entendre, participer au dévelop-pement de l’Aïkido, techniquement ou administrativement,vous permet d’«être» dans l’Aïkido. En ces temps de chan-gements en discussion entre la FFAAA et la FFAB, je sou-haite une évolution des structures de l’Aïkido en Francequi me semble-t-il doit forcément passer par une union denos institutions fédérales.

Ne regrettez-vous pas le manque d’engagement dela part des femmes au plus haut niveau technique ?Je n’ai que très rarement des regrets ! Toutefois pourrépondre à votre question, je ne sais pas s’il s’agit d’unmanque d’engagement de la part des femmes au plus hautniveau ou d’un frein de la part des hommes à cet engage-ment ? Je pose simplement la question. Les paroles destechniciens, je crois, prônent l’«ouverture» aux femmes ;les comportements, beaucoup moins ! Et je me fie plutôtaux comportements qu’aux paroles ! Mais, en revanche, jene suis pas «pour la parité» pourtant si «tendance». Lesfemmes représentent 30% des effectifs aussi la logique veutqu’il n’y ait que peu d’élues ! t

entretien avec

C’est dansl’union du corpset de l’espritquePascaleGirodexploretous lesaspects del’Aïkido,avecrigueur etdétermi-nation.

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pascale girod

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rencontre avec

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DU RÉALISMEDANS L’AÏKI

arnaud waltz

Technicien très suivi pour les stages de haute tenue qu’ildirige partout dans l’exagone, Arnaud Waltz, 5e dan, est decette génération d’aïkidokas nourris à la source traditionnelle,confrontés à la réalité du terrain.

Où votre parcours vousfait-il situer l'Aïkidodans l'univers des artsmartiaux ?Je dirais que l'Aïkido est un artmartial à part entière et aussi unart martial entièrement à part. Ilcontient tous les éléments d'unart martial traditionnel, l'étiquet-te, les techniques, les formes, etc.Enfin, tout ce qui construit un artmartial. En même temps, il estentièrement à part, parce que leprojet de l'Aïki en lui-même, àlong terme, remet en cause tousles fantasmes des arts martiaux.L'Aïkido, c'est le plus jeune desarts martiaux et en même tempsle plus moderne. À la fois ancrédans une tradition et en mêmetemps, par des principes simples,

l’Aïkido permet d'avoir unemarge de liberté énorme. Onpourrait pratiquement ne faireque de la forme, sans s'ancrerdans la martialité. Il faut y faireréférence, mais on peut s'en déta-cher sans dénaturer l'activité. Onn’est pas obligé de se matraquer,de déplacer des montagnes, defaire reculer ses limites tout letemps. On n’en est pas là, onpeut échapper à ça si on en aenvie. Alors que dans d'autresarts martiaux, il y a une espèced'obligation de résultats. Il fautcasser des briques ou casser lafigure à quelqu'un ou marquerdes points ou même simplementune dimension sportive qui peutêtre projetée dans la pratique. EnAïki, ce n'est pas possible… et ça,

c'est vraiment intéressant.Cependant, la compétition existetoujours, elle est implicite… lecombat des frères sur le tatami, ilexiste, mais pour moi ce n'estqu'un moment de la pratique,plus généralement chez leshommes d'ailleurs que chez lesfemmes. C'est un moment où onpeut se tester, chercher seslimites, mais l'âge venant, la pro-gression technique avec, on finitpar trouver d'autres réponses etd'autres sources de plaisir que de

massacrer le copain. L'Aïkido estune pratique qui permet demettre ça en place. On peut vivrel'Aïkido à différents niveaux.

Vous dirigez régulière-ment des stages de hautniveau, comment vousorganisez-vous. Qu'est-ce qui distinguele maître de l'élève ?D'abord, il y a une grande diffé-rence entre ce que j'enseigne enstage et mon cours au dojo. En

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club, j'ai la responsabilité de mesélèves sur le long terme. Il fautconnaître chaque élève, entrete-nir une progression, comprendreleur demande qui est presqueune demande quotidienne, alorsque le stage est plus un événe-mentiel. Dans le stage ma priori-té va à la construction avec lesélèves d'une ambiance de travail,d'une convivialité, un moment oùl'on peut apprendre des chosestout en se faisant plaisir. Quandj'ai débuté mes stages, je les pré-parais à l'avance. Maintenant,j'arrive sans plan établi, je ne saispas ce que je vais faire, mêmependant le salut. En fait c'estpendant l'échauffement que jeprends l'ambiance du groupe,parfois de 200 stagiaires, et il fautdémarrer quelque chose. Trèssouvent, je prends un uké, jedémarre quelque chose avec luiet ensuite par rapport à ça je vaisgreffer une progression. Des pro-gressions techniques j'en ai main-tenant un bon nombre dans latête. Je ne commence pas forcé-ment par une progression sur leplan technique, mais quelque

chose qui permet par exemple dedécoincer une attitude, de tra-vailler l'amplitude, de travaillerles atémis etc. ça dépend de ceque je vais ressentir avec le grou-pe. Je ne peux pas comme ça lepréciser, mais à chaque fois queje suis devant des élèves çadevient évident, d'un seul coup.Pour ce qui est des cours au club,c'est différent. Le travail s'enchaî-ne semaine après semaine, il y ales passages de grades, leséchéances. Il faut organiser uneprogression sur le long terme,plus rigoureuse. Lors des stages,c'est une relation nouvelle qui secrée à chaque fois avec lesélèves. Je dois faire en sorte quetout le monde prenne le maxi-mum de plaisir et de bien-être. Jemets un point d'honneur à cequ'il n'y ait pas de blessé sur letatami. S'il y en a qui devait sefaire mal, c'est qu'il y a de mapart une erreur de gestion dugroupe, c'est qu'il y a une propo-sition mal adaptée. Il est impor-tant de faire attention à tous cesdétails. Par ailleurs, quand à montour je suis élève dans un stage, je

me laisse porter par celui qui diri-ge le cours. Je n'ai rien d'autre àfaire que d'exécuter ce qu'on medemande de faire. C'est la posi-tion la plus confortable. C'est tel-lement dur et frustrant d'enseignerque c'est génial quand on peutêtre élève. J'adore ça. Ah ! si jepouvais être élève plus souvent !

L'Aïkido requiert unengagement personnelexigeant. Comment arri-vez-vous à concilier à lafois l'enseignement del'Aïkido et votre propreprogression ?Enseigner ne peut pas être unfrein à la progression dès l'instantque l'on s'intéresse vraiment àses élèves. Dès l'instant que l'onessaye de comprendre quels sontleurs blocages, leurs difficultés ;est-ce que ça vient d'eux ou desoi-même, de la manière dont leschoses sont proposées ? Il y a for-cément un retour sur soi-mêmede ce que l'on fait. Maintenant, làoù ça peut être gênant pour sapropre progression, c'est lors-qu'on s'enferme dans une défini-

tion de soi et que l'on ne veutplus rien y changer. Quand on nemet pas son image an péril duregard de l'élève ou que l'on n’ac-cepte pas d'être dérangé dans ceque l'on propose. C'est-à-dires'enfermer dans la convictiond'être le seul maître, le seul à pos-séder le savoir. S'enfermer danscette voie, fabriquer des élèves àson image, bien sûr c'est scléro-sant. À partir du moment où l'onprend conscience que dans uncours hétérogène, avec des écartsde niveaux très importants, c'est-à-dire des 3e ou 4e dan au milieude débutants, on ne peut pas leurapporter ce qu'ils attendent. Alorsje propose aux plus gradés d'allerchercher ailleurs, à Vincennespar exemple, ou dans des stagesou même de voir d'autres profes-seurs. Qu'ils vivent leurs vies !Ensuite, quand ils reviennent,, ilsm'apportent autre chose et çadevient intéressant de confronternos points de vue. Ça va m'obli-ger à me questionner, à me direque l'on peut voir les choses dif-féremment. J'estime que c'est à cemoment que l'on s'enrichit, quel'on peut concevoir que l'ensei-gnement participe d'une progres-sion. Maintenant, j'en suis sûr,l'enseignement ne remplacerajamais la sueur que l'on dépensesur le tatami quand on chute…parce que l'enseignant lui, cen'est pas son rôle de chuter. Il estclair qu'il y a nécessité pour luide rester dans la réalité de la

l’efficacité del’Aïkido sedémontre

égalementcontre des

attaques avecarmes

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pratique. Quand on enseigne, onne fait pas vraiment de l'Aïkido,on décortique, on fait de l'arrêtsur image. Quand on veut fairede l'Aïkido, on ne peut pas ensei-gner. On fait une proposition, onfait une démonstration tech-nique, à ce moment-là on n’en-seigne plus, on n'explique plusrien. Mais je pense qu'il faut pas-ser par là, alterner les formes.

