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AIX-MARSEILLE UNIVERSITÉ ET LA PROVENCE VOUS INVITENT AU COLLOQUE MÉDIAS ET SANTÉ Les sujets tabous de la santé Dépression - Troubles sexuels - Fuites urinaires - Annonce du cancer - Relations labos-médecins - Dopage - Maladies colorectales - Euthanasie - Culpabiliser les fumeurs et les alcooliques ? - Le goût du scoop... RENDEZ-VOUS POUR UNE JOURNÉE SPÉCIALE ET PUBLIQUE LE 6 DÉCEMBRE À MARSEILLE CAHIER 2 - N˚ 6014 - NE PEUT ETRE VENDU SEPAREMENT

AIX-MARSEILLE UNIVERSITÉ ET LA PROVENCE VOUS INVITENT …

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AIX-MARSEILLEUNIVERSITÉ ET LAPROVENCEVOUS INVITENTAUCOLLOQUEMÉDIAS ET SANTÉ

Les sujets tabousde la santé

Dépression - Troubles sexuels - Fuites urinaires -Annonce du cancer - Relations labos-médecins -Dopage -Maladies colorectales - Euthanasie -Culpabiliser les fumeurs et les alcooliques ? -Le goût du scoop...

RENDEZ-VOUSPOURUNE JOURNÉESPÉCIALEETPUBLIQUE LE6DÉCEMBREÀMARSEILLE

CAHIER 2 - N˚ 6014 - NE PEUT ETRE VENDU SEPAREMENT

Page 2: AIX-MARSEILLE UNIVERSITÉ ET LA PROVENCE VOUS INVITENT …

Anne Fouchard dirige le service communi-cation de l’Institut régional de lutte contre lecancer Paoli-Calmettes.

❚ Peut-on parler de tabous en santé ?La question des tabous des patients se posedans un cadre très différent de celui des mé-dias. Quand on communique aux patients, lepremier objectif est de leur permettre de com-prendre ce qui leur arrive. On vient de leur an-noncer un diagnostic de cancer. On est doncface à des gens très fragilisés. Il faut toutefoisleur permettre de comprendre les informa-tions qui leur sont données, leur délivrer desinfos pratiques, et les rassurer un peu. C’est évidemment làque les choses deviennent plus compliquées. Si l’on voulaitdélivrer une information transparente et objective, on di-rait aux gens : "Quand vous faites une séance de radiothéra-pie, vous prenez un risque d’irradiation". Mais on ne peutpas dire à un patient déjà assommé par un diagnostic trèsdur : "On va vous soigner, mais en vous soignant on vousfait prendre un risque d’un cancer futur". Il y a une réservede discours qui s’impose parce qu’on ne peut pas tout dire.Non pas parce que les gens n’auraient pas la capacité decomprendre et d’être acteurs de leur guérison, mais parceque certaines choses ne sont pas entendables.

❚ Un certain nombre de sujets sont peu traités par les mé-dias. Cela provient-il d’une problématique d’audience oud’une hypersensibilité de la société?Les sujets que l’on va nommer comme tabous ne sont fina-lement pas ceux qui sont les plus tus. Un tabou est plutôtsulfureux, intéressant médiatiquement. Le cancer du pan-créas, par exemple, est très largement couvert, tant sur le

plan médical que sur celui de la recherche,alors que c’est un cancer atroce. A la base untabou est une injonction, politique ou pas, rela-tive à la liberté d’expression. Aujourd’hui, j’aile sentiment que cela relève plus de ce qui estdans l’air du temps ou pas. C’est un travers im-putable aux rédactions en chef. Les journalis-tes, sans doute, regardent avec une certaine ar-rogance ce que le public est censé avoir envied’entendre et de voir. Et ils se trompent sou-vent.

❚ Les journalistes détermineraient donc lestabous ?

Exactement. Mais encore une fois, je n’incrimine pas lesmédias : un effort est fait. Les prescripteurs ont leurs pro-pres représentations et leurs propres tabous. Souvent,quand je parle avec des journalistes, ils me renvoient à leurpropre histoire, à leurs propres perceptions de la chose, cequi montre à quel point nous ne sommes pas du tout dansl’objectivité de l’information. La santé est une préoccupa-tion telle que même l’émetteur d’information est concerné.

❚ Est-il donc si peu facile de communiquer en santé?C’est d’autant moins facile que l’on sait que l’informationque l’on délivre, ou pas, va permettre aux patients, ou pas,d’avoir une attitude combative. On n’a pas le droitd’alimenter les angoisses des patients. Certains messagessont difficiles, tant médiatiquement que dans la relationavec le patient : on ne peut pas dire "s’il y a plusieurs can-cers du sein dans votre famille, attention, gros risque". Celame paraît aberrant, non pas parce que c’est faux, mais par-ce que la manière de le dire est violente.

Margaux MERMET-GRANDFILLE et Céline MAROTTE

L’INTERVIEW d’Anne Fouchard ❚ Directrice de la communication, Institut Paoli-Calmettes

"Certaines choses ne sont pas entendables"

O seriez-vous dire à vos collè-g u e s q u e v o u s ê t e s e ndépression ? Oseriez-vous par-

ler de vos troubles d’érection à votremédecin ? Regarderiez-vous uneémission sur le suicide ?

Les tabous ont la vie dure. Certai-nes maladies ou pratiques n’arriventpas à sortir de l’ombre. Les patientsn’osent pas en parler à leur entoura-ge voire même à leur médecin. Parpudeur ? Par gêne ? Par honte ? Lesmédias n’abordent pas ces sujets, par-ce qu’il est difficile d’en parler au ni-veau sociétal ou culturel ou plus sim-plement parce qu’ils sont trop pro-ches de notre intimité (fuites urinai-r e s , h é m o r r o ï d e s , p r o b l è m e ssexuels).

Pourtant, nos écrans et nos radiossont envahis par les campagnes deprévention santé comme par exem-

ple le fameux "Pour votre santé, évi-tez de manger trop gras, trop sucré,trop salé". En même temps, les aler-tes sanitaires (affaires Médiator, pro-thèses PIP, bisphénol A) prolifèrent.Les problématiques de santé sont-el-les alors abordées pour l’audience oupour répondre à des enjeux réels desanté publique ?

Selon une enquête de l’Institut fran-çais d'opinion publique (Ifop) réali-sée en mai 2013, 30% des Françaissouhaitent une amélioration de laprévention et 17 % attendent des pro-grès dans l’information sur la santé.Mais sommes-nous prêts à parler li-brement de tous les sujets de santé ?C e r t a i n s t h è m e s s o n t e n c o r eaujourd’hui non traités par crainte,par pudeur ou parce qu’ils nous dé-rangent : il s’agit des sujets tabous(l’euthanasie, les maladies mentales,

etc.). Mais les médecins cultivent euxaussi des non-dits.

C’est pour débattre en toute libertéde ces tabous que se tiendra vendredi6 décembre, à la faculté de médecinede la Timone, le 5e colloque Médias etSanté organisé par Aix-Marseille Uni-versité et La Provence sur le thème"Santé : les sujets tabous". Des méde-cins, des professionnels du mondemédical, des laboratoires, des associa-tions de patients et des journalistesdébattront autour de 3 tables rondes.Une conférence animée par OlivierMazerolle clôturera la journée à 18h,elle sera consacrée à un tabou ma-jeur : le dopage dans le sport.

Nous ouvrons le débat dans ce sup-plément. Les lecteurs de La Provencesont invités à y participer (voir le pro-gramme complet en page 23).

Fanny CASSAR

Rédacteur en chefadjoint deLa Provence :Philippe Schmit.

Les élèves du master 2Santé de l’Ecole de jour-nalisme et de communi-cation d’Aix-Marseilleont rédigé ce supplé-ment.

Coordination :Céline Marotteet MargauxMermet-Grandfille.

Textes :Philippe Amsellem, Mor-gan Benoit, Fanny Cas-sar, Estelle Delepine,Emilie Gutierrez, KassimIdjabou, Xavier Lacom-be, Céline Marotte, Mar-gaux Mermet-Grandfille,LouiseMorot, Marlie Pei-rat.

Photos :Céline Marotte, MargauxMermet-Grandfille, LaProvence, Fotolia.

Mise en page :Rédaction technique.

Supplément gratuitde "La Provence" du

dimanche 1er décembre 2013

P3, 4 et 5. 10 sujets ta-bous nous gâchent la vie.

P7. La relation labos-mé-decins change.

P8. Lemédecin est-il pru-dent ou menteur?

P9. Quand il faut annon-cer un cancer...

P10. Doit-on culpabiliserfumeurs et alcooliques ?

P11. Addictions : notrecerveau est coupable !

P12 et 13. Comment seprémunir du dopage?

P15.O.Mazerolle- Y. Ber-land : rien à cacher !

P16 et 17. Plongée dansl’unité de soins palliatifsde Saint-Joseph.

P19. Les associations depatients se mobilisent.

P20 et 21. Scoop et san-té, duo d’enfer.

P23. Pour participer aucolloque du 6 décembre.

Supplémentréalisé par

5e COLLOQUEMÉDIAS ET SANTÉ

Santé: la vérité sur cesmaux que l’on cache

Sommaire

MÉDIAS ET SANTÉ2 www.laprovence.com

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Qui n’a pas connu ce que l’on appelle pudique-ment "un coup de moins bien" ou "une baisse derégime". Mais une dépression ? Où place-t-on lalimite entre l’épisode dépressif et la dépression ?Et une fois la pathologie diagnostiquée, parle-t-ondirectement avec un collègue qui rentre après unlong arrêt maladie du mal dont il souffre, ou se ré-fugie-t-on dans la stratégie de l’évitement ?

Pour le psychiatre Guillaume Bronsard - il dirigenotamment la Maison de l’Adolescent dans les Bou-ches-du-Rhône -, la dépression est comme toutesles pathologies psychiques : une exagération de lanormale. Il s’agit d’une tristesse excessive au mêmetitre que la bipolarité est une maladie liée au chan-gement d’humeur excessif. Mais "il n’y a pas de défi-nition absolue" concède le praticien. La limite esttrès ténue et difficile à poser. On peut dire qu’unepersonne dépressive n’arrive plus à maîtriser sesémotions par elle-même ou en faisant appel à sesamis ou à sa famille.

Les maladies mentales transforment la paroledes patients. Certains ont tendance à dire beau-coup, et même trop, alors que dans le même temps,d’autres auront beaucoup depudeur à parler d’eux. Mais ledocteur Bronsard reconnaîtqu’il est difficile de se montreren fragilité dans une époqueoù la performance fait foi, oùle beau et le fort s’imposentcomme des valeurs. Quandune personne connaît un épi-sode dépressif, on considèresouvent qu’elle y est pour quel-que chose. Suivent la suspi-cion de laisser-aller, puis lesdifficultés de parole. Le cerclepeut rapidement devenir vi-cieux. On peut faire le pari dela déstigmatisation pour facili-ter l’expression. Mais certainespersonnes vont mieux en n’enparlant pas. Dans les maladiespsychiques, les généralités nesont pas valables pour tout lemonde. C. M.

1 - La dépression

Deux allumettes allongées sur un lit s’enlacent ets’enflamment un peu trop vite. Ce spot publicitairediffusé à des heures de grande écoute vise à dédra-matiser l’éjaculation précoce qui toucherait un hom-me sur trois. Que ce soit pour cette pathologie préci-se, ou tous les sujets sexuels en général, le sujet prêteà sourire. Chacun s’accorde à dire qu’il en parle faci-lement et ouvertement. Surtout, quand il s’agit... desautres ! Et pourtant, un homme ne raconte pasouvertement qu’au moment fatidique, la machines’enraye… sauf peut-être à son médecin.

Le problème de la panne sexuelle touchera tous leshommes, un jour ou l’autre. Selon le Pr DominiqueRossi, chef du service d’urologie à l’Hôpital Nord, ilfaut distinguer les cas. Il y a des hommes qui ont unepetite "baisse de forme" passagère, mais ils entrentalors dans l’anxiété de la performance. Ils veulent ab-solument se rattraper la fois suivante, fois qui ne

s’avère pas plus glorieuse. Puis les stratégiesd’évitement se mettent en place. Et le problèmes’ancre. Ce genre de troubles sexuels rentre rapide-ment dans l’ordre quand ils sont traités. Le spécialistenote que dans 70 % de ces cas, les hommes viennentseuls. Il est pourtant préférable d’associer le partenai-re dans toute démarche de sexualité.

Il y a également les pathologies liées à la prostate.Dominique Rossi explique que le patient qui rentredans son cabinet pour une maladie de la prostate esttouché dans sa virilité. Or, "la prostate a plus un rôledans la fertilité que dans la sexualité", explique le spé-cialiste. Mais ce praticien d’expérience tient comptede cette donnée psychologique dans la relation avecson patient. Le tabou est dans la réflexion du patient,dans cette association entre prostate et sexualité. Dia-logue et explications pourront en venir à bout.

C. M.

2 - Les troubles sexuels des hommes

T abou : Ce sur quoi on fait silence, par crainte, pudeur.Telle est la définition commune du Petit Robert appliquée au

tabou, en dehors de sa vocation première qui est religieuse. Lasociété a beau se "décoincer" tous azimuts, et les interdits tomber lesuns après les autres, il reste beaucoup à faire en matière de santé. Parpeur d’avoir mal, par crainte de mauvaises nouvelles, ou par honte,nombre de sujets ne sont pas abordés, ni avec le médecin, encoremoins avec ses proches.

Faut-il s’y résigner, voire l’accepter, du fait qu’une société transpa-rente - de même qu’un individu transparent - ça n’existe pas ? Ce qui,au passage, rendrait d’ailleurs la vie totalitaire et impossible.