Est-ce envisageabled'utiliser les techniquesd'Aïkido systématique-

ment sur toutesles formes ?Il y a sur certainestechniques des impos-sibilités bio-méca-nique. Ce qui est inté-ressant c'est de varier au maxi-mum ces formes. L'intérêt de lapratique ce n'est pas seulementd'apprendre et de peaufiner unetechnique, de ne faire que ça.L'intérêt, c'est d'avoir une espècede disponibilité pour lever lescontraintes. Si l'on n’a qu'unemanière, on se limite dans l'ap-

préhension et la représentationque l'on a des choses. Je pensedonc que oui, il faut varier autantque possible, mais sans jamais seperdre bien sûr. Il faut toujourspouvoir se raccrocher à quelquechose de commun. En l'occurren-ce les principes qui sont dictésdans les critères d'évaluation despassages de grades, toutes lesnotions de centrages, de direc-tion, etc. Ce que j'appelle lalogique interne de l'activité.Autour de ça, on peut créer ce quel'on veut. D'ailleurs quand onprend les formes d'Aïki de Endosensei, de Yamaguchi sensei oud'autres encore, on voit bien qu'ily a une certaine liberté de prisepar rapport aux formes de base.Mais il ne faut pas oublier cesformes, c'est le référant commun,c'est ce qui nous fédère, qui nousorganise, mais également ce quinous permet d'en sortir. Varierpour être créatif ou sophistiquéc'est bien, mais attention à ne pastomber dans un délire non plus.C'est une question de mesure.

L'Aïkido est-ce vraiment

"10000 techniques, unseul esprit" ? L'Aïkido, c'est plein, plein, pleinde formes, et il y a un noyau, desprincipes, alors 10 000 tech-niques et un esprit, c'est possible.À partir du moment où on assurela continuité dans les actions entravaillant sur les principes decentrage et de direction, n'impor-te quel type d'exercice en se ter-minant par une chute peut deve-nir de l'Aïkido. C'est l'illustrationde ces principes, la mise enforme, l'opérationalisation de cesprincipes. L'Aïki, c'est la capacitéde mettre en forme une philoso-phie, une manière d'être dansune relation conflictuelle.

Existe-t-il des tech-niques que vous préférezà d'autres ?Je n'y ai jamais vraiment pensé.Je dirais Ikkyo et Irimi nage.Ikkyo parce que tous les prin-cipes de contrôle découlent decette technique. J'ai l'impressionque tout ce que l'on fait aprèsIkkyo, c'est pour comprendreIkkyo. Et Irimi nage parce qu'il y

rencontre avec

…Transcender son ego, jene sais pas trop ce quecela veut dire encore. Je dirais autre chose, celuiqui est en mesure de trouver ses propreslimites, de s'accepter telqu'il est, celui-là est enmesure de proposer uncours d'Aïkido. Je n'ai pas expérimentéautre chose…

arnaud waltz

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a un rapport au corps qui m'inté-resse. Il y a une proximité, toutun jeu très riche qui peut débou-cher sur beaucoup d'enchaîne-ments. C'est très riche Irimi nage,très ludique. J'aime bien. ça cor-respond bien à ma manière defaire, de ressentir, de toucher lesautres et de près. Je n'aime pastrop les Kokkyu. Kokkyu, quandça marche on ne sent rien dutout, quand ça ne marche pas onsent vraiment qu'on est mauvais.En fait ce n'est pas la forme quim'intéresse le plus mais ce que jevais ressentir avec le partenaire.C'est un contact qui permet dejouer sur plusieurs niveaux. C'esttrès agréable.

Préconisez-vous une pratique spécifique desarmes ?J'enseigne peu les armes. Il n’y apas si longtemps, je pensais qu'ilfallait absolument faire desarmes… c'est indispensable, çastructure, ça organise, c'est la

martialité. Maintenant,j'ai évolué, ça aussi, ças'est transformé. Je pra-

tique toujours les armes, surtoutle Kenjutsu, mais là aussi ce quim'intéresse c'est de faire avecl'autre, de ne pas l'empêcher detravailler, de créer les conditionspour qu'à deux ça se passe bien.Sinon je ne pense pas que lesarmes soient si intéressantes queça en Aïki. Ça fait partie du patri-moine technique, il faut leconserver. Ça peut apporter desindications au niveau de l'attitu-de, de la distance, du timing, c'estsûr. Maintenant, on peut trèsbien être un bon aïkidoka sansêtre très bon en armes. Sanscompter que les armes nécessi-tent beaucoup de travail et celuiqui n'a pas vraiment beaucoupde temps, ne progresse jamais. Iln'y a pas que les armes pourcomprendre l'Aïkido. J'ai fait de laboxe thaïe par exemple, ça m'apermis de comprendre certainsaspects de l'Aïkido aussi.

Pour vous, l'Aïkido mèneréellement au respect de

son adversaire ?J'aimerais bien. Je voudrais bien,mais je ne suis pas sûr que çamarche. Certains tendent vers ça,mais j'entends toujours des pro-pos racistes dans les vestiairespar exemple, des choses commeça. Je ne suis pas sûr qu'on res-pecte toujours les gens avec quil'on vit, ou qui ne vous ressem-blent pas. C'est terrible à dire,mais je crois qu'on peut être trèsbon en Aïkido et être un sacrécon. Je ne suis pas sûr qu'il y aitvraiment une corrélation. On nedevrait pas parler d'adversairemais de partenaire. Certainsvivent l'Aïkido dans cette voie-là,d'autres ne voient que des adver-saires.

Les sensei japonaisreprennent souvent uneaffirmation de MoriheiUeshiba "seul celui qui atranscendé son ego peuttransmettre l'Aïkido",est-ce votre avis ?S'il fallait attendre ça, je croisqu'on ne ferait pas beaucoupd'Aïkido. Je crois que c'est celui

qui est dans la dynamique detranscender son ego, celui qui estdans cette recherche qui peut àce moment-là proposer cettedynamique de recherche pour lesautres. Transcender son ego, jene sais pas trop ce que cela veutdire encore. Je dirais autre chose,celui qui est en mesure de trouverses propres limites, de s'acceptertel qu'il est, celui-là est en mesu-re de proposer un cours d'Aïkido.Je n'ai pas expérimenté autrechose.

À quoi faut-il accorderle plus d'importance ?Être à l'écoute de l'autre. Arriverà se mettre en harmonie avecl'autre comme deux ou trois ins-trumentistes qui vont faire unbœuf de Jazz. Ne pas jouer plusfort que l'autre, ne pas jouermoins bien, essayer de faire ensorte que tout s'accorde. ça nepeut pas fonctionner en dehorsde l'écoute de l'autre et ensuite, ilfaut donner le meilleur de soi.C'est ce qui me paraît le plus inté-ressant. t

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Produire unAïkido parfaitpasse par une

relation privilégiée et

un partage bienconsenti avec

son partenaire.

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tradition

Les rites de purification sont pratiques courantes dans tout l’Extrême-Orient,qu’ils se rapportent au corps, à l’âme ou à la nature. Ce rituel, Misogi, quipeut surprendre les Occidentaux, est suivi par de nombreux maîtres debudo. Franck Noël nous livre quelques clés de cette pratique traditionnelle.