Sauf que ces tabous peuvent être gênants en matière de santé. Cer-

tains gâchent la vie (que l’on songe aux fuites urinaires et autres hémor-roïdes pour lesquelles on n’ose pas consulter alors qu’il existe des solu-tions simples et efficaces). D’autres tabous risquent de précipiter lamort : ne pas faire après 50 ans le test Hemoccult, le dosage du PSA(marqueur du cancer de la prostate) pour les hommes ou passer unemammographie pour les femmes, eh bien ces "oublis" peuvent nousfaire passer à côté de la détection d’un cancer qui aurait pu être soignécar pris à temps. Et que dire de la dépression qui toucherait 5 millionsde Français mais qu’il faut taire - quitte à s’enfoncer un peu plus - pourne pas passer pour un faible ? Et puis comment interpréter cette sociététoujours aussi excluante à l’endroit des handicapés mentaux ? Ce sonttous ces sujets que nous balayons dans ces pages. Philippe SCHMIT

NOSPEURSETNOSHONTESDANSLEDOMAINEDE LASANTÉ

De la dépression à l’incontinence,10 tabous qui nous gâchent la vie

MÉDIAS ET SANTÉ 3www.laprovence.com

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Les fuites urinaires, on fait avec. En si-lence. Cette pathologie est extrêmementfréquente. 70 % des femmes en souffri-ront à un moment de leur vie. Certainesle vivent comme un handicap.

Dominique Rossi, chef du service urolo-gie à l’Hôpital Nord, est rassurant. Les fui-tes urinaires sont fréquentes mais il existedes traitements efficaces et simples à met-tre en place. Les femmes ont à faire face àcette pathologie essentiellement à deuxpériodes de leur vie : après un accouche-ment et lors de la ménopause, donc vers50 ans. En règle générale, les jeunes ma-mans sont prises en charge dans le cadredes soins post-partum. L’information surles séances de rééducation périnéale sediffuse bien. En revanche, les dames à laménopause consultent moins facilement."Cela reste un tabou", concède le profes-

seur Rossi . Dansl’inconscient collec-tif, "c’est normal deperdre les urinesquand on est vieux,on accepte plus leschoses." Le méde-cin attire l’attentionsur les habitudesmictionnelles trans-mises de mère enfille et sur le poids fa-milial de ces habitu-des. Les fuites urinai-res ne sont pas unefatalité. Des traite-ments existent, no-tamment à base demédicaments voireavec la pose de ban-delettes. Il faut pourcela consulter unurologue.

C. M.

On connaît des passionnés : des personnes qui travaillent beaucoup, qui s’adonnentau sport sans compter. D’autres qui aiment boire un petit verre pour se sentir mieux. Etpuis un deuxième, un troisième… On voit des jeunes qui passent des heures devant unécran pour terminer un jeu vidéo. Sont-ils passionnés ou accro ? Accro ou addict ?Quand franchissons-nous la limite entre la passion et l’addiction ?

L’addiction est une maladie neurologique chronique qui se met en place lentement etde façon insidieuse. Le professeur Nicolas Simon, addictologue et pharmacologue auCHU de Sainte-Marguerite et à l’Université d’Aix-Marseille, explique que l’addiction setraduit par un trouble de la communication entre différentes parties du cerveau. On classeces conduites en deux catégories : l’addiction avec substance et celle sans substance. Audébut, la personne pense que son comportement (boire, travailler, faire du sport,…) val’aider à gérer un problème puis petit à petit le bénéfice disparaît. Au final, elle ne peut pass’empêcher de continuer à avoir ce comportement. À l’extrême, ce comportement nonseulement ne répond plus aux attentes de départ mais peut même entraîner des complica-tions dans sa vie personnelle et professionnelle, avec éventuellement des conséquencesphysiques.

L’addiction est un tabou à forte connotation sociale : l’ensemble de la société a uneopinion, un avis sur ce qu’il convient de faire ou pas, et sur ce qui est bien ou mal. Autabou s’ajoute la question du problème moral : toutes les décisions prises en addictologiese font sous la dépendance morale de la société. Pour en savoir plus, rendez-vous sur lesite de l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies : www.ofdt.fr. F. C.

Glaçant constat : un jeune de 15 à 25 ans se donne la mort chaque semaine en région Pro-vence-Alpes-Côte d’Azur. Les causes peuvent être nombreuses. Pourtant, le suicide des jeu-nes ne se résume pas à une somme d’histoires individuelles. C’est la deuxième cause de morta-lité chez les jeunes de cette tranche d’âge.

"Oui, il y a un tabou autour du suicide". La réponse de Rose-Marie Vilafranca, présidente del’association Christophe, est sans équivoque. Bien des familles cachent le fait que le décès quiles touche soit dû à un suicide. Dans certains cas, on a du mal à en parler dans l’entourage. Et lesproches fuient le sujet parce qu’ils ne savent pas quoi dire. Le malaise sclérose souvent.

Le Dr Guillaume Bronsard, pédopsychiatre à la Maison de l’Adolescent des Bouches-du-Rhô-ne, note qu’il n’est pas question de banaliser cet événement des plus dramatiques. Pourtant,deux écueils sont à éviter lorsque l’on traite ce sujet : le risque de banaliser et celui de la fascina-tion des autres jeunes.Dans les médias, la parole se libère progressivement. La présidente del’association regrette que les journaux abordent le sujet sous l’angle émotionnel, lors d’un faitdivers. Elle ajoute toutefois que paraissent également des articles de fond. Certains donnent desrepères et des clefs au grand public. L’absentéisme scolaire, un jeune qui dort peu, qui se met àl’écart et qui est agressif contre lui-même : ces signes sont les indices d’un jeune en détresse.

L’association Christophe réalise un gros travail de prévention depuis sa permanence basée àl’hôpital Sainte-Marguerite, à Marseille. Des bénévoles interviennent dans les établissementsscolaires de la région PACA, participent à des tables rondes, partent à la rencontre des jeunes. Ilsont mis en place des groupes de parole et des entretiens individuels. Évidemment, l’associationsaisira la tribune des journées nationales de prévention contre le suicide, entre le 5 et le 15février 2014, à l’Hôtel de Région à Marseille, pour faire parler de ce sujet douloureux. C. M.➔ Association Christophe, la vie avant tout : 04 91 81 27 60.

Dans son autobiographie parue le 19 no-vembre, le cycliste Michael Rasmussen,meilleur grimpeur des Tours de France 2005et 2006, a avoué avoir pensé à s’injecter dusang de son père lors d’un contrôle antido-page. Les sportifs, aussi bien amateurs queprofessionnels, rivalisent d’ingéniosité pourcontourner les règlements et améliorer leursperformances. Le dopage s’est répandu et va-rie selon le type de sport.

"Pour ceux qui requièrent un développe-m e n t m u s c u l a i r e i m p o r t a n t c o m m el’haltérophilie, ils donneront lieu à la prised’hormones de croissance. D’autres, qui néces-sitent de l’endurance comme le cyclisme, privi-légieront l’EPO qui facilite le transport del’oxygène. Pour ce qui est du sprint dansl’athlétisme, le développement de la force mus-culaire se fera avec des anabolisants, à l’instarde Ben Johnson. Quant aux sports pour les-quels on a besoin d’être très calme, comme letir à l ’arc, des cas ont révélé la prised’anxiolytiques, de bétabloquants (médica-ments qui diminuent la fréquence cardiaque)pour réduire le stress avant une compétition",explique Hervé Collado, médecin du sport àMarseille.

Ces formes de dopage ne sont qu’un refletde la société. Pour Jean-Baptiste Grisoli, méde-cin du XV de France, "les spectateurs en de-mandent toujours plus. C’est l’image des dieuxdu stade. Les sportifs doivent courir plus vite,sauter plus haut, taper plus fort". "Les specta-teurs regardent le sport surtout pour le résul-tat. Le mouvement sportif est un concentrédes dérives de la société", corrobore la multi-ple championne de France du lancer de poids,la Gapençaise Laurence Manfredi.

K. I. et P. A.➔ Les docteurs Collado et Grisoli ainsi que Laurence Manfredi,l’ex-footballeur Eric Carrière et le marathonien Benoît Zparticiperont à la conférence "Dopage : le grand tabou" animé parOlivier Mazerolle, vendredi 6 décembre à 18h à la faculté demédecine de la Timone. Inscription gratuite mais obligatoire au0491 84 45 04.

4 - Le dopage

5 - Les fuitesurinaires

6 - Les addictions

3 - Le suicide des jeunes

MÉDIAS ET SANTÉ4 www.laprovence.com

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A 19 ans, atteinte de la mutation génétiquedu syndrome de Prader-Willi, Amélie souffred’un retard mental lourd associé à des trou-bles autistiques. Depuis sa majorité, elle n’estplus hébergée dans une structure spécialisée.Au mois d’octobre, ses parents ont saisi la jus-tice pour demander la prise en charge de leurfille. Les médias se sont appuyés sur son caspour faire émerger le problème de la place deshandicapés mentaux dans notre société.

Pierre Lagier, président de la Chrysalide àMarseille et de la commission santé del’Unapei (Union nationale des associations deparents, de personnes handicapées mentaleset de leurs amis ), pense que la société doits’adapter pour permettre à ces personnes at-teintes d’un handicap mental d’y prendre part.Mais avant tout, les handicapés ne doivent pasêtre considérés comme des malades : ils sont

atteints d’une pathologie stable mais n’ont pas de traitement.Le handicap mental avec atteinte des fonctions cognitives est àdifférencier du handicap psychique. Ce dernier engendre des pro-blèmes relationnels, de concentration et d’utilisation des compé-tences avec une possibilité thérapeutique de guérison, ou en toutcas de stabilisation. Le handicap mental entraîne une déficiencecognitive en terme d’apprentissage mais il s’agit surtout de diffi-cultés d’adaptation. Pourtant, la personne handicapée mentalepossède de réelles compétences.Le handicap mental n’est pas tant un tabou mais plutôt un problè-me de compréhension du handicap et de reconnaissance de lapersonne. Il faudrait que la société soit inclusive, c’est-à-direqu’elle s’adapte à cette personne. Apprendre à vivre ensemblesemble essentiel : le mélange "handicapés" et "normaux" peutpermettre de mettre en valeur toutes les compétences des person-nes handicapées. L’éducation peut passer par une mixité scolairemais aussi par une médiatisation de ce sujet. Récemment, une per-sonne handicapée mentale a été élue au conseil d’administrationde l’association Unapei avec les mêmes droits que tous les autresadministrateurs. Le changement est en cours. F. C.

Position schizophrénique : chacun s’accorde à dire qu’il n’y a pas de limi-te d’âge pour faire l’amour. Et pourtant, on est mal à l’aise quand il s’agitd’imaginer la vie sexuelle de nos parents. En y réfléchissant, la sexualité despersonnes âgées n’est pas souvent abordée.

Le sexe est un tabou en France pour les patients et un peu aussi pour lesmédecins. Bien sûr, il y a une évolution de la société mais malgré tout il s’agitd’un sujet que l’on aborde avec difficulté. Ce n’est a priori pas un sujetd’ordre médical mais d’ordre personnel, et chacun peut ressentir une gêne àen parler. Ce problème est encore plus vrai pour la personne âgée.

Le docteur Véronique Delaporte, chirurgien urologue au CHU de LaConception à Marseille, souhaite désacraliser le sujet de la sexualité des se-niors car il ne s’agit aujourd’hui que d’une adaptation à l’évolution de la so-ciété. Médicalement, il n’y a pasd’âge limite pour avoir des rap-ports sexuels. Imaginer que lasexualité des personnes âgéesse résume à une absence desexualité est une erreur. Ce su-jet doit être abordé pour plu-sieurs raisons. La population ac-tuelle est certes vieillissante,mais les personnes ne sont paspour autant en moins bonnesanté. De plus, l’évolution de lasociété entraîne des nouvellesrelations tardives, et donc unenouvelle vie sexuelle. La recher-che médicale les permet plus fa-cilement avec la mise au pointde médicaments du type Viagraou Cialis favorisant l’érection -à prendre impérativement souscontrôle médical. Ils contri-buent à une sexualité épanouiepour les deux partenaires.

Bien sûr, la vie sexuelle des se-niors est différente, moins acti-ve, mais la sexualité fait partieintégrante de l’équilibre d’uncouple et de la personne el-le-même. Ce sujet demandeune ouverture d’esprit de lapart de l’ensemble de la société.La sexualité n’est-elle pas néces-saire à l’épanouissement de cha-cun ?

F. C.

10 - Le handicapmental

“92% des Français sont favorables à l’euthanasie pourles personnes qui en font la demande et qui souffrent de“maladies insupportables et incurables”, selon un sonda-ge IFOP publié par l’Association pour le Droit de Mourirdans la Dignité (ADMD) et retwitté par Jean Léonetti.

Si la grande majorité se dit prête à accepter le principe del’euthanasie, dans le milieu médical cela reste un sujet trèssensible. En effet, l’euthanasie est un réel tabou car indivi-duel et personnel. Elle met en jeu la culture et l’éthique desmédecins et des équipes médicales.

Selon le docteur Sébastien Salas, oncologue, responsablede l’unité mobile de soins de support et des soins palliatifs àl’Assistance Publique - Hôpitaux de Marseille, mais aussi en-seignant à l’Université d’Aix-Marseille, le sujet de

l’euthanasie amène à "se questionnermais pas à la pratiquer", c’est-à-dire à lit-téralement donner la mort. La questionde l’euthanasie ne se pose que très rare-ment, le cancer n’est pas une pathologieconfrontée à ces demandes quand la dou-leur est soulagée. Selon lui, la disciplinedes soins palliatifs mérite d’être mieuxconnue afin de ne plus être assimilée à lafin de vie. E. G. et M. P.

Pipi – caca, on en parle facilement avec les enfants. Et puis, dès que lapropreté est acquise. Chut ! Le sujet du transit reste dans le secret descabinets… médicaux.

Des tabous dans les maladies colorectales ? Le professeur Stéphane Berdha,chirurgien digestif à l’Hôpital Nord de Marseille, n’évoque pas le sujet en cestermes. Il y a de la gêne, de la peur, oui, mais pas vraiment de tabous, saufpour les incontinences anales. C’est le sujet dont on ne parle pas, mais quipourrait toucher jusqu’à 10 % des femmes.

Les patients craignent de dire qu’ils ont constaté du sang dans leurs sellesou ont un transit qui se modifie. Mais ce n’est pas tant par difficulté de parlerdes symptômes que par crainte du cancer. Les stomies (anus artificiels, po-ches) font peur. Dans l’inconscient collectif, elles sont synonymes de mort. Etpourtant, ce n’est plus le cas. Elles sont parfois indiquées dans des patholo-gies bénignes et sont souvent temporaires. Les hémorroïdes ne sont pasmieux considérées. Gênantes, inesthétiques, les patients tardent à consulterpour éviter l’intervention chirurgicale. Ce n’est pas l’inquiétude du résultatque met en avant le médecin pour expliquer la faible participation (32 %) autest Hemoccult (dépistage du cancer colorectal)que chacun reçoit par La Pos-te à 50 ans. Cela tient à la difficulté de réaliser les prélèvements des selles. C.M.

8 - Les maladies colorectales

7 - La sexualité après 65 ans9 - L’euthanasie

MÉDIAS ET SANTÉ 5www.laprovence.com

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LaTimone change de millénaire

Le bâtiment médico-technique(BMT), élégant bloc de verre,de béton et d’acier adossé à

l’hôpital de la Timone, accueille sespremiers patients dès le 11 décembre2013, avec l’arrivée des services dechirurgie cardio-thoracique et dechirurgie vasculaire.

Le déménagement se poursuivrajusqu’à fin 2014, avec à termele regroupement des servicesd’accueil des urgences de laConception et de la Timone.

29 boxes d’urgence4 lits de déchoquage10 lits de réanimation d’urgence19 lits d’hospitalisation de courte

durée (UHCD)11 lits de surveillance continue8 lits d’urgences psychiatriques

CAP 48/72

- 1 axe rouge avec accès direct depuis l’hélistation

3 scanners3 IRM3 salles d’échographie1 secteur d’endoscopie de 9 salles

(digestives, thoracique et ETO)

- 7 liaisons horizontales avec le bâtiment prin-cipal (dont 2 galeries logistiques)- 330 places de stationnement destinées auxprofessionnels de santé.

Maîtrise d’oeuvre Architecte : AART - FARAH : Bureau d’études : JACOBS FranceEntreprises Construction du BMT : Groupement PIZZAROTTI / INEO

servicecommunicationAP-HM2013

Imageriemédicale

6niveaux

d’activitéhospitalière

270millionsd’euros

52.000m2

Urgences

40 salles opératoires dont 10 sousimagerie

60 lits de réanimation38 lits de soins continus61 lits de surveillance post-inter-

ventionnelle (SSPI)

- 1 service d’anatomopathologie

Blocsopératoires

235541

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10 euros. C’est désormais le montantmaximum du cadeau que les labora-toires pharmaceutiques peuvent of-

frir aux médecins. Autrement dit une poignéede stylos... Pas de quoi circonvenir un praticienqui serait sensible aux attentions et se sentiraitobligé de renvoyer l’ascenseur en prescrivanttel médicament plutôt qu’un autre. Au-delà de10¤, la loi impose aux labos de le déclarer.L’objectif de cette législation de décembre 2011est d’assainir les relations entre les acteurs dusystème médical et d’encadrer des dérives dupassé (vacances exotiques par exemple). De-puis octobre 2013, les labos doivent publiertous les liens d’intérêt avec les professionnelsde santé. Mais, si le secteur pharmaceutiquecommunique autour de la transparence et del’éthique, ces listes sont plutôt reléguées au basdes sites internet. La loi est donc respectée…Mais comment se définissent vraiment les rela-t ions entre laboratoires et médecinsaujourd’hui ?

La visite médicale encore justifiée?Selon Jean-Yves Mairé, directeur de la com-

munication d’AstraZeneca, l’évolution de la re-lation avait eu lieu avant les réglementations."Dans l’opinion publique, les relations méde-cins-labos étaient obscures. On a la volontéd’être plus transparents vis-à-vis des maladesen leur proposant des médicaments sûrs, effica-ces". La transparence de la relation méde-cins-laboratoires migre donc vers le domainepublic.

Philippe Mougin, directeur des affaires publi-ques et du développement régional de Bayer, aune voix dissonante : "A l’heure actuelle, on ne

peut plus se contenter de faire de la recherche etde commercialiser des médicaments. La relationmédecins-laboratoires, c’est un tabou si elle se ré-sume à aller vendre des médicaments aux méde-cins", entendant par là que les médecins nepeuvent pas prescrire plus que de raison. ChezAstraZeneca, on défend l’intérêt de la visite

médicale : "Il y a un niveau scientifique très éle-vé parce que les médecins sont en attente ».

C’est carrément à l’hôpital que désormais leslaboratoires se positionnent. Chez Bayer, on en-tend travailler au cœur du parcours de soinsavec la volonté d’intervenir particulièrementsur l’observance des traitements. Ce grandnom de l’industrie pharmaceutique a mis sur lemarché un traitement pour prévenir les acci-dents vasculaires cérébraux (AVC) pour les pa-tients atteints de fibrillation ventriculaire. Unplan d’action expérimental a été mis en œuvrepour que les patients suivent leur traitementavec plus de régularité. Des contrats ont été si-gnés avec les CHU de Nantes et Bordeaux, in-cluant le financement partiel d’un programmed'éducation thérapeutique destiné aux victi-mes d'AVC. Une infirmière payée par Bayer re-çoit dans les locaux de l’hôpital public des pa-tients post-AVC à intervalle régulier aprèsl’hospitalisation, afin de les accompagner dansle suivi de leur traitement. Philippe Mougin pré-cise que la professionnelle de santé fait partiedes effectifs de l’hôpital et n’a aucun lien de su-bordination avec le laboratoire.

Le patient s’en portera mieux...La relation médecin-laboratoire d’antan

aurait donc vécu. Et l’industrie pharmaceuti-que s’immisce différemment dans le systèmede soins. La logique affichée est claire dans lecas de Bayer : on améliore le parcours de soins,on travaille sur l’observance du traitement, lespatients prennent régulièrement nos médica-ments et donc nous en vendons plus. Le pa-tient s’en porte mieux puisque les risques de ré-cidive sont réduits, et les finances hospitalièressont allégées.

Chez AstraZeneca, la philosophie est différen-te. Le labo se positionne comme un facilitateur.Il contribue à la formation et distille des infor-mations au sein de l’hôpital. Les relations se ba-sent autour du médicament et de son utilisa-tion. Par ailleurs, "on a monté des partenariatsavec des structures publiques pour des recher-ches fondamentales en cancérologie et en cardio-logie". Jean-Yves Mairé explique la mutationdu secteur : "Il y 20 ou 30 ans, on pouvait tra-vailler seuls". Aujourd’hui les recherches sur lecerveau, au cœur de la cellule et du gène sonttrès complexes. "Pour trouver des choses nouvel-les, il faut agréger des expertises nouvelles" etdonc entrer dans une logique de partenariats.AstraZeneca fait ainsi partie des cinq premierscontributeurs privés de l’Inserm Transfert. Lecommunicant pense qu’il faudra aussi nouerdes partenariats avec des petites structures etmême avec des labos concurrents ! On entrealors dans une logique d’écoute réciproque."C’est beaucoup plus long mais plus productif etplus créatif". Évidente sur le papier, la pratiques’annonce compliquée.

Céline MAROTTE

APRÈSLAPOLÉMIQUE

La relation labo-médecinschange d’époque

Jean-Yves Mairé, directeur de lacommunication d’AstraZeneca. / PHOTO L.P.

Odile Triponey-Baudoin, médecin généraliste, re-çoit entre 4 et 10 visiteurs médicaux par semainedans son cabinet marseillais. Elle considère qu’ilsdélivrent une information et en aucun cas une for-mation. "A nous de faire jouer notre sens criti-que !", rappelle la praticienne. Pour elle, ce sontde vrais partenaires qui délivrent des informa-tions fiables supervisées par la Haute Autorité deSanté. Elle sait pertinemment que les statistiquessont présentées en la faveur des laboratoires. Entout cas, ce médecin rédige les ordonnances pourses patients, en toute liberté.Ce n’est pas du tout l’avis de Marie-Jeanne Tricoi-re, médecin généraliste niçois. Depuis une vingtai-ne d’années, elle n’accepte plus les visiteursmédi-caux. Sa position radicale ne s’est pas bâtie dujour au lendemain. A certaines périodes, elle les aaccueillis dans son cabinet. "J’avais l’impressionqu’on me volait mon temps". Selon elle, les visi-teurs médicaux cherchent à développer une rela-tion pseudo-amicale pour avoir la possibilité de si-

gner des contrats. Elle s’interroge sur le but finaldes laboratoires. "Quand on présente le seizièmehypertenseur, son but n’est pas de soignerl’hypertension…", en sous-entendant qu’il y a desfins commerciales.Elle poursuit en expliquant que les études présen-tées par les laboratoires le sont souvent par rap-port à un placebo. Ils ne se comparent pas entreeux. "Pourquoi mettre sur le marché un seizièmemédicament s’il ne traite pas mieux que lesautres?" Cette pratic ienne adhérente àl’association Formindep trouve que les effets se-condaires sont souvent minimisés dans les infor-mations distillées par les laboratoires. Cette dé-marche ne correspond pas, pour elle, à une démar-che de santé. Abonnée à la revue Prescrire depuisle premier numéro, elle préfère s’informer de fa-çon indépendante. "Se préserver des influences di-verses et variées" et "ne jamais aliéner son indé-pendance" sont deux des phrases qu’elle retientdu serment d’Hypocrate.

Les visiteurs médicaux au soutien de la médecine de ville ?

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❚ Est-ce qu’un médecin, quand il ne dit pastout, s’expose juridiquement ?Cela se passe vraiment au cas par cas. Tout dé-pend également de l’interprétation, et de ceque le médecin va dire, ou ne pas dire. Mal-heureusement, quand le message est mal déli-vré ou perçu comme tel, on aura tendance àpenser qu’on a menti ou dissimulé des cho-ses. Quel est l’objectif finalement ? Pour le pra-ticien, c’est délivrer la vérité au bon moment,avec la bonne forme, avec pédagogie, dansune communication très particulière car vi-sant une personne qui souffre. Quelles serontles conséquences de l’annonce par rapport àl’état du patient, comment faire pour préser-

ver sa santé et son état psychologique en lui annonçant une nouvelle diffi-cile.Il faut tenter de diffuser l’information, puisque de toute façon l’objectifest de la délivrer au moment où le patient sera prêt. Il y aura toujoursdébat : est-ce délivré trop tôt, trop tard ? Ce sont les conséquences au caspar cas qui détermineront s’il y a eu litige, en fonction de l’interprétation.À partir du moment où l’on touche à l’humain, il y a subjectivité et inter-prétation, et parfois le médecin peut-être pris comme bouc émissaire.

❚ Est-ce qu’un mensonge peut être protecteur, ou en tout cas juridique-ment reconnu comme tel?À partir du moment où un mensonge n’a pas de conséquences légales, etqu’il ne génère pas de préjudice, il n’est pas punissable. Par contre, si celase traduit, dans une relation contractuelle, par une dissimulation pourobtenir un avantage, il pourra y avoir des incidences en matière civile,pour non-respect de contrat. Également, il faut faire la distinction entremensonge et les notions de bonne foi / mauvaise foi, c’est-à-dire que lecontrat ne sera pas exécuté de la même façon, en fonction de là où seplace la prise d’avantage. Enfin, il y a la notion pénale de mensonge, où làil est utilisé dans un but prédateur : c’est l’abus de confiance, la fraude,l’escroquerie ; c’est détourner pour porter atteinte à quelqu’un en utili-sant de faux arguments, en usurpant une qualité parfois.

❚ Y a-t-il une vérité médicale ?Je ne pense pas que l’on puisse dire cela. Nous sommes plutôt dans uneconvergence entre des obligations déontologiques, légales et l’attentionparticulière qui doit être portée à chaque patient. Ce dernier, dans sa spé-cificité et sa souffrance, réagira différemment à chaque fois. C’est au mé-decin de mettre le curseur : annoncer immédiatement ou diffuser pro-gressivement le message pour que le patient s’approprie peu à peu cettevérité.

Propos recueillis par Céline MAROTTE et Margaux MERMET-GRANDFILLE

"O ui Docteur". Peu de pa-tients mesurent lepoids de ces deux sim-

ples mots. Derrière se cachentnon seulement la volonté de gué-rir, mais aussi une confiance sansbornes, ou presque, envers celui àqui l’on confie son corps et sa san-té. Quoi de plus normal ? Le pro-fessionnel de santé, celui qui saitce qu’il fait et comment le faire,n’a-t-il pas prêté serment devantl’effigie d’Hippocrate "d’informerles patients des décisions envisa-gées" et de "ne jamais tromper leurconfiance" ? Alors que l’honneuret la probité que l’on demande, etparfois exige, des médecins sem-blent applicables sans nuances, iln’en demeure pas moins que la dé-licatesse de leur discours se doitde rester irréprochable.

Si le problème du mensonge enmédecine ne se pose pas pour lesconsultations courantes, sa pré-gnance augmente avec la gravitédu diagnostic. Annoncer à un pa-tient une mauvaise grippe neprend pas les mêmes dimensionsque dans un cas de cancer. Dèslors se pose la question du com-

ment. Comment annoncer à unpatient atteint d’un cancer du pan-créas que le taux de survie à cinqans est de moins de 2% ? Que lamiraculeuse rémission d’un pro-che cache en réalité une rechutegravissime ? Il ne viendrait à l’idéede personne de remettre en ques-tion la prévenance des médecinslors d’une annonce difficile, etpourtant cette prudence peut pas-ser pour malhonnêteté. Dans le

cas qui nous concerne, la difficul-té réside dans un mot aussi simplequ’insolite pour un médecin : ma-ladresse.

Complexe de supériorité?Admettre l’humanité de son mé-

decin, et donc la possibilité qu’ilpuisse se révéler faillible, n’est paschose facile : c’est entre ses mainsque l’on remet sa santé, et parfoissa vie. Du poids de cette mission

découle l’image que nous avonsde nos médecins, et l’espoir queles malades placent en eux dépas-se la simple confiance. "La ques-tion de l’autorité du médecin se po-se régulièrement, et toujours avecles mêmes dilemmes, relève AnneFouchard à l’Institut Paoli-Calmet-tes de lutte contre le cancer. Il estvrai qu’enrober les faits peut êtreune bienveillance, mais de l’autrecôté, qui est-on pour dissimulerune information ?" Face à une af-fection grave, il est pénibled’accepter que le médecin nepeut pas tout. La responsabilitédu malade, sa volonté et sa solidi-té psychologique comptent parmiles facteurs les plus importantsdans sa relation avec le praticien.