L’ÉLÉVATION DE L’ÂME

Il faudrait sans doute penser davantage à cettenotion de “misogi”, qui imprègne tellement lareligion Shinto et ses rituels : la purification, ducorps et de l’âme, la recherche de la limpidité,de la transparence. Se débarrasser des ses sco-

ries, de ses points de fixation, blocages, crispa-tions, mais aussi de ses attentes, espoirs, envies.Toute cérémonie Shinto se pose d’abord comme“misogi”, afin de permettre à chacun ainsi purifiéde recevoir sans détour ni intermédiaire les forcesbienveillantes et, littéralement, animatrices, des“kami”, dieux, divinités, entités énergétiques,qu’elles soient cosmiques ou familières, lointainesou de voisinage.La pratique d’Aïkido, le “keiko”, est “misogi”,disait O Sensei.Comment ? Pourquoi ? Quel sens faut-il donner àcet énoncé ? La question est loin d’être simple caron ne peut se contenter de l’équation “transpira-tion=purification” qui vient spontanément à l’es-prit et qui est sans doute, ne le méprisons pas, undes aspects du problème.

Un rituel, une cérémonieContentons-nous peut-être ici d’en examiner unautre aspect :L’idée de “misogi” implique celle de rituel, de céré-monie. C’est-à-dire d’une pratique qui se doit defonctionner dans l’instant, dont l’objectif est, àchaque fois, de redonner aux participants l’aptitu-de au bonheur. Une pratique qui ne s’inscrit dansaucune progressivité mais qui, à chaque fois qu’onla répète, se doit de s’accomplir, de trouver tant sajustification que sa finalité.Ainsi donc devons-nous peut-être, aussi, considé-rer notre pratique comme un rituel, comme unecérémonie. Certes, cette manière de voir ne nousest pas tout à fait étrangère puisque nous parlonshabituellement “du rituel”, “du cérémonial” quiencadre la pratique, faisant allusion par là auxsaluts et aux quelques règles élémentaires de com-portement que nous avons appris à respecter afinde tirer tout le bénéfice de la-dite pratique.Oui mais voilà, dans cette manière de voir, notre“rituel”, notre “cérémonial” encadre la pratique, il

n’est pas la pratique qui, dans notre esprit,se définit, elle, comme une progressionque nous nous efforçons de suivre afind’augmenter nos capacités, afin de gravirles échelons, de nous bonifier, d’approcherla maîtrise. Un peu comme si la pratiquene se justifiait que par une projection dansl’avenir de ses résultats.“Progresser” est bien notre maître mot,notre objectif, la raison de notre investis-sement.Cela est bien légitime. Et nous n’essayonspas ici de remettre en cause cette concep-tion par ailleurs conforme à l’idée dyna-mique qu’on se fait du “Do”.Mais tout de même.Et si notre pratique était aussi une céré-monie, un rituel? Obéissant alors à unmode de fonctionnement tout différent.Visant un résultat instantané et non pro-gressif. Se justifiant par le bain dans lequelelle trempe ses participants à chacune deses répétitions. Et ce n’est pas par hasardque s’impose l’image du bain : car commele bain, la cérémonie purificatrice fonc-tionne ou ne fonctionne pas, nettoie ou ne

nettoie pas, ou nettoie un peu, mais ne va pas,progressivement, commencer par nettoyer un peu,puis, un peu plus le lendemain, s’inscrivant dansune progression pour une toilette chaque jour unpeu plus accomplie... Non, cette logique de répéti-tion suppose un accomplissement à chacune deses échéances qui doit se suffire à elle-même maisqui sait en même temps que rien n’est définitive-ment acquis, que les éléments polluants sont nom-breux et qu’il faudra donc, de nouveau, régulière-ment se plonger dans le bain purifiant.

Aspects communsVers quoi, alors, tendrait notre répétition (car“keiko” en un sens veut dire “répétition”) si n’estpas que le moyen de progresser, si on la considèreen chacune de ses occurrences ? Sans doute faut-il envisager deux aspects, l’uncommun à tous les arts martiaux et aussi auxsports, l’autre bien spécifique à notre discipline :Tout d’abord, une pratique d’Aïkido fonctionnecomme un exorcisme et/ou une catharsis, c’est-à-dire comme une représentation d’une de nos peurset/ou tentations qu’il s’agit de vivre sous une formeplus ou moins domestiquée afin, de façon délibé-rément ambiguë et contradictoire, à la fois de laconnaître et de la conjurer. C’est bien sûr de lapeur/tentation de la violence et du conflit qu’il estquestion dans cette représentation. Et il en est decette représentation comme d’une représentationthéâtrale : la mise en scène peut varier. Elle peutchercher le réalisme comme le symbolique, ledrame comme la légèreté, elle peut être allusive,héroïque, épique, tragique, comique même. Ellepeut prétendre tout régler ou au contraire laisserune grande place à l’improvisation. Elle peut sevouloir résolument novatrice ou respectueuse destraditions... bref, le choix est vaste et les disci-plines martiales et sportives, au travers de leursmultiples règlements, se chargent de nous donnerquelques exemples de traitements possibles decette “représentation-à-vivre” de la violence, de larivalité et du conflit.Mais dans tous les cas le rôle d’exutoire (de défou-lement, comme on dit) est clair : on se plonge danscette expérience et on en ressort soulagé (et fati-gué), ayant vécu (un peu) ce qu’on n’osait vouloirvivre ou ayant surmonté (d’une certaine façon) cequ’on redoutait de vivre. Consciemment parfois,

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inconsciemment le plus souvent ou encore dansune semi-lucidité. Mais il est vrai que cela reste unpeu abstrait et sans doute trop général pour nousaider vraiment à gérer notre pratique et d’autantplus que c’est sans doute lorsqu’elle agit “à notrecorps défendant” que cette représentation porte leplus de fruits.

Créature et créateurBeaucoup plus concret et tangible est en revanchel’autre aspect que nous nous proposons d’exami-ner et qui touche directement à la spécificité denotre discipline : il s’agit de la possibilité proposéeà chaque participant de “vivre en Aïkido”, d’enexpérimenter les principes et valeurs, et ce au planphysique comme mental et relationnel. Ou, pourdire les choses du point de vue réciproque, de l’in-jonction qui leur est faite de “donner (leur) corps àl’Aïkido”. Se laisser imprégner des valeurs (et de lavaleur) de l’Aïkido et faire en sorte que l’Aïkidoexiste ici et maintenant. Fabriquer un momentd’Aïkido afin d’être façonné par l’Aïkido. Être à lafois créature et créateur.Qu’est-ce à dire ? Qu’il n’est pas nécessaire d’at-tendre de posséder l’Aïkido pour profiter de sesbienfaits car il s’agit plutôt d’en être possédé afinde se laisser déposséder tant de ses inhibitions quede ses rêves d’omnipotence. Que, durant la séan-ce dans le Dojo, il doit y avoir présence, évidence,apparition, épiphanie de l’Aïkido, ou du moins sonévocation suffisamment affirmée, et qu’il convientdonc de créer les conditions qui lui en donnent lachance.Et tout est là : la séance fonctionnera comme unecérémonie à effet immédiat et reproductible si onne remet pas sans cesse à plus tard la “réussite” detelle ou telle technique mais si d’emblée et totale-ment on s’applique à faire de l’échange un mor-ceau d’Aïkido, authentique et représentatif de salogique.Alors bien sûr, pour l’enseignant, pour Uke commepour Tori, il faut cadrer, doser la difficulté, l’inten-sité, rester dans les limites de ce qu’on peut faire(bien plus larges que celles de ce qu’on croit pou-voir faire) et se donner chaque fois, pour l’ensei-gnant, pour Uke comme pour Tori, débutant ouchevronné, l’objectif de réussir à fabriquer un frag-ment d’Aïkido, c’est à dire par, pour, au travers etau-delà des personnes, réellement “faire del’Aïkido”.Et cela est extrêmement concret car les valeurs etprincipes de l’Aïkido se manifestent concrètementet sont à vivre à tout instant: le respect, l’écoute, ladisponibilité, l’unité du corps, la présence, l’inté-grité, le souci du gagnant/gagnant... font référenceà des comportements objectifs, définissables etnon à de vagues spéculations. Comportementsqu’il convient d’intégrer dès le tout début, aumoins en germe, au moins comme une tentative, àsa pratique (un peu comme on enfile son keikogi :dès le début et tout au long de sa carrière) car c’est

justement en les expérimentant chaquefois, et non en considérant qu’il sera bientemps de les développer plus tard, qu’onen profitera, chaque fois, Uke comme Tori,l’un par l’autre, l’un pour l’autre.

Incarner l’Aïkido“Ca fait du bien!...” entend-on parfois sou-pirer d’aise dans les vestiaires... Sentimentde plénitude physique, regard bienveillantporté sur les autres, fraternité, détache-ment. Le “misogi”, n’en doutons pas, est là :profiter chaque fois des valeurs de l’Aïkidojustement parce qu’on se fait un devoir deles incarner.Oui mais voilà, il ne faudrait pas que cettecérémonie, cette répétition, se referme surelle-même, chaque fois identique à elle-même, et qu’elle se convertisse en ressas-sement obsessionnel sans autre perspec-tive que le choix entre la reproduire oul’abandonner. Il ne faudrait pas que, par leconfort du rituel, elle encourage les partici-pants à s’engoncer un peu plus dans cequ’ils sont. Et il convient donc que le “Do”,la progression, le cheminement, se superpose à ceque nous venons d’évoquer. Car le risque est grand,à trop vouloir cadrer les choses, de les figer et d’en-lever toute vérité à l’instant qui n’est plus quereproduction d’un déjà vécu. Les Dojos sont peu-plés, aussi, de ces comportements stéréotypés,aveugles, sourds et souvent fiers de l’être qui ne sedonnent que peu de chances de connaître l’émo-tion d’une mutation, le transport d’une progression.Malgré ces déviations trop souvent constatées,l’envie est forte de parier que c’est précisément enrespectant les conditions susceptibles de réussir laséance cérémonielle telles que nous avons tentéde les préciser, qu’on se donnera les moyens d’uneprogression. Restant bien entendu à charge del’enseignant, le maître de cérémonie, d’organisersa mise en scène et ses exigences en fonction desdifférents stades où sont rendus les participants.Car comment une répétition risque-t-elle de tour-ner en rond ? Lorsqu’on croit avoir compris ungeste, une forme, une technique et qu’on pensequ’il suffit de les répéter pour les posséder. On faitalors l’impasse sur le temps de la répétition pour seprojeter dans le futur hypothétique de la maîtrise.Nul rituel au présent alors, il n’y a que parenthèse“en attendant”...Le bain d’Aïkido évoqué plus haut est tout autre : ilsuppose que le participant s’efforce à chaque ins-tant d’incarner les valeurs fondatrices de l’Aïkido etde les mettre en place dans le canevas proposé parla mise en scène. Ces valeurs, répétons-le, sont desvaleurs de mouvement, d’ajustement à soi-même, àl’autre et à la situation, de questions-réponses ins-tantanées, de doutes et de décisions qui supposentun ancrage dans le présent. Elles sont tout sauf descertitudes calibrées, des recettes pré-fabriquées à

appliquer de manière répétitive et mécanique surtout ce qui se présente. Et il faut constater quenous nous trouvons alors entièrement dans lamême logique que celle prônée par un autre élé-ment de l’enseignement traditionnel : le “shoshin”, c’est à dire “l’esprit (le coeur) du début (dudébutant)”. Car bien sûr il ne faut pas y voir la ten-tative (nécessairement vaine) de gommer tout sonacquis, quel qu’il soit, pour retrouver son état dedébutant, mais le fait de considérer le point où onest rendu comme le point de départ de l’entrepriseet donc d’y appliquer toute son attention.

La logique du DoIl est donc très probable que ces deux dimensionsde la pratique, l’une instantanée, l’autre progressi-ve, se nourrissent l’une l’autre, que le “Misogi’s’inscrit pleinement dans la logique du “Do” etréciproquement. Mais, afin de se tenir à leur inter-section, il n’est sans doute pas vain de les avoirtoutes deux présentes à l’esprit afin de gérer notrepratique. Car il est vrai qu’un rituel répété qui sefigerait sur sa forme ne ferait que creuser toujoursplus profond ses ornières circulaires mais, à l’in-verse, une tension extrême sur l’idée de progres-sion risquerait, se projetant toujours dans un ave-nir supposé meilleur, de négliger de jouir de l’ex-périence présente et d’entretenir ainsi le mal-êtreet la frustration.

Franck Noël

A lire:

Fragments de

dialogues à deux inconnues.

Budo Éditions

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J’IMAGINE QUE L’INTÉGRATION D’ENFANTS COMMEANTONIN ET CAMILLE REQUIERT UNE EXPLICATIONAUX ENFANTS DU GROUPE, QUELS PROPOS LEURAVEZ VOUS TENUS ?Yamina Khodja : Nous avons commencé l’expé-rience d’abord avec Camille, puis nous avonsaccueilli Antonin, quelques mois plus tard.Le choix du groupe a été important, nous avonschoisi le groupe d’adolescents d’emblée, pour moice groupe était plus mûr pour recevoir des enfants«différents». Dans le groupe des enfants (6 - 9ans), le contrôle aurait été permanent, car à cet âgetout est sujet à moquerie.Tout s’est passé simplement, Marie FrançoiseLipp, la maman de Camille, pratiquait déjàl’Aïkido dans mon dojo. Le premier jour, nousavons demandé aux adolescents s’ils savaient cequ’est l’autisme ?Certains d’entre eux ont répondu oui, d’autres non,alors nous avons expliqué ce qu’est l’autisme entant que maladie neurologique, nous avons surtoutinsisté sur leur comportement imprévisible. Puisj’ai expliqué pourquoi nous voulions mettreCamille dans ce cours, j’ai demandé également s’ilsétaient d’accord pour qu’on fasse cette expérience,car au début nous avions convenu que si l’expé-rience échouait, on arrêterait. Je souhaitais que lesadolescents contrôlent leurs réactions, j’ai doncsuggéré de rester neutres, de ne pas avoir des réac-tions de recul, car Camille peut pousser des cris, oubouger sans prévenir et s’arrêter devant une per-sonne. De cette manière on pouvait travailler nor-malement ou presque. Il était entendu que Marie-Françoise s’occuperait également de Camille pen-dant le cours, je pense que cela a rassuré les ado-lescents, et nous avons commencé le cours.

QUELLES CONSIDÉRATIONS ONT MOTIVÉ LA DÉCI-SION D’AMENER CAMILLE ET ANTONIN À LA PRA-TIQUE DE L’AIKIDO ?Marie-Françoise Lipp : Nous étions dans uneimpasse. Camille était dans un centre spécialisé etnous souhaitions qu’elle garde des liens avec lemonde «normal». L’intégration des enfants avechandicap en structures sportives ou culturellesordinaires à l’initiative des parents est difficile.J’avais arrêté l’Aikido depuis 4 ans. J’ai repris monkimono, j’ai été voir Yamina Khodja qui enseigne

dans notre ville à Fontenay-sous-bois, je lui aidemandé si elle accepterait de faire un essai et denous accueillir Camille et moi dans son cours pouradolescents, elle a accepté.Notre objectif n’est pas que Camille soit la dignefille de ses parents aikidokas, ni qu’elle devienneune aikidokate à part entière. Notre objectif estqu’elle ait une pratique continue d’un art ou d’unsport, et qu’elle occupe une place dans un lieud’enfants ordinaires. L’intégration commence parla cohabitation. Antonin est autiste mais contraire-ment à beaucoup de personnes avec autisme, il estcoordonné, n’a pas de réticence à avoir un contactphysique avec les autres. Il évite du regard la plu-part du temps, ne parle presque pas et souventhors contexte. Il possède une certaine excentricitéde comportement. Mais il fait du rollers, de l’esca-lade, du vélo et il aime chahuter avec les autres.C’est pourquoi avec Pascal, nous avons pensé quece serait bien qu’Antonin, par ailleurs camarade de«centre» de Camille nous rejoigne sur le tatamiavec l’accompagnement de quelqu’un, Pascal enl’occurrence.