De fait, un patient capabled’entendre interprétera commemensonge la prudence d’un méde-cin parfois faillible dans son juge-ment. "Présupposer de la capacitédes gens me paraît dangereux,poursuit Anne Fouchard. On doits’interroger sur la perception, et nejamais se positionner en supériori-té en pensant que la personne n’estpas capable de comprendre". Res-ponsabiliser son patient, en som-me. Mais pour cela, certains pou-voirs des professionnels de santédevront perdre de leur force. Quiaura le plus de mal à y renoncer :le patient ou le médecin ?

Margaux MERMET-GRANDFILLE

L’INTERVIEW de Franck Arnaud ❚ avocat à Marseille, spécialisé en éthique médicale

"Le mensonge est très difficile à définir juridiquement"

LEDISCOURS FACEAUXPATIENTS

Médecin: prudent oumenteur?

Le médecin doit sans cesse évaluer la capacité de compréhension deses patients aumoment de l’annonce d’une maladie grave.

Tout dire ou ne pas révéler lavérité à son patient auprétexte qu’"il ne veut pasentendre" ? Ce dilemme est aucœur de la pratique médicale.

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B ouleversant de révéler à unjeune de 20 ans qu’il a une tu-meur cérébrale. Difficile de

dire à une personne venue aux ur-gences qu’un cancer a gagné sesdeux reins, que la vie qu’elle me-nait jusqu’alors va basculer etqu’elle va désormais se conjugueravec des traitements lourds. C’estpourtant au médecin qu’incombecette tâche à forte humanité ajou-tée.

Ces annonces difficiles ont tou-jours existé. Les lignes de ce tabousemblent bouger depuis quelquesannées. "Dans notre génération, ona été très sensibilisés au devoird’information. On n’hésite plus àprononcer le mot cancer", expliquele Dr Véronique Delaporte, 42 ans,urologue et spécialiste de la grefferénale. Il y a des vérités qui sont dif-ficiles à entendre. Mais aussi à dire."On a aussi une histoire de vie per-sonnelle. On n’est pas protégés desdrames. Et tout dans notre vie pro-fessionnelle peut nous ramener àça", poursuit-elle. L’équilibre estdonc difficile à trouver entrel’empathie avec son patient et lerempart qu’il faut bâtir pour ne pas

être trop affecté, surtout quand onsuit plusieurs dizaines de maladesen simultané. Et il faut reconnaîtrel’influence du plan cancer qui a ins-titutionnalisé la consultationd’annonce.

"Il faut laisser l’espoir"Le médecin doit établir une rela-

tion particulière avec son patient."On sait que la confiance est unepart déterminante dans le traite-ment", poursuit cette chirurgien-ne. Au service de neuro-oncologiede la Timone, le Pr Olivier Chinot,chef de service, va dans le mêmesens. Il a quelques fondamentauxpour révéler des diagnostics diffici-les. Il met un point d’honneur à nejamais dire des fausses choses et àne pas dresser un mur entre lui etson patient. Mais ce que ce cancé-rologue prône par-dessus tout,

c’est l’écoute. "Le malade nous ditce qu’il est capable d’entendre."Pour lui, bien annoncer une mala-die grave, c’est surtout écouter lacapacité du patient à recevoir lamauvaise nouvelle.

Ces deux médecins expliquentqu’il leur arrive de fractionner lesconsultations d’annonce quand ilssentent que le patient n’est pas enmesure d’entendre le message. Lesaccompagnants – le plus souventles familles – prennent une part im-portante lors de cette consultation.Pour le Pr Dominique Rossi, chefdu service d’urologie à l’hôpitalNord, la clef d’une consultationd’annonce est de "laisser del’espoir". On ne peut pas être pé-remptoire, il faut avoir beaucoupde modestie. » Si les médecinsconnaissent effectivement le dia-gnostic, les évolutions possibles de

la maladie, ils ne maîtrisent pastout sur le plan médical. On ne saitjamais à quel rythme va progresserune pathologie, comment le pa-tient va réagir aux traitements.

Les médecins approfondissentde nombreuses pathologies, exami-nent de nombreux cas durant delongues études. Sont-ils réelle-ment formés à faire de tellesannonces ? Pas vraiment, recon-naissent les médecins interrogésmême s’il existe un module de psy-chologie dans les études de médeci-ne. C’est véritablement dans les hô-pitaux que les étudiants peuvents’intéresser à la question, durantleur clinicat et leur internat. Tousconfient qu’ils ont appris en prati-quant, en tâtonnant. Avec leur rela-tionnel, leur sensibilité. Et surtouten puisant dans leur humanité.

Céline MAROTTE

L’ANNONCEDELAMALADIE

"J’ai unemauvaise nouvelle…"

Au douzième étage du centre hospitalier de la Timone, le patient est prisen charge par une équipe composée du médecin, d’un psychologue,d’infirmières et d’une assistante sociale. C’est dès l’annonce de la maladieque le travail en équipe commence. Dans le service de neuro-oncologie duPr Chinot, on a mis en place un dispositif d’annonce particulier. Le patientest accueilli par l’infirmière qui endosse le rôle de personne référente. Lorsde la consultation, avec le médecin, elle est présente mais n’intervient pas.Elle observe, prend des notes pour retranscrire le plus fidèlement àl’ensemble de l’équipe le contenu de la visite. Le patient peut poser toutesles questions qu’il souhaite. Et pourtant, ce n’est pas forcément évident."Le malade entre dans un monde inconnu. Il a besoin de beaucoupd’informations", explique le chef de service.

Mais, dans le même temps, il est dans un état de sidération quil’empêche d’en recevoir beaucoup. Dans ce service de neuro-oncologie,l’infirmière référente prolonge la consultation par un deuxième entretien."Ce qui est dit dans les bureaux est différent". Le psychologue et l’assistantesociale n’interviendront pas lors de la consultation d’annonce mais lorsd’un deuxième rendez-vous. Multiplier les interlocuteurs peut contribuer àlibérer la parole, à cerner au maximum les problèmes que peut rencontrerle malade et à le prendre en charge le plus globalement possible. Ce sont lesobjectifs affichés.

C. M.

Le rôle de l’infirmière revalorisé

Au 12e étage de la Timone,l’infirmière a un rôle crucialauprès des malades du cancer.

❚❚❚❚❚

Une formation pour lesinfirmières àMarseilleUn master de soins infir-miers avec une spécialitéen pratiques avancées encancérologie a été créé il y atrois ans. Il est proposé parl’Université Aix-Marseille,en partenariat avec l’Écoledes hautes études en santépublique (EHESP). Ce mas-ter offre aux professionnel-les aguerries la possibilitéde développer leur experti-se clinique et d'acquérir lescompétences requises àl'exercice de nouveaux rô-les infirmiers. Ce dispositifpropose trois spécialités auterme d'un tronc commun :cancérologie, gérontologieet coordination de par-cours complexes de soins.

Le Pr Olivier Chinot, le Dr Véronique Delaporte et le Pr Dominique Rossi estiment qu’il convient avant tout decerner ce que le patient est capable d’entendre. Mais aucun ne cache la vérité sur un cancer. / PHOTO N. V. ET F. S.

L’imagerie et les analyses delaboratoire ont parlé. Lediagnostic est posé. Lapersonne est malade. Lemédecin doit lui révéler qu’elleest atteinte d’une pathologiegrave. Comment procéder ?

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C’ est pas facile". Dans le ser-vice de chirurgie vasculai-re de l’hôpital de la Timo-

ne, Christiane*, la petite soixantai-ne, affiche un sourire à la foiscontrit et soulagé. Cette anciennefumeuse assiste aujourd’hui auxdernières séances du programmed’accompagnement qui lui a per-mis d’arrêter de fumer. "Avant, jedevais bien consommer un paquetet demi, deux paquets par jour. Çachange tout d’arrêter. "

"Tout". Pas de nuance, et pour-tant, on ne saurait douter de la vé-racité de ces propos. Il a falluvingt-cinq ans à Christiane pourarrêter de fumer. Ce qui l’a déci-dée ? Les campagnes de sensibili-sation, l’augmentation du prix dupaquet ? Non. Mais un début

d’obstruction artérielle. Le motfait peur, et pourtant, Christianeconfesse que sans l’aide des méde-cins, elle fumerait probablementtoujours. Comme pour beaucoupde consommateurs de cigarettesou d’alcool, le "quand on veut, onpeut" ne marchait que dans la tê-te.

Le choc du bloc opératoireS’il faut bien distinguer les com-

portements à risque des condui-tes addictives, les perceptions quel’on en a se mélangent souvent enun imbroglio inextricable. "Il exis-te une nuance infime mais crucia-le entre conduite et comportement,explique le Pr Fabrice Barlesi, on-cologue spécialiste du poumon àl’Hôpital Nord de Marseille. Lecomportement, c’est quelque chosede choisi, de conscient, qui fait par-tie de son mode de vie." Et c’est surce choix, justement, que se por-tent toutes les culpabilisations etles regrets : le raccourci entre laresponsabilité de ses comporte-ments et celle de l’apparition desa maladie est rapidement établi.

En effet, comment nier qu’unec o n s o m m a t i o n e x c e s s i v ed’alcool, par exemple, puisse êtreune cause de cirrhose ? Que la ci-garette fait exploser les risques dedévelopper un cancer du pou-mon ? Toutefois, succomber à lat e n t a t i o n d e l a

culpabilisation paraît aussi inhu-main qu’inefficace.

"Il faut essayer de renverser lesperspectives, insiste le Pr PhilippePiquet, chef du service de chirur-gie vasculaire à l’hôpital de la Ti-mone. Les personnes saines, nonmalades, ne se rendent pas comptede l’événement que représente uneintervention chirurgicale. Le chocpsychologique est tel qu’il n’y a pasbesoin d’en rajouter, le patientprend conscience de son état."

S’il semble effectivement plusraisonnable de corriger son ou sesf a c t e u r s d e r i s q u e a v a n tl’apparition d’une maladie, lacoercition qui entoure les condui-tes à risque ne fait pas l’unanimitéparmi le personnel médical."N’oublions pas que l’impact decertains comportements sur la so-ciété joue un rôle important dansla perception que nous en avons,reprend le Pr Barlesi. Ils serontplus ou moins mis en avant par lasociété, et donc la société aura ten-dance à plus ou moins les culpabili-ser." En France, où le pavillon duvin flotte au plus haut des symbo-les nationaux, est-ce effective-ment bien légitime de culpabiliserles alcooliques ?

Tout repose sur la prise deconscience et l’éducation, donc.Sans tomber dans le catastrophis-me. Car, pédagogiquement, il nefonctionne pas. Si c’était si sim-

ple, s’il suffisait de dire à un fu-meur qu’un cancer du poumon,de la vessie ou de la gorge, un in-farctus ou une maladie pulmonai-re invalidante comme la BPCOl’attend après 50 ans pour qu’il ar-rête, eh bien plus personne ne fu-merait ! "Les gens doivent aussi fai-re leurs expériences, conclut le PrPiquet. Il faut faire attention, à sasanté, à celle des autres, et aussi àmettre des limites aux limites."

Margaux MERMET-GRANDFILLE

*Le prénom a été modifié.

PÉDAGOGIE ET SOINS

Faut-il culpabiliser les fumeurset les alcooliques?

Le Pr Fabrice Barlesi dirige leservice d’oncologie médicalede l’Hôpital Nord.

Le Pr Philippe Piquet est unspécialiste de la chirurgievasculaire.

Alors que le prix du paquet decigarettes augmenterégulièrement au rythme desprotestations des fumeurs,que les publicités pour l’alcooldisparaissent de nos écrans etque le gouvernement prévoitl’application d’une taxe sur lesventes de bière, il flotte dansl’air un parfum de tabac et deculpabilité. Ceux qui mettentleur santé en péril sont-ils desinconscients ?

Le tabac est responsable de 70 000morts prématurées chaque année en France (cancers poumon, vessie...).

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Si la dépendance tabagique donne encore du fil à retordre aux addictolo-gues, ils savent aujourd’hui que la nicotine est la première responsable.Une fois inhalée, la nicotine circulant dans le sang sefixe à des récepteurs cérébraux particuliers :les canaux nicotiniques à acétylcholine. Àla suite d’une cascade de réactionschimiques, une partie de ladopamine libérée dans lecerveau activera le systèmede récompense. Le restepourra se transformer enadrénaline, ce qui procurechez un grand nombre defumeurs un sentiment detonicité.

En plus d’agir sur la libération de dopamine et donc de stimuler lecircuit de récompense, l’alcool active la libération d’acidegamma-amino-butyrique (GABA), un neurotransmetteur

ralentissant l’activité du système nerveux central.L’euphorie ressentie à faibles doses s’efface à mesure

que la consommation augmente, pour laisserplace à un relâchement de la cognition, del’articulation et de la motricité. Le fameuxseuil des 0,5 g.L-1 ! Une prise excessive et

prolongée d’alcool, en vidant lesréserves de GABA,

débouchera sur un ralentissementexcessif et certaines lésions

cérébrales, ainsi que sur des atteintesà d’autres organes.

Autres ralentisseurs du système nerveux central, lesneuroleptiques agissent comme les autres sur lalibération de dopamine. En empêchant la libération de“l’hormone du bien-être“, les neuroleptiques diminuentl’intensité des émotions. La colère, l’angoisse, mais aussile désir, la joie se ressentiront ainsi moins profondément,c’est pourquoi on les emploie essentiellement dans letraitement des psychoses.

Drogue sulfureuse par excellence,fantasme des films de bandits et de nuits

débridées, la cocaïne fascine autant qu’elle effraie. Ce toniquepuissant empêche la recapture de la dopamine par le cerveau,

prolongeant ainsi son effet et stimulant le système derécompense. Toutefois, certains médecins affirment que lepouvoir addictif de la cocaïne réside plus dans son impact

psychique que physique. Le sentiment de vigueur intellectuelle etd’indifférence à la fatigue qu’elle provoque chez le consomma-

teur impliquent une aisance sociale et orale parfois enviable. Ouquand ce qui nous rend plus fort nous tue.

Infographie RA

Noyau accumbens

Àmoins de revenir d’un long séjour surMars, l’immense majorité de la popula-tion sait que fumer tue. Nous devons éga-

lement consommer de l’alcool avec modérationet manger cinq fruits et légumes. Et pourtant…Pourtant nous fumons, buvons un peu trop,mangeons plus que de raison. S’il est compli-qué de renoncer, la raison paraît simple : notre

cerveau. Le système de récompense, celui grâceauquel nous éprouvons plaisir et douleur, réagitpar des connexions complexes à toutes sortesde stimulations. Une gorgée de vin, et c’est tou-te une machinerie hormonale qui se met enbranle, avec au centre un mot évocateur : la do-pamine. Molécule charnière de nos sensationsde plaisir, elle structure les sentiments positifs

et la capacité de motivation, provoque la satis-faction et un bien-être parfois addictif… Maiscomment, exactement ? C’est le noyau accum-bens qui joue un rôle décisif dans le système derécompense, car il contient une forte densité derécepteurs à la dopamine. Plongée au cœur denotre cerveau qui nous rend accros.

Margaux MERMET-GRANDFILLE

Hébergé à l’hôpital de la Timone depuis2011, le tout jeune service PÉGASE (Program-me Éducationnel pour une Gestion Amélioréedes Sujets à risque cardio-vasculaire Élevé) ac-compagne les patients à risque cardio-vasculai-re dans la gestion et la correction de leurs fac-teurs de risque.

Cette initiative, reconnue par l’Agence Régio-nale de Santé et conduite par le Pr Renucci, ras-

semble l’ensemble des professions médicales,du diététicien à l’infirmière en passant par lepsychologue. Sur simple base de volontariat eten partenariat avec le médecin traitant, PÉGA-SE assure un suivi régulier et personnaliséauprès des patients souhaitant arrêter de fu-mer, améliorer leur alimentation ou reprendreune activité physique appropriée à leur situa-tion. Les séances hebdomadaires, collectives

et individuelles proposent au patient des activi-tés en accord avec leurs besoins médicaux etpsychologiques. À l’issue du programme, un bi-lan permet de déterminer si le patient nécessi-te un renforcement du suivi, ou si les atelierslui ont permis de (re)prendre en main sa santéet ses facteurs de risque. Il est temps de se re-mettre en selle !

M. M.-G.

TABAC, ALCOOL, NOURRITURE,DROGUES...

C’est notre cerveau qui est accro!

L’éducation thérapeutique avec PÉGASE

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D éfaillances dans les contrôles antidopagesau sein de la sélection jamaïcained’athlétisme selon l’Agence Mondiale Anti-

dopage, contrôle positif à la cocaïne de la judokaCharline Van Snick. Et voilà que même l’ex-fian-cée d’Armstrong s’y met en révélant la livraisonde sang dans les caravanes d’équipes cyclistes duTour de France lors de la suprématie du cham-pion déchu, dans un ouvrage paru mi-octobre etsigné de deux rédacteurs du Wall Street Journal.Ce fléau touche aussi les animaux avec 6 pigeonschampions de vitesse contrôlés positifs aux anti-douleurs et à la cocaïne en Belgique ! Bien queloufoque, ce cas illustre le problème sous-jacent àla question du dopage, c’est-à-dire l’éducation dechacun : quand tout est permis au nom de la vic-toire, et de l’argent bien sûr.

C’est l’avis de la Gapençaise Laurence Manfre-di, multiple championne de France du lancer dupoids et retirée des stades depuis 2011. "La pre-mière lecture du dopage peut-être simplement liéeau fait que l’individu, de par son éducation et saculture, souhaite être performant en trichant".

Celle qui a participé aux Jeux Olympiques deSydney et d’Athènes, en 2000 et 2004, expliqueque le dopage est lié au parcours et aux opinionsde chacun. Elle étaye son analyse en l’illustrantpar le sport qui a cristallisé les foudres médiati-ques. "Prenons le cyclisme : qui a le choix de resterdans le système du dopage ou d’en sortir ? C’est

l’individu qui prendraou non des décisions se-lon l’éducation qu’il a re-çue, sa culture, mais aus-si l’accompagnement desa fédération, des cadrestechniques et de ses en-traîneurs. Aujourd’hui,des gens ne trouvent pasde sortie de secoursquand on leur proposedes produits. C’est trèsdifficile de sortir de cesystème qui leur offre uncocon, de l’argent", com-plète la sportive. Selonelle, "c’est la question de

l’individu dans le système qui prime. S’il n’a pas deculture de prise de décision forte, le système le cro-que".

Jean-Baptiste Grisoli, médecin de l’équipe deFrance de rugby, abonde en ce sens : "Le dopage,surtout dans le monde amateur, est le fait del’ignorance". L’ignorance évidemment, maisconjuguée à un tabou et donc à la crainte du spor-tif d’être jugé par son environnement.

Le dopage engendre des lésionsmusculaires"Il est rare que les sportifs amateurs viennent

nous consulter dans le cadre du dopage. On voitdes patients pour des problèmes tels que des lésionsatypiques. On devine alors qu’ils prennent des pro-duits comme des anabolisants pour augmenterleurs performances. Ils ne nous le disent pas sponta-nément, explique Hervé Collado, médecin dusport à Marseille et ex-médecin de l’équipe deFrance féminine de football. Ce n’est pas dans lebut de faire la police, les patients font ce qu’ils veu-lent. Mais nous leur expliquons pourquoi ils sesont blessés et les risques qu’ils encourent par la sui-

te". Ce rôle de prévention, cet avertissement ami-cal, ne porte cependant pas toujours ses fruits."Globalement, les gens écoutent nos recommanda-tions, mais on ne sait pas ce qu’ils font derrière",reconnaît le médecin.

Le dopage renvoie à l’éducation de chacun. Cep r o b l è m e s e p o s e d ’ a u t a n t p l u s q u a n dl’absorption de produits prohibés est favoriséepar l’environnement du sportif. "On peut imagi-ner qu’une fédération qui impose de fortescontraintes pour l’accès au haut niveau (minimastrès élevés) induise un comportement de triche, as-sène Laurence Manfredi. La triche est sur le do-page mais elle peut être aussi sur le contournementd’un règlement sportif (alléger ses engins en athlé-tisme), tricher sur le côté technique. Soit c’estl’individu tout seul qui se dope car cela ne lui posepas de souci de tricher, il est malléa-ble ; soit c’est une politique fédéra-le du très haut niveau qui in-duit les comportementsdopants parce que, pour sequalifier aux JO, c’est trèscompliqué. Il n’y a plusde frontières dans lesconduites dopantes".

Le sportif peut être su-jet à de nombreuses ten-tations et les dérives en-gendrées par son entoura-ge sont susceptibles d’avoirun effet dévastateur au ni-veau éthique.

"J’ai déjà eu affaire à despersonnes qui m’ont fait com-prendre que si je voulais arri-ver à un plus haut niveau, je de-vais envisager de changer mesmodes de récupération. Certainsathlètes et entraîneurs quiavaient analysé le

contexte sportif m’expliquaient que, malgré mongabarit, mes qualités physiques et techniques, ce se-rait compliqué pour moi", confie l’ancienne athlè-te. Le sport amateur est également touché. "Il y a40 ans de cela, il fallait être dans un réseau pourpouvoir se doper. Aujourd’hui, les sportifs ama-teurs ont conscience du problème. Ils ne vont pasforcément franchir le pas, mais s’ils le souhaitent,c’est très facile", prévient le Dr Hervé Collado.

La libéralisation de l’accessibilité aux produitsdopants a donc vicié la pratique du sport. Pour lut-ter contre ce mal, il existe des numéros verts ano-nymes, tels que "Allô dopage". "C’est une bonnechose, mais si l’on n’informe pas en amont des mé-faits du dopage, cela ne sert à rien car personne neva appeler. De plus, la personne qui appelle s’estdéjà dopée. C’est alors trop tard", affirme ce méde-

cin du sport. Selon lui, la pédagogie oc-cupe encore une place centrale : "Il

faudrait mettre en place dans lesstructures dédiées, comme les li-gues sportives régionales, des

sessions de prévention dans les-quelles des médecins intervien-

draient auprès des clubs et deséducateurs".

Comme sur unemobylette

"Le fait de sentir ses forces dé-cuplées est la conséquence du

dopage. Tout le monde pensequ’un sportif se résume unique-

ment à son corps. Or, dans la per-formance d’un sportif, le côté

mental est très important. Quandla récupération est favorisée, menta-lement on se sent invincible", expli-

que Laurence Manfredi.Cela crée donc une eupho-

rie. Quoi qu’on de-

mande à son corps, il répond, comme l’attestentles témoignages des cyclistes dopés qui avouaientse sentir "sur une mobylette". "Sur l’accès aux pro-duits interdits, le phénomène doit être perçu de fa-çon globale, souligne Laurence Manfredi.Aujourd’hui, une majorité des gens qui poussentdans les salles de musculation est allée sur Internetpour acheter des produits. Il y a même des salles oùl’on deale. C’est institutionnalisé. Il m’est arrivé derencontrer des personnes qui ne peuvent imaginerque l’on puisse faire du sport sans se doper. Allersur Internet prendre des produits dopants n’est pasréservé qu’aux sportifs professionnels !"

Dans les modes de gouvernance des fédéra-tions sportives, le dopage peut presque paraître in-soluble. L’ex-championne ne se fait pasd’illusions : "De nos jours, on parle de dopage avecdes produits qui sont sensés soigner les gens et quisont détournés de leur fonction première (hormo-ne de croissance, EPO, stéroïdes anabolisants).Sauf qu’il y a 100 ans, on conseillait aux sportifs deboire un coup pour tenir l’effort, rien que le fait des’entraîner était considéré comme de la triche".

Et puis, n’y a-t-i l pas une bonne dosed’hypocrisie de la part du public qui crie au loupquand un sportif est pris la main dans le sac, maisréclame toujours plus d’exploits et paie des abon-nements pour suivre un maximum compétitionsà la télé ? Les sportifs, professionnels ou amateurs,ne sont-ils pas simplement le reflet de la sociétédans laquelle ils évoluent ? Laurence Manfredi estlucide : "Tous les médias s’intéressent au sport carc’est un vecteur d’image de dépassement de soi,d’abnégation. Le mouvement sportif est un concen-tré des dérives et des biais du monde, de notre socié-té".

En l’occurrence, le traitement compulsif desmédias laisse à penser que le dopage n’est pas unsujet tabou. Mais le tabou existe bel et bien etconcerne l’omerta qui gangrène certains sports.

Kassim IDJABOU et Philippe AMSELLEM

DÉBAT

L’éducation à lamaison et en club, seul rempart contre le dopage

Par le passé, Benoit Zwierzchiews-ki, alias Benoit Z, codétenteur fran-çais du record européen du mara-thon, multiple champion de Franceet vainqueur du marathon de Mar-seille à deux reprises, avait émis desdoutes quant au dopage de quelquescoureurs. En effet, l’histoire démon-tre que certains ont pratiqué leur dis-cipline sans être réellement inquié-tés.

Mais il estime aujourd’hui que lal u t t e c o n t r e l e d o p a g e s ’ e s taméliorée : "Je pense que nous som-mes sur la bonne voie, on se donne de plus en plusde moyens. C’est pour cela que des cas emblémati-ques de dopage sont apparus au grand jour. Tousles cas qui ont été révélés prouvent l’efficacité dusystème. Désormais, ce qui est efficace, ce sont lescontrôles inopinés, le passeport biologique, un sui-vi régulier du sportif, des tests sanguins, urinaires,voire capillaires pour certains sports. "On a prisconscience du dopage en France à partir de

l’affaire Festina sur le Tour de France1998. En France, la lutte contre le do-page est aujourd’hui parmi l’une desplus poussées. Il y a un cahier descharges à remplir." Il faut mainte-nant appréhender ce fléau à l’échellemondiale et pas seulement locale.

"Dans certains pays, la lutte contrele dopage est plus difficile à mettre enœuvre car ils disposent de moins demoyens. Néanmoins, pour palier ce-la, les fédérations mondiales se dépla-cent directement dans les pays concer-nés. Même s’il existe des cas comme ce-

lui de la Jamaïque, la lutte progresse. Sans faire demauvais jeux de mots, tout cela est positif", noteBenoit Z. K. I. et P. A.

Dans le cadre du colloque Médias et Santé, le marathonien vientd’accepter de participer au débat animé par Olivier Mazerolle"Dopage : le grand tabou", vendredi 6 décembre à 18h à la fac demédecine de la Timone (inscription gratuite au 04 91 84 45 04,plus d’infos en page 23).

Benoît Z: "Le dépistage est efficace"

Le dopage renvoie donc au libre arbitre des sportifsqui décident alors de tricher ou non. Hormis cet as-pect, la question des effets secondaires du dopageest aussi prégnante.Aujourd’hui, il n’y a pas de certitudes sur les effetssecondaires après l’absorption de produits dopants."Il n’y pas de consensus au niveau médical sur le faitque le dopage provoque par exemple, dans des casextrêmes, lamort. Il faudrait faire une autopsie à cha-que fois. Des AVC, tout le monde en fait. Pour prou-ver cela, il faudrait faire des études, des statistiques.Par exemple, comparer le nombre d’AVC sur 100sportifs qui sont dopés avec celui de patients du mê-me âge, non sportifs et non dopés. On ne peut riendémontrer sur des cas isolés", avertit le Dr Hervé Col-lado. Tous les amateurs de sport ont en mémoire lecas de Florence Griffith Joyner, triple médaille d’oraux Jeux Olympiques de Séoul de 1988 sur 100m,200m et 4x100m. Décédée en 1998, son autopsie ré-vélera qu’elle était morte d’une crise d’épilepsie.De fortes présomptions de dopage existent à son pro-pos, mais elle n’a jamais été contrôlée positive."Ce qui a été frappant chez Griffith Joyner, c’est lepassage d’une année sur l’autre d’un physique quel-conque à un physique monstrueux. Quand elle estmorte, les gens se sont interrogés. C’était suspect",conclut la lanceuse de poids Laurence Manfredi.Les maladies et la mort que peut provoquer le do-page seraient donc possibles mais, "il faudrait fairedes études sur des populations beaucoup plus impor-tantes. Or elles sont très compliquées à réaliser carcela implique qu’un grand nombre de sportifsavouent leur dopage. Sur des sujets tabous commecelui-là, c’est impossible", analyse Hervé Collado.