COMMENT LES PARENTS DES AUTRES ENFANTS ONT-ILS RÉAGI ?Y.K. : Les parents nous ont étonnés, ils ont trèsbien réagi, nous n’avons pas eu à expliquer l’au-tisme mais l’expérience qu’on souhaitait faire. Dufait que Marie-Françoise participait au cours, celarassurait les parents, je crois que les gens sont trèssensibilisés aux maladies orphelines, à l’autismeetc., ils ont approuvé cette démarche dès le départ,et certains nous ont proposé leur aide.

APPLIQUEZ VOUS UN TRAVAIL SPÉCIFIQUE ÀANTONIN ET CAMILLE ?Y.K. : Le démarrage a été laborieux, demander àdes enfants autistes de retenir leur attentiondurant un long moment entre autre. Un travailspécifique leur est adapté, mais sans que ce soitun travail restrictif, la technique est la même pourtous je ne fais pas vraiment attention, cela m’arri-ve de faire certaines techniques pour faire plaisir àCamille, car je sais qu’elle arrivera bien à les faire,cela la stimule en même temps.Je privilégie les saisies aux attaques, les attaquespourraient être dangereuses pour le partenairemais Marie-Françoise y veille. Comme pour tousles enfants, quand je demande «katate dori», jeleur demande de saisir le poignet, le partenairepeut également prendre la main de Camille ouAntonin et la placer sur le poignet, et pour «sho-men uchi» on va parler de frappe sur la tête, doncje ne suis pas très regardante sur les entrées pourmoi j’essaye de voir s’ils sentent une résistance unnon. Les explications verbales n’ont pas de senspour eux. On insiste également sur le regard dupartenaire. Pour finir la technique, ils ont compris

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aïkido solidarité

“Un jour Pascal Marcias m’a parlé de sa fille Camille «autiste», nous ditYamina Khodja, Camille n’allait plus à l’école, le seul endroit qu’elle fréquentait était un centre spécialisé. Il souhaitait qu’elle pratique uneactivité. Comme le dojo où j’enseigne l’Aïkido est proche de leur domicile.Nous avons convenu de faire une expérience avec Camille…” Ainsi est née une application remarquable de la voie de l’harmonie. Entretien avec Yamina Khodja et Marie-Françoise Lipp.

UN AUTRE REGARD

Réelle complicité avecYamina Khodja et parfaitemaîtrise des suwari wazapour Antonin. À droite,Camille pratiquant aprèsavoir suivi attentivement,entre ses parents, la démons-tration du professeur.

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qu’il faut descendre le partenaire au sol, et bien ilsemmènent le partenaire au sol, ils ont vraiment unsens inné du centrage, l’un comme l’autre sans levouloir, ils poussent vers le bas.Je suis très admirative et les connaisseurs enAïkido, le sont également, pour une techniquecomme shiho nage, une fois que la saisie est faite,ils lèvent les bras, passent en dessous, pivotent etdescendent vers le sol…

L’AIKIDO DEMANDE AUX PRATIQUANTS UN SENS DELA COMMUNICATION ÉLEVÉ. COMMENT LESENFANTS DU GROUPE ONT-ILS REÇU CAMILLE ETANTONIN ? M.-F. L. : Le respect des autres enfants vis-à-vis desdifficultés de Camille et Antonin est une des chosesqui m’a le plus étonnée. Pas de rires et pas de retour-nements de têtes devant les franches excentricités denos enfants. Notre présence sur le tatami sert deréférence aux autres enfants, leur permet de com-prendre comment être et agir avec eux. Finalementcommunication verbale ou pas, les mouvements sefont. Pas de paroles inutiles pour eux. Pas de mora-lisation, pas d’affects. J’imprime le mouvement àCamille qui le poursuit. Certains autistes dits de hautniveau de fonctionnement ou Asperger ont appris àparler et disent qu’ils pensent en image et non pas enmots. Ils ont un autre fonctionnement. Pratiquer avec eux, c’est d’abord le DEHAÏ, la ren-contre de centre à centre. Sans DEHAÏ, il n’y a depratique avec personne encore moins avec nosenfants. Avec les enfants autistes, il y a un problè-me de la fonction contenante. J’ai bâti ma proprestratégie avec Camille sur le tas, en fonction de cequi marche et ne marche pas : je suis sa limite pourqu’elle construise sa propre limite, qu’elle devienneautonome sans moi. Je suis centrée sur elle pourqu’elle se centre à son tour, qu’elle ressente sapropre cohérence. Le problème de l’inversion duTU et du MOI a disparu. Elle est ELLE, même sielle a encore besoin de moi pour servir d’interprèteou s’initialiser dans sa pratique. Elle pratique seuleavec les autres selon la technique abordée. Je

m’éloigne de plus en plus. Pour Antonin les chosessont plus faciles. Il en est à un stade où il n’a plusbesoin de nous. Nous sommes juste là pour le reca-drer à distance quand il commence à se disperser.Il choisit ses partenaires et pratique correctement. Du point de vue des déficiences des personnes avecautisme, TED, et celles dites «psychotiques», la pra-tique de l’Aikido est structurante : un dojo rectan-gulaire, des marques au sol, un mur auquel on faitface avec une distance (pas de collage), des règlesde sociabilité simples, une mise en relation avec unsalut, une pratique en face à face avec une distan-ce, la distance de ses propres membres, organiséepar rapport à la distance des autres pratiquants, lerôle de chacun et l’inversion des rôles, le face à faceen miroir, l’enchaînement des mouvements avec lerythme 1 : j’attaque, 2 : je fais une technique, 3 : jechute, le rythme 2 X 2, la mémorisation de laséquence des mouvements…

J’IMAGINE QU’IL Y A POUR EUX UNE LIMITE AL’AÏKIDO, QUELLE EST –ELLE ?Y.K. : Le but n’est pas de trouver une limite à leurpratique mais de développer le sens de la relationavec les autres. je ne réfléchis pas à la techniqueproprement dit, mais au plaisir qu’ils ressententlorsqu’ils pratiquent, on travaille sur l’acquisitiondu sens de l’Aïkido, sur le développement des sen-sations et voir s’ils ont de bonnes réactions.Cependant, il y’a une limite, la technique est sim-plifiée, la limite est dans la restitution de la deman-de, ce ne sont que des enfants, la technique est glo-bale. Comme l’Aïkido est une discipline avec desrègles, ni Camille ni Antonin n’y dérogent. Lors dusalut ils sont en ligne et font le salut comme tout lemonde, et lorsque je montre une technique, ils sontégalement en ligne à regarder et écouter ce que jemontre, à la fin de la démonstration, ils se lèvent etsaluent un partenaire pour travailler avec lui.

OBSERVEZ VOUS UNE ÉVOLUTION PARTICULIÈRECHEZ LES ENFANTS DANS LEUR RELATION AVECANTONIN ET CAMILLE ?Y.K. : Pour moi il y’a une évolution certaine, d’au-tant plus que c’est une évolution à deux sens. Audébut Camille ne travaillait qu’avec sa mère ouson père, les autres enfants n’osaient pas aller verselle, lors des jeux ils ont essayé de l’intégrer mais

elle ne répondait pas. Maintenant Camille va faci-lement chercher Fabrice ou Amélie, et du coup lesautres enfants viennent plus facilement travailleravec elle, sous la surveillance de Marie-Françoise.Antonin est nettement plus libre, dès qu’il arrive ilva voir les autres enfants pour jouer, aujourd’hui ila acquit une autonomie dans le cours, à chaquechangement de technique il se place à coté decelui avec qui il va travaille. Il appelle son parte-naire par son prénom. C’est très intéressant de levoir faire, il a un rituel, il commence avecJonathan, ensuite Olivier, après Charlen, puisbenoît et ainsi de suite. Les autres enfants l’aimentbien, ils ne font plus de différence, et naturelle-ment ils vont vers lui.

CELA SE TRADUIT-IL PAR UNE AMÉLIORATION DANSLEUR COMPORTEMENT À L’EXTÉRIEUR DU DOJO ?M.-F. L : Nos enfants grandissent et progressentgrâce à différents apports et l’Aikido en fait partie.Les réussites sur un plan ont un retentissement surd’autres. La joie d’Antonin d’avoir des camaradesle fait progresser dans sa socialisation dans unenvironnement non complice. Camille se structu-re, arrive à enchaîner des tâches, se sent bien aumilieu des autres.