K. I. et P. A.

Le coup de gueule de Laurence ManfrediLaurence Manfredi évoque ce que

les instances dirigeantes pourraientmettre en œuvre contre le dopage. El-le décrypte le système qui peut être àl’origine de ce phénomène : "Dansl’organisation du haut niveau, une fé-dération répond à des attentes, à unecommande auprès du ministère.Quand elle va expliquer à ses équipesqu’il faut atteindre telle performance,cela induit insidieusement des condui-tes interdites. Une fédération se basesur des minimas au niveau mondial.La lutte contre le dopage doit doncêtre globale. Or, tous les pays ont des conduites diffé-rentes vis-à-vis du dopage".

La lanceuse de poids, qui s’est retirée des stadesen 2011, explique que les entités s’occupant de lalutte contre le dopage doivent être neutres, toutcomme leur financement. Elle parle tour à tourdes sanctions, comme la possible perte des agré-ments pour les fédérations, des titres pour des li-gues, afin qu’il y ait un impact réel.

"C’est le sportif qui ramasse à cha-que fois, mais il évolue dans un systè-me ! Je pense que la fédération dont dé-pend le sportif qui se fait attraper de-vrait être sanctionnée, son présidentqui est la personne morale de la fédéra-tion également. Aujourd’hui, un spor-tif dopé est suspendu. Les sponsors quil’accompagnent le quittent alors carcela ne donne pas une bonne image.Le dopage n’est pas du seul fait dusportif, mais aussi de son entourage. Ilappartient à un club, une fédérationnationale qui a la délégation du mi-

nistère pour organiser les compétitions. Les sélec-tions devraient à mon sens la perdre après uncontrôle positif. Mais le ministère ne fera jamaisune chose pareille car il y a trop de parties prenan-tes dans cette affaire. Il y a des fonctionnaires d’Étatqui sont placés auprès des fédérations. C’est tout unsystème qui s’auto-entretient et dont le produit utili-sé est le sportif", fustige Laurence Manfredi.

K. I. et P. A.

Hervé Collado pré-vient : le dopagedégrade le corps.

Il est devenu le symbole mondial du dopage : l’Américain Lance Armstrong a été déchu de tous ses titres devainqueur du Tour de France après avoir été convaincu de dopage. Un nouveau coup terrible porté au cyclisme.

MÉDIAS ET SANTÉ

Avant le débat public sur le dopage,vendredi 6 décembre à 18h à la faculté demédecine de la Timone, deux athlètes, lemédecin de l’équipe de France de rugby etun médecin du sport apportent leur œild’expert sur ce phénomène. Il affecte aussibien le sport amateur que professionnel.

La preuve des effetssecondaires?

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AVC, et Après ?

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Olivier Mazerolle, directeur généraldélégué de La Provence

❚ Les médias évitent-ils certains sujetspour ne pas communiquer d’idées anxio-gènes, effrayantes, au public?Je ne pense pas que les médias occul-

tent certains sujets dans cette optique.En revanche, il faut prêter attention à

la manière dont on aborde un sujet.La règle est de ne pas donner

l’impression à un lec-teur touché par une ma-ladie qu’elle est incura-ble. La psychologie estune partie importanted u t r a i t e m e n t . O ns’adresse à tout le mon-de, donc si on atteintquelqu’un de touché,on a une vraie responsa-bilité. On ne peut pas en-traîner le lecteur dans ledésespoir. Si on prendle cancer du pancréas,beaucoup en meurent,

notamment parce qu’il est difficile à dépister, mais d’autres pas. Onn’est pas là pour poser un diagnostic définitif.

❚ Certaines maladies comme le SIDA ne sont-elles pas trop traitées parles médias, au détriment d’autres qui sont rarement abordées?Je ne crois pas. On parle beaucoup des maladies cardiaques car ce sontcelles qui provoquent le plus de décès après les morts naturelles. Le SI-DA, je me demande même si on ne devrait pas en parler davantage. Aumoment de son apparition, on l’appelait le virus de la mort. On est pas-sé d’une mort absolument certaine à l’apparition de traitements possi-bles. On fait comme s’il n’y avait plus besoin d’en parler, c’est le contre-coup du traitement médiatique des débuts.

❚ Les médias parlent rarement de l’impuissance sexuelle, ou des hémor-roïdes qui touchent des millions de Français. Pourquoi cette pudeur?Ce sont des sujets que les gens n’étalent pas sur la table mais qui lesintéressent beaucoup. Le cas de l’impuissance peut détériorer un cou-ple. Avec la médecine, on touche à des sujets psychologiques sensibles,il faut les aborder avec précaution. D’une manière générale, il faut gar-der à l’esprit que l’approche à la maladie est très égoïste. Si le lecteur sesent concerné, il sera incité à lire. À l’inverse, si l’on parle d’une maladieplus rare, l’intérêt sera moins marqué.

❚ Lesmédias ont un rôle de prescripteur. Quel est l’impact de sujets com-me le classement des meilleurs hôpitaux et cliniques, par exemple?J’ai toujours trouvé ces classements sans intérêt. Mais je trouverais inté-ressant de dire qu’un hôpital est dangereux en raison de problèmes sani-taires ou de son matériel obsolète. Si l’on avertit d’un danger particulier,alors c’est utile. Ce genre de classement n’a rien à voir avec le domainede la santé mais il est symptomatique d’une presse aux abois. La presseest face à un problème de civilisation, avec une rupture des habitudesde lecture. Elle croit pouvoir récupérer l’intérêt des lecteurs avec de lasoupe mais elle perd en crédibilité.

Propos recueillis par Xavier LACOMBE

Olivier Mazerolle animera la conférence "Dopage : le grand tabou" le 6 décembre à 18hà la faculté de médecine de la Timone . Pour s’inscrire gratuitement : 04 91 84 45 04.

Yvon Berland, présidentd’Aix-Marseille Université

❚ Le cursus universitaire en médeci-ne est-il adapté, pas trop long?En France, on part trop souvent du

principe qu’une formation débou-che sur un métier. Je pense qu’il

faut partir du métier, ré-fléchir aux compéten-ces nécessaires pourl’exercer et adapter enfonction la formation.Est-ce qu’on est compé-tent à la fin du cursus ?Je pense que oui. EnFrance, nous avons debons médecins, bienformés. Une des raisonsà cela, c’est la forma-tion clinique, pratique.C’est la durée nécessai-re pour acquérir un so-cle théorique.

❚ Parmi les tabous dela santé, il y a celui des étudiants qui font le choix de partir étudier lamédecine ailleurs, en Roumanie notamment, où les études sont réputéesplus faciles. Comment jugez-vous ces formations?Aujourd’hui, il est trop tôt pour faire un bilan quant aux compétencesde ces étudiants. Néanmoins, cela pose la question du numerus claususen France. Faut-il le conserver ? La question mérite d’être posée si cer-tains étudiants qui en ont les moyens partent à l’étranger pour leur for-mation puis reviennent exercer en France. On dit aussi souvent qu’onva manquer de médecins en France, mais je ne suis pas certain que lasuppression du numerus clausus permettra d’y remédier. Rien ne ditque les médecins n’iront pas dans les mêmes zones.

❚ En fait-on assez contre les fléaux qui remplissent les hôpitaux commelamalbouffe, le tabac ou l’alcool?Si l’on prend le cas du tabac, trois facteurs entrent en jeu : la libertéindividuelle, les conséquences sur la santé et les finances de l’État.Pour ce dernier point, l’État est dans une position hypocrite puisqu’ildéploie des actions préventives contre le tabac dans une optique de san-té mais, dans le même temps, la hausse du prix des paquets de cigaret-tes constitue une augmentation de ses recettes.

❚ Autre tabou mis en lumière depuis l’affaire du Médiator, les relationsqu’entretiennent médecins et laboratoires. Sont-elles assainies ?À partir du moment où ce sont les laboratoires qui viennent chercher lesmédecins en raison de leurs compétences pour répondre à des ques-tions, je n’y vois pas d’inconvénients. Y compris si cela inclut une rému-nération car c’est du travail. Néanmoins, l’expertise de ces médecins nedoit pas être entachée par une évaluation viciée : "Vous me demandezmon avis mais mon expertise doit être véritable, sans parti pris".

❚ Selon vous, existe-t-il des tabous dans les médias?Il me paraît important de ne pas toujours parler des mêmes choses. Il ya certaines maladies orphelines dont on ne parle jamais. Quand on estconcerné par une maladie, on se fiche de savoir combien d’autres per-sonnes en sont atteintes. On veut qu’on parle de notre maladie.

Propos recueillis par X. L.

LEPOINTDEVUEDESORGANISATEURSDUCOLLOQUEMÉDIASET SANTÉ

O.Mazerolle - Y. Berland:"On doit pouvoir parler de tout"

MÉDIAS ET SANTÉ 15www.laprovence.com

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I l est 14h, le silence règne au"Patio", service des soins pallia-tifs de l’hôpital Saint Joseph à

Marseille (8e). Le grand couloirblanc aux portes bleues est paisi-ble, les patients sont dans leurchambre, quelques soignants secroisent. Dans ce lieu de vieouvert se trouvent 12 malades enfin de vie, accompagnés par uneéquipe de professionnels : un mé-decin, des inf irmières, desaides-soignantes, un psychologueou encore un kinésithérapeute.

Les patients du Patio arriventsoit de leur domicile, soit d’unautre service de l’hôpital, des ur-gences ou encore d’un établisse-ment tiers. Leur admission est jus-tifiée par leur état de santé, unemaladie évolutive, incurable, ouun cas d’abstention thérapeuti-que, c’est-à-dire l’arrêt de tout trai-tement. "Les soins palliatifs, c’esttout ce qu’il y a à faire quand il n’ya plus rien à faire, ce n’est pas unefin en soi", explique Sybille Deles-tan, cadre infirmière du service."Les patients continuent d’avoirdes projets, qui peuvent aller duchoix d’un ‘menu plaisir’, un Sky-pe avec des proches, à la prépara-tion d’un retour à domicile".

Ces projets sont établis à courtet long terme et sont redéfinis partoute l’équipe chaque semaine.Dans ce contexte-là, le rôle des soi-gnants est de pallier tous les symp-tômes d’inconforts des person-nes, qu’ils soient physiques, mo-raux ou psychologiques, etd’apporter du plaisir durant leurtemps de vie restant.

16h, le goûter approche, le bruitdes pas et les voix résonnent dansle couloir. Les infirmières font letour des chambres afin de deman-der à chaque patient ce qu’il aime-rait manger. “Nous avons un su-per-cuisinier, qui n’hésite pas à fai-re plaisir à chacun”, souligne Sy-bille Delestan.

Une femme entre au Patio et sedirige vers une chambre. Ici, la fa-mille tient une place importantepour ces personnes en fin de vie,

puisqu’elle peut librement leurrendre visite à toute heure, un litd ’ a c c o m p a g n a n t l e u r e s td’ailleurs réservé.

Doucemais sans détourL’entretien d’accueil est primor-

dial car les proches sont souventmal informés et les soins palliatifstrès mal connus car considéréscomme le lieu où mourir. Commele soulignent Dominique Quillicoet Mélanie Ponce, infirmières,"dans l’imaginaire collectif, quandon rentre dans un service des soinspalliatifs c’est qu’on va mourirdans les jours qui viennent. Ce quin’est pas nécessairement vrai, cer-taines personnes peuvent rester desmois". Ensuite, des réunions plus“informelles” se font, à la deman-de de la famille ou du personnel. Àl’image de cette femme désempa-rée, qui craque et demande dusoutien dans le bureau de la cadreinfirmière. À partir du 5 décembreaura lieu, hebdomadairement,une réunion grand public sur lessoins palliatifs, afin d’essayer demieux les comprendre et de com-bler les lacunes de chacun.

Au détour d’une chambre, unpatient hurle et réclame une infir-mière, un autre arrache ses perfu-sions pour traduire son mal-être.Souvent sollicitée et attendue, cet-te équipe de soignantes au grand

cœur ne travaille pas dans ce servi-ce si particulier, par hasard. En ef-fet, chacune à son échelle a, petità petit, construit un cheminementà travers ses expériences, ses ren-contres, sa vie privée, qui l’a ame-née à avoir cette approche globaledu patient où le soin est techni-que et relationnel. Ces femmessont un vrai soutien pour les pa-tients mais aussi entre elles quandça ne va pas ou que ça ne va plus.

Quand les patients arriventdans le service des soins palliatifs,ils sont normalement informés deleur état de santé, même si cer-tains ne veulent pas entendre lemal qui les ronge. L’annonce,qu’elle concerne une aggravationou une modification de traite-ment, est une étape difficile de lapathologie et n’est délivréequ’aux patients prêts à entendre.Pourtant, elle constitue le quoti-dien du docteur Nadjet Saadallahqui a dû se créer ses propres tech-niques pour être douce mais sansdétour. En effet, Nadjet Saadallahn’a jamais reçu ou dispensé de for-mation pour gérer une telle an-nonce avec délicatesse tout enétant honnête envers le patient.

L’euthanasie? Non...Les soins palliatifs restent “un

tabou dans notre société car on neveut pas mourir, on l’accepte mal”,

souligne la psychologue ChristineBurelli. “Cela fait peur aux gens,même aux professionnels” ajoutele docteur Saadallah, qui se pré-sente elle-même en premier lieucomme un ‘médecin douleur’.