CAMILLE ET ANTONIN APPRÉCIENT-ILS L’AIKIDO AUPOINT DE RÉCLAMER DE PRATIQUER ? ET SAIT-ONQUEL EST LEUR POINT DE VUE SUR LA PRATIQUE ?M.-F. L : Je ne sais pas s’ils savent ce qu’est l’Aikido.Ils savent qu’il est l’heure de mettre leur kimono,que l’on va au dojo , que l’on chute, que l’on pous-se, qu’on est avec des autres qui font la mêmechose, qu’on rigole. C’est un moment de plaisir par-tagé avec eux. Quand on voit leur sourire, nousnous disons que nous avons combattu contre leurstroubles et que nous avons gagné une manche.

QUELS PROGRÈS AVEZ VOUS OBSERVÉS DEPUISLEUR INTÉGRATION ?Y.K. : on est parti d’une situation d’enfants handi-capés dans un cours classique, et aujourd’hui onne ressent pas de tension particulière. Antonin évolue comme un enfant normal, il estintégré complètement, lorsque je regarde les ado-lescents travailler avec lui, je vois des sourires,Antonin chute très facilement, des fois il s’agrippeà son partenaire mais ses partenaires savent com-ment agir avec lui. Camille est plus lente, les autresadolescents ne la mettent pas de coté. Elle est unpeu farouche alors certains n’osent pas aller verselle. Lorsque je fais mes cours, je ne fais plus atten-tion, Camille et Antonin sont des aïkidokas à partentière, je régule un peu, parfois je forme lescouples pour qu’ils travaillent tous ensemble, celase fait naturellement, ce qui donne au groupe unecohésion, je sens même un sentiment d’entraide etde protection.Pour moi c’est la preuve que l’intégration est vrai-ment réussie. t

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2020

L’Aïkibudo, discipline cofonda-trice de la F.F.A.A.A., possèdeune option spécialisée aux

cotés de l'Aïkido dans le cadre dubrevet d’état d’éducateur sportifspécialisé 1er et 2e degré d'Aïkido.C’est pourquoi une organisationsolide a été mise en place ainsiqu’un programme spécifique afinde garantir la meilleure formationpossible tant initiale que continuede ses enseignants. Cette tâche dif-ficile et ambitieuse a été confiéeaux plus hauts gradés de notreÉcole, dans la pure tradition mar-tiale historique.La Commission Pédagogique duComité fédéral Aïkibudo, partie dela C.T.N. Aïkibudo, est placée sousla direction de Maître Gérard Clérin(6e Dan Aïkibudo et B.E.E.S. 2edegré) D.T.I.R. responsable fédéralde la commission Monitorats etBEES Aïkibudo et de Maître Paul-Patrick Harmant (6e Dan Aïkibudoet BEES 1er degré) D.T.I.R. chargéd’organiser et de coordonner lesSéminaires de préparations auMonitorat Fédéral d'Aïkibudo et au

BEES spécifique Aïkibudo. Deuxfois par an, les stagiaires sontréunis pour une période de quatrejours afin d’approfondir le pro-gramme spécifique technique etpédagogique du BEES : sont ainsiabordées les notions élémentairesde secourisme, l’ensemble destechniques programmées aux 1er et2e Dan, les bases de l’anatomie etde la physiologie, la partie législa-tion et les textes réglementairesainsi que l’approche pédagogique.Aussi, les stagiaires ne chôment-ilspas, du matin 09h00 au soir 22h00,avec une succession de cours pra-tiques, théoriques, de devoirs àfaire et bien sûr d’examens oraux,écrits et pratiques… L’expérience a montré que les sta-giaires se répartissent en troisgroupes : un tiers d’impétrants nou-veaux venus, un tiers de prati-quants souhaitant approfondir leurconnaissances techniques en vuede présenter un grade supérieur, etun dernier tiers composé de profes-seurs diplômés (monitorats etB.E.E.S. 1er degré) participantsréguliers qui renforcent ainsi leursconnaissances techniques et péda-gogiques, tout en faisant bénéficierles autres de leurs précieuses expé-riences. La décision d’enseigner peut êtremise en parallèle avec celle dedevenir parent, tant dans lescauses qui peuvent les motiver quedans les conséquences qu’elleinduisent. La gravité de cet engage-ment et les devoirs qui s’y atta-chent restent insoupçonnés et nese découvrent que petit à petit. Lesjoies qui s’y rapportent également,de même que les ressources quipermettent une compréhensionsubtile de notre Art et la découver-te d’une règle Ô combien importan-te pour les enseignants et que lebon sens commun a depuis long-temps popularisée :«ce qui se conçoit bien s’énonceclairement».L’axe de ces séminaires s’organi-sent, sur la base des programmessusmentionnés, autour de troisaxes fondamentaux : Les devoirsqui s’imposent au professeurenvers lui-même, envers ses élèves,et enfin ceux qui s’imposent auxélèves envers leur professeur.

DE LA TRANSMISSIONTRADITIONNELLE ÀL’ENSEIGNEMENT MODERNEHISTOIRE D’UNEPASSION (II)

aïkibudo

““EEnn tteemmppss ddee ppaaiixx,, ll’’eesssseennccee ddeess aarrttss mmaarrttiiaauuxx cc’’eessttll’’eennsseeiiggnneemmeenntt.. DDaannss llee mmoott rryyuu iill yy aa ll’’iiddééee ddeeccoouurraanntt.. DDôô,, cc’’eesstt llaa vvooiiee,, cc’’eesstt qquueellqquuee cchhoossee qquuiippaassssee.. SSii oonn aarrrrêêttee dd’’eennsseeiiggnneerr,, ccee nn’’eesstt pplluuss llaavvooiiee,, cc’’eesstt sseeuulleemmeenntt uunnee tteecchhnniiqquuee.. LLaa tteecchhnniiqquueemmaarrttiiaallee vviissee uunniiqquueemmeenntt àà ttuueerr,, aalloorrss qquuee llee bbuuttddeess aarrttss mmaarrttiiaauuxx eesstt ddee ffoorrmmeerr llaa ppeerrssoonnnnaalliittéé..”” » ((MMaaîîttrree MMiinnoorruu MMOOCCHHIIZZUUKKII ))

Paul-Patrick Harmant 6e dan,ambiance studieuse.

Gérard Clérin 6e dan, intervention pédagogiquepratique.

1er dan aïkibudo, épreuvepédagogique pratique, examen devant jury.

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1° / LES DEVOIRSDU PROFESSEURENVERS LUI-MÊME :L'enseignement sportif peut se défi-nir comme l'action mise en œuvrepar un éducateur sportif pour aiderun pratiquant à acquérir une capa-cité nouvelle dans le domaine dusport. Mais celui-ci commenceavant le déroulement de la séance.Il comprend le choix que décidel'éducateur sportif lorsqu'il organi-se, planifie son enseignement et sefixe les objectifs à atteindre. Il com-porte de surcroît toutes les inter-ventions de l'éducateur sportif pen-dant la séance : comment faire exé-cuter les tâches (exercices), dispo-ser le matériel, donner desconsignes, encourager les prati-quants, évaluer les résultats obte-nus, etc. Après la séance ou à l'is-sue d'un cycle de plusieurs séancesd'initiation ou d'entraînement,l'éducateur sportif peut être amenéà modifier sa démarche, son attitu-de, voire ses objectifs.Pour prendre une image, on peutdire qu’enseigner, c’est faire gran-dir. Accepter la charge d’enseigner,c’est avoir la volonté de transmettrele savoir acquis, la quintessence duprogramme menant à l’obtentiondes grades et à une réelle compré-hension profonde de la réalité denotre Art, dans le strict respect dela forme et du fond de la pratiqueAïkibudo. C'est apporter à une per-sonne les moyens pour qu'elle setransforme. Ces transformationspeuvent porter sur différentsdomaines : Qualités physiques,compétences techniques, capacitésà fournir un effort prolongé, à utili-ser les ressources énergétiques del’organisme, à participer à un effortcollectif, etc.L’enseignant doit avoir la volontéque ces transformations persistentau cours des différentes situationsd'apprentissage que le pratiquantva rencontrer. I1 devra avoir acquisde nouvelles connaissances, denouveaux savoir-faire, adopté denouvelles attitudes. On parlegénéralement ici de développementde compétences, d'habilité motrice,de dispositions (de CAPACITES).L’enseignant se trouve alors

confronté à des devoirs qui s’impo-sent à lui afin qu’il conserve d’unepart une crédibilité aux yeux de sesélèves, et d’autres part qu’il pour-suive sa propre formation person-nelle, tant technique que pédago-gique. Sa démarche doit être guidéepar un souci permanentd’AUTHENTICITE, seul gage deson succès en tant que modèle !Les principes attachés au port duHakama et aux grades, la forma-tion tripartite sur le plan morale etspirituel (shin), sur le plan desqualités physiques (taï) et sur leplan technique (gi) restent les fon-dations intangibles et conjointessur lesquelles le professeur doitconstruire son enseignement.Ainsi le futur enseignant se doitd’être un modèle d’hygiène de vie,autant que faire se peux. Il devraainsi montrer l’exemple et en expli-quer lui-même l’utilité et les effets.Comment prôner autrement unealimentation équilibrée, uneconsommation réduite ou nulle deproduits toxiques comme le tabacou l’alcool, sans parler de produitsdopants, même s’ils ne s’imposentpas tous particulièrement par unengagement physique trop impor-tant dans notre Art !Sur le plan technique, enseignerimplique de conserver du tempspour son propre entraînement afinde maintenir son niveau deconnaissances et poursuivre sapropre avancée sur la Voie. Si lastagnation reste déconseilléequoique parfois compréhensible, larégression doit demeurer impos-sible, dans les limites et lescontraintes e la vie contempo-raines, pour ne pas mettre en dan-ger la légitimité de l’enseignant, etau-delà, la transmission de notrepatrimoine martial. Maître AlainFloquet a souhaité préserver l'en-seignement traditionnels desÉcoles Daito ryu aikijujutsu, ten-shin shoden katori shinto ryu etYoseikan shinto ryu au sein du pro-gramme Aïkibudo. Il en résulte unedifficile adéquation entre lescontraintes de la vie moderne et lesrigueurs de l’étude de la synthèseainsi réalisée qui s’impose à tousles professeurs et cadres tech-niques. De plus, comment deman-der à ses élèves la pratique conjoin-

te de ces quatre composantes quiforment un tout indivisible, condi-tion siné qua non de compréhen-sion de l’Aïkibudo, si l’on en ignoreune partie. Et que dire de notreaptitude à préparer et présenter desélèves aux passages de grades sil’on provoque des impasses de faitpar ignorance, paresse, ou toutautre raison fallacieuse…Il faut être conscient que la rigueur

n’est acceptable par l’élève qu’à laseule condition que le professeurmontre l’exemple. À défaut, l’élèveira voir ailleurs ou abandonnera lapratique et passera à l’écart de sesbienfaits. Plus grave encore, il cal-quera sa pratique sur celle de sonprofesseur, et la perte ou la dérived’une partie du programme contri-buera à la perte irrémédiable ducontenu réel de l’ART. En cela la

Paul-Patrick Harmant, techniques manuelles,

entrée omoté.

Candidats au monitorat,épreuves écrites.

Paul-Patrick Harmant, techniques d’armes,

gen ryu no kata

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responsabilité de l’enseignant esttotale et la première sanction serales résultats enregistrés aux pas-sages de grades, au monitorat fédé-ral voir au BEES.

2° / LES DEVOIRSDU PROFESSEURENVERS SESELEVES :Enseigner, c'est Décider.L'enseignement sportif offre doncune multitude d'occasions oùl'éducateur sportif devra décider,faire des choix, en vue d'unmeilleur résultat. Confronté à lamission d'enseigner une disciplinesportive à un groupe de prati-quants, l'éducateur sportif s'inter-roge. Quelles sont les caractéris-tiques de ces personnes ?Qu'attendent-ils de cet enseigne-ment ? Comment choisir les exer-cices pour que chacun progresse ?Comment les présenter, les expli-quer ? Que faire en cas de ''Non-Réussite'' de la part de chacun ?Comment organiser le groupe, l'es-pace, le temps ? L'enseignementsportif offre donc une multituded'occasions où l'éducateur sportifdevra décider, faire le choix, en vued'un meilleur résultat.Le rôle du professeur à l’instar decelui de parent sera de faire les choixstratégiques à ses yeux afin de faire« grandir » son enfant ou son élève.Cette démarche éducative passe parla recherche de transformationsdurables des capacités de l’enfant oudu pratiquant et l’acquisition decompétences particulières liées à lapratique Aïkibudo. L’intérêt de la for-mation pédagogique spécifique deces stages réside dans la mise à dis-position des stagiaires des élémentsfondamentaux permettant l’élabora-tion d’une leçon pédagogique adap-tée aux différents critères rattachés àcelle-ci : contenu de la leçon, publicconcerné, moment dans l’année,programme… Si l'éducateur veut développer aumaximum chez le pratiquant l'atti-rance envers l'activité qu'il luienseigne, il doit lui-même adopterle comportement désiré : faire preu-ve d'intérêt, d'enthousiasme, dedisponibilité. Une activité sportivedevient attirante pour un prati-

quant lorsqu'il réussit, car il se sentà l'aise et confiant et que les cir-constances le mènent à des expé-riences qui flattent son amourpropre, enrichissent l'image qu'il ade lui et lui confère une grandeassurance ; elle est associée à deséducateurs sympathiques, admiréset qui font preuve d'enthousiasme.Une activité est rejetée par le prati-quant lorsqu’il ne réussit pas ou nesemble pas avoir d'aptitudes pourelle et qu'elle entraîne une gênephysique ou mentale que le prati-quant, en général, essaie d'éviter. Ils'agit de tout événement suscep-tible de l'amener à douter de sapropre valeur, à perdre son amourpropre, sa dignité, en un mot, sus-ceptible de la rabaisser ; elle estassociée à des éducateurs antipa-thiques. Mais il en est d'autres,moins évidentes, mais tout aussinéfastes : la douleur, la peine, l'an-goisse, la frustration en font partie.Une tâche trop difficile est suscep-tible de provoquer des réactionsaffectives négatives. L'ennui naîtaussi de la monotonie des tâches,de leur manque de variétés…Il est évident que la pédagogie restela difficulté majeure auquel se trou-vent confrontés les futurs ensei-gnants, une fois la maîtrise tech-nique du programme Aïkibudoacquise. Cette démarche volontairede transmission de notre Art peuts’apparenter à la décision irrévo-cable et aux conséquences insoup-çonnées de devenir parent : l’édu-cation d’un enfant innocent deschoses de la vie impose la mise enplace par ses parents de règles, decontrainte et de limites dans sesopportunités d’apprentissage. C’estpourquoi les stagiaires se confron-tent quotidiennement aux difficul-tés théoriques d’élaboration d’uneleçon par la rédaction de sujetspédagogiques corrigés individuelle-ment et commentés par M. Paul-Patrick Harmant. Par ailleurs lesfuturs enseignants se heurtent auxréalités pratiques de mise en œuvrede parties de ces mêmes leçonspendant les cours. Les candidats etles futurs candidats bénéficient icide l’expérience des professeursdiplômés présents : que ce soit surle plan des épreuves liées à l’exa-men ou de celle de l’enseignement