Dans le contexte de l’éventuelchangement de la loi Léonetti glis-sant vers l ’euthanasie ( l ireci-contre), tout le service est una-nime : la vie vaut d’être vécuejusqu’au bout. Ce projet de loi faitréagir : "Si la loi passe, j’arrête lemétier !" s’exclame Nadjet Saadal-l a h . C e r t a i n e s d e m a n d e sd’euthanasie émergent toutefoisdans le service lorsque le patientest en grande souffrance, mais “ra-res sont les personnes qui le deman-dent jusqu’au bout, notre but étantd’amoindrir les douleurs” rappelleSybille Delestan. Il est nécessairealors d’aider la famille à surmon-t e r s a p e i n e , " o n c o m b l el’impossible de l’euthanasie parl’écoute", explique Mélanie Ponce,infirmière.

17h30, un monsieur âgé se pro-mène dans le couloir blanc aubras d’une infirmière, le sond’une émission télévisée se fait en-tendre à travers une porte entre-bâillée. La nuit tombe. La vie duPatio suit son cours. En douceur.Comme dans n’importe quelautre hôpital, finalement.

Émilie GUTIERREZ et Marlie PEIRAT

REPORTAGE

Hôpital Saint Joseph: plongée

L’Hôpital Saint Joseph à Marseille a développé un service de soins palliatifs où les patients restent de quelquesjours à plusieurs mois, parfois avant de rentrer chez eux quand c’est possible. / PHOTO BRUNO SOUILLARD

Un couloir, des portesentrouvertes, des famillesqui passent et une équipemédicale aux petits soins.Tel est le quotidien du servicede soins palliatifs où l’onprivilégie un accompagnementtout en douceur.

MÉDIAS ET SANTÉ16 www.laprovence.com

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Dr Salas: "Nous ne donnons pas la mort"

au cœur des soins palliatifs

Le docteur Sébastien Salas estoncologue médical, responsabledu service des soins de supportset des soins palliatifs au CHU dela Timone, à Marseille.

Le service d’oncologie médicalede la Timone prend en charge despatients atteints de tout type decancer, du début de l’annonce deleur maladie, pour les traite-ments, jusqu’à l'accompagne-ment en fin de vie si cela s’avèrenécessaire. Ainsi, les patients sontsuivis par le même personnel soi-gnant tout au long de leur mala-die, il n’y a "pas de sensationd’abandon thérapeutique", souli-gne le docteur Salas.

Pour lui, la Loi Léonetti est bienadaptée au patient en cancérologie. "On connaîtles limites que l’on a au niveau thérapeutique", ex-plique-t-il. En effet, la sédation est le dernier re-cours, elle permet de soulager une souffrance into-

lérable en réduisant l’état deconscience du patient. Ce traite-ment est mis en œuvre après unedécision collégiale prise enamont, entre les soignants, la fa-mille et le patient. "Ce qui compte,c’est une prise en charge humanis-te", insiste Sébastien Salas.

La prise en charge globale du pa-tient est donc primordiale afind’atténuer toute souffrance, sibien que ce spécialiste précise quedans son service, "nous sommestrès peu confrontés à des deman-des d’euthanasie". Dans tous lescas, la loi est claire, et le praticienne se sent pas prêt à "donner inten-tionnellement la mort, ni morale-ment, ni éthiquement, ni culturelle-

ment". Toutefois, il indique qu’il est possible de sequestionner dans certaines situations, "pour despatients qui ont des déficits fonctionnels et qui nesouffrent pas". E.G. et M.P.

L’équipe médicale de l’unité de soins palliatifs de Saint-Joseph se veut disponible 24h/24. / PHOTO L.P.

La loi Léonetti de 2005 devrait évoluer "enfaveur de la dignité de la personne", en cemois de décembre 2013 au terme d’un "dé-bat publique national" a assuré FrançoisHollande. Encore trop peu appliquée etpas toujours comprise, cette loi a pour butd’empêcher l’acharnement thérapeutiquedéfini comme "obstination déraisonnable"envers les patients en fin de vie et des’assurer que leurs volontés soient respec-tées. La loi favorise les soins palliatifs quipermettent de soulager la douleur des pa-tients.Dans ce cadre, la dignité du mourant doitêtre respectée et les traitements interrom-pus si telle est la volonté du patient, expri-mée par lui-même ou une personne pro-che. Cette loi met le patient au cœur dessoins en l’informant des décisions prises.Lemédecin assure une fin de vie avec digni-té du patient en soulageant sa souffrancegrâce à des soins adaptés.C’est pour cela que comme l’a annoncé leprésident de la République au mois dejuillet, il y aura sans doute en cette fin d'an-née, "un projet de loi" qui "complétera,améliorera la loi Léonetti". Ce projet abor-dera notamment les sujets de la sédationprofonde qui consiste à endormir le pa-tient après l’arrêt des traitements,jusqu’au décès, mais aussi l’assistance àdomicile et l’accélération de la mort quireste compliquée. E. G. et M. P.

❚❚❚❚❚

5 équipesmobiles à domicileLe Pôle de Soins Palliatifs des Bou-ches-du-Rhône se compose de 5 équi-pes mobiles territoriales (HôpitalSaint-Joseph et Clinique Sainte-Elisa-beth à Marseille, Centre hospitalier deSalon-de-Provence, Hôpital St-Tho-mas de Villeneuve à Aix-en-Provenceet La Maison à Gardanne). Ce pôle in-tervient gratuitement au domicile depersonnes en fin de vie dont l’état desanté se dégrade subitement, auprèsde son entourage ou des profession-nels de proximité grâce à une perma-nence 24h/24 et 7j/7 composée d’unmédecin, d’un psychologue etd’infirmières.Une équipe mobile externe se déplacealors pour réaliser une évaluation glo-bale du patient. Ces professionnelspeuvent être sollicités par le médecingénéraliste, mais aussi par la famillequi a remarqué une dégradation del’état de santé de leur proche ouquand le quotidien devient trop diffici-le à gérer seul.➔ Informations : www.apsp-paca.net ou au04 42 99 08 04.

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Colloqueème5organisent

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S ouvent associés à la gêne, lestabous témoignent d’un ma-laise évident des patients à

parler ouvertement de leurs symp-tômes à leur médecin traitant. C’estle cas de certains patients atteintsde maladies "sensibles", perçuespar l’imaginaire collectif commedes fardeaux honteux. Jean-LouisBertou, dont la famille a été tou-chée par le cancer colorectal surp l u s i e u r s g é n é r a t i o n s , e s ta u j o u r d ’ h u i p r é s i d e n t d el’association France Côlon à Digne."Il est encore difficile de parler ducancer colorectal aujourd’hui,confie-t-il. Les gens qui sont face àvous sont également gênés, ce quirend la chose d’autant plus délica-te".

La persistance de ces tabouss’explique en partie par une imagenégative du cancer colorectal. "Il ya une différence flagrante de traite-ment entre le cancer du sein et le can-cer colorectal (40 000 nouveaux caset 17 500 morts par an, NDLR) quiest perçu comme une maladie sale,qui fait peur" poursuit Jean-LouisBertou. Les conséquences sont gra-ves : seuls 32% des Français accom-plissent le test de dépistage Hemoc-c u l t , p o u r t a n t e n v o y é p a rl’Assurance Maladie à chacun lejour de ses 50 ans afin de vérifier laprésence de sang dans les selles.Une petite manipulation qui peutvous sauver la vie.

Les maladies ayant une inciden-ce directe sur une apparence physi-que ou sur une anatomie sensiblesont effectivement plus sujettes à lagêne et aux tabous. C’est égale-ment le cas de la sclérose en pla-ques. Le docteur Rico, qui consulteau service oncologie du CHU Timo-ne, pointe "un énorme tabouautour de l’expression « sclérose enplaques ». Dans la conscience collec-tive, c’est une maladie dégradante,invalidante, dégénérative ». Les ta-

bous rendent compte également dela peur des patients à lever le voilesur leurs inquiétudes. Poser desquestions à son médecin, c’estd o n c p r e n d r e l e r i s q u ed’apprendre la vérité sur sa mala-die. Pour Dominique Millour, at-teint d’un cancer de la moelle os-seuse, "certains malades se liqué-fient à l’annonce. Pourtant, il n’y apas lieu d’avoir peur". À l’aise avecsa maladie, il refuse de laisser le ta-bou s’installer dans la relation avecle médecin : "Si je n’ai pas confian-ce en mon médecin, j’en change.Traiter le problème frontalementpermet d’accepter la maladie."

Vie de famille polluéeRester prisonnier d’un tabou

peut pousser les patients à se re-trancher dans un mutisme dange-reux, les mettant à l’écart de leur en-tourage: "ces non-dits polluent lavie des familles", déplore Domini-que Millour. Également membrede l’AF3M, ce patient espère luttercontre ces tabous grâce à l’entraideet aux liens entre patients. Les asso-ciations de patients permettent àces derniers de pouvoir parler libre-ment de leurs maladies, avec despersonnes également atteintes,leur assurant ainsi la possibilité detrouver des réponses ou du soutienen dehors des locaux hospitaliers.

Certaines associations permet-tent ainsi aux malades d’échangersur l’évolution des techniques et demiliter pour participer à l’essai decertains protocoles. "Nous testonsde nouvelles molécules qui ont étévalidées sur des modèles biologi-ques. Nous acceptons de prendre cerisque pour la communauté des ma-lades", poursuit DominiqueMillour.

Face à cette implication croissan-te des patients, certains profession-nels de santé, comme le docteur Ri-co, préconisent la présence d’unmédecin modérateur au sein del’association : "Les associations depatients peuvent être à double tran-chant. Elles devraient être canali-sées par un médecin qui connaît lapathologie pour éviter que ces der-n i e r s n e s e p e r d e n t d a n s u ntrop-plein d’informations". En Fran-ce, plus de 14 000 associations parti-c i p e n t à l ’ a m é l i o r a t i o n d ub i e n - ê t r e d e s p a t i e n t s . E tl’Université d’Aix-Marseille met enplace "l’université des patients"afin de former et de diplômer les pa-tients impliqués dans la préventionet l’accompagnement des malades.

Louise MOROT

Plus d’informations :www.af3m.orgwww.association-france-colon.fr

Hôpital Nord. Des cancers digestifs sont parfois détectés tardivement faute d’en avoir parlé. / PHOTO P. NOSETTO

LESASSOCIATIONSMOBILISÉES

Ces tabous qui empêchentles patients de bien se soignerDépasser la sphère de l’intimepour entamer le dialogue avecle médecin est difficile pourune majorité de patients. Lestabous peuvent représenterune entrave au diagnosticimmédiat de la maladie. Avecdes retards de soins à la clé.

6 Français sur 10 cherchent desconseils santé sur Internet. Maisseul 1 sur 4 prend la peine de véri-fier la fiabilité des informations.Les patients sont donc déjà très in-formés -mais pas forcément dema-nière juste ni exhaustive - avantmê-me d’entrer chez leur médecin. Sur-tout, Internet s’avère très anxiogè-ne, les cas décrits et discutés étantsouvent les plus graves.Cette "autonomie" des patients in-quiète les professionnels : "Sur In-ternet, l’information n’est pas adap-tée à la personne ; il faut trier lesinformations avec une grande pré-caution", prévient le docteur Rico.Internet remplacera-t-il la consulta-tion traditionnelle?A l’occasion de la Social MediaWeek de 2011, le docteur Jean-Phi-lippe Rivière, directeur médical dela plateforme Doctissimo, expli-quait qu’"Internet ne pourra jamaisremplacer l’empathie d’un méde-cin, son côté rassurant. La consulta-tion dont on profite pour faire lepoint et poser un stéthoscope est in-dispensable".

L. M.

Internet, le refugedes patients?

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"P ersonne ne tient la plu-me des journalistes. Lacensure est tenue pas les

journalistes eux-mêmes". MarcGombeaud, dirigeant de l’agencede presse Destination Santé, n’yva pas avec le dos de la cuillère etremet en cause le travail de cer-tains confrères traitant des sujetsde santé. Entre manque de forma-tion et culture du scoop, cet hom-me à l’expérience journalistiquereconnue dénonce les pratiquesactuelles dans nombre de rédac-tions.

Un bon article en matière desanté nécessite une vision à 360˚.Le journaliste doit être capabled’analyser et d’interpréter toutel’information, afin de pouvoir ser-vir un sujet à vocation pédagogi-que ou critique complet. Or, nom-breux sont ceuxqui ignorent unegrande partie dusujet abordé, enraison de leur vi-sion trop étroiteou du manque detemps. Aussi, n’estce pas par manque de formationque les journalistes vont se focali-ser sur un élément qui fera lesgros titres, sans pour autant creu-ser le sujet sous tous ses aspects ?

Valérie Bourgeois, responsablede la communication de l’AgenceRégionale de Santé PACA (ARS),dénonce cette faille. Selon elle, lesm é d i a s n e c e n s u r e n t p a sl’information, mais au contrairel’amplifient. Et c’est cet "effet lou-pe" qui va venir déformer la réali-té et masquer la complexité du sys-tème de santé : "Les médias sontsans cesse à la recherche de sujetssensationnels". Pour Marc Gom-beaud, chercher perpétuellementla polémique et se positionnerdans le scoop n’est pas le rôle dujournaliste-santé.

L’information est bien là, maisce serait donc la façon dont elleest traitée qui serait biaisée. De cefait, nombreux seraient les sujetsde santé passés sous silence.Est-ce finalement le journalistequi a peur de dire toute la vérité,ou est-ce le lecteur qui craint de lalire ? Dans les deux cas, "la peurne fait pas disparaître le danger",souligne Marc Gombeaud. Les ma-ladies et affections sont là, bienprésentes, et doivent être traitéesdans les médias.

Effectivement, certaines ques-tions sont trop souvent laissées auplacard. Et ce que regrette M.

Gombeaud, c’est la manière donttombe le public dans le syndromedu "on nous cache tout". Non, onne nous cache pas tout en matièrede santé. Chaque jour, nombreuxsont les écrits traitant de notrebien-être et de notre bien vivre ;encore faut-il savoir les trouver, etles décrypter. Bien des journalis-tes offrent une information choi-sie et analysée. Loin des donnéesbrutes mises à disposition parl’ARS – porte-parole du ministèrede la Santé – les formes sont misesautour de sujets sensibles.