en club. Cet échange précieux per-met la confrontation des à priorithéoriques des futurs diplômésavec les réalités pratiques d’ensei-gnants aguerris. Ainsi les futursdiplômés sont-ils préparés avecplus d’acuité aux examens deMonitorat Fédéral ou du B.E.E.S.Les futurs professeurs se voientenseigner les règles de base de lapédagogie et les arcanes de la pré-paration d’une séance pédagogiqueappropriée visant à la mise enplace d’un Climat Affectif positif :Un des objectifs importants quel'éducateur doit se fixer est celuiqui vise à prolonger son action au-delà du cours proprement dit. Celaest surtout vrai en ce qui concernel'attitude affective du pratiquant visà vis de la discipline enseignée.Son but n'est pas seulement defaire apprécier l'activité qu'ilenseigne pendant le cours maisaussi de s'intéresser à ce que fera lepratiquant une fois le cours terminéet surtout à ce que sera son attitu-de affective vis à vis du sport prati-qué (Objectif de Motivation). Ainsi le découpage spécifiqued’une séance pédagogique estdécortiqué en insistant sur l’impor-tance de ces choix, la façon de lesmettre en œuvre, de les justifier etles erreurs à ne pas commettre :toute séance doit commencer parune Prise en Main , pour éveillerl'attention des élèves, avant de pas-ser à une Mise en Train, qui vise auréveil cardio-pulmonaire et neuro-musculaire de l'organisme au tra-vers d’un échauffement qui préparele corps à l'effort physique sans lefatiguer. Vient ensuite la PartieTechnique, qui vise à l’apprentissa-ge de la technique, la correctiondes fautes, la recherche de l'aisan-ce, de l'efficacité et de l'automatis-me dans l'exécution. La séance sepoursuit par une Application, par lebiais d’une exécution globale destechniques sans réflexion, sousforme de randori. Le Retour auCalme favorise le retour généraldes fonctions générales du corps àun rythme normal de travail, avantla nécessaire Reprise en Main, quipermet de faire les remarques surl’ensemble du travail effectué, etc.L’accent est plus particulièrementmis sur les qualités nécessaires aux

aïkibudo

ChristineFuche, 2e danAïkibudo, 2e dan katori,BEES 1er degré.

Franck Mancino1er dan aïki-budo, moniteurfédéral.

Bruno Isaac 2edan Aïkibudo,2e dan katori,non voyant,candidat BEES1er degré.

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professeurs : la connaissancerigoureuse et précise du program-me technique (revu en détailsdurant le stage), les différentesqualités à respecter au cours d'uneséance que sont le dosage, la pro-gressivité, la continuité et l’attrait.Le comportement de l'Educateurest fondamental : il doit d'êtredynamique, connaître son sujet,être vu par tous ses élèves lors desexplications techniques, bien seplacer pour les démonstrations,savoir encourager et motiver lespratiquants, etc.La condition physique, cette capa-cité générale à s'adapter et àrépondre favorablement à l'effortphysique n’est pas oubliée. Ledegré de la condition physiquedépend de l'état de santé du sujet,de sa constitution et de son activi-té physique passée ou présente.L'entraînement physique a pourobjet de maintenir les personnesintéressées dans une conditionphysique opérationnelle tout aulong de leur vie. Les éléments quiconstituent la condition physiquesont : Endurance - Résistance -Vitesse - Détente - Souplesse -Puissance - Adresse.

3° / LES DEVOIRSDES ELEVESENVERS LEUR PROFESSEUR :Comme nous l’avons vu jusqu’àprésent, les devoirs du professeursont particulièrement nombreux,mais le rôle d’élève en comporteégalement, vis-à-vis des autresélèves, mais surtout vis-à-vis deson professeur.Premièrement, les élèves doiventavoir un profond respect de leurprofesseur, au premier jour de leur

pratique comme au dernier, quelque soit le niveau qu’ils atteignent,et encore plus s’ils parviennent àégaler, voir à dépasser leur profes-seur. Ils ne doivent jamais oublierque sans leur professeur (le pre-mier comme les suivants, et leMaître avant tous), ils n’auraientcertainement pas eu la chance depratiquer l’ Aïkibudo avec toutesses composantes. Ils doivent êtrereconnaissants de l’investissementde l’ensemble des cadres tech-niques actuels comme passés, sanslesquels le patrimoine des écolescomposantes de l’Aïkibudo n’au-rait pu nous parvenir. Ce respectdoit être étendu à l’ensemble despratiquants d’Aïkibudo, sans les-quels ils ne pourraient pratiquer àl’occasion d’entraînements régu-liers ou de stages…Le second devoir qui s’imposentaux élèves est le respect strict desconsignes du professeur, et lareproduction la plus fidèle possibledes techniques démontrées. Il enva d’une part de la sécurité phy-sique des pratiquants et notam-ment du partenaire, et d’autre part,il en va de l’exécution techniquecorrecte dans le cadre del’Aïkibudo et de ses composanteshistoriques. Il existe de nom-breuses formes de flexions de poi-gnets dans diverses écoles tradi-tionnelles martiales japonaises,mais il n’existe qu’une forme tech-nique juste de faire un Kote gaeshien Aïkibudo. Cette forme spéci-fique doit être préservée, conservéeet transmise de générations engénérations le plus fidèlement pos-sible. C’est le rôle des professeursde la démontrer, et c’est le devoirdes élèves de tenter de l’intégrerafin de la reproduire !Troisièmement, les élèves doivent

s’engager dans leur pratique avecla volonté de progresser dans lacompréhension profonde des fon-dements de l’Aïkibudo. Les compo-santes historiques sont les bases etle fondement de notre pratiqueévolutive, et doivent à ce titre êtreenseignées et apprises par l’en-semble des pratiquants. Il en va dudevenir même de notre pratique ! Ilest toutefois certain que la densitédu programme technique imposeun engagement particulièrementimportant, pas toujours facile àmettre en place. Cela doit toutefoisrester un idéal vers lequel chaquepratiquant doit tendre.Quatrièmement, les élèves doiventadhérer et respecter les choix deleur professeur et du Maître.L’entraînement doit être l’occasiond’un échange entre pratiquant d’unmême Art Martial, au-delà des dif-férences de niveau, de sexe, d’ori-gine sociale ou d’handicap. Ainsi lapratique avec Bruno Isaac (nonvoyant et candidat au B.E.E.S. 1erdegré) est l’occasion d’un échangeparticulier et une chance sur leplan kinesthésique et sensitif.

4° / L’IMPORTANCEDE LA FORMATIONCONTINUE :L’organisation interne de la forma-tion des cadres en Aïkibudo s’at-tache à accompagner les candidatsà l’enseignement dans les étapessuccessives liées à ce choix coura-geux vital pour la survie de notrediscipline. Les E.R.C.A. (ÉcolesRégionales des Cadres) sont unmaillon essentiel de la transmissionde notre Art au côté des stagespurement techniques et une aideprécieuse pour l’ensemble desenseignants qui les mettent en liendirect avec la démarche de MaîtreAlain FLOQUET et le collège desKodansha. Ces stages facilitent latransmission verticale et horizonta-le des programmes techniques etdes solutions par le Comité FédéralAïkibudo. Ils permettent d’unifor-miser la technique et la pédagogiedans la transmission des différentescomposantes de l’Aïkibudo enassociant la rigueur des strictescomposantes ancestrales ou histo-

riques et la nécessaire adaptationaux réalités culturelles et psycholo-giques. Ils sont l’occasion deconfronter les expériences, d’appro-fondir les connaissances etd’échanger les informations scienti-fiques et pédagogiques pour amé-liorer la formation pédagogique desenseignants.

En collaboration, MaîtreAlain Floquet, Paul-

Patrick Harmant FrédéricFraisse et Jean-Pierre Vallé

(photographies : CERA)

Séminaire MonitoratFédéral et Brevet d’État

AÏKIBUDOsous la direction de M.

Paul-Patrick HARMANTconférencier

Réglementation M. GérardCLERIN

MONT SAINT-MARTIN,1er au 4 novembre 2003,

Salle de la Fraternelle, Rue Jeanne d’Arc, 54350

MONT SAINT-MARTIN

Inscriptions et renseignements :

03.90.23.16.17.(pro.)03.88.72.36.89.(dom.)

Gérard Clérin6e dan

aïkibudo. Bo jutsu.

Groupe de stagiaires, séminaire Bois-Guillaume,novembe 2002.

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FFAAA11, rue Jules Vallès

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tél: 01 43 48 22 22

fax: 01 43 48 87 91

3615 FFAIKIDO

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