Cancer, fin de vie, maladiesa u t o i m m u n e s , s e x u a l i t é ,dépression… Comment ne pasheurter la sensibilité du lecteurconcerné ? Les journalistes vontdévoiler la vérité, mais doiventtraiter l’information avec pruden-

ce et délicatesse,afin d’y soustraireleur caractère po-tentiellement trau-matisant. Pourpreuve, nous par-lons plus aisémentaujourd’hui de la

fin de vie à travers les "soins pallia-tifs" que de la mort elle-même.Mais l’essentiel est d’en parler.

Ne pas effrayer le public, tel se-rait le leitmotiv de la plupart desrédacteurs en chef ; et la pédago-gie est le maître mot. Les médiasprivilégient d’ailleurs les ques-tions à vocation didactique. Para-doxalement, la culture du scoop,qui vient s’immiscer dans le tra-vail des journalistes, a pour princi-pal objectif d’attirer l’attentionsur un scandale sanitaire ; alorsque les sujets les plus sensiblessont ceux qui tien-nent de la sécuritédu patient. Il fautdire toute la véri-té, à charge ou àdécharge. Jouersur les termes etleurs tournurespermet aux journalistes d’orienterces sujets délicats et de réveillerl’espoir. "Le lecteur doit se dire "moi, j’ai ma chance", précise M.Gombeaud.

De plus, les écrits journalisti-ques doivent être justes par rap-port à la pluralité des publics. Ilsdoivent s’adapter aux différentescultures et aux multiples sensibili-tés. La presse écrite est égalementsoumise, de nos jours, à descontraintes économiques. En ef-fet, si l’émergence d’un sentimentde peur se fait sentir par les rédac-

teurs en chef en terme de ventes,ces derniers peuvent se montrerréticents à parler de certains su-jets tels que les maladies rares.C’est l’avis de Jérôme Vincent,journaliste au Point (1) : "Les mé-dias ont peur de la maladie et de laréaction des lecteurs". Le malaiseet les non-dits s’installent, et c’este n c e s e n s q u e l e s t a b o u ss’auto-entretiennent autour dequestions inhibantes. Les journa-listes sont en proie à cette peur deperte du public, lui-même apeuré.

Certaines questions seraientdonc passées sous silence en ma-

tière de santé dufait de la sommede deux éléments.À la crainte deschefs, s’ajoute lalargesse du sujet.Il est complexe detraiter d’une infor-

mation de santé qui ne touchequ’une infime partie de la popula-tion dans un support journalisti-que destiné au grand public. C’estl e c a s p a r e x e m p l e d el’hémochromatose (maladie héré-ditaire se caractérisant par unes u r c h a r g e d e f e r d a n sl’organisme), affectant un nom-bre très restreint de personnes etcombinant tous les inconvé-nients. Certes, cette pathologie estabordée dans des supports spécia-lisés, mais est-ce le rôle de la pres-se grand public d’en parler dans

les moindres détails ? Le rédac-teur doit avant tout happer un lar-ge public et le fidéliser.

Les sujets de santé sont guidéspar une actualité et doivent susci-ter un intérêt médiatique. Pourexemple, à chaque journée mon-diale ou semaine internationale,son arsenal communicationnel.Les médias privilégieraient doncdes questions « à la mode », despathologies courantes ou encoredes enquêtes qui toucheront leplus grand nombre de lecteurs.De ce fait, ces écrits sont une va-leur sûre, le risque de désintéres-ser le public n’est pas, ou presque,e n c o u r u . U n t r i d a n sl’information de santé est inévita-blement nécessaire. Selon JérômeVincent, les médias se montrentpartiaux, vont tenir l’informationet vont être responsables de sa di-vulgation.

En cas de crise sanitaire, le ca-nal média va être utilisé pour sonlarge écho. Le média va ainsi en-dosser le rôle d’outil au service dela gestion sanitaire. Il est là pourdiffuser un message de santé : ilva devoir rassurer avant tout, met-tre en avant sécurité et assistance.

Morgan BENOIT et Estelle DELEPINE

(1) Jérôme Vincent participera à la tableronde "Ce que les médias ne disent pas" le 6décembre à 14h à la faculté de médecine dela Timone, amphi Toga. Entrée libre. Voir leprogramme complet en page 23.

JOURNALISME

La santé allergique au scoop?

"Les médias ontpeur de la réactiondes lecteurs."

Michel Cymes (ici lors du colloque Médias et Santé 2010) s’est imposépar son talent à évoquer des sujets difficiles sans choquer, sur France 5.

"Le scoop n’est pasla vocation dujournaliste-santé."

MÉDIAS ET SANTÉ20 www.laprovence.com

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"Fin de vie: la loi Léonetti, et après?"L’Hôpital Saint Joseph (26 Bd de Louvain, Mar-seille 8e) accueille, ce 5 décembre 2013 à 18 heu-res, Jean Léonetti. Ancien ministre chargé desAffaires européennes et rapporteur de la loi rela-tive aux droits des malades et à la fin de vie, ildonnera une conférence sur ce thème. Depuissa promulgation en 2005, cette loi fait coulerbeaucoup d’encre. Huit ans plus tard, quel bi-lan ? Entrée libre.

LaTimoneouvre un super-bloc opératoireLe bâtiment médico-technique (BMT), adosséà l’Hôpital de la Timone, ouvrira ses portes àses nouveaux patients à partir du 11 décembre2013. Cette structure de haute technologie de-viendra l’un des plus grands centres européensd’accueil des urgences, avec 100 000 passagesannuels prévus. Avec une trentaine de blocsopératoires, le BMT va être inauguré par les ser-vices de chirurgie cardio-thoracique et chirur-gie vasculaire des professeurs Collart et Piquet.

LePharo accueille le 1er congrèssanté-environnementPACALe 6 et 7 décembre, l’Union régionale des pro-fessionnels de médecins libéraux (URPS) PACA,Haute-Normandie et Corse organisent uncongrès au palais du Pharo : "les pathologies en-vironnementales émergentes". L’occasiond’aborder la santé à travers les environnementsbiologique à chimique en passant par les envi-ronnements cognitif et comportemental.

L’Alzheimer. Voici unexemple de maladiepour laquelle le traite-ment journalistique estcomplexe. Pourtant gra-vissime, pourquoi neparle-t-on pas davanta-ge de cette pathologie sirépandue ? Quels fac-teurs viennent donc frei-n e r l ’ i n t é r ê t d e smédias ? Entre dire lav é r i t é e t s u s c i t e rl’espoir, les plumes hési-tent. Cette maladie faitaujourd’hui partie dessujets délicats à traiter,touchant pourtant unegrosse partie de la popu-lation.

I l y a d e u x a n s ,860 000 Français souf-fraient d’un Alzheimer et l’AIRMA (Associa-tion Internationale pour la Recherche sur laMaladie d’Alzheimer) prévoyait 225 000 nou-veaux cas par an. Le premier des axes du planAlzheimer lancé en 2008 était d’informer etde sensibiliser le public. Or, peut-on prévenirune maladie sans précédent pour laquelle iln’existe aucun remède ? Après les campa-gnes visuelles chocs et les articles informa-tifs, un traitement plus approfondi de

l’information sur cettepathologie semble diffi-cile à établir. Au-delà derassurer ou de démorali-ser son lectorat, le jour-naliste a pour principalobjectif de communi-quer une informationen toute transparence.Cependant, ce n’est paschose facile que des’exprimer à proposd’une maladie incura-ble et, qui plus est, ef-fraie. Insister sur les re-cherches, oui ; mais sep r o n o n c e r s u rl’avancement thérapeu-t i q u e , i m p o s s i b l equand rien n’a été dé-couvert. Au-delà d’unt a b o u d e l a s a n t é ,

l’Alzheimer se montre comme une impasse,où l’écriture journalistique séjourne. Dèslors, la difficulté à traiter de certains sujetssensibles ne provient-elle pas d’une carenceen ressources, au-delà d’une peur de la réac-tion du public ? Bien que la recherche soit ac-tive, c’est l’information stagnante sur cettemaladie grave et le déficit de découvertes thé-rapeutiques qui semblent freiner la parutiond’articles. M. B. et E. D.

MÉDIAS ET SANTÉ

Oublierait-on Alzheimer?

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votre radioprend soinde vousen direct du 5èmecolloque Médias & Santéà la Timonevendredi 6 décembrede 11h à 17h

103.6 vu d’ici

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L e colloque Médias et Santé se dé-roulera vendredi 6 décembre à lafaculté de médecine de la Timo-

ne. Organisé par Aix-Marseille Universi-té et La Provence, il rassemblera 24 in-tervenants autour de 3 tables rondes etd’une conférence-débat. Le public estinvité gratuitement toute la journée.France Bleu Provence (103.6 FM) diffu-sera en direct de 11h à 17h. France 3Provence Alpes et Le Quotidien du Mé-decins sont également partenaires.

◗ 10H45. TABLE RONDE 1Animée par Alain Marie (Le Quoti-

dien du Médecin) : Ce que les méde-cins ne disent pas.

Les médecins communiquent-ils suf-fisamment sur le coût des soins ? Quel-les relations entretiennent-ils avec leslaboratoires ? En fait-on assez pour ré-duire le trou de la Sécu ?

Intervenants : Dr Norbert Nabet (di-recteur adjoint de l’ARS PACA), Phi-lippe Mougin (directeur des analyses etdes stratégies de régionalisation, BayerHealthcare), Alain Trebucq (présidentdu Syndicat de la presse et de l’éditiondes professions de santé), Pr FabriceBarlési (chef du service oncologie àl’Hôpital Nord), Pierre-Yves Duthilleul(directeur départemental adjoint de laCaisse Primaire d’Assurance Maladie).

◗ 14H. TABLE RONDE 2Animée par Alexandre Joux (direc-

teur de l’École de Journalisme-AMU) :Ce que les médias ne disent pas.

L’optimisme des médias en santén’incite-t-il pas les lecteurs à ne pas sesoucier de leur santé ? Les médiassont-ils les nouveaux donneurs d’ordredans le domaine de la santé ? Les mé-dias évitent-ils certains sujets anxiogè-nes pour ne pas angoisser les lecteurs ?

Intervenants : Céline Lis (fondatricede Rose Magazine), Jérôme Vincent (LePoint), Pr Jean-François Mattei (Ancienministre de la Santé), Jean-Yves Mairé(directeur de la communicationd’AstraZeneca), Dr Thérèse Aurran (mé-decin hématologue).

◗ 15H45. TABLE RONDE 3Animée par Philippe Schmit (rédac-

teur en chef adjoint de La Provence) :Ce que les patients revendiquent.

Qu’attendent les patients des méde-cins et des médias ? Que se cache-t-ilderrière les associations de patients ?N’y a-t-il pas un excès de revendica-tions de la part des patients ?

Intervenants : Mina Daban (prési-dente association Leucémie MyéloïdeChronique), Frédéric Durand-Salmon(Fondateur de BePatient), Pr Léon Bou-bli (obstétricien Hôpital Nord, Universi-té des patients-AMU), Christian Dutreil

(président de la Conférence Régionalede la Santé et de l’Autonomie),Jean-Laurent Bernard (rédacteur enchef France Bleu Provence), Dr Christi-ne Bara (responsable de la Politiquedes patients à l’Assistance Publi-que-Hôpitaux de Marseille).

◗ 18H. CONFÉRENCE : DOPAGE,LE GRAND TABOU

Animée par Olivier Mazerolle (direc-teur général éditorial de La Provence).

Intervenants: Dr Jean-Baptiste Griso-li (médecin équipe de France de rug-by), Dr Hervé Collado (médecin dusport), Laurence Manfredi (champion-ne du lancer de poids), Benoît Z (record-man d’Europe du marathon). À l’issuede la conférence seront décernés 4 Tro-phées de la Santé dont le Trophée duPublic attribué par les lecteurs de LaProvence. Fin de la cérémonie à 20h15.

Colloque Médias et Santé :Vendredi 6 décembre à partir de 10h30.Faculté de médecine, Campus Timone.27, boulevard Jean Moulin, 13005 Marseille.Métro et parking Timone. Entrée gratuite.Renseignements et inscriptions : 0496 15 12 50.En savoir plus : www.medias-sante.com.

LEPROGRAMMEDU5e COLLOQUEMÉDIASET SANTÉ

Venez briser les tabous!

Le comité d’organisation s’est réuni autour d’Yvon Berland, président d’AMU, et Marc Auburtin, directeurgénéral délégué de La Provence, pour attribuer les Trophées de la Santé. / PHOTO NICOLAS VALLAURI

Lancé en 2009 à l’initiative de l’université présidée par le Pr YvonBerland et du journal La Provence, ce colloque annuel Médias etSanté a pour objectif de croiser les points de vue des professionnelsde la communication et de la santé. Quand on sait que la santé est lapréoccupation principale des Français avec l’emploi, on saisitl’importance d’une réflexion sur la façon d’en parler et d’y associerles patients à travers des tables rondes ouvertes à tous. France BleuProvence et France 3 Provence Alpes sont partenaires du colloque.Un comité d’organisation s’est réuni tout au long de l’année autourd’Yvon Berland et d’Alexandre Joux (directeur de l’Ecole de Journa-lisme EJCAM) pour Aix-Marseille Université, de Marc Auburtin, Oli-vier Mazerolle et Philippe Schmit pour La Provence.Il associait plusieurs des grands médecins et personnels del’Assistance Publique de Marseille ainsi que de l’Institut Paoli-Cal-mettes et d’Aix-Marseille Université. Citons notamment les profes-seurs Jean-Noël Argenson, Fabrice Barlesi, Mathieu Ceccaldi, OlivierChinot, Frédéric Collart, Christian Coulange, Pierre Dantin, Françoi-se Dignat-George, Jean-Charles Grimaud, Bernard Kreitmann, MarcLambert, Claude Martin, Guy Moulin, Jean Pouget, Denis Raccah, Jo-sé Sampol, Bernard Sastre, Jean-Michel Triglia, Patrice Vanelle, Pa-trice Viens, Patrick Villani, Jean-Michel Viton. Ont également partici-pé Alain Gargani et son équipe d’Atout Organisation, Caroline Pera-gut, Perrine Seghier et Alexandre Lanzalavi (AP-HM), Anne Fou-chard (IPC), Valérie Bourgeois (ARS), Delphine Bucquet (AMU).

Depuis 4 ans, journalistes et médecinss’affrontent et se comprennent mieux

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